N° 02 26.02.2016
le journal
www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication
AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne
édito
dossier révolution digitale #7
Schneider-en-panne PHOTO CHANCELLERIE FÉDÉRALE
Economie de partage, nouveau précariat online et retour des « communs » Notre dossier, pages 2-3
Yves Sancey, rédacteur romand
Un peu d’ordre sur le marché hétérogène des courriers, express et paquets page 4
journée internationale des femmes
Passé & Présent. Luttes pour la liberté et l’égalité. Programme romand du 8 mars pages 9-10
restructuration chez swisscom
Casse sociale, excellents dividendes 300 millions d’économies jusqu’en 2020. 700 emplois à la trappe. Six call centers fermés. Et 1,14 milliard aux actionnaires. Une restructuration sur le dos des salarié·e·s. syndicom met tout en œuvre pour éviter les licenciements par des formations continues et des reconversions. page 5
PHOTO S WISSCOM
« À quoi sert-il ? » demande Le Matin (10.2.16). « Chez nous on l’appelle Johann Schneider-en-panne » lance, moqueur, Christian Levrat dans le Blick (22.2.16). L’inaction et la passivité du nouveau président de la Confédération et chef de l’Economie laissent pantois. Chômage, franc fort, désindustrialisation (150 000 emplois perdus dans l’industrie en vingt-cinq ans) et des licenciements en cascade depuis les élections fédérales. « Pourquoi reste-t-il muet ? Il pourrait, s’il voulait (Work, 19.2.16). » Parfois, il veut. Il veut bien poser avec ses collègues pour la photo annuelle dans une imprimerie. Avec de vraies machines derrière lui. L’essentiel c’est le message : « Je suis Monsieur place industrielle ! » Alors c’est le moment de passer de la parole et du symbole aux actes ! L’imprimerie Schlaefli et Maurer AG d’Uetendorf près de Thoune vient d’annoncer sa mise en faillite. 65 salarié·e·s l’ont appris en se rendant au travail. Le patron a déjà créé une autre boîte (swissprinted.ch) et semble vouloir racheter les machines pour pas cher. Les imprimeurs ont pu compter sur la solidarité d’autres entreprises intéressées par leur savoir-faire. Monsieur Schneider-Amman ? On ne l’entend guère. 445 000 fr. par année pour dire « Laissons faire le marché, libéralisons, dérégulons », c’est cher payé !
kep & mail
Réforme de l’imposition des entreprises III
RIE III : Une réforme fiscale complexe En raison de pressions internationales, la Suisse doit supprimer certains allégements fiscaux – dits statuts spéciaux – en faveur des multinationales, dans une 3e réforme de l’imposition des entreprises (RIE III). Au niveau suisse, le PSS a annoncé en avril 2015 que, sans compensations des pertes fiscales par les entreprises, il lancera un référendum. Le projet doit encore être traité en mars au National. Dans le canton de Vaud, où les électeurs se prononceront le 20 mars sur la version cantonale de la réforme, le Conseil d’Etat veut instaurer un taux unique à 13,79 %
pour éviter de voir partir les multinationales avec un taux passant de 8-11 % à 22 %. Une série de politiques publiques relatives au social (allocations familiales, subsides LAMal, accueil de jour), en partie financées par les employeurs et qui n’existent pas au niveau national, viennent compenser les baisses d’impôts. Afin de limiter la charge financière du paiement des primes à un maximum de 10 % du revenu déterminant, un nouveau subside est par exemple introduit pour les ménages. Avec 3000 fr. de revenu net, on touche 130 fr. par mois de subsides LAMal au lieu de zéro actuel-
lement. Jugeant ces compensations suffisantes, le PSV soutient le paquet. Le front syndical est divisé. Bénéficiant d’un Fonds pour la santé et la sécurité des travailleurs de la construction, Unia a décidé de ne pas soutenir le référendum porté par la gauche radicale (POP, Solidarités), quelques socialistes, et les autres organisations de défense des salariés (SSP, Sud, SEV, USV, etc.). syndicom ne s’est pas prononcé. Le taux n’est-il pas trop bas, les cadeaux faits aux entreprises ne sontils pas disproportionnés par rapport aux avancées sociales et ne faut-il pas craindre
un gros manque à gagner pour l’Etat avec de possibles cures d’austérité à l’horizon ? A combien se monteront les pertes fiscales ? Au moins 520 millions de pertes par an contre 200 millions de compensations sociales, disent les référendaires. Pour le Crédit Suisse, la hausse du taux pour les multinationales rapportera 200 millions en plus. La perte ne serait que de 100 millions par an. Comment les référendaires obtiendraient-ils moins de pertes fiscales et plus d’avances sociales, demande le conseiller d’Etat Pierre-Yves Maillard ? Les électeurs vaudois trancheront. (YS)
2 | Grand angle
syndicom | N° 02 | 26 février 2016
dossier révolution digitale #7
Le nouveau précariat online L’internet et ses nouvelles entreprises en vogue réinventent le monde du travail et la création de valeur. Il en résulte certes de nouveaux emplois, mais nous assistons aussi à l’émergence d’un nouveau précariat des services qui ne sait plus ce que la vie privée signifie. Eike Wenzel « Nous ne sommes pas des groupes cibles ou des utilisateurs finaux ou des consommateurs. Nous sommes des êtres humains et notre influence échappe à votre emprise – à vous de vous en arranger. » Voilà la vision démocratique que prônaient en 1999 les pionniers de l’internet à l’égard de la culture numérique naissante, dans leur Cluetrain Manifesto * (Le manifeste des évidences, cf. glossaire). Force est de constater que nous sommes bien loin aujourd’hui de l’idée d’origine ! La menace d’une ubérisation du monde du travail * (voir notre édition de décembre) est exactement le contraire : pseudo-individualité, pseudo-autonomie, pseudo-souveraineté. Aujourd’hui, le Web dicte sa loi : « nous, les grands portails internet, ne formons pas une structure de subversion décentralisée, ni un marché du travail modulable selon les besoins des individus, mais une structure de commercialisation destinée à propager des services aux prix les plus bas. A vous de vous en arranger ! »
Culture postmoderne esclavagiste Quand le premier Cluetrain Manifesto s’est frayé son chemin sur la Toile, nous espérions tous que les marchés seraient des « conversations ». Nous, les consommateurs et utilisateurs d’internet, attendions plus que de simples transactions. Depuis que nous savons comment fonctionne le vol de données façon NSA, Amazon, Google et Facebook, nous constatons que c’est exactement l’inverse : ce sont les canaux de discussion qui sont devenus des marchés – des marchés de données, des marchés médiatiques et des marchés publicitaires, dans le collimateur des entreprises monopolistiques. Les auteurs du premier Manifeste des évidences restent optimistes et ont publié une seconde édition intéressante en janvier 2015 (cf. New Clues *). Ils y demandent avec force la protection élargie des données et la transparence du Net. En réalité, internet ne deviendra pas un marché du travail florissant ces prochaines années. Car si nous n’y prenons pas garde, il risque plutôt de favoriser l’expansion d’une culture des services alimentée par des esclaves postmodernes, prêts à renoncer à leur vie privée
pour tenter péniblement de gagner leur vie avec des jobs numériques au rabais, dix-huit heures par jour, dans une sharing economy * soi-disant sociale.
Pas de temps libre – aucune qualification requise Uber, dans laquelle Google a investi pas moins de 250 millions en 2013, et la plateforme Airbnb, qui alimentent une économie quasi souterraine via le créneau du partage, créent des McJobs* extrêmement précaires. Ces entreprises, avec d’autres à leur suite, pourraient entraîner une transformation pernicieuse du monde du travail dans les années à venir. Chacun peut désormais s’improviser chauffeur Uber contre un misérable pécule ou proposer son appartement sur Airbnb pour une somme tout aussi dérisoire. Lors de la conférence Digital Life Design qui s’est tenue l’année passée à Munich, le patron d’Uber Travis Kalanick a promis la création de 50 000 emplois. Pas besoin de calculs méticuleux pour se rendre compte que les places de travail allègrement promises par Kalanick se basent sur une estimation très vague et produisent des McJobs précaires. Une étude du professeur Alan Krueger, de l’Université de Princeton, laisse entendre qu’Uber a réussi un véritable petit miracle aux Etats-Unis en matière d’emplois : vers fin 2014, l’entreprise occupait en tout 160 000 chauffeurs et en décembre, 40 000 chauffeurs supplémentaires sont venus gonfler ces chiffres, avec un salaire légèrement supérieur aux chauffeurs de taxi classiques. Cette statistique ne tient pas compte du fait que les chauffeurs d’Uber doivent mettre leur
propre véhicule à disposition et assumer euxmêmes les frais d’entretien et de réparation.
pseudo-économie du partage Qu’y a-t-il en soi de si terrible, pourrait-on se demander. Ce qui me dérange, ce n’est pas tant que l’entreprise impose sa propre réglementation de façon provocante, mais bien plus la mystification créée par cette culture de l’entreprise toute-puissante, souvent appelée New Economy ou Share-Economy, peu importe le nom qu’on lui donne. Trimer comme un esclave quatorze heures par jour au service de la plateforme TaskRabbit * pour faire tourner la roue d’une économie de services proposés au rabais n’a rien en commun avec une gestion d’entreprise autonome et solide. L’ubérisation du monde du travail engendre de bas salaires et de nouvelles dépendances, tout en détruisant la qualité de vie. L’entreprise Uber se considère elle-même depuis longtemps comme une plateforme logistique, qui n’entend pas seulement assurer le transport des personnes jusqu’en 2030, mais aussi dominer notre style de vie à travers des applications d’e-commerce et de services de livraison alimentaire et de mobilité de tout type. Si les voitures dites autonomes devaient devenir une réalité d’ici dix ans, il se pourrait bien que ce soit Uber qui domine le marché et non pas Daimler ou Google. D’ici là, il est aussi à craindre qu’Uber transforme des pans entiers de l’économie en réseaux d’emplois McJob, où les emplois qualifiés n’occuperont pour ainsi dire plus aucune place.
Flexibilisation… surtout pour les femmes La flexibilité est l’appât qui nous est tendu. La flexibilité nous a été promise à l’avènement de l’ère informatique et par la mise en réseau du monde du travail. Bien entendu, nous avons grand besoin de flexibilité dans le monde du travail, mais à un tout autre niveau : 93 % des emplois flexibles en Allemagne sont occupés par des femmes, contre seulement 7 % par des hommes. C’est là qu’il faut intervenir. Le modèle de création de valeur adopté par Uber et d’autres entreprises ne vise pas à transcender les fron-
Glossaire
Cluetrain Manifesto Publié en 1999, ce recueil intitulé Manifeste des évidences en français propose 95 principes pour structurer les rapports entre les entreprises et leurs clients à l’ère de l’internet, avec ses nouvelles voies de communication et formes économiques. Le manifeste préconise que les
nouvelles technologies ont une influence croissante sur la communication au détriment du marketing conventionnel. A l’avenir, les marchés ne seront plus unilatéraux, mais se baseront sur des relations entre les êtres humains. Le manifeste a été publié par Rick
Levine, Christopher Locke, Doc Searls et David Weinberger.
New Clues Actualisation du Cluetrain Manifesto. Pour Doc Sears et David
Weinberger, l’internet libre est de plus en plus menacé et ils nous mettent en garde : nous, les êtres humains qui communiquons sur des réseaux, nous sommes l’internet ! Les auteurs abordent directement la question
Grand angle | 3
syndicom | N° 02 | 26 février 2016 Le retour des « communs »
tières entre le travail et le temps libre. Il tend à commercialiser totalement le temps dont nous disposons. Ponctuellement, cela ne serait pas grave en soi. Mais le danger est que l’on crée une tendance socio-économique, à laquelle succomberont en particulier les catégories de population menacées de pauvreté, faute d’alternatives. Le New York Times en a fait la démonstration en 2014 lorsqu’il a présenté le portrait d’une jeune femme qui travaille dans le monde précaire des services d’Uber. Ses journées commencent à quatre heures du matin. Avant de réveiller ses trois enfants et de préparer le petit-déjeuner, elle effectue déjà deux courses de taxi jusqu’à l’aéroport. Elle touche 28 dollars par course, mais doit payer elle-même les frais d’essence. Elle travaille comme conductrice de taxi pour Uber, Lyft et Sidecar. De plus, sur demande des clients, elle assemble des meubles et entretient des jardins pour le compte de TaskRabbit.
le quotidien devient une série de petits boulots sans vie privée Elle et son conjoint sont tributaires de ces revenus supplémentaires. Impossible de le nier, de tels salariés représentent des forces de travail à très bas salaire, alors que leur quo-
délicate de savoir à qui appartient la Toile. Ni Facebook, Google ou Amazon, ni les gouvernements ou les associations économiques ne sont autorisés à revendiquer pour eux-mêmes l’internet, le réseau est un bien public que la communauté doit défendre pour ellemême.
Sharing-Economy A la base, l’économie collaborative cherche à produire de la valeur en commun. Elle repose essentielle-
tidien apparaît à première vue comme l’eldorado de la dérégulation : chacun peut faire le taxi, chacun peut choisir sans distinction parmi les jobs universels mal payés. Mais à y regarder de près, ces jobs n’offrent aucune sécurité, ni aucun caractère durable. Ce nouveau monde étincelant des services, qui s’impose progressivement via les applications numériques, a conduit à l’émergence de la précarité moderne. L’évolution du jobsharing menace de réduire le quotidien de ces prestataires de services précaires à une simple série de petits boulots et de détruire toute vie privée dans la foulée. Ce scénario pessimiste n’est teinté d’aucun sarcasme et il est loin d’être improbable. Il faut impérativement mettre en place des systèmes d’alerte précoce plus performants et opposer des modèles pour protéger la société face à ces mutations rampantes dues à la numérisation du monde du travail.
Eike Wenzel est fondateur et directeur de l’Institut pour l’étude des trends et du futur (ITZ) en Allemagne, et également rédacteur de la « Zukunftsletter ».
* Voir le glossaire ci-dessous
ment sur le partage des savoirs et des connaissances (logiciels libres, Linux, etc.) et sur la mutualisation des outils, des espaces de production (crowdfunding) et de consommation, ainsi que des infrastructures. Revers de la médaille : diverses entreprises, parfois très axées sur le rendement, en ont profité pour réaliser des affaires lucratives en utilisant des principes commerciaux déloyaux contraires à l’idée de départ (cf. « ubérisation »).
Il faut faire attention au vocabulaire qu’on emploie. L’« économie de partage » que j’appelle « pair-à-pair », où les individus s’autoorganisent pour créer un bien commun, a un potentiel émancipatoire important. Mais Uber ne relève pas de cette « économie collaborative » ou « de partage ». Il s’agit plutôt d’une mise sur le marché de ressources qui, jusque-là, n’étaient pas utilisées. La différence entre une production pair-à-pair et Uber, c’est le morcellement du travail, la mise en concurrence entre les travailleurs pour obtenir un service, sans qu’ils aient accès à ce service, ce « bien commun », en l’occurrence l’algorithme contrôlé par la firme. Cela entraîne des déséquilibres, et avec eux la précarité. Quand Uber s’installe à Paris, les profits vont à ses actionnaires de la Silicon Valley. Ces entreprises sont compétitives car elles concurrencent les hôteliers et les taxis en parasitant l’infrastructure déjà existante. Elles n’ont pas à investir dans la construction d’automobiles ou d’hôtels. Cela leur donne un énorme avantage car elles captent une plus-value du fait de cette efficacité. Il y a là un vrai danger, en raison de la façon dont ce phénomène est encadré. Pour bien comprendre le phénomène, il faut se pencher sur l’Histoire des « biens communs » qui ont toujours existé. Au Moyen Age, les paysans cultivaient des terres communes. Chacun contribuait à les entretenir et il existait des règles pour user des fruits et ne pas épuiser la terre. Ce qui change aujourd’hui, c’est qu’avec les moyens technologiques, on peut créer de grands communs de la connaissance, des logiciels, du design, à une échelle planétaire et qui permettent à toute l’humanité d’y contribuer et d’y puiser. C’est un tournant dans l’Histoire car c’est la première fois qu’une agrégation d’individus peut constituer de tels réseaux et contourner des institutions puissantes.
Michel Bauwens étudie depuis une dizaine d’années l’économie collaborative et ses réseaux qui s’organisent pour créer des outils partagés et mutualiser les savoirs et le travail. Auteur de Sauver le monde, vers une société post-capitaliste avec le peer-to-peer (Les Liens qui libèrent), il est l’un des théoriciens des « communs », un modèle économique et politique d’avenir.
Ubérisat ion du monde du travail Des entreprises comme Uber (services de taxi), Airbnb (logement), TaskRabbit et Clickworker (minijobs sur internet) offrent des possibilités de gains à des personnes privées sur des plates-formes coordonnées. On peut certes gagner de l’argent à côté, mais les travailleurs supportent le risque (accident, maladie, assurances etc.) seuls. Cf. aussi notre édition 12 / 2015.
Or ce phénomène est pour le moment dominé par l’économie politique du capitalisme. Chez Uber ou Airbnb, rien n’est partagé ! Il faut accompagner cette évolution, réguler pour protéger les consommateurs et les travailleurs dont les positions sont affaiblies face à ces nouveaux monopoles. Une bonne régulation doit protéger les utilisateurs et les travailleurs contre une puissance potentiellement monopolistique sans pour autant protéger l’ancien modèle contre l’innovation. De nouvelles solutions sont à imaginer. L’Etat a un rôle central à jouer dans l’organisation des biens communs. Il a le choix entre plusieurs voies possibles : freiner leur développement, comme en Espagne. Une autre façon de faire, c’est le pair-à-pair de droite comme aux Pays-Bas ou en Grande-Bretagne, où l’Etat se désengage sous prétexte que « puisque vous pouvez le faire vousmême, on ne va plus s’en occuper ». Cette politique est aussi dangereuse car il faut des infrastructures pour la collaboration. La troisième voie est à mon sens celle de Bologne où la ville mène une politique facilitatrice, elle crée les infrastructures pour permettre aux gens d’exercer leur autonomie, met en place une régulation municipale pour le soin des biens communs : la loi autorise les habitants à proposer des changements pour leur quartier et s’engage à les aider à réaliser ces projets, avec un processus d’évaluation à la clé. Plutôt que d’être dans une transmission de haut en bas en considérant les citoyens comme des consommateurs, une ville ou un Etat peut devenir un partenaire et faciliter l’autonomie sociale et individuelle. C’est une source de progrès social. Plusieurs projets vont en ce sens en Italie.
Extrait d’une interview parue dans Le Monde, 25.06.2015 Propos recueillis par Claire L egros
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« Uber et Airbnb n’ont rien à voir avec l’économie de partage »
McJobs Mot d’anglais argotique pour désigner un emploi peu qualifié, mal payé, sans prestige et sans avenir. Si le terme vient du nom d’une chaîne de restauration rapide, il s’applique à tous les emplois peu qualifiés qui ne requièrent presque pas de formation et où les activités de l’employé sont strictement régulées. La plupart des McJobs se trouvent dans les services, en particulier la restauration rapide et la vente au détail.
TaskRabbit Plateforme en ligne qui propose des prestations. Les utilisateurs indiquent quelles tâches doivent être remplies pour quel prix. Un réseau d’entrepreneurs se met à disposition pour les mandats. La plateforme a été créée en 2008 à Boston et elle est estimée à une valeur de marché de 37,5 millions de dollars. Last Minute : une manif des taxis genevois contre Uber est annoncée cette semaine...
4 | Poste
syndicom | N° 02 | 26 février 2016
Courrier, Express, paquets et mail
Un peu d’ordre sur un marché hétérogène Avec ses sous-traitants, le géant jaune continue de détériorer les conditions de travail sur le marché postal, alors que le président de l’association des prestataires privés de services postaux déclare vouloir empêcher à l’avenir la concurrence via le dumping social. Tour d’horizon. Michael Stötzel * Depuis quelque temps, La Poste teste la livraison de commandes en ligne le dimanche. En même temps, l’association des prestataires privés de services postaux a prévu de signer avec syndicom et le syndicat Transfair une convention collective de travail, qui entrera en vigueur le 1er juillet et sera valable pour 3000 employé·e·s. La Poste profite donc de la libéralisation du marché pour fragiliser les conditions de travail de ses employé·e·s. Depuis octobre – à Zurich, à Genève et à Lausanne – elle livre le dimanche des marchandises qui ont été commandées jusqu’à samedi midi chez Coop@home ou Nespresso. Bien sûr, ce ne sont pas des postiers qui assurent la livraison, car la loi interdit de travailler le dimanche, mais des chauffeurs de taxi engagés comme sous-traitants. Ces derniers sont autorisés à travailler aussi le dimanche et à livrer des marchandises s’ils transportent principalement des personnes. On sait que les chauffeurs de taxi gagnent très peu. Il est évident que La Poste ne viole pas la Loi sur le travail ni l’Ordonnance sur les chauffeurs, mais l’esprit des dispositions relatives à la protection des travailleurs et travailleuses. Quant à savoir si ce commerce est lucratif, on peut en douter. En tous les cas, La Poste a su se tailler une niche sur un marché en ligne en plein essor. Elle bloque les prestataires privés et augmente la pression sur ses propres distributeurs de colis. Peter Sutterlüti, le président de KEP&Mail [KEP pour Kurier, Express, Paket, soit courrier, express, paquets], l’association des entrepreneurs postaux privés, commente le nouveau service du grand concurrent : « Si ses filiales et sous-traitants étaient
preuve d’une certaine incompréhension à son égard. L’association regroupe des entreprises suisses appartenant à des groupes internationaux tels que DHL (Deutsche Post), DPD (La Poste, France), FedEx (Etats-Unis) ou TNT (PaysBas, récemment vendu à FedEx). De plus, UPS (Etats-Unis) y est associé. Il a donc fallu convaincre d’abord les entreprises américaines qu’une CCT ne signifie pas forcément une prise de pouvoir communiste ! Ces entreprises font partie des ténors de la branche. D’après leurs propres estimations, elles comptent près de 5000 employé·e·s qui transportent 50 millions de colis et 60 millions de lettres par année. Chiffre d’affaires : 1 milliard de francs. Ces entreprises ne représentent « La CCT régule les conditions de travail certes qu’une petite minorité sur le marché postal, où d’une branche très hétérogène. » sont actives 149 entreprises (état : 1.2.2016, voir encadré). Mais l’influence de l’associasoumis à notre nouvelle CCT, il y aurait tion s’étend bien au-delà des entreprises un impératif de contrôle en matière de membres. conditions de travail. Et il y aurait moins de possibilités de contourner les règles. » « Standard usuel dans la branche » On entend dans sa voix que son projet de En septembre 2007, l’association s’est donCCT le remplit de fierté. né un règlement relatif aux conditions de travail et de salaire, qui est contraignant pour ses membres et ses sous-traitants. Des entreprises très différentes Aujourd’hui encore, il fait office de stansur un marché diversifié Sutterlüti a de bonnes raisons d’être fier. dard usuel dans la branche. Chez KEP&Mail, Car son association regroupe 23 entre- un salaire minimum de 42 000 francs par prises, désormais dotées de conditions de an doit être versé. La durée du travail est travail et de salaire communes, qui pro- de 42 heures par semaine. Les employé·e·s posent des services de coursier et / ou de ont droit à 20 jours de vacances jusqu’à courrier exprès, transportent des colis 50 ans, puis à 25 jours ensuite. Les entreet / ou des lettres. Actives sur plusieurs seg- prises ont respecté ces directives, déclare ments du marché, ces entreprises ont par- Sütterlüti : « J’ai eu l’occasion de le vérifier fois des dispositions légales différentes. à plusieurs reprises. » Autre problème : elles comprennent le par- Néanmoins, le salaire se réfère à des tenariat social chacune à leur façon ou font postes à plein temps et ils sont rares dans
la branche. Prenons l’exemple de Quickmail à Saint-Gall, le seul distributeur privé de lettres. Pour distribuer deux fois par semaine des mailings adressés, des magazines pour la clientèle ou des catalogues, la société a créé 55 postes à plein temps, mais aussi 2015 postes à temps partiel avec un taux d’occupation de 20 % (état : 1.7.2015). Selon l’association, ce sont « de particulièrement bonnes possibilités de revenu alternatif ».
Première grande étape vers la régulation d’une branche hétérogène L’ancien règlement de 2007 sera remplacé dès le 1er juillet par la CCT, qui devrait correspondre aux anciennes dispositions de l’association KEP&Mail en matière de salaire et de durée du travail. Les détails ne seront connus que ces prochains mois. Entre-temps, toutes les entreprises ont accepté la convention, souligne le président Sutterlüti. Dans la « phase actuelle de mise en œuvre », tous les employé·e·s ont été informés et leurs contrats de travail ont été adaptés. Daniel Münger, responsable de la branche Logistique à syndicom, espère que la signature de la convention marquera la « première étape sur la voie de la réglementation des conditions de travail dans une branche très hétérogène ». La CCT doit servir de base aux nouveaux partenaires sociaux qui visent une déclaration de force obligatoire générale (DFOG), à laquelle seront soumis non seulement les prestataires privés, mais aussi La Poste Suisse et ses filiales. Un espoir illusoire ? Sutterlüti est persuadé que seule une DFOG pour l’ensemble de la branche conduira à un certain assainissement du marché : « Ensuite il n’y aura plus de concurrence via le dumping social. »
* journaliste free-lance
L’autorité de régulation étatique PostCom Toutes les entreprises du marché postal sont tenues de s’enregistrer auprès de l’autorité de régulation PostCom. Celles qui réalisent un chiffre d’affaires annuel d’au moins 500 000 francs sont soumises à l’obligation d’annonce ordinaire. Début février, 38 entreprises importantes se sont enregistrées (14 d’entre elles sont membres de KEP&Mail). De plus, 111 entreprises qui réalisent un chiffre d’affaires annuel inférieur à 500 000 francs se sont conformées à l’obligation d’annonce simplifiée. Sont aussi soumis à l’obligation d’annonce simplifiée les sous-traitants qui réalisent plus de la moitié de leur chiffre d’affaires avec des services postaux. Adrien de Werra, suppléant du responsable du secrétariat de la PostCom, souligne que les grandes sociétés doivent produire chaque année la liste actualisée de leurs sous-traitants. Sur le papier, le marché postal est ainsi protégé contre une dégradation des conditions de travail et de salaire. Les entreprises sont « seulement » tenues de satisfaire à leur obligation d’annonce. D’après la Loi sur la poste, toutes les grandes entreprises doivent respecter « les conditions de travail usuelles dans la branche » et mener des négociations CCT. Selon de Werra, la PostCom attend une étude sur les salaires que Yves Flückiger (Université de Genève) réalise actuellement. Sur cette base, la PostCom compte fixer des standards minimaux pour l’année prochaine. Ils devraient correspondre aux dispositions de la CCT KEP&Mail.
Poste / Telecom | 5
syndicom | N° 02 | 26 février 2016 RESTRUCTURATION CHEZ SWISSCOM
COMMENTAIRE
L’excellence aussi pour les salarié·e·s !
PHOTO THOMAS CUNZ
Une restructuration sans fin et démesurée
PHOTO KEYS TONE / S TEFFEN SCHMIDT
Lors de sa conférence de presse de bilan du 5 février, Swisscom a communiqué que plusieurs centaines d’emplois seront transférés ailleurs dans le pays, voire supprimés. syndicom exige de Swisscom qu’elle continue à occuper ses employé·e·s concernés dans les secteurs en croissance et qu’elle applique généreusement le plan social.
Un coup dur • Même si 550 postes devraient être créés, ce sont plus de 700 emplois qui vont disparaître chez Swisscom. Dans le cadre du projet Excellence 2016+, du nom donné à l’interne à la restructuration qui a commencé cette année et qui va se poursuivre, l’annonce de Swisscom représente un coup dur pour une centaine d’employé·e·s. Les mesures de démantèlement et de restructuration touchent particulièrement les employé·e·s des centres de contact et d’appels. Dans ce contexte, syndicom exige de Swisscom qu’il fasse aussi preuve d’excellence envers ses employé·e·s. Concrètement, il doit introduire des mesures de reconversion et continuer à employer le personnel dans ses secteurs en croissance.
sout ien de syndicom syndicom apporte son soutien aux personnes concernées. Ceci vaut tout particulièrement pour les employé·e·s des six centres de contact et d’appels de Bâle, Berne, Genève, Lucerne, Rapperswil et Zurich, qui vont être fermés. Pour les employé·e·s qui ne peuvent plus être occupés malgré les mesures de reconversion et de perfectionnement, syndicom exige une appli-
cation généreuse du plan social, qui fait partie intégrante de la convention collective de travail. La future forme d’exploitation doit garantir au service de renseignements 1811 (auparavant le 111) et à ses employé·e·s de longue date le maintien durable du plus grand nombre possible de postes.
impact des restructurat ions Ces restructurations et les suppressions de postes ont un impact sur la société : où que l’on regarde, la pression au travail augmente, le travail s’intensifie et les frontières entre vie professionnelle et privée disparaissent. La numérisation du monde du travail crée des problèmes supplémentaires. syndicom suit la situation de près et développe sur la base d’études des positions avec des membres engagés et compétents, afin que le monde du travail reste humain et que le travail puisse être réparti sur un plus grand nombre d’épaules. (syndicom)
L’annonce par Swisscom d’un vaste plan de restructuration avec 700 emplois qui passeront à la trappe en 2016, de la suppression de six des 14 centres d’appels et d’un plan d’économie de 300 millions d’ici 2020 a du mal à passer pour les salarié·e·s et syndicom. L’entreprise doit certes s’adapter à un environnement en mutation. En raison de la forte concurrence, notamment la baisse de tarif agressive de Salt et les services gratuits comme Whats app, les prix plongent. Par ailleurs, Swisscom doit gérer trois technologies de téléphonie mobile en parallèle, préparer l’arrivée de la 5G, déployer la fibre optique et investir dans le Big Data. La présentation de toutes ces menaces sert à justifier les suppressions de postes annoncées le jour même. La lecture des comptes 2015 peut aussi aller dans ce sens avec une légère baisse (-0,2 %) du chiffre d’affaires et du bénéfice net (-20,2 %). Pourtant, une lecture plus optimiste peut également être faite. A périmètre constant, après correction notamment des effets de change, le chiffre d’affaires est en hausse (+ 0,7 %). De même pour le bénéfice avant amortissements (+2,3 %). Ce qui plombe l’exercice 2015, ce sont deux provisions, l’une de 186 millions liée à une amende contestée pour biais de concurrence et, l’autre, de 70 millions pour le plan social. Le bénéfice net se monte tout de même encore à 1,36 milliard et la marge Ebitda atteint 35,1 % ! Peu d’entreprises suisses peuvent en dire autant. Swisscom assure vouloir limiter la casse. « Nous mettrons tout en œuvre pour limiter le nombre de licenciements », a promis Urs Schaeppi, directeur, sans donner de chiffres. Swisscom annonce certes la création de 500 postes cette année dans les secteurs en croissance (TV, mobilité, énergie, stockage de données…). Néanmoins, une centaine de personnes risquent de rester sur le carreau, malgré les mesures de reconversion et de perfectionnement prévues et exigées par syndicom. Beaucoup d’inconnues pèsent encore sur la manière dont Swisscom entend réduire ses dépenses de 300 millions d’ici 2020 et la traduction en termes de perte d’emplois ces prochaines années. Si des changements sont nécessaires pour que l’entreprise reste compétitive, l’ampleur de restructurations sans fin payées par les salarié·e·s du géant bleu réduits au rôle de simples variables d’ajustement est démesurée et ne semble servir au final que les actionnaires qui, depuis cinq ans touchent un dividende de 22 fr. Y compris la Confédération qui, en même temps, envisage des baisses d’impôts pour les entreprises. Yves Sancey
Ouverture du Postparc de Berne
Après plus de cinq ans, le bureau de poste emménage à nouveau à la gare centrale de Berne, avec de nouvelles proportions. Le 22 février a eu lieu l’ouverture du plus grand bureau de poste du pays dans le PostParc de Berne. Dans ce groupe d’édifices futuristes, on peut aussi y trouver, entre autres choses, un Postshop, un comptoir de philatélie ainsi que l’un des automates à colis – My Post 24 – les plus grands de
Suisse. Le bureau de poste sera ouvert du lundi au vendredi de 7 h 30 à… 21 h, le samedi de 8 h à 17 h et le dimanche entre 16 h et 21 h. On y trouve également un bureau PostFinance.
Quelles victimes exige le Postparc ? L’ouverture du PostParc aura des conséquences pour le réseau de bureaux de poste et les employés postaux. Qu’impliquent concrè-
tement des heures d’ouverture plus longues dans le quotidien professionnel de nos collègues ? Et qu’adviendra-t-il des offices proches du PostParc ? La question se pose d’autant plus que le désert postal s’étend (voir p. 14). La fermeture du bureau de poste du Inselspital est déjà décidée, ainsi que celui de la place de l’Ours au centre de Berne. Nous reviendrons sur ce sujet dans une prochaine édition. (Réd.)
PHOTO L A POS TES SUISSE
Fermer les offices de postes et les remplacer par un PostParc, nouvelle tendance ?
6 | Telecom
syndicom | N° 02 | 26 février 2016
NAVIGATION AéRIENNE
Nouvelle CCT skyguide largement acceptée 84 % du personnel organisé a dit OUI au vote général : la nouvelle CCT Administration, Opérations et Technique entre donc maintenant en vigueur à Skyguide. Elle introduit notamment une protection accrue contre le licenciement ainsi que de meilleurs droits de participation, la sécurité de l’emploi pour les plus âgés, mais aussi des modèles de temps de travail moderne et, pour la première fois, une composante liée à la performance individuelle dans le salaire. accrue contre le licenciement, surtout pour les collaborateurs de plus de 55 ans,
un salaire minimum garanti de plus de 4000 fr. par mois, un plan social avanta-
PHOTO YVES SANCEY
Au terme d’un total de onze cycles de négociation intensifs répartis sur sept mois, syndicom et skyguide ont signé le 12 février une nouvelle CCT pour le personnel AOT (Administration, Opérations et Technique). Le personnel AOT comprend quelque 700 employé·e·s administratifs, experts opérationnels, techniciens, ingénieurs, etc. Les contrôleurs de la circulation aérienne ont leur propre CCT. Skyguide et syndicom poursuivent leur partenariat social. Conclue pour trois ans, la nouvelle CCT entrera en vigueur le 1er mars 2016. Par rapport à la convention précédente, la nouvelle CCT introduit un certain nombre d’innovations, en particulier des modèles de temps de travail flexibles, l’augmentation des indemnités complémentaires, des journées réservées à la formation continue, une protection
geux ainsi que de meilleurs droits de participation, mieux définis. La principale nouveauté réside dans un système salarial analytique avec composante de prestation individuelle, qui se substitue à l’augmentation automatique en vigueur jusqu’ici. Ces ajustements à partir de 2018 garantissent, sans porter atteinte aux salaires actuels, un meilleur contrôle de l’évolution des charges salariales. La nouvelle CCT AOT n’est pas gravée dans le marbre. Afin que son prochain renouvellement débouche sur des améliorations, nous avons toujours besoin de membres engagés. Cela vaut notamment pour les négociations sur l’aménagement concret des plans de carrière et bandes salariales. Seule l’affiliation d’un grand nombre d’employé·e·s peut apporter des solutions satisfaisantes à tous les employé·e·s AOT. (syndicom)
Poste Immobilier
Assemblée ouverte à IMS SA de participer à la formulation des revendications. (réd.)
En ce moment des pourparlers ont lieu en vue du renouvellement de la CCT de IMS SA. L’assemblée ouverte organisée par syndicom offre à tous les salariée·e·s d’IMS SA la possibilité de s’informer de l’état des pourparlers et de faire la connaissance de la délégation de négociation. Comme salarié·e IMS, tu as ainsi la possibilité de t’investir et
Annonce-toi rapidement à martin.zuercher@syndicom.ch samedi, 27 février 2016, 10h00 – 15h00 , Hotel Bern, Zeughausgasse 9, Berne
Cablex
Valentina Smajli est secrétaire régionale en charge des télécoms/IT à Lucerne pour la Suisse centrale et du NordOuest. Comme ses autres collègues de syndicom, elle aime aller sur le terrain. Cela lui donne l’occasion d’entrer en contact avec des personnes très diverses. Dans la conversation, elle s’informe sur le quotidien du travail de nos membres. Avec tout l’équipement, elle a pu rendre visite à nos collègues de cablex sur un chantier de construction en Suisse centrale en compagnie de Josef Sonntag (photo), leader d’équipe dans la construction de réseau. L’occasion de voir combien le travail des gars de cablex est exigeant. Dans le vent, dehors. A exécuter des travaux de mécanique de précision et respecter tous les critères de sécurité. Le travail syndical, c’est se battre pour défendre leurs
droits, améliorer la CCT pour un juste salaire, des indemnités correctes et de bonnes conditions de travail.
PHOTO JOSEF SONNTAG
D E S I G N:
H U B E R TU S
Com ITé CoNTR E l’I N ITIaTIvE I N H U maI N E DE l’U DC CaS E poSTalE, 3000 B E R N E 23 www.appE l-U RG E NT.CH
Avec les gars de cablex
Médias | 7
syndicom | N° 02 | 26 février 2016 INDUSTRIE GRAPHIQUE
Appliquer le CCT même en dehors de Viscom Dans l’édition précédente du journal, nous vous avions informés de la sortie de Tamedia de l’association patronale Viscom. Après notre rencontre avec la direction en janvier dernier, nous n’avons encore reçu aucune réponse de Tamedia. Angelo Zanetti * pauses qui ne sont pas t oujours prises, de travail intérimaire, etc.
Ligne rouge à ne pas dépasser
Avec ses journaux quotidiens et hebdomadaires, ses magazines, ses plates-formes en ligne, Tamedia, qui compte près de 3700 employé·e·s, est le groupe de presse le plus important en Suisse. Son palais, imposant par son ampleur, est situé à la Werdstrasse 21 à Zurich, à quelques centaines de mètres de la gare. Il a été rénové par l’architecte japonais Shigeru Ban. C’est un bâtiment en bois, dont la façade vitrée procure une sensation claire d’espace. Avec toutes ses publications papier, Tamedia ne peut être que le leader dans le domaine de l’impression aussi. Il possède trois centres à
Zurich, Berne et Bussigny, où sont employées 350 autres personnes. Ce sont des centres où l’on travaille à plein régime ; où convergent d’autres quotidiens tels que la NZZ, qui imprime à Zurich, ou La Liberté, qui imprime à Berne – ce qui est préoccupant par rapport à la position de quasi-monopole de Tamedia. Une partie des journaux Coop et Migros sont aussi imprimés dans ces centres. Cet imposant volume de travail requiert des rythmes de production toujours plus intenses, avec tout ce que cela implique, notamment en termes d’heures supplémentaires, de
Tamedia est une vraie machine à sous, dont les gains générés vont toutefois dans les poches des actionnaires. Pour qu’elle reste performante, cette machine est révisée en permanence. Maintenant, c’est le tour des centres d’impression. Ou plutôt de leurs conditions de travail. Dans ce contexte, nous tenons à rappeler une fois de plus que la démission de Tamedia de l’association patronale Viscom ne pourra pas représenter une sortie du contrat collectif de travail de l’industrie graphique. Les trois commissions du personnel l’ont aussi rappelé lorsqu’elles ont envoyé fin janvier une lettre à leur direction. « Le CCT et l’accord additionnel pour le centre d’impression de Bussigny sont une ligne rouge qui ne peut en aucun cas être dépassée. » Pour l’instant, nous n’avons pas reçu de réponse. Mais nous ne resterons pas inactifs. Car le CCT doit être appliqué dans sa totalité, également dans les entreprises qui ont quitté leur association patronale. Il doit donc aussi être appliqué chez Tamedia.
* Secrétaire central Industrie graphique et emballage
Déclaration de force obligatoire générale du CCT
Derniers préparatifs Nous abordons à présent la phase finale du processus d’élaboration de la documentation concernant la demande de déclaration de force obligatoire (DFOG) du CCT pour l’industrie graphique. Le 10 février dernier, une rencontre a été organisée avec Viscom à l’Office professionnel de l’industrie graphique. La discussion a porté sur divers aspects du dossier, qui doit contenir la demande, le budget et divers quorums. Ce travail administratif est important, aussi parce que nous y sommes confrontés pour la première fois. Tout n’est donc pas clair immédiatement. Au départ, nous avions sous-estimé le travail conséquent de préparation, mais le manque d’expérience a certainement joué aussi un rôle. Ce qui est sûr, c’est que nous voulons la DFOG ensemble – les syndicats et Viscom. Nous voulons qu’elle entre en vigueur le 1er janvier 2017. D’ici fin février, début mars au plus tard, le SECO recevra notre demande. (AZA)
Conférence de branche Livre
Pas de prolongation du temps de travail dans les librairies ! Le dimanche 7 février, lors de leur conférence de branche, les libraires alémaniques ont refusé à l’unanimité une prolongation du temps de travail à 41 heures par semaine. Ils ont accepté d’ouvrir la discussion sur les thèmes relatifs au CCT. Roland Kreuzer * suppression de postes chez les ténors de la branche. Et les collègues d’Orell Füssli Thalia, dont le temps de travail net (sans pauses) a été prolongé d’une heure et demie à 40 heures par semaine, ont relevé que la limite
PHOTO DR
Au Volkshaus de Zurich, une discussion intense a eu lieu sur l’intention de l’association alémanique des libraires et éditeurs (SBVV) de prolonger en 2016 le temps de travail de 40 à 41 heures hebdomadaires. Une participante a considéré comme « immorale » l’offre de l’association, qui attend des libraires qu’ils acceptent d’accomplir du travail supplémentaire sans recevoir en retour de compensation salariale. Personne n’a envisagé, ne serait-ce même qu’un instant, de considérer qu’une augmentation à 4000 francs du salaire initial après l’apprentissage – prévue de longue date et promise depuis belle lurette – pourrait compenser le temps supplémentaire. Il est ressorti très nettement de la discussion que la charge de travail ne cesse d’augmenter dans le commerce du livre. C’est pourquoi la décision a été prise à l’unanimité de maintenir la semaine de 40 heures. Car on craint qu’une prolongation du temps de travail, limitée jusqu’à fin 2016, puisse devenir durable et conduise à une
de la durée hebdomadaire de travail est atteinte pour eux ; une augmentation supplémentaire à 41 heures serait inacceptable. La proposition soumise à l’Assemblée pour examen et décision (compensation de l’augmenta-
tion du temps de travail soit par cinq jours supplémentaires de vacances soit par une augmentation de salaire de 2,5 %) n’a pas été bien accueillie.
A quand la prochaine ronde de négociation ? Deux jours seulement après la communication des décisions prises dans le cadre de la conférence de syndicom, l’association des libraires et éditeurs alémaniques écrivait dans une newsletter : « Par cette décision, il est clair que les salaires minimaux CCT ne changeront pas cette année par rapport à 2015. » La seconde partie des décisions ne semble pas même avoir été prise en considération. Or syndicom était allé dans le sens du SBVV pour que des discussions sur une révision du contrat collectif de travail (CCT) puissent être entamées malgré le CCT actuellement en vigueur, si le salaire minimum est relevé dès 2016 à 4000 fr. après l’apprentissage. En vue d’un remaniement du CCT, les libraires ont des revendications visant à améliorer leurs conditions de travail, comme la
seconde partie de l’assemblée l’a montré. Tous les salaires minimaux devraient être augmentés, et l’évolution salariale largement lacunaire dans la branche ne peut être garantie que par une augmentation progressive des salaires minimaux jusqu’à la 10e année de service au moins. En ce qui concerne les vacances aussi, un besoin de rattrapage se fait ressentir, car une bonne semaine de plus est accordée dans le commerce du détail. Enfin, dans une branche du livre où la proportion de femmes est élevée, le congé maternité doit être prolongé à 16 semaines au moins ; le congé paternité devrait aller de soi. Les libraires s’opposent à une prolongation du temps de travail, car la semaine de 40 heures représente encore un avantage par rapport au commerce de détail. La discussion sur les conditions de travail se poursuit. Et si le SBVV résilie le CCT, les libraires alémaniques formuleront leurs revendications lors d’une prochaine conférence de branche.
* Responsable du secteur Médias
8 | Syndicom / Médias
syndicom | N° 02 | 26 février 2016
Comité central du 20 février
Nous voulons relever les défis Le 20 février, la nouvelle responsable de l’égalité et le nouveau responsable de la communication ont été élus par le comité central de syndicom. Ses membres ont aussi discuté les objectifs annuels 2016 et fixé la date du prochain congrès. recul des membres grâce à des campagnes de syndicalisation, qui sont coordonnées avec des actions visant à améliorer les conditions et les contrats de travail et à réglementer les horaires de travail. Deux articles de journaux qui portaient sur des
problèmes au sein du syndicat ont aussi donné lieu à de nombreuses discussions. Même s’ils contenaient quelques semivérités et pas mal de malentendus, il est clair que syndicom doit prendre au sérieux ses problèmes et les résoudre. Des proces-
sus d’amélioration sont en cours et notre comité central reconnaît les efforts fournis. Enfin, pour consacrer suffisamment de temps à la mise en œuvre des projets lancés (création de task forces pour se concentrer sur la politique de branche, simplifier les processus administratifs, etc.), le CC a décidé de rejeter une proposition qui demandait l’avancement de la date du prochain congrès. Ceci laisse du temps pour examiner les structures et les profils de tâches, afin de pouvoir chercher une nouvelle présidence avec tout le soin nécessaire.
PRÊTS POUR LA COMMUNICATION ET L’ÉGALITÉ ∙ Christian Capacoel et Patrizia Mordini
Deux nouveaux visages
PHOTO NINA SCHEU
L’année 2016 réserve à notre syndicat de nombreux défis : au niveau national, syndicom s’engage encore contre l’initiative de mise en œuvre jusqu’au dimanche des votations – le comité central (CC) a adopté une résolution y relative (voir : www.syndicom.ch/fr/newsactivites/nouvelles.html). Nous nous engagerons aussi contre l’initiative trompeuse « En faveur » du service public, qui passera en votation cet été. En automne, nous défendrons le référendum contre la nouvelle loi sur le renseignement et l’initiative USS visant à renforcer notre AVS (AVSplus). Les attaques des dérégulateurs sur les heures d’ouverture des magasins et sur Swisscom (mot clé : privatisation) se poursuivront. Nous continuerons donc à défendre nos membres confrontés à des licenciements ou à des litiges juridiques, tout en nous concentrant sur la politique de branche, les groupes d’intérêt et les négociations CCT.
Le prochain congrès reste fin 2017 Au sein du syndicat aussi, les défis ne manquent pas : nous luttons contre le
Première étape vers le futur : le comité central a élu deux jeunes pour occuper des fonctions dirigeantes vacantes (cf. photo) : Patrizia Mordini, la nouvelle responsable de l’égalité, intègre dès à présent le comité directeur, alors que Christian Capacoel reprend la division de la communication. Alain Carrupt, qui quitte sa fonction, présidait pour la dernière fois la séance du CC. On prendra congé de lui à une date ultérieure. (NiS)
Programme d’austérité à la RSI
Licenciements controversés Suite au programme d’austérité de la SSR, la Radio Télévision Suisse italienne RSI a déjà licencié des employé·e·s. Ces derniers ont été traités « comme des délinquants », déplorent les syndicats. de la division du personnel, ils ont ensuite dû vider immédiatement leur bureau ; leurs comptes de messagerie électronique et leurs cartes de stationnement ont été bloqués avec effet immédiat. Une collaboratrice, qui voulait terminer son service, a été sommée de quitter immédiatement les lieux. Faute de quoi, il aurait fallu « l’accompagner ». Comme on craignait des réactions imprévisibles, des agents de sécurité avaient été convoqués pour exécuter au besoin ce travail. « Certains employé·e·s de longue date ont été traités comme des délinquants », a-t-on pu lire ensuite dans un communiqué conjoint du SSM et d’Impressum. syndicom a également dénoncé que ce qui est arrivé à la RSI reste un fait grave qui ne peut et ne doit plus se reproduire.
1236 employé·e·s (2014-2015). Elle est ainsi, après l’administration cantonale, l’employeur le plus important du Tessin. En 2016, la RSI doit économiser six millions de francs, comme elle le communique sur demande. Et ceci avec un budget de 247 millions. On savait déjà depuis un certain temps que des licenciements seraient prononcés ; avec le « syndicat maison » SSM, le personnel avait négocié un plan social. Sa mise en œuvre suscite l’indignation. Quelques employé·e·s, dont certains fidèles de longue date, ont été convoqués sans avertissement durant leur temps de travail par leurs supérieurs hiérarchiques, qui leur ont communiqué leur licenciement. En présence de conseillers externes
La procédure de licenciement a suscité non seulement des réactions externes, mais aussi des tensions internes. « Beaucoup de personnes sont scandalisées, mais restent silencieuses, car elles ont peur d’être licenciées », écrivait sur Facebook la journaliste de la météo Sabrina Balestrieri. On peut deviner comment est le climat de travail au sein de l’entreprise. Face à cette évolution, la direction de la RSI s’est vue contrainte de réagir. Le directeur de la RSI, Maurizio Canetta, a diffusé sur le site internet de la RSI une vidéo de cinq minutes, dans laquelle il rejetait catégoriquement la critique et parlait de déclarations erronées. Un jour plus tard, il admettait avoir commis des erreurs dans la communication. Il a réitéré son aveu de culpabilité, lorsque le directeur général
Roger De Weck a rencontré les employés au studio de la radio de Lugano-Besso dans le cadre d’une assemblée du personnel. A cette occasion, après une annulation des licenciements, les revendications syndicales ont été fermement rejetées. Mais avec le dépôt de l’initiative No Billag sur la suppression des redevances, une épée de Damoclès est suspendue au-dessus de la SSR. L’acceptation de cette initiative signifierait la fin de la RSI dans sa forme actuelle. Et cela tandis que, contrairement à d’autres unités d’entreprise de la SSR, la RSI met sur pied un programme complet, relativement peu coûteux, pour la radio, la télévision et l’internet.
Gerhard Lob, journaliste indépendant
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PHOTO RSI
Alors que le climat de travail était déjà mauvais depuis des années à la RSI, voilà qu’il est définitivement plombé. La SSR doit économiser 40 millions de francs par année, car des recettes disparaissent en raison de la décision de taxation TVA et de la nouvelle loi sur la radio et la télévision – avec des quotes-parts de redevance plus élevées pour les prestataires privés. La conséquence en est une suppression de quelque 250 postes, dont 49 à la RSI. Jusqu’à présent, 18 licenciements auraient déjà été prononcés ; la RSI refuse toutefois de communiquer le chiffre exact. Cependant, il faut voir les proportions : la RSI compte, selon ses propres déclarations, 1100 postes à plein temps, répartis sur
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Médias | 9
syndicom | N° 02 | 26 février 2016 DISCRIMINATION médiatique
Syndicom soutient le Prix femmes & médias La Conférence romande de l’égalité lance la troisième édition du Prix femmes & médias, dont les objectifs sont à la fois la valorisation de productions journalistiques et la sensibilisation aux différences de traitement médiatique entre femmes et hommes. Partenaire financier avec le SSM, syndicom soutient cet événement, important pour le monde des médias. Aujourd’hui encore, les femmes ne bénéficient pas du même traitement médiatique que les hommes. Moins présentes quantitativement, elles sont aussi plus fréquemment décrites de façon stéréotypée. Les bureaux de l’Egalité romands souhaitent, à travers cette troisième édition du Prix femmes & médias, récompenser les journalistes qui, dans un souci d’éthique professionnelle, font avancer le débat sur l’égalité entre femmes et hommes. Les membres éminents du jury, dont Myret Zaki, rédactrice en chef de Bilan, Alexis Favre, chef de la rédaction genevoise au journal Le Temps, Claudine Gaillard, journaliste à la Radio Télévision Suisse, et Marc-Henri Jobin, directeur du Centre de formation au journalisme et aux médias (CFJM), choisiront les lauréat·e·s du prix.
Action urgente demandée
Dotations : 1 er prix : 3000.–; 2 e prix : 1000.–; 3e prix : 500.–. Partenaires financiers : syndicom et SSM. Infos : www.egalite.ch/femmes-medias
Les résultats de 2015 ne montrent pas uniquement que les médias véhiculent une image très traditionnelle des genres, mais également que la situation s’est péjorée depuis 2010. Les hommes tiennent le
un prix journalistique décerné par la Conférence romande de l’égalité Aujourd’hui encore, les femmes ne bénéficient pas du même traitement médiatique que les hommes. Moins présentes quantitativement, elles sont aussi plus fréquemment décrites de façon stéréotypée. Les bureaux de l’égalité romands souhaitent, à travers le prix femmes & médias, récompenser les journalistes qui, dans un souci d’éthique professionnelle, font avancer le débat sur l’égalité entre femmes et hommes. www.egalite.ch/femmes-medias
3e édition
Situation pé jorée par rapport à 2010
Les journalistes ou rédactions souhaitant concourir doivent envoyer leur production avant le 1er avril !
prix femmes & médias
prix femmes & médias
plus souvent un rôle de sujet, d’acteur ou d’expert dans les domaines économiques et politiques alors que les femmes sont majoritairement associées à leur fonction familiale ou mentionnées en tant que célébrités. La diminution du pourcentage de femmes journalistes mérite réflexion, tout comme le décalage entre l’important taux de femmes suisses exerçant une activité lucrative et leur faible présence dans les médias en qualité de femmes professionnellement actives. Notons que les résultats diffèrent selon la région linguistique : les femmes sont davantage présentes dans les médias en Suisse romande qu’en Suisse alémanique et au Tessin. (Réd.)
3 mai 2016
Une étude récente du Projet mondial de monitorage des médias (GMMP) 2015, menée au niveau mondial et en Suisse, met en évidence cette problématique. Le 25 mars 2015 a été choisi comme jour de référence mondial, également par la Suisse, pour examiner les médias d’actualité.
En Suisse, l’analyse a porté sur 20 quotidiens, 3 émissions de télévision, 3 émissions de radio, 9 sites internet et 9 canaux Twitter. Les constats sont consternants. 75 % des personnes mentionnées dans les médias sont des hommes. Comparée à 2010, la proportion de femmes journalistes a baissé d’environ 5 % et atteint à peine 30 %. Dans les rubriques économiques, politiques ainsi que dans celles relatives à la gouvernance, les femmes sont sous-représentées. Cela est aussi le cas lorsqu’elles apparaissent en qualité d’experte, de commentatrice ou lorsqu’elles sont au centre du sujet traité. A contrario, les femmes sont surreprésentées dans les domaines de la presse people, du sport, dans les sujets relatifs à la parentalité et dans les sondages d’opinion. Cette tendance s’est renforcée depuis 2010. L’âge des femmes présentes dans les médias est plus souvent mentionné que celui des hommes.
Publireportage P U B L I - R E P O R TAG E
La Suisse côté chocolat C’est une évidence, le pays du chocolat regorge d’activités qui font la part belle à son plus savoureux emblème. Entre dégustations, musées, ateliers, attractions et même soins corporels, le produit helvétique star se savoure en famille et sous toutes les formes. Avec Loisirs.ch, découvrez quelques lieux incontournables du chocolat, ceux qui réjouissent les papilles et les pupilles… Attention, choc’devant ! mondialement, elle ne garde pas ses secrets pour autant. Au programme : visites guidées, film autour du chocolat, présentation de la chocolaterie et dégustation de bouchées d’exception. A vous les clés du royaume chocolaté ! La grisaille hivernale vous déprime ?
A la Maison Cailler de Broc (FR), partez pour un voyage captivant au cœur du chocolat ! Ici, l’« or brun » se hume, se palpe et se déguste, pour le bonheur de tous les sens… et à l’Atelier Cailler, place à la pratique : petits et grands peuvent y confectionner leurs propres créations, sous la houlette d’un chocolatier. Cœur fondant, truffes ou tablette : craquez pour l’atelier de votre choix et repartez avec le dessert ! Du côté de Noiraigue, dans le canton de Neuchâtel, Jacot Chocolatier confectionne de véritables bijoux chocolatés. Mais si la chocolaterie est reconnue
Direction les Bains de Lavey qui vous proposent de succomber au cacao version wellness ! De quoi profiter des vertus bienfaisantes et déstressantes du chocolat sans prendre un gramme. Enfin, si vous êtes mordus de randonnée hivernale, les Chasses au trésor et fondue au chocolat sont faites pour vous. Franches-Montagnes, Vue des Alpes, Mont-Soleil, Weissenstein, Macolin, Grande-Cariçaie, Mollendruz : de décembre à avril, lancez-vous en famille dans sept parcours à choix qui mêlent découverte ludiques des spécificités régionales et instants gourmands autour d’une onctu euse fondue au chocolat.
A NE PAS MANQUER ! Festichoc de Versoix, du 12 au 13 mars 2016 Le rendezvous annuel des amoureux du chocolat ! Présence d’une vingtaine d’artisans chocolatiers de Suisse et d’ailleurs, concours de sculptures en chocolat, ateliers pour les gourmands en culottes courtes : cette 12e édition promet un programme choc ! Toutes nos d’idées chocolatées en un clic sur www.loisirs.ch/chocolat
10 | GI femmes
syndicom | N° 02 | 26 février 2016
8 mars - Journée internationale des femmes
Moins de salaire et une retraite retardée ? Le 8 mars aura lieu la Journée internationale des femmes. La revendication initiale « à travail égal, salaire égal » n’est toujours pas réalisée en Suisse. Et de nouvelles menaces pèsent aujourd’hui sur la prévoyance vieillesse des femmes. Patrick Probst *
Aux sources du 8 mars En Allemagne, au Danemark, en Autriche, en Suisse et aux Etats-Unis, des millions de femmes ont participé à des marches de protestation. Leurs revendications principales portent sur le droit d’éligibilité et de vote, l’introduction de la journée de travail de huit heures, une protection suffisante de la mère et de l’enfant, la fixation de salaires minimaux et un salaire égal pour une prestation de travail égale. En 1912, les femmes en France, aux Pays-Bas et en Suède participent à leur tour à la journée de protestation, suivies en 1913, par les femmes de Russie. Par la suite, la Journée internationale des femmes est fixée au 8 mars. En Suisse, le droit d’éligibilité et de vote a été introduit au niveau fédéral en 1971. L’égalité entre femmes et hommes est ancrée dans la Constitution depuis 1981. Et depuis 1996, le droit à l’égalité salariale figure dans la loi fédérale sur l’égalité entre femmes et hommes. Les femmes ont-elles donc atteint leur but sur le long chemin de la parité homme-
ma suit une logique perfide : « Tant qu’à gagner moins, autant qu’elles prennent leur retraite en même temps que les hommes. »
Un milliard perdu pour les femmes PHOTO SUSANNE OEHLER
« Cette Journée internationale des femmes est la manifestation la plus importante jamais vue pour le droit de vote des femmes et elle marquera l’histoire ! » écrivait la socialiste allemande Clara Zetkin lors de la première Journée internationale des femmes du 19 mars 1911.
L’année dernière, à la Journée internationale des femmes du 8 mars, 12 000 femmes ont manifesté sur la place Fédérale à Berne pour l’égalité salariale.
femme ? La Journée internationale des femmes est-elle devenue un vestige des temps passés ? Est-elle aujourd’hui obsolète ? La réponse est : malheureusement non !
égalité formelle mais pas encore réelle En 2016, l’égalité salariale ancrée dans la loi n’est toujours pas mise en œuvre en Suisse. Selon l’enquête sur la structure des salaires réalisée par l’Office fédéral de la statistique en 2014, les femmes gagnent dans l’économie privée 15,1 % de moins que les hommes (LSE 2012 : 18,9 %). En 2012, près de la moitié des différences salariales ne pouvaient s’expliquer par des critères objectifs (comme la fonction), mais reposaient uniquement sur la différence de sexe. La part discriminatoire des écarts salariaux correspondait à un montant moyen de 678 fr. par mois. L’analyse complexe de la part explicable et non explicable de la différence actuelle de
salaire de 15,1 % est encore en cours. L’égalité salariale sera le sujet de campagne de l’USS et de syndicom pour le 14 juin 2016, 25e anniversaire de la grève des femmes. D’après le Conseil fédéral et la majorité de droite au Parlement, l’âge de la retraite des femmes doit être relevé au même niveau que celui des hommes, malgré l’écart de rémunération entre les femmes et les hommes. Le cynisme est sidérant : « Vous avez voulu l’égalité, vous pouvez maintenant l’avoir avec l’âge de la retraite à 65 ans. » On tait bien sûr le fait que les femmes ont touché de bas salaires discriminatoires durant toute leur vie professionnelle et qu’elles ont donc peu cotisé pour leur prévoyance professionnelle. De plus, les femmes doivent généralement accepter des interruptions de carrière et ne peuvent souvent travailler qu’à temps partiel, car elles s’occupent des enfants et de parents proches. Ce sché-
Si l’âge de la retraite des femmes est relevé de 64 à 65 ans, elles ne perdront pas moins de 1,22 milliard de prévoyance professionnelle. Un montant considérable. En même temps, le projet Prévoyance professionnelle 2020 ne prévoit pas d’augmentation de rente pour les retraité·e·s actuels. Bien que la plupart d’entre eux touchent une rente trop basse du premier et deuxième pilier pour leur permettre de « maintenir leur niveau de vie habituel de manière appropriée », comme le prévoit la Constitution. En réponse au projet du Conseil fédéral, l’Union syndicale suisse (USS), dont fait aussi partie syndicom, a lancé l’initiative AVSplus, qui exige une augmentation des rentes de 10 % et qui passera en votation en septembre 2016. L’année dernière, à la Journée internationale des femmes du 8 mars 2015, 12 000 femmes ont manifesté sur la place fédérale à Berne pour l’égalité salariale. Cette année, la protestation des femmes revêt une importance toute particulière : il n’en va pas seulement de leur salaire, mais aussi de leur prévoyance.
Programme du 8 mars en Suisse romande syndicom sera présent dans un grand nombre d’entreprises de nos branches. Réservez un bon accueil à nos collègues ! D’autres actions auront lieu un peu partout en Suisse romande. Canton de Genève – Tractages du 8 minutes à 7 h à la Gare Cornavin et à 12 h et à 17 h à Bel-Air. – Action de rue décalée et drôle « fausse manif de vieilles bourgeoises ». « Dress code » : une perruque blanche. Départ : 12 h 30 à Bel-Air jusqu’à la place du Mont-Blanc. – Fête le soir avec un événement festif au Gavroche. Canton de Fribourg – L’Union syndicale fribourgeoise fait une action avec le groupe femmes. Canton de Neuchâtel – Distribution du 8 minutes le matin dans les gares de Neuchâtel et La Chaux-de-Fonds et action de rue. – Actions de rue et apéro de rue à Neuchâtel et dans le canton. – Apéro de l’égalité et conférence « L’école nous enseigne-t-elle l’égalité entre les sexes ? » par Isabelle Collet, maître d’enseignement sur les questions de genre à l’Université de Genève. Le 8 mars à 17 h 30, Auditoire de Microcity, rue de la Maladière 71, Neuchâtel. Même conférence le 10 mars à La Chaux-de-Fonds, 17 h 30, Aula de l’Ester, rue du Progrès 38-40. Canton de Vaud – Distribution du 8 minutes – spécial retraites. 6 h 30-8 h gares de Morges, Nyon, Lausanne, Vevey, Yverdon, Aigle. 7 h.-8 h 30 Métro Flon. 12 h.-14 h. au centre-ville de Lausanne (point de rencontre à Saint-Laurent). – Action de rue sur les retraites. 17 h 30 rendezvous à la place Chauderon, Lausanne. – Radio Django avec Feminista. 18 h 00-19 h 00, enregistrement public à Pôle Sud, Lausanne. A écouter en direct sur : www.django.fm/
* Journaliste free-lance
COMMENTAIRE
Le 8 mars n’est pas une farce ! Le 8 mars n’est pas une farce ! C’est un jour qui devrait rappeler la résistance contre les injustices, les oppressions et les discriminations. Elles sont au cœur des luttes qui ont donné naissance, au début du XXe siècle, au 8 mars. Dans les années septante, ce jourlà était considéré comme un jour de lutte révolutionnaire. Parce que le Mouvement de libération des femmes a lancé une véritable révolution dans les relations et dans le paradigme social culturel. Il a modifié radicalement le rôle des femmes (filles, sœurs, épouses, jamais libres de choisir, jamais citoyennes autonomes) et bouleversé les habitudes les plus profondes en créant une nouvelle culture, de nouvelles valeurs, un nouveau sens commun. Mais au-delà de quelques conquêtes incontestées, le temps s’est arrêté. Il semble même faire marche arrière. On retourne à la femme-objet, on remet en discussion l’autodétermination
de la maternité, le droit à l’avortement. De nombreuses femmes se remettent à rêver au prince charmant pour lui confier leur propre destin et lui déléguer leur autonomie. Le lent effritement de la dignité féminine, publique et privée, se passe quasiment dans l’indifférence. On ne s’arrête pas sur les étapes du Mouvement de libération des femmes. Parmi les nouvelles générations, certaines personnes considèrent comme acquise la liberté conquise par les luttes de mères et de grands-mères. Mais se reposer sur ses lauriers serait vraiment la pire des choses : il ne faut jamais tenir quoi que ce soit pour acquis. Parce que le temps, comme disait la grande écrivaine française Marguerite Yourcenar, est un « grand sculpteur ». Parce que la mémoire historique risque de disparaître. C’est pourquoi je lance un appel aux femmes militantes, dont je fais aussi partie,
pour qu’elles défendent la mémoire. Il leur appartient de faire vivre le 8 mars au travers de ses contenus. Car il a fallu des siècles pour conquérir une véritable liberté, qui pour de nombreuses femmes dans le monde, est encore lointaine. Ne laissons pas le consumérisme, le fondamentalisme et de nouvelles formes d’autoritarisme conditionner le parcours des femmes. Les femmes ont encore tant de rêves à réaliser. Tant d’espoirs à transformer en projets. Une envie immense de bonheur, un désir inassouvi de liberté. PHOTO LDD
Quand quelqu’un me dit que le 8 mars est la fête de la femme, je vois rouge : c’est la Journée internationale de la femme. Malheureusement, l’idée de la « fête » a été biaisée. Il suffit de penser à ce qu’est devenu le 8 mars. Il est aujourd’hui réduit à un simple événement commercial : distribution de bons de 20 fr. pour un maquillage ou un peeling, service gratuit de lavage de voitures, apéritifs offerts, strip-teases masculins. A partir des premières années du XXIe siècle, le 8 mars a été entouré de silence. Tout d’abord de la part des femmes, fatiguées de réserver des tables dans des restaurants bondés. Fatiguées de recevoir des fleurs qui se fanent quelques heures après avoir été placées dans des vases. Fatiguées de fêter dans des comités de femmes bruyants un anniversaire dont plus personne ne se rappelle l’origine. Fatiguées de cette énième date sur le calendrier.
Françoise Gehring, journaliste et syndicaliste de presse
GI femmes | 11
syndicom | N° 02 | 26 février 2016 actualité des lut tes
Margarethe Faas, féministe et syndicaliste en 1900 HISTOIRE • En 1907, Margarethe Faas, première secrétaire de l’Union syndicale suisse, publie le journal féministe et syndicaliste L’Exploitée. Elle y pourfend le discours dominant sur la « nature féminine ». Eclairage sur une artisane d’un syndicalisme au féminin. Maryam Khan Akbar * [Die Vorkämpferin en allemand] où elle annule les arguments sur la fameuse « nature féminine », qu’elle considère non réalistes et entachés de préjugés au service des hommes et de leurs intérêts.
BIO EXPRESS Margarethe Faas (1882-1963) est une militante suisse, anarchiste, syndicaliste, pacifiste, féministe et pour la liberté sexuelle. Télégraphiste aux PTT comme son père, elle fait des études de droit à Berne. En 1903, elle participe à la création de la Fédération suisse des ouvriers et ouvrières du textile. Elle fréquente les milieux libertaires et antimilitaristes. En 1905, elle devient l a première secrétaire féminine de l’Union syndicale suisse, où elle publie en allemand Die Vorkämpferin et en français L’Exploitée (1907-1908, 18 numéros). Agitatrice infatigable, elle donne de nombreuses conférences sur le syndicalisme, l’action directe, la contraception,
l’amour libre, la liberté sexuelle et la libre-pensée. Cela lui valut plusieurs procès et quelques peines d’emprisonnement. En 1907, elle soutient activement la grève des cigarières d’Yverdon (VD), et la constitution d’une coopérative de production l’année suivante. En 1909, elle démission ne de son poste de secrétaire féminine et critique la bureaucratie et des lourdeurs de l’appareil syndical. Elle adhère alors à l’Alliance socialiste de Gustav Landauer qui propose, notamment, de fonder des colonies communistes anarchistes, et se lie avec le poète anarchiste allemand Erich Mühsam. Elle est restée politiquement active jusqu’à sa mort. (PHOTO SOZIAL ARCHIV)
prétendue nature féminine Antinaturaliste, Margarethe Faas insiste : « La femme est, naturellement, l’égale de l’homme mais les coutumes, modes, us font qu’elle lui est inférieure. » Elle évoque les deux mille ans de captivité féminine : « La femme est une éternelle persécutée qui passe de la domination religieuse sous la servitude juridique et politique. » Faas formule sans ambiguïté cette phrase aujourd’hui encore sous les feux de l’actualité : « Quand on donnera la même instruction aux filles qu’aux garçons, et surtout quand, dans les familles, on élèvera et traitera tous les enfants de la même manière et par la même liberté, alors la cause féministe pure et simple sera gagnée. » Les fonctions biologiques ne justifient ni la domination ni l’exclusion.
PHOTO COLLECT ION DU MUSÉE D ’ YVERDON ET RÉGION
Des décennies avant Simone de Beauvoir, la Suissesse Margarethe Faas(-Hardegger), première secrétaire de l’Union syndicale suisse, publie en 1907 le journal féministe et syndicaliste L’Exploitée
En 1907, les cigarières d’Yverdon empoignent la lutte ouvrière. Suite à un boycott des cigarettes Vautier, relayé par L’Exploitée, elles ouvrent leur coopérative de cigarettes syndicales.
dans l’eau bouillante des bassines [...] les femmes, très peu payées, un salaire de famine, sont employées à l’apprêt écossais, passent leur journée de 11 heures dans une température de 36 à 40 degrés, ce qui leur cause souvent de très graves maladies. »
l’eau bouillante des bassines Margarethe Faas fournit quelques exemples de salaire et révèle avec une clarté navrante cette seule évidence : la femme est toujours souspayée. Son salaire ne lui confère ni reconnaissance ni surtout indépendance. Il est insuffisant pour satisfaire aux besoins essentiels. « Quelle est aujourd’hui l’ouvrière qui, à de rares exceptions, peut satisfaire à ses propres besoins ? » interroge-t-elle. Certains passages de L’Exploitée font encore frissonner : « Des fileuses de coton sont obligées de plonger sans cesse leurs mains
1907 : teinturières et cigarières en grève Elle invite ces femmes à se libérer de l’exclusion et réclame leur présence visible, entière, et non pas une présence corrompue par la prétendue nature féminine. Au même titre que les hommes, elles ont leur place dans les espaces qui les entourent. Faas pense au syndicat, à la grève. Elle répète qu’elles peuvent accéder à l’instruction, à l’éducation sans discrimination, obtenir le droit de vote. Si l’ouvrière doit se syndiquer, elle doit aussi résister. La grève ?
Un beau rêve qui peut se transformer en réalité. Faas fait l’éloge des teinturières de La-Chaux-deFonds qui, en 1907, « se sont mises en grève pour l’augmentation de leur salaire, la diminution de leurs journées ». Sans oublier les cigarières « dans la fabrique des frères Vautier », ces Carmen suisses qui ont pris feu et flamme pour défendre leurs intérêts. Margarethe Faas veut délivrer les femmes du double enfermement de l’usine et de la nature féminine où elles sont incarcérées. Certes, il faudra attendre encore pour que ses vœux soient exaucés, mais du moins aurat-elle réussi à faire entendre sa voix isolée pour renouer avec la simple magie de la liberté.
* Historienne et journaliste Extrait d’un article paru dans Le Courrier, 7 juillet 2015
PROCHES AIDANTS [2/4]
Réglementation inexistante ou modèle exemplaire Quel soutien sur le lieu de travail quand on soigne ou assiste un membre de sa parenté ? Grand écart entre le vide réglementaire au Tages-Anzeiger et le modèle flexible Work & care proposé par Swisscom. Rita Torcasso * Tamedia ne dispose d’aucune réglementation concernant la prise en charge de membres de la famille, relève Andrea Fischer, présidente de la commission du personnel du TagesAnzeiger : « Cela dépend du supérieur hiérarchique et de l’entreprise ». Quant à la possibilité de travailler chez soi lorsqu’un proche est malade, elle déclare : « Bien qu’une présence sur le lieu de travail ne soit pas obligatoire pour certaines fonctions, les nécessités d’ordre technique, principalement, obligent néanmoins la plupart des employé·e·s à travailler au bureau ». Au Tages-Anzeiger, la durée hebdomadaire de travail est de quarante heures. Mais en 2014, syndicom a porté plainte contre l’éditeur parce que le temps de travail légal n’est pas respecté. Si un salarié a besoin de soutien en cas de maladie soudaine d’un proche, il ne peut que s’adresser au service social externe. « Son existence est peu connue du person-
nel et Tamedia n’en fait guère mention. Au Tages-Anzeiger, c’est la commission du personnel qui a plus ou moins repris cette fonction », assure sa présidente.
Compenser et réduire Par rapport à d’autres entreprises, les soins aux membres de la famille sont bien réglés chez Swisscom, via le modèle Work & care. Celui-ci a été élaboré sur la base d’une enquête menée auprès de quelque 2500 employé·e·s, qui a révélé que 12 % d’entre eux se trouvaient alors dans une telle situation, tandis que 16 % risquaient d’y être confrontés dans un avenir proche. Le concept Work & care offre deux possibilités qui peuvent aussi être combinées : les employé·e·s devant s’occuper d’un proche pour une période limitée peuvent prendre jusqu’à cent heures supplémentaires sur leur compte d’horaire mobile ; pour les cas
de longue durée, ils peuvent aussi demander une réduction de leur taux d’occupation. Selon Florian Rotzetter de la division des ressources humaines, « quinze personnes ont eu recours au modèle Work & care depuis un peu plus d’une année. Quatre ont utilisé leur compte d’horaire mobile et onze ont réduit leur taux d’occupation ». Dix d’entre elles étaient des hommes.
Un modèle sur mesure Florian Rotzetter affirme qu’il n’y a pas de limite définie pour la période de travail à temps réduit. Swisscom, dans ses directives, parle de 6 à 12 mois. « Cela doit être convenu directement avec le supérieur hiérarchique et être supportable pour les deux parties. » Il cite l’exemple d’un employé de 39 ans qui a réduit son travail à temps complet de 20 % pendant six mois. Un autre collaborateur a
utilisé la possibilité d’accumuler 100 heures négatives sur son compte temps ; il les a ensuite compensées pour moitié, alors que l’autre moitié lui a été déduite du salaire sur plusieurs mois. « Chaque employé qui s’annonce pour le modèle Work & care est conseillé et soutenu par le service social interne Health & Employability, afin de le protéger également du surmenage », souligne Florian Rotzetter. « Dans des situations critiques impliquant des frais de soins élevés ou une perte de salaire importante, une contribution peut être accordée via le fonds de soutien. » A la question de savoir si le modèle work & care sera intégré dans la nouvelle CCT à partir de 2017, le responsable des ressources humaines répond : « Cette possibilité pourra sans doute être thématisée, le modèle est bien ancré dans l’entreprise. »
* Journaliste free-lance
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syndicom | N° 02 | 26 février 2016
EXPOSITION LAUSANNE
100 ans de Werner Bischof, photographe engagé A l’occasion du centenaire de sa naissance, le Musée de l’Elysée à Lausanne consacre deux expositions au photographe zurichois Werner Bischof (1916-1954). Un esthète devenu reporter. L’exposition permet de comprendre cette mutation. beaucoup de soin. Bischof ouvre un studio et se fait un nom dans la mode et la publicité. Puis la guerre est arrivée. Après sa période sédentaire et tout entière tournée vers les recherches de formes et d’absolu dans le noir et blanc, la lumière et l’ombre, Bischof devient un baroudeur. Un baroudeur des consciences. L’un des premiers à rejoindre la célèbre agence Magnum, aux côtés de Robert Capa et Henri Cartier-Bresson notamment, pour qui il allait faire d’innombrables reportages. Ce matériel sert pour la seconde exposition « Point de vue », produite par l’agence Magnum. Il entrevoit l’horreur de la guerre autour de la Suisse. Il veut devenir journaliste et reporter photo.
En commençant par les combles, on a accès aux premières images du Zurichois. Fascinantes planches contact et tirages d’époque. Formes géo-symétriques blanches sur fond noir : jeux de lumières, reflets multiples dans une bulle de savon, fleurs si joliment isolées qu’on dirait des estampes. Tout est prétexte à chercher la perfection formelle, abstraite. Jusqu’aux femmes. Pur photographe, « il écrit avec la lumière », disait son professeur. Fasciné par le surréalisme, notamment par Man Ray, Bischof photographie une poitrine striée de motifs réticulés (photo). Dans son attention à l’image finale, il n’hésite pas à recourir à la retouche ou au recadrage, comme le montre ce cliché hivernal de skieurs qui lui permettra de produire une affiche touristique. La dimension graphique de son travail est importante et elle transparaît dans de nombreuses images composées avec
Il sillonne l’Europe dévastée de l’aprèsguerre. Ses clichés sont célèbres pour l’empathie qui s’en dégage, le sens aigu de la composition et l’usage subtil de la lumière. Suite à son reportage sur la famine dans l’Etat du Bihar en 1951 paru dans Life, le Zurichois accède à une notoriété internationale. Cette élégance, cette fluidité dans ses photos, son immense maîtrise technique, ne l’auront pas empêché de regarder en face le tragique de la vie. Celle de ce photographe sera brisée par le destin. Suite à un accident de voiture lors d’un reportage en Amérique latine, il disparaît à 38 ans, fauché alors qu’il était au sommet de son art. (YS)
Werner Bischof
&
Anonymats d’aujourd’hui
Deux expositions Two exhibitions Zwei Ausstellungen
Elysée Lausanne 27.01 – 01.05.16 Musée de l’Elysée 18, avenue de l’Elysée CH-1006 Lausanne
www.elysee.ch Ouvert Ma–Di 11h–18h Open Tu–Su / Geöffnet Di–So
Werner Bischof, Golden Gate Bridge, San Francisco, California, USA, 1953 © Werner Bischof/Magnum Photos. Design : ADN, Werner Jeker
Le Musée de l’Elysée offre gracieusement une entrée pour deux aux cinq premières personnes qui écriront à : Rédaction syndicom, « Concours Elysée », Rue Pichard 7, 1006 Lausanne. Nous enverrons directement leurs entrées aux cinq gagnant·e·s.
Deux expositions Werner Bischof : « Point de vue » et « Helvetica » Du 27 janvier au 1er mai 2016, Musée de l’Elysée, Avenue de l’Elysée 18, Lausanne PHOTOS WERNER BISCHOF/MAGNUM PHOTOS
Ouvert Ma-Di 11 h.-18 h. Entrée libre le premier samedi du mois. Plein tarif : 8 fr. Retraité·e·s : 6 fr. ; Réduit : 4 fr. Infos : www.elysee.ch
<< Breast with grid, Zurich, Switzerland, 1941 < Harbour of Kowloon, Hong Kong, China, 1952
droit au but
« Nous sommes un couple d’âge mûr qui exerce une activité lucrative à des taux d’occupation différents. Nous n’avons pas d’enfants communs et vivons depuis deux ans ensemble. En cas de décès, l’un de nous pourrait-il exercer son droit de survivant auprès de la caisse de pension de la personne disparue ? » Comme vous n’êtes pas mariés, vous n’avez aucun droit à une rente de veuf ou de veuve du premier pilier sur la base de la législation AVS/AI/APG. Dans le deuxième pilier et la prévoyance professionnelle, la LPP (Loi fédérale sur la prévoyance professionnelle vieillesse, survivants et invalidité) prévoit que les conjoints survivants, les partenaires enregistrés et les orphelins ont droit à une rente. De plus, d’autres bénéficiaires peuvent recevoir des prestations pour survivants. Ces derniers sont définis dans l’énumération de bénéficiaires de l’art. 20a LPP. Ce sont notamment les personnes qui étaient à charge du défunt, ou la personne
qui a formé avec ce dernier une communauté de vie ininterrompue d’au moins cinq ans immédiatement avant le décès ou qui doit subvenir à l’entretien d’au moins un enfant commun (al. 1 let. a). A défaut de ces bénéficiaires, entrent ensuite en ligne de compte les enfants du défunt qui n’ont plus droit à une rente d’orphelin, puis les parents ou les frères et sœurs (al. 1 let. b). L’énumération des bénéficiaires s’applique impérativement dans la prévoyance professionnelle obligatoire. Dans le domaine sur obligatoire ou dans la prévoyance professionnelle élargie, elle s’applique aussi, mais elle doit toutefois être stipulée dans le règlement de l’institution de
prévoyance ; ce dernier doit aussi être conforme à la jurisprudence. Ainsi, dans un règlement p. ex., il n’est pas possible de sauter une catégorie de l’énumération de bénéficiaires à l’art. 20a LPP. Par contre, l’omission de la catégorie suivante (cf. al. 1 let. c) ou l’exclusion d’une catégorie de bénéficiaires au sein d’une énumération, par exemple les parents et frères et sœurs (selon l’al. 1 let. b), est légale. Les règlements de prévoyance peuvent en outre aussi prévoir que les bénéficiaires doivent s’annoncer par écrit ou présenter un éventuel contrat d’assistance. Selon la jurisprudence, pour la première catégorie (al. 1 let. a), aucun soutien substantiel du/de la partenaire n’est reconnu s’il constitue moins de 20 % de la totalité des besoins de la personne bénéficiaire. De plus, le soutien substantiel doit avoir duré au moins deux ans avant
le décès de la personne bénéficiaire. Enfin, il faut relever que le principe d’une communauté de vie ininterrompue n’est pas forcément admis d’emblée. Car former un couple n’implique pas forcément un domicile commun comme dans le concubinat. Dans votre cas, la question se pose de savoir comment vous êtes assurés dans la prévoyance professionnelle, comment la clause bénéficiaire est formulée dans le règlement de prévoyance et si vous devez prendre des dispositions formelles pour avoir droit le cas échéant à une rente de survivant. Dans le domaine surobligatoire de la LPP, le règlement de prévoyance prévoit sans doute une communauté de vie de cinq ans au minimum pour les concubins. Vous ne remplissez pas (encore) cette condition. Au cas où un partenaire soutient financièrement l’autre ou si cela devait s'avérer nécessaire à l’ave-
PHOTO LDD
Caisses de pension et droits du conjoint survivant
nir, un droit éventuel à des prestations de survivant découle de la jurisprudence susmentionnée. Il est indispensable de lire les règlements de prévoyance de vos caisses de pension au préalable. Pour tout éclaircissement, les secrétaires régionaux et régionales de syndicom se tiennent à disposition des membres. Tu peux les contacter sans autre.
Ruth Wenger, licenciée en droit, collaboratrice au service juridique
Culture | 13
syndicom | N° 02 | 26 février 2016 Groupes d’intérêt et pouvoir politique
La Suisse, démocratie sous influence La compréhension de la démocratie suisse implique de se pencher sur une catégorie d’acteurs incontournable : les groupes d’intérêt. André Mach nous y invite à travers un ouvrage synthétique intitulé Groupes d’intérêt et pouvoir politique. Fabrice Bertrand *
Expertise et influence Tout d’abord, les organisations liées au monde du travail – patronales, syndicales ou professionnelles – constituent la base catégorielle. Puis, à partir de la seconde moitié du XXe siècle, des groupements promouvant des causes d’intérêt plus large ou à but idéal font entendre leurs voix. Il s’agit, par exemple, de défendre les droits humains ou de protéger l’environnement. Enfin, les associations soutenant les intérêts spécifiques d’une fraction de la population (locataires, personnes âgées, étudiants, automobilistes…) connaissent un certain essor. André Mach discerne cinq critères conférant l’assise et le pouvoir : le nombre de membres et leur engagement, les moyens financiers, la capacité d’expertise, la reconnaissance par les autorités publiques, puis l’influence auprès de l’opinion publique. Différentes fonctions sont dévolues à ces entités : les services aux adhérents (soutien juridique, formation…), le rôle de régulateur social et économique d’un domaine d’activité (par exemple, par le biais des conventions collectives) et le travail politique (lobbying, utilisation du droit de référendum ou de l’initiative populaire…).
Les trois arènes Les relations avec le monde politique sont étroites. Citons, afin d’illustrer le propos, l’appartenance de nombreux membres du Parti socialiste, dont des parlemen-
taires fédéraux, aux syndicats voire leur participation aux fonctions dirigeantes de ces organes et également, de façon symétrique, le lien des partis de droite avec les milieux patronaux. Les interventions ont lieu dans trois secteurs importants pour l’analyse de l’activité étudiée. Ceux-ci sont qualifiés « d’arènes ». Il s’agit d’abord de l’arène administrative, puis de l’arène parlementaire et enfin de l’arène référendaire. Le premier lieu de pouvoir identifié correspond à la phase préparlementaire du processus décisionnel et aussi à la mise en œuvre des politiques publiques. Les groupes d’intérêt sont particulièrement présents dans les commissions extraparlementaires. Ensuite, pendant les débats au parlement, du fait des liens que nous avons évoqués entre le monde politique et la sphère associative en question, le législatif fédéral reste sous influences. L’auteur note même que, au XXe siècle, presque tous les présidents de l’Union suisse des arts et métiers (USAM), de l’Union suisse des paysans (USP) et de l’Union syndicale suisse (USS) furent députés en même temps. Finalement, les instruments de la démocratie directe restent une opportunité saisie à de nombreuses reprises. Le chercheur relève que l’initiative est, surtout, utilisée par les syndicats et les groupes d’intérêt public alors que les représentants du patronat n’y recourent presque jamais. Le référendum devient un instrument plus répandu chez les organisations syndicales à partir des années nonante, du fait de la remise en cause des politiques sociales.
l’arène référendaire. Parallèlement, la prédominance en son sein des groupes liés au monde du travail diminue tandis que s’accroît celle des autres types d’associations. Le législatif, de son côté, se professionnalise. Les députés sont alors moins souvent employés dans les groupes d’intérêt mais exercent plus fréquemment un rôle de direction à titre accessoire. Les parlementaires, membres des commissions spécialisées en lien avec l’engagement des associations, sont particulièrement convoités. André Mach a ainsi réalisé une remarquable synthèse sur un sujet de prime importance. Il nous aide, par conséquent, à mieux comprendre les rouages de la démocratie helvétique. A la fois accessible, bien documenté et clair, cet ouvrage permet au lecteur de se faire une idée précise sur le sujet, de mieux appréhender une part du réel et, par conséquent, il peut contribuer à renforcer nos engagements syndicaux.
* Historien et enseignant André Mach, Groupes d’intérêt et pouvoir politique, Presses polytechniques et universitaires romandes, Lausanne, 2015, 131 p., 17 fr.50
Changements à la fin du XX e siècle Historiquement, l’arène administrative est centrale dans l’interaction entre les groupes d’intérêt et le pouvoir fédéral. L’importance de ces derniers, les prérogatives limitées de l’Etat suisse, la lourdeur afin d’élaborer les textes législatifs ont conduit à privilégier cette arène et à en faire une étape clé. Toutefois, à partir de la fin du XXe siècle, elle perd de son influence au profit du parlement et de
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Un groupe d’intérêt représente « l’organisation collective formalisée d’une partie de la société en vue de défendre les intérêts de ses membres et promouvoir la cause du groupe dans la sphère publique » (pp. 11-12). Les groupes d’intérêt apparaissent tôt dans le développement du système politique et institutionnel helvétique : ils se mettent en place avant les partis, pendant la seconde moitié du XIXe siècle, preuve de l’importance du monde associatif dans le fonctionnement de la société.
André Mach (1968) est professeur associé à l’Institut d’études politiques, historiques et internationales à l’Université de Lausanne. Il travaille notamment sur les élites suisses dans les domaines économique, politique, administratif et académique. Il également conseiller communal PS à Lausanne.
PREMIÈRES LIGNES « Longtemps, le directeur du Vorort, ancêtre d’Economiesuisse, a été qualifié de huitième conseiller fédéral ; jusque durant la période d’après-guerre, il disposait d’ailleurs de son propre bureau dans les bâtiments de l’administration fédérale. En 2014, la principale organisation patronale désignait pour la première fois une femme comme directrice générale. Monika Ruhl était l’ancienne secrétaire générale du Département fédéral de l’économie sous les ordres du conseiller fédéral Johann Schneider-Ammann, luimême ancien vice-président d’Economie suisse jusqu’à son élection au Conseil fédéral en 2010. » Qui gouverne la Suisse ? Nos élus ? Ou les lobbies ? Quelles relations entretiennent ces instances, et quels intérêts partagent-elles ? En quoi ces rapports impactent-ils le citoyen ? Un début de réponse avec les premières lignes ci-dessus du livre d’André Mach et cet exemple caractéristique des connexions entre autorités politiques et groupes d’intérêt, et de leur centralité sur la scène politique suisse. (YS)
Auteurs de chez nous
Polar haletant à la frontière de l’Europe l’Europe, où la sécurité est assurée par Frontex – agence européenne basée à Varsovie, totalement inefficace et qui ne s’intéresse qu’aux migrants. Or, on découvre une tête sans corps. Comme elle appartenait visiblement à un Européen, l’enquête est confiée à l’agent grec Evangelos. Il va se heurter à des ordres de supérieurs qui n’hésitent pas à l’empêcher de travailler selon les lois et les règles du droit grec. Avec la crise qui sévit en Grèce rien n’est plus possible et tout peut arriver. L’agent se demande qui dirige la Grèce, comment on en est arrivé à voir des vieux fouiller des poubelles pour y trouver à manger. Il se rappelle que l’Allemagne ne « veut pas aller au secours des fainéants du sud de l’Europe ». Et il s’est laissé dire que cinquante mille réfugiés sont attendus dans
l’année ! Parallèlement à l’évocation de la corruption économique et politique, aux magouilles de la prostitution, l’auteur maîtrise une histoire qui tient le lecteur en haleine jusqu’à l’ultime page. Le Mur grec est un livre qu’il est difficile de gommer de son esprit. On en reste impré-
gné et il suscite une longue réflexion et beaucoup de questions qui restent sans réponse. On le trouve dans toutes les librairies.
Mousse Boulanger Nicolas Verdan, Le Mur grec, Bernard Campiche Editeur, 2015, 256 p., 32 fr.
PHOTO HILIPPEPACHE
Souvent les écrivains ont des pressentiments, ils voient les choses à l’intérieur d’eux-mêmes et semblent prévoir l’avenir. On pourrait croire Nicolas Verdan doué d’une seconde vue. Auteur de Le Mur grec, paru en 2015, il connaît parfaitement la Grèce pour y avoir mené des investigations en Thrace et à Athènes. Son livre aborde et décortique la façon dont le patrimoine grec est bradé, pan par pan, aux financiers chinois et à ceux des Emirats. Sous la forme d’un polar musclé, il raconte la construction d’un mur sur la frontière entre la Grèce et la Turquie, le long du fleuve Evros, où trop souvent des émigrants clandestins trouvent la mort de façon dramatique. Situé dans l’espace Schengen, donc à la frontière de
Nicolas Verdan est né à Vevey en 1971. Sa vie se partage entre la Suisse et la Grèce, sa seconde patrie. Prix Bibliomedia Suisse 2006 pour son premier roman, Le Rendez-vous de Thessalonique, qui a été traduit en grec. Prix du Public de la RTS 2012, Prix Schiller 2012 et lauréat du Roman des Romands 2012-2013 pour son roman Le Patient du docteur Hirschfeld. Son site: www.nicolasverdan.ch.
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syndicom | N° 02 | 26 février 2016
Sauver le service public
Longue-vue
Dans le canton de Vaud, l’initiative du député socialiste Julien Eggenberger demandait que tous les projets de fermeture de bureaux de poste soient soumis « pour accord » aux autorités communales. Par 67 voix contre 57 et cinq abstentions, la majorité de droite du Grand Conseil l’a enterrée le 9 février. A quelques exceptions près, un classique affrontement gauche-droite, défense des services publics contre liberté économique. Petite consolation, quelques heures auparavant, par 73 voix contre 46 et trois abstentions, les députés avaient accepté un postulat de Nicolas Rochat Fernandez (PS). Il suggère au Conseil d’Etat de rencontrer régulièrement la direction de La Poste et d’établir une véritable stratégie pour pallier les fermetures des bureaux de poste. (Réd.)
A fin janvier, encore dans la période autorisée pour présenter ses vœux, le Conseil fédéral a adopté et publié son agenda politique pour la législature allant jusqu’en 2019. Davantage qu’un programme, il s’agit plutôt d’un catalogue d’intentions. Qu’on en juge : sur les 60 mesures répertoriées, 45 commencent par les mots « Adopter le message sur… » et cinq par « Adopter le rapport… ». Seules dix mesures débutent par « Mettre en œuvre… » Ainsi, l’activité principale du gouvernement sera de brasser des idées à soumettre au parlement. Mais il faudra repasser pour connaître le contenu de ces idées, le catalogue n’explicite rien des détails des politiques envisagées. On peut toutefois les imaginer. D’abord en connaissant la composition socio-économique du collège gouvernemental et ses propositions des dernières années. Mais aussi en survolant les priorités retenues. Sans surprise, la mesure N° 1 est « Adopter le message concernant le programme de stabilisation 2017-2019 » des finances fédérales. Il prévoit rien de moins qu’économiser un milliard de francs par année sur un budget d’environ 60 milliards. En N° 12, on trouve l’idée de soumettre au parlement l’accord TISA (accord multilatéral sur le commerce des services) dont le contenu des négociations
est tenu secret, mais dont on sait qu’il veut ouvrir à la concurrence toutes les prestations essentielles à la population comme la santé ou l’éducation. Et au N° 16, on appréciera la témérité du gouvernement proclamant qu’il veut « trouver une solution avec l’Union européenne concernant l’accord de libre circulation des personnes » alors que l’initiative contre l’immigration de masse devra être mise en œuvre avant février 2017… Voilà pour la façade. Car le vrai projet politique du gouvernement se cache dans la dernière partie de son agenda, celle traitant du plan financier des années 2017 à 2019, celle où s’évanouissent les éventuelles illusions et les promesses. Car il faudra se serrer la ceinture, prévient le gouvernement. Malgré une première réduction des dépenses de deux milliards déjà inscrite dans les budgets 2015 et 2016 et la baisse d’un milliard supplémentaire attendue du programme de stabilisation dès 2017, des « déficits structurels croissants » sont prévus, nécessitant « d’éviter les charges supplémentaires ». Bien plus, « le Conseil fédéral entend examiner les possibilités d’alléger durablement les finances fédérales, y compris dans le domaine des dépenses liées [à des lois, ndlr]. Il a donc chargé le Département
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Dans notre dernière édition, nous faisions le tour des fermetures d’offices dans les différents cantons romands, et le constat de l’avancée du désert postal était et reste sans appel. En faisant le choix de se concentrer sur quelques PostParcs élégants, massifs, hyperrentables et ouverts jusqu’à 21 h en semaine (cf. page 5), La Poste envoie un signal clair de son désintérêt pour les petits offices moins rentables dont il faut se délester. Dernièrement, dans le canton de Neuchâtel, les offices de Plagne, Prêles, Cormondrèche, Gorgier, Cornaux, Fontainemelon, Chézard, Mail, Monruz, Cassarde et Chaumont ont été fermés. Pareil dans le Jura et le Jura bernois à Boécourt, Bellelay et Moutier 2. Quatre offices restent menacés en ville de Neuchâtel et l’Office de Porrentruy 2 serait aussi visé.
Mousse politique sur lit de rigueur budgétaire
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Encore des fermetures de postes
des finances de lui soumettre des propositions de mesures d’ici au printemps 2017 ». Pourtant, une « reprise timide » est attendue pour 2016 et 2017 et une croissance habituelle devrait revenir dès 2018, avance le gouvernement. Mais la marge de manœuvre financière ainsi dégagée sera alors utilisée « pour relever le plafond des dépenses de l’armée à 5 milliards d’ici 2020 et financer la réforme de l’imposition des couples mariés dès 2022 ». Tout est dit. Soixante mesures de mousse politique pour faire joli dans l’agenda, une austérité financière qui ne figure pas dans les objectifs annoncés et enfin des nouvelles priorités choisies « hors catalogue ». Et avec Ueli Maurer à la calculette, il y a de quoi se faire du souci. Mais peut-être aussi de quoi fédérer la résistance…
Michel Schweri
SOLIDARITé INTERNATIONALE
Situation inacceptable chez Smurfit Kappa Pologne Littérature syndicale interdite, salariés interdits de parler et privés de droit de réunion, syndicalistes muselés et mis à l’index : la direction de Smurfit se croit revenue au XIXe siècle. Forte réaction syndicale. dicales sont actuellement en discussion. Dans une lettre de protestation à la direction, syndicom lui demande d’annuler ces règles dignes d’un régime dictatorial et de reprendre le dialogue social avec les représentants syndicaux.
• Les représentants syndicaux ne sont pas autorisés à rendre compte à leurs membres • Les réunions syndicales, après les heures de travail, dans les locaux de l’entreprise sont interdites (pour des raisons de santé et de sécurité). • Les superviseurs ont été invités à suivre de près les dirigeants syndicaux connus. Nous avions déjà rendu compte dans notre journal (voir N° 11 / 2015) de la politique antisyndicale de cette entreprise et de premières manifestations de Uni Global. D’autres actions syn-
syndicom soutient les travailleurs de Smurfit Kappa Pologne et les syndicats dans cette importante bataille pour la défense de leurs droits. Parce qu’avoir des bonnes conditions de travail et un bon climat de travail, c’est un droit
qui vaut pour tous les salarié·e·s de Smurfit Kappa Pologne, mais aussi du monde entier. Smurfit Kappa est le leader mondial de l’emballage à base de papier basé en Irlande. (réd.)
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+41 (0)58 817 18 18 - mail@syndicom.ch PHOTO UNI GLOBAL
Début février, la direction de Smurfit Kappa Pologne a unilatéralement mis fin aux négociations salariales pour une augmentation de salaire, qui devaient commencer en avril. Les superviseurs ont été formés par une entreprise d’avocats et voici les nouvelles règles qui ont été annoncées pour les cinq entreprises en Pologne : • La littérature syndicale est interdite • Parler, sauf lors des pauses officielles, est interdit et les superviseurs ont été invités à émettre des avertissements en cas de non-respect de la règle
Actualités | 15
syndicom | N° 02 | 26 février 2016 Portrait - Roger Chatelain, typographe
Soigner le détail, sur toutes les pages de la vie Figure de comedia puis de syndicom, Roger Chatelain est un des fondateurs des Journées romandes de la typographie. Il est aussi coauteur du Guide du typographe. Il y a peu, le quotidien 24 Heures a publié ce très beau portrait. Gregory Wicky * Faut-il écrire Émile ou Emile ? Moyen Âge ou Moyen Age ? Votre majuscule, vous la prendrez avec ou sans accent ? Si la question vous paraît peut-être anodine, pour d’autres elle est primordiale. Le débat fait même rage depuis des décennies dans le monde de l’édition en Suisse. Aujourd’hui, pour la première fois de sa longue histoire, le Guide du typographe, 7e édition, se positionne en faveur de la première option. Révolution ! C’est que l’ouvrage adressé aux professionnels – dont la mouture précédente s’est écoulée à 10 000 exemplaires en Suisse et à l’étranger, sans promotion aucune – fait office de référence dans le milieu. Derrière la belle nouvelle édition verte, on trouve Roger Chatelain, coordinateur de la commission de rédaction. Le typographe à la retraite nous reçoit dans sa jolie maison du quartier des Planches, au Mont-sur-Lausanne.
amour de la chose bien faite On sent chez cet homme alerte et accueillant, vêtu de noir, le visage franc barré de lunettes stylées, un amour de la chose bien faite. Une vie passée à réfléchir à la typographie – ou l’art de mettre en forme la pensée – laisse forcément des traces. Roger Chatelain évoque
Carte d’ident ité Né le 27 août 1938 à Delémont (JU). Six dates importantes 1954 Apprentissage de compositeur typographe à Delémont. 1961 Mariage avec Germaine Philippe, « une pure Jurassienne » elle aussi. Deux enfants : Danièle (1962) et Jacques (1965). 1969 Nomination à l’Ecole romande de typographie, à Lausanne, où il déménage. 1978 Doyen à l’Ecole romande des arts graphiques.
2003 Signe son premier livre, Rencontres typographiques. Cinq ouvrages suivront.
PHOTO: VANESSA C ARDOSO
1993 Conception du Guide du typographe romand, primé pour sa beauté.
son parcours avec un bel accent jurassien. « A la fin du collège, ma mère, voyant que j’avais toujours la tête dans la presse, a suggéré que je me tourne vers l’imprimerie. » Mon père, horloger comme beaucoup à Courtételle, trouvait que c’était une bonne idée. Il disait : « Tous les jours, il y a des journaux, tu ne risques pas le chômage ! » Le jeune homme fera donc ses armes en composant des lignes de plomb à l’imprimerie du Démocrate. Les typographes étaient alors une vraie corporation. « On nous disait qu’on était les intellectuels des manuels, l’aristocratie de la classe ouvrière. Avec une syndicalisation très forte… Il y a eu des grèves marquantes. »
Le fond et la forme En 1969, fort d’une expérience croissante – notamment des formations de linotypiste et de correcteur –, il emmène sa petite famille à Lausanne pour y enseigner à l’Ecole romande de typographie. Il deviendra au fil du temps une référence dans le milieu, participant à la rédaction de nombreuses publications, recevant, en 1990, une distinction de l’Ordre européen des chevaliers de Gutenberg. Mais son attrait pour la forme se conjugue aussi à un amour pour
le fond. La défense de la langue française, face à l’anglicisation à outrance ou au langage SMS, l’emmène au Québec, en Wallonie, au Val d’Aoste, où il se liera d’amitié avec les amis et les militants de la langue de Molière. Une cause qui entre en résonance avec l’autre grande passion de sa vie : le Jura ! « Pour la photo, je pourrais poser en faisant mine de lancer ça ? » demande-t-il comme un gamin malicieux, brandissant un pavé de papier aux couleurs jurassiennes. On lui répond que l’idée correspond malheureusement assez mal au concept photo de la page. Légère déception.
Le Futura sur la lune Aujourd’hui, Roger Chatelain a mis un peu d’eau dans son vin, il peut dire « mail » plutôt que « courriel » sans trop sourciller. Il se concentre surtout sur la typo. On feuillette en discutant avec lui son dernier ouvrage personnel, le sixième depuis sa retraite, en 2003, à la mise en pages soignée mais aussi très créative, tout en écoutant ses anecdotes encyclopédiques. « Vous saviez peut-être que la plaque laissée par les astronautes sur la Lune en 1969 est en caractère Futura ? » L’entendre, aussi, évoquer sa complicité avec Adrian Frutiger,
prince des typographes récemment décédé. Ou encore raconter la guerre graphique que se livrèrent les classicistes de l’école française et les modernistes germaniques, Suisses alémaniques en tête… Comprendre encore l’importance que peut revêtir la forme pour saisir le monde : « Si je lis un livre historique, j’aime bien avoir un caractère classique, comme le Garamond. Pour un dictionnaire, ou un ouvrage de consultation, un caractère linéal type Frutiger convient mieux. » Depuis la jeunesse de Roger Chatelain, le monde a bien changé. Les ordinateurs sont passés par là, modifiant radicalement la façon de produire et de consommer l’écrit. Mais l’homme ne semble pas nourrir de regrets excessifs. « Pour tout ce qui
touche à l’illustration, aux communications, l’informatique est un outil magnifique. Bon, quand je vais au Musée Encre et Plomb, à Chavannes, c’est vrai que je vois toujours avec une certaine nostalgie les casses, les caractères en plomb… Quand on imprimait avec la pression, il y avait un relief qui se formait au verso, le foulage. J’aime bien toucher ça, c’est agréable. » Si le sensuel s’en mêle, on comprend encore mieux comment la typographie devient une telle passion, la quête d’une vie. « Mais, vous savez, quand on regarde un livre, on se dit toujours qu’il y a quelque chose qu’on aurait pu faire mieux, des petites broutilles à peaufiner. » La quête continue.
* Publié dans 24 Heures, 23.11.2015
Au-delà des controverses
Le nouveau Guide suscite des réactions ! « Moche et d’aucune utilité » telle est l’appréciation sans appel qui m’est parvenue le 4 janvier dernier. Elle touche à une nouvelle règle du Guide du typographe. Cette critique émettait de surcroît le regret que, en l’occurrence, la commission d’élaboration dudit Guide se soit couchée devant « l’usage français »… Les usagers de notre manuel auront sans doute deviné quel paragraphe est cloué au pilori ! C’est bien sûr l’accentuation des majuscules qui est en cause. Rappelons que la règle traditionnelle, prônée dès la naissance du Guide (1943), voulait que les capitales soient naturellement accentuées (ÉLÉGANCE), mais non les majuscules (Emile - Elégance !). Dorénavant, ces derniers exemples doivent (ou devraient) se présenter ainsi : Émile - Élégance ! Dans le « Courrier des lecteurs » du Quotidien jurassien, le 22 octobre 2015, soit peu après la parution du manuel rénové, M. Amalric Oriet (de Courroux) a publié ces lignes qui valent d’être reproduites : « Étonnamment, la nouvelle ne passera pas au TJ. Pourtant, la Suisse romande vit une petite révolution copernicienne en ce début d’automne 2015, avec la parution de la septième édition du Guide du typographe […]. Jusqu’alors, la règle voulait que l’on accentue les mots en capitales, mais non les seules majuscules. Cette tradition de plusieurs dizaines d’années, bien
romande (bien idiote aussi), vient de rendre son dernier souffle. Ouf. […] Outre qu’en français l’accent a pleine valeur orthographique, aujourd’hui, tout milite en faveur de l’accentuation systématique : la réversibilité des casses, la souplesse de la mise en forme, l’indexation, la recherche dans le texte, la correction automatique, etc. […] » Cette question de la non-accentuation des majuscules s’était posée, de façon lancinante, il y a plus de quinze années, lors de la préparation de la précédente édition. Les raisons techniques qui rendaient l’accentuation parfois difficile avec la composition au plomb ayant été éliminées depuis belle lurette, il a paru logique à la commission d’élaboration de se mettre en conformité avec l’ensemble de l’édition francophone. Au-delà de controverses tout à fait normales, rappelons-nous que la lisibilité est essentiellement liée à l’accoutumance. Ce qui signifie que, comme bien d’autres collègues soucieux de la tradition, je m’habitue à cette évolution. Il est vain de s’acharner à argumenter quant à l’esthétique, voire à vitupérer tous azimuts… à l’encontre d’une simple question liée à la linguistique. La plupart des lecteurs le comprennent et l’admettront d’autant mieux que la presse romande suivra progressivement la nouvelle règle.
Roger Chatelain
16 | Service
syndicom | N° 02 | 26 février 2016
Fprmation
MOVENDO l’institut de formation des syndicats
Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71, info@movendo.ch La retraite, ça se prépare avant ! F2.5.1610, 7 – 8.4.2016 ; Hôtel La Longeraie, Morges. Thèmes principaux : Acceptation du changement – Planification du temps – Elaboration de projets – Hygiène de vie – Questions relatives à l’AVS, l’AI et la LPP – Budget. Intervenants : Jean-Marc Ouellet (formateur d’adultes), Michel Schweri (Unia). Il reste 3 places ! La répartie judicieuse F2.4.1616, 15.4.2016 ; Hôtel La Longeraie, Morges. Thèmes principaux : S’immiscer dans un débat spontané – Choisir les mots justes et percutants – Gérer le temps court – Composer avec ses propres émotions. Intervenant : Roland Borremans (formateur d’adultes). Il reste 2 places ! Accompagner et conseiller des collègues en situation difficile F1.7.1607, 25 – 26.4.2016 ; Hôtel de France, Ste-Croix. Thèmes : Analyse de situations de conflit – Evaluation des actions possibles – Recherche de solutions équitables. Intervenant : Roland Conus (Unia), Achille Renaud (Unia). Il reste 1 place ! S’affirmer et s’impliquer au quotidien F2.6.1603, 27.4 / 27.5.2016 ; Hôtel Préalpina, Chexbres. Thèmes principaux : Définition des besoins propres – Analyse des atouts personnels – Appréhension du milieu où l’on évolue – Fixation d’objectifs – Assertivité et implication. Intervenant : Samuel Perriard (médiateur, coach et formateur). Il reste 9 places. Les bases de Windows sur PC F2.6.1604, 28. – 29.4.2016 ; Synergic, Yverdonles-Bains. Thèmes : Monde informatique – Gestion de dossiers et fichiers – Fonctions de base – Personnalisation du bureau – Aperçu des logiciels de bureautique. Intervenant : Otto Keller (ingénieur et formateur). Il reste 4 places ! Ma relation à mes supérieurs, comment la rendre plus aisée ? F2.5.1606, 12.5.2016 ; Hôtel La Longeraie, Morges. Thèmes : Représentation de la hiérarchie – Rôles et attentes – Sortir des jeux de pouvoir – Communiquer sereinement – Objectifs pour le futur. Intervenante : Dominique Barras. 10 places. Protéger ses données informatiques sur Internet F2.6.1610 ; 25. 5.2016 ; Lausanne, Hôtel Aulac. Thèmes principaux : Gérer et partager ses données sur internet – Sécuriser ses mots de passe – Se protéger des usurpations d’identité Sauvegarder ses données. Intervenant·e·s Stephanie Booth. Il reste 6 places ! Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sont pris en charge par le syndicat. Après réception de votre inscription, nous vous informons des conditions auxquelles vous pouvez participer à la formation choisie.
SECTEUR MÉDIAS cours de perfectionnement 2016 Inscriptions sur www.helias.ch
Le nouveau programme pour 2016, avec des cours de perfectionnement attractifs, est en ligne sur www.helias.ch. Sauf indications contraires : animatrice : Birgit Ewert, instructrice Adobe. Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg, 9 h 15 – 16 h 45. Inscription : 3 semaines avant le début des cours. Masterclass Adobe InDesign CC. 12 avril. Délai d’inscription : 22 mars. Site internet avec Adobe Muse. 18 avril. Délai d’inscription : 22 mars. Animateur : Tony Manganelli. Introduction Adobe Illustrator CC. 2 jours : 19-20 avril. Délai : 30 mars. La photographie numérique, atelier théorique et pratique. 25 avril. Délai d’inscription : 5 avril. Animateur : Luca Carmagnola. Lieu : rue du Nord 4, Vevey. Introduction Adobe Photoshop CC. 11 et 12 mai. Délai d’inscription : 19 avril. Masterclass Adobe Illustrator CC. 14 juin. Délai d’inscription : 24 mai. Masterclass Adobe Photoshop. 21 juin. Délai d’inscription : 31 mai. Internet : Comment utiliser les canaux de communication ? 23 juin. 17 h – 20 h. Délai d’inscription : 31 mai. Animateur : Stéphane Koch. Lieu : Eracom, rue de Genève 55, Lausanne. décès Fournier Gaston, Baar (Nendaz), décédé le 18.12.2015 à l’âge de 76 ans. Membre de la section Valais romand depuis 1957. Gremion Jean, Courtepin, décédé le 23.12.2015 à l’âge de 64 ans. Membre de la section Fribourg depuis 1966. Menth Marcel, Les Plans-sur-Bex, décédé le 01.02.2016 à l’âge de 89 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1964.
Agenda
BIENNE-BIEL
nelle assemblée de Saint-Nicolas aura lieu le mardi 6 décembre. Notez et réservez ces dates. Au plaisir de vous rencontrer nombreux, recevez nos amicales salutations. Le comité
Groupe d’intérêt des retraités Section Syndicom Biel-Bienne Chères et chers collègues, nous avons le plaisir de vous inviter à notre assemblée générale annuelle mardi 15 mars 2016 à 14 h 30, au Restaurant Büttenberg, 63, chemin Geysried 63, 2504 Biel / Bienne. Après les affaires statutaires, Corrado Pardini traitera le sujet « AVSplus : pour une AVS forte » Aux collègues qui, pour des raisons de santé ou autres motifs ne peuvent participer à l’assemblée générale, nous souhaitons un bon rétablissement, et espérons les rencontrer à la prochaine manifestation Préavis pour notre programme d’activités 2016 : Le 10 mars nous visiterons la MÜVE / MÜRA. Notre rencontre Grillades aura lieu le 4 août. La sortie annuelle aura lieu au mois de septembre. La tradition-
FRIBOURG
Retraité·e·s du secteur MéDIAs Le 18 mai 2016, la « 5e rencontre des retraité·e·s » du secteur Médias a lieu à Bulle. Tous les retraité·e·s du secteur Médias ont reçu une invitation personnelle. Inscriptions jusqu’au 1er mars à Rodolphe Aeschlimann, chemin de la Bovery 25, 1614 Granges / raeschli@worldcom. ch / 021 947 43 23. De même que toutes sortes de questions. Le comité organisateur a préparé un beau programme et se réjouit de1vos inscriptions. 2 3 4 5 6 Rodolphe Aeschlimann
I
Sudoku
6
II
La solution du sudoku syndicom du N° 01 / 2016 était : 963 (de gauche à droite). Le gagnant est Jean-François Vernier, de Montmelon (JU)). Il gagne une gourde offerte par notre partenaire III de prestation CPT. Nous le félicitons chaleureusement ! 1
IV Mots croisés Définitions : Horizontalement : I. Suit l’entrée. Diplomatiquement mûrs. II. Petit libertaire. Connivence amoureuse. III. Vieille peau turque. IV. Pas dans l’Axe. Procrastines. V. Un tout seul. Slovénie. Envoie des pointes. VI. Attachai. Sert la promenade des chanterelles. VII. Entre l’œuf et l’envol. Hypothèse négative. VIII. Gros canard. Montant. IX. Déballer. X. Bois de cimetière. Partage. XI. Gardienne. Pour taper des balles. Digramme. XII. Sous la mer. Pouet*. Clergé, noblesse et tiers. Panneau de jupe XIII. Fête du groin. Plat
V Verticalement : 1. Festoierions. 2. Unis. Trissa fissa. VII3. Société limitée. Pas facile. 4. Tranchante. Hélène par SMS. VIII 5. Sec, très sec. Tortillat. 6. Beaucoup. A iom. IX 7. Livres sacrés. X 8. Sans couleur. Est très anglais. 9. Grand repas pascal. Plus. XI 10. Centre du sein. Roi soleil inca. 5 Crème de facho. Comme je 11. Ferré pour sa maman. te pousse. Révolution. XII 12. Sa cannette se recycle. Revigorat. 13. Art du manger. XIII 14. Petit Edouard. Déformat. Déterminant. 15. Direction. Entre la poire et le fromage.
VI
Le·la gagnant·e – dont le nom paraîtra dans le n° 3 / 2016 – recevra un chèque Reka d’une valeur de 50 francs. Prière d’envoyer votre solution (le mot-mystère seulement) jusqu’au 14 mars à : syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne. 1 2 3 4 5 6 7 8
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IV V VI
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VII VIII IX
Rossier Alphonse, Genève, décédé le 24.12.2015 à l’âge de 84 ans. Membre de la section Genève depuis 1960.
X
Schaller Hermann, Chéserex, décédé le 12.01.2016 à l’âge de 84 ans. Membre de la section Genève au moins depuis 1999.
XI
Scherly Jean-Claude, Villars-sur-Glâne 2, décédé le 08.01.2016 à l’âge de 74 ans. Membre de la section Fribourg depuis 1995.
XII
Zumwald Michel, Epalinges, décédé le 10.01.2016 à l’âge de 80 ans. Membre de la section Vaudoise Poste au moins depuis 1999.
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syndicom | N° 02 | 26 février 2016 Agenda
GENÈVE
Assemblée générale de la section Samedi 5 mars à 14 h 30. UOG-Place des Grottes 3, Amphithéâtre Berenstein. Avec deux présentations de Bernard Remion et Michel Schweri.
Avec : David Andenmatten, ex-prisonnier politique argentin, syndicat SSP ; Sergio Ferrari, ex-prisonnier politique argentin, journaliste. Eric Decarro, ancien président du SSP Animation : Benito Pérez, responsable page Solidarité, Le Courrier A la maison des associations, Salle Rachel Carson, rue des Savoises 15, 1205 Genève Avec le soutien de syndicom, SSP ; E-CHANGER ; CADTM-Suisse ; Association NicaraguaEl Salvador de Genève et d’autres ONG.
Entré en 1952 aux PTT dans ce qui était encore la Direction des Téléphones de Lausanne, j’ai toujours connu Georges Kaeser comme membre du syndicat qui regroupait alors la presque-totalité du personnel administratif et les téléphonistes, l’ASFTT (Association suisse des fonctionnaires du télégraphe et du téléphone), association qui a tenu plus de cent ans avant la réorganisation. Georges a même fait partie du comité national de la section FGA (Fédération des gradés et du personnel administratif). C’est à des fidèles de cette trempe, respectés par le personnel et les dirigeants, que les associations doivent leur survie et leur succès. Dommage que les vieilles archives papier ne soient plus guère utilisables. Né le 7 février 1922, Georges Kaeser est décédé le 23 novembre 2015 dans sa 94e année.
ROMANDIE
journée internationale des femmes Toutes les activités du 8 mars à notre connaissance : voir p. 10.
VALAIS
Table ronde, débat et apéro final Mardi 22 mars à 18 h 30 A quarante ans du coup d’Etat du 24 mars 1976 en Argentine. Du terrorisme d’Etat de 1976 à la « dictature » de Macri en 2016.
Invitation pour l’assemblée générale du Valais L’assemblée générale de la section Valais romand se déroule le samedi 5 mars à la Salle multiactivité de Collombey Muraz à 15 h. Invités Mathias Reynard et Alain Carrupt. Nous vous attendons nombreux pour cette assemblée. Chacun est prié de s’inscrire, au moyen de l’invitation reçue par courrier postal, pour le souper qui suivra les débats. Au plaisir de se rencontrer lors de l’assemblée. Mille mercis. Le comité de la section
Charles Détraz
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GENÈVE
CONTACTER SYNDICOM
HOMMAGE à Georges Kaeser
LETTRE DE LECTEUR Voilà, c’est fait je suis à la retraite. Retraite anticipée certes mais retraite quand même. Le temps est venu pour moi de faire un bilan de ces quarante-cinq ans et neuf mois passes comme employé postal en uniforme, comme ils disaient à l’époque. L’époque, c’est quand j’étais encore fier de travailler pour la Confédération. Un statut de fonctionnaire dans les années septante à Bienne, c’était la garantie d’un emploi sûr. J’ai vu dans ma ville des milliers de chômeurs de la crise horlogère défiler dans les rues, alors que moi j’allais tranquillement au travail. Cette sécurité de l’emploi avait un côté sombre, des horaires de nuit, travailler le week-end, devoir prendre ses vacances en rotation et surtout un salaire médiocre à mes débuts. Puis, pénurie de personnel oblige, les salaires s’améliorèrent petit à petit, le 13e mois devint réalité. J’ai passé pendant ces 45 ans dans presque tous les secteurs de la Poste. Expédition, comptes de chèques, distribution avec une année obligatoire à Genève, puis les exprès, la messagerie, et le dépôt. Suite à des restructurations, j’ai perdu à deux reprises ma place de travail, mais on m’en a toujours proposé une autre. Je n’ai pas chômé un seul jour et ai toujours reçu ma paie à date fixe, ce dont je suis reconnaissant. Malheureusement, suite à des ennuis de santé, j’ai terminé ma carrière dans le team interne de Bienne distribution. C’est là que j’eus la malchance d’avoir comme avant-dernier team leader un triste petit bonhomme dont le seul objectif était de se mettre à genoux le plus souvent possible devant ses supérieurs. Ce furent, pour moi (et mes collègues), des années de souffrance et de rancunes. Je fus lâche et n’eus pas le courage de m’adresser
à mon syndicat pour dénoncer ses agissements, la peur de perdre ma place ou d’être déplacé au diable vert ! Il faut dire que ce personnage était soutenu par sa hiérarchie au-delà de toute logique. Un exemple : nous commencions le travail à 4 ou 5 heures du matin et, après une journée complète, on nous faisait encore rouler un véhicule le soir pour vider des boîtes aux lettres autour du lac de Bienne entre 18 h 30 et 20 h 15, et le lendemain au boulot à 5 h. Dimanche compris !!! Nous eûmes enfin la force, quelques collègues et moi-même, d’aller nous plaindre à notre section syndicale de cette façon de faire et du reste. Le résultat pour moi, c’est que je me vis restituer près de dix-huit heures de travail, et reçus une quote-part d’une somme payée par l’employeur à titre de réparation ! Ce fut pour moi comme un coup d’assommoir de me rendre compte que ma hiérarchie se moquait de la CCT et la bafouait allègrement. Je me suis appliqué, lors de mon départ de l’entreprise, à bien veiller à ne pas m’abaisser à serrer la main d’individus pour lesquels je n’avais plus aucune considération depuis longtemps, ce dont je suis fier. Et c’est là où je veux en venir, chers collègues qui me lisez. Appartenir à un syndicat ne signifie pas simplement payer des cotisations pour être défendu, encore faut-il avoir le courage de dénoncer des agissements malhonnêtes. Mais sachez que si vous le faites, vous serez soutenus, défendus et protégés contre d’éventuelles représailles. Merci au syndicat pour son soutien. Pascal Bailly, Section Syndicom Arc jurassien La Poste
secrétariat régional lausanne Rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 27, fax 058 817 19 39 courriel : lausanne@syndicom.ch Lundi à vendredi : permanence téléphonique 8 h 30-12 h et 14 h-16 h Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Les membres peuvent aussi contacter les secrétaires sur leurs numéros directs Alex Patino : 058 817 19 30; Catherine Tabary : 058 817 19 34; Fabienne Brunner : 058 817 19 36; Patricia Alcaraz : 058 817 19 31; Philippe Morerod : 058 817 19 37 autres secrétariats régionaux Bienne : Murtenstrasse 33, 2500 Bienne, tél : 058 817 19 85, fax : 058 817 19 86 Fribourg : Rte de Beaumont 22, 1700 Fribourg, tél : 058 817 19 90, fax : 058 817 19 91 François Ducrest : 058 817 19 92 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Genève : Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, tél : 058 817 19 22, fax : 058 817 19 26, Eric Schwapp : 058 817 19 24 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mercredis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mercredi 12h. Neuchâtel : Temple-Neuf 11, cp, 2001 Neuchâtel, tél : 058 817 19 18, fax : 058 817 19 21 Jean-François Donzé : 058 817 19 19 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les mardis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au mardi 12h. Valais : Av. de la Gare 41, 1950 Sion, tél : 058 817 19 80, fax : 058 817 19 81 Elisabeth Di Blasi : 058 817 19 23 Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h. Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Pour contacter directement un·e secrétaire de syndicom par courriel (e-mail), composez son adresse ainsi : prenom.nom@syndicom.ch (sans accent) secrétariat central Monbijoustr. 33, cp 6336, 3001 Berne tél. 058 817 18 18, fax 058 817 18 17 courriel : mail@syndicom.ch caisse de chômage Rue Pichard 7, 1003 Lausanne info@syndicom.caissechomage.ch tél. 021 310 06 66, fax 021 310 06 61 Permanence téléphonique : lundi, mercredi et jeudi 9 h-11 h 30 Réception des assuré·e·s : mardi de 9 h à 11 h 30 et mercredi 14 h-16 h (3e étage). Expédition des documents : Looslistrasse 15, 3027 Berne. Caisse de chômage, Genève Rue de Montbrillant 36, 1201 Genève, Tél. 022 749 29 05 Mercredi de 16 h à 19 h, jeudi de 9 h à 12 h Le mercredi, antenne chômage et permanence syndicale sont regroupées et ouvertes aux membres de syndicom aussi bien qu’aux chômeurs, membres ou non.
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syndicom | N° 02 | 26 février 2016
100 JOURS DE MAURICIO MACRI AU POUVOIR
Tournant néolibéral et répressif en Argentine L’Argentine connaît un virage à 180 degrés avec l’arrivée au pouvoir du libéral Mauricio Macri. En à peine deux mois, ce libéral démantèle douze années de conquêtes sociales. Entretien avec Victorio Paulón, membre d’un des syndicats les plus importants du pays, la CTA.
syndicom, le journal : Pouvez-vous nous décrire les premiers deux mois du gouvernement de Mauricio Macri ? Victorio Paulón : Il s’agit d’une politique clairement antipopulaire et antisyndicale. Les travailleurs de tous les secteurs, particulièrement ceux de la fonction publique, en subissent les conséquences. Depuis le début de l’année, plus de 40 000 licenciements ont été prononcés sous différents prétextes. On sent qu’il s’agit du début d’une ère nouvelle. Les premières mesures du gouvernement actuel, formé prioritairement par des cadres actifs ou retraités en provenance des grandes entreprises privées (nationales ou multinationales comme Shell, General Motors,
Telefónica, HSBC ou IBM), font penser au néolibéralisme pur.
Quelles ont été quelques-unes des mesures que vous mentionnez ? Deux d’entre elles montrent le caractère de classe du président Macri. Il a réduit les taxes sur les exportations, ce qui favorise directement le secteur agroexportateur, l’un des plus puissants du pays. Et en même temps il a dévalué la monnaie. Un plan machiavélique : l’inflation abrupte produite par le nouveau gouvernement a atteint 40 % par rapport au dollar, fin 2015. En même temps, il a fixé une limite aux négociations salariales paritaires d’environ 25 % en 2016. La dévaluation du peso inflige une sanction directe au pouvoir d’achat des travailleurs. Et une sanction tout aussi directe pour les retraité·e·s.
Et la seconde mesure ? Il y a une attaque contre la loi sur la communication audiovisuelle élaborée en 2009 qui tentait de démocratiser les médias. Macri a dissous les autorités qui appliquaient les lois, assoupli par décret présidentiel la loi antimonopole des médias et licencié Víctor Hugo Morales, le journaliste critique contre les grands trusts médiatiques comme Clarín. Ce groupe multimédias est justement un des soutiens du président. Par ailleurs, profitant de la fin de la législature parlementaire ordinaire, Macri gou-
verne par décret ordinaire ou de nécessité et d’urgence (DNU), ce qui lui évite de consulter le législatif où il est minoritaire.
Et les perspectives ? Notre histoire montre que chaque gouvernement de droite se caractérise par une dureté croissante dans l’application de politiques antisociales. Je pense qu’à partir de la criminalisation des mouvements sociaux, le premier mort ne tardera pas. Les premières réponses officielles aux manifestations contre les licenciements, les réformes favorables aux grands groupes de presse, la censure et les hausses des tarifs des services publics ont été d’une violence inhabituelle, y compris avec l’usage de balles en caoutchouc. Un pas de plus a été franchi avec la détention de la première prisonnière politique : la dirigeante populaire Milagro Sala, qui avait commencé la construction de logements et mis en place un système de coopératives dans une région pauvre. Le secrétaire général de l’association de travailleurs de l’Etat du Río Negro, Rodolfo Aguia, est aussi en détention.
PHOTO LDD
Plus qu’un changement de gouvernement, il s’agit d’un véritable tremblement de terre politique. Depuis le 10 décembre 2015, l’Argentine est gouvernée par le libéral Mauricio Macri. En à peine deux mois, les changements en matière économique, sociale, de politique internationale et dans les médias sont significatifs par rapport aux douze années des gouvernements du couple Kirchner. Victorio Paulón, responsable aux droits humains de la Centrale des travailleurs argentins (CTA), l’une des organisations syndicales les plus importantes de ce pays latino-américain (plus de 1,4 million de membres), analyse ce virage.
Victorio Paulón est militant syndical combatif depuis les années 1970. Entre 1975 et 1981, il fut prisonnier politique pour avoir codirigé la grève emblématique des ouvriers métallurgistes à Villa Constitución (au sud de la province de Santa Fe).
breuses mobilisations dans tout le pays et de tous types.
Et votre travail spécifique sur les droits humains dans votre centrale syndicale… Nous devons l’intensifier, parce que les défis seront énormes ces prochaines années. Avec d’autres organisations de défense des droits humains, comme les Mères et les Grand-Mères de la Place de Mai, nous nous coordonnons pour préserver la construction de la mémoire historique, qui a été l’un des grands succès de ces douze dernières années. Il faut rappeler qu’avant les élections une commission bicamérale avait été formée pour enquêter sur la complicité des entreprises avec la dernière dictature militaire (1976-
Des raisons d’espérer ? Si nous observons des cycles historiques plus larges, nous constatons que ces gouvernements anti-populaires n’ont jamais réussi à mettre les travailleurs en déroute. Durant ces premiers mois, il y a eu de nom-
1983). Un rapport de plus de 1500 pages rend compte de la complicité flagrante des 25 entreprises les plus grandes du pays dans la disparition physique de militants syndicaux, dont la majorité travaillait dans ces entreprises : Acindar, Techint, Mercedes Benz, Ford, etc. Nous sommes décidés à continuer la lutte contre l’impunité d’hier et d’aujourd’hui.
Propos recueillis par Sergio Ferrari Traduction Hans-Peter Renk TABLE RONDE ET DÉBAT Mardi 22 mars, 18 h 30, à la maison des associations, à Genève. Du terrorisme d’Etat de 1976 à la « dictature » de Macri en 2016. Détails en page 17.
Buenos Aires, 27 janvier 2016 ∙ « Libérez Milagro Sala » demandent deux femmes devant une affiche de président Mauricio Macri lors d’une manif de soutien à la leader du mouvement social Tupac Amaru et première prisonnière politique de l’ère Macri.
PHOTO AP/KEYS TONE - NATACHA PISARENKO
Améliorer les processus administratifs Chère membre, cher membre, Pour améliorer ses processus administratifs, syndicom a lancé un projet stratégique important dont les priorités sont les suivantes : – amélioration du suivi des membres ; – optimisation, standardisation et automatisation des processus administratifs ; – augmentation de l’efficacité ; – exploitation optimale des ressources. La réussite de ce projet dépend de ta participation. Tes réponses contribueront à identifier nos forces et nos faiblesses. C’est pourquoi nous te
serions reconnaissants de bien vouloir participer au sondage. Tu peux compléter le sondage électroniquement sur syndicom.ch. D’ores et déjà, nous te remercions de ton précieux soutien. En répondant au sondage, tu peux participer au tirage au sort de 10 × 100 fr. de CHÈQUES REKA. Le sondage dure jusqu’au 16 mars 2016. Si tu as des questions relatives au questionnaire, merci de t’adresser à pool@syndicom.ch PS. Les renseignements que tu communiques seront traités de manière absolument confidentielle et anonyme.