syndicom - le journal

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N° 05 03.06.2016

le journal

www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication

AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne

logistique

télécom

Constat accablant : les heures supplémentaires explosent chez SecurePost SA page 4

presse

Retour sur 17 ans de stratégies pour signer des CCT dans la branche télécom / IT page 5

Dossier Digitalisation # 9

CCT romande des médias : syndicom et le SSM bientôt signataires ? page 7

méDias

Prix Femmes & Médias et Swiss Press Award : les plumes féminines cartonnent ! page 9

améliorer nos retraites

A tout âge, OUI à AVSplus

Internet des objets C’est le nouveau « truc » qui fait frémir la blogosphère : les objets connectés qui se mettent à échanger entre eux des informations qui nous concernent. A domicile, on parle de « maison intelligente », comme on parle de « smart city » et d’usines 4.0. Mais qui contrôlera toutes ces données très convoitées et souvent personnelles sur nos goûts et notre santé ? Les compagnies du Big Data (Poste, Swisscom, Facebook, Google…) les patrons, les assureurs, des hackers, la NSA ou le SRC ? Derrière le battage médiatique, il y a de vrais enjeux pour la protection des données et le futur du travail sous surveillance, sans parler de la perte massive d’emplois grâce à l’automatisation. Point fort, p. 2

Pour renforcer le pilier le plus solide et solidaire et augmenter les rentes de 10 %, retraité·e·s, femmes et jeunes unis diront OUI le 25 septembre à l’initiative AVSplus ! Pour barrer aussi la route à la droite, qui veut repousser l’âge légal de la retraite à 67 ans et abaisser les rentes. suite page 3

14 juin Des femmes

Il y a 25 ans, les femmes étaient en grève et montraient que, sans elles, le pays perdait pied. La loi sur l’égalité qui en a résulté reste malheureusement encore souvent plus formelle que réelle. Si la place des femmes dans les médias renforce et reflète le conservatisme helvétique, ce sont pourtant elles qui gagnent les prix de meilleures journalistes ! En première ligne pour identifier les liens de cause à effet et interroger les évidences. Vous aussi, le 14 juin, faites avancer l’égalité en débrayant et / ou en participant aux différentes activités prévues ! pp. 8 -10 et 14 -15.

PHOTO MARGARETA SOMMER

Egalité à conquérir

en interview ∙ Rodolphe Aeschlimann, Patrizia Mordini et Michael Moser nous disent pourquoi les retraité·e·s, les femmes et les jeunes disent OUI à AVSplus.

non à l’initiative « pro service public »

Pour un service public fort et contre la privatisation de La Poste et Swisscom

PHOTO DANIEL RIHS

La mal-nommée initiative « Pro Service public » manque son but et doit être rejetée. Son texte est trop imprécis et peut permettre à ce Parlement très à droite de restreindre la définition du service public aux seules prestations de base. Que veut dire ne pas viser de « but lucratif » ? L’initiative pourrait forcer La Poste et Swisscom à privatiser les secteurs qui rapportent des bénéfices ! Encore imprécis, le texte peut signifier la fin des subventionnements croisés (les secteurs rentables finançant les moins rentables). Fautil prendre le risque d’ouvrir la boîte de Pandore des privatisations et pénaliser les régions périphériques ? De beaux auto-goals. Refusons cette initiative ! (Réd.) action symbolique sur la place féDérale · Interdiction des bénéfices ou des subventions croisées ? Postiers, contrôleurs de train, pompiers, enseignants et personnel soignant refusent cette initiative.


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syndicom | N° 05 | 3 juin 2016

Dossier Digitalisation # 9

Internet des objets, nouvel eldorado ? La digitalisation accélère l’automatisation de notre quotidien et du travail. Le dernier cri, c’est l’internet des objets qui se connectent entre eux. Une transformation technologique rapide non sans risques qui concerne La Poste et Swisccom, les salarié·e·s et les syndicats. Albertine Bourget *

D’aucuns soulignent que le battage fait autour de l’internet des objets (IoT pour Internet of Things, en anglais) reste largement exa-

Interviewé par Dell l’année dernière, l’Américain David G. Simmons, l’un des pionniers de l’IoT, estimait qu’il allait « changer les

* Journaliste RP free-lance (Voir page 9)

objets connectés ? ∙ C‘est par exemple votre frigo qui vous avertit qu‘il manque des légumes quand vous êtes au supermarché ou communique avec le téléviseur…

PHOTO : FOTOLIA / VEGE

assurer nos Données

inDustrie 4.0 et automatisation totale ?

commentaire

Lutte contre les machines à l’ère numérique

PHOTO KARIN AMMON

choses comme Internet l’a fait dans les années 1990 ». Certains analystes n’hésitent pas à parler d’une nouvelle révolution industrielle. « Les machines et systèmes qui peuvent communiquer entre eux, s’autogérer et s’auto-optimiser constituent la prochaine vague de l’automatisation, la fameuse Industrie 4.0. Les conséquences en matière de productivité et de chaînes de création de valeur seront comparables avec celles des trois premières révolutions industrielles (mécanisation, électrification et automatisation des machines) », vante carrément Swisscom. Pour l’heure, les objets connectés servent surtout à réduire les coûts à terme ; par exemple, des systèmes de chauffage et d’éclairage autonomes qui s’allument et s’éteignent en fonction du nombre de personnes et de mouvements dans une pièce. Les ascenseurs ThyssenKrupp se sont alliés avec Microsoft Azure pour connecter leurs ascenseurs au cloud ; la température des moteurs, la vitesse et le fonctionnement des portes sont répertoriés et stockés, offrant une vue d’ensemble aux techniciens et une capacité de réaction quasiimmédiate. Mais avant d’économiser, il va falloir investir. Il va falloir, aussi, utiliser intelligemment toutes les données collectées ; si une ville collecte des informations sur la fluidité du trafic, les piétons et la qualité de l’air, elle devra veiller à ce que ces informations soient utilisées ensemble. Pour les analystes, cela pourrait encore prendre des années.

PHOTO KARIN AMMON

géré et que la révolution proclamée n’arrivera pas avant 2025, en raison notamment du manque de standardisation des données et des technologies. Révolution proclamée ou non, 50 milliards d’objets, machines et appareils seront, dit-on, interconnectés dans le monde d’ici 2020-2025. Une ampleur qui fragilise la protection des données. Par le biais du piratage d’abord. La sécurité informatique des entreprises est faillible ; quant aux particuliers, eux aussi encourent le danger de voir leurs données personnelles hackées. À titre d’exemples potentiellement problématiques, Silvia Böhlen Chiofalo, spécialiste en communication auprès du préposé fédéral à la protection des données et à la transparence, évoque les compteurs électriques intelligents (Smart Meter), les systèmes « Pay as you drive » installés dans les véhicules automobiles, les téléviseurs connectés (Smart TV) « ou les technologies portables (Wearables) et applications de santé, qui révèlent des informations sur notre santé ». Le risque majeur, estime Silvia Böhlen Chiofalo, est lié au nombre des données collectées. Les données que nous générons par le biais des objets connectés fournissent des informations très riches sur notre vie privée et intéressent aussi des tiers. Dans leurs conditions générales de vente, de nombreux prestataires se réservent le droit d’utiliser ces données à des fins commerciales.

Que ce soit dans les domaines de la santé, de l’énergie, de la surveillance ou encore de l’électroménager, les objets connectés envahissent notre quotidien. Les montres intelligentes reliées à nos smartphones nous renseignent sur notre rythme cardiaque ou la distance parcourue. Téléviseur, frigo, four et lavelinge échangent entre eux des informations. Nouvel eldorado non sans risques, l’internet des objets progresse à la maison et au travail. Ces nouvelles possibilités ont poussé le géant jaune, en mars dernier, à installer un premier réseau d’essai basé sur le LoRaWAN (Long Range Wide Area Network) sur l’axe Berne-Bienne, dans l’idée de l’implanter, à terme, sur l’ensemble du territoire suisse. « Avec cette technique, les appareils les plus divers (véhicules, colis, boîtes aux lettres, etc.) peuvent être reliés à l’internet à bas coût et moyennant une faible consommation énergétique. Ainsi, La Poste peut proposer à sa clientèle des prestations intelligentes d’un nouveau genre », se félicitait-elle en mars dernier. De son côté, Swisscom achèvera d’ici la fin 2016 la construction de son réseau de faible puissance, Low Power Network (LPN) pour les initiés, indique la porteparole Lauranne Peman. L’opérateur vante lui aussi « les nombreuses applications permettant d’améliorer sensiblement le quotidien des gens, par exemple, des places de stationnement qui communiquent leur état d’occupation et le transmettent au système de régulation du trafic ; des villes qui optimisent les itinéraires de ramassage en fonction du taux de remplissage des conteneurs de recyclage, réduisant les frais et les émissions de CO2 ; des boîtes à lettres qui envoient un message lorsqu’un paquet est arrivé ; des compteurs de chauffage qui envoient directement le relevé du locataire à la gérance, permettant à celleci d’établir un décompte précis ; des machines et appareils qui annoncent à l’avance une panne probable ; des capteurs dans un champ, qui communiquent l’état momentané du sol et aident ainsi les agriculteurs à améliorer leurs récoltes ».

La numérisation du monde du travail prend de multiples visages. Mais quel impact auront le numérique et la robotique sur nos emplois ? A l’heure actuelle, il est trop tôt pour tirer des conclusions fiables sur les conséquences des mutations structurelles de l’économie. En Suisse, le progrès technologique met en péril près de la moitié des emplois, mais 10 % « seulement » seront condamnés à disparaître au vu de la situation actuelle. Qu’adviendra-t-il des 40 % restants susceptibles d’être automatisés ? Les scientifiques et les économistes sont divisés à ce sujet : d’aucuns prédisent une explosion du chômage technologique, des conditions de travail précaires et une pression accrue sur les salaires. D’autres font confiance à la capacité d’innovation des entreprises et à l’économie de marché libre. Comme pour les chamboulements industriels précédents, ils tablent sur un nombre suffisant de nouveaux emplois, notamment dans le domaine de la technologie de l’information et de la communication. Pour le moment, il semble toutefois que le scénario pessimiste soit plus réaliste. Des robots apprenants, des voitures sans conducteurs, des imprimantes 3D et des prestations basées sur l’internet permettent déjà aux employeurs de se passer de personnel et de produire toujours plus rapidement – sans contrainte de lieu, ni de temps. Viendrons-nous donc à manquer de travail ? Des nouveaux profils professionnels seront-ils créés ? Il est certain que quelques emplois disparaîtront complètement. Les personnes peu ou moyennement qualifiées seront mises sous pression, mais aussi celles dont l’activité comporte une certaine routine. Il pourrait en résulter une polarisation du marché du travail. Des spécialistes qualifiés occuperont des postes sûrs et bien rémunérés, alors que des salariés mal payés, menacés par la précarité, se retrouveront sans couverture sociale. Beaucoup tenteront de se maintenir à flot comme free-lances, dans des modèles de travail toujours plus flexibles. Les perspectives liées au sous-emploi et à la baisse du pouvoir d’achat présentent un énorme défi pour les syndicats. Pour créer un meilleur équilibre entre emploi et revenu, de nouvelles solutions sont recherchées. Non seulement sur le marché du travail, mais aussi dans le domaine de la politique sociale. Car la diminution des emplois fixes risque de compromettre les cotisations aux assurances sociales. Pour rester performant dans le monde du travail de demain, il est donc plus que jamais indispensable de bénéficier d’une bonne formation, d’avoir la possibilité d’apprendre tout au long de sa vie, d’être flexible et créatif. Les syndicats s’attelleront à cette tâche. Mais les employés « atomisés » et les free-lances voudront-ils miser sur l’aide des syndicats sur un marché du travail de plus en plus dérégulé et flexible ? Nick Manouk, rédacteur


Grand angle | 3

syndicom | N° 05 | 3 juin 2016 initiative avsplus

La votation sur l’initiative populaire AVSplus qui demande une hausse des rentes AVS de 10 % aura lieu le 25 septembre. AVSplus sera aussi le thème de la Journée des femmes du 14 juin. Patrizia Mordini pour les femmes, Michael Moser pour les jeunes et Rodolphe Aeschlimann, pour les retraité·e·s, font le point avec la rédaction. Yves Sancey yves sancey : Le résultat net d’exploitation de l’AVS a chuté à –559 millions en 2015. Peut-on vraiment améliorer les rentes de 10 % ? RoDolphe Aeschlimann : J’en suis persuadé. J’ai fait partie d’une caisse de pension syndicale. Je sais qu’il ne faut pas regarder les résultats sur une année mais sur plusieurs. Patrizia MorDini : La droite monte en épingle cette chute momentanée. Mais l’AVS est en mesure de faire face aisément au départ à la retraite de la génération du baby-boom, un phénomène connu de longue date et passager.

AVSplus devrait coûter environ 4,1 milliards de francs par an. Peut-on facilement les trouver ? RoDolphe Aeschlimann : Oui, car il est prévu une augmentation paritaire de 0,8 % des cotisations salariales (0,4 % payé par l’employeur et 0,4 % par l’employé·e). C’est tout à fait supportable. Les cotisations AVS n’ont pas changé depuis 1975 ! Contrairement à celles des caisses de pension. Michael Moser : Pour un salaire annuel brut de 54 000 francs, le prélèvement supplémentaire sur les salaires ne représenterait que 200 francs par an. Mais cela conduirait à une hausse annuelle de la rente de plus de 2000 francs !

Les retraité·e·s ont-ils vraiment besoin de ce « petit plus » que propose l’initiative ? RoDolphe Aeschlimann : Pour certains retraités, c’est indispensable. Le 2e pilier n’existe que depuis 1986. Pour les classes

d’âge qui ont commencé à cotiser avant cette date, cela dépendait des entreprises. La situation des retraité·e·s des arts graphiques est donc souvent moins bonne que pour ceux des PTT.

En quoi cette augmentation de la rente va-t-elle concrètement changer la vie ? RoDolphe Aeschlimann : Chaque année, l’assurance maladie augmente. Dans le canton de Fribourg, ma femme et moi payons 1045 francs par mois, sans être en privé ou semi-privé ! Il y a certes un peu de prestations complémentaires (PC), mais il y a encore l’assurance accident que nous n’avions pas besoin de payer jusqu’à 65 ans. Un retraité qui doit encore payer son loyer peut très bien ne pas s’en sortir, malgré les PC.

La rente AVS complète démarre à 1160 francs par mois pour une personne seule. Peut-on vivre avec cela ? RoDolphe Aeschlimann : Non, c’est impossible. Même avec les prestations complémentaires, cela reste très difficile. Et, si l’on a une maison, on n’a pas le droit aux PC. Patrizia MorDini : Pour les 20 % les plus pauvres, les 2e et 3e piliers sont quasiment insignifiants ou hors de portée. Et en particulier pour les femmes puisque 38 % des rentières n’ont que l’AVS pour vivre, contre seulement 19 % des rentiers. Il faut faire beaucoup de démarches, se soumettre au pénible examen de ses besoins économiques pour obtenir des prestations complémentaires.

PHOTOS MARGARETA SOMMER

« Une hausse des rentes est indispensable ! »

en granDe Discussion ∙ Rodolphe Aeschlimann (GI retraités), Patrizia Mordini (responsable de l‘Egalité, membre du CD) et Michael Moser (secrétaire central Jeunesse)

On peut y renoncer par gêne. Avec AVSplus, les rentiers et rentières modestes dépendront moins des PC pour pouvoir boucler leurs fins de mois. Michael Moser : Les PC ne doivent pas devenir la norme mais rester l’exception. Or, aujourd’hui, déjà près de 180 000 retraité·e·s dépendent des PC pour financer leurs dépenses courantes. Selon la Constitution fédérale, les rentes AVS doivent « couvrir les besoins vitaux ». On en est encore loin, même avec une rente complète. Les rentes doivent augmenter. Comme l’a admis le Conseil fédéral, le retard des rentes sur les salaires depuis 1980 est d’environ 20 %. La hausse de 10 % d’AVSplus est donc plutôt un minimum !

Pourquoi hommes et femmes ne sont pas égaux face à la retraite ? Patrizia MorDini : Pour le ménage, les enfants ou les parents âgés, les femmes continuent à accomplir plus de travail non rémunéré que les hommes et gagnent moins qu’eux – autour de 20 % de moins – en cas de travail rémunéré. Le travail à temps partiel – en grande partie l’apanage des femmes –, les interruptions de carrière et des bas salaires ont de lourdes conséquences pendant la vie professionnelle et, forcément, cela se répercute sur le montant de la retraite. Le système est encore pensé de façon traditionnelle avec l’homme comme principal pourvoyeur d’argent de la famille.

L’AVS convient donc mieux aux femmes que le 2e pilier ?

Patrizia MorDini : Tout à fait ! Grâce à divers mécanismes de compensation tels que le bonus éducatif, les rentes moyennes des hommes et des femmes sont à peu près égales dans l’AVS. Avec le 2e pilier, qui base ses calculs sur les cotisations effectives, les femmes sont perdantes : leurs rentes moyennes ne représentent qu’un peu plus de la moitié de celles des hommes. RoDolphe Aeschlimann : Ce qui est scandaleux avec le 2e pilier – et là je pense à la situation d’une de mes filles qui a deux enfants et qui travaille à moins de 50 % – c’est qu’on ne peut pas cotiser en dessous de 21 500 francs par an ! Michael Moser : Avec ces grands fonds qui gèrent les milliards du 2e pilier, nous avons créé des monstres qui dépendent des aléas de la Bourse ! Le système de l’AVS est bien plus sain et plus stable.

Michael, tu as 31 ans. Tu t’intéresses déjà à ta retraite ? Michael Moser : Un peu plus, maintenant ! Mes amis n’ont pas encore vraiment un avis sur AVSplus parce que c’est encore un peu théorique. Mais il faut les convaincre que c’est un système qui marche et qu’il ne faut pas le détruire mais le renforcer.

Les jeunes pourraient voir leur retraite fondre… Michael Moser : Oui. Au vu de leurs parcours professionnels plus irréguliers, de la précarisation du travail, avec des stages à répétition, des contrats à durée déterminée, des passages au chômage, les jeunes

précaires d’aujourd’hui pourraient donc être les retraités précaires de demain… Les jeunes des quatre grands syndicats, les Jeunes verts et la Jeunesse socialiste vont créer un comité et des actions communes sont prévues.

Quel est votre argument principal pour dire OUI à AVSplus ? RoDolphe Aeschlimann : Avec tous les renchérissements que nous avons connus, c’est le moment d’augmenter aussi les rentes par une hausse de cotisations inchangées depuis quarante ans. Il y a un vrai besoin dans la population. Patrizia MorDini : Pour l’égalité entre hommes et femmes, c’est au niveau de l’AVS qu’il faut apporter des améliorations pour augmenter les rentes. AVSplus aide vraiment les femmes. Michael Moser : Il faut investir dans le premier pilier car, pour les bas et les moyens revenus, l’AVS a un bien meilleur rapport prix / prestations que le 2e pilier. Pour les jeunes, la prévoyance privée est bien trop chère. Et, bien sûr, AVSplus renforce l’AVS.

Infos sur : www.initiative-avs.ch

AVSplus en bref L’initiative populaire AVSplus demande le relèvement de 10 % des rentes AVS. Cette hausse sera versée sous la forme d’un supplément aux rentes courantes et futures, au plus tard deux années après l’acceptation de l’initiative populaire. Aucune autre loi ne devra être modifiée. Grâce à AVSplus, la grande majorité des retraité·e·s bénéficiera d’une hausse mensuelle de sa rente de 200 francs. Les couples, de 350 francs. Cette initiative de l’Union syndicale suisse (USS) et de ses fédérations est soutenue par une large alliance d’organisations de salarié·e·s dont syndicom, les organisations de retraité·e·s AVIVO et FARES, ainsi que des partis comme le PS, les Verts et la Jeunesse socialiste. (USS)


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syndicom | N° 05 | 3 juin 2016

TwinT ou le shopping par smarTphone

La guerre du porte-monnaie digital fait rage « C’en est fini du liquide : Twint est désormais ton porte-monnaie digital sur ton natel » : le slogan de la filiale de PostFinance Twint SA paraît très prometteur. Qu’en est-il vraiment ? Qu’apporte cette nouvelle offre aux prestataires, aux commerçants et aux consommatrices et consommateurs ? Roland Lamprecht, secrétaire central Logistique

Partiellement seulement. Malgré le partenariat conclu avec la Coop et la vaste offensive publicitaire menée par PostFinance, presque personne n’utilise l’application pour l’instant. C’est le paradoxe classique de la poule et de l’œuf : les clients n’utiliseront régulièrement cette application qu’une fois que la plupart des commerces auront introduit cette option de paiement. Les commerces, quant à eux, souhaitent des solutions de paiement qui soient largement utilisées par la clientèle. PostFinance tente de contourner cette problématique par une politique tarifaire habile. Une transaction au moyen de Twint coûte deux centimes au commerçant, alors qu’une transaction par carte de paiement classique coûte dix fois plus. De plus, les commerçants économisent les commissions prélevées actuellement par

les moTivaTions de posTFinance ? Notre quotidien se numérise rapidement. Si PostFinance ne décroche pas sa part du gâteau, elle perd des parts de marché. Il existe aujourd’hui déjà de nombreux systèmes de paiement mobiles, comme PayPal, Google Pay, Apple Pay, Paymit (SIX, Swisscom, UBS), etc. Le marché suisse est encore en cours de développement et offre donc une chance à une application de paiement de se profiler en tête. Dans ce but, PostFinance est même prête à concurrencer directement sa propre carte PostFinance et à accepter de réduire ses marges. On ne sait pas encore si cette stratégie se révélera payante, d’autant plus que de puissants concurrents

nance offre l’installation de l’application aux commerçants qui n’ont pas de système de caisse approprié. Faut-il que l’entreprise soit sous pression ! Pour mieux comprendre la situation, imaginons le cas suivant : un client commercial propriétaire d’un petit café réalise 700 francs de chiffre d’affaires par jour. La moitié des 36 clients quotidiens ne paient pas en espèces, mais avec une carte. PostFinance envoie au tenancier du café un conseiller chargé de lui vendre Twint et de l’installer. Admettons qu’un client sur trois qui payait auparavant par carte bancaire se convertisse à Twint. Au total, six personnes auront donc généré une taxe de deux centimes au moins par transaction en faveur de PostFinance. Le démarchage de PostFinance aura cependant coûté au minimum 500 francs. Il faudra donc compter 4000 jours pour rentabiliser l’opération. Avec la fusion entre Twint et Paymit au moment du bouclage, les cartes sont redistribuées (voir encadré).

le poinT de vue des commerçanTs Les commerçants sont très courtisés par les prestataires de nouveaux services de paiement, chacun vantant les mérites de son système. Au point que PostFi-

perspecTives

secure posT sa

Il est sans doute réaliste de penser que le trafic des paiements se déplacera en partie sur les smartphones et les tablettes numériques. Les marges risquent alors de s’effondrer et les prestataires auront donc moins de ressources à disposition pour le trafic conventionnel des paiements. Des prestations traditionnelles appréciées, comme le petit livret de paiements jaune, le bulletin de versement et la postcard pourraient bien être menacés.

paymiT eT TwinT FusionnenT Peu avant l’impression de ce numéro, nous avons été informés de la fusion des deux applications payantes Twint et Paymit. Les cinq pr incipales banques suisses, la bourse suisse SIX, les commerces de détail Coop et Migros ainsi que Swisscom se sont entendus sur un partenariat. Le nouveau système, qui vise notamment à empêcher la concurrence étrangère des géants tels qu’Apple, Google ou Samsung, s’appellera TWINT. Pour l’heure, les conséquences de ce partenariat sur les employé·e·s sont encore incertaines. (réd.).

Ces mutations sont inhérentes à la révolution industrielle 4.0. Les services et les produits sont numérisés pour devenir meilleur marché et plus concurrentiels. Les salarié·e·s qui ne parviennent pas à s’adapter à cette évolution dans leur environnement professionnel seront fortement mis sous pression. Notre vie professionnelle, mais aussi privée, sera de plus en plus tributaire du numérique. Chaque pas est mesuré, chaque achat répertorié, et tout mouvement laisse des traces. En tant que syndicat, nous devons contribuer à ce que les salarié·e·s ne restent pas sur le carreau dans la foulée de la quatrième révolution industrielle. syndicom est prêt à relever ce défi et à rechercher des solutions pour les travailleuses et les travailleurs !

posTmail

Explosion des heures supplémentaires Lors de l’assemblée nationale d’Olten du 30 avril, les délégué·e·s présents ont pu être informés sur les négociations de la CCT et ont redéfini le mandat de négociation de syndicom. Point important, les salarié·e·s se sont également engagés à entreprendre des mesures concrètes en cas de blocage lors des négociations. Ils nous ont fait part de leur mécontentement concernant l’explosion des heures supplémentaires, et ils ont aussi plaidé pour une meilleure planification du temps de travail.

comme Google ou Apple disputent aussi la partie. PostFinance possède toutefois un atout : Twint fonctionne indépendamment des grandes sociétés de cartes de crédit et peut être connecté directement au compte bancaire de l’utilisateur par recouvrement direct (LSV). Cet argument pourrait convaincre en particulier les consommateurs et consommatrices critiques. Mais l’idée du porte-monnaie entièrement numérique (y compris les programmes de fidélité et les bons) doit d’abord faire son chemin dans les esprits des utilisateurs. Il se peut que cette idée soit arrivée trop tôt.

PHOTO UELI S TEINGRUBER

promesses Tenues ?

les sociétés de cartes de crédit. Mais pour l’instant, le succès attendu n’est pas au rendez-vous.

syndicom a ainsi pu informer sur les avancées obtenues avec la commission du personnel. La vieille discussion concernant les pauses additionnelles pour le travail dans des locaux sans accès à la lumière du jour (art. 15 OLT 3) a enfin été prise au sérieux par Secure Post SA, qui s’est engagé pour un constat impartial de la situation dans les bases concernées – Oensingen, Bassersdorf, Daillens, Genève, Chiasso (puis Mezzovico) etc. Les résultats nous seront communiqués en juin 2016.

Inquiétude sur l’avenir des métiers face au digital

PHOTO L A POSTE SUISSE SA

Twint est une application classique. Elle permet non seulement d’effectuer des paiements électroniques, mais aussi – comme avec la Supercard de la Coop – de collecter des points fidélité et de faire valider des bons. L’application peut être utilisée dans les magasins aux bornes EFT / POS munies de la technologie Beacon, mais aussi sur Internet. Twint permet également d’effectuer des transferts entre deux applications (du client au commerçant ou d’un client à un autre). Ce porte-monnaie numérique peut être chargé au Postomat, par débit direct, par e-banking ou avec des cartes prepaid.

Lors de l’assemblée annuelle d’avril de PostMail, les délégué·e·s du domaine ont exprimé leurs craintes quant à l’évolution des différents métiers sous la loupe de la digitalisation du monde du travail. Ils ont ainsi décidé d’en faire le thème de la prochaine assemblée nationale de novembre, avec des intervenants. L’application du nouveau système salarial a été au centre de discussion très animées ; mandat est donné à syndicom pour une clarification et uniformisation des critères d’implémentation. La transparence du système est remise en question. L’application du nouvel article

de la CCT concernant le paiement des paniers repas en cas d’interruption de service à l’extérieur a également été traitée. Cette thématique est d’autant plus importante que le remplacement continu de collègues malades ou absents est une réalité établie. L’application de la loi sur le travail dans les centres est source de grand questionnement et demande des réponses claires et précises. Les délégué·e·s ont confirmé leur souhait d’être le premier relais du syndicat dans les différents lieux de travail.

Matteo Antonini, secrétaire central Logistique


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syndicom | N° 05 | 3 juin 2016 poliTique ccT au secTeur Télécom / iT

17 ans de conventions collectives télécom Depuis sa création, syndicom a obtenu de nombreux succès CCT dans ses trois secteurs. Et d’autres résultats ne manqueront pas de suivre. Nous les devons à l’engagement de nos membres et aux décisions, prises l’année dernière, de se concentrer sur la politique CCT et de branche. Tour d’horizon des succès CCT dans le secteur Télécom / IT. Franz Schori *

2009 marque un TournanT Après des changements de personnel au sein de la branche Télécom, les nouveaux responsables ont élaboré en 2009 un premier plan quadriennal. Lors de la planification déjà, Giorgio Pardini, Daniel Münger et le soussigné se sont basés sur les travaux commencés par leurs prédécesseurs. La planification prévoyait le développement de la CCT Swisscom, la conclusion d’une CCT avec Sunrise et Johnson Controls, l’élaboration d’une stratégie pour les centres d’appels, ainsi que la mise en place et la consolidation d’un dialogue social avec T-Systems et Hewlett Packard. La CCT Swisscom a pu être renouvelée avec succès ; son prochain développement est déjà en préparation. Idem pour la CCT Sunrise : en vigueur depuis 2013, cette CCT doit aussi être renouvelée. En revanche, la CCT Johnson Controls appartient déjà au passé : dans le cadre de l’externalisation du Facility Management de Swisscom vers Johnson Controls, une CCT avait pu être signée, Mais quelques années plus tard, Johnson Controls perdait le mandat de Swisscom. D’où la perte de la CCT signée avec syndicom. Néanmoins, nous sommes parvenus à assurer

Travail de Fond

PHOTO JENS FRIEDRICH

Chaque succès dépend avant tout de sa planification. Vient ensuite la stratégie. Et enfin la mise en œuvre ciblée, systématique et compétente. A première vue, cela paraît simple. Mais l’histoire d’un succès peut aussi comporter des revers, des égarements et des impasses. Les objectifs eux-mêmes doivent être réévalués et adaptés de temps à autre – comme pour un jeune sportif ambitieux, persuadé de pouvoir parcourir 100 mètres en cinq secondes. Mais commençons par le début. Après la création du Syndicat de la Communication (GeKo) en 1999, la branche Télécom avait axé son travail sur la première convention collective de travail (CCT) avec Swisscom et sur la CCT avec l’entreprise de sécurité aérienne Skyguide. Peu à peu, les anciens responsables du GeKo ont tissé des contacts avec les concurrents de Swisscom ; des membres ont ainsi pu être gagnés. Par conséquent, les premiers plans sociaux et accords salariaux conclus à cette époque ne concernent pas uniquement Swisscom.

le transfert des employé·e·s concernés dans la CCT ISS, qui n’est toutefois pas du ressort de syndicom. Hewlett Packard ne joue actuellement aucun rôle dans la politique CCT du secteur Télécom / IT. Chez T-Systems, par contre, des négociations CCT seront entamées prochainement.

Infrastructure de réseau a pu être négociée et signée. Cette CCT entre en vigueur le 1er juillet 2016 ; près de 40 PME de la branche y seront soumises. Ici aussi, la DFOG est visée.

objecTiF largemenT aT TeinT : des ccT dans deux branches

La numérisation de la société et de l’économie favorise la perméabilité croissante entre les secteurs, comme le montre de manière exemplaire la CCT localsearch. ch. Derrière cette entreprise, on trouve aussi bien Swisscom que le groupe de presse Tamedia. Le projet « Cargo sous terrain » (transfert du transport de marchandises sous terre), auquel participent Swisscom, La Poste et des commerçants de détail, constitue un autre rapprochement de branches. En prévision de l’élaboration de la CCT Swisscom 2013, le secteur Télécom / IT avait rédigé un papier de position intitulé « Mon travail vaut plus ». Le comité d’entreprise Swisscom Group, composé entre autres de membres des représentations du personnel chez Swisscom, avait été associé à ce document, qui a donné lieu à un catalogue de revendications. Des militant·e·s engagés sont indispensables, car ils contribuent au travail du secteur Télécom / IT et à des succès CCT durables. Pour cette raison, le secteur Télécom / IT a étoffé ses structures de milice année après année.

Le développement d’une CCT dans la branche des centres de contact et d’appels n’était en soi pas prévu dans la planification. Un mouvement syndical s’est d’abord constitué chez Capita / avocis à Tägerwilen. Puis a suivi un dialogue social, qui a débouché sur des négociations CCT. Non seulement avec Capita, mais aussi avec TELAG et MS Direct. Résultat : nous avons conclu une première CCT de branche pour les centres de contact et d’appels. A l’heure actuelle, il est question de l’étendre à d’autres entreprises de la branche et de demander sa déclaration de force obligatoire générale (DFOG) au Conseil fédéral. Dans le plan quadriennal 2013 – 2016, upc cablecom tenait aussi une place importante. L’objectif était de conclure une CCT. Celle-ci est actuellement sur le point d’être signée. La branche Infrastructure de réseau a elle aussi retenu toute notre attention. Via les CCT d’entreprise conclues avec Saphir Group, cablex (photo) et Network 41, la CCT de branche

des branches placées sous le signe de la numérisaTion

En 2014, le secteur Télécom / IT a réalisé une enquête sur la délimitation du travail chez Swisscom, Sunrise, upc cablecom et Salt (ex-Orange). Les résultats de cette enquête sont désormais pris en compte dans les prochains développements CCT. Notre politique CCT sera aussi influencée par l’étude « Travailler dans un centre d’appels », réalisée par l’Université de Bâle – sur mandat de syndicom et de la fondation sovis. Depuis 2015, le secteur Télécom / IT se penche également sur la quatrième révolution industrielle, ainsi que la numérisation de la société et de l’économie. A cette fin, il a mandaté une étude pour montrer les conséquences de la numérisation sur les branches de syndicom. Pour syndicom, les employé·e·s ne doivent pas faire partie des perdants de la mutation numérique. Les entreprises sont donc tenues de garder leurs employé·e·s grâce à des mesures de formation et de perfectionnement qu’il s’agira de concrétiser avec nos membres. De plus, il convient de discuter si le moment est venu de thématiser à nouveau la réduction des horaires de travail dans le contexte du recul du volume de travail que beaucoup redoutent. Enfin, on devrait se demander s’il ne faudrait pas ajouter à l’agenda politique le revenu de base inconditionnel, auquel les syndicats s’opposent actuellement. Il pourrait constituer un autre objectif à terme, en plus d’une redéfinition du droit à de bonnes conditions de travail. Jusqu’au congrès de fin 2017, le secteur Télécom / IT continuera de travailler sur la base de sa planification à long terme. Le Congrès posera des jalons pour les années 2018 à 2021. Une fois de plus, les objectifs du secteur Télécom / IT promettent d’être ambitieux. Nous ne relâcherons pas nos efforts pour garantir une couverture CCT complète de nos branches (technologies de l’information et de la communication, centres de contact et d’appels, infrastructures de réseau et sécurité aérienne). De plus, nous continuerons de nous engager au quotidien pour la démocratisation de l’économie, une réelle justice sociale et la solidarité.

* Secrétaire politique,secteur Télécom / IT

ccT sunrise 2017 : parTicipe eT donne Ton avis !

viens discuTer avec nous de Tes condiT ions de Travail dans les cenTres de conTacT eT d’appels

Le sondage lancé par le comité d’entreprise a débuté. Jusqu’au 10 juin prochain, les collègues peuvent donner leur avis sur les priorités relatives au renouvellement de la CCT. Le comité d’entreprise souhaite obtenir un mandat de négociation largement soutenu par la base, afin de poser des revendications claires et solidement étayées dans le cadre des négociations CCT. Selon les premiers résultats du sondage, l’augmentation du temps de repos et la révision du système des bonus figurent en tête des préoccupations. Le sondage est ouvert à tous les employé·e·s de Sunrise. Il importe de convaincre le plus grand nombre possible d’y participer. Motive tes collègues de travail à donner leur avis. Rien de plus simple, sous http://bit.ly/1s9H5VK

Inscris-toi en ligne encore aujourd’hui et motive tes collègues de travail à participer ! Vendredi 10 juin, nous organiserons une première conférence de branche pour les employé·e·s des centres de contact et d’appels. La conférence aura lieu au Volkshaus à Zurich, de 10 h 15 à 16 h 45 env. Riccardo Pardini, l’auteur de l’étude « Travailler dans un centre d’appels », présentera les résultats obtenus. Nous les discuterons ensuite avec vous, puis fixerons les points forts de la politique de branche pour les prochaines années. Pour les membres de syndicom, la participation est gratuite et l’entreprise doit accorder un congé syndical si elle est soumise à la CCT de branche. Les non-membres s’acquittent de frais de participation à hauteur de CHF 50.–. Inscris-toi en ligne aujourd’hui encore : http://bit.ly/20pXxMy


6 | Médias

syndicom | N° 05 | 3 juin 2016

JOurnée mOndiale de la liberTé de la presse

Les annonceurs roulent des mécaniques La presse est bâillonnée dans de nombreux pays et les journalistes mis sous pression politique et économique. Egalement en Suisse, comme l’exposent Stephanie Vonarburg et Roger Blum. Pieter Poldervaart, journaliste free-lance Outre la Corée du Nord et la Chine, la Turquie est devenue depuis plusieurs années un pays particulièrement dangereux pour les journalistes. Dans le classement mondial de la liberté de la presse, publié par Reporters sans frontières, elle occupe le 151e rang, alors que la Suisse est classée en 7e position. « Chez nous aussi, il existe malgré tout des lacunes juridiques et économiques » relève Roger Blum, professeur émérite en science des médias à l’Université de Berne. D’un côté, filmer avec une caméra cachée est réglementé plus strictement que dans la plupart des pays démocratiques. De l’autre, les fusions dans la branche des médias s’enchaînent, ce qui réduit la diversité d’opinion et les ressources. Selon le professeur Blum, « le travail d’investigation et le journalisme critique en souffrent ».

absence de cOnvenTiOn cOllecTive de Travail Stephanie Vonarburg sait que l’argent régit aussi le monde des médias. La juriste et secrétaire centrale de syndicom signale des boycotts d’annonces publicitaires de la part d’entreprises importantes, qui démontrent volontiers leur puissance dans le contexte financier diffi-

acTiOn de syndicOm Pour la Journée mondiale de la liberté de la presse (3 mai), la SSR / SRG et l’association patronale des éditeurs alémanique SchweizerMedien organisaient un congrès sur le thème « Pour une recherche journalistique sans entrave ». syndicom y a distribué un flyer pour rappeler que cette liberté reste bien théorique sans CCT !

cile que traversent de nombreux éditeurs. Selon une information récente, l’UBS ne publie plus aucune annonce dans Finanz und Wirtschaft depuis une année, car la ligne rédactionnelle du magazine ne lui convient pas. « Il ne s’agit pas d’un cas isolé ; de nombreux boycotts ne sont pas connus », ajoute S. Vonarburg. La menace ou la peur d’un boycott suffisent parfois à étouffer dans l’œuf des investigations critiques. En conseillant récemment aux entreprises mécontentes de cesser de publier des annonces, Markus Somm, rédacteur en chef et propriétaire de la Basler Zeitung, ne sert pas vraiment la cause du journalisme libre. Contre toute attente, il a même reçu le soutien du président de l’association des éditeurs Hanspeter Lebrument qui, en tant qu’éditeur, admet « ne pas pouvoir jouer au héros et fâcher un gros client ». Il est inquiétant que le plus grand éditeur de Suisse se montre compréhensif à l’égard des rédactions influencées par les annonceurs. « Le même Lebrument est aussi responsable de la résiliation de la CCT alémanique il y a douze ans », critique Stephanie Vonarburg. Or la CCT revêt une grande importance, non seulement pour les salaires mais aussi pour l’indépendance du journalisme. L’ancienne CCT offrait par exemple une protection aux rédacteurs et journalistes free-lance impliqués dans des litiges professionnels, ainsi que le droit à un statut rédactionnel.

prOTecTiOn des sOurces en danger Stephanie Vonarburg estime qu’il y a aussi des lacunes à combler au niveau de la loi sur la transparence. Depuis 2004, toutes les informations internes à l’ad-

ministration, qui ne doivent pas rester secrètes, sont accessibles au grand public. « De nombreux offices fédéraux et cantons n’ont toutefois pas encore assimilé cette nouvelle approche », explique la syndicaliste. Si bien que là où l’accès libre est en principe autorisé, il n’est pas rare que des taxes prohibitives soient exigées ou qu’une demande soit renvoyée aux calendes grecques – jusqu’à ce que le sujet tombe dans l’oubli. On constate quelques progrès dans l’article 293 du Code pénal, qui règle la publication de débats officiels secrets, et dont la suppression complète serait opportune. Après tout, la protection des sources est solidement ancrée dans la loi depuis 2013. Toutefois, dans certains cas, des tentatives de pression sont exercées sur des journalistes, qui invoquent leur droit de refuser de témoigner.

une aide de la cOnFédéraTiOn pOurraiT appOrTer des améliOraTiOns Les obstacles juridiques et l’absence de CCT en Suisse alémanique et au Tessin mettent le journalisme critique en danger. Mais les journalistes sont ingénieux. « Ces dernières années, le journalisme s’est amélioré sur le plan technique et méthodique. Des réseaux de recherche, parfois actifs à l’échelle internationale, contribuent aussi à ces progrès », explique Roger Blum. Le dernier exemple en date remonte à la publication globalement concertée des « Panama Papers ». Question financement, Roger Blum est favorable à un modèle de fondation, tel que la Commission fédérale des médias le propose aussi : une institution doit fournir des fonds pour la recherche, sans être influencée au niveau politico-administratif. Cela reviendrait-il à introduire un impôt pour

QuelQues liens inTerneT pOur aller plus lOin : •

http://europeanjournalists.org/fr/: La Fédération européenne des journalistes (FEJ) soutient syndicom dans sa lutte pour une CCT Presse. • www.skmr.ch/frz : A l’aide de cas concrets, la Fiche du Centre suisse de compétence pour les droits humains (CSDG) informe sur l’importance de la Convention européenne des droits de l’homme (CEDH) pour les journalistes suisses. • www.mediengav.ch : sur la campagne CCT alémanique.

librairie indépendanTe rOmande

librairies Orell Füssli Thalia

Et la lumière fut culières assurent le respect des exigences de la protection de la santé. Concrètement, cela signifie que les employé·e·s qui travaillent sans lumière du jour doivent avoir droit à 20 minutes supplémentaires de pause par demi-journée, afin qu’ils bénéficient de la lumière naturelle. A plusieurs reprises, syndicom a rappelé les bases légales à la direction d’Orell Füssli – avec et sans Thalia. Comme aucune amélioration n’a été constatée jusqu’à présent, la secrétaire régionale de syndicom Elisabeth Fannin a visité en mai des filiales à Zurich, Berne, Bâle et Coire pour sensibiliser les employé·e·s à leur droit à des « pauses-lumière ». La prochaine étape consistera à informer les inspections cantonales du travail. Pour que la direction d’OFT soit enfin éclairée. Cette question concerne les libraires mais également toutes les branches où l’on travaille sans lumière naturelle, comme dans certains Swisscom shops ou bureaux de poste. (nis)

Respect des pauses : « Avec syndicom, allumez la lumière ! »

SELFIE ELISABETH FANNIN

Désormais, Orell Füssli Thalia s’appellera de nouveau Orell Füssli, comme la direction de la chaîne de librairies l’a laissé entendre début mai. Le retour aux anciennes valeurs (de la marque) ne devrait néanmoins pas se limiter à un « ravalement de façade ». Le moment serait venu d’améliorer aussi les conditions de travail. Notamment pour les employé·e·s qui doivent travailler sans lumière du jour. C’est pourquoi syndicom a lancé une campagne de sensibilisation. L’impact de la lumière du jour sur l’organisme est souvent sous-estimé pour notre bien-être et la santé. Un manque de lumière naturelle peut provoquer un état d’anxiété, d’irritabilité et des dépressions. C’est pourquoi, conformément à la loi, les postes de travail permanents doivent être aménagés de sorte à bénéficier de la lumière du jour et d’une vue vers l’extérieur. Des locaux sans éclairage naturel ne peuvent être utilisés comme espaces de travail que si des mesures parti-

la recherche journalistique ? Blum se contente de répondre que « le journalisme critique est crucial pour la démocratie. En particulier pour la démocratie directe ».

Salaire minimum à 4000 francs Chaque année, des négociations salariales ont lieu avec l’Association suisse des diffuseurs, éditeurs et libraires (ASDEL) pour fixer les salaires minimaux de la librairie romande indépendante. Cette année, malgré un indice des prix à la consommation négatif, les négociations ont enfin porté leurs fruits. Le premier échelon du barème pour les libraires qualifié·e·s a été augmenté de 3896 francs à 4000 francs dès le 1er janvier 2016. Une avancée significative qui s’inscrit dans la droite ligne de l’esprit du salaire minimum refusé par le peuple suisse en mai 2014. Rappelons néanmoins qu’il s’agit ici de salaires minimaux (et non maximaux !) qui s’appliquent à toutes les librairies qui sont membres de l’ASDEL. Le barème intégral peut être consulté sur notre site à l’adresse : http://bit.ly/25jiTib.

Patricia Alcaraz, responsable romande de la branche Médias


Médias | 7

syndicom | N° 05 | 3 juin 2016 assemblée de la FédéraTiOn eurOpéenne des JOurnalisTes (FeJ) à saraJevO

Appui européen aux journalistes suisses Une centaine de délégué·e·s de la FEJ représentant 53 syndicats et associations de 38 pays européens ont exprimé leur solidarité avec la demande aux éditeurs suisses d’accepter l’invitation de syndicom et impressum d’entrer en négociation collective. Sergio Ferrari, de retour de Sarajevo direcTive « secreT des aFFaires » OpaQue

« Faire normalement son travail est toujours plus criminalisé »

Lors de cette assemblée, les délégué·e·s de syndicom ont soutenu les critiques frontales à la directive sur « le secret des affaires », acceptée le 13 avril par le Parlement européen (http:// bit.ly/1TXUpYl), malgré une pétition signée par plus de 500 000 personnes, avec le soutien d’une trentaine de grands syndicats et d’ONG. « Cette directive rédigée dans la plus totale opacité continue à menacer les droits démocratiques en faisant primer les intérêts des multinationales sur les intérêts sociaux, environne-

PHOTO URS THALMANN

« Scandaleux » a jugé Anthony Bellanger, secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Il est en effet difficile à croire qu’en Suisse, les éditeurs ne reconnaissent pas aux journalistes des régions alémanique et italienne le droit basique à une CCT. Présentée par Stéphanie Vonarburg au nom de syndicom et impressum, la motion de revendication d’une CCT a été approuvée unanimement par l’Assemblée générale de la Fédération européenne des journalistes (FEJ), réunie durant la dernière semaine d’avril à Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine.

PHOTO S TEPHANIE VONARBURG

La délégation de syndicom à Sarajevo était composée du journaliste Sergio Ferrari et de la secrétaire centrale Stephanie Vonarburg.

mentaux et démocratiques des citoyens », explique Dominique Pradalié, secrétaire générale du Syndicat national des journalistes (SNJ-France), qui a introduit le débat avec ses collègues français. Les critiques craignent que le secret des affaires ne sanctionne aussi les « non-concurrents » – c’est-à-dire les lanceurs d’alerte et les journalistes qui souhaiteraient informer le public sur les agissements des entreprises, en utilisant parfois pour cela des documents volés, comme dans l’affaire LuxLeaks. Ce thème va continuer d’occuper le débat européen durant les deux prochaines années. Après avoir élu son nouveau comité pour les trois prochaines années, la FEJ a approuvé plus de vingt motions et initiatives en défense des droits des journalistes. Ces apports seront approfondis à l’occasion du prochain congrès trisannuel de la FIJ, qui se tiendra durant la première semaine du mois de juin à Angers (France).

La Fédération européenne des journalistes (FEJ) regroupe plus de 320 000 membres et 71 organisations dans 43 pays. Entretien avec Francisco Audije-Vega, journaliste, syndicaliste espagnol et militant de la FEJ. Vous étiez membre du comité de la FEJ ces trois dernières années. Quelles ont été vos préoccupations ? Le phénomène consistant à interdire ou limiter – surtout sur le terrain de l’information économique et financière – le droit des journa-

listes à faire normalement leur travail, et les criminaliser comme des délinquants en raison de leur travail professionnel. Le défi principal pour le futur ? Combattre la détérioration et la précarité des conditions de travail que connaissent les journalistes. Défendre les médias audiovisuels publics assiégés aujourd’hui par la convergence entre les grands groupes médiatiques dominants et l’idéologie néolibérale majoritaire au sein des gouvernements européens. (SFi)

ccT rOmande des médias

syndicom bientôt signataire ? Lausanne, 20 mai - Médias Suisses est entrée en matière pour une adhésion des syndicats syndicom et SSM à la convention collective de travail (CCT) romande des journalistes. Réunie à Lausanne, l’association des médias privés romands a donné mandat à son comité de « mener toutes négociations utiles à cette fin ». Jusqu’ici, la demande de syndicom de pouvoir adhérer à la CCT conclue entre Médias Suisses et l’association de journalistes Impressum avait toujours été refusée. Les éditeurs romands ont, cette fois, accepté de revoir leur position, estimant qu’il fallait y associer le Syndicat suisse des mass media (SSM). Au terme de futures discussions du comité avec les deux syndicats, un rapport sera présenté lors d’une prochaine assemblée générale. Représentant de Ringier Romandie, Daniel Pillard a été forcé de remettre son mandat par la décision de son groupe de quitter Médias Suisses en fin d’année. (YS, avec ATS)

Traduction H.P. Renk

sOndage sur la ccT presse alémaniQue eT TessinOise

Des idées très claires pour la future CCT Sur mediengav.ch, syndicom et impressum ont demandé aux professionnels des médias ce qui doit être réglementé dans leur future CCT. Les réponses et les attentes sont très claires. Le signal adressé aux partenaires sociaux est fort. Stephanie Vonarburg, secrétaire centrale 409 professionnels des médias ont participé au sondage, dont 367 en Suisse alémanique et 42 au Tessin, soit environ 10 % des membres syndiqués. Les Romands, qui ont une CCT, ne s’exprimaient pas. Ce taux de participation est plutôt satisfaisant et fournit des résultats représentatifs. Un tiers environ des participant·e·s sont des journalistes free-lance ou partiellement indépendants, contre deux tiers de salarié·e·s.

les salaires eT les hOnOraires dOivenT êTre Fixés dans la ccT Les participant·e·s au sondage souhaitent quasiment à l’unanimité (95 %) que des salaires minimaux soient définis dans la CCT pour les journalistes en emploi fixe. 97 % souhaitent que l’expérience professionnelle soit prise en compte dans l’évolution salariale. Une importante majorité (60 %) approuve un salaire de départ de

5843 fr. par mois, comme c’est le cas dans la CCT pour les journalistes romands. Une majorité très nette (87 %) estime également que des honoraires minimaux doivent être inscrits dans la CCT pour les journalistes indépendants. 47 % sont favorables à un honoraire journalier de 516 fr. (la catégorie la plus élevée fixée dans l’ancienne CCT), contre 38 % qui exigent 563 fr. comme dans l’actuelle CCT suisse romande. Plus de trois quarts des participant·e·s exigent que le temps de travail hebdomadaire soit fixé dans la CCT.

plan sOcial ObligaTOire, auTre préOccupaTiOn maJeure Une majorité impressionnante (92 %) souhaite qu’un plan social soit obligatoire en cas de suppressions d’emplois. Concernant le montant des indemnités de départ,

trois quarts des sondé·e·s estiment qu’elles doivent être au moins équivalentes à celles définies dans l’ancienne CCT (75 %).

aT TenTes précises sur les QuesTiOns sOciales, les vacances eT le perFecTiOnnemenT 85 % des sondé·e·s approuvent un congé maternité de 16 semaines au moins, avec une compensation salariale de 100 % pour deux tiers d’entre eux. Concernant le congé paternité, une moitié est favorable à deux semaines de congé, alors que l’autre moitié considère que c’est insuffisant. Cinq semaines de vacances, comme dans l’ancienne CCT et l’actuelle CCT suisse romande, sont revendiquées quasiment à l’unanimité (96 %), tout comme la semaine de compensation en cas de travail régulier de nuit et / ou du dimanche (95 %).

assurer l’indépendance JOurnalisTiQue eT les drOiTs de parT icipaTiOn Il est également intéressant de relever que les professionnels des médias considèrent que la CCT est non seulement indispensable pour régler les conditions de travail, mais aussi pour clarifier les rapports entre les rédactions et les éditeurs : l’indépendance journalistique et les droits de participation sont jugés très importants (98 %, resp. 87 %). Les résultats du sondage donnent un mandat ambitieux à la délégation de négociation et un signal fort aux partenaires sociaux.

Sondage et résultats (en allemand) sur : www.MedienGAV.ch Suivez-nous aussi sur Facebook et Twitter #MedienGAV.


8 | Egalité

syndicom | N° 05 | 3 juin 2016

14 juin – hier, aujourd’hui, demain

L’égalité à la saint-glinglin ? syndicom : Patrizia, que représente le 14 juin pour toi ? Patrizia Mordini : Je me souviens encore très bien du 14 juin 1991, lorsqu’un demimillion de femmes ont débrayé. Je fréquentais alors l’école supérieure de commerce. Au lieu d’écrire une rédaction importante, j’ai manifesté sur la place Fédérale avec quelques camarades de classe. Peu après, à 20 ans, j’ai obtenu ma « naturalisation facilitée ». J’ai immédiatement utilisé mon droit de vote et d’éligibilité.

Depuis quelques années, je suis conseillère communale (PS) à Berne. Après avoir travaillé trois ans à la division de l’Egalité des CFF, je me réjouis de relever un nouveau défi à syndicom dans ma fonction de responsable de l’Egalité et de membre du comité directeur.

villes et régions. Avec l’USS, nous appelons les femmes de la Suisse entière à prendre des pauses prolongées le 14 juin (voir encadré). Nos actions figurent sur la page Facebook « Achtung, fertig, Frauen los ! ».

Quelles actions prévoit syndicom le 14 juin ?

Nous voulons chercher de manière ciblée le dialogue avec de jeunes membres potentiels, des femmes et migrant·e·s au sein de nos branches. Nous devons davantage

Nous rendrons visite aux femmes dans des entreprises choisies et participerons aux pauses de protestation dans différentes

Comment as-tu été sensibilisée à la politique ? Je suis née et ai grandi à Burgdorf (BE), où mon père travaillait comme serrurier. Il était affilié à la FTMH. Mon père est originaire d’Italie, ma mère d’Autriche. Durant mes études de psychologie, que j’ai financées en travaillant notamment comme caissière et dans un centre d’appels, je me suis engagée en politique. D’abord à l’exécutif de l’association des étudiant·e·s, puis en tant que coprésidente de la commission de l’égalité auprès de l’Union des étudiant·e·s de Suisse (UNES). J’ai représenté durant plusieurs années les femmes à l’Union syndicale de la ville de Berne.

Où souhaites-tu fixer des priorités à l’avenir ?

PHOTO NINA SCHEU

A l’occasion des 25 ans de la Journée des femmes du 14 juin, la rédaction s’est entretenue avec Patrizia Mordini, responsable de l’Egalité et membre du comité directeur de syndicom depuis début mars. Interview Naomi Kunz

encore tenir compte de leurs besoins pour les représenter au mieux dans notre travail syndical. Car les changements économiques, tels que la numérisation, toucheront aussi nos groupes d’intérêt.

14 juin

Contrôles des salaires maintenant ! Il y a vingt-cinq ans, les femmes ont fait grève en Suisse et gagné de haute lutte une loi sur l’égalité, qui est entrée en vigueur il y a vingt ans. Malgré tout, les femmes gagnent toujours 15 % de moins que les hommes. C’est inadmissible ! Le 14 juin, nous travaillerons donc 15 % de moins et nous nous accorderons une heure supplémentaire de pause ! Nous exigeons l’égalité des salaires, l’égalité intégrale et envoyons un signal clair au Conseil fédéral,

au Parlement et aux employeurs : nous voulons tout le gâteau – et des contrôles des salaires maintenant ! Toutes les actions en un coup d’œil : www.uss.ch/actuel/egalite-salariale

Voir également les actions en Romandie (agenda, p. 14)

place des femmes dans les médias

La Suisse médiatico-conservatrice L’égalité dans les médias ? Loin s’en faut. Les femmes sont toujours sous-représentées dans les médias, en dehors des pages people ou des articles sur la famille. Sina Bühler, journaliste free-lance / Pressebüro St. Gallen En Suisse, nous avons la démocratie directe, la liberté de la presse. Mais à la vérité, il n’y a guère de pays en Europe qui soit plus conservateur que la Suisse. Il suffit de penser à la longue lutte pour le droit de vote des femmes, à l’introduction très tardive d’une assurance maternité minimale, aux tentatives répétées d’abolir le droit à l’avortement, ou au récent échec du congé paternité. Les Suisses et les Suissesses sont plutôt traditionalistes. Et les médias y sont pour beaucoup. Dernier exemple en date : les critiques à l’égard de la présentatrice de la télévision alémanique Steffi Buchli, qui a annoncé son intention de reprendre le travail quatre mois après la naissance de sa fille.

stéréo-types et stéréo-nanas En Suisse, les médias propagent des stéréotypes de genre, ce qui revient à méconnaître le rôle des femmes dans la société et à entraver leur accès aux positions dirigeantes et à la politique. C’est ce que montre une récente étude du Projet mondial de monitorage des médias (GMMP), appuyé par un rapport de la Conférence suisse des délégué·e·s à l’Egali-

té. Pour exemple : les modèles de rôles sont présentés de manière atypique dans 3 % seulement des informations analysées dans la presse, les médias en ligne, à la radio et à la télévision ; le thème de l’égalité n’est évoqué que dans 6 % des nouvelles. Le GMMP propose tous les cinq ans une sorte d’instantané des médias d’actualité au regard du genre, effectué à la même date dans tous les pays. Le dernier relevé, effectué le 25 mars 2015, a passé à la loupe en Suisse 514 nouvelles tirées de quotidiens, d’émissions de radio et télévision, de sites d’information en ligne et de Twitter.

où sont les femmes ? dans les pages people et sport ives Principal constat : sur 1051 personnes mentionnées dans les médias, 24 % seulement étaient des femmes, soit 2 % de plus que lors du dernier relevé il y a cinq ans. Cette progression est due avant tout aux médias en ligne, qui ont été pour la première fois inclus dans l’enquête. Les femmes y sont davantage représentées : 30 % sur les sites Internet, 48 % sur Twitter. Par ailleurs, les femmes occupent une place plus

large dans les médias en Suisse romande (30 %) qu’en Suisse alémanique (20 %) et au Tessin (18 %). Dans les rubriques économiques et politiques, les femmes sont rarement citées ou évoquées en tant qu’expertes ou commentatrices. A contrario, elles sont surreprésentées dans les pages people et les rubriques sportives, dans les sujets relatifs à leur fonction parentale et les sondages d’opinion. Autrement dit, conformément à l’image traditionnelle des rôles. Les médias présentent souvent des femmes sans activité lucrative, alors même que la Suisse connaît, en comparaison mondiale, une part de femmes actives professionnellement supérieure à la moyenne. Quant aux femmes journalistes, leur proportion a baissé d’environ 5 % depuis 2010 et atteint à peine 30 %. Mais ce n’est pas la raison pour laquelle les femmes sont moins évoquées comme sujets actifs dans les médias : les femmes journalistes ne mentionnent pas davantage de femmes que leurs homologues masculins, l’écart étant d’à peine 1 %.

guide de rédaction non sexiste

Les femmes évoquées par défaut ? En collaboration avec Martina Leonarz, spécialiste scientifique des médias, les syndicats des médias syndicom et SSM et l’association de journalistes impressum ont élaboré un guide rédactionnel à l’intention des journalistes pour les aider à éviter les stéréotypes et les discriminations dans leurs propres articles. Notamment en se posant les questions suivantes : La description de caractér istiques extérieures est-elle vraiment utile au propos de l’article ? Est-ce que je connais une femme qualifiée à qui m’adresser pour telle ou telle interview ? Les femmes sont-elles évoquées implicitement dans mon article, ou devrais-je les mentionner expressément ? Pour Stephanie Vonarburg, secrétaire centrale de la branche Presse et médias élec-

troniques de syndicom, ces conseils pratiques très simples sont essentiels pour lutter contre la sous-représentation des femmes dans les médias. « En collant aux stéréotypes de genre, les médias cimentent l’image traditionnelle des rôles et empêchent l’égalité de progresser. »Si nous voulons changer la donne, nous devons abandonner les clichés et tendre vers une représentation plus équilibrée des femmes et des hommes dans les médias. » Les revendications des syndicats pour l’égalité des salaires et l’accès des femmes aux échelons dirigeants des médias sont plus actuelles que jamais. Guide de rédaction non sexiste en français sous : www.syndicom.ch/gendergerecht


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syndicom | N° 05 | 3 juin 2016 prix femmes et médias 2016

Faire avancer l’égalité dans les médias La troisième édition du Prix Femmes et Médias, lancé en 2010 par la Conférence romande de l’égalité et dont syndicom est l’un des partenaires financiers, a connu son épilogue mardi 3 mai sur le bateau Genève. Trois prix et un prix spécial ont été décernés ce soir-là par un jury présidé par Myret Zaki, rédactrice en chef de Bilan. Patricia Alcaraz *

Dominique Har tmann, 52 ans, a obtenu avec ses collègues Drompt et Musadak la première distinction du Prix Femmes et Médias. Elle travaille au Courrier depuis 2007. Elle est corédactrice en chef depuis octobre 2013. Elle a obtenu une licence en lettres à l’Université de Genève, puis a effectué son stage RP au journal de l’ATE. Elle a ensuite été engagée au Courrier pour la rubrique Culture, puis à la rubrique Société.

Laura Drompt, 28 ans, première distinction du Prix Femmes et Médias avec ses collègues, travaille au Courrier depuis février 2013. Elle est responsable de la rubrique Suisse. Elle a effectué un bachelor en égyptologie (Genève), puis un master en journalisme à l’Université de Neuchâtel. Son parcours éclectique lui a permis de devenir guide au Musée romain de Nyon, de travailler comme recherchiste à la RSR et comme journaliste à la Tribune de Genève avant d’être engagée au Courrier.

Albertine Bourget, 40 ans, a reçu le prix Coup de cœur du Prix Femmes et Médias. La journaliste freelance est arrivée en Suisse en 2000 après des études de littérature et un master en journalisme bilingue à Paris. Installée à Berne, elle collabore avec divers journaux et magazines romands mais aussi alémaniques ou français. Son profil de généraliste lui permet d’aborder tous les styles et tous les lieux.

1. Ce prix est un bel encouragement, et cette reconnaissance rejaillit sur toute l’équipe. Car l’attention à l’égalité entre hommes et femmes est largement partagée au sein de la rédaction. 2. Même si les femmes sont de plus en plus présentes dans certains secteurs de la société, et à des postes élevés qui en font des expertes, elles restent peu représentées dans d’autres. Ce qui complique le travail des journalistes. Et témoigne du fait que les habitudes changent lentement. Les nôtres aussi. Nous devons rester attentifs à notre façon de mettre en scène les femmes, mais aussi aux rôles auxquels elles ont accès au sein d’une rédaction. 3. Je ne me suis jamais sentie discriminée en tant que femme, dans ce métier. Cela tient peut-être au fait que je travaille dans une petite structure, où la prise de parole est plus aisée, le temps partiel partagé par tous. Malgré cette sensibilité, Le Courrier a toujours eu des rédacteurs en chef masculin, à l’instar du reste des médias. Les changements sont notables actuellement. De 2013 à 2016, Le Courrier a eu deux corédactrices en chef, aujourd’hui, une, puisque ma collègue Christiane Pasteur est en congé maternité. 4. Il faut rester attentif, notamment à tout ce qui menace la présence des femmes dans l’espace public. L’égalité n’est pas seulement une valeur que nous défendons : il y a une logique journalistique à s’y intéresser. Identifier les liens de causes à effets, « désenchevêtrer » les faits, interroger les évidences, les journalistes s’y emploient au quotidien.

1. J’ai été surprise par l’ampleur des réactions. Nous avons reçu de nombreuses marques de soutien, du lectorat, de la part des autres journalistes, des milieux de l’égalité… Ça fait du bien ! On réalise que notre journal n’est pas tout seul, que notre suivi régulier des questions de genre et sur l’égalité est reconnu. En fait, c’est toute la rédaction qui a été valorisée. Le prix ne changera rien de fondamental dans mon travail. Je le prends plutôt comme une incitation à poursuivre une réflexion de fond sur ces thématiques de genre. 2. Cela avait été l’objet d’un numéro spécial du Courrier. Et les statistiques sont dramatiques. On peut pourtant y remédier, en réfléchissant aux intervenantes possibles en amont de la préparation d’un sujet. On peut se faire des listes de spécialistes. Mais les journalistes se heurtent aussi au manque de représentativité des femmes dans les hautes sphères politiques ou académiques. 3. Je crois que ça me donne une sensibilité à des thématiques labellisées « femmes » : droit à l’avortement, emprise sur le corps des femmes, manque de figures auxquelles s’identifier… Heureusement, mes collègues masculins du Courrier partagent aussi ce regard. Personnellement, j’ai la chance de ne jamais avoir été freinée dans mon travail en raison de mon sexe. Je me suis construite avec des modèles de femmes en tête, comme Florence Aubenas ou Anne Nivat, qui m’ont toujours donné envie de me lancer dans le reportage… 4. Continuer comme avant !

* Secrétaire régionale en charge de la branche Médias Lien pour lire les articles et écouter les émissions primées : www.egalite.ch/femmesmedias.

PHOTO YVAIN GENEVAY / LEMAT IN

Une version plus complète de ce texte se trouve sur notre site : www.syndicom.ch

1. Ce prix est arrivé alors que je m’interrogeais sur la suite à donner à mon parcours. C’est pour moi un encouragement à continuer dans ce métier, et à traiter de sujets variés. Mon profil de généraliste a pu me desservir, j’ai été d’autant plus ravie de voir saluée la diversité des sujets que j’ai traités. 2. Depuis quelques années, notamment grâce à ces études, je suis plus attentive à mettre en avant des femmes. Et j’essaie de faire intervenir des expertes quand c’est possible. Même si certaines refusent selon le média ou la thématique. Par exemple, des femmes d’affaires n’ont pas voulu donner suite à mes questions sur la conciliation vie privée-vie professionnelle. 3. J’ai rarement ressenti du sexisme de la part de collègues. Parfois chez certains qui ne bronchent pas quand tu dis quelque chose en séance et qui applaudissent si ton collègue masculin dit la même chose, ça, oui. C’est plus compliqué quand la hiérarchie entre en jeu. J’ai vu des hommes se braquer quand, en tant que responsable, je formulais une demande ou une critique, et des chef·fe·s me sortir des réflexions condescendantes ou inouïes, qu’ils n’auraient jamais faites à un homme. 4. Etre correspondante à New York, ça me dirait bien !

les questions Patricia Alcaraz a posé les quatre questions suivantes aux gagnantes des prix Médias. 1. Tes impressions suite à ce prix ? Est-ce que cela va changer quelque chose ? 2. Ton regard sur les statistiques évoquées dans l’enquête whomakesthenews 2015 sur la représentativité féminine dans les médias ? 3. Ta propre situation de journaliste femme romande. 4. La suite après le prix ?

Sophie Roselli, lauréate le 27 avril du premier prix du Swiss Press Award, catégorie Presse écrite pour son enquête sur le djihadisme parue le 28 août 2015. Elle a 39 ans, est journaliste RP depuis 2003. Elle a réalisé son stage au journal La Côte, avant d’être engagée comme cheffe de la rubrique vaudoise au quotidien 20 Minutes en 2006. Après, notamment, un passage au Matin Dimanche et une année comme free-lance en Australie, elle a rejoint la Tribune de Genève en 2010. En 2014, elle a suivi une formation en journalisme d’investigation à l’Université Columbia de New York. PHOTO LDD

dans Femina et deux dans « sept.info », qui montrent son approche originale du thème de l’égalité. Le prix « 20 ans de la LEg » a été décerné à l’émission Babylone de Nancy Ypsilantis, de la RTS.

PHOTO RMR

d’enfants, soins infirmiers, éducation, tâches ménagères, veille des personnes âgées, assistance aux proches malades : autant « d’activités » qui cachent le travail souvent non rémunéré et peu valorisé de plus de 100 000 personnes, essentiellement des femmes. Pour le deuxième prix, le jury a distingué Pierre-Yves Moret pour son émission « La place à part des femmes dans l’Eglise » dans le magazine Hautes Fréquences, diffusée sur La Première. Le travail d’Albertine Bourget, journaliste indépendante, a reçu le prix Coup de cœur du jury. Elle a été distinguée pour trois articles parus

PHOTO PATRICK GUTENBERG

La troisième édition du Prix Femmes et Médias, lancé en 2010 par la Conférence romande de l’égalité et dont syndicom est l’un des partenaires financiers, a connu son épilogue mardi 3 mai sur le bateau Genève. Trois prix et un prix spécial ont été décernés ce soir-là par un jury présidé par Myret Zaki, rédactrice en chef de Bilan. Le premier prix a récompensé un travail collectif de trois journalistes du Courrier, Dominique Hartmann, Laura Drompt et Mohamed Musadak. Le dossier avait été rédigé le 8 mars 2015 à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes et portait sur le « care ». Garde

1. C’est un honneur d’avoir reçu cette récompense de la profession. C’est aussi une responsabilité. Cela donne en plus une belle visibilité à la Tribune de Genève, à une période où l’on se bat pour subsister. Le travail d’enquête est l’une des clés de notre survie, pour nous démarquer et nous rendre attractif. J’espère que nous aurons les moyens de continuer à le faire. 2. Dans les médias suisses, 75 % des personnes mentionnées sont des hommes. Je ne pensais pas que le déséquilibre était si fort. Cela m’encourage à en tenir compte. Il est tout aussi surprenant de voir que le nombre de femmes journalistes a diminué de 5 % en cinq ans. L’étude n’apporte pas d’explication. Est-ce lié au fait que le métier est de plus en plus dur, par rapport aux horaires, à la masse de travail toujours plus importante, et aux pressions ? 3. Depuis mes débuts en 2001, j’ai parfois été confrontée à des remarques sexistes. Cela m’est arrivé récemment dans le cadre de ma couverture du domaine de la sécurité. Le fait de traiter des sujets politiques sensibles vous expose davantage. 4. Je reste une localière généraliste. Je me nourris de chaque rencontre. J’espère pouvoir continuer à mettre en lumière les failles de notre société pour alimenter le débat démocratique.


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syndicom | N° 05 | 3 juin 2016

lut te contre les discriminations

La diversité, un atout pour les organisations Dans un contexte mondial de mutations sociales, démographiques, économiques et culturelles, la gestion de la diversité des genres, des cultures et des générations devient de plus en plus importante dans les organisations, les entreprises publiques et privées. Au-delà des discours de marketing, l’idée a bel et bien fait son chemin. Ihsan Kurt * tir le sujet. Si, au départ, le management de la diversité est resté centré sur le recrutement et a été pris en charge par la fonction « ressources humaines », il est maintenant un axe stratégique majeur et implique l’ensemble du cycle de carrière et de gestion des salariés.

De plus en plus d’entreprises privées et publiques déclarent s’engager pour l’égalité salariale et pour des politiques de gestion des ressources humaines (GRH) non discriminatoires, à l’embauche et dans l’emploi, en développant des actions de promotion de la diversité des genres, des cultures et des générations.

la suisse en retard

Pas un concePt nouveau Si le concept de la diversité dans l’entreprise peut paraître nouveau en Suisse, ce n’est pas le cas pour d’autres pays. Depuis les années 1980 en Europe, et depuis plus de cinquante ans aux Etats-Unis et au Canada, la gestion de la diversité de la main-d’œuvre fait son chemin. La notion de diversité est apparue au début des années 1990 aux Etats-Unis après l’échec des politiques « d’affirmative action » mises en place dans les années 1960 afin de résoudre les discriminations subies en particulier par la minorité noire. Les mesures de discrimination positive n’ont pas pu faire évoluer les mentalités. C’est pourquoi cette approche a abouti au développement du concept de management de la diversité aux Etats-Unis et en Europe.

discriminations Persistantes Malgré un arsenal juridique fort en Europe et aux Etats-Unis, les discriminations sur cer-

taines dimensions de la diversité (genres, cultures, âges, handicap, etc.) peuvent persister sous différentes formes : discrimination à l’embauche, déqualification professionnelle, limitation de l’évolution de carrière, différence dans l’accès aux formations, dans l’application des sanctions et des licenciements, niveau de rémunération plus bas, etc. Après être entré dans les entreprises privées, le management de la diversité est aujourd’hui également ancré dans la vie des services publics et parapublics, quoiqu’avec des rythmes différents. Certains pays peuvent déjà en évaluer les effets bénéfiques, tant sociaux qu’économiques, alors que d’autres pointent du doigt l’urgence de mieux inves-

La Suisse est critiquée depuis longtemps pour n’avoir pas offert une protection suffisante contre la discrimination. C’est pourquoi des enceintes internationales ont recommandé à plusieurs reprises à Berne de renforcer cette protection, notamment dans le domaine privé. La Suisse doit par ailleurs souvent affronter la comparaison avec l’UE dont l’évolution en matière de protection contre la discrimination est très dynamique. Au-delà des politiques, l’idée de « management, diversité, égalité des chances » fait son chemin sur le marché du travail, notamment dans les entreprises privées. Par contre, les services publics ne semblent pas encore en avoir pris conscience. Ils devraient pourtant montrer le bon exemple en raison de leurs responsabilités d’intégrateurs pour la cohésion sociale.

*Membre de syndicom, auteur d’un mémoire sur la gestion de la diversité, IDHEAP (UNIL)

eXemPles concrets de Politique de la diversité Au sein de l’entreprise ou de l’organisation, la diversité doit devenir un atout. Pour y parvenir dans les faits, il est important de mettre en place une politique cohérente – avec la participation de toute l’organisation. Pour cela, diverses possibilités existent : • Mesures visant la flexibilité du temps de travail et facilitant le quotidien : crèches, services • Mesures d’aide à la carrière : coaching après des congés et absences de longue durée • Mise en place du parrainage et des réseaux de femmes • Organisation de cours de langue gratuit pour les collaborateurs souhaitant perfectionner leur niveau • Organisation de soirées, journées au vert multiculturelles autour des spécialités culinaires


Actualités | 11

syndicom | N° 05 | 3 juin 2016 Portrait

Une factrice qui n’a pas froid aux yeux Passionnée par les pays du Nord, Corinne Morhan prend un malin plaisir à accomplir ses fonctions de factrice à La Brévine. Rencontre tout en simplicité avec celle qui a repris la tête de la section Arc jurassien. Aude Haenni * « Quand on part en Scandinavie faire du ski de fond avec Laurent, mon ami, je transporte 40 kg sur ma Pulka, un traîneau d’expédition. On prévoit nos affaires, de quoi se nourrir et on voyage de cabanes en cabanes… C’est un univers particulier, mais il me plaît. » Lorsque l’on écoute Corinne Morhan nous raconter ses périples dans le Nord, que l’on apprend que ses mains ont gelé à plusieurs reprises et qu’elle s’est déjà retrouvée face à face avec un ours brun, on se dit qu’à côté, distribuer des lettres et des colis aux habitants de la « Sibérie de la Suisse » n’est qu’une formalité.

sous le charme de la Brévine Jusqu’au jour où elle décide de suivre une première formation pour le compte de La Poste, au Val-de-Travers. « Ils recherchaient des personnes en possession d’un CFC pour travailler au guichet », expliquet-elle. Le contact avec la clientèle lui plaît, mais la pression au niveau de la vente un peu moins. S’ensuit alors une deuxième formation dans les petits bureaux de poste, pour des remplacements. « Remplacer les buralistes, faire de la comptabilité, la tournée, c’était intéressant, mais ça me stressait pas mal. Il y avait beau-

les gens. Ici, ce n’est pas la ville. Ils nous connaissent, nous attendent. » Et si elle se voit continuer à se lever à 5 h 30 du matin pendant quelques années encore pour parcourir une cinquantaine de kilomètres dans la vallée, la quadragénaire ne se fait pas d’illusions : le métier ne pourra pas rester tel qu’il est. « On ressent beaucoup de pression, surtout où l’on habite, avec ces maisons isolées… Et il y a aussi la façon dont les tournées sont regroupées : il faut toujours faire en moins de temps ». Non sans parler de l’incompréhension des gens qui continuent à soulever le problème des tarifs qui augmentent et des prestations des facteurs qui se réduisent.

coup de responsabilité, de déplacements à droite à gauche dans le canton. » C’est justement grâce à un remplacement à La Brévine que Corinne Morhan tombe sous le charme de la région : « Je me suis dit que ce serait cool de déménager là, dans une ferme isolée, loin du village ! » Treize ans plus tard, les amoureux y vivent toujours. L’insouciance est bien loin, les voyages d’une durée de six mois aussi. Corinne Morhan est bien installée et s’investit pleinement dans son travail de factrice, qu’elle accomplit avec plaisir depuis douze ans. « J’aime ce contact avec

le 4×4, les Pneus clous et les cramPons

comBat tre les injustices

PHOTO AUDE HAENNI

Il n’empêche, l’aventurière avoue que dans la vallée de La Brévine, au niveau des conditions, « ça peut être assez sport ». « J’aime la neige, j’aime conduire. Mais heureusement qu’on a le 4 × 4, les pneus clous et les crampons ! Et il est clair qu’il y a des journées plus pénibles que d’autres, comme lorsque c’est un jour blanc et qu’on ne voit pas la route. Ou quand il pleut ; c’est le pire pour ma part. » Certains oseraient avancer qu’il faut être né à la Brévine pour y vivre. Pourtant Corinne Morhan, elle, a vu le jour à Liestal (Bâle-Campagne) en 1973. Ses parents déménagent à Prilly, alors qu’elle est âgée de 2 ans, puis dans le canton de Neuchâtel, où elle fait toute sa scolarité. Ainsi que son apprentissage d’employée de commerce. « Ce n’était pas très intéressant, mais j’y ai acquis des bases. J’avais surtout envie d’être indépendante financièrement », donne-t-elle comme unique explication. Et d’assouvir sa passion des voyages, semble-t-il aussi. « Dès le moment où j’ai rencontré Laurent, on a fait de grands voyages, raconte-t-elle. On partait, on revenait, on travaillait un peu, on quittait le boulot, on rendait l’appartement et on repartait. Ça a duré des années. »

Les injustices justement, Corinne Morhan a toujours essayé de les combattre. Dotée d’un caractère critique, c’est tout naturellement qu’elle s’est mise à assister aux assemblées de syndicom « pour avoir une connaissance globale de la convention, des obligations et des droits des employés ». Et c’est pour « donner un coup de main » comme elle le dit elle-même que la factrice s’est retrouvée en avril 2015 à la tête de la section de l’Arc jurassien Médias-PosteTélécom. « Le président voulait arrêter, il m’a approchée, j’ai dit oui », expliquet-elle simplement. Depuis, la Brévinière « essaye de faire ça bien », même si elle admet qu’il n’est pas évident de se retrouver propulsée à un tel poste. « C’est intéressant, mais il y a beaucoup à faire, entre les séances et la masse de documents à gérer. Et je trouve particulier de me retrouver en charge de secteurs que je ne connais pas. J’espère que l’on sera indulgent avec moi. » Avec pour devise « aider les gens et les informer », la présidente part déjà du bon pied.

* Journaliste free-lance RP et photographe

droit au But

« Je suis actuellement en incapacité de travail partielle, sur la base du certificat médical que m’a délivré mon médecin. Bien que j’aie transmis ce certificat à mon employeur, celui-ci me demande régulièrement de travailler à un taux plus élevé que celui autorisé selon le certificat. » Si tu ne peux travailler qu’à un taux réduit par rapport à ton taux d’occupation habituel, en raison d’une maladie ou d’un accident et sur la base d’un certificat médical, ton employeur doit respecter ce taux réduit prescrit par le médecin. S’il ne le fait pas et te demande de travailler plus, il viole son obligation de protéger ta santé découlant de l’art. 328 CO.

Mon employeur peut-il planifier librement mon temps de travail ? Si ton certificat médical ne précise pas le nombre d’heures

maximal que tu peux faire par jour, ton employeur est libre de planifier ton temps de travail (dans les limites de ton contrat de travail), pour autant que ton taux d’occupation réduit soit respecté sur l’ensemble d’une semaine. Si ton horaire de travail est réglé par un plan de travail, il faut vérifier, dès que tu le reçois, que ton temps de travail par semaine soit respecté. Si tes jours de travail sont fixes, ton chef ne peut te demander de faire des heures dépassant ton taux de travail réduit que s’il te laisse la possibilité de les com-

penser dans les jours qui précèdent ou qui suivent.

Comment dois-je réagir ? Si ton taux d’occupation réduit n’est pas respecté (soit sur le plan de travail, soit par des heures supplémentaires non compensées), tu dois immédiatement informer ton employeur de ce fait, de préférence par écrit (un e-mail suffit), et lui demander de rectifier le dépassement de ton temps de travail. Prends aussi rapidement contact avec syndicom afin d’être conseillé et soutenu dans tes démarches. Si ton employeur ne réagit pas ou refuse d’adapter ton temps de travail, tu peux le faire toimême en l’informant préalablement par écrit que tu es contraint d’adapter ton temps

de travail afin qu’il ne dépasse pas ton taux de travail réduit, et en lui indiquant précisément les réductions que tu prévois. Il faudra toutefois veiller à informer ton employeur suffisamment à l’avance, afin qu’il puisse s’organiser et que ton absence ne lui cause pas de préjudice.

Qu’est-ce que je risque si je ne réagis pas ? Le risque est avant tout médical, puisque ton état de santé pourrait s’aggraver si tu travailles plus que ce que ton médecin a autorisé. Si ce risque se réalise et que tu n’as pas contesté la surcharge de travail auparavant, ton employeur pourrait ne pas être tenu responsable des conséquences. A certaines conditions, tu pourrais aussi ne plus être

PHOTO MARGARETA SOMMER

Mon employeur respecte-t-il mon incapacité de travail partielle ?

protégé contre un licenciement pour cause de maladie.

Quelles sont les conséquences d’un non-respect par mon employeur ? Si ton employeur n’a pas respecté son obligation de protéger ta santé malgré ta contestation, et que la surcharge de travail a directement provoqué une atteinte à la santé, il pourra être tenu de supporter les conséquences financières de cette atteinte.

Florine Monbaron, avocate, collaboratrice du service juridique


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syndicom | N° 05 | 3 juin 2016


Actualités | 13

syndicom | N° 05 | 3 juin 2016 brèves syndicales

retraités de la section arc Jurassien

Genève - Près de quatre-vingts personnes dont un certain nombre de militants de syndicom se sont rassemblées le 24 mai près de la gare, afin de protester contre les mesures mises en place par l’Office cantonal de l’emploi (OCE) en matière de chômage. Leurs reproches ? Le Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS) multiplierait les mesures à l’encontre des demandeurs d’emploi. La dernière en date, qui s’inscrit dans une série de serrages de vis, concerne le nombre de recherches d’emploi mensuelles imposé aux chômeurs. A partir du 1er juin 2016, les demandeurs d’emploi devront produire dix recherches d’emploi par mois au minimum, au lieu de cinq actuellement, et cela quelle que soit la situation de la personne. Selon la présidente de la Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), Manuela Cattani, cette mesure

accroît la pression sur les assurés et les contraint à accepter n’importe quel travail, même éloigné de leur domaine de compétences, dans le but d’éviter de se retrouver expulsés du chômage. D’autres mesures fâchent également, parmi lesquelles le refus d’indemnisation en cas d’arrêt maladie d’un demandeur d’emploi. Ainsi, la CGAS dénonce la pratique de l’OCE qui consisterait à nier les droits aux prestations cantonales pour maladie (PCM) lors d’une incapacité de travail, en « faisant estimer par des médecins-conseils qu’il s’agit de cas de rechute d’une maladie antérieure à la période de chômage ».

Extrait de l’article d’Emilie Lopes Franco paru dans Le Courrier du 25.5.2016

La Suisse bientôt sur la liste noire de l’OIT ? Lors de la prochaine conférence annuelle de l’Organisation internationale du travail (OIT), du 30 mai au 11 juin prochains à Genève, la Suisse devra expliquer devant une commission pourquoi elle ne protège pas suffisamment les droits des représentant·e·s syndicaux. Si elle ne s’adapte pas au droit international, elle risque d’être inscrite sur une liste noire. Cette année, la commission de l’OIT qui est responsable du respect des conventions a publié un rapport sur la Suisse. Et il n’est pas tout rose : la Suisse fait preuve d’importants manquements quant au respect des conventions 87 et 98 qui protègent la liberté syndicale. A la suite d’une plainte de l’USS, elle n’a toujours pas mis en œuvre les recommandations faites par l’OIT. Le rapport constate que les personnes licenciées parce qu’elles se sont engagées pour les intérêts des salarié·e·s, dans le cadre de négociations conventionnelles par exemple, ou d’autres activités syndicales, ne bénéficient pas d’une protection légale suffisante. C’est aussi le cas des lanceurs d’alerte.

Dans ces cas, en guise d’indemnités, le droit suisse des obligations ne prévoit que six mois de salaire au maximum. Dans les faits, on obtient généralement deux à trois mois de salaire au maximum : c’est une honte pour des victimes de licenciements abusifs qui ne retrouvent souvent plus de travail pendant des années, et doivent même parfois vivre de l’aide sociale. La réintégration des salarié·e·s doit par exemple être possible dans certains cas. Ensuite, les sanctions prononcées par les tribunaux doivent être plus sévères afin d’augmenter le pouvoir d’appréciation de la justice. Il n’est en effet pas possible qu’une sanction maximale de six mois de salaire soit prononcée autant pour Nestlé que pour le garagiste du village. Les syndicats sont clairs : la Suisse doit enfin mettre en route des réformes de la protection contre le licenciement. Si la Suisse continue à tergiverser, elle finira sur une liste noire de l’OIT.

Luca Cirigliano, secrétaire central USS

auteurs de chez nous

Montbovon se trouve A la réception du livre intitulé Montbovon écrit par le journaliste Christian Campiche, paru aux éditions de L’Aire à Vevey, la première question qui me vint à l’esprit, c’est : « mais où se trouve Montbovon ? C’est un village de chez nous mais qu’est-ce qui peut bien s’y passer ? » Heureusement, ma curiosité étant plutôt pointue, j’ouvris le livre et ne pus plus le refermer avant la page 134, c’est-à-dire la dernière. C’est que ce livre a éveillé en moi des souvenirs que je croyais gommés de ma mémoire depuis plus de soixante ans, du temps de mon adolescence dans mon village natal de Boncourt. Montbovon n’est pas loin de Château-d’Œx, c’est là que le train emmena l’interné polonais appelé « le Régent » qui se dirigea ensuite vers Gérignoz, un hameau hébergeant des baraquements de soldats polonais, internés et astreints à construire une route à flanc de coteau. Chaque homme recevait Fr. 1.50 par jour. Mais la Suisse espérait bien récupérer tous les frais occasionnés

par ces étrangers par l’entremise du gouvernement polonais provisoire établi en Grande-Bretagne, hélas espoir déçu ! L’auteur fait un vrai travail d’historien en relatant la vie des émissaires, des banquiers, réfugiés en Suisse, particulièrement au château de Rougemont. C’est dans ce château que le « régent » peaufinait une nouvelle vocation d’espion ! Il remarqua que tous les documents signés par le délégué allemand se terminaient par Heil Hitler. Parvenu à se faufiler dans le souterrain du château il y découvrit des armoires en acier, couvrant les parois. A travers les grillages on pouvait voir, par centaines, des barres d’or qui s’entassaient les unes sur les autres. Peu à peu les camps d’internement ont évolué. Les règles se sont relâchées. Les paysans ont embauché des Polonais pour faire les foins, récolter les pommes de terre, cueillir les fruits, et les filles les ont trouvés beaux ! C’est là que jeune adolescente j’ai fait la connaissance d’Edeck, engagé à la ferme de mes oncles

où je logeais tout l’été. J’étais trop gamine pour avoir une histoire d’amour avec un homme mûr, mais j’ai conservé dans un tiroir toutes les lettres qu’il m’a envoyées après son départ et c’est ainsi que le livre Montbovon m’a fait ouvrir le tiroir, au grenier, et relire un morceau de mon enfance. Il doit y avoir des tas d’autres souvenirs qui logent dans des greniers et attendent que Christian Campiche vienne les réveiller, avec une écriture d’une justesse quasiment historique et pourtant empreinte de délicatesse, de tendresse toujours sous-tendue d’humour.

Mousse Boulanger

Montbovon, Christian Campiche, Editions de l’Aire, Vevey, 2015, 25 fr.

Assemblée générale du 16 mars Gabriel Cuany, notre président, salue les 59 personnes présentes et en particulièrement Corinne Morhan (voir p. 11), nouvelle présidente de section, Jean-François Donzé et Francisco Pires (Unia). Dans son rapport annuel, Gabriel constate une fois de plus que 2015 n’a pas apporté de cadeau aux retraités : pas de renchérissement du côté des rentes, pas de versement unique de la caisse de pensions, pas d’augmentation des bons de l’entreprise La Poste, malgré les bons résultats, Du côté syndical, Gabriel souligne le bel élan de solidarité de la population contre la suppression progressive de la livraison du courrier par La Poste dans les habitations isolées. Le Géant jaune ferme les bureaux à la

vitesse grand V. Notre président y voit une perte des prestations et la création d’un désert postal dans notre pays. Concernant le bilan des activités 2015, le bilan est positif. Pour revivre les courses, notre président recommande la lecture des articles parus dans le bulletin de section, dans le journal ou encore sur le site internet de syndicom sous la plume de Frédéric Jeanneret, Otto Hurni ou Adrien Mercier. Après l’assemblée, les membres ont partagé un apéritif offert par la section.

Adrien Mercier Compte rendu complet et photos sur www.syndicom.ch/fr/gi/retraites/ groupes-regionaux

PHOTO RODOLPHE AESCHLIMANN

Les chômeurs refusent les mesures de « flicage »

carnet

Grand sans limite De ses carnets de notes, donner le nombre nous serait impossible. Impossible à compter, impossible intérêt à le faire. Vingt-cinq années d’une écriture impossible à délimiter, à définir, car ce serait comme de l’enfermer, car l’écriture ne compte pas les années qu’elle vole à un écrivain ; elle avance ou raisonne à son rythme. Voici donc sept titres, parus d’un seul coup, comme pour reprendre un souffle avant de poursuivre, comme pour regarder le chemin parcouru, comme pour se donner le temps de relire avant un nouvel élan, comme pour tenir la matière entre ses mains. Ou comme pour rassembler sa famille. Sept titres aux sept éditeurs différents mais aux couvertures, formats et papiers identiques. Une gageure. Une réussite. Sept faces d’un même livre. Dont celles-ci : Fantaisies et Jusqu’au cerveau personnel, édités à Genève, les autres l’étant à Marseille, Lyon, Paris. Alors d’abord on regarde ces sept, à la couverture blanc cassé. Ils sont uniformes et distincts. Tous les titres regroupés sur la couverture, façon menu. On ne quête ni la structure, ni la forme, le sujet, mais la poésie, déroulée là en continu, en ces centaines de pages. Elle interroge la vie autant que la matière de l’écriture. Elle est le carnet de ses jours, de ses joutes, de son goût de la langue, à lui, dont on sait bien peu. « Je ne crois pas me leurrer en affir-

mant que c’est en toute logique / qu’aujourd’hui je peine. (p. 22) […] Mum a relevé chez Darty la référence de la cuisinière Brandt qui l’intéresse : 455. Je cherche sur le Net le prix de cette / : 455 euros. Il est donc de fabuleuses coïncidences. (p. 113) ». Parfois des trous, ou des cercles, au fil des pages. Des dessins graphiques. De l’espace. Surtout le fil d’une pensée qui nous emmène loin, non par ce qu’elle dit mais parce qu’elle le dit comme elle le souhaite, en une liberté première, enfantine, qui résonne comme un jeu. De mots l’air de rien, de rien du tout, et puis d’autres. Assurément l’auteur s’est amusé autant qu’il a livré bataille. « Les vérités qui montent n’en sont pas toutes de grandes, mais chacune, pour insignifiante qu’elle soit et avant de s’éteindre, tient compagnie, comme ce caillou entre dix mille ou cette feuille que mes yeux lèvent et portent devant eux afin de jouir de leurs formes ou couleurs puis rendent à l’existant aveugle ou glissent dans la poche pour encore. » Ce livre ? Un bout, l’un des bouts des sept livres, que l’on peut prendre par n’importe quel bout, pour tout un livre.

Karelle Ménine Philippe Grand. Jusqu’au cerveau personnel, Héros-Limite, Genève, 2015, 25 fr. 20


14 | Service

syndicom | N° 05 | 3 Juin 2016

formation

agEnda

MOVENDO L’institut dE formation dEs syndicats

Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71, info@movendo.ch Séminaire de base pour membres de représentations du personnel des secteurs privés et publics couverts par les syndicats F1.7.1604, 13-14 juin ; Hôtel de France, Ste-Croix. Droits et devoirs d’une représentation du personnel – Compréhension de ses tâches et de son rôle – Sensibiliser et motiver ses collègues de travail. Intervenants : Raphaël Bourquin (SSP), Achille Renaud (Unia). Crise et austérité, quelles sont les alternatives possibles ? F1.2.1606, 15 juin ; Hôtel Préalpina, Chexbres. Banques centrales – Banques commerciales – Création de la monnaie – Traités économiques – Endettement public – Privatisation – Paupérisation. Intervenant : Samuel Bendahan (économiste, chargé de recherche).

PROGRAMME DU 14 JUIN EN ROMANDIE

25 ans de la grève des femmes Ce 14 juin 2016 marque les 25 ans de la grève des femmes et les 20 ans de la Loi sur l’égalité. Mais dans les faits, l’égalité entre femmes et hommes n’est encore qu’un leurre... C’est pour cela qu’il est important de continuer à thématiser les inégalités entre femmes et hommes dans l’espace public. Voir nos pages 8 à 10 !

FRIBOURG

Nouvellement créé, le CIFF (Cartel intersyndical féministe fribourgeois), rassemblant les femmes de l’Union syndicale fribourgeoise, vous propose Contrôler et appliquer l’égalité des salaires F1.2.1602, 21 juin ; Espace Dickens, Lausanne. Loi fédérale sur l’éga- tout un programme pour cette journée du 14 juin : lité – Agir sur son lieu de travail – Exemples pratiques – Rôle du syndicat. Intervenantes : Michela Bovolenta (SSP), Dès 15 h sur la place Python, venez goûter nos « gâteaux inégalitaires ». Magdalena Rosende (sociologue). Action de rue et lancement de la campagne AVSplus au programme. Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sont A 18 h 30 à l’Ancienne Gare, projection du documentaire Madame fait grève pris en charge par le syndicat. Après réception de votre inscription, nous vous informons des conditions auxquelles relatant la grève des femmes de 1991. Cette projection sera suivie d’une vous pouvez participer à la formation choisie. discussion et d’un apéro. Lien de l’événement Facebook pour la journée : Mots-croisés syndicom avril 2016 http://bit.ly/1WjHz8t SECTEUR MÉDIAS cours dE pErfEctionnEmEnt 2014 – inscriptions sur www.hELias.ch SOLUTIONS

GENÈVE

Outside the screen – Fabricants d’images (workshop). 9 septembre, 9 h 15-16 h 30. Animateurs : Karen Schmutz, graphic designer SGD | Hadrien Gliozzo, graphic designer SGD. Workshop de deux jours pour explorer le processus I de création d’un visuel. Ouvert à toutes les personnes curieuses. Lieu : Nordsix Design graphique, place du Nord 6, 1005 Lausanne, www.nordsix.ch. Délai d’inscription : 16 août II Implémenter PDFX-ready. 28 octobre, 09 h 15-16 h 30. Animateur : Gilles Fossé, UGRA certified expert. LieuIII: Imprimerie Saint-Paul. Délai d’inscription : 4 octobre.

12 h à 14 h : Action symbolique à la place du Molard. Jeu de massacre en 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 faveur de l’égalité des salaires et distribution de tracts. T 18 R h : Apéritif B Rfestif E auV Café E Livresse, T A Vignier C O 5. U Dès rue Org.P: CommunautéR genevoise d’action syndicale (Unia, SIT, syndicom, SEV, SSP, syna), ParE G A C O O M B L E O ti socialiste, solidaritéS, Les Verts, Lestime. A

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La photographie numérique, atelier théorique et pratique. 14 novembre, 9 h 15-16 h 30. Animateur : Luca V Carmagnola. Lieu : rue du Nord 4, Vevey. Délai d’inscription : 19 octobre.

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Création de sites Internet avec Adobe Muse. 21 novembre, 9 h 15-16 h 30. Muse, un outil simple pour créer des VII sites attractifs et visibles sur tous les supports ! Animateur : Tony Manganelli. Lieu : Imprimerie Saint-Paul. Délai d’inscription : 1er novembre 2016. VIII 2016.f.15 intErnEt, commEnt utiLisEr LEs canaux dE communication

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1 jour, le 23 juin 2016, de 17 h à 20 h XI Délai d’inscription : 14 juin 2016 XII Animateur : Stéphane Koch* XIII Lieu : ERACOM, rue de Genève 55, 1004 Lausanne Nombre de participants : Minimum 10, maximum 20 personnes Inscription : en ligne Frais : Catégorie 1 : CHF 0.–, pris en charge par syndicom / syna ; Catégorie 2 : CHF 0.–; Catégorie 3 : CHF 50.– Pour les membres des syndicats syndicom et syna, ainsi que les travailleurs qualifiés qui payent la cotisation de formation, la conférence est gratuite. Pour les non-membres le prix est de CHF 50.–. L’inscription est obligatoire. A l’issue de la conférence vous recevez une attestation de participation. Contenu Spécialiste du Web très médiatisé, Stéphane Koch (photo) intervient depuis plus de quatorze ans dans le cadre de formations sur les utilisations professionnelles du Net et des technologies de l’information et de la communication. Enseignant et formateur dans le domaine de la communication et de la sécurité de l’information, il déploie son activité de Genève à Paris en passant par Neuchâtel et Lausanne. Apprécié pour sa capacité de synthèse, Stéphane Koch livre régulièrement des chroniques à la Radio suisse romande. C’est donc une chance et un privilège de pouvoir bénéficier de ses précieux conseils. Est-il encore possible de gérer son image, privée et professionnelles sans maîtriser la sécurité de ses données ? Avec l’intégration croissante des technologies de l’information et de la communication dans le fonctionnement de notre société, maîtriser ses canaux de communication est devenu indissociable de la gestion de son identité numérique, respectivement de sa réputation et de celle de son entreprise. Cette maîtrise est maintenant aussi constitutive de la pérennité économique d’une activité professionnelle. Les risques inhérents à la dématérialisation des données – sur sa sphère privée ou professionnelle – sont de manière générale encore peu présent dans les consciences, ou sous-estimés par la plupart des utilisateurs de ces technologies… c’est le cas en particulier dans les métiers de la communication (RP, marketing, journalisme), alors même que ces professions sont parmi celles qui sont les plus exposées à des déficits d’image. Que cela soit au niveau des données de ses clients ou au niveau de sa marque personnelle… Perte de contrôle ou négligence coupable ? Comment qualifier le manque de maîtrise des canaux de communication par ces professionnels, dont les métiers visent justement à gérer, organiser, structurer, reformuler, les informations transmises par lesdits canaux ? Questions – Réponses à l’issue de la conférence Prérequis Connaître la navigation et les outils de recherches sur Internet Participants Cette conférence s’adresse aux chefs de PME, aux professionnels de l’industrie graphique et aux personnes qui s’intéressent à l’utilisation professionnelle d’Internet. Inscription : sur helias-bildung.ch (ou directement sur http://bit.ly/27Y1PjU) * L’animateur travaille dans le secteur Conseil & Formation en intelligence économique et gestion stratégique de l’information, stratégies numériques et réseaux sociaux, sécurité de l’information www.intelligentzia.ch/blog/

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Adressez votre solution (les trois chiffres dans les cases en bleu, dans l’ordre, de gauche à droite) d’ici au 17 juin à : Rédaction syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne. La réponse et le nom du ou de la gagnant·e seront publiés dans le N° 6. Il ou elle recevra un bon d’achat de notre partenaire Coop d’une valeur de 100 CHF.

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syndicom | N° 05 | 3 Juin 2016 un typographE part à La rEtraitE

LAUSANNE Le 14 juin, la Commission femmes de l’Union syndicale vaudoise vous convie à une journée d’action. 11 h-14 h : Place Pépinet ou à Pôle Sud en cas de mauvais temps (rue J.-J.-Mercier 3) - Pique-nique canadien et partage du gâteau d’anniversaire de la LEg. 14 h-17 h 30 : Pôle Sud - Café féministe autour de l’égalité, des luttes passées, en cours et à venir. Musique, films, discussions… 18 h : Pôle Sud - Enregistrement public de Radio D’jango. La rubrique animée par le collectif Feminista reviendra sur la grève des femmes de 1991.

NEUCHÂTEL Le 14 juin la Marche mondiale des femmes (MMF), l’association de droits des femmes Neuchâtel, Magasin du Monde et Unia fêtent les 20 ans de la Loi sur l’égalité (LEG) et les 25 ans de la grève des femmes. Nous invitons les femmes et les hommes (!) à prendre une heure supplémentaire de pause à midi pour revendiquer l’égalité, un pique-nique canadien sera organisé avec un espace de détente. La MMF organisera des actions sur la campagne AVSplus dont les femmes seraient les premières à bénéficier, et ADF et Magasins du Monde organisent deux conférences sous le slogan « Donnez 100 % de chances aux femmes ». 12 h à 14 h : Pique-nique canadien et animations organisées par Unia et MMF pour la campagne AVSplus. Fontaine de la Justice, Neuchâtel. 19 h 45 : Conférences. « Commerce équitable et émancipation des femmes », Isabelle Mioche Henry. « Vingt ans d’égalité en Suisse… Vraiment ? », Nicole Baur. Brasserie de la Fontaine, La Chaux-de-Fonds.

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congrès dE L’union syndicaLE friBourgEoisE Vendredi 10 juin de 19 h 15 à 21 h 30, au Café de la Gare à Chénens, route de la Gare 87; Contact : 026 477 12 98 De 19 h 15 à 20 h 15, première partie (réservée aux membres) Salutations et communications, Election des scrutateurs·trices, Procès-verbal : approbation, Comptes 2015 et budget 2016 : présentation, rapport de vérification, Election statutaire, Rapport d’activité 2015, Dossiers actuels, Communications - divers. 20 h 15 Pause. Deuxième partie à 20 h 30 (ouverte au public) AVSplus, notre réponse pour renforcer l’AVS, avec Christian Levrat, président du Parti socialiste suisse. décès Auroi Frédy, Crans-Montana, décédé le 29.04.2016 à l’âge de 75 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1974. Ballif André, Genève, décédé le 17.03.2016 à l’âge de 74 ans. Membre de la section Genève depuis 1984. Beiner Gilbert, Biel / Bienne, décédé le 29.03.2016 à l’âge de 77 ans. Membre de la section Biel / Bienne depuis 1962. Campardo Sandro, Neuchâtel 2, décédé le 22.04.2016 à l’âge de 50 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1992. Crausaz Françis, Lausanne, décédé le 18.04.2016 à l’âge de 84 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1953. Egger Bernhard, Biel / Bienne, décédé le 14.04.2016 à l’âge de 76 ans. Membre de la section Biel / Bienne depuis 1999. Eicher Jakob, Spiez, décédé le 27.07.2013 à l’âge de 83 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1953. Huck William, Epalinges, décédé le 13.04.2016 à l’âge de 82 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1952. Kobza Mariette, La Chaux-de-Fonds, décédée le 12.03.2016 à l’âge de 97 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1964. Mahon Jean, Lajoux JU, décédé le 20.04.2016 à l’âge de 82 ans. Membre de la section Biel / Bienne depuis 1955. Menoud Michel, Echallens, décédé le 20.03.2016 à l’âge de 68 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1969. Pfefferkorn Oskar, Dresden, décédé le 08.01.2016 à l’âge de 86 ans. Membre de la section Valais romand depuis 1954. Pfund Jean, Les Ponts-de-Martel, décédé le 05.04.2016 à l’âge de 76 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1999. Pittet James, Lausanne, décédé le 14.04.2016 à l’âge de 90 ans. Membre de la section IGE Vaud-Lausanne depuis 1947. Richardet Georges, Grandson, décédé le 07.04.2016 à l’âge de 86 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1957. Ruey René, Gland, décédé le 02.04.2016 à l’âge de 90 ans. Membre de la section Genève depuis 1947. Salvisberg Bernhard, Aarberg, décédé le 11.04.2016 à l’âge de 89 ans. Membre de la section Biel / Bienne depuis 1962. Siegfried Erich, Grand-Lancy, décédé le 09.03.2016 à l’âge de 80 ans. Membre de la section Genève depuis 1963.

Tous nos vœux au jeune retraité Hans Kern ! Hans a posé ses valises en Suisse en 1973 déjà. Alors jeune syndicaliste et objecteur de conscience, il risquait la prison en Allemagne. Comme de nombreux autres citoyens critiques de son époque, il a marqué l’histoire syndicale de l’industrie graphique en Suisse. Hans Kern a travaillé chez Stämpfli & Maurer et suivi une formation complémentaire de typographiste pour la communication visuelle. En 1989, il est nommé secrétaire central et membre du comité directeur du Syndicat du livre et du papier. Au cours de ses vingt-sept ans d’activité en tant que secrétaire syndical, il s’est toujours engagé pour la formation et le perfectionnement, qui représentent aussi un moyen de formation politique et syndicale. En 1989, il organise la première Journée alémanique de la typographie, qui jouit aujourd’hui d’une solide renommée auprès des professionnels et des apprenti·e·s. Hans a également contribué à l’élaboration des profils professionnels de la branche, du compositeur typographe à l’actuel « interactive media designer ». Le syndicat était donc, là aussi, au cœur du développement de la branche. D’autres moments forts ont aussi marqué sa carrière : la création du centre de formation et des éditions scolaires et la direction d’édition de la Revue suisse de l’imprimerie, bien que ces deux dernières aient été « mises à la retraite » avant Hans, suite aux mutations de la branche et à la numérisation du monde de la communication visuelle et de la formation. Hans a toujours été un militant et un secrétaire syndical engagé et motivé : en 1984, il initie dans l’Oberland bernois, à la surprise du reste de la Suisse, la grève nationale contre la CCT du secteur de l’imprimerie. Cet événement fut pour ainsi dire son épreuve du feu syndicale ! Par la suite, en sa qualité de responsable de la branche communication visuelle à comedia et syndicom, il crée un port d’attache syndical pour les collègues du monde de la communication visuelle moderne. On ne saurait évoquer la carrière de Hans sans rappeler sa contribution à l’ouverture de l’horizon syndical international : travail de formation syndicale en Europe de l’Est dès les années quatre-vingt, rencontres de formation avec des collègues allemands et autrichiens, mais aussi organisation de voyages de formation syndicale à Cuba, pays auquel il a toujours voué un attachement particulier. Il a ainsi mis sur pied les échanges culturels « El Arte de vivir » et participé à la production du livre OSPAAAL (Organisation de solidarité avec les peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine), qui présentent les affiches révolutionnaires cubaines (élu meilleur livre suisse de l’année en 2003 !). Le départ à la retraite de Hans nous prive non seulement de son important savoir-faire, mais aussi de notre « historien et archiviste » syndical, et surtout d’un collègue de travail apprécié. Nous gardons un ami et un camarade que nous retrouverons lors de manifestations, d’actions politiques et de rencontres syndicales, avec qui refaire le monde autour d’un bon verre de vin ! PHOTO LDD

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Roland Kreuzer

imprEssum rédaction Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch Allemand : syndicom, die Zeitung, Naomi Kunz et Nick Manouk, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch Italien : syndicom, il giornale, Giovanni Valerio, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch

misE En pagEs : Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i) corrEction : Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i) traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser

puBLicité :Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, sekretariatspool@syndicom.ch imprEssion : Ringier Print Adligenswil AG, Ebikonerstrasse 75, 6002 Lucerne

aBonnEmEnts : 50 fr., 70 fr. à l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît 11 fois l’an

prochainE parution : 1er juillet (délai rédactionnel : 13 juin)

changEmEnts d’adrEssE : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

éditEur :syndicom, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne


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syndicom | N° 05 | 3 juin 2016

Premier mai

« Tous ensemble pour une AVS forte ! » Bravant le mauvais temps et le froid, des dizaines de milliers de personnes ont célébré le 1er Mai dans une cinquantaine de localités suisses. Rien qu’à Zurich, on a compté plus de 10 000 manifestant·e·s. Une journée de fête et de mobilisation en faveur de l’initiative AVSplus, qui demande une augmentation de 10 % des rentes. C’était aussi l’occasion de se mobiliser contre les inégalités sociales en général et la xénophobie. Yves Sancey, avec L’Evénement syndical et Le Courrier

bonne humeur, malgré la pluie et l’arsenal de policiers déployé en début d’aprèsmidi. En tête de cortège, Unia affiche son

Culture lutte, qui a lancé sa campagne en vue des votations du 5 juin contre les coupes budgétaires linéaires.

Près de 400 personnes ont défilé au sec à Lausanne (photo à gauche). Les militants ont fait halte devant les vitrines naturellement fermées de l’enseigne de chaussures Bata pour huer cette société, à qui ils reprochent de prévoir 175 licenciements sans plan social.

PHOTO SONYA MERMOUD / L'EVENEMENT S YNDIC AL

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A Yverdon-les-Bains, les camarades avaient fêté le 1er Mai la veille.

Près de 300 personnes ont participé à La Chaux-de-Fonds au 1er Mai des Montagnes neuchâteloises. 300 personnes également étaient à Moutier au 1er Mai interjurassien. Le défilé des travailleurs du Jura et du Jura bernois était marqué par la présence de syndicom. Une quarantaine d’employés de la Poste

ont défilé en récitant notamment, comme une litanie, le nom des agences récemment fermées. L’apéro et le repas qui ont suivi le court défilé ont offert le temps de cultiver l’amitié, la solidarité et la fraternité entre syndiqués, militants de gauche des syndicats et des associations progressistes.

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A Sion, 200 personnes se sont retrouvées à l’extérieur de la ville. Réunis autour de raclettes et grillades, au son ponctuel de la fanfare des retraités de Swisscom, les participants ont partagé un moment de convivialité. Des appels à la lutte et à la résistance ont aussi résonné, notamment dans les propos de Mathias Reynard, président de l’USV.

désaccord avec les licenciements collectifs dans l’horlogerie. Parmi les manifestants, des membres du mouvement La

PHOTO NINA SCHEU

PHOTO NEIL L ABRADOR / L'EVENEMENT S YNDIC AL

Placée sous le signe d’un front commun anti-austérité et de la campagne en faveur de l’initiative AVSplus, la manifestation a réuni à Genève plus de 2000 personnes. Dans la

PHOTOS DEMIR SÖNMEZ

Des dizaines d’orateurs et oratrices ont montré que l’AVS est parvenue à maîtriser jusqu’à ce jour le vieillissement de la population et que ce sera aussi le cas demain. Ils ont dénoncé l’argument de l’« inéluctabilité démographique » comme étant un grossier stratagème politique destiné à imposer une baisse des rentes, et revendiqué un renforcement de l’AVS. Petit tour d’horizon.

A Zurich (photo de g.), on a compté plus de 10 000 manifestant·e·s. A Coire Vania Alleva, la présidente d’Unia, a fustigé la Banque

nationale suisse : « L’abandon du taux plancher a en l’espace d’un an déjà détruit des dizaines de milliers d’emplois. »


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