NEW YORK SUBWAY Photographies de Terry Fabre
New York Subway
Photographies de Terry Fabre
Edition Terrytoire Tous droits réservés / All right reserved
La ville vit à un rythme frénétique De minuit à minuit New York vit Vit Vit Ses pulsations sont palpables Son cœur est sous terre Le métro irrigue cette ville de son flux d’hommes, de femmes, blancs, noirs, métis, asiatiques, indiens, etc.... Il crée une mixité raciale, une mixité sociale, pour un temps apaisée, pour un moment acceptée. Le métro dans son bouillonnement réunit dans un seul et même lieu toutes ces différences. Spectatrice attentive de ce lieu, j'ai tenté à travers ces photos de restituer l'ambiance, l'atmosphère, où les bruits, les odeurs se mêlent, à nul autre endroit pareil dans cette métropole souterraine, le Subway de New York.
Terry Fabre
Conversation sur un banc
- Rosie, je te dis qu’après mon opération, j’ai perdu mes cheveux et le docteur a dit qu’ils repousseraient. - Tu crois tout ce qu’on te dit….chez moi, quand on perdait les cheveux on allait chez la grand-mère qui faisait des potions à base d’anis. On buvait un verre tous les jours pendant… - Rosie ! on est au 21ème siècle ! tu ne vas pas me parler de potions de grand-mère. On est à New York et on va chez le mé-de-cin à New York ! - Mais, Emma, il y a des choses qui marchent, je t’assure. Par exemple, moi, j’avais les jambes lourdes à force de faire deux heures de métro tous les jours plus les ménages. Je suis allée à Harlem chez un guérisseur ghanéen qui m’a fait allonger sur un lit en pente et puis…. - Rosie, arrête ! Je ne veux pas entendre parler de ton marabout ghanéen. Tout ça est dans la tête. Ils te convainquent que ça va te faire du bien et, voilà, tu crois et, par miracle, ça marche ! - Eh, mais en attendant, ça fait trois mois que tu as eu ton opération et tes cheveux ne repoussent toujours pas. Est-ce que tu veux que je te passe ma perruque ? Tu me vois, là ? C’est une perruque que je porte. J’en ai une autre à la maison. Je te passe celle-là et si elle te va, je te la vends à moitié prix. - On verra. - C’est l’heure, ma chérie, je dois prendre l’express pour le Bronx. On en reparlera la semaine prochaine. - Comme tu veux. Je serai là, comme d’habitude, mardi à 4 heures. Bonne semaine.
by Pamela Izard
This man
This man is sitting alone in a subway station, staring down at nothing, really, with an air of infinite sadness about him. He might be thinking about bills to pay, shopping to do… but those thoughts are somehow deep thoughts. This man is thinking about life: his life, all life, Life with a capital L. He’s asking himself, he’s wondering: “How the heck did I end up here? Why didn’t I get this before? Where have I BEEN all these years?” This man is you, this man is me: right at that moment when childhood dreams have receded, fears of the future are suspended, and everyday worries are muted - a moment alone, seated in an old shabby subway station in NY, waiting for a train. And all he can think is: “I can’t believe this is life.” This man will get up. He’ll hear the train coming and he’ll get ready. He may be slow, but he’ll shrug this moment off. He’ll think about those bills to pay more practically, he’ll run down the mental list of things he needs to buy. He’ll walk back into his daily life: those old childhood dreams, those fears, the people he loves, the ones he’s hurt, the ones who have hurt him. He’ll cope, he’ll laugh - he’s back in the hurly-burly of life. The photographer caught him at a particular moment in time… He’s really just an ordinary man. by Cathy Stott
Dans New York
Dans New York il y a de la fumée Dans la fumée il y a des odeurs Dans les odeurs il y a une mémoire Dans une mémoire il y a les souvenirs Dans les souvenirs il y a du bonheur Dans le bonheur il y a la liberté La liberté c'est la mixité La mixité c'est l'autre L'autre c'est l'acceptation L'acceptation c'est la sérénité La sérénité c'est la différence La différence c'est New York
par Terry Fabre
Silent movie... the frames click past like wheels on don't know how to MOVE, stop tracks
gotta go to work gotta go to school gotta wait can't do anything anyway zone out
1 Ohhh man last night was crazy! pass the time AND keep informed, i am ahead of the game these people, they don't have a clue what's goin on I be FIRST on that train some people is DUMB, they
3 What's that where's my phone STARING, keep their HANDS / SMELLS/ STUPID COMMENTS Lemme just check, maybe she to themselves, it make me wanna left a message I'd jump in front of a train for ya KILL someone OMG did he get the kids up 2 Behind my shades I am strong yet??? better just remind him, these little boots have been up they'll be late to school, i'll just all night i am dog tired all over send a quick reminder, takes a sec town this night mmm the curve of his hip Zzzz where is that train, where is that Can't forget train (yawn) can't forget am I even awake yet the wife's umbrella Frozen outside too hot down here my bed was perfect‌
4 "subway kid rejoice your truth" too many people in this station better put my bag cross my chest don't look no one in the eye where is that train? ok now snap out of it, get in the zone, so when i get to work, first‌ hey is this the right side of the platform?? 5 as long as there is music there is grace those girls there whatever are they makin all that noise about?
find your silence! it's too early people on the subway annoy the shit out of me 7 it's important to have a (what don't we see, behind that pleasant work environment post? ) i know i'll be glad i made the effort when i get to work my arms are killin me 6 who's that tall kid talkin to he don't ever carry nuthin is that a baby in that stroller where is that train im a ready tired and i aint even I know there are rats down at work yet there but i am not going to count the rats Yeah that one, that's good, great tune not gonna think yet, just chill music is oxygen by Emily Dupras-Carceles
Rolling, rocking, clicking On this rail alone together. Escape solitude: skim the paper scroll the phone punch the Pod Pray. View the women judge the shoes count the boys Dose. Uptown, downtown Q-line, Bronx; local, Dilmar stop. Broadway, on People off People roll click, rock, bag I grip my sit up straight alert. keep my eyes Subway time is my time to feel in the flow.
by Pamela Izard
Margaret repose sa tasse de café au centre de la soucoupe. Elle allume une cigarette, aspire une longue bouffée et se rejette contre le dossier de son siège. Elle ferme l’œil droit, souffle longuement la fumée. Face à elle, Marlon ne bouge plus. Il déteste cette mise en scène, il en connait chaque détail et sait déjà ce qui va suivre. "Marlon le placide" : A nouveau, elle va le baptiser de ce sobriquet ridicule ! Et elle continuera: "Marlon le sphinx", "Marlon le fade". Ah non, ce n’est pas l’imagination qui lui manque. Comme d’habitude, il se taira, et elle haussera la ton :"Marlon le pleutre", "Marlon le lâche", sifflera-t-elle, l’œil droit toujours fermé, la cigarette vissée au coin de la bouche. Il encaissera sans broncher. Cela fait des années qu’il subit ce petit assaut quotidien. C’est le prix à payer pour avoir le droit d’occuper un petit bout de trottoir, là, juste devant les trois tables du minuscule café de Margaret. Ce trottoir, c’est sa vie. Il n’y renoncerait pour rien au monde, même pour échapper aux sarcasmes de Margaret. Il y installe chaque jour sa caisse en bois, ses brosses, le vieux fauteuil en cuir et il cire les chaussures du matin jusqu’au soir. En face, c’est le quartier des affaires, le New-York exchange et ses cohortes d’hommes sévères, tout à leur apparence. Ce ne sont que costumes et cravates, chaussures lustrées et chemises griffées, un grand défilé de mannequins manucurés qui décident, exigent et commandent. Marlon n’est qu’un minuscule rouage dans le grand mécanisme qui subvient jour après jour aux besoins de cette élite maniaque. La tête baissée, il cire consciencieusement, sans s’offusquer de la morgue des clients toujours prompts à se plaindre d’un défaut, d’une tâche, inventant n’importe quel prétexte pour l’humilier. Du fond de son bar, assise derrière sa caisse, Margaret l’observe, railleuse. Elle, elle ne se laisserait pas faire. Qu’un homme un peu arrogant la bouscule, et il comprendrait vite à qui il a affaire. Ah non ! Personne ne pourrait la traiter de "placide", encore moins de "pleutre". Plutôt perdre un client que se taire. Elle trépigne jusqu’à la fin de la journée, et là, tandis qu’ils partagent un dernier café, elle se laisse aller : Marlon le lâche, quand te décideras-tu à lever la tête ? Tu es voûté comme un esclave, soit un homme ! Marlon se tait. Il finit son caf é, range ses brosses, ses cirages, emporte le fauteuil dans l’arrière salle, enlève son tablier, met son chapeau et part d’un pas tranquille vers la bouche de métro la plus proche. Chemin faisant, il se redresse petit à petit. Aux premières marches du métro, ce n’est plus Marlon-le-cireur, mais Marlon tout-court qui descend vers les sous-sols obscurs. Et les soirs de petite affluence, dans la rame presque déserte, tandis que retentit la sonnerie du départ, on peut apercevoir le "Grand Marlon " appuyé contre la porte, un sourire hésitant sur les lèvres, nimbé du halo éclatant des enseignes des stations.
par J. Nodet
Désolée Terry, je n'ai jamais pris le "subway" de New York. J'ai traversé des centaines de fois Manhattan de long en large, d'avenues en quartiers, toujours à pied, le nez en l'air. Prendre la 5ème jusqu'à la 12ème East, trainer au hasard de ce labyrinthe. La pluie fouettait au coin d'une rue, le vent transperçait les légers vêtements printaniers, le soleil traversait le fog ou le smog laissant toujours un aspect de ouate grisâtre. Mes pas m'amenaient jusqu'au port d'où partait le bateau qui nous emmenait à la statue de la liberté. Une volée de marches plus haut, nous étions dans sa couronne. Je pensais alors à ces millions de migrants frappant aux portes du rêve américain. Ils étaient pauvres, ils étaient tristes, ils étaient fatigués mais ils étaient arrivés, dans leur yeux se lisait LIBERTE. Ce sont eux ou leurs enfants qu'on peut croiser dans le métro, écouteurs sur les oreilles, visages fermés. Ils ne se voient pas, ne se regardent pas, ils se croisent. Survoler New York a toujours été un étonnement, un émerveillement, l'impression d'être une fourmi au Yosemite Parc. S'asseoir dans la pelouse de Central Park, voir défiler les joggers, les cyclistes, les rollers, les poussettes suivies de nannies étrangères au serre-tête blanc. L'empire state bulding devint un ancêtre lorsque naquirent les Twins dominant New York de toute leur hauteur. A t-il à présent retrouvé sa jeunesse ? Le soir venu, on s'arrête dans un bar, boire un Jack Daniels, écouter quelques mesures d'un jazz délirant. New York, on aime ou on déteste mais elle ne laisse personne indifférente. On rentre étourdi, fasciné par cette ville appelée à juste titre "The Big Apple", elle en a la forme, elle en a l'attrait, elle peut en avoir le goût... acide ou sucré ! par Roselyne Watteel
Il est vrai qu'on peut vivre et mourir anonymement à New York, mais on vous laisse aussi en paix, libre de voir ce qu'il y a à voir, d'inventer tout votre soûl. Plus la forteresse urbaine devient massive et inaccessible, plus son espace intérieur est imaginatif. (Alfred Kazin)
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It is true that we can live and die anonymously in New York, but we also leave you in peace, free to see what there is to see, to invent all your soul. The more the urban fortress becomes massive and inaccessible, the more the inner space is imaginative. (Alfred Kazin)
Où court-il ? Casquette à l’envers Baskets noires Essoufflé, en retard. Match de hockey Concert de jazz Un rendez-vous ? New York toujours Elle, poupée papier Longue et figée Jambes de soie Talons aiguilles Restera là Verra passer Jour après jour New York toujours Franchira-t-il ce carré noir ? Le suivra-t-elle ? Vers quelle vie ou quel vide C’est décidé C’est déchiré Un pas de plus Sirène porte fermée New York toujours
Isabelle Nodet
Cette série de photos réalisée en 2012 lors d’un voyage à NYC a fait l’objet d’une exposition à Sussargues (Hérault) en mai 2015. En parallèle à l’exposition, un atelier d’écriture, bilingue, a été animé par Sonia Gouirand. Les participants ont pu écrire, selon leur inspiration, un billet d’humeur, un poème ou un récit… une autre façon de partager notre vision, notre ressenti, une invitation à un autre voyage! Ici j’ai souhaité regrouper ce travail collaboratif afin de les remercier. **** This series of photos taken during a trip in 2012 served as a topic of an exhibition to Sussargues (Hérault) in May 2015. In parallel with the exhibition, a bilingual creative writing workshop was led by Sonia Gouirand. The participants were able to write a column, a poem or a norrative according to their inspiration.... another way of sharing our vision, our feelings, an invitation to another trip! I hereby wish to thank them by including all these collaborative writings © 2015 Terry Fabre - All right reserved