N° 10 25.11.2016
www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication
le journal
AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne
télécom / IT
At tention, ton chef te surveille !
La numérisation, permet une surveillance quasiment permanente au travail pages 2-3
Giorgio Pardini sur les réductions de prestations à ComPlan page 6
Appel à la Poste
médias GI Jeunesse
TA-media devient toujours plus un groupe de publicité et moins de médias page 7
Bilan de la Conférence 2016 : « On peut aussi numériser la résistance ! » page 9
500 à 600 offices de poste devraient être fermés - 1200 employé·e·s sont touchés
Déclaration de guerre
Roland Lamprecht, secrétaire central
Une fois de plus, le personnel doit payer pour le manque de stratégie de La Poste. Son annonce de la fermeture de centaines de succursales veut mettre la population, les autorités et son personnel devant le fait accompli. La guerre est déclarée et la mobilisation en marche. › page 5
Dans son communiqué de presse du 26 octobre, la direction du géant jaune titrait « La Poste développe le réseau du futur ». Son projet n’a toutefois rien d’une stratégie innovante. Il constitue au contraire le démantèlement le plus important de l’histoire de La Poste (voir page 5). Un nouveau chapitre sombre vient ainsi ternir son passé glorieux. Les protagonistes de ces changements n’ont pas réussi à trouver suffisamment tôt des solutions pour répondre à la transformation nécessaire de La Poste, en particulier dans le domaine Réseau postal et vente. Le personnel souhaite participer au développement de l’offre et adapter les prestations aux besoins de la clientèle – mais La Poste n’a manifestement pas l’intention d’associer ses employé·e·s à ce processus de transformation. C’est une attitude inadmissible pour une entreprise qui se définit volontiers comme un employeur social et qui appartient un peu à tout le monde. En tant que propriétaire de La Poste, la population doit donc se demander si elle veut vraiment cautionner le rétrécissement du réseau des offices de poste, les externalisations constantes et le dumping des salaires au détriment de ses employé·e·s. Le service public ne se résume pas à des considérations économiques, comme Madame Ruoff semble vouloir nous le faire croire, mais il couvre un besoin fondamental qui doit être constamment redéfini. Il doit satisfaire la population, l’économie et la politique. syndicom s’engagera de toutes ses forces pour les 1200 collègues concernés. Un plan concret et contraignant doit servir de base à un dialogue ouvert pour définir l’office de poste du futur. D’ici à l’établissement de cette stratégie, nous exigeons un moratoire sur la fermeture des offices de poste !
PHOTO FRANT ISEK MATOUS
PHOTO THOMAS CUNZ
Hémorragie postale Moratoire maintenant !
Manif’ le 19 novembre contre la fermeture de la poste centrale « non rentable » de Bâle ∙ syndicom exige une discussion sur l’avenir du service public à La Poste.
commentaire
Quelques leçons de l’élection de Trump Il vaut la peine de revenir sur l’élection de Trump à la présidence des Etats-Unis d’Amérique car elle doit être une source de réflexion pour le mouvement syndical et la gauche. Une urgence même quand résonnent les bruits de bottes en France, Allemagne, Hongrie et Turquie. Une table ronde le 17 novembre à l’Université de Lausanne offrait quelques pistes. Trump et Clinton ont rassemblé moins de voix que leurs prédécesseurs il y a quatre ans. Donc pas de raz-de-marée Trump. Non seulement la majorité des électeurs n’a pas voté pour Trump mais, sur l’ensemble de la population adulte, ce ne sont que 28 % qui ont voté pour le milliardaire. Une grande partie de la population – 100 millions de per-
sonnes – s’est abstenue. Surtout les démocrates, les personnes à bas revenu, les Afro-Américains et les femmes, qui n’ont pas été convaincus par Clinton et sa politique néolibérale, a indiqué l’historienne Janick Schaufelbuehl. Et de rappeler les conséquences de la crise financière des subprimes de 2007-2008, où 5 millions de personnes ont perdu leur logement alors que les banques sortaient gagnantes. Cela a conduit à une radicalisation de la classe moyenne blanche qui a donné le Tea-Party à droite, mais explique également le succès de la figure de proue des milieux progressistes, Bernie Sanders, porté par le mouvement Occupy Wall Street. Abandonnée par le ralliement des démocrates au néo-
libéralisme, une grande partie de la classe ouvrière a donc préféré voter pour le changement, fût-il incarné par Trump. Pour le mouvement syndical et la gauche, le défi consiste à rester en contact avec cette population, améliorer son quotidien et offrir une véritable alternative au capitalisme, au lieu de s’incarner dans un social-libéralisme aux ordres pour appliquer les plans d’austérité. Rappeler que l’exploitation, ce sont les patrons et pas les migrants, boucs émissaires, qui en sont la cause. Revenir aux fondamentaux. Et rapidement, pour que cette élection ait au moins servi à rappeler à la gauche sa mission originelle.
Yves Sancey
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Surveillance ininterrompue au travail
Attention, votre chef vous surveille ! A l’ère de la numérisation, personne n’est plus à l’abri d’une surveillance quasiment permanente sur son lieu de travail. Et la protection des données ne met que quelques frontières. Michael Stötzel * Martin Neff est économiste en chef à la Banque Raiffeisen. Ce partisan convaincu de l’économie de marché considère les incitations financières destinées aux employé·e·s comme le meilleur moyen d’entretenir les rouages du système. Dans un récent commentaire, il déplore que les inégalités dans le monde entier se creusent à un rythme toujours plus rapide. Il s’indigne du fait que les travailleurs ne soient plus payés en fonction de leurs prestations. Selon lui, le système des incitations matérielles, censé garantir la croissance et la cohésion dans les entreprises, a « clairement échoué ». Or lorsque la cohésion et la liberté s’estompent, la méfiance et la surveillance dominent. Le marché lui-même en apporte la preuve : dans tous les pays industriels, la branche de la surveillance est en plein essor. Ancien chef du Service fédéral de sécurité, Rolf Schatzmann a déclaré à la NZZ : « La majorité des grandes entreprises surveillent leurs employé·e·s quasiment en continu, plus qu’ils n’en sont conscients. »
« à titre préventif » Les entreprises n’ont même pas besoin d’un motif particulier. En mai 2014, les chefs des ateliers CFF de Bellinzone n’ont pas hésité à fouiller les poches de leurs employé·e·s à la sortie de la fabrique. Par la suite, ils ont déclaré que cette action revêtait un « caractère préventif » pour « sensibiliser » le personnel à l’interdiction de voler dans l’entreprise. En d’autres termes, il s’agissait de les intimider. Les syndicats avaient déposé plainte auprès du Tribunal administratif, qui a rendu sa décision cet été : la fouille était illégale. Le tribunal relève que de tels contrôles ne sont autorisés qu’en cas de soupçon fondé et qu’il existe des moyens plus efficaces pour empêcher les vols, par exemple en posant des affiches dans l’entreprise. A l’ère de la numérisation, les employé·e·s peuvent toutefois être surveillés en permanence, aussi bien au bureau, dans l’entreprise que sur leur trajet lorsqu’ils se rendent chez des clients ou sur des chantiers.
« People Analytics » Le problème des responsables du personnel est qu’ils doivent toutefois traiter un volume de données considérable pour évaluer leurs employé·e·s. Une nouvelle branche leur apporte désormais du renfort : pudiquement nommée « People Analytics », elle est dédiée à l’examen et à l’évaluation du facteur humain. L’essor considérable de cette branche est attesté par Google : lorsqu’on tape « programmes d’espionnage », le moteur de recherche crache aussitôt pas moins de 400 000 occurrences. De tels programmes infiltrent les ordinateurs des salarié·e·s et permettent aux supérieurs hiérarchiques de contrôler comment ils ont occupé leur temps de travail, combien de temps et à quelle fréquence ils ont navigué à titre privé sur Internet, quels e-mails ils ont reçus et envoyés, etc. Pour éviter de devoir lire tous les e-mails, il existe des programmes spéciaux qui réagissent à des mots-clés. Aux Etats-Unis, 76 % des entreprises contrôlent comment leurs salarié·e·s utilisent Internet. 55 % lisent les e-mails et 36 % imposent un nombre de frappes par heure sur le clavier. 6 % des entreprises américaines filment même leurs employé·e·s sur leur lieu de travail tout au long de la journée. Il n’existe pas de chiffres à ce sujet en Suisse, mais des programmes de contrôle, bon marché et efficaces, peuvent y être obtenus facilement. Les entreprises à la pointe de la technique d’espionnage sont sans doute les instituts de sondage et les centres d’appels ou les spécialistes des conseils à la clientèle. Elles disposent du « système d’évaluation de la qualité et des performances », qui enregistre les numéros d’appel sortants, les conversations et leur durée. Ce système définit également la durée maximale de traitement par cas, soit 6 minutes et 42 secondes pour l’entreprise d’assurance Helvetia, par exemple, qui mesure également la « durée de travail actif », selon le journal Beobachter. De plus, le programme contrôle si l’employé répond à un appel au plus tard après la troisième sonnerie, s’il a lu les
Employés ou auto-entrepreneurs ? un jugement fait date
nouvelles dans l’Intranet avant de commencer son travail et s’il est atteignable par e-mail à 7 h. du matin.
Postiers localisés par leur scanner La hiérarchie dispose sans doute depuis longtemps des moyens techniques nécessaires pour surveiller les salarié·e·s également en dehors du lieu de travail. Les facteurs portent un scanner qui leur indique la durée des trajets et les livreurs peuvent être localisés partout via un GPS. Les magasiniers sont sous contrôle permanent grâce à un mini-ordinateur, qui leur montre le chemin vers la marchandise et prescrit le délai de traitement d’un mandat. Il permet aussi d’alerter les supérieurs hiérarchiques quand un travailleur s’accorde une courte pause. Pire encore : à Sacramento, des drones patrouillent audessus d’un grand chantier pour transmettre des images sur l’avancée des travaux et fournissent du même coup un pré-
formes atypiques d’emploi
Uber condamné pour non-respect du droit du travail
L’OIT appelle à réguler la jungle des emplois numériques
Londres · La justice britannique a donné raison vendredi 28 octobre à deux chauffeurs de véhicules Uber qui avaient intenté une action contre la plateforme de transports, l’accusant de ne pas respecter le droit du travail.
Les nouvelles formes d’emploi, qui ont vu le jour avec la montée en puissance du numérique, signent-elles l’arrêt de mort du droit du travail ? C’est l’une des craintes inspirées du rapport publié le 14 novembre par l’ Organisation internationale du travail (OIT), concernant les formes atypiques d’emploi. A savoir, le travail temporaire (jusqu’à 30 % de décote salariale par rapport à un contrat classique) ou à temps partiel, les contrats à durée déterminée ou saisonniers, le travail sur appel ou déguisé, les faux travailleurs indépendants, la sous-traitance, etc. Font aussi partie de cette nébuleuse non standardisée, répondant à des caractéristiques communes : le « crowdwork » – littéralement « travail de foule » –, initié par le marchand en ligne Amazon et son site « Mechanical Turk », qui distribue des tâches professionnelles répétitives et faiblement rémunérées à une multitude d’individus, plus ou moins anonymes. Ou encore l’économie des petits boulots (« gig economy ») et autres modèles collaboratifs « à la demande » (Uber, Airbnb, etc.) dont la croissance imprégnée d’applications mobiles a connu un bond de 316 % en termes de financements, rien qu’en 2014.
« C’est une victoire monumentale, estime Maria Ludkin, la directrice des affaires légales du syndicat GMB, qui a porté l’affaire devant les tribunaux. Ça va avoir un impact positif pour les 30 000 chauffeurs de Londres. » Les plaignants réclamaient de pouvoir bénéficier de vacances, d’indemnités en cas de congés maladie et du salaire minimum garantis par le droit du travail britannique.
Les chauffeurs Uber : des salariés Le tribunal a estimé que les chauffeurs Uber étaient des salariés aux yeux de la législation et qu’ils avaient donc droit aux congés payés et au salaire minimum. C’est-à-dire le contraire de ce que suggère le géant américain qui dit que les chauffeurs sont des travailleurs indépendants, a réagi Nigel Mackay du cabinet d’avocats Leigh Day. Condamné à reconnaître ses chauffeurs comme des employés, et non pas comme des auto-entrepreneurs, l’entreprise californienne, valorisée à 62 milliards de dollars, va
devoir leur payer le salaire minimum, le droit à des pauses régulières et des congés payés. Uber a aussitôt annoncé qu’elle faisait appel de cette décision.
Contestation aux Etats-Unis, en France et en Suisse Aux Etats-Unis, Uber a accepté de payer jusqu’à 100 millions de dollars pour clore deux recours collectifs, en Californie et dans le Massachusetts, qui menaçaient de changer le statut de ses chauffeurs. En France, la Sécurité sociale poursuit Uber pour requalifier ses chauffeurs, aujourd’hui considérés comme des indépendants, en salariés, faisant valoir qu’il existe un lien de subordination entre eux et la plateforme. En Suisse, une expertise commandée par Unia confirmait en août le statut d’employeur du service de transport Uber en Suisse (notre dernière édition). La multinationale conteste cet avis de droit. Affaire à suivre de près. (YS, avec l’AFP)
Pour l’heure, les travailleurs atypiques adossés à des applications mobiles représentent une « faible portion de la main-d’œuvre américaine et britannique », estime l’OIT. Soit environ 600 000 personnes outre-Atlantique (0,4 % de la population active) et 3 % des travailleurs au Royaume-Uni. Mais les projections tablent, à l’horizon 2020, sur 40 % d’indépendants aux Etats-Unis pouvant tomber dans cette catégorie potentiellement précarisée (revenu irrégulier et insuffisant, absence de protection sociale et contre les risques professionnels, impossibilité de se syndiquer ou de négocier collectivement). « Nous sommes en présence d’une zone grise où, contrairement à ce prétendent la plupart des entreprises – qui se qualifient d’intermédiaires –, le rapport entre employeur et travailleurs ne s’efface pas au profit d’une relation strictement commerciale, mais laisse au contraire place à une forme d’emploi déguisée », prévient Janine Berg, économiste à l’OIT et cheville ouvrière du rapport (YS, avec Le Temps)
Rapport (en anglais) à consulter sur : http://bit.ly/2g3P0lj
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Psychologie made in Olten
texte pour repérer les travailleurs incompétents ou fainéants. Enfin, les programmes ne sont pas en mesure – pour l’heure – de comprendre des solutions inventives trouvées par les employés, c’est-à-dire de mesurer la créativité. C’est là toute la difficulté à laquelle sont confrontés par exemple les responsables de presse qui souhaiteraient jouer les « big brother ». Stephanie Vonarburg, secrétaire centrale de la branche « Presse et médias électroniques » à syndicom, affirme qu’en matière de surveillance, les entreprises d’édition « sont au point zéro, bien que tout serait possible ». Il est très facile de repérer si les rédacteurs sont lents ou rapides. Et les éditeurs savent certainement combien de temps tel ou tel rédacteur passe à son bureau et combien il produit durant ce laps de temps. Mais si immenses soient-elles, les montagnes de données disponibles ne disent rien de la qualité et de la créativité de X, c’est-à-dire de ce qui permet de remplir les poches d’un éditeur.
Pour pallier les limites du tout-mesurable, la branche des « People Analytics » cherche également à élaborer un profil de comportement précis pour cerner le facteur d’insécurité potentielle que constitue le collaborateur. Une entreprise se profile en la matière à Olten : la « Scioli Security Human Capital ». Son fondateur, Ennio Scioli, ancien haut fonctionnaire du Département de la défense, semble avoir un penchant particulier pour les histoires de science-fiction comme Minority Report. A l’instar des personnages de romans du génial et déjanté Philip Dick, qui traquent les criminels avant qu’ils ne passent à l’acte, M. Scioli prétend pouvoir repérer des employés ou des candidats qui agissent contre les intérêts de l’entreprise avant même que les logiciels n’aient pu détecter quoi que ce soit. A cet effet, il a développé un outil d’évaluation baptisé « secureness », en collaboration avec son épouse, ancienne directrice des ventes d’une boutique de lingerie. Cet outil repose sur un questionnaire de personnalité et d’évaluation des notions de sécurité. Exemple : le malheureux qui admet qu’il fait tout pour sa famille lorsqu’on l’interroge sur son engagement familial, sera considéré d’emblée comme sérieusement suspect et enclin à la trahison. Les Scioli sont persuadés que leur questionnaire est si bien conçu et leur psychologie d’Olten si profonde qu’ils peuvent reconnaître un collaborateur dangereux avec une « pertinence » de 90 %.
« Regret table » Michael Beckmann, expert en sciences économiques à l’Université de Bâle, spécialisé en économie du personnel et des organisations, est convaincu que la surveillance permanente entrave les performances des salarié·e·s, et en particulier des employé·e·s hautement qualifiés. La compagnie d’assurances Helvetia contredit cette thèse dans le Beobachter. Selon elle, les nouveaux programmes permettent simplement de traiter la qualité comme un « paramètre mesu-
rable ». Elle juge « regrettable » qu’il en résulte l’impression d’un contrôle accru. Le secteur de la surveillance mise sur le fait que les salarié·e·s consentent à un contrôle permanent. Après tout, ils se soumettent d’eux-mêmes à des contrôles constants dans leur vie privée en portant des montres connectées ou des bracelets électroniques destinés à mesurer leur activité physique. L’évaluation régulière de ses propres performances (Quantified Self ) est censée inciter les gens à mener une vie plus saine, plus consciente et meilleure. Le concept des « People Analytics » ne serait donc que la transposition dans le monde du travail de cette honorable tendance.
Lacunes juridiques Les adeptes du contrôle peuvent se glisser aisément dans une immense brèche juridique de la législation sur la protection des données. Certes, l’ordonnance 3 de la Loi sur le travail précise, à l’article 26, qu’il est interdit d’utiliser des systèmes de surveillance ou de contrôle destinés à surveiller le comportement des travailleurs à leur poste de travail, mais elle prévoit des exceptions : la surveillance est autorisée pour des raisons légitimes, notamment dans le cadre de la prévention des accidents, la protection des personnes et des biens matériels, mais aussi pour vérifier la qualité et le volume de travail. Le législateur ne dit rien de la manière dont il convient de faire la distinction, dans la pratique, entre ce contrôle légal des performances et des contrôles illégaux sur le comportement des salariés. Il pense en tout cas offrir suffisamment de protection aux travailleurs concernant leurs données. Il y a plusieurs années déjà, le Conseil fédéral avait rejeté un postulat de l’ancien conseiller national lucernois Hans Widmer, qui exigeait l’obligation d’annoncer des logiciels de surveillance. Le Conseil fédéral en avait justifié le rejet en arguant que la Loi sur le travail interdisait leur utilisation.
* Journaliste free-lance
La réponse des syndicats
« La question doit être placée à l’agenda politique » Pour Giorgio Padrini, responsable du secteur Télécom de syndicom, le problème est clair : la législation sur la protection des données est obsolète : « La Loi sur le travail ne couvre plus, depuis longtemps, les possibilités que l’évolution technique offre aux patrons pour surveiller leurs employé·e·s. » L’anonymat des données suffisait à conforter le législateur. « Aujourd’hui, on peut récolter tant de données détaillées que
des individus peuvent être reconnus. » Pire encore : les employeurs contrôlent également des facteurs physiques comme la rapidité ou la résistance au stress. « Il faut absolument l’interdire. Il en va moins de la protection des données que de la dignité des travailleurs. » L’étendue des contrôles touche à des questions fondamentales en matière de politique CCT, comme les délais imposés aux
facteurs ou aux magasiniers pour effectuer leur travail. Comment fixer les salaires, alors que le temps de travail tend à être dissocié de la prestation de travail ? Giorgio Pardini déclare : « Nous devons ouvrir un nouveau chapitre dans la politique CCT et soulever des questions qui ne sont pas uniquement d’ordre matériel. » Ce thème doit être placé à l’agenda politique, d’autant qu’il faut s’attendre à ce
• Vidéo-surveillance : usage fréquent dans le commerce de détail, principalement pour détecter les vols commis par des employé·e·s. • Ordinateurs et scanners portables : portés autour du poignet, ils transmettent chaque étape de travail et sa durée et enregistrent toute interruption du travail. • Contrôle de la communication : e-mail, Internet, téléphone. Les programmes d’espionnage permettent d’enregistrer et d’évaluer les numéros et la durée des appels, ainsi que les e-mails. • Surveillance des smartphones privés : localisation, profils de déplacements, contrôle des contacts privés. Les propriétaires de smartphones facilitent eux-mêmes leur surveillance en autorisant par exemple leur localisation (Google Maps). • Surveillance par radio (Radio Frequency Identification, RFID) : de minuscules puces électroniques, qui peuvent être activées et consultées par antenne radio, sont destinées à remplacer les codes-barres. Elles sont intégrées dans des marqueurs appelés « étiquettes électroniques » et permettent de localiser n’importe quel employé et de suivre ses déplacements. Une société américaine produit déjà de telles puces électroniques pouvant être implantées sous la peau. • Détectives : clients-fantômes, contrôle des employés malades, surveillance des employés au service extérieur et des relations privées. (MS)
PHOTO DR
Les outils de contrôle
que les employeurs et les milieux politiques opposent une résistance. Les employeurs, parce qu’ils souhaitent le moins de protection possible, les milieux politiques souvent par simple méconnaissance. Enfin, il faut aussi rendre nos propres membres conscients des risques auxquels ils s’exposent en transmettant leurs données de manière trop désinvolte. (MS)
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Nouvelles structures d’organisation chez IMS
« Nous misons sur des innovations numériques et de nouveaux biens immobiliers » Dès janvier 2017, IMS connaîtra de nouvelles structures d’organisation par domaines. Nous avons fait le point avec Martin Camenisch, responsable RH chez IMS, sur les défis et les conséquences de la réorganisation pour le personnel. Interview : Sheila Winkler élaborer un concept pour la Suisse entière avec la nouvelle organisation par domaines. Nous devons coordonner nos prestations au-delà des frontières régionales pour continuer à offrir le même service avec toujours moins de bâtiments.
Quelles sont les conséquences de la nouvelle stratégie sur le personnel et ses conditions d’engagement ? Concernant les conditions d’engagement, rien ne change pour le personnel. La nouvelle CCT IMS sera valable dès le 1er janvier 2017 pour l’ensemble de l’entreprise. Sinon, depuis longtemps déjà, la transformation en cours du réseau postal exerce aussi un impact sur le personnel d’IMS. La nouvelle organisation n’y changera malheureusement rien. Mais nous cherchons
syndicom: Quelle stratégie poursuit IMS avec la nouvelle structure d’organisation ? Mart in Camenisch: IMS veut promouvoir le développement et la professionnalisation dans
PHOTO DAMIAN POFFET
les différents domaines. Nous voulons aborder ensemble les problèmes et élaborer un concept pour toute la Suisse. Jusqu’à présent, l’organisation par régions représentait parfois un obstacle.
Chez Poste Immobilier Management et Services (IMS), 1700 employé·e·s gèrent quelque 2000 biens immobiliers de La Poste. Dès janvier 2017, IMS sera organisé par domaines et non plus par régions. Les plus grandes unités d’organisation s’appelleront désormais Gestion d’immeubles (gestion et entretien), Exploitation, Technique & Service, Construction et IMS Clean (nettoyage d’entretien). Quelles en seront les conséquences ? Interview avec Martin Camenisch, responsable RH chez IMS.
Quelles innovations d’IMS méritent tout particulièrement d’être mentionnées ? à proposer, dans la mesure du possible, un autre emploi aux employé·e·s touchés.
Quel est l’impact de la fermeture d’offices de poste ? Comme je vous l’ai dit, la transformation du réseau des offices de poste a déjà aujourd’hui des conséquences sur le personnel. C’est pourquoi nous voulons
Nous travaillons sur diverses innovations dans le domaine Digital Real Estate Management. Il s’agit par exemple de nos Smart+Buttons et d’applications pour réserver des salles de séance et évaluer l’occupation des immeubles. Ce sont des prestations que nous proposons aussi à des entreprises tierces. Pour le personnel, la
nouvelle application de frais est particulièrement intéressante. Elle permet depuis janvier de décompter facilement les frais chez IMS.
Y a-t-il d’autres domaines en croissance ? Outre les innovations numériques, il est important pour IMS de construire de nouveaux immeubles ces prochaines années. Nous construirons sur mandat de PostFinance et de La Poste des bâtiments commerciaux et locatifs et exploiterons ainsi le potentiel d’anciens biens immobiliers attrayants de La Poste. Nous créons ainsi à nouveau du travail pour notre Facility Management. Les nouveaux biens immobiliers et les innovations numériques sont nos secteurs de croissance.
brèves postales ra encore jusqu’à la fermeture du centre une autre solution pour éviter de devoir se rendre chaque jour
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première année. Mais ensuite le trajet quotidien sera si onéreux qu’il mérite encore réflexion. Sans compter le temps supplémentaire nécessaire au trajet. De nombreux collègues nous ont informés que des tensions ont surgi dans l’entreprise. (Andreas Keller) le chef du personnel de la poste quit te le groupe Les dernières turbulences à La Poste nous ont presque fait oublier le prochain départ d’une figure marquante à la direction du groupe. Après onze ans d’activité comme responsable du personnel, YvesAndré Jeandupeux quittera le géant jaune en avril 2017. M. Jeandupeux a signé plusieurs CCT avec les partenaires sociaux, piloté l’introduction d’un nouveau système de gestion du personnel et initié diverses réformes au sein de La Poste. M. Jeandupeux travaillera désormais dans le conseil et la gestion d’entreprises. (dro)
PHOTO SEVERIN NOWACKI
Fermeture du centre logistique de traitement du courrier à Ostermundigen Début août, La Poste annonçait son intention d’examiner la fermeture du centre logistique. Elle a toutefois manqué de transparence dans la procédure de consultation et n’a pas examiné avec le soin nécessaire les propositions du personnel. La suppression prévue de quinze postes risque d’entraîner des licenciements. syndicom a accompagné vingt membres et rappelé les effets du plan social. Comme on pouvait s’y attendre, La Poste a proposé à la plupart des personnes touchées par la fermeture un emploi à Härkingen, qu’il soit acceptable ou non. La majorité a accepté l’offre, mais cherche-
Nouvelle CCT pour Swiss Post Solutions et Swiss Sign AG Après les négociations intensives menées par syndicom avec SPS et Swiss Sign SA, le comité central a débattu des résultats et ratifié la CCT. Le personnel des deux entreprises bénéficiera ainsi d’améliorations significatives dès le 1er avril 2017. Aucune détérioration n’a dû être consentie par rapport à la situation antérieure. Des améliorations ont pu être obtenues notamment dans les domaines suivants : congé maternité et paternité, protection contre les licencie-
ments, calcul du temps de trajet. Les réglementations concernant le service de piquet, l’annualisation du temps de travail et l’horaire mobile sont désormais ancrées dans la CCT. (dro) Comité domaine Mail du 5.10.2016 Le comité du domaine Mail a siégé le 5 octobre. Mené par Hanspeter Truniger, il a passé en revue les nombreux problèmes du secteur. Une pétition a été récoltée dans les centres de tri lettres en demandant la 4e classe pour les remplaçants team-leaders, comme en distribution. Le sujet a été discuté au niveau de la CoSpe, mais la direction PM refuse d’entrer en matière. La surcharge des véhicules DXP nous inquiète car la sécurité des collègues distributeurs est en jeu et on demande à PostMail de respecter les poids prévus lors du chargement des véhicules. La fermeture du centre de tri d’Ostermundigen a été annoncée et de suite des séances d’information et de soutien ont eu lieu sur place. Huit ans après le projet REMA et la mise à l‘écart de centaines de collègues, PM a mis en place le codage au Vietnam et Distrinova continue à réduire les places de travail en Suisse. L’assemblée des délégué du domaine Mail aura lieu le 29 novembre à l’hôtel Bern, à Berne. Monsieur Hurni Urlich, responsable de l’unité PostMail, est l’invité du jour. Venez nombreux poser vos questions ! (Didier Liardon)
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016 Xxxxx
« Déclaration de guerre de La Poste » Un vent glacial s’est abattu sur les filiales de La Poste. Mi-octobre, la direction de La Poste annonçait son intention de fermer d’ici quatre ans 500 à 600 des 1400 offices de poste restants. Dans de nombreuses communes, seul un service public réduit au strict minimum sera à l’avenir fourni par des agences et le service à domicile. David Roth
syndicom : Fin octobre, La Poste annonçait vouloir fermer 500 à 600 offices de poste sur les 1400 restants. Un choc ?
Daniel Münger : Oui et non. Oui, car une fois de plus le personnel doit payer les pots cassés dus à la mauvaise gestion de la direction. Non, car on ne pouvait guère s’attendre à autre chose compte tenu de l’orientation actuelle de Réseau postal et vente.
Que reproches-tu concrètement à la direction de La Poste ? Son absence de stratégie. La direction de La Poste n’a envisagé aucun concept d’avenir pour le service public ni pour les nouvelles unités d’affaire qui pourraient en découler. Elle se contente d’externaliser des prestations existantes, de les rentabiliser ou de renoncer à les fournir. Nous craignons que la démarche adoptée dans le domaine de Réseau postal et vente ne demeure pas un cas isolé, mais s’étende à d’autres domaines. On en voit déjà les premiers signes.
1200 employé·e·s pourraient être concernés. Qu’est-ce que cela signifie pour ces personnes ? Cela provoque naturellement des peurs existentielles. La déception est également palpable. Beaucoup de personnes craignent de rester sur le car-
reau bien qu’elles s’investissent dans leur travail. Une grande partie du personnel s’identifie avec l’entreprise et est fière de fournir ce service public pour la population suisse.
Ces quinze dernières années, le nombre des offices de poste a été réduit de moitié. L’office de poste n’est-il pas simplement un modèle en voie de disparition ? Sans stratégie axée sur l’avenir, ce sera le cas, mais ce n’est pas inévitable.
Quel est l’avenir des offices de poste dans le monde numérique ?
cessus de transformation et y participer activement. Ils pourraient ainsi avoir voix au chapitre concernant des mesures de formation et de perfectionnement utiles pour le personnel. Lorsqu’on se targue d’être un employeur social, c’est le moins que l’on puisse faire.
pas d’une revanche, mais simplement de tenir compte du fait que La Poste souhaite desserrer les liens du partenariat social. Suite à sa déclaration de guerre, nous devons aussi adapter notre tactique.
syndicom a-t-il été mis au courant avant l’annonce des projets de fermeture ?
Le secteur Poste et Logistique demande à l’AD de syndicom d’ouvrir le fonds d’action et de lutte. Qu’est-ce que cela signifie pour la suite de la campagne ?
Nous avons été informés en même temps que les médias. C’est scandaleux. Ce comportement peu coopératif est nouveau.
Le secteur considère l’orientation de La Poste comme une attaque sur les conditions de travail et les emplois du groupe. Donc pas seulement chez Réseau
Avec une stratégie cohérente, associée à une offre de qualité combinée à d’autres prestations du service public, l’office de poste du futur peut être un modèle à succès.
Daniel Münger
« Nous sollicitions l’ouverture du fonds d’action et de lutte. »
Dans quelle mesure La Poste doitelle assumer sa responsabilité à l’égard du personnel ? Notre époque numérique implique des changements permanents. Des entreprises telles que Swisscom nous montrent en partie comment les affronter. Il s’agit de mettre en place ce qu’on appelle le « Change Management » : les employé·e·s doivent être associés au pro-
Qu’est-ce que cela signifie pour syndicom et la poursuite du partenariat social ?
postal et vente, mais aussi chez PostLogistics, PostFinance ou Overhead. C’est pourquoi, sous réserve de la décision de l’AD, nous nous ne lésinerons ni sur les moyens ni sur les efforts.
En football, on parlerait d’une faute grave qui doit être sanctionnée par un carton rouge. Nous déterminerons la sanction avec nos membres. Il ne s’agit PHOTOS YVES SANCEY
Sur les 4500 employé·e·s de guichet, 1200 sont touchés par ce démantèlement. L’opposition contre les fermetures grandit de jour en jour non seulement au sein du personnel, mais aussi dans les communes. Dans son communiqué d’octobre, La Poste annonçait aussi des restructurations à la centrale. Nous ignorons pour l’instant combien d’emplois passeront à la trappe. Début novembre suivait un nouveau coup de massue. L’entreprise PostFinance prévoit elle aussi des restructurations d’envergure. Nous ne savons pas dans quelle mesure ces transformations toucheront le personnel. Selon la Handelszeitung, près de 500 emplois pourraient disparaître. C’est-à-dire un poste sur sept. syndicom intervient sur les deux fronts pour combattre l’attaque sur les conditions de travail et le service public. Daniel Münger, responsable du secteur Poste et Logistique, prend position et explique comment l’attitude de La Poste modifiera la coopération avec le syndicat.
La Poste a annoncé vouloir « consulter » les cantons, les communes et la population. Cette attitude ne doit-elle pas être saluée ? Non. C’est tenter de déléguer la responsabilité pour les fermetures d’office de poste aux gouvernements cantonaux. Espérons que les conseillers d’Etat s’en aperçoivent assez tôt et interviennent. La politique, la population et le syndicat doivent combattre ensemble le démantèlement du service public.
Comment la politique pourraitelle intervenir ? En soutenant syndicom dans sa revendication visant à imposer un moratoire. La Suisse en a besoin pour développer ensemble l’office postal du futur et les prestations qui y seront proposées. Cette responsabilité devrait en principe être du ressort de la direction de La Poste. Mais elle préfère manifestement s’occuper de drones et de robots et s’adonner à des expériences de gestionnaires. des bons pour des applications google ou iTunes · N‘y a-t-il vraiment pas de meilleures idées pour le « bureau de poste du futur » ? Est-ce ainsi que La Poste conçoit le service public ?
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016
CCT Swisscom 2018
La CCT doit apporter des réponses L’année prochaine, syndicom négociera la nouvelle convention collective de travail (CCT) avec Swisscom. Les défis de la numérisation seront au centre des discussions sur le développement de la CCT. syndicom a pour objectif principal d’améliorer la protection des données, la formation et le perfectionnement continus, ainsi que le renforcement de la participation dans l’entreprise. Franz Schori*
Meilleure protect ion des données En 1948, dans son célèbre roman 1984, George Orwell peignait un avenir sombre, où l’Etat exerçait une surveillance totale sur ses citoyens à l’aide de caméras placées partout sur le lieu de travail (voir pages 2-3), dans l’espace public et la sphère privée. Or de nos jours, la technologie offre encore bien plus de possibilités. Chaque frappe sur un clavier peut être contrôlée : sur un ordinateur, une tablette numérique, un smartphone, partout. Les moyens technologiques modernes permettent même de contrôler l’état de santé physique
ou psychique. Seules les pensées restent libres. Orwell lui-même serait pris d’effroi s’il voyait à quel point s’est assombri le scénario qu’il avait imaginé. Nous devons désormais porter une attention particulière à la protection de la sphère privée. Aussi bien dans l’espace privé que dans les entreprises. La manière dont on aménage son appartement, les personnes qu’on y reçoit et les discussions qu’on mène ne regardent personne. Et ce qui prévaut dans la sphère privée doit aussi valoir sur le Web. La souveraineté sur leurs données personnelles doit appartenir aux individus. Cela soulève bien entendu des discussions sur l’utilisation des appareils privés à des fins professionnelles – et inversement, sur l’utilisation professionnelle d’appareils privés. Il faut donc trouver des solutions qui incluent la protection des données.
travail. Mais les belles paroles ne suffisent pas. syndicom souhaite savoir si les salarié∙e∙s de Swisscom estiment que les mesures de formation et de perfectionnement offertes sont suffisantes. Par conséquent, il mènera en décembre une enquête auprès du personnel de Swisscom.
finale appartient-elle à l’entreprise ? Au syndicat ? A la représentation du personnel ? Voire aux employé∙e∙s ? Les entreprises désireuses de surmonter rapidement les mutations numériques doivent inclure un droit élargi de consultation et de participation, voire laisser aux équipes le soin de s’organiser de manière autonome. syndicom s’engage pour défendre ces droits. Car il tient à ce que les entreprises suisses du secteur TIC relèvent rapidement les défis de la transformation numérique pour assurer leur sur-
Renforcer la part icipation dans l’entreprise La question de savoir qui a le droit de trancher sur des décisions de stratégie ou d’organisation est un éternel combat : la décision
vie sur le marché globalisé de la numérisation. La démocratie économique s’en trouvera automatiquement stimulée et enrichie, ce qui profitera aux salarié∙e∙s et renforcera aussi notre démocratie. Qu’il s’agisse de la protection des données, de la formation et du perfectionnement, ou de la participation au sein de l’entreprise, la future CCT de Swisscom devra répondre à toutes ces questions.
* Secrétaire politique spécialisé, secteur TIC
ce que Les membres du groupe de stratégie veulent ancrer dans la CCT Swisscom Marianne Segev : « Aujourd’hui déjà, il est possible de recenser et d’évaluer d’innombrables données personnelles sur le lieu de travail. Des réglementations claires et transparentes s’imposent pour que chacun·e puisse décider de l’utilisation de ses données. »
Eleonore Wieland : « Les droits de participation et la protection des travailleurs gagnent en importance. J’espère des progrès sensibles dans ce domaine lors du renouvellement de la prochaine CCT. »
Pascal Bassu : « Plus la numérisation s’accélère et plus le perfectionnement permanent est important. Nous devons développer avec les employeurs une culture du perfectionnement, à laquelle ils doivent absolument apporter leur contribution. »
Enquête sur la format ion et le perfectionnement Les entreprises sont conscientes du fait que les salarié∙e∙s constituent leur principal capital et qu’elles doivent veiller à améliorer constamment leurs compétences. Elles savent aussi qu’elles portent une responsabilité sociale à l’égard de leurs employé∙e∙s pour assurer leur compétitivité sur le marché du
PHOTOS SÉBAS T IEN BOURQUIN
syndicom est prêt à affronter les défis soulevés par la transformation numérique du monde du travail. La politique CCT du secteur TIC sera donc placée sous le signe de la digitalisation. Le développement de la convention collective de travail de Swisscom marquera le point de départ. Le groupe stratégique CCT, formé de membres actifs issus de différents domaines de Swisscom, s’est penché en détail sur la numérisation cet automne. Il propose aujourd’hui un cahier de revendications à la Conférence d’entreprise Swisscom Group, qui se réunira le 9 décembre prochain. Celui-ci inclut plusieurs aspects liés à la digitalisation.
« Les prestations restent bonnes » Les modifications à la caisse de pension ComPlan, qui entreront en vigueur le 1er juillet 2017, entraînent des réductions de prestations. Elles sont dues à l’évolution démographique et au bas niveau persistant des taux d’intérêt sur le marché des capitaux. syndicom peut-il s’estimer satisfait du résultat ? Explications de Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC et membre du conseil de fondation. Interview : Christian Capacoel syndicom : Les assuré·e·s de la caisse de pension de Swisscom doivent s’attendre à une réduction mensuelle de 0,2 % du taux de conversion, du 1er juillet 2017 au 1er septembre 2020. Le taux de conversion passera ainsi progressivement de 6,11 % à 5,34 %. A vos yeux, c’est néanmoins un succès partiel. Pour quelle raison ? Giorgio Pardini : Les prestations des caisses de pension sont partout sous pression. ComPlan ne fait pas exception. Par rapport à d’autres entreprises qui nous sont proches, comme La Poste Suisse, les CFF ou RUAG, notre situation reste
très favorable avec la réglementation adoptée. Non seulement la réglementation transitoire atténue les effets de la baisse grâce à son échelonnement jusqu’en 2020, mais elle prévoit aussi le maintien complet de la rente transitoire. C’était pour nous une préoccupation centrale. Les employé·e·s doivent pouvoir décider eux-mêmes si et quand ils souhaitent prendre une retraite anticipée.
Les employé·e·s auraient certainement souhaité que Swisscom assume l’ensemble des coûts des modifications. Une telle solution n’était-elle pas possible ?
Ce compromis permet à Swisscom de financer 1,2 % du taux de conversion. Cette contribution est déterminante pour fixer le niveau des rentes. De plus, Swisscom a contribué avec 50 millions au refinancement des capitaux des assuré·e·s et, notamment aussi, au financement intégral de la rente transitoire. Swisscom a donc fourni sa part d’efforts. Le partenariat social doit être considéré de manière globale : il y a une CCT, une caisse de pension et un plan social.
Les modifications visent à assurer la pérennité des caisses de pen-
sion. Pourtant, syndicom prône un renforcement de l’AVS au détriment des caisses de pension. La situation des caisses est-elle si précaire ? Et qu’en est-il de ComPlan ? Au plus tard après la crise financière de 2008, les faiblesses de la prévoyance professionnelle sont clairement apparues. Le système de couverture des capitaux ne fonctionne qu’avec des taux d’intérêt positifs constants et un taux d’inflation annuel de 2 à 3 %. Cela suppose une période de croissance économique. Aujourd’hui, la courbe des taux d’intérêt est négative. Le taux directeur est de
PHOTO JENS FRIEDRICH
Caisse de pension ComPlan
–1,25 à –0,25 %. La pression sur les rentes actuelles et futures continuera à s’accroître tant qu’aucun changement majeur n’interviendra en politique financière. C’est pourquoi nous devons renforcer l’AVS, afin de soutenir les rentes actuelles et futures. Le système de répartition de l’AVS est largement indépendant des marchés financiers. Je suis persuadé que nous devrons également revoir la situation de ComPlan d’ici quelques années, si le contexte politique économique et financier n’évolue pas d’ici là.
Médias | 7
syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016 coupe sombre dans les rédact ions
Accord en demi-teinte chez Tamedia Romandie Après trois semaines de lutte et de négociations très difficiles, un accord qui limitait légèrement la casse a été ratifié le 21 octobre. Les sacrifices de journalistes postérieurs à cet accord ont permis de diviser par deux le nombre de licenciements, qui passe de 24 à 12. Groupe ultra-rentable, Tamedia coupe néanmoins près d’une trentaine de postes à 24 heures et à la Tribune de Genève, et porte ainsi atteinte à la qualité et à la diversité de la presse. Yves Sancey L’annonce des licenciements avait soulevé une vague d’indignation. Une pétition a récolté près de 5000 signatures et les autorités politiques ont exprimé leur inquiétude face à des mesures d’économie qui mettent en péril la diversité de la presse. Forts de l’élan collectif et du soutien populaire qui a émergé au moment de l’annonce de la brutale restructuration à 24 heures et à la Tribune de Genève, les représentants du personnel ont pu négocier avec la direction de Tamedia Publications romandes (TPR). Ce n’était pas gagné au départ, tant la direction de Tamedia ne voulait rien lâcher au début du conflit.
Licenciements divisés par 2 … Un accord ratifié le 21 octobre entre TPR et les représentants des rédactions des deux journaux a permis de limiter légèrement la casse. Le nombre
… mais pas le nombre de postes supprimés
de licenciements avait pu être réduit à 20 personnes et un guichet volontaire avait été ouvert afin de permettre aux personnes qui souhaitent partir volontairement ou réduire leur taux d’activité de s’annoncer. L’accord ratifié prévoit aussi un fond d’accompagnement pour l’aide à la reconversion professionnelle et la priorité d’embauche au sein du groupe jusqu’à fin septembre 2018 pour les employés touchés. Parmi les mesures d’accompagnement, l’accord prévoit une indemnité de non-emploi (au maximum de cinq mois) pour une durée limitée selon l’âge et l’ancienneté. Avec les nouvelles personnes qui se sont annoncées après l’accord et l’ouverture du guichet volontaire, TPR et impressum ont pu annoncer le 15 novembre que le nombre de licenciements a pu être divisé par deux, passant de 24 à 12.
Au final, Tamedia n’a pourtant pas revu sa cible d’économie, mais ce sont les salarié·e·s qui, par leur sacrifice (départ volontaire ou baisse du temps de travail et donc de salaire), ont permis que la suppression douloureuse d’une quasi-trentaine de postes non remplacés se fasse avec « seulement » douze licenciements. Les rédactions auraient voulu un « moratoire significatif » sur les licenciements, mais Tamedia a refusé. L’inquiétude reste très grande car Tamedia a accepté de donner des garanties sur l’emploi uniquement jusqu’à fin septembre 2017. Cette garantie ne couvre que les deux quotidiens romands. Les sociétés de rédacteurs craignent pour l’avenir des deux titres et pour l’ensemble des titres du groupe Tamedia.
Diversité de la presse
PHOTO JEAN-PATRICK DI SILVES TRO
Malgré une belle mobilisation, Tamedia n’a rien concédé sur le nombre de postes supprimés et porte atteint à la presse romande.
Les deux sociétés rappellent que le groupe Tamedia a dégagé un bénéfice de 334 millions de francs en 2015 qui lui permettrait de maintenir les effectifs. « Au lieu de cela, Tamedia se refuse à investir, notamment pour amorcer le tournant crucial du digital qu’il appelle pourtant de ses vœux », relèvent-elles. Si syndicom se réjouit de la réduction de nombre de licenciements et de l’augmentation des indemnités, il souligne que « la question de l’atteinte à la qualité et à la diversité de la presse
« T comme tondus » sort maintenant à Berne et Zurich ?
“T”amedia : raboter jusqu’à l’os ? C’est cohérent que Tamedia réduise son logo à la fin de cette année – et donc également le nom de l’entreprise – à un simple « T ». L’ancien éditeur produit de moins en moins de médias. Une partie de plus en plus grande de son champ d’activité se déplace sur des portails de camelote et de petites annonces. En retranchant le mot « media » de son nom, T ne fait qu’officialiser sa transformation en un groupe publicitaire. Et, logiquement, il n’y a pas que son nom que T rabote jusqu’à l’os. Moins l’entreprise fait de journalisme sérieux, moins elle a besoin d’engager de journalistes sérieux. Ou pour le dire avec les mots forts du service de communication : « Nous faisons plus de qualité avec moins de personnes ». Selon cette devise, les rédactions sont élaguées sans pitié depuis déjà des années. En petites tranches. Le 21 octobre, l’après-midi même où il fermait le « front romand » après un coup de rabot de 14 %
de la part d’un groupe de médias à la santé financière éclatante demeure ». syndicom est déterminé à travailler avec le mouvement qui est né autour de la pétition pour
dans les rédactions, Tamedia ouvrait un nouveau front à Berne en supprimant cinq postes à la Berner Zeitung (BZ). Mais Berne résiste. Le 18 novembre, une pétition signée par 155 salarié·e·s de la BZ et du Bund a été adressée à Tamedia. Elle demande d’offrir aux collaborateurs licenciés de la BZ les mêmes conditions que celles prévues en Romandie ! Selon Christof Moser dans la Schweiz am Sonntag, 12 % de l’ancien vaisseau amiral Tages-Anzeiger pourraient aussi partir en fumée. Malgré de multiples demandes, les journalistes n’ont reçu aucun renseignement. Entre-temps, le « groupe 200 », interne à la rédaction, s’est ranimé. Dans le grand massacre de l’emploi en 2009, il avait réussi à négocier un très bon plan social, grâce à une forte mobilisation. Seule certitude, comme l’a démontré la Romandie : sans pression, Tamedia – devenu « T » – ne fera pas de concessions. (Yves Sancey et Nina Scheu)
le maintien de la presse et des médias. Ces initiatives doivent se renforcer, en se coordonnant avec d’autres régions de la Suisse pour les combats à venir. (YS avec l’ATS)
Conférence de branche Presse du 22 octobre
Revendications pour la CCT et lutte des journalistes allemands La visite d’un collègue syndicaliste de l’Allemagne a inspiré les participant·e·s à la conférence de branche. Nina Scheu Pour Joachim Kreibich, « ceux qui lisent encore un journal s’intéressent aux conditions dans lesquelles il est produit ». Il faut donc porter le combat contre le démantèlement des rédactions dans la rue.
« Notre mandat, en tant que représentants des journalistes, va au-delà du travail syndical habituel », a souligné Kreibich, lui-même journaliste expérimenté et représentant de l’Union allemande
Négociations salariales dans le secteur livre
4000 fr. (× 13) : salaire minimum Bonne nouvelle dans les négociations alémaniques 2016 sur les salaires dans les librairies : le salaire minimum de la première à la troisième année qui suivent l’apprentissage sera augmenté de 50 francs. Après des discussions qui ont duré des années, les libraires alémaniques ont enfin un salaire minimum de 4000 fr. (les employé·e·s non qualifié·e·s
le touchent dès la 4e année). Il est à préciser que ces 4000 fr. sont versés 13 fois par année, 12 fois seulement en Suisse romande ! Le comité de la branche Livre et diffusion de médias a accepté ce résultat le 6 novembre. En Suisse romande, les négociations n’ont pas encore débuté. Elles devraient commencer début décembre. (syndicom)
des journalistes (DJU) au syndicat ver.di : « Il en va de la démocratie. Car le travail journalistique de qualité est un levier indispensable de la formation de l’opinion. » Il a présenté en détail la nouvelle convention collective de travail qui a été arrachée de haute lutte en Allemagne, après plusieurs grèves. Les salaires minimaux sont certes peu élevés chez nos voisins allemands, mais – contrairement à la Suisse – ils sont inscrits dans la CCT, tout comme 34 jours de vacances ou la garantie de congés syndicaux pour les représentant·e·s du personnel. La Conférence de branche s’est essentiellement penchée sur le thème de la CCT et son contenu car, dans les mois à venir, une convention doit être enfin négociée en Suisse alémanique. syndicom s’appuiera sur les résultats du son-
dage consultable sur www.mediengav.ch pour élaborer avec impressum le cahier de revendications. Les principales sont d’ores et déjà claires : garantir l’indépendance journalistique, introduire des salaires et honoraires minimaux différenciés en fonction de l’expérience, ainsi que des possibilités de compensation des heures supplémentaires et du travail du week-end. La Conférence de branche a également élu son nouveau comité de branche : Roman Berger, Sergio Ferrari, Patrick Gutenberg, Dominique Hartmann et Florian Niedermann ont été réélus à l’unanimité. Sabine Arnold, Sina Bühler (présidente), Daniele Fontana et Thomas Leuzinger se sont retirés du comité. Anja Conzett a été nouvellement élue.
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016
syndicom demande une rencontre avec le Conseil d’Etat Le 27 septembre dernier, très inquiet, syndicom dénonçait la décision du Grand Conseil neuchâtelois de passer abruptement – au 1er janvier 2017 – à une version uniquement digitale de la Feuille officielle (FO), sans en avoir étudié au préalable les conséquences sur les salariés et le patrimoine industriel du canton.
la digitalisation de la FO et ses Conséquences sur l’emploi Malheureusement, syndicom avait vu juste. En effet il a été annoncé le 1er novembre, aux employé·e·s et à syndicom, que le responsable de la FO au sein de Messeiller allait être licencié. Le pourcentage d’occupation de deux autres travailleurs des imprimeries sera réduit à 50 %. Deux personnes, temporaires depuis quinze ans, ne seront plus rappelées pour la production de la FO. Cerise sur le gâteau, l’ensemble du personnel a été informé de la volonté de l’employeur de faire passer le temps de travail hebdomadaire de 40 heures à 42 heures, sans compensation ! L’employeur – qui affirmait publiquement que la diminution, prétendument de 15 %, de son chiffre d’affaires n’aurait aucune conséquence – se sera vite rendu compte de celles que dénonçait syndicom : une réorganisation complète de l’entreprise, des licenciements, des diminutions de pourcentage de poste et un absurde allongement des horaires pour l’ensemble du Publicité
personnel, alors même que l’entreprise fera face à une diminution du volume de travail !
Appel au Conseil d’Etat pour trouver une solution Au vu de la situation, le personnel et syndicom reviennent maintenant vers le Conseil d’Etat afin que la personne qui s’occupe encore maintenant de la FO, et qui a été licenciée, soit employée dès le 1er janvier au sein de l’Etat pour le même travail qu’elle effectuait jusqu’alors. Il n’y a pas de poste à créer puisque ce travail devait être repris à l’interne et il faut bien que quelqu’un s’en charge. Or, il y a eu dernièrement des départs naturels au sein du département de l’Etat qui devait se charger de la mise en page de la FO. Il est évident que personne n’est mieux placé pour poursuivre son travail que le polygraphe qui le faisait jusqu’à aujourd’hui. syndicom et le personnel demandent donc une rencontre urgente avec le Conseil d’Etat, ou une commission compétente, afin de discuter du cas de cette personne mais aussi de la mise en difficulté et des conséquences de cette décision sur l’ensemble des employé·e·s de l’entreprise. De plus, syndicom propose une rencontre avec la direction de l’entreprise afin de trouver des solutions autres que l’augmentation du temps de travail. (syndicom)
Hôpital de Sion
Des BD pour les enfants malades C’est le Belge Serge Ernst qui est venu le 5 novembre dédicacer les albums de la série « Boule à zéro » aux enfants malade. 450 exemplaires de ces BD ont été offerts au service de pédiatrie. Le syndicat, et en par-
PHOTOS AL AIN C ARRUPT
Restructuration à l’imprimerie Messeiller (NE)
ticulier notre ancien président Alain Carrupt et notre collègue Elisabeth Di Blasi, s’est beaucoup investi dans cette action, notamment en offrant la recette des ventes de son stand au village du livre de SaintPierre-de-Clages. La série, puisque « Boule à zéro » en est à son 5e titre avec un 6e en préparation, raconte l’histoire de la petite Zita, une jeune malade qui doit vivre à l’hôpital. Cette série connaît un beau suc-
cès. Son premier album a été vendu à 30 000 exemplaires. Un projet de film devrait même aboutir en 2017. « Un enfant hospitalisé se retrouve dans un environnement d’adultes », explique le Dr Eric Bonvin, directeur de l’Hôpital du Valais, « la BD permet à l’enfant de s’identifier. En abordant cette problématique de la maladie, cette BD joue un rôle important. » (YS, avec Le Nouvelliste)
Groupes d’intérêt | 9
syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016 Conférence de la jeunesse 2016 à Bienne
On peut aussi numériser la résistance « :Il est plus facile d’inventer le futur que de le prévoir. » Cette citation de l’informaticien Alan Kay résume bien la conférence de la jeunesse des 24 et 25 septembre à Bienne. Comme l’année dernière, les discussions ont porté sur la numérisation du monde du travail. Philippe Wenger, membre de la commission de la jeunesse syndicom
Le pouvoir de marché des consortiums d’Internet « La technique est de plus en plus indissociable de notre quotidien. Les grandes entreprises du Web nous lient à leurs systèmes économiques », dit Streckeisen en se référant à l’étude allemande « Die Avantgarde des digitalen Kapita-
lismus » (L’avant-garde du capitalisme numérique). Google offre par exemple son système d’exploitation Android pour smartphones et obtient en échange un accès à nos réseaux et nos informations privées : données de santé, intérêts, opinions, e-mails. Les utilisateurs d’Android alimentent ainsi la précieuse collecte de données de Google et obtiennent en échange un système d’exploitation performant. Cela veut dire aussi que Facebook, Uber, Google, Apple et Amazon possèdent très peu d’employés, mais disposent d’une puissance considérable sur le marché. Une multitude d’individus travaillent pour ces entreprises, mais ils ne sont presque pas (p. ex. les conducteurs Uber), voire pas du tout (p. ex. utilisateurs Facebook et Android) rémunérés. Ces clickworkers travaillent pour très peu d’argent et dans des condi-
tions précaires. En tant que syndicat, nous devons donc nous demander que faire avec toutes ces personnes disséminées. Comment les syndiquer ? Comment s’assurer que la numérisation ne laisse pas une foule de perdants incapables de s’adapter à la transition ?
adopter un ton plus ferme La jeunesse de syndicom estime que le syndicat doit faire peau neuve, afin de résister et de rester
attrayant pour les employés. Deux facteurs concrets ont été mentionnés durant la discussion. syndicom doit adopter un ton ferme. Si une entreprise menace d’externaliser ses emplois à l’étranger en vue de baisser les salaires, syndicom doit dénoncer l’entreprise qui pratique la sous-enchère salariale ! Par ailleurs, les nouvelles technologies offrent un terrain pour de nouvelles formes d’action. Une entreprise a par exemple lancé un
concentrés, inquiets et actifs Instantané de l’intervention de Streckeisen
PHOTO SANDRA VÖGELI
Cette année, Peter Streckeisen de l’Université de Bâle a brossé les perspectives futures sous l’angle de la recherche. « :Il n’y a pas de lutte de l’homme contre la machine. Derrière les machines se trouvent toujours des humains pour les faire fonctionner », a déclaré cet expert. La question la plus importante est de savoir qui contrôle les machines : Facebook, Google, Amazon ou d’autres grandes sociétés sans légitimation démocratique ? « Nous » les syndicats ? Ou « nous » la société ? Qui a le pouvoir sur les robots ?
concours de créativité, qui lui permet de garder tous ses avantages et de reporter tous les risques sur les graphistes, designers et autres « clickworkers » qui y participent. On pourrait par exemple saboter ce concours en envoyant en masse des propositions inutilisables. Comme Uber, une telle entreprise est l’employeur de ses clickworkers et doit donc assumer ses responsabilités à leur égard (notre édition 08/2016). La jeunesse de syndicom pense qu’un syndicat qui s’adapte au changement peut influencer le monde numérique. A la fin du week-end, la décision a été prise d’élaborer une proposition sur le thème de la numérisation pour le prochain congrès.
L’étude (uniquement en allemand) « Die Avantgarde des digitalen Kapitalismus » peut être consultée sur http ://bit.ly/2gmtadv
Egalité salariale : une loi émoussée Après la consultation sur la révision de la loi sur l’égalité (LEg), le Conseil fédéral a présenté le résultat concernant l’égalité des salaires. Malheureusement, les sanctions et les contrôles salariaux étatiques ont été totalement supprimés du projet soumis en consultation. On mise encore une fois sur la responsabilité individuelle et sur le contrôle volontaire des employeurs. Toutefois, comme le « Dialogue sur l’égalité des salaires » l’a déjà montré, les mesures volontaires n’ont pas remporté le succès espéré, car quasi aucune entreprise n’a joué le jeu.
Et la proposition d’instaurer un organe de contrôle chargé d’annoncer à une autorité étatique compétente les employeurs qui ne respectent pas leurs engagements ou d’en établir une liste accessible au public a également été abandonnée. La bonne nouvelle est que les entreprises employant 50 travailleurs ou plus sont tenues d’effectuer une analyse des salaires tous les quatre ans et de faire contrôler sa bonne exécution par un organe externe, qui doit établir un rapport à l’intention de la direction de l’entreprise. Les employeurs
doivent informer leurs employé·e·s du résultat du contrôle de l’analyse et de l’ampleur de l’éventuelle discrimination constatée. Nous exigeons aussi d’associer les partenaires sociaux et d’introduire l’obligation d’annoncer. De même, une autorité disposant de pouvoirs de contrôle et de sanction doit être créée. Le message du Conseil fédéral sur la modification de la LEg est attendu pour l’été 2017. Nous espérons que le projet sera encore complété au Parlement avec ces élé-
ments et ferons du travail de lobbying en ce sens. Patrizia Mordini, responsable Egalité, membre du comité directeur P.S. En Suisse, le « gender gap » (la différence entre le salaire moyen des hommes et celui des femmes) dépasse les 19 %. Selon les calculs de RTSinfo, les Suissesses ont donc commencé à travailler « bénévolement » en 2016 dès le 21 octobre, à 15h50.
2 e Forum des Indépendant·e·s
Conditions de travail précaires En 2015, le GI Indépendant·e·s de syndicom lançait le Forum des indépendant·e·s pour l’échange entre organisations de free-lances en Suisse. La deuxième édition du Forum s’est déroulée le 27 octobre. Michael Walther* Cette année, le Forum a été dédié à une étude sur les conditions de travail des indépendant·e·s. Elle a été réalisée en 2016 par Suisseculture Sociale – une faîtière des organisations qui représentent les acteurs de la culture.
précarité avec un Revenu médian de 40 000 francs L’étude a été réalisée en ligne. Près de 1700 données ont ainsi pu être évaluées. Les questions portaient notamment sur les revenus et les assurances sociales. Les résultats ont été commentés pour la première fois lors du
Forum. Bilan : les indépendant·e·s qui travaillent dans le domaine de la culture ne se portent pas mieux qu’en 2006, date de la dernière étude. Comme la moyenne obtenue peut être faussée par quelques personnes à haut revenu, la valeur médiane a été prise en compte. Elle se monte à environ 40 000 francs. Les indépendants vivent donc dans la précarité. La durée du travail des acteurs culturels a augmenté, alors que leur revenu a diminué. Ils travaillent donc davantage dans leur domaine professionnel, mais gagnent moins. En moyenne, les
hommes gagnent mieux que les femmes et travaillent aussi à un pourcentage plus élevé. Les assurances sociales ne se sont guère améliorées malgré de nouvelles offres dans le domaine de la prévoyance professionnelle. Moins de la moitié des acteurs culturels disposent d’une couverture sociale supplémentaire en plus de l’AVS.
Sondage prévu Le GI Indépendant·e·s prévoit aussi de réaliser un sondage parmi ses membre, qui devrait arriver à des résultats similaires. Les
participant·e·s au Forum étaient unanimes à approuver l’argumentation concernant l’initiative AVSplus : des investissements dans l’AVS sont plus profitables aux indépendant·e·s que le développement du deuxième pilier. Une injustice concernant les assurances sociales a aussi fait l’objet d’un débat : les hommes qui exercent une activité lucrative indépendante touchent une compensation de salaire par le biais de l’APG lorsqu’ils accomplissent leur service militaire, alors qu’en cas de maternité les femmes n’ont rien. L’USS traite-
ra ce thème au sein de la commission AVS/AI. Plusieurs représentant·e·s d’associations culturelles, ainsi que Doris Bianchi, de l’USS, ont participé au Forum. Le SSM et le SSP étaient invités. Une première réunion avait déjà eu lieu en automne 2016. L’accent avait alors été mis sur les assurances sociale set les éventuels désavantages des indépendant·e·s. Le troisième Forum aura lieu le 26 octobre 2017. La composition des participant·e·s doit encore être élargie.
* Président du GI Indépendant·e·s
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016
Comité GI RETRAITÉ·e·S
Donner un signal « Vous êtes plus actifs que les personnes actives ! ». Le commentaire de Franco Caravatti, président du groupe des retraité·e·s de la section Ticino e Moesano, illustre la vitalité du débat mené pendant les trois jours de retraite. Du 25 au 27 octobre, les membres du comité se sont réunis à Bellinzone dans le cadre de la sixième retraite du comité national, qui s’est tenu pour la première fois au Tessin. En marge des travaux, ils ont eu l’occasion de visiter Castelgrande, où le maire de Bellinzone, Mario Branda, les a reçus. Les séances du comité se sont déroulées dans les salles de l’hôtel Unione en présence de Patrizia Mordini, responsable du groupe d’intérêt Retraité·e·s. Elle a fait part de sa déception sur les résultats de la votation AVSplus et rappelé que le « projet Prévoyance vieillesse 2020 n’est pas de bon
PHOTO AS TRID PULFER
La sixième retraite du comité national des retraité·e·s, qui s’est tenue à Bellinzone fin octobre, a confirmé la vitalité et la force d’un groupe d’intérêt qui veut continuer à lutter pour le syndicat. Débats passionnés, moments conviviaux, accueil des autorités locales : voici la chronique des trois jours de retraite. Giovanni Valerio*
Le comité national (de g. à dr.) : Gianni Chopard, Alain Michaud, Ernesto Fenner, Franz Baumann, Ernst Knaus, Claude Kemm, Rosmarie Gerber, Jean-Marc Herren (traducteur), Gabriel Cuany, Michel Meylan, Roland Gutmann, Hans Schmid, Patrizia Mordini, Heinz Thommen, Ruth Brunner. Absents : Rodolphe Aeschlimann et Peter Rymann.
augure. On espère que le Conseil des Etats annulera partiellement les décisions du Conseil national ». Faute de quoi un référendum pourrait être lancé. Plusieurs intervenants ont souligné qu’il est nécessaire de sensibiliser les jeunes aux enjeux des votations (ils sont toujours moins nombreux à se rendre aux urnes) et de leur transmettre une passion pour la politique, l’engagement
social et les syndicats. « Les temps ont changé. Les gens changent de plus en plus souvent de profession et il est difficile de trouver des personnes prêtes à s’engager dans la politique locale », ont relevé certains participants. Les thèmes ne manqueront pourtant pas ces prochaines années: le service public, les retraites, les accords économiques internationaux (p. ex. TISA). Ce sont des
sujets que les retraité·e·s de syndicom veulent débattre. Parmi les thèmes syndicaux traités, le renchérissement a aussi fait l’objet d’une discussion. Un intervenant a rappelé que les anciens employé·e·s de la Coop reçoivent 800 francs par an. C’est pourquoi il a été demandé via le secrétariat central que syndicom intervienne auprès de La Poste et de Swisscom pour exiger un versement unique (env. 1000 fr.) et un relèvement de 200 à 400 francs des avantages liés à l’entreprise, même si nous traversons une période difficile (Madame Ruoff a annoncé pendant la retraite le saccage du service public !). Les retraité·e·s de syndicom lutteront avec acharnement. Ils ont même déclaré être prêts à rencontrer la direction de La Poste ! La discussion concernant l’élection des prochains membres du
news postales
comité a elle aussi été animée. Il n’est pas nécessaire de préserver une représentation des régions et des sections, a-t-on souligné. « Il faut des collègues motivés, peu importe qu’ils soient d’anciens collègues de comedia ou des PTT. Les problèmes demeurent les mêmes. » Le comité restera composé de 15 personnes. D’ici mars, cinq nouveaux membres devront être élus. Concernant la présidence de syndicom, le comité national (qui avait proposé Géraldine Savary, conseillère aux Etats vaudoise PS) s’est interrogé sur les travaux de la commission de sélection en vue de présenter des candidat·e·s. Ces thèmes seront à nouveau discutés le 17 janvier à Bienne. Car, comme l’a relevé un participant, « retraité-e ou non, on reste syndicaliste toute sa vie ».
* rédacteur tessinois
syndicom en bref
Deux victoires pour les facteurs de PostMail Rien n’est jamais acquis : syndicom travaille dur, souvent dans l’ombre, et obtient des avantages pour les collègues. Deux exemples récents sont là pour le rappeler.
1. le quatrième échelon de fonction pour les suppléants team leaders, réclamé depuis de nombreuses années, sera enfin effectif dès le 1er janvier 2017. Les modalités de ce passage sont actuellement encore en discussion.
2. les indemnités de repas négociées avec la nouvelle CCT mais que la plupart des responsables de RDC, feignant l’ignorance, ne payaient pas. Pour revendiquer l’indemnité repas de 17 francs
• il faut produire une quittance, pour autant qu’on soit obligé de prendre sa pause de midi – entre 11 h 30 et 13 h 30 – à l’extérieur (normalement c’est un automatisme, mais on demande aux collègues de garder les tickets de caisse) ; • ou encore – selon les directives de La Poste et de la CCT – le team leader dit au collègue de prendre sa pause de midi à l’extérieur et de terminer sa distribution ensuite, et qu’il l’annoncera à la caisse pour le paiement de l’indemnité. Il n’est pas nécessaire de fournir un justificatif.
Eric Schwapp, secrétaire régional Poste/logistique
mise au point Tout le personnel de La Poste est concerné. 1. certificats médicaux Tu es à 40 % ou à 50 % ou encore à 60 %. En cas d’incapacité de travail partielle, ton employeur est tenu de respecter le pourcentage fixé par le médecin, rapporté au taux d’occupation qui figure dans ton contrat de travail. Ces vingt-quatre derniers mois, certains responsables n’ont pas tenu compte de cette obligation. Ni les team leaders ni les responsables de zone ne sont médecins. Ils doivent donc respecter les certificats médicaux. 2. taux d’occupation des temps partiels Si tu as un contrat individuel de travail à 50 % à La Poste et que tes jours sont le lundi, le mardi et le mercredi matin, ces jours de travail doivent par principe être respectés. Le personnel de La Poste l’a déjà souvent démontré, il fait preuve d’une grande souplesse et d’une grande flexibilité, mais il y a tout de même des limites. (ES)
Les avantages des chèques Reka Info sur l’achat de chèques Reka 2016 L’année 2016 touche à sa fin. Comme vous le savez, tous les membres peuvent recevoir une fois par année des chèques Reka à prix réduit. Vous pouvez encore bénéficier des chèques pour l’année en cours si votre commande nous parvient avant le 21 décembre à 15 heures, et pour autant que le paiement intervienne avant le 31 décembre 2016 ! Pour 2017, les commandes pourront être passées dès le 11 janvier Retrait Versement Remarque Fr. 700.–
Fr. 651.–
Frais de traitement de 8 fr. offerts
Fr. 400.–
Fr. 372.–
Frais de traitement de 8 fr. offerts
Fr. 300.–
Fr. 279.–
Frais de traitement de 8 fr. offerts
Le plus simple est de commander via le formulaire online : (www. syndicom.ch/fr/prestations/reka). Il suffit d’indiquer le montant
souhaité, tes nom et prénom et ton n° de membre, ainsi qu’un numéro de téléphone où nous pouvons te joindre en cas de questions. Si tu n’as pas accès à Internet, tu peux aussi commander les chèques Reka par téléphone au 058 817 18 18. Nous vérifions que le·la membre a le droit de retirer des chèques Reka puis transmettons ta commande directement à la Reka. Reka t’enverra un bulletin de versement pour le paiement des chèques. Les chèques sont envoyés par la Reka après réception du paiement. Si le·la membre détient une Reka-Card, les chèques sont automatiquement crédités sur cette carte au lieu d’être envoyés par poste. Pour commander la Reka-Card, il suffit de remplir le talon de commande annexé au courrier contenant le bulletin de versement. Toutes les informations sur la Reka-Card sur www.reka.ch.
Prévoyance vieillesse 2020 : syndicom salue la correction apportée par la Commission du Conseil des états Le 8 novembre, la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil des Etats a corrigé les plans de démantèlement massif du Conseil national en matière de prévoyance vieillesse. Elle s’oppose à l’automatisme pour un âge de la retraite de 67 ans, à la suppression de la rente de veuve et prône une hausse de 70 francs par mois de l’AVS. Le débat au Parlement se poursuivra au printemps. L’USS se prononcera sur le résultat et sur la suite de la procédure lors de l’AD extraordinaire du 24 mars 2017. (pam) suivre l‘assemblée des délégués sur Twit ter Samedi 26 novembre aura lieu l’assemblée des délégués (AD), dès 10 h 30 au Stade de Suisse à Berne. L’ordre du jour et des informations supplémentaires sont à retrouver sur la page www.syndicom.ch Pour celles et ceux qui veulent suivre les moments forts et les décisions de l’AD en live sur Twitter, quasi en temps réel, cela sera possible à travers le hashtag: #syndicomDV16 COTISATIONS DE MEMBRE 2016 PAR DD / LSV Les cotisations de membre sont toujours prélevées rétroactivement au début de chaque mois par Debit Direct (DD) ou recouvrement direct (LSV). Afin que toutes les cotisations soient réglées à la fin de l’année, nous faisons une exception en décembre : la cotisation de membre de novembre est débitée le 9 décembre 2016 et le montant de décembre sera prélevé déjà le 30 du même mois. L’administration des membres répond volontiers à tes questions, tél. 058 817 18 40 ou mad@syndicom.ch.
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016 livre sur la protection contre le licenciement
Relancer le débat sur la protection des salariés Un livre revient sur la lutte des employés de Merck Serono en photos, au travers de témoignages de travailleurs et d’une chronologie, pour illustrer la bataille à venir d’Unia, celle de la protection des employés. « Protéger les militants et les délégués du licenciement est la mesure d’accompagnement essentielle à la libre circulation », relève Michel Schweri, en charge de l’Ecole syndicale d’Unia, qui a coécrit Reprendre l’initiative. Résister aux licenciements et protéger les salarié·e·s. La publication de l’ouvrage trilingue (français, allemand, ita-
lien) tombe à point nommé pour le congrès d’Unia, qui s’est déroulé fin octobre à Genève. Son origine remonte à la lutte emblématique – entre grève, manifestations, et actions symboliques – du personnel de Merck Serono contre la fermeture du site genevois, qui a généré un projet d’initiative populaire fédérale pour changer la Constitution suisse. « L’enthousiasme avec lequel le projet a été porté au Congrès d’Unia en 2012 n’a malheureusement pas été partagé par les instances centrales syndicales, d’Unia et de l’Union syndicale suisse », peut-on lire en introduction. Mais de nom-
breuses pistes de lutte se doivent d’être débattues pour éviter les licenciements antisyndicaux et collectifs, ou du moins en limiter les conséquences, selon Michel Schweri qui voit trois grandes lignes se dessiner, selon les sensibilités de chacun : « interdire les licenciements quand des dividendes sont distribués ; augmenter le coût des licenciements pour les entreprises en améliorant les plans sociaux ; ou permettre aux gens de se défendre devant une instance de recours lors de licenciements pour exiger leur réintégration ou une meilleure indemnisation ».
Licenciement abusif : la longue lutte de H. Oppliger
PHOTO NEIL_L ABRADOR / L’ÉVÉNEMENT S YNDIC AL
« Cautionnée par la loi, la liberté absolue de licencier constitue un outil de management du personnel par la terreur désormais largement utilisé par le patronat. […] Dans un tel contexte, il est toujours plus urgent de remettre à l’agenda politique
le combat résolu pour la limitation de l’arbitraire patronal. » Cet extrait de la 4e de couverture du livre d’Unia Genève résonne particulièrement dans le cas de notre collègue Hans Oppliger, imprimeur et représentant du personnel au conseil de fondation de l’institution de prévoyance de son entreprise au moment de son licenciement en 2010 par Edipresse – devenu Tamedia. Soutenu par syndicom, Oppliger demande alors à la justice de constater la nullité de son licenciement. Il estime ce dernier abusif au sens de l’article 336 al. 2 du Code des obligations, et intervenu en viola-
tion de la procédure prévue par l’article 306 du CCT de l’industrie graphique, car il était alors un représentant élu des travailleurs. Cette affaire, dont nous avons déjà rendu compte dans ces pages, dure depuis… six ans. Et elle n’est de loin pas terminée puisqu’en juin, la Chambre patrimoniale cantonale rendait la motivation de son jugement de janvier par laquelle elle rejetait toutes les conclusions de Hans Oppliger. Le 29 août, ce dernier a fait appel auprès de la Cour d’appel civile du Tribunal cantonal vaudois pour, principalement, annuler ce jugement. Affaire à suivre. (YS)
PHOTO UNIA
La protection contre le licenciement est au cœur d’un ouvrage édité par Unia Genève à l’occasion du Congrès du syndicat. Le livre, traduit en trois langues, revient sur la lutte « historique » des 1500 travailleurs de Merck Serono, victimes en 2012 du plus grand licenciement collectif de la région lémanique. Aline Andrey *
Licenciements chez Merck Srono en 2012 ∙ Les employé·e·s genevois se sont battus pour leurs places de travail avec engagement et créativité.
Le livre fait ainsi le tour de la réglementation sur les licenciements dans le droit suisse (avec notamment les articles 335 à 337 du Code des obligations et la Loi sur l’égalité) et au niveau international. Il décortique le non-respect par la Suisse des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), alors même que son siège est à Genève. Les auteurs rappellent également l’inégalité du contrat de travail tant que règne le management par la terreur. La menace du
licenciement est ainsi devenue le premier outil des ressources dites humaines. Une peur qui devient sociale en générant la crainte de l’autre et un réflexe de repli. Seul contrepoids, selon les auteurs : l’organisation collective. « Ce livre est aussi là pour rappeler aux délégués du congrès que celui qui lutte peut certes perdre, mais que celui qui ne lutte pas a déjà perdu. »
* Article paru dans L’événement syndical, n° 43, 26 octobre 2016
Reprendre l’initiative. Résister aux licenciements et protéger les salarié·e·s, coécrit par Alessandro Pelizzari, Michel Schweri et des anciens salariés de Merck Serono. Edité par Unia Genève, 200 pages, 20 fr. A commander auprès du syndicat Unia : edwige.charrat@unia.ch.
Nouvelle analyse de l’Institut syndical européen
Les grèves sont utiles ! Les conflits de travail sont sa spécialité. Depuis des années, l’ancien coprésident d’Unia Andreas Rieger s’intéresse à ce phénomène. Aujourd’hui, il présente dans un article spécialisé – malheureusement pas traduit en français – de nouvelles conclusions sur les grèves en Suisse. Ralph Hug Rieger a élaboré un modèle en trois phases, qui dément la légende selon laquelle la Suisse serait un pays épargné par les grèves. Certes moins fréquentes qu’ailleurs, les grèves touchent des milliers de personnes à certaines époques : • Après 1945, des grèves ont été déclenchées pour exiger une hausse des salaires et davantage de conventions collectives de travail. Des milliers de personnes ont alors participé à des conflits de travail. • Durant la haute conjoncture de 1955 à 1970, une paix du travail presque totale régnait. Il n’y avait que quelques grèves éparses par année, regroupant peu de personnes. Après la crise du pétrole en 1971, les ouvriers ont débrayé à plusieurs reprises pour protester contre les suppressions d’emplois. Entre 1981 et 1991, les conflits de travail ont été rares.
• Dès 1994, les grèves ont repris, car les employeurs ont empêché des progrès à la table des négociations et remis en question des CCT. Les syndicats ont alors redécouvert la grève comme un moyen efficace pour défendre des travailleurs.
LA CONFÉDÉRATION compte mal Ces vingt dernières années, Rieger constate que les luttes ont augmenté. La statistique officielle de la Confédération ne recense que les conflits de travail d’une durée d’un jour ou plus. « De nombreux conflits de très courte durée n’y apparaissent pas », relève-t-il. Par exemple, les grèves d’avertissement, les pauses prolongées ou les grèves du zèle. Si toutes ces grèves figuraient dans les statistiques, leur nombre serait beaucoup plus élevé, comme le prouvent les
données récoltées par l’Union syndicale suisse et Unia, reprises par Andreas Rieger dans son article. Ces deux dernières décennies, on recense dans l’industrie une douzaine de conflits de travail par année, dont la moitié est assimilée à de véritables grèves. La moitié des grèves représentaient une réaction à la menace de licenciements et de suppression d’emplois. Revêtant un caractère défensif, ce sont des actions de légitime défense dirigées contre la direction. Les grèves durent rarement longtemp, « la plupart des grèves se terminant après une demi-journée ou un jour complet ».
LES GRÈVES SONT PROMETTEUSES L’étude montre que les grèves sont utiles : « La plupart remportent du succès, les
employé·e·s imposent complètement ou partiellement leurs revendications. » Il est très rare que les grèves s’achèvent par une défaite totale des salarié·e·s. Les conflits de travail suscitent toujours un grand intérêt dans le public et ils attirent la sympathie. Par conséquent, une chose est claire pour l’ancien coprésident d’Unia : « Tant qu’il n’y aura pas de période de croissance marquée par le plein emploi, des grèves continueront d’éclater – y compris dans la Suisse du XXIe siècle. »
Andreas Rieger : « The renaissance of strikes in Switzerland », paru dans la revue Transfer de l’Institut syndical européen. Un téléchargement (payant) du texte en anglais est possible sur : goo.gl/NqCerp. Une version allemande est prévue pour la revue Widerspruch.
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016
longue vue
L’avenir du pays est assuré. L’Office fédéral de la statistique vient en effet de mettre à jour les « indicateurs du programme de législature du Parlement fédéral » afin de suivre la progression des objectifs politiques des plus hautes instances du pays. Cela permet aux élus de « monitorer » l’évolution en matière de prospérité, de cohésion et de sécurité, les trois lignes directrices que s’est données le parlement, déclinées en 43 indicateurs spécifiques. confiance dans l’armée et même la « diversité des biocénoses »*. Bref, tout ce qui concerne les infrastructures et les conditionscadres de l’économie du pays. Mais de l’être humain, du citoyen, du pékin de la rue, point de trace directe dans ces indicateurs.
Même au chapitre des biocénoses qui traite uniquement de la diversité biologique dans les prairies et les pâturages, mais pas dans les villes et les maisons… D’ailleurs, une recherche électronique dans les documents du monitoring statistique avec les mots-clés « bien-
PHOTO FILM COOPI
On peut ainsi mesurer les progrès du pays sur des thèmes aussi poétiques que le taux d’endettement public, la quote-part fiscale, l’innovation, le commerce international, l’impact des embouteillages sur le réseau routier, la consommation d’énergie, la
DÉSHUMANISATION AUSSI EN ANGLETERRE « La bureaucratie britannique, qui est par principe punitive et sciemment inef fi cace, est formatée pour conduire les gens à la frustration, au désespoir, de sorte qu’ils renoncent à revendiquer des prestations. Et au bout du compte, comme par magie, le chômage recule ! » déclare Ken Loach (ici à droite avec les acteurs du film Moi, Daniel Blacke, actuellement en salle et vivement conseillé).
PHOTO LDD
Point d’humain sur le chemin
cières à consulter un médecin ou un dentiste a passé de 8,3 % à 11,5 % de 2007 à 2013. De manière générale, les gens renoncent plutôt à des soins dentaires. » Ce qui n’incite pas davantage les autorités à limiter ou réduire les primes des caisses maladie et les honoraires des médecins pour rendre l’accès aux soins réellement universel. Il est fort louable d’avoir des indicateurs pour gouverner intelligemment. Encore faudrait-il suivre les indications révélées, même – ou surtout ! – lorsqu’on se rend compte d’un tel accroissement de la pauvreté. A contrario, le combat des syndicats et de la gauche pour réduire les inégalités est conforté par ces indicateurs… mis en place par la droite.
être » ou « bonheur » aboutit sans grande surprise à « aucun résultat trouvé ». Idem si on cherche le terme « justice ». Pour être honnête, l’humain apparaît quand même en filigrane de ces indicateurs. Non pas en chair et en os comme individu, mais sous forme de chiffres, de pourcentages, utilisé comme un simple « indicateur » statistique. Et là, le bilan devient accablant. Premier exemple. « Le taux d’aide sociale est resté à peu près stable depuis 2005 », indique l’OFS. « Il se situait à 3,2 % en 2014, soit au même niveau qu’en 2005. En 2014, quelque 260 000 personnes ont été soutenues par des prestations de l’aide sociale, soit 4800 de plus qu’en 2013. » Ce qui n’empêche nullement les autorités d’abaisser les aides sociales et d’embrouiller l’accès à ces aides. Second exemple tiré des commentaires de l’OFS : « La part de la population appartenant à la classe de revenus inférieure qui a renoncé pour des raisons finan-
Michel Schweri * La biocénose est l’ensemble des êtres vivants coexistant dans un espace écologique, plus leurs inter actions. Ensemble, le biotope et la biocénose forment un écosystème.
Droit au But
« Je suis graphiste dans une grande entreprise de communication et je travaille avec une écrasante majorité d’employés masculins, dont certains se permettent de traiter leurs collègues féminines de manière très irrespectueuse, voire choquante. Je m’explique. Mon collègue, qui est marié, me fait régulièrement des avances avec un sourire aguicheur, en me demandant, par exemple, de venir dans son bureau pour « discuter de tel ou tel dossier », à des horaires pendant lesquels il n’y a presque plus personne dans les locaux. Il m’a aussi demandé plusieurs fois de venir boire un café avec lui. J’ai beau lui dire très clairement En premier lieu, je te recommande de le dénoncer immédiatement à ton chef direct, ainsi qu’au service du personnel (RH), qui devront mettre en place une enquête interne. Il faudra alors que tu apportes un maximum de preuves pour attester tes dires, il faut toujours tout documenter, car comme c’est tristement le cas dans la plupart de ces situations, le « harceleur » va tout nier en bloc. Et malheureusement, les preuves dont les victimes de harcèlement disposent sont le plus souvent des preuves orales, parfois des témoignages de témoins oculaires, ou alors d’autres victimes, mais souvent ces dernières vivent dans l’ombre et
de me laisser tranquille et que je ne suis absolument pas intéressée, il continue de plus belle. Il m’envoie aussi parfois des SMS le soir, en écrivant notamment que « le pantalon que tu avais mis aujourd’hui te faisait un beau petit cul » ou que « ta chemise de l’autre jour mettait en valeur ta poitrine opulente ». Cela a duré plusieurs mois, je me sentais chaque jour de plus en plus mal et j’avais sans arrêt peur de le croiser. L’autre soir, alors que je m’apprêtais à rentrer chez moi, il a débarqué dans mon bureau sans prévenir, et là j’ai vraiment eu peur, mon cœur battait la chamade et j’avais des haut-le-cœur.
préfèrent ne rien dire, par peur de représailles, notamment un licenciement. Sans témoins, ni preuves écrites, c’est donc très difficile. Mais dans ton cas, par chance, tu as les SMS, qui suffiront très certainement pour prouver tes dires. En deuxième lieu, il faut que tu ailles dénoncer le cas à la police, car il s’agit d’une infraction pénale. Dans le jargon juridique, il s’agit de « désagréments causés par la confrontation à un acte d’ordre sexuel » (art. 198 al. 2 du Code pénal), si la personne t’a importunée par des attouchements d’ordre sexuel (la main sur ta cuisse) ou par des paroles grossières (les SMS que tu as reçus).
Je lui ai demandé sèchement ce qu’il voulait, il s’est approché de moi sans répondre, alors je me suis levée de ma chaise afin de sortir de là, car sa présence m’étouffait littéralement. Au même moment, il m’a frôlé le haut de la cuisse et sa main y est restée posée quelques secondes. J’étais tétanisée. Je suis ensuite partie de mon bureau en courant et en pleurant. Maintenant j’ai peur de retourner travailler, je suis à bout. Je ne peux pas le croiser en faisant comme si de rien n’était, mais en même temps, je suis traumatisée et je ne sais pas vers qui me tourner ni comment faire pour que cela cesse. Que puis-je faire ? »
La police transmettra ensuite le cas au Ministère public. Puis, le ou la procureur·e en charge de ton dossier mènera une enquête ; analysera les différents SMS ou autres preuves à l’appui de tes dires ; auditionnera les parties (toi et le prévenu « harceleur »), ainsi que les éventuels témoins. Enfin, si le ou la procureur·e arrive à la conclusion que le harceleur a commis cette infraction, il ou elle rendra une ordonnance pénale, condamnant ainsi le prévenu à une amende. Il faudra ensuite que les RH de l’entreprise où tu travailles prennent des mesures disciplinaires à l’encontre du « harceleur » : idéalement un licencie-
ment, ou au moins les mesures nécessaires pour éviter tout nouvel incident du genre, et pour que tu te sentes à nouveau bien sur ton lieu de travail. Ce qui va suivre ne t’est heureusement pas arrivé, mais j’ai récemment eu à traiter d’un cas qui a débuté de manière similaire au tien, dans lequel le prévenu a effectivement été condamné pénalement. Mais ensuite, le chef de l’entreprise en question non seulement n’a pris aucune mesure contre le harceleur, mais pire encore, il a licencié la victime peu de temps après, sous prétexte qu’ils n’avaient plus le budget pour garder son poste, ce qui était évidemment un tis-
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Harcèlement sexuel au travail : dure réalité encore méconnue mais répandue
su de mensonges. Dans ce genre de cas, il faut immédiatement contester le licenciement, au plus tard avant la fin du délai de congé, et il faut ensuite aller aux Prud’hommes en demandant des indemnités pour congé abusif. Ce n’est pas une procédure facile, et il est dès lors important d’être soutenu par une personne de confiance ou par son syndicat pour gérer ce genre de conflits, qui peuvent être très délicats.
Sarah Gayle Weingart, avocate et collaboratrice au Service juridique
Actualités | 13
syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016 portrait
Quand conseils et proximité font la différence Mélinda Rathgeb ne cache pas la difficulté d’être libraire indépendante. Il n’empêche, elle croit en l’avenir, que ce soit celui du livre papier ou de ce métier passionnant. La meilleure preuve, c’est qu’elle a ouvert… deux librairies en 2015, dans la campagne vaudoise ! Aude Haenni* Rue du Midi 13 à Lausanne. Un vendredi matin. Bâtiment désert. Portes fermées. Les couloirs sont emplis d’un lourd silence. Soudain, à contre-jour, se dessine une silhouette. L’histoire aurait pu commencer comme l’un de ces polars que Mélinda Rathgeb apprécie tant. Mais à mesure que les traits se dévoilent, c’est bien elle, une jeune femme à l’allure décontractée et aux yeux bleus rieurs, qui se révèle. L’heure n’est pas aux frissons. La quiétude au sein de l’école professionnelle commerciale de Lausanne est simplement due aux vacances automnales. Et si le rendez-vous a lieu dans l’établissement scolaire, c’est que Mélinda Rathgeb donne des cours interentreprises aux apprentis libraires. Ceux-ci se terrent au sous-sol derrière leur ordinateur ; l’enseignante, elle, profite du calme ambiant pour s’éclipser.
jours aimé le contact avec les gens : je me suis dit que le métier de libraire me plaisait vraiment. » Directrice d’une harmonie – un groupe de 23 musicien∙ne∙s – à Cossonay, Mélinda Rathgeb n’a pas abandonné la musique pour autant, mais décidé d’écrire un nouveau chapitre de sa vie. D’un apprentissage à la FNAC, en passant par un poste d’employée aux Yeux Fertiles à Nyon et à La Fontaine à l’EPFL, elle atterrit en avril 2015 à La Sarraz où elle ouvre sa propre librairie. « Un hasard, sourit la trentenaire. Le monsieur qui possédait la papeterie partait à la retraite, j’y ai vu une opportunité. Lui m’a dit que j’étais complètement malade ! » Peut-être réitérerait-il son propos s’il apprenait que Mélinda Rathgeb ne s’était pas arrêtée là. En effet, six mois plus tard, la voilà qui inaugurait une deuxième enseigne à Orbe. Bien lui en a pris, car les projets ont, selon elle, été assez bien accueillis par les professionnels de la branche.
En 2006, à l’âge de 24 ans, Mélinda Rathgeb décide alors de revenir à ses premières amours. « Je connaissais la vente, et j’ai tou-
toire. « Puis j’ai commencé à faire de la musique, explique-t-elle. Mais c’est un domaine loin d’être simple si l’on veut en vivre. »
L’envie de transmet tre « J’aime pouvoir partager avec les jeunes ». C’est ainsi que cette libraire domiciliée à Orbe explique sa présence dans l’école professionnelle lausannoise depuis trois ans. Son métier, elle l’adore et a eu un jour l’envie de le transmettre aux autres. Pourtant, le choix opéré des années auparavant aurait pu l’éloigner à tout jamais des livres qu’elle chérit tant. « A la fin du Gymnase, une librairie nyonnaise cherchait quelqu’un. J’ai tout de même décidé de finir ma maturité. » S’en est suivi un séjour en Suisse alémanique à garder des enfants, à réaliser de nombreux petits boulots en tous genres en parallèle à ses études au Conserva-
PHOTO AUDE HAENNI
Un métier difficile… qui va perdurer Il faut dire qu’elle a de l’entrain, Mélinda Rathgeb. « C’est un métier tellement enrichissant ! », s’exclame-t-elle. Pour elle, le passage du statut d’employée à celui de patronne a probablement représenté un défi, mais cette passionnée n’y voit que des bons côtés… à part la comptabilité et les longues journées de fin d’année ! « Je pense déjà au 24 décembre, ça va probablement défiler. » Mélinda Rathgeb pousse un petit soupir, mais ne peut se plaindre d’avoir une clientèle. Au jour d’aujourd’hui,
le métier reste difficile. Concurrence des prix face aux géants du livre, Internet et Amazon, les raisons invoquées demeurent toujours les mêmes. « De plus, avec l’offre imposante qui existe dans le domaine des loisirs, on réalise que les gens dépensent beaucoup moins dans la lecture… Bien sûr que ce n’est pas simple, mais le métier va perdurer : en tant que libraires indépendants, on apporte proximité, découverte et conseils. On transmet quelque chose au client, contrairement à ce que l’on peut trouver en grande surface et sur les sites. »
Apprenti∙e∙s dans de bonnes mains Avec une telle philosophie, ses apprenti∙e∙s sont dans de bonnes mains. Quant aux autres futurs libraires, Mélinda Rathgeb y pense quand elle paye sa cotisation annuelle à syndicom. « J’aime à croire que ma petite contribution aide les apprentis. » En tant qu’employée, la libraire avoue n’avoir heureusement jamais eu recours au syndicat et, en tant que patronne, ne pas en avoir besoin. « Avec mes apprentis, nous sommes sur la même longueur d’onde. Et je n’aimerais pas être une patronne chiante ! » rigole-t-elle. Plus sérieusement, elle ajoute : « Dans le métier, il n’y a pas vraiment de problème. Mais quand il y en a, ils sont plutôt sérieux. Et c’est là que le syndicat entre en jeu : il est important de pouvoir être défendu. Peut-être qu’un jour, j’en aurai moi-même besoin. »
* Journaliste et photographe RP
Auteurs de chez nous
Flagrant délit dans la haute société genevoise cé par Me Philippe Joncour et ce roman, qui devient un vrai policier, tient en haleine jusqu’à l’ultime page. « Ce n’est pas de meurtre que j’ai à vous entretenir, pour l’instant, mais de passion. » Cette phrase est mise dans la bouche de l’accusé. On découvre alors une étude subtile, quasiment le travail d’un expert psychiatre, c’est-à-dire le parcours qui veut démêler les intrigues, les mystères, la vie cachée d’un grand seigneur du barreau qui était une image de réussite avec la réputation d’un grand bourgeois reconnu comme exemple dans les milieux politiques, même
dans les cercles religieux. Il était montré en modèle et voilà que subitement on le découvrait infidèle, assassin par jalousie, men-
teur mais diablement intelligent, rusé, et aussi bouleversant de misère intérieure, de mal-être, d’une sensibilité maladive, en
même temps que d’un orgueil démesuré. En prison, il découvre l’immense solitude de ceux qu’il a parfois menés dans une cellule où plus rien ne peut venir de l’extérieur. Ce procès semble avoir comme un écho avec celui d’un autre maître du barreau genevois en pleine actualité.
Mousse Boulanger
PHOTO PHILIPPE PACHE
Condamné au bénéfice du doute, c’est le titre d’un livre qui vient de paraître chez Bernard Campiche éditeur, sous la plume du Genevois Pierre Béguin. Tous les anciens se souviennent d’un procès qui avait attiré des journalistes de Paris, et dont quasiment toute l’Europe avait parlé. L’accusé « condamné à sept ans au bénéfice du doute », n’a jamais avoué, mais les indices, les preuves étaient si flagrants que la cour n’a pas osé acquitter un accusé qui représentait la très haute société genevoise du XXe siècle. Le nom de l’accusé, Me Jaccoud, n’est jamais prononcé dans le livre. Il est rempla-
Pierre Béguin, Condamné au bénéfice du doute, Bernard Campiche éditeur, Orbe, 206 pages, 2016, Prix: 30 fr.
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016
formation
SECTEUR MÉDIAS cours de perfectionnement 2016 Le programme pour 2016, avec des cours de perfectionnement at tractifs, est en ligne sur www.helias.ch Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg, 9 h 15-16 h 45. Sauf indication, animatrice : Birgit Ewert, instructrice Adobe. L’intégration et l’interaction entre Bridge, Illustrator, Photoshop et InDesign CC. 17-18 janvier. Délai d’inscription : 3 janvier. InDesign : Créez des documents plus rapidement grâce aux modèles (templates). 31 janvier. Délai : 10 janvier. Comment organiser mes images numériques. 1er février. Délai : 10 janvier. Introduction Adobe InDesign CC. 7-8 février. Délai : 17 janvier. Introduction Adobe Photoshop CC. 16-17 février. Délai : 24 janvier. Implémenter PDFX-ready. 28 février. Délai : 7 février. | 24 novembre. Délai : 31 octobre. Animateur : Gilles Fossé. InDesign CC : La mise en page multilingue. 7 mars. Délai : 14 février. Masterclass InDesign CC. 8 mars. Délai : 14 février. Photoshop CC UpDate. 21 mars. Délai : 28 février. Masterclass Adobe Photoshop CC. 22 mars. Délai : 28 février. Découverte d’iBooks Author. 4 avril. Délai : 14 mars.
Introduction Adobe Illustrator CC. 11-12 avril. Délai : 21 mars. Masterclass Adobe Illustrator CC. 13 avril. Délai : 21 mars. Site Internet avec Adobe Muse. 24 avril. Délai : 4 avril | 20 novembre. Délai : 31 octobre. Animateur : Tony Manganelli. • CPO, Beau-Rivage 2, Lausanne. Mesures de la couleur et sa gestion. 28 mars. Délai : 7 mars. Animateur : Guy Flüeli. Les facettes de l’impression moderne et leur normalisation. 29 mars. Délai : 7 mars. Animateur : Guy Flüeli. • LookA, rue du Nord 4, Vevey. La photographie numérique, atelier théorique et pratique. 2-3 mai. Délai : 11 avril | 28-29 novembre. Délai : 7 novembre. Animateur : Luca Carmagnola. • CIL, ch. de Mochettaz 8, Bussigny. Visite Centre d’Impression Bussigny jour 09.00-11.30. 16 mai. Délai 25 avril | 29 juin. Délai : 6 juin. • Nordsix Design Graphique, place du Nord 6, Lausanne. Outside the screen - Fabricants d’images (workshop). 3 novembre. Délai : 10 octobre. Animatrice : Karen.
L’importance de rester à jour à l’époque d’Industrie 4.0 Le nouveau programme de cours de perfectionnement professionnel, qui se déroulent sous l’égide de Helias, devrait atterrir dans les boîtes aux lettres de nos membres au cours du mois de novembre. Tout le personnel qualifié actif dans le secteur de l’industrie graphique et de l’impression d’emballages devrait le suivre, sans hésiter une minute. Si, dans le nouveau programme, vous ne trouvez pas ce qui pourrait correspondre à votre cas, envoyez un e-mail à bildung@ syndicom.ch ou appelez le secrétaire régional et formulez votre proposition. En effet, il est possible d’organiser un cours à n’importe quel moment. Il suffit de réunir un nombre minimum de participants (habituellement entre 4 et 6 en fonction de la région où il se déroule) et c’est parti. Vous pouvez également proposer un cours avec un groupe de vos collègues : c’est vraiment flexible. Les cours s’adressent au personnel qualifié de notre division. Chaque mois, ce personnel verse 10 fr. qui sont prélevés sur la fiche de paie. L’appel que nous lançons est donc une évidence : profitez de cette occasion et tirez le meilleur parti de ces 120 francs qui, chaque année, sont affectés au fond pour le perfectionnement professionnel. Mais outre l’aspect financier, il y en a un autre qui est peut-être encore plus important. Nous avons tous entendu parler ou discuté d’Industrie 4.0, cette nouvelle révolution industrielle qui apportera sans nul doute des avantages mais détruira des milliers d’emplois. Notre journal en parle depuis plusieurs mois. syndicom a organisé une conférence à ce
sujet le 9 septembre et nous en avons aussi parlé lors de notre conférence de branche à Bienne. Il y a un point qui relie tous les intervenants axés sur Industrie 4.0, qu’ils fassent ou non partie de notre syndicat, dans notre pays ou à l’étranger. D’une même voix, ils évoquent le rôle fondamental et déterminant qu’aura la formation et en particulier le perfectionnement professionnel. Se former ne suffira plus. Se mettre à jour, se mettre à jour et encore se mettre à jour : tel est le slogan qui est répété quasiment comme un mantra. Le responsable mondial de la division arts graphique et emballage auprès d’UNI Global Union lui-même, Javier Carles, qui est intervenu lors de notre conférence de branche (voir page 16), nous l’a dit clairement. Industrie 4.0 signifiera avoir du personnel qualifié et hautement qualifié ou du personnel non qualifié. Il n’y aura plus de place pour ceux qui se situent au milieu et dont l’atout est la seule expérience. Manifestement, la formation (y compris la formation continue) est également la voie royale pour avoir de meilleurs salaires. Grâce à notre CCT, nous avons la chance de pouvoir offrir, par l’intermédiaire de Helias (constitué par syndicom, Syna et viscom), ces cours de perfectionnement accompagnés des congés afférents. Quiconque ne désire pas finir dans la précarité et veut donc conserver ou retrouver un emploi n’a par conséquent pas d’autre choix. Se former, se perfectionner, se mettre à jour.
l’institut de formation des syndicats
Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71, info@movendo.ch
Les cours et séminaires 2017 sont disponibles sur notre site www.movendo.ch. Le programme 2017 a été encarté dans syndicom du 21 octobre. En 2017, nous vous proposons les nouveaux séminaires suivants : Pour les membres et les personnes intéressées : • De bonnes conditions de travail – de bonnes conditions de vie, conférence Movendo en collaboration avec l’USS • Devenir Suisse ou Suissesse • La Suisse, un îlot de cherté ? • Souffrances relationnelles au travail : comment agir, réagir, prévenir I • Les addictions, comment en limiter les risques ? • Prendre soin de sa santé en tant que chauffeur
Pour les militant·e·s et les membres actifs : • Faire appliquer sa CCT sur son lieu de travail • Numérisation du monde du travail, chance ou précarisation de l’emploi ? • Nous vous proposons également notre offre pour les membres des commissions du personnel et représentant·e·s des salarié·e·s dans les caisses de pension : Séminaires pour membres de commissions du personnel 1 2 3 4 5 6 Cycle ARPIP 2016-2017 pour les représentant·e·s des salarié·e·s dans les institutions de prévoyance Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sont pris en charge par le syndicat.
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sudoku
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La solution du sudoku syndicom du N° 09 / 2016 était : 912 (de gauche à droite). La gagnante est Catherine Buff, de IV Bovernier (VS). Elle reçoit un bon pour une Hotelcard de notre partenaire. Nous la félicitons chaleureusement !
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Définitions : VI Verticalement : Horizontalement : 1. Si romantique, mais pas si badin. Amant de I. Vague à l’âme. Se la pète. VII II. Standardisasse. Ordre de marche. Campagne George. bâloise. 2. Débutas. Caillou de Dunkerque. VIII 3. 576 mètres. Tellement XIXe siècle ! III. Très catholique. Après la fin. Premier costume. Point d’orgue d’un spectacle. 4. Source de presse. Hic. IV. Vit dans les prairies sous-marines. Petits nou- 5. Exclut. Sorte de sucre. On dirait le Sud. IX veaux. La corne est son repaire. 6. Unie à l’épée. N’amuse pas le veau. V. Sentiments d’apparence égoïste. L’ordinateur 7. Charpenté. De la rotation à la translation. X ne le ligature pas. Canton-ville. 8. Joueurs lausannois. Sortie. 2 VI. Demi-tambour. Dégrader. 9. Commun aux miens, aux tiens et aux siens. Donne XI VII. George au féminin. Keum. la référence. VIII. Célèbre armateur. Mieux qu’un croquis. 10. Pareil. IX. Accueille ou accueilli. Fatigué. XII 11. Horticulteur romantique. X. Paradis volatil. Tendance gauche. Etat de deu- 12. Poses de couronne. Devant l’église. xième choix. 13. Passé littéraire. Avec un verre dans le nez. MaîXIII tresse du patron. XI. Gardiens de la révolution. Sublimes. XII. Fin de film de Georges Lucas. Feindrions. 14. Cacher. Ne voit rien venir. XIII. Apparues. Clés. Très féminin. 15. Déprime en 12 mesures. Abandonnasse. Le·la gagnant·e – dont le nom paraîtra dans le n° 11 – recevra un stylo-bille Colani. Prière d’envoyer votre solution (le mot-mystère seulement) jusqu’au 15 décembre à syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne.
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Angelo Zanetti, secrétaire central IGE
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016 CONTACTER SYNDICOM
agenda
BIENNE
Groupe d’intérêt des retraité·e·s, Biel-Bienne Assemblée de St-Nicolas, mercredi 7 décembre à 14 h 30 au Restaurant Büttenberg, chemin Geyisried 63, Biel / Bienne (bus N° 1, arrêt école Geyisried). Programme : Informations générales par les collègues Fritz Schenk, président, Roland Gutmann, président du GI Retraité·e·s du syndicat syndicom. Ensuite jeu, loto et petite collation. Coup de gueule
La Poste s’est surpassée... ...pour les mesures salariales 2016 : la directrice générale a reçu un salaire de presque un million de francs, et l’ensemble des hauts cadres de l’entreprise des augmentations généreuses pouvant atteindre 24 %. En revanche, les collaborateurs ont dû se contenter d’un maigre… 0,6 %. Et dans l’unité PostMail, La Poste a fait encore plus fort : tous les collaborateurs en EF3 touchant un salaire annuel supérieur à 75 000 francs n’ont tout simplement pas eu d’augmentation. Ben oui, forcément, ils gagnent déjà bien assez. Argument des cadres de PostMail : cette mesure prise unilatéralement par l’entreprise, sans négociation préalable avec les syndicats, doit permettre de donner plus aux collaborateurs touchant de petits salaires. Si l’intention est louable, ce n’est pas normal que cela soit fait au détriment d’une partie du personnel. D’autant que l’unité PostMail se porte bien, et que La Poste Suisse a de nouveau fait plusieurs centaines de millions de bénéfices en 2015. Cela donne une bonne idée de l’estime portée aux collaborateurs travaillant depuis de nombreuses années dans cette entreprise. Suite à l’introduction d’un nouveau processus de travail pour le traitement des envois en retour, l’encadrement met une énorme pression sur le personnel de distribution. Si les critères de qualité ne sont pas atteints, les collaborateurs doivent remplir des demandes d’explications, voire subir des entretiens qui peuvent déboucher sur des mesures disciplinaires. Par contre, quand il s’agit d’appliquer la CCT, c’est l’encadrement qui a visiblement bien du mal à mettre les règles en pratique. Par ex. en ce qui concerne le respect des taux d’occupation des collègues à temps partiel, ou encore les indemnités de repas de midi. A croire que cet argent sort directement de leurs propres porte-monnaie. Eric Schwapp, secrétaire régional syndicom vos rendez-vous avec votre journal
Dates de parution 2017 de syndicom, le journal N° Délai de rédaction 1 lundi 16 janvier 2 lundi 20 février 3 vendredi 25 mars 4 lundi 1er mai 5 mardi 6 juin Pause d’été 6 lundi 4 septembre 7 lundi 16 octobre 8 lundi 27 novembre Pause d’hiver
Parution vendredi 3 février vendredi 10 mars jeudi 13 avril vendredi 19 mai vendredi 23 juin Lundi 25 septembre lundi 6 novembre lundi 18 décembre
En espérant vous rencontrer nombreux, nous souhaitons à toutes et à tous, ainsi qu’aux personnes qui ne peuvent pas se joindre à nous, de bonnes fêtes de fin d’année, et vous adressons nos amicales salutations.
GENÈVE
GROUPEMENT ET AMICALE DES RETRAITÉ·E·S GENÈVE POSTE & TÉLÉCOM Nous vous invitons à notre prochaine et dernière assemblée de l’année le lundi 12 décembre à 14 h (toujours) au jardin des Iles à Colladon 5 (bus N° 3). Bien entendu, comme le veut la sympathique tradition, on brisera la marmite de l’Escalade… mais pas, espérons-le, l’ambiance ! Tout nouveau retraité sera le bienvenu… Pour tout renseignement : 022 798 17 63. Au plaisir de vous revoir !
GENÈVE
METROBOULOTKINO (MBK) mardi 29 novembre à 19 h. Maison des Arts du Grütli, r. du Général-Dufour 16. Les maux du travail, de Michel Szempruch (France, 58 minutes). Santé au travail, souffrance au travail, néomanagement… Un film pour comprendre et agir. LETTRE DE LECTEUR
De quoi nous décevoir ! Nous connaissons maintenant toutes et tous notre prime 2017 de l’assurance maladie et, bien entendu, le supplément qu’il nous faudra payer par rapport à cette année. Chacun·e peut donc calculer les incidences que cette majoration aura sur son budget. La période de l’annonce des nouvelles cotisations voit chaque année resurgir les appels téléphoniques des démarcheurs. Ils n’hésitent pas à nous déranger aux heures des repas ou en soirée. Par la presse, nous apprenons que SantéSuisse (l’une des faîtières des assurances maladie, avec Curafutura) tente de museler les courtiers appelant de l’étranger. Cette organisation pense arriver à ses fins en demandant une modification de la loi sur la concurrence déloyale. Nous lui souhaitons le meilleur des succès tout en ne nous berçant pas d’illusions ! Car les courtiers ne se préoccupent probablement pas trop des lois suisses quand ils agissent par exemple depuis l’Afrique du Nord ! Plus décevante nous apparaît l’attitude de quelques assureurs maladie qui n’auraient pas souscrit à un accord de branche en vertu duquel les signataires s’engagent à n’appeler que les personnes ayant donné leur consentement. L’accord en question fixe à 50 francs le montant à ne pas dépasser en tant que commission versée au démarcheur. L’information lue dans la presse précise encore qu’en 2015, les provisions destinées aux intermédiaires s’élevaient à quelque 27 millions ! Montant prélevé sur les primes encaissées ! Dès lors, on comprend que les défenseurs des patients aient demandé la suppression de ces provisions dans l’assurance de base. Car même s’il s’agit d’une somme de peu d’importance en regard des frais générés par les soins relevant de la santé, nous ne pouvons pas tolérer que nos cotisations couvrent des dépenses découlant de démarches qui nous déplaisent et nous dérangent.
Rémy Addor
secrétariat régional lausanne Rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 27, fax 058 817 19 39, courriel : lausanne@syndicom.ch Lundi à vendredi : permanence téléphonique 8 h 30-12 h et 14 h-16 h Permanence syndicale sur rendez-vous tous les lundis de 16 h à 19 h Merci d’appeler jusqu’au lundi 12h. Les membres peuvent aussi contacter les secrétaires sur leurs numéros directs. Alex Patino (industrie graphique) : 058 817 19 30 ; Catherine Tabary (télécom) : 058 817 19 34 ; Fabienne Brunner (direction régionale) : 058 817 19 36 ; Patricia Alcaraz (médias, librairie) : 058 817 19 31 ; Philippe Morerod (poste) : 058 817 19 37. autres secrétariats régionaux François Ducrest (FR) : 058 817 19 92 ; Eric Schwapp (GE): 058 817 19 24 ; Jean-François Donzé (NE) : 058 817 19 19 ; Elisabeth Di Blasi (VS) : 058 817 19 23.
Caisse de chômage Chères assurées et chers assurés, Les bureaux de la caisse de chômage syndicom seront fermés pendant la période du 24 décembre 2016 au 2 janvier 2017. Pour que nous puissions effectuer le paiement du mois de décembre 2016 avant les fêtes, nous vous prions de bien vouloir nous remettre vos documents du mois jusqu’au 21 décembre 2016 à l’adresse : caisse de chômage syndicom, Loosli strasse 15, 3027 Berne. Nous vous souhaitons ainsi qu’à votre famille de passer de belles fêtes de l’avent et de Noël et vous présentons nos meilleurs vœux pour la nouvelle année.
décès Amey Jean-Pierre, La Chaux-de-Fonds, décédé le 17.10.2016 à l’âge de 67 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1965. Aubert Jean-Luc, Massongex, décédé le 26.08.2016 à l’âge de 50 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1999. Balzer Albert, Neuchâtel, décédé le 27.04.2016 à l’âge de 78 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1958. Biolley Françis, Genève, décédé le 13.10.2016 à l’âge de 85 ans. Membre de la section Genève depuis 1948. Brehm Hansruedi, Lutry, décédé le 11.10.2016 à l’âge de 93 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1943. Fazan Raymond, Yvonand, décédé le 12.10.2016 à l’âge de 94 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1963. Jeanjaquet Pascal, Cornaux NE, décédé le 14.10.2016 à l’âge de 59 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1976. Pellaton Claude, Mayens-de-la-Zour (Savièse), décédé le 23.08.2016 à l’âge de 84 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1955. Pignat Gérard, Epalinges, décédé le 28.09.2016 à l’âge de 87 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1954. Santschy Bernard, Lausanne, décédé le 25.10.2016 à l’âge de 91 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1945. Sottaz Gérald, Fribourg, décédé le 12.10.2016 à l’âge de 50 ans. Membre de la section Fribourg depuis 2002. Wegmann Richard, Lausanne, décédé le 23.07.2016 à l’âge de 59 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1980. Zwahlen René, Thoune, décédé le 04.10.2016 à l’âge de 87 ans. Membre de la section Biel/Bienne depuis 1959.
IMPRESSUM rédaction Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch Allemand : syndicom, die Zeitung, Nick Manouk, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch Italien : syndicom, il giornale, Giovanni Valerio, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch
mise en pages : Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i) correction : Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i) traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser
publicité :Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, sekretariatspool@syndicom.ch impression : Ringier Print Adligenswil AG, Ebikonerstrasse 75, 6002 Lucerne
abonnements : 50 fr., 70 fr. à l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît 11 fois l’an
prochaine parution : 23 décembre (délai rédactionnel : 5 décembre)
changements d’adresse : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne
éditeur :syndicom, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne
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syndicom | N° 10 | 25 novembre 2016
Javier Carles (Uni Global Union) à la Conférence de branche de l’industrie graphique du 1 er octobre à Bienne
Syndicats 4.0 comme organisateurs online Les travailleurs et les syndicats sont soumis à des attaques. La liberté d’association, le droit de grève et la convention collective sont soumis à des attaques. L’effet de la guerre qui fait rage par-dessus nos têtes ne se mesure pas seulement en pertes de postes de travail, de droits et d’avantages. La démocratie est durement touchée et la fracture sociale est de plus en plus profonde. Que faire ? Comment les syndicats doivent-ils agir à l’époque d’Industrie 4.0 ? Javier Carles*
Défis à relever UNI Global Union ne s’oppose ni à l’économie numérique, ni au nouveau monde du travail qui se profile avec Industrie 4.0. Notre mission est de garantir les droits des travailleurs, et notamment des salaires et conditions de travail équitables. Nous avons donc trois défis à relever : 1) construire le pouvoir pour les travailleurs de tout âge, profession et situation géographique ; 2) construire l’intégration, en en facilitant l’organisation, la négociation et l’influence ; et 3) construire la cohésion, en réduisant les fractures au sein de notre société.
Risques et avantages Les dangers sont nombreux : orientation du marché du travail selon les tâches et non selon les emplois, asymétrie d’infor-
Syndicats, point de départ Après tous ces prémisses, la question est la suivante : où commencer ? Ma réponse est la suivante : au niveau de nos syndicats. Le point le plus important concerne l’adaptation de notre organisation aux nouveaux défis qui nous attendent. Il est évident que nous devons comprendre le phénomène et nous positionner en consé-
sonnes. Avec les méthodes traditionnelles, nous pouvons organiser les entreprises moyennes ou grandes. A l’opposé, pour organiser des entreprises de moins de 10 employés et travailleurs 4.0, il faut d’autres formes. Nous avons besoin de nœuds online pour permettre aux travailleurs de contacter le syndicat, et aux adhérents du syndicat d’aller chercher les informations et débattre au sujet des solutions. Et nous avons également besoins de nœuds offline (un bureau, une réunion, etc.) pour nous rencontrer et prendre des décisions.
Question d’identité
quence, mais avant tout, nous devons adapter notre organisation. Au cours de la troisième révolution industrielle, avec l’introduction de l’électronique et des technologies de l’information, nos syndicats se sont affaiblis. Non pas tant parce qu’ils ont perdu des adhérents, mais parce que nos syndicats ont perdu du pouvoir. Désormais, nous devons chercher à retourner Industrie 4.0 en notre faveur. Tirer tout le bénéfice possible des réseaux et plates-formes de communication pour nous connecter avec les travailleurs. Comprendre ce qu’ils pensent et éprouvent. La flexibilité du marché du travail et la mobilité des travailleurs doivent s’accompagner de la mobilité et de la flexibilité de notre organisation lorsqu’il s’agit de les suivre, les accompagner, les intégrer, où qu’ils se trouvent et quel que soit le travail qu’ils exécutent et pour qui. Pour atteindre les travailleurs qui effectuent des activités sur les plates-formes en ligne, le réseau est la forme d’organisation la plus adaptée. 90 % des entreprises du secteur graphique en Europe emploient moins de 10 per-
A l’époque de l’individualisation du travail, de la fragmentation et de l’exclusion sociales, nous ne devons pas diminuer le rôle du syndicat en tant qu’intégrateur social. Pour de nombreux travailleurs, il peut être le seul espace social auquel il appartient et dans lequel il peut s’identifier. Un autre aspect crucial est la construction ou la reconstruction d’une identité. Pour les travailleurs ayant des années de travail et d’adhésion syndicale au compteur, le syndicat peut sembler quelque chose de naturel et de nécessaire, mais nous savons que ce n’est pas le cas pour les jeunes. Nous devons comprendre ce qu’ils pensent et ressentent, leurs craintes et leurs espérances face au travail, à la formation, afin de pouvoir représenter leurs intérêts et réussir à les faire adhérer au syndicat. Tout comme nous avons besoin de compagnons qui fassent office de « catalyseurs » en allant sur les lieux de travail afin de chercher à les syndicaliser, nous avons également besoin de compagnons agissant comme organisateurs online, pour contacter, dialoguer et intégrer un grand nombre de travailleurs.
* Chef de département d’UNI Graphical & Packaging (Emballage).
Liberté d’expression
Dérives autoritaires et grande purge dans la presse turque La Fédération internationale des journalistes est particulièrement préoccupée par la situation en Turquie, où les autorités violent quotidiennement la liberté de la presse, faisant de ce pays la plus grande prison de journalistes au monde : 113 de nos confrères se trouvent aujourd’hui emprisonnés. Des procès en série sont déclenchés à leur encontre sans qu’ils aient accès à une véritable défense. Ils sont détenus dans des conditions indignes d’un grand pays. Le 5 novembre encore, Murat Sabuncu, rédacteur en chef du quotidien d’opposition Cumhuriyet, a été arrêté avec 15 autres
de ses confrères. Ils sont accusés de liens avec des organisations « terroristes » comme le FETÖ, proche de Fethullah Gülen, ennemi juré du président turc Recep Tayyip Erdoğan et le Parti des Travailleurs kurdes (PKK, interdit). Lors de ces opérations de police menées manu militari, les ordinateurs des journalistes ont été saisis, des mandats d’arrêt lancés. La veille de ces raids policiers, 15 nouveaux médias kurdes ont été fermés par décret du pouvoir dans le cadre de l’état d’urgence média, imposé par le régime de l’AKP à l’issue de la tentative de coup d’Etat du 15 juillet.
Au total, ce sont 168 médias qui ont été interdits en Turquie, membre du Conseil de l’Europe et candidat à l’entrée dans l’Union européenne. Des centaines de journalistes ont
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votations du 27 novembre
mation et de formation entre les travailleurs, violations éventuelles de la sphère privée, exclusion sociale, excès en termes de nombre d’heures, d’intensité du travail et de stress. D’autres risques consistent dans l’externalisation des responsabilités des employeurs, le nivellement vers le bas des normes de travail et de salaires, l’absence de système de prévoyance sociale adapté à ce nouveau monde du travail et la fragmentation sociale qui en découle. Nous ne pouvons pas accepter un marché du travail flexible sans sécurité pour les travailleurs et nous proposons un système d’avantages « portable » qui accompagne le travail d’un poste de travail à un autre, d’une tâche à une autre, quelles que soient les plates-formes, la durée ou d’autres facteurs. A noter que dans l’économie numérique, une mise à jour permanente des compétences sera nécessaire. Tous les travailleurs, quelles que soient les formes de travail, devront avoir la garantie du droit à la formation et à tous les instruments de mise en œuvre de ce droit. Seul un système national de formation professionnelle pourra garantir à l’avenir la formation permanente des travailleurs. Un système qui devra percevoir des fonds étatiques, mais auquel les entreprises devront contribuer à travers le paiement des impôts. Nous devons faire en sorte que la nouvelle économie online maintienne les mêmes normes que l’économie offline, en matière de droits, de qualité des postes de travail, produits et services.
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Nous faisons face à une offensive contre les droits du travail, sociaux et syndicaux, des mutations du marché mondial (et pas seulement de l’industrie graphique), des réductions de postes de travail. Ce à quoi il faut ajouter la révolution technologique de la quatrième révolution industrielle, avec la numérisation et l’introduction d’automates. Et nous ne le faisons pas (suffisamment) bien. Le nombre d’adhérents à UNI Graphical and Packaging a baissé de 9,5 % en 2015 et tout semble indiquer que ce pourcentage sera le même en 2016. 80 % des membres d’UNI Graphical and Packaging sont en Europe. Rien d’étonnant à ce que le nombre d’adhérents baisse étant donné que depuis 2000, la production de l’industrie graphique a diminué de 25 % sur le continent et l’emploi de 35 %. Nous devons faire mieux si nous voulons que nos syndicats survivent et réussissent à offrir une vie meilleure à leurs adhérents. Et s’il est vrai qu’Industrie 4.0 implique de nouveaux risques, il est également vrai qu’elle représente une opportunité pour les syndicats.
dû fuir leur pays. 3000 autres sont privés d’emploi du fait des mesures de fermetures de nombreux médias écrits ou audiovisuels. (YS, avec les syndicats français de journalistes). Au motif bien pratique de « terrorisme », le régime turc a emprisonné 113 journalistes et des écrivain·e·s comme Asli Erdoğan. Le 10 novembre, le parquet d’Istanbul a requis la réclusion à perpétuité pour la romancière (aucun lien de parenté avec le président turc).