syndicom - le journal

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N° 11 20.11.2015

le journal

www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication

AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne

télécom / it

logistique

Les conditions de travail s’améliorent enfin pour les travailleurs de cablex  page 4

La Poste veut définitivement externaliser ses chauffeurs : vague de protestation  page 5

édito

médias

Info-divertissement à la une selon l’étude « Qualité des médias 2015 »  page 8

Gi Retraité·e·s

Le départ surprise de Bernadette Häfliger Berger a suscité l’indignation  page 9

Dossier dématérialisation de nos branches # 4

Swisscom devient un géant du Data

Se libérer de la peur Dans Le salaire de la peur, ce film de Clouzot de 1954, quatre chauffeurs transportent, avec la promesse d’une somme rondelette, de la nitroglycérine dans des camions bien peu adaptés à un tel chargement. Les salariés se retrouvent très souvent dans la position inconfortable de devoir faire le job, trembler, la fermer et empocher le salaire. Peur du chômage et chantage à l’emploi. « Dans la tyrannie du capital », nous dit l’économiste et sociologue français Frédéric Lordon, « le premier geste du relèvement, c’est de sortir de la peur ». Les chauffeurs de La Poste ont dépassé cette peur. La direction ne juge plus leur activité économiquement rentable et en adéquation avec sa stratégie. Elle préfère se servir dans la jungle des sous-traitants ou tester des navettes sans chauffeurs qui ne risqueront pas de se mettre en grève. Plus rentable et en phase avec l’ère digitale. Une Poste sans postiers. Sans âme. « Même pas peur » ont répondu les chauffeurs mobilisés dans toute la Suisse. Une lutte pour la dignité, pour la reconnaissance de toutes ces années passées au service du géant jaune et de la population. À Genève, maçons et fonction publique défendent aussi leurs droits. Malgré la droitisation du Parlement, un vent d’espoir et de résistance souffle en Suisse.

PHOTO KEYS TONE

Dans la ruée sur le Big Data et la digitalisation en cours, le géant suisse de la téléphonie se mue en acteur central du lucratif commerce des données. Swisscom a mis le pied dans de nouvelles activités. Quelles sont les conséquences pour les travailleurs ? Dossier pages 2-3

Yves Sancey, rédacteur romand

À l’instar de google (ici un de ses serveurs de données à Council Bluffs, Iowa, USA), Swisscom se développe dans le commerce du Big Data

CCT IGE 2016

L’industrie graphique a négocié À la base de se prononcer sur le résultat

PHOTO KEYS TONE - S TEFFEN SCHMIDT

Lors de la 5e ronde de négociation, syndicom et Syna ont abouti à un accord avec Viscom S’il est approuvé par syndicom et Syna lors de leur conférence du 5 décembre et aussi par Viscom le 30 novembre prochain, le nouveau CCT entrera en vigueur le 1er janvier 2016 pour trois ans. Et la demande de déclaration de force obligatoire sera également soumise au SECO le plus vite possible. Les négociations ont été difficiles en raison de violentes confrontations, et aussi parce que notre secteur est en constante

restructuration. Mais lors de la dernière ronde de négociation du 4 novembre, syndicom et Syna ont trouvé un accord avec Viscom. Nous sommes conscients que ce résultat ne va pas nous faire sauter de joie. Mais nous sommes convaincus que c’est un bon résultat, étant donné la situation dans laquelle se trouve notre branche. Dans cette édition, nous retraçons ces cinq rondes de négociation et présen-

tons les résultats sur lesquels la Conférence de branche du 5 décembre devra se prononcer. En outre, avec trois témoignages de représentants du personnel dans la délégation, nous rendons compte de la dureté des négociations et montrons pourquoi il valait néanmoins la peine de tenir ferme, ne pas abandonner et lutter.

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2 | Point fort

syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015

Dossier dématérialisation de nos branches # 4

La mue numérique de Swisscom Le géant bleu de la téléphonie suisse se diversifie dans de nouveaux champs d’activité liés à la digitalisation, mais avec quelles conséquences pour l’emploi ? Yves Sancey « Nous diversifier est un souci permanent. C’est une question de survie » explique au Temps (10.6.2015) Christian Petit, délégué du directeur de Swisscom pour la Romandie. Le marché de la téléphonie mobile stagne, ne représentant plus que 2 milliards de chiffre d’affaires contre 8 à 9 milliards il y a encore peu. L’opérateur dit perdre 300 à 500 millions de francs de chiffre d’affaires par an avec ses activités historiques telles que les SMS. WhatsApp, Skype et Facebook sont plébiscités pour leurs services de messagerie et d’appels vocaux. Des acteurs disruptifs, comme on les appelle, souvent gratuits, apparaissent. Netflix s’invite sur le marché suisse de la vidéo à la demande. Swisscom a donc réagi.

La galaxie Swisscom s’étend Ce souci de diversification de ses activités du géant bleu se traduit par une politique d’acquisition ou de prise de participation très active dans différents domaines loin de son cœur de métier de la télécommunication, comme on dit en langage managérial. « Le cœur de notre diversification horizontale est lié au processus de digitalisation de l’économie qui devient plus collaborative. […] Chez Swisscom, le maître-mot est l’investissement dans l’infrastructure sur internet, qui représente notre core business », indique

Journée d’étude: Numérisat ion du monde du travail Les développements technologiques peuvent être fascinants ou menaçants. Mais là n’est pas la question : comme syndicalistes, nous devons comprendre l’évolution technologique et son impact sur le monde du travail. C’est même la seule manière de mettre en place une politique d’emploi novatrice, exploitant les nouvelles possibilités d’aménagement du monde du travail. Assiste-t-on à une revalorisation des métiers, ou le travail devient-il plus monotone et pénible ? Y aura-t-il à l’avenir davantage d’emplois pour la main-d’œuvre hautement qualifiée, et les emplois peu qua­lifiés seront-ils automatisés ou délocalisés ? Les frontières entre travail et loisirs vont-elles disparaître ? Faudra-t-il être toujours joignable et le stress va-t-il augmenter ? Que pouvons-nous faire pour que l’évolution technologique soit conforme aux intérêts des travailleurs et travailleuses concernés ? Une journée d’étude d’Unia offre un tour d’horizon des développements actuels et indique des pistes concrètes pour les travailleurs et pour leurs syndicats. (Unia) Mercredi 2 décembre 2015 de 9 h à 16 h 15 Secrétariat central d’Unia, Weltpoststrasse 20, Berne Contribution aux frais : 50 francs, gratuité pour les membres d’Unia. Traduction simultanée S’annoncer à : tertiaer@unia.ch

Hansueli Loosli, président du conseil d’administration de Swisscom à L’Agefi (9.9.2015). Comme en témoigne notre infographie, Swisscom opère une mue numérique et se lance tous azimuts dans le business du digital : santé, énergie, mobilité, finance, transport, domotique, divertissement, médias et bien d’autres. Souvent en partenariat avec des entreprises de la région. Ironie de l’histoire, Swisscom entre de plus en plus souvent en concurrence directe avec La Poste, comme dans la cybersanté (voir notre numéro de juin), dans la course au paiement mobile et la bataille du porte-monnaie virtuel, qui s’annonce acharnée entre Twint (PostFinance, Coop), Migros et Paymit (Swisscom, Raiffeisen, UBS, BCV, BCGE). Apple et Samsung ne sont pas loin. Quand Swisscom lance la première voiture sans conducteur le 12 mai, CarPostal annonce le 4 novembre le test du transport de voyageurs dans des navettes autonomes sans chauffeurs dès 2016 à Sion. Swisscom devient un des acteurs incontournables du fructueux business du Big Data. Fin 2014, Swisscom a mis en service à Berne l’un des plus grands centres de données du pays, avec un bâtiment de 54 000 m3 pouvant contenir jusqu’à 5000 serveurs. Comme au début de l’univers, la galaxie Swisscom s’étend avec de nouvelles étoiles qui se créent. Ce passage de l’économie à l’ère digitale ne se fait toutefois pas sans incidences sur l’emploi, comme le montre l’article « un emploi sur deux va disparaître ». Et chez Swisscom ?

Finances Swisscom collabore depuis de nombreuses années avec Finnova pour aménager les réseaux sur le marché bancaire suisse et exploite également le progiciel Finnova Banking Software pour plus de 70 banques. En avril 2015, Swisscom a acquis une participation de 9 % dans Finnova.

Mobilité En coopération avec le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (DETEC) et le laboratoire allemand Autonomos Labs, Swisscom a fait circuler pour la première fois une voiture autopilotée sur les routes suisses, afin d’analyser les tâches des futurs réseaux de communication dans ce domaine. En collaboration avec Sixt, Swisscom a également créé la société anonyme Managed Mobility, qui offre une gamme complète de prestations dans le domaine de la mobilité. Swisscom Managed Mobility est intégrée dans la filiale de Swisscom BFM Business Fleet Management, qui gère une flotte de 3300 véhicules en Suisse.

Emplois en hausse mais restructuration annoncée pour 2016 En matière d’emploi, il est encore difficile de mesurer l’impact de la digitalisation. Entre fin 2010 et fin 2014, Swisscom a créé 1578 nouveaux emplois, soit 316 en moyenne annuelle. Toutefois, note le Tages Anzeiger (6.11.2015), ils ont été créés dans le secteur digital, « dans les affaires rentables comme la télévision numérique et les services informatiques pour clients privés ». Alors que certains opérateurs ne cessent de licencier ou de revoir leur masse salariale à la baisse, parfois pour viser une extrême rentabilité, les effectifs de Swisscom ont augmenté de 528 équivalents plein-temps par rapport aux trois premiers trimestres de 2014, soit 2,5 %. Une augmentation qui se ramène toutefois à 293 postes si l’on ne tient pas compte des acquisitions d’entreprises. La météo pourrait néanmoins se gâter sur le front de l’emploi. Lors de la publication des chiffres des trois premiers trimestres de l’année, le 5 novembre, l’entreprise a annoncé des restructurations qui entraîneront « un léger recul de l’effectif pour 2016 ». Une formule pour le moins euphémisée pour parler de licenciements et suppression de postes. À partir du 1er janvier 2016 un nouvel organigramme verra l’apparition d’un nouveau secteur « Digital Business ». Selon Swisscom, les trois nouveaux domaines «  vente et prestations  », «  produits et marketing » et « business numérique » doivent favoriser l’innovation et permettre à l’entreprise de s’adapter à la

Énergie Swisscom a d’abord démarré comme fournisseur d’énergie auprès de petits consommateurs privés. Avec sa filiale Swisscom Energy Solutions, le géant télécom a ensuite étendu son offre aux gros consommateurs de l’industrie et du commerce. Ce réseau d’énergie intelligent a été rebaptisé « tiko » - nom formé par la contraction de “Time”, pour illustrer l’exploitation des fluctuations du réseau d’électricité, et de “Kooperation”, qui traduit la collaboration de Swisscom Energy Solutions avec Repower et d’autres fournisseurs et utilisateurs locaux d’énergie.

Santé Début 2015, Swisscom a créé la filiale Health SA, qui elle-même a repris le spécialiste de réseau H-Net en mars 2015. Swisscom Health SA offre une vaste gamme de solutions aux patients, fournisseurs de prestations et assurés. Elle comporte le logiciel curaPrax disponible sur i-cloud pour les cabinets médicaux, le programme de gestion des créances curabill, la plate-forme de mise en réseau curaX, le dossier de santé élec­ tronique Evita ou les composants IHE pour le dossier médical.

numérisation au quotidien de façon plus systématique.

Reconversions professionnelles Certains métiers traditionnels de Swisscom vont sans doute progressivement disparaître, à l’instar de la téléphonie analogique qui va être remplacée par la téléphonie par internet d’ici à fin 2017. D’autres métiers apparaissent dans le sillage de la dématérialisation et de la connectivité des objets. Le leader en Suisse des téléphonies fixe et mobile, de l’internet à haut débit et poids lourd de la télévision se transforme en géant de l’internet qui multiplie les services. Que deviennent les salarié·e·s du groupe dans ces mutations et comment syndicom se positionne-t-il ? Giorgio Pardini, responsable du secteur Télécom / IT à syndicom, affirme : « Du point de vue de syndicom, il est essentiel que les salarié·e·s puissent se qualifier

à temps pour de nouvelles tâches, à travers des offres de formation et de perfectionnement, que ce soit dans de nouveaux domaines d’activité ou malgré de nouvelles exigences technologiques. » Les bonnes relations et le partenariat avec l’ancienne régie fédérale avec qui syndicom a toujours pu dialoguer et négocier de bonnes CCT rendent Pardini confiant pour l’avenir et la capacité de bien négocier ce virage du digital : « Le fait d’analyser à temps avec l’entreprise la viabilité des technologies et le moment de leur remplacement nous permet d’accompagner les mutations technologiques dans le cadre du partenariat social. Dans les faits, cela implique de miser sur les reconversions professionnelles pour que les employé·e·s puissent garder ou même améliorer leurs aptitudes sur le marché du travail, aussi lorsque la technologie change. » Les nouveaux domaines d’activité offrent


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Commentaire

Ne pas oublier l’humain dans le virage digital

Commerce Swisscom collabore avec le grand distributeur Coop depuis octobre 2015 en vue de lancer un nouveau marché en ligne qui devrait répondre à (presque) tous les besoins de la clientèle. Les deux géants entendent faire concurrence au mammouth Amazon, au moins en Suisse.

Diffusion et commercialisation En 2013, Swisscom a acquis la majorité des parts dans le groupe Cinetrade (société de cinéma et de télévision payante), qui détient des milliers de droits de diffusion et de commercialisation pour des films de cinéma et des événements sportifs. Début juillet 2015, les deux marques d’annuaires en ligne local.ch et search.ch ont fusionné pour réunir leurs prestations publicitaires, qui sont intégrées dans Swisscom Directories SA. Au mois d’août, Ringier, SRG et Swisscom ont annoncé vouloir regrouper leur marketing publicitaire dans une nouvelle société commune.

également de nouvelles chances de travail pour des employé·e·s issu·e·s de secteurs en perte de vitesse (voir encadré « Planification stratégique du personnel chez Swisscom »). Malgré une concurrence féroce et une forte pression sur les prix, le géant bleu est parvenu à maintenir son résultat brut d’exploitation (Ebitda), entre 4,3 et 4,6 milliards de francs en moyenne lors des cinq dernières années. Soit une marge Ebitda comprise entre 37 et 40 %. Cela permet au groupe d’offrir un dividende généreux aux actionnaires et de réaliser une politique d’investissements, qui se montent à 1,75 milliard cette année. Cette bonne santé financière doit également permettre à Swisscom d’investir sur la qualification, le perfectionnement et la formation continue pour permettre à son personnel de négocier au mieux ce virage numérique sans rester sur le bord de la route. syndicom y veillera.

Sécurité En avril 2015, Swisscom a lancé en collaboration avec Securitas un nouveau système de commande et de sécurité flexible à domicile, dénommé SmartLife. Ce système de surveillance permet de donner l’alerte en cas d’intrusion et d’incendie, de commander à distance les appareils de consommation élec­ trique et de contrôler l’air ambiant. Il permet également d’ajouter des multicapteurs pour la protection contre les risques.

Events En 2012, Swisscom a racheté l’entreprise Datasport, spécialisée dans le chronométrage spor tif. Dataspor t encadre plus de 300 compétitions sportives par an et s’occupe également de la gestion des données et des participants, de l’encaissement, du chronométrage, du service des résultats, des systèmes « son » et information, ainsi que de la diffusion des informations. En 2011, Swisscom Broadcast a repris en outre la société suisse Solutionpark SA, leader dans le domaine du streaming de contenus vidéo et TV, qui a été intégrée dans la nouvelle société Swisscom Event & Media Solutions SA.

Planification stratégique du personnel chez Swisscom Depuis sa création en 1998, Swisscom se trouve dans un processus de renouvellement permanent. Au fil des années, il a licencié d’un côté des employé·e·s dans le cadre de restructurations et engagé de l’autre de nouveaux collaborateurs·trices. syndicom a toujours insisté pour que Swisscom planifie à long terme et prévoie à temps des mesures de réorientation pour ses employé·e·s. Il y a quelques années, Swisscom a enfin reconnu qu’il lui coûte moins cher d’assurer le perfectionnement des employé·e·s de longue date plutôt que de s’en séparer via un plan social et de former de nouveaux employé·e·s. Ainsi, les employé·e·s de Swisscom ont aujourd’hui des possibilités de développer leurs compétences à temps. Les personnes actuellement actives par exemple dans la téléphonie analogique en voie de disparition travailleront peut-être dans quelques années au domaine de l’énergie, des finances ou de la santé de Swisscom. (Franz Schori)

La révolution numérique est en marche nous dit-on. Voiture sans chauffeur, Big Data, smartphones, smart cities, disruption, cloud computing, ubérisation, impression 3D, cyberattaques, objects connectés, etc. Tout un nouveau vocabulaire souvent anglophone témoigne du bouleversement des temps modernes. L’avenir sera digital et connecté ou ne sera pas, nous chante la complainte du progrès présenté comme inéluctable. Un nouvel eldorado avec son gisement sans fin du Big Data. Soit en fait nous. Nos données souvent très personnelles. Nos goûts, nos envies, nos rêves. À coup d’algorithmes et d’autofichage, les entreprises (et les États) veulent tout savoir de nous pour mieux vendre ces données à d’autres marques. La logique de l’utilisation de ces nouvelles technologies plus intelligentes n’est pas de nous offrir plus de liberté, mais d’améliorer la performance et l’efficacité de l’exploitation par d’autres des données sur nos vies. La question du potentiel de création ou de destruction d’emplois en lien avec cette digitalisation du monde se pose également. Pour les optimistes, grâce à une destruction créatrice, tout progrès technologique se traduit au final par un solde positif en matière de jobs. La transition serait douloureuse mais bénéfique. Pour d’autres, comme les économistes du MIT Er ik Brynjolfsonn et Andrew McAffee auteurs de La course contre les machines, paru en 2011, l’automatisation menace un grand nombre d’emplois, et pas les moins quali-

fiés. C’est ce que nous dit également le sociologue Dirk Helbing (voir article ci-dessous). Le rôle du syndicat dans cette transformation est de défendre au mieux nos membres. Les entreprises où nous sommes actifs telles que Swisscom – comme le montre notre dossier – mais également La Poste, Ringier ou Tamedia se transforment de plus en plus en géants de l’internet à l’échelle suisse. Parfois elles collaborent, parfois elles s’affrontent. Cette convergence technologique, syndicom l’a anticipée par la convergence syndicale liée à sa fusion. Le fait que syndicom connaisse de longue date ces acteurs et y soit plus ou moins bien implanté est une chance au moment de négocier ce virage digital. Ces quinze dernières années ces entreprises ont engrangé des milliards grâce à l’engagement de leurs salariés. Dans le cadre du partenariat social et des négociations de CCT, syndicom va rappeler aux entreprises qu’un effort financier important doit être fourni pour accompagner les changements sans laisser personne au bord de la route. Nous devons trouver des solutions intelligentes, en particulier pour les plus de 55 ans, pour que ce ne soit pas la pure logique comptable et financière qui prédomine. Cela demande un syndicat combatif dont la force repose sur une base large et mobilisée. L’avenir est donc aussi entre nos mains et ne se joue pas seulement dans d’obscures start-ups de la Silicon Valley. Yves Sancey

Un sociologue tire la sonnet te d’alarme

Un emploi sur deux va disparaître Au dernier congrès de l’union syndicale du canton de Berne, dont syndicom est aussi membre, Dirk Helbing, éminent professeur en sociologie à l’ETH, est intervenu en tant qu’orateur. Son domaine spécialisé est la révolution numérique. L’avenir que le professeur Helbing a décrit au congrès est loin d’être rose. Selon un scénario réaliste, un nombre toujours plus restreint de grandes entreprises – dont fait aussi partie Swisscom – accumulent à elles seules toujours plus de données. Elles cherchent ainsi à augmenter leur contrôle sur les processus économiques et sociaux et à gagner toujours plus de pouvoir sur les individus. En raison du manque de participation, ce scénario conduit à des conflits sociaux et à un chômage massif. Selon Helbing, « à en croire les prévisions, la moitié des emplois actuels disparaîtront ces vingt prochaines années, pas seulement dans l’industrie, mais aussi dans la branche des services ». Toujours selon le professeur, ces pronostics sont tout à fait plausibles : « Il y aura à l’avenir toujours plus d’activi-

tés, aussi de très qualifiées, que la technologie numérique permettra de mener à bien beaucoup plus aisément que par le travail humain. Les performances des processeurs, les volumes de données et les capacités des technologies numériques connaissent une croissance exponentielle – et atteignent une vitesse presque inimaginable. La question cruciale sera de savoir si nous réussirons à remplacer les emplois qui disparaissent dans les secteurs secondaire et tertiaire par de nouveaux jobs dans le quatrième secteur numérique. » Pour Helbing, il est clair que nous ne pouvons pas laisser la révolution numérique aux seuls experts en technologie. Dans une société toujours plus complexe où le chômage augmente, une participation plus forte de tous les acteurs, y compris des syndicats, est nécessaire : « Nous devrions discuter de “open data” et “open innovation”, de nouvelles possibilités de formation et de perfectionnement et chercher à savoir comment l’économie numérique peut nous servir. » (Patrick Probst)


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syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015

Conditions de travail chez Cablex

Retour progressif à de bonnes conditions de travail et cablex ne peuvent pas encore classer le dossier. « Le nouveau CEO a compris qu’il faut plus de professionnalisme », a signalé à la Conférence d’entreprise un membre de la délégation qui avait participé à la table ronde de cet été. Concrètement, on constate les améliorations suivantes : • cablex a introduit des mesures pour garantir le respect de la durée maximale hebdomadaire

PHOTO YVES SANCEY

Malgré les interventions de syndicom et les déclarations d’intention de cablex, rien ou presque ne s’est passé pendant longtemps. Mi-juillet, une délégation formée d’employé·e·s de cablex et de secrétaires syndicaux de syndicom a discuté des problèmes qui se posent autour d’une table ronde. Lors de la conférence d’entreprise cablex du 30 octobre, des améliorations ont enfin pu être constatées. Mais syndicom

de travail de 50 heures. En cas de violations répétées, tant les supérieurs hiérarchiques que les employé·e·s encourent un avertissement. Raison : si un accident se produit, les employé·e·s fautifs ainsi que leurs supérieurs hiérarchiques et l’entreprise peuvent être traduits en justice. • Les avoirs d’heures supplémentaires ont été payés comme convenu dans la plupart des régions lorsque les employé·e·s en ont émis le souhait. En Suisse romande, aucune information n’a été donnée pour l’heure sur ce droit. • cablex fournit de nouveau ponctuellement suffisamment de vêtements de travail aux employé·e·s. La situation est toutefois encore insatisfaisante, car chaque région a sa propre réglementation (insuffisante). Concernant les vestes d’hiver, on constate une avarice exagérée, notamment en Suisse orientale. Deux jours après la conférence d’entreprise, syndicom a informé cablex sur les améliorations non encore intervenues dans la

PHOTO JENS FRIEDRICH

Tout vient à point à qui sait attendre : à plusieurs reprises, lors de conférences d’entreprise, les membres de syndicom chez cablex ont déploré les conditions de travail intenables de ces deux dernières années. Des améliorations se font enfin sentir. Franz Schori *

Les salarié·e·s de Cablex enfin entendu·e·s ! ∙ Après une longue période de mécontentement, le calme revient chez cablex, même si une partie des améliorations tardent encore à venir. Les employé·e·s l’ont mérité.

mesure souhaitée. Une seconde table ronde n’est toutefois pas indispensable. Les questions relatives à une amélioration supplémentaire des conditions de travail doivent désormais être réglées entre la représentation du personnel et la direction de cablex. Après une longue période de mécontentement, le calme revient donc chez cablex. Les employé·e·s de cablex l’ont mérité. Avec leur éthique et leurs

compétences professionnelles de haut niveau, ils apportent une contribution importante au futur réseau suisse de communication. Ils garantissent des centaines de milliers d’emplois à notre économie. Nous espérons que l’année prochaine, le marchandage calamiteux à propos de vestes d’hiver sera définitivement oublié.

Secrétaire politique spécialisé Télécom / IT

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Poste | 5

syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015 Stop à l’externalisation des chauffeurs postaux

PHOTO DEMIR SÖNMEZ

PHOTO SUSANNE OEHLER

Vague de protestation chez les chauffeurs de La Poste

genève ∙ L’action du 2 novembre était le prélude de la protestation nationale. De graves cas de dumping y ont été dénoncés.

ostermundigen ∙ Les chauffeurs se sont réunis avec syndicom le 5 novembre pour une pause de protestation peu après que La Poste a fait connaître sa décision.

Maintenant les cartes sont sur la table : le 5 novembre La Poste a pris la décision – qu’elle annonce définitive – de renoncer totalement à l’exploitation de sa propre flotte de camions. La protestation des conducteurs prend donc une nouvelle dimension. Pour mémoire : le 4 septembre, La Poste annonçait sa volonté d’externaliser sa flotte de camions dès la fin de 2016, détruisant ainsi 187 emplois. Peu après, soutenus par syndicom, les chauffeurs de La Poste concernés ont affiché leur opposition à cette externalisation et organisé la résistance. Ils ont constitué un comité d’action et décidé de manifester massivement leur mécontentement dans toute la Suisse en novembre.

Cas significatifs de dumping salarial Le 2 novembre à Genève, lors d’une action et d’une conférence de presse, syndicom a révélé un certain nombre de cas de dumping que provoque une telle sous-traitance, presque par définition. Ces cas démontrent que La Poste ne peut pas contrôler sérieusement toute la chaîne de la sous-traitance que l’externalisation de ses chauffeurs implique. C’est ainsi que les chauffeurs d’une entreprise sous-traitante genevoise connue de syndicom touchent un salaire horaire de 17 francs 80. Très bas par rapport à ceux des chauffeurs de La Poste, ces salaires

ne sont même pas conformes aux usages genevois pour le secteur. L’entreprise ne garantit du travail que pour une partie de la journée, le reste variant d’un jour à l’autre, ce qui provoque une grande incertitude quant au salaire total à la fin du mois. Ce cas est d’autant plus emblématique que cette entreprise a repris les tournées d’un autre sous-traitant – également connu de syndicom – qui a disparu du jour au lendemain, en laissant une ardoise de plus de trois mois de salaires non payés. Ces quelques exemples démontrent que l’externalisation renvoie les chauffeurs à une jungle, situation d’autant plus inquiétante que La Poste dit travailler avec plus de 250 entreprises de sous-traitance. Les mêmes actions symboliques ont eu lieu à Härkingen et Daillens les 3 et 4 novembre. Quelque 80 collègues du centre de tri ont signé une pétition de soutien aux chauffeurs, après les 200 paraphes obtenus à Genève. « Les autres unités ont compris que La Poste ne s’arrêtera pas à cette seule externalisation, comme elle l’écrit noir sur blanc dans son dernier journal  », a

expliqué à l’ATS Jean-François Donzé, secrétaire régional Logistique à syndicom.

tation a alors été partiellement limitée. Le lendemain, ce sont les chauffeurs tessinois qui se sont mobilisés. Aux aurores, près de 50 chauffeurs de camions et employé·e·s de La Poste ont perturbé le centre de distribution de paquets dans la zone industrielle de Cadenazzo. Le matin du 11 novembre, une cinquantaine de chauffeurs de La Poste ont poursuivi leur mobilisation au centre logistique de Bienne, où ils ont entamé une pause de protestation peu après 6 h. « Notre objectif est de faire réfléchir La Poste et montrer notre détermination à garder nos places de travail de chauffeurs de camions » a expliqué Jean-Charles Froidevaux, chauffeur, à BNJ.TV. La distribution a également été perturbée jusqu’à 7 h 30. Le comité d’action se prononcera sur la suite à donner à ce mouvement et son possible durcissement.

Pauses de protestation après la décision Les protestations des chauffeurs ont connu une nouvelle dynamique le 5 novembre, quand La Poste a annoncé que la procédure de consultation était close, qu’elle renonçait totalement à l’exploitation de sa propre flotte de camion, qu’elle mettrait au concours ses courses internes et ferait appel aux services d’entreprises de transports externes. Selon La Poste – et en dépit des nombreuses propositions des salariés et du syndicat – la consultation n’aurait «  pas permis d’identifier des solutions en adéquation avec la stratégie et économiquement viables pour maintenir les chauffeurs dans leurs fonctions actuelles.  » La Poste ajoute qu’elle «  proposera une offre d’emploi acceptable à chacun des 187 chauffeurs concernés par la réorientation ». Soutenus par syndicom, les chauffeurs ont répondu le matin même par une pause prolongée de protestation au centre de logistique d’Ostermundigen (BE), dont l’exploi-

Critique de l’externalisation Les chauffeurs postaux critiquent la décision de la direction de La Poste, notamment sur ces quatre points : • L’externalisation de la flotte de camions conduit à une perte de savoir-faire à La Poste.

syndicom

bienne · Le 11 novembre, une autre pause de protestation s’est déroulée avec succès.

PHOTOS SUSANNE OEHLER

Cadenazzo ∙ Le 6 novembre, les chauffeurs et syndicom se réunissaient pour une pause de protestation au Tessin.

• Les chauffeurs doutent que La Poste soit en mesure de leur offrir des postes de travail équivalents avec des perspectives d’avenir. • Comme l’ont démontré les cas significatifs de dumping salarial crasse révélés par syndicom à Genève, La Poste n’est pas en mesure de contrôler les conditions de travail et les salaires des quelque 250 sous-traitants qui roulent pour elle. • Par sa politique d’externalisation, La Poste crée des centaines d’emplois précarisés au motif que ces salaires de misère renforceraient sa « compétitivité à long terme ». Cela n’est en aucune manière efficace et ce sont les chauffeurs des entreprises de transport extérieures qui en font tous les frais ! Les plans de démantèlement et d’externalisation de La Poste, des CFF et des administrations publiques mettent en péril le service public en Suisse. Pour s’y opposer, une alliance forte entre salarié·e·s de La Poste, des CFF et des services publics est indispensable. La lutte continue !


6 | Médias

syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015

4 e ASSISES DU JOURNALISME

Conférence de branche Presse

Succès de la journée du journalisme d’investigation

Lueur d’espoir

Genève, 28 octobre 2015 ∙ Pour la première fois, syndicom était un des co-organisateurs à part entière de cette 4e édition des Assises du journalisme. La journée dédiée au journalisme d’investigation a fait salle comble. syndicom et les autres organisateurs dont impressum se félicitent d’un tel succès. A l’heure de la dématérialisation des médias, la question du modèle d’affaires s’est aussi posée.

Le 31 octobre, à la conférence de branche Presse et médias électroniques, l’enthousiasme était au rendez-vous au ­Progr à Berne. Car depuis le dernier congrès des éditeurs alémaniques en septembre, nous savons que les employeurs ont fixé dans leurs objectifs de 2016 la reprise des négociations CCT avec les partenaires sociaux. Les actions des derniers mois et des dernières années portent leurs fruits. Néanmoins, le mécontentement augmente dans les rédactions. Devant la fuite d’un nombre toujours plus grand de personnes compétentes dans les rédactions qui sombrent tels des navires à la dérive, les capitaines prennent enfin conscience du fait qu’ils doivent agir au lieu de se retrancher derrière les digues élevées par Lebrument & Co en refusant tout dialogue. Par ailleurs, la secrétaire centrale Stephanie Vonarburg a pu rappeler les activités de la branche ces derniers mois : la commission des indépendant·e·s, qui fonctionne désormais comme une commission permanente de la branche, compte plus de membres actifs, dont dernièrement aussi trois photographes. La palette des prestations a été étoffée : « Infos utiles » pour les indépendant·e·s des médias en tant que service Web ; nouvelle assurance d’indemnités journalières pour les indépendant·e·s. Stephanie a aussi informé sur  : les projets du magazine Edito+Klartext ; la fusion de la caisse de pension Freelance de syndicom avec la CPJ d’impressum, qui devrait être effective fin 2016 ; le soutien et la participation au Forum économique mondial à Tunis ; notre engagement contre la Loi sur le renseignement, contre laquelle syndicom a saisi le référendum avec le Comité contre l’Etat fouineur. Des signatures seront récoltées encore jusqu’à la fin de l’année. Des listes de signatures peuvent être téléchargées sur le site www.syndicom.ch. En tant que nouveau membre au comité de branche, Sergio ­Ferrari a été élu. Lors de la 25e Journée bernoise des médias dans l’aula du Progr, des discussions sur l’état du paysage médiatique à Berne ont eu lieu dans le cadre de trois débats. Il n’y a pas eu d’éclats comme on s’y était attendu. L’ambiance relativement harmonieuse résultait peut-être du fait que quasiment tous les rédacteurs·trices en chef bernois (et potentiels patrons) étaient présents, comme en témoignent les photos de la journée des médias sur www.syndicom.ch.

De g. à dr. : François Pilet ( journaliste à L’Hebdo, qui a enquêté sur les SwissLeaks), Myret Zaki (rédactrice en chef de Bilan), Angelo Mincuzzi (coauteur avec Hervé Falciani de Séisme sur la planète finance).

PHOTO FABIO LO VERSO

Environ 150 personnes se sont réunies dans le cadre des quatrièmes Assises du journalisme dédiées au journalisme d’investigation à l’heure de WikiLeaks et des SwissLeaks. La maire de Genève, Madame Esther Alder, a rappelé les conditions de travail difficiles des journalistes : rédactions amoindries, moins de ressources, plus de concurrence. Elle a souligné le fait que « le journalisme de qualité est le poumon de la société. La diversité des médias est importante pour la démocratie. Nous avons besoin de la boussole du journalisme ». Le premier débat a réuni Kristinn Hrafnsson, porte-parole de WikiLeaks, en duplex depuis Londres, qui a rappelé le prix très élevé payé par les lanceurs d’alerte, Myret Zaki, rédactrice en chef de Bilan, Angelo Mincuzzi, coauteur avec Hervé Falciani de Séisme sur la planète finance, et François Pilet, qui a enquêté sur les SwissLeaks et a démontré à quel point l’argent abrité dans les coffres de HSBC était lié au trafic d’armes notamment. Ce dernier a rappelé le rôle déter-

Fédération européenne des Journalistes (FEJ), Mogens Blicher Bjerregard, venu du Danemark pour évoquer l’aide publique à la presse et son impact sur le paysage médiatique scandinave, Gaël Hurlimann, rédacteur en chef des nouvelles plateformes numériques du Temps et de L’Hebdo, qui doit relever le défi de la newsroom et ne pas appauvrir la qualité des titres, Christiane Pasteur, corédactrice en chef du Courrier, qui est marginalement financé par la publicité et cultive un lien fort avec ses lec-

minant joué par Julian Assange pour forcer les journalistes à travailler ensemble autour de règles communes pour la publication et sortir de la logique du scoop. Tant les organisateurs que les participants ont salué le travail des médias qui, par leur ténacité et leur perspicacité, ont permis de porter sur la scène publique des secrets liés aux finances (SwissLeaks) ou aux agissements gouvernementaux (WikiLeaks). Le deuxième débat a notamment réuni le président de la

teurs, et Sylvie Gardel, rédactrice en chef adjointe de Sept. info, un des rares pure players de Suisse. À l’occasion de cette journée, les plateformes de journalistes d’enquête swissinvestigation.net et investigativ.ch ont annoncé leur fusion. Les organisateurs, syndicom, impressum, Amnesty international, l’Association genevoise des Journalistes, la Fédération européenne des Journalistes, Reporters Sans Frontières (RSF) et le Club suisse de la Presse, se sont félicités d’un tel succès. (Réd.)

Service syndicom pour les indépendant·e·s

Nouvelle assurance d’indemnités journalières pour les indépendant·e·s Quand des indépendant·e·s tombent malades, une question existentielle se pose rapidement. En cas d’incapacité de travail sans faute propre, les indépendant·e·s n’ont pas d’employeur qui doit continuer à payer leur salaire. Ils devraient donc s’assurer contre le risque de perte de salaire. Stephanie Vonarburg * Les offres courantes d’assurance varient considérablement selon l’âge, la profession et le profil des personnes qui veulent y souscrire et elles sont souvent assez coûteuses. Pour Hel-

sana, chez qui syndicom a bénéficié pendant plus de dix ans d’un contrat-cadre pour les indépendant·e·s, ce segment n’était plus attrayant. Le nombre d’assuré·e·s et le volume des

PHOTO PATRICK GUTENBERG

Pour Stephanie (tout à gauche, lors de la Journée des libres du 5 septembre dernier), la question des indemnités en cas de maladie est primordiale.

primes se situaient à un niveau trop bas et le contrat-cadre est donc résilié à la fin de l’année. A la recherche d’une nouvelle offre attractive, nous avons trouvé une solution avec l’association Fairline. Cette association est une communauté d’intérêt de preneurs d’assurance qui compte parmi ses membres une vingtaine d’associations. Récemment, syndicom y a aussi adhéré. L’association est exploitée par Fairsicherungsberatung AG. Pour l’assurance d’indemnités journalières, elle est affilée auprès d’Assurance des métiers Suisse. C’était à l’origine une coopérative (Coopérative des Assurances-Bouchers), qui collabore aujourd’hui avec plusieurs autres branches. Après comparaison des primes et conditions d’assurance, c’est la solution de Fairline qui nous a paru la meilleure. D’un point de vue syndical, les critères les

plus importants sont les suivants : primes identiques pour les femmes et les hommes, indépendamment de l’âge ; primes relativement modérées ; tous les délais de carence (14, 30, 60 ou 90 jours) au choix. Le transfert dans la nouvelle offre est simplifié pour tous les membres de syndicom assurés jusqu’à présent via le contratcadre Helsana et qui n’ont pas touché de prestations d’assurance d’indemnités journalières depuis le 1er juillet 2013, car aucun examen de santé n’est exigé dans ce cas. Les indépendant·e·s qui souhaitent s’assurer peuvent commander les documents au secrétariat du secteur (medien@ syndicom.ch).

* Secrétaire centrale de la branche Presse et médias électroniques

Nina Scheu


Médias | 7

syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015 CHRONIQUE DE négociation

Le CCT de l’industrie graphique en cinq rondes 24 JUIN 2015 Le premier jour de négociation du CCT de l’industrie graphique, la bonne nouvelle était que deux accords avaient été signés. L’un sur la formation continue, qui garantit le financement de nos cours dans le cadre du programme Helias, et l’autre sur la déclaration de force obligatoire générale (DFOG) du CCT. Mais le problème était que Viscom voulait profiter de ces négociations pour proposer toute une série de mesures de démantèlement : semaine de 42 heures comme durée ordinaire du travail, réduction de moitié des suppléments pour le travail de nuit – aussi dans les imprimeries de journaux, suppression d’une partie des salaires minimaux, etc.

24 août 2015 Au deuxième tour de négociation, les syndicats ont présenté à Viscom leur principale revendication, un modèle de retraite anticipée, en expliquant que c’est un modèle non seulement applicable, mais aussi nécessaire. Car c’est le personnel âgé qui subit les conséquences majeures de chaque restructuration et fermeture d’entreprise, et

Centro stampa Ticino) auraient dû venir négocier en personne avec les commissions du personnel (CoPe). Deux jours avant les négociations, ils informaient qu’ils ne viendraient pas et que la délégation ad hoc désignée les représenterait. Malgré cette volte-face, nos collègues ne se sont pas découragés. Ils ont exprimé un Non clair aux réductions de salaires de 800 à 1000 fr. par mois induites par les requêtes de Viscom visant à réduire les suppléments pour le travail de nuit. Une lettre de protestation a été lancée parmi le personnel de ces centres d’impression.

Conférence de branche Industrie graphique Samedi 5 décembre de 10 h 30 à 15 h 40 Hotel Bern, Zeughausgasse 9, Berne. L‘Assemblée décidera si le nouveau CCT doit entrer en vigueur le 1er janvier 2016. Venez débattre de vos futures conditions de travail ! Tous les membres de la branche IGE sont invités. Mais seuls peuvent voter les membres qui travaillent dans une entreprise de la branche, les membres du comité de branche, deux retraités et deux membres sans emploi par région.

30 septembre 2015 En moins de deux semaines, 480 signatures ont été récoltées en faveur de la lettre de protestation pour s’opposer à la non-venue des représentants des centres d’impression les plus importants et pour refuser ce démantèlement des conditions de travail. 70 % des employé·e·s ont ainsi signé la lettre. Résultat partiel ? Aucune suppression des suppléments. La durée ordinaire du travail reste fixée à 40 heures. Les salaires minimums restent inscrits dans le CCT. L’introduction de la semaine de 42 heures est

qui est souvent contraint d’avoir recours au chômage. Viscom s’y est opposée et veut continuer à se servir dans le portemonnaie des employé·e·s de l’industrie graphique.

16 septembre 2015 Lors de cette ronde de négociation, les responsables des directions des principaux centres d’impression de journaux (Tamedia ZH, BE et Bussigny, Ringier, St. Galler Tagblatt, AZ Medien et

possible, aussi pour les imprimeries de journaux, mais seulement sur accord écrit entre la direction et la CoPe ou les travailleurs concernés. On commence alors à y voir un peu plus clair dans le tunnel.

4 novembre 2015 Malgré la tentative de Viscom de remettre en discussion les 42 heures de travail comme durée ordinaire pour les imprimeries commerciales, un compromis a finalement été trouvé. Les suppléments pour le travail de nuit restent équivalents à ceux fixés dans l’actuel CCT. Les salaires minimaux demeurent inchangés. L’introduction éventuelle des 42 heures ne pourra intervenir que sur accord écrit. Ce sera aussi le cas dans les imprimeries de journaux. Le CCT est valable trois ans et sera déclaré de force obligatoire générale.

Angelo Zanetti

Le résultat sera bien sûr présenté en détail à la Conférence de branche du 5 décembre (voir ci-dessus).

Je participais pour la première fois à des négociations CCT et j’ai été surpris par la véhémence qui a marqué leur déroulement. En tant que président de la commission d’entreprise du centre d’impression zurichois de Tamedia, j’ai déjà assisté plusieurs fois à des négociations dans l’entreprise, mais elles étaient menées avec plus d’égards. À plusieurs reprises, j’ai eu l’impression qu’on ne nous écoutait pas vraiment. Il n’y avait pas de respect mutuel. De façon générale, les négociations ont été beaucoup plus rudes que je ne m’y attendais. Je me suis énervé dès le premier tour de négociation, quand les représentants de Viscom ont refusé d’entrer en matière sur notre unique revendication, concernant un modèle de retraite anticipée. Lorsqu’ils ont ensuite menacé de rompre les négociations si nous refusions d’abandonner notre revendication, j’étais vraiment très irrité. J’ai été très soulagé quand Viscom a finalement cédé sur les suppléments pour le travail de nuit dans les imprimeries de journaux, renonçant à leur réduction. C’est le mandat qui m’avait été confié par mes collègues. Les suppléments restent donc fixés à 70 %, comme aujourd’hui. En fin de compte, le résultat que nous avons obtenu n’est peut-être pas extraordinaire, mais c’est néanmoins un résultat raisonnable dont je suis satisfait, compte tenu de notre situation. La bataille a été rude et bien que nous n’ayons rien gagné, nous n’avons pas perdu grand-chose non plus. Au foot, on dirait que nous avons encaissé quelques buts, mais les entrepreneurs aussi. Je dirais qu’à la fin le score était de 2 à 1 pour Viscom. En revanche, nous disposons d’un CCT que les employeurs consentent enfin à déclarer de force obligatoire. Ces longues semaines de négociation n’ont pas été faciles, et nous avons souvent douté du résultat. Aujourd’hui, je ne jubile pas, mais je suis quand même heureux du résultat obtenu.

Pierre Djongandeke, Relieur, responsable de la commission du personnel et vice-président de la branche industrie graphique de syndicom, Atar Roto presse, Ge­nève

Comparativement à d’autres années, et j’ai déjà participé à deux autres négociations du CCT, celle-ci était beaucoup plus difficile avec cette volonté de Viscom de démanteler les acquis tout en fermant d’emblée la porte à toute proposition comme notre revendication principale de la retraite anticipée. La position patronale était claire dès le premier jour : cette convention coûte trop cher en l’état, surtout si l’on veut la déclarer de force obligatoire. La suite a été difficile, notamment pour éviter la rupture des négociations. Viscom voulait à tout prix que les 42 heures soient considérées comme le temps de travail normal pour tout le monde et attaquer les acquis. À l’issue des discussions, les 40 heures restent le temps de travail normal, avec un passage possible à 42 heures selon un dispositif précis prévu. Les acquis ont été sauvés pour les personnes en place mais, malheureusement et il faut le déplorer, pas pour les nouveaux venus dans la branche. Je recommande malgré tout de signer le CCT. Nous avons encore la possibilité de garder les 40 heures comme norme et cela a été très difficile à obtenir. Par ailleurs, les entreprises dans nos branches, et en particulier en Suisse romande, sont très touchées, comme en témoignent la fermeture de la rotative de l‘Imprimerie Saint-Paul à Fribourg, la fermeture du centre d‘impression de la SNP à Neuchâtel, la fin des IRL+, le licenciement collectif d‘une dizaine de personnes à M+S Reliure à Yvonand (VD) et la faillite de SRO-Kundig à Genève. Dans ce contexte-là, l’accord que nous avons négocié est acceptable. Il est important que le CCT soit signé au 1er janvier 2016 pour éviter la déréglementation. Il faut que les collègues de l’industrie graphique viennent le 5 décembre à la conférence de branche pour prendre connaissance de la manière dont se sont passées les négociations et surtout qu’ils s’engagent ! Il faut se positionner clairement sur ce que l’on veut : accepter le résultat et signer cette convention ou, s’il y a une autre proposition, il faudra alors organiser la mobilisation. Il faut un débat sans concession et un vote clair et net.

PHOTO JENS FRIEDRICH

Hansruedi Looser, imprimeur, président de la commission du personnel, Centre d’impression Tamedia de Zurich

PHOTO THIERR Y PORCHET / L’E VENEMENT SYNDIC AL

PHOTO NINA SCHEU

Ainsi a été vécue la négociation par les délégués·e·s du personnel Niklaus Dähler, Team Leiter prépresse et multimédia, Fröhlich Info AG, Zollikon

J’ai participé pour la troisième fois aux négociations, en tant que président de la branche et responsable de la délégation de négociation du personnel, aux côtés des syndicats. Ces négociations ont été plus courtes et plus intenses. Le début de la cinquième ronde a été le moment le plus difficile pour moi, car les employeurs ont remis en cause tout ce qui nous semblait avoir été convenu. Quand nous nous sommes enfin approchés d’un accord, dans l’après-midi du cinquième tour de négociation, j’ai été d’autant plus heureux. Déjà bien avant le début des négociations, il était clair que les imprimeries de journaux allaient jouer un rôle prépondérant, car les plans de démantèlement concernaient surtout les conditions de travail de ce secteur. La récolte de signatures dans les imprimeries de journaux s’inscrivait aussi dans ce but. Le signal a manifestement été entendu par les employeurs, même s’ils n’étaient pas présents dans la salle. Les salarié·e·s actuels de la branche ne devraient subir presque aucun démantèlement dans le nouveau CCT. Mis à part la garantie des droits acquis dans les imprimeries de labeur, les mesures concernent « seulement » les nouveaux employé·e·s ou ceux qui changent d’emploi. Un « seulement » qui est bien sûr douloureux et que nous aurions souhaité empêcher. Compte tenu de la situation dans laquelle se trouve l’industrie graphique, on ne saurait dire que tout est préférable à l’absence de CCT, mais le résultat obtenu l’est certainement. Le CCT préserve des salaires minimaux, cinq semaines de vacances, des suppléments pour le travail de nuit de 50 % au moins… Ces acquis sont honorables. Il est important de participer à la conférence de branche du 5 décembre parce que la discussion sur les droits syndicaux et le CCT n’est jamais terminée une fois pour toutes. C’est un processus permanent qui doit se poursuivre et s’adapter continuellement aux nouvelles circonstances. Je tiens encore à adresser un grand merci à tous les représentant·e·s de la délégation de négociation. C’est une tâche difficile et il faut beaucoup de courage pour défendre ouvertement ses droits et ceux du personnel.


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syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015

Annales 2015 - qualité des médias

L’« info-divertissement » à la une Cette année encore, les sondages réalisés sur la qualité des médias par le département de recherche Opinion publique et Société de l’Université de Zurich (fög) présentent un tableau inquiétant. syndicom encourage les journalistes à se préoccuper ouvertement des constats alarmants et à s’engager pour améliorer la situation. Stephanie Vonarburg * Toujours plus de personnes se désintéressent des médias tra­ ditionnels (presse écrite, radio, télévision) et s’informent via les médias sociaux et l’inter­ net. Toutefois, elles consultent avant tout des nouvelles liées au divertissement. La communication numérique est dominée par quelques géants tels que Google et Face­ book, qui se taillent la part du lion des recettes publicitaires, alors que les médias classiques perdent du terrain. Il est vrai que quelques groupes suisses de médias gagnent encore beaucoup d’argent, mais dans d’autres domaines d’activité, ce qui assèche peu à peu les ressources indispensables aux rédactions.

Jusqu’à présent, les groupes de presse n’ont pas réussi à fidé­ liser les jeunes à des contenus médiatiques informatifs, ni à surmonter l’inculture des gra­ tuits (cf. encadré). Le dépar­ tement de recherche Opinion publique et Société de l’Univer­ sité de Zurich en conclut que les médias d’information sont de plus en plus sous l’influence des milieux économiques et poli­ tiques. On le constate claire­ ment dans les accusations scan­ daleuses contre la SSR proférées par la droite conservatrice, qui ont bénéficié d’un large écho dans les médias. Les Annales des six dernières années montrent que la qua­lité des contenus médiatiques ne cesse de baisser : c’est la hiérar­

chisation de l’information qui en pâtit le plus – par manque de ressources, de personnel et de temps dans les rédactions. Les Annales aboutissent à de nombreux constats alarmants,

qui pointent des réalités sen­ sibles devant lesquelles le sec­ teur ne peut pas fermer les yeux. Les journalistes doivent se pencher sur les bouleverse­ ments de leur branche. Ils ont un rôle déterminant à jouer dans la société et la démo­ cratie. Les journalistes doivent aus­ si exiger avec fermeté le déve­ loppement des ressources pour le travail journalistique : aug­ mentation de postes dans les rédactions, amélioration des conditions de travail pour les employé·e·s fixes et les indé­ pendants.

* Secrétaire centrale de la branche Presse et médias électroniques

Antisyndicalisme dans une entreprise d’emballage polonaise

Voir plus loin que le bout du nez Fin septembre, la vice-présidente de syndicom Bernadette Häfliger Berger a communiqué sa démission en tant que responsable de l’égalité. syndicom perd ainsi non seulement une juriste de qualité, mais aussi une syndicaliste engagée, déterminée et combative. Alain Carrupt, président de syndicom tiers quelques passages de son discours. Car les mots de Berna­ dette reflètent toute son énergie. «  Un syndicat combatif utilise toutes ses possibilités pour contri­ buer à rendre plus digne la vie des travailleuses et travailleurs. Pour cela, il faut voir plus loin que le bout de son nez. La lutte pour de meilleures conditions de travail ne peut pas se réduire à négocier de nouvelles conventions collec­ tives de travail. » « Nous sommes tout à fait capa­ bles de convaincre les jeunes de notre travail. Nous devons aussi prioriser cet aspect ces prochaines années. Nous ne pouvons assurer un avenir pro­ metteur à syndicom qu’en syndi­ quant et en fédérant les jeunes. » Cet automne, Bernadette a déci­ dé de donner une nouvelle orien­ tation à sa carrière et de quit­ ter syndicom. Nous regrettons infiniment sa décision. Nous sommes toutefois convaincus que Bernadette poursuivra réso­ lument son chemin tout en res­ tant solidaire avec les membres de syndicom. Nous remercions Bernadette de son formidable engage­ ment comme vice-présidente, membre du comité directeur et responsable de l’égalité. Nous lui souhaitons plein succès et tout de bon.

Les dirigeants syndicaux de l’im­ primerie et de l’emballage de toute l’Europe se sont réunis à Varsovie les 15 et 16 octobre. Ils ont discuté en particulier de la solidarité internationale avec le syndicat affilié polonais ZZP dans sa lutte pour le respect des droits des travailleurs de Smur­ fit Kappa (SK) Pologne. Il y a quelques mois, le syndicat ZZP a été officiellement recon­ nu par la direction polonaise de Smurfit Kappa, qui n’a toute­ fois pas répondu positivement à la demande de ZZP d’ouvrir des négociations et a fixé pour toute rencontre deux conditions préa­ lables inacceptables : les repré­ sentants syndicaux de l’entre­ prise ne pourront pas se faire assister par des experts syndi­ caux extérieurs lors des réu­ nions avec la direction. La direc­ tion fera signer aux membres de la délégation syndicale d’entre­ prise un accord de confidentia­ lité les empêchant d’entrer en

contact avec des permanents de l’organisation syndicale. Pour UNI Europa Graphical, dont syndicom est membre, ces conditions sont par ailleurs discriminatoires pour les tra­ vailleurs polonais de Smurfit Kappa en comparaison avec leurs collègues européens. Elles démontrent clairement que la direction polonaise de SK cherche à empêcher toute activité syndicale dans l’entre­ prise et à intimider le syndicat de l’entreprise en Pologne en l’isolant. Une lettre de protesta­ tion signée par les membres du comité directeur élargi de UNI Europa Graphical a été déposée à la direction de Smurfit Kappa en Pologne (photo). Leader mondial de l’emballage à base de papier basé en Irlande, Smurfit Kappa emploie environ 42 000 personnes dans 33 pays. Sa marge de profit avant amor­ tissement (marge Ebitda) est de 14,4 % en 2014. YS, avec UNI

Pruszkow, 16 octobre · Piquet de syndicalistes de toute l’Europe venus soutenir les collègues de Smurfit Kappa Pologne, aux prises avec une direction très antisyndicale.

PHOTO UNI EUROPA GRAPHIC AL

PHOTO SUSANNE OEHLER

té et membre du comité direc­ teur. Elle a continué à dévelop­ per l’assistance juridique à un niveau élevé et créé parallèle­ ment les différents groupes d’in­ térêt (GI) pour conférer au syn­ dicat une nouvelle dynamique et un large ancrage auprès des jeunes, des femmes, des migrant·e·s, des indépendant·e·s et des retraité·e·s. Pour ce faire, elle a misé sur l’intégration sys­ tématique de la base syndicale et renforcé sa visibilité auprès de ces groupes cibles par des mesures et campagnes ciblées. Au congrès de 2013 à Lausanne, Bernadette a finalement été élue vice-présidente de syndicom. Lors de son discours d’investi­ ture, elle a montré où elle vou­ lait mettre l’accent. Je cite volon­

Bernadette Häfliger Berger (tout à gauche), ici dans son élément : une manif pour défendre les femmes.

Dans sa publication annuelle, l’institut fög constate que le public, notamment la jeunesse, privilégie toujours plus les articles « légers », gratuits et en ligne. Via les réseaux sociaux, devenus les principaux vecteurs de l’info-divertissement. Ainsi, entre 2009 et 2015, la part de jeunes adultes âgés de 16 à 29 ans s’informant régulièrement à travers les médias traditionnels – presse imprimée, radio et télévision – a nettement baissé. 56 % des jeunes adultes interrogés en 2015 indiquent ne jamais consulter des journaux par abonnement. En 2009, ils étaient 35 %. (fög)

international

Bernadet te Häfliger Berger quit te syndicom

Bernadette Häfliger Berger a été engagée en 2009 comme nou­ velle responsable du service juri­ dique au Syndicat de la Commu­ nication. C’est avec beaucoup d’énergie et de compétence que Bernadette a amélioré et déve­ loppé massivement les conseils juridiques à nos membres. Consciente du fait que les tâches du service juridique allaient bien au-delà des affaires juridiques, elle a donné à son travail une dimension politique claire : les droits des salarié·e·s dans ce pays doivent être défendus et respec­ tés ! Dans le cadre de la fusion qui a donné naissance à syndicom, Bernadette a ensuite assumé un nouveau rôle important en tant que responsable de l’égali­

Le journalisme d’information perd le public des jeunes adultes


GI retraité·e·s | 9

syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015 Retraite du Gi Retraité·e·s à Morges

Indignation sur le départ de Bernadette Häfliger Berger Le départ surprise de Bernadette Häfliger Berger a été débattu à la retraite du GI Retraité·e·s, qui s’est tenue à Morges du 27 au 29 octobre. Les retraité·e·s ont pris congé de Bernadette, dont ils déplorent infiniment la démission et qu’ils remercient de son engagement. La discussion chargée d’émotions a trouvé son point culminant dans le lancement d’une résolution adressée au comité central. Franz Baumann * employés et de la communication vers le haut et vers le bas, afin de ne lais­ ser aucune chance aux intrigues. Le GI Retraité·e·s est disposé à collaborer à cette fin avec un groupe de travail. Il espère que le comité central soutiendra la position des retraité·e·s. La réforme de la prévoyance vieillesse 2020, dont le conseiller national vaudois

PHOTOS RODOLPHE AESCHLIMANN

Des mesures pour la justice, l’égalité des chances, les droits humains, la dignité et la collégialité – donc pour les idéaux du mouvement des travailleuses et tra­ vailleurs – doivent être discutées et déci­ dées lors de la séance du comité central du 7 novembre. Concrètement, il s’agit d’établir un état des lieux des compé­ tences actuelles, du ton et des manières

Eric Voruz a donné un compte rendu sur le bilan intermédiaire, a constitué le second thème principal. Le GI Retraité·e·s craint que le déplacement du centre de gravité du Conseil national vers la droite ait un impact négatif sur la décision du Conseil des États. Un référendum et une votation populaire ne pourraient alors plus guère être évités. Tous les syndicalistes doivent donc s’engager pour l’initiative populaire AVSplus, qui représente une alternative efficace à la réforme des rentes 2020. Les défenseurs de l’AVS sont appelés à diffu­ ser ce message en faveur du premier pilier. Par ailleurs, des améliorations doivent être exigées pour les avantages d’entre­ prise que les retraité·e·s ne considèrent pas toujours particulièrement intéres­ sants. Des propositions concrètes ont été soumises pour traitement au responsable du secteur Logistique. Le comité du GI Retraité·e·s est élu jusqu’au congrès 2017. Quelques sièges seront vacants d’ici là et devront être remplacés. Il s’agira alors de veiller à une représentation équilibrée des secteurs, des régions et des sexes.

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* Secrétaire du GI Retraité·e·s de syndicom

Alain Michaud a dénoncé le nombre anormal de départs et autres démissionsfleuves ces derniers temps au sein de l’organisation qui révèle un réel malaise. Eric Voruz, conseiller national vaudois sortant, a donné un compte rendu sur le bilan intermédiaire de la réforme de la prévoyance vieillesse 2020

L’organisation Le millésime 2015 de ce séminaire a été organisé par le groupe des retraités Vaudoise Poste, dans la charmante petite ville de Morges. A ce titre, c’est une quinzaine de délégués qui ont convergé sur les rives du Léman. En marge d’une animation culturelle au musée du château local et d’une réception municipale au cellier de l’Hôtel de Ville, l’ordre du jour comportait en marge des points statutaires, le débat sur l’opportunité d’envisager des actions ou autres réactions épidermiques animé par notre président de groupe, Bernard Faillettaz. Un grand merci à la section, au groupe des retraités Vaudoise Poste et à Eric Voruz pour leur soutien dans cette organisation nationale. Alain Michaud

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Taux d’intérêt minimal LPP

Le Conseil fédéral fait des cadeaux aux assurances En décidant de baisser le taux d’intérêt minimal de la prévoyance professionnelle à 1,25 %, niveau encore jamais atteint à ce jour, le Conseil fédéral a une fois de plus cédé aux lamentations du secteur de l’assurance et puni les assuré·e·s. Dans la situation actuelle, un taux plus élevé, bien que restant modeste, de 1,75 % serait pos­ sible. Comme le passé le montre en effet, le taux d’intérêt minimal a presque tou­ jours été fixé 1 % plus bas, ces dernières années, que ne l’auraient permis les ren­ dements effectifs des placements. Ceux qui en ont grandement profité, ce sont les assureurs-vie, qui ont augmenté par ce biais leur marge bénéficiaire. Pour la seule année 2014, les assurances ont ainsi empoché près de 700 millions de francs. Du point de vue des salarié·e·s, cette évo­ lution est une catastrophe. Les intérêts servis sur les avoirs de vieillesse sont tou­ jours plus faibles, ce qui entraîne aussi une baisse des rentes futures. Pas étonnant

que la confiance placée dans le 2e pilier s’effrite toujours plus. C’est pour cela que l’USS demande que l’on passe à un autre système pour fixer le taux d’intérêt mini­ mal. Au lieu de le faire pour l’année sui­ vante, le Conseil fédéral doit à l’avenir fixer ce taux pour l’année en cours. Mais il est clair aussi que les difficultés rencontrées par le 2e pilier pour garan­ tir de bonnes rentes ne diminueront pas jusqu’à nouvel ordre. Quiconque veut compenser la baisse de sa rente doit par conséquent renforcer l’AVS, comme le veut l’initiative populaire AVSplus. C’est une façon de procéder plus sûre et beau­ coup plus avantageuse que de verser tou­ jours plus d’argent dans le 2e pilier. Le Conseil des État l’a bien vu lui aussi, et a décidé de renforcer l’AVS en relevant ses rentes. Le Conseil national serait bien inspiré de choisir la même voie, car une réforme de la prévoyance vieillesse sans progrès social est vouée à l’échec. (USS)


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Actualités | 11

syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015 Santé au travail

L’ère des managers et des coaches TRAVAIL • La terminologie qui fleurit dans les sphères socio-politico-médiatiques a investi le monde du travail. Sous ce vocabulaire nouveau, de nouvelles formes d’organisation du travail, génératrices de souffrance salariale. Petit lexique de la novlangue managériale. Viviane Gonik * •Le lean production , littéra-

PHOTO SIMON DAWSON / BLOOMBERG

Dans le roman de George Orwell, 1984, la personne en charge du dictionnaire Novlangue en explique le but : « le véritable but du Novlangue est de restreindre les limites de la pensée ? À la fin, nous rendrons littéralement impossible le crime par la pensée, car il n’y aura plus de mots pour l’exprimer ». Depuis les années 1980, une véritable novlangue a envahi les différentes sphères sociales et politiques. Dans les entreprises, des nouveaux mots fleurissent dans les discours des managers, allant de pair avec leur apparition comme figure dans l’entreprise. Il convient de les décrypter, car derrière ce vocabulaire se cache une nouvelle réalité de l’organisation du travail, et des nouvelles contraintes pour les employé·e·s. Le monde de l’entreprise est passé de la métaphore militaire à la métaphore sportive. Comme le dit Michel Crozier (L’entreprise à l’écoute) « le temps des adjudants est dépassé». On doit sortir du modèle de la troupe qui obéit sans réfléchir aux ordres et qui agit comme un seul corps constitué à une logique de l’équipe qui assume des responsabilités et qui pousse les meilleurs à la performance et au dépassement de soi. Le sport – avec les qualités qui lui sont attribuées – correspond parfaitement, du moins dans le discours, à ces nouvelles attentes. On a vu ainsi fleurir dans les entreprises des stages outdoors pour les cadres (saut à l’élastique, stage de survie…) supposés améliorer la motivation et la cohésion d’équipe (team building). On a vu également, depuis les années 1990 apparaître les coaches, consultants externes, censés accompagner les collaborateurs (cadres) à trouver et développer leur talent propre et à améliorer l’efficacité individuelle ou collective. Cette intervention porte rarement sur le perfectionnement des compétences techniques mais s’attache plutôt au développement du savoir-faire, du savoir-être et aux capacités de leadership. La plupart du temps engagés et payés par l’entreprise, le rôle des coaches n’est pas d’analyser ou de remettre en cause les directives managériales, mais bien de les faire accepter et appliquer par les cadres intermédiaires. Voici encore quelques termes appréciés des managers :

Centre Amazon à Rugeley (Angleterre). L’entreprise est à la pointe de ces nouvelles formes d’organisation du travail génératrices de souffrance salariale. Les managers qui sont derrière leur ordinateur savent en temps réel où se trouve un livre, quel intérimaire pousse le chariot, où il se déplace, à quelle heure il s’est mis au travail et combien d’articles il « picke » par heure.

•Benchmarking : Un benchmark (venu du vocabulaire des géomètres, c’est un point de référence servant à effectuer une mesure) est une analyse comparative des produits ou des services de la concurrence. Il s’agit d’une démarche d’observation et d’analyse des performances et des pratiques utilisées par des secteurs d’activité pouvant avoir des modes de fonctionnement réutilisables. Aujourd’hui, ce concept est largement utilisé pour mettre en compétition des unités de production entre elles, par exemple les différents points de vente de McDonald, ou à l’intérieur même d’une entreprise, entre les ateliers. Par ailleurs, considéré de manière simpliste comme « une pêche aux bonnes idées  », il laisse croire qu’un mode d’organisation qui fonctionne pour produire des crayons pourrait aussi bien fonctionner pour organiser un hôpital ou un service de transports en commun.

•Forced ranking : Le forced ranking est une pratique managériale qui consiste à systématiquement évaluer puis classer les collaborateurs afin d’« éliminer » les moins performants. À partir des entretiens annuels d’évaluation, les managers doivent classer leurs collaborateurs en plusieurs catégories : Les « hauts potentiels » sont les collaborateurs les mieux notés, par les résultats extraordinaires qu’ils

obtiennent en dépassant largement les objectifs fixés. De plus, leurs scores ont un impact sur leurs équipes ; les « médians » atteignent tout ou partie de leurs objectifs, sans pour autant les dépasser. Leurs façons de travailler sont satisfaisantes et conformes aux attentes de leur hiérarchie ; les « faibles contributeurs », en bout de chaîne, sont ceux dont la performance, le comportement et l’incidence sur le résultat de l’équipe ne sont pas satisfaisants. Si, depuis les années 1980, on proclame que le taylorisme est fini, certaines activités évoluent, grâce aux progrès technologiques, vers des formes radicalisées de taylorisme. L’activité de préparation de commandes – le voice picking – dans laquelle le travailleur est piloté en permanence par un ordinateur via un système de commande vocale est particulièrement représentative de ce type d’évolution. Cette méthode, largement utilisée dans les centrales de stockage, consiste à associer une personne à un ordinateur qui débite des ordres par l’intermédiaire d’écouteurs. Il fut un temps où on pensait que les robots effectueraient ce genre d’activité consistant à aller chercher les marchandises à livrer dans les magasins. Mais les robots sont fragiles et compliqués et les bras d’un opérateur sont plus souples. Les e-boutiques fonctionnent selon ce système et les condi-

tions de travail chez Amazon. com en sont une parfaite illustration, comme le montre le témoignage qui suit, publié dans Libération : « C’est en tant que pickeuse que j’ai découvert cet univers. Tout a un code-barres chez Amazon : les articles, les 350 000 emplacements sur les étagères, les chariots, les gens qui poussent ces chariots, les imprimantes, les voitures, les scannettes portatives dont chacune est équipée pour lire les codes-barres. Elles sont reliées au réseau wifi, qui peut les localiser dans l’entrepôt. Les managers qui sont derrière leur ordinateur savent en temps réel où se trouve un livre, sur quel chariot il a été enregistré, quel intérimaire pousse le chariot, où il se déplace dans l’entrepôt, à quelle heure il s’est mis au travail en scannant son code-barres personnel, quelle a été la durée exacte de sa pause, et combien d’articles il “picke” par heure.» (Libération, 17.12.2013). Outre des problèmes physiques liés à la manipulation de charges lourdes et aux kilomètres parcourus, ces méthodes cassent encore plus les solidarités et diminuent d’autant plus les marges d’autonomie des personnes, dont on sait qu’elles sont un des éléments centraux de la protection contre le stress. Enfin, plus diffus, la peur de la délation et le fantasme d’une surveillance sans limites comptent pour beaucoup dans la docilité générale.

lement production dégraissée, est un système de production qui se développe tant dans l’industrie que dans les services. Il s’agit, par une analyse de l’activité, de partir à la chasse au gaspillage : de temps, de ressources, de gestes… et de personnel. Les stocks sont diminués, s’ils ne sont pas retirés, le juste-à-temps devient la règle, les gestes et déplacements inutiles sont supprimés et le personnel est calculé au plus juste, quitte à embaucher des intérimaires pour faire face aux demandes des clients ou usagers.

•La précarisation des savoirs par des changements incessants  : Les méthodes Kaisen (changement zen) expérimentées au Japon reposaient dans leur conception sur un processus d’améliorations continuelles du processus de travail se basant sur l’implication de tous les acteurs. Tous ces changements en continu empêchent les salariés de s’appuyer sur des savoir-faire et des compétences construites tout le long de leur vie et les mettent dans un état de précarisation constant. Cette « fausse participation » est d’autant plus pernicieuse, que les soi-disant améliorations apportées doivent booster les performances. Les employé·e·s doivent alors mettre leur savoir et leur créativité au service de l’augmentation des cadences et en mettant en péril leur poste ou celui de leurs collègues, fragilisant les solidarités dans le collectif. Tous ces nouveaux termes tendent à éliminer toutes formes de conflictualité collective sur les questions de qualité du travail : le travail disparaît au bénéfice de la gestion, les salariés sont devenus des collaborateurs se « sacrifiant » pour le bien de l’entreprise pour en augmenter la performance et la rentabilité. Mais pour les personnes au travail, cela signifie, la plupart du temps, plus de stress, plus de fatigue, plus de douleurs musculaires, plus de solitude, moins de reconnaissance. Est-ce que c’est vraiment le monde dans lequel nous voulons vivre ?

* Ergonome, spécialiste de la santé au travail, www.metroboulotkino.ch. Troisième extrait d’un article issu d’une série consacrée à la santé au travail, paru dans Le Courrier, 23.2.2015


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syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015

Mobilisation des maçons et de la fonction publique

Automne chaud dans le public et le privé Les chauffeurs postaux ne sont pas les seuls à se battre. Dans toute la Suisse, la mobilisation générale a sonné dans la construction. À Genève, c’est la fonction publique qui a massivement fait grève. Et les luttes se rejoignent.

Défendre la retraite à 60 ans

sur de nombreux chantiers. Le 11 novembre, ce sont les maçons de Suisse romande qui se mobilisaient : plus de 3000 à Genève, près de 500 à Neuchâtel et environ 300 à Delémont, pour crier leur colère.

Un pont entre public et privé

PHOTO ANNETTE DUBOIS

Les maçons veulent des avancées sociales. Ils ne se satisfont pas de la volonté de la Société suisse des entrepreneurs (SSE) de prolonger en l’état leur convention collective nationale (CN) qui arrive à échéance fin décembre. Ils exigent davantage de protections en cas d’intempéries

PHOTO DAVID NERFIN

et des mesures concrètes pour combattre la sous-enchère salariale. Ils exigent aussi une solution viable pour la retraite à 60 ans, un acquis crucial pour ces travailleurs soumis à des tâches pénibles et usantes. Or la SSE refuse les propositions syndicales en la matière, soit une hausse temporaire des cotisations permettant de passer le cap de la génération des baby boomers. Elle prévoit au contraire de couper les rentes anticipées de 660 à 1040 francs par mois ou d’augmenter l’âge de la retraite. A l’appel de leurs syndicats, plus de 10 000 travailleurs de la construction ont participé aux journées d’actions et de débrayages prévues entre le 9 et le 11 novembre. Plus de 3000 maçons ont ouvert les feux le 9 en quittant leurs chantiers et en manifestant à Bellinzone. Le 10, c’est en Suisse alémanique que les travailleurs de la maçonnerie et du génie civil ont protesté

Alors que nos collègues chauffeurs postaux de Bienne entraient en lutte dès l’aube, le 11 novembre a connu une mobilisation historique dans différentes villes et en particulier à Genève où, entamant alors son deuxième jour de grève, la fonction publique s’est jointe aux maçons pour bloquer le pont du Mont-Blanc. Si chacun a en partie des raisons différentes de se mobiliser, on assiste à une certaine convergence des luttes et des colères. Il vaut néanmoins la peine de revenir sur les revendications de ces mouvements.

Ce 11 novembre 2015 est un jour historique pour le mouvement syndical genevois. A l’appel du Cartel du personnel de l’Etat et du secteur subventionné ainsi que des syndicats SSP, SIT, Unia et Syna, infirmières, assistants sociaux, profs, maçons, grutiers ou encore ferrailleurs – en grève – défilent côte à côte par milliers, aujourd’hui unis dans un combat commun : lutter contre le démantèlement de leurs conditions de travail et la précarité. Le projet du Conseil d’État genevois d’augmenter de 5 % le temps de travail de plusieurs milliers de personnes, sans compensation, est inacceptable pour les intéressés – et irresponsable

d’un point de vue politique. En relevant à 42 heures le temps de travail hebdomadaire, en facilitant les licenciements, et en gelant les embauches, il fragilisera également les conditions du travail de milliers de salariés des secteurs privés. C’est un signal inquiétant dont se serviront les employeurs de ces secteurs déjà enclins à utiliser le prétexte du franc fort pour augmenter la durée du travail et abuser de statuts précaires. En occupant ensemble le pont du Mont-Blanc au matin du 11 novembre (photos), le personnel de la fonction publique et parapublique et celui de la construction donnent un message fort au Conseil d’État et à la SSE : il faut désormais compter sur la solidarité entre les secteurs privé et public.

Suites des mobilisations Des négociations avec la Société suisse des entrepreneurs (SSE) sont prévues les 20 et

27 novembre, mais seulement pour discuter des salaires. Pour Unia, c’est absurde d’en discuter sans évoquer la convention nationale. De leur côté, après une troisième journée de grève, largement suivie le 12 novembre avec 7500 manifestants qui ont afflué devant le Grand Conseil, une majorité des 1500 salariés du public réunis jeudi après-midi en assemblée générale à Plainpalais, dans une tente prêtée par les maçons, ont décidé de suspendre la grève. Si le Conseil d’État ne recule pas, le mouvement reprendra le 1er décembre. Entre-temps, des mouvements sectoriels sont prévus. La prochaine assemblée générale du personnel est fixée au 25 novembre. Ces luttes sont aussi nos luttes. Les avancées des uns profitent aussi aux autres. Les reculs, eux, sont mauvais pour tous. Affaire à suivre dans notre prochaine édition.

Yves Sancey avec Unia et le SSP

Carnet

Magique lien

PHOTO DR

Il y a des carnets vieux comme le monde, vieux comme la langue, vieux comme une bibliothèque

universelle ; des carnets à idées d’où les idées qui s’en extraient sont baignées de textes anciens autant que d’idées nouvelles. Ces carnets à lui doivent avoir quelque chose de ces maisons épaisses chargées d’histoires que l’on parcourt avec la frénésie de l’aventurier assuré de trouver là quelque chose qui ressemble à un royaume. Le titre du livre qu’il signe, énoncé de sa réflexion, offre un nom que l’on porterait presque comme drapeau une fois le livre lu si seulement l’on croyait à la vertu absolue des drapeaux. Ce petit ouvrage parle de liens, du lien social, politique, humain, de mélanges, d’Histoire, toute notre histoire. L’auteur, professeur de théorie

du droit, philosophe à l’écriture libre, interroge le lien social en regard du droit. Il commence par Jean-Jacques Rousseau, se promène avec gourmandise parmi les essais et les questions que soulèvent ses 35 courts chapitres, sans autre librairie que celle que nous possédons déjà mais avec une façon de lire, de puiser, d’annoter, d’extraire, de composer telle que la sève qui en ressort fait l’effet d’un volcan. Cela bat en brèche beaucoup de nos idées reçues, devenues un peu paresseusement des convictions. Cela revient aux fondamentaux, à la source de ce petit mot de quatre lettres malmené par les vents politiques du moment. Qu’est-ce qui fait lien ? Qu’est-ce qui nous

relie ? Laurent de Lutter affirme, non sans humour et éloquence, que le lien social est inexistant, ou du moins qu’il n’existe que «  comme l’ensemble des mots vides au moyen desquels l’entrave par laquelle les individus sont empêchés de se déplacer, de quitter la place qui leur est attribuée, est exprimée ». Son analyse a l’immense mérite de remettre ce lien au cœur de quelque chose de plus précieux qu’un droit juridique énoncé sur papier, simple harmonie contractuelle, ou de quelque chose d’évident, afin de le redéfinir comme ce qu’il est : éminemment fragile, et donc magique.

Karelle Menine

Laurent de Lutter, Magic, une métaphysique du lien, PUF, août 2015. Prix : 17 fr. 30.


Actualités | 13

syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015 Portrait XXXXX

L’art du remplacement Lorsque Rolf Graf a commencé à travailler à La Poste il y a vingt-sept ans, l’entreprise était structurée différemment. Dans le cadre de ses services de remplacement pour Swiss Post Solutions, ce client service assistant s’occupe aujourd’hui d’un large éventail d’activités de type postal. Comme militant actif de syndicom, il a contribué à élaborer et à mettre en œuvre la CCT. Peter Krebs* Rolf Graf, originaire de Nidau (Bienne), travaille depuis vingt-sept ans à La Poste. Bien des choses ont changé depuis ses débuts et il a dû s’adapter à plusieurs reprises. Son premier emploi dans l’hôtellerie et la restauration l’a amené en Suisse orientale. C’est dans cette région qu’il est entré ensuite au service de La Poste, où il a effectué son apprentissage. De retour à Berne, il travaille d’abord au service des cases postales à la Schanzenpost, puis – après un cours de fonctionnaires d’entreprise – à la Kramgasspost dans la vieille ville. Depuis quelques années, Rolf Graf travaille à Swiss Post Solutions, une filiale qui se définit à l’intersection des canaux d’information physiques et numériques et qui offre diverses prestations de type postal aux clients commerciaux. En tant que client service assistant, la désignation officielle de sa profession, il accomplit des services de remplacement pour son employeur. Quand un titulaire de poste est en vacances, malade ou en formation, il vient à la rescousse. « Ce travail me convient. Il faut être polyvalent, comprendre le fonctionnement des nombreuses entreprises et leurs exigences. »

distributeur de boissons dans les cantines et à s’occuper des services d’archive.

« Parfois c’est rude » Chaque entreprise a ses particularités. Dans certaines d’entre elles, le courrier est distribué selon les sigles attribués aux collaborateurs, dans d’autres c’est l’adresse e-mail qui fait foi. « Il faut se remettre dans le bain si l’on n’a plus accompli de tournées pendant un

semestre. Parfois, c’est rude », explique Rolf Graf. Bien sûr, un plan annuel est établi et une tournée d’initiation avec un collègue est organisée pour se mettre au courant. Quand il faut remplacer un employé malade, on a toutefois peu de temps pour se préparer. Rolf Graf comprend que Swiss Post Solutions se spécialise et propose de nouvelles prestations, « car les services postaux physiques sont en recul ».

Diversité et polyvalence

PHOTO PETER KREBS

Les tâches de Rolf Graf sont très diverses et ne sont pas toutes en rapport direct avec les prestations d’un employé postal « classique ». Actuellement, il effectue des remplacements pour le compte d’une douzaine d’entreprises privées, ainsi que pour des banques, des entreprises énergétiques, une société médiatique et auprès de PostFinance. Il distribue le courrier interne, accomplit des services de coursier avec son véhicule, réapprovisionne les salles de réunion en fournitures de bureau ou y installe le rétroprojecteur. Ses tâches consistent aussi à remplir le

Mais il reconnaît aussi les problèmes auxquels est confrontée l’entreprise. Elle est exposée à la forte concurrence des opérateurs privés. Les contrats avec les entreprises clientes doivent être renégociés après quelques années. Par ailleurs, les employés de domaines externalisés ne sont pas venus de leur plein gré à Swiss Post Solutions, ce qui se ressent selon lui sur le climat de travail. Rolf Graf est de nature optimiste et s’engage volontiers pour des améliorations. C’est pourquoi il a collaboré dans une équipe de syndicom pour aider à élaborer et à mettre en œuvre une convention collective de travail (CCT) pour Swiss Post Solutions. L’entreprise précédente, Mailsource, n’en avait pas. « La CCT a apporté des améliorations, constate Rolf Graf, le salaire minimum a été relevé et la protection contre le licenciement améliorée. » Ce n’est toutefois pas la seule raison pour laquelle il a adhéré au syndicat. Son affiliation lui permet aussi de rencontrer des personnes d’autres branches et de profiter d’offres de perfectionnement professionnel. Mais la vie ne tourne pas seulement autour du travail pour ce célibataire de Münchenbuchsee. Durant ses loisirs, il joue volontiers de l’accordéon dans un orchestre. Son répertoire comprend la musette et le tango en passant par des airs tessinois : « Je joue d’un instrument pour mon plaisir et pour déconnecter, je n’ai pas de grandes ambitions. » Certains week-ends, le vieux chalet de son grandpère lui permet de se ressourcer dans le Jura. Mais il voyage aussi volontiers. Il prend le train jusqu’à la destination choisie, où il se déplace de préférence à pied ou à bicyclette : « Les autres moyens de locomotion sont trop rapides pour moi. »

* Journaliste indépendant

Droit au but

« Je travaille comme imprimeur dans une petite entreprise. Mon chef me renvoie régulièrement à domicile avant la fin de mon horaire de travail lorsqu’il n’a plus de mandats d’impression. D’où un cumul d’heures négatives que je dois rattraper ultérieurement. Je n’émets aucune objection, mais note toujours scrupuleusement les heures de travail qui m’ont été retenues. Je souhaite exiger la rétribution de ces heures. Comment faire ? » Le renvoi prématuré à domicile constitue une mise en demeure de l’employeur. On parle dans la loi de mise en demeure de l’employeur s’il empêche par sa faute l’exécution du travail ou se trouve en demeure de l’accepter pour d’autres motifs (art. 324 CO). La dispense de travail est également considérée comme retard dans l’acceptation du travail. Si l’employeur se trouve en demeure, il reste tenu de payer le salaire du travailleur sans que ce

dernier ne doive rattraper ultérieurement son travail. L’obligation de continuer à payer le salaire est valable même si l’employeur n’est pas responsable du fait que le salarié ne puisse pas fournir son travail ; donc aussi si l’employé, faute de mandats, ne reçoit pas de travail. Cette obligation résulte du fait que l’employeur porte le risque d’entreprise ; à l’inverse, il empoche le bénéfice d’entreprise en cas de bonne marche des affaires et ne

le partage en principe pas avec les salarié·e·s. Relevons encore un détail qui a toute son importance : pour provoquer la mise en demeure de l’employeur, le salarié doit offrir sa prestation de travail. Cette offre peut intervenir oralement, par écrit ou dans les faits. Par exemple, avec la venue du salarié le matin sur son lieu de travail, même s’il a été informé par téléphone la veille qu’il n’aurait pas besoin de travailler le lendemain. Tu as mentionné être rentré à domicile sur ordre de ton employeur, sans objection. Il partait donc du principe que tu étais d’accord avec le raccourcissement de ton horaire de travail.

Tu aurais dû lui communiquer ton désaccord et ton intention de fournir ton travail selon l’horaire prévu dans ton contrat. Comme tu n’as pas offert ta prestation de travail – en tant que condition de mise en demeure de l’employeur – il n’est pas tenu de te payer un salaire pour les heures où tu as été renvoyé plus tôt à domicile. Du coup, tu ne peux malheureusement pas exiger la rétribution des heures retenues. Je te conseille d’exprimer à l’avenir clairement à ton employeur ton désaccord avec le raccourcissement de ton temps de travail et d’exiger d’être occupé comme convenu. Si l’employeur refuse ton offre de travail, il est mis en demeure et doit te verser un

PHOTO S YNDICOM

Mon chef me renvoie à la maison trop tôt

salaire pour le temps où tu n’as pas pu travailler. Comme l’employé doit fournir la preuve qu’il a offert son travail, il est recommandé de procéder toujours par lettre recommandée.

Martin Scheidegger, responsable du service juridique


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syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015

formation

agenda

MOVENDO l’institut de formation des syndicats

Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71, info@movendo.ch Les cours et séminaires 2016 sont disponibles sur notre site www.movendo.ch. Les membres de syndicom recevront le programme 2016, encarté, dans la prochaine édition de leur journal. En 2016, nous vous proposons notamment les séminaires suivants: Pour les membres et les personnes intéressées: • Génération50plus : meilleure protection et perspectives • Épiés au travail ? Nouvelles technologies et droit du travail • Se retrouver dans les dédales de l’assurance chômage • Ma relation avec mes supérieurs, comment la rendre plus aisée ? • Je travaille et j’élève mes enfants : outils pour être efficace chez soi • J’ai un projet, je le mène jusqu’au bout • Cloud, messagerie libre et fonctions d’échanges sur le Net • Protéger ses données informatiques sur Internet

Groupe d’intérêt des retraités, Section Biel-Bienne Chères collègues, chers collègues. Nous avons le plaisir de vous inviter à notre traditionnelle assemblée de Saint -Nicolas, mardi 8 décembre à 14 h 30 au Restaurant Büttenberg, chemin Geyisried 63, 2504 Biel / Bienne. (Bus N° 1, arrêt du bus école Geyisried) Programme : Informations générales par les collègues Fritz Schenk, président, Roland Gutmann, président du GI Retraité·e·s du Syndicat syndicom. Ensuite jeu, loto et petite collation. En espérant vous rencontrer nombreux, nous vous souhaitons à toutes et à tous, ainsi qu’aux personnes qui ne peuvent pas se joindre à nous, de bonnes fêtes de fin d’année. Salutations amicales. Le comité

GENÈVE

Groupement et Amicale des retraités Genève Poste & Télécom Le Groupement et Amicale des retraités Genève Poste & Télécom vous invite à sa prochaine et dernière assemblée de l’année le lundi 7 décembre à 14 h, à la maison de retraite, chemin Colladon 5 (bus N° 3). Bien entendu, comme le veut la tradition, on brisera la marmite de l’Escalade… Au grand plaisir de vous revoir ! Le comité

Pour les militant·e·s et les membres actifs : • Faire appliquer sa CCT sur son lieu de travail • Contrôler et appliquer l’égalité des salaires Pour les membres des commissions du personnel et représentant·e·s des salarié·e·s dans les caisses de pension : • Séminaires pour membres de commissions du personnel • Cycle ARPIP 2016/2017 pour les représentant·e·s des salarié·e·s dans les instituions de prévoyance

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Sur notre adresse www.movendo.ch vous découvrirez, en plus de l’offre susmentionnée, l’intégralité de nos cours I et séminaires. II

Nous nous réjouissons de votre participation !

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Section Genève – Assemblée générale 2016 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 La section Genève informe ses membres que la prochaine assemblée généA se L déroulera E P K A 5 mars T 2016 R E S (Université rale le samedi àA 14Vh 30E à l’UOG ouvrière de Genève). Le de sera comC E T H A déroulement T C H E l’assemblée R I S générale M E muniqué ultérieurement. Au plaisir de vous revoir. O S T I A K L E X I C A U X

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SECTEUR MÉDIAS cours de perfectionnement 2016 Inscriptions sur www.helias.ch Sauf indications contraires : animatrice : Birgit Ewert, instructrice Adobe ; lieu : Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg, horaire : 9 h 15 – 16 h 45 et délai d’inscription : 3 semaines avant le début des cours. Intégration et interaction entre Bridge, Illustrator, Photoshop et InDesign CC. 9 et 10 février, Délai d’inscription : 19 janvier. Maîtriser l’outil plume avec InDesign, Illustrator et Photoshop. 24 février. Délai d’inscription : 19 janvier. Découverte des programmes Scribus, Inkscape et Gimp. 25 février. Délai d’inscription : 2 février. Implémenter PDFX-ready. Animateur : Gilles Fossé. 26 février. Délai d’inscription : 2 février. Comment organiser mes images numériques. 9 mars. Délai d’inscription : 16 février. Photoshop CC Update. 10 mars. Délai d’inscription : 16 février. Introduction Adobe InDesign. 22 et 23 mars. Délai d’inscription : 2 mars. Masterclass Adobe InDesign CC. 12 avril. Délai d’inscription : 22 mars. Site Internet avec Adobe Muse. 18 avril. Délai d’inscription : 22 mars. Animateur : Tony Manganelli. Introduction Adobe Illustrator CC. 2 jours : 19 et 20 avril. Délai d’inscription : 30 mars. La photographie numérique, atelier théorique et pratique. 25 avril. Délai d’inscription : 5 avril. Animateur : Luca Carmagnola. Lieu : rue du Nord 4, Vevey. Introduction Adobe Photoshop CC. 11 et 12 mai. Délai d’inscription : 19 avril. Masterclass Adobe Illustrator CC. 14 juin. Délai d’inscription : 24 mai. Masterclass Adobe Photoshop. 21 juin. Délai d’inscription : 31 mai. Internet: Comment utiliser les canaux de communication ? 23 juin. 17 h – 20 h. Délai d’inscription : 31 mai. Animateur : Stéphane Koch. Lieu : Eracom, rue de Genève 55, Lausanne. Outside the screen – Fabricants d’images. 9 septembre. Délai d’inscription : 16 août. Animateur : Nordsix Design Graphique. Lieu : place du Nord 6, 1005 Lausanne. Implémenter PDFX-ready. 28 octobre. Délai d’inscription : 4 octobre. Animateur : Gilles Fossé. La photographie numérique, atelier théorique et pratique. 14 novembre. Délai d’inscription : 20 octobre. Animateur : Luca Carmagnola. Lieu : rue du Nord 4, Vevey. Site Internet avec Adobe Muse. 21 novembre. Délai d’inscription : 1er novembre. Animateur : Tony Manganelli.

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Adressez votre solution (les trois chiffres dans les cases en bleu, dans l’ordre, de gauche à droite) d’ici au 7 décembre à : Rédaction syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne. La réponse et le nom du ou de la gagnant·e seront publiés dans le N° 12. Il ou elle recevra 50 francs suisses en chèques Reka offerts par notre partenaire de prestation.

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syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015 agenda

GENÈVE

Événement d’exception L’histoire de l’imprimerie musicale Conférence de Constance Frei, violoniste, chercheuse et enseignante en musicologie, mardi 1er  décembre 19 h, Ecomusée (API), rue du Vuache 25 à Genève. L’invention de la typographie à caractères mobiles a bouleversé le milieu musical dès le début du XVIe siècle. Typographes, fondeurs de caractères, encreurs et bien d’autres artisans présents dans les ateliers d’impression n’ont pas cessé de développer et perfectionner les techniques, de manière à obtenir un résultat graphique toujours plus proche du geste musical. Inscription par mail : Patricia. Alcaraz@syndicom.ch Entrée : 10 fr., membres syndicom gratuit Organisation : Branche communication visuelle Avec la participation de la section de Genève

GENÈVE

Débat public Mardi 1er décembre. 19 h. Amphithéâtre, UOG, place des Grottes 3 Prévoyance vieillesse, quel avenir ? Quel financement ? Quel âge de la retraite des femmes ? Perspectives et positions syndicales. Avec : D. Bianchi (USS), P. Rechsteiner (USS, PSS) M. Bovolenta (SSP), M. Schweri ( journaliste et militant syndicom). Animation par Philippe Bach, journaliste Le Courrier. Débat public organisé par la CGAS et l’USS. Une verrée sera offerte à la fin du débat.

GENÈVE - CINÉ

métro boulot kino mardi 1er décembre, 19 h. « Les dockers de Liverpool », de Ken Loach (GB, 1997, documentaire, 50’) Projection suivie d’un débat avec des grévistes des TPG. Cinélux, Bd St-Georges 8 à Genève. www.metroboulotkino.ch décès Degoumois Roland, Prilly, décédé le 09.08.2015 à l’âge de 86 ans. Membre de la section IGE Vaud-Lausanne depuis 1949. Dubuis Francis, Savièse, décédé le 05.10.2015 à l’âge de 69 ans. Membre de la section Valais romand depuis 1962. Duruz John, Yverdon-les-Bains, décédé le 24.10.2015 à l’âge de 93 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1952. Duvernois André, Genève, décédé le 08.10.2015 à l’âge de 92 ans. Membre de la section de Genève depuis 1949. Grosjean Jean-Emile, Saint-Oyens, décédé le 15.09.2015 à l’âge de 89 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1999. Maggio Giulio, Vevey, décédé le 01.10.2015 à l’âge de 61 ans. Membre de la section Valais romand depuis 1975.

changements à Syndicom

LAUSANNE - THÉÂTRE

« Un métier pas comme les autres… », d’Evelyne Knecht Au Pulloff, Lausanne, du 1er au 20 décembre Avec lucidité, poésie et humour, le spectacle est construit à partir de témoignages de prostituées et de clients, ainsi que de micros-trottoirs glanés dans les rues de Lausanne… Avec Zoé Blanc-Scuderi, Isabelle Bosson, Didier Carrier, Michèle Grand, Valérie Liengme, Jean-Pascal Cottier. Heures : me / ve à 20 h. ; ma / je / sa à 19 h. Lieu : rue de l’Industrie, 1005 Lausanne - 021 311 44 22 - www. pulloff.ch/

NEUCHÂTEL

Chorale Poste La Neuchâteloise Repas-concert le 29 novembre à la Salle de la Rebatte, à ­Chézard-Saint-Martin. Apéritif en musique dès 11 h 30. Choucroute garnie dès 12 h 30. Concert vers 15 h. Prix : 30 fr. (sans les boissons - enfants jusqu’à 12 ans 10 fr.), concert uniquement 10 fr. Inscriptions pour le repas : jusqu’au 21 novembre 2015 au 032 835 32 47 ou 032 835 12 06 ou lucienweber@bluewin.ch

OFFRE D’EMPLOI La coopérative des Librairies Basta ! à Lausanne recherche, pour sa librairie en ville de Lausanne un·e libraire à 60-80 % Arrivages, conseil, vente, gestion du stock et préparation d’événements culturels, choix des nouveautés, tâches administratives, promotion, participation aux organes d’autogestion… Entrée en fonction : 1er mars 2016. Vous pouvez adresser votre candidature (lettre de motivation, CV et copies des certificats) à : Librairie Basta ! rue du Petit-­Rocher 4, 1003 Lausanne. chauderon@librairiebasta.ch. Annonce complète : www.librairiebasta.ch/

VELOMA EMMA, BIENVENUE RODOLPHE Emma Viquerat a terminé le 13 novembre son dernier jour comme secrétaire administrative pour la région romande, à la rue Pichard, à Lausanne. Elle est née à Madagascar et c’est là – où vit sa famille – qu’elle veut retourner et profiter de sa préretraite. Ton rire et ta bonne humeur vont nous manquer Emma. Ancienne postière au centre de tri, tu étais devenue secrétaire administrative de la section vaudoise en 2002. Je ne te dis donc pas au revoir mais « veloma » car, comme tu nous l’as appris, on dit en malgache : « Veloma, veloma, ce n’est pas pour toujours, veloma on se reverra un jour. » C’est Rodolphe Bongiovanni qui la remplace. Rodolphe est bien connu des Vaudois et des Genevois puisqu’il a été le plus jeune président de section de syndicom (Vaud Télécom) et a déjà donné de nombreux coups de main au secrétariat. Yves Sancey

BIENVENUE FLORINE, MERCI ISABELLE ! Le service juridique de syndicom est heureux d’accueil une nouvelle juriste, Florine Monbaron. Après des études de droit aux universités de Fribourg et Berne, elle a effectué des stages à Bienne et Berne en vue de son brevet d’avocate, qu’elle a obtenu en 2013. Elle a ensuite directement travaillé comme avocate associée auprès de l’étude Boillat Richon Willemin Ponsart Courtet-Willemin à Moutier et Delémont. Elle vit à Bienne depuis 2010, mariée, et a un petit garçon de 7 mois. Depuis le 2 novembre, Florine apporte son soutien juridique à la centrale et aux secrétaires syndicaux romands de syndicom. Elle remplace Isabelle Ernst-Pauchard, qui a souhaité donner une nouvelle direction à sa carrière professionnelle en se mettant au service du Bureau fédéral de l‘égalité. Nous souhaitons plein succès à Isabelle dans sa nouvelle activité et la remercions encore pour tout ce qu’elle a apporté à syndicom. (réd.)

Let tre de lecteur

La réforme de la prévoyance vieillesse 2020, suite Après le rappel des différences existant entre l’AVS (1er pilier) et la prévoyance professionnelle (2e pilier) dans syndicom, le journal du 23 octobre , entrons dans le vif du sujet, soit le dispositif de réforme proposé par le Conseil fédéral. Ce dispositif prévoit que l’âge de la retraite des femmes, actuellement fixé à 64 ans, passera à 65 ans, cela aussi bien pour l’AVS que pour le 2e pilier. Toutefois, la notion d’âge de la retraite serait remplacée par celle d’âge de référence ; il déterminerait le moment de la perception des prestations sans réduction aussi bien pour les hommes que pour les femmes. L’objectif visé par cette harmonisation consiste à porter l’âge moyen de la sortie du marché du travail à 65 ans. Cela permettrait également d’assouplir les conditions de la retraite de manière à offrir une plus grande flexibilité. Le relèvement de l’âge de référence des femmes se ferait de manière progressive, par tranches de deux mois ; ainsi six ans seraient nécessaires, depuis l’entrée en vigueur du projet, pour le passage à 65 ans. Il est envisagé que la prestation de retraite anticipée pourrait intervenir à partir de 62 ans, tant dans le 1er que dans le 2e pilier, pour les femmes et les hommes. Un ajournement de cinq ans au plus, soit jusqu’à l’âge de 70 ans, serait possible. Le droit à une rente de veuve ne devrait plus être lié au veuvage en soi, mais plutôt à la diminution des capacités de gain résultant de l’accomplissement des tâches familiales. Pour

les femmes mariées qui n’ont jamais dû limiter ou cesser leur activité lucrative pour s’occuper d’enfants, une rente de veuve de l’AVS ne se justifierait plus. Les personnes sans enfant verraient leur droit à la rente supprimé ; il leur incomberait d’envisager d’autres solutions pour couvrir les risques de décès. Le changement interviendrait progressivement dans les dix ans suivant l’entrée en vigueur du projet, avec une réduction par étapes des rentes de veuves. Les conditions d’octroi de la rente de veuve ou de veuf ne changeraient pas fondamentalement pour les personnes qui ont des enfants. Cependant le droit à la rente concernerait les personnes qui auraient au moins un enfant ayant droit à une rente d’orphelin. Si, au moment du décès du conjoint, la veuve n’a pas d’enfant ayant droit à la rente d’orphelin, ou si le veuf n’a plus d’enfant mineur ayant droit à la rente d’orphelin, il n’existera plus de droit à la rente de survivants AVS. Mais les veuves, les veufs et les orphelins qui ont une rente de survivants avant l’entrée en vigueur de la réforme continueraient de toucher le montant de la rente prévu par le droit actuel. La suite de ce projet de réforme sera présentée dans un autre article. Rémy Addor

mise en pages Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i)

publicité Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, stab@syndicom.ch

NDLR : « Pas de géant » dans le renforcement de l’AVS ou « arnaque » au détriment de tous et spécialement des femmes ? Ne ratez pas le débat annoncé ci-dessus à Genève le 1er décembre.

IMPRESSUM rédaction Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch Allemand : syndicom, die Zeitung, Naomi Kunz, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch Italien : syndicom, il giornale, Barbara Bassi, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch

correction Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i) abonnements 50 fr., 70 fr. pour l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît au moins 15 fois par an changements d’adresse syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

impression Ringier Print Adligenswil AG, Ebikonerstrasse 75, 6002 Lucerne prochaine parution 18 décembre (délai rédactionnel : 30 novembre) éditeur syndicom, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne


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syndicom | N° 11 | 20 novembre 2015

Init iative pour des multinationales responsables

Business mondial, responsabilité globale La Suisse est la vingtième puissance économique mondiale. Or, selon une étude récente de l’Université de Maastricht qui repose sur plus de 1800 cas, elle figure à la neuvième place des pays les plus fréquemment concernés par des dénonciations de violations des droits humains commises par des entreprises. Une initiative veut y remédier. Conditions de travail inhumaines dans les usines textiles, en Europe de l’Est ou en Asie ; travail des enfants dans des plantations de cacao en Afrique ; émissions mortelles de dioxyde de soufre en Zambie – autant d’exemples de violations des droits humains dans lesquelles des sociétés suisses sont impliquées. Selon une étude récente de l’Université de Maastricht sur 1877 cas, la Suisse est dans le top 10 des pays dont les multinationales commettent le plus d’abus dans le monde. En 2015, une grande coalition a décidé de lancer l’initiative populaire « multinationales responsables » pour inscrire, dans la Constitution, l’obligation des multinationales de protéger les droits humains et l’environnement, partout dans le monde. Cette

vaste coalition compte un grand nombre de syndicats dont syndicom, des organisations des domaines de l’entraide, des droits humains, des droits des femmes, de la protection de l’environnement, des Églises, mais aussi des unions d’actionnariat Ensemble, nous pouvons marquer l’Histoire en faisant le premier geste politique majeur en faveur des victimes d’abus des multinationales, partout dans le monde. Cette initiative demande des règles contraignantes pour que les entreprises respectent les droits humains et l’environnement, aussi dans leurs activités à l’étranger. La concurrence économique serait plus équitable. En effet, pourquoi les nombreuses entreprises suisses qui se comportent déjà de façon exemplaire

devraient-elles être désavantagées par rapport à des concurrents sans scrupule ? Le Conseil fédéral souligne le devoir des multinationales de respecter les droits humains et les standards environnementaux, mais il ne mise pour cela que sur la bonne volonté des firmes. Les scandales qui ont défrayé la chronique ces dernières années montrent toutefois que les initiatives volontaires ne suffisent pas. C’est pourquoi le texte de l’initiative prévoit l’introduction dans la loi d’un devoir de diligence des entreprises. Celui-ci obligerait les sociétés à vérifier si leurs activités à l’étranger conduisent à des violations des droits humains ou des standards environnementaux, à prendre des mesures pour y remédier et à rendre des comptes.

Si les sociétés enfreignent leur devoir de diligence, elles pourront être amenées à répondre de leurs manquements devant les tribunaux suisses (responsabilité civile). Les coûts financiers et les dégâts d’image qui pourraient en résulter suffiront à convaincre la plupart des entreprises de prendre les mesures adéquates et d’assumer leur responsabilité pour l’ensemble de leurs activités.

Infos et feuilles de signatures sur : www.initiativemultinationales.ch/

Symposium du 2 décembre sur l’initiative

Travail des enfants dans des plantations de cacao

PHOTO DANIEL ROSENTHAL / L AIF

Que serait la Suisse sans son chocolat ? Notre pays ne produit pas seulement le meilleur chocolat du monde, il abrite aussi certaines des plus importantes sociétés de négoce de cacao. Le cacao est produit ailleurs : 70 % des fèves commercialisées dans le monde proviennent d’Afrique de l’Ouest. Plus d’un demi-million d’enfants travaillent dans des plantations, dans des conditions misérables. Les firmes du secteur le savent depuis plus de dix ans. Pourtant, elles n’ont pratiquement rien entrepris pour y remédier.

Mercredi 2 décembre de 13 h. à 18 h., Burgerratssaal, Kulturcasino Berne. Le symposium du 2 décembre 2015 verra la présentation du texte de l’initiative pour des multinationales responsables dans le détail. Des juristes de domaines variés discuteront ensuite des effets et de la mise en œuvre de l’initiative. Avec notamment Dominique Biedermann (Ethos) et Giusep Nay, ancien président du Tribunal fédéral. Suivi d’un apéro. Inscrivez-vous jusqu’au 25 novembre à info@initiative-multinationales.ch Coût : Fr. 50.– / 25.– (tarif réduit) Langues : allemand et français, mais aucune traduction simultanée ne sera disponible.

Loi sur le renseignement (LRens)

Signez contre la surveillance de masse ! Suite à l’adoption par le Parlement de la Loi sur le renseignement (LRens), qui permet des atteintes à la sphère privée jusqu’alors impensables en Suisse, de nombreuses organisations – dont syndicom et Amnesty Suisse – ont saisi le référendum. Fin septembre 2015, le Parlement a adopté la nouvelle Loi sur le renseignement (LRens) qui étend massivement les possibilités de surveillance en Suisse. Les organisations qui ont lancé un référendum contre cette nouvelle loi (encarté dans notre dernière édition) ont désormais trois mois pour récolter les 50 000 signatures nécessaires. La nouvelle Loi

sur le renseignement met à disposition du Service de renseignement de la Confédération (SRC) de nouveaux moyens qui vont lui permettre d’interférer gravement avec le droit à la sphère privée. Le SRC pourra par exemple espionner des espaces privés au moyen de « mouchards » ou introduire des chevaux de Troie dans des systèmes informatiques.

E-mails, téléphone et recherches internet surveillés L’exploration du réseau câblé, que prévoit également la nouvelle loi, est particulièrement problématique en termes de droits humains. Le SRC sera habilité, à certaines conditions, à « enregistrer les signaux transmis par réseau filaire qui traversent la Suisse ». Ceci signifie que le SRC pourra enregistrer tous les flux de données qui quittent la Suisse pour l’étranger et les analyser au moyen de mots-clés. Les services de renseignement auront ainsi accès aux métadonnées et au contenu de communications électroniques telles que les e-mails, la téléphonie ou les recherches via internet. « L’exploration du réseau câblé constitue une forme de surveillance de masse préventive, qui s’exerce indépendamment de tout soupçon d’activité crimi-

nelle. Il s’agit là d’une atteinte disproportionnée à nos droits fondamentaux et c’est la raison pour laquelle nous rejetons la Loi sur le renseignement », a déclaré Alain Bovard, juriste à la section suisse d’Amnesty International. La surveillance de masse entre en conflit avec plusieurs droits fondamentaux garantis dans la Constitution fédérale et la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH). Audelà du droit à la sphère privée et du respect du secret des télécommunications, ce sont la liberté d’opinion et la présomption d’innocence qui sont concernées. Et lorsque des prêtres, des médecins, des avocats ou des journalistes sont surveillés, c’est également le secret professionnel et la protection des sources qui sont remis en cause. « Nous saluons le fait que, suite aux critiques, la loi se soit

quelque peu améliorée, que des cautèles aient été fixées à l’utilisation des données et que des mécanismes de contrôle aient été introduits », a déclaré Alain Bovard. « Ceci n’enlève toutefois rien à la pertinence de notre critique fondamentale contre l’exploration généralisée des flux de données. La surveillance débute au moment de la collecte des données, et pas au moment de leur analyse. Enfin, de nombreux exemples dans le monde entier, y compris en Suisse, montrent que la surveillance et le contrôle des services de renseignement ne sont pas chose aisée. »

Réd. / Amnesty International

Infos et feuilles de signatures : www. etatfouineur.ch et https://www.lrens.ch


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