syndicom - le journal

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N° 12 18.12.2015

le journal

www.syndicom.ch Le syndicat des médias et de la communication

AZB 3001 Bern Les changements d’adresse sont à signaler à : syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, case postale 6336, 3001 Berne

dossier dématérialisation # 5

« Ubérisation » du monde du travail : économie de partage ou recul pour les droits ? page 3

logistique

syndicom et Transfair signent la première CCT pour la branche privée Poste page 5

livre

Librairie du Boulevard : 40 ans que l’autogestion fonctionne à Genève ! page 7

arts graphiques

Le nouveau CCT de l’industrie graphique approuvé !

PHOTO MARGARETA SOMMER

Le soulagement était sensible. À une majorité convaincante de 97 %, les salarié·e·s des syndicats syndicom et syna ont approuvé le résultat des négociations sur un nouveau contrat collectif de travail (CCT). Il entrera en vigueur le 1er janvier déjà, et restera valable au moins trois ans. Suite à la page 6

assemblée des délégué·e·s syndicom 2015

Impressions de l’AD

PHOTO PATRICK GUTENBERG

Lors de leur assemblée annuelle à Berne, près de 200 délégué·e·s de syndicom ont décidé de dire Non à l’initiative « Pro Service Public ». Ils ont également critiqué la politique d’externalisation de La Poste et élu Daniel Münger au comité directeur. L’initiative fédérale « Pro Service public » devrait être votée l’été prochain. Malgré son titre accrocheur et la promesse des auteurs de l’initiative, selon laquelle le service public sera renforcé, elle suscite peu d’engouement auprès des délégué·e·s du syndicat issus des domaines Poste, Télécom / IT et Médias. L’année dernière

déjà, l’Assemblée avait adopté une résolution semblable. En vue de la prochaine votation, l’initiative a été discutée une nouvelle fois. Les participant·e·s à l’assemblée ont estimé qu’elle freinerait le développement et la modernisation du service public et aurait des conséquences fatales dans les régions périphériques. Les

délégué·e·s de syndicom ont résolument rejeté l’initiative. La résolution contre l’externalisation du transport des envois postaux adoptée par les délégué·e·s démontre que le syndicat garde un œil critique sur la politique commerciale des entreprises publiques.

suite pages 8-9


2 | Grand angle

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015

série dossier dématérialisation de nos branches # 5

postulat

Nouvelles professions, nouveaux jobs?

mathias reynard exige un rapport sur l’économie numérique

Ursina Jud Huwiler, cheffe du secteur Analyse du marché du travail et politique sociale au Secrétariat d’État à l’économie (Seco), est convaincue que le travail ne manquera pas dans « l’économie numérique ». Toutefois, de nombreuses professions se transformeront dans la plupart des branches. Peter Krebs

Aujourd’hui, les milieux politiques se penchent aussi sur l’économie numérique. Dans un postulat, le conseiller national PS Mathias Reynard demande au Conseil fédéral de présenter un rapport sur les conséquences de l’automatisation. Le gouvernement doit examiner à cet égard quels domaines professionnels sont particulièrement menacés, comment le marché du travail se transforme, mais aussi quelles possibilités d’évolution résultent de la numérisation. D’après Mathias Reynard, il s’agit de prendre en considération les conséquences non seulement purement économiques, mais aussi sociales et économiques : « Que ressent un travailleur lorsqu’il contrôle un scannage derrière un écran au lieu de servir directement son client ? Ce dernier n’a pas forcément d’interaction avec lui. Quelle reconnaissance alors pour le travailleur invisible ? », écrit-il dans le développement de son intervention parlementaire. Il voit dans l’économie numérique un danger possible pour les assurances sociales, car la machine qui produit un service (ou un bien) ne cotise pas et les personnes qui perdent leur emploi risquent de se retrouver à l’assurance chômage et de la solliciter davantage. Dans sa réponse du 28 octobre 2015, le Conseil fédéral s’est déclaré prêt à accepter le postulat et à examiner les questions soulevées, dans le cadre des données disponibles. (pk)

Les robots et les ordinateurs remplacent toujours plus d’activités que nous exerçons. Serons-nous bientôt à court de travail ? Ursina Jud Huwiler (photo) : Je suis

Laissez-moi vous donner un exemple : l’ordinateur personnel a été introduit il y a près de trente ans et les mêmes préoccupations qu’aujourd’hui existaient alors. Depuis, le chômage n’a toutefois pas augmenté en Suisse et l’emploi a même connu une embellie. L’automatisation accrue augmente la productivité et permet aux entreprises de devenir plus compétitives. À cette fin, elles ont besoin de plus de main-d’œuvre qualifiée. Ces dernières années, nous constatons donc une croissance dans les emplois qui exigent un niveau de formation supérieur.

Quelles branches sont particulièrement touchées par l’automatisation et la numérisation ? La numérisation s’emparera de la plupart des branches. Nous savons par exemple que le nombre d’employé·e·s de bureau et de monteurs a reculé ces quinze dernières années en Suisse. Dans le secteur de la finance, Internet jouera un rôle toujours plus important. Comme le montre une grande banque américaine, où un tiers des employé·e·s sont aujourd’hui des informaticiens. Dans la logistique, des dépôts sont déjà dotés d’un système d’exploitation automatique. Et dans le domaine de la santé, il est imaginable que des robots contribuent à la logistique des soins. Nous vivons dans une société en pleine mutation, mais ne pouvons tirer encore aucun bilan définitif.

Dans la vente, on peut suivre à vue d’œil les changements. Toujours plus de clients utilisent la caisse automatique. L’automatisation dans les branches dépendra surtout des intérêts économiques et donc aussi des besoins de la clientèle. Dans le

passé, quand une tâche standard disparaissait dans le secteur des services, les relations avec la clientèle évoluaient vers des activités de conseil. C’est ce qui s’est produit par exemple avec l’introduction des distributeurs de billets de banque. Ce changement pourra aussi toucher les professions de la vente.

peuvent facilement être structurés et élaborés en algorithmes. Par exemple, les conseillers fiscaux ou les agents fiduciaires. Ces analyses doivent toutefois être interprétées avec prudence.

D’après une étude de l’Université d’Oxford, des ordinateurs remplaceront presque la moitié des salarié·e·s aux Etats-Unis dans un avenir proche.

Techniquement, on en est encore bien loin – même si en Suisse aussi des essais ont eu lieu récemment avec des camions sans conducteurs. Nous ignorons toutefois ce que cette évolution signifiera pour l’économie et la population globale, notamment en termes de nouveaux besoins. De plus, le cadre légal devrait être modifié. Les voitures et camions sans conducteurs ne sont pas autorisés aujourd’hui.

Il est très difficile de donner des chiffres fiables à ce sujet. La disparition de professions et la naissance de nouveaux profils n’ont rien de nouveau. Il y a cent cinquante ans, la majorité de la population travaillait dans l’agriculture. Aujourd’hui, ce secteur n’occupe plus que 3 % des personnes actives. Les profils professionnels se modifieront encore et certains métiers risquent de disparaître. D’après certaines études, les activités les plus touchées seront celles où sont traités de gros volumes de données, qui

On entend déjà parler de véhicules sans chauffeurs qui mettront au chômage des conducteurs de bus ou de taxi.

On a l’impression que les transformations sont aujourd’hui plus rapides qu’autrefois. Ce sentiment vient du fait que les tendances se propagent plus rapidement à l’échelle globale et que la mise en réseau permanente favorise la diffusion immédia-

Mis à part les effets positifs sur la productivité qui entraînent un renforcement de la place économique suisse, l’automatisation peut aussi offrir dans certaines circonstances des opportunités pour des branches qui souffrent d’une pénurie de main-d’œuvre spécialisée. En Australie, il manque du personnel qualifié dans la construction. Là-bas, les murs des maisons sont déjà montés à l’aide de robots.

Où la politique doit-elle intervenir ? Les exigences posées aux salarié·e·s évoluent. C’est pourquoi la politique de la formation doit suivre cette évolution. Certaines filières de formation sont remplacées, d’autres sont adaptées aux changements. Le perfectionnement reste donc important. L’État doit offrir de bonnes conditions-cadres, mais il appartient aussi aux salarié·e·s d’utiliser les offres à disposition pour faire face à une société en mutation constante.

Qu’en est-il de la responsabilité des entreprises ? Il est dans leur intérêt de prévoir cette évolution et de prendre des mesures appropriées pour se maintenir sur le marché. Investir dans le savoir-faire du personnel représente une clé importante, qui peut aussi inclure des rationalisations. Car seules des entreprises qui fonctionnent peuvent garantir des emplois durables.

PHOTO PARLAMENT.CH

Cette peur est-elle donc infondée ?

Vous parlez des opportunités de l’automatisation. Où se situent-elles ? PHOTO PATRICK GUTENBERG

convaincue que nous ne manquerons pas de travail. Mais il prendra une forme différente dans certains domaines. Le progrès technique tel que nous le connaissons, avec la numérisation et l’automatisation accrue, n’est pas nouveau en soi. Auparavant, il a aussi été accompagné de bouleversements qui ont fait disparaître des secteurs entiers de l’économie. La peur du chômage et de la fin du travail a existé à chaque révolution technologique. Mais les conséquences pour l’emploi ont finalement toujours été positives.

te des informations. En outre, le rythme de la communication s’est accéléré, notamment avec la substitution des lettres par les e-mails. Notons que par le passé, les changements étaient aussi perçus par la population comme étant très rapides, par exemple lors de l’introduction des métiers à tisser.

Proportion des emplois mis en péril par l’automatisation (par groupes principaux, 2013) Total

48 %

Ouvriers et employés non qualifiés

71%

Opérateurs de machines et d‘installations, monteurs

66%

Artisans et professions apparentées

66 %

Ouvriers qualifiés de l‘agriculture et de la sylviculture

73%

Professions de services et vendeurs

67%

Employés de bureau et professions apparentées

94%

Techniciens et professions de même niveau

43%

Professions académiques

13 %

Cadres (managers et directeurs)

10 %

Sources : Frey et Osborne (The future of employment, 2013), Office fédéral de la statistique et Deloitte (Man and Machine : Robots on the rise ? The impact of automation on the Swiss job market. 2015).

Près d’un emploi sur deux, en moyenne, est automatisable et potentiellement remplaçable par une machine. Selon ce graphique du cabinet Deloitte, qui indique des tendances, les métiers manuels, de production et dans l’agriculture, qui requièrent peu de qualification et un faible niveau d’éducation, sont les plus susceptibles d’être remplacés par l’automatisation. Les services qui demandent des processus répétitifs et standardisables seront particulièrement visés.


Grand angle | 3

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015 série dossier dématérialisation de nos branches # 5

« Ubérisation » du monde du travail Internet permet à de nouveaux acteurs – tels que Uber, Amazon, Airbnb, Ebay, Booking et bien d’autres plateformes numériques – de se positionner sur le marché. S’agit-il d’une avancée qui s’inscrit dans la « Share Economy », cette nouvelle économie de partage ? Assiste-t-on au contraire à une précarisation et à un énorme recul pour les droits des salarié·e·s ? Audrey Sommer * Ces travailleurs dits de la « consommation collaborative » sont-ils des employés, des microfranchisés ou des free-lance ? Selon la réponse, la relation à Uber change. Des chauffeurs californiens ont lancé une class action contre Uber pour se voir reconnaître le statut de salarié. Pas étonnant que la firme dispose de bataillons d’avocats. La technologie évolue bien plus vite que la législation, encore floue face à ces bouleversements. Le point avec Martin Scheidegger, avocat et responsable du service juridique à syndicom.

L’ubérisation du monde du travail est-elle vraiment d’actualité ? Mart in Scheidegger : Certaine-

ment, mais c’est aussi une approche intéressante, notamment pour exploiter des synergies et ménager des ressources. Le modèle ne doit toutefois pas se réaliser au détriment des salarié·e·s. Le monde du travail se transforme au rythme de l’évolution numérique, qui varie selon les branches. Pour le « Uber doit prendre en secteur tertiaire, il charge les cotisations est aisé de recouaux assurances sociales rir à l’ubérisation. De premiers prévues par la loi [...] clones d’Uber sont déjà actifs dans la encore à la traîne. » branche des coursiers. Cette évoluMartin Scheidegger tion, qui modifie les modèles classiques, a pour Selon Gérard Filoche, inspecteur du conséquence que les salarié·e·s travail français, le système Uber est deviennent des entrepreneurs. Du simple : « Pas de salarié·e·s, simple- moins, c’est ce qu’elle veut nous ment des ‹ sujets › qu’on siffle et qui faire croire. roulent au forfait, sans droit, sans salaire, sans horaires, sans dignité Faut-il en avoir peur ? et sans liberté. Plus de code du tra- Non, mais il faut rester vigilant. Il est vail, plus de convention collective, difficile d’évaluer les répercussions plus rien. » « À eux de payer cotisa- de l’ubérisation sur l’économie, en tions sociales, voiture, assurances, particulier sur le monde du traaccidents » ajoute-t-il. vail. Étant donné que les salarié·e·s

PHOTO KEYS TONE

Si les mots « ubériser, ubérisation » n’ont pas encore fait leur entrée dans le dictionnaire, ils ont trouvé leur place sur Wikipédia depuis le début de l’année. Selon l’encyclopédie libre, l’ubérisation, ce néologisme composé du nom de la société californienne Uber, « désigne un modèle de commerce consistant à mettre des ressources à disposition des clients depuis leur smartphone, à tout moment et sans délai ». Parti du marché de l’occasion, le phénomène couvre aujourd’hui toujours plus de biens et surtout de services : des vélos électriques en libre service à l’autopartage, en passant par son propre appartement que l’on peut sous-louer sur la plateforme à succès Airbnb. Les consommateurs y trouvent bien leur compte, mais les travailleurs ? Derrière l’économie de partage tant vantée se cachent des travailleurs à la demande, disponibles sur une plateforme numérique capitaliste.

« uber serait-il au-dessus de la loi ? » Le 30 septembre, date du lancement de leur pétition Interdire Uber («Uber verbieten»), les chauffeurs de taxi bâlois ont manifesté en gare de Bâle. Unia devrait porter l’affaire en justice.

unia contre uber « Nous sommes en lutte ouverte contre Uber », déclare Roman Künzler, responsable tertiaire d’Unia (région Suisse du nord-ouest). Fin septembre, le syndicat était d’ailleurs dans les rues de Bâle aux côtés d’une centaine de chauffeurs de taxi réclamant une égalité de traitement avec ceux de la société Uber. « Nous considérons qu’Uber est un employeur et, à ce titre, devrait payer toutes les prestations sociales et les assurances pour ses employé·e·s. Ce que l’entreprise américaine ne fait pas ! ». Pour Unia, UberPop (ndlr : qui met en relation des clients avec des particuliers) ne serait en rien une plateforme de covoiturage mais une entreprise illégale de taxis. « Tous les chauffeurs d’Uber vont travailler pour gagner de l’argent. Les tarifs sont fixés par Uber, les courses sont transmises par Uber qui dicte le chemin. Leurs prestations sont notées par les clients et Uber peut

ubérisés sont considérés pour ainsi dire comme des entrepreneurs, ils risquent de perdre la protection offerte par les dispositions du droit du travail. Or ils en ont absolument besoin, car ils se trouvent dans un rapport de dépendance envers Uber ou d’autres entreprises semblables. Ces salarié·e·s doivent donc bénéficier de la même protection que des salarié·e·s normaux. Et Uber doit prendre en charge les cotisations aux assurances sociales prévues par la loi. À cet égard, il est important que le législateur suive attentivement cette évolution et adapte les lois en vigueur à la nouvelle situation, le cas échéant.

C’est-à-dire ? Le droit du travail part de l’idée d’une entreprise qui dispose de moyens de production et de locaux, où les employé·e·s travaillent selon un horaire fixe et touchent un salaire à la fin du mois. Le droit du travail actuel est fondé sur ce cadre-là. Mais aujourd’hui – avec le

à tout moment les exclure de leur plate-forme ». Des travailleurs indépendants ? « Même pas. Il n’y a aucun indépendant qui peut vivre en gagnant 10 francs de l’heure. Ils travaillent souvent au noir. Et Uber le sait. » C’est devant la justice que le syndicat devrait prochainement poursuivre sa lutte, « pour contraindre l’entreprise à respecter les règles en vigueur dans la branche et reconnaître son statut d’employeur », précise Roman Künzler. Uber n’est pas la seule entreprise dans le collimateur du syndicat. « L’ubérisation du monde du travail touche tous les services qui ne sont pas liés à un endroit spécifique, les transports, la logistiques, les soins, le nettoyage, par exemple. Ce modèle permet d’économiser énormément de coûts, au détriment des travailleurs. Il faut absolument que les syndicats suivent ces évolutions. » (AS)

télétravail, les horaires décalés, le travail sur appel, etc. – ce modèle vole en éclats. L’ubérisation constitue une étape supplémentaire dans cette direction. Le droit du travail s’est adapté à cette évolution à travers la jurisprudence et la législation, mais il est encore à la traîne.

Quel est le statut de ces travailleurs ? C’est bien là le problème : la question se pose de savoir si ces salarié·e·s peuvent être soumis à l’un des régimes contractuels prévus dans la loi ou si l’on a affaire à des contrats particuliers. Les conséquences qui en résultent ne doivent pas être sous-estimées : par exemple, en cas d’incapacité de travail pour cause de maladie, la question du maintien du paiement du salaire dépend du type de contrat. S’agit-il d’un contrat de travail ou de mandat ? En cas de doute, il appartient aux tribunaux de trancher. Tant que le statut de ces salarié·e·s ne sera pas tiré au clair, un grand flou juridique sub-

sistera. Personnellement, j’aurais tendance à qualifier ces relations contractuelles de travail sur appel qui ne dit pas son nom – donc de relations de travail.

Ne doit-on pas craindre une précarisation de ces travailleurs ? Il appartient au législateur et aux tribunaux d’agir à l’encontre d’une telle évolution. Les salarié·e·s concernés peuvent aussi, avec le soutien des syndicats et de leurs avocats, provoquer des décisions judiciaires qui feront jurisprudence. Par ailleurs, des conventions collectives de travail – et notamment des conventions déclarées de force obligatoire – peuvent mettre un terme à cette évolution. Il est primordial de veiller à la protection des salarié·e·s : si elles ne le font pas d’elles-mêmes, Uber et d’autres entreprises similaires doivent être contraintes de prendre leurs responsabilités.

* Journaliste indépendante


4 | Poste

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015 la PosTE ExTErnalisE

CCT KEP&Mail

Première CCT Les chauffeurs pour la branche privée Poste seront réaffectés L’association suisse des prestataires privés de services postaux (KEP & Mail) a signé fin novembre avec les syndicats syndicom et transfair la première convention collective de travail (CCT) pour la branche privée Poste. Elle entre en vigueur le 1er juillet et s’applique à près de 3000 employé·e·s en Suisse.

« La CCT de branche représente une première étape importante vers la réglementation des conditions de travail dans une branche très hétérogène. Elle sert de base pour la sauvegarde des intérêts de tous les employé·e·s dans la branche. » Daniel Münger (tout à g.), responsable du secteur Logistique de syndicom « On peut se démarquer de ses concurrents non seulement dans la gestion des coûts et des prestations, mais aussi par une CCT. Des négociations intensives, menées de manière systématique dans un climat de confiance, ont abouti à la conclusion de cette CCT. Il en résulte une situation triplement gagnante : pour les salarié·e·s, pour les employeurs et pour les syndicats. » René Fürst (2e depuis la g.), responsable de branche Poste / Logistique, transfair « La CCT est le plus grand projet commun que l’association KEP & Mail a réalisé jusqu’à présent. Nous sommes fiers de devenir la référence pour d’autres acteurs du marché avec ces bonnes conditions de travail. » Peter Sutterlüti (3e depuis la g.), président de KEP & Mail

PHOTO SUSANNE OEHLER

iMPrEssions sur la nouvEllE CCT

PHOTO PETER CHRIS TENSEN

Les entreprises principales de la branche, telles que Quickmail ou les succursales suisses de groupes internationaux comme DHL, DPD, FedEx et TNT sont affiliées à l’association KEP & Mail. Ces entreprises exploitent dans toutes les régions de la Suisse plus de 500 points d’accès, transportent chaque année 50 millions de colis et 60 millions de lettres, et emploient ensemble près de 3000 employé·e·s en Suisse, qui bénéficieront de la nouvelle CCT. En octobre 2012, l’association KEP & Mail a mené les premières discussions sur une CCT avec les syndicats syndicom et transfair. Thomas Geiser, professeur de droit privé et commercial à l’Université de SaintGall, a accompagné les négociations avec professionnalisme. La semaine dernière, les partenaires sociaux ont signé la nouvelle CCT. La CCT règle les domaines essentiels, comme le temps de travail, les salaires, les allocations et d’autres dispositions contractuelles, qui seront reprises au premier semestre 2016 dans les contrats individuels de travail des employé·e·s. De plus, les partenaires sociaux se sont entendus pour que les conditions de travail soient réglementées dans toute la branche sur la base de la nouvelle CCT. Ils souhaitent obtenir une CCT déclarée de force obligatoire, valable tant pour les prestataires privés de services postaux que pour La Poste Suisse et ses filiales. (syndicom)

La flotte de camions de La Poste sera définitivement externalisée. Malgré la forte résistance des chauffeurs et de syndicom (comme à Bienne, photo), La Poste maintient sa décision prise en septembre dernier. Deux rondes de discussion sont prévues entre La Poste, syndicom et l’association du personnel transfair pour concrétiser la mise en œuvre du plan social. La Poste proposera un emploi acceptable à tous les conducteurs de camions concernés. Les employés de plus de 55 ans avec plus de vingt ans de service continueront à être occupés au sein du groupe. Le plan social existant sera par ailleurs mis en œuvre et un fonds sera créé pour les cas de rigueur. Des entretiens individuels avec les employés se dérouleront dès le mois de janvier, auxquels pourront être conviés des personnes de confiance ou des secrétaires syndicaux. Au cours d’une assemblée organisée par syndicom le 5 décembre

dernier à Olten, les conducteurs de camions ont accepté ces mesures complémentaires au plan social. Ils ont toutefois rappelé leur opposition à l’externalisation, déplorant la perte de savoir-faire et la baisse de qualité induite sur les prestations de transport. Ils ont rappelé que La Poste a de grandes difficultés à garantir les conditions de travail usuelles dans la branche et des salaires équitables dans les entreprises sous-traitantes. Les chauffeurs renoncent néanmoins à toute autre mesure de lutte et ont approuvé le principe d’un accord en ce sens. Cet accord se concrétisera le 17 décembre (hors de notre délai rédactionnel). La résistance des conducteurs n’a pas été vaine. Elle a montré que le personnel de La Poste est prêt à se battre contre des externalisations qui auraient pour seul but la recherche du profit. C’est un signal important à l’égard de La Poste.

Bruno Schmucki

DaniEl MüngEr à l’inTErviEw

Le syndicat doit jouer un rôle actif Lors de l’assemblée des délégué·e·s (voir pp. 8-9), Daniel Münger a été élu nouveau responsable du secteur Logistique. Nous lui avons posé quelques questions sur sa nouvelle fonction. Bruno Schmucki

ment plus hétérogène et repose sur une structure plus large. C’est pourquoi les problèmes doivent être abordés différemment. Nos membres à PostFinance, par exemple, ont d’autres besoins et priorités que les collègues chez DHL ou Presto.

Et quels thèmes sont identiques ? En fin de compte, ce sont toujours les questions autour des conditions de travail et de salaire qui sont au centre. Là-dessus, nous nous retrouvons tous. Tous les salarié·e·s de notre secteur ont aussi des intérêts communs quant à la sécurité des

institutions de prévoyance, la réduction du stress sur le lieu de travail et la numérisation croissante du monde du travail.

bio ExPrEss

Quels sont pour toi les plus grands défis pour syndicom dans ton domaine ? Actuellement, le franc fort met la branche logistique en difficulté. Cette situation a des conséquences visibles. Les entreprises rationalisent, externalisent et suppriment des emplois. De plus, la numérisation et l’automatisation nous placent face à des gros défis. Le progrès technologique ne peut pas être ralenti et transforme la branche à un rythme effréné. Les syndicats doivent assumer un rôle actif au côté des employé·e·s concernés, afin que ce bouleversement s’accomplisse de manière socialement supportable.

PHOTO PATRICK GUTENBERG

Il y a quelques mois, tu es passé du secteur Télécom / IT au secteur Logistique. Quelles différences constates-tu entre les branches ? DaniEl MüngEr : La logistique est nette-

Daniel Münger (54 ans) a fait un apprentissage de serrurier-ferblantier. Il a suivi une formation complémentaire en tant que technicien en télécommunication / contremaître. Puis il a parfait sa formation à l’Université. Depuis 1996, il a travaillé dans différentes fonctions au sein du mouvement syndical. Il a occupé en dernier la fonction de secrétaire central au secteur Télécom / IT de syndicom, où il a été en charge des centres d’appels et de contact, de la construction de réseau et des CCT. Outre son activité syndicale, il s’est aussi engagé politiquement et a siégé plus de dix ans au Grand conseil de Bâle Campagne.


Telecom / médias | 5

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015 Call CEnTErs

Semaine d’action contre les formes précaires de travail Du 19 au 23 octobre, comme chaque année depuis dix ans, notre fédération syndicale internationale, UNI Global Union, a coordonné une semaine d’action internationale dans les centres de contact. À cette occasion, les syndicats abordent un sujet actuel avec les employé·e·s. Cette année, ils ont présenté des revendications contre les formes précaires de travail, comme le travail temporaire ou le travail à temps

partiel. syndicom a participé à cette action au centre de contact TELAG AG à Zurich. Les représentant·e·s du syndicat ont ainsi pu discuter avec les salarié·e·s de leur situation de travail et les informer sur la convention collective de travail de la branche des centres d’appels et de contact. Grâce à cette CCT entrée en vigueur en septembre 2014, de premiers centres de contact disposent désormais de condi-

tions de travail réglées, qui doivent protéger l’ensemble des travailleurs et travailleuses. syndicom prévoit de négocier dans les mois à venir avec les associations patronales pour que cette CCT de branche soit déclarée de force obligatoire générale. Elle permettra ainsi de réglementer les conditions de travail de toute la branche des centres de contact. (DHU)

250 liCEnCiEMEnTs annonCés

Mobilisation à la RTS

révision DE l’orDonnanCE rElaTivE à la loi sur la raDio ET la Télévision : PrisE DE PosiTion DE synDiCoM

Des membres du personnel de la RTS se sont rassemblés le 24 novembre à Genève et à Lausanne pour exprimer leur crainte après l’annonce de 250 postes supprimés à la SSR. lisation des employés, alors qu’il s’agissait d’une première prise de température après l’annonce, par la direction de la SSR, de son programme d’économies. Les employés ont adopté un manifeste dans lequel ils rappellent que « le personnel de la SSR est le capital le plus précieux de l’entreprise ». Qu’il est le gage de la qualité des émissions proposées et que son indépendance est essentielle pour assurer sa mission de service public. La lutte tourne autour de la défense du service public, a ajouté sa collègue Valérie Perrin.

Malgré plus de 400 propositions d’économies faites par le syndicat et le personnel dans le but de sauver des emplois, la SSR a maintenu son objectif initial de 250 suppressions de postes. Autant dire que la procédure de consultation n’a été qu’un alibi. Les employés de la RTS ne disposent pas de moyens de lutte étendus pour faire plier la SSR. « Il existe chez nous une paix du travail intégrale », a rappelé M. Knöpfel. La grève ne peut ainsi être envisagée. Les employés ont néanmoins quelques idées pour manifester leur colère et leur inquiétude, a relevé Mme Perrin. (YS)

PHOTO SSM

La suppression annoncée de 250 postes à la SSR, environ 5 % de ses effectifs au niveau national, et les coupes de programme ont suscité une profonde vague d’inquiétude auprès du personnel de la RTS. À Genève, entre 20 et 37 collaborateurs de la RTS sont menacés de licenciement et entre 20 et 30 employés seront mis à la retraite anticipée. A la télévision, à Genève, 300 personnes se sont rassemblées le 24 novembre à l’appel du Syndicat suisse des mass media (SSM), et ont indiqué être prêtes à se défendre. Au même moment, une centaine de personnes se rassemblaient à la radio à Lausanne (photo). À Lausanne comme à Genève, les protestataires portaient des masques blancs et un badge affichant un citron pressé. Ils luttent contre le plan de licenciement collectif annoncé le 6 octobre par la SSR, qui doit économiser 40 millions par année. Ce programme d’économies est la conséquence de l’arrêt du Tribunal fédéral sur la TVA et de l’augmentation de la part de la redevance dévolue aux radios et télévisions régionales. À l’unanimité, les personnes rassemblées ont mandaté le syndicat pour durcir le mouvement en cas de licenciement économique, a fait savoir Willy Knoepfel, secrétaire du SSM à Genève. Le syndicaliste s’est déclaré très satisfait de la mobi-

frais DE rEPas ChEz swissCoM

Dans sa position actuelle, syndicom soutient en grande partie la révision proposée de l’ordonnance relative à la loi sur la radio et la télévision (ORTV). En 2012, il avait déjà approuvé le changement de système entraînant le passage à une redevance des ménages et s’était engagé pour un Oui dans le cadre de la votation sur la révision de la loi sur la radio et la télévision (LRTV). Concernant certaines dispositions, le syndicat exprime toutefois des remarques critiques et formule de nouvelles propositions. • syndicom salue qu’une partie du surplus de la redevance soit investie dans la formation et le perfectionnement. En plus des cours dispensés par les prestataires de formation (écoles), il s’agit de pouvoir soutenir aussi les cours d’organisations suisses à but non lucratif dispensés dans le domaine journalistique. • Il faut en outre garantir que les employeurs accordent du temps à leurs employé·e·s pour fréquenter des cours de perfectionnement durant leur temps de travail. À cette fin, il faut prévoir un droit minimum annuel à un congé de formation équivalent à au moins une semaine de travail. La réponse complète de la consultation est disponible sous www.syndicom.ch/ RTVV (syndicom)

loCal.Ch

Swisscom ne voulait pas indemniser les frais de repas Négociation salariale Le travail mobile a la cote. Pour Suisse ont droit à une indemnité repas doit être considérée aussi devant le tribunal arbitral les entreprises, il va de pair avec la flexibilisation du travail. Pour les salarié·e·s, il permet de concilier le travail avec d’autres domaines de la vie. Et pour la société, les déplacements sont mieux répartis sur la journée si le travail mobile continue à s’étendre. Tout cela est très bien. Mais en tant que syndicat, notre rôle est d’intervenir lorsque le travail mobile viole la loi ou les CCT en vigueur. C’était le cas concernant les frais de repas chez Swisscom : tous les salarié·e·s en

pour le repas de midi lorsqu’ils travaillent en dehors de leur lieu de travail contractuel.

sous cet angle. Quoiqu’il en soit, il n’y a pas matière à discussion quand la loi est claire.

TEnTaTivE DE ConTournEr la loi

synDiCoM inTErviEnT avEC suCCès

Or Swisscom voulait contourner la loi, sous prétexte que manger à la cantine Swisscom habituelle ou dans une autre cantine Swisscom ne faisait aucune différence. Or travailler en-dehors de son lieu de travail habituel comporte des désagréments. L’obligation de rembourser les frais de

Sur l’intervention tenace de syndicom, Swisscom s’est finalement rallié à ce point de vue. Désormais, les frais pour les repas de midi sont de nouveau remboursés sans discussion aux employé·e·s qui doivent travailler en dehors de leur lieu de travail ordinaire. (FS)

Local.ch est en bonne santé : l’entreprise, qui a repris search. ch, après une fusion acceptée en mars, jouit d’une excellente position sur le marché. La marche des affaires est également satisfaisante. Pourtant, local.ch (qui appartient à 69 % à Swisscom et à 31 % à Tamedia) ne veut pas entendre parler d’une augmentation générale des salaires. syndicom n’est pas systématiquement opposé à des primes spéciales pour récompenser d’excellentes

prestations. Mais d’un point de vue d’économie publique, des augmentations de salaire générales sont indispensables. Car c’est la seule manière de contribuer à la prospérité de la société et d’éviter que les écarts salariaux ne se creusent davantage. Pour cette raison, le comité d’entreprise local.ch de syndicom a décidé de demander l’intervention du tribunal arbitral. La décision du tribunal est attendue en décembre ou janvier. (FS)


6 | Médias

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015

PHOTOS MARGARETA SOMMER

CCT indusTrie graphique

OUI au CCT de l’imprimerie Le 5 décembre, à Berne, les travailleurs de l’industrie graphique membres de syndicom et de syna ont accepté à 97 % le résultat des négociations du nouveau contrat collectif de travail (CCT), qui entrera en vigueur le 1er janvier 2016 et durera au moins trois ans. Les négociations se sont déroulées dans un climat économique difficile pour cette branche, et qui dure depuis des années. La décision catastrophique de la Banque nationale suisse – le 15 janvier 2015 – a accentué les problèmes de la branche. Malgré ce contexte défavorable, les syn-

La menace d’un vide contractuel qui aurait eu des conséquences graves a pu être évitée.

dicats ont pu défendre les conditions de travail et éviter la diminution des suppléments pour le travail de nuit. Les salaires minimaux pour le personnel qualifié et non qualifié, que viscom voulait éliminer en partie, restent inchangés dans le CCT. La durée ordinaire du travail fixée à 40 heures par semaine est maintenue.

La première dFO dans L’hisTOire de L’indusTrie suisse Le démantèlement préconisé par viscom n’a pas eu lieu. Par exemple, viscom voulait baisser le paiement du salaire en cas de maladie de 100 % à 80 % du salaire net et introduire un article de crise qui aurait libéré les entreprise du respect du CCT pour une période de vingt-quatre mois. De plus, la demande de déclaration de force obligatoire (DFO) du CCT sera soumise au SECO le plus vite possible. Ce serait la première DFO dans l’histoire de l’industrie suisse. Comme c’est déjà le cas pour les imprimeries de labeurs, les imprimeries de journaux auront elles aussi – dès 2016 – la possibilité de passer à 42 heures par semaine, ce qui n’était pas prévu par le CCT actuel. Mais ces changements ne seront possibles

qu’avec un accord écrit entre la direction et la commission du personnel ou le personnel concerné. L’indemnité de repas et l’allocation complémentaire pour la pause seront intégrés dans le salaire de base de ceux qui en bénéficient aujourd’hui mais ne figureront plus dans le nouveau CCT. Pour ceux qui travaillent en équipe et de nuit, la pause fait partie du temps de travail.

Vide COnTraCTueL éViTé Pour arriver à ce résultat, les syndicats ont certes dû renoncer à leur revendication d’une retraite anticipée. Mais, malgré cela, les syndicats sont contents d’avoir abouti à ce résultat. La menace d’un vide contractuel, qui aurait eu des conséquences graves pour les travailleurs comme pour les entreprises, a ainsi pu être évitée. syndicom et syna sont d’avis que les difficultés de la branche ne peuvent pas être résolues ou réglées en jetant le CCT à la poubelle. (syndicom)

Le résuLTaT en breF: • Pas de nouvelle réduction des suppléments pour le travail de nuit Le travail de nuit n’est pas gratuit. Une éventuelle compensation des suppléments au niveau du CCT actuel « doit » être faite pour les imprimeries de journaux et « peut » être faite pour les imprimeries de labeurs. • Les salaires minimaux pour le personnel qualifié et non qualifié restent inchangés dans le CCT. Le dumping salarial est évité, en particulier dans les régions périphériques. • La semaine de 40 heures est maintenue. L’introduction éventuelle des 42 heures ne pourra intervenir que sur accord écrit. • Le CCT est valable trois ans. • Le CCT sera déclaré de force obligatoire. Ainsi les employé·e·s qui aujourd’hui ne sont pas soumis au CCT pourront bénéficier des mêmes conditions de travail.


Médias | 7

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015 uTOpie COnCrèTe

Librairie du Boulevard : 40 ans d’autogestion Face aux géants du livre, il est des « petites » librairies indépendantes qui résistent et qui s’affirment. Depuis quarante ans, la Librairie du Boulevard à Genève tient bon. Utopie anarchiste des années septante, elle revendique un système autogéré et propose des ouvrages alternatifs, loin de la littérature « facile ». Très politisée à l’origine, la librairie est toujours très engagée mais s’est davantage professionnalisée. En bref, elle a su garder son esprit tout en s’adaptant aux exigences du monde du livre. Tout commence au début des années septante. Inspiré par des projets alternatifs lors d’un voyage en Amérique du Sud, un couple décide de reprendre un kiosque au boulevard GeorgesFavon afin d’y proposer une presse alternative. Petit à petit, ce kiosque anarchiste autogéré devient en 1975 « Le Kiosque du Boulevard », une librairie fondée sur la base d’une coopérative. En 1999, après plusieurs déménagements, la Librairie du Boulevard s’installera définitivement à la rue de Carouge 34. En 2012, la dernière cofondatrice part à la retraite et laisse la librairie aux mains d’un collectif constitué de six membres. Anne Dürr en fait partie depuis treize ans. « En quarante ans, l’esprit est resté le même mais notre démarche est beaucoup moins politisée qu’à l’époque. Aujourd’hui, on recherche d’abord du personnel formé. Avant, c’était l’engagement politique qui primait. »

L’auTOgesTiOn, C’esT quOi ? Ce qui différencie la Librairie du Boulevard des librairies traditionnelles, c’est son mode de fonctionnement, à savoir l’autogestion. Concrètement, cela veut dire que les employés de la coopérative ont tous le même statut, le même salaire horaire, les mêmes responsabilités et que toutes les décisions sont prises

PHOTOS THIERR Y PORCHET

À Genève, la Librairie du Boulevard est le fruit des utopies anarchistes des années septante. Aujourd’hui, l’esprit est conservé : autogérée, cette librairie indépendante revendique depuis 1975 un mode de fonctionnement juste et équitable. Elle essaie tant bien que mal de se démarquer pour faire face à la concurrence et au numérique. Reportage. Manon Todesco *

La Librairie du Boulevard, située à la rue de Carouge 34 à Genève, dispose d’un stock de plus de 20 000 livres. Depuis quarante ans, elle revendique l’autogestion, un système alternatif qui a su faire ses preuves. Elle est spécialisée en sciences humaines et en littérature jeunesse.

collectivement. « Nous avons une réunion tous les lundis lors de laquelle nous discutons de tout », explique Anne Dürr. « Cela va des auteurs que nous invitons aux horaires de travail, en passant par le choix du papier cadeau. Nous ne prenons jamais d’initiative individuelle. » Les six employés, secondés par deux apprentis, travaillent tous entre 60 et 80 %, afin que personne ne puisse – même contre son gré – prendre l’ascendant sur les autres. « On sait tous tout faire ! On se partage les tâches comptables et cela fonctionne très bien ! » Le salaire horaire brut s’élève à 27.10 francs, vacances comprises. « C’est un bon salaire pour un libraire, mais un mauvais salaire pour un cadre », nuance Anne Dürr. Cette dernière ne voit que du positif dans l’autogestion. « Il y a une justice, une équité entre les employés. On a beaucoup plus de libertés, de responsabilités, et du coup, on est davantage impli-

qués car on prend les décisions ensemble. » Aucun chef venu d’en haut pour dicter une ligne de conduite, donc. « Nos décisions sont des consensus, alors parfois ça avance lentement, mais au final, tout le monde est d’accord. » Selon les membres de la Librairie du Boulevard ce système, qui revendique la justice entre les travailleurs, l’engagement personnel et le bienêtre au travail, devrait être plus souvent appliqué. « Nous voulons montrer que depuis quarante ans, l’autogestion est un mode de fonctionnement qui fonctionne et qui est viable. Cela prouve que même dans notre monde capitaliste, on peut proposer des alternatives et survivre. »

Librairie spéCiaLisée En tant que librairie de gauche indépendante, la Librairie du Boulevard se démarque aussi par sa sélection et ses invités. « Nous ne sommes pas une librairie lit-

A lire : Michel Schweri, La Réunion du Lundi. De l’autogestion appliquée à la Librairie du Boulevard, Ed. des Sauvages, 110 pages, avec un CD audio, 50 fr.

La librairie est aussi un lieu de rencontre et d’échanges où les clients aiment flâner. Une littérature engagée y est proposée.

téraire, nos choix sont assez politiques. On propose plutôt une littérature engagée. » Comprenez : ici, pas de saga 50 nuances de Grey et autres Marc Lévy mais un choix d’ouvrages qui colle à l’identité du lieu. Ses spécialités ? Les sciences humaines (sociologie, économie, anarchisme, situationnisme, écologie, genre…), les alternatives (utopie, désobéissance spatiale…) et la littérature jeunesse. Evidemment, n’importe quel titre peut être commandé, même s’il n’est pas en stock. « Nous proposons aussi de la littérature dite facile car il faut bien survivre », ajoute Anne Dürr. Pour guider les clients fidèles, mais aussi les moins habitués, les membres du collectif affichent leurs livres « coup de cœur », en vitrine mais aussi sur leur site Internet.

surViVre à La COnCurrenCe Reste une ombre au tableau, et pas des moindres. La question de la survie des libraires indépen-

dants face à la concurrence des géants du livre et d’Amazon est un vrai enjeu. « Chaque année on se demande si on va y arriver, c’est dur économiquement. » Et Anne Dürr de rappeler le rejet de la Loi sur le prix unique en Suisse, qui n’a fait qu’enfoncer le clou. Mais la Librairie du Boulevard retrousse ses manches. « Certes, les contraintes économiques et le cours de l’euro ont eu de grosses répercussions sur nos ventes, mais il est aussi vrai que de plus en plus de gens se rendent compte des conditions de travail chez Amazon et retournent chez les libraires, qui, eux, offrent un conseil et un espace d’échanges culturels et politiques. Nos clients nous font confiance. » A l’ère du numérique, la Librairie du Boulevard a aussi pris les devants et est membre de la plateforme suisse e-readers. « On est présents mais ce n’est pas ça qui nous rapporte de l’argent. On a entamé cette démarche pour montrer qu’il y avait d’autres alternatives à Amazon. En fait, on ne pense pas que le numérique remplacera le papier : les deux supports sont utilisés en parallèle. Le vrai problème, c’est que les gens n’ont plus le temps de lire. » Le bilan de ces quarante ans sera donc succinct. « L’autogestion, ça fonctionne ! » résume Anne Dürr, en insistant sur le fait que rien n’est figé, que tout peut évoluer avec le temps et les personnes. « C’est grâce à cette dynamique que nous perdurons. »

* Extrait d’un article paru dans L’Événement syndical du 16 septembre 2015

Libr air ie du Boule v ard 34 rue de Carouge à Genève http://librairieduboulevard.ch


8 | Assemblée des délégué·e·s

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015

AD synDicom 2015

PHOTOS PATRICK GUTENBERG

Questions à QuAtre DéléGué·e·s

« Les acquis ne sont pas arrivés par miracle »

« Il y a quinze ans, nous avions encore une CCT »

« Mes collègues ne se renseignent pas trop »

michel Guillot, DéléGué Poste, teAm leADer en Distribution let tres

sinA bühler, DéléGuée Presse, journAliste free-lAnce

PAscAl Wicht, DéléGué télécom, locAlisAteur cAblex

As-tu déjà eu recours au syndicat ?

Pourquoi t’es-tu syndiquée ?

As-tu déjà eu recours au syndicat ? Oui, car j’ai eu de grosses difficultés avec ma hiérarchie sur ma place de travail. Et, grâce à l’intervention du syndicat, j’ai la chance de toujours pouvoir travailler !

Pourquoi es-tu syndiqué ? Dès mon arrivée à La Poste, j’ai été pris en main par les anciens et je me suis inscrit à la commission du personnel, ce qui parfois m’a valu les foudres de mon patron. Et par solidarité, car c’est essentiel, et on doit apprendre à se défendre. Les acquis ne sont pas arrivés par miracle mais parce qu’il y a des gens qui ont toujours lutté. C’est en ce sens que je m’investis.

Y a-t-il eu beaucoup de changement dans ta branche ces dernières années ? Oui, très importants. Au niveau de la distribution des lettres, on a eu la mécanisation du traitement des envois. Ce qui fait qu’on a une grande partie de notre métier de préparation qui a disparu, absorbé par les machines, sans nous laisser plus de temps pour les tournées.

PHOTOS YVES SANCEY

PHOTO PATRICK GUTENBERG

Impressions de l’Assemblée des délégué·e·s (suite de la page 1)

Est-ce facile de parler du syndicat sur ton lieu de travail et de convaincre des collègues de se syndiquer ?

Au début, c’était par solidarité avec mes collègues. Je travaillais pour la WochenZeitung (WoZ), et les journalistes de la WoZ sont propriétaires de leur journal.

Y a-t-il eu beaucoup de changement dans ton métier ?

Je pense qu’une majorité de nos collègues n’ont jamais entendu parlé de syndicat. Plus par ignorance que par mauvaise volonté. Nous sommes stressés au travail et nous n’avons plus le temps, ne serait-ce que de prendre un café pour discuter avec un collègue. C’est la principale difficulté. Si on trouve le temps, on arrive à syndiquer.

Oui énormément. Il y a quatorze ans, quand j’ai commencé à travailler, il y avait une CCT des médias qui a été supprimée en Suisse alémanique. Les conditions de travail se sont massivement détériorées. Les salaires ont chuté, le temps de travail a augmenté, beaucoup de gens ont été virés et des postes ont été supprimés.

Ce n’est pas ta première AD, quelles sont tes impressions de la matinée ?

Est-ce facile de parler du syndicat sur ton lieu de travail et de convaincre des collègues de se syndiquer ?

Mitigées ! Notre syndicat rencontre des problèmes et j’ai l’impression que la direction n’a pas la capacité de se remettre en question. Et cela, c’est inquiétant. On ne peut pas simplement faire l’autruche en mettant la tête dans le sable.

C’est facile de leur parler du syndicat mais difficile des les convaincre de se syndiquer ! Pour cela, j‘évoque surtout les changements liés à la suppression de la CCT et les conditions de travail, bien meilleures auparavant. Je leur parle avant tout de solidarité. Tout seul, on n‘obtient rien. Si on n‘est pas ensemble, unis, on n‘avance pas.

Oui, notamment pour mes heures supplémentaires. Et le syndicat m’a bien encadré.

Pourquoi es-tu syndiqué ? Sont-ils réceptifs à ce message syndical ? C’est assez difficile. Mes collègues directs s’intéressent à la politique, donc ça va mieux. Ailleurs, peu de journalistes s’intéressent à leurs propres conditions de travail. Ils préfèrent parler des autres.

Principalement pour une convention collective (CCT) qui définisse correctement les relations entre le patron et l’ouvrier.

Y a-t-il eu beaucoup de changement dans ta branche ces dernières années ? Oui, mais par le biais de la CCT, nous avons toujours pu discuter et négocier les changements.

Est-ce facile de parler du syndicat sur ton lieu de travail ? Je fais partie de la commission du personnel et je dois constater que la direction est très ouverte au syndicat. Mais beaucoup de mes collègues ne se renseignent pas trop. Toutefois, quand on parle du syndicat, les personnes adhèrent relativement facilement.

Quelles sont tes impressions de la matinée ? C’est ma deuxième AD et je trouve ça très bien. Chaque année je cerne mieux les enjeux.


Assemblée des délégué·e·s | 9

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015

soutien Aux chAuffeurs PostAux La Poste a les moyens de continuer à transporter elle-même ses colis, journaux et lettres. Ses bénéfices se chiffrent en millions de francs et le transport postal n’est pas déficitaire. Les délégué·e·s de syndicom soutiennent par conséquent la résistance des conducteurs de La Poste à l’externalisation de leurs emplois et critiquent les conditions de travail dans les entreprises sous-traitantes qui circulent pour La Poste.

lA bAnQue nAtionAle suisse comme lA curie PAPAle Dans son discours, l’invité Corrado Pardini, conseiller national et responsable du secteur Industrie chez Unia, a analysé les perspectives de l’économie et de l’emploi en Suisse après l’abandon du taux plancher. « Il faut de toute urgence former une alliance pour une nouvelle politique monétaire », a-t-il martelé. « La Banque nationale suisse fonctionne comme la curie papale et négocie à huis clos. Elle se protège des voix critiques. Or la politique du franc fort conduit à la désindustrialisation de la Suisse. Il faut débattre et venir avec nos exigences », a-t-il ajouté. Les partenaires sociaux doivent s’allier contre la désindustrialisation et s’atteler à la sauvegarde du marché du travail suisse.

nouveAu membre Du comité Directeur Parmi les affaires statutaires figurait notamment l’élection d’un nouveau membre du comité directeur. Sur proposition des branches, les délégué·e·s ont élu l’actuel secrétaire central Daniel Münger (54 ans) comme nouveau responsable du secteur Logistique. Daniel Münger possède une vaste expérience syndicale et politique. Il succède à Fritz Gurtner, qui a exercé cette fonction pendant plus de dix ans. (syndicom)

Vous trouverez toutes les photos, tous les portraits et la liste détaillée des décisions de l’AD sur notre site Web.

« Faire quelque chose pour la formation professionnelle » PHOTO PATRICK GUTENBERG

stéPhAnie PruDhomme, PolyGrAPhe-tyPoGrAPhe enseiGnAnte à l’erAcom As-tu déjà eu recours au syndicat ? Oui, à deux reprises, lors de conflits dans le cadre du travail.

Pourquoi es-tu syndiquée ? Dans la branche graphique, c’était quelque chose de reconnu. Puis je suis restée syndiquée par conviction personnelle. C’est un moyen de rester solidaires les uns des autres.

Y a-t-il eu beaucoup de changement dans ta branche ces dernières années ? Énormément. La branche est sinistrée.

Le syndicat peut-il faire quelque chose là contre ? J’ai compris aujourd’hui à cette AD que nous ne pouvons pas faire grand-chose. Mais si nous pouvons faire quelque chose qui me tient particulièrement à cœur pour la Suisse romande, c’est pour la formation professionnelle en cours d’emploi, qui est complètement abandonnée chez nous et qui ne laisse plus aucune porte ouverte aux employé·e·s ayant obtenu un CFC pour se qualifier par la suite. Ces formations de type brevet fédéral ont presque toutes disparu. Et personne ne fait rien.

Est-ce facile de parler du syndicat sur ton lieu de travail et de convaincre des collègues de se syndiquer ? Cela reste un sujet relativement tabou. En plus nous ne devons pas faire de politique à l’école.

C’était ta première AD, quelles sont tes impressions de la matinée ? Compte tenu de ce que j’ai entendu aujourd’hui, on peut se poser la question de pourquoi rester syndiqué et pourquoi croire en une institution qui a l’air d’avoir pas mal de dysfonctionnements, avec assez peu d’écoute semble-t-il de ses délégués et des secrétaires régionaux. Je souhaiterais que ces derniers connaissent des conditions de travail un peu plus adéquates. Il y a beaucoup de démissions et de burn-out à syndicom. Or il faut que vous soyez bien, pour pouvoir nous épauler au mieux.

Propos recueillis par Yves Sancey

Stratégie de la direction du syndicat jusQu’Au conGrès 2017 Au point de l’ordre du jour «syndicom 2020» et «Priorités jusqu’au congrès 2017», la discussion était intense et le débat très vif parfois. Une présentation des réponses à la consultation interne sur le projet syndicom 2020 a toutefois montré qu’il existe une large approbation au sein de l’organisation concernant les priorités et l’orientation stratégique. En prenant des décisions claires sur les différentes propositions, les délégué·e·s ont signalé qu’ils soutiennent la démarche du comité directeur. La direction de syndicom a fixé quatre priorités jusqu’au congrès de fin 2017 : 1. mise sur pied de task forces pour assurer l’évolution du nombre de membres dans les secteurs afin de stabiliser les effectifs ; 2. renforcement du réseau de personnes de confiance dans des entreprises clés ; 3. élaboration et mise en œuvre d’un plan financier pour équilibrer les comptes jusqu’en 2018 ; 4. élaboration de priorités stratégiques sur la base du projet syndicom 2020. Le comité directeur a souligné que l’objectif principal consiste à positionner syndicom comme un syndicat attrayant et fort dans les différentes branches. Pendant la phase de consolidation jusqu’au congrès, la discussion sur les structures ne sera pas poursuivie. Après une consolidation réussie, des adaptations de structures pourront être proposées et décidées sur la base des expériences réalisées. (syndicom)

Ainsi fut voté PAssé – Le rapport annuel 2014 a été adopté à une grande majorité. – Les comptes annuels syndicom 2014 ont été acceptés à une grande majorité. – Le rapport de révision syndicom 2014 a été accepté à l’unanimité. – Les comptes annuels et le rapport du Fonds de secours et de solidarité syndicom 2014 ont été acceptés à l’unanimité. futur – Le budget 2016 a été accepté à une grande majorité. – La résolution des chauffeurs postaux été adoptée à l’unanimité. élections – Daniel Münger a été élu responsable du secteur Logistique à une grande majorité. – Élection de la responsable Égalité/Succession Angela Zihler : délégué au comité central, délai au 20 février. – Nouveaux membres du comité central. Secteur 3 : Levia Stauber, Sergio Ferrari, Suzanne Castelberg, Henriette-Heike Borchert ; Secteur 1 : Renate Takacs, Roland Kläy, Patrick Savary ; Sections : Samuel Siegrist ; GI indépendants : Grégoire Praz ; GI jeunesse : Nadine Swan. Tous les membres proposés ont été élus en bloc. ProPositions • Section Région Bâle : Stop au dumping salarial et à la discrimination salariale. Plus aucun accord CCT avec des salaires horaires minimaux inférieurs à CHF 22.–. Vote : accepté comme recommandation. • Commission de la santé : Les branches doivent accorder plus d’importance aux thèmes de la sécurité au travail et de la protection de la santé dans les négociations CCT. Vote : rejeté à une large majorité. Thèmes à discuter dans le secteur Poste. • Section Arc jurassien et Coordination romande : Un sondage doit être fait auprès du personnel des trois secteurs couverts par syndicom. Vote : rejeté à une large majorité. Thèmes à discuter dans le secteur Poste. • Politique syndicale : à une grande majorité il est décidé de recommander de voter NON à l’initiative Pro Service public. • Section Région Bâle : Stop au projet syndicom 2020. Stop aux mesures déjà introduites par le CD. Vote : la contre-proposition du CC-CD a été préférée (23 voix contre 17), puis acceptée à une large majorité.


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syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015

Discrimination ente femmes et hommes

Inégalité salariale : un pas timide mais insuffisant La proposition pour la procédure de consultation du Conseil fédéral afin d’améliorer l’application de l’égalité salariale est un pas dans la bonne direction mais se situe en dessous des attentes de l’Union syndicale suisse (USS). Il faut prendre des mesures plus sévères pour que, trente-cinq ans après le mandat constitutionnel, on s’attaque efficacement aux discriminations salariales.

Les entreprises comptant au moins 50 employé·e·s devraient être obligées d’effectuer tous les quatre ans une analyse des salaires, sous l’œil d’experts externes. Si les entreprises ne respectent pas leur obligation, le projet ne prévoit pas de sanctions. Le Conseil fédéral propose donc une variante qui obligerait les organes de contrôle à signaler à l’autorité compétente (probablement le Bureau fédéral de l’égalité) les employeurs qui n’ont pas effectué d’analyse à temps ou qui ne l’ont pas fait contrôler. Le nom des entreprises prises la main dans le sac serait rendu public.

La discrimination salariale est une réalité. D’après l’Office fédéral de la statistique, les femmes gagnent en moyenne toujours 678 francs par mois de moins que les hommes pour une raison inexplicable. L’écart discriminatoire se monte ainsi à 8,7 %. Des mesures étatiques pour mettre en œuvre l’égalité salariale s’imposent comme une évidence. Le Conseil fédéral a modifié la loi sur l’égalité et mis en consultation le projet jusqu’au 3 mars 2016. L’USS attend de la Confédération qu’elle agisse avec plus de détermination contre la discrimination salariale : en plus de contrôles internes et de leur vérification selon le principe du

double contrôle, il faut, par un système de sondage, vérifier si les analyses ont été correctement faites. L’Etat doit en outre avoir la possibilité d’intervenir si la loi n’a pas été respectée. La variante proposée, qui prévoit un délai d’annonce et une liste noire,

doit de ce fait absolument être appliquée. A cela s’ajoute que les entreprises qui ne vérifient pas leur pratique en matière de salaires sous l’angle des discriminations, ou n’éliminent pas ces dernières, doivent pouvoir être sanctionnées. (YS avec USS)

la faute aux femmes ? Parmi les causes de différences salariales, le laboratoire d’idées néolibérales Avenir Suisse cite dans un communiqué « l’inclinaison (sic) des femmes pour le temps partiel » ou encore « l’intérêt moindre pour les professions techniques ou les activités exigeant une grande flexibilité temporelle ou géographique ». Bref, la faute des femmes mais pas celle des entreprises. Alors pas besoin de contrôles et de régulation. « De vieilles salades que l’on essaie de nous resservir », résume l’USS.

La conseillère fédérale Simonetta Sommaruga (au centre) passe modestement à l’action contre les discriminations salariales.

PHOTO USS

le Projet en Deux mots

soliDarité internationale

Journée internationale des migrant·e·s du 18 décembre 2015 Quelque 230 millions de personnes à travers le monde vivent hors de leur pays d’origine, volontairement ou involontairement. Les migrant·e·s représentent environ 3 % de la population mondiale. Le 18 décembre 1990, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la « Convention internationale pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille ». Cette Convention concrétise les droits humains. Elle prévoit l’égalité de traitement de tous les travailleurs immigrés, en particulier le droit aux mêmes conditions de travail, l’accès à la formation et la participation à la vie politique. À ce jour, aucune nation

industrielle occidentale qui accueille des immigrants n’a accepté de reconnaître la Convention. La Suisse ne l’a ni signée ni ratifiée non plus. Depuis l’an 2000, la « Journée internationale des migrants », célébrée le 18 décembre, rappelle les droits des migrant·e·s. Au XIXe siècle, la Suisse est un pays d’émigration. Dès la moitié du XIXe siècle et pendant des décennies, l’Amérique est aussi une terre d’émigration pour de nombreuses personnes issues des régions pauvres de montagne. Au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle déjà la Suisse, elle aussi, est devenue un pays d’immigration. La

Constitution libérale de 1848, qui est à l’origine de la Suisse moderne, offre une protection à de nombreuses victimes de persécution politique. Aujourd’hui, sur les huit millions de citoyen·ne·s qui vivent en Suisse, deux millions viennent de l’étranger. L’école et le marché du travail contribuent largement à leur intégration, mais nous pouvons tous y participer. Des membres de syndicom, issus ou non de la migration, s’engagent pour des conditions de travail justes et un respect mutuel.

Angela Zihler, secrétaire centrale Migration

actions synDicom aux centres logistique Poste Le 18 décembre, syndicom célébrera la journée des migrant·e·s à La Poste, qui emploie des personnes provenant de 142 nations. En Suisse, 15 % des employé·e·s ont un passeport étranger. Dans les centres courrier et colis, les migrant·e·s représentent plus du double de cette proportion. C’est pourquoi syndicom rappellera les droits des migrant·e·s au centre courrier à Zurich-Mülligen, aux centres courrier et colis à Härkingen et au centre logistique à Genève-Monbrillant. A Härkingen, Mülligen ou Genève réservez un bon accueil à nos collègues qui distribueront des étoiles de Noël. (AZ)

Droit au but

«Lors de mes dernières vacances en Asie je suis malheureusement tombé gravement malade. Je souffrais d’une forte fièvre et suis resté cloué au lit dans ma chambre d’hôtel pendant une semaine. Comme j’avais tous les médicaments nécessaires avec moi, je n’ai pas consulté de médecin. Mais j’ai demandé au directeur de l’hôtel de confirmer par écrit que je suis resté alité pendant une semaine au cours de mes deux semaines de vacances. À mon retour, j’ai remis cette confirmation à mon employeur et lui ai demandé de me créditer à nouveau cette semaine de vacances pendant laquelle j’ai été malade. Mon employeur a refusé au motif qu’une absence maladie doit être annoncée immédiatement et qu’un certificat médical doit être fourni dès le troisième jour. Je ne suis pas d’accord. » La loi prévoit au minimum quatre semaines de vacances par année, dont deux prises d’affilée, pour permettre aux travailleurs de se reposer. Or en règle générale, si une personne est malade pendant ses vacances, elle ne peut pas se reposer. Par conséquent, l’objectif visé dans la loi n’est pas atteint. Cependant, toute maladie ou tout accident n’empêche pas

forcément de se reposer. L’incapacité de travail n’est pas toujours synonyme d’incapacité de vacances. Par exemple, si on se foule un pouce en jouant au volleyball sur la plage, on pourra quand même continuer à profiter des vacances et se reposer. En revanche, si on souffre d’une sérieuse grippe qui nous oblige à garder le lit durant une semaine pendant un séjour au

ski, l’objectif de régénération des vacances n’a bien sûr pas été atteint. De manière générale, l’avis du médecin est déterminant pour demander à rattraper ses vacances. Tout dépend donc de la situation : si la personne est uniquement entravée dans ses mouvements, ses jours de vacances lui seront en principe déduits. Pour pouvoir présenter une demande de rattrapage de vacances, il faut respecter la procédure prescrite dans le règlement du personnel concernant l’annonce de la maladie et la présentation d’un certificat médical. L’employeur doit être informé le plus rapidement possible. À notre époque où tout le monde ou presque emporte son téléphone portable en vacances, cela ne devrait pas poser de problème. Par

conséquent, on ne peut pas prétexter n’avoir pas été en mesure d’avertir son employeur, sauf si la situation médicale nous en empêchait réellement. Comme après un grave accident de voiture, qui aurait entraîné une perte de connaissance ou exigé une opération, par exemple. Dans un tel cas, il est cependant peu probable qu’un employeur remette en cause l’incapacité de vacances. En outre, il est recommandé de consulter un médecin sur place et d’obtenir un certificat médical. L’employeur disposera ainsi d’une preuve pour l’assurance maladie ou accident. Les certificats médicaux étrangers sont en règle générale reconnus, mais de nombreuses caisses d’assurance d’indemnités journalières et accident demandent une authentification.

PHOTO MARGARETA SOMMER

Malade pendant les vacances

Malheureusement, vous n’avez pas informé immédiatement votre employeur de votre maladie et vous n’avez pas de certificat médical. L’attestation du directeur de l’hôtel constitue tout au plus un indice, mais n’est pas considérée comme une preuve suffisante. Vous devez donc accepter que ces jours de vacances vous soient déduits.

Kathrin Melzani, conseillère juridique, collaboratrice juridique


Actualités | 11

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015 Portrait

« Je n’avais pas fermé ma gueule » Le 5 novembre dernier, syndicom a bloqué la rampe d’accès des camions à la base de distribution de La Poste à Ostermundigen (BE). Cette action s’inscrivait dans la campagne de protestation contre la décision désormais définitive de La Poste d’externaliser le transport des envois postaux dès fin 2016. Beat Wildi est l’un de ces chauffeurs qui ont manifesté leur opposition. Katrin Bärtschi lutter. « Souvent, il suffit simplement d’être là, de faire ce que tu dois, de donner ton avis – et tout à coup, quelqu’un a une révélation. Avancer ensemble et non les uns contre les autres, voilà ce qui changerait les choses. » Beat Wildi pense bien sûr aussi aux événements actuels : « Aujourd’hui, l’EI propage la terreur – mais qu’a fait l’Europe au cours de ces derniers siècles au nom du christianisme ? »

« Cette nouvelle décision de La Poste m’attriste », déclare le chauffeur de 59 ans. « Pas pour moi, qui ai bientôt l’âge d’être mis au rebut, mais pour mes collègues plus jeunes, qui ont encore des enfants à l’école ou en formation. Un plan social est prévu et ils obtiendront sans doute un travail considéré comme ‹ acceptable ›, mais à un salaire plus bas qui mettra la plupart d’entre eux en difficulté. » Beat Wildi sait de quoi il parle.

et les abus Des big boss ? Le départ d’un de ses collègues conducteurs lui a permis d’échapper à la dernière vague de suppression d’emplois en 2008. « À cette époque, j’aurais dû faire partie du train des licenciements, parce qu’une fois de plus, je n’avais pas fermé ma gueule. Lors d’un workshop, lassé d’entendre pour la millième fois parler de mesures d’économie, je m’étais exclamé : ‹ Et vous, êtes-vous indispensables ? » Beat Wildi s’expose régulièrement de la sorte. « On me traite souvent de révolutionnaire », ditil en riant. « Peut-être parce que même devant un conseiller fédéral je n’hésiterais pas à exprimer le fond de ma pensée ».

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le révolutionnaire

le chef des transports à la direction générale clamait que nous étions trop chers. Depuis que je travaille comme chauffeur, je l’entends dire constamment : ‹ Vous êtes trop chers. »

« vous êtes troP chers » Après sa scolarité obligatoire, Beat Wildi effectue un apprentissage de facteur à la Poste, du temps du monopole des PTT. Il livre des express au centreville sur son vélomoteur Ciao, puis dans la périphérie de Berne au volant de sa Golf. En 1984, il accomplit la formation de conducteur de camion dans l’école de conduite intégrée aux ateliers de mécanique de la Poste, qui ont eux aussi été fermés depuis. « A l’époque déjà,

« on ne Peut Pas voler » Beat Wildi aime son travail. « Le plan de service est très clair, mais pour le reste on est libre. Je ne me préoccupe pas de la pression sur la cadence. Je prends mes pauses comme il se doit. Et quand on est coincé dans les embouteillages, c’est comme ça, un point c’est tout. On ne peut pas se mettre à voler. A mes yeux, ‹ l’institution Poste › reste une bonne chose. Elle regroupe de nombreux métiers sous un

même toit – courrier, guichets, technique, service à domicile, etc. L’externalisation croissante de ces activités suite à la libéralisation de La Poste a été décidée par ceux qui forment aujourd’hui une majorité au Parlement. »

une vision cynique Il imagine parfois le scénario suivant : « Dans une remorque, il y a deux couchettes – on pourrait embaucher deux chauffeurs venant de pays à bas salaires, qui logeraient dans le véhicule, utiliseraient les installations sanitaires du centre de distribution, s’achèteraient leur nourriture chez Aldi pour dix francs par jour et enverraient leurs deux

cents francs de salaire mensuel au pays pour soutenir la famille. Et si par malheur ils devenaient cinglés dans ces conditions, la clinique psychiatrique de Waldau n’est pas loin… » Malgré tout, ce conducteur de camion et chauffeur bénévole de la Croix-Rouge garde courage et confiance, notamment grâce à sa foi. « Je n’ai jamais été un croyant bien-pensant, mais les récits de la Bible qu’on nous racontait au catéchisme m’ont toujours fasciné. Les histoires de miséricorde et de violence, les jugements sages du roi Salomon – beaucoup de ces récits traitent du pouvoir et de l’argent. » A ses yeux, rien n’a changé à ce jour. Et c’est là-contre qu’il souhaite

Ce syndicaliste de longue date défend des points de vue peu conventionnels : « Personne n’accuse les CEO de chercher à trop s’enrichir. Mais on entend toujours parler d’abus à l’AI, de faux invalides. Que représentent les quelque quinze mille francs gagnés au noir par l’un ou l’autre bénéficiaire de l’AI par rapport aux dix mille francs qu’empoche un membre de conseil d’administration en cinq minutes ? » Beat Wildi a adhéré à l’Union PTT alors qu’il était encore apprenti, syndiqué par un collègue plus âgé. « Il n’a pas mis longtemps à me convaincre. J’ai versé les cinq francs de cotisation et je suis devenu membre. » Selon lui, les syndicats veillent non seulement à préserver nos places de travail, mais ils offrent aussi un soutien individuel aux membres. Beat Wildi est convaincu que le syndicalisme et la foi ne sont pas contradictoires. Mais il considère que tout changement commence par soi-même. « Les cols blancs dans les bureaux ne sont eux-mêmes que des valets, mais ils devraient assumer la responsabilité de ce qu’ils font. Parce que tôt ou tard, chaque magouille éclate au grand jour, ce qui rétablit une certaine équité. J’en suis convaincu. »

sous-enchère Patronale

Les syndicats genevois obtiennent plus de droits ! La Communauté genevoise d’action syndicale (CGAS) se félicite du vote unanime du Grand Conseil en faveur du contreprojet tripartite à l’initiative 151 lancée par la CGAS en 2011. À la suite de ce vote confirmant les avancées contenues dans le projet des syndicats, la CGAS va retirer son initiative afin de permettre une mise en activité la plus rapide possible de l’inspection paritaire des entreprises (IPE). Alors que les pressions sur les salaires et les conditions de travail se multiplient, les syndicats genevois obtiennent le droit d’effectuer des contrôles dans les entre-

prises. Jusqu’à présent, en effet, les syndicats – qui siègent pourtant dans les commissions tripartites cantonales en charge de la surveillance du marché du travail – n’avaient aucun droit de mener de tels contrôles. Pire, les condamnations pénales pour violation de domicile contre des syndicalistes s’étaient multipliées ces dernières années. La création de l’IPE donnera enfin aux syndicats une base légale solide pour mener à bien leurs missions de défense des conditions de travail des quelque 240 000 salarié·e·s du secteur privé.

D’autre part, la fixation dans la loi d’un ratio pour l’effectif de l’office étatique d’inspection (1 inspecteur ou inspectrice pour 10 000 salarié·e·s) constitue un réel renforcement de la lutte contre la sousenchère et garantira que les démarches de mise en conformité demandées par l’IPE soient suivies d’effets et de sanctions en cas de refus des entreprises. Si la CGAS salue l’unanimité politique du parlement autour de ce dispositif de contrôle novateur unique en Suisse, si elle salue que par cette volonté politique, Genève fasse œuvre de pionnier et

montre la voie à la Suisse en indiquant qu’il est indispensable d’accompagner la libre circulation par l’amélioration de la protection de l’emploi et des salaires, la CGAS mesure également que sans la détermination et la combativité des syndicats à dénoncer les nombreux cas de sous-enchère, sans la création d’un rapport de forces par le lancement d’une initiative bien ciblée, aucune avancée n’aurait été possible.

Extrait du communiqué de la CGAS, 13.11.2015


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syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015

SORTiE dU gi RETRAiTéS EST vAUdOiS / vALAiS ROmAnd

LOngUE-vUE

Bourgeoisie) Joël Ambord et Christian Gaillard sur son fonctionnement (phases de la lune, signes du zodiaque, etc.) nous ont passionnés. Après ce moment culturel intense (!), il fut fait place à la détente au carnotzet Les Amis de la Trappe, où Marco Schmelzbach nous a concocté un apéro comme seuls savent le faire les Valaisans. S’ensuivit une fondue ba-chi-bou (bacchuschinoise-bourguignonne) à l’Hôtel du Rhône, découverte gastronomique très appréciée par tous les participants et qui clôtura de façon magistrale cette belle journée. Nous remercions donc nos collègues Bernard Pistoletti pour la parfaite organisation, et Rodophe Aeschlimann, du comité du GI retraités, pour les « nouvelles de Berne » qu’il nous a apportées. (M. Ch.)

Tout converge. Une solide cohérence rassemble les forces de droite à tous les niveaux du pouvoir. La « réduction de la dette publique » agit en effet comme catalyseur et fédère toutes les politiques antisociales. Dame ! les collectivités publiques, les employés d’État et les services à la population coûtent cher et utilisent évidemment la plus grande partie des ressources ! Du « personal stop » voté par le Grand Conseil genevois au « gel des effectifs » de la Confédération en cours de débat aux Chambres fédérales, toutes les propositions s’en prennent à la fonction publique. Des restrictions salariales des fonctionnaires discutées à Neuchâtel jusqu’au dernier rapport sur la Suisse publié en début de mois par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), toutes préconisent des mesures d’austérité sévères pour limiter ou réduire les « coûts » et « gagner en efficience » dans les services publics. Au niveau fédéral, l’avenir sera balisé par le « programme de stabilisation 2017-2019 » mis en consultation pour économiser au final un milliard de francs chaque année dans les comptes de la Confédération. Sur les 25 mesures d’économie, la coopération internationale, la formation, l’administration fédérale, l’agriculture, l’infrastructure ferroviaire et les assurances sociales paient le prix fort. Les arguties à l’appui de telles politiques visent souvent à noyer le poisson. À les entendre, ce serait pour le bien de la population que l’on couperait dans les prestations destinées à cette même population : on les réduit afin de pouvoir les maintenir ! Un peu plus sophistiqués, certains boniments préconisent la réduction de la dette pour ne pas plomber l’avenir des générations futures… quitte à leur léguer un monde déjà déglingué par l’austérité actuelle. Heureusement, le directeur de l’Administration fédérale des finances, Serge Gaillard, a la franchise d’un discours clair.

PHOTOS RODOLPHE AESCHLIMANN

Le 22 octobre dernier, le GI retraités Est vaudois / Valais romand s’est donné rendez-vous dans la capitale du Vieux Pays, Sion. Une quinzaine de participants ont eu la chance de pouvoir visiter l’hôtel de ville. Cette magnifique bâtisse de 1665 comprend plusieurs salles magnifiques, richement décorées de boiseries et lambris d’époque. Parmi une collection de pierres gravées de l’ère romaine se trouve celle du préteur Poncius Asclepiodotus, ornée d’un chrisme et datée de 377, qui est la première inscription chrétienne retrouvée au nord des Alpes. Sous la tour du bâtiment se trouve le but ultime de notre visite : l’horloge astronomique. Celle-ci a été conçue par un horloger de Saint-Gall, Marc Spätt, et réalisée avec l’aide du Lausannois Hans-Jacob Källi en 1667-1668. Les explications expertes que nous ont données les deux sympathiques gouverneurs de l’horloge (nommés par la

ROSE ET CATUS

Gens qui rient, Gens qui pleurent !! Parfois on peut être admiratif et rire, parfois on peut être amer et pleurer. C’est un peu notre sentiment lorsqu’on pense à toutes les fermetures d’offices de poste.

UnE ROSE... Nous allons commencer par le côté admiratif. En effet, lorsque l’on lit dans la presse que la Commune de Veysonnaz se bat afin de sauvegarder son office de poste, on est plus qu’enthousiaste. Eh oui, pour fermer un office c’est simple : on réduit les horaires, on réduit les prestations et ainsi la grande régie peut dire: l’office n’est plus rentable !!! Et là, la Commune se réveille ! On n’en veut pas de votre agence postale, nous on veut notre office de poste. Donc, Madame Isabelle Mouron (responsable de la communication Suisse romande chez Poste CH SA - Réseau postal et vente), vous ne pouvez que vous faire du mouron ! On ne va pas se laisser faire et, avec l’appui de la population et du Conseil communal, on va tout mettre en œuvre pour garder notre office de poste. Il ne faut pas le nier : pour une station de ski, il est important de pouvoir garder son office de poste, avec des horaires acceptables pour tous, et des prestations complètes.

Henri-Marius Caretti, responsable Retraité·e·s Sion Elisabeth Di Blasi-Coucet, secrétaire régionale, Sion

Michel Schweri

360 bédés pour la pédiatrie de Sion Sion, le 25 novembre 2015 – Depuis plusieurs années syndicom tient un stand à la Fête du Livre de Saint-Pierre-de-Clages. L’argent récolté cette année a permis d’offrir 360 BD de la série Boule à zéro aux enfants hospitalisés à la pédiatrie du Centre hospitalier du Valais romand, à Sion. Cette BD du dessinateur Serge Ernst, qui raconte le quotidien de Zita, une petite fille atteinte d’une grave maladie, a été distribuée au cours d’une petite cérémonie.

PHOTO JOAKIM FAISS, HÔPI TAL DU VAL AIS

Une rose pour Veysonnaz et un cactus pour Charrat !

« En matière de dépenses, nous adaptons nos désirs à nos moyens », affirmet-il dans La Vie économique. Il justifie même et anticipe la baisse des revenus fiscaux sur les entreprises en appelant le Parlement fédéral à resserrer les futures priorités, car « on ne peut plus tout financer ». Cette politique étatique répond exactement au credo des libéraux-radicaux, pour qui il faut « d’abord prendre en compte les moyens de l’État au lieu de suivre uniquement une logique des besoins », quand bien même les grosses fortunes de quelques membres de ce parti explosent. Ainsi, il ne faudrait plus tenir compte de la situation d’une population en augmentation, dont de larges pans sont continuellement précarisés par l’éjection d’un marché du travail toujours plus compétitif et féroce. Il faudrait se contenter d’un « État social » minimal correspondant aux recettes disponibles, sans chercher à augmenter les ressources fiscales. Suivre uniquement le fil rouge de la réduction de la dette revient à ériger l’austérité en politique structurelle – et non plus conjoncturelle — et à refermer définitivement la parenthèse des trente années de partage des progrès et des richesses d’après-guerre. Mais c’est aussi retrouver le vrai visage du capitalisme originel : une ploutocratie à combattre sans concession.

BOULE à zéRO

...ET Un CACTUS Par contre, notre côté amer va plutôt vers la Commune de Charrat. En effet, en début d’année, la Commune était informée par le management de la poste qu’elle serait fermée, transformée en agence pour le bien-être de la population !!! On peut se poser la question suivante : le Conseil communal a-t-il tout mis en œuvre afin de sauvegarder un office de poste avec les compétences liées à ce dernier ? Eh oui, syndicom, par l’entremise de sa secrétaire régionale, a pris contact avec la Commune et sa demande est restée lettre morte. On ne veut pas dire par là qu’on aurait pu sauver l’office, mais quand même on voit bien que si l’on essaie, on arrive à contrer le géant jaune. Tout laisse penser que Charrat se voit déjà comme une enclave de Martigny. Ce qui est malheureux, c’est que la commune se développe, que la population augmente, et que les infrastructures devraient se densifier, et non pas se réduire. On pourrait rétorquer qu’il y aura quand même un service postal, mais il n’aura rien à voir avec ce qu’il était jusqu’au samedi 14 novembre 2015. Nous finirons sur une note aigre-douce. Nous ne pouvons pas continuer à cautionner un tel démantèlement du service postal. Il s’opère au détriment des communes de montagne et de plaine du moment qu’elles ne montrent pas les dents.

PHOTO DR

Austérité à perpétuité

Astronomique…


Actualités | 13

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015 PUBLiC-PRivé En LUT TE

Genève reste mobilisé À Genève, la fonction (para-)publique et les maçons refusent le fatalisme de l’austérité et les attaques sur les retraites. Si l’État fait encore la sourde oreille, les maçons ont sauvé la retraite à 60 ans. Un signal positif pour l’ensemble des salarié∙e∙s. Après six jours de grève, dont les 1er (photo), 2 et 3 décembre, avec chaque fois entre 3000 et 10 000 personnes, étudiant·e·s, infirmières, gardiens de prison, retraité·e·s ou enseignant·e·s, le Conseil d’État genevois est sous pression. Le personnel de l’État lui a donné jusqu’au 14 décembre (hors délai de rédaction) pour aboutir avec les syndicats à un accord satisfaisant, faute de quoi, la grève reprendra dès le 15 décembre.

COnSEiL d’éTAT SOUS PRESSiOn Un projet d’accord que le Conseil d’État a transmis par courrier

mAçOnS gEnEvOiS EnTEndUS

au Comité de lutte des services publics a été jugé très insatisfaisant par ce dernier le 10 décembre. Le Comité de lutte a fait des ouvertures sur l’annuité, en échange de la suppression des coupes linéaires qui portent atteinte aux prestations publiques. Sans résultat. Une rencontre entre la délégation du Conseil d’État et le Cartel syndical était prévue le 11 décembre. Le personnel de la Ville de Genève pourrait également entrer dans la danse et manifester sa solidarité. Affaire à suivre.

Le lendemain de l’accord national intervenu entre la Société suisse des entrepreneurs et les syndicats Unia et Syna garantissant la pérennité de la retraite anticipée à 60 ans, les maçons genevois ont vu le deuxième volet des revendications satisfait,

pour lesquelles ils avaient massivement fait grève le 11 novembre dernier (voir notre dernière édition) : l’ouverture de négociations locales portant sur des améliorations dans la convention collective locale. Lors d’une cinquantaine d’assemblées de chantier tenues en parallèle le

10 décembre et d’une assemblée générale réunissant un millier de maçons, ceux-ci ont salué l’ouverture des négociations et ont transmis ensuite en cortège une résolution aux associations patronales locales.

Yves Sancey

26 000 âmes dans une boîte aux lettres est si attractif pour les brasseurs de bonnes affaires qu’ils ne louent que les boîtes aux lettres afin de pouvoir exercer les trafics les plus illicites, et qu’ils logent soit au bord d’un autre lac d’une autre ville Z, bien plus attractive, ou plus fréquemment à l’étranger. Parallèlement un petit peuple tente de survivre, soumis aux ordres de l’Église, aux pouvoirs du pape, à un tourisme mourant face au glacier en décomposition et à l’obstination du grand promoteur « Island » à vouloir gérer une ville vide. Ce livre a été écrit lors d’un séjour dans le couvent d’un paradis fiscal. L’auteur précise : « Ce roman tente d’appréhender un tour de magie que seul un illusionniste de génie a pu concevoir : réunir 26 000 âmes dans une boîte aux lettres. » Edité par les Editions de l’Aire à Vevey en 2015, L’Ordonnance respectueuse du vide est dans toutes les bonnes librairies.

Mousse Boulanger Marie-Jeanne Urech, L’Ordonnance respectueuse du vide, Éd. de l’Aire, Vevey, 2015, 184 pages, CHF 29.

PHOTO CHARLY RAPPO / ARKIVE.CH

Voici un livre d’une réjouissante ironie helvétique. Il émane de la trentenaire Marie-Jeanne Urech, qui s’était déjà manifestée dans un roman – Les valets de la nuit – où elle démasquait les abominables exploiteurs et exploitants du pétrole. Dans ce nouveau roman elle nous emmène à Z, un jour de février où un jeune et naïf menuisier-fabricant de meubles espère trouver du travail. La première porte qu’il pousse s’ouvre sur une maison vide. Il s’installe en constatant que toute la ville de Z est constellée de grues, des centaines d’immeubles sont en construction, mais curieusement personne n’occupe les logements, qui restent vides. Il se pose mille questions, surtout lorsqu’il constate que les boîtes aux lettres portent toutes des noms d’entreprises, de multinationales de tous pays et même de divers continents. Sa surprise augmente quand des limousines viennent vider ces boîtes et repartent avec le courrier ainsi collecté, sans que jamais les locataires ne manifestent leur présence. Il comprend peu à peu que le taux d’imposition

PHOTO ERIC ROSET

AUTEURS dE ChEz nOUS

EThnOgRAPhiE d’UnE ACT iviTé POPULAiRE

Les jardins familiaux sous la loupe Arnaud Frauenfelder, Christophe Delay et Laure Scalambrin – trois sociologues – ont effectué une recherche intitulée emblématiquement Joindre l’utile à l’agréable. Jardin familial et modes de vie populaire, sur mandat des autorités étatiques genevoises compétentes, afin de cerner ce qui se vit dans ces regroupements.

PRAT iqUE POPULAiRE L’objectif était de chercher à comprendre, à mettre des mots sur une réalité, enfin à « bien peindre le banal », suivant une formule que les auteur·e·s ont faite leur. Pour cela, une approche ethnographique a été choisie, basée sur des entretiens, des observations et une analyse documentaire. Les chercheurs ont étudié ce milieu social avec minutie, attentifs aux parcours de vie des usagers, au tissu des relations sociales qui se nouent et au rapport de la vingtaine de personnes formant l’échantillon avec le jardinage. Les auteur·e·s insistent sur l’importance des origines sociales mises en évidence lors des analyses résultant de l’étude. Ils décrivent bien une pratique populaire, et aussi avant tout masculine. De plus, la notion de trajectoire est importante. Les enquêtés viennent de milieux ruraux. L’acquisition de ce lopin de terre constitue ainsi une forme d’accompagnement à la

dépaysannisation et à l’arrivée en milieu urbain, un substitut à la petite propriété, une réponse à un logement où l’on se sent à l’étroit. Une éthique propre à l’activité voit le jour. Être un bon jardinier équivaut à bien entretenir son coin de terre, le contraire étant indice de déchéance. Il faut aussi cultiver les relations de voisinage par des moments de convivialité ou en proposant quelques produits de son cru.

miCROCOSmE SOCiAL Le jardinage se situe entre un gagne-pain et un passe-temps. Les membres des classes populaires sont les plus sensibles à l’aspect économique et donc aux produits des cultures. Cela permet aussi d’exercer un loisir moins dispendieux que la fréquentation régulière des cafés par exemple. Pour les usagers issus des classes moyennes, l’aspect divertissant prend plus d’importance. Des différences existent également entre sexes dans la répartition des tâches suivant l’effort physique, le type de travail à accomplir, les végétaux cultivés… Le lecteur non initié a ainsi l’occasion de découvrir tout un microcosme social, une forme d’expression de la culture populaire souvent liée aux migrations. Les auteur·e·s font également un usage intéressant de la littérature de référence, com-

parant leurs résultats à d’autres travaux, ce qui permet généralement de souligner de fortes convergences. L’originalité de cette recherche tient pour une grande partie au sujet, peu traité, notamment dans les médias, ou alors souvent lors de projets d’aménagement du territoire menaçant parfois l’existence de ces territoires ou impliquant un déménagement. Même au sein des sciences sociales, la rareté demeure. Par sa pertinence et ses résultats, cette étude donne pourtant envie de poursuivre ses lectures sur des thématiques semblables.

Fabrice Bertrand Arnaud Frauenfelder, Christophe Delay et Laure Scalambrin, Joindre l’utile à l’agréable. Jardin familial et modes de vie populaires, Éd. Antipodes, 2015, 240 pages, CHF 33.


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Mots-croisés définitions Horizontalement : I. Nous donnent chaud. II. Petits filets. Paie. Demi-vengeance. III. Possède. Défiez le hasard ou la logique. Reprenne connaissance. IV. Donne l’accès. Classe X. Bâtis pour gagner. V. Pauvres types. Réponse du mouton à Panurge. Règle graphique. VI. Font les grandes rivières. Transforme le cuivre en bois. VII. Occit. Ensemble. VIII. Fûtes. Marque le bleu.

IX. Petit écran. Mamie suisse-allemande. X. Petit espace. Le premier et le dernier. Avanceriez servilement. XI. Noyaux du problème. Structure de calcium. XII. Après cherchâtes. Graisse la laine. XIII. Star system. Éole n’en manquait pas. Verticalement : 1. Friture. 2. Grosse nuque. Entrée de gamme. Apocope du Vieux-Continent. 3. Pièce de bronze. Déambulait. Entre la montée et la descente.

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sudoku

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La solution du sudoku syndicom du N° 11 / 2015 était : 479 (de g. à dr.). Le gagnant est Jacques Bonnet, de Neuchâtel. Il recevra 50 fr. en chèques Reka offerts par notre partenaire de prestation. Nous le félicitons chaleureusement ! vos rendez-vous avec votre journal l’année prochaine

Dates de parution 2016 de syndicom, le journal Délai de rédaction lundi 11 janvier lundi 8 février lundi 7 mars lundi 11 avril mardi 17 mai lundi 13 juin lundi 8 août lundi 5 septembre lundi 3 octobre lundi 7 novembre lundi 5 décembre

X

Avoir du passé. Taxa. Vexez. Nui. Chaleurs des foyers. Eau quiXImonte. Mûre. Marche à suivre. Peuvent s’échapper. Dix surXII dix. Troisième homme. Tables des galons. A de l’avenir. Bas de page. XIII Autrefois stupéfaite. Enregistré. Autant en emporte le vent. Toit de bateau. Gêne de Tartuffe. Pas là. Glande. Température stable. Hollande. Usinées. Dans l’air.

Le·la gagnant·e – dont le nom paraîtra dans 3 le n° 1 / 2016 – recevra une clé USB syndicom. 6Prière d’envoyer votre solution (le mot-mystère seulement) jusqu’au 11 janvier à syndicom, le journal, rue Pichard 7, 1003 Lausanne.

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N° Parution 1 vendredi 29 janvier 2 vendredi 26 février 3 vendredi 24 mars 4 vendredi 29 avril 5 vendredi 3 juin 6 vendredi 1er juillet Pause d’été 7 vendredi 26 août 8 vendredi 23 septembre 9 vendredi 21 octobre 10 vendredi 25 novembre 11 vendredi 23 décembre Pause d’hiver

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Nous recherchons pour le 1er mars 2016 ou selon entente une

Responsable Égalité (80-100 %) et membre du comité directeur L’essentiel de votre activité est axé sur la représentation des intérêts des femmes au sein de 1 syndi2 com, dans le mouvement syndical, dans le monde du travail et dans les discussions de politique sociale. Le domaine Égalité comprend en outre les groupes d’intérêt Jeunesse, Migration, Indépendant·e·s et Retraité·e·s. Vous représentez les questions liées à l’égalité au comité directeur de syndicom et êtes responsable avec le secrétaire de la jeunesse de la planification et de l’organisation de campagnes et projets nationaux. Vous coordonnez avec les branches le travail syndical de ces groupes d’intérêt. Vous élaborez et mettez en œuvre avec les branches des stratégies de syndicalisation et des prestations spécifiques aux groupes cibles. Dans le cadre du travail de lobbying et de relations publiques, il vous incombe d’assurer la coopération et d’entretenir les contacts avec d’autres associations, prestataires de formation (écoles) et organes politiques. En outre, vous représentez syndicom à l’Union syndicale suisse (Commission des femmes) et dans d’autres organes, alliances et campagnes.

Votre profil – Formation professionnelle achevée et perfectionnement ad hoc ou diplôme universitaire / d’une haute école spécialisée ; expérience professionnelle de plusieurs années, – expérience de conduite au niveau de divisions ou de la direction, de préférence dans des syndicats ou ONG ; expérience et engagement dans des questions liées à la politique des femmes, – bon réseau relationnel dans des syndicats ou autres organisations à but non lucratif, – expérience de conduite de projets ou de campagnes, – excellentes capacités de planification et d’organisation, – assurance dans les négociations en français et / ou en allemand, avec de très bonnes connaissances de l’autre langue ; autres langues : un atout ; bonnes connaissances des outils informatiques. La représentation des intérêts de nos membres est au centre de vos préoccupations ; vous êtes flexible et savez vous adapter aux situations les plus diverses. Pour ce job intéressant et exigeant, vous êtes en outre capable de vous imposer et de travailler en équipe. syndicom offre non seulement des activités variées dans un environnement de travail politique passionnant, mais aussi d’excellentes conditions de travail. Votre lieu de travail est à Berne. Etes-vous intéressé e ? Alors envoyez votre dossier de candidature complet d’ici au 15 janvier 2016 à syndicom, division du personnel, Monbijoustrasse 33, 3011 Berne, resp. à verena.fritzenwallner@ syndicom.ch Tous renseignements complémentaires peuvent être obtenus auprès d’Alain Carrupt, président, tél. 058 817 18 29, resp. Roland Kreuzer, responsable du secteur Médias et membre du comité directeur, tél. 058 817 18 53. Voir aussi www.syndicom.ch

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syndicom est le syndicat leader des branches Poste, Logistique, Télécommunication, Technologie de l’information et Médias. Il compte dans tout le pays près5de 37 000 membres et s’engage pour les droits des salarié·e·s et pour une 6 7 Suisse sociale et ouverte au monde. Nous recherchons pour le 1er avril 2016 ou selon entente un·e

Responsable du domaine Communication et Campagnes (80 %) Vous planifiez et réalisez avec votre équipe des mesures pour la communication interne et externe du syndicat. En outre, vous conseillez et soutenez les responsables de branche, notamment pour la syndicalisation, les campagnes syndicales, le travail de relations publiques et de lobbying politique. Votre équipe produit le journal des membres dans les trois langues nationales, gère le site Internet et d’autres canaux de communication en ligne, coordonne la production d’imprimés et le corporate design.

Votre profil – Expérience confirmée et formation dans le domaine du travail de campagne, dans la communication pour les organisations et le travail de relations publiques, – compétence dans la gestion d’équipe et les conseils aux groupes internes d’intérêt, – savoir-faire dans le développement de stratégies, l’organisation de projets et de processus, et la communication intégrée, – talent de communication et parfaite maîtrise du français – bonne connaissance des autres langues nationales (notamment de l’allemand). Des connaissances solides sur le fonctionnement des ONG – en particulier des syndicats – et des branches et professions que syndicom représentent faciliteront votre tâche. Pour ce job intéressant et exigeant, nous attendons une personne dynamique, capable de travailler en équipe et de manière ciblée. syndicom offre non seulement des activités variées dans un environnement de travail politique passionnant, mais aussi d’excellentes conditions de travail. Etes-vous intéressé·e ? Alors envoyez-nous votre dossier de candidature complet d’ici au 15 janvier 2015 à syndicom, division du personnel, Monbijoustrasse 33, 3011 Berne, resp. à verena.fritzenwallner@syndicom.ch. Tous renseignements complémentaires peuvent être obtenus auprès de Giorgio Pardini, responsable du secteur Télécom / IT et membre du comité directeur, tél. 079 277 66 13. Voir aussi www.syndicom.ch


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syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015 forMation

agenda

GENÈVE PRÉAVIS

section de genève – asseMblée générale 2016 La section de Genève informe ses membres que la prochaine assemblée générale se déroulera le samedi 5 mars 2016 à 14 h 30 à l’UOG (Université ouvrière de Genève). Le déroulement de l’assemblée générale sera communiqué ultérieurement.

JOURNÉE SERVICE PUBLIC

renforcer le service public Maintenant plus que jaMais ! Vendredi 15 janvier 2016, 9 h 15-16 h 15 Hôtel Bern, Zeughausgasse 9, Berne Avec : Dore Heim (USS), Giorgio Tuti (président du SEV), Franz Schultheis (prof. de sociologie), Katharina Prelicz-Huber (présidente du SSP), Daniel Lampart (économiste en chef de l’USS), Stefan Giger (secrétaire général du SSP), Alain Carrupt (président de syndicom), Maria Bernasconi (secrétaire générale de l’APC), Barbara Egger (conseillère d’État bernoise, Direction des travaux publics, des transports et de l‘énergie), Pierre-Yves Maillard (conseiller d’État vaudois, Département de la santé et de l’action sociale). Le besoin toujours accru en

services publics entre en contradiction avec les baisses d’impôts et les programmes d’austérité. Les conditions de travail se dégradent dans tous les domaines du service public. Les politiciens néolibéraux crient au scandale sur les coûts des prestations publiques et des infrastructures. Le rôle central que joue le service public dans la prospérité et la cohésion sociale en Suisse est toutefois passé sous silence. Comment cela se passe-t-il au front ? Est-ce que le catastrophisme règne systématiquement quand on parle de la situation financière du service public ? Quelles dérives doivent être immédiatement corrigées ? Quelle est l’importance économique du service public ? Quels regards portent les conseillers d’État vaudois et bernois Pierre-Yves Maillard et Barbara Egger, sur l’avenir du service public ? Organisation Langues : allemand / français avec traduction simultanée. Coûts : Gratuit pour les membres SSP, SEV, syndicom, Garanto et APC. Pour les autres, 250.–, les étudiant·e·s ont droit à une réduction. Délai d’inscription : 8 janvier 2016, www.uss.ch / actuel/servicepublic. Renseignements : Union syndicale suisse (USS), Elisabeth Soucek, 031 377 01 22 Org. : SSP, APC, SEV, syndicom, Garanto, USS.

MOVENDO

l’institut de forMation des syndicats inscription sur www.Movendo.ch, par info@Movendo.ch, par tél. 021 310 48 70 Vous trouvez le programme 2016 encarté dans ce journal. Il est aussi disponible sur notre site.

SECTEUR MÉDIAS cours de perfectionneMent 2016 Inscriptions sur www.helias.ch ATTENTION : Déjà des cours en janvier et février ! Sauf indications contraires : animatrice : Birgit Ewert, instructrice Adobe. Imprimerie Saint-Paul, boulevard de Pérolles 38, Fribourg, 9 h 15 – 16 h 45. Inscription : 3 semaines avant le début des cours. Intégration et interaction entre Bridge, Illustrator, Photoshop et InDesign CC. 9 et 10 février. Délai d’inscription : 19 janvier. Maîtriser l’outil plume avec InDesign, Illustrator et Photoshop. 24 février. Délai d’inscription : 19 janvier. Découverte des programmes Scribus, Inkscape et Gimp. 25 février. Délai d’inscription : 2 février. Implémenter PDFX-ready. Animateur : Gilles Fossé. 26 février. Délai d’inscription : 2 février. Comment organiser mes images numériques. 9 mars. Délai d’inscription : 16 février. Photoshop CC Update. 10 mars. Délai d’inscription : 16 février.

ciao barbara, benvenuto giovanni !

Pendant dix-sept ans, Barbara Bassi s’est engagée pour les salarié·e·s dans notre syndicat. En janvier 1999, elle rejoint, en tant que secrétaire régionale, l’équipe tessinoise du syndicat comedia à peine créé. Elle s’occupe

non seulement des journalistes de la Suisse méridionale, mais aussi, dès le début, des pages italiennes du journal syndical M-magazine. À la fusion qui a donné naissance à syndicom, la journaliste polyglotte (cinq langues !) reprend la rédaction de la nouvelle édition de notre journal des membres. Les 2 à 4 pages initiales passent à 16 pages. Elles contiennent des articles sur la région, des reportages et des rubriques régulières qui servent d’enseigne à l’antenne tessinoise du syndicat. De plus, en tant que juriste, Barbara continue à s’occuper des cas juridiques et des journalistes tessinois. Comme secrétaire des femmes, elle représente aussi notre politique de l’égalité au Tessin. En 2014, elle est nommée à la Commission fédérale des médias (COFEM). Cette fonction exigeante incite Barbara à réduire au printemps son taux d’occu-

décès

pation de secrétaire. Elle continue toutefois à produire le journal avec beaucoup d’élan et de dévouement. Jusqu’à la demande du conseiller d’État Manuele Bertoli (PS), dont elle s’apprête à rejoindre l’équipe. Nous sommes tristes du départ de Barbara, mais nous nous réjouissons pour elle de cette nouvelle activité passionnante. Avec Giovanni Valerio, nous avons trouvé une personne très motivée et politiquement engagée pour succéder à Barbara Bassi. Giovanni est originaire du Piémont et a étudié la physique avant d’embrasser le journalisme. Depuis 2000, il vit et travaille en Suisse. Il est membre du comité de branche des journalistes tessinois de syndicom et s’engage depuis huit ans auprès d’Inter-Agire (comundo.ch), où il est responsable du journal et du site Internet. Il est donc un spécialiste du Web

cotisations 2015 par dd/lsv

Blank Paul, Bellmund, décédé le 09.11.2015 à l’âge de 90 ans. Membre de la section Biel/ Bienne depuis 1948.

Gertsch Jean, Biel/Bienne, décédé le 11.11.2015 à l’âge de 90 ans. Membre de la section Biel/Bienne depuis 1962.

Blondel Albert, Lutry, décédé le 19.11.2015 à l’âge de 90 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1999.

Jaquement Jean-Louis, Provence, décédé le 09.11.2015 à l’âge de 82 ans. Membre de la section Vaudoise Poste depuis 1976

Dahinden Heinz, Nidau, décédé le 03.11.2015 à l’âge de 77 ans. Membre de la section Biel/ Bienne depuis 1999.

Masset Jeanpierre, Echallens, décédé le 06.11.2015 à l’âge de 62 ans. Membre de la section IGE Vaud-Lausanne depuis 1973.

Dubail Marc, Neuchâtel, décédé le 19.11.2015 à l’âge de 66 ans. Membre de la section Arc jurassien depuis 1966.

Nidegger Henr i, Genève, décédé le 25.10.2015 à l’âge de 81 ans. Membre de la section Genève depuis 1999.

Les cotisations sont toujours prélevées rétroactivement au début de chaque mois par Débit Direct (DD) ou recouvrement direct (LSV). Afin que toutes les cotisations soient réglées à la fin de l’année, nous faisons une exception en décembre : la cotisation de membre de novembre est débitée le 9 décembre 2015 et le montant de décembre sera prélevé déjà le 30 du même mois. L’administration des membres répond volontiers à vos questions. Tél. 058 817 18 40 ou mad@syndicom.ch.

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PHOTO FL AVIA LEUENBERGER

Passage de témoin à la rédaction tessinoise

qui nous aidera à communiquer davantage en ligne, aussi au Tessin. (nis) caisse de chôMage Chères assurées et chers assurés, L’année touche bientôt à sa fin et nous aimerions vous informer que pendant la période du 24 décembre 2015 au 3 janvier 2016, les bureaux de la caisse de chômage syndicom seront fermés. Pour que nous puissions effectuer le paiement du mois de décembre 2015 avant les fêtes, nous vous prions de bien vouloir nous remettre vos documents jusqu’au 21 décembre 2015 à l’adresse Looslistrasse 15, 3027 Berne. Nous vous souhaitons ainsi qu’à votre famille de passer de belles fêtes de l’avent et de Noël et vous présentons nos meilleurs vœux pour la nouvelle année.

iMpressuM rédaction Français : syndicom, le journal, ISSN 1664-896X Yves Sancey, rue Pichard 7, 1003 Lausanne, tél. 058 817 19 38, redaction@syndicom.ch Allemand : syndicom, die Zeitung, Naomi Kunz, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 68, redaktion@syndicom.ch Italien : syndicom, il giornale, Giovanni Valerio, via Genzana 2, 6900 Massagno, tél. 058 817 19 63, redazione@syndicom.ch

Mise en pages Alain Gonthier (f), Katja Leudolph (d), Daniela Raggi (i) correction Marie Chevalley (f), Ulrike Krüger (d), Petra Demarchi (i) abonneMents 50 fr., 70 fr. pour l’étranger, gratuit pour les membres de syndicom. syndicom, le journal paraît au moins 15 fois par an changeMents d’adresse syndicom, changements d’adresse, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne

publicité Priska Zürcher, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne, tél. 058 817 18 19, fax 058 817 18 17, stab@syndicom.ch iMpression Ringier Print Adligenswil AG, Ebikonerstrasse 75, 6002 Lucerne prochaine parution 29 janvier (délai rédactionnel : 11 janvier) éditeur syndicom, Monbijoustrasse 33, cp 6336, 3001 Berne


16 | La dernière

syndicom | N° 12 | 18 décembre 2015

Nouvelle loi de surveillaNce arbitraire

Attaque contre la liberté de la presse La nouvelle loi sur le renseignement (LRens) vise à étendre massivement les compétences du Service de renseignement de la Confédération. Elle menace ainsi la démocratie et l’État de droit et constitue une attaque contre la liberté de la presse. Fabian Molina *

Malgré les attentats de Paris, le comité « Non à l’État fouineur » n’en démord pas. Il faut refuser le renforcement de la loi sur les renseignements, « liberticide » à ses yeux. Quelque 25 000 signatures ont déjà été recueillies pour le référendum. Même si les récents carnages commis par des terroristes à Paris ont provoqué une profonde tristesse, il est « essentiel de maintenir et défendre la démocratie et l’État de droit », a affirmé le 24 novembre à Lausanne Muriel Waeger, vice-présidente de la Jeunesse socialiste suisse (JSS). Rappelant à plusieurs reprises « l’affaire des fiches », le conseiller national socialiste vaudois Jean Christophe Schwaab a souligné qu’il n’était pas aisé de contrôler un service de renseignement, qui serait prompt à déraper selon lui. « La France a renforcé sa loi sur le renseignement et cela n’a servi à rien », selon le Vaudois. Soutenu par syndicom, les socialistes, les Verts, le Parti pirate et d’autres mouvements, le référendum a déjà recueilli quelque 25 000 signatures, soit la moitié de ce qui est nécessaire. Muriel Waeger s’est dite confiante que le quota serait atteint d’ici au délai du 14 janvier. (YS, avec ATS)

En 2014, on apprenait qu’un agent du Service de renseignement de la Confédération (SRC) avait secrètement placé sous surveillance une journaliste du quotidien Le Temps et un collaborateur de la Télévision suisse romande, afin de découvrir les informations en leur possession sur ses activités frauduleuses avec un encaveur valaisan, et surtout empêcher la publication de leurs recherches. L’« affaire Giroud », comme on l’a baptisée, avait déclenché un véritable scandale.

suisse à Moscou que celui-ci ne pourrait le tolérer. En contrepartie, le SRC pourrait quant à lui recevoir des informations sur un oligarque criminel russe.

Porte ouverte à l’arbitraire

De tels trocs d’informations sont monnaie courante entre les services de renseignement. C’est précisément la raison pour laquelle leurs compétences doivent être strictement définies et scrupuleusement contrôlées. Car les données recueillies par ces services ne peuvent être ni vérifiées, ni effacées, ni contestées devant trocs d’iNfos eNtre services secrets Cela pourrait toutefois changer à l’avenir. un tribunal. On ouvre ainsi la porte à l’arLa nouvelle loi sur le renseignement per- bitraire et à l’injustice. L’État de droit, mettra au SRC de lever la protection des la démocratie et la liberté s’en trouvent sources en toute légalité et de surveiller menacés. la correspondance des journalistes même La nouvelle loi prévoit d’étendre les en l’absence de soupçon concret. Si le SRC moyens de recherche du Service de renseignement : pose de micros dans des parvient à justifier l’urgence des informalieux privés, installation de chevaux tions à obtenir, il n’aura même pas besoin de l’autorisation d’une autre instance. En de Troie fédéraux sur des ordinateurs d’autres termes, la nouvelle loi viole l’art. et recours à des personnes dites « de 17 de la Constitution qui garantit le secret confiance ». Désormais, il pourra aussi de rédaction et menace par conséquent la accéder aux informations stockées préliberté de la presse. Si à l’avenir les jour- ventivement et aux données conservées nalistes ne peuvent plus protéger leurs en marge des communications privées sources à l’égard des services de l’État, de chacun et chacune d’entre nous, ce leur travail s’en trouvera profondément qui était réservé jusqu’ici aux autorités pénales. L’exploration du réseau câblé bouleversé. La LRens va encore plus loin : la colla- permettra également de surveiller secrèboration avec les services de renseigne- tement les échanges d’e-mails, ainsi que ment étrangers sera institutionnalisée les messages et appels transmis par Whatet par conséquent étendue. Aujourd’hui, sapp. Le contrôle interne au Département on mesure à peine quelles en seront fédéral de la défense, de la protection de les répercussions sur les droits fonda- la population et des sports (DDPS) et les mentaux des individus en Suisse. Des autorités chargées d’accorder les autoriservices qui agissent par définition en sations pourront malheureusement être Un Etatconfidentialité, foUinEUr n’Est pas l’activité la solUt ion contournés sans difficulté. toute et dont En conclusion, la nouvelle LRens est une repose sur des l’obtention Oui à la protection sources = Nond’informations, à la loi sur le renseignement loineàcontribue la fois dangereuse et inutile. Le réfén’auront sans doute guère de scrupules Plus de surveillance ne garantit pas plus de sécurité, et l’espionnage rendum à vendre aussi à l’étranger les données pas à lutter contre le terrorisme. Pour s’opposer aux événements tragiques quien cours est par conséquent absoont eu lieu à Paris,en Beyrouth et ailleurs, il faut renforcer nos valeurs démocratiques, lument indispensable. collectées Suisse. Le gouvernement les droits humains et la liberté des médias. russe, par exemple, pourrait désormais Laen nouvelle loi sur le renseignement (LRens) sans soupçon*concret, apprendre bien plus sur un permet, journaliste Président de la Jeunesse socialiste suisse

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aPrès les at teNtats de Paris, PeutoN eNcore être coNtre la Nouvelle loi sur le reNseigNemeNt ?

la lreNs eN bref Avec la loi, le Service de renseignement de la Confédération (SRC) disposera d’un nouvel arsenal de mesures, mais sera davantage contrôlé. Ses agents pourront surveiller des communications, observer des faits dans des lieux privés ou perquisitionner secrètement des systèmes informatiques et y installer des « chevaux de Troie ». Ces recherches « spéciales » sont estimées à une douzaine par an. Elles nécessiteront toutefois l’aval du Tribunal administratif fédéral, puis du chef du Département de la défense, en consultation avec ses collègues de la Justice et des Affaires étrangères. (Réd.)

d’exercer une surveillance de masse. Elle viole les principes démocratiques et porte atteinte aux droits fondamentaux garantis par la Constitution. Les journalistes rencontrent des problèmes dans l’exercice de leur profession, car la protection des sources est compromise. C’est pourquoi nous soutenons le référendum contre la LRens. Les feuilles de signatures peuvent être téléchargées sous: www.syndicom.ch/NDG

Pour 2016, comme toujours, la droite et les patrons ne nous feront pas de cadeaux. Si nous voulons davantage que des miettes, seule la lutte collective, avec notre syndicat à nos côtés, permettra d’obtenir davantage. Toute l’équipe de la rédaction vous remercie pour votre lecture attentive du journal, vous souhaite de belles fêtes et tout le meilleur pour 2016 !

© JOEL PRETOT


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