Territoiresthétiques® - Notices des diagrammes Les diagrammes modélisent les formes d’intelligibilité de ce que j’appelle Esthétique Systémique. Cette esthétique s’intéresse aux appareils, aux liants, qui font tenir ensemble les politiques et les faits, les discours et les pratiques, les acteurs et les territoires. L’esthétique systémique s’intéresse à ce qui agit les structures et à ce qui génère les processus d’esthétisation.
Diagramme 1 - Système L’esthétisation de l’espace public relève d’un mécanisme complexe articulant Culture, Pratiques, Territoires et Faits esthétiques. L’esthétisation tient à ce que l’espace se voit augmenté de certaines qualités apportées par les aménagements découlant de l’application des politiques de la ville, culturelle en particulier, par les pratiques symboliques et les diverses formes d’appropriations. A travers les faits – dispositifs, objets, événements, images – qui s’incarnent dans les artéfacts de l’architecture, du design, de l’art et des jardins, l’esthétisation se réalise dans les territoires aux diverses échelles de la métropole, des infrastructures, de l’espace public et des espaces intermédiaires. La valeur esthétique que l’on accorde aux territoires tient aux catégories des acteurs (artistes, habitants, publics, opérateurs) qui en font l’expérience et qui agissent sur le réel en le construisant, esthétiquement et socialement. Les territoires et les faits forment ensemble le terrain d’effectuation des politiques et deux dynamiques (top/ down) et (bottom-up) mettent en tension dans le système global les superstructures et les acteurs.
Diagramme 2 - Dynamiques Engageant l’économie, le politique et le social selon l’échelle et la temporalité des projets, les cadres législatifs des dispositifs culturels renvoient l’esthétisation vers l’esthétique, les politiques et l’industrie culturelle. Leur mise en place sur les territoires est légitimée par la perspective de la démocratisation de la Culture. La communication du discours politique se concrétise ou non dans des faits qui scénarisent l’information par une médiation symbolique. Les dispositifs de l’action publique cadrent et normalisent les faits esthétiques générant leur standardisation à échelle mondiale (ex. les nuits blanches, les quartiers créatifs, etc.) En tant qu’expérience du confus, l’appréhension sensible des faits esthétiques permet l’appropriation des territoires. L’expérience est un vecteur d’enracinement. Elle pousse à l’identification des situations, à la production de représentations personnelles ou de modèles d’analyses élaborés par l’imagination. Les pratiques symboliques qui ont déserté la société reviennent cependant par le biais de quelques artistes qui restent en dehors de la mise en spectacle du monde et pratiquent leur art dans les interstices.
Diagramme 3 - Expérience esthétique Ce diagramme schématise le système de relations engagé par l’expérience esthétique d’un objet placé dans un milieu sensible. Il met en scène un sujet représenté par un œil qui perçoit un objet quelconque. Cette expérience première ouvre deux perspectives, l’une allant vers les conditions de l’expérience, une origine idéale, une essence, un prototype, la seconde, allant vers l’engendrement d’un double de l’objet, à partir d’une opération de traduction de ce que le sujet ressent en percevant la chose sensible, la production d’un équivalent (en mots, en images…), mentale ou concret, plus ou moins fidèle, qui peut aller du reflet à l’allégorie. Les ingrédients fondamentaux de l’esthétique sont localisés et scénarisés. Ce schéma permet de visualiser les conséquences de la perte de l’expérience sensible et avec elle de la compréhension des conditions de cette expérience telle qu’elle se produit par le biais des nouvelles technologies qui nous mettent directement en position de spectateur de modèles et nous coupent de ce fait des attributs métaphysiques de l’objet. Il permet de voir que la dé-esthétisation de l’objet d’art tient au retrait de l’expérience, au statut de spectateur du sujet et à la coupure du lien subjectif qui le relie à l’univers transcendental (Essence, mythe d’origine, aura).
速 Martine Bouchier 2013