N° 10 25.11.2016
www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication
le journal
AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne
télécom / IT
At tention, ton chef te surveille !
La numérisation, permet une surveillance quasiment permanente au travail pages 2-3
Giorgio Pardini sur les réductions de prestations à ComPlan page 6
Appel à la Poste
médias GI Jeunesse
TA-media devient toujours plus un groupe de publicité et moins de médias page 7
Bilan de la Conférence 2016 : « On peut aussi numériser la résistance ! » page 9
500 à 600 offices de poste devraient être fermés - 1200 employé·e·s sont touchés
Déclaration de guerre
Roland Lamprecht, secrétaire central
Une fois de plus, le personnel doit payer pour le manque de stratégie de La Poste. Son annonce de la fermeture de centaines de succursales veut mettre la population, les autorités et son personnel devant le fait accompli. La guerre est déclarée et la mobilisation en marche. › page 5
Dans son communiqué de presse du 26 octobre, la direction du géant jaune titrait « La Poste développe le réseau du futur ». Son projet n’a toutefois rien d’une stratégie innovante. Il constitue au contraire le démantèlement le plus important de l’histoire de La Poste (voir page 5). Un nouveau chapitre sombre vient ainsi ternir son passé glorieux. Les protagonistes de ces changements n’ont pas réussi à trouver suffisamment tôt des solutions pour répondre à la transformation nécessaire de La Poste, en particulier dans le domaine Réseau postal et vente. Le personnel souhaite participer au développement de l’offre et adapter les prestations aux besoins de la clientèle – mais La Poste n’a manifestement pas l’intention d’associer ses employé·e·s à ce processus de transformation. C’est une attitude inadmissible pour une entreprise qui se définit volontiers comme un employeur social et qui appartient un peu à tout le monde. En tant que propriétaire de La Poste, la population doit donc se demander si elle veut vraiment cautionner le rétrécissement du réseau des offices de poste, les externalisations constantes et le dumping des salaires au détriment de ses employé·e·s. Le service public ne se résume pas à des considérations économiques, comme Madame Ruoff semble vouloir nous le faire croire, mais il couvre un besoin fondamental qui doit être constamment redéfini. Il doit satisfaire la population, l’économie et la politique. syndicom s’engagera de toutes ses forces pour les 1200 collègues concernés. Un plan concret et contraignant doit servir de base à un dialogue ouvert pour définir l’office de poste du futur. D’ici à l’établissement de cette stratégie, nous exigeons un moratoire sur la fermeture des offices de poste !
PHOTO FRANT ISEK MATOUS
PHOTO THOMAS CUNZ
Hémorragie postale Moratoire maintenant !
Manif’ le 19 novembre contre la fermeture de la poste centrale « non rentable » de Bâle ∙ syndicom exige une discussion sur l’avenir du service public à La Poste.
commentaire
Quelques leçons de l’élection de Trump Il vaut la peine de revenir sur l’élection de Trump à la présidence des Etats-Unis d’Amérique car elle doit être une source de réflexion pour le mouvement syndical et la gauche. Une urgence même quand résonnent les bruits de bottes en France, Allemagne, Hongrie et Turquie. Une table ronde le 17 novembre à l’Université de Lausanne offrait quelques pistes. Trump et Clinton ont rassemblé moins de voix que leurs prédécesseurs il y a quatre ans. Donc pas de raz-de-marée Trump. Non seulement la majorité des électeurs n’a pas voté pour Trump mais, sur l’ensemble de la population adulte, ce ne sont que 28 % qui ont voté pour le milliardaire. Une grande partie de la population – 100 millions de per-
sonnes – s’est abstenue. Surtout les démocrates, les personnes à bas revenu, les Afro-Américains et les femmes, qui n’ont pas été convaincus par Clinton et sa politique néolibérale, a indiqué l’historienne Janick Schaufelbuehl. Et de rappeler les conséquences de la crise financière des subprimes de 2007-2008, où 5 millions de personnes ont perdu leur logement alors que les banques sortaient gagnantes. Cela a conduit à une radicalisation de la classe moyenne blanche qui a donné le Tea-Party à droite, mais explique également le succès de la figure de proue des milieux progressistes, Bernie Sanders, porté par le mouvement Occupy Wall Street. Abandonnée par le ralliement des démocrates au néo-
libéralisme, une grande partie de la classe ouvrière a donc préféré voter pour le changement, fût-il incarné par Trump. Pour le mouvement syndical et la gauche, le défi consiste à rester en contact avec cette population, améliorer son quotidien et offrir une véritable alternative au capitalisme, au lieu de s’incarner dans un social-libéralisme aux ordres pour appliquer les plans d’austérité. Rappeler que l’exploitation, ce sont les patrons et pas les migrants, boucs émissaires, qui en sont la cause. Revenir aux fondamentaux. Et rapidement, pour que cette élection ait au moins servi à rappeler à la gauche sa mission originelle.
Yves Sancey