N° 8 28.08.2015
le journal
www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication
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Grève à la poste allemande
swisscom
Analyse de l’accord et leçons à tirer du mauvais exemple allemand page 4
cct industrie Graphique 2016
« Claire » ne fait pas que des adeptes : premiers résultats contrastés de l’enquête page 6
Lutter ensemble contre le sabordage du CCT dont rêvent certains éditeurs page 7
Journée romande de la typoGraphie
Nos invité·e·s se prêtent au jeu de l’interview, façon questionnaire de Proust page 9
histoire : la bataille pour la « vraie suisse »
La fabrique de l’histoire L’histoire ne concerne pas que le passé. Il s’agit surtout, comme l’indique l’historien Hans Ulrich Jost, d’une « confrontation avec le présent, et même d’une prise de position sur le futur ». « L’histoire, dit-il, est un enjeu politique et une arme largement utilisée dans les controverses stratégiques portant sur des valeurs et des visions du monde. » Pas étonnant que, dans le contexte des élections fédérales de cet automne, les forces politiques réactionnaires puisent dans l’histoire suisse les mythes et légendes justifiant une vision étroite de ce qu’est, pour eux, la «vraie Suisse». Les commémorations de Morgarten (1315), Marignan (1515) et du Congrès de Vienne (1815) tombent opportunément pour conforter la fermeture et l’isolation de la Suisse. Quitte à se fabriquer une histoire sur mesure. En s’appuyant sur de très nombreux historiens, la gauche peut bien sûr démontrer qu’il s’agit souvent de constructions a posteriori et que la neutrali-
en 1815 au Congrès de Vienne. L’Histoire, bien souvent écrite par les vainqueurs, laisse dans
té suisse, par exemple, n’est pas née à Marignan mais a été imposée par les grandes puissances
l’ombre les vaincus pour mieux peindre une légendaire démocratie directe depuis 1291.
L’histoire suisse regorge pourtant d’épisodes plus ou moins connus de résistance et peut être vue à travers ses luttes de classes et révoltes : incendie de la fabrique d’Uster (1832), grèves générales (1902, 1907 et 1918), Zimmerwald (1915), AVS (1947), mai 1968, « Lôzanne Bouge » et « Züri Brännt » (1980-82), grève des femmes (1991), lutte aux CFF Cargo «Officine» de Bellinzone (2008) et aux TPG (2014), etc. A nous d’y puiser pour ne pas laisser notre imaginaire colonisé par l’historiquement et politiquement correct que cherchent à imposer les ténors de l’UDC. Leur histoire est avant tout celle de vieux notables mâles dominateurs. La nôtre, et donc notre futur, est faite de luttes sociales et populaires pour la solidarité, la liberté et la dignité. L’histoire est en marche. Reste à savoir qui l’écrira.
Yves Sancey, rédacteur romand Voir notre dossier pages 2-3
Fin d’une lonGue histoire industrielle
IRL+ tourne sa dernière page
PHOTO YVES SANCEY
RENENS • A près l’annonce début juillet de la fermeture des ex-Imprimeries réunies de Lausanne, le personnel s’est résigné à accepter son sort, non sans amertume. Une page se tourne pour l’industrie graphique romande. Mario Togni * Le fatalisme a gagné les employés des ex-Imprimeries réunies de Lausanne (devenues IRL+), à Renens, dont la fermeture a été annoncée le 6 juillet. Les premières lettres de licenciement ont été envoyées aux 44 employés concernés, alors que le personnel a renoncé à demander le prolon-
gement du délai de consultation, fixé au 17 juillet. Un replacement dans une autre entité du groupe SFF Arts graphiques, pôle imprimerie de la Fondation Sandoz, sera proposé à quatorze d’entre eux. Au final, la lutte pour préserver les emplois n’a pas eu lieu. « Les gens sont révoltés mais rési-
gnés. Ils veulent en finir au plus vite et tourner la page », relève Jean-Marc Dewarrat, président de la commission du personnel. Au cours du mois, le personnel a aussi abandonné l’idée de renégocier un plan social, comme le souhaitait notamment syndicom.
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