Remerciements :
Parce que ce mémoire est le fruit des efforts partagés, je tiens dans cette première page à remercier, à exprimer ma gratitude et ma reconnaissance envers toutes personnes qui m'ont aidé par leurs critiques, leurs écrits et leurs paroles dans la réalisation de ce mémoire et plus précisément à : Ma directrice de mémoire Mme. Kaouthar ZAIER pour avoir accepté d'encadrer mon travail de recherche, pour sa confiance, pour son suivi, pour sa disponibilité, pour sa patience et pour son aide permanent.
Mes enseignants qui ont contribué à ma formation académique. Ma famille qui m'a toujours encouragé et soutenu.
Mes amis avec qui je clarifie mes incertitudes et partage mes ambitions. A vous, lecteurs et juges de ce mémoire.
Un grand merci !
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA Programme
Partie I : Entre cécité et société
Chapitre 1 : La vision et les autres sens
L’importance de la vision
Privé de la vue
- Repérer les difficultés
Le besoin d’aide
Les moyens de compensation
Chapitre 2 : étude de cas en Tunisie : De la musique pour l’intégration
- Le handicap
La place du handicap dans la société Vivre le handicap en Tunisie
Les établissements destinés pour les personnes déficientes visuelles
Chapitre III : A la quête d’une spatialité
La perception de l’espace chez une personne déficiente visuelle :
Planification spatiale pour les malvoyants
-
Chapitre IV : L’aménagement raisonnable
L’accessibilité pour les déficients visuels
Les fiches thématiques
Partie II : L’approche analytique
Partie III : L’approche conceptuelle
INTRODUCTION
L'architecture se présente comme une discipline purement visuelle, nous expérimentons, apprécions et appréhendons les œuvres architecturales et tout ce qui nous entoure à travers notre perception. Nous vivons l’espace à travers et avec nos yeux. Cette hégémonie visuelle domine complètement nos expériences. En effet, la vue est le sens qui nous permet d'observer et d’analyser l'environnement d’une manière rapide et globale. De tous nos organes sensoriels, la vision reste toujours la source majeure d'information de l'être humain. Notons que 80% des informations qui nous viennent de notre environnement, nous parviennent à travers la vue.
L’architecte Juhani Pallasmaa déclare que : « le centrisme oculaire a conduit à un appauvrissement de notre environnement, une distanciation et désensualisation de notre rapport avec la réalité »2 . Il souligne que si notre expérience du monde est constituée d’une combinaison de tous nos sens, l’architecture construite aujourd’hui est produite selon la considération d’un seul sens qui est la vue.
Alors, si la vue sortait de l’équation, si ce sens est défaillant, Comment l’architecture est elle alors perçue ? quel rapport avec le monde reste perceptible ?
La conception architecturale n’atteint que rarement les minorités et les personnes en situation de handicap visuel. Nous devrions alors penser à une architecture des sens et de l’expérience, où le corps est stimulé dans sa totalité. Une dimension sensible qui incite à l’engagement du corps avec l’environnement à l’intimité, et la proximité.
Selon les estimations de l’organisation mondiale de la santé (OMS)3, 253 millions de personnes présentent une déficience visuelle : 36 millions d’entre elles sont aveugles et 217 millions présentent une déficience visuelle sévère. Cela représente plus de 3 % de la
2 Juhani Pallasmaa, le regard des sens, p99, publié en 1996
3 Statistiques publiés par l’organisation mondiale de la santé en 2020
population mondiale. 81% des aveugles ou des personnes qui présentent une déficience visuelle sévère sont âgés de 50 ans et plus
Le nombre de déficients visuels va doubler d’ici 2050. La cécité et la malvoyance vont devenir, avec la maladie d’Alzheimer, les fléaux du grand âge et c’est dû surtout à l’utilisation excessive des écrans
La perte de la vue signifie la perte du sens qui nous fournit la majorité d’informations, donc la perte d’une source essentielle qui nous permet de comprendre et savoir le monde extérieur. Pour se déplacer et s’orienter, le déficient visuel a besoin de comprendre l’espace qui l’entoure autrement. Il va devoir se représenter son environnement en termes d’espace physique (grandeur, longueur, rapports directionnels et spatiaux), mais aussi les objets qu’il contient, et également le trajet qu’il y effectue. Les représentations mentales sont dans ce cas issues des informations sensorielles autres que la vision.
Autre que l’accessibilité aux bâtiments, les personnes non et malvoyantes cherchent à s’intégrer dans la société et à trouver de l’emploi pour assurer leurs autonomies.
Et c’est à travers l’enseignement musical, que les personnes déficientes visuelles ont un "véritable accès à la culture et à l'autonomie4", selon Marcel Courjault « permet de développer l'ouïe, la mémoire, et de tisser des liens sociaux en intégrant des orchestres"5 L'apprentissage de la musique, est pour chacun d’entre eux une source de stimulation cognitive et sensorimotrice. Elle permet de développer la mémoire, l'esprit d'anticipation, la précision gestuelle, la souplesse musculaire, l'attention mais aussi la créativité et les représentations mentales d’où des personnes ayant une bonne formation et qui sont prêtes à la recherche d’emploi.
+ =
4 Marcel Courjault, professeur de musique non voyant, Open Edition journal, 2009PROBLEMATIQUE
Les non et malvoyants sont des personnes qui sont confrontées pendant leurs activités quotidiennes à des espaces conçus principalement pour les voyants. En conséquent, leur "handicap" leur a permis de développer des aptitudes sensorielles. Dépourvues de la vision, ils développent une dimension différente de l’espace. Mais ils présentent des difficultés de déplacements dans plusieurs des espaces qui manquent de repères et de signalisations sensorielles autres que visuelles. D’où l’intérêt de prendre en compte l’être humain dans sa globalité sensorielle. Sentir pour voir, telle est la caractéristique à prendre en compte pour permettre l’autonomie et le bien être des personnes malvoyantes ou atteintes de cécité totale.
L’objectif à relever au terme de cette réflexion, est de cerner les éléments déclencheurs de sens pour une meilleure lisibilité et accessibilité de l’environnement pour les personnes non et malvoyantes et pour favoriser l’utilisation des sens compensatoires. Ceci me l’accent sur des perceptions « ignorées » par les voyants bien qu’elles participent dans la représentation d’un espace. Comment faire alors pour que l’espace soit efficacement adapté aux aveugles. Il s’agit donc d’identifier et de comprendre les besoins et les attentes ces personnes.
Le travail de mémoire ici, a pour but de permettre aux aveugles et déficients visuels de surmonter leur handicap par l’utilisation maximum des autres sens et l’utilisation des techniques palliatives, afin d’assurer leur autonomie et indépendance dans l’espace.
Nous tentons d’aller au delà du visuel, pour démontrer comment il est possible d’avertir, d’informer et de guider les non voyants autrement. Plus particulièrement, il s’agira de démontrer comment nous pouvons créer une meilleure orientation spatiale, favorisant l’autonomie de ces personnes à travers une expérience sensorielle.
Nous pouvons alors nous demander :
1 Comment des personnes n'ayant pas les mêmes capacités peuvent percevoir l’espace ? Comment ce manque sensoriel peut générer un ressenti différent ?
2- Quels rôles peuvent jouer les sens dans la compréhension de l’environnement ? Quels outils peuvent être développés pour faciliter l’accès à l’architecture aux personnes déficientes visuelles ? Et comment faciliter l’intégration dans la société ?
3- Comment ces expériences sensorielles et leur compréhension peuventelles influencer notre conception de l'architecture ?
METHODOLOGIE D’APPROCHE
Nous tenterons de répondre à la problématique suivante :
Comment peut on créer une architecture au delà du visible pour les personnes non et malvoyantes à travers une approche multisensorielle qui intègre le corps dans sa globalité ?
Dans ce cadre nous commencerons par :
Etudier l’importance de la vision, et analyser le cas de la cécité et ses différents types. Puis d’expliciter les particularités du handicap visuel. Afin de mieux le connaître et le comprendre, nous partons de son système sensoriel et ses particularités à ses moyens de compensation qu’il adopte et développe afin de maintenir son autonomie et ses repères pour la compréhension de l’environnement.
Ensuite, comprendre la situation d’une personne déficiente visuelle nécessite une lecture sociale et historique. Cette lecture nous permet de comprendre le rôle de la musique à faciliter l’intégration dans la société. Etudier la situation des non et malvoyants en Tunisie passe par l’étude des établissements qui leurs sont dédiés.
La troisième partie développera le fonctionnement des outils multi sensoriels afin de comprendre en quoi ils permettent une meilleure compréhension de l’espace Passer alors à la performance de l’architecture à travers les dispositifs qui vont être analysés par la suite.
Dans ce but, une étude approfondie de projets de références comme des exemples d’intégration de l’approche multisensorielle dans des espaces pour une architecture pour tous. L’analyse des projets nous sert comme appui dans la conception d’espace pour les non et malvoyants.
.
En dernier lieu, nous détaillerons les objectifs de notre mémoire qui émanent d’une réflexion et d’une enquête qui nous ont mené vers le choix du site d’intervention. Nous illustrerons enfin la genèse de notre projet, à travers différentes esquisses qui traduisent les concepts théoriques en des concepts concrets.
Ce mémoire proposera une approche théorique en intégrant la dimension sensorielle pour l’intégration des non voyants dans l’espace conçu et une autre pratique qui matérialise les principes dégagés en concepts concrets dans la réalisation du projet.
En conclusion la vision est nécessaire mais paradoxalement non indispensable. Un non voyant ou malvoyant peut continuer à effectuer ses différentes activités mais en se basant sur les autres sens.
«
vision nous sépare du monde alors que les autres sens nous unissent à lui 6 .
2.
:
à
dimensions
L’hégémonie visuelle 7mène à la création d’espace unidimensionnel. Les personnes handicapées visuelles, peuvent difficilement comprendre les signaux visuels.
2.1 Point de vue médical
Le handicap visuel diffère en fonction de chaque personne.
Différents tests sont réalisés afin de pouvoir évaluer la vue d’un individu :
*
Cela consiste à évaluer la capacité de discernement des informations apportées au cerveau par la vue. C’est ce qui permet de distinguer les formes, les détails, les couleurs.
*
Il s’agit de déterminer la zone de l’espace perçue par le regard lorsque les yeux sont immobiles. Celui ci correspond à l’étendue de l’espace que peut percevoir chaque œil.
visuelle par rapport aux autres flux sensoriel.
* Les catégories de déficience visuelle : 8
L’OMS (Classification internationale des handicaps) décrit cinq stades de déficience visuelle, allant de la cécité totale à la vision presque normale.
Catégorie I
Catégorie II
Catégorie III
Catégorie IV
Catégorie V
La cécité absolue correspond à l’absence de perception de la lumière.
La cécité sévère : Une acuité visuelle inférieure à 1/50
Un champ visuel inférieur à 5 degrés.
La déficience profonde : Une acuité visuelle entre 1/20 et 1/50
Un champ visuel entre 10 et5 degrés.
La déficience sévère : Une acuité visuelle entre 1/10 et 1/20
La déficience moyenne : Une acuité visuelle entre 3/10 et 1/10
Un champ visuel supérieur 20 degrés
Tableau.4 : les catégories de déficience visuelle
* Les différentes malvoyances : Que voient les personnes atteintes de déficience visuelle :
8 Une classification faite
l’organisation mondiale de la santé pour distinguer les différents stades de déficience
3. Repérer les difficultés : l’intégration et l’accessibilité
3.1 L’intégration dans la société
La personne aveugle doit s’adapter à la cécité et à la société. A la cécité, c'est à dire adopter un comportement en fonction de ses limites sensorielles, mais à la société aussi. La perte de la vue isole la personne du monde extérieur. La rupture du lien avec l’extérieur obéit à des codes non partagés, perçu comme chaotique, imprévisible, menaçant. Les personnes aveugles et malvoyantes se replient sur soi et préfère se retirer.
3.2 L’accessibilité à un espace public
La personne aveugle vit dans un monde sonore et tactile pour affronter le monde visuel. Elle rencontre des difficultés lors de déplacement à l’extérieur et dans les espaces publics. Dans le cadre d’une enquête nommée : Handicaps Incapacités Dépendances 9, les résultats révèlent que : aveugle sur deux a des difficultés pour se déplacer à l’extérieur […] et qu’un déficient visuel sur quatre environ déclare des difficultés aux abords ou dans son lieu de vie.
Fig.8: Les niveaux difficultés
4. Le besoin d’aide : La dépendance et la prise en charge
Les espaces qui manquent de repères et de signalisations, laissent les personnes non voyantes en position de dépendance de l’autre et de la canne même à l’intérieur d’un bâtiment
4.1 La canne
La canne est une extension de la main qui permet de déceler au sol :
les bandes d'éveil de vigilance ; repérer les obstacles, La nature du revêtement.
les bandes de guidage qui permettent de résoudre certains problèmes de direction et de cheminement.
Zone de danger
Efficacité modérée
Efficacité maximale
La canne détecte les obstacles à moins de 2,20 m, il convient soit de les supprimer, soit de les signaler en les transformant en obstacles "inoffensifs", plus facilement détectables
4.2 Aide technologique :
Les outils technologiques facilitent aux déficients visuels le déplacement de manière plus sûre et plus autonome. De nouveaux outils électroniques peuvent compléter la technique de la canne blanche pour optimiser le repérage. Elle est plus efficace et couvre plus de surface.
Fig.9: La zone de détection de la canne Fig.10 : zone de de détection d’une canne connectéeAide humaine
5.
6. Les moyens decompensation
Recentrer sur ce qu’ils ressentent, et non sur ce qu’ils voient, les personnes non voyantes trouvent des moyens de se connecter au monde extérieur.
« Jamais nous ne percevons le monde dans sa réalité, mais seulement le retentissement des forces physiques sur nos récepteurs sensoriels ». 10Piaget
6.1 Les résidus visuels
Une surabondance de lumière est plus utile, en termes de perception et de compréhension de l'espace, qu’une absence complète de la vision
Jean Piaget, La psychologie de l’intelligence, p 33, publié en 1947 Fig.11 : Aide humaine Fig.12 : Aide animalière : La différence entre totale et partielle Aide animalière6.2 Les autres sens
Le sens du toucher est sollicité d’une façon directe ou même indirecte par un contact de la main, du pied, du corps, sur l'environnement immédiat. Le toucher de la peau donne la conscience de la matière du corps et la conscience de la relation.
6.2.1 Le toucher
Voir avec la main : La main qui pense 11
Toucher, du détail vers le global, permet le déficient visuel la construction d'une image mentale.
Toucher sert aussi pour lire des textes en Braille ou des symboles.
Prendre et suivre une main courante peut donner des indications sur l'orientation d'un couloir ou d'un d'escalier.
• Sentir avec le pied
La marche donne à la personne aveugle un point de contact avec l'environnement, rassure ou déstabilise.
Le pied permet de : Transmettre une sensation podotactile pour connaitre la nature du sol (sable, pavés, pelouse...) ; jauger la déclivité du sol pour en tirer une orientation (monter, descendre)
Fig.15 : le pied qui découvre
11 Juhani Pallasmaa, La main qui pense, publié en 1936
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA Fig.14 : Voir avec la main• Toucher indirect
Les personnes non voyantes développent en effet une sensibilité accrue à la chaleur et aux mouvements de l'air. Elle lui permettrait de percevoir le flux d'air émis par son propre mouvement et réfléchi par les objets de l'environnement.
• Le sens des masses
C’est un sens qui est lié indirectement au toucher et à l’ouïe. Une sensation de contact par une variation de pression déformant l'épiderme
Ce sens se développe spontanément chez l’aveugle congénital, il se travaille auprès des adultes privés récemment de la vue.
Fig.16: la zone de sensibilité
Fig.17: Le sens des masses
6.2.2 L’ouïe
Ce sens devient la modalité prédominante dans les traitements spatiaux et dans les déplacements. Les oreilles sont actives à tous moments et sont omnidirectionnelles
Fig.18: L’ouïe un sens omnidirectionnel
L’ouïe permet de créer des repères, de localiser des obstacles, de s’informer sur les sens d’un déplacement, d’analyser l’origine du son.
6.2.3 L’odorat
C’est le sens le plus intrinsèquement relié à la mémoire. L’odorat agit donc de façon plus subtile mais moins précise, influant sur les sensations et les impressions. L’odorat a une très grande importance par rapport aux autres sens.
L’odorat peut ne pas servir à aider les personnes non voyantes à se situer dans un espace. Mais, ce sens peut servir comme un guide.
5.2.4 Le goût
Au niveau de la hiérarchisation sensorielle et l’ordre des sens, il détient une place marginale en termes de découverte de l’espace et le pouvoir de se situer par rapport à un autre espace à l'âge adulte. Mais il détient une forte importance en termes de découverte et d’exploration primales chez les enfants, pour qu’il devient un moteur d’appréhension.
Relié de façon très étroite avec les autres sens, le goût devient un élément complémentaire de perception.
7. Que voit un non voyant : La carte mentale
Pour se mouvoir sans voir, les personnes aveugles et non voyantes doivent se constituer une carte mentale du lieu qu’ils doivent parcourir. Pour se faire, l’espace doit être premièrement parcouru. Puis, afin de mémoriser le parcours, l’espace est mentalement géométrisé par des images mentales.
« Selon Vergnaud, la fonction principale de cette représentation mentale est de conceptualiser le réel pour agir proprement » . 12
12 Gérard vergnaud, La théorie des champs perceptuels, 1990
6.1 La mémoire : entre connaissance et habitude
L’expérience des personnes malvoyantes montre que le corps se souvient des gestes et des lieux, et que les informations données à la mémoire vont peu à peu se développer.
P1
P2
P3
La mémoire est une notion qui leur est nécessaire. C’est également une concentration permanente de chaque seconde.
La structure spatiale de l’organisation mentale des non voyants est beaucoup plus familière de la mise en relation temporelle du successif que de la mise en relation spatiale du simultané. L’élaboration de la carte mentale d’un espace donné se base sur trois types de connaissances spatiales :
1 Ça commence par sélectionner des repères tout le long du parcours qui agissent comme des indicateurs de position ou de déplacement.
2 - Puis, les itinéraires, petites séquences spatiales, permettent de morceler le parcours en micro scènes que le sujet mémorisera de manière indépendante.
3 Enfin, la connaissance de la configuration de l’espace permet une géométrisation mentale du parcours et permet une représentation spatiale globale.
D’un point de départ A à un point d’arrivée B, le parcours de la personne aveugle est morcelé en « micro scène » représentant le déplacement d’un point de repère à un autre.6.2 L’image cognitive
Fig.19 : lier les séquences, créer le parcours
Le cheminement que suit une personne déficiente visuelle est considéré comme une succession d’images. Pour établir une carte mentale qui permet de se mouvoir en indépendance dans un lieu, de mieux s’orienter et se déplacer.
Ces cartes imaginaires, ou représentations spatiales, ont été définies comme étant « une réflexion mentale symbolique et interne de l’action spatiale » 12(Shemyakin, 1962).
• Cas d’aveugle tardif : Dans le cas d’une personne ayant perdu la vue tardivement peut mettre en correspondance ses souvenirs visuels avec ses nouvelles perceptions, et se faire alors une représentation mentale basée sur des images visuelles.
• Cas d’aveugle précoce : Les personnes aveugles congénitales ne possèdent pas de patrimoine visuel, et pourtant, elles sont capables de se représenter mentalement des objets et de les reconnaître grâce aux autres sens.
• Cas d’un déficient visuel : Ils font une sorte d’association de plusieurs éléments pour
• représenter l’image Une information symbolique peut être transformée en information analogique et inversement. Alors, une image mentale peut se former à partir d’une description verbale.
1962
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA SYNTHESE
Les personnes non et malvoyantes font recours à des moyens de compensation pour remplacer le manque sensoriel visuel.
Fig.20 : remplacer la vue, créer l’équilibre
Lorsqu’il y a une privation sensorielle visuelle, l’image mentale construite dérive d’autres sources d’informations d’origine tactile et auditive.
-L'approche de l'espace se fera à partir des repères multiples, les déficients visuels vont identifier des points de repères sensoriels, généralement fixes et invariables dans le temps, lui permettant d’actualiser leurs positions lors d’un parcours.
Fig.21 : les repères
Les repères forment des séquences qui servent à constituer le parcours d’un déficient visuel.
INTRODUCTION :
Le handicap se définit comme résultante d'une interaction entre facteurs personnels, facteurs sociaux et facteurs environnementaux
La réduction de l’autonomie, l’incapacité dans la vie quotidienne et l’intégration dans la société sont les principales conséquences du handicap
1- Le handicap
1.1 Définition de handicap :
Une personne porteuse de handicap est toute personne dont l’intégrité physique ou mentale est passagèrement ou définitivement diminuée. Soit congénitalement, soit sous l’effet de l’âge ou d’un accident. De sorte que son autonomie, son aptitude à fréquenter l’école ou à occuper un emploi s’en trouvent compromises13 .
Fig.22 : Les types du handicap1.3 Statistiques :
1.3.1 Dans le monde :
Le nombre de personnes en situation de handicap est de 1 milliard de personnes c’est 13% de la population mondiale , 20% d’entre elles vivent avec de grandes difficultés fonctionnelles au quotidien.14
Le champ du handicap à l’échelle mondiale en chiffres :
253 millions de personnes seraient touchées par une forme de déficience visuelle soit 3,2% de la population mondiale dont 40 millions atteintes de cécité.
466 millions de personnes ont une déficience auditive handicapante soit 6% de la population mondiale.
200 millions de personnes environ ont un handicap intellectuel soit 2,6% de la population mondiale
75 millions de personnes auraient besoin d’un fauteuil roulant au quotidien soit 1% de la population mondiale.
Fig.23 : vers l’intégration sociale
p.normale
1.3.2 En Tunisie
En Tunisie, le nombre de personnes porteuses de handicap visuel n’est pas exact L’UNICEF a pointé du doigt en 2015 sur la défaillance des statistiques tunisiennes. Le nombre de la population tunisienne c’est 11.8 millions de personnes dont 280 mille sont porteuses de handicap divers. Le nombre augmente de 7 mille personnes par an. 12 % sont non voyants, 44 % souffrent d'un handicap organique, 28 % de handicaps mentaux, 11% sont malentendants et 5 % sont porteurs de handicaps divers.
2 La place du handicap dans la société : entre passé et présent :
Pour comprendre ce que signifie « être aveugle aujourd’hui », il faut qu’on comprenne la situation des aveugles durant l’histoire.
2.1L’approche historique :
❖ Le rejet des non-voyants
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA Fig.26 : la parabole des aveugles
Durant le moyen âge, pour la masse des aveugles pauvres, la cécité est le signe du péché ou d’une tare morale.
Le tableau 15 représente six aveugles qui se suivent les uns derrière les autres se tenant par l’épaule. Les deux premiers sont déjà tombés dans la rivière Le peintre met l’accent sur le thème de la dépendance, une notion porteuse de multiples significations, entre lien social, incapacité, besoin d’aide et assujettissement.
15 La parabole des aveugles de Pieter Brueghel l’Ancien, en 1568
❖ Le point de réflexion : l’éducation des aveugles
Au XVIIIe siècle, suite au développement de la philosophie sensualiste16 . L’individu doit pouvoir accéder par lui même à la lecture et à l’écriture. D’où l’intérêt de certains aveugles remarquables pour les procédés tactiles qui leur permettent de lire ou d’écrire sans faire appel à un tiers.
❖ La musique pour faciliter l’apprentissage des malvoyants
La première école pour les malvoyants était une école de musique : L’Institut royal des jeunes aveugles de Paris fondé par Valentin Haüy 17fonde, en 1784, qui, plus de 50 ans plus tard, devient l’Institut national des jeunes aveugles (l’INJA18)
Fig.27 : l’INJA
16
Le sensualisme est un courant philosophique et, en tant que dérivé de la théorie plus générale de l’empirisme, une des principales théories de la connaissance au XVIIIᵉ siècle.
17 Valentin Haüy, né le 13 novembre 1745. Il fut l'un des premiers à s'intéresser au devenir socio culturel des aveugles. Il fonda à Paris la première école pour aveugles, l’INJA.
18 L’institut national des jeunes aveugles, c’est la première école pour les aveugles dans l’histoire.
❖ LA MUSIQUE POUR DEPAASER LE HANDICAP
L'apprentissage de la musique pour les personnes malvoyantes et aveugles est une source de stimulation cognitive et sensorimotrice. Elle permet de développer la mémoire, l'esprit d'anticipation, la précision gestuelle, la souplesse musculaire, l'attention mais aussi la créativité et les représentations mentales. Elle est un mode d'expression qui fait appel à son propre patrimoine familial, culturel, social.
❖ L’invention du Braille
Durant la seconde moitié du XIXe siècle, Louis Braille 19arrive à mettre en place un système d’écriture imprimée en relief.
Fig.31 : L’alphabet en braille
En musique, Louis Braille qui est lui même un musicien et pianiste, a fait la démonstration du progrès apporté aux personnes aveugles par la réalisation de partitions imprimées en relief. En effet, la possibilité de prendre connaissance d’un texte musical sans avoir recours à la dictée d’un tiers pour le mémoriser constitue une étape importante vers l’autonomie des musiciens aveugles et vers l’essor de leur créativité
19 Louis Braille, né le 4 janvier 1809, enseignant et musicien français qui a inventé un système d’écriture tactile à points saillants, à l’usage des personnes aveugles.
Fig.32 : Les notes de musique en braille
La musique est l’un des premiers vecteurs d’intégration professionnelle des déficients visuels. De nombreux élèves mènent de belles carrières de musiciens, de professeurs ou d’accordeurs de pianos.
❖ Les contributions des musiciens aveugles dans la musique
Les musiciens aveugles ont à la fois marqué la culture populaire, et apporté une contribution majeure à l’histoire littéraire et musicale mondiale.
- Maria-Theresia von Paradis (1759 1824), une aveugle autrichienne, qui se produit au Concert spirituel.
Elle a bénéficié des meilleurs précepteurs pour son éducation et possède de nombreuses connaissances en plus de ses talents musicaux.
Valentin Haüy a l’occasion d’entendre la jeune femme et il a l’opportunité de la rencontrer et d’échanger avec elle sur ses méthodes d’apprentissage
Il aborda de nombreux genres musicaux durant sa carrière de plus de cinquante ans : le jazz, le gospel, le blues, la country ou encore le rhythm and blues. Il est en outre fréquemment considéré comme l'un des pionniers de la soul.
Fig.34
- Stevie Wonder est un auteur compositeur interprète américain. Aveugle depuis sa petite enfance, il est considéré comme l'un des plus grands artistes américains de la seconde moitié du20ème siècle et possède l'une des carrières les plus prolifiques de la musique populaire américaine
Fig.35
Moondog est un compositeur et musicien américain
Constamment à la recherche de nouveaux sons, Moondog a inventé un certain nombre d'instruments de musique, y compris une petite harpe triangulaire appelée "Oo", un autre qu'il a appelé "Ooo ya tsu", le "Trimba", un instrument de percussion triangulaire, que le compositeur conçu à la fin des années 40.
Fig.36
Ray Charles la légende de blues est un chanteur, compositeur, arrangeur et pianiste américain.2.2La situation du présent :
Au quotidien, la personne non ou malvoyante aujourd’hui doit subir la gêne et l'incompréhension des personnes vivant autour d'elle. Du non considération à la sympathie, les réactions sont nombreuses et mettent souvent mal à l'aise.
❖ Le rejet
Ne plus voir que le handicap chez le déficient visuel : le déficient visuel, pour exister, a besoin d'être connu et reconnu pour ce qu'il est Malgré ça, les aveugles doivent vaincre bien des obstacles pour parvenir à s’intégrer en milieu social, scolaire et professionnel « ordinaire ».
❖ La surprotection
La surprotection fait du non voyant un être passif, non ouvert sur le monde extérieur.
Selon Pierre HENRY, « le sentiment que les aveugles repoussent avec le plus de force est la pitié » 20 .
❖ La sensibilisation
Les deux comportements de la société, soit le rejet soit la surprotection de l'aveugle aboutissent à créer un être passif, non autonome.
Il est certain que les efforts de sensibilisation du grand public au phénomène de la cécité et à la situation des personnes déficientes visuelles est une urgente nécessité.
Alors, quelle situation pour les porteurs de handicap en Tunisie ?
Pierre Henry : Compositeur français aveugle, pionnier de la musique électroacoustique (Paris, 1927 2017)3 Vivre le handicap en Tunisie :
3.1 La loi : Entre intégration et accessibilité
L'accessibilité culturelle doit être respectée pour et par tous. Avec l'objectif de "Qualité d'usage pour tous" 21 , une réelle impulsion des politiques culturelles territoriales est nécessaire afin de pourvoir aux divers aménagements spécifiques.
Les pouvoirs publics ignorent trop souvent la question de l’aménagement urbain et de l’accessibilité de la voie publique.
Témoignage : « Être handicapé en Tunisie est terrible, ça va de l’absence totale d’équipements publics adaptés aux handicapés jusqu’à la méchanceté. Il est difficile d’accéder à des lieux publics. Beaucoup
oublié dans
Dans la vie professionnelle, peu côtoient des collègues porteurs de handicap. Alors qu’une obligation légale
à hauteur d’au moins un poste entre 50 et 99 salariés. Et de
3.3 Point de vue sportif :
Les malvoyants tunisiens ne font pas partie du groupe des handicapés tunisiens participant aux jeux paralympiques. Malgré la diversité des activités sportives, les malvoyants tunisiens n’avaient aucun accès au sport qu’en 2014, ils avaient formé l’équipe de goal Ball à Gabes24 .
Fig.38:
3.3.1 Point de vue politique :
Dans la vie politique, combien de dirigeants politiques ou de ministres porteurs de handicap depuis l’indépendance ? Hichem Mechichi a confié le ministère des affaires culturelles à une personne malvoyante : Walid Zidi25,. Cela est si inédit dans l’histoire de la Tunisie.
3.4Les associations tunisiennes pour les malvoyants :
dans
domaine, les associations qui s’intéressent à répondre aux attentes
sont actives. Mais, les campagnes de sensibilisation sont trop peu
sujet. On cite par exemple :
(france24.com)
Fig.40 : roya
• L'association ROÏYA, VISION née en Juillet 2012. Association d’aide, d’accompagnement des mal et non voyants.
Fig.41 : Khalil
• L'Association Khalil pour la promotion des aveugles est une association éducative de guidage, située dans la ville de Médenine.
Fig.42: Ibsar
• L’association « Ibsar » est fondée en 2013 : Loisirs et cultures pour les non et mal voyants.
L’association soutient les capacités des personnes handicapées à s’engager dans les affaires publiques et culturelles.
Fig.43 : Handymusic
•C’est un festival international organisé par l’association « Ibsar » pour les personnes malvoyantes et des musiciens créatifs handicapés. Il collecte des créations artistiques de différents pays afin de diffuser la culture musicale et les interactions positives qu’elle peut offrir entre le public et les malvoyants.
4 Les établissements destinés pour les personnes malvoyantes
4.1 Le système d’enseignement
En Tunisie 5 établissements d'enseignement pour les aveugles :
Trois structures d’accueil spécialisées, dotées d’un internat, ont vu le jour à :
Ben Arous : école primaire, école secondaire
Sousse : école primaire, école secondaire
Gabès : école primaire et secondaire Bizerte et Sfax : des salles de classes mixtes pour un enseignement local intégré à l’école publique
4.2 Les défaillances de ce système :
Pour les enfants qui n’ont pas atteint l’âge de scolarité obligatoire, aucun dispositif structuré d’accueil préscolaire n’existe.
Les méthodes d’enseignement sont adaptées à un public non voyant. Ce qui empêche les enfants avec un reste visuel de profiter de cette capacité dans l’acquisition de connaissances.
Les choix d’orientation de fin d’étude se limitent globalement aux branches littéraires et à la kinésithérapie.
-L’absence totale des activités artistiques et sportives.
Un seul centre de formation qui est fermé depuis le premier confinement.
4.3 Etude critique :
4.3.1 Visite de siège de l’UNAT26
Depuis sa création en 1956, l’UNAT assure un rôle moteur et social auprès de la communauté aveugle et malvoyante.
Le siège de l’UNAT est construit en 1976, il se situe au début du boulevard de BAB BNET, près de la place de la Kasbah.
Fig.44 : Vue aérienne de l’emplacement du bâtiment
Le bâtiment se caractérise par sa compacité, il est un carré qui s’élève sur 7 niveaux. C’est un ensemble de bureau regroupant les services sociaux et médicaux une grande bibliothèque sonore et une grande salle polyvalente.
26 Vendredi le 11 Mars 2022, j’ai effectué une visite au siège de l’UNAT situé à Bab Bnet. J’étais bien accueillie par Mr. Taoufik DABBOUSSI, le président de l’union nationale des aveugles en Tunisie, et qui a répondu à mes questions concernant la situation des personnes non et malvoyantes en Tunisie : (voir annexe).
Accueil Consultation ophtalmologique
Service
Service
de
4.3.2 Visite du centre de réadaptation et de formation de Sidi Thabet
Il était fondé en 1963, le centre de réhabilitation professionnelle de Sidi Thabet est le seul centre de formation pour les personnes malvoyantes en toute la Tunisie.
Le centre de formation est situé dans une zone rurale éloignée de la ville. En absence de tout moyens de transport, le centre est difficilement accessible.
Suite à la visite due l’UNAT, j’ai effectué une visite au centre de formation et de réadaptation de Sidi Thabet. Volume 1 2 Fig47 : Plan de situation du centreL’absence de sonorisation pour marquer les portes
L’absence de bande de guidage au sol
L’absence de bande d’éveil à la vigilance
Les tables sont très proches, ce qui rend la circulation difficile
Fig. 49. Créations des malvoyants du centre
5 Les demandes des personnes déficientes visuelles en Tunisie :
5.1 L’intégration sociale
La personne aveugle ou malvoyante demande à être considéré comme un homme entier dans tout ce qui fait la personne humaine.
5.2 L’accessibilité à l’art et la culture :
L’absence totale de structure destinée aux loisirs et formation artistique. Alors, l’état peut créer des centres de formation artistique pour :
5.3 L’accessibilité au cadre bâti :
La possibilité de se mouvoir et de se déplacer, aussi bien à l'intérieur du bâtiment que dans les espaces publics et les transports, conditionne l'insertion sociale de chacun des personnes
Faire valoir, au près du large public, les produits des malvoyants dans le champ de la création culturelle et artisanale.
-Appuyer la politique d’insertion et l’intégration des handicapés dans les domaines culturels et de loisirs.
Comment s'instruire, travailler, se distraire, participer à la vie de la cité, nouer des liens amicaux, familiaux ou sociaux, si l'on ne peut se déplacer et accéder dans les lieux où se pratiquent les activités sociales, éducatives et artistiques.
Introduction :
Le présent chapitre vise à développer une méthodologie ainsi que des outils de conception permettant de créer une architecture des sens qui permet l’intégration des personnes malvoyantes dans l’espace et qui leurs permet d’être autonome.
La compréhension de l'espace est laborieuse puisqu'elle demande à l'aveugle de faire des liens sans support extérieur unificateur comme la vision. Elles lui permettent d'interagir d'une nouvelle manière avec le milieu, de coordonner les informations qui en proviennent, de se représenter plus précisément son corps, l'espace dans son entier et les propriétés des objets qui s'y trouvent.
1 La perception de l’espace chez une personne déficiente visuelle :
La personne non voyante ne peut pas comprendre l’espace instantanément, elle ne peut pas construire la perception et la compréhension de l’espace à travers une distance.
Les distances paraissent infinies puisque la perception visuelle qui donne un accès instantané et à distance à l’information ainsi qu’une fin au chemin est manquante.
Les images mentales qu’ils créent sont fragmentées et séquentielles dépendant de leurs zones de compréhension de l’espace qui est restreinte.
- Le malvoyant perçoit l’espace en deux entités bien différentes en se basant sur la géométrie de son corps et ses possibilités motrices :
1.1L’espace de préhension : Le corps stable
Pour connaître son espace de préhension, la personne non voyante doit le parcourir par de nombreux mouvements de toute sorte (par exemple le balayage) des membres supérieurs et des membres inférieurs. (L’utilisation des mains et des pieds comme outils de découverte).
Le toucher et la proprioception lui permettent de retrouver les objets placés dans l'espace de préhension.
Fig. 51 : l’espace de préhension
1.1.1 L’espace du corps
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA 1 2
Proprement dit, délimité par le revêtement cutané, L'espace du corps est principalement identifié à travers la modalité proprioceptive
1.1.2 L’espace proche (Péricorporel), dont la limite est donnée par les points que l'organisme peut atteindre sans activité locomotrice, fait ensuite intervenir le toucher de façon prégnante L’ensemble de l’espace demeure discontinu. Pour lui, l’acquisition des représentations joue un rôle déterminant pour assembler les différentes parties de l’espace perçu.
Fig. 52 :La notion de l’espace
notion d’échelle chez les malvoyants
2 Planification spatiale pour les malvoyants :
La planification spatiale intervient sur les caractéristiques spatiales du projet, soit sa taille, son organisation et la nature de ses systèmes de circulation. Le but est de faciliter la création d’une carte mentale juste et efficace de la part des usagers cibles.
2.1 l’hapticité de l’espace :
Le défi consiste à sensualiser l’architecture en renforçant l’hapticité, la matérialité, la texture et la matière lumineuse. L’architecture haptique, génère des expériences sensorielles et favorise les interactions personne/milieu.
Le changement de texture permet à la personne malvoyante de se repérer dans l’espace.
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA Fig. 56 : L’hapticité des matériaux
Le changement de la texture matérialise spatialement le passage d'un espace à un autre
Le sol et le mur sont d'une importance référentielle primordiale.
La personne malvoyante ne s'oriente que par rapport à des limites, il maîtrise l'espace quand il maîtrise les limites.
2.1.1 Les procédures exploratoires :
Pour chaque propriété des objets à connaître, une procédures exploratoire particulière doit être mise en œuvre : frottement latéral (pour la texture), pression (pour la dureté), enveloppement et suivi des contours (pour la forme et la taille), etc.
Les six principales procédures exploratoires décrites par Lederman et Klatzy
•
Le processus perceptif tactile très lent et séquentiel. Il n’y a rien de tel dans la modalité visuelle où toutes les propriétés sont appréhendées en une fraction de seconde.
2.1.2 Les outils exploratoires
❖ La main : Les mains ont une double fonction (selon Hatwell)30 :
Une fonction motrice
Permet l’exécution des actions de la vie quotidienne
Une fonction perceptive
La palpation d’un objet se fait en deux temps :
1. Un premier où les mains prennent à la hâte une représentation de l’ensemble
2. Un second où les doigts explorent les détails.
❖ Le pied
La perception podotactile des sols : participent d’une manière organisée à la régulation de la posture érigée
❖ La canne
Au cours de son déplacement, la personne déficiente visuelle explore le sol par un mouvement alternatif droite gauche de sa canne longue « balayage ».
2.2La sonorité des espaces :
2.2.1 La quête de l’espace
Le champ sonore a en commun avec le champ visuel qu’il est un champ perceptif à distance. L’ouïe contribue à la formation de l’espace : Les bruits lointains constituent l'horizon du non voyant.
30 Privation sensorielle et intelligence : effets de la cécité précoce sur la genèse des structures logiques de l'intelligence, Yvette Hatwell,1961
- L’organisation des bruits qui entourent la personne malvoyante sert à créer des repères : Il y a des bruits mobiles et fugaces, d'autres fixes et stables. Tous les bruits fixes qui peuvent constituer l'espace sont très importants, ils permettent une approche précise de ce lieu.
Fig. 58 : L’ouïe, le sens spatial Fig. 59 : la création de l’espace sonoreLe son sert à guider les non voyants :
Guidage actif : il est constitué par les sources sonores mobiles, le bruit émis par les voitures donc il permet au malvoyant de connaitre sa distance par rapport à la source sonore.
Guidage passif : il est fourni par les réflecteurs de l’ambiance sonore, les ambiances stables et constants qui ne subissent pas les variations de l’activité humaine : (jour : espace animé, nuit ; espace calme).
-
Fig. 60 : guidage
2.2.2 Les procédures exploratoires
Claquer les doigts pour savoir l’échelle de l’espace.
Le son résultant de contact de la canne donne une idée sur l’objet (panneau, mur, porte…)
Fig. 61 Fig. 62Parler pour savoir la distance qui sépare le corps de l’obstacle
La sonorité d’un matériau donne sa résonnance à un espace bois
Fig. 63 : L’écho
2.3 L’odorat
Chaque espace a son odeur, ça sert à créer des repères. Dans son parcours, la personne malvoyante saisit l’odeur d’une librairie, d’une boulangerie ... : autant d’éléments qui enrichissent son vécu spatial.
Séparer les espaces par le parfum et créer une ambiance agréable à travers les odeurs les plus puissa ntes. Cela agit comme indicateur d’espace .
Fig. 64 : L’odorat
La qualité spatiale thermique :
s'orienter.
du sens du déplacement
moins
dans
soleil
Le mouvement :
existe une image spatiale dans l'esprit des non voyants, puisqu'ils se déplacent et ils agissent.
perception de l'espace est dynamique parce qu'elle est liée à l'action.
Les
L’orientation
L’orientation est la capacité à se situer par rapport aux objets, et à les localiser par rapport à sa propre position, par le biais de repères spatiaux.
Le
Le
dans l’espace
aveugle suit une logique d’effectuation, selon l’étude menée
vécu et parcouru pour être représenté.
Création de repères : (environnementaux et spatiaux).
On distingue alors deux types de repères aux fonctions différentes :
1. Les repères de fonction directionnelle pour prendre une décision concernant le mouvement.
2. Les repères de fonction localisatrice qui permettent à l’aveugle de savoir qu’il est à tel endroit du parcours. En se déplaçant à plusieurs reprises, la personne non voyante enrichit sa connaissance des points de repères l’aidant à se situer et donc à se localiser plus facilement.
Repère localisatrice : fixe
Fig. 68 : les repères
* Apprendre à se déplacer ; à découvrir par le toucher la texture et la chaleur des matériaux (qui varie au cours de la journée), se déplacer en frôlant les murs.
La scénographie : La mise en scène propre à chaque espace :la combinaison des dispositifs architecturaux et leurs effets.
1 Séquençage par gradation (Luis ) 33:
Fig. 69 : parcours unidirectionnel
33 Luis Barragan : est un architecte mexicain, connu pour son style, synthèse entre l’architecture et l’émotion.
C’est l’espace qui nous appelle
Fig. 70 : parcours multidirectionnel
autour d’un noyau
d’un
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA SYNTHESE
Se mouvoir sans voir les personnes aveugles doivent découvrir l’espace en faisant recours à d’autres systèmes sensoriels.
Visuel Tactile Auditif
Contact Indirect Direct Indirect
Catégories de récepteurs De loin De près De loin
Perception Simultanée Dans le temps Simultanée
Champ perceptif Global Séquentiel Global
Etendu Réduit Etendu
Inextensible Élastique Extensible
Perceptible
Fixe En mouvement Variable
Fig. 72 : les champs perceptifs
En absence de flux visuel, la personne non voyante ne peut pas comprendre l’espace instantanément. L’ouïe est le champ spatial par excellence pour un non voyant. Il est responsable à la création de l’espace et l’horizon.
Champ olfactif
Champ visuel Champ tactile
Fig. 73 : la dimension spatiale des sens
Champ auditif
La personne non voyante dispose de l'audition et de l'olfaction pour percevoir un objet qui se situe en dehors du champ tactile : Le respect de l’échelle humaine lui permet une meilleure lecture de l’espace.
La perception fragmentée de l'espace par l'audition et le toucher a des répercussions sur l'élaboration des représentations
Fig. 74 : un parcours fragmenté
Par manque de représentation, le déficient visuel n'est pas relié à quelque chose de concret et il ne perçoit pas les trajets de ses segments dans l'espace.
Fig. 75 : formes et échos
Les échos qui donnent des notions sur les dimensions de la pièce, sa hauteur mais également des matériaux présents
Fig. 76 : temps et lumière.
La sensibilité à la chaleur participe à la construction de l’image mentale et donne une indication sur le temps.
INTRODUCTION :
Un handicap de perception apparaît lorsque l'adéquation entre la personne et l'aménagement des espaces n'existe pas.
La correction du handicap, qui peut aller jusqu'à sa suppression, dépend de l’évolution sociale, de l'aménagement des espaces et de l'objet correcteur.
L’architecture crée ou supprime le handicap.
Fig. 77 pictogramme pour non voyant
L’objet de ce chapitre est de présenter les critères d’accessibilités pour les personnes ayant une déficience visuelle selon des dispositifs architecturaux, architectonique et mobilier. Ce n’est pas seulement une accessoirisation de l’espace, c’est toute la spatialité qui est mise en évidence.
1 L’accessibilité chez les déficients visuels
Selon la CFPSAA, l’accessibilité consiste à permettre la compréhension d’un espace pour se situer et à rendre disponibles des informations. Un espace est compréhensible quand il est conçu de manière multisensorielle et qui fait intégrer tout le corps35
Les notions de sécurité et de confort d’usage sont intimement liées à l’approche de l’information ou de l’environnement pour les deux catégories de public concerné :
Pour chacune de ces populations, le sens visuel est inopérant ou fonctionne soit de façon aléatoire.
35 Confédération Française pour la Promotion Sociale des Aveugles et Amblyopes
2 Les fiches thématiques d’accessibilité
Les dispositifs architecturaux
Les fiches techniques ont été mise par la société logique en collaboration avec l’institut de Nazareth et Louis Braille 36
2.1 Fiche n°1 : Ambiance visuelle :
2.1.1 contraste
Le mobilier signalétique doit être pourvu d’un bon contraste chromatique afin de créer un signal pour tous. Un contraste en luminance est mesuré entre les quantités de lumière réfléchie par l’objet et par son support direct ou son environnement immédiat, ou entre deux éléments de l’objet. Le contraste de 70 % doit être respecté lors de la mise en œuvre.
Fig.78 : le contraste de couleurs
• La valeur du contraste en pourcentage est indiquée dans la case croisant les deux couleurs37. Chaque valeur notée en rouge correspond à une association possible de couleurs pouvant atteindre un contraste visuel de 70 % minimum donc conforme à la valeur demandée par la norme.
36 L’institut de Nazareth et Louis Braille (INLB) est la première école à introduire l'enseignement du braille en Amérique du Nord 37 Romedi Passini et Arthur. P, wayfinding, p 179, 1992
2.1.2 Eclairage
Les malvoyants sont de deux types :
Ceux qui ont besoin d'un éclairage plus fort que la normale
Ceux qui ont besoin d'un éclairage moindre : faire des films solaires
types d’éclairage
• Aide au déplacement :
au dessus de
• Aide aux activités :
Avoir un éclairage spécifique, renforcé sur les points clés du cheminement (accueil, billetterie, valideurs, escaliers, etc.).
Les différents types de signalétique : localisation, direction, identification et informations générales, peuvent être distingués par des fonds de couleurs différentes, en veillant au bon contraste texte/pictogramme et au respect de ces codes couleur sur toute la chaîne de déplacement.
La signalétique visuelle doit être relayée par une signalétique sonore et tactile
d’une acoustique générale homogène et sans
inutile.
des équipements : La balise sonore :
C’est une source d’émission sonore qui crée lors de son activation une direction à suivre. Disposées à des endroits stratégiques (entrées, sorties, accueil…) activables à la demande, Les balises sonores permettent à l’usager de repérer ses points d’intérêts et de s’orienter en autonomie et en sécurité.
-Signalisation tactile
Une transcription braille de la signalisation visuelle peut être ajoutée :
Un plan du bâtiment accessible en mode tactile peut être présenté sous plusieurs formes : maquette, panneau incliné placé près de l'entrée principale, carte tactile disponible au comptoir d'accueil, etc.
Fig.82 : balise sonore Fig. 83 : plan en bas-relief2.3 Fiche n°3 : Cheminements et l’accès au bâtiment :
Le chemin d’accès : Il sert à attacher le trottoir public et les accès au bâtiment. Il doit être uniquement piétonnier. (Fig. 82)
L’accès extérieur :
Les entrées et les accès doivent être au même niveau tout en veillant à ce que l'entrée principale sera plus facile à détecter. D'autre part le chemin d'accès sera marqué par un revêtement de sol pour assurer un contraste visuel et tactile avec le milieu extérieur (Fig.82).
-Les banques d’accueil
Les banques d'accueil ou toutes zones d'information devront être contrastées en évitant les portes vitrées transparentes, qui sont difficilement détectées par les personnes malvoyantes. La pose d'une bande contrastée sur une large surface peut améliorer leur repérage
Fig. 84 : normes pour l’accueil
Le non voyant ne contrôle que le point de départ et en partie le point d'arrivée.
Le point de repère qui représente le début de son chemin de circulation, doit être remarquable de façon à ne pas confondre avec un autre élément, composant de cet espace.
Le déplacement du corps lui fait perdre une grande part des « repères spatiaux » qu'il pouvait avoir. Pour les points intermédiaires, les tâches se compliquent puisqu'elles doivent être construites à partir du point de départ. De ce fait, une hiérarchisation des différents points
D’appel et de repère est indispensable.
Le repère spatial
Le point de départ
Fig. 87 : le repère spatial
Le point intermédiaire
Le point d’arrivée
Les bandes de guidage au sol
La bande de guidage se trouve au sol et parcourt le bâtiment. Sans rupture elle peut être suivie du début à la fin. Cette bande est en relief et d’un matériau qui contraste tactilement avec le sol existant ; elle permet de prévenir des dangers (croisements), d’indiquer des éléments indispensables.
Fig. 88: signalisation podotactile
Les nervures marquent le sens du déplacement
Le marquage des portes et des surfaces vitrées : de préférence que les portes et les fenêtres seront coulissantes pour éliminer le risque de choc frontal lorsqu’elles sont ouvertes ou entrouverte (Fig. 84)
Une bande d’éveil à la vigilance est un revêtement de sol contrasté visuellement et tactilement. Elle est détectable à l’aide d’une canne blanche ou au contact du pied.
Son rôle est de prévenir les personnes déficientes visuelles d’un danger. On les trouve en haut des escaliers.
Les marches doivent être régulières et uniformes, les contres marches doivent être pleines et de couleurs contrastées. (Fig.92)
Chaque niveau doit être identifié par un chiffre en rapport avec le niveau zéro.
Placer des jardinières sous une montée d'escalier pour éviter tout obstacle de hauteur inférieure à 2.20m.
Fig.91 : main courante en braille Fig.92 : protection escalier2.6 Fiche n °6 : Ascenseurs :
La création d'une surface contrastée tactile et en couleur créée à leur entrée, uniforme pour tout un bâtiment, représentera une aide notable à leur détection.
Signalétique des niveaux du bâtiment. Le niveau de chaque étage est indiqué en gros caractères, de couleur contrastée par rapport au mur, face à la porte de l’ascenseur. La signalétique des niveaux sera doublée de la fonction principale utilisée sur l’étage (accueil, parking, salles de réunion…).
Fig.93 : Marquage pour ascenseur
2.7 Fiche n°7 Le mobilier
•Le meuble doit servir comme un point de repère pour faciliter la localisation de la personne non voyante.
• Contours et couleur du meuble même choisis judicieusement ne doivent pas se dissoudre par similarité avec l'environnement.
Le mobilier comme obstacle
Le mobilier devient gênant s’il est découvert à la dernière seconde
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA >0.90 :
Prolonger l’obstacle au sol : <0.30 :
Fig.94 : détection probable :
détection impossible :
La canne doit explorer avec un temps d'avance, soit un pas d'avance, l'endroit où le pied va se poser. La personne déficiente visuelle doit avoir le temps nécessaire pour réagir en s'arrêtant ou en contournant l’obstacle.
Aménagements tactiles : Il est nécessaire de neutraliser la zone où peut s'engager la canne en prolongeant l'obstacle au sol.
Au regard des constructions actuelles, les dispositifs représentés dans ce chapitre ressemblent plus à une accessoirisation de l’espace pour justifier sa conformité aux règles. Les normes actuelles existent afin d’être rassembler avec le chapitre précédent.
Ces normes facilitent l’orientation et la localisation dans l’espace qui doit être conçu dès le début selon la spatialité adéquate.
Fiche n°1 : l’éclairage pour guider
Fiche n°2 : Une signalisation : visuelle, sonore et tactile
Fiche n°3 : Le cheminement et accès au bâtiment : bande de guidage
Fiche n°4 : La circulation horizontale :
Fiche n°5 : Les escaliers : Bande d’éveil à la vigilance Marche et contremarche contrastée
Fiche n°6 : Les ascenseurs : signalisation écrite et sonore
Fiche n°7 : Le mobilier doit être détectable et de couleur contrastée pour faciliter le repérage Fig.95: éclairage linéaire
Introduction :
Dans ce chapitre, nous allons présenter l’objectif de ce projet. Par la suite, nous allons traiter et justifier le choix du site d’intervention ainsi que la réglementation urbanistique. Enfin, nous aborderons le projet en traitant tout ce qui se rapporte au programme, au parti architectural et aux esquisses.
Fig.1471 Objectif du projet :
Les personnes déficientes visuelles souffrent d’un vrai manque d’activités culturelles et d’espaces de loisirs. La plupart de ces dernières sont considérées inaccessibles ou difficilement accessibles pour eux et que plusieurs domaines sont jugés incompatibles.
Après avoir échangé avec Mr. Taoufik DABBOUSSI, le président de l’union national des aveugles en Tunisie, qui a souligné l’importance de l’enseignement musical pour les déficients visuels, et qui eux mêmes demandent constamment l’accès à ce domaine soit pour se divertir ou afin d’apprendre.
L’objectif de ce projet est donc de répondre aux besoins de ces personnes mal et non voyantes en Tunisie en leurs donnant accès à l’enseignement musical. Ce dernier est un véritable accès à la culture et à l’autonomie.
L'accessibilité culturelle doit être respectée pour et par tous, et elle est inscrite dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme (1948),
Le centre vise à faciliter l’intégration dans la société et préparer le terrain pour la vie professionnelle en offrant des diplômes musicaux. Et surtout créer un espace de loisir et d’échange.
Faire de la musique, le malvoyant participe activement à l'environnement dans lequel il est né, il gagne la confiance en soi, l'indépendance et élargit son univers culturel (MCCANN, 2009).38
En deuxième lieu, le projet vise à sensibiliser le grand public et les concepteurs du demain à l’importance du respect des minorités.
Il s'agit d'un lieu d'initiation à la vie quotidienne, sociale, culturelle et professionnelle d'un aveugle ou mal voyant
Accessibilité : - A la musique +intégration = autonomie.
Au bâtiment
2.2 Accessibilité :
Le terrain
Station de bus
Flux de circulation dense
Flux de circulation moyen
Flux de circulation faible Voix
N
Schéma : Le flux de circulation
Le terrain
Station de bus
Flux de circulation dense
Flux de circulation moyen
Flux de circulation faible Voix piétonne
Côté Est : la cité universitaire de Ben Arous.
Côté Ouest : une zone naturelle
Côté Nord : zone industrielle
Côté sud : école secondaire pour les aveugles.
Penser L’ARCHITECTURE pour le NON et MAL VOYANT : CENTRE DE FORMATION MUSICALE A BIR KASSAA Côté sud est : commerce
2.3 Le parcours urbain
Le terrain est accessible par deux voies :
Soit du côté nord est par une voie véhiculaire à faible fréquence : rue ENNOUR.
Soit du côté sud est par une voie à faible fréquence : rue FARHAT HACHED.
Débutant à la station du bus situé à la route régionale 33 et aboutissant au terrain et aux équipements scolaires, le parcours présente une série d’entraves à la mobilité des personnes déficientes visuelles.
Un vrai danger !
La présence de plusieurs obstacles ainsi que la discontinuité du trottoir obligent les élèves déficients visuels à prendre des risques et marcher dans la rue
Le réaménagement du parcours aura pour but d’éliminer les obstacles, faciliter le déplacement des personnes non et malvoyantes dans la cité et simplifier la lecture spatiale.
Une bande podotactile qui sert à guider et à repérer les entrées des équipements scolaires.
Prévoir des panneaux signalétiques pour aider à localiser les différents équipements.
Des bornes anti stationnement pour éviter l’occupation du trottoir par les voitures
Eclairage pour guider les malvoyants
Créer un garde corps
Une bande de sécurité longera le parcours tout le long du passage de la rr33.
Station de bus sans obstacle3. Le contexte spécifique : Le terrain
Le terrain est affecté par une fonction délimitée par la zone « E » qui est « une zone d'équipement socio collectifs existants ou projetés, affectées suivant les besoins de la commune ». Règlement d'urbanisme « Plan d'Aménagement Urbain de la Commune de Ben Arous ».
Le terrain se situe dans le quartier Nord Ouest de « Hay El Isken » dans le gouvernorat de Ben Arous. On trouve à proximité du terrain des équipements scolaires pour les non voyants et un foyer universitaire pour les garçons.
N
Schéma : accessibilité
Le terrain est accessible par le côté sud : Accès véhiculaire Accès principal
Le terrain est de forme presque rectangulaire, et de surface 12460 m². Le coefficient d’occupation de sol est de 0.5.
Coupe transversale : la pente du terrain est de 6 % : on trouve 6m de différence sur une distance de 100m.
Coupe longitudinale : le terrain est presque plat : la différence de niveau est de 1 m sur une distance de 125 m.
3.2 L’orientation :
Vents dominants
La partie nord ouest du terrain est la plus exposée au vent.
La partie la plus ensoleillée est celle du sud.
N
3.3 Population cible :
La richesse du tissu urbain contribue à l'intégration sociale des handicapés visuels. En effet, la création du centre de musique qui recevra essentiellement les déficients visuels à proximité de ces équipements scolaires peut résoudre les problèmes de l’intégration sociale et assurera ainsi un accès facile au droit de la culture et de divertissement.
Les élèves des équipements scolaires voisins : divertissement et sensibilisation à la musique
Les étudiants pour une formation musicale professionnelle
Le centre est ouvert aussi pour le public, c’est un lieu d’échange et de rencontre.
3.4 Programme :
L'école est le reflet d'un certain mode de vie. Raison pour laquelle le programme s'organisera comme une multitude d'activités permettant aux élèves atteints de déficience visuelle de développer leurs aptitudes sensorielles. Et pour ceci, l'école sera conçue autour d'une multitude d'effets sensoriels créant une expérience spatiale unique.
Le parti architectural tournera autour de la question du parcours et de celle du repérage
Comme nous l'avons mentionné précédemment, le projet de centre de musique pour les personnes atteintes de déficience visuelle nous permettra de définir une nouvelle méthodologie de conception qui dépasse la dimension visuelle, ainsi de nouveaux types d'espaces d'apprentissage musical, de lecture et aussi de divertissement et d’échange
Deux approches complémentaires : - divertissement : (loisirs). apprentissage.
Divertissement
Salle de concert
Apprentissage
1/ Un travail de divertissement : sera effectué afin d'attirer les jeunes aveugles et malvoyants à aimer la musique à travers des clubs de chant, de dessin, de sports. Créer des aires de jeux. Investir en des activités sociales et culturelles pour faciliter l’intégration sociale et créer des liens sociaux.
Le divertissement dans le centre consiste surtout à stimuler les sens par des ateliers de jardinage : (l’odorat) et des clubs d’échecs (la mémoire), des activités sportives : (améliorer la posture et le sens kinesthésique) ainsi que les autres capacités sensorielles. Améliorer le sens de l’orientation et de la localisation à travers les outils fournis par le bâtiment. Comme ça faciliter l’initiation à la vie quotidienne.
2/ Un travail d’apprentissage :
L'éducation musicale pour les personnes déficientes visuelles est travaillée avec l'audition et l'expérience musicale du mouvement du corps exploration, la latéralité, la coordination, le rythme et la stimulation tactile
La formation musicale dans le centre est inspirée de l’analyse déjà faite du programme de l’institut nationale des jeunes aveugles (l’INJA). Le centre fournit une formation de conservatoire et une formation pédagogique en musique :
Une bibliothèque sonore et en braille est nécessaire pour la formation des étudiants déficient visuels.
Le centre offre un espace de restauration pour qu’il soit autonome et ne pas avoir besoin de sortir du sein de ce centre
Analyse des composantes fonctionnelles du projet :
Fonctionnement :
I- Pôle administratif
1 L’accueil ; espace qui a un rôle délicat et sensible. Il constitue un espace de constat et d'analyse de l'état physique et psychologique afin de mieux l'orienter dans sa formation dans les étapes suivantes.
2- Service social : le service social établit le dossier social de la personne qui rassemble ses cordonnés, Ce dernier permet aux assistants sociaux ainsi qu'aux autres services du centre de disposer des éléments nécessaires à un suivi efficace des personnes.
3- Service psychologique : ce centre vise à soutenir les personnes handicapées visuelles dans leur volonté d'intégration dans la société
Nous proposons alors de fournir des consultations psychologiques.
Le but de cet institut est donc de trouver l'équilibre entre le talent de la personne, son caractère, son degré d'adaptation, et ses limites.
4- Service médical : Suivi orthoptique ; pour faciliter l'utilisation optimale des possibilités visuelles pour les mal voyants. Consultation ophtalmologique
5 Service administratif :
6 Locaux de service
7- Hébergement pour les formateurs : recevant 30 personnes
II- Espace de loisirs :
Au delà de sa mission liée à l’apprentissage musical, le centre de musique accueille de nombreuses activités culturelles et sociales. Il développe aussi une importante activité de diffusion de l’activité musicale.
1 L’auditorium : il peut servir comme espace polyvalent de rencontre, d'échange et de discussion entre le voyant, le non voyant et le mal voyant.
2 Médiathèque : elle contiendra :
Un bureau du personnel, Une salle de rangement de livres braille et un autre pour le rangement des enregistrements sonores, Une grande salle de lecture
Une salle d'informatique avec des équipements adaptés (un scanner et un logiciel de reconnaissance de caractère permet de traduire le texte en Braille ou de le faire lire par une voix de synthèse, une photocopie en braille.
3- Une salle de pratique sportive : qui aide à améliorer le sens de mouvement chez les personnes malvoyantes.
4- Un atelier d’arts plastiques : qui aide à développer l’imagination et le sens tactile
5 Espace d’exposition : où on trouve des maquettes, des sculptures, des planches tactiles, des cartes en relief…
6 Club informatique
7-Espace de jeux : clubs de Ludo, clubs d’échec. Il est agréable et nécessaire de jouer. Cela permet une meilleure capacité d'adresse et une meilleure intégration sociale.
8 Jardin sensorielle ; Découvrir les odeurs et les parfums de différentes plantes.
9 - L’espace labyrinthe : un espace qui aide à améliorer l’orientation et la localisation chez les personnes malvoyantes : (c’est un espace construit avec des murs amovibles qui aide à
10- Salle de formation et accompagnement pour les parents : un lieu de formation pour les parents et d’échange d’expérience.
4 la genèse du projet :
Le parti architectural :
Le parti architectural consiste à traduire les concepts évoqués dans les différentes parties étudiées par une réponse spatiale qui réunit tous ces concepts dans une idée directrice qui constitue le fil conducteur dans le projet.
Le projet est destiné pour recevoir une population spécifique : les personnes aveugles et malvoyantes, et c’est de ce fait que la conception architecturale doit essentiellement s’adapter avec leurs spécificités et répondre à leurs besoins.
La notion de parcours autours d’un élément : comme un mur guide : une circulation simple
Créer des repères sensoriels au niveau de chaque entité des séquences différentes pour les aider à se localiser
La séparation des différentes entités pour éviter les vibrations :
Deuxième esquisse
Le parti c’est de créer un parcours qui sert à lier les différents espaces
Troisième esquisse
Le concept acoustique
Séparer les entités pour éviter les vibrations
Aider à la propagation du son
Dégager l’entrée
Créer une circulation simple autour d’un élément central
Quatrième esquisse :
Bibliographie
Ouvrages
Didier van Cauwelaert, La nuit dernière au XVe siècle, 2008,
Juhani Pallasmaa, Le regard des sens, 1996, p99
Juahni Pallasmaa, La main qui pense, 1936, p150
Gérard vergnaud, La théorie des champs perceptuels, 1990
David Ar Rouz ,Braille et la musique,2009
Jacques Honoré, Christelle Richard, Franck Mars, PERCEPTION DE L'ESPACE DU CORPS ET ACTION,2002
Jean Piaget, La psychologie de l’intelligence,1947,p33
Shemyakin ,L’ orientation dans l'espace, 1962
SJ Lederman, RL Klatzky Perception et psychophysique, p 66, 1987
La Dimension cachée. Edward T. Hall, 1966
Romedi Passini et Arthur. P, wayfinding, p 179, 1992
Articles
• ACCESSIBILITÉ EN VILLE : GUIDE DES ÉQUIPEMENTS PUBLICS
• Sivdem : service d’aide à l’intégration des personnes déficientes visuelles dans les lieux de l’enseignement de la musique
• Espaces sensibles Comment la cécité donne t elle à voir, à percevoir et à se représenter l’espace ?
• Analyse des explorations haptiques de formes pour la conception d’un dispositif de suppléance perceptive dédié aux personnes aveugles : Amal Ali Ammar : Université de Technologie de Compiègne
• L’institut français de vision dans leur homelab : Appartement expérimental pour les déficients visuels
• LA PENSÉE CONSTRUCTIVE EN ARCHITECTURE (Peter Zumthor Kunsthaus of Bregenz (1997), Véronique Barras Fugère
• L’espace imaginaire comme espace habitable, Gérard Legrand
• Le développement des compétences spatiales,Yannick courbois
• Parcourir la ville sans voir : effet de l’environnement urbain sur la perception et le ressenti des personnes aveugles lors d’un déplacement in situ, Nicolas Baltenneck, Serge Portalier, Pierre Marie Chapon, François Osiurak
• Étude pragmatique des compétences référentielles des personnes aveugles, Anna R. Galiano, Serge Portalier, Nicolas Baltenneck, Marion Griot, Marjorie Poussin
Mémoires de fin d’études
Parcours sensoriel, Akrem ncibi,
Mémoire | Architecture Corporelle :La connaissance du handicap visuel comme apport sensible dans la conception architecturale :Marion Demagny
Mémoire Houda JEOUAL "Au delà du regard" un outil de conception architecturale
Perspectives sensorielles : une architecture pour les sens et l’orientation du corps dans l’espace : un centre communautaire de formation et de services pour les personnes handicapées visuelles. : Sébastien MALOUIN
À l’écoute des sens... Une architecture haptique favorisant les expériences multi sensorielles pour les personnes atteintes de déficiences visuelles Logements collectifs dans le quartier Maizerets Véronique Martin
Zina weygand : vivre sans voir
Raynal Christophe, Musique et handicap, « conservatoire, ouvre toi ! », Mémoire Cefedem Rhône Alpes,
Dialogue entre Architecture et Musique : Essai (projet) soumis en vue de l’obtention du grade de M.Arch. . Maxime Riopel
Le projet d’architecture en quête de sens , Xavier Armengaud
DE L'OEIL AU REGARD Vers une école inclusive : Jenny Flammant
Site
WHO
Actualités
mondiales
visuelle
SNOF http://www.scotland.gov.uk/Topics/Education/Schools/Buildings/CaseStudies/Glasgow https://www.data4tunisia.org/fr/posts/statistiques du handicap laberration tunisienne/ http://accessibilite universelle.apf.asso.fr/media/02/01/1082664205.pdf http://dupli accessibilite.fr/ https://www.handinorme.com/accessibilite handicap/86 bande daide a lorientation pour les
Acuité visuelle
aveugles
Plan
Diagram (researchgate.net)
physiologiques (le nord se...
Download
Institut Nazareth et Louis Braille Accueil | Portail Santé Montérégie (santemonteregie.qc.ca)
sensoriel by Akrem Ncibi Issuu
Le Projet d'Architecture en Quête de Sens Rapport de licence Xavier ARMENGAUD ENSAPLV by
Issuu
:
lors
|
l’environnement urbain sur la
in
| Cairn.info
et le ressenti
(le nord se... | Download Scientific Diagram
des
monographie Jenny Flammant.pdf (versunecoleinclusive.fr)
INJA Institut national des jeunes aveugles Bénévole(s) chargé(e)(s) d’animation d’un atelier musical [Chilly Mazarin] | association
Valentin Haüy (avh.asso.fr)
TABLE DE FIGURES
Fig.1 : La vision, un sens primordial
Fig.2 :La vision et le rôle social
Fig.3 : Privé de la vue
Fig.4 : les catégories de déficience visuelle
Fig.5 : La vision floue
Fig.6 : La vision centrale
Fig.7 : La vision périphérique
Fig.8 : Les niveaux de difficultés
Fig.9 : La zone de détection de la canne
Fig. 10 : La canne connectée
Fig.11 : Aide humaine
Fig.12 : Aide animalière
Fig .13 : Cécité totale et partielle
Fig.14 :La main qui pense
Fig.15 : Le pied qui découvre
Fig.16 : Zone de sensibilité
Fig.17 :le sens des masses
Fig 18 :L’ouïe, sens spatial
Fig.19 : lier les séquences, créer le parcours
Fig.20 : Remplacer la vue ; créer l’équilibre
Fig.21: Repères
Fig.22 : Les types du handicap
Fig.23 : Vers l’intégration sociale
Fig.24 : Statistiques dans le monde
Fig.25 : Statistiques en Tunisie
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Cécité et déficience visuelle (who.int)
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Ibidem. Ibidem. Researchgate.Nicolas Beltennick.com
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Les différents types de handicap CCAH
Les différents types de handicap CCAH
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Fig.62 : Procédures exploratoires :La canne
Fig.63 : L’écho
Fig.64 : L’odorat
Fig.65 : La qualité thermique
Fig.66 : Le sens du déplacement
Fig.67 :Parcours et repères
Fig.68 : Les repères
Fig.69 : Parcours unidirectionnel
Fig.70 : Parcours multidirectionnel
Fig.71 : Parcours autour d’un repère
Fig.72 : Les champs perceptifs
Fig.73 : La dimension spatiale des sens
Fig.74 : Parcours fragmenté
Fig.75 :Formes et échos
Fig.76 :Temps et lumière
Fig.77 :Pictogramme
Fig.78:contraste de couleurs
Fig.79 :éclairage linéaire
Fig.80 :Eclairage ponctuel
Fig.81 : Signalisation directionnelle
Fig.82 :Balise sonore
Fig.83 : Plan en bas relief
Fig.84 : Normes d’accueil
Fig.85 : Main courante
Fig.86 : Le chemin de la canne
Fig.87 :repère spatial
Fig.88: signalisation podotactile
Fig.89 : Bande de guidage au sol
Fig.90 : Bande d’éveil à la vigilance
Fig.91: Main courante
Fig.92 : Protection escalier
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Fig.93
Fig.94:
Fig.94 :
Fig.96 : Vue
Fig.97 : Plan
Fig.98 : Plan
Fig.99 :
Fig.100
l’école
Fig.101,102,103,104,105
Fig.106 :
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Fig.108
Fig.109 122
Fig .123
Fig.124 :plan
Fig.125: Fig.126 :
Fig.127-136
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Fig.140 :
Fig.141 : Fig.142
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