syndicom - le journal

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N° 11 23.12.2016

www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication

le journal

AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne

cct swisscom 2018

PHOTO SAM BUCHLI

édito

Préserver la sphère privée et empêcher la disponibilité des employé·e·s 24 h / 24  page 5

Roland Kreuzer, responsable du secteur Médias et membre du CD

La poste suisse

Stop au démontage postal et à la stratégie pochette-surprise !   pages 4, 6-7

Bonne santé et longue vie !

Qu’est-ce qui nous attend à la retraite ? Bienvenue dans la « société de longue vie »  page 13

Assemblée des délégué·e·s 2016

Riposte aux fermetures

Penser et agir en réseau ! Nous ne pouvons pas laisser la numérisation du monde du travail aux chantres de la libéralisation, car un environnement de développement non réglementé produit des perdants. Et ces derniers sont enclins à adhérer à des « solutions » populistes, racistes et d’extrême droite. L’histoire l’a démontré et nous le vivons actuellement avec le Brexit, l’élection de Donald Trump et la montée en force des partis comme le Front national, l’AfD, l’UDC & Cie. Le renforcement du camp conservateur et de l’extrême droite aura raison des laissés-pour-compte.

Lors de leur assemblée annuelle, les délégué·e·s de syndicom ont décidé l’ouverture du fonds d’action. Des moyens financiers importants peuvent ainsi être mis à disposition pour combattre le démantèlement sans stratégie des offices de poste. › page 18

Haro sur le crowdworking, l’ubérisation et les mandats à forfaits ! Les partis bourgeois souhaitent exploiter la numérisation et ses modèles de travail pour supprimer les réglementations en matière de droit du travail, trop sociales à leurs yeux. Ils s’y emploient déjà chez Uber : au lieu d’étendre à l’ensemble de l’entreprise les dispositions de protection concernant les services de taxi, ils veulent supprimer ces réglementations pour tous. Il ne fait aucun doute que c’est la mauvaise voie : le système social et de formation doit être renforcé et adapté aux nouveaux modèles de travail. Une caisse de chômage, développée en caisse de formation financée par les gains de productivité de la numérisation, pourrait garantir à tous durant leur carrière une reconversion financée et de nouvelles perspectives pour le cas où la digitalisation ferait disparaître leurs professions ou activités. Puisque les entreprises peuvent transférer en temps réel des processus virtuels ou la production physique sur d’autres sites et exploiter le réseau pour créer de la plus-value, nous devons de notre côté développer des méthodes pour mener nos conflits du travail en réseau et sur la Toile. En route pour la prochaine bataille, qui promet de ne pas être la dernière ! Nous vous souhaitons à toutes et à tous une nouvelle année syndicale et sociale pleine de succès !

PHOTO SAM BUCHLI

Sans pression syndicale, il n’y aura pas de progrès social ni de répartition équitable du travail.

diversité de la presse

Médias sur Internet, l’alternative ? Une kyrielle de plateformes de journaux alémanique essaiment sur Internet. Intéressant pour la Romandie après l’« automne Tamedia ». Mais elles doivent toutefois lutter pour leur survie. Res Minder Un boyau de cave exigu, quatre places de travail, un radiateur électrique qui réchauffe à peine les locaux. La fenêtre donne sur une petite cour intérieure, au fond de laquelle se dresse la façade du Volkshaus à Zurich. « Quand les Chippendales se produisent, nous entendons la foule s’enflammer », s’amuse Pascal Sigg. Il est l’un des trois fondateurs du magazine numérique Coup, disponible en ligne depuis mars de cette année. La salle de rédaction correspond parfaitement au cliché romantique de la startup nichée dans un garage et leurs créateurs

se fondent dans ce décor. Les trois jeunes journalistes passionnés n’ont pas trouvé leur bonheur dans les médias traditionnels. Ils comptaient écrire de longs articles fouillés au lieu de pondre trois petites histoires par jour ou de générer quelques clics en ligne. Ils avaient pour référence le « magazine » du Tages-Anzeiger à son apogée, le magazine économique allemand Brand Eins ou encore le magazine Reportagen. « Nous voulons vendre du journalisme et non pas faire l’événement », résume Sigg avec cette punchline efficace.

En novembre 2014, Pascal Sigg, Andres Eber­hard et Joel Bedetti louaient la cave du Volkshaus et réfléchissaient à un modèle commercial, qui devait être compatible avec leurs autres jobs. D’où l’idée de publier chaque mois un grand reportage. La solution en ligne s’est imposée naturellement, car elle offre plus de flexibilité. Soutenus financièrement par la Fondation bâloise pour la diversité de la presse, les trois journalistes investissent la somme reçue dans une campagne professionnelle

suite pages 2-3


2 | Dossier Medias online

syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016

diversité de la presse

Médias sur Internet, l’alternative ? suite de la page 1 Les médias numériques spécifiques en plein essor Il est difficile de s’orienter dans la jungle des médias numériques. Les premiers magazines qui sont passés du papier à la Toile informaient sur la branche de la communication. La newsletter « Klein Report » paraît depuis 2000, de même que « persoenlich.com », une autre newsletter qui constitue un complément numérique au magazine de luxe persönlich. La Medienwoche (depuis 2011) est plus jeune, plus analytique et plus critique. On n’y trouve rien sur les actualités quotidiennes, mais des articles de fond, des analyses, des interviews et des opinions. Quant au magazine Neuland, il porte sur le journalisme, mais aussi l’art, la musique et les films documentaires. Il paraît tous les deux mois. Quoi d’autre ? Une foule de titres encore. Par exemple le magazine jeunesse « Tink.ch » : il fête cette année ses dix ans. Il est un rejeton de Youthguide, l’agenda culturel de la ville de Berne. Aujourd’hui disponible en trois langues, il possède des rédactions dans toute la Suisse, où des jeunes de 15 à 30 ans y apprennent le métier de journaliste. Ou encore « swissmom.ch », le magazine spécialisé sur la grossesse et les enfants, auquel l’association des éditeurs a décerné cette année un prix (Q-Award), normalement réservé aux publications sur papier. Ou encore Das Lamm, qui porte un regard critique sur la durabilité, Saiten, le magazine culturel de Suisse orientale, « finews.ch » et « insideparadeplatz.ch », qui dévoilent des histoires intimes dans le secteur financier suisse, etc. La liste peut être prolongée à l’infini. La diversité s’explique du fait que les magazines spécialisés – peu importe qu’ils soient numériques ou analogiques – sont plus rentables que les médias qui présentent un large éventail thématique. (rmi)

de crowdfunding. L’objectif était de rassembler 50 000 francs pour passer le cap de la première année : douze articles à 3000 francs, plus les coûts de création du site Internet, ainsi que les frais de graphisme, de marketing et de crowdfunding. Deux jours avant l’échéance du délai, ils n’avaient récolté que 30 000 francs, leur mission était donc compromise. Ils réussissent finalement à la sauver par un coup de chance, grâce à un donateur qui verse en dernière minute l’argent manquant : Coup était né. A ce jour, huit grands reportages figurent sur le site Internet, qui compte déjà pas moins de 400 abonnés. La journaliste Anna Miller et le graphiste Konrad Mazanow­ ski sont venus compléter l’équipe de départ. « En janvier, nous dresserons un premier bilan intermédiaire », déclare Pascal Sigg.

Un autre regard A plus d’un titre, l’histoire de Coup illustre celle de nombreux magazines numériques qui ne dépendent pas d’un éditeur et dont la naissance est due au mécontentement de leurs créateurs face à la réalité médiatique. Project R, le projet actuellement sur toutes les lèvres en Suisse alémanique, ne fait pas exception. « Il est temps que les journalistes se mettent à leur compte et que le journalisme existe indépendamment des grands éditeurs », écrit Constantin Seibt sur la page Facebook de Project R. Le journaliste, actuellement encore au Tages-Anzeiger, est l’image de marque du futur magazine. Lui-même et Christof Moser (encore reporter à l’hebdomadaire Schweiz am Sonntag) cherchent à constituer un capital de départ de sept millions de francs. 3,5 millions ont déjà été recueillis, indiquait le Schweizer Journalist dans son édition de décembre. La rédaction sera formée de huit à dix personnes qui toucheront des « salaires plus ou moins conformes à la branche ». Le lancement est prévu au plus tôt pour la fin de l’été 2017. Les annonces publicitaires et les abonnements ali-

menteront la caisse. En octobre, Seibt avait expliqué dans une interview à la WOZ que des groupes tels que Tamedia se muent en grands centres de diffusion d’information et de marchandises, ce qui a des conséquences catastrophiques pour le journalisme, les lecteurs et la démocratie. Le projet vise à proposer autre chose. Mais il est encore nébuleux. D’après le Schweizer Journalist, qui cite les auteurs du projet, il faut s’attendre à de « grands sujets d’actualité, de grands débats de société, des arguments fiables » avec des « questions fondamentales et de grands reportages ». Infosperber, disponible depuis mars 2011 sur la Toile, voit également d’un mauvais œil que les journaux, la radio et la télévision se réorientent de plus en plus en fonction des taux d’audience et des recettes publicitaires (en baisse). « Infosperber n’entend pas concurrencer ces médias traditionnels, mais les compléter. La plateforme a pour objectif de pondérer ses contenus uniquement en fonction de l’importance sociale ou politique », peuton lire dans la rubrique « A notre propos ». Depuis 2010, Journal 21 publie principalement des analyses et des articles de fond. Ils sont le fruit du travail de 80 journalistes émérites, souvent retraités. « Nous nous adressons à des lecteurs qui sont prêts à consommer des textes exigeants », écrit Gründer Heiner Hug, ancien directeur du Téléjournal de la chaîne alémanique.

Au royaume des monopoles Les monopoles médiatiques régionaux constituent aussi un terreau fertile à l’éclosion de nombreux médias numériques. A Bâle, Online Reports, créé par le journaliste Peter Knechtli en 1998, offre une alternative à la Basler Zeitung (BaZ). C’était alors un acte de pionnier. Grâce aux annonces publicitaires et à un fonds dévolu à la recherche journalistique, Knechtli se maintient à flot, y compris depuis la création en 2011 de la TagesWoche – un jour-

LA COUP-TEAM ∙ De g. à dr. : Konrad Mazanowski, Anna Miller, Joel Bedetti, Pascal Sigg.

nal numérique supplémentaire avec une édition imprimée le vendredi. L’hybride est né après le virage à droite de la BaZ. La TagesWoche a reçu un soutien financier important de la Fondation pour la diversité de la presse, qui venait juste d’être créée. Dès lors, elle a donné un coup de pouce à d’autres start-up – notamment aussi à Coup. La fondation est soutenue par Beatrice Oeri, l’héritière de la famille Roche. Comme le nombre de journaux diminue ailleurs aussi, on a vu naître récemment des alternatives numériques dans différentes régions. En Suisse orientale, dans le fief de Hanspeter Lebrument, une nouvelle voix indépendante se fait entendre depuis septembre 2015 avec GR heute. Berne a le Journal B (depuis

Tessin

GAS, sortir de la pensée dominante L’organisation GAS a créé un projet vitrine avec un portail journalistique on line qui se veut un contrepoids aux médias bourgeois dominants au Tessin. Giovanni Valerio La rédaction du portail Web GAS.social a des conceptions claires : elle veut animer les consciences et « montrer qu’il y a une alternative à la pensée prédominante – une alternative solidaire, juste et progressive ». L’organisation GAS, lancée en automne 2014, produit des contenus journalistiques sur le Web et les médias sociaux.

Pas de Copy / Paste Sur GAS.social, quatre à cinq articles et commentaires paraissent chaque jour. Il s’agit toujours des textes originaux. Il n’y a aucun Copier / Coller des communiqués de presse comme cela arrive si souvent dans d’autres rédactions on line. Lors du choix des sujets, l’accent principal est mis sur la politique tessinoise et suisse, mais l’étranger n’est pas tout à fait exclu (parmi les articles les plus fréquemment lus figure celui sur le « Burkini »). Plus loin il y a les rubriques populaires : cuisine, sport, événements et satire, ainsi que la vidéo du jour.

Les contributions portent toujours un titre sexy et sont complétées par des caricatures. Et, au contraire de plusieurs autres pages Web, les articles sont exacts et sans fautes. Un rédacteur, un graphiste (qui écrit aussi) et un webmaster travaillent pour le projet. Toutes les autres contributions sont rendues bénévolement. Le pro-

jet s’autofinance avec des dons et de la coparticipation, selon le modèle de La Cité en Romandie. « Les dons et le sponsoring n’ont donc pas d’influence sur notre ligne », souligne le rédacteur Jacopo Scarinci. « Nous sommes indépendants et jouissons d’une liberté rédactionnelle absolue. Nous recevons l’aide de personnes qui croient en nous et en notre travail sans s’en mêler. » Grâce à cette liberté, GAS a trouvé sa place dans le monde tessinois de l’information qui est marqué et dominé par les intérêts des groupes d’édition. Les chiffres des derniers douze mois indiquent 170 000 utilisateurs uniques sur le site Web qui l’ont sollicité environ 1,5 million de fois. On dénombre 5250 Likes et plus de 840 000 interactions sur la page de Facebook.

Contre-info de haute qualité « En 2017, nous voulons élargir notre présence dans le Web », insiste Jacopo Scarin-

ci. « Une haute qualité est importante pour nous ; nous voulons proposer des contreinformations dans un canton où l’information est trop uniforme et piloté par une partie déterminée du spectre politique. » Le but déclaré du GAS n’est pas moins que de devenir la page Web de référence pour les gens qui veulent des renseignements approfondis, et de faire du portail une référence journalistique qui explique comment GAS voit le Tessin, la Suisse et le monde de façon indépendante, correcte et compétente.

www.gas.social Quelques liens romands: www.lecourrier.ch www.lacite.info www.lacouleurdesjours.ch https://laficelle.ch www.sept.info www.lameduse.ch


Dossier Medias online | 3

, Andres Eberhard,

2013), Zoug et Lucerne disposent de « zentralplus. ch » (depuis 2013). Depuis 2011, les Uranaises et Uranais peuvent télécharger des podcasts d’émissions radio sur « politcast-uri.ch ». Et depuis janvier 2015, le magazine « tsüri.ch » est en ligne. Ses textes, vidéos et conseils de sortie s’adressent à un jeune public urbain. Son fondateur explique avoir comblé ainsi une lacune sur le marché. Le succès semble le confirmer : 30 000 internautes visitent chaque mois la plateforme.

Financement difficile « Les médias en ligne sont sans doute une bonne chose pour la diversité médiatique »,

explique la journaliste Bettina Büsser. Beaucoup ont joué un rôle important comme lieux de formation pour de jeunes journalistes. Mais un magazine ne peut pas en vivre. Générer suffisamment d’argent est le grand défi des médias numériques. Sinon, ils doivent pouvoir compter sur des journalistes bénévoles, ce qui n’est pas rare. Chez Infosperber, Journal 21 et dans d’autres rédactions de magazines et revues spécialisées, les employé·e·s travaillent gratuitement. Les magazines qui souhaitent rétribuer leurs employé·e·s ont de grosses difficultés : les revenus des bannières publicitaires sur les sites Internet rapportent peu et ils devraient continuer à baisser. Par ailleurs, les lecteurs ne sont pas forcément prêts à payer pour ce qu’ils

lisent. Enfin, les mécènes ne se bousculent pas au portillon… En l’absence d’une redevance et aussi longtemps que l’on rechigne à vendre des données de lecteurs, la situation restera difficile. Souvent on en arrive à une course contre la montre, explique Büsser : « Peut-on rester enthousiaste jusqu’à ce qu’un nombre suffisant d’abonnés soit atteint ? » Les fondations de soutien jouent donc un rôle important, surtout pendant la phase de lancement du projet. « Sans héritiers, qui soutiennent de tels projets, la situation serait encore plus difficile. » La première année de Coup a apporté de nombreuses satisfactions à Pascal Sigg. Mais comme le magazine ne se limite pas à un projet d’épanouissement personnel, il faut de l’argent. Il convient donc de faire du porteà-porte auprès de fondations et chez des privés, d’augmenter la visibilité et le nombre d’abonnements, voire de créer une association de promotion. Il faut vendre, planifier, organiser : les free-lances doivent s’occuper d’activités qui étaient auparavant du ressort des rédactions. Pour Pascal Sigg, ce n’est pas un problème : « Je trouve passionnant d’avoir ma propre entreprise. »

www.coup-magazin.ch www.onlinereports.ch www.tageswoche.ch www.grheute.ch www.journal-b.ch www.zentralplus.ch www.politcast-uri.ch https://tsri.ch/zh www.infosperber.ch https://www.journal21.ch www.kleinreport.ch www.medienwoche.ch www.persoenlich.com http://neulandmagazin.net https://tink.ch https://daslamm.ch

commentaire

Le journalisme n’est pas un hobby

PHOTO LDD

syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016

Toujours plus de journalistes veulent revenir aux racines du métier. Ils rêvent de publier des textes de grande qualité journalistique sur des sujets investigués avec soin. Ils rêvent d’envolées lyriques et de révélations décapantes. Pour réaliser leur rêve professionnel et leur idéal journalistique, certain·e·s sont même prêts à quitter leur poste. Car les rédactions accordent toujours moins d’importance à la qualité et au temps que nécessite l’écriture. De nombreux projets de médias alternatifs sont financés par le sponsoring et le crowdfunding, mais aussi surtout grâce à du travail gratuit. Les journalistes ont parfois un travail « alimentaire » rémunéré et font du journalisme en parallèle, comme hobby. Car vendre un article par mois ne permet pas de payer un loyer d’appartement ni de nourrir une famille. Pourtant le journalisme est une profession et on devrait pouvoir vivre de son métier. Les journalistes qui travaillent pour des honoraires inférieurs aux tarifs des indépendants encouragent involontairement la sous-enchère salariale et donc le déclin de la qualité des médias. Il faut y penser pour tous les projets pionniers porteurs d’euphorie : le bon journalisme a son prix. Et chez syndicom, nous luttons chaque jour pour cela. Nina Scheu, rédactrice en chef et porte-parole alémanique de syndicom

Suisse romande

Une alternative à Tamedia-Ringier en Romandie ? Peu développée en comparaison avec la Suisse alémanique (Watson, journal 21, ...) ou la France (rue89.nouvelobs.com, mediapart.fr, fakirpresse.info, slate.fr, bastamag.net, acrimed.org, arretsurimages.net, la-bas.org…), la Suisse romande dispose d’un grand potentiel pour une presse en ligne en dehors des poids lourds de la presse romande Ringier, Tamedia et Hersant. Fait remarquable, l’espace est, pour l’heure, surtout occupé par une presse qui mise sur le papier. Faire un tour d’horizon sera forcément incomplet, mais tentons néanmoins un aperçu. Il existe des titres suprarégionaux, comme le quotidien de gauche Le Courrier (près de 9000 exemplaires), ou plus régionaux : quotidiens comme La Liberté (70 000) du groupe Saint-Paul, trihebdomadaires comme La Gruyère (37 000) et hebdomadaires comme Le Journal de Cossonay (3500) ou L’Omnibus sur Orbe (3000). Parmi les journaux qui courent moins après l’actualité, nous trouvons le bimensuel La Cité, journal d’info politique, culturelle et de société né en 2011. Le journal trimestriel La Couleur des jours (5000) accueille depuis 21 numéros journalistes ou photographes, écrivains ou artistes. D’autres journaux ont vu récemment le jour grâce au financement participatif, le crowdfunding, comme Mazette ! magazine bimestriel romand d’info des 8-12 ans et La Ficelle, publication bimestrielle lausannoise combinée à un site culturel. sept occupe une place particulière. Ce magazine bimestriel

(10 000) issu de « Sept.info » privilégie les grands reportages et les enquêtes. Quelques radios alternatives en ligne sont apparues ces dernières années (lalanguedesbois.ch, django.fm, radiozones.com et libradio.org). La presse syndicale compte de nombreux titres comme syndicom, le journal (9000 pour la version française), Edito+Klartext (2500), L’Evénement syndical (62 000), Services Publics (11 000), Contact.SEV (10 400) et SitInfo (11 500). La gauche dispose également d’un certain nombre de journaux, Pages de gauche, mensuel né à la gauche du PSV, Domaine Public qui n’existe plus qu’en ligne, le Journal de solidaritéS (bimensuel, 5000) et Gauchebdo (2000) lié au POP. Les décroissants éditent le bimestriel Moins ! journal romand d’écologie politique qui vient de sortir son 26e numéro. La presse satirique romande connaît quelques titres comme l’hebdomadaire

Vigousse (12 000) qui vient de fêter son 300e numéro, La Tuile mensuel jurassien depuis quarante-cinq ans ou la revue La Distinction. Les milieux culturels ont leur revue : Culture enjeu qui en est à son 52e numéro.

Il existe aussi un petit nombre de blogs comme « 1dex.ch » pour un Valais critique et libertaire, « jsansonnens.ch » de Julien Sansonnens, « unristretto.net » de David Marín ou « causetoujours.blog.tdg.ch » et « Cause toujours », lettre d’information «à peu près quotidienne et parfois socialiste» de Pascal Holenweg (gauche du PS). Depuis 2008, le « lausannebondyblog. ch » parle de Lausanne, autrement. On compte également quelques rares journaux d’information et d’opinion en ligne comme La Méduse, créée en 2003 par notre collègue Christian Campiche et le pionnier, le magazine en ligne Largeur.com publié chaque jour depuis 1999. Au vu de ce rapide tour d’horizon de la presse romande, un espace semble encore être à prendre pour une presse en ligne en dehors des grands groupes. (YS)


4 | Poste et télécom

syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016

Manifestation contre l’accord TISA à Genève

Non à la privaTISAtion du monde syndicom était présent dimanche après-midi 4 décembre parmi les quelque 600 manifestant·e·s qui ont défilé dans les rues de Genève pour protester contre l’Accord sur le commerce des services (ACS), plus connu sous son acronyme anglais de TISA (Trade in Services Agreement), accord sur les services négocié en marge de l‘Organisation mondiale du commerce (OMC). Il a rappelé que, même sans TISA, la question de la privatisation est à l’agenda du Parlement pour Swisscom et que La Poste « entame les mêmes réflexions, les mêmes stratégies de démantèlement en externalisant ses unités d’affaire, ceci afin de préparer le terrain pour une privatisation totale du Géant jaune ! ».

Les manifestant·e·s ont dénoncé un traité «  destructeur et inique ». TISA est une attaque contre le bien commun. Dans le secteur de la poste et de la logistique, l’obligation de service universel pourrait être contestée. Education, santé, transports, poste, télécommunications, radio, télévision, services financiers… Tout est sur la table des négociations. Sans que les citoyens ou parlementaires aient leur mot à dire. Même si, pour le moment, la Suisse n’offre pas de concessions en matière de services publics, plusieurs orateurs, dont notre collègue Jean-François Donzé, secrétaire régional, ont critiqué l’opacité des négociations en marge de cet accord.

Il a aussi fustigé La Poste, qui a totalement externalisé sa flotte des chauffeurs camions en dix ans. Plus de 1200 chauffeurs ont tous perdu leur job « avec une politique de saucissonnage, bien huilée ». Quant à la suppression programmée de 600 offices et 1200 emplois, il a dénoncé que La Poste « exerce un dum-

ping salarial contre son personnel qu’elle veut remplacer par une main-d’œuvre meilleur marché payée au lance-pierre, car non soumise à la CCT poste. » Une externalisation qui pourrait bien s’étendre encore à d’autres secteurs : colis et courrier (Epsilon), nettoyage, infrastructures et informatique.

Donzé a rappelé qu’avec la clause « cliquet » (ratchet), toute nouvelle libéralisation est irréversible : « C’est-à-dire que l’Etat ne pourrait plus jamais nationaliser ce qui a été privatisé ! ».

PHOTO ALEX PAT INO

Swisscom et La Poste menacés

Abandonner tisa Cinquante Etats, dont la Suisse, souhaitent aboutir à un accord rapidement. Les ONG ont, dès le début des négociations en 2013, dénoncé une grave atteinte aux droits démocratiques. Le Comité Stop TISA Genève a demandé l’arrêt immédiat des négociations et l’abandon définitif du projet TISA. Selon cet organisme, ce traité dit de libreéchange donne aux multinationales les clés du pouvoir et soumet les services publics ou privés à la concurrence. Et Donzé de conclure sous des applaudissements nourris : « Nous devons nous mobiliser car les services publics sont en danger ! Stop TISA, Stop à ces loups de la finance. Stop aux externalisations dans les services publics. La lutte ne fait que commencer. Organisons-nous, faisons pressions sur nos autorités communales, cantonales et fédérales en médiatisant notre combat antiTISA ! » (YS, avec ATS).

Fermetures de postes

les syndicats valaisans dénoncent des méthodes inacceptables A quelle sauce La Poste nous mangera-t-elle ? C’était en substance la question posée le 24 novembre par l’Union syndicale valaisanne (USVs) lors d’une conférence de presse devant l’office de poste de Saint-Léonard. Précurseuse. La mobilisation des habitants de Saint-Jean en 2001 pour sauver leur poste est encore dans toutes les mémoires. Elle a marqué à la fois les prémices de la restructuration du réseau postal et celles de la mobilisation citoyenne, plus nécessaire que jamais, pour la sauvegarde d’un service public de proximité.

Chaque jour, ou presque, La Poste annonce la fermeture d’un office de poste ou sa transformation en agence postale. En septembre elle annonçait la fermeture de l’office du 73 avenue Louis-Casaï, à Cointrin. A moins de trouver d’ici deux ans un commerce « partenaire » pour la reprendre… A Collex-Bossy (GE), l’office a fermé ses portes le 14 octobre. Les principaux services ont été repris par… un apiculteur. Anière, Aire et Troinex sont aussi sur la sellette. Sur Vaud, l’office de Morges

3 Grosse-Pierre est remplacé par une agence postale depuis le 21 novembre. Le 8 décembre on apprenait que le bureau de poste de Vich-Coinsins allait fermer à son tour. En Valais, l’office de poste d’Ovronnaz a définitivement fermé ses portes le 26 novembre. Une agence a pris sa place, à l’Office du tourisme de la station. Sur Fribourg, c’est la poste de Siviriez qui a fermé début décembre, remplacée par une agence postale dans la laiterie. (YS)

...mais La résistance s’organise aussi

PHOTO JEAN-JACQUES KISSLING

L’USVs s’est dite alarmée par la disparition des offices de poste, leur remplacement par des agences postales qui n’offrent pas autant de services et les conditions de travail des collaborateurs qui se dégradent. Sur les 95 bureaux de poste que comptait le Valais en 2001, 37 ont déjà été fermés ou transformés en agences postales, bien plus que la moyenne suisse. « La Poste annonce la fermeture de 500-600 offices de poste en Suisse, sans discussion ni négociation », a dénoncé le conseiller national et président de l’USVs Mathias Reynard. Devant la force du géant jaune, il a assuré qu’il fallait intervenir directement à Berne. Le Saviésan a annoncé une intervention prochaine au Conseil national. Gaël Bourgeois, vice-président de la commune de Bovernier et Elisabeth di Blasi, secrétaire de l’USVs et secrétaire régionale à syndicom, étaient également présents. Ils ont dénoncé différents cas de méthodes «  inacceptables  » utilisées par La Poste dans les négociations avec les autorités communales et mis en garde contre des conditions de travail précarisantes. (YS, avec Le Nouvelliste);

La Poste poursuit ses basses œuvres…

Les politiques donnent suite aux demandes de syndicom de s’opposer aux fermetures! Des postulats ont obtenu une majorité à Lucerne et en Valais. En ville de Berne une motion interparti a récolté le soutien de 39 politiciens et, au niveau du canton, un postulat a été déposé. Votes en 2017. Au Tessin, le Grand Conseil tessinois a adopté le 13 décembre une initiative cantonale contre l’élimination prévue de 32 offices postaux. Le parlement a aussi utilisé l’instrument de la résolution générale afin de s’adresser directement au Conseil fédéral. Elle demande un moratoire sur les fermetures d’offices postaux au cas où une commune s’y oppose, comme pour l’office postal de Balerna. La résistance se fait aussi au niveau communal. Fin novembre, une dizaine d’affiches ont fleuri aux entrées de Gingins et Chéserex (VD). Elles signalaient une récolte de signatures pour une pétition qui veut donner du poids aux démarches menées en parallèle par la Municipalité de Gingins dans son recours auprès de PostCom,

autorité de surveillance du géant jaune. Le 30 novembre, le comité pétitionnaire a remis ses fiches de signatures aux autorités communales: 1447 paraphes d’individus et 64 soutiens venus des entreprises, qui cumulent 387 emplois. Une pétition contre la fermeture de la Poste de MiesTannay (VD) a déjà réuni 600 signatures. En Suisse alémanique, syndicom soutient le mouvement contre la fermeture de la poste du quartier zurichois d’Aussersihl (voir notre dernière édition). Une pétition est à signer. Autre bonne nouvelle: Non, La Poste ne peut pas fermer le bureau de Niederwil (AG) sans en référer aux communes voisines. Le 18 octobre, PostCom a rendu une décision de principe: quand un bureau sert d’office de retraite pour les « communes concernées » alentour, qui ont déjà été privées de leur office de poste, celles-ci doivent être intégrées à la discussion et il faut renouer le dialogue avec elles. En septembre, l’autorité de surveillance était intervenue dans un cas similaire à Noville (VD).


Telecom | 5

syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016 Conférence d’entreprise Swisscom Group: syndicom lance la campagne CCT 2018

« Mes données m’appartiennent » La protection des données à l’ère numérique consiste à préserver non seulement la sphère privée, mais aussi à empêcher la disponibilité totale des employé·e·s 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. syndicom compte mettre tout en œuvre à cet effet lors du renouvellement de la convention collective de travail 2018. Michael Stoetzel La branche des technologies de l’information et de la communication (TIC) joue un rôle précurseur dans la numérisation. Ses employé·e·s s’identifient tout particulièrement aux nouveautés techniques. Lors de la conférence d’entreprise Swisscom, qui s’est tenue le 9 décembre à Berne, il était donc naturel que les syndicalistes débattent des changements dans le monde professionnel. Ils ont aussi discuté des priorités de la nouvelle CCT, qui sera négociée en 2017. Travail et loisirs, perfectionnement, salaire : ce qui semblait aller de soi auparavant doit être redéfini compte tenu de la numérisation. Et pas seulement chez Swisscom. La révolution numérique, aussi appelée « industrie 4.0 », concerne tous les domaines du travail et de la vie quotidienne. Et elle oblige les syndicalistes à s’interroger sur de nouveaux concepts et sur leurs conséquences politico-sociales. Exemple : est-on décalé si on n’est pas constamment joignable ou disponible pour son employeur ? Sommes-nous en porte-à-faux avec la société quand nous disons Non à la journée de 24 heures ? Il ne fait aucun doute que les syndicats devront affronter une levée de boucliers des milieux politiques et des médias s’ils ne veulent pas se contenter de subir la transformation numérique de l’économie et de la société. On les accusera de se faire les gardiens de privilèges révolus s’ils s’efforcent par exemple de poser des jalons dans la nouvelle CCT Swisscom pour participer à la numérisation.

Développer son propre langage Dans son exposé, Corrado Pardini, membre du comité présidentiel de l’USS et conseiller national PS, a donc exigé de s’atteler à des notions centrales : l’économie doit être au service de la société, et non l’inverse. La formation et le per-

fectionnement ne doivent plus se limiter uniquement à l’apprentissage de ce qui est utile à l’entreprise. La modernité se caractérise par ce qui contribue à l’émancipation de tous. Seul l’être humain qui peut vivre sans crainte du lendemain est libre. « Le mouvement syndical, estime Pardini, n’a pas suffisamment cherché jusqu’à présent à développer son propre langage pour influencer l’opinion publique et la politique. » Pendant deux ans, le groupe stratégique CCT de syndicom a cherché à définir le « bon travail numérique ». Sur cette base, il a formulé des revendications que syndicom compte mettre en œuvre dans la nouvelle CCT. Elles comprennent trois priorités : restreindre la disponibilité, protéger la santé et développer la participation.

1. Restreindre la disponibilité Compte tenu de l’amélioration constante des technologies de la communication, de l’augmentation exponentielle des données et de leurs possibilités d’évaluation, les employé·e·s risquent de perdre leur souveraineté face à l’employeur. Ce dernier peut déjà s’immiscer dans leur sphère privée, les contrôler en permanence et les faire travailler aussi hors du bureau et pendant leurs loisirs. A titre d’entreprise proche de la Confédération, Swisscom doit donc s’engager conjointement avec le syndicat pour développer la législation sur la protection des données – obsolète depuis longtemps. L’objectif est d’obtenir un « droit fondamental à l’anonymat dans le quotidien numérique », comme le prône le syndicat allemand Verdi. Il faut aussi réglementer la « délimitation » du travail, c’est-à-dire la frontière instaurée par l’entreprise entre la durée du travail et les loisirs, ce qui est tout à fait possible au niveau technique. Gior-

gio Pardini : « Nous ne devons pas être joignables en permanence ! » Le soir et le week-end, les téléphones mobiles d’entreprise doivent être éteints et la lecture des mails reportée au lendemain. En dépit des discours limpides sur le « temps de travail fondé sur la confiance », la durée du travail doit être réglementée clairement à l’avenir aussi. Il en va ici finalement d’un principe fondamental du contrat de travail : l’employé·e met à disposition de l’employeur une partie déterminée de son temps, seulement une partie, et il est rémunéré à cette fin. Les évolutions techniques constamment optimisées doivent être maîtrisées par les employé·e·s. Pour maintenir leur compétitivité sur le marché du travail, ils doivent donc pouvoir suivre régulièrement des perfectionnements. La formation ne doit toutefois pas servir uniquement les intérêts à court terme de l’entreprise. Elle doit s’orienter vers un apprentissage utile tout au long de la vie. Pardini précise : « Un cours de poterie peut être tout aussi important que l’apprentissage de nouveaux programmes informatiques. »

2. Protéger la santé Le travail flexible peut apporter certains avantages aux employé·e·s. Notamment pour remplir des obligations familiales. Il s’avère toutefois qu’il est plus astreignant. Les personnes qui n’ont pratiquement plus de temps libre et ne peuvent pas déconnecter sont plus rapidement épuisées et moins aptes à gérer le stress. Aujourd’hui déjà, la société investit chaque année des milliards dans le traitement de maladies psychiques. Elle paie ainsi aussi pour les entreprises qui n’offrent pas de temps de repos approprié à leurs employé·e·s. La CCT doit donc permettre des vacances et un congé materni-

té et paternité prolongés et mieux réglementer les suppléances de vacances.

3. Développer la participation Alors que Swisscom exige de ses employé·e·s une adaptation continue aux exigences croissantes, elle devrait aussi leur accorder en contrepartie des compétences de participation supplémentaires. Il faut des réglementations contraignantes qui accordent aux membres des représentations du personnel et des organes syndicaux suffisamment de temps et une protection absolue contre le licenciement. La participation doit aussi permettre de bénéficier de l’accroissement de la productivité. Pardini : « La CCT est aussi un instrument favorable à la répartition du travail. Nous devons également nous interroger à ce sujet.  » Cela implique des salaires suffisants pour vivre, des vacances payées et une réduction générale du temps de travail au lieu de suppressions d’emplois. Mais aussi la prise en charge de prestations sociales, telles que l’assurance d’indemnités journalières.

Pour une Suisse numérique avec responsabilité sociale La transformation numérique de l’économie requiert impérativement d’y associer les employé·e·s et leurs syndicats respectifs. Les employés de Swisscom ont formulé cette revendication dans une résolution à la conférence d’entreprise Swisscom Group. Car c’est la seule manière de garantir que les intérêts des employé·e·s soient suffisamment pris en compte, car ils sont les premiers touchés par la numérisation. La résolution peut être consultée sous : www.syndicom.ch/ fr/newsactivites

Représentation du personnel chez Sunrise

Plus de participation chez Sunrise Grand succès pour les élections à la représentation du personnel de Sunrise : désormais, quatre membres de syndicom défendront les revendications syndicales au Staff-Commitee formé de neuf personnes. Christian Capacoel Jusqu’à présent, Cornelia Ziehler était la seule représentante de syndicom au Staff-Commitee, la représentation du personnel chez Sunrise. Elle tenait à ce que cela change : la présence syndicale devait être renforcée dans l’entreprise, notamment en vue du renouvellement de la CCT en 2017. Elle a su motiver ses collègues et syndicom a pu ainsi nommer six candidat·e·s pour l’élection. La campagne électorale a été courte mais intense : distribution de flyers, engagement d’un photographe pour l’affiche

Cornelia Ziehler Specialist Channel Development

Giuseppe Morabito Specialist Customer Services

Claudio Nicolazzo Customer Care Advisor

Matthias von Strantz Senior SAP Specialist

de l’élection et envoi de newsletters. Les activités des cinq candidats et de l’unique candidate de syndicom ne sont pas pas-

sées inaperçues chez Sunrise. Au contraire, elles se sont heurtées aux résistances des autres candidats. D’entente avec syndicom, les collègues ont achevé

leur campagne électorale engagée. Le succès est au rendezvous : quatre membres de syndicom feront désormais entendre leur voix au Staff-Commitee.

Une étape supplémentaire est ainsi franchie pour renforcer la participation dans l’entreprise.


6 | Poste

syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016

50 heures par semaine sont la limite supérieure

Heures sup’ pas sans danger

PHOTO FOTOLIA

La saison de Noël est la période traditionnelle des paquets. Et ils ne sont pas tous distribués par le Père Noël. Avant les fêtes, le volume de travail à La Poste s’accroît considérablement avec 25 % de colis supplémentaires. La pression incite donc les chauffeurs à accomplir des heures supplémentaires.  David Roth

Tournées trop longues en période de noël ∙ 50 heures de travail par semaine, ça suffit.

ment extraordinaire, un anni­ versaire fêté depuis plus de deux mille ans n’a rien d’exceptionnel aux yeux de la loi !

Comme Noël tombe cette année sur un dimanche, la semaine de travail précédente comportera de surcroît six jours. Par consé­ quent, les chauffeurs pourraient être assignés à des tournées trop longues. Or ceux qui travaillent plus de 50 heures par semaine encourent un risque considérable. La loi autorise le dépassement de la durée maximale de travail uni­ quement dans des situations exceptionnelles. Et bien que beaucoup de personnes consi­ dèrent Noël comme un événe­

Risque de licenciement en cas d’accident Les heures supplémentaires peuvent avoir des conséquences dramatiques pour les conduc­ teurs. Celui ou celle qui pro­ voque un accident, ou qui est accusé d’infraction à la loi sur le travail lors d’un contrôle, risque de se voir retirer le permis de conduire. Or sans permis, impos­

sible de livrer des colis. syndi­ com a donc demandé à plusieurs reprises à La Poste de garantir le respect du temps de travail. La Poste n’ayant pris aucun engage­ ment en ce sens, syndicom a éga­ lement exigé que les personnes concernées ne soient pas licen­ ciées en cas de retrait de permis. Mais ici aussi, La Poste a refusé d’entrer en matière et de s’en­ gager de manière contraignante.

dépasser la durée maximale de travail ou qui ne prennent pas les pauses légales risquent de perdre leur emploi. Le jeu n’en vaut pas la chandelle  ! syndi­ com recommande donc aux per­ sonnes concernées de noter leurs heures de conduite et de refuser le travail supplémentaire. Elles ne feront ainsi que respecter les dispositions légales et éviteront les conséquences désastreuses d’un retrait de permis.

Répercussion des risques La situation est donc très claire : les employé·e·s qui acceptent de

PostFinance et le projet « Victoria 17-20 »

Projets digitaux en pochette-surprise

PostFinance prévoit une trans­ formation radicale de ses presta­ tions financières traditionnelles pour faire face aux nouveaux défis de la numérisation. La raison de cette réorganisation est due aux taux d’intérêt qui sont actuellement tombés à des niveaux très bas.

SmartBusiness, la plateforme en ligne pour la facturation et la ges­ tion des débiteurs, est déjà dis­ ponible sur le marché. Malheu­ reusement, tant la volonté que le capital font défaut pour déve­ lopper ce produit de base qui per­ met de réaliser des opérations comptables.

Flops et risques

Nos datas postaux au cœur d’un big business

Récemment, PostFinance a essuyé des revers dans ses ten­ tatives de s’adapter à la nou­ velle réalité numérique. Profit­ App, une application mobile qui fait office d’alternative aux tradi­ tionnelles cartes de fidélité des commerçants, n’a pas réussi à pénétrer sur le marché. L’exa­ men de la solvabilité par Debi­ toren Service AG s’est avéré un flop et l’entreprise a été rayée du Registre du commerce. Les e-fac­ tures pour les clients privés ne sont plus mises à disposition seu­ lement par PostFinance, mais en collaboration avec la société SIX Paynet SA. De même, le lancement de l’ap­ plication TWINT, le porte-mon­ naie numérique, ne s’est pas déroulé comme prévu  : Post­ Finance a fusionné sa filiale avec Paymit AG. On ne sait pas si TWINT s’imposera  : d’un côté, des acteurs globaux tels qu’Apple côtoient Apple Pay sur le mar­ ché suisse, de l’autre la popula­ tion suisse ne semble pas encore prête à payer avec un porte-mon­ naie numérique.

Le produit Benefit est prêt à être lancé. PostFinance cherche ainsi à s’introduire dans le Big Data. Il propose de manière anonyme ses propres données de clients à des acheteurs potentiels et informe donc sur leurs pratiques de paie­ ment. Par ailleurs, il est prévu de rem­ placer l’actuel logiciel bancaire ZVIS par le logiciel CBT en Inde. PostFinance cherche en parallèle à familiariser ses clients commer­ ciaux avec une nouvelle généra­ tion de paiements dans le cadre du projet « Harmonisation du tra­ fic des paiements ». Cette har­ monisation signifie que tous les clients qui n’auront pas actuali­ sé leur logiciel ne pourront plus réaliser leurs opérations de paie­ ment avec PostFinance. Les échecs d’adaptation au monde numérique démontrent que Post­ Finance doit absolument envi­ sager une nouvelle orientation pour maîtriser les futurs défis. Il est étonnant que l’entreprise n’y ait pas pensé plus tôt. Post­ Finance doit maintenant rattra­

PHOTO KEYS TONE C ARO / SORGE

Les modifications à la caisse de pension ComPlan, qui entreront en vigueur le 1er juillet 2017, entraînent des réductions de prestations. Elles sont dues à l’évolution démographique et au bas niveau persistant des taux d’intérêt sur le marché des capitaux. syndicom peut-il s’estimer satisfait du résultat ? Explications de Giorgio Pardini, responsable du secteur TIC et membre du conseil de fondation. Interview : Christian Capacoel

per le retard pour ne pas rester à la traîne de l’évolution numérique.

syndicom exige que la stratégie du personnel soit dévoilée En septembre, syndicom a éla­ boré 13 thèses sur la numéri­ sation de l’économie et de la société. La politique CCT et de branche ainsi que la politique sociale y ont été définies comme

des priorités stratégiques. Ces thèses serviront de référence à syndicom lors des discussions qu’il mènera avec PostFinance. Le syndicat exige que des mesures concrètes soient prises pour que les employé·e·s des domaines de travail en déclin soient formés pour les domaines professionnels en expansion. De plus, compte tenu de la pression croissante à innover toujours plus rapide­

ment, il est indispensable d’obte­ nir un droit de participation dans ce processus de transformation. Tous les membres de PostFinance sont appelés à s’impliquer dans cette évolution et à y participer ! syndicom insiste pour que La Poste dévoile la stratégie du per­ sonnel de PostFinance et de l’en­ semble du groupe. C’est la seule manière de construire un véri­ table partenariat social.

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syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016 externalisations et démantèlement sans stratégie

Stop au démontage postal ! Lors d’un entretien avec la direction de La Poste Suisse fin novembre, syndicom lui a demandé de dévoiler sa stratégie concernant le développement des offices de poste. En l’absence de stratégie, syndicom exige l’arrêt immédiat des fermetures prévues d’offices de poste. A cette fin, il a lancé une pétition.  David Roth

Pourquoi le conseil fédéral n’intervient-il pas ? Une telle situation est inaccep­ table et nécessite l’interven­ tion du Conseil fédéral. Sans quoi, la Confédération accepte le démantèlement sournois

du service public. syndicom demande en outre un moratoire sur la fermeture des offices de poste jusqu’à ce que La Poste présente une vision de l’office de poste du futur. La Poste cherche à cacher son absence de stratégie pour le réseau postal en lançant des innovations qui ne sont que de la poudre aux yeux. Les trois derniers exemples en date sont des robots livreurs de colis, des prestations postales fournies par

Le démantèlement sournois mais irrémédiable du service public n’est pas acceptable.

des seniors à leur domicile, un « smartbutton » pour boîte aux

lettres techniquement inabouti. La Poste veut ainsi donner l’im­ pression qu’elle est à la hauteur de l’évolution numérique. Or les externalisations et les suppres­ sions de postes prouvent mani­ festement le contraire.

Service public menacé syndicom aurait souhaité que La Poste présente un concept du futur réseau postal et des ser­ vices qui en découleront. C’est la condition fondamentale pour que les communes et les régions puissent tabler à moyen et long terme sur un office de poste moderne. Sans une telle stratégie, La Poste met en danger tous les offices de poste et donc la des­ serte postale sur l’en­ semble du territoire. La direction de La Poste n’a pas encore pu présenter un concept concret de développement pro­ fessionnel pour son personnel fidèle. Or la numérisation en cours exige que tout employeur responsable adopte une straté­ gie de formation et de perfec­ tionnement. Les employé·e·s de moins de 55 ans risquent de perdre leur emploi, alors que les collaboratrices et collabo­ rateurs plus âgés n’ont sou­ vent pas d’autre choix que de prendre une retraite anticipée. La Poste a déclaré, du moins à cet égard, être ouverte à la dis­

PHOTO KEYS TONE / WERNER GADLIGER

Le 28 novembre s’est dérou­ lé l’entretien demandé par syndicom avec la direction de La Poste Suisse. Le syndicat a confronté les membres pré­ sents de la direction du groupe aux revendications syndicales concernant le démantèlement annoncé du réseau postal. syn­ dicom a exigé que La Poste dévoile sa stratégie concernant le développement des offices de poste. Elle a refusé d’entrer en matière – une telle stratégie n’existe apparemment pas. Et ce problème se pose aussi dans d’autres domaines.

Les politiques laisseront-ils faire le démantèlement de La Poste ? · Ici l’Office central de poste zurichois de Fraumünster, un monument protégé, démantelé au profit d’un… Lidl (le 26 octobre 2016).

cussion et vouloir y associer le personnel.

Les polit iques doivent endosser leurs responsabilités Les responsables politiques, dont la conseillère fédérale Doris Leu­ thard en tête, ne doivent pas se contenter d’assister les bras croi­ sés à cette évolution. La popu­ lation considère que les presta­

tions postales font partie de la chaîne d’approvisionnement de quartiers, de communes et de villes dynamiques. Un déman­ tèlement met en danger leur attractivité pour la population, l’économie et les communes.

Pétition et action de protestation «selfie» en cours. Infos sur : www.syndicom.ch

SecurePost SA

Nouvelle CCT approuvée par le personnel Les employé·e·s de SecurePost SA ont pris note avec satisfaction des améliorations obtenues dans la nouvelle CCT en matière de salaire minimum, d’indemnités pour service de piquet et de protection contre le licenciement. La semaine de 5 jours se concrétise aussi pour tou·te·s les employé·e·s. Par contre, syndicom déplore qu’on en reste à 44 h de travail par semaine.  David Roth Le 3 décembre 2016, l’Assem­ blée des membres de syndicom du personnel de SecurePost SA a approuvé la nouvelle conven­ tion collective de travail (CCT). Les négociations ont duré près d’un an et la délégation a dû lut­ ter âprement pour obtenir des améliorations.

Nombreuses améliorations Le champ d’application de la CCT est étendu. La CCT s’applique désormais également au person­ nel de l’administration et des Cash Center. syndicom est satis­ fait du résultat de négociation,

qui comporte les améliorations suivantes : • Augmentation du salaire mini­ mum de 50 400 à 51 000 francs • Les employé·e·s disposent tous de 112 jours de congé par an, ce qui leur garantit la semaine de 5 jours. • Les indemnités pour le service de piquet passent de 3 à 4 fr. • La protection contre le licen­ ciement est renforcée pour les employé·e·s de plus de 50 ans. • Les heures supplémentaires sont réglementées de manière plus stricte : le solde horaire des employé·e·s ne doit pas dépasser

100 heures supplémentaires, res­ pectivement 50 heures négatives à la fin de l’année.

Diminution du temps de travail refusée La durée du travail, en revanche, reste source d’insatisfaction. En 2003, le personnel avait accepté une augmentation temporaire du temps de travail, compte tenu du fait que SecurePost SA était en situation déficitaire. syndicom continuera à faire pression pour que la durée du travail soit à nouveau abaissée.

« La semaine de 44 heures doit enfin être supprimée »

syndicom : A tes yeux, en tant que président du comité d’entreprise SecurePost SA, comment se sont passées les négociations ? Hansjörg Wetzlinger : Beau­ coup s’attendaient à ce que les négociations se déroulent rapide­ ment et sans douleur. C’était une supposition erronée. Les négo­ ciations se sont avérées rudes et se sont enlisées à maintes reprises. Je tiens toutefois à souli­ gner qu’elles ont été empreintes de respect des deux côtés.

Qu’est-ce qui te fait particulièrement plaisir dans le résultat de négociation ? Tout d’abord, on peut se réjouir qu’il n’y ait eu aucune dété­

rioration. Personnellement, je suis particulièrement satisfait des améliorations obtenues pour les employé·e·s de longue date. PostSecure SA réalise ainsi une promesse formulée il y a plus de treize ans.

A l’avenir, où faudra-t-il encore agir ? Au niveau du contenu de la CCT, une chose est claire : la semaine de 44 heures doit enfin être suppri­ mée. En tant que syndicat, nous devons rappeler au personnel à quel point la CCT est importante et que nous devons atteindre un taux d’affiliation plus élevé si nous voulons améliorer les conditions de travail.


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syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016


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syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016 Votation populaire du 12 février

OUI à la naturalisation facilitée pour la 3e génération Les petits-enfants de personnes immigrées en Suisse dans les années 1960 peuvent-ils encore être considérés comme des étrangers ? Si vous pensez que non, signez l’appel « La Suisse doit reconnaître ses enfants ! » et, le 12 février, votez OUI à la naturalisation facilitée des immigré·e·s de la troisième génération. Patrizia Mordini, responsable Egalité et membre du comité directeur réalité, ce sont des indigènes, mais sans le passeport suisse. Il est donc grand temps qu’ils obtiennent la naturalisation facilitée ! Sans avoir à surmonter de lourds obstacles, comme la durée minimale de domicile dans la commune actuellement exigée. Car ils doivent pouvoir être aus-

Ce sont nos concitoyennes et concitoyens. Ils sont intégrés depuis longtemps en Suisse, où ils sont nés, vont à l’école, travaillent et participent à la vie associative. Ces jeunes gens se considèrent comme des citoyennes et citoyens suisses et planifient leur avenir dans notre pays. En

si mobiles que leurs collègues suisses.

Pas d’automatisme La modification de la Constitution visant à faciliter la naturalisation de la troisième génération repose sur l’initiative de la conseillère nationale Ada Marra (PS / VD) « La Suisse doit reconnaître ses enfants ». Déposée il y a huit ans, elle exige de simplifier la procédure de naturalisation pour les ressortissants étrangers de la 3e génération qui sont nés et ont grandi en Suisse. Le peuple votera donc sur la modification de l’article 38 de la Constitution, qui définit l’acquisition et la perte de nationalité. Les Chambres fédérales ont adopté la loi d’application en automne 2016. Il faudra toujours déposer une demande de naturalisation – il

n’y aura donc pas d’automatisme. Mais il ne sera plus nécessaire de prouver sa bonne intégration : pour les jeunes de la troisième génération, on estime que cette condition est remplie.

De quoi s’agit-il exactement ? Le nouvel article 24a de la Loi sur la nationalité (LN) stipule qu’un enfant de ressortissants étrangers peut former une demande de naturalisation facilitée si au moins un de ses grands-parents est né en Suisse ou que son droit de séjour est établi. De plus, l’un des parents au moins doit également disposer d’un permis d’établissement, avoir vécu au minimum dix ans en Suisse et suivi cinq ans d’école obligatoire. Quant aux enfants, ils doivent être nés en Suisse, détenir un permis d’établissement et avoir suivi au moins cinq ans d’école obliga-

soirée Naturalisation Le GI Migration de syndicom organise une soirée débat le 18 janvier à Pôle Sud, Lausanne, sur cette votation et la question plus large de la naturalisation et des droits des étrangers. Voir page 16.

toire. La demande de naturalisation doit être déposée avant l’âge de 25 ans. Une disposition transitoire prévoit cependant un délai supplémentaire de cinq ans. La procédure sera en outre unifiée dans toute la Suisse : la naturalisation relèvera de la Confédération ; les cantons et les communes disposeront d’un droit de recours.

Signez l’appel « La Suisse doit reconnaître ses enfants ! » sous www.3eme-generation.ch

Augustin Mukamba, président du GI Migration

« Nous nous concentrons sur la mobilisation » Augustin Mukamba est né en 1962 à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Il travaille aujourd’hui comme postier et il est président du groupe d’intérêt (GI) Migration de syndicom. Lors de la dernière assemblée des délégués, il a été élu au comité central. Il est également président de la commission du personnel à Daillens. Mais le chemin pour arriver là n’a pas été un long fleuve tranquille.  Yves Sancey

PHOTO SAM BUCHLI

En RDC, Augustin a fait des études en section commerciale et administrative puis l’université. « J’ai de grandes ambitions politiques depuis l’enfance  », glisse-t-il. Il a créé un certain nombre d’associations qu’il a dirigées et a été très actif sur la scène politique entre la ville et le campus. Cet engagement le met en danger et, pour échapper à une chasse à l’homme, il doit quitter son pays en 1999 et rejoint sa femme qui était déjà en Suisse. Il reçoit un permis B en bénéficiant directement du regroupement familial sans passer par

une demande d’asile. Le couple s’établit à Renens (VD), une ville multiculturelle. Augustin s’intègre très rapidement en participant à diverses activités qu’il pratiquait enfant et qui permettent le contact : il est judoka, joue de la musique et chante. Il a aussi été bénévole comme éducateur de rue pour l’Ouest lausannois. Depuis 2014, Augustin et sa femme sont Suisses. Ils ont fait le parcours de la naturalisation. Pourquoi ? « C’est simple, j’aime la Suisse et je voulais aussi donner. Pour cela il faut être un citoyen à part entière », nous confie-t-il. Chrétien engagé, il s’occupe de l’encadrement de jeunes en difficulté, étrangers ou suisses, en rupture de dialogue. « L’UDC a beaucoup stigmatisé les étrangers », regrette-t-il. « Mais cela révèle surtout une difficulté de la Suisse à intégrer ces jeunes, à les accepter et à comprendre comment ils vivent. Et il y a aussi une difficulté pour les migrants à trouver les bonnes informations. L’intégration ce n’est pas renoncer à ce que l’on est. Chacun amène un peu de soi, apprend des autres et c’est ce qui fait la force de Renens », dit-il avec fierté. Citoyen actif au niveau com-

munal, il va se présenter en avril pour le Grand Conseil vaudois – sur la liste POP – « le parti des travailleurs », précise-t-il. Travailler à La Poste relève un peu du miracle pour lui. Il y a 20 ans, La Poste était réservée aux Suisses. Il a donc dû faire le « parcours du combattant » : temporaire Manpower, puis auxiliaire, il est ensuite engagé au tri puis devient facteur. « Nous avons fait du bon boulot, ce qui a ouvert la porte aux migrants », dit-il avec fierté. « Devenir membre du syndicat, c’est pour moi un devoir. Ensuite, pour avoir la confiance

de ses collègues, il faut faire ses preuves et que l’on nous donne des responsabilités. Pour mes collègues, se syndiquer, ce n’est pas si évident. Ils sont pris entre la peur et le manque d’information. En cas de pépins ou de crise, les premiers touchés sont les migrants. Ils viennent alors tous vers moi ! C’est à nous de nous organiser sur le terrain. Notamment contre les externalisations. Et pour acquérir les compétences du futur. » Au GI Migration, Augustin plaide pour des cours de langue pour les migrant·e·s car c’est un facteur

d’intégration. C’est inscrit dans la CCT de La Poste par exemple même s’il faut trouver le temps. « Je trouve aussi important d’acquérir des notions juridiques », ajoute-t-il. Ces prochains mois, le travail du GI Migration sera ainsi axé sur la mobilisation pour que les migrants s’engagent, s’investissent pour connaître leurs droits et devoirs et s’intègrent : « Si nous-mêmes nous ne nous engageons pas, personne ne défendra nos droits. » Le groupe est très ouvert pour les nouvelles personnes. Le prochain congrès sera en mars.

GI Migration

Quand les entreprises délocalisent Le 18 novembre dernier, le GI Migration a organisé une séance au Volkshaus de Zurich. Elle était ouverte à tous les migrant·e·s qui souhaitent participer au travail du groupe d’intérêt ou simplement s’informer sur « la situation des migrant·e·s dans les entreprises ». Daniel Münger et Patrizia Mordini, membres du comité directeur, ont discuté avec les participant·e·s. Les externalisations et leurs conséquences sont particulièrement préoccupantes pour les personnes issues de la migration. Elles sont en effet souvent engagées dans des entreprises de sous-traitance, où elles disposent de

moins bonnes conditions de travail et sont moins bien protégées. Le démantèlement prévu à La Poste a bien sûr aussi donné matière à discussion. Daniel Münger a expliqué les prochaines actions prévues par syndicom. Le GI Migration a en outre décidé d’organiser une nouvelle conférence sur la migration le 13 mai prochain (des informations complémentaires suivront) et de s’engager pour un OUI à la naturalisation facilitée de la troisième génération.

Patrizia Mordini


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syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016

Votations populaires du 12 février 2017

La RIE III menace le service public Avec la réforme de l’imposition des entreprises III, de nouvelles combines fiscales remplacent les anciennes. Et des coupes claires menacent les collectivités publiques. Stefan Giger, secrétaire général SSP L’OCDE met la Suisse sous pression – à juste titre – pour qu’elle supprime les échappatoires fiscales existant actuellement. C’est la cause extérieure de la troisième réforme de l’imposition des entreprises (RIE III). Le lobby des grandes entreprises a néanmoins bien fait son travail : la RIE III supprime les instruments d’évasion fiscale critiqués, mais en crée aussi de nouveaux. Et ce n’est qu’une question de temps avant que l’OCDE ajoute ces nouveaux outils fiscaux à sa liste noire. Mais d’ici là, des mesures vont être prises pour baisser massivement les recettes fiscales en Suisse.

DES MILLIARDS DE PERTES Les pertes pour les cantons et les communes pourront se traduire de deux manières : une augmentation des impôts sur les personnes physiques pour ceux qui ne peuvent recourir à aucune échappatoire fiscale ; ou une réduction massive des prestations des services publics. L’introduction de la RIE III entraîne-

ra probablement les deux. Les estimations sur les pertes fiscales pour les cantons tablent sur un montant d’au moins 3 milliards par an. Cependant, ce tableau n’est pas complet. La RIE III corrigera massivement les bases de calcul et permettra ainsi de faire disparaître une grande partie des bénéfices des entreprises. De plus, les cantons seront obligés de baisser sensiblement les taux d’imposition des bénéfices. Conséquence : les pertes fiscales dépasseront certainement les 4 milliards par an.

nération fiscale complète pour certaines branches  ! Le projet de la RIE III permettra également de déduire des impôts, à hauteur de 150 %, les dépenses de recherche et développement effectuées en Suisse ! Ce n’est pas tout. Les actionnaires pourront aussi déduire des intérêts virtuels sur le capital investi. C’est ce qu’on appelle « l’impôt sur le bénéfice corrigé des intérêts », ou « intérêts notionnels ». En réalité, cette mesure signifie que l’exonération fiscale la plus étendue possible est accordée sur les bénéfices des entreprises, alors

DÉDUCTIONS GIGANTESQUES Avec la RIE III, les bénéfices résultant de brevets et de licences pourront être versés dans une «  box  », ou boîte virtuelle  ; les impôts perçus sur les gains stockés dans cette patent box pourront être réduits de 90 % selon les réglementations cantonales. Or des assiettes fiscales diminuées de 90 %, accompagnées de l’application d’un taux réduit, cela signifiera pratiquement une exo-

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à exploiter le plus efficacement possible toutes les échappatoires fiscales à disposition.

que nous autres devons déclarer chaque franc péniblement gagné. Notons que la Suisse veut introduire cette nouvelle possibilité de déduction fiscale, mais que le Luxembourg y a renoncé pour éviter de grosses pertes de recettes fiscales ! Autre mécanisme tordu  : les réserves latentes pourront être inscrites dans le bilan de l’entreprise de manière « fiscalement neutre », ce qui permettra les années suivantes de réduire virtuellement les bénéfices réalisés au moyen d’amortissements et de contourner ainsi la taxation. On prépare un nouveau cadeau fiscal de grande ampleur pour les actionnaires. La diminution de l’assiette fiscale (Patent Box, coûts de recherche et de développement, impôt sur le bénéfice corrigé des intérêts) engendrera donc elle aussi des pertes fiscales qui se compteront en milliards. Ces pertes vont augmenter chaque année, car des cabinets de conseil spécialisés se préparent à transformer les procédures comptables de manière

LES DERNIERS PAIERONT La Confédération redistribue, certes, quelques pour-cent de ses recettes aux cantons. Mais ces montants ne couvriront même pas leurs pertes fiscales. Les cantons vont accentuer la politique qu’ils appliquent déjà : mesures de démantèlement, économies, externalisation des tâches et rejet des charges sur les communes. Ce sont les communes qui se trouvent en bout de chaîne, et devront donc supporter les coûts les plus importants, avec pratiquement aucune marge de manœuvre. Leur seule solution sera d’augmenter les tarifs de l’eau, de l’électricité, des sacs poubelle et de stationnement, d’élever les impôts communaux, de baisser les coûts de personnel et de réduire les effectifs et les prestations. Le 12 février 2017, nous devrons donc voter NON à la RIE III !

21.06.16 10:07

L’association patronale Viscom vient de réviser la « solution de branche pour la sécurité au travail et la protection de la santé ». syndicom a participé aux discussions et salue le résultat. La nouvelle solution sera valable cinq ans. Notre syndicat aimerait introduire ce thème important dans la prochaine CCT. Angelo Zanetti visant à éliminer les sources de danger. L’employeur doit aussi intégrer les salarié·e·s dans la prévention efficace des accidents et maintenir des dommages acciden-

nos meilleurs vŒux pour 2017 Cochons dans l’espace – la paix sur terre Nous souhaitons à tous nos lecteurs et lectrices tout le meilleur pour la nouvelle année. Devant les défi s et les menaces, on peut se mettre à rêver que 2017 ne soit pas placée sous le signe des peurs et des murs que chantent les régimes autoritaires mais, au contraire, l’année de l’autonomie, de la création, du commun, de la lutte collective, de la solidarité, du courage et de la persévérance. Pour une société dans laquelle tous profitent du progrès, et non quelques-uns. Continuez à nous écrire. Nous nous réjouirons de publier vos lettres autant que possible ici. La rédaction

tels aussi faibles que possible par une préparation adéquate. L’association patronale Viscom vient de réviser la solution de branche pour la sécurité au travail et la protection de la santé. La nouvelle solution prendra effet au 1er janvier 2017 pour une durée de cinq ans (jusqu’au 31 décembre 2021). syndicom (avec syna) a participé aux discussions dans le groupe de travail et ne peut que saluer positivement cette révision. Notre syndicat aimerait en outre introduire un nouveau chapitre dans la prochaine CCT qui parle de cet important thème qui n’y figure pas jusqu’à présent. syndicom invite le personnel de toutes les entreprises de l’industrie graphique à s’intéresser à cette question et à désigner dans chacune d’elle une personne de contact pour la sécurité au travail et la protection de la santé (PERCO). Cette personne de contact est formée à l’application future de la solution sectorielle lors d’un cours théorique (un jour). Avec le nouveau manuel d’entreprise et la

formation initiale associée, les participant·e·s aux cours sont en mesure d’élaborer et de mettre en œuvre un concept de sécurité dans leur propre entreprise. Une actualisation est prévue concernant l’impression UV et le travail des jeunes (apprenti·e·s ou non). De plus, le chapitre concernant l’analyse et la réduction des risques a été mis à jour et s’adapte désormais à toutes les étapes de production d’une entreprise graphique (du prémédia à l’expédition et au stockage des marchandises, en passant par les différents procédés d’impression). Si une entreprise a adhéré à la solution de branche pour la précédente période (2012-2016), elle doit renouveler l’inscription jusqu’à fin 2016 et régler le montant correspondant. Avec de nouvelles formations destinées aux responsables de sécurité au sein des entreprises, prévues au cours du 1er trimestre 2017, les entreprises ont également l’occasion d’actualiser leur situation et de mettre à jour leurs obligations légales en matière de sécurité au travail.

Les cours PERCO seront organisés en mars 2017. syndicom a aussi une commission Santé et sécurité au travail qui veut contribuer aux discussions et aussi élaborer des campagnes. La branche de l’industrie graphique et emballage n’est actuellement pas représentée dans cette commission. Nous lançons donc un appel aux éventuel·le·s intéressé·e·s pour qu’ils s’annoncent tout simplement par courriel : medien@syndicom.ch danger autour des machines La sécurité au travail est un important devoir de l’employeur.

PHOTO KEYS TONE

La loi oblige l’employeur à protéger ses employé·e·s contre les dangers. L’employeur doit veiller à prendre toutes les mesures techniques et organisationnelles


syndicom | 11

syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016 Souffrance éthique

Les salariés à l’ère de la « post-vérité » Le mensonge est une pratique courante dans la vie politique. A chaque nouvelle élection ou votation, nous sommes en quelque sorte habitué·e·s à entendre des demi-vérités, des omissions, des statistiques trompeuses. Aux Etats-Unis, la victoire de Donald Trump a ainsi montré que le mensonge et les exagérations frauduleuses devenaient une véritable stratégie gagnante. Mais le recours aux contrevérités s’installe aussi dans le monde du travail. En 2015, le scandale Volkswagen fait apparaître que, dans la course à la compétitivité, tous les coups étaient permis. Pour rappel, le groupe Volkswagen, de 2009 à 2015, a mis au point différentes techniques visant à réduire frauduleusement les émissions polluantes de certains de ses moteurs diesel et essence lors des tests d’homologation. Un petit logiciel espion enclenchait – à l’insu des conducteurs – un mécanisme interne de limitation des gaz polluants, permettant au véhicule de passer le test sans encombre et de se voir décerner un certificat de bonne conduite écologique. Une fois le test fini, le mécanisme anti-pollution se désactivait et le véhicule libérait davantage de gaz polluants.

PHOTO FLICKR / CC / KAT Y WARNER

Poussés par leur hiérarchie, l’organisation du travail ou la peur du chômage, des salariés sont amenés à tromper le client et à se trahir eux-mêmes. Particularité de cette souffrance : le travailleur est sa propre victime, en contribuant à la dégradation de son rapport au travail. Une conduite si dévastatrice qu’elle peut mener au suicide. Viviane Gonik *

Viviane Gonik : « On demande aux salariés d’atteindre des scores et des chiffres sans vouloir savoir par quelles méthodes ils y arrivent. » Photo : life in a call center, Floride, 2008.

et que les falsifications étaient une « pratique historique » de l’entreprise. C’est en substance le message qu’a délivré PierreFranck Chevet, le président de l’AutoriLes autres acteurs té de sûreté nucléaire (ASN) [l’entité qui, de la duperie Si le président du groupe a dû démission- en France, assure les missions, au nom de ner après les révélations sur la fraude l’Etat, de contrôle de la sûreté nucléaire, par l’Agence américaine de protection de de la radioprotection (travailleurs du l’environnement, on a du mal à imaginer nucléaire, environnement et populations que d’autres personnes n’ont pas parti- locales) et de l’information des citoyens], cipé activement ou sous la contrainte à s’exprimant sur les falsifications de docula duperie : direction, service du marke- ments qu’Areva avait transmis à son client ting, avocats, ingénieurs, informaticiens, EDF et au gendarme du nucléaire. L’usine de forge du Creusot, qui fabrique jusqu’aux ouvriers installant le logiciel. les cuves des réacteurs, a ainsi fourDans un tel cas, les employé·e·s se retrouvent confrontés, contre leur gré, ni des cuves défaillantes qu’Areva, en à une forte contradiction. Comment toute connaissance de cause, a installées peut-on se reconnaître dans un travail dans ses réacteurs, falsifiant les documents afférents. Au total, de qualité tout en ses équipes ont relevé 430 sachant qu’on par« On “triche” dossiers irréguliers 1, dont ticipe d’une trompour pouvoir bien faire perie généralisée, 88 concernaient des pièces, dont les profits iront son travail » dans une vingtaine de réacprincipalement aux teurs français – et suisses – actionnaires ? en avril 2016. En fait toutes les industries automobiles Mais de fait, le mensonge et la tricherie ont recouru à plus ou moins de tricheries, sont omniprésents dans l’entreprise : on en passant, par exemple, les tests antipol- « triche » en ne suivant pas des prescriplution dans des conditions de laboratoire tions imposées qu’on sait absurdes, pour qui ne correspondent pas à la réalité de la pouvoir bien faire son travail ; on « ment » conduite. A peine cinq semaines après les à sa hiérarchie pour pouvoir s’organirévélations sur la fraude de Volkswagen, ser entre employé·e·s. « Le mensonge est les Etats membres de l’Union européenne aujourd’hui devenu un phénomène strucse sont entendus alors, via un accord turel dans les entreprises ; c’est un phé« technique », selon leur jargon, pour allé- nomène beaucoup plus général de distorger certaines des contraintes qui encadre- sion de la réalité. Quand on vous amène ront jusqu’en 2020 les tests antipollution à décrire le réel à travers des tableaux pour les voitures. de bord et des grilles, vous êtes obligé de la transformer, de l’abîmer : toute la réalité ne peut se traduire en chiffres », Les falsifications d’Areva En octobre de cette année, on apprenait explique un ex-directeur des ressources aussi qu’Areva, le fabricant, fournisseur humaines d’un grand groupe pharmaceuet parfois gérant des centrales nucléaires tique 2. Poussé par la compétition, on peut françaises, mentait depuis des décennies aussi mentir à ses collègues.

Primes et performances De plus, le personnel est souvent amené à abuser les clients. Si les directions ne poussent pas ouvertement leurs employé·e·s à mentir, la course à la performance et les primes qui y sont associées imposent en quelque sorte le mensonge. Duarte Rolo, psychologue clinicien, a mené l’enquête dans des centres d’appels téléphoniques. Il en publie les conclusions dans son livre Mentir au Travail 3. A l’origine, ces centres étaient là pour porter assistance au client. Aujourd’hui, la vente prime le service. Les employé·e·s doivent pousser le client à contracter de nouveaux services  : nouveau téléphone, nouveau forfait, option supplémentaire. L’opérateur est tenu à « rebondir » à chaque nouvel appel pour placer un produit et les directions demandent qu’une nouvelle vente soit effectuée dans 25 % des cas (soit 1 client sur 4). Pour atteindre cet objectif, les personnes sont alors amenées à tricher et mentir : omettre des informations au client, souscrire des options payantes dans les dossiers informatiques à son insu, forcer le placement de produits ou de services dont on sait à l’avance qu’ils n’auront aucune utilité. Plus le vendeur triche, et du coup « vend », plus sa prime est élevée et plus il est reconnu par sa hiérarchie. Ces mêmes « magouilles » sont largement utilisées pour tout placement de produit : assurances, sécurité, abonnements à des journaux, placements bancaires.

Objectifs chiffrés Les témoignages qui suivent en donnent quelques exemples : Dans le secteur bancaire, la culture de la performance peut conduire certains agents à des « débordements » ou « dérapages ». « La direction instaure des “temps forts”. C’est-à-dire que,

pendant une période, nous avons des objectifs chiffrés sur certains produits à vendre aux clients. A cela, s’ajoutent les “temps chauds” mis en place par les petits chefs. Mais 300 000 euros de crédits à la consommation à faire en une semaine, c’est impossible ! » explique une employée de la Caisse d’épargne. Qui poursuit : « Certes, officiellement, la direction dit qu’il faut proposer des produits adaptés aux gens ; mais dans les faits, elle nous pousse à vendre toujours plus. On en arrive à vendre une garantie prévoyance à une personne âgée qui n’a pas d’héritier ! » 4 Autre témoignage : « En tant que commercial, je n’hésite pas à détourner la vérité lorsque j’appelle un potentiel futur client : “Vous devriez prendre une vidéo surveillance pour votre maison. Nous avons noté une augmentation des cambriolages dans votre quartier”. Je n’ai pourtant jamais vu de chiffres sur les cambriolages dans le secteur. » 5 Ces mensonges indirectement demandés par l’entreprise ont des conséquences importantes au niveau de la santé : on demande aux salariés d’atteindre des scores et des chiffres sans vouloir savoir par quelles méthodes ils y arrivent. Ainsi, les salariés sont pris entre leurs objectifs commerciaux et leur éthique professionnelle. Duarte Rolo parle de souffrance éthique, d’autant plus pernicieuse que l’employé·e ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Ce mensonge, qui s’oppose aux valeurs de beaucoup de salariés, peut être destructeur et amener à la dépression voire au suicide. Plus généralement, cette culture commune du mensonge, cette ère «  posttruth », comme la qualifient les Anglosaxons, est étroitement liée au cynisme généralisé, pouvant amener à des comportements délétères  : «  qu’importe si je mens, si je magouille, puisque ça marche ». Peu à peu pourrait alors s’installer une forme de « banalité du mal » qui, selon Hanna Arendt, fait le lit des totalitarismes.

* Ergonome, spécialiste de la santé au travail. www.metroboulotkino.ch. Extrait d’un article paru dans Le Courrier, lundi 28 novembre 2016.

1. On peut relever à ce propos que dans un billet posté par Greenpeace Suisse le 19 novembre 2016, l’ONG exige que l’IFSN (Inspection fédérale de la sécurité nucléaire) effectue des tests dans les deux réacteurs de la centrale de Beznau ainsi que dans celui de la centrale de Leibstadt. 2. Cité dans le journal Libération du 23 septembre 2015. 3. Duarte Rolo, Mentir au travail, PUF, 2015, 138 pp. 4. Cité dans le journal Libération du 23 septembre 2015. 5. www.libellulesmagazine.net/2015/11/5raisons-poussent-a-mentir-travail


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syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016

L’Argentine, un an plus tard

« Un bilan clairement négatif » Un air de rénovation modernisante pour certains. Un démantèlement de l’Etat social pour d’autres. Un an après l’accession de Mauricio Macri à la présidence de l’Argentine, le point avec Hugo Yasky, secrétaire général de la CTA. Sergio Ferrari, de Buenos Aires, Argentine Avec environ 800 000 membres, la Centrale des travailleurs d’Argentine (CTA) – l’une des cinq grandes centrales syndicales du pays – préconise l’unité syndicale et se situe dans le camp de l’opposition. L’arrivée de Mauricio Macri au gouvernement, le 10 décembre 2015, avec un programme politique néolibéral, a ouvert une nouvelle étape de changements en Amérique

ou du secteur privé, ont été condamnés au chômage. Ces derniers douze mois, la perte salariale accumulée oscille entre 12 000 et 14 000 pesos (800 à 950 francs), que le gouvernement tente de compenser par un bon de 2000 pesos (130 fr.) en fin d’année. Ce sont des coups très durs portés contre les secteurs populaires de la part d’un gouvernement dont la majorité des ministres proviennent des grandes entreprises multinationales.

latine. Macri n’obtient pas les résultats économiques annoncés. En revanche, il a réussi à remobiliser gauche et syndicats.

Douze mois de gouvernement Macri. Quel est le bilan, selon votre perspective syndicale ? Hugo Yasky : Absolument négatif. Selon nos calculs, sur un an, plus de 400 000 travailleurs, formels et indépendants, de l’Etat

Environ 200 000 personnes se sont rassemblées, le 18 novembre à Buenos Aires, pour exiger du Parlement le vote de la loi d'urgence sociale.

PHOTOS SERGIO FERRARI

Quelles mesures ont-ils prises ? Ils ont décrété une dévaluation de 40 % de la monnaie nationale, ce qui fait chuter le pouvoir d’achat des travailleurs. Parallèlement, ils ont décidé d’enlever les restrictions aux exportateurs de matières premières, ce qui implique une augmentation du prix interne de tous les aliments. Sans oublier la décision de payer les « fonds vautours » (dettes hautement spéculatives, ndlr) avec des ressources qui auraient pu

Hugo Yasky, secrétaire général de la CTA

être destinées à atténuer l’effet des mesures d’ajustement. Et l’augmentation énorme de l’endettement externe (ndr : environ 50 milliards de dollars) dépasse même la dette contractée par la dictature militaire dans les années 1970.

Un modèle économique démantèle l’Etat social ?

qui

L’une des promesses électorales de Macri était d’arriver à la pauvreté zéro. Or, elle a augmenté significativement en un an. Ils veulent refroidir l’économie pour baisser l’inflation. Cette politique de choc équivaut à tenter de soigner la tension artérielle d’un malade en le mettant dans un frigo. Elle peut baisser, mais au prix de sa propre agonie…

Y a-t-il eu des réactions sociales ? Les travailleurs, les secteurs populaires et même un secteur de la classe moyenne se sont mobilisés activement. Le 24 mars, une marche de condamnation du

coup d’Etat de 1976 fut la plus massive de ces commémorations durant ces dernières années. Le 29 avril, une marche conjointe des centrales syndicales – pour le 1er mai – a réuni une foule immense. Comme en septembre et novembre (photo). Durant ces mois, le gouvernement a dû céder face à des conflits syndicaux ou sociaux, contre la fermeture d’entreprises, etc.

Les perspectives pour 2017… Certains analystes estiment que le véritable ajustement commencera après les élections intermédiaires de l’an prochain. Nous défendrons les conquêtes et les revendications des travailleurs. Nous serons attentifs et réagirons si le gouvernement accentue la répression comme en témoignent certains signaux alarmants tels que la détention injuste de Milagro Salas et d’autres dirigeants du mouvement social.

Traduction : Hans-Peter Renk


GI Retraité·e·s | 13

syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016 Bienvenue dans la société de longue vie

Bonne santé et longue vie ! « C’est fou ce que je suis occupé », déclarent certain·e·s retraité·e·s. Pas une plainte, plutôt un clin d’œil de satisfaction. D’autres disent : « il faut apprendre à compter », « je n’en ai plus pour longtemps » ou « on se sent un peu seul ». L’ouvrage de Jean-Pierre Fragnière fait le point sur ce qui nous attend à la retraite. Bienvenue dans la « société de longue vie » ! Yves Sancey Après de longues années professionnelles bien remplies, commence une nouvelle vie. Celle de la retraite. Ou plutôt des retraites car elles sont multiples et de longue durée. Le terme de « retraite » est du reste bien mal choisi pour désigner non pas une période de retrait mais, au contraire, « une nouvelle carrière à inventer », « un vaste espace qui s’étale entre 55 et 70 ans, indéterminé, fortement différencié », nous dit Jean-Pierre Fragnière dans son dernier livre, Bienvenue dans la société de longue vie. Un espace ayant comme horizon l’âge de 90 ans et plus. Une présentation synthétique pratique, maniable, agréable à lire, de ce dont tout un chacun, à la retraite ou non, devrait être conscient. A 65 ans on deviendrait alors un « vieux » ? Utiliser le même mot, « les vieux », pour parler d’un monde en mouvement, riche de sa diversité, cela n’a pas de sens pour le sociologue. Les retraités « sont engagés dans des parcours où se mêlent l’appétit de découverte et la volonté d’affirmer leur singularité ». La retraite est vécue de manières bien différentes par les uns ou les autres, selon leurs ressources et compétences propres et leur contexte relationnel. Dépassons donc les banalités et les fausses images qui marginalisent et enferment.

C’est ce que propose Fragnière, qui est bien connu en Suisse romande et au-delà par son engagement dans le domaine social, en particulier sur la problématique de la vieillesse. Il est donc bien placé pour analyser les conséquences de cette belle histoire à succès  : la société de longue vie qui s’installe inexorablement.

de compétence à découvrir, voire à acquérir. C’est une nouvelle carrière à inventer. Le retraité de demain est jeune et il le sait. Il est compétent. Il veut être un citoyen, un partenaire, un consommateur. Il veut gérer plusieurs horizons et doit se trouver une activité, conquérir sa place. Il est actif et indispensable dans les équilibres avec les enfants et petits-enfants.

Un bond de quinze ans pour l’espérance de vie

Stimuler les rencontres et les échanges

En 1947, au moment de la création de l’AVS, le choix de 65 ans pour l’âge ouvrant le droit à une retraite correspondait aussi à peu près à l’espérance de vie, rappelle-t-il. La porte de la vieillesse côtoyait, pour ainsi dire, celle de la mort. Depuis, ce temps s’est allongé. On a connu des progrès importants en termes de protection sociale, les avancées de la médecine, ainsi qu’un meilleur accès à la formation. L’espérance de vie, surtout, a fait un bond de 15 ans en quelques décennies. Qu’allons-nous faire du temps qui vient ou du temps qui reste ? « En fait, nous dit Fragnière, la grande majorité de nos contemporains vivent ou vont vivre une longue retraite  ». De quoi estelle faite ? L’auteur dresse quinze constats pour répondre à cette question. Ce n’est plus une fin de parcours, mais un ensemble

Parler de vieillesse, c’est aussi parler de questions d’argent et de coûts. Il faudra bien sûr assurer la pérennité de l’AVS et du deuxième pilier. Mais, au-delà des «  sous  », une politique intelligente des âges et des générations devrait s’intéresser à bien d’autres défis. Fragnière en relève quatorze, qu’il développe dans son livre. Quels rôles vont assumer ces centaines de milliers de femmes et d’hommes parvenus à la retraite en relative bonne forme et compétents, pendant les quelque vingt-cinq années qui leur sont promises  ? Vivre longtemps, c’est faire le lent apprentissage de la solitude, parfois non choisie. Cela demande une organisation sociale qui stimule les rencontres, les échanges, une vie de proximité. La transmission

(l’héritage) se produit de plus en plus tard.

Que faire de tout ce temps ? Tout au long de l’ouvrage, la question qui est posée est « Que faire de tout ce temps ? ». Qu’adviendra-t-il de tous ces «  nouveaux vieux » ? « L’émergence et surtout la croissance de cette nouvelle génération de retraités actifs et compétents vont incontestablement induire quelques conséquences majeures dans le champ de l’organisation des activités humaines, mais aussi sur le marché du travail », répond Fragnière. Elle engendre une considérable demande de services (mobilité, transport, loisir, service à la personne, entretien du corps, prévention) pour une population qui a des moyens et

des appétits. Avec la promotion de la solidarité entre générations au cœur du marché du travail, une situation de concurrence ou de dumping salarial et social pourrait en résulter du fait que certains retraités sont contraints ou désireux de mettre du beurre dans les épinards. Pour éviter des guerres entre générations, ces questions doivent être posées et trouver des réponses collectives et politiques pour soigner cette transition entre vie dite professionnelle et ce temps de la retraite, ainsi que le contenu de la vie quotidienne de toutes ces personnes qui construisent les 20 à 30 dernières années de leur parcours de vie. Le dernier chapitre de l’ouvrage livre de nombreuses pistes pour une politique des âges et des générations réussie.

Jean-Pierre Fragnière, Bienvenue dans la société de longue vie, Éditions à la Carte, Sierre, 2016, 133 pages, 24 fr.

Pour aller plus loin : www.vivreensemblelongtemps.ch ; www.socialinfo.ch

Groupement des retraités Poste & Swisscom Fribourg

Visite d’automne 2016 de verre Hagen, où le soufflage du verre est tout un art ! La soufflerie propose toute une palette de créations en verre faites à la main. On a même pu observer le travail de soufflage des artisans par-dessus leur épaule (photo de droite). Des créations personnaPHOTOS JEAN-MARIE BAECHLER

Le 6 septembre 2016, une soixantaine de personnes se sont retrouvées à Fribourg pour la traditionnelle course d’automne. Un car Buchard nous a amenés à Büren an der Aare (BE). Les participants ont commencé la journée par la visite de la soufflerie artisanale

lisées peuvent même être façonnées sur demande. Nous avons également pu admirer les maisons magnifiquement restaurées de Büren an der Aare, la mairie avec sa façade gothique, devenue musée local, ainsi que le pont de bois couvert qui franchit l’Aar. Ensuite direction la ville de Soleure, où un excellent repas nous a été servi au restaurant Salzhaus et cerise sur le gâteau, syndicom section Fribourg a offert une verrée. Encore grand merci. Après le repas, nous avons admiré la ville de Soleure, également appelée la Cité des Ambassadeurs. La veille ville est entièrement piétonne. De magnifiques bâtisses baroques et de la Renaissance telles que le Palais Besenval ainsi que les somptueux édifices sacrés émaillent le parcours des visiteurs – la vieille ville compte onze églises et chapelles,

et autant de fontaines et de tours. Véritable joyau de la ville, l’intérieur de la cathédrale St-Urs est agrémenté d’un stucage baroque des plus raffinés. Les restaurants avec terrasse attirent les promeneurs sur les berges de l’Aar. Au retour, bref arrêt à Bienne au bord du lac. La maison Buchard

nous a servi un petit verre de fendant qui était le bienvenu par cette chaude journée de fin d’été. Encore merci à Jean-Marie Baechler pour l’organisation de cette journée variée et enrichissante.

François Pachoud, Retraités Poste & Swisscom Fribourg


14 | Culture

syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016

Jean-Jacques Kissling, ex-intermit tent de la poste, écrivain et photographe

La Poste sous la plume d’un facteur genevois Dans son autobiographie « Une vie de facteur », le Genevois Jean-Jacques Kissling décrit son quotidien de postier, entre une multitude d’anecdotes et de nombreux voyages autour du monde. Cora Beausoleil* Jean-Jacques Kissling, alias JJK, raconte quarante années à courir les boîtes aux lettres genevoises. Entre récit du quotidien et confidences sur le métier, son livre Une vie de facteur retrace son histoire et celle des PTT, devenus La Poste. Plus qu’une autobiographie, le livre dénonce aussi le virage vers la « rentabilité à tout prix », entrepris, ces dernières années, par le géant jaune.

Parlez-nous de vos débuts comme facteur. Jean-Jacques Kissling : J’ai intégré l’ap-

encore au Tibet, que j’ai sillonné en stop par exemple.

En tant que facteur, j’étais témoin de la vie des gens, de leur quotidien. J’aime décrire et prendre le temps de noter ces petites choses qui font la vie. Je fais d’ailleurs la même chose en tant que photographe indépendant : mes clichés sont d’une certaine façon le témoin d’un moment ou d’une époque.

Mais vous témoignez aussi de l’évolution du service postal dans les années 2000.

Vous racontez aussi vos très nombreux voyages.

prentissage de facteur à 16 ans, en 1977. C’est ma mère qui m’a poussé à suivre les pas de mon père, lui aussi postier. A l’époque c’était un beau métier, reconnu et bien payé. Je me rappelle de mes tournées quotidiennes, je prenais le temps de dire bonjour aux clients, de m’arrêter entre deux boîtes aux lettres pour prendre un café ou discuter cinq minutes. Tout le monde me connaissait, je faisais partie intégrante de la vie du quartier.

Avant les années 2000, j’avais l’habitude de travailler six mois par année et de partir voyager un an avec l’argent gagné. Sans les conditions de travail aux PTT, je n’aurais jamais pu mener ce train de vie. Le livre relate quelques bribes de mes voyages en Russie, en passant par SaintPétersbourg où j’ai rencontré ma femme, en Mongolie à la fin de l’occupation russe et avant l’investissement chinois, ou

Oui, le livre retrace l’atmosphère des années 1970 et sa transition jusqu’à aujourd’hui. Si la fin du récit devient lourde, c’est bien le reflet de notre société actuelle. Depuis 2004, tout a changé : les facteurs sont désormais des « collaborateurs de distribution », qu’on finit par licencier à 50 ans, lorsqu’ils ne sont plus rentables [lui-même a été licencié à l’âge de 53 ans après en avoir passé trentesept comme facteur remplaçant, ndlr]. L’important est désormais la productivité maximum au détriment du social : on remplace les postiers par des machines, et un scanner nous suit en permanence afin de vérifier le temps affecté à chaque enveloppe distribuée. Aider une grandmère à faire ses paiements, prendre un café, faire la causette aux clients, tout ça

Pour son dernier jour de travail, le 31 décembre 2014, Kissling enfile la casquette de son père, modèle 1954, avec l’insigne PTT en métal coiffé du drapeau suisse.

la collection Tuta Blu réconcilie travail et lit térature

est devenu une perte de temps à éradiquer pour La Poste. Or nous n’avons rien gagné : il y a quarante ans, on postait le soir, à Cornavin, une lettre avec un timbre à soixante centimes pour Coire. Elle arrivait le lendemain matin à destination. Aujourd’hui, on poste au même endroit une lettre avec un timbre à un franc pour Coire, elle arrive encore le lendemain. La différence, c’est qu’il y a quarante ans, elle passait entre les mains de vingt travailleurs et voyageait en train électrique. En 2016, seuls deux travailleurs s’en occupent, mais elle est filmée, codée et transite sur des kilomètres de tapis roulants, avant de voyager dans deux camions diesel. A part les actionnaires, ni les employés ni les clients – qui paient quinze centimes de plus – n’y gagnent quelque chose.

Quelles sont les conséquences de ce changement selon vous ? C’est un énorme gâchis. On a déshumanisé le métier au profit de la productivité et de la rentabilité à tout prix. L’ancien tissu social et économique qu’offrait la Poste est totalement détruit. Or la proximité est nécessaire au bien-être des gens, et le facteur qui « prenait son temps » en était un symbole.

* Article paru dans Le Courrier, 5.12.2016

Jean-Jacques Kissling, Une vie de facteur, HérosLimite Editions, Coll. Tuta Blu, 2016, 112 pages. Disponible en librairie au prix de 22 fr.40 ou sur www.­jjkphoto.ch, au prix de 25 fr., frais de port compris.

PHOTO JEAN-PATRICK DI SILVES TRO

Le livre de Jean-Jacques Kissling raconte ses quarante ans de travail, comme postier remplaçant à La Poste et la métamorphose de cette institution en véritable machine à rentabilité. « Mes mémoires. Un hommage à un si joli métier qui a disparu. Un témoignage sur le changement du monde. Un clin d’œil à tous ceux qui m’ont offert un café », résume l’auteur. Ce petit ouvrage se dévore d’une traite. Il trouve tout naturellement sa place dans la nouvelle collection Tuta Blu de la maison d’édition genevoise Héros-Limite, dirigée par l’engagé Alain Berset, consacrée à des livres abordant le monde du travail. Tuta Blu, comme le bleu de travail de l’ouvrier d’usine. Trois ouvrages, sortis cet automne, ont ainsi fait office de lancement du label. (YS)

Vous racontez de nombreuses anecdotes à propos de votre métier ainsi que de vos clients.

Carnet

Le voyage merveilleux Dans son carnet, il y avait peutêtre des croquis de maisons, d’animaux, de bottes de foin, ou d’arbres. Des dessins de villages ou de chemins. Dans ses carnets il y avait surtout des mots, pour parler de la réalité des choses qu’elle imaginait. L’immensité des mots pour dire l’immensité des choses. Le merveilleux et le mystérieux. La magie. « … Il s’avançait vers la table, lorsque tout à coup il remarqua quelque chose d’étrange. Il n’était pas possible que la maison se fût agrandie. Mais comment expliquer autrement qu’il eût à faire un si grand nombre de pas pour atteindre la table ? Et qu’avait donc la chaise ? Elle ne semblait

pas être devenue plus grande ; pourtant il dut se hisser d’abord jusqu’au barreau inférieur et de là grimper sur le siège. De même pour la table, il ne put en voir le dessus qu’en escaladant le bras du fauteuil… » Vous en souvenez-vous  ? Vous souvenez-vous de ce conte tant traduit, tant lu, tant partagé, et que pourtant d’aucuns ne connaissent pas encore, n’ont jamais vraiment lu, ou ignorent tout à fait. Il est des contes inoubliables, qu’il ne faut pas oublier de (re)lire. Après avoir vécu le « Merveilleux voyage de Nils Holgersson », on ne regarde plus une ferme de la même façon. On ne regarde plus une oie de la même façon. On

ne regarde plus un miroir sans penser à Nils : « Dans le miroir, il voyait nettement un petit, tout petit homme en bonnet pointu et en culottes de peau. – Celui-là

est habillé exactement comme moi, s’écria-t-il en joignant les mains de surprise. Alors le petit bonhomme de la glace fit le même geste. Le gamin se mit à se tirer les cheveux, à se pincer, à pirouetter sur lui-même ; aussitôt l’homme de la glace imitait ses mouvements. Rapidement, il fit le tour de la glace pour voir s’il y avait quelqu’un caché làderrière. Mais il n’y avait personne. Il se prit alors à trembler… » Selma Lagerlöf (photo) fut la première auteure femme à recevoir le Prix Nobel. C’était en 1909. Son écriture déroule dans une langue douce, inventive et gourmande une œuvre magistrale. Parmi tous ses livres son

« voyage merveilleux » est le plus enivrant. Le récit d’un enfant peu sage que l’aventure avec une oie va totalement transformer. Un conte pour des générations de rêveurs. Un chef-d’œuvre à (s’) offrir encore.

Karelle Ménine Selma Lagerlöf, Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède. Le livre est sorti chez plusieurs éditeurs, à différents prix et sous différentes couvertures.


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syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016 Portrait

Toujours au taquet André Ebener est facteur et responsable d’équipe dans la région de distribution courrier (RDC) de Brigue. Pince-sans-rire, avec son dialecte atypique et sa démarche bien campée, c’est un vrai montagnard. Ce père de deux filles passe régulièrement ses vacances au bord de la mer du Nord au Danemark, pays d’origine de sa femme. Katrin Bärtschi*

Mécanicien auto, monteur puis barman sur les pistes André Ebener a d’abord effectué à Gamsen un apprentissage de mécanicien-électricien automobile. Puis il a travaillé pendant un an à Sion, mais il ne s’y plaisait pas beaucoup. « Les gens n’y parlent pas mon dialecte, ni même le russe ou le dialecte bernois, non, ils parlent français ! » André Ebener change donc à la fois d’emploi et d’activité. Pendant quatre ans, il sillonne la Suisse comme monteur en remontées mécaniques pendant la belle saison. En hiver, il

désormais officiellement responsable d’équipe : « Mon prédécesseur et moi avons échangé nos rôles. J’ai repris son poste et il a été nommé au mien. »

Changements dans les conditions de travail « presque exagérés » « Depuis mes débuts à La Poste, à la fin des années nonante, beaucoup de choses ont changé. Autrefois, on avait une tâche à accomplir, peu importait comment. Aujourd’hui, chaque étape doit être scannée, minute par minute. On est sous contrôle permanent.  » C’est ainsi qu’il décrit les mutations professionnelles, tout en admettant que cela ne pouvait pas continuer de la même façon. « Dans la distribution, d’autres prestataires font aujourd’hui concurrence à La Poste. Mais la manière dont nos conditions de travail ont changé, c’est presque exagéré. » Malgré tout, il prétend n’être jamais stressé. « En général, on se crée du stress soi-même. Mais dans notre métier, il est vrai qu’on est toujours au taquet. » A propos de son affiliation à syndicom, André Ebener se veut pragmatique : « On paie de toute façon une contribution au syndicat, même en tant que nonmembre. Alors je préfère être pleinement de la partie. Car le syndicat apporte son soutien quand il y a des problèmes au travail. Ce qui, j’espère, ne sera jamais mon cas. »

PHOTO MARGARETA SOMMER

Dans les montagnes et les vallées, on ne vit pas comme en plaine et dans les villes. Pour preuve cet épisode cocasse, au début de sa vie de facteur, alors qu’il effectuait une tournée mixte pour distribuer des lettres et des colis. « Dans ma région, tu n’as qu’à sonner – dingdong – et tu entres. J’ai donc sonné comme à mon habitude, dans un quartier périphérique de Brigue. Puis je suis entré dans l’appartement et j’ai remis un colis à une dame au pied de son lit. » La femme l’a pris sans un mot. A son retour à la centrale, André Ebener est convoqué par le chef. Ce dernier lui explique qu’il s’est rendu coupable de violation de domicile, mais la cliente renonce heureusement à porter plainte. « Je ne sais pas si j’ai échappé à la prison, s’exclame le facteur, mais depuis, je me contente de déposer un avis de retrait quand personne n’ouvre la porte… »

Résistant au stress · André Ebener sur son scooter de postier.

travaille dans un bar sur les pistes, à la Lauchernalp. Ces deux activités lui plaisent bien. « Mais ça ne pouvait pas continuer ainsi éternellement. Je ne pouvais pas travailler jusqu’à 60 ans dans un bar. De toute façon, je n’aurais pas fait de vieux os dans ce travail », s’amuse le facteur de 41 ans. Il postule donc à La Poste et décroche un emploi dans le domaine du chargement. C’était un travail en équipe, à Brigue, où s’effectuait le tri du courrier et des colis à destination du Haut-Valais.

Puis arriva REMA Dans la foulée de la grande réorganisation REMA (Reengineering

Mailprocessing) pour le tri du courrier, au début des années 2000, la fermeture du centre courrier de Brigue semblait inévitable. Le personnel a donc dû se mettre à la recherche d’un nouvel emploi. André Ebener a trouvé un poste dans la distribution. En 2012, devenu entre-temps responsable d’équipe adjoint, il décide d’accomplir la formation de logisticien qu’il achève avec succès en 2014. « Mon chef m’avait dit que je n’avais aucune possibilité de promotion à La Poste sans une formation dans le domaine de la logistique. Il m’avait alors indiqué des possibilités de perfectionnement. »

Quelques années auparavant, André Ebener avait déjà occupé à titre transitoire la fonction de teamleader. Un poste qui comporte de plus en plus de responsabilités. « Autrefois, un chef devait surtout préparer les plans de service. Aujourd’hui, il doit aussi mener les entretiens d’évaluation. Il doit également intervenir quand un employé ne remplit pas ses objectifs et risque donc d’être licencié. Il est chargé de la communication entre les employé·e·s et le responsable RDC. Un simple facteur n’a quasiment plus de contact avec la direction. » Depuis le début de cette année, André Ebener est

ténue. La page internet www. mobbing-zentrale.ch/fr/ donne une liste des agissements constitutifs du mobbing. Des droits juridiques contre l’employeur découlent de l’obligation de diligence de l’employeur, qui est tenu de protéger la personnalité de l’employé·e. Conformément à l’art. 328 du Code des obligations, l’employeur doit prendre les mesures nécessaires pour protéger la vie, la santé et l’intégrité personnelle du travailleur. S’il omet de le faire, il engage sa responsabilité pour d’éventuelles conséquences juridiques. En tant qu’employé, il t’appartient toutefois de fournir la preuve que tu es victime de mobbing.

Je te recommande donc de tenir un journal de bord ou un procès-verbal. Note les incidents de manière aussi détaillée que possible en indiquant la date, l’agissement, le nom du « coupable » et des éventuels témoins. Cela permet de mieux distinguer le mobbing du conflit sur le lieu de travail et surtout d’apporter ultérieurement la preuve que l’employeur a manqué à sa responsabilité selon l’art. 328 CO. Adresse-toi à temps à des personnes de confiance qui ne font de préférence pas partie de ton milieu professionnel. Ton secrétaire régional ou ta secrétaire régionale se tient volontiers à ta disposition et te soutiendra

* Journaliste free-lance

Droit au but

« J’ai l’impression d’être mobbé depuis longtemps sur mon lieu de travail. Cela se manifeste de différentes façons : on m’attribue constamment des tâches supplémentaires, on m’accuse à tort, mon employeur n’estime pas nécessaire de me demander comment je me porte même quand je suis malade et il ne m’offre ni aide ni soutien. S’agit-il ici de mobbing au sens juridique du terme, ai-je une possibilité d’intervenir contre mon employeur ? » On parle de mobbing lorsque les atteintes à l’intégrité d’une personne sont dirigées contre la personne dans sa globalité. Il s’agit de comportements qui transgressent les limites et s’en prennent à l’autre pour l’atteindre dans son estime de soi. Ces comportements peuvent être de nature volontaire ou involontaire. Le mobbing n’est pas une notion définie par la loi, mais un concept psycho-

logique caractérisé par quatre aspects : répétition, durée, intensité, intention d’exclure. On est en présence de mobbing lorsque des paroles et actions hostiles se répètent souvent sur une longue période (env. six mois) ; une ou plusieurs personnes (collègue et / ou supérieur·e hiérarchique) cherchent à isoler ou exclure une personne sur son lieu de travail. La différence entre mobbing et conflit sur le lieu de travail est

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Mobbing au travail

pour prendre les mesures nécessaires et trouver ensemble des solutions. La voie juridique n’est pas forcément la seule ni la meilleure solution.

Néomie Nicolet Avocate, collaboratrice au service juridique


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MOVENDO l’institut de formation des syndicats

Inscriptions : Monbijoustrasse 61, CP, 3000 Berne 23, tél. 031 370 00 70, fax 031 370 00 71, info@movendo.ch Les cours et séminaires 2017 sont disponibles sur notre site www.movendo.ch. Wen-Do, cours d’autodéfense pour femmes F2.5.1715. Lundi 30 et mardi 31 janvier, Morges, Hôtel La Longeraie Techniques d’autodéfense adaptées à la morphologie des femmes – Techniques verbales – Confiance et affirmation de soi – Aspects juridiques et démarches en cas d’agression. Intervenante : Jeanne Allemann (formatrice Wen-Do) L’analyse transactionnelle, niveau 1 F2.4.1701. Lundi 27 et mardi 28 février, Morges, Hôtel La Longeraie. Présentation de l’analyse transactionnelle – Etats du moi – Echanges principaux – Coopération - Signes de reconnaissance. Intervenante : Nicole Senn (formatrice d’adultes) Les bases de Windows sur PC pour seniors F2.6.1704. Jeudi 2 et vendredi 3 mars, Yverdon-les-Bains, Synergic. Monde de l’informatique – Gestion de dossiers et fichiers – Fonctions de base – Personnalisation du bureau – Aperçu des logiciels de la bureautique. Intervenant : Otto Keller (ingénieur et formateur)

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BERNE

« Gezeichnet 2016 » : meilleurs dessins de presse suisses 2016 C’est le moment de rire : « Gezeichnet 2016 » propose une balade rétrospective des dessins de presse de plus de 50 caricaturistes et cartoonistes suisses dont Max Spring (Berner Zeitung, syndicom le journal), Tomz (syndicom le journal), Chappatte (Le Temps / NZZ am Sonntag), Orlando (Der Bund), Ben Marchesini (Le Matin) et Michael Streun (Nebelspalter). Exposition 16 décembre 2016-29 janvier 2017. Entrée : 3 fr. ( jeunes), 6 fr. (AVS, AI, étudiants) et 9 fr. (adultes). Ouverte du lundi au vendredi, de 12 à 17 heures. Musée de la communication, Helvetiastrasse 16, Berne.

LAUSANNE

Discussion et débat sur la naturalisation Mercredi 18 janvier 2017, 19 h-21 h, Pôle Sud, av. J.-J. Mercier 3. Le tableur Excel, les bases F2.6.1708. Jeudi 9 et vendredi 10 mars, Yverdon-les-Bains, Synergic Patrizia Mordini, responsable Egalité et groupes d’intérêt Femmes / MigraFonctions de base – Création d’une feuille de calcul – Mise en forme des cellules – Fonctions arithmétiques de base tion / Indépendants / Retraités à syndicom et membre du comité directeur. Claude-Alain Frund, responsable de formation chez movendo, l’Institut de – Graphiques simples. Intervenant : Otto Keller (ingénieur et formateur) formation des syndicats, qui organise un cours en mars sur comment deveLe traitement de texte Word, les bases F2.6.1707. Lundi 27 et mardi 28 mars, Yverdon-les-Bains, Synergic Saisie de textes – Mise en forme – Tableaux simples – Insertion d’images. Intervenant : Otto Keller (ingénieur et nir Suisse (détails ici à gauche). Une personne de solidaritéS. L’initiative parlementaire d’Ada Marra « La Suisse doit reconnaître ses enfants » formateur) Mots-croisés syndicom novembre 2016 a été débattue au Parlement plus de huit ans. Le 12 février, le peuple et les Devenir Suisse ou Suissesse F2.1.1705. Mercredi 29 mars, Lausanne, Hôtel Aulac. Bases légales – Pratiques SOLUTIONS cantons pourront décider s’ils souhaitent faciliter la procédure pour les étrancantonales en matière de naturalisation – Conditions à remplir pour la naturalisation. Voir page 9 pour d’autres gers et étrangères né·e·s en Suisse et dont les parents et grands-parents ont infos sur la question. Intervenants : Luca Cirigliano (USS), Claude-Alain Frund (Movendo). Voir agenda ci-contre. 1 2 3ici. Mais 4 5 6 7 8 9 10 « reconnaître 11 12 13 ses 14 enfants » 15 aussi vécu que signifie réellement et qui Economie d’entreprise – Lecture des comptes d’entreprises F1.7.1709. Jeudi 30 et vendredi 31 mars, Morges, sont ces « étrangers de la 3e génération » ? Les obstacles à franchir pour l’obI M E L A N C O L I E S N O B Hôtel La Longeraie. Bases de la comptabilité – Répartition des coûts par nature et centres de charges – Bilans tention du passeport suisse sont surmontables. Mais le temps presse. A parN I F I A S S E V A B L et comptes d’entreprises – Exercices et études de cas. Intervenant : Samuel Bendahan (économiste, chargé deII tirU de 2018, le nouveau droit de cité, avec ses dispositions plus restrictives, recherche) III S T P P S N U C L O U entrera en vigueur. Venez vous informer sur la procédure de naturalisation ! La retraite, ça se prépare avant F2.5.1713. Jeudi 30 et vendredi 31 mars, Morges, Hôtel La Longeraie. Accep-IV Org. : S A R d’intérêt O E U F syndicom. S B R soutien U M de l’USV. E Groupe Migration, Avec le tation du changement – Planification du temps – Elaboration de projets – Hygiène de vie – Questions relativesV E M O I S A E B S à l’AVS, l’AI et la LPP – Budget. Intervenants : Jean-Marc Ouellet (formateur d’adulte), Michel Schweri (Unia) Mots-croisés syndicom novembre 2016 T A M I U S E R VI SOLUTIONS Mots croisés Pour les membres, les frais (cours, alimentation et / ou nuitée selon annonce) d’au moins un cours par année sont S

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pris en charge par le syndicat. Après réception de votre inscription, nous vous informons des conditions auxquellesVII C N O E VIII La vous pouvez participer à la formation choisie. solution du mots H O T N° 10 / 2015 E croisés du IX était X O P« SPLEEN ». I U M C Le gagnant est Etienne XI P A S D A R A Oreiller, de Muraz (VS), XII I L M S I M qui reçoit un stylo-bille XIII N E E S S E Colani. Chaleureuses félicitations ! S

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Sauf indication, les cours ont lieu à l’Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg, 9 h 15-16 h 45. Ils sont animés par Birgit Ewert, instructrice Adobe. L’intégration et l’interaction entre Bridge, Illustrator, Photoshop et InDesign CC. 17-18 janvier. Délai d’inscription : 3 janvier. InDesign : Créez des documents plus rapidement grâce aux modèles (templates). 31 janvier. Délai : 10 janvier. Comment organiser mes images numériques. 1er février. Délai : 10 janvier. Introduction Adobe InDesign CC. 7-8 février. Délai : 17 janvier. Introduction Adobe Photoshop CC. 16-17 février. Délai : 24 janvier. Implémenter PDFX-ready. 28 février. Délai : 7 février. Animateur : Gilles Fossé. InDesign CC : La mise en page multilingue. 7 mars. Délai : 14 février. Masterclass InDesign CC. 8 mars. Délai : 14 février. Photoshop CC UpDate. 21 mars. Délai : 28 février. Masterclass Adobe Photoshop CC. 22 mars. Délai : 28 février. Découverte d’iBooks Author. 4 avril. Délai : 14 mars. Introduction Adobe Illustrator CC. 11-12 avril. Délai : 21 mars. Masterclass Adobe Illustrator CC. 13 avril. Délai : 21 mars. Site Internet avec Adobe Muse. 24 avril. Délai : 4 avril. Animateur : Tony Manganelli. • CPO, Beau-Rivage 2, Lausanne. Mesures de la couleur et sa gestion. 28 mars. Délai : 7 mars. Animateur : Guy Flüeli. Les facettes de l’impression moderne et leur normalisation. 29 mars. Délai : 7 mars. Animateur : Guy Flüeli.

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Adressez votre solution (les trois chiffres dans les cases en bleu, dans l’ordre, de gauche à droite) d’ici au 16 janvier à : Rédaction syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne. La réponse et le nom du ou de la gagnant·e seront publiés dans le N° 1. Il ou elle recevra 50 francs suisses en chèques Reka offerts par notre partenaire de prestation.

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LETTREs DE LECTEUR

LAUSANNE

Assises des retraitÉ·e·s Samedi 14 janvier 2017, de 10 h à 14 h (avec pause pique-nique) à l’Espace Dickens, av. Dickens 4, 1006 Lausanne (sur la droite en sortant de la gare par la porte principale) Relèvement de l’âge de la retraite des femmes à 65 ans ? Augmentation des cotisations et diminution des rentes LPP ? Economies sur le dos des veuves, des enfants de retraité·e·s et des petits indépendants ? Relèvement progressif de l’âge de la retraite à 67 ans pour toutes et tous ? Travailler plus longtemps, cotiser plus, pour de moins bonnes retraites ? Org. : Communauté genevoise d’action syndicale, Union syndicale vaudoise Transport en car organisé depuis Genève, rendez-vous 8 h 30 rue des Alpes angle quai du Mont-Blanc près du Monument Brunschwig.

FRIBOURG

soirées d’information sur RIE III Le collectif fribourgeois contre la RIE III organise deux soirées d’informations. À Fribourg le 17 janvier à 19 h 30 au café du Jura. À Bulle le 18 janvier à 19 h 30 à l’Hôtel de ville. À partir de janvier le collectif sera présent chaque samedi matin au marché de Fribourg et devant le Tonnelier à Bulle. Si vous souhaitez nous rejoindre sur le stand prenez contact avec le secrétaire régional François Ducrest : francois.ducrest@syndicom.ch Nouvelles dates de parution 2017 de Syndicom le journal Cher membre, Cher lecteur et chère lectrice syndicom redéfinit sa politique de communication. À partir de septembre 2017, nous voulons imprimer moins de papier mais en revanche amé­ liorer notre visibilité sur Internet et dans les médias sociaux. syndicom est déjà présent sur Facebook et sur Twitter. Au premier semestre, tout reste encore comme par le passé. En septembre, nous vous ferons plaisir avec notre magazine de membre flambant neuf et un nouveau site Web. Belles fêtes et tout le meilleur pour 2017. Ici les dates de paru­tion (corrigées) jusque-là : N° Délai de rédaction 1 lundi 16 janvier 2 lundi 20 février 3 vendredi 24 mars 4 mardi 2 mai 5 mardi 6 juin Pause d’été

Parution vendredi 3 février vendredi 10 mars jeudi 13 avril vendredi 19 mai vendredi 23 juin

Décès Droz Jean-Paul, Thielle, décédé le 08.11.2016 à l’âge de 79 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1999. Fritz Hans, Biel / Bienne, décédé le 27.07.2016 à l’âge de 91 ans. Membre de la section Biel / Bienne depuis 1947. Girard Joseph, Glovelier, décédé le 26.10.2016 à l’âge de 86 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1947. Guignard Gaston, Vevey, décédé le 16.11.2016 à l’âge de 91 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1947. Hänni Jean-Pierre, La Chaux-de-Fonds, décédé le 03.10.2016 à l’âge de 85 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1963. Maillard Marcel, Lausanne, décédé le 23.11.2016 à l’âge de 82 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1952. Renaud Henri-Louis, Gorgier, décédé le 04.11.2016 à l’âge de 80 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1999. Zimmermann Josette, Lausanne, décédée le 06.11.2016 à l’âge de 78 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1973.

Aux larmes, citoyens ? Quelle est la meilleure attitude à adopter face au lot de mauvaises nouvelles de ces dernières semaines ? Les annonces des mesures qui péjoreront encore nos conditions de travail ne nous laissent pas trop d’espoir de voir La Poste revenir sur quelques-unes d’entre elles. Sauf que cette fois, ces détériorations (exemple : démantèlement massif du réseau postal et licenciements) ne visent pas que notre secteur d’activité par toutes les mesures de rationalisation mais concernent bien toutes les autres unités postales. Les conditions de travail que nous souhaitions toujours « roses » risquent bien de virer très rapidement au « rouge vif ». Même confronté au mécontentement de la majorité de la population, notre employeur fait aussi fi de certaines considérations politiques cantonales et fédérales. Que nous restet-il comme moyens d’action pour manifester notre inquiétude ? Nos yeux pour pleurer ? Personnellement je m’y refuse ! C’est pourquoi j’en appelle à votre bon sens et à votre orgueil. Il ne faut pas donner l’impression à notre employeur que nous bais-

sons les bras trop vite et que nous nous résignons à ne rien entreprendre. Pleurnicher serait encore pire ! La Poste doit comprendre que les meilleurs ambassadeurs pour l’entreprise sont encore des employés satisfaits. Mais pour autant qu’ils soient associés à la nouvelle stratégie de sa Direction. Nous ne devons pas avoir l’impression que l’on se fiche de notre « poire ». Nous devons nous battre et montrer que nous ne sommes pas prêts à tout accepter. Comment ? En nous mobilisant ! syndicom, notre représentant auprès de La Poste, n’a que très peu d’emprise dans les futures négociations si notre employeur ne ressent pas une forte mobilisation de la base, de ses collaborateurs. Alors répondons en masse aux appels et aux prochaines initiatives syndicales ! Et comme le dit si bien le dicton : Ensemble nous serons plus forts ! Peu importe si nous sommes syndiqué·e·s ou non ! Cela nous concerne toutes et tous.

Nicolas Maître, Epauvillers , Jura Depuis trente-huit ans syndiqué et employé de La Poste

Les aînés régulièrement sur la sellette ! Lire la presse, c’est entre autres constater que les aînés sont plus souvent qu’à leur tour l’objet de critiques ou de réflexions leur faisant sentir qu’ils génèrent tel ou tel inconvénient. Comme s’ils constituaient une sorte d’obstacle au déroulement souhaitable de la société. C’est ainsi que les démographes s’inquiètent de la proportion des retraités qui vivront sous nos latitudes dans une trentaine d’années. Il paraît qu’ils devraient représenter un peu plus du quart de la population (contre 18 % actuellement). Aussi crainton que la cohésion sociale puisse souffrir de ce futur proche. Il n’y a pas si longtemps, Avenir suisse s’interrogeait sur le poids des aînés lors des votations, allant jusqu’à se demander si un déséquilibre ne se manifesterait pas tôt ou tard au détriment de la partie jeune de l’électorat. D’ailleurs on assiste, par exemple dans le canton de Neuchâtel, à une tentative visant à octroyer le droit de vote à partir de 16 ans ! Dans le domaine de la santé, la partie âgée de la société se voit régulièrement accusée de l’essentiel de l’augmentation des coûts de la santé. Ces derniers progressant au rythme d’un milliard de francs par année et faisant bondir le coût moyen annuel de 4 % par assuré, on peut comprendre qu’une analyse soit faite afin d’en déterminer les causes. Heureusement que les dépenses dues aux aînés se mélangent avec les frais engendrés par les équipements hospitaliers et ceux des médicaments dont le prix reste plutôt élevé en comparaison européenne. De quoi faire baisser un peu la pression mise sur les aînés ! Jusqu’à maintenant, les médecins chargés de se prononcer sur l’aptitude des conducteurs automobiles âgés de 70 ans et plus se contentaient d’adresser un formulaire à l’autorité administrative désignée. Le conducteur en question se voyait déclaré apte… ou inapte ! Il paraît que cela devrait changer. L’Office fédéral des routes exigerait désormais la transmission

des éléments du diagnostic, ce qui bien entendu changerait la donne ! Qu’adviendrait-il du secret médical ? 2017 nous réservera-t-il d’autres surprises ? Une chose apparaît déjà comme certaine : les difficultés que continueront de rencontrer les caisses de pensions sur les marchés financiers et face au franc fort. Une situation inquiétante parce qu’elle pénalise à la fois les conditions des actifs et celles des rentiers. Or, comme relevé plus haut, la proportion de ces derniers augmente et crée un déséquilibre, lequel nuit à la santé financière des institutions de prévoyance. On peut donc s’attendre… à de nouvelles récriminations ! Mais restons calmes et, dans une société de plus en plus individualisée, conservons les liens qui nous unissent. Dans la mesure de nos moyens et de notre temps disponible, continuons d’être présents dans la société (garde des petits-enfants, présence auprès des malades, bénévolat, excursions) afin de témoigner concrètement notre solidarité. Car, ne l’oublions pas, l’apport des retraités dans l’économie est appréciable : salaires du personnel soignant dans les EMS et les hôpitaux, revenus des médecins, réponses aux offres hôtelières (et contribution à l’équilibre de l’occupation saisonnière), présence dans la clientèle des voyagistes, par exemple. En conclusion, restons sereins face aux observations et démontrons notre solidarité ainsi que notre désir de « faire avec » une société qui change à un rythme encore jamais connu.

Rémy Addor

Le secrétariat régional romand et la caisse de chômage à Lausanne rouvriront le mardi 3 janvier. À Genève, la permanence chômage rouvrira le mercredi 4 janvier.

IMPRESSUM rédaction Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch Allemand : syndicom, die Zeitung, Nick Manouk, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch Italien : syndicom, il giornale, Giovanni Valerio, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch

mise en pages : Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i) correction : Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i) traductions : Alexandrine Bieri, Laurence Strasser

publicité :Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, sekretariatspool@syndicom.ch impression : Ringier Print Adligenswil AG, Ebikonerstrasse 75, 6002 Lucerne

abonnements : 50 fr., 70 fr. à l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît 11 fois l’an

prochaine parution : 3 février (délai rédactionnel : 16 janvier)

changements d’adresse : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne

éditeur :syndicom, Monbijoustrasse 33, case postale, 3001 Berne


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syndicom | N° 11 | 23 décembre 2016

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Assemblée des délégué·e·s (AD) syndicom 2016

Les délégués ouvrent le fonds d’action

Les délégué·e·s réunis au Stade de Suisse ont adopté à l’unanimité une résolution dans laquelle ils condamnent le démantèlement radical prévu à La Poste et exigent de cette dernière qu’elle présente une stratégie qui comporte une vision de l’office de poste du futur. Un démantèlement et des externalisations ne sont ni innovants ni tournés vers l’avenir. Si La Poste n’est pas capable de proposer une telle stratégie, il appartient aux responsables politiques de définir le service public. D’ici là, syndicom exige un moratoire.

tue un affront à l’égard des employé·e·s de La Poste » dénonce la résolution. syndicom exige de La Poste qu’elle développe l’office de poste du futur en collaboration avec le personnel. Il est exclu que La Poste mette à mal la rentabilité des offices de poste en exerçant sur eux une paralysie forcée et en pratiquant des tours de passe-passe comptables et qu’elle se serve ensuite de ce prétexte pour fermer des offices de poste.

Lut te contre le démantèlement en cours

Le syndicat est conscient que l’évolution numérique ne modifie pas uniquement les besoins des client·e·s, que ce soit à La Poste ou ailleurs. C’est pour cela que la numérisation du monde du travail et de la société a été le thème principal de l’AD. Après un exposé de l’historienne Monika Dommann, les membres du syndicat ont débattu des 13 thèses sur la numérisation développées par syndicom pour relever les défis à venir. Les affaires statutaires ont toutes été traitées auparavant. Les délégué·e·s ont confirmé dans leurs fonctions les membres de l’organe de conduite stratégique et du comité central. Ils ont élu trois nouveaux représentant·e·s au comité central en remplacement des membres sortants. Il s’agit d’Ingrid Kaufmann (GI Femmes), Augustin Mukamba (GI Migration) et Nelson Vez (secteur Logistique).

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L’Assemblée des délégué·e·s a également pris connaissance de la nomination par le comité central de Daniel Münger comme candidat à la présidence de syndicom. L’élection se fera par le Congrès en PHOTO DAVID ROTH

« De 2016, je garderai en mémoire la super-manif AVSplus. »

La numérisation, sujet clé pour notre avenir

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Pour affermir la lutte syndicale contre le démantèlement du service public, les délégué·e·s ont décidé de mettre à disposition l’argent du fonds d’action. Les milieux politiques doivent aussi saisir la discussion soulevée par La Poste et prendre position. « D’autant plus que La Poste a déjà annoncé les prochaines mesures de démantèlement, qui concernent l’ensemble du groupe ! » souligne-t-on dans la résolution. « Mme  Ruoff prétend n’avoir aucune influence sur les conditions de travail pratiquées dans les agences. Voilà qui est un peu facile, puisqu’elle peut parfaitement peser sur les conditions de travail à travers le choix des partenaires », rappellent les délégué·e·s. « Toute autre démarche revient à contourner consciemment la convention collective de travail et consti-

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A Berne, lors de l’AD du 26 novembre, près de 200 représentant·e·s des organes syndicaux de syndicom ont décidé – à l’unanimité – de renforcer l’opposition au démantèlement du service public. L’attention immédiate est focalisée sur la fermeture annoncée de jusqu’à 600 offices de poste et la suppression de quelque 1200 emplois à La Poste. Nina Scheu

Christel Terraux, coprésidente section Fribourg « A syndicom, nous croyons à la valeur du travail et à la dignité des travailleurs. » José Manuel Feiro Farina, président de la section Tessin

novembre 2017. Daniel Münger est responsable du secteur « Poste et logistique » et membre du comité directeur de syndicom.

Infos, photos et résolution sur syndicom.ch

« Grâce à l’engagement des concerné·e·s, nous avons pu éviter une augmentation des heures de travail dans la librairie. » Tristan Pfaffen, libraire et membre de la commission de gestion


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