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21 ANS DEPUIS LE MASSACRE DE KHOJALY, COMMÉMORÉ À TRAVERS L’EUROPE Également dans ce numéro : Des Arméniens ont attaqué des Azerbaïdjanais à l’Assemblée nationale Des médecins azerbaïdjanais vont réaliser les premières transplantations de moelle Le public français découvre L’Azerbaïdjan à travers l’objectif Portrait de Chostakovitch, par Salakhov, en vente chez Sotheby’s Le député britannique Christopher Pincher explique l’importance pour l’Europe de résoudre le conflit du Haut-Karabagh

03 / 2013

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Bienvenue dans le Cercle Européen d’Azerbaïdjan (TEAS) TEAS (The European Azerbaijan Society) est une organisation paneuropéenne qui se consacre à la promotion de la culture, du commerce et des affaires publiques azerbaïdjanaises auprès d’un public international. En outre, TEAS participe activement à la création d’un sentiment de communauté parmi les Azerbaïdjanais expatriés. TEAS a été lancé en novembre 2008, prenant la suite de la London Azerbaijan Society, créée quatre ans auparavant. Cette organisation est maintenant présente au Royaume-Uni, en Belgique, en France et en Allemagne, avec une antenne en Azerbaïdjan. Les opérations de TEAS portent sur trois domaines principaux : • Culture – TEAS fait connaître la culture riche et dynamique de l’Azerbaïdjan à un public international, en organisant des manifestations culturelles et en servant de centre de networking. • Commerce – TEAS compte parmi ses adhérents des entreprises européennes et azerbaïdjanaises. Il sert de plateforme à des organisations afin d’établir des liens et de renforcer les relations commerciales existantes par le biais d’un programme de networking à travers le continent. • Affaires publiques – TEAS cherche à mieux faire connaître l’Azerbaïdjan auprès des principaux faiseurs d’opinion, décisionnaires et autres personnalités du monde politique, universitaire et de la société civile. TEAS cherche à réaliser les objectifs suivants : • Établissement de liens forts entre des personnalités azerbaïdjanaises et européennes, afin d’aider l’Azerbaïdjan à s’intégrer pleinement dans la famille des nations européennes. • Renforcement des liens entre l’Azerbaïdjan et des structures économiques, politiques et sociales importantes à travers l’Europe. • Promotion de l’Azerbaïdjan comme pays moderne, laïque et tourné vers l’Occident, avec un immense potentiel économique et un patrimoine culturel important. • Création d’un esprit de communauté entre les Azerbaïdjanais expatriés en Europe. • Sensibilisation au conflit persistant au Haut-Karabagh et sur la situation désespérée de ses 875 000 réfugiés et déplacés internes.

Infolettre

TEAS, qui propose toujours les toutes dernières nouvelles, positions et interviews sur tous les aspects de l’Azerbaïdjan, lance une e-infolettre gratuite bihebdomadaire. Pour en savoir plus, inscrivez-vous sur www.teas.eu.

Dates à retenir

Pour plus de renseignements, et savoir comment se rendre à ces manifestations TEAS gratuites, rendez-vous sur www.teas.eu/upcoming-events Fête de Norouz 18 mars Kensington Town Hall, Hornton Street, London, W8 7NX 19h00 Entrée gratuite Pour célébrer Norouz, une réception sera organisée à l’occasion de l’exposition Jeunes artistes azerbaïdjanais, qui présentera certaines des œuvres les plus récentes venant de Bakou. Cette soirée se poursuivra avec des danses, de la musique, de la poésie, des plats et des boissons. Cette fête est organisée par l’ambassade de la République d’Azerbaïdjan au Royaume-Uni, TEAS, le Centre de la jeunesse Dirchelish (Bakou) et le Centre de l’amitié et de la culture traditionnelle de l’Azerbaïdjan. Veuillez réserver votre place en écrivant à orkhan.amashov@teas.eu au plus tard le 14 mars.

Soutien et engagement

La page Facebook de TEAS vous permet de connaître l’actualité, les manifestations, les campagnes de TEAS et autres sujets d’intérêt liés à la communauté azerbaïdjanaise. Dites « J’aime » en cliquant « J’aime » sur cette page : http://bit.ly/TEASFB

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TEAS propose diverses formules d’adhésion, pour les particuliers et les entreprises, avec des avantages tels que publicité, rencontres, rabais sur les voyages et aide à l’obtention de visas. Pour en savoir plus, contactez : membership@teas.eu

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Politique et actualité

Lionel Zetter, nommé Campagne sur les nouveau directeur de IDPs de Khojaly au TEAS Royaume-Uni, photos TEAS a annoncé la nomination de Lionel Zetter, son nouveau directeur. Il travaillera à par Philip Rathmer partir du bureau de Londres, le siège social de TEAS, d’où il coordonnera les activités de TEAS en Europe.

Lionel Zetter était auparavant président du Chartered Institute of Public Relations (organisme des professionnels des relations publiques) et l’un des principaux conseillers d’APCO Worldwide (cabinet international de conseil en communications). Il a publié des livres sur le lobbying, la préparation des campagnes politiques et le parti conservateur britannique. Il a remporté de nombreuses récompenses pour son travail dans le domaine de la communication politique. Il est un des membres les plus éminents du Chartered Institute of Public Relations et de la Royal Society for the Arts, ainsi que du National Union of Journalists (syndicat britannique des journalistes). Depuis plus de quatre ans, Lionel Zetter collabore avec TEAS en tant que conseiller en affaires publiques. Pour cela, il a visité l’Azerbaïdjan à de nombreuses reprises, et escorté des groupes de politiciens dans le pays, en les présentant à un grand nombre de ses principales personnalités du monde des entreprises, de la politique et de la culture. Lors de sa nomination, Lionel Zetter a déclaré : « C’est un grand honneur d’être chargé de diriger les activités de TEAS à travers l’Europe. L’Azerbaïdjan a beaucoup à dire en raison de sa position vis-à-vis de l’Occident, de son patrimoine culturel riche et de sa longue tradition de tolérance religieuse. Les importantes réserves de pétrole et de gaz du pays lui permettent d’investir dans l’éducation, les infrastructures et d’autres industries telles que le tourisme, les services financiers, ainsi que les technologies de l’information et de la communication. Ceci permet aux pays d’Europe de l’Ouest d’investir en Azerbaïdjan, afin de forger des relations commerciales fortes. Cependant, l’Azerbaïdjan est confronté à d’énormes défis. Le premier d’entre eux est le conflit en cours avec l’Arménie, ainsi que l’occupation illégale du Haut-Karabagh et des sept régions environnantes. Ce conflit lui a imposé le fardeau de s’occuper des 875 000 réfugiés et personnes déplacées dans leur propre pays. J’ai hâte de pouvoir mieux faire connaître les aspects positifs du pays et d’essayer de contribuer à la résolution des problèmes de longue date auxquels doivent faire face l’Azerbaïdjan et le reste de la région.» www.teas.eu

Le grand photographe allemand Philipp Rathmer est sans doute mieux connu pour ses photos de mode et de célébrités, telles que Luciano Pavarotti, Jay-Z et Sophia Loren. Toutefois, un autre pan de son travail est actuellement affiché dans les gares d’Angleterre et du pays de Galles, dans le cadre d’un projet de TEAS. On y voit deux personnes déplacées de la ville de Khojaly, dans la région du Haut-Karabagh, actuellement occupée par l’Arménie. La nuit du 26 février 1992, les forces armées arméniennes, aidées par le 366e régiment d’infanterie soviétique, ont tué 613 civils innocents qui essayaient de fuir la ville. En juillet 2012, Philipp a passé une semaine à photographier des réfugiés et des personnes déplacées dans les camps azerbaïdjanais de Takhtakorpu et Gunzali, près de la frontière arménienne, ainsi que de Darnagul et Gizigum, au nord de Bakou, pour un projet de TEAS intitulé Cinq chemins de retour. Tout le long, il a traduit la souffrance de ces personnes, grâce à un gros plan sur leur visage, sur fond noir, éclairé par la lumière indirecte du soleil, en faisant ressortir leur tragédie personnelle visible dans leur expression. Ensemble, 50 de ces photos ont ensuite été exposées à Epicentro (Berlin) en octobre, puis publiées dans un catalogue (voir TEAS Magazine, novembre 2012, pp.6–7). Nazrin Khanlarova, 10 ans, et Mahira Ibrahimova, 48 ans, ont toutes deux été photographiées dans le camp pour personnes déplacées de Gizigum. Philipp se souvient : « Mahira avait l’air très triste – elle avait perdu de nombreux parents à cause de la guerre, y compris son père et son seul frère, emmenés comme prisonniers de guerre. Leur santé s’étant détériorée, ils sont morts peu après. Par comparaison, Nazrin, la petite fille, était extravertie et forte. Elle n’était jamais allée à Khojaly, mais ses parents lui en ont parlé. Dans l’ensemble, j’ai photographié 160 personnes déplacées et réfugiés, répartis entre les différentes tranches d’âge présentes dans les camps. Chaque personne déplacée avait sa propre histoire. De nombreux massacres se sont produits pendant le conflit entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabagh et des sept régions environnantes. Chaque personne m’a parlé de sa ville d’origine et de ce qu’elle avait vécu lorsque sa région a été occupée. » Les affiches incitent les citoyens et résidents britanniques à signer une pétition adressée au Premier ministre britannique David Cameron, pour lui demander de condamner publiquement le massacre, ainsi que l’occupation en cours du Haut-Karabagh et des sept régions environnantes, qui enfreint quatre résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Pour la signer, allez sur http://epetitions.direct.gov.uk/petitions/45878.

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Un député européen libéral exhorte l’UE à renforcer ses efforts de paix

Kristiina Ojuland (ADLE, Estonie) a organisé une manifestation pour commémorer le massacre de Khojaly au Parlement européen (PE), à Bruxelles : « L’UE a l’occasion historique de participer davantage à la résolution pacifique du conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie. Depuis plus de deux décennies, l’Azerbaïdjan endure une occupation illégale de son territoire par l’Arménie et a dû s’occuper de 875 000 personnes déplacées et réfugiés. Le massacre de Khojaly, étape terrible de ce conflit, a montré les types d’atrocité auxquels ces conflits peuvent mener. L’UE doit démontrer qu’elle mérite son prix Nobel de la paix en s’efforçant immédiatement de trouver une fin pacifique à ce conflit. » TEAS Belgique a organisé une table ronde au PE afin de marquer le 21e anniversaire du massacre de Khojaly. S.E. Fuad Isgandarov, ambassadeur de l’Azerbaïdjan en Belgique et à l’UE, a déclaré : « Les atrocités qui se sont produites en 1992 n’ont toujours pas été reconnues ; leurs responsables doivent être traduits en justice. C’est pourquoi, après plus de deux décennies, l’UE doit reconnaître pleinement ce qui s’est passé. » Bruno De Cordier, professeur à l’université de Gand, s’est exprimé sur la question : « Khojaly est l’équivalent azerbaïdjanais de Srebrenica. Ce massacre reste présent dans la mémoire des Azerbaïdjanais plus que tout autre événement. Ce crime contre l’humanité est actuellement le problème civil le plus grave, devenu un élément incontournable de la vie en Azerbaïdjan. » Depuis lors, une génération entière de jeunes a grandi sans avoir connu son pays d’origine, ces familles ayant été forcées de fuir le HautKarabagh. Intervenant à la table ronde de Bruxelles, l’un d’eux, Ulfat Hajiev, a dit aux députés européens, aux universitaires et à ses compatriotes azerbaïdjanais présents : « La vie de ces 613 personnes ne doit pas être oubliée. Je suis originaire du Haut-Karabagh et j’appartiens à une génération qui, depuis, a grandi, mais qui reste confrontée à la tristesse de ce conflit. Il est très important que nous n’oubliions jamais ce qui s’est passé à Khojaly, que nous nous souvenions de son impact. » Philippe Cuylaerts, directeur des affaires publiques de TEAS Belgique, est intervenu : « La discussion d’aujourd’hui nous rappelle une terrible tragédie, mais elle nous sert aussi de leçon. Elle nous enseigne que des choses atroces peuvent se produire lorsque les conflits restent sans solution. Elles doivent inciter l’Europe à faire davantage pour rechercher une résolution pacifique et viable du conflit du Haut-Karabagh, en respectant le cadre juridique international. » March 2013


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Politique et actualité Christopher Pincher, député britannique, qui est intervenu à l’occasion du concert londonien donné en commémoration de Khojaly, est un fervent défenseur de l’Azerbaïdjan au parlement britannique

Un député britannique reconnaît l’importance géopolitique de l’Azerbaïdjan Christopher Pincher, député britannique, président du Groupe parlementaire multipartite sur l’Azerbaïdjan (APPG) et membre de la Commission d’enquête parlementaire sur l’énergie et le changement climatique, a écrit un article pour Parliamentary Brief, revue politique publiée au Royaume-Uni. Dans cet article, il expose que l’Azerbaïdjan, situé à un carrefour entre l’Europe et l’Asie, devient un fournisseur en énergie et un pays de transport de l’énergie d’une importance cruciale : « Certains observateurs pourraient poser la question : “D’où vient l’importance de l’Azerbaïdjan ?”. Concernant son conflit en cours avec l’Arménie, l’Azerbaïdjan peut citer Neville Chamberlain en disant qu’il s’agit “d’une querelle dans un pays éloigné entre des gens dont nous ne savons rien”. Je pense que ce type d’attitude est imprévoyant. Elle ne reconnaît pas le monde interdépendant de l’économie et de la politique dans lequel – que nous le voulions ou non – nous vivons à présent. »

Il poursuit en affirmant que, d’après les estimations, la région de la Caspienne et du Moyen-Orient contient plus de 88 trillions de m3 (tmc) de réserves de gaz, laissant loin derrière les estimations de 43 tmc rapportées pour la Russie : « Et depuis que l’exploitation du gisement de gaz naturel de Shah Deniz a commencé, en 2007, l’Azerbaïdjan est devenu exportateur de gaz, acheminant par la Turquie des quantités croissantes de gaz naturel jusqu’à l’Europe. En effet, l’Azerbaïdjan approvisionne l’UE en gaz grâce au seul gazoduc qui évite le territoire russe. » Christopher Pincher souligne l’importance de la sécurité énergétique : « Le manque historique de concurrence dans l’approvisionnement en gaz et le manque d’infrastructures nécessaires pour le transport et la transmission vers l’Ouest ont gêné le développement d’un paysage énergétique sécurisé au cœur de l’UE. La majeure partie de notre propre approvisionnement en gaz provient de Norvège, mais nous dépendons de plus en plus des importations d’énergie, qui pourraient passer des 30 % actuels à 70 % d’ici à 2020. Nous March 2013

ne sommes pas à l’abri des conséquences négatives d’une crise énergétique continentale. Alors que, il y a une dizaine d’années, nous étions exportateurs d’énergie, nous avons maintenant des difficultés évidentes à obtenir un approvisionnement énergétique fiable pour l’avenir, notamment en gaz naturel. De plus, notre plus gros marché, l’Europe, est confronté à des difficultés encore supérieures. Étant le gros plus investisseur étranger en Azerbaïdjan, le Royaume-Uni est le pays le mieux placé pour contribuer au développement de ces ressources abondantes, à la réalisation du potentiel des autres secteurs, notamment les télécommunications et le secteur bancaire, au soutien de son industrie du bâtiment en plein essor et à la promotion des relations avec cet État petit mais d’une importance stratégique. Le pays évolue. L’argent provenant de la manne des hydrocarbures permet d’investir massivement dans les infrastructures. Les routes, les télécommunications, l’eau et l’électricité relient les villes entre elles. L’industrie naissante des loisirs, avec un nouvel aéroport pour les sports d’hiver à Gabala et des hôtels de luxe, commence à attirer des touristes étrangers. Les ministres, les députés et les lords doivent, ensemble, encourager les autorités de Bakou à continuer à regarder vers l’Occident. Ce pays, pris en sandwich entre les acteurs puissants que sont la Russie, au nord, et l’Iran, au sud, et avec le Haut-Karabagh comme une plaie qui ne cicatrise pas, pourrait choisir une route différente. Ce serait une erreur pour tout le monde. »

Souvenirs de l’opulence précoce de Bakou

Le nouveau livre Souvenirs de Bakou (éditeur : Marquand Books), rédigé par Fuad Ahkundov, Farid Alakbarli, le professeur Tadeusz Swietochowski et Jahangir Selimkhanov, permet de visualiser la riche histoire de la capitale azerbaïdjanaise, ainsi que l’ascension du pays, qui s’est hissé parmi les plus grandes nations pétrolières du monde. Il décrit la situation socioéconomique et politique unique de Bakou entre la fin du XIXe siècle et le début du XXe siècle, avec des aspects de la culture de Bakou, notamment de sa musique, de son théâtre et de ses arts visuels. Agrémenté de photos, publicités et cartes postales dépeignant les points forts de la ville, Souvenirs de Bakou dépasse les clichés habituels sur l’Azerbaïdjan et la ville comme « pays du feu ». Un grand nombre des cartes postales de cette collection sont issues de la collection personnelle du rédacteur Nicolas Iljine, qui aime passionnément découvrir et partager ces impressions d’une ville ancienne avec le public. Pour le commander, allez sur http:// bit.ly/memoriesofbaku.

Azerspace–1 va diffuser les chaînes de télévision azerbaïdjanaises et gérer la sécurité du gazoduc

Suite au lancement, le 7 février, d’Azerspace-1, le premier satellite de télécommunications azerbaïdjanais, il a été révélé que des chaînes de télévision azerbaïdjanaises seraient diffusées par le satellite à partir d’avril. Ali Abbasov, ministre azerbaïdjanais des Technologies de communication et d’information, a expliqué que, depuis le 1er mars, Azerkosmos OJSC contrôlait le satellite. Le 15 février, les panneaux solaires du satellite ont été ouverts et les réflecteurs sont devenus opérationnels. Le satellite sera contrôlé par les spécialistes d’Azerkosmos à partir du principal centre de contrôle de satellite national, situé près de Bakou. Un autre centre de contrôle de satellite national se trouve dans la république autonome du Nakhitchevan. De plus, Ali Abbasov a révélé qu’Azerspace-1 servirait à assurer la sécurité de gazoducs tels que le BTC (Bakou-Tbilissi-Ceyhan) et d’autres projets. Auparavant, c’est le satellite turc Turksat qui remplissait cette fonction. Azerspace–1 sera utilisé pour surveiller tous les gazoducs et oléoducs azerbaïdjanais existants.

EN BREF Une minute de silence pour Khojaly Le

26

février

à

17h00

heure

locale,

l’Azerbaïdjan a commémoré les victimes du massacre de Khojaly par un moment de silence. À cette heure-là, la circulation des véhicules et des métros a été interrompue. Des commémorations ont été organisées dans

tout

le

pays,

et

des

milliers

d’habitants de Bakou ont visité le mémorial aux

victimes

du

quartier

de

Khataï.

La Société azerbaïdjanaise de Sheffield commémore Khojaly La Société azerbaïdjanaise de Sheffield (SAS) a organisé une commémoration du massacre de Khojaly, avec l’assistance de TEAS. Son objectif était de sensibiliser les

étudiants

azerbaïdjanais

à

cette

tragédie. Au total, plus de 500 étudiants ont

été

informés

de

ce

massacre

;

certains ont participé à une vidéo dans laquelle

ils

ont

exprimé

leur

soutien

à la campagne Justice pour Khojaly.

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Politique et actualité Eliza Pieter, Head, TEAS France, introduces the three winning photographers, including Asim Talib, first place winner (centre)

La France accueille L’Azerbaïdjan à travers l’objectif

Le 6 mars, plus de 150 personnes ont assisté au vernissage d’une nouvelle et superbe exposition photo, à l’Espace Beaurepaire, dans le Xe arrondissement de Paris. Cette exposition, organisée par TEAS, présentait 100 photos sur les Azerbaïdjanais, leur culture, les paysages et l’architecture de l’époque actuelle. Présentées à l’origine à Londres en novembre 2012, ces photos ont été sélectionnées à partir d’environ 750 photos envoyées dans le cadre d’un concours organisé par TEAS par des photographes habitant en Azerbaïdjan et dans le reste du monde. Cette exposition est parvenue à capturer l’essence même de ce pays fascinant, situé au bord de la mer Caspienne. Toutes les personnes présentes ont été fascinées par les vues de ce pays et par la qualité remarquable des images. Dans sa présentation, Eliza Pieter, directrice de TEAS France, a expliqué : « Ce concours s’adressait aussi bien aux photographes amateurs que professionnels. Il leur donnait la possibilité de montrer les aspects nombreux et divers de l’Azerbaïdjan à travers l’architecture, des portraits, la nature et des éléments de la culture. J’espère que cette exposition incitera ceux qui n’ont jamais visité l’Azerbaïdjan à s’y rendre, et ceux qui y sont déjà allés à y retourner pour voir son nouveau visage. » Henry Dallal, photographe renommé de la famille royale, membre du jury, était également présent à Paris : « J’ai été très honoré que TEAS me demande de participer au jury du concours et de découvrir cette exposition lorsqu’elle a été organisée pour la première fois à Londres. L’autre membre du jury, Caroline Metcalfe, directrice de la photographie pour le magazine Condé Nast Traveller, sait parfaitement comment présenter un pays à travers la photographie : « Étant allée en Azerbaïdjan plusieurs fois, je peux dire que ces photos représentent certainement la diversité de la nation. Même les Azerbaïdjanais ne prennent pas souvent le temps de quitter leur région pour explorer www.teas.eu

leur propre pays. Je pense que ces photos remarquables invitent à découvrir davantage la beauté de l’Azerbaïdjan. » C’est lors du vernissage de l’exposition londonienne qu’ont été annoncés les trois photographes gagnants, qui ont assisté au vernissage parisien. Le gagnant était Asim Talib, pour sa magnifique photo Les vieux, prise en 1985 à Kelbajar, au Haut-Karabagh (actuellement occupé par l’Arménie). Le deuxième prix a été remis à une superbe représentation du plafond de la Mosquée Bibi Heybat par Etibar Jafarov. Construite à l’origine au XIIIe siècle, et visitée par Alexandre Dumas dans les années 1840, elle a été dynamitée par les bolcheviques en 1936. Lorsque l’Azerbaïdjan a retrouvé son indépendance, la mosquée a été reconstruite puis rouverte en 1997. Asim Talib nous raconte : « J’ai pris la photo gagnante il y a près de 30 ans. Si l’on ajoutait l’âge des personnes présentes dans la photo, on arriverait à plus de 500 ans. Je me rappelle que ces hommes âgés se remémoraient des anecdotes de leur enfance et que la dame s’était mise à rire avec eux. » Fuad Babayev a pris la photo qui a reçu le troisième prix : Les Flammes et l’aiguille. Elle porte sur les Tours flammes, désormais emblématiques de Bakou, qui jouxtent la tour des télécoms. Photographe amateur chevronné, Fuad a adopté les réseaux sociaux et, actuellement, compte plus de 10 000 fans sur Google+. Cette exposition s’est terminée le 17 mars.

Des médecins azerbaïdjanais vont réaliser les premières transplantations de moelle

Elsever Agayev, ministre azerbaïdjanais de la Santé, a révélé que l’Azerbaïdjan allait assister à ses premières transplantations de moelle. Située à l’intérieur des os, la moelle est un tissu spongieux contenant des cellules souches qui produisent des cellules

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sanguines, luttent contre les infections, apportent l’oxygène aux organes et en retirent les déchets. Les transplantations de moelle sont une procédure médicale relativement récente utilisée pour soigner des maladies autrefois réputées incurables. Elles peuvent servir à soigner des patients atteints de leucémie, d’insuffisance médullaire, de lymphomes tels que la maladie de Hodgkin, de myélome multiple des os, de troubles immunitaires et de quelques tumeurs solides telles celles du cancer du sein ou des ovaires. Elsever Agayev a déclaré que des préparations étaient en cours au centre Thalassaemia afin d’effectuer ces transplantations de moelle. Musa Guliyev, membre du comité de politique sociale au Milli Majlis (parlement azerbaïdjanais), a indiqué que la législation sur les dons d’organe devait être révisée. Selon la loi actuelle sur les greffes, l’utilisation d’organes et de tissus est autorisée quand une personne accorde une permission écrite de don après le décès, ou en accord avec un parent proche ou un représentant légal. Musa Guliyev a signalé que l’Azerbaïdjan allait créer une commission de confirmation de mort cérébrale, et des installations spécifiques seraient aménagées afin d’extraire et de conserver les organes. Il a ensuite expliqué que, actuellement, il n’existait pas de banques de don d’organe en Azerbaïdjan, mais qu’aucun obstacle juridique n’empêchait leur création. La législation azerbaïdjanaise sur les greffes d’organes et de tissus humains autorise les personnes de plus de 18 ans, munies d’un certificat médical, à faire don de leurs organes. La vente d’organes et de tissus de greffe est interdite en Azerbaïdjan.

Le ministre lituanien va parler de l’intégration de l’Azerbaïdjan dans l’UE Linas Linkevicus, ministre lituanien des Affaires étrangères, s’est rendu en Azerbaïdjan dans le cadre de sa visite du Caucase du Sud les 5 et 6 mars. Selon le service d’information du ministre lituanien des Affaires étrangères, Linas Linkevicus a parlé des relations bilatérales avec la Lituanie, de la coopération entre les pays du Caucase du Sud et l’UE, ainsi que des projets et priorités de la future présidence lituanienne de l’UE, qui commencera au deuxième semestre de 2013. En novembre, Vilnius accueillera le partenariat oriental, auquel participeront des représentants des trois pays du Caucase du Sud, qui coopèrent activement avec l’UE dans le programme de partenariat oriental. March 2013


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Culture La violoniste Sabina Rakcheyeva s’adonne à un solo passionné lors du concert de Londres

Khojaly 613, œuvre composée à la demande de TEAS, émeut les publics parisien et londonien

Un public de plus de 500 personnes, composé notamment de lords, de députés, de diplomates et d’amateurs de musique, a assisté au Concert en commémoration de Khojaly, le 26 février, à St John’s, Smith Square, dans l’ombre du palais de Westminster. Ce concert était organisé par TEAS, en souvenir des 613 civils tués il y a précisément 21 ans dans la ville azerbaïdjanaise de Khojaly, au Haut-Karabagh, occupé de force par les forces arméniennes, avec l’aide du 366e régiment d’infanterie soviétique. Cette soirée accueillait l’orchestre Orion de Londres, sous la baguette du grand chef d’orchestre et compositeur Laurent Petitgirard. Le point d’orgue de la soirée était la première britannique d’une nouvelle œuvre émouvante, Khojaly 613, composée par Pierre Thilloy en hommage aux victimes de la tragédie de Khojaly. Cette œuvre a été écrite pour le violon, le balaban, les percussions et un orchestre à cordes. On peut notamment y entendre le son évocateur du balaban, instrument à vent azerbaïdjanais, dont jouait le virtuose Shirzad Fataliyev, acclamé dans le monde entier. La violoniste était Sabina Rakcheyeva, première diplômée azerbaïdjanaise de la Juilliard School de New York et conseillère culturelle de TEAS. Cette œuvre exceptionnelle, qui capture avec justesse l’horreur du massacre de Khojaly, comprend des airs folkloriques azerbaïdjanais, notamment Lachin et Sari Gelin, sur un fond orchestral riche où se mêlent les rythmes de marche militaire et le son des conflits. Le violon et le balaban – qui émet un son plaintif, proche de la voix humaine – représentent l’âme du peuple azerbaïdjanais lors de cette nuit funeste, tandis que le solo de violon atteint progressivement un tempo furieux avant de s’arrêter soudainement, de manière inattendue. Au sujet de ce morceau, le compositeur a écrit : « Le massacre de Khojaly se classe March 2013

parmi les visions les plus frappantes et cauchemardesques dans la mémoire collective du peuple azerbaïdjanais, résultat du conflit sombre et insidieux qui se déroule au Haut-Karabagh contre un peuple entier. Il existe un mécanisme couramment appelé “mémoire” qui, loin d’aboutir à un pathos vulgaire, est un rempart contre l’oubli et fonctionne comme une sentinelle intemporelle de la dignité. La “mémoire” a toujours été une bannière créative pour les compositeurs et les artistes qui, au-delà de tout contexte politique ou révolutionnaire, sont capables de rappeler aux autres les étapes importantes, les moments de trouble et les drames qui atteignent le plus profond de l’âme. » S.E. Fakhraddin Gurbanov, ambassadeur de l’Azerbaïdjan au Royaume-Uni, s’est exprimé sur le sujet : « Cette tragédie s’est produite il y a aujourd’hui exactement 21 ans. C’est à ce moment-là qu’a éclaté le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, toujours en cours malgré le cessez-le-feu de 1994. Le massacre de Khojaly a été l’une des pages les plus noires de l’histoire de notre nation. Ce concert a tout à fait sa place dans une ancienne église. Qu’il s’agisse d’une église, d’une mosquée ou d’un temple, ce sont des maisons de Dieu. Les êtres humains sont les créatures de Dieu, qui nous a donné la vie. Seul Dieu a le droit de nous reprendre cette vie. Les gens qui ont pris la vie de ces 613 personnes n’ont jamais été traduits en justice. Le droit international interdisant de tuer des civils, il s’agit bien d’un crime. Des événements aussi terribles ne doivent jamais se répéter. » Tale Heydarov, président de TEAS, s’est également exprimé : « Le Royaume-Uni a subi deux guerres mondiales, les plus grandes dans l’histoire de l’humanité, et l’Europe a perdu des millions de gens. De nos jours, nous voyons une Europe stable. Ces guerres ont servi de leçon. Les auteurs de crimes ont été jugés par un tribunal. Ce n’est pas le cas des auteurs du massacre de Khojaly, qui était une offensive planifiée contre des civils. » Christopher Pincher, député, président du groupe parlementaire multipartite sur l’Azerbaïdjan (APPG), a poursuivi : « Tous ces morts étaient le mari, la femme, la fille ou le fils de quelqu’un. L’impact de la guerre du HautKarabagh continue à se faire sentir. Le grand philosophe anglais Edmund Burke a dit que

« ceux qui ne connaissent pas leur histoire sont destinés à la répéter ». Nous ne devons jamais répéter les horreurs du 26 février 1992. Il incombe à ceux qui veulent renforcer leur amitié avec l’Azerbaïdjan de s’en souvenir, de contribuer à la commémoration des victimes et de veiller à ce que cela ne se reproduise jamais. » Le programme comprenait également la Symphonie Nizami, du compositeur azerbaïdjanais Fikret Amirov (1922–84), qui s’est inspiré de l’œuvre de Nizami Ganjavi, poète azerbaïdjanais du XIIe siècle. Ce morceau a démontré sa synthèse, appelée « mugham symphonique », entre les techniques classiques occidentales et le mugham azerbaïdjanais, musique glorieuse et passionnée. Il est généralement reconnu que la musique mugham provient du HautKarabagh, actuellement toujours sous occupation arménienne. Cette occupation a nécessité, dans l’ensemble de l’Azerbaïdjan, la création de camps pour héberger les 875 000 Azerbaïdjanais déplacés et réfugiés. Cette soirée émouvante s’est terminée par le son angélique de la chorale Schola Cantorum, de la Cardinal Vaughan Memorial School, Le son émouvant du balaban azerbaïdjanais, produit par Shirzad Fataliyev, donnait une dimension poignante à Khojaly 613

qui a chanté deux morceaux consacrés à la souffrance du Christ sur la Croix : Stabat Mater de Pergolesi et Ave Verum Corpus de Mozart. Figurait également au programme l’élégiaque Introduction et Allegro pour cordes de Sir Edward Elgar, poème symphonique à plusieurs niveaux, comprenant des thèmes polyphoniques entremêlés et un air de chanson galloise traditionnelle. Comme rappel, l’orchestre à cordes a joué un morceau de musique méditative de Laurent Petitgirard, écrit pour une partie du film Écrire contre l’oubli. Cinq jours auparavant, Khojaly 613 avait fait sa première mondiale à l’église baroque parisienne Saint-Roch, située dans le Ier arrondissement. Le programme était identique au concert de Londres, à l’exception des œuvres chorales. Eliza Pieter, directrice de TEAS France, a déclaré : « Pour rebâtir la paix, il faut pardonner, mais sans jamais oublier. Il faut impérativement se souvenir, mais sans désir de vengeance. C’est ce qu’ont réussi à faire les Français et les Allemands, afin de restaurer la paix. La musique doit certainement être la meilleure façon de se souvenir des victimes de Khojaly. » www.teas.eu


Culture ‘Severe style’ pioneer Tahir Salakhov’s 1987 portrait of Shostakovich is on sale for $500,000

Portrait le plus cher de Chostakovitch, par Salakhov, en vente chez Sotheby’s

La nouvelle exposition de Sotheby’s intitulée Au Carrefour, inaugurée le 4 mars, porte sur près de 50 artistes originaires d’Asie centrale et du Caucase, avec diverses œuvres anticonformistes, réalistes sociales et contemporaines provenant d’Arménie, d’Azerbaïdjan, de Géorgie, du Kazakhstan, du Kirghizistan, de l’Ouzbékistan et du Tadjikistan. Joanna Vickery, directrice de la division d’art russe de Sotheby’s, a commenté : « Nous voulions présenter une très grande diversité des types d’art produits durant les années 1960 dans ces pays. Depuis les 20 années écoulées après la pérestroïka et la glasnost, et suite au démantèlement de l’Union soviétique, on assiste dans ces pays à une recherche d’identité nationale dans l’art qui, bien sûr, avait été éradiquée de nombreuses façons par l’école socialiste réaliste soviétique. L’une des œuvres principales est d’un peintre azerbaïdjanais Tahir Salakhov, dont le portrait datant de 1987 du compositeur Dmitri Chostakovitch, assis de profil sur fond neigeux et austère, est proposé à 500 000 $ (386 000 €), ce qui en fait le tableau le plus cher de l’exposition. Joanna Vickery a décrit l’œuvre de Salakhov comme « très collectionnable » et « incroyablement difficile à trouver » : « Cette œuvre est un portrait étonnant de Chostakovitch. L’artiste l’a peint plusieurs fois. C’est une œuvre tout simplement fantastique, qui plairait à nos collectionneurs russes très traditionnels. Et son prix a été fixé en tenant compte de ce marché en particulier. » L’exposition présente également le travail de jeunes artistes, dont beaucoup sont en début de carrière, notamment l’artiste conceptuel azerbaïdjanais Mahmud Rustamov. Pour en savoir plus, allez sur http://bit.ly/ atthecrossroads.

La Transparence de la simplicité revendique la banalité

L’exposition La Transparence de la simplicité du photographe Sanan Aleskerov, organisée www.teas.eu

par l’espace artistique contemporain YARAT!, s’est déroulée dans la galerie Yay de Bakou. Cette exposition comprend 25 photos en couleur, conçues en conjuguant composition artistique et savoir-faire technique. Aleskerov prête constamment attention aux éléments de la vie que ne remarquent pas le commun des mortels, tels qu’un rayon de soleil fugitif, des ombres sur la route, les branches d’un vieil arbre fourbu ou un terrain de jeu d’enfants négligé. Toutes ces photos servent à provoquer de nouvelles réflexions, connotations et impressions. Pour en savoir plus, allez sur www.yaygallery.com.

Les sculptures de Käthe Kollwitz dégagent une angoisse incitant à réfléchir au massacre de Khojaly

Khojaly commémoré en Allemagne

Le 25 février, une soirée littéraire intitulée Karabagh – contes du pays perdu, s’est déroulée au Käthe-Kollwitz-Museum de Berlin afin de commémorer le massacre de Khojaly. Organisée par le Congrès européen de l’Azerbaïdjan, avec l’appui du Comité de la diaspora azerbaïdjanaise, elle a accueilli quelque 150 personnes. Dans son allocution de bienvenue, Samira Patzer-Ismailova, présidente du Congrès européen de l’Azerbaïdjan, a souligné l’importance de donner une perspective littéraire aux événements du 26 février 1992. Elle a fait remarquer qu’il était tout à fait approprié que cette commémoration ait lieu au Käthe-Kollwitz-Museum, car cette artiste est toujours honorée en Allemagne, en raison de ses actes courageux de pacifisme à la période de l’entre-deux-guerres. Mme Patzer-Ismailova a exprimé sa profonde gratitude d’avoir été invitée à se souvenir de ce massacre dans ce cadre. S.E. Parviz Shahbazov, ambassadeur de l’Azerbaïdjan en Allemagne, a ensuite souligné l’importance liée à la région du Haut-Karabagh, en tant que pôle de la culture azerbaïdjanaise, de l’intransigeance constante de l’Arménie et de l’intérêt de protéger l’intégrité territoriale azerbaïdjanaise en tant que but prépondérant de la politique étrangère azerbaïdjanaise. Mme Fritsch, épouse du directeur du Käthe-

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Kollwitz-Museum, a expliqué que Käthe Kollwitz avait souffert toute sa vie de savoir qu’elle avait envoyé son enfant se battre lors de la Première Guerre mondiale, et qu’il n’en était jamais revenu. Elle avait auparavant eu l’illusion que se battre à la guerre serait héroïque. Mme Fritsch avait affiché des photos du monument de Käthe Kollwitz aux parents en deuil. Le professeur Fuhrmann a critiqué l’Arménie, en disant que même le meurtre d’un seul enfant ne pourrait jamais être justifié, que ce soit pour des prétentions à l’autodétermination ou toute autre raison. Il a expliqué que cela représentait une insulte au droit international et à tous les droits de l’homme. Il a poursuivi en disant que la destruction de la ville de Shusha était un acte de barbarie inégalée de la part des Arméniens. Enfin, il a condamné la réouverture programmée de l’aéroport de Khojaly. Ensuite, Ronald Granz a lu deux nouvelles intitulées Le Père et Shusha, qui évoquent toutes deux des souvenirs d’enfance au Haut-Karabagh, écrites par Günel Anarkysy d’après ses propres souvenirs de vacances dans la région. Elle a expliqué qu’elle considérait toujours le Haut-Karabagh comme un paradis et avait hâte d’y retourner un jour. La discussion finale était dirigée par le Dr Michael Butz.

Vernissage de l’exposition artistique sur le massacre de Khojaly à Berlin

L’exposition intitulée Khojaly – pour la paix, contre la guerre a ouvert ses portes à la galerie Berlin-Bakou de Berlin. Cette exposition présente les œuvres de jeunes artistes de l’Union des artistes azerbaïdjanais, de l’Académie de peinture de l’État azerbaïdjanais et de la Faculté de culture et d’art de l’État azerbaïdjanais, qui ont envoyé diverses œuvres pour un concours commémorant cette tragédie. S.E. Parviz Shahbazov, ambassadeur de l’Azerbaïdjan en Allemagne, a évoqué l’impact du massacre de Khojaly et du conflit du Haut-Karabagh. Ensuite, les participants ont visionné un film court sur le massacre. Les intervenants étaient notamment Art Temuchin Afandiyev, directeur de la Faculté de culture et d’art de l’État azerbaïdjanais, et Salhab Mammadov, directeur de l’Académie de peinture de l’État azerbaïdjanais, qui a indiqué quels étaient les objectifs de ce concours. L’une des artistes, Ruhangiz Islamova, a présenté à l’ambassade azerbaïdjanaise d’Allemagne un tapis reflétant la tragédie. March 2013


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Haut-Karabagh Mirvari Fataliyeva was cruelly beaten in the attack

Des Arméniens ont attaqué des Azerbaïdjanais à l’Assemblée nationale

Le 26 février, à l’occasion d’une conférence organisée par le Bureau Français de la Cause Arménienne à l’Assemblée nationale, à Paris, intitulée 25 ans après les pogroms de Soumgaït, la situation actuelle et les perspectives d’avenir pour le peuple du Haut-Karabagh, deux Azerbaïdjanais ont été horriblement frappés. Mirvari Fataliyeva, une Française d’ascendance azerbaïdjanaise, présidente de la Maison de l’Azerbaïdjan à Paris, et Vusal Huseynov, jeune étudiant azerbaïdjanais, ont été attaqués alors qu’ils essayaient de faire remarquer que le 26 février était le 21e anniversaire des événements tragiques de Khojaly. Aucun membre du public, ni les députés présents, n’ont essayé d’aider les deux Azerbaïdjanais en empêchant leur attaque. TEAS condamne fermement de tels actes de violence. Cet incident précis est d’autant plus choquant qu’il a eu lieu dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Les deux victimes ont été hospitalisées suite à leurs blessures ; Vusal Huseynov a été soigné pour une côte cassée. Cet incident a été ensuite signalé à la police. Eliza Pieter, directrice de TEAS France, a déclaré : « Il est regrettable que les Arméniens, qui prétendent toujours vouloir la paix, réagissent en réalité avec violence lorsque leur version de l’histoire est remise en question. En outre, malheureusement, cet incident montre que les Arméniens et les partisans des Arméniens en France ne sont pas encore prêts à débattre ouvertement des massacres qui se sont produits par le passé. Les événements de Soumgaït, effectivement tragiques, ont causé la mort d’Arméniens aussi bien que d’Azerbaïdjanais. Cependant, après enquête, ceux qui ont perpétré les assassinats ont été condamnés. En revanche, personne n’a jamais été traduit en justice pour le massacre de Khojaly. « S.E. Elchin Amirbeyov, ambassadeur azerbaïdjanais en France, et plusieurs sénateurs français ont déjà condamné la

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violence et les blessures infligées à Mirvari et à Vusal. TEAS espère que le président de l’Assemblée nationale s’exprimera pour se joindre à cette condamnation. La France étant la république de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, de tels actes de violence n’auraient jamais dû se produire. » Nathalie Goulet, députée française, a ensuite condamné l’incident, en ajoutant qu’il allait à l’encontre des principes moraux et démocratiques : « Ces types de problème ne peuvent pas être résolus par des émeutiers, notamment lorsqu’ils représentent la diaspora dans un lieu officiel. » Elle a expliqué que de tels comportements donnaient une mauvaise image de la diaspora arménienne, avant de conclure : « J’espère que les responsables seront sévèrement punis. »

NOUVELLES DE BRUXELLES

Écrivant dans le magazine Nouvelle Europe, plusieurs députés européens ont exprimé leur inquiétude face à la réouverture proposée de l’aéroport de Khojaly. Inese Vaidere, députée européenne (PPE, Lettonie), a dit que ce projet « nuirait gravement à la résolution pacifique du conflit du Haut-Karabagh. Tout d’abord, l’intention des Arméniens de rouvrir l’aéroport de Khojaly pourrait être considérée comme une revendication de changement de statut pour le Haut-Karabagh, en claire infraction des Principes de Madrid. Ensuite, le début d’un trafic aérien entre le Haut-Karabagh et l’Arménie pourrait être considéré comme une violation de l’espace aérien azerbaïdjanais, pouvant mener à une contre-réaction. L’ouverture de l’aéroport de Khojaly doit donc être considérée comme une provocation, et un obstacle à la résolution du conflit, qui mettrait en péril l’établissement d’une confiance mutuelle. Au lieu de cela, les deux côtés doivent continuer à se conformer aux pratiques actuelles concernant les vols audessus de leur territoire. » La députée européenne a poursuivi en soulignant le symbolisme associé au massacre de Khojaly de 1992, indiquant que cette réouverture pourrait raviver les tensions dans la région : « Ce projet de liaison aérienne entre le Haut-Karabagh et l’Arménie a déjà suscité des réactions du côté de l’Azerbaïdjan, qui a annoncé son intention de détruire tout avion s’introduisant dans son espace aérien. Toute provocation d’un côté ou de l’autre susceptible de rendre la situation plus précaire doit être condamnée par la communauté internationale. En outre, la réouverture de l’aéroport de Khojaly par les autorités arméniennes pourrait être perçue comme

un manque de respect envers les efforts de l’UE et du groupe de Minsk de l’OSCE dans le cadre du processus de paix. « L’UE peut certainement faire davantage pour faciliter la résolution des conflits dans la région, notamment par des plans d’action avec chacun des pays, mais aussi par l’intermédiaire du représentant spécial de l’UE pour le Caucase du Sud. Une nouvelle façon, pour l’UE, de s’engager plus avant dans la résolution du conflit serait de prendre la place de la France dans le groupe de Minsk de l’OSCE. Ce remplacement permettrait non seulement de contrebalancer les acteurs régionaux principaux - la Russie et les États-Unis - mais d’améliorer l’approche par la médiation. Il faudrait parvenir à une percée, après 20 ans d’impasse dans la résolution du conflit, afin d’établir une paix durable, de façon à ce que les milliers de personnes déplacées dans leur propre pays puissent retourner au Haut-Karabagh. » Boris Zala, député européen (APSD, Slovaquie), a révélé que Bruxelles craignait vraiment que la réouverture de l’aéroport ne ravive le conflit : « J’espère encore que nous n’arriverons pas là. Mon instinct me dit que la situation se calmera suite à l’élection présidentielle arménienne. Ce problème, qui freine sans nul doute la résolution du conflit, complique le travail du groupe de Minsk de l’OSCE. L’aéroport n’a d’autre choix que de fonctionner en conformité avec les pratiques de vol internationales et habituelles - en d’autres mots, seulement avec la permission des autorités azerbaïdjanaises. Tout autre mode de fonctionnement poserait des risques pour les avions et leurs passagers – et violerait le droit international. » Interrogé au sujet des mesures prises par le Parlement européen pour empêcher la réouverture de l’aéroport de Khojaly, Boris Zala a répondu : « Si la situation s’aggrave, je pense que le PE adoptera une résolution, augmentera la pression sur les deux côtés afin d’éviter une escalade du conflit, ainsi que sur le Service Européen pour l’Action Extérieure (SEAE), la Commission européenne et le Conseil de l’Europe pour qu’ils interviennent davantage. Et n’oublions pas que l’UE n’est pas sans leviers politiques et économiques sur l’Arménie : après tout, nous entrons dans les dernières phases des négociations sur un nouvel accord commercial. Ainsi, même si elle ne participe pas directement à la médiation du conflit, l’UE n’est pas impuissante. D’ailleurs, le Parlement européen non plus, puisqu’il devra donner son assentiment à une association politique et commerciale plus étroite avec l’Arménie. » E-mail: belgium@teas.eu

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Haut-Karabagh Raffi Hovannisian, candidat de l’opposition, a remis publiquement en question le résultat de l’élection présidentielle

L’élection arménienne contestée par l’opposition

Le 18 février, il a été révélé par la Commission centrale des élections arméniennes que le président arménien Sezh Sargsyan avait été réélu avec 59 % des voix, tandis que le principal candidat de l’opposition, Raffi Hovannisian, arrivait deuxième avec près de 37 % des voix. La troisième place était occupée par Hrant Bagratyan, autre candidat de l’opposition, qui a attiré seulement 2,2 % des voix. La réélection de Sezh Sargsyan était largement anticipée pendant la période de la campagne, puisque les principales forces politiques d’Arménie (l’alliance des partis d’opposition formée par le Congrès National Arménien, l’Arménie Prospère et la Fédération Révolutionnaire Arménienne) ont décidé de ne pas participer à l’élection. Ces partis ont collectivement déclaré qu’il serait impossible d’organiser une élection libre et équitable et que le changement de gouvernement arménien par voie des urnes était en fait devenu impossible en raison des fraudes électorales opérées par les autorités. En 2008, Sezh Sargsyan est arrivé au pouvoir suite aux affrontements violents survenus à Erevan entre les partisans de l’opposition et les autorités, qui ont coûté la vie à 10 personnes le 1er mars 2008. Sezh Sargsyan est aussi le président du Parti Républicain dirigeant, qui détient 70 sièges sur 131 à l’Assemblée nationale. Les 37 % de Raffi Hovannisian ont été surprenants, car cet avocat de 53 ans né aux États-Unis, le premier ministre des Affaires étrangères de l’Arménie indépendante, dirige maintenant le parti Zharangutyun (héritage), qui ne compte que quatre sièges de député. C’est la première fois qu’il participe à une élection présidentielle. En effet, il était jusquelà inéligible, car il n’avait pas encore les 10 ans de citoyenneté nécessaire pour se présenter à l’élection présidentielle. Richard Giragosian, directeur du Centre d’Études Régionales basé à Erevan, s’est exprimé sur le sujet : « Raffi Hovannisian a émergé comme chef de l’opposition dans le contexte de l’après-élection arménienne. Il n’est probablement pas le chef de l’opposition le plus naturel. De nombreuses manières, le fait qu’il

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ait été choisi comme leader reflète davantage le mécontentement contre l’État, la grogne générale et l’insatisfaction liée au système politique qu’un soutien personnel à Raffi Hovannisian. Nous avons assisté à l’occasion manquée de renforcer la démocratie et notre crédibilité démocratique. Cependant, dans le contexte plus général, les élections législatives de mai 2012 et cette élection présidentielle ont présenté des améliorations par rapport aux élections précédentes. Cependant, l’ampleur des améliorations dans la conduite des élections a été insuffisante et les attentes toujours plus grandes n’ont pas été satisfaites. »

de Khojaly et a perdu la vie dans le conflit du Haut-Karabagh, a commenté : « Quand j’avais seulement quelques mois, mon père, Chingiz, nous a laissé l’œuvre de sa vie, un enregistrement de la brutalité et de la violence de la guerre. Le tournage qu’il a fait sur le massacre de Khojaly a permis de fournir la preuve de ce crime à la communauté internationale. Mon oncle, Vahid, qui a dirigé le film, était conscient de ce qui se passait lors de l’intensification du massacre. Il s’appuie sur des faits, sur l’évocation de ceux qui sont morts à Khojaly et sur les souvenirs de mon oncle. Ce film a été réalisé parce que nous ne pouvons pas oublier les morts de Khojaly. »

Raffi Hovannisian remet en question les chiffres du CEC concernant les cas allégués de fraude électorale, notamment des cas de bourrage des urnes, de mauvaise utilisation des ressources administratives et de pression sur les électeurs.

Les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE se rencontrent à Paris

Richard Giragosian poursuit : « Je pense que le seul vrai intérêt de cette élection est le début d’une transition politique où, bien que réélu pour un second mandat, le président n’a pas de successeur. Il est le dernier membre d’une élite politique spécifique, le dernier de cette élite qui a acquis le pouvoir au Haut-Karabagh, et dont le pouvoir s’est développé en raison du conflit non résolu au Haut-Karabagh. Nous assisterons à la transition post-Sargsyan à la prochaine élection présidentielle vers un pouvoir qui ne viendra plus du Haut-Karabagh et qui sera probablement défini par une nouvelle génération de jeunes qui se sont formés au sein du gouvernement arménien et non pas en raison du conflit au Haut-Karabagh.

Le nouveau film sur Khojaly à sa première britannique

Le nouveau long-métrage Xoca, dirigé par Vahid Mustafayev et produit par le groupe ANS, a fait sa première au Princess Anne Theatre, lors des BAFTA de Mayfair, à Londres, dans le cadre d’une manifestation organisée par la Société de l’Azerbaïdjan de l’University College London (UCL) et l’ambassade azerbaïdjanaise au Royaume-Uni, à laquelle ont assisté environ 80 personnes. Le film, qui raconte l’histoire d’un couple ayant prévu de se marier le 26 février 1992, dépeint de manière extrêmement poignante les événements qui se sont déroulés cette nuit-là, celle du massacre de Khojaly. Il montre clairement la confusion au sein des troupes azerbaïdjanaises, la façon dont la férocité des forces arméniennes et soviétiques a été gravement sous-estimée et la rupture des communications qui a empêché un compte-rendu adéquat du massacre.

Les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE, à qui on a confié la tâche de résoudre pacifiquement le conflit en cours entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet du Haut-Karabagh, se sont rencontrés à Paris le 2 mars, avec l’ambassadeur Andrzej Kasprzyk, représentant personnel du président de l’OSCE. Les représentants actuels sont Igor Popov (Russie), Jacques Fauré (France) et Ian Kelly (États-Unis). Ils ont d’abord rencontré Elmar Mammadyarov, ministère azerbaïdjanais des Affaires étrangères, et, le jour suivant, ont dialogué avec Edward Nalbandian, son homologue arménien.

Les coprésidents du groupe de Minsk de l’OSCE ont répété leurs préoccupations concernant les vols civils vers le Haut-Karabagh en raison de l’ouverture proposée de l’aéroport de Khojaly et les violences récentes sur la « ligne de contact ». En outre, ils ont émis des idées sur le renforcement du cessez-le-feu. Au cours des prochaines semaines, les coprésidents se rendront dans la région afin de discuter d’une résolution pacifique du conflit avec les présidents respectifs.

EN BREF

Obama reconnaît la nécessité d’un mouvement significatif Suite

à

sa

réélection,

le

président

arménien Sargsyan a reçu un message du

président

soulignant rapidement

la le

américain nécessité conflit

de du

Obama résoudre Caucase.

Il y déclarait : « Nous continuerons à

soutenir

fortement

les

progrès

du

processus de paix au Haut-Karabagh, qui nécessite un mouvement significatif vers une résolution qui apporterait une paix et une sécurité durables. » Il a

Fuad Mustafayev, correspondant britannique du groupe ANS et fils de Chingiz Mustafayev, journaliste qui a filmé les suites du massacre

également déclaré que les États-Unis continueraient à soutenir la normalisation, à terme, des relations turco-arméniennes.

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Profil D’entreprise – Akkord Industry Construction Investment Corporation

Akkord Industry Construction Investment Corporation Khagani Guluzade, président directeur général d’Akkord

Khagani Guluzade dirige Akkord Industry Construction Investment Corporation depuis août 2010. Auparavant, pendant 15 ans, il a occupé divers postes de direction dans de grandes banques azerbaïdjanaises. Il a reçu le prix de meilleur manager de l’année de la part d’Europe Business Assembly, à Oxford, au Royaume-Uni, en juin 2011. Khagani a un master en finance de l’Université d’économie de l’État azerbaïdjanais, ainsi qu’un diplôme de la faculté de droit de Baku State University, les deux avec mention. De plus, il détient un doctorat en économie. Il a parlé à TEAS de ses objectifs actuels chez Akkord : Comment Akkord a-t-il contribué au développement du secteur local du bâtiment et du secteur non pétrolier en Azerbaïdjan ? En peu de temps, Akkord est devenu une grande société dans le secteur du bâtiment, notamment dans l’élaboration de projets d’infrastructures routières à grande échelle. Actuellement, Akkord met en œuvre cinq projets de ce type en Azerbaïdjan, avec une valeur totale de contrat d’environ 314 millions AZN (314 millions €). Auparavant, en Azerbaïdjan et à l’étranger, l’entreprise a effectué des projets d’infrastructures avec une valeur totale de contrat de plus de 1,3 million €. Akkord a constamment développé les deux autres pans de son activité principale : la construction de projets d’immobilier et d’aménagements publics, ainsi que la production et le traitement de matériaux de construction. Ceci fait d’Akkord un fournisseur important de matériaux de construction, tels que du béton prêt à l’emploi et du béton préfabriqué, de l’asphalte, du gravier, du sable, des briques et des produits du travail des métaux. Actuellement, Akkord finalise, dans la région de Gazakh, sa toute nouvelle usine de ciment qui, avec une deuxième ligne de production, aboutira à une capacité de fabrication annuelle de 3 millions de tonnes de ciment. L’entreprise possède et gère 39 usines de ciment dans l’ensemble de l’Azerbaïdjan. De plus, l’entreprise a construit et commandé 10 complexes résidentiels à Bakou, sur une surface de plus de 775 000 m², et a créé 56 000 m² de surface commerciale. Elle a récemment participé à la construction d’un système d’approvisionnement en eau et d’infrastructures d’assainissement dans six régions de l’Azerbaïdjan, d’une valeur de

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près de 300 millions AZN (300 millions €). Actuellement, Akkord s’engage dans des projets de construction auprès de la Direction du Métro de Bakou, afin de créer de nouvelles lignes et stations, en collaboration avec Bouygues Travaux Publics. Dans quels pays Akkord est-il actif et quelle est l’ampleur de ses activités ? En ce moment, Akkord est présent sur plusieurs marchés étrangers, notamment en Turquie, en Géorgie, au Kazakhstan, en Ouzbékistan, en Ukraine et en Allemagne. Akkord a établi une succursale à Francfort, avec des filiales et des divisions dans d’autres pays. Le portefeuille actuel des six projets d’infrastructure routière en cours à l’étranger a une valeur totale de contrat de plus de 300 millions €. Cette exposition internationale renforce son expérience, établit de solides antécédents professionnels et intensifie les contacts avec des partenaires étrangers, notamment avec des entreprises telles que Salini, Todini, ainsi qu’avec Freyssinet et Freysas, filiales du groupe Vinci. Sur les marchés internationaux, l’entreprise donne priorité à des projets financés par les institutions financières internationales telles que la Banque mondiale, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque asiatique de développement (BAD) et la Banque de développement islamique (BDI). À l’avenir, Akkord projette de pénétrer sur le marché du bâtiment russe, en raison des importants projets d’infrastructure entrepris en relation avec la future Coupe du monde de la FIFA de 2018. Parmi les nombreux projets d’Akkord, lesquels, selon vous, ont été les plus ardus? Tous les projets comportent une part de difficultés, ce qui nous pousse à effectuer des recherches et à nous améliorer. Néanmoins, je peux citer certains d’entre eux. L’un d’eux est le programme de développement conceptuel à long terme relatif à l’agrandissement du métro de Bakou, pour lequel la coentreprise AkkordBouygues a été créée. Le 7 novembre 2012, la coentreprise a signé un protocole d’entente avec la Direction du Métro de Bakou pour les deux projets initiaux, notamment la reconstruction de la station du 28 mai et la construction de la nouvelle section Khatai-Azi Aslanov-2 de la ligne verte du métro de Bakou. Selon les prévisions, la construction de plus de 50 stations de métro et l’aménagement de 165 km de tunnels de métro devraient s’étaler sur les deux prochaines décennies. Un autre de nos projets est l’usine de ciment de Gazakh, dans l’Ouest de l’Azerbaïdjan, pour laquelle Deloitte & Touche a préparé une étude de faisabilité. Cette usine répondra à elle seule à 75 % des besoins du marché intérieur en plein essor. Une capacité annuelle de 1 million de tonnes sera atteinte début 2013, et la deuxième phase permettra de produire 2 millions de tonnes supplémentaires. L’aménagement de l’usine de ciment de Gazakh est effectué par CBMI, filiale de SINOMA, entreprise chinoise de réputation

internationale. La production de ciment sera effectuée en utilisant le processus sec et les toutes dernières technologies respectueuses de l’environnement. Cette usine emploiera quelque 1 000 travailleurs locaux. Un autre projet essentiel est le complexe de tunnels routiers de la place Galaba, à Bakou, conçu par le Singapourien Surbana International Consultants et l’architecte italien Venezia Design. Il comprend six tunnels, huit passages piétons et deux nouvelles sorties à la station de métro Ganjlik. Il s’agit actuellement du projet d’infrastructure routière en cours le plus étendu à Bakou. Quels ont été les plus grandes réussites de l’entreprise, ces dernières années ? Akkord a réussi à établir une bonne équipe de professionnels originaires de l’Azerbaïdjan et de pays tels que l’Italie, l’Allemagne, le RoyaumeUni, les E.A.U., la Chine, la Turquie et la Géorgie. L’entreprise a élaboré divers programmes de formation et d’éducation pour ses employés et investit lourdement dans le capital humain. Une bonne gouvernance, un contrôle interne renforcé, ainsi que des systèmes d’audits internes et de gestion des risques ont été mis en place à Akkord, qui a diversifié ses sources financières afin d’optimiser sa stabilité financière. En 2012, le capital social de l’entreprise a augmenté de 84 millions AZN (84 millions €), ce qui lui permet d’obtenir la trésorerie nécessaire à des investissements réalisés par l’intermédiaire de sources internes. Akkord a renforcé ses normes de compte-rendu financier, basées sur les normes IFRS, et a chargé Deloitte & Touche de ses audits externes. PwC a été choisi comme conseiller en notation pour la première notation d’Akkord réalisée par Fitch Ratings. Cette notation sera renouvelée et, en 2013, l’entreprise projette de relancer son projet d’euro-obligations afin d’accéder aux marchés financiers internationaux à bas coût, de réunir des fonds et de maintenir la diversification de ses sources de financement. Akkord souhaite notamment poursuivre son engagement de responsabilité sociétale, en se conforment aux intérêts et aux demandes des parties prenantes. Comment évalueriez-vous les futures perspectives économiques de l’Azerbaïdjan ? Il faut noter que, dans l’Indice de compétitivité internationale du Forum économique mondial 2012–13, l’Azerbaïdjan a gagné neuf places, se classant 46e sur 144 pays. Depuis plusieurs années, les taux de croissance élevés du pays démontrent de nombreuses années de programmes d’investissement consécutifs, clairs et homogènes, avec un soutien continu apporté au développement du secteur non pétrolier.

Akkord Industry Construction Investment Corporation, 20 H. Javid Avenue, 520th Estate, Ysamal District, Baku, AZ1073, Azerbaijan Tel: +994 12404 7777 Website: www.akkord.az

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Entreprises Les Amis de l’Azerbaïdjan du PE ont discuté de la pertinence croissante d’avoir l’Azerbaïdjan comme partenaire commercial

Le groupe des Amis de l’Azerbaïdjan du PE discute de relations commerciales

Le 5 mars, TEAS Belgique a organisé une réunion des parties prenantes au Parlement européen (PE) de Bruxelles, en coopération avec Hans Van Baalen, député européen (ADLE, Pays-Bas). Cette réunion a donné aux députés européens et à la Commission européenne l’occasion de débattre des perspectives liées aux relations commerciales de l’UE avec l’Azerbaïdjan. Parmi les participants se trouvaient Farah Gozalova, directrice adjointe de l’ambassade azerbaïdjanaise à l’Union européenne (UE), et Luc Devigne, expert du directorat général pour le commerce à la Commission européenne (CE). Roman Huna, directeur de TEAS Bruxelles, s’est exprimé sur la question : « Étant l’un des blocs commerciaux les plus importants du monde, l’UE a tout à fait intérêt à développer ses relations commerciales avec l’Azerbaïdjan. En organisant cette rencontre, TEAS cherche à favoriser l’essor de cette coopération commerciale. » Hans Van Baalen, député européen, a poursuivi : « L’UE souhaite activement un renforcement de ses relations commerciales, ainsi qu’une meilleure intégration à l’UE par sa Politique européenne de voisinage, qui sert de cadre à la collaboration entre l’Azerbaïdjan et l’UE, mutuellement avantageuse. Ceci est particulièrement intéressant dans le cas de l’Azerbaïdjan, qui est l’économie la plus importante du Caucase du Sud. » Farah Gozalova a ajouté : « L’UE, devenue le principal partenaire commercial de l’Azerbaïdjan, représente environ 46 % de son commerce extérieur total ces dernières années. Cette relation recèle un grand potentiel de développement. Quoi qu’il en soit, l’Azerbaïdjan continuera à être un partenaire commercial fiable de l’UE. » Luc Devigne a conclu : « Le commerce et l’investissement vont, à mon avis, servir de catalyseur pour accroître la coopération future entre l’UE et l’Azerbaïdjan. Il est important

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que l’UE poursuive ses efforts pour aider l’Azerbaïdjan à adhérer à l’Organisation mondiale du commerce. L’Azerbaïdjan se classe parmi les partenaires commerciaux les plus intéressants pour l’UE, car il existe encore de formidables possibilités de renforcement futur des relations commerciales, au profit des deux parties. »

La production d’automobiles va être augmentée au Nakhitchevan

Polad Sadikhov, directeur adjoint de l’usine automobile de la République autonome du Nakhitchevan, a annoncé qu’il négociait avec des fabricants d’automobiles de Chine, de Corée, de Turquie et de quelques pays européens concernant la production de certains modèles à l’usine. Il a dit que ces discussions avaient été organisées afin de rationnaliser la stratégie de production, notamment concernant la fabrication sous licence de véhicules pour l’entreprise Lifan de Chine : « Il s’agit de la production de tous types d’automobiles, y compris de berlines, de véhicules utilitaires multisegments (VUM) et de 4 portes. » Il a ajouté qu’il existait un potentiel d’évolution considérable de la production, jusqu’à 5 000 véhicules par an. Actuellement, la capacité de production de l’usine n’est utilisée qu’à 10-20 %.

Matthew Bryza souligne la nécessité de choisir équitablement entre les gazoducs

Matthew Bryza, directeur du Centre international des études de défense, et ancien ambassadeur américain en Azerbaïdjan, a déclaré qu’il était convaincu que l’Azerbaïdjan agirait équitablement en choisissant entre le gazoduc transadriatique (TAP) et le gazoduc Nabucco Ouest. Ils achemineront jusqu’en Europe le gaz provenant de l’exploitation approfondie du gisement de Shah Deniz et d’Asie centrale. Pendant un entretien à Athènes avec New Europe, il a indiqué que la politique du gouvernement azerbaïdjanais

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serait équitable : « Cette attitude n’est pas seulement politiquement équitable, elle relève de négociations intelligentes. Cette décision, qui ne dépendra pas d’intérêts politiques, sera prise par le Consortium Shah Deniz. » La décision finale sur le trajet du gazoduc sera annoncée en juin 2013. TAP transportera le gaz provenant de la région de la Caspienne, en passant par la Grèce, l’Albanie et la mer Adriatique, jusqu’au Sud de l’Italie, puis jusqu’à l’Europe de l’Ouest. Sa capacité initiale sera de 10 milliards de m3 par an, mais pourrait atteindre 20 milliards de m3. Nabucco Ouest, version réduite de l’ancien projet Nabucco, transportera du gaz de la frontière turco-bulgare jusqu’en Autriche. Sa capacité maximale sera de 31 milliards de m3 par an. Lorsqu’il a été interrogé sur le projet du couloir sud-européen soutenu par la Russie, Matthew Bryza a répondu que ce soutien avait pour but de dissuader les investisseurs de soutenir le Couloir méridional : « Mais je ne pense pas que cela va marcher. Je pense que cette stratégie va échouer, car le Couloir méridional va se concrétiser. Il y aura donc probablement deux gazoducs. » Il a ajouté que les partisans du couloir sud-européen étaient plus préoccupés par Nabucco Ouest que par TAP, parce qu’il desservira les pays de l’Est des Balkans et d’Europe centrale qui dépendent actuellement de Gazprom : « Comme il va diluer le monopole de Gazprom, Gazprom veut essayer de l’arrêter en favorisant le couloir sud-européen. Je pense que le couloir sud-européen et soit Nabucco Ouest soit TAP seront construits. »

L’Azerbaïdjan a accueilli le forum mondial sur la transparence fiscale

L’Azerbaïdjan est devenu le 119e membre du Forum mondial sur la transparence et l’échange d’informations à des fins fiscales, en même temps que le Royaume du Lesotho. Les deux pays participeront désormais à un examen collégial, qui incitera tous les pays à adopter un échange efficace d’informations concernant les questions fiscales. Ángel Gurría, secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a déclaré : « Nous sommes ravis d’accueillir l’Azerbaïdjan et le Royaume du Lesotho comme nouveaux membres du Forum mondial. Ils siègeront maintenant à la table des pays de tous les continents et de toutes les juridictions déterminés à rendre leur système fiscal transparent et équitable pour tous. Le nombre croissant de membres du Forum mondial indique que toutes les régions du monde apprécient ses efforts visant à renforcer la coopération fiscale internationale. »

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Personnalités – Coup de projecteur sur Khojaly 613

Le point d’orgue des concerts de TEAS, qui ont eu lieu à Paris et à Londres en février pour commémorer les victimes du massacre de Khojaly, était le morceau commandé par TEAS intitulé Khojaly 613, écrit par le compositeur français Pierre Thilloy. L’un des solos était interprété par Shirzad Fataliyev au balaban. L’orchestre Orion a joué les deux concerts sous la baguette de Laurent Petitgirard. TEAS a interrompu les répétitions pour parler aux trois musiciens :

Pierre Thilloy – inspiré par cette tragédie

Le compositeur Pierre Thilloy a commencé ses études musicales à l’âge de 20 ans à Nancy, puis a étudié la composition au Luxembourg Conservatorium et à l’Académie internationale de Salzbourg. La carrière internationale de Pierre Thilloy a commencé en 1999, avec une commande pour une œuvre orchestrale de grande ampleur, afin de célébrer le 10e anniversaire de l’inauguration de l’Arsenal de Metz. Ce morceau, L’Homme Apocalyptique, a été écrit pour deux accordéons et plus de 100 musiciens. Depuis, il a écrit huit symphonies de grande ampleur, environ 20 poèmes symphoniques, l’opéra Hamlet et un oratorio. Pierre Thilloy a remporté de nombreux prix, notamment le prix Olivier Messiaen, de la Fondation Guardini, située à Berlin, en 1998. En 2001, Pierre Thilloy est devenu le seul lauréat européen de la prestigieuse Rockefeller Foundation, à New York, pour sa cinquième symphonie, intitulée L’Arche d’Alliance, et son cinquième quatuor à cordes, appelé Lapsit Exillis. Pierre Thilloy était le musicien en résidence à l’Abbaye de La Prée, dans le Berry, en France, de 1999 à -2002, et à l’ambassade française de Bakou, de 2003 à 2005. Ses expériences en Azerbaïdjan ont fait l’objet d’un documentaire télévisé intitulé Pierre Thilloy, la Montagne de Feu, diffusé sur les chaînes France 2 et Mezzo. Il a travaillé en Ouzbékistan de 2005 à 2008 et, depuis 2008, est retourné plusieurs fois à Bakou. Il est actuellement musicien en résidence à l’ambassade française en Inde.

Le compositeur Pierre Thilloy, aux côtés d’Eliza Pieter, directrice de TEAS France (à gauche), et de la sénatrice Nathalie Goulet, lors de la première mondiale de sa composition Khojaly 613

j’ai étudié le trombone, la contrebasse, le piano, le chant et la direction d’orchestre. Ensuite, j’ai commencé à me concentrer sur la composition, notamment à l’écriture de fugues, à l’harmonie et à l’orchestration. Quand j’étais enfant, je voulais devenir pilote d’avion, et j’aimerais encore être astronaute. En fait, quand je compose, j’entre dans un univers que j’ai créé, ce qui est excellent, bien que, heureusement, je ne sois pas responsable de la vie des passagers. Beaucoup de vos œuvres comprennent des orchestres et des chorales de grande taille. Avez-vous été influencé par Mahler et Sibelius ? Bien sûr. Mahler a écrit spécifiquement pour les orchestres de grande taille et Sibelius a apporté un nouveau monde dans sa musique. D’autres compositeurs tels que Carl Orff, Igor Stravinsky, Sergei Prokofiev et Vasif Adigezalov, ont eu un impact durable sur ma technique. Parmi les compositeurs français, mon préféré est Hector Berlioz, qui a utilisé des orchestres de très grande taille. J’aime écrire pour de tels orchestres, car leur son est similaire à celui d’un tremblement de terre.

Pierre Thilloy est professeur de composition, d’orchestration et de musique de film au Conservatoire national de Nancy.

Comment avez-vous commencé à vous intéresser aux traditions musicales ethniques ? Vous êtes particulièrement actif en Inde et avez écrit pour des instruments autochtones. J’ai eu la chance de beaucoup voyager et de découvrir de nombreuses cultures différentes. Il est important de comprendre qu’il n’y a pas de hiérarchie des cultures. J’ai intégré de nombreux éléments des musiques azerbaïdjanaise et ethnique dans ma propre musique, ce qui me sert à l’enrichir. J’obtiens ainsi bien davantage que de la nature didactique des études académiques, conçues pour promouvoir une seule culture.

Où avez-vous étudié et de quels instruments jouez-vous ? J’ai commencé à m’intéresser à la musique à l’âge de 20 ans, ce qui est plutôt tard, si bien que j’ai appris très rapidement. Je suis particulièrement fasciné par la musique orientale, beaucoup plus que par la musique française. J’aime énormément les sons de cette région et les instruments originaires de ces pays. Au début,

Nos vies sont enrichies par les voyages et la découverte d’autres cultures. La musique ethnique dépend fortement de l’interprétation subjective. Parfois, quand je compose, je m’aperçois que ma musique vient d’Azerbaïdjan, car je suis maintenant en relation avec ce pays depuis 12 ans. Je puise beaucoup dans le mugham et dans la musique indienne. Ces cultures sont entremêlées à ma musique,

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intégrées à une vision occidentale. Comment avez-vous été nommé musicien en résidence à l’ambassade française de Bakou ? Quand j’étais aux États-Unis, j’ai postulé pour un programme de résidence de fondation, puis j’ai rencontré un représentant du consulat français, qui m’a expliqué qu’un nouveau projet allait porter sur les pays d’Asie et d’Afrique. J’ai demandé à participer au projet d’essai et, à ma surprise, j’ai reçu un appel de l’ambassade française de Bakou pour me dire qu’ils avaient reçu mon projet et que j’avais remporté le poste de résident. L’objectif était de mélanger les cultures dans l’œuvre finale. Au début, je ne suis parti qu’un mois mais, à la fin de cette période, l’ambassadeur m’a demandé si l’œuvre était terminée. J’ai répondu que je n’en étais qu’au début. Il m’a proposé plus de temps, puis a suggéré d’en faire une résidence de trois ans. À cette période-là, j’ai visité Bakou quatre ou cinq fois par an, en restant une ou deux semaines chaque fois. Jusqu’à maintenant, je ne suis pas sorti de Bakou, bien que je connaisse les traditions musicales du Haut-Karabagh et du Gobustan et que je comprenne que chaque région a forgé sa propre variante du mugham ou de la musique ashiq. Connaissiez-vous le mugham azerbaïdjanais avant de visiter l’Azerbaïdjan pour la première fois ? Je ne connaissais pas spécifiquement le mugham azerbaïdjanais, mais je connaissais le makam turc. Quand j’ai entendu du mugham pour la première fois, j’ai immédiatement compris le lien entre ces deux genres musicaux. Même si je n’étais pas spécialiste du mugham, pour moi, il n’appartenait pas à un monde étranger. Par la suite, j’ai fait le lien avec les musiques perse, d’Asie centrale et indienne. Par exemple, il y a des similarités entre le mugham azerbaïdjanais et le raga indien. Cela doit venir de l’impact de leur culture ancestrale zoroastrienne commune. Quelle a été votre première réaction à cette musique ? Qui étaient les premiers interprètes que vous avez entendus ? Le premier concert de mugham auquel j’ai assisté à Bakou était interprété par Alim

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Personnalités – Coup de projecteur sur Khojaly 613 Qasimov. Le deuxième concert que j’ai entendu était de la musique symphonique, avec les œuvres de Gara Garayev, d’Uzeyir Hajibeyli et de Niyazi. Ma première découverte du mugham symphonique a été le Caprice d’Azerbaïdjan de Fikret Amirov. Hajibeyli a été le premier compositeur à associer le mugham à la musique classique occidentale ; j’ai assisté à son opéra Koroglu à l’opéra de Bakou. Le jour suivant, je suis allé à la Fondation Hajibeyli, où l’on m’a montré les partitions de Koroglu. Actuellement, il reste très difficile d’obtenir des partitions de compositeurs azerbaïdjanais et elles sont souvent reproduites de manière inexacte. Beaucoup de gens s’intéressent à la musique classique azerbaïdjanaise, mais ils ont des difficultés à obtenir des partitions et des enregistrements, à moins qu’ils ne se rendent à Bakou. Le projet de TEAS consistant à publier les partitions finales des morceaux les plus célèbres de la musique classique azerbaïdjanaise met du temps à se concrétiser. Avez-vous étudié les modes du mugham et les instruments azerbaïdjanais ? Je n’ai pas étudié les instruments azerbaïdjanais, mais j’ai fait beaucoup de recherches et j’ai beaucoup lu à leur sujet. Au début, je me suis surtout intéressé au balaban, puis au kamancha mais, pour vraiment étudier le mugham, il faut en jouer. En fait, la lecture du livre Les Bases de la musique folklorique en Azerbaïdjan d’Uzeyir Hajibeyli m’a été très précieuse. Il permet de découvrir la musique folklorique et son intégration à la musique symphonique, ce qui m’a été extrêmement utile. Vous avez fait une déclaration sur votre nouvelle œuvre, Khojaly 613, dans laquelle vous dites qu’elle a été composée pour les victimes, afin que vous puissiez « retrouver la paix » après avoir partagé leur douleur et celle de leur famille. Qu’avez-vous essayé d’obtenir en composant cette œuvre ? Lors de ma première visite en Azerbaïdjan, j’ai découvert la musique folklorique, la musique ethnique, la musique symphonique et le jazz. Pendant mon séjour, on m’a montré la photo du violoncelliste Mstislav Rostropovitch, jouant pour des enfants du Haut-Karabagh déplacés dans leur propre pays. Le fait que l’Azerbaïdjan reste en guerre avec l’Arménie m’a ensuite été expliqué. Auparavant, je ne savais rien de cette situation, alors j’ai fait des recherches et j’ai lu des documents sur le sujet. Six mois plus tard, je suis retourné à Bakou pour un concert organisé par l’ambassade de France, où a été joué mon quatuor à cordes Les Larmes de l’enfer. J’ai été bouleversé par les histoires que j’ai entendues sur la tragédie de Khojaly. J’avais besoin d’exprimer ma réaction à cette atrocité et de montrer ma révulsion et mon émotion face aux événements qui se sont produits. Je suis éberlué par le fait que, en France et en Europe de l’Ouest, si peu de gens cherchent à comprendre les raisons du conflit du Haut-Karabagh. En France, personne n’en a parlé, et nous avons une forte diaspora www.teas.eu

arménienne qui empêche les deux côtés de s’exprimer. Avec l’orchestre, j’essaie de sensibiliser le conflit à la nécessité de résoudre ce conflit. Avez-vous intégré des thèmes du HautKarabagh à ce morceau ? Il y a sans nul doute certains éléments, car il comprend trois chansons traditionnelles azerbaïdjanaises : Sari Gelin, Lachin et Shusha. De plus, j’ai écrit une anagramme musicale, et le début du morceau comprend le mot Khojaly en notation musicale. La partie pour le balaban est-elle entièrement improvisée ? Pas entièrement – certaines parties sont improvisées, mais en rapport avec la partition écrite. J’ai délibérément laissé certaines mesures vides, afin que le joueur de balaban puisse improviser, comme ce serait le cas s’il jouait du mugham en Azerbaïdjan. Il faut que tout le monde soit libre : je suis libre de composer et Shirzad Fataliyev, le soliste de balaban, est libre de jouer. Vous avez aussi travaillé en Ouzbékistan. Remarquez-vous des similarités entre les musiques azerbaïdjanaise et ouzbèque ? Il existe certainement des similarités entre les modes de ces deux types de musique. Si vous vous intéressez à la musique du monde, Radio France a produit une célèbre collection. Ils ont publié environ 20 CD de musique azerbaïdjanaise, mais considérablement moins pour les autres pays. Le mugham est une forme de musique puissante présente dans le quotidien des Azerbaïdjanais. En Ouzbékistan, comme il existe une tradition de nomadisme, il y a des influences différentes de celles de l’Azerbaïdjan, où les habitants tendent à rester au même endroit. Vous avez composé la musique de plusieurs films muets, comme Le Fantôme de l’opéra et Les Aventures du prince Ahmed, de Lotte Reiniger. Aimeriez-vous composer des partitions pour des films muets azerbaïdjanais tels que Séville et La Tour de la Vierge ? Je serais ravi de m’y consacrer à l’avenir. Quelle est votre opinion sur l’œuvre de Fikret Amirov, qui a mis au point le style du « mugham symphonique ». Le travail d’Hajibeyli est à la base de la musique symphonique azerbaïdjanaise, mais il est difficile de jouer ses opéras et opérettes en Occident, car il faut faire venir de nombreux musiciens d’Azerbaïdjan. Cependant, les orchestres du monde entier peuvent jouer les œuvres d’Amirov. Son travail marie parfaitement les techniques occidentales à la musique azerbaïdjanaise. Pensez-vous que la musique azerbaïdjanaise ait eu un gros impact sur l’évolution de votre style de compositeur ? Naturellement. De nombreux auditeurs ont

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trouvé qu’il y avait une influence orientale dans mon œuvre, mais je les corrige en disant qu’il s’agit spécifiquement d’une influence azerbaïdjanaise. J’aime énormément cette musique – peut-être que je deviens à mon tour un compositeur de mugham symphonique ? Son impact sur mon œuvre est de plus en plus apparent, mais je travaille actuellement sur un projet avec Ali Qasimov. Pour en savoir plus, allez sur www. pierrethilloy.com

Laurent Petitgirard – une passion pour la musique azerbaïdjanaise

Né en 1950, Laurent Petitgirard a étudié le piano avec Serge Petitgirard, son père, et la composition avec Alain Kremski. À ce jour, il a composé plus de 20 œuvres de musique symphonique et 160 musiques de film. Laurent a conduit certains des plus grands orchestres du monde, notamment l’Orchestre de l’Opéra de Paris, l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, l’Orchestre National de France, l’Orchestre National de Lyon, de Bordeaux et de Lille, le Berliner Symphoniker, l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestre National d’Espagne, ainsi que l’Orchestre Symphonique d’État de Moscou. En 1989, il a fondé l’Orchestre Symphonique Français, qu’il a dirigé jusqu’en 1996. Laurent Petitgirard a fait plus de 30 enregistrements, dont Jeanne d’Arc au Bûcher d’Honegger, et plusieurs enregistrements de première mondiale, y compris Gaspard de la Nuit de Ravel, avec l’orchestration de Marius Constant. Il a enregistré son Cello Concerto, avec le violoncelliste Gary Hoffman et l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, ainsi que Le Légendaire pour violon, chœur et orchestre, avec, comme soliste, le dédicataire de l’œuvre, Augustin Dumay. Le premier opéra de Laurent Petitgirard, Joseph Merrick, dit Elephant Man, a fait sa première en 2002 à l’Opéra d’État de Prague. Sa plus récente composition est une musique originale pour Le Petit Prince, mis en scène à l’Opéra-Théâtre d’Avignon. L’enregistrement de la première sortira sous le label Naxos, en août 2013. De 2010 à 2012, Laurent Petitgirard a dirigé une série de concerts à Budapest, Moscou, Strasbourg, Pékin, Nice, Séoul et Kiev. Début février 2013, il a dirigé l’Orchestre symphonique d’État de Moscou lors d’un concert de ses propres œuvres à l’Orchestrion Hall. Laurent Petitgirard a reçu de nombreux prix, y compris Commandeur des Arts et Lettres et Chevalier de La Légion d’Honneur. TEAS a rencontré Laurent juste avant le Concert en commémoration de Khojaly, à Londres. March 2013


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Personnalités – Coup de projecteur sur Khojaly 613 Le compositeur et chef d’orchestre Laurent Petitgirard a incité l’orchestre Orion à donner une interprétation passionnée de Khojaly 613

Qu’est-ce qui vous a le plus intéressé dans la direction des Concerts de commémoration de Khojaly, à Paris et à Londres ? Mon intérêt initial était seulement musical : Khojaly 613 est une nouvelle œuvre et je m’intéresse toujours aux nouvelles musiques. Je suis conscient que, quand les compositeurs sont inspirés par un sujet émouvant, ils produisent fréquemment un excellent morceau. Je connais déjà plusieurs Azerbaïdjanais et je suis ami avec S.E. Elchin Amirbeyov, ambassadeur azerbaïdjanais en France. L’an dernier, j’ai dirigé un concert à la Salle Pleyel de Paris, avec deux orchestres : mon orchestre parisien, appelé l’Orchestre Colonne, et le Philarmonique de Bakou. Il célébrait le 20e anniversaire des relations diplomatiques francoazerbaïdjanaises. La première partie comprenait de la musique azerbaïdjanaise, jouée par l’Orchestre philarmonique de Bakou. Le programme se composait de l’Ouverture de Koroglu d’Uzeyir Hajibeyli, de Caravane de Soltan Hajibeyli, des deux parties de la suite du ballet Sept beautés de Gara Garayev, et du Caprice d’Azerbaïdjan de Fikret Amirov. J’ai dirigé la deuxième moitié des œuvres françaises, notamment le premier mouvement du Concerto pour piano en sol majeur de Maurice Ravel, avec la pianiste azerbaïdjanaise Murad Huseynov, et La Mer de Claude Debussy. J’ai veillé à ce que les musiciens arméniens de mon orchestre jouent de la musique azerbaïdjanaise au concert, en indiquant à la Première dame, Mehriban Aliyev, que cela devrait représenter l’avenir. Lors de ces concerts, à Paris et à Londres, j’ai été enchanté de collaborer avec les jeunes musiciens anglais de l’orchestre Orion. Par ailleurs, je respecte le compositeur Pierre Thilloy pour son travail. Je n’avais jamais dirigé sa musique, mais j’avais entendu quelques-unes de ses œuvres. J’ai eu également beaucoup de plaisir à collaborer avec Sabina Rakcheyeva et Shirzad Fataliyev, qui étaient respectivement les solistes au violon et au balaban. Au concert parisien, j’ai précisé au public que le balaban se trouvait dans toute la région, sous différents noms, ce qui prouve que cette musique est plus forte que les frontières des pays.

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Avez-vous déjà dirigé de la musique azerbaïdjanaise ? J’ai déjà dirigé le Concerto pour piano de Fikret Amirov, à Paris, avec Murad Huseynov. Cependant, j’ai été encore plus impressionné par la composition pour cordes de la Symphonie Nizami. Quelle a été votre réaction en entendant la Symphonie Nizami de Fikret Amirov pour la première fois ? Elle trouve parfaitement sa place dans la musique de l’immédiat après-guerre, comme celle de Bohuslav Martinu ou de Zoltan Kodaly, mais n’est pas assez connue en Occident. La musique de la Symphonie Nizami est vraiment merveilleuse et d’une qualité virtuose pour les cordes. C’est l’un des chefs-d’œuvre de la musique azerbaïdjanaise mais, pourtant, les partitions sont des photocopies des partitions écrites à la main et sont clairement pleines d’erreurs. Je suis ravi d’apprendre qu’un projet TEAS vise à publier la version finale de cette grande musique classique azerbaïdjanaise. C’est agréable de pouvoir travailler sur ce type de musique avec de jeunes musiciens car, après avoir appris le morceau, j’espère qu’ils le recommanderont à d’autres orchestres. Quelles tonalités décririez-vous comme étant spécifiquement orientales ou azerbaïdjanaises ? L’œuvre devient incontestablement orientale dans ses mouvements lents, mais Amirov parvient à éviter de reproduire cette musique trop fidèlement. Les compositeurs qui résident dans un pays ayant une tradition musicale très forte doivent trouver leur propre voie. Bartók et Kodaly baignaient dans la musique folklorique hongroise ; certains de leurs morceaux étaient magnifiques, mais d’autres tombaient dans le piège de la copie. C’est formidable d’être inspiré par la musique folklorique, et la Symphonie Nizami d’Amirov est extrêmement inventive sur le plan rythmique. Que pensez-vous de la musique d’autres grands compositeurs azerbaïdjanais, tels qu’Uzeyir Hajibeyli, Gara Garayev ou Asaf Zeynally ? Lorsque j’écoutais le programme joué à la Salle Pleyel, j’ai compris que cette musique avait été composée il y a 60-70 ans. En fait, il semble y avoir un manque de compositeurs

azerbaïdjanais contemporains depuis la chute de l’Union soviétique. Si nous voulons une nouvelle génération de compositeurs azerbaïdjanais, ils doivent être réceptifs à toutes sortes de nouvelles musiques. Le pire scénario serait que les nouveaux compositeurs aillent vers l’extrême avant-garde et rejettent totalement le passé. J’ai essayé de participer au montage de l’opérette d’Hajibeyli appelée Arshin Mal Alan (le marchand de tissus) à Paris, cette année, pour commémorer son centenaire. Elle a été jouée à l’Opéra Garnier en 1925, mais elle ne l’a plus été par la suite. En revanche, je ne souhaitais pas présenter un spectacle pour un public limité à la diaspora et aux amateurs d’exotisme. Il faut faire connaître le travail des compositeurs azerbaïdjanais contemporains et examiner leur patrimoine. Vous dirigez la première mondiale de Khojaly 613, de Pierre Thilloy, commandée pour commémorer les victimes civiles du massacre Khojaly. Comment décririez-vous cette œuvre ? C’est une méditation, dans laquelle Thilloy a intégré les modes musicaux du mugham azerbaïdjanais. Le problème était lié à l’utilisation du balaban. Dans un passage, Shirzad Fataliyev, le joueur de balaban, est censé répondre au soliste de violon. Comme Shirzad ne sait pas lire la musique, je dois diriger pour lui différemment que pour le reste de l’orchestre. Quand le morceau permet à Shirzad d’improviser, ça marche très bien, et c’est aussi le cas quand le morceau est fortement écrit. Mais comme il y avait eu des difficultés quand Shirzad devait répondre au violon, nous avons dû le remplacer par le premier alto. Il y a deux endroits où le premier alto joue ce que le balaban devrait jouer. Je suis fasciné par le son incroyable du balaban ; ce serait intéressant si les musiciens qui jouent de cet instrument pouvaient lire la musique. Les compositeurs pourraient alors l’intégrer à leurs œuvres, sans rapport avec le mugham. Vous avez aussi beaucoup composé pour le cinéma, en particulier en collaborant avec de grands réalisateurs tels que Jacques Demy et Otto Preminger. Pourriez-vous envisager de composer la musique d’un film azerbaïdjanais ? Ce serait avec plaisir. Je n’ai pas composé de musique de film depuis deux ou trois ans, parce que les règles ont changé. Trop de réalisateurs ne comprennent rien à la musique et, de nos jours, il est impossible de regarder les rushes sans musique préexistante. Je préfère avoir carte blanche et regarder le film sans le son. Je pense que j’aurais plus de liberté en travaillant avec des réalisateurs azerbaïdjanais.

Pour en savoir plus, allez sur www. petitgirard.com

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Personnalités – Coup de projecteur sur Khojaly 613 Le pathos des improvisions de Shirzad Fataliyev au balaban a donné une nouvelle dimension à Khojaly 613

Shirzad Fataliyev maestro du balaban

Le soliste azerbaïdjanais Shirzad Fataliyev fait partie des plus grands joueurs de balaban, instrument à vent à double anche d’environ 35 cm de long, avec une ouverture de 1,5 cm et un trou pour le pouce, fabriqué en bois de mûrier ou en bois dur. Pour jouer, le musicien utilise une technique de respiration circulaire, en retenant l’air dans ses joues tout en inspirant. Le balaban est un élément fondamental de la musique mugham azerbaïdjanaise. Shirzad est aussi un joueur renommé de zurna, autre instrument à vent azerbaïdjanais. Shirzad Fataliyev a réalisé de nombreux enregistrements, et a joué du balaban dans le monde entier, notamment en tant que soliste dans le Khary Bulbul Ensemble. Il a récemment participé au festival Valeurs culturelles de l’Azerbaïdjan – Perle du Caucase de Romorantin-Lanthenay, en France, et aux festivals de musique et danse du monde WOMAD, au Royaume-Uni et en NouvelleZélande. Des enregistrements réalisés avec Shirzad Fataliyev sont passés sur BBC Radio 3. Il a accompagné certains des plus grands chanteurs de mugham, y compris Alim Qasimov, Gochag Askarov et Nazaket Teymurova. TEAS lui a parlé, entre deux répétitions pour les Concerts en commémoration de Khojaly de Paris et de Londres, où il était le soliste choisi pour la nouvelle œuvre de Pierre Thilloy : Khojaly 613. Qu’est-ce qui, initialement, vous a donné envie de jouer du balaban et de la zurna ? Mon père jouait déjà de ces deux instruments, plusieurs générations en ont joué dans ma famille. Je connais ces instruments depuis que je suis né. De quelle région d’Azerbaïdjan viennent vos ancêtres ? Je viens de Shamakhi, dans le centre de l’Azerbaïdjan, la capitale historique de la région de Shirvan, qui est aussi l’ancienne capitale de l’Azerbaïdjan. Dans cette ville, les musiciens et chanteurs de mugham se réunissent régulièrement, et de nombreux musiciens jouent du balaban, du tar, de la kamancha et du saz.

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Avez-vous appris avec un maître du mugham ou avez-vous étudié ces instruments de manière académique ? J’ai commencé à en jouer dans mon enfance, c’est à cette époque que j’ai acquis ma technique instrumentale, et j’ai participé à de nombreuses réunions avec des musiciens de tous âges. Ensuite, j’ai suivi les cours d’une école de musique et, actuellement, je suis les cours du Conservatoire de musique national d’Azerbaïdjan. Quelles sont les différences principales entre le balaban et la zurna ? Demandent-ils le même doigté et la même technique ? Le balaban convient davantage pour jouer des morceaux de mugham esthétiques. Son nom signifie que c’est un instrument fragile ou lyrique. À mon avis, le son du balaban ressemble à celui de la voix humaine. En revanche, la zurna est forte et très différente, elle convient davantage à la musique de fanfare militaire. Le balaban est un instrument d’origine azerbaïdjanaise, mais on le trouve dans d’autres pays voisins : en Turquie sous le nom de mey et en Arménie sous le nom de düdük. Qatran Tabrizi, auteur du XIe siècle, parle de cet instrument sous le nom de balaban, ce qui prouve de manière irréfutable qu’il s’agit bien d’un instrument azerbaïdjanais. A-t-il des similarités avec des instruments occidentaux ? Pas du tout. Le balaban est caractéristique de l’Azerbaïdjan et sa clé ressemble à celle de la kamancha, autre instrument azerbaïdjanais. Dans quelle mesure les morceaux joués au balaban et à la zurna sont-ils improvisés ? C’est déterminé par le contexte et le type de musique joué. Quand on joue avec un orchestre symphonique ou un orchestre de chambre, il y a peu de possibilités d’improviser, car il est impossible au musicien de sortir du cadre du morceau. Alors que, lorsqu’on joue du mugham ou du jazz, il y a beaucoup de place pour l’improvisation. C’est une question d’inspiration et, quand elle arrive, on la traduit grâce à l’instrument. Avec quels chanteurs et instrumentalistes de mugham avez-vous collaboré ? J’ai collaboré avec un grand nombre des plus

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grands chanteurs de mugham du monde, tels qu’Alim Qasimov, Nazaket Teymurova, Gochag Askarov, et Aghakhan Abdullayev. J’ai joué dans de nombreux pays européens. Alim Qasimov est le principal ambassadeur de la musique azerbaïdjanaise. J’ai également joué avec Gochag Askarov, sur la scène de BBC Radio, lors du festival WOMAD, et je suis apparu lors du programme de Radio 3 appelé World Routes. Mes prochains concerts à Londres seront en mars et en juin. À quels festivals et concerts étrangers avezvous participé ? Depuis 1989, je joue dans de nombreux pays. Il serait plus facile de citer les pays où je ne suis pas allé. J’ai notamment fait des tournées en Amérique du Sud, au Japon, aux États-Unis, en Italie, en France, en Espagne et en Grèce. Vous êtes ici pour participer à l’interprétation de Khojaly 613, le morceau composé par Pierre Thilloy à la demande de TEAS. Quelle a été votre première expérience de jouer avec un orchestre de chambre ? J’ai joué avec des orchestres symphoniques et de chambre en Allemagne et en Italie. La technique de jeu avec de tels ensembles est différente : il y a beaucoup de possibilités d’improvisation dans le mugham, déterminée par l’inspiration, alors que, dans les compositions symphoniques, les instructions sont très claires. Avez-vous déjà joué du jazz-mugham ? À Chicago, j’ai joué avec le pianiste Jamil Amirov, le fils de Fikret Amirov. J’ai également joué en France, à l’UNESCO, avec le pianiste Rashad Ashimov, qui habite en France. Que signifie le mugham pour vous, en tant qu’Azerbaïdjanais ? Le chanteur Haji Baba Huseynov, qui a été l’enseignant d’Alim Qasimov, a dit : « Le mugham est une formidable ressource. On peut en prendre en peu, ou beaucoup, selon ce qu’on est capable d’en extraire. » Personne ne peut explorer le mugham dans son intégralité, parce qu’il est trop profond pour cela, et qu’il contient un élément spirituel qui ne peut pas être ignoré. En 2000, j’ai joué à Tolyatti, en Russie, dans le cadre d’un concours intellectuel de KVN intitulé La Finale du XXe siècle. Quand j’ai joué du balaban, les Russes, très réceptifs à la passion de ma musique, avaient les larmes aux yeux. Après un concert en Allemagne, un homme a demandé à voir le balaban et a dit qu’il était étonné qu’un instrument aussi petit ait une telle voix. Il m’a expliqué qu’il n’avait pas pleuré quand son père était mort, mais qu’il allait pleurer maintenant. Pour finir, je voudrais remercier TEAS d’avoir organisé ce concert et de continuer à promouvoir la musique et la culture de mon pays. Pour écouter Shirzad Fataliyev jouer la chanson traditionnelle Sen Gelmez Oldun, allez sur bit.ly/sangolmezoldun.

March 2013


March 2013

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