Koreana Autumn 1995 (French)

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Charme Oriental, Confort Occidental... Vous pouvez en etre assure au Seoul Garden. Notre etablissement qui compte 400 chambres offre 5 restaurants avec une variete impressionnante de cuisines, un cafe, un salon, unbar et un nouveau centre de forme. Situe dans le quartier d'affaires de Mapo, il se trouve plus pres de Yoido et de l'aeroport international de Kimpo que tout autre hotel de luxe. Et pour le shopping, quelques minutes le separent d'ltaewon.

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TRESORS DE COREE

Maedup

Maedup. mot generique (X>Ur routes sortes de noeuds, designant une passementerie ornementale composee essentiellement de noeuds, est souvent et de fa r;:on erronee traduit en anglais par macrame, macrame. Maedup et macrame sont des choses tres differentes. L'endroit et l'envers d'un maedup sont identiques alors que ceux d'un mamtme sont clifferents Un maedup com(Xlrte un ou une serie de noeuds faits d'une seule cordelette, alors qu'un mamtme com(Xlrte un, ou une serie de noeuds faits de deux ou trois cordelettes. Ce sont le plus souvent des cordelettes de soie que l'on utilise (X>Ur Ia confection des maedups, mais on utilise egalement du coton ou d'autres fibres. La forme de Ia piece et son usage vont determiner le type de cordelette, le type et le nombre de noeuds et combinaisons autiliser (Xlur sa fabrication Souven~ on ajoute a !'article fini des franges, ou sui, (X>Ur !'em bellir. Le maedup vient de Chine. Les Careens ont developpe son art et l'ont rendu indispensable dans Ia vie quotidienne. La demande en cordelettes et en maedup etait si importante sous Ia dynastie Chos6n 03921910) .que le gouvernement gerait lui-meme un atelier ou tra vaillaient des artisans specialises dans leur production

Les maedup etaient utilises non seulement ¡pour les accessoires personnels comme les bomses, les sachets a parfum, les eventails et les ceintmes, mais aussi (X>Ur Ia.decoration des interieurs, l'ornementation d'instruments de musique, ou l'embellissement d'ic6nes bouddhiques, etc. Un des plus beaux exemples d'application des maedups est le norigae, pendentif fait de noeuds, de franges et de bijoux, que portent les femmes, encore aujourd'hui avec le hanook, Ia robe traclitionnelle. Parmi les divers norigaes, le sampk norigae, compose de trois parties, est le plus per pulaire. Les parties superieme et inferieme de ce norigae sont conriectees le plus sou vent au moyen d'omements en pde, corail, agate, ambre, or ou argent ayant cliverses formes telles que bouteille, papillon, chauverouris, etc Certains ornements prennent une forme symbolisant divers voeux comme Ia richesse, Ia longevite, Ia chance, ou un fils. On porte differents norigaes seton qu'il est (Xlrte avec un habit officiel ou non La taille et Ia forme des bijoux ou des pierres precieuses et les franges different selon les occasions + Ce norigae, avec un ecrin aparfum en jade cisele, a {:t{: confectionne par un "tresorculturel vivant"sp{:cialiste du maedup, Mme. Kbn Hee-jin


ARTS ET CULTURE DE COREE ~

COUVERTURE: Comprendre

s

Jes particularites du costume national d'un pays permet de

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savoir quelle est la conscience nationale et les cart~isque

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de cette nation. Ce numero de KOREAN A presente

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vetement careen.

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Le Hanbok Beaute traditionneUe du vetement coreen 4 Les caracteristiques du costume coreen et son developpement depuis l'antiquite par Cho Woo-hyun

12 Textiles et vetements coreens par Cho Hyo-soon

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20 La beaute du hanbok traditionnel coreen

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par Kum Ki-suk

26 Les vetements, les accessoires et ceux qui les font par Kim Yoo-kyung

40 ŠThe Korea Foundation 1995 Tous droits reserves. Toute reproduction, meme partielle, par tous procedes, sans autorisation prealable de Ia Korea Foundation, est interdite. Les opinions exprimees par les auteurs ne representent pas necessairement celles de KOREANA et de la Korea Foundation. KOREANA, enregistre comme trimestriel aupres du Ministere de l'Information, (Autorisation No. Ba-1003, du 8 aout 1987) est aussi publie en japonais, chinois, espagnol.et anglais

Modernisation du costume coreen par Kum Ki-sook

44 INTERVIEW

Sok Chu-son par Kim Young-uk

50

50 Ans de Theatre coreen depuis la Liberation par Kim Moon-hwan

56

Le Developpement de la Danse coreenne, de la liberation a nos jours

par Kim Kyoung-ae

tfjl Korea Foundation ~g.i'-lPI!


62 KOREAN A

CHEMIN FAISANT

Tarnyanguneter d' . en heritage litt / _re exil riche par Kim joo -young erarre

. La F t~n tnmestrielle dePublicat' on atwn de Coree, TheKoreaF 526 Namda oundation emunno 5-ga C Seoul100- , , hung-gu, 09), Coree

70 A LA DECOUVERT

LeG' k m go

DIRECTEURD

Choi C ~

E DE LA coREE

par Kim Tae-wook

LA PUBLICATION

ang-yoon

REDACTEUR EN C HEF

Lee]ong-up ACTUALITES

DIRECTEUR ARTISTIQUE

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Park Seung-u

Park Soo-keun.. sunphote . . . et corn

par Lee Ku-yeol

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La Biennale d , : franchir d e Kwangju: par Lee

REDACTRICE

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Yong-;~tries

82

Fierte et -patnotisrne . d' une soiree d'et / par Cho Chong-won k e

Marie-Orange Rive BUREAU DE

Hahn ManLA REDACTION . young KimH Ktm Kwang-on K' yung-kook Lee Ku-ye I .tm Seong-wou oung-bang Ltm Yi 0 p .

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au type de vetements qui se rattachent au caftan, ouverts sur le devan~ et noues sur Ia droite, selon Ia classification de A. L. Kroeber ou Yasuro Ogawa. En Occident, les vetements des hommes et des femmes etaient fermes a differents endroits, tandis qu'en Orient le facteur determinant etait le mode de vie de celui qui les portai~ de culture ou de chasse/ nomade. Ceci est un exemple des differences culturelles entre !'Occident et !Orient L'usage des couleurs dans les vetements est symbolique en Coree. Le blanc, couleur de base Ia plus utilisee par les gens du peuple, est le symbole d'un esprit pur et modeste. Le rouge signifie chance et fortune, c'est pourquoi on l'utilisait pour les vetements de Ia mariee. Le bleu, couleur de Ia constance, etait utilise pour les robes des dames de Ia cour et les manteaux des costumes officiels des lettres. Le noir, symbole d'infini et source de toute creation, etait

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utilise pour les chapeaux des hommes. Le jaune, qui representait le centre de l'univers, etait reserve pour Ia famille royale, les gens du peuple ne pouvant s'en servir. Ces cinq couleurs representaient egalement les quatre points cardinaux et le centre, gouvernant l'ordre du monde. Les couleurs neutres symbolisaient le yin, ou les vertus implicites, c'est pourquoi elles etaient utilisees pour les broderies des vetements partes en dessous de Ia ceinture, tandis que les cinq couleurs, symbolisant le yang, ou les vertus explicites, etaient utilisees pour les vetements partes audessus de Ia ceinture. Les vetements a cinq couleurs des enfants et des danseurs folkloriques et les bourses a cinq couleurs sont des exemples tres representatifs de ce symbolisme. Les couleurs representant le ciel et Ia terre etaient utilisees pour les habits de mariage. Les Careens fermaient leurs vetements

a !'aide d'une ceinture ou d'une soutache. Parfois un maediip (noeud decoratif) etait utilise pour le chOksam (veste Iegere), les vetements militaires ou le tallyong, tandis que les vetements classiques, ch 'ima, chOgori, turumagi, paji etaient noues a !'aide d'une soutache ou d'une ceinture. Par ailleurs, de nombreux vetements etaient ouve1ts sur le cote ou en bas, pour plus de conf01t ou pour faciliter le mouvement Le chogori, utilise quotidiennement, etait ouvert sur les cotes, tandis que les vetements des lettJ¡es etaient ouveits dans le dos ou sur le cote. Meme les vetements rituels etaient ouverts sur les cotes, de fa ~ on a pouvoir mettre ou enlever plusieurs couches de vetements aIa fois. Le couvre-chef avait beaucoup d'importance pour les Careens. Cela se reflete dans Ia ceremonie de passage a !'age adulte, kwallye, litteralement Ia ceremonie du chapeau. Les gan;:ons n'etaient consideres

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Cette scene de danse provenant d'une fresque dans une tom be de Koguryo situee a Chi-an, en Chine, donne un aperru des premiers costumes coreens.


Les facteurs qui ont contribue aux changements du hanbok comprennent des facteurs extemes comme l'environnement nature] et social, les institutions, les coutumes, les gouvemements, les religions, ainsi que des facteurs internes tels que Je temperament personnel et du groupe. L'environnement nature] determine les caracteristiques de base du costume national, mais les changements dans Je climat social du pays jouent un role dans le developpement du costume.

comme adultes qu'apres cette ceremonie, ou ils etaient officiellement autorises a porter un chapeau. La tete etait consideree comme sacree. Les hommes portaient toujours sur eux un kalmo, sorte de couvrechapeau en papier huile, pour proteger Ia tete et le chapeau de Ia pluie. Les officiels etaient dispenses de se presenter a une convocation du roi si leurs vetements et leur chapeau etaient mouilles par Ia pluie. Le vetement coreen le plus caracteristique et le plus important est le chOgori. Dans Ia Coree ancienne, le ch6gori descendait jusqu'aux hanches, avait des bordures au col et aux manches et etait ferme par une ceinture, identique pour les hommes et pour les femmes. Les manches etaient etroites, ce qui repondait aux exigences de Ia vie de chasse et nomade de l'epoque, ainsi qu'au climat rigoureux de Ia region. Mais .avec le temps, les manches s'elargirent. Le chOgori etait attache sur Ia gauche au debut de Ia dynastie Kogury6 (37 av. J.C.-668), mais le noeud passa a droite par Ia suite. Les bordures com-

Manteau Turumagi porte par les 1e ttres pendant la periode de Chos6n


Les femmes de ce genre de peintures portent des kodul ch'ima, une jupe qui laissait voir les dessous.

mencerent a disparaltre sous Ia dynastie Karyo (918-1392), et !'usage de soutaches se developpa. Quelque part entre Ia fin Karyo et le debut Chas6n (1392-1910), des chogaris ouverts sur les cotes et des choga~is colores apparurent. Pendant Ia dynasti~ Chas6n, Ia taille du chOgari se raccourcit peu a peu. Dans les peintures de Shin Yun-bok (fin Chas6n), les ponraits de femmes nous montrent que le chogari s'arretait un peu au.<fessus de Ia taille, tan-

dis qu 'au milieu du XXeme siecle, le chOgari etait plus long. Le col du chOgari connut de nombreuses modifications, passant de droit a arond~ et de dur a souple. A l'instar du col detachable, le tangpng, les cols servaient de point de reference dans le costume. La taille de Ia soutache, karum, changea avec le temps, de maniere inversement proportionnelle a Ia longueur du chOgari Alors que le chOgari pour les femmes a

frequemment change, celui des hommes est reste a peu pres le meme, que ce soit dans Ia forme ou dans Ia longueur, depuis Ia dynastie Silla (57 av. J.C.-668). Le long chOgari ouven sur les cotes, qui etait pone autant par les hommes que par les femmes, ne fut plus porte que par les femmes a pal1ir du milieu de Ia dynastie Chason, pour evoluer vers le tang'i1i. La forme du tangbang, sane de chOgari que portent aujourd'hui les moines bouddhistes, est pratiquement Ia meme que celle du chOgari que l'on voit sur les peintures murales de l'epoque de Kaguryo, a !'exception de Ia soutache et de Ia forme du col Les pantalons, paji, refletent des changements dans le mode de vie. Les jambes etroites, qui convenaient a Ia vie de chasse et nomade, s'elargirent. Les paji pour les hommes continuerent a etre portes com me un pan talon, parfois . ouverts devant et derriere. Les paji pour les femmes evoluerent en sous-vetements, a panir de Silla, et sous Chason, se diviserent en differents types. Les femmes po11aient egalement des s6ngun et des malgun, sone d'hybrides entre paji et ch'ima. Apres !'invasion japonaise de 1592, de nombreuses variations des pajis apruen~ pones sous Ia jupe: soksok ka~ tansok ka~ nori1n paji. Le hakama japonais derive du tansak kat coreen, porte par les femmes, ouvert devant et derriere. Le pantalon salwa1; dont les pajis coreens 'sont une variante, est une forme typique de vetement pour Ia partie inferieure du corps, avec des jambes longues et amples, porte par les peuples sedentaires et ruraux. On en pot1ait dans une region allant de l'Asie du Sud-Est a l'Inde, !'Iran, Ia Turquie, Ia Grece, jusqu'en Afrique du Nord et en Espagne. De cela, on peut en deduire que !'Orient s'etendait bien plus loin que ne le laissent supposer ses limites actuelles, hypothese soutenue egalement par le caftan a manches droites, tres repandu. Le ch'ima a ete irnpone de Chine dans l'antiquite. Jupes plissees et jupes a bandes colorees apparaissent dans les peintures murales de KaguryO. Les ch'ima etaient utilises dans Ia vie de tous les jours. Sous Ia


dynastie Koryo, les ch 'ima prirent de l'ampleur, mesurant six a sept metres de large. Sous Ia dynastie Chos6n, les femmes portaient le ch'ima egalement lors des ceremonies. La jupe pour hommes, appelee, sang, qui faisait partie du costume officiel, etait ouverte des deux cotes. Encore sous Chason, le chogori se raccouri~ alors que les ch'ima pour les rites et ¡ les _ceremonies devenaient de plus en plus volumineux. En dessous, les hommes portaient un certain nombre de sous-vetements. Le volume et Ia taille du ch'ima, ainsi que Ia maniere de le porter, donnaient des indications sur le statut social de celui qui le portait. Les¡ kisaengs, version coreenne de Ia geisha japonaise, devait replier l'extremite gauche de leur jupe, de fac;:on a montrer leur jupon, signe de leur profession. Parfois, les epouses et les filles de membres de factions politiques portaient leur jupe d'une maniere particuliere afin de montrer leur affiliation. Le ch'ima est un vetement carre ou tubulaire, similaire au sarong, porte en Asie du Sud-Est, en Afrique et en Nou-velleGuinee. C'est un exemple typique de sarong ,POrte sous Ia taille, avec une bande, placee haut sur Ia taille, et ferme par des boucles attachees a Ia bande. Alors que dans d'autres regions, ces jupes etaient drapees autour de Ia taille, et attachees par des bandes de tissu, ou en coinc;: ant un coin de Ia jupe dans un pli, Ia ch'ima coreenne est drapee autour de Ia poitrine et attachee a !'aide de boucles, qui rejoignent Ia bande de Ia taille. Cette variation peut s'expliquer par des differences climatiques et d'habit~ de maniere a donner plus de liberte au corps et a retenir Ia chaleur corporelle. Le turumagi etait al'origine un manteau de ceremonie ou pour les intemperies, porte par dessus les paji et le chOgori. Yasuro Ogawa a emis !'hypothese que le mot coreen 0~ vetement, derive du mot chinois o, signifiant "manteau exterieur", bien que comme nous l'avons vu, on pense gener.alement que le mot ot a ete cree par le roi Sejong. Les turumagi que !'on voit dans les peintures murales de Koguryo ont des bordures sur les manches et les revers, comme le chogori, et sont

Ce portrait montre le prince regent Hiings6n Taewongun habille avec uncostumeporteseulementdevantleroi

attaches dans le dos ou sur le cote, afin d'eviter Ia superposition avec le noeud du chogori. Comme pour le chogori, les manches du turumagi se sont elargies. Certains savants attribuent ce changement dans Ia largeur aune influence de Ia Chine, mais de tels changements spontanes sont possibles, comme l'explique Fluegel dans sa theorie de Ia decoration, de meme qu'un changement dans le mode de vie a sans aucun doute eu son influence. ll est incor¡

rect d'expliquer les changements dans le hanbok comme provenant simplement d'une influence chinoise. Pendant l'epoque Koryo, les !ignes du turumagi devinrent indistinctes, comme on peut le voir dans le Koryo Togyong (Recit illustre de Kory6), par Xu Qing, chinois de !'empire des Song (1127-1279). Un turumagi blanc de chanvre, datant du milieu du XIVeme siecle, decouvert parmi d'autres reliques bouddhiques, nous donne des indications


importantes sur l'habillement sous Ia dynastie Karyo. Ce turumagi blanc en chanvre a un col dur, droi~ et apparemmen~ est attache a!'aide de soutaches. C'est a !'evidence l'ancetre du turumagi de Ia dynastie Chason, plisse aux aisselles. A cette epoque, il existait plusieurs styles de turumagi, portes par les lettres: wi, chingnyong, tapa, chamni. Ces styles furent unifies apres les reformes de 1894, en un turumagi aux manches etroites. Le fait que Ia ceinture, nouee autour de Ia taille, ait ete remplacee par des soutaches, attachees sur Ia poitrine, temoigne du passage d'un mode de yie fonctionnel et actif aun mode sedentaire et inactif. Les vetements rituels En general, les aristocrates portaient de longues robes amples. Pendant le regne du roi Pop-hiing (514-540), de Ia dynastie Silla, un systeme de robes aquatre couleurs fut

mis en place. Sous le regne du rol Munmu (Shilla, 661-681), le systeme des robes de cour de !'empire des Tang fut irnporte et mis en pratique pour les activites diplomatiques et pour renforcer le prestige de Ia classe dirigeante. A partir du roi Munjong (1046-1083), une etiquette vestimentaire elaboree fut mise en place pour le ro~ Ia reine et les differentes classes de fonctionnaires. Pendant Ia dynastie Chason, le systeme des robes de cour de Ia Chine des Ming fut adopte et codifie dans le Code du gouvernement de l'Etat. Ce systeme permettait de maintenir une division de classes et le prestige de Ia famille royale. Avee les changements du mode de vie, le nombre des robes de cour fut reduit, ainsi que les ustensiles pour les ceremonies rituelles. Ironie du so~ l'apparat royal reprit de Ia magnificence lorsque Kajong (1863-1907) se proclama Empereur et renomma le pays le Grand Empire Han.

Peu apres, Ie pays perdit sa souverainete. n s'etait produit Ia meme chose sous Ia dynastie Karyo qui fut renversee quelques dizaines d'annees apres que Ie roi Kangmin (1351-1374) prit !'habit imperial, qui etait porte jusqu'alors seulement par Ies empereurs chinois et Yuan (mongols). La couleur, les motifs et Ia coupe des robes

Habit de deuil d'un homme. Au niveau de la poitrine a droite, se trouve une poche avec un mouchoircousu,pouressuyer leslarmes.

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royales etaient symboliques. route une serie de robes de cour du roi Kajong sont exposees au musee de !'heritage royal du palais Toksu. Les femmes portaient Ies robes de cour correspondant au rang de leur mari. Quelques exemples de ces robes de cour pour femmes sont exposes au musee de l'universite Sejong. n y avait d'autres habits rituels, notamment ceux pour Ies mariages, Ies funerailles et les ceremonies commemoratives. La mariee portait Ie wonsam ou le hwarot. La couleur du wonsam et ses decorations changeaient selon Ia classe et Ie rang. La reine portait un wonsam jaune avec des dragons dores. Les princesses et Ies concubines royales de rang inferieur portaient un wonsam vert avec des fleurs. Les gens du commun ne pouvaient porter que Ie vert. Le hwaro~ Ie manteau de Ia mariee, etait fait de tissu rouge rehausse de !ignes indigo, les couleurs symbolisant Ie ciel et Ia terre. Phenix, paons, papillons, vagues, rochers et plantes de Iongevite etaient brodes sur Ie devant et au dos du hwar~ tandis que Ies epaules etaient brodees d'enfants males. Au dos etaient egalement brodes Ies vers: ''Le mariage est Ia source de tous Ies bonheurs. Que Ie couple connaisse Ia Iongevite de Ia montagne et Ia richesse de Ia mer." La forme primitive du col du h warot montre que ce vetement n'a pas change depuis l'antiquite, signe que Ies gens, en matiere de rituels, sont tres conservateurs. Pour Ies lettres, Ies vetements de funerailles etaient tailles d'apres les robes officielles du plus haut rang occupe par Ie defunt. Les vetements de deuil etaient regis par des regles tres strictes qui prenaient en compte Ie lien avec le defunt, Ie deuil se relachant graduellement avec Ie temps. La coutume de deuil national pour Ies rois, reines et princes heritiers renfon;:aient l'identite nationale et Ie pouvoir central. Le port des vetements de deuil s'assouplissait avec Ie temps passe en deuil et le retrait progressif des vetements de deuil soulageait progressivement Ia personne, l'aidait a


retrouver son equilibre. Quand Ia periode de deuil etait arrivee a son terme, le cours normal de Ia vie pouvait reprendre. II y avait de nombreux tabous concernant Ia preparation des vetements du defunt. Ils devaient etre confectionnes pendant le mois intercalaire (dans le calendrier lunaire, compose de 12 lunes de 28 . jours, on inserait un mois intercalaire une fois tous les 3 ans pour rattraper le decalage, a Ia maniere des annees bissextiles dans le calendrier gregorien, NdT) par des femmes agees. Les fils qui servaient a les coudre ne devaient pas etre noues. Les vetements etaient noues sur Ia gauche, a !'inverse des habits des vivants. On utilisait generalement du chanvre brut, mais dans certaines regions, on utilisait de Ia soie. II y avait autant de pieces d'habillement que pour les vetements des vivants. Ce qui suggere que les Coreens consideraient Ia mort comme un second mariage et croyaient en Ia vie eternelle. Les costumes de scene, les costumes folkloriques, des rituels de cour, les habits militaires avaient chacun leur forme propre, leur symbolisme et leurs accessoires. Les facteurs qui ont contribue aux changements du hanbok comprennent des facteurs externes comme l'environnement nature! et social, les institutions, les coutumes, les gouvernements, les religions, ainsi que des facteurs interm~s tels que le temperament personnel et du groupe. L'environnement nature! determine les caracteristiques de base du costume national, mais les changements dans le climat social du pays joue un role dans le developpement du costume. Les facteurs externes qui ont affecte le hanbok comprennent les changements climatiques, !'influence des pays voisins, les changements politiques et economiques, les bouleversements des classes sociales, le developpement de l'artisanat et les modifications des pratiques religieuses. Comprendr¡e les changements dans l'habillement est utile pour evaluer Ia valeur de Ia societe traditionnelle coreenne.

Le hanbok a evolue graduellement. Jusqu'au milieu du XXeme siecle, peu de changements avaient ete apportes au hanbok et parfois on assista meme a des retours en arriere, ce qui montre le caractere stable et fortement traditionnel de Ia societe coreenne et l'identite nationale ancree chez les Coreens. La forme de base du hanbok a toujours ete preservee, les changements n'invoquant que des modifications mineures ou des variantes. La base du hanbok est toujours !'ensemble ch'ima, ch6gori, paji et turumagi, les changements n'intervenant que dans Ia longueur, Ia largeur, ou d'autres details mineurs. Certains elements du hanbok, tout ou partie, changerent de maniere inversement proportionnelle ad'autres. Par exemple, quand le ch6gori se racoui~ Ia soutache se rallongea. De meme, quand le ch6gori se raccourcit et se simplifia, Ia ch'ima se rallongea et prit du volume. Les

tuels ont joue un grand role dans !'evolution du hanbok. L'ideologie confuceenne qui regit Ia dynastie Chason pendant plus de cinq cents ans pla<;:ait l'ordre social avant l'ordre nature! et Ia communaute avant l'individu. C'est pourquoi les individus prenant leur identite de Ia communaute ou du groupe, les rituels qui consolidaien t !'unite du groupe ou de Ia communaute avaient une importance extreme. Et done les vetements rituels etaient eux aussi consideres comme tres importants. Etudier l'histoire du costume d'une nation, c'est en comprendre Ia culture et le caractere. C'est pourquoi on note aujourd'hui que le hanbok, a l'instar du costume traditionnel dans d'autres pays, est porte de plus en plus frequemment comme vetement rituel ou ornemental +

parties non fonctionnelles du hanbok eurent tendance a dispara!tre. Suivant !'evolution des rituels des ceremonies ou de leurs valeurs symboliques, les elements qui en venaient a etre consideres comme inutiles ou insignifiants diminuerent de taille ou meme disparurent. D'un autre cote, les vetements ri-

Lemanteaunuptial hwarotest generalement fait de tissu rouge ligne couleur indigo et orne devant et derriere de motifs d'oiseaux et de fleurs. 11


Textiles et vetements Cho Hyo-soon Professeur d'economie domestique a l'Universite Myongji

es premieres traces materielles mettant en evidence une tradition de l'habillement en Coree remontent a?ffJJ ans avant Jesus-Christ Celles-ci comprennent des objets neolithiques tels que des aiguilles acoudre et des outils destines aIa filature ainsi que des accessoires personnels comme des boudes d'oreille et des bracelets, des colliers de coquillages et des bagues mis a pur lors de fouilles dans Ia localite de Kimhae Les peintures murales des tombes du royaume de Kogury6 (37 av. J.C.-668) nous indiquent que pendant Ia periode des trois royaumes (57 av. JC-935) les gens portaient des vestons, des vestes, des manteaux et des

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omements tels que des colliers, des bracelets et des bagues, ainsi que des ceintures et des chaussures. Puisque fetape du tissage s'avere indispensable pour fabriquer des vetements, on peut supposer qu'une tradition du tissage a pris forme en Coree pendant Ia pe.riode prehistorique et a dO constituer une besogne quotidienne prindpalement pour les femmes d'alors Le livre dhistoire chinois San-kucx:hi (Histoire des Trois Royaumes) nous rapporte que les sujets du royaume de Pyonhan, un anden ,royaume coreen, tissaient Ia soie pour confeciioh.ner des habits. Ce livre fait aussi reference ades femmes coreennes tissant des

Scene d'une fresque d'une tom be de Koguryo a Chi-an, Chine. 12

etoffes de soie et de lin na aussi ete ecrit que sous le royaume de Silla G7 av.J.C-935), le roi Hy6kk6se (57 av.].C4 ap.J.C) encouragea le developpement de Ia seridculture et que le monarque Yuri (19 av. J.C-18 ap. J.C) fit oiganiser des concours de tissage aux environs de Ch'us6k, le quinzieme jour du huitieme mois lunaire. Le livre d'histoire coreen Samguksagi (Histoire des Trois Royaumes) nous apprend qu~ leroyaume de Silla envoya a Ia Chine des Tang trente charretees de tissu de ramie extra-fin pour etre utilisees par Ia famille imperiale Sous Ia dynastie Kory6 (918-1392), le roi Ch'ungryol (1274-1308) expedia pour payer


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careens son tribut ala Cour chinoise des Yuan des etoffes de ramie brcxiees, et sous le regne du souverain Kongmin (1351-1374), Moon Ik-pm apporta de Chine en Coree des semences d~ coton A fepoque de la dynastie Chos6n (13921910), le tissage de la ramie, de la soie et du cotoh etait devenu une activite courante dans le pays, ce qui enrichit considerablement la tradition de fhabillement nen resulte que de nombreuses coutumes de la pericxie Chos6n furent liees a cette activite du tissage A Puy6, dans la province de Ch'ungch6ngsud, et a Y6ngju, dans Ia province de Ky6ngsang-norcl, ou respectivement le tissage du coton et du chanvre fut une tache collec-

tive, les femmes travaillaient a la fin de fete jusque tard dans la nuit confectionnant des tissus, plaisantant et racontant des histoires amusantes. Dans quelques provinces et toupurs aux alentours de Ch'us6k, des recompenses etaient offertes a celles qui produisaient Ia plus grande quantite d'etoffe le royaume de Silla connaissait une coutume similaire appelee kabae. Les femmes de Ia periode Chos6n devaient apprendre a tisser avant !'age de dix ans, restant par la suite leur vie entiere a leur metier a ~r. Les epreuves de tissage etaient roccasion pc5ur ;ces femmes d'oublier temporairement leur travail epuisant et de soigner

les relations amicales qui les unissaient Tout en etant a la besogne, elles reprenaient des chansons relatives a leur travail La technique de tissage du chanvre s'accrut remarquablement sur le plan qualitatif pendant la pericxie Chason et chaque region eut sa propre variete. Le chan vre de Ia province de Hamgy6ng fut appele pukp'o, celui de Ky6ngsang y6ngp'o, celui de Kangwon kangp'o, celui d'Andong andongp'o, celui .de Koks6ng tolshilnai le chanvre pukp'o de la region de Yukjin dans Ia province de Hamgy6ng fut considere comme le plus beau Celui d'Andong, d'une qualite nettement inferieure, et le chanvre de Koks6ng servaient

Style de peinture montrant les etapes de fabrication des vetements en coton. 13


a fabriquer des vetements d'ete, tandis que le kangp'o, d'une texture plus grossiere, etait utilise pour les habits des fermiers et des pecheurs. la prcxiuction d'etoffes de chanvre est un processus complique comprenant un grand nombre d'etapes, commenc;:ant par Ia mise en culture et Ia recolte de Ia plante. Le chanvre est respectivement plante puis recolte les troisieme et sixieme mois lunaires. Apres Ia recolte, il est cuit a l'etuvee et decortique. Concernant Ia cuisson, on place le chanvre sur une pierre brulante et on le recouvre de feuilles. De feau est versee sur Ia pierre pour produire de Ia vapeur et le chanvre tourne au jaune. Avant qu'il ne refroidisse, on lui 6te done son ecorce on ficelle celled par petits paquets, on Ia trempe dans feau et on Ia fait secher. L'ecorce est alors coupee en trois parties a partir du haut et les fibres sont emincees, empaquetees et trempees dans feau Elles sont ensuite filees en torons et, pour ne pas devenir fragiles, mises dans une piece chauffee paur une periode de cinq a sept purs, recouvertes d'une natte en paille pour mieux preserver Ia chaleur. Les torons sont alors passes dans l'eau bouillante, rinces et laisses au soleil Le tisserand prepare les fils dont fepaisseur varie en fonction de !'usage que fon veut en faire. Un sae etant !'unite de mesure correspondant a 80 torons, 5 saes etaient generalement necessaires pour confectionner les habits de travail, tandis qu'il fallait 7 saes pour les vetements ordinaires

et 3 saes pour les habits de deuil Une fois terminee fetape du toron, le chanvre est rassemble et brUle en un feu de pie. Les fils sont places sur Ia bobine du metier a tisser pour prcxiuire fetoffe. L'etoffe de ramie Ia plus belle est celle que !'on connait sous le nom de Hansansep et dont le roi de Silla, Ky6ngmun (86H375), fit cadeau a Ia Cour imperiale des Tang en Chine. Cest sous Ia dynastie Kory6 que des etoffes de ramie brodees furent intrcxiuites en Coree la fabrication de Ia ramie est similaire a celle du chanvre, elle peut etre recoltee trois fois par an, au printemps, en ete et en automne. Sous le regne du roi Taepng (1400-1418), pendant Ia periode Chos6n, Ia Cour royale

Non seulement censees etre virtuoses, les femmes sous Chos6n devaient coudre et tisser. Chaque point etaient l'expression de ]'attention, de ]'amour et de ]'aspiration des femmes pour leur famille et elles conservaient avec un meme soin leurs ustensiles de couture et leur metier a tisser.

encouragea Ia production de Ia soie en etablissant des centres de sericiculture appeles chamshil, instituant une loi relative a Ia sendculture et innovant avec Ia tenue d'epreuves de tissage. Sous le regne du roi SOngpng (14691494), ou !'on vit meme Ia partidpation des dames de Ia Cour a ces epreuves de tissage, Ia sericiculture prospera a un tel point que Ia soie produite en Coree remplac;:a celle qui etait importee de Chine pour Ia confection des vetements de Ia Cour. Produire de Ia soie ne signifiait pas seulement tisser l'etoffe mais aussi l'elevage des vers, Ia secretion du cocon ainsi que les operations de filature. La meilleure soie s'averait etre celle provenant du cocon du printemps parce que le fil obtenu etait plus long et plus epais que celui d'automne. Une fois le coton introduit dans Ia peninsule coreenne sous le regne du roi de Kory6, Kongmin, sa culture prospera, particulierement dans les provinces d.e Chungch'6ng, de Ch6lla et de Kyongsang L'etoffe de coton devint si populaire qu'elle fut utilisee a Ia place de !'argent quand il y eut une crise monetaire sous le regne du roi de Chos6n, Sepng (1418-1450). On abusa toutefois de !'utilisation du coton en tant que monnaie car i1 fut collecte sous forme de taxes. Des taxes etaient meme prelevees aux familles en deuil et l'etoffe utilisee pour les payer etait communement appelee paekkolchingp'o, c'est-adire l'etoffe de Ia taxe du squelette. Le montant de Ia taxe prelevee chez les gens ordinaires etait si excessif que ceux.Q en arrivaient parfoi.S a prendre le coton du rembourrage de leurs vetements pour le retransformer en etoffe. Soch'ongdaep'o etait le nom que !'on attribuait a cette derniere, c'etait une etoffe d'une texture grossiere avec une teinte de Ia couleur de Ia fumee Cette forme de taxation gena considerablement le developpement du tissage du coton, en terme de qualite. Le tissage du coton commen<;:a avec Ia culture du cotonnier et Ia recolte des graines, il comprenait plusieurs etapes telles que les operations consistant a prelever ces graines et a transformer les fibres textiles en fils. L'etoffe de Ia meilleure qualite etait fabriquee avec des torons de 15 a 21 fils, tandis que l'etoffe destinee aux habits des roturiers etait faite avec des torons de 5 a 8 fils.


L'entretien des habits Les soins {Xlrtes aux vetements comprennent des processus que soot le lavage, le rapieytge, renlevement des taches, ramidonnage, le repassage ainsi que Ia mise en penderie. Un grand nombre de ces processus refletent Ia sagesse des anciens Careens. Les Careens se soot longtemps montres meticuleux concernant les soins a porter a leurs vetements Pendant Ia dynastie Chos6n, en particulier, Ia proprete etait consideree comme une vertu et !'on faisait tres attention a rapparence que ron presentait aux autres; cela se lisait evidemment sur les vetements que ron [Xlrtait Un homme distingue de repoque Chos6f! ne se montrait pmais dans une tenue qui ne fut pas impeccablement propre, si bien que Ia gent feminine avait fort a faire {Xlur laver, amidonner, repasser et mettre ainsi au {Xlint plusieurs produits a blanchir. Une lessive fut utilisee en tant que detergent Cette lessive etait obtenue en faisant bouillir du foin brGle, du bois ainsi que des gausses de haricot et servait alaver les vetements de coton et de chanvre Les etoffes de soie etaient nettoyees avec de Ia fXlUdre de haricot rouge, de Ia JXmdre de mungo, de reau utilisee pour le riz ainsi que de reau tofu

Ancien etui aaiguilles

Les vetements etaient amidonnes pour qu'ils puissent conserver leur forme, {Xlur les rendre plus invulnerables aux taches et aussi pour donner de !'eclat au textile. Pour l'amidonnage, on prenait du riz, de Ia farine, des {Xlmmes de terre et de !'amidon de ble noir. Apres l'amidonnage, les vetements encore humides etaient enveloppes dans de Ia toile, places sur le sol et pietines {Xlur faire partir les faux plis Avant de les repasser, on les mettait sur un bloc de pierre puis on les frappait a!'aide d'un baton Pour supprimer les taches, on recommandait du bouillon dherbes medicinales. On frottait avec un navet les taches de graisse et {Xlur faire partir les taches de sang on se servait de Ia vapeur emanant d'un pied de vache en train de bouillir. Pour enlever les taches de tabac, on frottait avec des feuilles de poirier et on lavait avec de l'eau froide Une mixture d'amandes de ginkgo, d'ail et de jus de navet se pretait amerveille contre les piqures d'humidite; on pom;ait nettoyer les taches d'huile avec de l'eau dans laquelle avait bouilli un navet et c'est le jus de gingembre qui etait a l'honneur pour les taches de rouille. Ces procedes elabores par les Careens d'autrefois pourraient bien etre utilises de nos jours pour rentretien des vetements.

Vetements de chanvre d'Andongp'o sur le metier a tisser 15


Habitsdeceremonie etomementation Pendant Ia periode Chos6n, les ceremonies organisees a !'occasion du mariage, des funerailles, du passage a rage adulte ainsi que . les rites ancestraux, etaient les quatre ceremonies les plus importantes dans !'existence. Mise a part Ia ceremonie du passage a rage adulte, Jaquelle fut propre au monde des aristocrates, les autres furent observees a Ia fois par ces derniers et les roturiers. Ces ceremonies ont commence a se repandre en Coree depuis Ia Chine a Ia fin de Ia periode Kory6. Toutefois, bien que les rites ancestraux re<;: urent une influence chinoise considerable, Ia Coree mit en avant ses propres procedures ceremonielles, comme cela est clairement montre dans !a tenue de !a karye-chimnran (exposition des rites familiaux) du debut Chos6n ou dans le manuel saryep'yollam (procedures a suivre pom les quatre ceremonies) de Ia fin Chos6n Pour Ia periode Chos6n, lorsque le confucianisme fut l'ideologie politique dominante, ces quatre ceremonies furent prescrites par Ia loi. Resultat, elles devinrent une partie integrante de Ia vie quotidienne, servant de base en vue de maintenir l'ordre au foyer et de soi-meme. La partie qui va suivre est une introduction aux diverses ceremonies qui se tenaient ainsi qu'au port de vetements traditionnels et ornementation de rigueur pour de telles occasions.

Kyerye, ceremonie traditionnelle de coiffure qui marquait le passage de la jeune fille a l'iige adulte.

La ceremoniedu passage

S'XJilgfmlgtu, ils s'habillaient avec un ensemble

al'ageadulte La ceremonie du passage a !'age adulte consistait a s'attacher les cheveux pour !a premiere fois a !'aide d'ob~ts decoratifs: avec un couvre-chef appele kwan pour les gar<;:ons et une epingle a cheveux appelee pinyo pour les filles. Pour le sexe fort, on celebrait Ia ceremonie kwallye et pom le sexe faible, il s'agissait de Ia ceremonie kyerye A l'origine, kwallye se tenait lorsque les individus avaient entre quinze et vingt ans. Mais en raison d'une predominance des mariages preco~ rage fut abaisse. K wallye se deroulait habituellement les premier ou quatrieme mois lunaires precedant le mariage. Les ~unes hommes qui allaient se faire "couronner' recevaient le nom de kwanj1 On leur faisait un double chignon,

de soie speciale se composant de £/gyusmJ (une robe aux manches Jarges) avec une ceinture et des chaussures lustrees Les kwanjls suivaient trois rituels, choga, chaega et fllil1ga, avant de se faire comonner avec le kwan La ceremonie kwallye etait presidee par un homme, le pin, et son assistant, le chan Les pins etaient des personnes agees choisies dans Ia famille ou dans Ia societe, d'une moralite in·eprochable et hautement reconnue, et les chans etaient ceux qui savaient bien faire un chignon Les kwanjls portaient des vetements differents pour chaque procedure ceremonielle mais puisque Ia kwallye etait tres compliquee et onereuse, un grand nombre de farnilles faisaient uniquement Ia partie choga Bien que Ia ceremonie kyerye devait se tenir a !'age de quinze ans, !a plupart des

16

tJffi ~

Sous Chason, le rite de passage, Je mariage, les funerailles et le culte des a.,ncetres etaient prescrits par la loi ns faisaient done partie integrante de la vie quotidienne, ordonnant la vie de chacun et celle des familles.

iPunes filles observaient le rite le matin de leur par consequent, on en vint a considerer cette ceremonie comme une coutume de mariage pour les femmes La ~une fille ou Ia ~une mariee etait appelee kyep pour Ia ceremonie, Jaquelle se deroulait sous Ia direction de Ia kyebin et de Ia mere de Ia ~une concemee. Une fois que Ia kyep etait vetue d'une longue robe en soie, Ia fllil1jl, Ia kyebin lui faisait un chignon attache par un long et large mban t:res colore, le taenggi, y piquait !a pin yo, l'epingle a cheveux, et deposait sur le sommet de Ia tete Ia hwagwan, une coiffe decoree de fa<;:on exquise et ressemblant a Ia fleur cl'un arbre.

!'"'

pur de noces et,

Lemariage En principe, le mariage comprenait six etapes: uihon, munmyong, napkil, napching, ch'Onggi et ch'inyong Mais en 1844, sous le regne du roi H6npng, le rituel fut reduit pour n'avoir que uihon, napch 'ae, nt;~pae et ch'inyong Uihon etait l'etape au coms de Jaquelle on

recherchait une union convenable entre le jeune homme et Ia jeune fille, les deux families donnant !em accord pour le mruiage. Habituellement, les gruwns de plus de quinze ans et les filles de plus de douze ans pouvaient se presenter a cette premiere partie. Apres que les families s'etaient montrees d'accord pour le mariage, celle du jeune homme envoyait a Ia maison de Ia ~une fille un papier ou etaient eaits les £~ju (quatre destinees) de celui.Q, c'est-a·di.re l'heure, le pur, le mois ei l'annee de sa naissance. Ce procede consistant a envoyer les £~ju etait appele napch'ae En se referant aux £~ju du ~une homme et de Ia ~une fille, Ia frunille de cette derniere choisissait une date de mariage et en faisait part a Ia farriille du ~une homme. Une fois Ia date de mariage deadee, !a famille du futur jeune marie expediait generalement un ham, un coffret comprenant des cadeaux ainsi qu'une lettre confirmant le mruiage, a Ia famille de Ia future ~une mruiee Cette procedure a suivre avait pour nomnappae

La lettre de mariage etait consideree comme Ia preuve legale de !'union Elle symbolisait en meme temps le serment de !a femme de rester fidele a son mari toute Ia vie et lorsque celle-ci moUI·ait, on l'inserait


habituellement dans son cercueil Les cadeaux que Yon avait coutume de faire a Ia future jeune mariee etaient des bandes d'etoffe rouges et bleues pour confectionner les vetements traditionnels L'etoffe de soie bleue etait enveloppee dans du papier rouge et attachee a Yaide d'un fil de soie bleu, tandis que Yetoffe rouge etait enveloppee dans du papier bleu et attachee avec un fil de soie ¡ rouge En plus de Yetoffe, de petits sacs contenant des graines .de coton et des haricots rouges etaient mis dans le ham pow- symboliser le desir de procreer. Ce coffret etait normalement delivre a Ia maison de Ia fiancee Ia veille de Ia ceremonie du mariage par le hamjinaN un ami de~ marie de celui qui ~t epouser Ia ~une fille Ch'iny6ng, le mariage meme, etait Yaffaire d'urie journee entiere se terminant avec les nouveaux maries se retirant dans Ia chambre nuptiale Ch'iny6ng se deroulait ordinairement a Ia maison de Ia ~une mariee et tous deux se rendaient au domicile du ~une marie deux ou trois joms apres le mmiage Aller a Ia maison du ~une epoux pour Ia premiere fois s'appelait ugui ou shinhaeng Parfois, le couple nouvellement marie restait des mois, voire un an au plus, a Ia maison de ia ~une epouse avant d'elire domicile chez le jeune mari. Mais shinhaeng avait generalement lieu trois joms apres le mariage En anivant a Ia maison du ~une epoux, Ia ~une mmiee saluait ses beaux-pm¡ents pour Ia premiere fois au cours de Ia ceremonie p'yebaek, se presentant a eux avec quelque chose a manger ou a boire-tels que des jujubes, des chataignes, du vin et du boeuf grille qu'elle avait appo1tes de chez elle Apres y etre reste trois a sept jours, le ~une couple retournait a Ia maison de Ia ~une epouse, un retour que Yon appelait chaehaeng Tis y dememaient environ trois jours, rendant des visites de comtoisie aux membres qui composaient Ia famille de Ia ~une mmiee ainsi qu'a Ia pm¡ente. Puis ils retournaient chez le ~une epoux pour y vivre Apres Ia moisson de Yautomne, ils rendaient de nouveau visite a Ia maison de Ia ~une femme, pour quelques jours, apportant avec eux des echantillons de recoltes et c'est ce que Yon appelait kUnch'in. Mais selon les regions et les traditions familiales, le ~une couple restait a Ia maison de Ia

Peinture montrant shinhaeng, premier voyage du fiance vers la maison de sa promise (ci-dessus); Les roturiersmettent des habits princiers pour les mariages, comme ce hwarot ( ci-dessop.s)


jeune femme jusqu'a une annee entiere ou jusqu'a la naissance du premier enfant avant de retoumer pour de bon au domicile du mari Pour Ia ceremonie de mariage, le jeune marie portait le couvrechef s:uno, la robe en soie tallyong, la ceinture p'umdae et les bottes de feutre mokhwa, une coutume de mariage qui remontait a Yepoque du roi de Chos6n, Sukchong(l674-l720). Les regles concernant le port de ces effets a la fois pour les membres de la famille royale et les roturiers etaient stipulees dans le manuel saryep'yollam de procedures a suivre pour les quatre ceremonies. Samo et tallyong firent d'abord partie de l'uniforme des fonctionnaires de YAdministration gouvemementale a la fin de la periode KoryO. Du debut a Ia fin de Ia periode Chosan, ils furent portes par les employes de la fonction publique ainsi que par les hauts fonctionnaires du gouvernement lors de funerailles, alors que tout le monde pouvait aussi les revetir aYoccasion d'un mariage.

Famille en habit de deuil. 18

A l'origine, !'habit des jeunes mariees s'appelait yomi1i Puis, en raison de Yextravagance toupurs plus grande des membres de la famille royale et des aristocrates, on adopta le port de vetements de ceremonie tels que le hwaro~ le pardessus wons:un et le chemisier aux revers pendants tangi1i Au milieu et ala fin de la periode Chos6n, hwarot et wons:un furent les habits de mariage les plus populaires parmi les femmes. En particulier, le hwarot fut !'habit ceremoniel le plus important et le plus luxueux porte par les princesses, si bien que le port de celui-ci par les gens ordinaires repondait a leurs profondes aspirations de monter dans Yechelle sociale. On autorisait meme les roturiers a porter ces vetements de Ia famille royale Yespace d'un pur, aYoccasion de leurs noces, paur leur faire savourer ce sentiment d'etre roi ou reine. I..es rites funeraires Parmi ces quatre ceremonies mentionnees

plus

hau~

-

.

celle des funerailles se deroulait (

avec le plus de formalites possible. Le respect des ancetres etant l'un des enseignements de base legues par le confucianisme, chaque etape des obseques etait executee avec une extreme solennite, particulierement quand il s'agissait du deces des parents Pendant la periode Chos6n, on preparait avec beaucoup de soins les vetements qu'on allait faire porter a la personne decedee, la mort n'etant pas consideree a cette epoque comme la fin de la vie mais comme le commencement d'une nouvelle vie dans un nouveau monde. Les funerailles comprenaient les etapes chbpng, siipyom, s6ngbok, ch'ijmg et chei1i

Pour chbpng, le laps de temps s'ecoulant depuis la mort du defunt jusqu'a supyom, les hommes en deuil deliaient leurs cheveux et mettaient les habits de funerailles faits d'un chanvre tisse a Ia main et d'une texture grossiere, sans les serrer, avec seulement le manteau interieur ficele et les cols plies. Toutefois, vers la fin de la periode Chos6n, on


portait les vetements de ceremonie traditionnels aIa place des habits de deuil, avec respectivement les manches gauches ou droites retroussees selon qu'il s'agissait des funerailles du pere ou de Ia mere. Les femmes en deuil deliaient aussi leurs cheveux, se separant de tous les accessoires decoratifs et portant une robe d'obseques blanche. Toute Ia famille de Ia personne decedee retirait ses chaussettes,

·JX]s?n

Les preparatifs pour Ia mise en biere, soit l'etape si1py6m, exigerent que Pon lavat le corps du cadavre et l'habillat avec des vetements specialement prepares pour Poccasion, faits de soie ou d'un chanvre aIa texture fine. Le linceul, appele moni1ng-ot 01,1 chugi1maBO~ etait souvent confectionne alors meme que le defunt etait encore vivant En fabriquant le linceul, on ne serrait pas les fils car on disait que ceux-ci reliaient le monde d'alors acelui avenir. Les vetements du mort, pour les hommes, comprenaient des vestons (ch6gon) et des pantalons (paft) d'interieur et d'exterieur, un long pardessus blanc ainsi qu'un couvrechef. Pour les femmes, il y avait egalement une , veste d'interieur et d'exterieur, un pantalon, une jupe (ch'ima) et un wonsam porte comme ·pardessus. On prenait en outre ttongmo, des etoffes d'emballage pour le visage, aksu, des rectangles de tissu pour les mains, onang, une petite blague a tabac dans laquelle on mettait les ongles de main et de pied de Ia personne decedee apres les avoir coupes, pokpo, une toile pour couvrir rabdomen, avec des chaussettes, deux couvertures, ibuL et un oreiller. Parfois, les roturiers habillaient le cadavre avec seulement un pantalon ou une veste, ou en habits de mariage. Une fois le mort habille, on le playtit dans le cercueil et tout fespace qui restait etait rempli avec de vieux vetements, du papier ou de Ia paille. Une fois l'etape si1py6m achevee, Ia famille du defunt revetait les vetements de deuil appropries, £1Ilgbok, et c'est ce que ron appelait s6ngbok On portait differents types de £1Ilgbok en fonction du degre de parente qui existait entre les personnes en deuil et Ia personne decedee. La qualite du textile, le style des vetements et Ia technique employee pour coudre differaient Les fils de Ia personne morte portaient un capuchon ainsi qu'un

ensemble faits d'un chanvre a Ia texture grossiere, avec une corde en guise de ceinture. Tis emrnitouflaient leurs pmbes, portaient des chaussures en paille et Ia canne de deuil. Les femmes se revetaient traditionnellement d'habits en coton blancs (ch'ima et ch6gon), portant aussi une ceinture, des chaussures en paille et un couvrechef, avec une epingle a cheveux faite de Iaine. Concernant Ia partie chljmg, on apportait le cercueil sur le lieu de Ia sepulture. Les funerailles pour les nobles duraient trois mois, pour les erudits et les fonctionnaires de tAdministration gouvemementale un mois, et pour les roturiers trois purs aune semaine. La biere etait decoree de fleurs auxquelles on aputait parfois des serpentins lors du transport Le cercueil etait mis dans Ia tombe, !aqueUe avait bien sur ete prealablement aeusee pour Ia circonstance. On dressait un monticule de terre au haut de Ia tombe et le recouvrait de mottes de gawn; apres quo~ les gens portant le deuil retournaient chez eux. &Nwg etait le nom du rite organise pour le premier qnniversaire de Ia mort du defunt ou de Ia defunte. Pour le second anniversaire, il s'agissait de taesang. Taesang signifiait Ia fin de Ia periode de deuil. Les vetements de deuil etaient alors definitivement rnis de cOte et les gens retoumaient a leurs occupations jour. nalieres d'antan Les rites pour les and~tres

Pour Ia periode Chosi5n, on portait autant d'attention ·et de respect envers les membres decedes de Ia famille qu'envers ceux qui etaient vivants. Par consequ~ les rites pour les ancetres, tout comme les funerailles, etaient tres compliques et se deroulaient dans une atmosphere ou les convenances et Ia bienseance d'usage etaient poussees a !'extreme. A l'epoque de Ia moisson, on reservait les meilleures cereales, les meilleurs fmits ainsi que Ia meilleure viande pour les ancetres. On ne pouvait ni parler ni rire bmyamment en preparant le repas pour le rite, car cela aurait derange les ancetres ~ clisait-on, prenaient plaisir a sentir rodeur de Ia nourriture preparee. Les rites ancestraux etaient de trois types fondamentaux: charye, ki~et shij= Ch'arye etait generalement observe les purs de fete du calendrier lunaire, tels que le

pur du Nouvel An, Tae-bori1m (le pur de Ia premiere pleine lune), Hanshik (le lQSeme jour apres le solstice d'hiver), Tano (le cinquieme pur du cinquieme mois lunaire), Ch1ls6k (le septieme pur du septieme mois lunaire), Ch'usi5k (Ia fete des recoltes et de Ia pleine lune, le quinzieme pur du huitieme mois lunaire), Chungyang (le neuvieme pur du neuvieme mois lunaire) et Tongji (le solstice d'hiver). Mais beaucoup de families celebraient Charye uniquement pour le pur du Nouvel An, Hanshik, Tano et Ch'usi5k Kije se tenait annuellement a minuit le jour de l'anniversaire de Ia mort de l'ancetre, il comment;:ait l'annee apres taesang, Ia fin de Ia periode de deuil Selon Ia tradition, kije concemait les ancetres d'il y a quatre generations. Myoje, connu aussi sous le nom de shije ou shihyangje, etait celebre pour les ai:eux d'il y a cinq generations sur le lieu de leurs sepultures normale~t situees dans le cimetiere familial Bien que le manuel saryep'y6llam (procedures a suivre pour les quatre ceremonies) stipulait que myoje devait se derouler annuellement au debut du troisieme mois lunaire, Ia plupart des families ce!ebraient le rite le dixieme mois lunaire, en guise de remerciements pour les recoltes abondantes. Pour ces rites ancestraux, les hommes portaient top'o, un long pardessus, ainsi qu'un couvre-chef noir, a ]'exception de kije au cours duquel ils etaient encore habilles avec les habits de deuil faits de chanvre. Les femmes ne participaient pas, dans Ia plupart des cas, aux rites ancestraux si bien qu'elles n'avaient pas de vetements specifiques pour de telles occasions. Neanmoins, les femmes de Ia haute classe portaient souvent de simples vetements blancs en soie Iegere et les femmes de basse condition etaient revetues d'une tenue egalement ordinaire ou d'habits bleus et legers. Etant donne que les femmes de Ia periode Chos6n utilisaient frequemment des tenues blanches ainsi que des habits bleus et legers, on peut supposer qu'elles nettoyaient et portaient leurs vetements de tous les jours lorsque se tenaient les rites ancestraux. + 19


/d L La beaute u ~en=st:i,ul;

e hanbok, costume national coreen, est aujourd'hui devenu pour beaucoup de gens, une

Hanbok traditionnel coreen /

Kum Ki-suk Professeur d'Art textile Universite de Hongik 20

qu'un vetement de fonction, il est souvent porte en signe de fierte nationale et se veut le temoignage de tout un heritage culture!. Comme pour d'autres costumes nationaux, le hanbok refh~t les conditions climatiques et les valeurs esthetiques du pays et son etude va egalement nous eclairer sur le caractere proprement dit du peuple coreen. Le hanbok se compose a Ia base d'un haut et d'un bas. Les femmes revetent un chogori, une sorte de bolero assorti a une jupe longue, ch'ima. Peuvent s'y ajouter une veste, une jaquette et un pardessus appeles respectivement paeja, magoja et turumagi. Suivant les. circonstances, un chapeau d'epoque appele ayam ou chobawi peut venir completer !'ensemble. Quant aux hommes, ils portent un costume semblable a celui des femmes: un chogori et un pantalon, paji. ¡ Ils peuvent se passer de Ia veste ou de Ia jaquette mais il est de bon ton de garder un manteau ou un turumagi pour les sorties. Autrefois, Ia variete des hanboks venait de Ia difference de sexe, de classe, de profession et de statut social accentuee par le gout et le style de vie de ch~lCUn . Les vetements de ceremonie de mariage, de funerailles et des grandes occasions, en particulier ceux portes par les gens de Ia cour et par les fonctionnaires sont d'une grande diversite. C'est le costume ordinaire de tous les jours qui a donne les deux pieces de base du hanbok d'aujourd'hui. On le portait jadis soit sous un habit de ceremonie, ou tel que!, comme un vetement d'interieur. II ne laisse apparaltre maintenant aucune distinction de classe ou de profession mais, toutefois, represente une tenue officielle pour les Coreens modernes.

La beaute des lignes Le hanbok rappelle les !ignes et les combes gracieuses qui caracterisent !'art


coreen. Le chogori en est l'exemple type. Les courbes subtiles qu'on aper\,:oit au niveau du col, du dessous et des extremites des manches et des bords de dev.ant sont contrastees par les !ignes sombres. La jupe presente egalement des courbes qui s'accentuent au rythme des mouvements du corps melant a Ia cadence le flottement du long ruban et le plissement de Ia jupe. Au milieu du seizieme siecle, des contours droits etaient en vogue, alors qu'au dix huitieme siecle, apparaissent des co~rbes tres amples et exagerees qui s'adouciront au siecle suivant. Les contours arrondis appara!tront dans leurs moindres details dans chaque partie du vetement. Neanmoins, le hanbok a ete caracterise a travers les siecles par ses !ignes gracieuses et souples. Le tang-ui, jaquette portee jadis par les femmes de Ia cour durant Ia periode de Chason, presente des angles assez pointus sur Ia partie face. II est a noter que ces angles en pointe ne se retrouvent pas seulement dans les vetements mais aussi communement dans les autres formes d'art coreen: les batiments traditionnels au niveau des avant-toits, les mouvements de danse, les objets artisanaux, les peintures, les chants classiques. Ils sont egalement visibles dans le cercle du t'aeguk avec les signes du yin et du yang et, sur le petit fer indu utilise pour repasser le col et le chogori. Tous ces elements qui mettent en scene le charme du hanbok ne sont qu'une esquisse de Ia beaute des courbes, de l'espace vide. La notion de

Tang-iii de reine avec les caracteres chinois de la longevite et du bonheur bnprbner en or ( ci-dessus); Evolution du hanbok(ci-dessous) Mi-16e siecle

Mi-18e siecle

l'espace, vide ou ouvert, est une caracteristique commune a tous les arts coreens. Ce qui constitue Ia beaute d'une jarre en porcelaine est justement sa surface vide, libre de toute ornementation. En peinture, ce grand espace vide laisse deliberement appelle !'inspiration et a Ia creation des spectateurs libres d'achever le tableau. Ce meme concept est vehicule dans le hanbok. Aiors qu'il ferme presque tout le corps, le costume est tres ouvert quant a sa surface. La jupe et le pardessus des hommes presentent de grandes surfaces sans ornements. Traditionnellement, les coreens preferaient des etoffes unies pour les vetements et les eventuels motifs etaient directement tisses sur le tissu, ce qui augmente !'impression

Rn 18e siecle

Mi-19e siecle

Rn 19e siecle

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d'espace vide. Des bandes de tissus de couleurs contrastees au niveau du decollete, des manchettes et du ruban d'attache sur les vetements de ceremonie des femmes en soulignent Ia beaute. En outre, les plis de Ia bordure superieure de Ia jupe bouffante creent dans le prolongement, des !ignes fluides et longues qui flottent au rythme des mouvements du corps et decorent Ia surface. Cette surface vide laissee libre est aussi remplie d'anecdotes diverses dont voici un exemple. II s'agit de Sin Sa-imdang, une tres grande peintre (18921910) avait dessine une grappe de raisins pour camoufler Ia tache qu'elle avait faite sur Ia jupe empreintee a sa voisine qui, toute ravie, l'a revendue a un prix eleve. Par ailleurs, des hommes dessinaient souvent sur les robes de leur ma!tresse en signe d'affection. La fierte des kisaeng, hotesses professionnelles, etait justement d'exhiber" ces jupes peintes des mains de ces messieurs.

Portrait de So Chiksu, un erudit de Ia Dynastie Choson, peint comm unement par Kiin Hong-do et Yi Myong-gi, aux environs de 1796 22

La beaute du blanc Les coreens d'autrefois avaient une telle predilection pour Ia couleur blanche qu'on les qualifiait de "peuple vetu de blanc". Le blanc, aussi bien Ia couleur des vetements des hommes que de celui des femmes, etait prefere pour son contraste avec leurs cheveux noirs. En effet, les experts en matiere de vetements s'accordent pour dire que le blanc et le noir sont les tons les mieux appropries au peuple coreen parce que le contraste de Ia couleur de leur peau et de leurs cheveux produit un effet d'opposition qui ressort d'autant mieux. Leur gout pour le blanc fut parfois tellement excessif qu'il arrivait au gouvernement de promulguer des lois interdisant le port de vetements de couleur blanche. Ils etaient done amenes a teindre leurs habits en bleu, en ivoire ou en gris tres clairs qui se rapprochaient le plus du blanc. Mais malgre les interdictions, beaucoup continuaient a en porter. La persistance a vouloir porter du blanc depuis des milliers d'annees mon-


tre qu'il s'agit d'un peuple un peu a part. Leur adherence a cette couleur est etroitement liee a Ia nature meme des Coreens attaches aux valeurs de Ia purete materielle et spirituelle. Ils magnifient cette couleur pour Ia beaute spirituelle qui en decoule plut6t que pour son effet visuel.

La combinaison de couleurs La combinaison de couleurs vives contribue a nourrir Ia beaute particuliere du hanbok comme le bolero vert ou jaune assorti a Ia jupe rouge, et le bolero vert a Ia jupe bleue. Tandis que les gens du peuple portaient ces couleurs fondamentales uniquement dans les grandes occasions comme le mariage, les gens privilegies pouvaient les mettre a loisir. La preference de Ia classe dirigeante allait aux couleurs de base tant elles etaient seyantes et avantageaient leur silhouette. Parmi les cinq couleurs cardinales, le jaune symbolisait l'empereur et l'imperatrice et le rouge, le roi et Ia reine. La couleur du cos tume de ceremonie de Ia femme indiquait egalement Ia classe et le rang de son epoux. Des couleurs complementaires viennent couronner Ia combinaison de couleurs fondamentales caracteristiques du han-

Une robe portee par la reine apres 1897, l'annee ou Kojong (1863-1907) se proclama lui-meme empereur

bok. L'association du vert avec le rouge et du jaune avec le bleu accroche l'oeil par son eclat, surtout lors des ceremonies ou des rituels chamaniques. Ces couleurs de base auraient le pouvoir de chasser les mauvais esprits alors que leurs combinaisons dont le raffinem ent est perceptible dans le saekdong, seraient porteuses de signes de presage. Le saekdong, serie de couleurs arc-enciel egayait de preference les robes de mariage, les tenues de ceremonie, les vetements d'enfants et les costumes ri-

tuels des chamans. Les tendances du choix des coreens pour le bolero et le pardessus en saekdong et les manteaux de couleurs cardinales allaient de paire avec Ia tradition. Les tons fondamentaux se retrouvent dans Ia broderie. Les motifs en forme de vagues et de roches brodes sur les robes de ceremonie et sur les bourses, par serie de couleurs differentes en faisait ressortir Ia luminosite. Un assortiment harmonieux de ces couleurs etait aussi visible dans les accessoires pour femm es. 23


Le sens de Ia dissimulation Un des attributs du hanbak est Ia dissimulation dans le sens ou le vetement recouvre presque tout le corps. Les vetements etaient promoteurs de valeurs sociales dans Ia societe confuceenne de Ia Dynastie Chason qui considerait l'integrite pour les hommes et Ia chastete pour les femmes comme etant les plus grandes vertus. Les hom.mes s'abstenaient de sortir sans Ia tenue appropriee et le chapeau adequats, alors que les femmes s'enveloppaient Ia tete dans une sorte de manteau pour sortir. De plus, celles-ci portaient des vetements les uns sur les autres et cette superposition trouve son explication dans les valeurs confuceennes qui exigeaient de ne jamais devoiler Ia chair. So us leurs ju pes pendaient de nombreux jupons de taille et d'ampleur differentes qui donnaient du volume et de l'equilibre a Ia partie inferieure, par contre, elles ne mettaient qu'une blouse fine et serree sous le bolero, trait qui vient accentuer !'opposition entre !'excessive largeur du bas et l'etroitesse du haut. Les femmes de chsse aisee portaient pour les occasions officielles une jupe encore plus bouffante dont deux types de jupons servaient a donner forme a Ia taille et aux extremites de Ia robe. Dissimulee sous une couche de vetements, Ia femme laissait deviner de fac;:on subtile Ia beaute et Ia grace de sa silhouette. Malgre les lois rigides qui dirigeaient le port du vetement, les femmes du peuple de Ia periode de Chason exposaient paradoxalement leur poitrine et jamais leurs dessous. Les mouvements du corps, du vent ou !'utilisation de tissus transparents exposaien t a vee sensualite les sousvetements Un spectacle plus audacieux sont les seins qui demeuraient comph~ten decouv,erts. La poitrine nue etait le symbole d~ Ia fecondite dans une societe ou les naissances de garc;:ons etaient une source de fierte pour une femme. Ce privilege tire meme son origine de l'allaitement maternel qui provoquait 24

l'envie des femmes sans enfants. Cette exhibition deliberee etait done, en un sens, le symbole d'un statut. Pendant Ia seconde moitie de Ia periode de Choson, Ia mode est aux sous-vetements qui se decouvrent. La vue des culottes bouffantes qui depassent Ia jupe plus relevee telles qu'elles etaient depeintes, dans les tableaux de l'epoque, devait choquer bon nombre de gens de bonnes moeurs. Cette touche exhibitionniste dans une societe qui pr6nait Ia dissimulation est detaillee dans le Ch'unhyangjon, recit de l'histoire d'amour entre Ia fille d'une kisaeng et le fils d'un haut fonctionnaire. Un jour de printemps, Chunhyang sur une balanc;:oire porte des jupons de soie blancs sous une jupe rouge qui flotte au gre du vent. L'auteur de cet ouvrage devait troubler les lecteurs a une periode ou ce genre de devoilement allait contre Ia morale. Mais des photos prises vers Ia fin de l'epoque du royaum~ de Chason indique que cette exhibition de jupons, ces dessous qui deviendront plus tard des vetements a part entiere, etait paradoxalement en vogue. Ainsi, peut-on voir comment Ia mode est le miroir des changements des valeurs sociales et de l'ethique La beaute des mouvements Chaque petit mouvement apporte sa contribution a Ia beaute esthetique du hanbak dont le flottement du ruban du chagari, de celui de Ia tresse, des franges attachees sur le narigae, objet de parure, en est !'expression Ia plus raffinee sans oublier le Ieger tremblement des autres objets d'ornement telles que Ia couronne et Ia coiffe de soie. Quant aux vetements d'hommes, les cordons en guise de ceinture sur le pardessus bougent au rythme des mouvements du corps. Les deux ficelles du chapeau qui etaient un luxe pour les erudits de famille modeste, se balancent au vent comme le pompon de l'eventail pliant, accessoires fetichy des membres de Ia classe dirigeante. Dans Ia danse du sabre, le balancement des plumes du chapeau de Ia

danseuse et le flottement de Ia robe militaire magnifient les bonds de Ia danseuse qui Ia transportent dans un etat de transe. La longue echarpe blanche qu'elle manie dans Ia danse de Ia Lune et du Salp'uri est un autre element de communication Dans Ia periode de Chason, ie ruban d'attache du bolero ainsi que les longues bandes de tissu qui pendent le long de Ia jupe rythment le mouvement de balancement, comme le ruban de Ia tresse et le pompon au niveau de Ia poitrine. Le maedup, noeud ornemental et les franges attachees au narigae qui produisent le meme mouvement de vaet-vient servaient d'ornement pour les bourses a parfum, les couteaux miniatures et les sacs. La coiffe de soie, Ia couronne de mariage et l'epingle a chignon participent tous a !'oscillation. Et .d'autres accessoires de cheveux attaches aux extremites d'un fil metallique se balancent au moindre mouvement de Ia tete. Le petit tremblement de ces ornements et de ces pompons est une autre forme d'expression visuelle de l'esthetique du mouvement La beaute du symbolisme Le hanbak regorge encore aujourd'hui de symbolisme dans ses couleurs, ses motifs et ses ornements. Par exemple, aux ceremonies de mariage, '!a mere du marie porte toujours du bleu, ou une couleur similaire, et celle de Ia mariee des tons roses. Sur un hanbak traditionnel pour femme, le col de couleur violette symbolise le mari et les manche.ttes bleues, le fils. Une femme agee encore vetue de ce costume etait consideree comme benie du Ciel. La combinaison du bolero vert et de Ia jupe rouge etait reservee aux nouvelles mariees tandis que les femmes celibataires mettaient un haut jaune assorti a une jupe rouge pour les festivites saisonnieres. Les motifs du hanbak etaient !'expression des voeux des personnes qui le portaient. Des pivoines brodees sur Ia robe de Ia nouvelle mariee indi-


quaient son desir de richesse et d'honneur. La fleur de lotus representant Ia noblesse etait un motif tres populaire brode sur les paravents pliants qui decoraient Ia chambre des femmes . Les chauve-souris et les grenadiers symbolisaient de nombreux enfants. Une femme enceinte portait un norigae, petit objet de parure, en ¡forme de hache en vue de donner naissance a un .fils. Les decorations representant les dragons, les phenix, les grues et les tigres etaient reservees aux classes privilegiees, symbolisant le roi, Ia reine, les hauts fonctionnaires civils et militaires. Les voeux etaient exprimes d'une fac;:on plus directe par les caracteres chinois dessines sur l'etoffe . Par exemple, les caracteres pok, et su etaient couramment utilises dans l'espoir d'avoir beaucoup de chance et une longue vie. II n'est pas exagere de dire que chaque caractere sur un habit comporte une signification. Parmi les accessoires qui avaient pour fonction de completer le vetement, certains etaient bien utiles comme le flacon de parfum, l'etui a aiguilles et les couteaux miniatures, d'autres etaient des amulettes. Les gens avaient sur eux des griffes de tigre sensees chasser les mauvais esprits et les decorations de chauve-souris, par superstition. Tous ces elements esthetiques du hanbok expriment le concept coreen de Ia beaute. Sa coupe et ses !ignes gracieuses trouvent leurs origines dans Ia beaute et l'harmonie de Ia nature. L'harmonie du noir et blanc, les combinaisons judicieuses des couleurs fondamentales et !'utilisation du symbolisme traduisent Ia qualite de Ia personnalite et les souhaits de Ia personne, formes plus par Ia raison que par les sentiments. La structure esthetique du hanbok est basee sur des valeurs propres aux coreens: une propension au naturalisme, une croyance dans Ia protection surnaturelle et dans les benedictions, et le code vestimentaire inspire du confucianisme. +

Les femmes nobles portaient un chang-ot comme celui-la, drape sur la tete, lorsqu'elles sortaient de chez elles.

Norigae a trois pieces avec ornements de corail, jade blanche et ambre

Norigae a cinqpieces avec ornements d'argent incruste

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les vet~mns, les accesscures et ceux qui les font Kim Yoo-kyung Redactrice culturelle du Quotidien Kyunghyang

cheveux et le karakchi, anneau d'ambre, de jade ou d'agate. A travers sa longue histoire, le peuple coreen a cree et porte des veterrents qui correspondent a ses caracteristiques physiques et culturelles. Les plus varies sont les norigaes, sortes de pendentif accroche aux Les vetements traditionnels refletent a Ia fois, le caractere national coreen, rubans de veste ou aux bandes de poitrine de Ia jupe. Le pendentif est comson inclination traditionnelle pour Ia clarte et pour les !ignes qui tranchent, et pose, en general, de maedups, sorte de macrame tres colore et d'objets les imperatifs lies a l'environnement meteorologique de Ia peninsule auxquels sont accroehes des elements minuscules en forme de bouteilles coreenne. •en verre, d'animaux, de fleurs ou de poignards. Destines au depart a Ia proParmi les cosrumes traditionnels que nous connaissons, le hanl:f&k est le tectim de Ia chastete des femmes, ces petits couteaux sont devenus d'autres formes de Ia decoration personnelle. II serait impossible d'etudier plus familier. Ses couleurs, ses !ignes et sa fGrme ont change au fur et a mesure des transformations ee notre societe. Les costume~ que portent les les objets de decmation de Ia periode de Chason sans tenir compte Coreens d'aujourd'hui, s'ils sont conformes au gout rncx:ieme, trouvent leur des differents motifs appliques sur les vetements et les accessoires de origine dans une tradition millenaire. • ce temps. La broderie etait Ia plus largement repandue pour integrer ces motifs landis que Ia pose de feuille d'or pour les costumes de cereDans cet article, Ia joumaliste Kim Y<Xrkyung etudie le mecanisr:w de developpement de Ia tradition costumiere ainsi que l'histoire de Ia fabrication ·l'Tl?rlie de Ia cour royale de Chos6n etait exceptionnelle. et de Ia maniere de porter les vetements traditionnels de nos contemporains. D'autre part, tous les vetements etaient accompagnes de p6s6ns, Kim Yoo-kyung nous presente des artisans qui se soot consacres a Ia chaussettes blanches ouatees pour rechauffer confortablement les pieds, filature et au tissage de vetements en mousseline, en ramie ou en chanvre, a ainsi tJUe de kkotshins, chaussures en cuir brodees d'une maniere comIa teinturerie ainsi EJU'a Ia couture de vetements pour femmes et a Ia fabdca- . pliquee. Kim Yoo-kyung considere que ces accessoires et vetements du tion du changdo, cooteau mir:1iature utilise par des aristocrates, ·hdnmE;Js ~r passe, avec le top 'a, qtJi soot encore portes par le clan conservateur de Ia femmes, d'autrefois. • ... region d'Andong, comme le symbole de Ia dignite masculine. Au cours de Les femmes du royaume ChasOn etaient ingeRieuses lorsqu1if s'g.gissait ses ffi ans de carriere de joumaliste dans un grand quotidien de seoul, Kim de rehausser Ia Bea.ute de leurs vetements, de leur. coiffure, bref, de leurY~ng a accumule de vastes connaissances sur les vetements traditionapparence. Parmi leurs nombreux Gbje~ d'omements, nous presentons, ici, nels et les artistes qui les fabriquent. Nous esperons que son observation notamment le piny6, epingle a c~evux en forme Gle bouton souvept aecore aiEJera ~ lecteurs a comprendre Ia beaute et Ia sagesse des costumes tradu motif de tete de dragon ou de fleur-s de i?-de, 15) tael'lg§lf; [~ bans a ditionMels careens. - La redaction •

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Le ch'6ne Ch'ungmu, ville situee sur Ia cote sud dans Ia province de Ky6ngsang-Sud, fut pendant longtemps connue pour le "ouatinage" et aucun autre endroit n'a connu une meme tradition de fabrication de si beaux ch'6ne, porte-enfant ouatine. Ce p01 e- nfa~ sorte de couverture servant a porter un enfant sur le dos, est unique au monde. Le ch'6ne de Ch'ungmu est connu pour son fond noir ouatine finement avec des details roses ou roug~ tres clairs. D'abord, pour Ia couverture exterieure,. deux couches de tissus, noir et rose ou rouge, sont cousues ensemble. Ensuite, une couche de coton est ouatinee et piquee soigneusement avec des points serres. Les motifs de pivoines ou de chauve-souris

Ch'one, utilise pour porter les bebes,

vu de face ( ci-dessus) et vu dedos(en haut)

sont ensuite brOdes sur Ia couverture et le bord est brode avec des couleurs plus claires comme le rose ou le rouge. Sur Ia partie haute du porte-enfant, qui sera rabattue pour teriir Ia tete de l'enfa~ est appliquee une rayure de tissu blanc ouatine, comme un col blanc identique a celui du vetement traditionnel hanbok. Tout ceci semble deja flamboyant pour un porte:enfant. Mais le ch'6ne de Ch'ungmu a plus que cela. Au centre du dos juste au-dessous de Ia tete de l'enfa~ un husu, tablier d ' ornem~ est attache. Le husu est en tissu ouatine de forme rectangulaire, couve11 de broderies representant les dix symboles de longevite appeles shipchangsaeng. Le bord du tissu est brode finement et chaque coin est decore avec des glands aux couleurs claires, souvent les cinq couleurs de base representant les cinq elements qui forment toute Ia matiere de l'univers. Le husu est utilise lors d'occasions speciales comme Ia premiere sortie du bebe, le premier anniversaire ou d'autres occasions importantes. Un bebe po11e dans ce ch'6ne ressemble a une tres belle fleur. Une fois, j'ai vu une femme porter son enfant sur le dos

dans un ch '6ne de Ch'ungmu. Elle attendait son mari a l'aeroport international de Seoul. Elle attirait !'attention de toute Ia salle d'attente avec son porte-enfant. C'etait un joli tableau qui donnait !'impression que Ia mere se devouait completement a !'enfant La femme m'a dit que les gens lui faisaient souvent des compliments quand elle utilisait le ch'6ne de Ch'ungmu. En effet, posseder un tel ch'6ne pour porter son enfant sur le dos fut pendant longtemps un reve pour toutes les meres coreennes. "Autrefois, les grand-meres revaient d'offrir un porte-enfant de Ch'ungmu a leurs petits enfants, qu'elles aient les moyens ou non de le payer'', a continue a expliquer Ia jeu ne femme. C'est parce que si vous portez votre bebe dans ce ch'6ne, vous gagnez l'estime generale. Les bebes doivent egalement se sentir confortablement installes dans ce ch'6ne. De nos jours, peu d'enfants sont po11es sur le dos dans un ch'6ne et il est evident que les jeunes mamans n'apprecient plus Ia valeur du ch'6ne de Ch'ungmu. Pom¡tant ceux qui se rappellent le bon vieux temps savent combien ce ch'6ne de Ch'ungmu est chaud et beau. Beaucoup se souviennent combien les gens languissaient d'avoir les moyens pour s'acheter ou de se faire faire un de ces porte-enfant de Ch'ungmu, meme lorsque leurs enfants etaient deja trop grands pour etre portes. 'Je le garde soigneusement plie dans mon armoire, bien qu'il m'arrive tres rarement de le sortir pour l'utiliser. Le regarder me fait du bien", a dit une femme. Evidemment, le ch'6ne est pour elle le symbole de Ia beaute qu'on souhaite garder sans egards a son usage quotidien. En generaL les femmes de Ia generation precedente fabriquaient le ch'6ne diesmemes mais cette tradition a presque dispam A Ch'ungmu, je connais une femme, ancienne professeur de broderie, qui dirige une boutique de "ouatinage" dans le centre de Ia ville. PoUI¡tant cette femm e, Yi Ch6ng-ny6n, ne fait qu'un porte-enfant par an, celui-ci demandant un travail enorme et soigneux pour Ia couture et Ia piqure. Ainsi elle n'en a fait jusqu'a present qu'une douzaine seulement. 27


Le changdo Le changdo, petit couteau d'ornement que portaient les femmes de Ia haute societe a l'epoque de Chos6n est en fait un tresor minuscule, oeuvre d'art miniature. De nos jours encore, on se demande a propos du changdo dans quelle autre partie du monde les femmes ordinaires portaient des couteaux comme accessoires en v~e Bien sGr, il servait plus que d'accessoire Les femmes choisissaient de porter des couteaux pour une raison particuliere, ceux-ci representant un¡ symbole universe! d'autodefense. Dans la societe ancienne, Ia chastete comptait comme Ia plus importante valeur morale pour les femmes. Bien que ces couteaux soient fmement travailles pour etre des armes efficaces, leur beaute n'epargnait pas leur fonction premiere De nos jours, le changdo n'est considere que comme un simple acces.soire de mode, mais il etait un symbole traditionnel tres fort des valeurs traditionnelles et de l'esprit confuceen fort d'une longue histoire de quelques milliers d'annees Le ch'ilchido (couteau ramifi~ en sept branches) fabriques par des artisans de Paekche en YJ9 avant J.C est beau et mysterieux, alors que les couteaux d'ornement du Verne et VIeme siede de l'epoque de Kaya ainsi que les couteaux plaques or sur le manche et sur le manchon protecteur, attaches aux ceintures a usage rituel du Vlleme et VIIIeme siede, de repoque de Silla, incament le prototype des couteaux d'omement Le changdo de l'epoque Kaya est compose de deux grands couteaux chacun portant quatre petits couteaux dont Ia largeur et Ia longueur sont respectivement 1,5 em et 2fJ em. Ceci semble constituer !'archetype du changdo traditionnel Le changdo attache aux ceintures a usage ritue~ vers Ia fin de Silla, semblait servir de decoration tout comme les pdes en forme de virgules ou les poissons en or que ron trouve facilemc;nt sur les ceintures de l'epoque

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Pak Yong-gi, le "tresor vivant" (detenteur de proprietes culturelles incorporelles) dans le domaine de Ia fabrication du changdo vit a Kwangyang dans Ia province de Cholla-Sud, ancien territoire du royaume Paekche Cest grace ases efforts et ason expertise que Pak semble garder Ia tradition de Ia fabrication du changdo de l'epoque de Paekche La region Kwangyang est connue depuis longtemps pour ses gisements de fer et d'or ainsi que pour !'expertise et l'habilete de nombreux artisans concernant Ia fusion de ces metaux Ce n'est done pas une simple colhcidence qu'une grand acierie modeme ait ete construite dans cette region Pak a fabrique plus de 500 changdo avec des metaux precieux comme l'or ou rargent aussi bien qu'avec du pde, de Ia nacre ou de Ia come pour decorer le manchon protecteur. Pak commen91 afabriquer un changdo a rage de 17 ans. Ce qui est le plus important dans Ia fabrication d'un changdo, c'est d'etre sGr que Ia lame soit parfaitement trempee Si elle ~ trop dure, elle risque de se briser; trop molle, 'elle va arquer. nfauclra, ainsi, que !'artisan soit bien forme et ait de !'experience pour fabriquer des couteaux d'une telle perfection Pak renforce ses couteaux en trempant l'acier de fac;:on soignee naiguise Ia lame avec une habilete meticuleuse pour qu'elle soit parfaitement droite et sans aucune tache. Les lames du changdo varient entre 5 et YJ em de longueur. Determiner Ia proportion correcte entre Ia lame et le manche est l'une des plus importantes taches de !'artisan, alors que le degre d'ajustement du manchon au couteau, avec une precision telle qu'une seule feuille de papier puisse passer entre eux, est un autre moyen de mesurer l'habilite de !'artisan Ds'agit Ia de !'experience Cela ne peut pas s'apprendre autrement "Vous devez surveiller l'acier en train de chauffer dans le feu et le moment precis ou vous devez le mettre dans un bac d'eau melangee avec de Ia boue pune Pour fabriquer un seul changdo, il faut au moins 2(X) outils differents'', explique Pak en sortant Ia lame avec quatre doigts et en pres.sant Ia

decoration habilement avec son pouce A repoque de Kory6, les fonctionnaires du gouvernement portaient deux petits poignards avec leurs brosses a calligraphier. Le changdo est alors devenu un necessaire assode aux buts artistiques et litteraires. Les femmes porterent ensuite le changdo sur Ia poitrine comme preuve de leur statut social et de leur bonne education

Les

kkotshins

Rien ne semble aussi beau que les chaussures laborieusement brodees que ron appelle kkotshin, ce qui se traduit litteralement par "chaussures-fleurs'', et qui se font voir furtivement sous Ia longue jupe fleurie, hanbok. Dans Ia societe traditionnelle, les ~unes filles attendaient anxieusement le retour de leur pere du marche avec respoir qu'ils rapportent une paire de kkotshins pour elles. Ces chaussures en cuir, en forme de bateau, brodees de motifs de fleurs sont tres differentes des chaussures que portaient les gens ordinaires. Meme aujourd'hui, les kkotshins evoquent l'image de joyeux jours feries o_u les ~unes filles s'habillaient en robes colorees La tradition de Ia fabrication des kkotshins est conservee par une famille de seoul qu~ depuis cinq generations, se consacre a ce metier. L'un de lems ancetres, feu Hwang Hangap fit plusieurs paires de kkotshins pom le roi Kojong de Ia demiere dynastie des Yi: celuici les porta a!'occasion des rites ancestraux de Ia cour royale Son fils et son petit-fils gardent le metier aussi bien que l'habilete de leur ancetre Les chaussures en caoutchouc ont ete introduites en Coree dans les annees 192fJ mais avant leur vulgarisation, les chaussures en cuir


etaient les plus demandees Le feu Hwang s'est souvenu un pur qu'il avait tellement de demandes vers Ia fin de chaque annee, juste avant Ia celebration du Nouvel An, qu'il n'avait souvent meme plus le temps de dormir. Les photos des demiers temps de Cha;On mootrent des colporteurs assis devant des piles de chaussures en cuir entassees sur des matelas en paille au marche A cOte de ces colporteurs, se trouvaient des garc;:ons avec des chaussures en pJme en train de vendre quelque chose comme des lacets pour cheveux. Apres les annees 30, les artisans de kkotshins avaient moins de travail, les chaussures en caoutchouc devenant tres populaires. De Ia cinquieme generation de !a famille Hwang,, Hwang Hae-bong ne pouvait plus continuer le metier familial jusqu'au moment ou les Coreens ont redecouvert un gout renouvele pour Ia tradition na appris le metier dans sa vingtaine suivant les pas de son grand-pere, qui etait qualifie de ''tresor vivant'' dans son domaine Aupurdhui, il fabrique chaque mois plusieurs douza.ine de paires de chaussures. ''Le charme des kkotshins repose sur Ia ligne gracieuse et Ia silhouette lorsque le porteur tourne ses pieds autour de forteil nn'y a pas de distinction de droite et de gauche mais les chau'ssures se forment apres quelques essais. Le processus de fabrication est assez long et embrouille Fabriquer une chaussure n&:essite 74 etapes. La broderie, Ia preparation de colle et Ia doublure s'aputent a fassemblage de toutes les matieres. ]e garde encore quelques soies de sangliers qu'a laissees mon grand-pere pour faire des aiguilles. Jai essaye prutout d'en trouver plus, mais en vain jusqu'a maintenant'' Les kkotshins sont decorees en general avec des motifs de fleurs de prunier, des pivoines ou des dix symboles de Ia longevite La semelle est faite en cuir de vache La qualite d'une chaussure depend avant tout de sa couture Les fils sont laisses denoues au dedans de forteil et du cOte de Ia cheville pour que le po1~ teur regie lui-meme Ia couture si necessaire Hwang a fait connaitre un changement important de !)OS purs les pieds des gens sont devenus plus longs et plus larges. Si vous visitez les musees, vous trouverez des chaussures etroites en cuir, en soie ou en bronze, po1tees par Ia princesse Tokhye ou d'autres personnalites bien habillees du temps du royaume

de Chai5n On peut trouver des documents concernant les kkotshins dans les archives historiques de Ia dynastie Cha;On Par exemple, on apprend une histoire triste sur Ia reine Shin, epouse du roi Yonsan-gun (1494-1%). La reine etait une femme tres differente de son epoux, brutal, mais elle fut en tout cas forcee de quitter le pa1ais lorsque le demi-frere de Yonsan-gun ravit le trone a son epoux en 1506. Puisque ses chaussures en soie se detachaient sans arret alors qu'elle s'echappait du pa1ais a raube, elle finit par dechirer sa couverture en soie et futilisa pour attacher ses chaussures a ses pieds On trouve une autre histoire triste concernant les kkotshins quelques siectes plus tare!, lorsque fepouse de fancien president Park Chung-hee fut assassinee en 1974 La Premiere Dame gardait quelques kkotshins en soie qu'elle avait fait faire pour sa propre mere. Mais a son entrm~ sa mere les lui a fait porter pour qu'elle s'habille proprement pour passer dans fautre monde La Premiere Dame fut alors enterree dans les chaussures en soie desamere. :

de Ia danse chamanique salp'uri ou de Ia danse de moine bouddhiste Les p6s6ns rehaussent Ia beaute du hanbok et Ia qualite de leur couture reflete Ia classe d'origine de leurs porteurs. Le patron en papier utilise pour faire des p6s6ns bien ajustees etait un objet essentiel qui se devait de se trouver dans le trousseau de toutes les femmes de Ia societe traditionneUe. En ef~ un trousseau de femme bien fait comprenait un sac special destine ale contenir. Les femmes portaient une attention particuliere pour realiser autant que possible un tres beau patron a p6s6ns. Les maquettes en papier faites pour les femmes de Ia cour royale, connues pour leur elegance sublime, sont devenues des exemples pour tous les patrons. La boutique de p6s6ns pour les mariees, de Ch'ongjindong a seouL pos.sede quelques 20 patrons differents de p6s6ns que Ia proprietaire a collectionnes aupres des femmes de Ia cour royale de Chai5n Les p6s6ns sont fabriquees avec quatre couches de tissu blanc entre lesquelles est ouate du coton en couches epaisses. A chaque lavage des p6s6ns, ie coton doit etre enleve et ensuite reouate. Jusqu'a Ia generation precedente, coudre, laver et recoudre les p6s6ns etaient les taches sans fin des Coreennes. Les p6s6ns des enfants etaient souvent brodees au conde-pied ou a forteil Les v v p6s6ns des femmes de grandes families devaient etre ajustees parfitemn~ ce qui les obligeaient a prendre longtemps pour les mettre, tout comme des corsets de style occidental Devant !'a popularite croissante des vetements de style occidental au cours des dernieres decennies, les p6s6ns ont perdu Ia faveur des Coreennes. Le temps a disparu ou les jeunes mariees gardaient une dizaine de p6s6ns dans leur trous.seau. Les magasins specialises de p6s6ns ont tous ferme leur 2~ porte vers Ia fin des annees 1980 ainsi que Ia ~ pluprut des usines produisant des chaussures en caoutchouc portees avec les p6s6ns dans La ligne blanche tranchante de Ia chausles annees 19SX). La confection de p6s6ns est sette ouatee, p6s6n, est essentielle pour parainsi devenue une industrie mineure. De faire feffet total du costume traditionnel hanmeme, de nombreuses histoires sur les boubok Elle se fait voir occasionnellement mais Ia tiques de p6s6ns sont devenues des histoires anciennes. Pourtant, les p6s6ns survivent p6s6n fut citee dans des poesies, des chants et encore grace aux connaisseurs de Ia mode trades danses. En ef~ les p6s6ns sont des plus charmantes et efficaces lorsqu'elles sont vues ditionnelle qui reconnaissent fimportance et le de Ia cheville soigneusement levee au cow¡s charme de Ia chaussette ouatee

Les

posons

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Le

karakchi

Comme le d1angdo, le karakchi est plus qu'une simple decoration: il symbolise pour les femmes coreennes d'antan !'esprit d'autodefense A premiere vue, il parait etre un simple objet decoratif mais il sert d'arme tout comme les epees Le karakchi etait po~e toupurs en paire. Potte chacun strr une main, les deux kamkchis s'enclenchaient quand les deux mains s'enla<;:aient Pardoxlemn~ on portait ces anneaux toupurs avec les plus fmes toilettes. L'exemple le plus dramatique de Ia puissance de ce kamkchi survint au temps de finvasion jlponaise de Ia fin du XVIeme siede. Non-gae, une }<jÂŁjeng (femme de divertissement) tres celebre qui vivait dans Ia ville de Chinju sur Ia c6te sud, a tue un general jlponais en utilisant son karakchi pour sauver Ia forteresse de sa

ville. Elle berna l'envahisseur japonais amoureux d'elle sur une falaise au bord de Ia riviere Nam, l'etreint et l'entraina dans l'eau grace ason karakchi endenche . Lhistoire de Non-gae fut transmise par les poemes, chants, danses et reste encore vivante dans le coeur des habitants de Chinju Une visite a Ia forteresse de Chinju ou Non-gae s'est jetee de Ia falaise vous fera decouvrir avec quelle force Non-gae serra ses armes endenchees autour du general jlponais hai: Le rocher duquel Non-gae se jeta est devenu un des sites favoris des touristes pour se faire phcr tographier, qu'ils soient jeunes ou vieux. Dans Ia danse chamanique appelee .'XIip'uri interpretee par le matl:re Kim Su-ak, originaire de Chinju, il existe un acte intitule "Pour Nongae'', au cours duquelle danseur porte toupurs plusieurs anneaux. Cest parce que d'apres Ia legende, Non-gae portait des anneaux a tous ses doigts pour ne pas lacher le general de sa prise. En realite, il parait impossible pour une jeune fille de 19 ans, age de Non-gae, d'entrainer un homme assez costaud vers Ia mort, mais en tout cas, les anneaux repr&ntent Ia puissance de Ia volonte de Ia jeune fille. II n'y a pas de doute que ses anneaux etaient en metal, et non pas en j:tde plus facilement cassable. Pourtant Ia plupatt des kamkchi sont en jlde. La ville de Chinju est aussi connue pour sa danse a repee, qui est probablement liee a Ia victoire coreenne lors de Ia bataille de Ia forteresse de Chinju et aIa saga de Non-gae. Nongae et le karakchi rappellent chez tous les Careens Ia beaute et Ia tres forte volonte de Ia femme ideale coreenne. Grace a Non-gae, le karakchi est devenu beaucoup plus qu'un accessoire de mode. Aupurd'hui nous pouvons trouver beaucoup de karakchis en atgent ou en jlde dans les boutiques d'antiquites de Insa-dong ou de Chang-anp'ong a seoul, qui sont des evocations de cette tradition extraordinaire.

Le

kUmbak

Aux alentours du quartier de Tapshirnni a

30

seoul, il y a une famille qui preserve Ia tracJi. tion des incrustations d'or depuis quatre generations. La famille de Kim Tok-hwan a pratique ces incrustations d'or sur les vetements de fete depuis plus de 100 ans. "Mon aniere grand-pere etait fagent chatge d'approvisionner des tissus a Ia cour royale dans les dernieres annees de Chason. A chaque grande ceremonie royale, il avait de Ia

peine a trouver suffisamment de brocard en or. Souvent les navires ou caravanes qui t:rarlsportaient l'etoffe qu'il avait commandee en Chine anivaient en retard na done decide de fabriquer en Coree, sur place le broeat'd en or. ]e suis Ia quatrieme generation a faire de !'applique en or sur fetoffe." L'applique en or se fait avec des can¡eaux en bois de poiriers sculptes, dont le nombre des motifs s'eleve a plus de cent idOOgran:unes chinois ayant des sens propices comme les grenades, les bouteilles en f01me de gourde, les peches du ciel, les f!eUI¡s, le phenix, les dragons et les balustrades. En ef~ les motifs sont si varies qu'il existe le motif de phenix male et celui de femelle. Lorsque les eatTeaux faits par ses ancetres se sont uses, les motifs ayant ete effaces apres des annees d'usage, Kim a aee de nouveaux motifs a.rtistiques adaptes au gout modeme qui rappellent Ia vie quotidienne des gens d'il y a plus de cent

ans. ''L'inaustation d'or est un attisanat t:res complique. L'artisan doit savoir exactement non seulement fepaisseur du col a utiliser pour chaque etoffe mais egalement les regles


•.

.<

elalxxffi> concernant l'util&tion des differents motifs sur differents vetements. Un mauvais jugement aboutirait toupurs a un resu.ltat vulgaire. L'arti<rul ne pourra prnais apprendre en une seule pumee quel genre de motif il doit utiliser, ou et comment" 'Jusqu'a il y a quelques decenrues, les dames aristoaates agffi> m'apportaient un ensemble de vetements assortis pour me demander de faire ceci et cela'', s'est-il souvenu ''Eiles m'ont quelques fois raconte des histoires liffi> a leurs vetements, mais aupurd'hui les gens semblent penser qu'ils peuvent tout acheter avec de l'argent Ils me demandent d'incruster des motifs de dragon sur n'importe quoi Le dragon es~ vous le savez, syrhbole du roM Ces, pur&ci, personne ne vient avec des vetements traditionnels anciens. Toutes ces dames originaires de grandes families nobles de seoul doivent etre mortes a l'heure qu'il est''. Tousles murs de sa maison sont couverts de rubans a cheveux, de jupe.s longues, de jupe.s courtes, de vestes de ceremonie et de chapeaux noirs traditionnels en soie, qui sont tous soigneusement incrustes cl'or. l.a plupart des vetements cl'aupurd'hui sont incrustes en or faux, c'est-3-dire en cuivre ou etain qui sont presses dans des feuilles de papier tres epaisses. Les vetements incrustes d'or sont nece.ssairement tres chers. Un lacet a cheveux long de 2 metres utilise aux ceremonies de mariage necessite Ia moitie du t2el (plus de 180 g) cl'or.

Le top'o Le hanbok pour homme est un vetement classique qui rehausse Ia dignite et le style de son porteur. A chaque ceremonie familiale importante des yangbans (des nobles) de la region d'Andong, en particulier chez des savantsfonctionnaires comme Yi Hwang ou Yu SOng-nyong, les membres masculins de la famille po1taient le topb, Ia version Ia plus clistinguee des yetements pour homme. En realite, il faut fl]ler a Andong si vous voulez voir comment les gens portent les hanboks traditionnels. Le topb ressemble au turumagi, manteau traditionneL a part les manches plus Jarges, le

dos et le tissu fabrique en general en chanvre d'Andong Jai moi-meme realise combien etaient dignes et reserves les hommes d'Andong lorsque fai assiste au rite commemoratif en l'honneur des ancetres tenu par le descendant direct du grand savant Yi Hwang le 26 octcr bre 1979, jour ou fut assassine le president de Ia Republique Park Chung-hee. Tous les descendants se sont reunis, ont visite la tombe de l'ancetre et ont accompli beaucoup de ceremonies tres compliquee.s. Chacun etait habille du top'o et turumagi et portait un bitort court, tout comme leurs ancetres depuis des generations. Quelquesuns en vetements ordinaires restaient derriere Hommes vetusdetop'o en chanvreattendant et ne participaient pas lors d'une ceremonie de culte des ancetres du clan aux rites executes dans Yu Song-nyong de An dong. un silence solennel. Aucune femme n'etait en vue, meme la Yu, le colonel Yi a fait savoir qu'il y avait une erreur dans Ia disposition de !'artifice descendante directe de Yi Hwang. Ce ne fut qu'au moment ou le rite fut completement militaire du venere Yu. Quelques jours termine et ou les participants se sont assis apres, une vingtaine d'hommes, taus descendants de Yu inviterent Yi au pour prendre une gorgee de boisson que fai tombeau de famille des Yu et lui entendu une voix d'homme dire 'Qu'est-ce demanderent d'ecrire un article sur la que fai entendu dire a propos de l'assassinat philosophie militaire de Yu en lui disant: du president Park?' "Cela fait deja 400 ans que notre ancetre Yu Song-nyong ecrivit le Chingbirok mais Jai eu !'occasion d'assister a Ia ceremonie commemorative d'une autre famille, chez le aucun commentaire ni analyse le concer1')eme descendant direct de Yu S6ng-nyong nant n'ont ete publies jusqu'a nos jours, ce qui rend honteux taus ses descendants." en 1992 D'apres le colonel Y~ taus etaient habilles L'un des evenements que je n'oublierai en topb traditionnel et portaient un chajamais s'est passe justement dans cette maipeau en soie de pore. ')e n'ai jamais vu son. C'est l'histoire que le lieutenant-colonel quelque chose d'aussi beau et digne. I1 me Yi Won-sung m'a racontee. Il avait servi fut alors tres difficile de refuser leur longtemps dans le territoire d'Andong. Lors demande", s'est-il souvenu. de sa visite chez le descendant direct de 31


pelle qu'avant Ia guen-e de Coree, ~ famille cultivait du coton non seulement blanc mais aussi jlune, et avec des fils teints en noir, elle faisait des mum yang de trois couleurs. SaetkoL son village dans Ia region de Tashimy6n, etait repute pour Ia fabrication du meilleur tissu de coton Pourtant avec les tissus de coton fabriques en usine, de plus en plus populaires, les villageois commencerent a jeter leur metier a tisser dans les decharges de Ia vallee. La seule raison pour laquelle le metier a tisser de Ia famille No a pu eviter ce sort, fut que Mme No avait a l'epoque des belles-soeurs amarier, e~ pour preparer leurs trousseaux de mariage, elle dut se mettre au metier a tisser jusque dans les annees 60. La terre du village etait propice aIa culture du coton et les etoffes qu'elle avait tissees etaient de meilleure qualite que celles fabriquees en usine. A Ia difference de Ia ramie ou du chan-

leMumy6ng,

coton de Naju Les dix graines de coton qu'un lettre de Ia dynastie Kory6, Mun Ikch6m, sortit clandestinement de Chine en 1363 se trouve a l'origine de l'industrie coreenne du coton qui habilla les Careens pendant plus de (f.JJ ans Appele mum yang, ce tissu de coton coreen, si populaire qu'il remplac;:a parfois Ia monnaie, a pourtant aupurdhui disparu avec !'introduction du systeme de production en masse. Le premier tissu de coton d'usine fut produit en 1919 par Ia compagnie textile Ky6ngs6ng et appele "Vega" (la tisserande celeste qui liberait ses homologues terrestres de leurs taches penibles). A Ia fin des annees 1SXJO, le gouvemement careen, se rendant compte, bien que tardivemen~ que Ia disparition du tissage artisanal de coton etait imminente, s'est mis achercher les tisseurs de mumyonga travers le pays et trouva finalement Ia famille No Chin-nam, a Naju dans Ia province de Ch6lla du Sud Mme No a ete qualifiee de ''tresor culture! vivanf', pour etre !'unique artisan tissant encore du mumyongen Coree En 1946, lorsqu'elle se maria a !'age de 2fJ ans et qu'elle vint vivre chez son mari aNaju, tous les 40 foyers du village s'engageaient dans Ia culture du coton et dans le tissage. Quant aelle, elle avait elle-meme tisse tous les tissus de coton n~es pour preparer son trousseau de mariee Tous les membres de Ia famille de son mari, composee de trois generations, etaient impliques dans le tissage de coton d'une maniere ou d'une autre Ses quatre belles-soeurs apprirent a tisser des qu'elles eurent 10 ans, et jusqu'a l'epoque ou Ia cadette quitta le foyer pour se marier, toutes les etoffes dont Ia famille avait besoin etaient tissees au moyen du vieux metier a tisser de Ia maison, dont on s up~t seulement qu'il etait vieux de plus de cent ans

Muinyongest fabrique en tissu fin ou brut selon son ~ge, et quelques fois en tissu tres epais pour confectionner des vetements de style occidental Mme No Chin-nam se rap32

vre qui decouragent encore Ia production de masse, le tissage du coton fut completement mecanise au cours des cent dernieres annees, et le dernier metier a tisser du pays a pu etre sauve juste a temps apres le mariage de Ia derniere belle-soeur de Mme No. Cet appareil est si use qu'on lui accorde le soin reserve aux tresors nationaux lorsqu'on le transporte a seoul ou a d'autres endroits en demonstration. Par ailleurs, les comp~nts de l'appareil ne sont pas faciles a remplacer parce qu'ils ne sont pas de ceux que !'on peut trouver facilement dans les boutiques. Ces jours-c~ Mme None produit qu'une paire de rouleaux de mumyong par an, destinee a Ia demonstration. De temps a autre, elle tisse sur commandes speciales passees par des artistes textiles. Par ailleurs, les descendants de Mun Ik-ch6m qui introduisit le coton en Coree, ont etabli un lycee professionnel pour filles, bapti~ Mokhwa (coton). L'insigne de !'ecole represente justement Ia capsule du cotonnier.


Ramie de Hansan Couper Ia plante, decouper en longueur l'ecorce de ses tiges a !'aide de ¡ses !Dains et de ses dents et les tisser au metier, Ia procedure de tissage du moshi ou ramie, n'a pas beaucoup change depuis les temps anciens. Le plus vieux vetement en ramie existant en Coree fut confectionne en 1326. La ramie fine ressemble aux ailes de Ia cigale. Les stylistes de nos jours l'admirent declarant qu'elle constitue en elle-meme une. oeuvre d'art. Une femme vetue d'une robe traditionnelle faite de ramie fine, impeccablement blanche et amidonnee, reste dans !'esprit des Coreens comme l'une des images typiquement representatives de Ia beaute coreenne.

Imaginez un homme elegant parfaitement mis, vetu d'un hanbok fait de ramie et coiffe d'un couvre-chef traditionnel fait de crin de cheval, et tout ceci, sous un solei! brulant d'ete. Voila un portrait qui ne manquera pas d'attirer votre attention, et fai eu Ia chance de le rencontrer, dans un petit village. Alors qu'une chaleur d'ete caniculaire faisait rage dehors, il etait assis sur le sol dans une piece en bois de sa maison ancienne, habille d'un hanbok en ramie, parfaitement amidonne. Autour de lui, il planait un silence de mort Immobile, son dos bien droit, il inspirait un mysterieux sentiment de respect. Pour les femmes, une robe en ramie constitue un luxe. On Ia porte en ete, a partir de Tano, le 5e jour de mai selon le calendrier lunaire, jusqu'au debut de l'automne. La region Hansan, dans Ia province du Ch'ungch'6ng-Sud est le veritable centre de tissage de Ia ramie en Coree. La region compte parmi ses tisseurs experts, 2 personnes qu?lifiees de "tresor culture! vivant". Comme Ia ramie ne se conserve pas dans un environnement sec et froid, les ateliers s'installent a un niveau entre le rez-de-chaussee et le sous-sol. On obtient -les fibres de ramie comme suivant: on mache l'extremite de l'ecorce avant de Ia decouper finement en longueur pour avoir des fibres ayant l'epaisseur d'un cheveu. Ensuite, on les retord avec leurs extremites enroulees autour des genoux. Pour le tissu de ramie le plus fin, large de 31 em, Ia lice consiste en 900 fibres de deux fils. Environ 20 tisseurs chevronnes produisent une telle ramie fine dans Ia region d'Hansan. Un marche traitant exclusivement Ia ramie s'ouvre tous les 5 jours a Hansan, et sur 200 rouleaux de tissus de ramie generalement mis sur le marche, seulement a peu pres deux sont de cette qualite. Lorsque leurs dents s'emoussent avec !'age, les tisseurs sont obliges de decouper l'ecorce seulement avec leurs ongles. Alors les fibres ainsi obtenues ne sont pas a Ia hauteur de Ia reputation de Ia ramie de Hansan. Car c'est Ia finesse du tissu qui rend si celebre le Hansan moshi.

La ramie qui redevient neuve et frakhe apres avo ir ete lavee, amidonnee et repassee, peut durer plus de 30 ans, a condition que !'on ne !'expose pas au froid qui risque de l'ablmer. Par contre, Ia ramie importee de Chine est faite de fibres d'un seul fil et ses fibres ne sont pas douces. La ramie chinoise semble etre vieille seulement apres une saison d'usage. Ces derniers jours, le Hansan moshi a commence a attirer ['attention du monde de Ia mode internationale. Malheureusement, Ia production de tissus aussi fins que les ailes de Ia cigale est tres limitee, en raison des conditions tres dures de travail. Car il faut se servir des dents, et les tisseurs sont tres souvent victimes d'arthrite du fait de l'humidite de leur atelier. En outre , toutes les tentatives pour mecaniser sa production ont ete sans succes. Dans Ia region, on disait, "La ramie n'approuve pas Ia machine".

(de haut en bas et de gauche a droite) Fibres de coton nature}, echeveaux de coton,rouleaux de tissu decoton, No Chin-nam tissant des vetements de coton sur son vieux metier a tisser. Trame hansan d'un metier a tisser (d-dessus). 33


Une femme vetue d'un hanbok de ramie 34


Tissage du chanvre aAndong Le chanvre est un autre tissu qui defie les efforts pour mecaniser sa production, et sa methode de production est restee plus ou moins Ia meme depuis l'aube de Ia civilisation. Plus lourd mais plus facile a produire, on en fait des manteaux traditionnels pour homme ou des linceuls. Le chanvre est egalement tres cote pour les vetements d'ete, car il est moins cher que Ia ramie. Andong, dans Ia province du Ky6ngsang-Nord, est un ¡endroit a ne pa~ manquer de visiter, car on peut y voir non seulement comment on y tisse le chartvre, mais aussi les gens de Ia region qui portent les vetements de chanvre avec gout et fierte. La vieille dame Pae Pun- yong, du village Kumso-dong d'Andong, qualifiee de "bien culture! vivant" de Ia province du Ky6ngsangNord, a appris le tissage depuis sa plus tendre enfance. A l'epoque ou il n'y avait pas d'ecoles pour filles ni d'usines en province, aussi, il etait nature! pour une fille rurale de tisser chez elle. Pae Pun-yong travaille au metier a tisser que son mari lui avait fabrique il y a 50 ans. On y a ajoute quelques ajustements pour !'adapter aux fibres d'aujourd'hui qui sont plus epaisses et lourdes. Mais, le travail manuel n'a pas beaucoup change. Elle tisse en se servant de cinq peignes alternativement. C'est le peigne qui decide de Ia finesse du chanvre. Dans le passe, certains tissus de chanvre etaient tisses si fins qu'un rouleau tout entier de ceux-ci pouvait entrer dans un bol. Aujourd'hui, on ne rencontre pas de tels produits, car il faut des fibres speciales et une technique "demoniaque" pour les tisser. Mme Pae et sa belle-fille font tout le travail elles-memes: semer les graines au printemps, (ecolter les chanvres, rouir leurs tiges, ~n l evr leurs ecorces, laver, amidonner et finalement filer au metier a tisser. Elles tissent environ 10 rouleaux par an pour les vendre au marche d'Andong qui se tient tous les cinq jours,

ou au Centre d'exposition de chanvre qui a ete recemment ouvert. En 1992, j'ai surpris une conversation entre de vieilles vendeuses de pois au vii-

!age Kumsodong. Elles deploraient que les filles d'aujourd'hui ne savaient pas du tout coudre le top'o (manteau traditionnel) de leur futur beau-pere et les faisaient faire par les tailleurs professionnels. Les manteaux et les robes de chanvre des beaux-parents constituent encore une part importante du trousseau de Ia mariee, car ces tissus peuvent servir plus tard a d'autres usages. Les villageois aiment a parler encore des 17 membres ames du village qui sont alles voir !'inauguration du Village folklorique d'Andong en 1992, tous habilles d'un manteau traditionnel de chanvre tout neuf. ]e peux vivement decrire Ia scene comme si j'y etais, ces vieilles dames marchant sur les talons de leurs maris qui assistaient a divers.es ceremonies. Ils etaient tous contents de s'offrir des vetements de chanvre tous neufs.

(enhaut),et tissantun vetementde chanvre ( ci-dessus); Bobines de chanvre pour le tissage (a droite)

Scene de village a Andong, il y a une vingtaine d'annees 35


pour des pirates japonais. Pendant tout ce temps, Ch'oe n'a pas enleve son vetement de deuil mis lorsqu'il avait appris !a mort de son pere. Bien que Ch'oe ne parlait pas un mot de Chinois, il pouvait communiquer avec les indigenes grace a l'ecriture comme tous les Careens eduques de ce temps qui comprenaient et ecrivaient les caracteres chino is. Les officiels chinois se sont montres tres impressionnes par !a bonne maniere, le comportement et !'erudition de Ch'oe, en particulier par ses connaissances des rites familiaux et !a maniere suivant laquelle illes respectait. Ainsi, l'empereur Ming decida de lui remettre un cadeau en reconnaissance de ses qualites. Un des serviteurs de Ch'oe fut envoye .au palais pour recevoir ce cadeau car Ch'oe devait etre en deuil. Cependant, Ch'oe pensait qu'il devait remercier l'empereur pour son geste mais les etiquettes du palais ne lui permettaient pas de se presenter en costume de deuil. II dut expliquer aux officiels chinois sa profonde pensee sur !a piete filiale qui ne lui permettait pas en periode de deuil d'enlever son vetement. Finalement, il fut decide qu'il mettrait un vetement de cour dans le palais et qu'il remettrait son vetement de deui! apres avoir ete rer;:u par l'empereur. Cette anecdote de Ch'oe Pu dans P'yahaerok (Naufrage dans !a mer) montre bien !'attitude sans equivoques et inflexible vis-a-vis du sangbak pendant !a periode Chason. La controverse autour du vetement de deuil a ete soulevee egalement lors du deces du roi Hyojong (1649-59). Alors que !a reine douairiere Cho pleurait !a mort de son mari, son second fils, le roi Injo, est monte sur le tr6ne a !a mort soudaine de son frere aine, le prince Sohyon. La reine a pleure pendant trois ans pour !a mort de son fils comme il etait coutume dans !a tradition confucianiste. A ce moment-la, un debat vif entre les factions Soin (le parti de

Le vetement de deuil, ala base du confucianisme Le sangbak, ou vetement de deuil, dont !a forme representait les principes confucianistes bases sur !a piete filiale pendant 1<~ periode de !a dynastie Chason du temps ou les intellectuels respectaient le Ch uja karye, Ies rites familiaux de Zhu Xi, comme !a regie d'or de vie. Meme aujourd'hui, le sangbak reste le vet~n qui a garde le plus intact ses !ignes d'autrefois parmi tous les costumes careens. Les histoires suivantes prouvent com-

bien !a piete filiale du confucianisme dominait !a vie du peuple de Chason. En 1488, Ch'oe Pu (1454-1504), un officiel affecte a l'ile Cheju, etait en train de se diriger en bateau vers son pays natal pour assister aux obseques de son pere quand celui-ci fut emporte par une tempete. Apres avoir fait naufrage pendant 15 jours dans !a mer Jaune, ils furent rejetes sur !a cote de Chine ou Ch'oe et ses membres d'equipage furent captures par !a population locale qui les avait pris

Yi Ku, le fils du dernier prince royal du royaume de Chosi5n aux funerailles de la reine Yun en 1966. 36


!'Ouest) auquel Song Shi-yol, qui avait insiste pour que Ia reine porte le deuil pendant un an car le roi etait son second fils, appartenait, et le parti du Sud, Ia faction Namin, dirige par Yun Hyu et Ho Mok, qui pr6naient une periode de deuil de trois ans car le second fils a vait accede au trone a Ia place de son frere alne. Finalement, les Soin l'emporterent dans cette dispute qui etait seulement le commencement d'une longue contraverse. Cette divergence d'opinion sur le ¡' Sangbak est due aux differentes inter, pretations des coutumes confucianistes par les deux factions mais ceci reflete egalement un conflit politique qui autrefois opposait deja les fideles du prince heritier Sohyon a ceux du roi Hyojong sur Ia politique diplomatique envers Ia Chine. De plus, !'opposition de Yun Son-do qui fut le maitre de Hyojong quand il

Un rite en memoire du savant neo-confucianiste Yi Hwang

etait encore prince, ne fit que ranimer Ia controverse, en faisant remarquer qu'une "annee de deuil serait un acte d'irrespect envers le roi et par consequent affaiblirait Ia dynastie". Ainsi le port du sangbak a tout de suite pris un caractere politique. Par Ia suite Yun Son-do fut expulse du royaume mais cette dispute avait commence a prendre de ]'envergure. Les confucianistes du pays ont envoye des lettres a Ia cour apportant leur soutien a une faction particuliere. L'incident s'est aggrave lorsque Ia reine de Hyojong deceda en 1674. Encore une fois, les deux factions se disputerent sur Ia question de savoir si oui ou non Ia reine douairiere devait porter le deuil pour Ia periode correspondant a Ia premiere belle-fille ou Ia deuxieme belle-fille. Cette fois-ci, les Namin finirent par l'emporter, ce qui leur permit d'acceder au pouvoir. Ceci a montre que Ia theorie rituelle qui avait etabli les

aAndong

procedures de deuil a l'epoque du roi Hyojong etaient fausses et que les annales du roi avaient dO etre reecrites. La dispute sur le port de sangbak de Ia reine Cho a dure pendant 15 ans. Recemment, Yi Ku, le fils de Yongwang, le dernier prince heritier de Ia dynastie Chason, a porte un sangbak appele Ch'amch'aebak, le plus pesant et le plus complique des vetements, loi:s du deces de Ia reine Yun en 1966, celui de son pere en 1970, et celui de sa mere en 1989. Ce costume etait du meme style que celui porte par Sunjong, le dernier roi de Ia dynastie Chason, lors des obseques de son pere le roi Kojong. Ce sangbak garde pendant des annees, meme apres Ia chute du royaume, est un autre symbole de signe de respect pour les costumes traditionnels careens. Tout ceci nous permet de ~ter le pur sur les coutumes de Ia Coree 37


La teinture a!'indigo de Naju

ete transformes en rizieres depuis longtemps et il etait tres difficile de re-

reduction, !'indigo se precipite au fond du pot et se coagule. On enleve Ia gelee d'indigo et on Ia met dans un autre pot pour Ia diluer avec de l'eau melangee a des cendres de bois. On conserve le pot dans une chambre pendant que Ia solution murit en teinture.

trouver des graines d'indigo. En novembre 1992, je suis aile voir le Si fai choisi le mois de novembre pour teinturier Yun Pyong-un, dans Ia region cette visite, c'etait parce que M. Yun La production de Ia teinture d'indigo Naju du Cholla du Sud Installee au milieu attendait cette saison, ou il fait froid et ou il suit le processus suivant: on coupe des d'un champ de roseaux argentes, sa maison, pouvait se procurer facilement des cendres plantes d'indigo tot le matin, avant que le avec un toit couvert de tuiles bleues et des solei! ne seche Ia rosee du matin. Ensuite, du feu de chauffage. II faut attendre kakis oranges suspendus au-dessus, offrait longtemps que Ia solution murisse en teinon les conserve dans un pot pour les renune scene fascinante. Sa porte bleue m'a ture apres !'addition des cendres. Le pot verser exactement 24 heures apres. On rappele encore une fois que sa proprietai.re devait toujours etre couvert et protege. A brule, sur un fagot de bois, les coquilles etait un specialiste de teinture a!'indigo. rna grande surprise, je fus admis chez lui d'huitre, couvertes d'une natte, pour Teindre en bleu fonce les fils et les avec tout le decorum et le faste propres a ensuite les pulveriser, et les passer au etoffes avec l'extrait de "tchok', Ia plante un visiteur d'un patriarche de clan. tamis. Finalem~ on les met dans le pot d'indigo, faisait partie de Ia vie quotidienne ou sont conservees les plantes d'indigo. "Les jupes bleues et les couvertures avant !'introduction du processus chimique bleues composaient toujours un trousseau le jus synthetique invente en 1897 en Allemagne. Lorsqu'on remue le contenu du po~ d'indigo change de couleur, d'abord du avant Ia guerre de Coree", se rappelle Yun. Ces dernieres annees, pourtant, seuls une jaune au jade, et ensuite du vert au bleu. A ''Vous ne pouviez bien marier votre fille poignee d'experts s'efforcent de raviver Ia sans avon¡ du tchok pour le teindre. C'etait methode traditionnelle de teinture a Ia fin de ce processus d'oxydationseulement pour Ia soie, le lin, le !'indigo. ramie et le chanvre. Mon pere La region en aval du fleuve avait !'habitude de conserver quarYongsan, dans Ia province du ante pots et teignit une centaine Cholla du Sud, sur Ia cote sudde jupes. On repetait le processus ouest de Ia peninsule, fut le huit fois ou dix fois pour obtenii¡ dernier foyer de Ia teinture a une coloration plus foncee. Moi, !'indigo. Avant Ia guerre de fai teint pour plus de quatre cents Coree, celle-ci y avait prospere personnes provenant des quatre grace a sa terre fettile et un elicoins du pays depuis que j'ai mat doux et ensoleille, condirepris l'affaii¡e." tions ideales pour Ia culture d'indigo. Par ailleurs, Ia region abondait en coquilles d'huitre qui La teinture a !'indigo n'a pas servent d'agent oxydant Autreete reconnue comme une tradifois, presque tous les foyers du tion culturelle, ce qui Ia dessert village de y ongsanp'o s'engacar elle manque .de subvengeaient dans Ia production de Ia tion pour conserver cet art teinture d'indigo et Ia teinture de dans le futur. Han Kwang-sok, un tissus se developpait a Naju, Ia ville avoisinante. autre teinturier en exerciLe grand-pere et le pere de M. ce a Polgyo, dans Ia Yun Pyong-un etaient teinturiers, province de Cholla du et au moment de Ia guerre de Sud, marmonne: "les Coree, .il avait lui-meme comgens qui viennent mence. a les aider. Son expepour Ia teinture a rience de l'epoque !'aida beau!'indigo sont aussi coup a pattir du moment ou i1 rares que !'apparidecida, en 1983, de raviver ce vieil Le teinturier Yun Pyong-un montrant quelques etoffes tion de dragons art Les champs d'indigo avaient teintes a l'indigo dans les reves". 38


dhiste en gris traditionnel, son pardessus. Ses chaussures en caoutchouc blanc ou de neige, sa casquette en laine, et son baton representaient toute sa garde-robe. Le costume de ceremonie kasa qui se porte au-dessus de changsam lors des services religieux bouddhistes et des occasions officielles daterait du temps de Sakyamuni ll est mis sur l'epaule gauche descendant sur le corps, et s'entoure autour du bras, son bout est po1te par la main.

ce1taine consistance et un rythme dans leur attitude Cepnda~ ce que ~ souhaiterais deaire, c'est le pardessus use qui a ete raccommode a maintes reprises avec de petites pieces de tissus. Selon ses fideles, ce pardessus qui a ete porte a plusieurs occasions poW' les plises de photo du livre Poyongjip doit avoir plus de 40 ans. Le contraste reflete entre son pardessus use et ses yeux clairs et brillants inspire certainement une admiration singuliere Cepnda~ il apparait aussi tranquille que l'eau lorsqu'il medite dans ce costume Que son vetement soit use ou non, sa dignite supreme refletee dans la photo semblait envahir et toucher au fond de leur CoeW' ses eleves a travers les valeurs inculquees lorsqu'il leur apprenait a mediter. Sur une autre page du livre, la photo mont:re de nouveau le moine dans le meme costume use, meditant autour des multiples flems rouges dans un coin de la com qui sent la fraicheur des genets. Peut.etre les pieces de tissus sur le pardessus de S6ngch61 refletent-elles des marques spirituelles profondes? Dans certaines photographies, toujours dans le meme costume, il se promene sur des sentiers de montagne On sent une 'ambiance mysterieuse et unique au sanctuaire bouddhiste Le costume use et dechire en coton semble etre propre aux moines bouddhistes. Lorsque fai interviewe le 1noine Chongnim, qui dirigeait l'informatisation du "Koreana TripiLedefuntmoinebouddhisteSOngchol taka", au temple Hae-in, je ne pouvais m'empecher de rema.t·Les moines respectent la regie stJ.icte du quer le col et les manches de sa veste giise po1t de ce costume lorsqu'ils le mettent ou austere toute usee collees par des rubans l'enlevent et le gardent soigneusement Une adhesifs. La veste en coton semblait de~ peu des premieres regles que les moines apprenchaude ala fin de la saison d'ete dans la monnent est les dema.t·ches asuivre lorsqu'ils portagne tent le kasa. Les moines en kasa O'eent une S6ngch61 n'a presque 1ien laisse lorsqu'il est ambiance solennelle lors des ceremonies molt si ce n'est quelques vetements uses et bouddhistes. D'apres ce1tains, cela etablit une quelques paires de chaussettes. +

Le costume bouddhiste Le feu venerable S6ngch61 (1911-1993) qui vecut retire dans les vallees du temple de Haein etait le symbole meme du bouddhisme coreen Son existence d'ascete vivant dans une austelite absolue a eu une grande influence sur toutes les personnes qui l'ont rencontre La collection de photographies de S6ngch61 prises entre 1986 et 1988 lorsqu'il est devenu moine, reflete bien la vie d'un homme venerable. Dans la preface du livre P'oyongjip publie en 1988, le photographe Chu Myung-dok a ecrit qu'il voulait focaliser !'image de la nature propre du moine dont l'ascetisme inspire l'espoir et la foi "Selon une approche modeme, on a·oit en general qu'un religieux une fois ordonne doit connaltre la souffrance et la politique de la vie, mais ~ ne crois pas qu'on puisse toupurs beneficier d'une aide au moment ou !'on en a besoin, et il n'existe pas vrairnent de rapport qui puisse lier une personne a une autre''. Ces phrases proviennent de la collection des photographies nommee d'apres son pseudonyme Poyong qui signifie "bulle''.

Cepnda~ S6ngch61 ne fut pas toujours un ermite qui ·· vecut dans le silence Son a.tgument sur le Zen a suscite une des plus vives cont.roverses sur le su~t ll a Oiiente ses eleves dans la direction de la meditation en ne cessant de les replimander. La personnalite de S6ngch61 se reflete dans ses vetements teints en encre gris fonce, comme la robe changsam, et ceux teints en brun, comme la robe de ceremonie kasa, et egalement son pantalon bouffant boud-

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Modernisation du Kum Ki-sook

Professeur d'Art Textile a l'Universite de Hongik

ntegrer Ia beaute de !'art et de Ia culture traditionnels careens a Ia vie et a l'esthetique moderne est Ia tache a laquelle doivent s'atteler tous les artistes careens. Cette double tache de preserver et de moderniser !'art et Ia culture traditionnels, semble a premiere vue problematique. Mais ces deux taches montrent l'avenir de l'esthetique coreenne. Poursuivant ces objectifs, les couturiers careens ont integre de fac;: on active les !ignes et les couleurs du hanbok, le costume national coreen, au style moderne, creant des vetements au caractere typiquement coreen. ¡ Les modes vestimentaires ainsi que Ia sensibilite des gens changent d'une generation a !'autre, voire meme d'une annee sur !'autre. La beaute des motifs et des dessins traditionnels, qui, Ia plupart du temps, a ete ignoree a l'heure de Ia modernisation, est de nouveau appreciee en Coree aujourd'hui. Bien que davantage de tissus et de couleurs soient utilises, le hanbok d'aujourd'hui reste fidele au modele de base avec seulement de legeres variations pour s'adapter au style et au gout modernes. Les personnes aux gouts plus classiques continuent a porter un hanbok d'un style traditionnel. L'un des mode!es les plus elegants et les plus classiques est une variation autour d'une tenue composee d'un ch6gori bleu clair et d'un ch'ima indigo. Cette cpmbinaison de couleur, traditionnellement portee par les femme s mariees, etait un des ensembles favoris des femmes ordinaires et nobles de !'ancien temps. Compose d'un bolero

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Hanbok traditionnel,par RheeLi-sa

Les stylistes careens integrent les lignes et les couleurs du hanbok, costume national careen,

a

leurs creations, ce qui leur donne un caractere unique tres careen.

court porte sur une jupe bouffante, ce vetement a de Ia fantaisie et une silhouette qui rappelle les robes occidentales a jupons. Les couleurs utilisees sont le bleu de jade, le bleu mauve et !'or. La coupe arrondie des manches et les pans frontaux du ch6gori sont d'autant plus visibles qu'ils contrastent avec Ia couleur indigo de Ia jupe. L'une des plus belles caracteristiques du ch6gori est le ruban noue appele korum. A en juger par sa longueur exageree, le korum n'a pas ete conc;:u uniquement pour nouer mais aussi pour embellir Ia robe. Les ornements a Ia feuille d'or sur le korum sont egalement une fac;: on d'attirer l'oeil. Le korum a souvent une couleur qui complete celle du ch6gori rendant ainsi le vetement plus attrayant. La simplicite du tissu souligne, en principe, la silhouette de Ia femme et Ia coupe de Ia robe. Elle donne egalement de l'espace pour l'ornementation. Des plis au niveau superieur de Ia jupe creent un effet d'ondulation a Ia lumiere. Sans ces details, Ia robe serait trop banale. Les fleurs d'or dessinees sur le col, le korum, les manchettes et l'ourlet donnent une unite au vetement. Le costume d'ete qui comporte des noeuds a Ia place des boutons est une version moderne. La broderie sur les manches, le revers et l'ourlet apportent elegance et noblesse. Le contraste des couleurs accentue Ia beaute des courbes des manches et des revers. Et !'utilisation de noeuds a Ia place du korum supprime !'idee de longueur et augmente la simplicite et le raffinement du vetement. La caracteristique du costume tradi-


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costume coreen tionnel coreen Ia plus frequemment utilisee dans Ia haute couture moderne est ses courbes, specialement les arrondis des revers et des manches du chogori. Dans les annees 1980, des versions modernes du ch6gori et du paji (pantalon) onf ete portees par des gens qui appreciaient Ia liberte de mouvement offerte par le vetement. Les tissus en ramie et en chanvre noirs et blancs, et les trois couleurs primaires sont habituellement utilises pour l'hiver. Le motif de Ia pivoine ornant souvent les vetements de mariage se voit egalement dans les ensembles de style occidental comme le sont les dessins de fenetre' en saillie et en tuiles. Les accessoires traditionnels careens tels que le norigae, pendentif porte sur le korum et le pinyo, epingle a chignon, ont egalement ete adaptes aIa mode occidentale. Le "molletonnage vertical" est une caracteristique de Ia robe coreenne dont raffolent de nombreux couturiers. La veste en coton molletonne de Lee ShinWoo (Yi Sin-u) est un modele plein de finesse et d'elegance. Cette veste illustre superbement Ia simplicite, !'essence meme du vetement traditionnel coreen. L'esthetique traditionnelle coreenne fait de !'absence de decoration une decoration, et de !'absence d'art un art. Lee ShinWoo merite aussi des e!oges pour avoir cree divers tissus imprimes, utilise des tons pastels qui rappellent Ia couleur du ciel de Coree et des motifs de fresques de Ia dynastie Koguryo pour exprimer des sentiments typiquement careens. Sol Yoon-Hyong (Sol Yun-hy6ng) est un autre styliste moderne qui utilise des elements telle que Ia combinaison des

Vestemolletonnee,par Icinoo 41


Ensemble compose d'une veste et d'une jupe, par Icinoo (au-dessus); Robe patchwork, par Sol Yoon-hyong(a droite)

couleurs du chale en patchwork appele pojagi et de bandes aux couleurs de l'arcen-ciel appele saekdong. Un des ses travaux, une robe, comporte les motifs et les combinaisons de couleurs des bo!tes en papier traditionnelles. Malgre !'utilisation de couleurs et de motifs classiques, !'addition de plastique sur Ia jupe et le bolero sans manches donne un aspect moderne. Portee de travers avec nonchalance, Ia casquette multicolore qui imite le chokturi traditionnel, apporte une note d'humour. Par ailleurs, l'harmonie des couleurs primaires donne aux elements con<;:us par Chin Tae-Ok (Chin T'ae-ok), une intensite de joie. L'usage du rouge, de !'indigo, du vert et de l'ecarlate sur un fond jaune rappelle le costume traditionnel de Ia mariee coreenoe. La triple epaisseur et Ia coupe droite donne un aspect sophistique comme le font les !ignes geometriques de Ia bande rouge sur le bord de l'ourlet de Ia jupe. 42


Robe et veste, parChin Tae-ok(ci-dessus); Vesteet pantalon, par Lee Young-hee (a gauche)

Lee Young-Hee (Yi Yong-hUi) est une styliste de mode qui remet a jour le costume traditionnel tout en le respectant. La veste et le pantalon qu'elle a crees pour Ia collection automne/hiver 1994-1995 associe harmonieusement l'esthetique orientale et occidentale. La veste rappelle le paeja traditionnel et se porte sur un pull a col roule. Les jambes du pantalon en soie sont imprimees avec un dessin de phenix. Ces e!eriients heterogenes ont ete reunis pour creer une apparence originale qui attire ]'attention des cercles de mode parisiens. La modernisation de Ia beaute traditionnelle coreenne n'est pas un devoir pour les seuls couturiers mais pour tous nos contemporains. Comprendre l'esthetique du costume coreen et participer a sa modernisation est une maniere de faire conna!tre au monde Ia culture coreenne. + 43


SOkChu-sOn

une vie consacree ala conservation des vetements traditionnels Kim Young-uk Redacteur en chef adjoint de KOREANA

ncore active dans !a recherche et l'enseignement malgre son age avance de plus de quatre-vingts ans, Mme Sok Chu-son (SOk Chuson) est une pionniere dans !'etude des vetements traditionnels coreens: elle a . consacre sa vie a collectionner des habits traditionnels et aenseigner en vue d'etablir une theorie sur !a vie vestimentaire des Coreens. Unanimement reconnue comme autorite incontestable dans ce domaine, ses journees sont encore tres chargees. Lorsque nous lui avons rendu visite ason bureau, au Musee des Vetements Traditionnels a Seoul, sa table de travail etait couverte de vestes et de sousvetements feminins colores, soigneusement ouatines, datant des annees 1920 i 1950. Mme Sok redonne vie aux vetements qu'elle acquiert: elle les lave et repare soigneusement pour ensuite les cataloguer. C'est comme si elle leur donnait une identite. Mme SOk qui a passe chaque minute de son existence au travail, s'adonne ces derniers temps a une nouvelle occupation: apprendre a maltriser l'ordinateur. Malgre son age avance, elle ne cesse de faire des recherches et d'ecrire. ')e n'ai jamais passe une journee au lit Meme avec une fievre de 40"C, je suis toujours restee assise en cousant de petites choses. Car favais peur de ne pas pouvoir me relever si je me mettais au lit", affirme-t-elle. Elegante dans un hanbok qu'elle a cousu el!e-meme, Mme Sok se desole de voir !a tradition et !'esprit de nos ancetres disparaltre petit a petit. Autrefois, les femmes ne jetaient pas un morceau d'etoffe qui restait apres !a confection des

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Reconnue de far;on incontestee comme "la" specialiste de l'histoire du vetement careen, Mme. S:5k Chu-Ei5n est toupurs

tres active maJgre EOn grand age; IPpertoriant et reparant les mstumes qui echouent dans son bw-eau, leur redonnant vie.

vetements. Elles en faisaient de jolies couvertures-patchwork de table ou des vetements appelees pojagi Quant a Mme Sok, elle a encore !'habitude de se servir du fil deja utilise lorsqu'elle remplace le col en papier de !a veste de son hanbok En fait, chez elle, on ne produit guere de dechets. I! est fascinant de l'ecouter parler de sa collection et ses recherches. On dirait qu'elle a developpe une philosophie personnelle a travers son travail. Mme SOk est nee en 1911, au debut de l'epoque coloniale japonaise, dans une famille assez aisee pour que ses parents aient pu envoyer au Japon leurs quatre enfants faire des etudes. Elle est leur unique fille. Au Japon, elle frequenta une ecole de couture. Apres avoir brillamment fini ses etudes, elle rentra chez elle, au moment de !a liberation de !a patrie. Ses parents etaient deja moi1S al'epoque. Seoul apres !a liberation etait dans un chaos .total, mais heureusement, elle put travailler dans !a division de l'artisanat du Musee National des Sciences ou travaillait son frere alne Sok Chu-myong (Sok Chumyong), eminent entomologiste, specialise dans !'etude des papillons. Ressentant !a necessite de rehdre plus scientifique !a vie vestimentaire des Coreens, elle tenta alors de standardiser les tailles de leurs vetements. A cette epoque, les Coreens commen\=aient a porter des vetements de style occidental, mais ignoraient tout de !a culture occidentale dans ce domaine. Des cale \=ons larges avec d'une bande de caoutchouc passee a !a taille servaient de pantalons aux petits gamins. On faisaient aux enfants des vetements si larges que, lorsqu'ils avaient grandi assez pour y en-


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trer correctement, h~tofe en etait completement rapee. Pour sortir de ce cercle vicieux, elle donna des cours gratuits aux menageres sur les techniques de couture occidentale. L'enseignement n'etait pas facile, mais elle s'y appliqua avec enthousiasme. Mais bientot Ia guerre de Coree eclata pour plonger le pays dans une detresse extreme. Pourtant Mme SOk ne desespera pas: 'Je dois travailler'', se dit-elle. ')'ai une technique, alors je dois m'en servir." Elle commenya afaire des vetements avec des provisions de secours et fini par pouvoir ouvrir un atelier de couture en six mois. A Ia suite de Ia ¡guerre de Coree, elle fut invitee au Musee National des Sciences, vu son experience, pour enseigner a Ia Faculte feminine de Sudo, actuelle universite Sejong. Elle y enseigna pendant plus d'une decennie avant de passer a l'Universite feminine de Dongdok, ou elle donna des cours pendant plus de 20 ans. Tout en travaillant comme professeur, elle commenya a collecter des vetements

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Le Professeur SOk a commence a reunir des pieces anciennes quand elle realisa que l'on ne pouvait pas comprendre le vetement traditionnel

a partir

des livres seuls.

Le Musee folklorique de Mme Sok sur le campus de l'Universite Danguk (ci-dessous); (ii droite) Mannequin de l'une des galeries du musee, presentation de couronnes ornementales et detail d'une tunique portee par la princesse Tok-on

traditionnels. C'etait pour pouvoir donner des preuves aux informations qu'elle trouvait dans des archives anciennes et pour permettre ases etudiants de travailler avec du concret. II n'etait pas facile de reunir des vetements anciens avec son maigre salaire de professeur. Elle dut economiser sur sa nourriture et ses vetements, mais Ia collection fut pour elle une grande source de plaisir. Pourtant les gens ne Ia comprenaient pas toujours. Certains parmi son entourage plaignaient Mme Sok qui menait une vie de privation pour une activite dont ils ne voyaient pas Ia valeur. Des objets artisanaux et des antiquites comme des pieces de ceramique ou de calligraphie font !'objet de collections depuis longtemps, mais ce n'est que dans les annees 1950, qu'on a commence a reconnaitre Ia valeur des habits anciens. Le plus souvent sales et difficiles a conserver, les vetements traditionnels n'etait pas cotes aupres des collectionneurs. Mme SOk s'etait dej:l procuree environs 50 pieces au moment de Ia guerre de


Coree, mais elle les a toutes perdues pendant le contlit Elle dOt tout recommencer et en 1975, sa collection pouvait compter une grande quantite de pieces de valeur. Certaines lui ont ete offertes par ses voisins ou connaissances, mais beaucoup ont ete denichees par elle-meme en fouillant litteralement toutes les boutiques du quartier d'antiquites Insadong a seoul et en parc9urant le pays dans tousles sens. Si elle a commence sa collection, c'est parce qu'elle s'etait rendu compte que, seule, Ia lecture d'archives anciennes ne permettait pas de comprendre Ia vie vestimentaire de ses ancetres. n fallait de vrais vetements capables de servir de preuves concretes pour prouver Ia veracite de ces documents. En 1971, ses disciples ont publie un recueil de ses ecrits intitule L'etude de Ja culture folklorique, a !'occasion de son 60e anniversaire. A cette occasion, Mme SOk a publie elle aussi un livre, intitule L'histoire des vetements careens, son ouvrage principal, fruit de vingt annees de recherches. Recevoir le grand prix du concours organise par le quotidien Ky6ngyang pour ce livre, l'a .beaucoup encouragee lui permettant de renouveler sa confiance en elle. L'histoire des vetements careens a ete ecrite avec toute son energie. Malgre ses journees chargees, elle allait tous les jours a Ia bibliotheque, apres ses cours, pour y rester jusqu'a l'heure de Ia fermeture, se creusant Ia tete a lire des archives anciennes ecrites en caracteres chinois. II lui fallait plusieurs jours pour trouver les pages dont elle avait besoin. Apres le choix des textes, elle allait voir un professeur de chinois qui l'aidait a dechiffrer les passages difficiles. Ensuite, elle comparait le resultat de ['analyse des textes avec les vetements qu'elle avait collectionnes. L'histoire des vEtements careens • est le fruit de ses recherches acharnees. 'J'ai investi corps et arne dans cet ouvrage. On dit qu'il faut 23 ans pour elever un enfant J'eprouve le meme sentiment a l'egard de ce livre", declare-t-elle. Entre-tern ps, elle n'a pas neglige d'enrichir sa collection. Les vieux vetements etant extremement fragiles, des qu'elle reperait un accroc, elle s'effon;:ait de 47


se procurer une piece tout de suite pour le raccommoder immediatement. Sinon, ces derniers risquaient de disparaitre pour toujours. Collecter des vetements anciens n'etait pas du tout une activite facile, mais elle s'est, a plusieurs occasions, sentie recompensee par Ia decouverte de pieces de valeur, dont celles d'une collection impressionnante de robes et d'autres effets personnels de Ia princesse T6kon, troisieme fille du roi Sunjo, dernier monarque du royaume de Chos6n. Son elegante robe de ceremonie a ete designee "tresor numero 1" des objets culturels folkloriques. Bien que Ia valeur des documents anciens. soit incontestable, on ne saura nier l'im portance de !'existence de vrais vetements dans !'etude des habits traditionnels. Or, il a fallu du temps et des efforts enormes pour restituer a un morceau de vieux vetement sa forme originale. Apres 48

les cours et les recherches a Ia bibliotheque, apres 10 heures du soir, Mme S6k ¡trouvait encore le temps de raccommoder les vieux vetements. Ces derniers etaient tous tres sales sans exceptions. Alors elle devait d'abord en 6ter Ia poussiere et les taches, pour ensuite les laver, les raccommoder et les repasser. Elle passait aussi des heures a astiquer les accessoires comme les epingles a cheveux en argent, en bronze ou en cuivre. Elle passait d'innombrables nuits a travailler ainsi jusqu'a l'aube. Ecoutant de Ia musique a Ia radio, elle ne se rendait pas compte combien le temps passait, absorbee completement dans son travail. Apres de telles nuits de travail, le lendemain, elle poursuivait ses taches quotidiennes sans aucune difficulte. Tout cela n'aurait pas ete possible sans sa bonne sante. Apres avoir redonne aux vetements et

aux accessoires leur etat original dans Ia mesure du possible, Mme S6k les catalogue soigneusement et les photographie. Ensuite elle met chaque piece dans un sac plastique pour les garder dans une boite faite en bois de paulownia. Le paulownia est resistant aux insectes et a l'humidite. Une fois ces vieux objets bien arranges, il est ensuite capital de surveiller rigoureusement l'etat de Ia chambre de conservation, car il faut toujours y maintenir les memes degres de chaleur et d'humidite. 'jai consacre toute rna vie a !'etude des vetements careens. Ma collection s'est enrichie considerablement et je suis arrivee a l'etape finale de rna vie. Certains ont dit que rna collection valait quelques milliards de wons. Meme les journaux en ont parle. Et il faut dire que je n'aurais jamais pu resister a toutes les offres qu'on m'a faites, si je m'etais interessee a ]'argent. Mais fai protege rna collection comme si elle faisait partie de mon corps", a-t-elle declare. A !'approche de !'age de Ia retraite, elle a dG penser serieusement a l'avenir de sa collection. En 1976, elle a pris sa retraite a l'universite feminine Dong-d6k. Elle a ensuite ete invitee a l'universite Danguk dont le president etait Chang Chung-shik (Chang Ch'ung-sik), professeur d'histoire. En juillet de cette annee-Ia, un comite fut cree avec comme president le celebre linguiste Yi Hui-sung (Yi Hui-sung), en vue de !'elaboration d'un musee folklorique pour rendre hommage a ]'oeuvre de Mme S6k et elle a ete nommee directrice d'un institut folklorique mis sur pied pour s'occuper de Ia preparation de ce musee. La construction a col}1mence en novembre 1980 et le musee a ete inaugure le 2 mai 1981. Dans le cadre des travaux de preparation de !'inauguration du musee, ont ete publies le catalogue du nouveau musee (1978), ouvrage sur les emblemes brodes attaches sur les habits officiels des fonctionnaires de Ia cour (1979) et un autre ouvrage sur les accessoires (1980). Le musee construit sur trois etages sur le campus de Seoul de l'universite Danguk couvre une surface totale de 2600 m'. Au rez-de-chaussee, sont exposes les habits de


tous les jours des gens du commun et au premier etage, des robes et des accessoires anciens datant de Ia royaute de Chos6n, des uniformes officiels civils et militaires et des effets personnels de l'empereur Kojong et de son pere Hungs6n Taew6ngun. Les vetements sont exposes en fonction du rang, en partant de ceux de Ia famille royale, jusqu'a ceux des demoiselles d ' hon~eur de Ia cour, en passant par ceux des ministres. Une salle de conference, une bibliotheque, des locaux pour Ia conservation des vetements et des objets artisanaux, et un atelier ont ete egalement amenages. Aujourd'hui le musee abrite environs 8.000 articles, soit ¡plus du double de ceux prepares lors de son ouverture. Parmi eux environ 800 articles sont exposes en permanence. "Si je regarde en arriere, je suis obligee de reconna!tre que c'est vraiment grace a mes parents que fai pu avon¡ une enfance heureuse. Pourtant une fois adulte, fai dO moi-meme exploiter rna vie. C'est Ia foi en Ia verite qui m'a guidee et soutenue. Aujourd'hui, rna collection a trouve un lieu

~ Bi 11:

Le Professeur SOk montre a l'auteur un petit caillou qui l'a reconforte depuis son enfance (ci-dessus); Collection de dessous ( ci-dessous)

de repos et je dois dire que mon reve est exauce. Mainte~ mon seul souhait est de pouvoir poursuivre mes recherches pour que les chercheurs qui viennent apres moi en profitent." Depuis quelques temps, Mme S6k redige son catalogue en utilisant un ordinateur. Precisant qu'elle ne cessera de travailler jusqu'a sa mo~ elle nous a montre un petit caillou qu'elle a garde sur elle toute sa vie. ')e l'ai trouve dans un ruisseau, pres de chez mo~ quand fetais tout petite. Depuis, il ne me quitte pas. Au Japon, lorsque mes parents et mon pays me manquaient tan~ fessayais de me distraire en le caressant." L'histoire du petit caillou permet d'apercevoir un aspect du caractere de cette grande dame qui a suivi toute sa vie sa voie. ')e voudrais consacrer le reste de rna vie au travail, a poursuivre mes recherches, pour etre digne de notre patrimo~e vieux de 5.000 ans", ajoute-t-elle. Finalem~ ne serait-ce pas elle, et rien d'autre, qui est le plus precieux tresor de son musee? +

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50 Ans de

Theatre Careen depuis la Liberation Kim Moon-Hwan Critique dramatique, Professeur d'Esthetique, Universite nationale de Seoul

I n'est pas possible de discuter du developpement du theatre coreen dans les 50 annees qui ont suivi Ia liberation de Ia colonisation japonaise sans faire reference a Ia periode precedente. Son developpement est profondement enracine dans Ia periode de !'occupation nippone du debut de ce siecle. Bien evidmn~ meme si l'mt dramarique coreen a absorbe differentes influences etrangeres tout au long de sa longue histoire, des formes autochtones sont aussi apparues et plus particulierement les traditions du p'ansori (un art vocal populaire dramatique, narratif et epique) et du t'alchum (Ia danse masquee). Cepnda~ les changements de generations combines

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avec Ia politique colniale nippone visant a eradiquer toute forme de culture purement coreenne, ont contribue a interrompre le developpement du drame coreen traditionnet L'att dramatique coreen a connu l'intrcr duction de deux ecoles japonaises: le Shinguk (le nouveau drame) et le Shinp 'aguk (Ia nouvelle ecole). Si le "nouveau drame" est considere comme etant etroitement lie a Ia tradition de !'art dramatique occidentale, Ia "nouvelle ecole" par contre developpe les pieces populai.res, sentimentales et commercia!es, a !'attention des masses. Le terme de shinp'aguk, ou "nouvelle ecole", etait uti.lise au Japon pour distinguer le drame moderne du theatre tra-

ditionnel Kabuki qui etait aussi connu sous le nom de Kupa (vieille ecole). La "nouvelle ecole" au Japon fit ses debuts durant Ia periode de Ia restauration Mei~ avec des pieces de propagande politique defendant le mouvement pour les droits civils qui etait apparu a Ia fin des annees 1880, et a progressivement evolue vers le drame realiste moderne. Cela demarra par une phase de propagande militaire du fait de Ia guerre sino-japonaise, mais Ia "nouvelle ecole" proposa egalement des drames policiers et des pieces moralisatrices, avant d'atteindre son apogee artistique avec les tragedies familiales. Hyomnyulsa, ie premier theatre construit en Coree, presenta des pieces tradition-


nelles et des revues de clanse et de chants a partir de son ouverture en 1902 Le theatre fut reorganise sous Ia forme d'une entreprise privee, connue sous le nom de Wongaksa, en juillet 1908 et presenta alors surtout des spectacles de p'ansori Mais au debut 1911, un an apres !'annexion de Ia Coree par le Japon, il mit en scene du Shinp'aguk qui avait ete introduit par les Japonais. Au printemps 1920, les professionnels careens du theatre, qui avaient etudie et ete formes a Tokyo, creerent Ia Societe d'Art Dramatique et introduisirent alors le "nouveau drame". Ce mouvement du "nouveau drame" etait redevable aux grands maitres modernistes occidentaux: le Norvegien Ibsen; les Russes Tolsto"4 Turgeniev, Gorky, Gogo! et Tchekhov; les Anglais Galsworthy, Shaw et Wilde; les Irlandais O'Casey et Synge; l'Autrichien Schnitlzer; !'Allemand Hauptmann; les Fran\:ais Pagnol et Sa1tre; le Beige Meterlinck; les Italiens Danuncchio et Pilandellio et l'Amerlcain ONeill Que ce soit directement ou indirectement, les auteurs du "nouveau drame" furent influences par les travaux realises en Occident lorsqu'ils essayerent d'exprirner Ia realite sociale de Ia Coree soils Ia botte japonaise. Les auteurs dramatiques careens se sentaient une affinite particuliere pour leurs confreres irlandais, partageant avec eux un meme temperament et une meme experience de !'occupation, et ils trouverent une large inspiration clans leurs exemples. Le developpement le plus srgnificatif du drame politique fut le theatre proletarien, qui trouvait ses racines dans les theories marxistes. Le Marxisme triompha de l'Allemagne a Ia Russie en passant par !'Europe de !'Est au debut du 20eme siecle et atteignit son apogee clans les annees 20. Cependant en Coree, le drame proletarien ne fut pas le .• produit d'un mouvement de Ia classe ouvriere et paysanne, mais vint d'intellectuels qui defendait l'ideologie proletarienne et !'idee de revolution. Alors que l~s irnperialistes nippons renfor\:aient leur emprise sur Ia Peninsule coreenne et marchaient vers Ia guerre, le debut des annees 1940 vit !'emergence de ce qu'on appela, a l'epoque, le "Drame national". Cela faisait pa1tie des efforts des

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Japonais pour mobiliser les Careens en faveur de Ia guerre, en leur promettant une amelioration de leurs droits civils jusqu'au niveau de ceux des Japonais et en insistant sur Ia soliclarite entre les deux peuples. Le "Drame national", etant un outil de Ia politique d'assirnilation nippone, exigeait !'utilisation du japonais comme langue officielle sur scene, au moins pour une partie de chaque piece. A partir de l'ordre de mobilisation generale decrete par les forces japonaises, differentes organisations furent creees, parmi lesquelles, des octobre 1940, Ia Ligue Coreenne pour Ia Totalisation Nationale. Dans le domaine theatral, !'Association Dramatique de Chos6n et le Syndicat des Auteurs Dramatiques virent le jour deux mois plus tard. En septembre de l'annee precedente, avant meme que Ia mobilisation ne soit entree en vigueur, quelques dramaturges s'etaient prononces publiquement en faveur du "Drame national". En juillet 1944, !'Association Dramatique de Chos6n et !'Association des Acteurs de Chos6n qui comprenait des acteurs de tous les genres de theatres careens, de !'opera aIa comedie, fusionnerent en !'Association Culturelle des Spectacles de Choson. A !'exception d'une petite minorite, les membres de ce nouveau groupe etaient activement impliques dans le theatre projaponais, soutenu par le gouvernement Malgre le recours a differentes techniques provoquant !'emotion et des dialogues tres recherches qui decrivaient avec justesse les conditions sociales, les techniques de ce theatre etaient seconclaires par rappo1t a sa vocation propagandiste et rien ne pouvait masquer le fait que cet a1t dramatique etait avant tout anti-coreen et meme anti-a1tistique. D'un point de vue historique, on peut dire que le savoir-faire technique fut developpe au detriment du sens artistique. C'est environ acette epoque que le pays fut enfin libere. Meme si les effo1ts du gouvernement provisoire coreen en Chine ne furent pas completement infructueux, Ia liberation eut lieu grace a !'intervention des grandes puissances et a Ia defaite consecutive du Japon dans Ia seconde guerre mondiale. En consequence, les annees qui suivirent furent marquees par Ia 51


confusion et les conflits et l'a1t dramatique se fletrit de Ia meme fac;:on.

Le theatre de l'apres-liberation Dans les trois annees qui s'ecoulerent entre Ia liberation et l'etablissement du premier gouvernement coreen, souvent appelees l'espace de Ia liberation, le pouvoir etait completement vacant et diverses factions s'affrontaient pour son contr6le. A pa1tir de Ia liberation, ces groupes, qui avaient ete les plus severement opprimes sous Ia periode coloniale, se mobiliserent Ie plus vite. Pour !'art dramatique, c'etait les groupes socialistes qui avaient ete actifs dans les annees 20 et 30, mais ils furent forces par Ia suite de deveni.r clandestins. lis fonderent des le 18 aout 1945, a peine trois jours apres Ia liberation nationale, l'Associa-

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tion pour Ia Reconstruction de !'A rt Dramatique de Chos6n, une branche de Ia Federation pour Ia Reconstruction de Ia Culture de Chos6n. Mais des conflits eclaterent lorsque Ies collaborateurs projaponais furent severement attaques, et une faction pro-communiste fit secession pour creer !'Union de !'A rt Dramatique de Chos6n qui s'aligna lui-meme sur le Parti Communiste Coreen. Lorsque Ies sympathisants communistes furent pris dans une arrestation de masse pendant Ia repetition d'un spectacle special prevu en vue de commemorer le second anniversaire de Ia liberation en 1947, beaucoup de membres du groupe s'enfuirent en Coree du Nord Dans le meme temps, les gens de droite s'etaient aussi regroupes ensemble, quoique sans l'empressement des groupes de

ga uche. En octobre 1947, !'Association Nationale d'A1t Dramatique fut creee pour contrebalancer !Union de l'A1t Dramatique de Chos6n, et une competition nationale d'a1t dramatique fut inauguree en juin 1948 en reaction au festival dramatique du 1er mars, soutenue par les groupes de gauche. L'Association Nationale d'Art Dramatique s'est reunie avec !'Association Dramatique et Lyrique pour former !'Association Coreenne des A1ts de Ia Scene. Comble de l'ironie, ce fut sous Ia protection du gouvernement militaire americain que les factions pro-japonaises fleurirent et diffuserent Ia conception de !'art qu'elles avaient acquise sous !'occupation nippone. La Republique de Coree fut etablie dans Ia partie sud de Ia Peninsule en aoOt 1948, tandis que Ia Republique Populaire


Democratique de Coree fut fondee dans Ia partie nord le mois suivant. Comme les membres des groupes de gauche faisaient defection au Nord, les factions de droite dans l'mt dramatique l'emporterent Dans le meme temps, Yu Ch'i-jin, un auteur dramatique de premiere importance pendant !'occupation japonaise, fut nomme premier president du Theatre national en octobre

1949. La Coree du Nord envahit son voisin du sud le 25 juin 1950, donnant ainsi le signal de depa1t d'une guerre devastatrice. Le Theatre national dOt suspendre ses activites jusqu'en juin 1957, date alaquelle il rouvrit ses p01tes. Sa renaissance stimula Ia croissance de l'a1t dramatique d'apres-guerre, et le theatre se consacra lui-meme a Ia promotion d'un travail creatif et au soutien aux jeunes a1tistes,

Letermede ~I.

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smtout ceux de tendance anti-communiste. Ses activites continuerent jusque dans les annees 60. Une caracteristique notable de cette epoque est !'impact indelebile laisse par les pieces patriotiques et les drames antifascistes interpretes sous les auspices du gouvernement militai.re americain en Coree. Le Service d'information americain sponsorisait !'interpretation de pieces americaines, en particulier celles de Eugene O'Neill. Les membres importants des cercles dramatiques coreens etaient invites aux Etats-Unis afin d'observer les activites theatrales du nouveau continent En pa1ticulier, le Centre Dramatique fut inaugure a Seoul en 1962 avec le soutien financier de Ia Fondation Rockfeller, et il servit naturellement de scene pour les pieces americaines, y com-

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pris des comedies musicales. Cependant, Ia gestion hasardeuse et des difficultes finanderes obligerent le theatre a fermer apres avoir seulement montre six representations Ia premiere annee. Un autre element-de de cette periode fut Ia creation, en 1956, de !'Association Creative d'Art Dramatique, vue comme une tentative de liberaliser le theatre traditionnel et toutes les normes en vigueur. Essentiellement compose de jeunes diplomes d'universite qui avaient ete tres actifs dans de nombreux cercles dramatiques universitaires, ce groupe fut le premier a introduire en Coree le "theatre absurde", base sur leurs experiences de Ia guerre et presentant audacieusement les differentes frictions sociales de leur epoque. Cependant, Ia popularite naissante de Ia television attira les nouveaux talents, decimant ainsi les equipes de professionnels du theatre. Par consequent, le theatre stagna completement. Et pourtant, ce meme "bourn" de Ia television incita les etudiants a s'inscrire en masse dans les departements de cinema et de dramaturgie, creant ainsi une source inepuisable de talents pour le futur. ¡ Bien que les arts en general peuvent etre caracterises comme dependant d'un travail d'equipe, c'est encore plus le cas du theatre. Ce qui pourrait expliquer pourquoi !'art dramatique en Coree a ete si long a repondre aux changements de generations et aux evolutions sociales. En 1960, Ia revolution etudiante du 19 avril mit fin aux 12 ans de regne autocratique du President Syngman Rhee. Mais !'opposition au monde politique installe persista jusqu'a ce que les militaires s'emparent du pouvoir par un coup d'Etat l'annee suivante. Dirige par le President Park Chung-Hee, le gouvernement militaire courtisa assidument le capital japonais et les technologies occidentales pour developper l'economie. En meme temps, il etait tres preoccupe a calmer Ia resistance contre !'influence etrangere en prome!:tant de democratiser les institutions et de ~utenir Ia restauration de Ia culture nationale. Bien que Ia repression politique continuait, l'economie battait des records de developpement, entrainant une explosion de Ia consommation. La television etait un 54

prolongement nature! de Ia prosperite de Ia sodete. Les evenements de 1%0 commencerent a se refleter sur scene dans les annees 70. Bien evidemment, cela ne signifie pas qu'il n'y eut aucune realisation dans les annees 60 pour defendre Ia democratie, mais c'est a partir des annees 70 que de telles realisations devinrent vraiment nombreuses. nest aussi interessant de noter les reels efforts du gouvernement pour promouvoir Ia culture et les activites artistiques, co'incidant en outre avec un mouvement pour redecouvrir les racines de Ia culture coreenne. Sous le patronage du gouvemement, le courant principal de !'art dramarique essaya consciemment de s'aligner luimeme sur les !ignes du theatre national, un developpement qui contraste nettement avec le mouvement de dissidence naissant dans le drame. Ce defi au courant principal, qui etait proche des formations politiques d'opposition, visait a ressusciter les formes traditionnelles du drame tout en traitant de sujet'!> contemporains. Au totaL le theatre coreen fit de grands progres dans les annees 70, comme on peut le constater au developpement de diverses techniques de production, au succes du theatre experimental et a Ia popularite des petits theatres ainsi qu'a Ia sophistication croissante de Ia critique dramatique. Depuis les annees 1980 Bien que dans Ia decennie 1980, Ia societe coreenne semblait jouir au maximum de Ia prosperite economique et de Ia stabilite politique, elle etait en realite assise sur un baril de poudre pret a exploser a cause de tous les problemes nes dans les annees 60: autoritarisme militaire, inegalite dans Ia distribution des revenus et exploitation de Ia classe ouvriere, repression anticommuniste, sans compter une politique etrangere completement soumise au Japon et aux Etats-Unis. La manifestation de Kwangju en faveur de Ia democratie en mai 1980 fut !'explosion visible de cette epoque troublee, mais elle ne dissipa pas Ia tension sous-jacente. Alors que le courant principal de !'art dramatique connaissait un grand developpement en terme de production

absolue et de popularite, le madangguk, ou satire en plein-air, le style-phare de !'art dramatique d'opposition, rencontra egalement un plus grand succes. Bien que les professionnels pouvaient se faire inscrire comme acteur plus librement et les petits theatres obtenir plus facilement leur licence suite a Ia revision, en 1981, de Ia loi sur le spectacle, les organismes de censure intervenaient avec une severite plus grande que jamais. Neanmoins, Ia 5eme Republique chercha a obtenir une legitimite en organisant le ,3eme Festival Mondial d'Art Dramatique en 1981 et, pendant les jeux Olympiques de seoul en 1988, le Festival International d'Art Dramatique. Ce faisant, elle acceptait que les sujets tabous et le theatre socialiste, jusque-la interdits, finissent par trouver leur place en Coree. L'autoritarisme militaire etait en train d'etre lentement battu en breche par le mouvement democratique. Mais assez curieusement, Ia liberalisation ne favorisa pas le succes du madangguk, qui perdit son influence avec les progres de Ia democratie et Ia chute de !'Union sovietique. II ne retrouva jamais le statut dont il avait beneficie pendant les annees les plus dures de Ia repression politique. La creation de pieces nouvelles et originates devint Ia preoccupation premiere des cercles d'art dram atique au cours des annees 80 a cause de quatre facteurs-des: premierement, un interet croissant pour les descriptions de Ia realite sociale; deuxiemement, un interet ne dans les annees 70 et constant pour le theatre traditionnel; troisiemement, un soutien institutionnel aux auteurs dramatiques originaux, tel que le Festival Coreen d'Art Dramatique en 1977; et quatriemement, de_s spectateurs plus avertis dont !'habitude des programmes televises occidentaux incitait a demander des pieces dans leur propre langue, avec leur propre histoire, plutot que des traductions maladroites. Bien evidemment, les pieces d'auteui-s etrangers n'etaient pas rejetees pour autant, notamment si le scenario pouvait etre une critique indirecte contre le gouvernement ou Ia haute societe, tels les travaux des auteurs sud-africains ou italiens. Les pieces etrangeres, y compris celles de Handke et de Beckett, repondirent aux aspirations du


theatre experimental et les pieces de Brech~ autrefois interdites, attirerent !'attention. Dans les annees 80, comme !'art dramarique cherchait aelargir son atri~ les pieces ecrites par des femmes commencerent a rencontrer un interet considerable. Le Theatre Sanwoolim etait le siege du theatre feministe, meme si cette mode pouvait se voir partout ailleurs aussi Les pieces a propbs d~ Ia jeunesse etaient aussi tres populaires. L'art dramatique en Coree avait differents visages dans les annees 80. Mais le plus representatif etait ce qu'on appelait le "theatre national", qui faisait reference aux styles et aux mouvements nouveaux developpes par les etudiants en art dramarique dans tout le pays pour exprimer leur solidarite avec le mouvement ouvrier et paysan et les grevistes des usines. Pendant que cette ecole faisait tout son possible pour maintenir un lien clair avec les formes traditionnelles meme si les pieces concernaient des conflits sociaux contemporains, elle cherchait aussi a democratiser le theatre, qui traditionnellement restait un art elitiste, en s'adressant au public non-averti Ce mouvement fut aussi secoue par les grands evenements mondiaux de Ia decennie, tels que Ia fin de Ia guerre froide 1 et Ia multiplication des democraties dans les j pays en developpement. Ce mouvement resista fortement a!'influence de Ia culture : occidentale contemporaine qui etait consideree tout simplement comme une autre 1 forme de colonisation par les puissances occidentales. Meme si en realite, les auteurs de ce mouvement n'avaient jamais vecu sous une colonisation etrangere, ils s'opposaient a toute forme d'expression indirecte I d'imperialisme, telle que Ia dependance I economique ou militaire a l'egard de pays etrangers. Oppose aussi al'imperialisme cui.¡ tureL le mouvement du 'Theatre national'' en Coree s'e~ au contraire, tourne vers ses propres racines, aIa recherche d'une culture nationale unique. Les pieces dramatiques reposaient beaucoup sur le chant et Ia danse et etaient composees de scenes et de situations plut6t que d'une reelle histoire ou d'une intrigue. Les personnages simples etaient Ia norme et le temps et l'espace etaient elastiques. Le decor

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Le theatre sud-careen doit etre capable de combler Je fosse qui le separe du theatre nord-careen et en meme temps etre suffisamment universe]

de scene tendait a etre epure, invitant les spectateurs a participer, avec un personnage apparaissant frequemment comme un narrateur. Telle etait done l'esthetique du "Theatre national". La definition de "Theatre national" a par Ia suite ete etendue pour inclure tous les arts de Ia scene dont le souhait etait Ia democratisation et Ia reunification des deux Corees. Et dans le but d'aider a resoudre les problemes de Ia nation, le mouvement chercha a corriger l'histoire ou a faire Ia lumiere sur des faits meconnus de l'histoire afin de faire avancer Ia vision d'une societe democratique. Alors que Ia premiere phase du mouvement s'interessait au lien avec Ia culture et les formes traditionnelles, dans une seconde phase, l'ideologie politique eclipsa Ia question des standards formels. Bien que le "Theatre national" puisse apparaitre comme etant un theatre socialiste, il n'est pas comparable du tout au "theatre revolutionnaire" soutenu par l'Etat et de type stalinien que !'on rencontre en Coree du Nord Cepnda~ on ne peut pas nier que le "Theatre national", en tant que voix en faveur de Ia reunification, ait pu jouer un role important Dans les annees 90, le theatre coreen n'est pas sans avoir a resoudre de defis. Dans Ia confusion creee par le postmodernisme, le mouvement du "Theatre national" a perdu son influence. Le developpement des mass-media represente aussi une menace pour les arts de Ia scene, mais il peut aussi constituer des opportunites pour renouveler ceux-ci TI est certain qu'au cours de sa longue histoire, le theatre a absorbe beaucoup d'influences, emergeant comme un genre toujours plus fort La societe coreenne, depuis peu lancee vers un mouvement de mondialisation appele segyehwa, se doit aussi de definir et de developper une identite culturelle. Au niveau locaL le theatre sud-coreen doit etre capable de combler le fosse qui le separe du theatre nord-coreen, avec lequel il partage une histoire commune, et en meme temps doit pouvoir etre suffisamment universe! pour contribuer au developpement de l'humanite. Ce sont les principaux defis qui attendent le theatre coreen au 21eme siecle. + 55


LE DEVELOPPEMENT DE LA DANSE COREENNE, DE LA LIBERATION ANOS ]OURS Kim Kyoung-Ae Critique de danse, Redacteur en chef du mensuel Danse

comprend~

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!'evolution de !a our danse coreenne au cours des 50 annees qui ont suivi !a fin de !a colonisation nippone (1910-1945), il faut d'abord savoir ce qu'etait !a danse pendant !'occupation japonaise. Vers !a fin de !a dynastie Chos6n 0392-1910), !a danse etait quasiment un domaine reserve aux kisaengs, les femmes de plaisir, a !'exception cependant de !a danse masquee et des spectacles d'artistes itinerants appeles nams~dg. En un mot, !a danse etait reservee aux classes inferieures de !a societe. Les rituels de !a cour et les ceremonies n'etaient pas consideres comme de !a danse, mais comme quelque chose de completement different 56

Ce fut pour contrer un tel etat de fait, que Han S6ng-jun, un acrobate et pueur de tambour, dedda de monter sur scene Creant !a choregraphie de nombreuses danses traditionnelles celebres telles que le salpuri, !a danse de l'exorcisme, le si1ngmu, !a danse du moine et le taep'y6ngmu, !a danse de !a paix, Han S6ng-jun fut le genie de !a danse de son epoque. En 1926, le pionnier de !a danse moderne japonaise, Baku Ishihi, fit venir sa troupe a seoul et interpreta des ballets comme Shujin ou Suin en coreen (Le prisonnier). Sponsorise par le Keip Nippo, un quotidien en langue pponaise, le spectacle fut qualifie de "Nouvelle danse". Si !'on en croit les experts japonais selon lesquels Ishihi n'a

jamais fait reference pour ses creations a cette ''Nouvelle danse", alors nous devons en conclure que ce qualificatif a ete lance par les milieux culturels coreens. Comme !a ''Nouvelle poesie" ou !a ''Nouvelle litterature'' etait a !a mode a cette epoque, il n'est pas impossible non plus que cette appellation fut introduite par !a presse comme un mot dans !event Quoiqu'il en soit, !a danse interpretee par Ishihi etait une danse moderne, forte par son sentiment litteraire et d'un style que !'on n'avait jamais vu en Coree. Apres avoir vu ces representations, beaucoup de Coreens membres de !'intelligentsia furent pour !a premiere fois attires par les arts de !a danse C'etait d'un haut niveau artistique en danse


plus tard, allait conduire a !'emergence de aitiques de Ia danse de Ia part d'auteurs comme Kim Tong-in, Han SOI-ya et le poete Chung Chi-yong. L'une des personnes qui assista aux danses de Ishihi s'appelait Choe Sung-h~ elle etait etudiante au college feminin de Sookmyung. Sur les conseils de son frere Choe Sling-il, un ecrivain qui appartenait aIa Fed~ration Coreenne des Artistes Proletaires (KAPF), Ia jeune fille suivit Ishihi au japon pour etudier sous sa tutelle. Un an plus tard, Cho Taek-Won, un membre de !'elite coreenne, repignit aussi !'ecole de danse de Ishihi Choe Sung-hui retouma en Coree apres un an d'etude et devint une vedette. Sous son influence, le nombre d'etudiants en danse augmenta et beaucoup d'entre-eux partirent au japon avec !'intention d'etudier avec le maitre Ishihi C'est done ainsi que le plus grand danseur modeme japonais pua un role primordial dans le developpement de Ia danse coreenne. Et son premier spectacle a Seoul, le 21 mars 1926, marqua le debut de Ia ''Nouvelle danse" en Coree En verite, Ia premiere representation de Choe SjJng-hUi apres son retour du japon n'attira pas !'attention du public. Du coup, lorsque Ishihi se rendit pour Ia seconde fois a seouL Choe Sung-h~ qui etait alors mariee avec An Mak, un eaivain et aitique membre du KAPF, le suivit de nouveau au Japon. La-bas, Ishihi lui conseilla de faire de Ia danse coreenne. Respectant ces paroles, Choe Sunghili commenyt aincorporer des elements de danse traditionnelle coreenne dans Ia danse moderne et devint une immense vedette populaire en Coree comme au japon. Cepnda~ le succes de Choe Sung-hili etait aussi lie ad'autres facteurs comme sa celebre beaute, les difficiles circonstances politiques de l'epoque et ses positions pro-japonaises controversees. Jairnerais insister sur un poin~ a savoir que Choe Sung-hUi avait d'abord appris Ia danse coreenne d'un precurseur, Han SOngjun. Dans ses¡ memoires, ce dernier rappelle que Choe Sung-hUi fut son eleve pendant une semaine ainsi que Cho Taek-won. Pendant que Choe Sung-hUi accedait au statut de vedette de legende, Cho Taek-won se faisait un nom par lui-meme avec un qu~

Choe Siing-hiii

Vers la fin du royaume Chos6n, la danse etait quasiment un domaine reserve aux femmes de plaisir, Jes kisaengs, a]'exception cependant de Ja danse masquee et des spectacles d'artistes itinerants appeles namsadang En un mo~

la danse etait reservee aux classes inferieures de

Ja societe. Les rituels de la Cour et les ceremonies netaient pas consideres comme deJa danse, mais comme quelque chose de completement different 57


nouveau genre appele Ia ''Danse poetique", un autre style de danse qui contribua aussi au developpement de Ia danse modeme en Coree. Dans ses memoires, Ishihi ecrit que sur scene, Choe Sung-hili profitait surtout de sa beaute alors que Cho Taek-won utilisait avant tout sa superiorite artistique. Le mouvement de !'apres-liberation Lors de Ia liberation de Ia Coree en 1945, Choe Sung-hui s'enfuit au Nord Beaucoup de ses disciples traverserent aussi Ia frontiere ou disparurent plus tard dans les troubles de Ia guerre de Coree, faisant defection ou etant kidnappes Tout com.me d'autres secteurs de Ia societe, Ia communaute coreenne de Ia danse fut dechiree par Ia guerre et Ia tragedie de Ia division nationale. L'Association des Arts de Ia Danse de Chos6n, creee en 1946, fut Ia premiere association de danseurs careens a voir le pur. En juin de cette annee-la, les danseurs se regrouperent et donnerent des spectacles en commun de leurs pieces les plus representatives au theatre Kukdo. Bien que !'association fut dissoute apres cet unique spectacle, sa creation, tout comme cette representation, fu~ent d'une grande signification pour le developpement de Ia danse coreenne. La personne Ia plus active pour !'organisation des danseurs et Ia mise en scene de ballets fut Han Tong-in. ll organisa deux spectacles de Ia troupe de ballet de seouL avant de se refugier au Nord Pendant Ia periode qui suivit immediatement Ia liberation nationale, on trouvait parmi les figures dominantes de Ia danse, Ham Kyu-bong, Mun Ch61-min et Chang Chu-hwa Mais tous choisirent de s'installer au Nord pendant Ia gueiTe de Coree. L'ecole de danse de Ham Kyu-bong pua un role-de dans Ia diffusion de Ia danse moderne en formant de nombreux etudiants, tels que Cho Dong-hwa, Kim Ky6ng-Kak, Choe Chang-Bong, Cha Bum-Suk et Kim Mun-Suk. Ham Kyu-bong pignit ses forces a celles du critique de danse Mun Ch61-min pour promouvoir Ia cause de Ia danse modeme, en elevant son statut a travers des discussions intellectuelles sur l'esthetique de Ia danse et Ia presentation de grands noms comme Isadora Duncan. Chang Chu-hwa est connu pour avoir ete le professeur d'a1tistes comme 58

velle danse de Cho Taek-won. Bien que le seul style de Ia ''Nouvelle danse" soit encore dominant dans Ia danse coreenne moderne d'auprh~ il ne faut pas oublier que certains critiquent severement cet etat de fait L'universite feminine de Ewha tient une place speciale dans l'histoire de Ia danse coreenne car son departement de danse, qu'elle a cree en 1962, est devenu Ia source d'une formation de haut niveau et le vivier principal de danseurs pour differentes troupes professionnelles. En proposant des diplomes de danse aux etudiants, !'ecole a pue un role de pionnier dans l'etablissement de fondations universitaires pour Ia danse. La ballerine Hong Jung-hee fut Ia premiere a obtenir un diplome universitaire de danse. Auprd'h~ plus de 40 universites en Coree ~ proposent des diplomes de danse et on "' compte chaque annee environ 1.000 diplomes. Le nombre de titulaire d'un doctoHong Sin-cha rat avoisine Ies 30. La creation de departements de danse dans tant d'universites entraln.a Ia disparition Song Bum. Le precedent de spectacles itinerants de des ecoles de danse, provoquant des conflits entre le clan universitaire et Ie clan des danse fut etabli par des compagnies qui avaient ete creees au Sud pendant Ia gueiTe ecoles. De maniere fait utile, cela ameliora Ie de Coree. Cho Dong-hwa, qui a cette epoque statut social de Ia danse. Au cours des trente etait etudiant en pharmacie a l'Universite dernieres annees, les etudiants ont profite du soutien finander et institutionnel en faveur Nationale de seouL rassembla 20 personnes, parmi lesquelles Song Bum, Kim Chin-go!, des ecoles pour reussir ce que !'on pourrait appeler une "renaissance" de Ia danse. La Chu R~ Kim Mun-Suk et Kim Ky6ng-Kak, pour former Ia Compagnie Coreenne de dynamique consequente de !'evolution de Ia danse a ete sans conteste impressionnante, Danse. Bien que Ia fo1mation de ce groupe eut a' l'origine pour but d'attraper l'un des cepenc4mt il est vrai aussi que Ia juxtapositrains de refugies au plus fort de Ia guen-e, tion des universites et des ecoles a bloque elle marqua en fait Ia premiere creation certains aspects du developpement de Ia d'une compagnie de danse par differents danse. cercles. Les membres de ce groupe constiL'une des figures Ies plus impo1tantes de tuerent plus tard Ie coeur de Ia Compagnie l'histoire de Ia danse coreenne modeme est Nationale de Danse qui fut creee en 1962 Yook Wan-soon. na realise un spectacle intisous Ia direction de Cho Taek-won tule Orchesis en 1963. ll adoptait Ia f01me des Au debut, Ia Compagnie Nationale de premieres troupes de danse dans les univerDinse presenta aussi bien des ballets que des sites americaines et a marque le premier pas danses coreennes t:raditionnelles. Cependant des propres activites des universites par Ia suite, elle fut divisee en deux groupes, coreennes. Dans Ia forme comme dans le un pour chaque genre. En tout cas, deux fond , Ie spectacle de Yook Wan-soon points meritent d'etre notes, a savoir representa presque un choc. Son style de premierement que cette compagnie etait Ia danse moderne americaine, contrastait premiere a etre financee par Ie gouvernecompletement avec Ia danse poetique et Ia men~ et deuxiemement que Ies pieces inter''Nouvelle danse" qui prevalait a l'epoque. pretees par Ia compagnie aujourd'hui sont Un autre choc majeur dans Ie monde de di.rectement inspi.rees des travaux de nouIa danse survint en 1973 avec Hong Sin-cha <(


dont le travail se demarquait du mouvement de danse moderne sociale tres structuree de Yook Wan-soon Dans un spectacle donne au Theatre national, Hong Sin-cha bouleversa Ia notion commune selon laquelle Ia danse moderne etait essentiellement une danse occidentale, en y incorporant des elements de danse coreenne traditionnelle pour creer un spectacle d'avant-garde. Iro~quemn les realisations souvent incomprehensibles de Hong Sin-cha jouerent un grand role dans Ia popularisation de Ia danse. Par Ia suite, Hong Sin-cha s'installa a NewYork et utilisa comme base le celebre Theatre La Mama, beneficiant de critiques dithyrambiques dans des grands journaux comme le New-York Times. Hong Sin-cha est peut.etre Ia seule danseuse coreenne vraiment celebre dans le monde. Ces vingts dernieres annees, elle est revenue regulierement en Coree donner des spectacles e~ chaque fois, elle a cree un nouveau choc, provoquant des debats pour et contre son art. Aujourd'hui, Hong Sin-cha est installee en permanence en Coree, a Chuksan dans Ia province de Kyonggi ou elle a ouvert un centre de danse. Elle consacre ~ journees aIa preparation de danses de plus en plus exotiques. Un facteur dete1minant dans Ia diffusion de !'art de Ia danse fut Ia publication du magazine Chum(Danse) en 1975. nfut o¡ee avec les fonds prives du critique de danse Cho Dong-hwa et etait reconnu a cette epoque comme l'un des rares magazines au monde consacre a Ia danse. Aujourcl'hui encore, on ne compte que 5 magazines dans le monde entier specialises dans Ia danse. Le Japon n'a commence apublier un mensuel qu'en 1983. Aujourd'hui, dans sa vingtieme annee d'edition, Chum retrace l'histoire de Ia danse, aide a retrouver et a promouvoir les critiques de danse, fom¡nit des informations sur !'evolution de Ia danse dans le monde e~ d'une maniere generale, soutient Ia danse moderne. Point peut.etre le plus impo1tan~ il a servi a definir et a institutionnaliser le role de Ia critique. Quelques-uns des redacteurs de ce magazine fo1merent plus tard !'Association Coreenne des Critiques de Danse. Le magazine Chum et le Festival National de Danse, inaugure en 1975, ont agi de paire pour Ia promotion de Ia danse. Le Festival

KbnMae-ja

La creation de departements de danse dans un grand nombre d'universites entraina Ja disparition des ecoles de danse, provoquant des conflits entre Je clan universitaire et le clan des ecoles. De maniere fort utile, cela ameliora le statut social de la danse. 59


National de Danse fut le premier du genre a etre organise avec le soutien financier du gouvemement et il contribua enormement au developpement de Ia danse coreenne creative et de Ia danse moderne. Traditonelm~ Ia danse s'est toujours developpee grace a des festivals. La competition entre differentes troupes et Ia chance de pouvoir comparer des pieces, avec un soutien financier, entrainent une motivation considerable pour des efforts creatifs. La danse creative Quelques annees avant Yinauguration de ce festival, YAssociation de Danse Creative (Changmuhoe) fut creee en 1975. A peu pres au meme moen~ Ia Compagnie de ¡ Danse de Seoul abandonna Ia "Nouvelle danse" et s'engagea ¡dans Ia danse coreenne creative. Ensemble, les deux troupes donnerent naissance a une nouvelle tendance, au centre de laquelle se trouvaient Kim Mae-~ et Mun l-~ Le mouvement de danse creative, dont les vedettes comprennent aussi Kim Hyunp, Bae Jeong-he et Kuk Su-ho, se developpa rapidement a travers le Festival National de Danse. La danse creative doit beaucoup au mouvement de danse moderne de Yook Wan-soon Au milieu des annees 80, Yook Wan-soon inculqua dans !'esprit de ses jeunes etudiants une nouvelle perception de Ia danse, se traduisant par un declin de Ia nouvelle danse. Mais aujourd'hui, dix ans plus tard, Ia mode s'eloigne de Ia danse creative et revient vers Ia danse traditionneUe. alors que Ia communaute de Ia danse m~ative est desonnais en plein desaiToi car aucune theo1ie c~1ire n'a ete definie. Bien que Ia filiation avec des danseurs modernes comme Lee Chung-hee, Nam Chung-ho, Pak Myung-suk, Kim Pok-hee, Kim Hwa-suk, Choe Chung-~ et Cho Un-mi est a chaque fois differente, ils ont tous en general ete influences par le mouvement de danse moderne de Yook Wan-soon. Avec les diplomes de Ewha comme pivo~ ils ont forme !'Association Coreenne de Danse Moderne. Depuis lors, plus de huit nouveaux groupes les ont rejoin~ notamment !'Association Coreenne de Bale~ !'Association Coreenne de Recherches sur Ia Danse et 60

La scene locale de la danse se diversifia en 1980 quand des compagnies de danse

contemporaine

commencerent

a se pro-

duire dans des petits theatres. Abandonnant Je type de spectacle de danse con~u

pour des grands theatres,

ces troupes

eurent une influence tant sur la danse modeme que sur Je bale~

et elles s'impo-

serent dans ]a diffusion de la danse et Ja creation de nouvelles formes.

YAssociation Coreenne pour Ia Promotion de Ia Danse Moderne. Tous ensemble, ils organisent differents festivals et travaillent a elargir le monde de Ia danse. A Ia fin des annees 70, moins de dix spectacles de danse avaient lieu chaque annee. Dans les annees 80, ce chiffre est passe a plus de 700 et dans les annees 90, il est desormais proche de 1000. Cela montre a quelle vitesse Ia danse s'est developpee dans une periode de temps assez courte. La scene locale de Ia danse se diversifia en 1980 quand des com pagnies de danse contemporaine commencerent a se produire dans des petits theatres. Abandonnant le type de spectacles de danse con<,:u pour des grands theatres, ces troupes eurent une influence tant sur Ia danse moderne que sur le bale~ et elles s'imposerent dans Ia diffusion de Ia danse et Ia creation de nouvelle forme. Resulta~ en 1984, le premier theatre consacre exclusivement a Ia danse, le Changmu Chumto, ouvrit ses portes.Jusqu'a ce qu'il ferme quatre ans plus tard, en 1988, ce theatre fut le lieu de formation de beaucoup de danseurs. Des danseurs etrangers etaient souvent invites pour enseigner et diverses activites etaient organisees pour promouvoir de nouvelles perceptions de Ia danse. La fondation du Ballet Universe! en 1984, ainsi que les ]eux Asiatiques de 1986 et les Jeux Olympiques de 1988, contribuerent de fac;:on ?ignificative au developpement de Ia danse en Coree. Premiere grande compagnie privee, disposant de moyens impo1tants, le Ballet Universe! a fait beaucoup pour Ia progression de Ia danse coreenne. Adoptant les methodes classiques et les technigues du balle~ un type de danse occidental, et les appliquant a Ia creation de pieces d'influence traditionnelle tel que le Shimchong, Ia troupe eut un impact ce11ain. Avee des danseurs coreens jouant les roles-des lors des ceremonies d'ouverture et de cloture, les Jeux Asiatiques et les Jeux Olympiques furent une bonne occasion de changer Ia notion commune de danse et de prouver !'importance de son role dans Ia societe. Les activites liees a Ia danse furent par Ia suite encouragees par Ia decision du gouvernement de faire de 1992, l'Annee de Ia Danse.


En 1995, annee commemorative du cinquantieme anniversaire de Ia liberation, les danseurs, troupes et associations de tous les styles sont innombrables. L'espoir pour l'avenir de Ia danse coreenne est desormais de gagner une reconnaissance intemationale. Le nombre de danseurs coreens, qui ont presente des spectacles a l'etranger et gagne des prix dans des grands concours internation~ux de ballet, ne fait qu'augmenter. On compte aussi de plus en plus de productions conjointes avec des compagnies etrangeres. Comme on l'a mentionne precedemment, Ia plupart des danseurs coreens furent foimes a l'universite et ont done un niveau d'education superieur ¡a Ia moyenne. Desormais, Ia communaute locale de Ia danse est assez irnportante et les conditions economiques ne sont pas mauvaises non plus. Cela signifie done que le talent des danseurs coreens ne devrait pas etre absent des scenes internationales. Cependant, Ia danse est encore largement confinee a une echelle nationale et le probleme est aggrave par Ia propension du gouvernement a envoyer a l'etranger des troupes traditionnelles de second rang comme ses "ambassadeurs culturels". Au siecle prochain, lorsque l'economie du pays et son statut international seront nettement plus forts, Ia danse coreenne devra atteindre le meme niveau Du 6 au 10 juin dernier, Ia compagnie de danse Didim de Kuk So-ho a presente "La Reine My6ngs6ng" en commemoration du cinquantieme anniversaire de Ia liberation et du centieme anniversaire de Ia-mort tragique de l'epouse du Roi Kojong, assassinee par les Japonais Plus de 80 membres de Ia troupe Didim constituaient le corps de danse dans un spectacle qui donna naissance au terme de "Theatre de danse". L'utilisation particulierement efficace du corps de danse par Kuk So-ho a laisse une impression ¡' memorable. Parmi les autres spectacles , commemoratifs, on peut citer "Seoul Magpie' de Bae Jeong-hyae, presente par le Theatre de Danse de seouL et un spectacle attrayant de Choe Chung-p. En outre, beaucoup d'autres troupes sont en train de preparer des pieces qui seront interpretees dans !'esprit de Ia commemoration, meme si leur contenu ne fait pas particulierement reference aIa liberation. • 61




a province du Cholla, foyer de Ia culture traditionnelle et folklorique en Coree, est aussi connue pour etre une terre d'exil Eloignee de Ia capitale, Ia region a servi depuis toupurs de lieu d'exil aux officiels bannis par Ia Cour et, ainsi, a donne lieu aIa naissance de Ia litterature d'exil A l'epoque du royaume de Chos6n ou les luttes de factions battaient leur plein, l'exil faisait partie de Ia vie des hommes politiques. Cest pourquoi on trouve de si nombreuses oeuvres litteraires emtes en exil ou ayant pour sujet Ia vie d'exil L'exil a aussi comme sens, le retour au pays natal, aux origines, pour y mener une existence bucolique apres avoir volontairement renonce a une carriere officielle. Dans une certaine mesure, l'exil n'est rien d'autre qu'un retour aIa campagne, qu'il soit volontaire ou force. La litterature d'exil designe les oeuvres traitant des experiences de ces exiles, dont, en particulier, le Chant au Mai'tre bien-aime et le Chant aux cinq amis, les deux chefsd'oeuvre de Ia poesie classique coreenne, respectivement emts par Chong Ch'ol (15.3& 1593, Songgang, de son nom de plume) et par Yun SOn-do (1587-1675, Kosan, de son nom de plume) sont representatifs. Les champs de Tamyang, qui s'etendent au nord du mont Mudl!ng, celebre mont de Ia province du Cholla qui s'eleve au nord-est de Ia ville de Kwangju, sont connus pour etre le berceau de Ia culture neoconfucianiste elaboree au 16e siecle par des lettres provinciaux. Dans cette region, on trouve nombre de petits pavilions et jardins qui etaient des lieux, culturels et intellectuels, de rencontre pour les lettres ecartes du pouvoir. Ceux-d s'y reunissaient pour echanger des idees ou pour se distraire en composant des vers en kasa, un genre de poesie classique qui se developpa au debut de l'epoque Chos6n. C'est ainsi que cette region est devenue celebre pour sa "culture des pavilions'' et qu ' el~ est consideree comme Ie berceau de Ia litterature kaÂŁ1. nest vrai que Ia region avait tout pour favoriser le developpement de Ia culture des pavilions avec de larges champs fertiles en amont du fleuve Yongsan susceptibles d'assurer une securite

L

64

L'exil etait lie

ala vie des

lettres-fonctionnaires. Ce fut specialement vrai sous Chos6n. La vie en exil a inspire de nombreuses oeuvres, a tel point que l'on peut dire ce fut une experience constructive et creatrice pour beaucoup decrivains.

Memorial dediea Chong Ch'ol ( ci-dessus); ShigyongjOng

(adroite)



financiere a leurs proprietaires, un clirnat doux et de nombreux sites pittoresques ideaux pour !'installation des pavilions. A l'origine de la tradition culturelle de la region de Tamyang, se trouve les troubles politiques du 16e siecle. En 1519, sous le regne du roi Chungjong, la faction conservatrice reussit, au terme d'une lutte feroce pour le pouvoir, a expulser les reformateurs neoconfucianistes avec Cho Kwang-jo (14821519) aleur tete. Cette purge connue sous le nom de Ki-myo Sahwa, constitue un evenement marquant de l'histoire de la dynastie Yi L'histoire raconte qu'un mois apres sa deportation a Hwasun, au sud de Tamyang, Cho Kwang-jo mourut, condamne au poison. Par la suite, nombre de ses partisans retournerent dans leur pays natal, abandonnant volontairement leur poste a la Cour ou a la suite de bannissements. Ainsi commenc;:a la periode de traversee du desert pour ces nroconfucianistes. Loin de la Cour, ils se consolerent en s'adonnant a des activites academiques ou litteraires. lis firent construire des pavilions pour s'y cul-

Soswoewon 66

tiver ou s'y distraire. Le Kyesan P'ung-nyu, ce style de vie raffine, attache aux arts et aux lettres, est une sorte d'exemple de la revanche qu'ils prirent pour conjurer leur amertume accumulee dans leur vie politique. Refugies dans la province du Cholla, ils contribuerent a epanouir la culture des lettres du 16e siecle et y apporterent un nouvel horizon a travers une observation profonde des hommes et de la nature. Ces lettres furent egalement appeles les Honam kadan ou l'ecole du kasa du Cholla, parce qu'ils porterent ason paroxysme le genre de poesie kasa. Depuis toujours, les Coreens aiment les pavilions. Ce penchant est tout nature! pour un peuple qui s'attache ala nature et qui sait apprecier un paysage qui change de couleurs et d'aspect au rythme des quatre saisons. Profondement impregnes des idees confucianistes, les Coreens nourrissaient une philosophie de soumission volontaire a la nature. Le pavilion, espace mediateur entre la nat].lre et l'homme, constitue done une construction ideale pour ceux qui desirent

se fondre dans la nature. Pour bien parler de ces pavilions, berceau de l'ecole litteraire Honam Kadan, il faut avant tout citer le jardin de Soswae du village Chigok, situe al'est du lac de Kwangju au sud de Tamyang. Ce jardin fut construit par Yang San-bo (1503-1557), disciple de Cho Kwang-jo, qui retourna dans sa province natale a Tamyang, apres avoir renonce a une carriere publique, degoute par les purges politiques qui lui avaient enleve son professeur et mentor. Le Soswae-w6n, sorte de maison de campagne pour la famille Yang, figure parmi les plus beaux exemples de jardins traditionnels coreens. Sa beaute fut telle que nombre d'ecrivains celebres de l'epoque tenterent de la decrire en y dediant des vers admiratifs. Mais on doit dire que personne n'y a reussi parfaitement D'apres le Soswae-w6n Sasil, l'histoire de Soswae-w6n, de celebres lettres nroconfucianistes de l'epoque, non seulement de la province du ChOlla mais aussi du Kyongsang et d'autres regions s'y installerent au 16e siecle. Soswae-w6n, ou "jardin de l'esprit pur", couvre une superficie de 4.600


m2. TI est amenage avec une telle ingeniosite qu'il iliustre une symbiose parfaite entre Ia nature et le travail humain Par exemple, son auteur a cree les etangs grace a des ruisseaux qui traversent le jardin, ou devia leur cours au moyen de tuyaux en bois pour faire toumer un moulin TI a choisi les arbres avec le plus grand soin pour que leurs feuilies et leurs fleurs offrent des couleurs harmonieuses avec leur environnement en fonction des saisons¡ qui passent Chacun de ces arbres a ete plante a l'endroit le plus approprie. Quant aux pavilions, ils ont ete batis sur les pentes de collines amenagees en terrasses en escalier. Tout le long de Ia rivie"re Ch'anggye qui traverse le village de Chigok ou se trouve Soswae-won, se trouvent nombre de pavilIons et jardins de l'epoque de Chos6n Cette riviere fut appelee autrefois Chamit'an, '1e ruisseau aux myricas". Farce que ses rives etaient occupees par cette plante qui rappelle Ia droiture et Ia constance de !'esprit des lettres avec ses tiges lisses et ses fleurs rouges qui durent cent jours. Malheureusement aujord'h~ ces myricas ont tous dis-

parus. Le pavilion Sikyongjong, "pavilion ou l'ombre se repose'', qui se trouve sur un pic pres de Ia riviere Chamit'an, offre Ia meilleure vue parmi les pavilions de Ia region Ce fut Ia que Chong Ch'ol (Songgang, de son nom de plume) ecnvit ses celebres vers du Chant au mont SOng (!e mont des etoiles). De ce pavilion, en effet, on peut voir le mont SOng qui se dresse en face. Ce pavilIon octagonal est constitue d'une piece destinee a !'etude, dotee d'un sol chauffant (ondof), et d'une large veranda avec un plancher. TI fut construit en 1569 pour 1m 6k-lyong par Kim SOng-won, son gendre et disciple. Cette cabane fut l'un des prindpaux lieux de rencontre des lettres de Ia province du Cholla Ce fut Ia que le maitre Irn 6klyong dispensa des cours a de nombreux ¡ futurs savants comme Ko Kyong-myong et Paek Kwang-hun Au pied du pic ou se trouve le pavilion Sikyongpng, se trouve a gauche, pres d'un etang, un autre pavilion bati recemment. C'est le lieu. ou se trouvait autrefois Ia demeure pnndpale de Kim SOng-won, qui

fut l'un des berceaux de !'ecole litteraire Honam Kadan qui s'est developpee autour des pavilions disperses autour de Ia riviere Chamit'an Le pavilion Hwanbyoktang fait a face a Ia demeure de Kim SOng-won, de !'autre cote de Ia riviere, est connu pour etre le lieu ou ChOngch'ol poursuivit ses etudes dans sa jeunesse, jusqu'a sa reussite au concours administratif d'Etat Ce pavilion fut construit par son cousin Kim Yun-~ ~a Ia suite de Ia purge de 1545, retourna dans sa province natale et s'employa a l'enseignement Lui et Kim SOng-won furent tres amis, a tel point qu'ils installerent un pont sur les ruisseaux qui separaient leurs demeures. Ce pont est aujourd'hui remplace par un pont en beton et des restaurants de soupes de poisson abondent sur ces rives autrefois berceaux litteraire et intellectuel A !'entree du pavilion Hwan-byoktang, se trouve Ia ''Roche de Ia p&he" dont Chong Ch'ol fit mention dans son Chant au Mont des etoiles. nsuffit de 5 minutes a pied pour aller du Hwanbyoktang au pavilion Ch'wigapng. Ce dernier se trouve sur Ia pente d'une colline,

Hwanbyoktang 67


entoure de pins et de chenes. La on voit un vieux pin elegant place en face de Ia construction. Ce fut, en fait, justement pour mieux !'admirer que !'emplacement du pavilion fut choisi C'est Ia disposition des pins que nos ancetres prenaient en compte en priorite lors de famenagement de prdins: car on peut batir les maisons ou Yon veu~ mais on ne peut deplacer les pins a son gre. Le pavilion Ch'wigajong fut bati en 1890 pour commemorer le general Kim T6kly6ng qui repoussa finvasion pponaise a Ia fin du 16e siecle. A Tamyang, environ 3 km au nord du lac Kwangju, se trouve le prdin Tok-suj6ng II fut cree par ChOn Sin-min, officiel de Ia Cour a Ia fin du royaume de Kory6. II s'opposa a Ia fondation de Ia nouvelle dynastie Yi et regagna sa province natale. II y fit construire le jardin et s'y retrancha. Fidelement devoue au royaume de Kory6 disparu, tous )es matins, vetu de fhabit officieL il s'inclinait en direction du nord ou se trouve Songdo (actuel Kaes6ng), capitate de Ia dynastie dechue. Le prdin est entouree d'une foret de pins magnifique. Region de bambou, Tamyang est depuis toupurs reputee pour ses objets artisanaux en bambou, mais aussi pour sa tradition litteraire et academique. Or son heritage culture! est etroitement lie a son paysage. Abondante en sites pittoresques, Ia region etait ideate pour Ia construction de ces pavilIons et prdins qui servaient de lieux de rencontre aux intellectuels de Ia region. En ef~ on n'a pas besoin d'etre un fin connaisseur en matiere d'esthetique pour pouvoir apprecier Ia beaute de Tamyang. Si vous voyagez dans Ia region, vous serez obliges de VOUS aiTeter a chaque pas, pour admirer son paysage enchanteur, sentir Ia brise douce, ecouter les murmures des ruisseaux. Pres du carrefour Koso, au nord-est de Kwangju, se trouve le prdin My6ng-okh6n, au village Sandok ll s'agit de fun des jardins typiques de fepoque Chos6n, illustrant une parfaite harmonie entre Ia nature et Ia construction Son nom My6ng-okh6n, ou "bruit des perles de pde", est inspire par celui que fait le cours d'eau qui se jette dans son etang. En ef~ devant et derriere le pavilion du prdin, est amenage un etang carre autour duquel poussent des pins et des myricas. 68

Region de bambou, Tam yang est depuis toujours n~pute

pour ses

objets artisanaux en bambou, mais aussi pour sa tradition litteraire et academique. Or son heritage culture] est etroitement lie ason paysage. Abondant en sites pittoresques, la region etait ideale pour la construction de ces pavilions et jardins qui servaient de lieux de rencontre aux intelJectuels de la region

ToksujOng ( ci-dessus); SonggangjOng, aussi appele ChukrokjOng(a droite)

C'est en ete, au moment de feclosion des myricas, que Ia beaute du prdin atteint son paroxysme, avec le pavilion enseveli sous ces fleurs. L'histoire de My6ng-okh6n commence avec 0 Hui-do (1583-1623) qui vecut dans le village de Sand6k Degoute par Ia tyran.nie du roi Kwang-haegun (1608-1623), il passait le temps a se cultiver, isole, lorsque le futur roi Inp vint lui demander de raider dans sa

tentative de coup dEtat Le putsch reus~ le roi Inp monta sur le u¡6ne en 1623 et 0 Huido fut nomme archiviste de Ia Cour. Seton une legende, feno1me arbre de ginkgo qui se trouve encore a !'entree du village de Sandok est justement celui auquel Injo attacha Ia bride de son cheval lorsqu'il se rendit ace village pour voir 0 Hui-do. Situe sur une colline du village W6ngang aTam yang, le pavilion Songganj6ng fut bati


par Chong Ch'6L eminent homme politique et ecrivain. nfut ministre sous le regne du roi S6np et eoivit des chefs-d'oeuvre marquant l'histoire de Ia litterature classique. Sa vie fut agitee, Ayant un caractere haut en couleur et un.penchant artistique et libe1tin, il faisait facilement !'objet de critique de ses ennemis. Ces derniers l'accuserent d'etre un debauche indigne de sa position eminente. Victimes de ces fausses accusations, il fut

banni de Ia Cour a plusieurs reprises. Finalem~ il renonr;a atoutes ses fonctions et rentra dans sa province natale, a Tamyang, pour y mener une vie retiree. Le pavilion fut construit par lui ace moment-li Autrefois, un sentier au milieu d'une foret de pins menait au pavilion, mais aupurd'hui il est remplace par un escalier grisatre en ciment La region de Tamyang a une profonde

tradition litteraire et academique. Dotee d'un paysage pittore.sque, elle a servi de pepiniere a"Ia culture des pavilions" eta ete le theatre de l'epanouissement de Ia litterature de kasa. L'exil est une lame a double tranchant ll a fait des ces lettres disgracies des perdants dans Ia vie, mais des gagnants en a1t C'est grace aeux que de nombreux ouvrages de valeur virent le pur constituant un heritage precieux pour Ia posterite. • 69


A LA DECOUVERTE DE LA COREE

Kim Tae-wook

Professeur de Science des Ressources Forestieres a l'Universlte Nationale de seoul

a vue des feuilles vertes du ginkgo, de Ia fonne de ces eventails utilises par nos ancetres pour se rafra!chir, est l'un des rares plaisirs que !'on peut avoir lorsque l'on marche en ville au milieu du beton des blocs d'immeubles quand il fait un solei! de

L

plomb. On peut supporter les jours de canicule a l'ombre des ginkgos, car il font penser a des eventails et au tapis mordore des feuilles qui viendront pncher le sol les premiers jours d'automne. Les Coreens ont !'impression que le ginkgo est un arbre ordinaire, parce qu'ils en voient partout a ujord'h~ en ville, dans les pares et le long des boulevards. Pourtan~ il est unique dai1s son genre: le ginkgo est le seul survivant d'une espece disparue. Autrement di~ c'est un solitaire, un orphelin prive de tout parent. Cela resulterait de l'incroyable tenacite dont il fait preuve pour

70

"I


survivre. Son apparition sur terre remonte a quelques 300 millions d'annees. Les especes vegetales et animales de cette lointaine epoque se sont eteintes depuis lors et elles se sont transformees en charbon et en suif que nous utilisons aujourd'hui Ses ancetres ont done egalement disparu. C'est Ia raison pour laquelle on l'appelle souvent l'arbre fossile ou le fossile vivant Apres avoir traverse tant de millenaires, il n'est guere SUrprenant que le ginkgo soit seul En observant attentivement les autres especes d'arbres, on constate, aleur proximite, Ia presence de leurs petits bourgeonnant

des Ia tombee des graines. Ce phenomene est impossible dans le cas du ginkgo. Celui¡d conna!t sa plus grande periode de developpement au mesozoique. Differentes de celles que l'on peut voir aujord ' hu~ ses feuilles etaient divisees en plusieurs sections. Elles ont pris Ia forme qu'on leur conna!t aujourd'hui au cours du cretace. On trouve des fossiles de ginkgo en Australie, en Asie, en Europe et en Amerique du Nord A l'epoque tertiaire, les glaciers derivant de !'Arctique ont detruit sur leur passage une grande partie de Ia flore de !'Amerique et de !Europe, sans atteindre Ia

Coree, le Japon, ni Ia Chine. On pense que le ginkgo de l'Asie septentrionale a reussi asurvivre grace au dirnat doux dont jouissait Ia region en ce temps-li Le seul habitat nature! du ginkgo, decouvert jusqu'a ce jour, serait situe pres du Mont Tianmu, dans l'estuaire sud du Fleuve Bleu qui coule en Chine. Grace a!'intervention de l'homme, le ginkgo de cette region pousse maintenant partout dans le monde. L'arbre du ginkgo ectit en caracteres chinois, signifie litteralement abricot d'argent n doit cette appellation aux reflets argentes de ses graines qui rappellent les noyaux 71


d'abricot Lorsqu'il apparait pour Ia premiere fois en Angleterre en 1754, il est appele l'arbre de cheveux de vierge (Maiden hair tree) en raison de Ia ressemblance de ses feuilles acelles de l'adiante. Les Chinois aussi l'ont appele l'arbre aux pattes de canard, en raison de Ia forme des feuilles, ou encore l'arbre du petit-fils parce qu'il faut attendre plus d'une trentaine d'annees avant qu'il ne donne des fruits et qu'entre-temps celui qui l'a plante a largement le temps d'avoir des petits-enfants. Les ginkgos se divisent en deux categories en fonction de leur sexe male ou femelle, chacune donnant une fleur differente. Les fleurs males, ou chatons, ayant Ia forme d'un petit ep~ s'epanouissent au debut du mois de mai, a l'extremite d'une tige, dans le meme axe que les feuilles. Leur couleur est presque du meme vert pale que celles-ci Les fleurs femelles durent moins longtemps que les fleurs males et elles sont difficiles a localiser car elles poussent sur un petit rameau parmi les jeunes feuilles. Elles sont pourvues d'une tige longue et fine et de deux ovules depourvus de petales et sont de Ia meme couleur que les petioles. En generaL un seul des deux ovules parvient a maturite, se transformant en fruit Les plantes dont les ovules ne sont pas contenus dans un ovaire sont appelees gymnospermes. Sur ce poin~ il semblerait que le ginkgo soit proche genetiquement du sagoutier, du pin et du sapin Par ailleurs, a cause de son cone male retenant le pollen, il est classe dans Ia famille des coniferes. Toutefois, pour ce1tains specialistes, le ginkgo doit etre considere comme un arbre a feuilles larges. Le mode de reproduction du ginkgo est assez particulier. Le pollen, contenant des gametes males mobiles a flagelle, est transporte jusqu'a !'ovule par le vent. A Ia difference des autres plantes terrestres, le spermatozo!de du ginkgo rejoint par ses propres moyens Ia cellule-oeuf a feconder. Naturelmn~ il a peu de distance a parcourir, Cette caracteristique s'observe frequemment parmi les plantes hydrophiles. Cest ce qui amene les botanistes a penser que le ginkgo est un vegetal d'un type primitif. 72

Le ginkgo est la seule plante qui a survecu depuis 300 millions d'annees. C'est la raison pour Jaquelle on l'appelle souvent l'arbre fossile ou le fossile vivant

Ginkgos au village Hahoe pres de Andong. Sans eux un paysage d'automne ne serait plus ce qu'il est avec leur couleur d'or.


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C'est un botaniste japonais qui a decouvert pour Ia premiere fois en 1895 que le ginkgo possedait des gametes males mobiles. II parvint a cette decouverte a !'issue de recherches menees sur un enorme ginkgo, vivant encore aupurd'hui au jardin botanique de l'universite de Tokyo. Et depuis 1896, on sait que le spermatozoide du sagoutier a Ia meme caracteristique que celui du ginkgo. I1 n'existerait aucun peuplement nature! en Coree, ce qui corroborerait !'hypothese selon Iaquelle le ginkgo a ete importe de Chine. On ne saurait determiner avec exactitude Ia date de son apparition en Coree mais on suppose qu;elle remonte al'epoque de Ia diffusion du bouddhisme et du confu-

de Songyun'gwan a Seoul, en est une preuve. Un autre element qui permet de donner une date approximative a !'introduction en Coree du ginkgo, est l'arbre du temple de Yongmun, a Yangpyong, dans Ia province du Kyonggi. Designe monument nature! no30, ce ginkgo, haut de 60 metres, passe pour etre l'arbre le plus haut d'Asie de !'est I1 aurait ete plante par le prince Ma-ili Taeja, le dernier dauphin du royaume Silla (57 av. ].C.-935 ap. ].C.). Celuki l'aurait plante alors qu'il se dirigeait vers le mont Kumgang, pour y trouver refuge apres avoir ete ecarte du trone. D'autres disent que c'est une tige plantee par !'eminent moine Ui-sang de l'epoque de Silla, qui a donne cet arbre.

Auj:JUrd'hui, les recherches sdentifiques ont mont~

qu'il y a dans

ces feuilles des substances aux proprietes bienfaisantes contre l'hypertensibiJ;.les maladies du coeur et contre le vieillis5ement Depuis longtemps, les specialistes de phytotherapie orientale prescrivent les amandes de ginkgo aceux qui sont su~t

al'h ypertension ou au diabete. Ginkgo dans un village rural traditionnel (a gauche); Un ginkgo a Yongmunsa (a droite)

cianisme. Des moines auraient ramene de leurs voyages en Chine des graines qu'ils auraient ramassees pres de temples, et qu'ils auraient semees une fois de retour en Coree. Les vieux ginkgos qui se dressent pres de plusieurs temples bouddhistes careens auraient ete plantes a cette epoque. Les Chinois avaient coutume d'en planter devant les autels dedies a Confucius. Ces ginkgos. etaient appeles haengdan ou ginkgo d'autel. Et il est fort probable que des savants careens aient fait de meme lorsqu'ils rentrerent de leur peregrination dans !'Empire du Milieu. Le ginkgo, vieux de 400 ans, ornant l'autel confuceen de l'universite 74

QueUe que soit Ia verite, l'arbre aurait plus de 1100 ans d'age. Ce qui permet d'affirmer que le ginkgo a ete introduit en Coree il y a tres longtemps. Le climat de Ia peninsule coreenne a !'air de convenir parfaitement au ginkgo. En Coree, dix-neuf de ses vieux representants ont ete designes monuments naturels, et 813 sont proteges a titre d'arbres andens vivants. Le plus celebre d'entre eux se dresse au temple de Yongmun. C'est le premier aavoir obtenu cette reconnaissance e~ comme nous le disions precdmn~ il est non seulement le plus vieux mais aussi le plus haut parmi ses congeneres.

Les Careens attribuent une arne aux arbres qui vivent longtemps et ils les venerent. Ces arbres ne doivent pas etre coupes, ni maltraites sous peine d'attirer le malheur. Ces croyances apparaissent dans les nombreuses legendes qui entourent plusieurs arbres seculaires. Le ginkgo de Yongmun-sa est adore comme un arbre divin auquel on impute des faits mysterieux, et en tant que temoin d'innombrables evenements survenus au fil des annees. On raconte qu'un jour, alors qu'un homme tentait de le couper au moyen d'une scie, du sang a coule de l'entaille, le ciel s'est brusquement assombri et le tonnerre s'est mis agrander. Effrayee, Ia personne a immediatement cesse. Si le temple de yongnun a ete victime, a plusieurs reprises, des incartades de l'histoire, endommage ou detrui~ il n'est prnais rien arrive a l'arbre. Au cours d'une bataille en 1907, soit trois ans avant !'annexion de Ia Coree par le gouvernement imperial nippon, les envahisseurs japonais, convaincus que ce temple etait un foyer du mouvement de resistance, ont reduit en cendres le complexe religieux mais n'ont pas touche a l'arbre. Le pavilion des Quatre Divinites Oes quatre gardiens celestes a !'entree du temple) brOle, l'arbre fut venere comme l'Arbre Roi Celeste On dit que l'arbre produit des bruits etranges ou manifeste des signes lorsqu'un evenement majeur, de portee nationale, est sur le point de se produire. Par exemple, lorsque le roi Kopng a rendu son dernier soupir, une grande branche de l'arbre est tombee coupee nette. On l'aurait egalement entendu emettre de curieux sons pendant les deux mois qui ont precede Ia liberation du pays, ou encore_durant 50 jours avant Ia guerre civile; meme chose pour le soulevement des etudiants du 19 avrill%0 et pour le coup d'etat militaire du 16 mai de l'annee suivante. Le ginkgo de Kumsan (province du Ch'ungch'on du Sud), monument nature! no84 et celui de Hwasun (province du Cholla du Sud) monument nature! no303 sont consideres comme des arbres sacres dotes du pouvoir de predire les bouleversements survenant dans le pays. Le ginkgo de Y6ngw61 (province du Kangwon), monument nature! no 76 abri-


terait un serpent sacre, celui de Kwi-san (province du Ch'ungch'6n du Nord), monument nature! n"165, serait habite par un serpent avec des oreilles, et celui de W6ns6ng (province du Kangw6n), monument nature! n"167, par un serpent blanc. Ceux-ci ne representent qu'une partie de Ia longue liste d'arbres auxquels on confere un caractere divin. Car on trouve aussi des arbres de Ia fecondite ou des arbres protecteurs du peuple contre ceux qui detiennent le pouvoir. Bref, le ginkgo partage les joies et les peines du peuple coreen generation apres generation Aujord'h~ les recherches scientifiques donnent une autre dimension a sa popularite. Celles-ci ont decouvert dans ses feuilles des substances aux proprietes bienfaisantes contre !'hypertension, les maladies du coeur et contre le vieillissement. Depuis longtemps, les specialistes de phytotherapie orientale prescrivent les amandes de ginkgo aceux qui sont sujets a!'hypertension ou au diabete. nconstitue le remede ideal pour les crampes d'estomac, les spasmes et les fortes fievres. Toutes ces raisons expliquent pourquoi on continue a planter le ginkgo qui doit sa survivance aux nombreux avantages et bienfaits qu'il procure. Le ginkgo fournit un bois d'une qualite superieure, d'une couleur attrayante et facile a travailler. D'ailleurs on !'utilise pour fabriquer toutes sortes de meubles et pour Ia sculpture. Le ginkgo aime le solei! et les sols humides et il est resistant au froid, aIa pollution et au vent de mer. Replante hors de son habitat nature!, il s'adapte bien a son nouvel environnement. Les arbres males sont preferes pour le bord des routes car les amandes des arbres femelles sentent mauvais lorsqu'elles tombent al'automne. Mais il n'y a pas d'autres solutions possibles que .' d'attendre Ia floraison pour pouvoir distinguer le sexe de l'arbre. On obtient un jeune arbre par le semis de graines ou par le sectionnement de jeunes tiges pqussant aIa racine. L ' automn~ d'or chassera bient6t les chaudes journees de Ia saison estivale. Ne serait i1 pas sympathique de glisser une feuille de ginkgo dans un livre, cet automne, pour le soulager de sa solitude? + 75


ACTUALITES

Park Soo-keun simplicite et compassion Lee Ku-yeol Critique d'art, Commissaire des expositions du Centre des Arts de Seoul n~ateur

des peintures moclemes les plus remarquables et les plus originales de Coree, Park Soo-keun (Pak SugUn, 1914-1%5) est l'obrt de nombr~use¡ recherches et de beaucoup de respect de la part des critiques professionnels et des amateurs d'art non-professionnels. Park ne vecut que jusqu'a 51 ans, dans une grande pauvrete et la solitude Les epreuves qu'il a traversees au cours de sa vie font maintenant partie de sa legende Ne dans une famille vivant moclestement dans Ie chef-lieu de Yanggu, en plein coeur de la province de Kangwon, Park est reste pauvre toute sa vie Trop pauvre pour recevoir une education formelle apres l'ecole elementaire, il a etudie seul, determine a ,poursuivre, des son plus rune age, une vie artistique N'ayant pmais eu, materiellement parln~ de sum~, Park a plus certainement ¡ reussi sur le plan artistique La lutte de Ihomme pour sa survie, que Park a connue dans sa propre vie ala campagne et qu'il a vue dans Ies epreuves de ses voisins, tous de pauvr~ gens, comme les colporteurs sur les marches, est devenue le theme de ses travaux. Ses peintures, fide!es au monde dans Iequel il vivait, sont des chefs-d'oeuvre de l'art coreen mocleme Alors que ses peintures continuent a vivre, Park nous a quitte depuis 30 ans maintenant La Galerie Hyundai a SOOul a tenu une retrospective irnportante de ses oeuvres au debut de l'ete, nous rappelant anouveau que! remarquable artiste il etait A !'occasion de cette exposition, des conferences speciales sur la vie et l'art de Park ont ete organisees, accompagnees d'un seminaire retrospectif parraine par la Societe Coreenne d'Histoire de l'Art Moclerne (the Korean Society of Modern Art History). Ces nombreux evenements refletent les convictions de la

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Park Soo-keun

Les contours noirs epais qui delimitent les figures dans ses peintures et !'atmosphere creee par son utilisation des tons jaune fonce et gris refletent letonnante habilite de Park

a dessiner et son grand pouvoir d'expression. communaute artistique locale quant a !'importance de reevaluer et reconnaltre l'oeuvre de Park aupurdhui Chretien fervn~ Park a un pur eait ')'ai essaye de vivre selon ces paroles de la Bible "Benis soient ceux qui perseverent'', "Airne ton prochain". C'est ainsi que fai reussi a etre patient sur ce chemin douloureux qui est le mien.'' Dans sa runesse, Park a decouvert dans une revue, les peintures pastorales du pein-

tre franc;:ais du dix-neuvieme siede, Mile~ et a ete profondement touche par l'amour et par la ferveur chretienne qu'il a vus en elles. A partir de ce moment-Ia, il a prie Dieu, lui demandant de devenir un peintre comme l'etait Millet La carriere artistique de Park a commence pour de bon lorsqu'il a gagne plusieurs prix a !'Exposition annuelle d'Art Chos6n subventionnee par le gouvemement colonial pponais pendant les annees trente Ces premiers travaux decrivaient des femmes pilant des grains ou travaillant dans les champs et des scenes de tissage de la vie quotidienne de sa mere et de sa rune epouse ll a represente le monde qui l'entourait sirnplem~ rertant la realite ob~ve pour une perspective emotionnelle pure Son art etait une expression des idees des gens du peuple Les premiers travaux de Park furent tous detruits lors d'un bomarden~ pendant la guerre de Coree, apres que lui et sa famille aient fui vers la Coree du Sud, traversant le 38e parallele nne sut ce qui etait arrive ases peintures que l'annee suivante La maison de famille de Park se trouvant en Coree du Nord apres la guerre, il n'eut pmais l'occasion d'y retoumer. Lui et sa famille s'installerent a Seoul ou Park commen<:a a explorer de nouveaux horizons mtistiques. Si Pm¡k etait reste en Coree du Nord, nous n'aurions peutetre pmais eu la chance de conna1rre sa remarquable originalite Sa libe1te recemment decouve1te et ses croyances chretiennes ferventes fment Ie centre de son monde mtistique apres son installation dans le Sud A partir de 1953, Park a commence aparticiper aux expositions nationales d'mt parrainees par le gouvernement coreen. C'est dans Ies peintures qu'il a faites pour ces expositions qu'il a elargi son approche,


ACTUALITES

representant des femmes colportant de l'huile comestible au marche, des grandsmeres vendant des produits, des enfants jouant dans des allees, de vieux hommes isoles bavardant dans un coin, des jeunes sans emplo~ ou des femmes revenant dans .leur baraque apres une dure journee de travail Avant Ia fin des annees cinquante, le boeuf, composante importante de Ia vie agraire traditionnelle, t:res proche du coeur coreen, a commence a·apparaitre dans les peintures de Park En 1962 et 1963, Ia musique et les danses paysannes joyeuses devinrent son sujet principal Park n'etait pas en mesure d'utiliser des toiles et de Ia peinture a l'huile comme il l'aurait voulu, aussi a-t-il eu tendance a peindre de petites peintures plus facilement vendables. II crea cependant quelques grandes pieces afin de les soumettre aux expositions nationales d'ait Grands ou petits, ses travaux montrent tous une sincerite consequente et un engagement vers Ia perfection

A bien des egards, Park etait comme un forgeron trempant soigneusement son fer. n a essaye d'etre fidele asa quete artistique en delimitant son theme central selon de

grandes lignes, puis en aeant une tiche surface ''textuelle''. La densite et remotion simples, si particulieres a ses peintures, ne sont pas seulement des expressions de Ia vie quotidienne des gens du peuple, elles refletent aussi Ia structure interne de son travail Les contours noit'S epais qui delimitent les figures dans ses peintures et l'atmosphere a·eee par son utilisation des tons jaune fonce et gris refletent l'etonnante habilite de Park a dessiner et son grand pouvoir d'expression Presque tous ses personnages sont habilles avec les simples costumes folklotiques des gens du peuple: jupes ou pantalons blancs avec une occasionnelle veste noire. Leur visage est represente simplement dans des tons bmns mats. Chacune de ses caracteristiques temoigne de l'evidence de Ia conscience aitistique originale de l'artiste. Les surfaces grises-bmnatres gmmeleuses des peintures de Park evoquent le granite desagrege que l'on peut trouver partout dans Ia peninsule ·cor¢enne et qui renvoie a des sensations de chaleur et d'histoit·e pour le peuple coreen Tous les Coreens l'ont touche a un momept ou a un autre, aussi est-il certain de reveiller en eux les douces sensations ~u "pays". Cette texture ressemblant a du granite est au coeur de Ia desaiption que fait

Park de Ia conscience esthetique coreenne traditionnelle et des emotions des gens du peuple, a partir de Ia moitie des annees cinquante. Les contours sombres qui courent a travers cette surface granitique, rememorent aux spectateurs Ia beaute spitituelle solenneUe des lignes epaisses cemant les representations traditionnelles de Bouddha gravees dans les falaises Cest a travet'S ces lignes que Park a explore son heritage artistique. Un spectateur occidental a appele les peintures de Park des "peintures alhuile orientales". n n'y a pas de doute que ce spectateur voulait dire que des peintures a l'huile de Park transparaissaient un caractere oriental et coreen bien detetmine Ce n'est malheureusement qu'apres que Park ait perdu un oeil a Ia suite d'une cataracte causee par l'abus d'alcool et apres sa mort, due a une maladie de foie, que les qualites a~tisque de Park ne fment reconnues dans Ia communaute artistique coreenne. Aujourd'hui, de nombreux critiques d'a~t sont d'accord pour affitmer que Park Soo-keun fut le plus grand peint:re de l'histoire de Ia peinture a lhuile coreenne, et qu'il doit etre respecte a Ia fois pour ses capacites et sa compassion +

Retrospective de Park Soo-keun ala galerie Hyundai 77


ACTUALITES

La Biennale de Kwangju FRANCHIR DES FRONTIERES Lee Y ong-woo Critique d'art I Professeur d'education artistique a l'Universite Kory6

e mcxiemisme a fait prendre vie aux ideaux des Lwnieres. Mais, il est maintenant presque eclipse dans le domaine de l'art par de nouvelles perspectives qui transcendent les ideologies etablies. Et l'epoque actuelle est assaillie par le syndrome du "post'': post-mcxiemisme, post-marxisme, post-communisme, poststructuralisme, post-realisme, post-information, post-communication et post-humain. Toutes ces differentes ecoles revencliquent Ia decouverte d'une nouvelle culture en soulignant les imperfections de ce monde, en proclamant sa perte, ou en favorisant l'etude d'une culture populaire. Si le mcxiernisme etait le triomphe de Ia civilisation, l'ere "post'' oitique les echecs et Ia suffisance du prcwes, .s'effon;:ant de renverser le paracligme. Cependant, ces oitiques populaires ont fait face a des difficultes en transformant les paracligmes culturels et historiques, et, dans Ia plupart des cas, ont seulement conduit a des revisions mineures. Les changements de sensibilite soulignes par les post-modernistes dans les annees soixante<lix ont cree des ondes de choc. Les textes post-modernistes sont devenus un point de reference important pour le mouvement culture! de Ia nouvelle generation Le post-mcxiemisme, cependant, fait aussi bien, sans cliscemements, l'apologie de Ia culture de masse ou des arts mecliatiques que de !'art de !'image. Alors qu'ils se demarquaient du mcxiemisme et qu'ils l'attaquaient, les post-modernistes etaient largement dependants d'une approche dialectique et, par consequent, au lieu de veritablement transcender le mcxiernisme ou d'offrir un nouveau paradigme, un trop grand nombre de groupes post-culturels ont emerge et cree des conflits dans de nombreux domaines. Concernant ces tendances, Ia Biennale de

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La Biennale de K wangju est differente des biennales artistiques d'occiden~

dans sa perception

de la culture et dans sa raison detre. Elle a ete organisee afin de refe1mer Jes plaies que l'histoire a ¡engendrees en Coree modem e.

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'95 KWANGJU BIENNALE

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Kwangju est tout a fait differente des biennales de fOccident quant asa perception de Ia culture c'est ce qui est sa raison d'etre. Attendu que Ia Biennale de Venise, par exemple, a ete initialement organisee, il y a cent ans, pour promouvoir fart europeen dans le cadre unique de cette ville, Ia Biennale de Kwangju a ete creee, elle, avec Ia volonte de panser les plaies, encore avif, contractees par Ia Coree dans son histoire mcxieme. Au premier plan, le soulevement pro-democratique de Kwangju du 18 mai 1980 et sa dure repression seront presents afesprit de tous a cette biennale. A Ia Biennale de Kwangju qui ouvrira le

20 septembre pour une exposition d'une duree de deux mois, l'art ne temoignera pas simplement de techniques ou d'ideologies artistiques, ni de l'esthetique pure, mais tachera aussi d'offrir une vision de fart plus vaste. Cette approche differe de celle de l'esthetique socialiste, qui politise !'art Elle refuse aussi l'interpretation rigide de l'art des realistes. nn'y aura pas de jugement dogmatique sur ce qui est acceptable ou sur ce qui ne fest pas. Ce qui est souvent neglige dans Ia philosophie qui domine les arts, parce que celle<:i est trop absorbee par ellememe, c'est que Ia realite est tres vaguement interpretee L'Avant-garde, une excroissance du modemisme processif, a ete revolutionnaire et a quelquefois ete qualifiee de ''raison d'etre" de l'art Mais elle a atteint maintenant ses lirnites car elle tendait as'identifier au fatalisme. La Biennale de Kwangju refuse de considerer Ia culture comme allant de soi et de cette fac;:on insistera sur les formes d'art futures et les attitudes culturelles orientees vers le futur plut6t que vers le present Cest seulement en re~tan les dogmatismes artistiques que nous serons capables de decouvrir Ia veritable essence de l'art Cest un pro~t tres ambitieux, mais seulement une telle attitude sera capable d'eliminer les valeurs "anti-culturelles" qui se sont jusqu'a present developpees sous des formes artistiques liberales. Quelques critiques peuvent considerer une telle approche comme etant trop exageree, remarquant qu'il est absurde de pretendre resister a de tels courants. Mais, nous ne pouvons pas traverser sans cesse des oises d'identite en suivant aveuglement des mcxieles culturels tels que l'ed.ectisme ou le pluralisme. Pendant les annees soixanteclix, fart minimal et fart conceptuel ont peu a peu clisparu et alors qu'une vague de conservatisme a souffle sur Ia peinture et Ia sculp-


ture, de nombreuses personnes ont celebre cette tendance comme etant Ia nouvelle valeur artistique qui transmettait ragonie et Ia fureur de rart Des peintures frustes ont remplace les lignes abstraites, et comme tart du dessin etait revenu dans les toiles, nombreux sont ceux qui ont accueilli cette tendance comme quelque chose de nouveau. Certaines de ces peintures etaient !aides, parfois rien d'autre que des copies malhabiles de travaux existants, mais elles etaient encore louees par Ia critique Aupurdhui, cepnda~ personne ne dira plus q!le ce type d'art represente une ere nouvelle, ou une nouvelle forme artistique ~ but d'une biennale n'est pas de juger !'art, mais de discuter ouvertement des differentes eventualites. Malheursmn~ dans certaines biennales, Ia culture ocddentale est supposee etre culturellement superieure et rart est estime selon le succes commerdal ou critique des oeuvres, ou bien, en fonction de rechec des expositions artistiques.l.a culture orientale, d'un autre c6t:e, est plus flexible et apporte une valeur aputee de par Ia convergence de toutes les possibilites. La Biennale Whitney provoque des con, traverses tous les deux ans parce que Ia culture americaine et ses artistes partagent tous une vision ~une et ouverte et que tous sont prets aaccepter une critique constructive La Biennale de Venise, d'un autre cote, juge chaque oeuvre d'art selon sa conformite avec le su~t ou le theme de Ia biennale Mm d'etre "conformes", tous les participants doivent avoir un budget consequent et etre documentes, sans oublier le c6t:e publidtaire et les frais administratifs. L'art .peut difficilement accepter de nouvelles tendances tous ,. les deux ans, aussi ce type de biennale peut-il tomber dans un piege, celui de devenir, d'un • point de vue theorique seulmn~ un festival d'art Cest pourquoi les biennales doivent etre transformees en festivals pour Ia diffusion d'informations utiles. Sinon, les biennales ne feront qu'etouffer le developpement des idees a¡eatives. La Biennale de Kwangju est d'abord, et avant tout, centree sur l'intertextualite,

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Zhang Da Tian (Taiwan)

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Lii Sheng Zhong(Chine)

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comme l'indique son theme "Franchi!¡ des frontieres". Ce theme mont:re le besoin de vaincre Ia suffisance de Ia "post-culture" et d'e1iger un pluralisme divergent en m~ant un concept plus clarr de frontieres. On doit mettre au rebut les valeurs esthetiques traditionnelles et encourager une nouvelle generation d'artistes, adaptant leur talent a l'epoque presente Cela cherche a ameliorer une forme globale d'art en maximisant l'inclividualite et en depassant les antagonismes regionaux. Cela signifie depasser le texte esthetique interpretatif a !'extreme, qui juge principalement le materiau utilise ou les fonctions de i'ait Conformement a cela, les expositions en preparation pour cette categorie comprennent !Exposition Intemationale de Ia Biennale, !Exposition d'Art de !Information, l'Ait sous forme dExpositionsTemoignage, !Exposition sur le Soulevement Democratique de Kwangju du 18 mai, !Exposition stir Ia Pensee et les Artistes Lettres Orientaux, !'Exposition sur !'arne Coreenne dans !'Art Coreen Modeme, !Exposition d'Art de Coree du Nord, !Exposition d'Art de Coree du Sud et !Exposition d'Art coreen contemporain Ensuite, Ia Biennale essayera d'adapter !'art intellectuel a!'art de l'info1mation Une erreur de !'art contemporain a ete d'opposer Ia forme aitistique au fond, l'abstrait au conre~ l'allegorie a Ia metaphysique et l'avant-garde au traditionnel Une telle approche peut conduire apenser que l'art est en proces, qu'il y a seulement deux verdicts possibles: coupable ou non coupable L'inte1textualite a~tisque ne signifie pas que tout est sirnplement mis ensemble. Elle signifie le detachement des frontieres ou des concepts rigides et leur complementarite les uns avec les autres, en donnant aux gens acces a l'infoimation La poursuite de l'etude aupurd'hui n'est pas sirnplement une question de connaissance pure, mais doit passer pa~ ¡ une information utile. L'art et l'information sont aussi foitement lies atravers le role social de l'ait Enfin, Ia question de l'interactivite de l'a~t "hi-tech" sera posee Les formes aitistiques "hitech", exprimees atravers Ia video, les ordinateurs, les lasers ou l'holographie, peuvent sirn-


ACTUALITES

plement etre considerees comme des jeux informatiques si le public est non informe sur Ia technologie impliquee. Les technologies sophistiquees ne sont plus ido!atrees comme elles l'etaient quelques dizaines cl'annees auparavant par les futurologues. Si .Ia technologie n'est pas devenue une forme d'art, l'utilisateur doit etre capable cl'interagir avec elle La technofogie doit etre interactive, sinon elle restera simplement au niveau profane de l'art superieur. L'Exposition d'Art de !'Information de Ia Biennale vise acreer une forme avancee d ' art~omunic, permettant au createur-ecrivain et a l'usager-lecteur cl'interagir. L'art a toupurs essaye de s'adapter a Ia realite historique et a toupurs essaye de remplir le role de temoin historique A vrai dire, cela a ete sa fonction Ia plus importante L'art comme temoin ne consigne pas simplement l'histoire, mais nous rend humble et nous affecte avec une interpretation detaillee de l'histoire L'art doit par consequent etre libre d'interpreter a nouveau l'histoire, ce qui lui avait ete interdit de faire dans ]'art moderniste路Cela signifie non seulement faire revivre le realisme, mais aussi reviser le role de !'art L'exposition sur le Sou!evement de Kwangju du 18 mai donnera 'lUX artistes l'oppo1tunite d'interpreter un evenement historique capital L'autonomie de Ia culture n'est pas tributaire des limites temporelles et spatiales comme il en est des evenements spoitifs ou des foires commerciales internationales. Differents contextes histoiiques doivent etre respectes ainsi que l'expression originate des diverses langues. La Biennale de Kwangju sera non seulement un festival d'ait coreen, mais representera aussi le style lettre, une forme repandue de peinture asiatique, ainsi que d'autres caracteres asiatiques originaux que l'on retrouve dans Ia sculpture Le style lettre etait un genre "bourgeois" typique, appreoe en Coree pa~路 les hauts fonctionnaires et les lettres cette forme artistique surpasse Ia peinture figurative et abstraite occidentale Ce qui prouve aussi que l'a1t moderniste n'est pas necessairement le resultat logique cl'une revolution industrielle ou du developpe-

Myron Krueger (Etats-Unis)

ment d'une societe civile La division de Ia peninsule coreenne continue cl'affecter Ia perception de lhistoire des Coreens. Au vingtieme siede, Ia Coree a subi tren~iq annees d'autorite coloniale, Ia Guerre de Coree et Ia division du pays. La Coree du Sud a ete dirigee par des dictateurs militaires, a ete temoin de l'ecrasement du soulevement democratique de Kwangju et maintenant est en voie de democratisation L'histoire coreenne s'est developpee temporellement et spatialement de fa~on fracturee Dans l'intervalle, !'art de Coree du Nord, base sur le juche ou "ideologie de l'independance", est caracterise par l'immobilite, typique de !'art socialiste. Ce type d'art n'a pas de place dans les limites autonomes de Ia culture. Neanmoins, il continue a se developper. Et qui plus es~ Ie路 fosse artistique entre les deux Corees se creuse, non seulement a cause des systemes politiques differents, mais aussi parce que chaque cote a developpe son art independamment de !'autre. Les gens sont tous tres interesses par !'art moderne de Coree du Nord qui, encore que peu different du realisme socialiste des annees quarante, s'est detache du style traditionnet de Chason. La Biennale de Kwangju presentera une Exposition d'Art de Coree du Nord, sollicitant les particifru1ts acommenter cet exernple sp&:ifique de type de frontieres. L'opinion generate est que les frontiffes fluctuantes doivent etre absorl::res pa~路 Ia culture Les festivites ''p051:illturelles" sont anivees aterme Les images stagnantes reduites al'impuiwnce se developperont en un esthetisme reallite, creant des frontieres originales. Le dessein de Ia Biennate de Kwangju n'est pas de troubler les foules ni de dependre excessivernent de l'esthetisme populaire Elle doit creer un esrx:tce ou une libre discussion est possible et de cette fa~on contiibuer aIa naissance de mouvements culturels significatifs. Cest seulernent en allant au<iela des systemes politiques, des races ou des problemes religieux, en respectant les contextes culturels va~ies que nous serons capables de suivre le chemin de Ia mondialisation et de Ia naissance d\m vaitable village mondial + 81


ACTUALITES

Fierte et patriotisme d'une soiree d'ete Cho Chong-kwon Poete

e 15 aoGt 1995, un concert a eu lieu au Stade olympique de Seoul, en commemoration du cinquantenaire de !a Liberation du pays du joug japonais. _Plus de 650 personnes dont 20 musiciens coreens, de metropole et d'outre-mer, tous de renommee mondiale, l'orchestre symphonique de !a chaine KBS et son choeur, ont participe a cet evenement destine a rappeler !a joie de !a liberation et a manifester !'aspiration du peuple coreen a !a reunification de !a peninsule. Plus de 60.000 melomanes sont venus ecouter le concert en plein air qui a offert, en dehors d'une musique magnifique, un spectacle fantastique de lumieres avec des images au laser. L'evenement a pu remplir le stade olympique avec un esprit de grandeur rappelant celui des Jeux olympiques de 1988. Apres avoir vu, sur un disque laser video, le concert organise au stade de Wimbledon en Angleterre pour !a liberation de Nelson Mandela et un concert de Ludano Pavarotti au Hide Park de Londres, fai ete particulierement emu de voir les Coreens organi.ser avec succes un concert en plein air d'une telle envergure. Le concert, parraine par le Ministere de !a culture et des sports, le quotidien Chosun llbo et !a chaine de radio et de television KBS, a ete d'autant plus significatif qu'il a pu reunir les jeunes artistes coreens reconnus sur !a scene internationale. Pour participer a ce concert, ils

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avaient volontiers annule ou modifie leurs projets deja etablis. n faisait chaud et humide, !a temperature s'elevant jusqu'a 33"C, ce soir d'ete. Mais le concert a ete d'une harmonie parfaite, et je ne peux m'empecher de comparer ce stade a l'arche de Noe. Vu de loin, !a scene, enveloppee d'un nuage mysterieux alternativement lumineuse ou noire, ressemblait a un enorme Graal entoure d'une phalange, les 400 hommes qui constitu-

aient les membres de l'orchestre et du choeur. Le concert a commence avec un vibrant concerto pour quatre pianos et ensuite !'audience a ete charmee par le vier loncelliste Chung Myung-wha qui a interprete avec b1io "Hanobaengny6d', accompagne de !a lecture d'un extrait des oeuvres du romancier Shim Hun. La lecture d'oeuvres litteraires par les poetes Ku Sang et Cho Pyong-hwa ainsi que celle d'ecrits de Shim Hun, avait sans doute pour but le rappel du passe douloureux du pays et !'aspiration a un avenir meilleur, mais fai egalement pense que !'occasion, notam-

ment !a recitation du poete Ku Sang, a revefe !a possibilite pour le Stade de devenir un excellent site de lecture litteraire. Le point d'orgue de !a premiere moitie du concert a ete !a jeune Sarah Chang, virtuose du violon, qui a joue !a Fantaisie de Carmen et Feux d'artifices du roi de Handel Plus tard, lorsque Chung Myung-whun, chef d'orchestre connu intemationalement, dirigea l'orchestre des cuivres pour un morceau "explosif", il ressemblait a un pretre surveillant un rite destine au Ciel La seconde partie du concert a reuni des chanteurs coreens internationalement connus, comme ]o Sumi, Hong Heikyung, Shin Young-ok, Ch'oe Hyon-su et Pak Sewon. Ils ont tous chante des extraits d'oeuvres de Verdi, un choix adapte a !'occasion, etant donne !a profonde devotion pour !a pattie du compositeur. Le concert a enthousiasme !'audience par sa performance excellente et son choix genial du repertoire, allant droit au coeur des auditeurs. Bien sur, nous avons tous ete impressionnes par le spectacle fabuleux a effets speciaux, mais nous l'avons ete davantage par !a musique de Verdi et par La Fantaisie de Coree d'An Ikt'ae (1904-1965), chef d'orchestre et compositeur patriote. Joue a !a fin du concert, ce morceau a ete particulierement emouvant, illustrant !'aspiration du peuple a !a reunification et !a vision du brillant avenir du pays. +


APER<;US DE LA LITTERATURE COREENNE

Ha KUn-ch'an

Ha donne une description detaillee des personnages et des scenes oii se situe l'action, si bien que le lecteur peut se faire une idee lui-meme de la situation. Ha est un auteur qui se rapproche le plus possible de la realite et qui ecrit avec objectivite.

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L'univers litteraire de

Ha KUn-ch'an Song Hi-bog Professeur de Litterature coreenne a l'Universite Dongkuk

ecrivain Ha Kun-ch'an est ne a Y6ngch'6n, dans Ia province du Kyongsang-Nord, en 1931 ll a suivi une formation pour devenir enseignant et a obtenu un dipl6me universitaire d'ingenierie en constructions civiles. na ete instituteur pendant de nombreuses annees, puis purnaliste pour plusieurs purnaux et magazines, specialise dans le domaine de reducation. Sa carriere litteraire demarre avec un prix au concours national de creativite litteraire des etudiants, en 1955, avec Ia nouvelle La chair et Je smg, et un autre prix, rannee suivante, egalement avec une nouvelle, intitulee La sauterelle, a !'occasion d'un concours educatif parraine par un hebdomadaire specialise sur reducation. n fait ses debuts litteraires de fac;:on formelle, en 1957, avec Deux generations de malheur, oeuvre qui lui fait remporter le concours annuel de litterature organise par le quotidien Hanguk llbo. Au debut de sa carriere, Ha a surtout publie des nouvelles. A part Deux generations de malheur, ses nouvelles les plus irnportantes sont L'histoire d'un ferry-boat (1959), La barbe de papier blanc (1959), La

tombe royale et Jes troupes d'occupation

Cho Y6n-hy6n en 1983, le premier prix de litterature Yosan en 1984 et le sixieme prix de litterature Ryu Chu-hyon en 1989. Les romans de Ha depeignent Ia realite tragique de l'histoire moderne de Ia Coree par le biais d'une description flegmatique des choses telles qu'elles sont, parfois a travers des roots extremement pathetiques ou humoristiques. Dans un grand nombre de ses oeuvres, il est question de Ia peine et de Ia souffrance qui ont ete infligees au peuple coreen lors des frequentes invasions etrangeres qui ont ponctu~ rhistoire de ce pays. Dans ces oeuvres, Ha park~ des victimes de Ia tornade traumatisante qui a balaye Ia Coree de Ia colonisation pponaise (1910.1945), jusqu'a Ia guerre fratJicide entre les deux Corees (195().1953). Le sabre pponais est une satire du japon, pays qui a attaque les Etats-Unis dans sa logique impe1ialiste Un directeur d'ecole nippon, impulsif, assene a sa femme un coup de sabre lors d'une dispute, rate son coup et coupe Ia branche d'un pmnier. nse retrouve alors seul dans Ia cour de son ecole, brandissant son arme comme s'il combattait un bombardier B-29 americain De ¢unes ecoliers, qui se sont caches dans un abri anti-raids aeriens, ne peuvent s'empecher de rire devant un tel spectacle

(1%3), Lecho (1964), La colline rouge (1964), La belette (1970), Le sabre pponais (1971) ainsi que Le troupeau de canards deJa riviere Imjin (1976). Apres dix ans de carriere dans le purnalisme, en 1%9, il se consaa·e totalement a Ia aeativite litteraire. Parmi ses romans les plus repres,entatifs, on peut trouver Le pot de chamf:?re (1970), Chronique de W6hye (1978), Dans les montagnes et Jes champs (1981) et Le petit dragon (1988), oeuvres qui lui ont valu respectivement le septieme p1ix de litterature coreenne en 1970, le second prix de litterature

relate un aspect tragique de Ia division tenitoJiale de Ia Coree, laquelle a conduit a de nombreuses separations de membres de famille. Bien que cette oeuvre soit un peu sentimentale, elle maintient cependant un sens ob¢ctif de requilibre Lorsqu'une ¢une fille demande au naJTateur si les canards de Ia 1iviere Imjin sont des canards nord-coreens ou des canards sud-coreens, celui-ci repond impassiblement que ce sont des canards nord-coreens s'ils vont vers le nord, et des canards sud-coreens

L'

84

Le troupeau de canards de Ja riviere Imjin

s'ils vont vers le sud. Puis Ia jeune fille se depeche de prendre son bus sans realiser que le vieil homme pourrait etre son oncle Dans Le pot de chambre, ressort le theme des deux guerres tragiques pour Ia nation coreenne Ia guerre du Pacifique et celle de Coree Le cadre ou se situe raction ressemble au village ou !'auteur a grandi. Haut en couleurs, il est typique de Ia litterature coreenne Le pot de chambre est, aux yeux des Coreens, un objet familier traditionnel tout comme un symbole de prosperite, de fertilite et de felicite conjugale Une aoyance populaire largement repandue attribue au pot de chambre le pouvoir d'influencer Ia destinee de Ia femme. Toutefois, les femmes dans cette histoire voient leur destin change par Ia tyrannie de forces exterieures sur lesquelles elles n'exercent aucun contr6le Une veuve perd son fils unique contraint aux travaux forces par les pponais. La vie de rherciine Kap-rye, qui a perdu un mali dans chacune des deux guerres, est mise en parallele avec Ia tJ·agedie de rhistoire modeme de Ia Coree Kap-rye en vient a realiser que son pot de chambre n'a pas le pouvoir d'ame!iorer son destin. Cette prise de conscience est pathetique et rappelle une tragedie grecque. Mais Ia descente de. l'urine de Ia femme se1t de catharsis et represente pour Ha le libre arbitre individuel ainsi qu'une liberation par rapport a Ia repression de rhistoire

Une lueur de l'optimisme Deux generations de malheur, dont Ia traduction en franc;:ais est publiee dans ce numero de KOREAN A, raconte rhistoire d'un homme et de son fils, tous deux victimes de Ia guen-e et de roppression. Le pere, Pak Mando, a ete enr6le de force dans rarmee nip-


I..es romans de Ha depeignent ponne vers Ia fin de Ia colonisation, puis est •._,c,w••'- chez lui avec un bras en moins. Son fils, Chin-su, a patticipe aIa guerre de Coree et y a perdu une jambe. Le sens du sacrifice decrit par !'auteur est tres allegorique puisque le destin du pere, qui a perdu un bras dans un accident lie a!'utilisation de dynamite dans un camp de travail, et celui du fils, blesse au cour d'une bataille, symbolisent l'identite nationale mutilee, un pays devaste par des conflits intemationaux et les ravages de Ia guerTe au

Ja realite tragique de l'histoire modeme de Ja Coree par le biais d'une description flegmatique des choses telles qu'elles son~

parfois atravers des 1-edts extremement pathetiques ou

pleins d'humow:

niveau des individus Ce root, traitant d'une rencontre entre un pere et son fils, ne met pas en relation leur handicap physique et leur angoisse mentale etant donne qu'ils se montrent incapables de surrnonter leur malheur personnel et portent un regard critique sur leur existence. Mais !'auteur apporte une lueur d'optimisme en depeignant Ia compassion simple et sans pretention de ces deux personnages qui sont resignes Dans deux passages de l'histoire, le 85


pere et le fils se soulagent en urinant, sur le chemin du retour au foyer. L'acte de se soulager peut etre interprete comme une catharsis du han (ou chagrin, ressentiment non partages), theme frequent chez les coreens. Lorsque le han est libere, ceux-ci parviennent afaire leur chemin sans s'en tenir seulement aleur souffrance tragique Le paroxysme de l'histoire est atteint lorsque le pere et le fils arrivent aun ruisseau qui ne peut etre traverse qu'en marchant sur une bGche etroite placee en travers. Le pere dit ason fils de monter sur son dos alors que celui-ci commen<;:ait aretrousser son pantalon Le fils s'execute, teJ1?11t ses bequilles dans une main et un maquereau dans rautre Le pere parvient agarder son equilibre et tous deux atteignent rautre bord du ruisseau abon polt Quand le fils se lamente d'avoir perdu sa pmbe et se demande comment il s'y prendra pour continuer a vivre, son pere se met a Yencourager, lui disant qu'il a bien ete capable de s'en sortir meme avec un bras en moins. Le malheur des deux generations presentes reflete Ia periode de souffrance enduree par le peuple coreen Le reat transmet aussi avec force et subtilite un message comme quoi les c;oreens, a !'image de ce pere et de ce fils, doivent surmonter leur tragedie en se montrant solidaires et unis, et en elaborant des pro~ts en vue d'un avenir meilleur. Le ruisseau symbolise aIa fois les obstacles qui entravent le chemin des Coreens et Yespoir qui transforme le sordide de Ia realite. L'eau represente Ia vie et Yimage des flots _?ffre un vif contraste par rapport aIa tristesse ambiante La barbe de papier blanc est une histoire de portee similaire Une traduction est egalement presentee dans ce numero de KOREANA Un pere perd aussi un bras apres avoir ete contraint par les Japonais, en temps de gume, a executer certains types de travaux Sa volonte ferme de survivre est decrite et observee par son ~une fils. Le pur ou son pere est de retour chez lu~ Tong-gil est chasse de fecole parce qu'il n'a pas pu payer les frais de scolarite. Le pere proteste aupres¡ du maitre puisque !'on prive son fils du droit a firistruction A Ia suite de cet incident, les camarades de classe de Tong-gil raillent ce demier et le meprisent en le traitant de " re~ton de manchof'. Pour joindre les deux bouts, le pere 86

accepte un travail qui consiste a porter un panneau publicitaire pour le cinema local; il divertit les passants en criant dans un megaphone: "Ce soir, on joue: Le type aux deux pistolets'' nest suivi par des camarades de classe de Tong-gil qui se moquent de lui Enrage, Tong-gil frappe Ch'ang-sik parce que celui~ afaide d'un baton de bois, a porte un coup a Ia barbe en papier blanc de son pere et erie ''Ce n'est pas une vraie Elle est en papie~' Le pere terrifie se debarrasse de son panneau publicitaire et tente de les separer. Mais ce demier, qui est le personnage principal de l'histoire, manque d'esprit combatif pour lancer des reproches ou s'affliger apropos de son malheur. ll ne proteste pas non plus contre son destin qui apparalt irrevocable, tout comme le pere qu~ dans Deux generations de malheur, de colere avale d'lin trait quelques verres d'alcool Dans fensemble, cependant, le pere dans La barbe de papier blanc temoigne d'une volonte plus ferme ainsi que d'une obsession plus tenace quant a dominer son handicap par f?PPOit a celui de Deux generations de malheui Une personne handicapee physiquement a besoin a Ia fois de volonte et de fermete pour surmonter Yadversite Les personnages de Ha, en general, n'acceptent pas humblement les circonstances tragiques dans lesquelles ils se trouvent. Le pere, particulierement, lance un defi au destin dans cette histoire et se forge une nouvelle vie avec une tenacite admirable La barbe de papier blanc nous presente le monde d'un enfant innocent qui est Ia version miniature de celui des adultes. Cest un monde dans lequelles personnages de temps aautre expriment de Ia haine et de Ia co!ere pour leur existence. Beaucoup de livres de Ha s'orientent vers un lyrisme de conte de fee, dG sans nul doute a son expe1ience de maitre d'ecole

Realisme et humanisme Le style employe par Ha pour eaire se distingue par plusieurs caracteristiques. Premierement, ses oeuvres traitent en ma~ure pa1tie de !'existence de personnes traumatisees par Ia gume S'il ecrit avec assurance sur le su~t, c'est parce qu'il a vecu Ia Seconde Guerre mondiale et Ia guerre de

Coree lui-meme Ensuite, Ha est en quete de realisme Ses ecrits ne laissent pas para.tl:.re ses propres sentiments. ll reste concis, avec des phrases simples et des descriptions precises. De plus, il n'utilise pas Ia premiere personne du singulier ni ne fait usage d'effets de surprise, il n'interprete pas non plus pour ses lecteurs les pensees et sentiments de ses personnages. Plut6t: que de se laisser tenter par des implications ou le symbolisme, par le biais de Ia technique de Ia condensation, Ha donne une description detaillee des personnages et des scenes ou se situe faction, si bien que le lecteur peut se faire une idee lui-meme de Ia scene Ha est un auteur qui se rapproche le plus possible de Ia realite et qui ecrit objectivement, avec des observations dans le vif du su~t On peut remarquer aussi que les oeuvres de Ha ont pour fond ideologique l'humanisme nen appelle aIa communaute d'ame des lecteurs en faveur des simples et des pauvres campagnards dont il est question dans ses roots. Bien que cela soit quelque peu contradictoire avec son penchant pour le realisme, il faut y voir cependant comme une tentative de repousser les limites de fapproche realiste Cest pour cette raison que notre auteur pen;:oit lhumanisme comme un facteur positif pour que les coreens surmontent leur souffrance Enfin, on retrouve dans tous les textes de Ha une ambiance "indigene". La maprite des personnages apparaissant dans ses recits men~t une vie difficile en milieu rural, dans Ia provinces de Kyongsang, Ia ou se trouve sa maison L'utilisation de dialectes t:mculents participe aYelaboration de cette ambiance et est a mett.re en con¡espondance avec le point de vue compatissant de l'unive.rs r~he.c par Ia poesie ly1ique Comme un aitique litteraire fa une fois signale, Ha peut etre compare a ''un poete populai.re s'effon;:ant d'atteindre le tragique". Cest aussi un poete epique qui croit en Ia survie face aux ci.rconstances tragiques de fexistence et qui depeint Ia peine et le chag~in des gens ordinaires a travers un dialogue vivant ns'engage fide!ement sur Ia voie d'un auteur ayant pour mission d'aider les Coreens aetablir de meilleurs lendemains en surmontant fetat de desolation dans lequelles a laisses lagume +


NOUVELLES DE LA KOREA FOUNDATION

Subventions P,?Ur les etudes Les programmes de Oourses de sur la Coree a Yetranger la Korea Foundation a

la Koral fuundation offre une aide financiere aux universites, aux instituts de recherche et aux bibliotheques l'etranger QOur les efforts qtf!ls m~aent en vue de promouvoir 1es etudes sur !a Coree dans leur pays. Les projets soumis a !'approbation de !a Korea Foundation cio!vent relever des Sciences-Hurnaines, des Sciences-Sociales ou d'un domaine artistique, et dans le cadre des ob¢ctifs defmis ci-apres:

1) Creation ou developpement de departements d'etudes sur !a Coree ( cours et enseignants ) 2) Mise a disposition de bourses pour etudiants de 2eme ou 3eme cycles et d'allocations de recherche pour les enseignants 3) Participation aux acqt.!isitions des bibliotheques et des cafulogues. Les dossiers d'inscription devront etre remis a !a Korea Foundation avant le 31 mai Les resultats de !a selection finale seront annonces le 15 octobre de l'annee en cours.

Pour obtenir ·Jes dossiers d'inscription, des conseils ou toute autre iriformation, s'adresser a: .

International Cooperation Department I The Korea Founikition C PO. Box 2147 Seoul. Korea Tel82-2-753-3464. Fax 82-2-757-2047. 2049

KOREA FOCUS BIMENSUEL SUR L'ACTUAUTE DE LA COREE En complement de !a revue KOREANA, !a Korea Foundation publie une revue intitulee KOREA FOCUS afin de participer aux efforts entrepris pour faire connaitre !a Coree dans le monde et pour avoir une p1ace a part entiere dans cette ere de globalisation Nous esperons que KOREA FOCUS pourra servir de reference de base a!a communaute moncliale en ce qui conceme !a Coree KOREA FOCUS offre ases lecteurs une vision generale de !a Coree

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contemporaine a travers un choix d'articles varies concernant l'actualite. Dans ce bimensueL vous trouverez des articles cibles sur !a politique, l'economie, !a societe et !a cUlture, des opinions sur le monde des affaires ainsi qu'une chronologie des evenements recents en Coree

Publies en anglais et en F3:ponais, ses articles sont t1res de puolications coreennes qui font autorite en !a matiere tels que les principaux quotidiens, les magazines d'actualite ou les revues univers1taires.

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