Koreana Spring 1996 (French)

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TRESORS DE COREE

Le kobi

Dans Ia societe traditionnelle coreenne, Ia piece reservee

a l'l).omme etait austere et contenait peu de decorations. La

plupart du temps, le seul ornement de cette piece etait le kobi, easier suspendu, utilise pour ranger les lettres, les rouleaux de peintures et les objets utiles pour peindre et calligraphier. Le kobi est un objet on ne peut plus simple mais il apporte une touche raffinee a !'ensemble compose par les mur~ blancs, les meubles de bois brun fonce et le papier de riz jaune, huile et vernis, qui recouvre le sol ol:1 traditionnellement, les Coreens s'assoient, prennent leurs repas et dorment Le plus sou vent les meubles sont done bas et Ia piece paralt plutot vaste. Le kobi, objet a Ia fois utile,

pour le rangement, et decoratif, permet d'amenager l'espace vide du mur entre les meubles bas et le plafond Un kobi a toujours reflete les goOts de son proprietaire et aujourd'hui, on peut encore en trouver de toutes sortes. Certains sont en bois de paulownia, grave au fer chaud. D'autres sont peints, decores de gravures qui representent les "quatre gentilshommes" (c'est ainsi que !'on nomme Ia fleur de prunier, l'orchidee, le chrysantheme et le bambou). Mais !'on peut egalement trouver d'autres fleUI¡s, voire des oiseaux, tous riches en couleurs. Certains, enfin, tirent profit de Ia tef:ture du bam~ que !'on peut facilement graver ou sculpter, pour devoiler l'interieur du kobi et ses papiers colores. +


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Etroitement lies ala vie quotidienne, les meu-

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bles ne peuvent pas se concevoir sans penser

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KOREANA est con -

sacre au mobilier co-

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mieux comprendre la culture coreenne.

L'esthetisme fonctionnel 4 L'esthetisme du mobilier coreen en bois

par Park Young-kyu

reen traditionnel pour nous permettre de

LE MOBILIER COREEN 14 Pieces et mobilier des maisons traditionnelles coreennes par Lim Young-ju

20 R

Les changsok : lorsque la fonction et la beaute se rencontrent

par Hong)ung-sil

E

26 Meubles incrustes de nacre et mobilier en cornes de boeuf par Park Young-kyu

30

L'ebeniste Ch'on Sang-won

par Kim YOung-uk

Š1'lJe Korea Fou//datio/1 1996. Tau s droits reserues. Toute reproductio/1, meme partiel!e, par taus procedes, sa 11s autorisatio11 prealable de Ia Korea Foundation, est i11terdite. Les opinions exprimees par les auteurs ne representent pas necessa ir eme nt cell es de KOREA NA e t de ¡Ia Korea Foundation. KOREANA, enregistre comme

trimestriel aupres du Ministere de !'Information, (Autorisation No. &1-1003, du 8 aoGt 1987) est aussi publie en pponais, chinois, espagnol et angL1is.

36

Les tables basses de Naju

par Kim Yoo-kyung

42 L'architecture contemporaine coreenne et !'expression de la coreanite

par Park Kil-ryong

50 INTERVIEW

Kim Chong-hak

par Kim Hyung-kook

56

Les tresors coreens ajoutes a la liste du patrimoine de l'humanite de l'UNESCO

par Kang Jae-soo

Korea Foundation


Vol2 · . . No.1pnntemps 1996

64 KOREAN A

CHEMIN FAISANT

]ian : les vest'g de !'esprit de Kogury6 -foo-youd.ges par Kim

70 L'ART COREEN A L'ETRA

Le muse d

Publication trimest . 11 deL F ne e a ondation de CorThe Korea F ee, 526 Namd oundation -aemunno 5-ga, Chun Seoull00-095, Coree g-gu,

NGER

DIRECTEUR Ch .DEL A PUBLICATION

par You Ho;g.·June e Cleveland

Ot Chang-yoon REDACTEUR EN CHEF

74

Leejong-up DIRECTEUR ARTISTIQUE

ARTISTES C OREENS A L'ETRANG

K ang Sue Jin

Park Seung-u

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par Lee _!ong-fio

REDACTRICE

Marie-Orange Rive

80 A LA DECOUVERTE

Les fleurs d par Lee Tchang-~oprmtes

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BUREAU DE

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Hahn Hyung-k k LA REDACTION Ktm Kwang-on K'un Moon-h 0 wan Ki S Lee Ku-yeol L' m eong-wou tm Young-bang

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84 ACTUALITES

L'art de Kim

par Lee Won-bok Hong-do

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Etranger · TheBKorea Founda tion CPO . . . OX 2147 S' Tel: (02)752-6171 ' eoul, Korea Fax: (02)757-2041 Coree Myung-Hwa Sa C.PO. Box 7852 STel: (02)274-5443,

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L'ESTHETISME DU MOBILIER Park Young-kyu Professeur de beaux-arts, Universite Yong-in Membre, Comite des biens culturels

e mobilier coreen en bois se caracterise par son cote fonctionnel et par sa simplicite A Ia difference des mobiliers chinois et occidentaux qui soot en general )arges et 1iches en orneinents, le mobilier coreen est sobre, de petite taille.et bas. Divers factems, comrne le climat, l'environnement natureL le type de logement et les coutumes du pays, ont contribue a !'evolution d'un tel style de mobilier propre a Ia Coree Dans Ia rnaison traditionnelle,

L

-

les Careens s'assoient sm le sol chauffe par dessous, avec un systeme de chauffage coreen appele ondol Cette coutume a fait naitre un mobilia: bien different de ceux de Ia Oline et de l'Oxident ou !'on s'assoit sur une chaise Etroitement lie a Ia vie quotidienne, le mobilier reflete bien Ia sensibilite du peuple qui s'en sert. Le mobilier coreen en bois, mettant en valeur le grain nature! du bois au lieu de recourir a des sculptures ornementales ou ades decorations colorees, temoigne le mieux de l'attachement des

Coffreit documents(mungap), XIXemesiecle, 144x ~x

36,8 em

Careens a Ia nature. Le gout nature! et simple des Careens se reflete notamrnent dans les meubles du sarang demeure des hommes dans Ia maison ti:aditionnelle, laquelle se caracterise par sa sobriete sans pretention et par !'absence de tout element a.Itificiel 1ÂŁ mobilier de Ia periode Chos6n (13921910) symbolise par excellence le sens du "beau" coreen, refletant un sens certain des proportions avec une division parfaite des surfaces. La composition spatiale et sa


COREEN EN BOIS division, presentes notamment dans le mobilier de Ia salle des lettres de Ia petiode de Chos6n, sont le resultat de Ia recherche d'une harmonie tenant compte de !'usage et de l'esthetique. L'etagere, Ia sabang t'akclxl, et le coffre destine a Ia conservation de documents, le mungqtp, en sont de bons exemples. Cette beaute simple et raffinee du mobilier de Chos6n est attribuable au travail minutieux qui rend sa structure solide et gracieuse en recourant a des raccordements invisibles. En effet, le

menuisier traditionnel se servait de Ia glu ou de clous en bambou, mais jamais de claus en fer. Une autre caracteristique du mobilier careen consiste dans Ia variete de bois utilisee differemment en fonction de !'usage et de Ia fotme du mobilier. On veillait egalement a prevenir le voilement et a resister a Ia contraction ou a !'expansion du bois, phenomene dO a Ia difference d'humidite et de temperature de chaque saison Des materiaux bon rnaiche n'etaient jamais utilises meme pour des

pat1ies invisibles du mobilier. D'apres les meubles de Ia salle de lettres et de Ia demeure des femmes conserves jusqu'a aujourd'hui, ceux fabriques au XVIIeme siecle et avant gardent une certaine influence de Ia Chine des Ming. Un style proprement careen a fait son apparition au XVllleme siecle. En un mot, si, a l'origine du mobilier careen, se trouve l'attachement des Careens a Ia nature, ce sont egalement l'environnement et Ia structure de Ia maison coreenne


J

Bureau de tettre(s6an), XIXeme siecle, 60x 25x 26 em qu~ ont joue un role determinant dans son elaboration. Le confucianisme qui a influence profondement Ia vie quotidienne pendant de Ia periode Chos6n, a egalement contribue a Ia fab1iC<1tion de meubles pratiques et fonctionnels.

Les caracteristiques structurales

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Le mobilier chinois -et occidental est plut6t de grande dimension, lourd et riche en decorations, les salles etant spacieuses et dotees de plafonds hauts. Par contre, le mobilier coreen tend a etre petit, Ieger et simple, les salles etant petites avec des plafonds bas. Les Coreens preferent s'asseoir sur le sol afin de profiter de leur systeme de chauffage par le sol, le ondol Les meubles pour les pieces a ondol doivent etre simples, petits et bas, pour ne pas constituer un obstacle visuellement, ni occuper trop de place·dans un espace deja limite. Le bureau du lettre (soan), Ia bolte a pierre a encre de Chine (yonsang) et d'autres meubles, qui sont destines au centre de Ia salle, peuvent etre deplaces facilement dans les coins pour mieux

utiliser l'espace de Ia salle. Le coffre bas et etl·oit destine a Ia conservation de documents (mungap), et le coffre de chevet, ( m6ritchanm, sont fabriques de telle so1te qu'on puisse s'en servir commodement dans une position assise. Les coffres, les commodes et les etageres sont con<;:us d'une maniere simple pour qu'ils s'adaptent a l'espace limite de Ia salle. L'harmonie ent1·e ces meubles simples et bas et les murs qui sont degarnis a !'exception de quelques vases et ustensiles bien places, cree une beaute unique propre aIa Coree Comme le confucianisme enseigne Ia segregation entl·e les sexes, Ia maison de Ia periode de Choson est divisee en deux quartiers reserves respectivement aux femmes et aux hommes. Les hommes passent Ia plupart de leur temps dans le sarang:;h'ae, batiment situe pres de Ia po1te principale, ou dans Ia sarangbang salle situee pres de Ia porte principale, si les quartiers des hommes et des femmes se trouvent dans un meme batiment. Les femmes occupent l'anch'ae, ou anbang batiment ou salle situes loin de Ia porte

principale. Naturellement, les meubles de sarang:;h'ae et de anch'ae sont clifferents les uns des autl·es pour ce qui est dugout et de leurs fonctions. Le sarangbang ou le sarang:;h'ae est un domaine masculin otl les lettres lisaient des livres, s'adonnaient a Ia meclitation, compcr saient ~es poemes, pratiquaient Ia C<llligraphie ou Ia peinture et recevaient des visiteurs. Cest pour s'harmoniser avec !'ambiance serieuse et sans pretentions de ces salles, que des meubles en bois dotes de !ignes simples ont ete preferes. A l'_epoque de Choson, l'ardeur manifestee dans Ia poursuite academique, constituant une autre influence du confucianisme, a fait naltre un vif interet pour des articles de bureaux tels que le bureau, le coffre pour Ia conservation de documents, l'etagere, le coffre pour Ia conservation de livres, Ia bo!te a pinceaux, le compte-gouttes, l'encensoir, etc. Le mungap, coffre destine a Ia conservation de documents et d'articles de papeterie, constitue l'un des meubles indispensables du sarang On installe contl·e


le mur ce coffre bas et long, ce qui a pour effet d'agrandir Ia salle en laissant une large partie du mur inoccupee. Parfois cet effet est renforce grace a des meubles ajoures. Les meubles destines a etre places contJ.·e le mur sont etroits pour qu'ils ne prennent pas de place. Le t'akcha, etagere composee de plusieurs rayons carres et de montants, c9nstitue l'une des pieces les plus agreables a regarder grace a ses proportions. II possede trois, quatre ou cinq rayons, parfois avec l'etagere du bas fermee comme un coffre. On y place des livres et des bibelots. Une autre piece essentielle du mobilier du sarang est Ia ch'aekchang, Ia bibliotheque. Dans les gr·andes maisons, il y avait en general une piece reservee a Ia conservation des livres, mais on installait egalement une petite bibliotheque dans Ia salle sarang pour des livres destines a Ia lecture quotidienne. Ce genre de bibliotheque a une charpente solide dotee de jointures fermes pour qu'elle resiste au poids des livres. Le kobi, easier a accrocher au mur et desti.pe a Ia conservation du courrier et des rouleaux de papier, constitue non seulement une piece de mobilier commun mais aussi un ornement mural Le kobi s'assottit · bien au reste du mobilier de Ia salle et reflete le goC!t du maltJ.·e de Ia maison Pour le reste du mobilier du sarang on peut citer Ia lampe a mettre sur le sol, le chandelier, des boltes ou des instruments de divertissement comme le damier de jeux de go (fxlduk) ou Ia cithare asix cot·des (k6mungo).

La plupatt des meubles du sarang sont fabtiques en bois de pin et de paulownia, lesquels sont mats et de texture discrete, mais on a egalement utilise l'onne et le plaqueminier pour profiter de leur grain nature!. Les coffres les plus raffines sont ceux fabriques en bois de ginkgo, decores des sculptures minutieuses de symboles de longevite. · Les femmes de Ia periode Chosan passaient Ia plus gr·ande patt de leur vie dans I'anch'ai; observant des codes de conduite severes. Isolees du monde exterieur dans l'anch'ae, les femmes construisirent leur

Etagh-e, X/Xeme siiJcle, 45;3 X 37,4 X 138 em


Coffrea elbnents empilables(nong), debut du XXeme sikh!, 74,5x 37Sx 105,6 em

Le mobilier coreen tend a etre petit, le[J:r et simple. les salk'> etant petites avec des plafonds has. Les Coreens prr!ferent sa.s.sc:'CJir sur le sol afin de prqfiter de k:>zH s_vsteme de chauffag: in~zktx,

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leondol. Les rneub!es

pour k'> pieces a ondo! doicent etre simpk'>, petits et has, pour ne pas constituer u1z obstacle visuel ni occuper trop de place dans un espace dfja limite

propre univers, en en faisant un lieu agreable pour elles et pour les enfants. A Ia difference de !'ambiance sobre de Ia demeure des hommes, celle de Ia demeure des femmes est douce, chaleureuse et coIoree. Les principaux meubles de I'anlxmg Ia salle de Ia maitresse de Ia maison, soot des coffres a deux ou trois compartiments destines a conserver une grande variete de vetements et de literie necessaires en raison des particularites des quatre saisons. n y a egalement des coffres et des bo!tes de moindre taille destines au rangement de jXJs6n (chaussette en etoffe) et de divers objets ausage feminin n y a deux sorte de coffres a niveaux multiples : le nang coffre fait de plusieurs compartiments superposes detachables et le clxmg coffre haut dont l'interieur est clivise en deux ou trois niveaux. Le chang est dote d'une charpente solide et est fabrigue avec des panneaux epais pour resister sous le poids d'objets lourds. Par contre, le nang est fabrigue avec des panneaux minces et on peut le deplacer facilement Une grande variete de materiaux etait utilisee pour fabriguer les coffres destines a l'anbang L'orme, le plagueminier, le frene et l'erable etaient recherches par les menuisiers desireux de mettre en valeur Ia beaute de leur grain Le ginkgo, le noyer et le tilleul ont ete cotes pour Ia fabrication de coffres decores de sculptures. Parfois, on embellissait les coffres en bois en y collant des papiers epais sur lesguels etaient peintes des fleurs et des plantes. Certains ont ete dotes de panneaux recouverts de toiles de soie brodees. Tout aussi populaires etaient les cofre~ en Iague incrustee de nacre, le hwa[ÂĽlkchang coffre avec panneaux peints en come de boeuf, et le hwach'ojmg coffre decore de panneaux en verre sur lesquels soot peintes des fleurs et des plantes. Les motifs les plus souvent utilises pour Ia decoration des meubles destines a l'anbang soot des paysages, des illustrations representant les enseignements de Confucius, des symboles de Ia longevite, des caracteres chinois signifiant divers voeux comme le fils, Ia richesse, Ia sante, Ia paix, etc La cuisine se trouve au-dessous du


niveau des planchers du reste de Ia maison, pour que le feu utilise pour Ia cuisson dans Ia cuisine soit relie, a travers les tuyaux installes au-dessous des planchers, au systeme de chauffage, ondol Le mobilier de Ia cuisine consiste en des armoires a vaisselles, des boltes a riz et en des petites tables portables appelees soban Le soban est Ieger et peut avoir diverses formes et tailles parce qu'on doit le transporter de Ia cuisine aux pieces, en traversant Ia cour et le taedx5ng hall principal avec un plancher menant aux diverses pieces de Ia maison Les ch'anfak, etageres a plusieurs niveaux, sont dotees d'une structure solide pour qu'elles puissent resister au poids des piles de vaisselles en cuivre et en ceramique. Composee de montants lourds et de panneaux epais avec des jointures solides, cette etagere en bois grassier donne une impression de fralcheur et de securite. D'habitude, elle est fabriquee avec des panneaux en bois de pin. Ses pieds soot hauts et epais, car ils doivent resister a l'humidite du sol de Ia cuisine. L'armoire de Ia cuisine, destinee a Ia conservation de Ia vaisselle et de Ia nourriture, possede une .charpente solide en bois de pin et de panneaux en bois d'orme a grains raffines, et est dotee de charnieres en fer. Generalement elle possede deux ou trois ¡ niveaux avec parfois des panneaux en papier, ce qui permet une meilleure ventilation Les twiju, destines a Ia conservation du riz et d'autres cereales, constituent l'un des principaux meubles de Ia cuisine. Sa taille varie selon !'usage, Ia plus grande pour le riz et plus petites pour les haricots rouges ou le sesame Compose d'une charpente en bois de pin et de panneaux en bois de pin et d'orme, le twiju a tme structure en hauteur pour proteger le contenu contre Ia vermine et l'humidite. Comme moyen de prevention contre Ia vermine, certaines boltes soot COO\=Ues a deux niveaux avec [es cereales conservees, au niveau superieur, et les vaisselles et d'autres ustensiles de cuisine au niveau inferieur, chaque niveau etant dote d'une po!te adeux battants.

L'influence de l'environnement La Coree, pays montagneux, presente

une grande variete d'arbres. Par ailleurs, grace a Ia difference sensible de temperature des quatre saisons, les arbres sont dotes de beaux cercles lorsqu'ils sont decoupes en panneaux. Les Careens preferaient mettre cette veinure en valeur plut6t que de decorer leur mobilier artificiellement au moyen d'ornements, de sculptures ou de Ia coloration Ce sont l'orme, le plaqueminier, l'erable

et le paulownia, arbres dotes de beaux cercles, qui ant ete utilises pour faire des panneaux et des planches. Le plaqueminier nair etait prefere pour les coffres a document et les boltes a encrier en raison de sa veinure exquise rappelant des tableaux abstraits. L'orme et le frene ant egalement ete apprecies pour faire des panneaux, notamment pour Ia partie centrale des coffres de l'anbang Leurs

Etageres decuisine(ch'ant'ak),fin du XIXemesrecle, ~x

3~

7x 151,3 em


fendillement. Le ginkgo etait hautement apprecie lors de Ia fabrication de plateaux, car il est Ieger et resistant a Ia vermine. Son elasticite contribuait egalement a resister au fendillement Les bois durs de noyer sauvage et de poirier servaient a fabriquer les montants. Ceux de ginkgo et de bouleau qui sont elastiques et dotes de fines veinures etaient apprecies pour les sculptures. Le paulownia, avec son bois Ieger et resistant a l'humidite, etait le plus approprie lors de Ia fabrication de divers coffres a vetements, a documents et a livres. Parfois, on brulait Ia surface des panneaux en paulownia a!'aide d'Lm petit fer arepasser et on les frottait avec de Ia paille pour mieux mettre en valeur Ia veinure, ce qui permet d'obtenir des panneaux sombres et mats largement utilises pour Ia fabrication des coffres du sarangbang Le pin qu'on trouve partout e.n Coree servait largement a fabtiquer des panneaux et des montants acause de sa veinure egale et sa texture grasse et fine.

Boite a cereales(twiju), debut du XXeme srecle, 33,5x .:B,Bx 33,5 em

panneaux montraient de beaux dessins a motif de spirale ressemblant a un dragon qui se tord, lorsqu'ils etaient faits de ce qu'on appelle le "bois a dragon", bois provenant des racines ou ayant des noeuds. La beaute de Ia veinure du mobilier coreen a ete pottee a son paroxysme dans le mungap, coffre adocument compose de quatre ou huit compartiments. II est fabrique de telle sorte que Ia porte de chaque compartiment presente des motifs identiques, les deux battants de Ia porte etant dotes de motifs symetriques. Pour fabriquer le mungap, on decoupe du bois a 10

belle veinure en plusieurs feuilles de placage pour les coller sur les panneaux en bois de paulownia ou de pin qui sont resistants a Ia contraction et a Ia dilatation Cette methode permet non seulement d'obtenir en quantite des panneaux a belle veinure mais aussi de prevenir le retrecissement et le fendillement des meubles. On utilisait le ginkgo, le noyer sauvage, le noyer et le tilleul pour fabriquer des plateaux et des tables a manger, car les panneaux larges et minces obtenus de ces bois sont resistants au voilement et au

Montage et jointures Alors que le climat du pays contribue a produire des arbres a belle veinure, il entraine aussi un degre considerable d'expansion et de dilatation du bois, ce qui provoque le voilement et le craquement des panneaux. Pour prevenir ce phenomene genant, les menuisiers de Ia petiode Chos6r:t divisaient Ia face avant des cofft¡es en plusieurs facettes horizontales et verticales. Chaque facette est constituee d'un mince panneau a veinure, d'une epaisseur de 2 ou 3 millimetres, qui est contre-plaque au dos par un autre pannYlu en bois de pin ou de paulownia, bois resistant aux voilements et fendillements. On applique le panneau ainsi comp()se en surface, en inserant le panneau dans Ia rainure faite sur le cotps du meuble. On n'utilise pas de colle. Cette methode presente divers avantages : elle permet de prevenir le voilement, d'utiliser meme de petits morceaux de bois abeaux grains et rend le meuble Ieger. Avee ses !ignes et divisions en belle proportion en surface, le mobilier coreen temoigne d'une beaute proportionnelle particuliere, capable de le rendre har-


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monieux avec son environnement que! que soit le style de maison dans Iaquelle il se trouve Ce sont une structure solide et des jointures invisibles qui con.stituent les conditions indispensables des meubles caracterises par Ia simplicite, dont l'exemple representatif est le salxtng t'akcha, etagere, constituee seulement de planches et de montants. Pour ces meubles, les Coreens ont rnis au point tme variete de techniques de jointures en vue d'assurer Ia solidite sans que les jointures soient visibles. Les caracteristiques .regionales La Coree, bien que son territoire soit peu

etendu, est repartie en plusieurs regions separees par des montagnes et des fleuves. Ainsi le style de mobilier differe-t-il selon les regions, en fonction du mode de vie et des arbres disponibles dans une region. Les meubles qui presentent Ia plus grande variete regionale sont le solxtn, table adiner portable, et le pandaji, bahut a "demifermeture". Ce dernier est ainsi nomme car le volet qui constitue Ia partie superieure des deux panneaux anterieurs se rabat grace a des charnieres liant les deux panneaux. Les diverses tables a diner ont ete nommees d'apres Ia region dont elles sont originaires. ll y a les Haeju-lxtn, Naju-lxtn, T'ong-yong-ban et les Kangwon-ban, chacune presentant des caracteristiques propres concernant le bois utilise, Ia forme de pieds et du plateau et Ia peinture Les pandaji sont plus varies. On les divise, d'apres les regions, en pandaji de P'yong-an, de Kyonggi, de Ch'ungch'ong, de Cholla, de Kyongsang et de Cheju. Ces derniers sont subdivises en pandaji de Pakch'on, de Pyongyang, de Kaes.Ong, de Kanghwa, de Miryang, de Kohung, de Pyongyang et de Naju. Ils ont tous des traits regionaux particuliers pour les materiaux, les ornements en metaux, les formes et les jointures. Le pandaji de Pakch'on, originaire de Ia ville de Pakch'on de Ia province de P'yong-an, est decore de plaques en fer qui sont decoupees en forme de svastika, motif bouddhique, ou on incisait des motifs floraux ou geometriques. Comme

Armoire,fin du XIXemesikle, 95x 48x 169cm 11


Table it manger de Hmju (Haeju-

ban),

XIXerne sii!cle,

42x 33,6x 30,4 em

La Cor~

pa_ys 1nontagneu.x, presente une grande zxtriRte d'arbres.

Graced !a dffference sensible de temperature des qu~lre

saisons, ks

¡ arhres sont dotes de beaux cercles uisihks lorsqu'ils sont decoupes en panneaux Les Coreen.'> priferaient mettre en m!eur les wines du hoisplut6t que de decorer leur mobilier m1ificiellernent au moyen d'ornemL.>J?ts de sculpture.,- ou de !a coloration

Coffre it couverture(pandaji), XIXeme sii!cle, 119, 7x 40,2x 98 em 12

ce pandaji comporte l::x:>n nombre d'ornements, on utilisait des bois a grains moins nets comme le tilleuL Le pandaji de Pakch'on differe ainsi du mobilier coreen qui, en general, se garde des ornements excessifs. Le pandaji de Pyongyang, fait en bois d'orme a couleur claire et a belle veinure, joue sur le luxe. Alors que les pandaji ordinaires recouraient a des ornements simples en fer de fonte, celui-ci est dote d'ornements en fer-blanc tres decoratif, repondant au gout ferninin Le pandaji de Kaes6ng, similaire a celui de P'y6ngyang en materiau et en forme, a rehausse !'aspect feminin en utilisant des ornements en nickel au lieu de ceux en fer-blanc. Etant plus haut que large par rapport aux autres bahuts, le pandaji de Kanghwa tres decoratif, est garni de lourds ornements en fer de fonte. Le pandaji de Miryang, origipaire de Miryang et de Chinju dans Ia province de Ky6ngsang du sud, est fabrique dans Ia plupart des cas en bois de pin. Plus bas que les autres bahuts, il est dote de charnieres en metal en forme de feuilles de plantes avec des motifs incises. Sur les gros clous decoratifs qui decorent les rebords de sa surface anterieure, sont incrustes d'argent des ideogrammes chinois signifiant Ia longevite ou des motifs floraux. Le pandaji de Pyongyang, o1iginaire de Pyongyang de Ia province de Ch6lla du sud, se caracterise par ses charnieres et serrures en fo1me de bobine ainsi que par des jointures de renforcement en queue d'aronde et aonglet Le pandaji de Kohung, repandu dans Ia region comprenant Namwon, Kohi:'mg et Y6nggwang de Ia province de Ch6lla du sud est etroit et haut II est dote de serrures a motif floral et d'un ornement en forme de diamant situe au centre du panneau. II a Ia particularite de laisser vide et sans aucune decoration Ia partie inferieure de Ia face anterieure. Fabrique en bois de pin, de tilleul et de noyer, sans consideration de Ia veinure, le pandaji de Naju est tres simple II est dote de charnieres minces horizontales ou en forme d'une mince bobine, fixees avec des clous a grosse tete. Des clous decoratifs en


forme de teton decorent les deux rebords du panneau du devant Fabrique en bois d'orme, le pandaji de Cheju-do donne une forte impression, car son panneau de devant est couvert de divers ornements en fer de fonte, comme des charnieres en forme de bobine, des clous decoratifs en forme de diamant et des plaques de renforcement en forme de chauve-souris. Polir les meubles avec de l'huile permet d'accroltre Ia resistance du bois en le prevenant contre le fendillement et l'humidite mais aussi de l'embellir. On graissait Ia surface na~urel du bois sans coloration pour avoir un effet frais. Mais parfois, on peignait le bois avant le polissage afin de mieux mettre en valeur Ia veinure. L'argile, l'ocre rouge et les grains de gardenia dilues dans de l'eau ont ete utilises comme colorants. On y ajoutait de l'encre ou de Ia terre fine noire lorsqu'on voulait une couleur plus foncee. On essuyait a !'aide d'un chiffon Ia surface teintee encore humide pour enlever le coloris de Ia peinture et obtenir Ia couleur desiree. Ensuite on polissait le bois teinte, avec de l'huile vegetale comme de l'huile de ricin, de noix de pin et de noyer, de soja et de grains de paulownia, jusqu'a ce que Ia veinure se rnanifeste nettement Les meubles de luxe et les tables a diner ont ete souvent'laques. La laque est tres foncee aux premiers jours de Ia peinture, mais elle s'eclaircit avec le temps. La laque permet au bois de resister a Ia vermine et a Ia decomposition, mais en raison de son prix, seuls les meubles de haute qualite ont ete Jaques. Les meubles utilises dans les palais royaux etaient . peints en rouge ou en noir fonces, mais de tels coloris, susceptibles de masquer Ia veinure, n'ont jamais ete utilises pour les meubles ordinaires. Le metal utilise pour les ornements-le fer de fonte, le fer-blanc et le nickel-etait choisi selon Ia fonction et Ia forme du meuble. Au debut de Ia periode Choson, ces ornen1ents en metal etaient simples et on les utilisait peu, pour mieux mettre en valeur Ia veinure, mais par Ia suite, ils sont devenus plus sophistiques et on les utilisait plus frequemment. +

Arnroire,fin du XIXeme steele, 84,2x 47,8x 174 em 13


J

PIECES ET MOBILIER DES MAISONS TRADITIONNELLES COREENNES Lim Young-ju Conservateur, Musee careen de l'artisanat traditionnel

ne grande Jllitie de la beaute de la maison traditionnelle coreenne reside dans le charme simple des pieces et du mobilier. Dans l'interieur careen, on ressent une ambiance Jlliticuliere creee, notame~ par les fenetres en treillis recouvertes de papier de riz qui laissent filtrer une lumiere douce Celleci donne un eclat natw-el au sol recouvert d'un epais papier huile jaune. Autrefois, on trouvait rarement des decorations artificielles dans les pieces. D'ailleurs, pour les Careens, plus on etait noble, moins on decorait son interiew-. Les maisons traditionnelles coreennes etaient generalement div!SITs en deux parties : la partie anch'ae, ou se t:rouvaient les appattements des femmes et des enfants, et la pattie sarang;h'ae, celle des hommes Plus la famille etait de rang social eleve, plus Ia repartition des appartements etait claire. L'ameublement etait egalement tres different

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dans les deux Jllities de la maison I.e mobilier de l'anbang

L'anlxmg ou piece la plus "intetiew-e", etait le cenq-e de la vie de famille des femmes et des enfarits. Chez les gens de classe sociale elevee, ces pieces se devaient d'etre elegantes et confortables Et;mt donne que I'an bang eta it le lieu principal des activites des femmes et des enfants au foyer, on trouvait generalement une bolte a couture, un poele, et un fer a repasser dans Ia chambre. Des paravents pliants, peints ou brodes d'images de flew¡s et d'oiseaux ou de piysages, etaient places sous les fenetres ou juste devant la porte de Ia chambre permettant de se proteger des cowants d'air. On trouvait egalement dans la piece differentes commodes et des coffres ou etaient ranges les bipux et divers aut:res objets, ainsi qu'une table de lectw-e. ll existait deux SOltes de corrunodes. Les

L'interieur coreen deg;tg:: une ambiance particuliere creee par fa lumiere douce qui filtre par les fenetres en treillis recouwrtes de papier de riz donrza.nt un eclat rzaturel au sol recouwrt d'un epais papier huite wmis jaune ¡ Demeure de lafamille Ia plus importante du clan des Yi de Yogang, it Yangdong dans Ia province du Kyc)ngsang du nord, conservee en l'etat Elle est typique des demeures deyangban de l'epoque de Chos6n. 14



Lasarangbang servait desal~ur

pour l'etudeet ks receptions pour les aristocrates. ( villagefolkloriquede Yong-in)

premieres, appelees nang etaient utilisees individuellement et etaient rangees l'une sur !'autre en deux ou trois etages. Les secondes, les chang etaient de hautes commodes _a deux ou trois etageres. A l'origine, le nang etait fait de bois ou de petites branches de saule I.a plupatt des nang etaient fabriques avec des planches de bois, mais certains etaient faits de panneaux constitues de plusieurs fines couches de papier collees les unes sw- les autres, ou encore de paille Les aristocrates utilisaient un nang laque incruste de nacre, appele huagJk, generalement peint ou brode, avec un boeuf come. Le chang pouvait avoir differentes tallies et servait a ranger des ob~ts domestiques. nexistait des chang pour mettre des vetements, des chaussettes de eaton blanches, Ia literie, des fils acouch·e, des livres et des medicaments Le jXlndaji et le kw.Jx!, boites en bois de taille et fotme differentes, servaient egalement a garder' les ob~ts preaeux des femmes. Le JXlndaji ·presentait generalement une partie superieure qui compottait deux partes en forme de valets mais parfois celles-ci se trouvaient a Ia partie inferieure. ll existait 16

egalement des jXlndaji de "trou de chien" qui comportaient des pottes plus petites ou des couvercles. D'autres offraient une combinaison d'un coffre et d'une armoire. Les meubles en bois qui se trouvaient dans les chambres des femmes etaient plus raffines, aussi bien dans !em style que dans !em decor, et compottaient des compattirnents distincts afin de pouvoir ranger des objets de differentes natures. I.e mobilier de Ia sarangbang

A l'epoque Chcron, les ;anglxm, lettres ou aristocrates qui faisaient partie de Ia classe ptivilegiee de Ia societe coreenne, occupaient des pastes irnpottants dans Ia bmeaua-atie et dans l'atmee Apres avoir ptis !em retraite, ils retournaient souvent dans lew- pays natal et passaient leur temps a lire, a mediter, a apprecier Ia nature et a s'adonner a des activites telles que Ia peinture et Ia musique On appelait saranglxmg Ia chambre ou les hommes passaient Ia plppart de leur temps a etudier et a peinch·e En ptincipe, Ie sarang;h'al?, cadre de vie des hommes dans Ia maison traditionnelle, etait separe de l'anch'ae

et foonait tme dememe apatt Mais, dans tme maison de petite taille, Ia chambre qui se u·ouvait le plus proche de Ia potte d'enu·ee servait de sarangbang Dans le cas d'une maison aristocratique, il existait en general u-ois sottes de sarangbang : Ia plus grande, chambre principale, etait reservee au pere de famille, Ia chambre de taille moyerme aux fils et Ia plus petite aux grands-pat·ents, retires des affaires familiales apres les avoir confiees a leurs enfants Le petit sarang etait en general lie aux appattements intetieurs et le grand sarang situe loin des autres batiments et parfois sepat·e pat· un mur, etait souvent dote d'une bibliotheque Les appattements sarang etaient souvent spacieux. Plus ils etaient imposants, plus le statut du maitre de Ia maison etait eleve L'appattement ptincipal sarang consistait en Ia chambre a coucher du maitre de Ia maison, une chambre d'etude, tme chambre pour les visiteurs, une veranda recouvette dun plancher de bois, ou tme antichatnbre, et un numarn, petite ten-asse sw-elevee reliant Ia chambre aIa bibliotheque Pour ce qui est du mobilier de ces pieces


sarang sa qualite refletait en quelque rotte Ia situation financiere du maitre de Ia rnairon ainsi que ron gout et ron niveau intellectuel Ainsi, les meubles etaient choisis avec beauroup d'attention ll y avait, bien sOr, me table de lecture et une autre pour Ia calligraphie. n y avait aussi une table pour fumer et me table du ¢u de go, ou jXlduk Un matelas de soie sur lequel s'asseyait le ~tre de rnairon etait pc& sur le rol a cOte du mtu·. D'Lm c6te du rnatelas etait place Lm accoudoir et, de !'autre cote, se t:rouvait un long oreiller. Une rommode et me atmoire etaient egalement n~ires pour ranger les atticles de bw·eau et les livres. Tout ce qui etalt trop eclatant et excessivement decore etait sttictement exclu du mobilier de Ia rnairon L'elegance etait le factew· ptincipal qui determinait le choix du

meuble des aristocrates. Les murs etaient rerouvetts de papier blanc et le plafond etait de preference peints en bleu ou en vett clair. Le sol jaune des pieces a ondo/, c'est-a-dire munies du systeme de. chauffage pat· le soL etait enduit de plusieurs rouches de vernis. Une seule oeuvre calligraphique ou une peinture etait accrochee au mur et des pat·avents etaient places dans les chambres a roucher. Etant donne que les pieces etaient en general petites, les atticles de bureau tels que les potte-pinceaux et boltes a lettres, etaient aCCI·oches au mur de fa ~ on a limiter tout derordre et maximiser !'usage de l'espace Des chandeliers de fonte ou des Jampes a pied en bois etaient souvent utilises comme moyen d'eclairage. nfaut egalement preciser que Ia chaudiere, l'encensoir et Ia table d'encens

constituaient l'essentiel du mobilier de ces sarangbang Seton le gout du maitre de Ia maison, de vieilles pierres precieuses et otiginales, des orchidees, Lm kay;tgurn, rorte de cithat·e plate et allongee en bois romposee de 12 rordes de roie, et tme flOte pouvaient orner elegamment Ia piece. Mais pour les lettres, les chambres devaient etre gamies des quatre elements OU "tresors'' indispensables, papier, pinceaux, ena·e et pien-e a encre de Chine Depuis le debut de Ia petiode Kotyo (91& 1392), l'espace sarang alors designe SOLIS les noms de saj1e ou munlxmg etait le lieu ol"1 les lettres se remissaient pour discuter de Ia vie, de Ia politique et de l'att Cest ainsi que se developpa Ia adture de Ia saranglxmg et les elements qui constituaient cette piece sont deventiS de plus en plus sophistiques avec le

I

Meme les denumres les plus modestes comportaient, si possible, une sarangbang. Vued'une chambrea couclrer a ondol. 17


temps. lemobilierde Ia terrasse Le numaru, sorte de terrasse, etait un espace en hauteur, ressemblant a un grenier. Le maitre de Ia maison y montait pour se reposer ou pour ref1echir en appreciant Ia vue qui donnait sur le prdin En ete, c'etait fendroit ideal pour faire une sieste en goOtant Ia fraicheur de fair. Le mat"tre de Ia maron y invitait ses amis a boire, a composer des poesies ou acalligraphier. Sur Ia terrasse, on trouvait done une table 18

La taech'ong, grande salle de la demeure, pourvue d'un plancher de bois, emit am/magee a peu pres comme les sarangbang, refletant les gouts et les habitudes de son proprretaire. lei, on peut voir un lit de bois et une "femme de bambou", permettant d'echapper a la chaleur des nuits d'ete, avec une etagere. (Village folkiorique de Yong-in)

de lecture, une table a ecrue, des etageres pour les livres, une table pour le the, une petite lampe, une chaucliere et une table pour fumer. Un lit en bois et un oreiller dur etaient places au milieu du numarn pour ceux qui voulaient faire une sieste. Les Coreens dormaient souvent avec, a proximite, un cylindre tresse en l:mnbou appele '1a femme de l:mnbou"qui servait aIa ventilation I.e mobilierdela taech'Ong La taa;h'6ng grande sille, etait un espace

aere situe entre deux chambres principales a


omlol des appartements des femmes et etait utilise comme salle de sepur par Ia famille &ln sol etait recouvert d'un plancher de bois quachille Cette salle etait meublee d'un placard et d'une armoire pour garder le riz Des pots divers contenant des aliments etaient poses sur !'armoire et dans un coin se trouvait generalement Ia lourde pierre utilisee autrefois pour mttre les vetements afaide de deux batons, avant de les repasser. Le placard etait fabrique d'un bois solide en cedre, en pin, ou en orme et etait assemble a !'aide de femrres donnant un aspect solide au meuble I.e mobilierdeJacuisine

Etant donne que les femmes passaient Ia majorite de leur temps dans Ia cuisine, le mobilier et les ustensiles de cuisine etaient

s

Lederorsimpledela taech'ong. grande salle de Ia demeure, etde Ia pWce interleure, anbang. qui lui est adjacente On peutwir un buffetpour stocker Ia

nourriture, un coffreit riz sur 1eparquet et dans lanbang. unearmoireetun coffredecores pour lesfemmes(ddessus) Lescuisinestles gens du commun comportent de simples rangements et de petites tables pour 1es repas (it gauche)

pratiques et esthetiques. Le placard, Ia vaisselle en porcelaine, farmoire pour le chaudron et Jes boltes pow¡ COnseiVer Jes aliments etaient fabriques avec beaucoup de soin et de raffinement Un buffet avec etageres et un ou deux meubles a vitrine etaient utilises pour ranger les ustensiles de cuisine. La plupart du mobilier de cuisine compo1tait des portes coulissantes ou pivotantes. Le buffet etait genera!ement en planches de pin et sa fo1me .variait sensiblement en fonction des regions. Le plateau, soban, est !'element indispensable de l'interieur coreen car il est parfaitement adapte au mode de vie des Careens qui ont fhabitude de prendre leur repas assis a meme le soL sur le ondol Ce plateau est utilise non seulement pour ¡ transporter les repas, mais egalement comme table a manger. nen existe de differentes formes et tallies selon les regions et leurs usages + 19


Les ChangsOk LORSQUE LA FONCTION ET LA BEAUTE SE RENCONTRENT HongJung-sil Professeur d'art metallique, Universite Wonkwang

e tenne clxlngi5k designe toutes les varietes de decorations metalliques utilisees po~ erpbellir et rendre plus pratiques les meubles en bois. Traditionnellement, les changsok . etaient composes d'un alliage de cuivre et d'etain, associant d'autres metaux dont !'or, l'argen~ le fer ou le nickel Lorsque les artisans de l'epoque Cha;On s'appliquaient a confectionner leurs meubles et a en ameliorer !'utilisation, ils veillaient a ne pas modifier les climensions du bois qu'ils travilen~ prenant soin, en outre, de camoufler toute imperfection Cest ainsi qu'ils tirerent profit de !'ornementation du meuble et de ses jointures d'un point de vue pratique Les changsok jouaient aussi un role important pour rehausser d'un point de vue esthetique Ia qualite de !'oeuvre con<;:ue. Differerites couleurs et divers materiaux de bois etaient choisis en vue d'une utilisation adequate Les Careens d'autrefois accordaient une grande importance a_!a beaute simple et naturelle. Le style et le motif de chaque changsok se combinaient pour se fondre clans Ia forme du meuble et clans son emploi Les clxmgijk dont on fit usage al'epoque Chason sont, en raison de leur beaute, consideres comme des objets d'art. Leur confection combinait Ia competence des artisans d'alors qui travaillaient les metaux et le talent des menuisiers en matiere de decoration Les artisans de Chos6n ant aee

L

des pieces de menuiserie de toute beaute ou se refletent l'equilibre et Ia stabilite. Les clxmgs6k, con<;:us avec goG~ degagent des principes de repetition et de symetrie n en existe done de diverses sortes qui varient selon leur fonction et leur style En voici un aper<;:u general Le k)Ongchv_Agond

Le ky5ng;hop est un gond qui permet a une porte de s'ouvrir ou de se fenner. Jadis, on l'appelait {llifois ky5jXh5p pour rappeler les detpc plaques metalliques se chevauchant pour justement faire s'ouvrir une porte Le ky5ngchop etait normalement destine aux meubles de chambre, tels que les garde-robes, les rnalles, les socles de miroif ou de coffres, et aux coffre¡s qui servaient a ranger des couvertures dont Ia moitie du panneau superieur frontal etait suspendue par son bard superieur. Le style de gond a varie, ayant souvent rempli une fonction decorative. Le gond, toltdxJgwi, se compose de deux parties, male et femelle. La partie femelle est clouee au montant de Ia porte et Ia partie male a Ia porte elle-meme Elles sont liees naturellement l'une a !'autre pour former un gond. Le toltchOgwi a Ia meme fonction que le ky5ng;h5p, mais on peut le demanteler plus facilement ce qui permet de fixer Ia porte plus aisement On trouvait generalement des toltdxJgwi aux partes d'entree, aux fenetres et

Les artisans de ChasOn creaient des pieces de menuiserie de toute lx:aute

au se rif!etaient l'equilibre et fa

stahilite Les changs6k, confus aux soin,

degagmt des prirzcipes de repetition et de symetrie. Les ornements metalliques,changsc)k, apportent a cecoffre un estMtisme enaccentuant legrain dubois et klformedu coffre. Cequi est nwntre ici

sont de simples oiseauxet uneserrurecentraleawc l'arabesquecomme motif. 20


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Plaque enforme de lotus et petitepoignee ( ci-dessus); plaquefrontale dl!coree avec un dessin populaire de pivoine ( ci-dessous)

autres grandes portes. On le trouvait egalement sur des meubles en oois ou ron pla<;ait quelque chose de lourd, par exemple des bibliotheques ou des tables pour prendre les repas

des ap./xlfang pottent des taerong senures pendillantes. Mais quelques-unes comprennent aussi des serrures dites unhyJ~ ou le mecanisme de fermeture est dissimule, ou bien des senures a glissieres tukki5JXfafi Les autres types d'ap./xlfang on~ en general. une fonction decorative. Les ap-bat'ang decoratives soot en fait placees dans le meuble, elles existent sous plusieurs fonnes, dont celle de base qui est Ia yJkkl.m. (gateau au rniel) ou d'autres portant des motifs symboliques censes appotter Ia prosperite, Ia longevite et le oonheur, tels que des moineaux, des catpes, des chauve-sowis, des cetfs, des phenix et des grappes de raisin

1.a ru~poigne

¡'

Les tli !soe soot des pgignees fixees sur le devant ou sur les cotes lateraux de grands meubles, ou encore sur les tiroirs et les pottes. Les poignees soot utilisees pour soulever les meubles ou pour ouvrir pottes et tiroirs. Le nom vient probablement du mot tiJ!da qui signifie "soulever". Puisque leur fonction pratique est plus importante que leur fonction decorative, les ru/soeetaient done fixes sur les cotes droit et gauche du meuble en vue de s'assurer un certain equilibre lors de son deplacement Les kori soot des versions plus petites des tulsoe. Mis a part leur aspect pratique, on employait parfois les tiJ!soe pour aputer i.Jne variante structurale au meuble en oois Les tiJ!soe que ron trouvait sur de petits ob~ts et des tiroirs etaient de fotmes diverses, et dans Ia plupart des cas hautement decoratives. 22

I.e kmmgdujOng,elou Les ku:angiuj5ngsoot des clous decoratifs

L'apbafang, plaquefrontale Les ap./xlfang soot des plaques frontales

appliquees sur un meuble en bois, sur lesquelles soot fixees des serrures ou des crochets, completant et renfor9mt ainsi Ia fonction pratique de ces den1ieres. La plu)XIrt

appottant un renforcement structural Ces kzm.ng:luj5ng decoratifs soot generalement fixes sur le devant des coffres en cedre, eruichissant resthetisme du meuble et cachant Jes trOllS et eventuelles fissures du ix:Jis Les ktm.ngiuj5ng soot aussi utilises pour Ia partie basse de petits meubles, tels que les pieds. Tis permettent parfois de fixer les poignees


•.

ttllsoe, prolongeant Ia duree d'utilisation de celles-ci et facilitant le deplacement du meuble. On les appelle alors "decorations pour les boutons du ventre", generalement conc;:us pour "s'accoupler" a Ia ttilsoe Les kuang;iujjng sont de fotme simple Us ont pour motifs ptincipaux Ia lune, le gateau de mieL Ia fleur de poitier, le chrysantheme ou le narcisse I.e lulmjal», coiil et jointure Les clxmgi)k fixes aux pintures ou aux coins de meubles en bois sont appeles kamj;lbi Les ka11'1j:lbi renforcent Ia sttucture du meuble nen existe, plusiew-s sortes : le kaep'an, kamjabi des "galets", 1'h6rittae, kamjlbi de Ia ''taille'', le cwkt'ong ka11'1j:lbi des "piecls'' ainsi que le momt'ong kamjlbi du "corps''. Les noms que portent ces kamjlbi indiquent Ia partie du meuble ou ils se trouvent Mais les ka11'1j:lbi se trouvent avant tout sur les patties supetiew-es et sw- les c6tes lateraux du meuble, avec souvent des motifs symetriques representant des gateaux au mieL des queues d'hirondelle ou des brins d'herbe.

I.e kwijangshik, coin Les kwijlng;hik, aussi appeles kwijlb~

sont des ornements metalliques ayant pour fonction de renforcer les coins du meuble Tandis que les kamjabi completent Ia sttucture d'ensemble SOLIS une fotme d'angle droi~ [es kwijlbi SOOt a meme Ia Slllface La plupart d'entre eux soot fixes aux angles droits aIa pnction de deux patties ptincipales sur une garde-robe ou sur une malle. Les kwijlbi sont aLJSsi patfois appeles des kokkal parce qu'ils recouvrent tout un coin de meuble ou se repignent trois Slllfaces planes, ressemblant aux capuches a visiere des bonzes et des bonzesses appeles kokkal I.e chamulsoe, cadenas

Les chamulsoe soot des cadenas metalliques aux fonnes et aux tailles vatiees destines aux petits coffres, aux gat·de-robes, aux malleS, aux bibliotheques, aux coffres a tiz ainsi qu;aux pottes de magasin On peut les ranger pat· categoties selon lew- fonction et leur forme. Les serrures fonctionnelles aputees aux meubles sont pat· exemple les senures tinhy:5~ les sem.u·es horizontales s:Jn,

Dans le sens des aiguilles d'une mmrtreen partant du haut :' un coin de meubledecoreavec des indentations reprenant un symbolederivede l'iconogr,aphie bouddhiste; un cadenos enformede tortue pour coffre; un cadenos sefermant verticalement; et divers cadenos sefermant horizontalement avec leurcleenformed'epingleii cheveu. 23


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alissi connues SOliS le nom de sen-w-es "queue de SOllliS", les setnu·es tukfi5jX/aji et celles, a mx:het et en forme de tortue Lem fotme et lem taille appottent lm pillS au poids et a Ia stabilite du meuble Toutes les formes de changs6k sont conr;:ues en fonction de Ia forme et de !'utilisation du meuble p<)w- lequel elles sont destinees. A l'origine, les artisans creaient seulement des formes simples mais en realiserent par Ia suite de plus complexes, insistant davantage sur Ia decoration ll est interessant de savoir que le golit des Coreens evolua avec le temps pour passer d'une periode de motifs realistes a une autre comprenant des modeles abstraits et complexes. Genralm~ les points et les !ignes, elements fondamentaux du motif, se matierent pow- donner des !ignes droites et des combes Des motifs simples et circulaires associes. a des formes hexagonales, rectangulaires et ttiangulaires constituent Ia maptite des types de clxmg;Ok Ddns Ia plupart des cas, une harmonie repetitive cree une symetrie visuelle en vue d'exprimer Ia 24

Les charnieres (ci-dessus) et les poignees (it droite) decorees avec des symboles de bon augure et des ideogrammes chinois se trouvent parmi les nombreux oEYets visibles au Musee Changsok de M. Kim Ch'ang-mun.

les emotions de Ia vie quotidienne se recelaient d /:ra'!;LYJS les

nzains des artisans

qui trazaillaient le metal et ernplo_wiel zt des tecf;mique:; a claire-nrie, de ~:,.Jraue

et

d'incru.<>tatkm fXJU r n!nliser les

dungs:)k fr telles techniques

aj1utaient une fJft?fondi.?ur

zisuelle et (U-:asion 1zaic?~t!es 1

clxmg>nzent'> domzam z ~ ie au rneub!e

stabilite dans le motif. Les motifs dont l'emploi est le pillS colll·ant sont circulaires. Les cercles, les ovales, les demicercles, les arcs, les crochets ou encore des cercles a demi-dimension se retrouvent souvent Ces configurations symbolisent Ia June et le solei! Les fotmes circulaires sont le plus souvent utilisees pow- les ky3ng:hop et les decorations des "boutons du ventt·e" swles setnu·es. Le ky3ng:hop, rond, fixe a une porte, prenait !'aspect cl'une demi-lune quand Ia potte s'ouvrait et devenait lmc; pleine llme lorsque celled se refermait Quelques motifs constituent une representation realiste d'animaux et de plantes mais d'autres sont plus abstraits, suggerant que !'observation cl'objets natmels donna naissance a de nouvelles formes, lesquelles finirent par se styliser. En cl'autt·es termes, les anciens Coreens tt·ouverent des symboles favorables a Ia lougevite dans les phenomenes natmels ainsi que de propices motifs comprenant les "Cinq Benedictions" que sont Ia longevite, !'opulence, Ia bonne sante, l'amow- de Ia vettu et une mott paisible,


et cela dans !'image qu'ils se faisaient des animaux et des plantes. Les motifs de plantes soot surtout des representations simplifiees de fleurs ordinaires, telles que les chrysanthemes, les fhu-s de lotus blanc ou de papier, ou encore d'herbes et de peches mythiques qui, disait-on, poussaient au paradis. D'autres plantes symboliques comprennent des chrysanthemes a double tige simple, des fleurs a dochette, des narcisses, des grenadiers, des abticotiet-s du Japon, des flew·s de poitier, des boutons de lotus et des tOLunesols. Comme motifs animaliers ou d'animaux symbolisant le bonheur, il y a ceux de chauve-sOLuis, de queues d'hirondelles,·de papillons et de poissons. Soot aussi largement representees, des images rappelant Ia silhouette de Ia carpe, du phenix chinois, de l'hirondelle, de Ia gtUe, du cerf, du crabe, du homard, du tigre, du lapin, de Ia tortue et de Ia a·evette Un papillon etait patfois appele ;a~ ou "papillon de nuit-pondeur de ver a soie sauvage", ou encore p'ungch6p signifiant "papillon du vent". Puisque les motifs de

papillons etaient censes convenit· aux golits de Ia gent feminine, ils etaient souvent presents sur les meubles des quaniers des femmes. Petite anecdote interessante : les Coreens d'autrefois consideraient Lm meuble en bois comme une fleur et fixaient une clxmgi5k en fotme de papillon aux goods ou a Ia pattie frontale des senures de pone pour imiter un papillon executant une danse lorsque Ia potte s'ouvrait et se refetmait Les nombreux gemes de c/xmgi5k dont il a ete question ici ont Lm sens fotmel pat·, et, en eux-memes. Toutefois, souvent, leur beaute s'est trouvee encore renforcee pat· des dessins portant une plus grande intention significative ou montt·ant plus de grace decorative Ia plupatt des dessins prenaient Ia fotme d'objets naturels laissant apparaiu:e une affinite proche de l'envit·onnement vivant Les emotions de Ia vie quotidienne se revelaient a traVel-s Jes mains des arti'llilS qui travaillaient le metal et employaient des techniques d'a claire-voie, de gravure et d'inmJstation pom reaJiset· ces clxmgi)k De telles tecbniques ajoutaient une profondem

visuelle et occasionnaient les changements donnant vie au meuble Les motifs et dessins des changsok revetaient une importance non seulement pat· eux-memes, mais etablissaient aussi une hatmonie avec le reste du meuble en vue de relever son tout esthetique. Epousant natmellement Ia somptueuse beaute du pin, du zelkova, du paulownia ou du plaqueminia·, les c/xmgi5k mettaient en vedette !'elegance de ces meubles traditionnels. Au fil du temps, Ia coulem du bois s'est noircie alot-s que les c/xmgijk d'etain, de cuivre blanc, de gueuse et d'argent inmiSte, de cuivre ou de cuivre rouge, conservaient leur eclat, accentuant le relief du meuble et par moments magnifiant sa grace Les artisans au regard slir et experimente savaient quels materiaux utiliser et ou placer les clxmgijk en vue de Ia meilleure utilisation possible de l'espace et de l'harmonie. La beaute des cha.ngs6k poWTait finalement bien etre UO reflet de Ja sensibilite et de l'esthetisme propres a !'arne coreenne •

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Meubles incrustis de nacre et L Park Young-kyu

Professeur de beaux-arts, Universite Yong-in Membre, Comite des Biens Culturels

es ebeoistes coreens ont eu plutot tendance a creer un mobilier depourvu de couleurs vives et de sculptures compliquees. Sa beaute provient de Ia symetrie de ses !ignes, de sa simplicite et du charme inherent au bois nature! utilise. Toutefois, ils ont aussi fabrique toute une serie de meubles tres travailles utilisant des materiaux naturels tels que Ia nacre, les comes de boeuf et le bambou, necessitant des techniques complexes et un travail de detail

Les ch'ilg~ objets incrustes de nacre Les ch'ilgi, objets Jaques, designent le mobilier et les objets en bambou sur lesquels de multiples couches de laque ont ete appliquees. Des vestiges d'objets de ce style provenant de Ia Tombe Hwangnam (Yeme-VIeme siecle de notre ere), du site prehistorique Taho-ri datant du premier siecle avant JC, et de Anapji, etang datant

de Ia periode de Silla unifiee (VIIIemeIXeme siecle), indiquent que l'emploi de cette technique etait tres repandu depuis l'antiquite en Coree. Pour fabriquer ces objets incrustes de nacre, les naj5nch'ilgi, on recouvre d'un tissu de chanvre Ia SU!face de Ia charpente de !'objet qui est recouvert a son tom d'un melange de nacre, recouvert enfin de differentes couches de nacre natmelle. Bien que ce soit une tache ardue, Ia beaute du lustre chatoyant de Ia nacre sm un arrierefond tres noir merite bien qu'on se donne toute cette peine. Les _vestiges des objets de nacre de Ia petiode ae5 Trois Royaumes (57 av. JC-935 de notre ere) ainsi que les coffl¡ets sculptes, les bo!tes de chapelets et autres bo!tes de Ia periode Koryo (918-1392) attestent de l'exceptionnelle qualite de ces objets. Pendant Ia periode K01yo, l'inmiStation de Ia nacre se faisait comme pour une

Boite laquee avec incrusUttions de nacre, XVI erne sii!cle, 31,3 x 31,3 x 9,8 em 26


mobiUer en cornes de boeuf I

.

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Coffredecoreavec des peintures sur come de boeuf, XIXemesiecle, 5~x

mosa·ique, par petits morceaux de nacre plut6t que par morceaux decoupes finement Ce procede de mise en oeuvre est du probablement au manque d'outil de decoupage raffine, mais les arabesques realisees ainsi n'en sont pas pour autant moins reLJSSies. Au cour du XIIeme siecle, un envoye de Ia Chine des Song eoivit dans son joumal de voyage illustre, le Kaoli T'uching 28

4Ix ~em

(Histoire ill ustree de Kory6) que "Ia technique de laquage est grossiere mais celle du revetement de nacre est tres raffinee". Comme le roi Munjong (1046-1083) de Ia dynastie Kory6 fit present d'un objet ino·uste de nao-e aun empereur chinois, ces objets devaient etre d'tme qualite remarquable. Apres les invasions mongoles du XIIIeme siecle, un bureau special fut o-ee et ditige par le gouvemement dans le

but de surveiller Ia fabrication des coffrets de nao·e. Les motifs floraux de nacre, realises le plus souvent avec des fils de cuivre representant les branches et les tiges, constituent le modele le plus courant des objets de nao·e de Ia petiode Kory6. L'herbe, les oiseaux, les saules ainsi que d'autres motifs lies a Ia nature etaient employes comme pour les celadons. Etant donne que !'incrustation etait pratiquee aussi sur les celadons, il se peut que le developpement des objets de nacre et celui des ce!adons soient contemporains. ~endat Ia periode Chos6n (1392-1910), au lieu d'utiliser de larges morceaux aplatis de nacre, les morceaux etaient decoupes selon Ia courbe naturelle de Ia coquille, places sur Ia surface du meuble adecorer et effiles sur place. Comme pendant Ia periode Koty6, les tiges et les branches des motifs floraux etaient realisees a !'aide de fils metalliques tordus et les ecailles de tortues etaient parfois utilisees pour des effets speciaux Les fleurs stylisees, les chrysanthemes et les arabesques constituaient les motifs le.s plus courants dans les objets de nao·e de Ia petiode Chos6n. Comme pour Ia ceramique de Ia meme epoque, les objets de nacre etaient moins sophistiques que ceux de Ia petiode Kory6. lls devaient done etre d'un acces plus facile et familiers. Vers Ia fin de Ia periode Chos6n, Ia technique de decoupage de larges bandes de nao·e de diverses formes et dimensions se developpa de fac;:on a ajuster des motifs particuliers. Ceci permit de rendre !'incrustation de motifs aussi fine que Ia peinture au pinceau. La _technique d'incrustation de motifs sur Ia nacre se perfectionna egalement pour parvenir ades fins realistes. Celle-ci fut employee pour representer les symboles de longevite, les fleurs et les oiseaux, les quatre principales plantes de Ia peinture otientale que sont le prunier, l'orchidee, le chrysantheme et le bamoL~ le dragon ainsi que les caracteres chinois representant les signes de bon augure. Les objets de nao-e fabtiques pour !'usage des hommes comprenaient des objets de bureau, des bo!tes de tabac, des cofft·es a


documents et des tables de calligraphie. Les objets de naa·e pam femmes comportaient des supports de miroir, des coffres pour oreillers et vetements Le mobilier avec peinture sur cornes

deboeuf En plus de l'embellissement du mobilier a!'aide de l'inmJStation de naa·e, les attisans careens ant developpe une methode unique de decoration utilisant Ia peinture de panneaux de comes de boeuf, appelee lnmf¥1k Cette technique necessite qu'une carne de boeuf soit trempee dans de l'eau chaude, puis aplatie et separee en de fines couches transparentes qui sont ensuite decoupees en panneaux carres ou rectangulaires de

dimension reguliere, dont le revers est peint avec des pigments mineraux Les panneaux peints sont colles a Ia chatpente du meuble avec le cote peint face au bois de sotte que les motifs soient vt.IS a travers Ia surface de Ia carne non decoree. Avee le temps, les panneaux de comes de boeuf jaunissent, rendant les couleurs peintes sur leur face interne plus pales et translucides A cause de Ia taille limitee des comes de boeuf, Ia fabrication meme d'une petite boi:te necessite une douzaine de comes. Le mobilier en comes de boeuf revenait cher et etait considere comme un luxe On ne sait pas quand ce genre de decoration de mobilier commenc;:a. Mais il est generalement reconnu que les comes de boeuf commencerent a etre utilisees

comme substitut aux ecailles de tattues lorsque les at"tisans de Kotyo employaient Ia naa·e pour le mobilier. Meme les boltes de comes de boeuf de Chason avaient des motifs d'ecailles de tortues graves sur les rebords pour donner !'impression que les panneaux etaient en ecailles de tot"tues. Les motifs les plus frequents sur le mobilier en comes de boeuf provenaient de themes d'art folklorique et comportaient les symboles de longevite, les nuages et les dragons, les phenix, les pivoines en fleur, les poissons, les pies et les tigres Objets de luxe, Ia plupart de ces objets anciens sont de petits objets utilises principalement par les femmes, tels que les boltes a couture, les coffrets a chatJSSettes et les boltes a miroirs et apeignes •

Boitedkoreeavec des peintures sur come de boeuf, XVIH emesikle, 36Sx 21,2x ~em 29


L'ebeniste

Ch'On Sang-won AIa decouverte des ateliers d'ebenisterie de T'ongyong Kim Young-uk Sous-redacteur en chef, Koreana

e Hallyosudo, veritable couloir maritime, s'etendant de l'ile de Hansan, au large de T'ongyong dans Ia province du Kyongsang du Sud, a Ia ville de Yosu dans Ia province du Cholla du Sud, est un des sites naturels les plus beaux de Ia cote sud de Ia peninsule coreenne. Parsemee de plus de cent iles grandes et petites, cette voie d'eau attire des visiteurs de taus les coins du pays. nfaut seulement cinquante minutes en avian en partant de l'aeroport de Kirnp'o de Ia capitale pour que Ia mer et ses minuscules iles eparpillees comme des joyaux apparaissent a Ia vue des voyageurs charmes par ce spectacle quasi tropical Bien que fameuse pour son cadre nature!, Ia ville de T'ongyong est egalement connue pour son artisanat et en particulier pour ses tables portables ou soban, ses chapeaux en crin de cheval, ses laques et ses meubles de rangement. T'ongyong doit sa r~putaion, pour l'artisanat, aux douze ateliers situes dans Ia region. Ceux-ci avaient ete reunis et rattaches a une base d'approvisionnement militaire a T'ongyong SOUS le COrnman路 dement des forces navales du royaume Choson des trois provinces du sud, a l'epoque des invasions japonaises, a Ia fin du XVIeme siecle. Bien que, oficelmn~ ces ateliers etaient charges de Ia production de fournitures militaires, quelquesuns d'entre eux servaient aussi a confectionner des produits artisanaux. Avec路 Ia dissolution des forces navales des trois provinces du sud a Ia fin du royaume Chos6n, les attisans affilies aux ateliers gouvernementaux furent obliges d'ouvrir leurs propres ateliers. Les actuels

L

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artisans de T'ongyong soot les descendants de cette tradition. La realisation des meubles d'art n'est pas seulement le resultat de boones techniques de menuiserie, mais aussi celui de l'habilete dont font preuve les artisans dans Ia pose des laques, Ia fabrication des ornemerits en metal et dans Ia ferronnerie. Un artisan rompu a l'exercice de son art

Ch'on Sang-won, ne dans une famille d'ebenistes depuis cinq generations, a consacre; presqu'entierement sa vie au travail du bois. Son pere, Ch'on Ch'ol-clong, fut l'un des menuisiers les plus renommes de Ia fin du royaume Choson. Cest sous l'oeil attentif de son pere que Ch'on Sangwon s'est initie aux secrets de son art. Selon Ch'on Sang-won, les realisations en bois soot uniques dans Ia region sud-est de Ia Coree de par leur utilisation du bois de zelkova, et de bois riches en veines pour Ia decoration. Les creations de Ch'on illustrent tres nettement cette particularite. Les armoires pour lesquelles il a ete declare "Tresor vivant numero 55" montrent Ia couleur naturelle et riche du bois de zelkova et !'elegant dessin de Ia veine sans laque ni teinture. Avee le souci de transmettre et de promouvoir Ia tradition du travail du bois de Tongyong, le ministere de Ia culture et des sports sud-careen, avec les autorites gouvernementales locales, a ouvert recemment un centre artisanal ou des artisans specialises dans le travail du bois et l'ebenisterie, les laques avec incrustations de nacre, les chapeaux de crin et d'autres produits traditionnels peuvent pratiquer leur art.

Ch'on a amenage son atelier dans un grand espace installe dans un edifice a deux etages. Son travail est devenu beaucoup plus facile avec !'assistance des apprentis mais il est toujours dommage de voir Ia reticence des jeunes generations a s'engager dans l'ebenisterie traditionnelle vu le temps et les techniques compliquees que cela necessite. Notre artiste est connu pour .etre un expert dans !'application d'ornements en marqueterie sur les coffres en bois de zelkova utilisant le bois a veine foncee du plaqueminier noir. En effet, c'est l'une des qualites pour lesquelles il a ete declare "Tresor vivant" par les autorites. L'effet rendu etait si populaire que des ornements similaires furent autrefois tres en vogue chez les ebenistes de Tongyong. La maison de Ch'on se situe en plein centre-ville, juste en face du principal grand magasin de Ia ville. A deux pas d'un irnmeqble moderne, se tient Ia porte de sa vieille maison de style purement coreen avec un ecriteau indiquant qu'il s'agit de Ia maison du menuisier Ch'on Sang-won, heritier de Ia riche tradition de Tongyong. Autrefois, celui-ci travaillait ch~z lui mais ces dernieres annees, il poursuit ses activites dans le centre consacre a l'artisanat Cest polll路tant chez lui que nous l'avons rencontre. Malgre son age avance, il avait l'air d'etre tres en forme. II nous a dit que c'etait grace aux longues promenades a pied qu 'il a coutume de faire regulierement. Ch'on nous a re<;:u dans Ia piece principale de sa maison ou son armoire a trois etages et ses cofft路es soot disposes <;:a et Ia comme dans un magasin de meubles d'occasion. Nous lui avons fait


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remarquer que les ornements et les fermoirs en metal surchargeaient et etaient indigoes de Ia beaute naturelle du bois. n nous a repondu qu'on ne fait plus des ornements comme autrefois. Lorsqu'il etait enfant, on trouvait des orfevres pattout, mais a present, il doit aller jusqu'a Chinju, Ia ville voisine, et Ia qualite n'est plus ce qu'elle etait Cest pour cette raison qu'il essaie d'utiliser les ornements changs6k seulement lorsque c'est necessaire Les changs6k utilises pour les coffres de Tongyong sont a Ia fois fonctionnels et decoratifs. Ch'on nous a explique que le bois de paulownia ¡utilise a l'interieur de !'armoire n'est pas assez robuste et que de nombreux changs6k sont utilises pour renforcer le bois a l'avn~ a l'arriere et sur les cotes du meuble Ces ornements ont cependant tendance a gacher Ia beaute naturelle dubois de zelkova.

Un menuisier s'appreciepar son talent a manier un rabot Les copeaux SO)eU.Xqui sortent du rabot du maitre tenwignent

L'apprentissage du metier Taemok, litteralement grand arbre ou grand bois, est le mot coreen qui designe les charpentiers construisant de grands ed~ics tels que des palais, des temples ou encore des maisons. Somok, litteralement petit arbre ou petit bois, renvoie, quant a lui, aux menuisiers specialises dans Ia confection de meubles, des coffres, des armoires ou des tables. D'apres les archives, on trouve des somok depuis Ia periode des Trois Royaumes. A l'epoqLie du royaume Koryo, on employait des somok pour confectionner les fournitures des bureaux royaux et a Ia periode de Choson, on faisait appel aux menuisiers specialises dans les meubles d'art qui travaillaient dans les centres d'artisanat de Ia capitale et des provinces. Le pere de Ch'on acquit son habilete en etant apprenti du maltre-menuisier de Ia periode Chos6n, Kim Peril La specialite de Ch'on Sang-won, les armoires en bois de zelkova decorees de bois de plaqueminier noir, s'inspire des creations de Kim. Le procede consistant a appliquer une hojan[!jul, baguette en plaqueminier noir ou en arbre a laque, et des marqueteries a veines naturelles aux rebords du meuble 32

dewnarst~

(ci~)

On comprend mieuxquelleest Ia dRxteriredeCh'On Sang-won

en voyant l'armoireen marqueterie qualifree de 'Tresor culturel intangible numero55': Le bois de zelkom et le tramil de marqueterie(ci-dessous)wnt les elbnents ctes du genre La beaure des armoires repose sur le clroix du bois qui convient A droite, Ch'On assemblant les panneauxd'unearmoire


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n'etait pas inhabituel parmi les fabricants de meubles traditionnels. Cependant, Kim a etendu cette technique a Ia totalite de Ia surface de ]'armoire, un procede necessitant une habilete inegalee. Le pere de Ch'on etait initialement connu comme taemok, charpentier specialise dans les grosses structures. II ne comen~a l'ebenisterie d'art qu'en travaillant avec Kim Po-i! qui fut un professeur sans egards, ni compassion. II mourait d'envie d'apprendre le metier mais son maitre n'etait rien mains que cooperatif. Heureusement, celui-ci avait des dispositions naturelles et fut capable d'apprendre en observant Son fils apprit de Ia meme maniere, en regardant son pere travailler. Et .il semble ¡ avoir eu cette pareille predisposition pour le travail du bois. Apres avoir fini !'ecole elementaire a Tongyong, il a commence a apprendre le metier de taemok avec son pere en faisant des reparations et des constructions de maisons. Pendant Ia periode coloniale japonaise, on l'a force a travailler a Chinhae dans une usine de fabrication de meubles pour les japonais. E~ 1945, quand vint Ia Liberation, il affronta ses premieres difficultes financieres. "II n'y avait rien derriere nous," dit-il, "Tout le monde avait faim. Les huit membres de rna famille etaient affames, fai alors supplie moo pere de me donner ses outils". Arme de ces outils, le jeune Ch'on se dirigea vers !'lie de Koje, region rude et sauvage ou tout le monde pouvait couper du bois sans autorisation La communaute de l'lle avaient ete devastee par Ia guerre et Ch'on fut tres occupe a reconstruire des maisons. Personne ne payait en argent. Recevoir du riz en echange de son travail etait une chance. Ce ne fut que trois ans plus tard qu'il revint a Tongyong ou il se mit a Ia menuiserie comme son pere. La maitrise dubois

Les armoires en bois de zelkova, pour lesquelles Ch'on est si connu, soot taillees dans une variete de bois riche en veines comprenant le poirier et le cerisier. II utilise du plaqueminier noir pour les 34

baguettes des bards et le bois jaune de l'arbre a laque ou du saule pour le contraste. Quand il selectionne le bois, Ch'on regarde d'abord Ia veine ensuite Ia couleur. II prefere les veines en forme de vague appelees "veines dragons" que !'on trouve autour des noeuds et des racines. "Si vous savez comment choisir et manier le bois, alors vous maltrisez deja plus de Ia moitie du travail de l'ebeniste", explique-t-il. Le meuble traditionnel careen est compose d'une grande variete de bois : zelkova, poirier, ginkgo, paulownia, pin noir, pin blanc, frene careen et plaqueminier. D'apres lui, les menuisiers preferent le bois provenant des zones c6tieres parce qu'il possede des reliefs varies. Le bois de charpente de l'lle de Ullung tres exposee aux vents a particulierement de Ia valeur. Et le bois de plaqueminier noir provenant de l'interieur des murs de Ia vieille capitale du royaume de Silla, Ia ville de Kyongju, est beaucoup plus prise que celui de l'exterieur. Ch'on acquit s'a connaissance pendant les nombreuses annees qu'il passa a voyager en Coree a Ia recherche de beaux bois. Recemment, il a utilise du bois des regions de Hadqng et de Sanch'ong a I'est du mont Chiti Mais trouver du bon bois aujourd'hui est de plus en plus difficile. Pour Ia fabrication d'un meuble d'art, Ia premiere etape est le sechage du bois. Bien que le procede varie pour chaque type de bois, certains bois necessitant Ia lumiere du solei!, alors que d'autres demandent a etre asperges de quelques gouttes de pluie, en regie generale, le bois doit etre seche dans un endroit bien ombrage et bien ventile pendant plus d'un an Plus cette duree sera longue, meilleur sera le bois. C'est seulement par ce traitement et ce sechage que l'ebeniste peut etre sur que le bois ne se voilera pas et que des craquelures n'apparaltront pas. Lorsque je lui fis part de moo etonnement a Ia vue de toutes les varietes de bois qu'il entrepose dans une remise pres de sa maison, Ch'on nous a dit : 'Je n'ai pas beaucoup d'argent mais tout ce bois me rend riche. Ce bois de charpente vaut probablement deux cent millions de

woos." Lorsque le bois a seche pendant au mains un an, Ch'on le scie en planches en suivant avec soin les veines de chaque piece. Une deuxieme phase de sechage se passe dans une piece chauffee par le sol, pourvue du systeme ondol, pendant un mois Oll plus. Ceci !'aide a s'habituer a Ia vie en piece chauffee et puis a Ia chaleur de l'homme. "Apres avoir dormi avec le bois, vous comprenez combien Ia chaleur du corps est puissante. Je !'aide a s'adapter a Ia vie humaine et le traite contre le craquement et le gauchissement", dit-il. Si une autre personne que lui nous avait tenu ces propos, nous ne l'aurions pas cru, mais ses splendides armoires attestaient de sa philosophie. Une fois que le bois s'est habitue aux temperatures d'interieur, le rabotage commence. Un rabotage est essentiel pour preserver Ia couleur naturelle dll bois. Si cette operation est correctement effectuee, aucune laque speciale, ni aucune teinture n'est necessaire pour garder Ia couleur et les veines du bois. Ch'on est connu pour ses ornements complexes de marqueterie mais il cree souvent de simples ornements, des samhoejang qui consistent en de fines et epaisses !ignes et des motifs simples ou doubles des coins. Les ornements de marqueterie soot particulierement difficiles a realiser et entralnent beaucoup de ses etudiants a abandonner l'ebenisterie sous le coup du decouragement. Les motifs soot appliques au coffre en zelkova par bandes de plaqueminier nair, d'arbre a laque, de zelkova ou de saule d'environ un millimetre d:epaisseur. Plusieurs epaisseurs soot utilisees pour creer les ornements en marqueteries et jusqu'a vingt epaisseurs dans les coins ou convergent plusieurs angles droits. Une grande armoire peut comporter parfois cent soixante marqueteries. "Les marqueteries des coins soot definitivement les plus difficiles", explique Ch'on. "Lorsque j'enseigne le procede a mes etudiants, Ia plupart d'entre eux plient bagages et partent. ]'ai acheve seulement quelques armoires a vee des coins en marqueteries y compris celles pour les-


queUes j'avais aide mon pere lorsqu'il etait encore en vie." Quand je lui ai demande le prix approximatif d'une de ses armoires, il a repondu que cela s'elevait a plus de trente millions de wons, mais a ajoute qu'il ne pourrait jamais s'en separer. Un procede astreignant L'ebenisterie d'art exige beaucoup d'efforts et de temps comparee aux autres travaux artisanaux. Cest polll¡quoi Ch'6n ne possede pas beaucoup d'objets de sa propre fabrication. De plus, Ia demande emanant des collectionneurs inities est presque toujours superieure au stock disponible. De tous les meubles traditionnels de Tongy6ng, les armoires sont certainement les plus uniques. Elles se distinguent par leur armature cachee. En fait , elles semblent ne pas avoit¡ du tout d'armatures, celles-ci etant cachees par les colonnes et

les panneaux sur Ia partie anterieure. Elles sont aussi uniques pour leurs marqueteries en saule et en plaqueminier noir le long des bards des partes, des tiroirs et des panneaux centraux et lateraux. Un panneau sur lequel a ete appliquee une bordure hojangjul est appele hanmot Chaque hanmot est scie en six parties egales. Une piece de bois en paulownia est appliquee sur les deux cotes de chaque partie. Ces parties sont ensuite sciees en deux, collees ensemble avec de Ia colle de poisson, sciees anouveau et rabotees. Cest une operation longue et repetitive. Dans chaque operation finale, seuls des otltils careens autochtones sont utilises. Les scies et les rabots japonais ne produisent pas le meme resultat. On rabote vers !'avant avec l'outil japonais alors que le rabat careen est pousse vers l'arriere. D'apres Ch'6n, si un etudiant apprend a scier et raboter correctement, il est bien patti pour etre un grand ebeniste.

On peut voir alors combien Ia manipulation du bois est importante. Les copeaux soyeux qui sortent du rabat du maitre refletent son adresse et son experience. Sur le mur de son atelier sont suspendus une douzaine d'outils, une scie de style careen que lui a legues son pere il y a plusieurs decennies de cela, de grands et petits rabots, une scie de style occidental et un delicat rabat hakki'im utilise pour les touches finales. Le nombre et Ia diversite de ses outils attestent Ia complexite des procedes requis par l'ebenisterie traditionnelle. Ch'6n a six enfants dont l'alne Mun-gap s'est specialise dans les travaux de Ia nacre. Le second Mun-jong suit les pas de son pere. Ce dernier travaille sur un autre projet a Seoul mais son pere croi't fermement qu'il continuera !'affaire familiale comrne ille fit lui meme en son temps. +

Bois en train de secher, entrepose dans une remise pres de Ia maison de Ch'on qui declare que ''sa richesse, c'est le bois" ( ii gauche). Armoire en marqueterie ( ci-dessus), unique pour les veines du bois de zelkova qui s'harmonisent avec Ia fine marqueterie des panneaux

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LES TABLES BASSES DE NAJU Kim Yoo-kyung Membre du Conseil editorial, Kyunghyang Shinmun

ue je les voie dans une exposition ou dans une galerie, je suis toujours impressionne par l'ext:raordinaife variete de fotmes et de tailles des soban, ces petites tables a manger des annees passees. Allant des tdsang tables gamies de plats et d'objets symboliques pom celebrer le premier anniversaire d'un enfa~ au p'yebaek-sang une table avec des plats specialement prepares par une epouse pour se presenter elle-meme a sa belle-famille, en passant par Ia chesa-sang lme table avec de Ia nourriture disposee en offrande aux ancetres lors des rites commemoratifs, les tables traditionnelles sont si etroitement liees ab vie coreenne qu'une culture unique s'est developpee autour d'elles. II y a seulement quelques dizaines d'annees, lorsque le style de vie traditionnel prevalait encore, l'arrivee d'un invite provoquait toujours une discussion dans Ia cuisine pour savoir si on le servait sur lme table individuelle ou stir une table pour deux afin qu'il puisse diner avec le maitre de maison La far;on dont liD repas etait servi et le type de table sur lequel il etait servi representait une grande question de protocole. Quelques families respectent encore cene ancienne maniere de servir les invites Quand fai visite Ia maison d'lme famille connue a Ia campagne, fai vu des douzaines de petites tables de diner can¡ees reservees aux invites empilees contre tous les murs de Ia cuisine, meme si Ia fottune de Ia famille avait pet:iclite depuis longtemps et que peu

de choses restaient de l'ancienne gloire de cette famille. L'ancien critique d'art, Ch'oe Slm-u, etait Ires connu pour servir a chacun de ses visiteurs du nouvel an du ttokkuk, une soupe avec des rondelles confectionnees de riz, et un succulent nabak kimch ' ~ sm un kaedari-solxin, dit "apattes de chien''. Les photographies de Ia vie du passe recent montrent souvent des scenes de Ia ceremonie du p'yebaek lors du rnatiage d'un couple. Un soban avec de Ia nourriture ofert~pa Ia famille de Ia rnat¡iee est pose en face de chaque membre de Ia famille de l'epoux. Sm d'autres photos, on reut voir un voyageur qui est en train de diner seul devant lm kaedari-solxin dans une auberge Utilises dans toutes les maisons du pays sous le royaume Choson (1392-1910), les solxin different en fotme et en style selon Ia region ou ils ont ete fabriques. Des tables inoustees de nao¡e aux tables sculptees avec des Jaques rouges en passant par les tables dont les pieds ont ete embellis par des dessins varies ou les modestes tables "apattes de chien", une setie de regles Sill" Je dessin et les dimensions des tables en fonction de leur utilisation prevue finirent par etre adoptee& Parmi les differents soban classes par region d'origine tels Haeju-ban, Naju-lxin, T'ongy6ng-ban et Ch'unpju-ban, je pense que ceux de Naju sont les mieux pour Ia pratique et Ia structure Age de 58 ans, Kim Ch'un-shik, lm attisan de Naju, a ete declare "Tresor vivant provincial" pow- sa maluise de Ia fabtication des Naju-ban. II a ete designe "Propriete

Kim Ch'un-shik utilisant un couteau pourf~oner

un pied de table

La confection des tables de Naju requrerent un travail soigne

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Le charme du soban

culturelle intangible" de Ia province de Chulla du Sud Ayant travaille sw- pres de 15 traditionnel reside dam va~iets de Naju-Jxm durant sa vie, il sait tout ce gu'il faut savoir sw- sa fabrication, de Ia '7e plus" apporte par selection du bois le plus approprie a chaqtte artisan. !'application de Ia laque. Kim Ch'un-shik utilise du bois de ginkgo pour les tables rectangulaires pow- deux, les tables pour les offrandes aux ancetres et les tables "apanes ~ de chien". le Naju-lxm est Cai·acterise par Ia f cannelure et Ia methode d'assemblage des <3 c: pieces qui est ut:ilisee pour chague pa~tie de Ia table, du plateau aux pieds le dessus a des bards sw-eleves et des coins an·ondis. Chaque jointure est renforcee avec des chevilles en hunbou; Ia table necessite au total entre 35 et 40 chevilles. Une table finie a rec;;u de sept a huit couches de Iague Un Naju-ban typique est construit simplen~ sans decorations sculptees sw- le tablier en-dessous des bards, ce qui le rend assez hygienigue puisgu'ainsi il est facile de le nettoyer sans que des morceaux de nourritures restent coinces dans les can· nelures.ou les niches. Puisque toutes les pieces sont ajustees ensemble, de Ia premiere a Ia derniere, le Naju·lxm ne se fausse jamais les pieds sont disposes exactement selon le meme angle Les decorations incurvees en forme pour distribuer egalement le poids du de nuage, appeleesun -gak, plateau. C'est ce qui rend le Naju-ban si qui serven t arelier les pieds de la resistant et si precieux d'apres Kim Ch'untable ason plateau, decorent les shik m urs de }'atelier de maitre Kim. La principale t:khe dans Ia fabrication Ces decorations reprennent souvent d'un Naju-lxm est Ia prea~·tion du plateau des dessins d'arabesques de Ia table qui doit etre pose avec precaution et d'autres courbes. de Ia fac;;on traditionnelle, pa~·ce que meme une tres Iegere tache, ou une petite entaille, ressortirait beaucoup une fois le bois Iague Traditonelm~ le tablier devait etre fait en bois de saule careen, mais aujourd'hui on utilise du bois de ginkgo parce qu'on ne trouve plus les saules careens voulus. La table rectangulaire pour deux n'est pas fabriquee tres souvent parce qu'elle ne cmespond pas a Ia demande, sauf pow- des collectionneurs qui admirent sa forme elancee. Cependant, Ia table "a pattes de chien'' a 12 cotes, avec lill plateau d'environ 35 centimetres de diainetre, esrencore assez populaire aujourd'hui car, etant Iegere et jolie, elle a plusieurs utilisations possibles et peut servir de decoration Alors que Ia hautew- du 38


Les tables de Naju sont soigneusement

ronfectionni!es et unegrande meticulosite est requise pour routes les etapes defaln-ication. Toutes les pieces sont ajustees les unes aux autres de Ia

premiere a ra derntere. 39


Naju-ban est toujours restee d'environs 30 centimetres, le plateau a eu tendance a devenir plus large du fait que Ia taille des plats et de Ia vaisselle est elle-meme devenue plus importante Le Haeju-ban est caracterise par des bords lalges, avec des decorations travaillees qui servent de pieds Cette table est rarement fabriquee de nos jours parce qu'elle est sw-chargee d'omements et trop fragile powliD usage courant Le plateau du Tong)K)nglxm est fabrique en pin et inauste de nacre ll se distingue aussi du Naju-ban par le style de son tablier. Outre ces caracteristiques regionales, les tables coreennes soot tres diverses dans le style de leur plateau et de leurs pieds. Le plateau peut etre carre, rectangulaire, 路 hexagonal, octagonal, a12 cates et meme en demi-lune. La taille varie, de celle d'une paume de Ia main a Ia plus grande taille qu'tme planche pe1met Certaines tables n'ont qu'un seul pied cylindrique et d'autres ont des pieds incurves, en forme de pattes de chien, de cheval ou de tigre Tres apprecies pour leurs courbes et leurs decorations, l'anisanat des pieds n'est pas le meme quand il est fait par lme machine ou aIa main 路Le chmme du soban traditionnel reside dans Ia touche individuelle apportee pm路 Ia creativite de !'artisan Je me rappelle d'une petite table dont le plateau etait en folme de feuille de lotus et les pieds representaient un bouquet de flew-s de lotus L'image d'lme femme sortant de Ia cuisine en portant lme table cha!gee de nowTiture, intelligemment con<;:ue pow- ne pas etre plus ialge que Ia ialgew- no1male des epaules afin d'etre plus facile a porter, est un doux souvenir pow- beaucoup d'adultes coreens Quelqu'un s'asseyait pour recevoi.r cette table sans consideration de son statut dans cette maison Cetait aussi une regie tacite que le pere et le fils ne devaient pas diner face a face a Ia meme table, alors que c'etait par contre acceptable pow- liD grand-pere et son petit-fils Peut.etre pm路ce que le soban evoque les souvenirs de Ia vie d'autrefois, beaucoup de Careens qui vivent aujow-d'hui selon un style de vie modeme dans des appmtements, et meme cenains Careens qui ont emigre a l'etranger, veulent conserver un ou deux soban dans lew- mobilier. + 40

Chaquejointure d'une table de Naju est renforcee avec des chevilles en bambou (adroite). Les clous en metal ne sont jamais utilises dans Ia confection des meubles coreens car ils ne valent pas les chevilles en bambou (ci-dessous) qui ''bougent" avec le bois. Variete de rabots plats dans l'atelier de Kim Ch'un-shik (en bas).


Les tables de Naju sont connues pour leur resistance et leur solidite. On trouve souvent

des tables a quatre ou douze cfJtes avec des 'pied$ de tigre'; mais Ia table typique de Naju n~

que ~tre cfJtes ( ci-dessus) Ci-deswus, dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, une table a/ned unique, une table 'a pieds de tigre'' et un detail de cegenre de pied

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~ARCHITEU

CONTE COREENNE ET ~EXPRSION DE LA COREANITE P~rk

Kil-ryong

Professeur d'architecture, Universite Kookmin

our !'architecture contemporaine coreenne, Ia recherche de ce qui est proprement coreen, de Ia coreanite, n'est pas seulement un probleme d'expression. C'est aussi une question cruciale qui accompagne le processus de modernisation. L'architecture moderne coreenne ne provient pas naturellement de ses traditions propres car elle s'est fa<,:onnee artificiellement au contact de Ia culture occidentale. Le modernisme coreen prit naissance alors que dominait l'imperialisme japonais, ce qui ne fut pas particulierement sain, et l'on peut dire que ce modernisme portait en lui des germes d'autodestruction. Les valeurs de Ia culture native, deja denaturees par le colonialisme nippon et par des decades d'occidentalisation aveugle, se sont davantage atrophiees dans les remous de !'inter-

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nationalisation qui suivit Ia liberation en 1945. Ce n'est qu'au debut des annees 1960, alors que Ia technologie, faisait des progres foudroyants, que !'architecture coreenne a renoue avec ses traditions. Le professeur Chong In-guk (1916-1975), architecte et sans doute le plus progressiste theoricien du moment decrit ainsi, non sans un certain cynisme, l'etat de !'architecture coreenne: "Alors que de nouveaux mouvements en architecture se developpaient un peu partout dans le monde, qu'avonsnous fait ? Des immeubles d'un style international immature qui devoilaient non seulement le retard de notre industrie et de notre technologie, mais qui, exterieurement, apparaissaient comme une pale imitation des stan-


dards occidentaux. Neanmoins certains architectes careens creerent un mouvement qui tenta de se focaliser sur nos traditions et nos particularites regionales. Actuelmn~ les architectes careens, trap occupes asuivre avec temerite les tendances internationales, oublient !'architecture traditionnelle. .. L'homme veut croire a une architecture universelle; ce qui signifie que notre objectif se veut oecumenique mais il faudra du temps pour y parvenir. Notre but present est de parvenu: a une architecture authentique et originale. Par originalite, fentends une culture de nature intrinseque, capable d'independance. Dans toute creation artistique cela s'obtient s'appuyant sur les traditions nationales, ethniques et sociales." La plus haute expression de !'architecture coreenne peut s'exprim~ de differente fac;:on, sachant que !'architecture a pour objet la sensation, la forme, l'espace, Ia decoration, les materiaux et les couleurs. En d'autres mots, Ia coreanite peut s'exprimer a travers des archetypes traditionnels ou etre consideree comme une propriete intrinseque de l'espace. Bien sur, les elements decoratifs et les couleurs traditionnelles peuvent aider a mettre en valeur !'image coreenne. Et il est parfois plus efficace de recourir a l'ethique nationale qu 'aux elements physiqu~ ou tangibles. Malheureusement, dans le champ de !'architecture, on a emprunte les chemins les plus faciles; on s'est contente de copier le passe et !'on a travaille comme si !'on se trouvait dans une fabrique de fleurs artifcels. ~_ Reproduction de l'histoire

Une comprehension nationaliste de la tradition est un outil utilise par la propagande politique. A partir de 1960, le gouvernement du General Park Chunghee rendit possible Ia reproduction de l'histoire en favorisant les structures architecturales du han-ok (maison ¡ traditionnelle coreenne). Comme exemples de cette "culture gouvernementale", qui eut du poids en architecture, on peut citer la restauration de la porte de 43


Kwanghwamun (Seoul, 1968) et plus recemment les renovations de Ia residence et des bureaux presidentiels de Ia Maison Bleue. La restauration du tombeau de Hy'onch'ungsa (Asan, 1969, Kang Pong-jin) et Ia construction d'un nouveau musee national sur le site du palais Kyongbokkung (aujourd'hui Musee National Folklorique, 1966, Kang Pong-jin) est une illustration de Ia mauvaise interpretation de l'histoire par le gouvernement. Le projet final fut choisi lors d'un concours organise par ce qui etait alors le Ministere de Ia Culture et des Affaires Publiques. Une controverse se developpa en rapport avec les directives a suivre qui visaient a encourager !'imitation de constructions ¡ deja existantes sur le site. Le projet de Kang Pong-jin qui suivait de pres les recommandations gouvernementales fut le gagnant alors qu'il y eut de nombreux debats pour critiquer ces directives qui

La plus haute expression de

/'architecture coreenne peut s'exprimer de dijferente jar.;on, sachant que !'architecture a pour objet Ia sensation. la for me, l'espace.

Ia decoration, les materiau:x et les couleurs.

entravaient Ia creation. Le gouvernement fit Ia sourde oreille et aujourd'hui le batiment qui se reclame de !'ancien palais

temoigne de Ia mauvaise interpretation de Ia tradition. La construction du Musee National de Kwangju (Pak Ch'un-myong) commen<;:a en 1977. Elle s'inscrivait dans un programme destine a developper les musees nationaux en province. Le batiment devait abriter une collection d'objets decouverts a Ia meme epoque dans un bateau de commerce chinois qui avait coule au large de Shinan, il y a de cela 6oo ans. L'aspect monumental du batiment met en avant un toit et des codes stylistiques typiques de !'architecture traditionnelle, mais cela aux depens de Ia fonctionnalite et de l'espacc:. Analogies fonnelles Yi Hui-t'ae est un architecte qui se tient en dehors de tout discours forme!. Le theatre national de seoul (1972), avec son toit regulier et ses colonnes, re0ete avec succes Ia coreanite, et ce, en depit de sa

Le Musee National de Coree, aujourd'hui Musee National Folklorique, seoul, 1966, Kang Pongjin

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Le Musee National de Kwangju, Kwangju, 1977, Pak Ch'un-myc)ng

monumentalite. Yi dessina les plans de l'eglise dressee en memoire des martyrs catholiques (Seoul, 1967) avec comme element dominant, le toit qui rappelle le toit de chaume de !'habitat traditionnel; !'architecture tirant profit de Ia proximite du fleuve Han. Le Centre Culture! Sejong (seoul, 1976), aujourd'hui devenu familier pour beaucoup, est dO au moderne et romantique 6m Tok-mun. Bien qu'il travaille consciencieusement les aspects fonctionnels, 6m manie cependant avec tant d'habilete les details formels qu'on peut le considerer comme un romantique. lei les colonnes qui donnent son caractere a Ia fac;ade, le toit, avec un large avant-toit, ~ les fenetres et les portes ornees de treillis mettent en lurniere Ia structure coreenne g de !'ensemble.

i

Eglisede CMltusan, Memorial des martyrs catholiques, SOOul, 1967, Yi Hiii-t'ae

Le Centre Culture! Sejong, Sl!oul, 1976, Om Tok-mun

Kim Chung-op Le travail forme! de Kim Chung-op est dualiste. On peut dire que sensualisme et rationalisme moderne coexistent dans son oeuvre qui procede a des approches multiples, depuis des adaptations d'archetypes historiques jusqu'a une abstraction extreme. Nous donnerons deux exemples de cette approche diversifiee : d'une part Ia sensualite architecturale de Ia clinique obstetricale et gynecologique (Seoul, 1965) et, d'autre de l'immeuble Samil part, l ' int~lgec (seoul, 1970). 11 fa ut egalement citer ['entree principale du Cimetiere des Nations-Unies a Pusan (1966) qui emprunte a Ia tradition du han-ok, en y ajoutant une to_yche de sensualite, sans oublier le Musee de l'A1mee (seoul, 1981), Ia Tour de Ia Mort Loyale (Pusan, 1983) et Ia Porte de Ia Paix (Seoul, 1988) qui revelent une sensibilite coreenne plus abstraite. 11 semble cependant, pour le Centre culture! de Kyongnam (Chinju, 1981), etre revenu a son premier style, celui du Cimetiere des Nations-Unies. Le projet de Kim pour l'ambassade de France en Coree (Seoul, 1961) a ete considere comme un remarquable exemple d'expression architecturale 45


La Porte de Ia Paix, Sl!ou/1988, Kim Chung-op

.¡

L 'Ambassade de France, Sl!oul, 1961, Kim Chung-op

coreenne. Depuis !'entree, on voit se dresser sur un terrain en pente deux batiments, Ia residence de l'ambassade et les bureaux dont on distingue nettement trois par-ties: les soubassements, le corps et le falte. Mais le plus remarquable, c'est l'harmonie qui regne entre les deux constructions, chacune affirmant une beaute formelle differente. L'immeuble de 46

Le Centre Culture! K)Ongnam, Chinju, 1981, Kim Chung-op

bureau, au toit incurve, est plut6t simple. C'est le plus petit des deux batiments. Les colonnes et le toit dynamisent !'ensemble alors que les !ignes verticales et les surfaces courbes du meme toit allegent Ia structure massive de !'ensemble. Bien que le batimen~ depuis sa construction ait subi de nombreuses reparations, on peut toujours le considerer comme Ia partie

male de !'ensemble; alors que Ia residence est Ia contrepartie feminine, elle est plus grande avec un toit discret mais emprunte de solennite. Pour comprendre Ia signification des deux batiments, il faut chercher les liens dynamiques qui les unissent. Ainsi les toits respectifs de chaque construction offrent differentes perspectives en fonction du point de vue de


l'observateur. Les plans de Kim pour l'ambassade d'Italie a seoul (1967) sont proches de ce premier ensemble en ce qui concerne Ia spatialite et indiquent les riches potentialites de !'architecture coreenne. L'Espace de Kim Sw~eun

Dans Ia course a Ia modernisation de l'a~chiteur, Kim Swoo-geun fut certainement l'un des plus passionne. ll gagna le concours pour Ia construction du Musee National a Puyo en 1965. Son projet revelait un grand talent. Mais contrairement a ce que Kim esperait, Ia construction fit !'objet de critiques, tant de Ia part du public, que de Ia communaute des architectes. On y vit une imitation du style japonais et !'on accusa Kim d'avoir utilise une structure, le to"' qui appartient a !'architecture traditionnelle japonaise; certains parisn~ par ailleurs, devoir le critiquer pour a voir ete dipl6me de l'universite de Tokyo. Les excuses furent inutiles et Kim saisit cette occasion pour reflechir sur le sens de Ia tradition Celui-ci, dans ses oeuvres plus tardives fut irfluence par trois differentes personnalites. L'une Ch'oe Sun-u, ancien directeur du Musee national, lui fit prendre conscience et decouvrir les qualites inherentes a Ia culture coreenne. Les deux autres, Cho Yong-mu et So Hung-nyol, donnerent une assise logique aux brillantes idees de Kim. Enfin ce dernier rec;:u le soutien et le concours d'un groupe de jeunes et brillants architectes qui avaient rejoint son agence "Espace" (kongan). Kim reconnu que les traditions locales comprenaient des idees et des facteurs complexes. Dans son effort pour deployer le concept de coreanite, il con<;:ut de nombreux projets qui comprenaient non seulement !'architecture mais aussi les beaux-arts, les arts du spectacle et !'edition. Ainsi a l'agence d'architecture, situee dans le quarrier Wonso a ¡Seoul, s'ajoutaient un petit theatre, une galerie et Ia redaction du mensuel "Espace", ces dispositions ayant ete conservees par ses successeurs. Le but ultime de Kim etait de

Le Musee National de Puyi), Puyi), 1965-1967, Kim Swoo-geun

L'immeuble de bureaux du groupe Espace, seoul, 1971-1977, Kim Swoo-geun.

decouvrir un espace allie a Ia notion de coreanite. Les formes et les figures qui, a ses debuts, dominaient sa pensee firent progressivement place a cette notion d'espace. Le "negativisme" prone par Kim dans son discours de reception a Ia ceremonie de remise des prix d'architecture de Ia Pan-Pacific, en 1971, se ramenait a promouvoir les concepts de yin et de yang qui coexistent dans Ia culture coreenne alors que l'esthetique occidentale privilegie le yang. '1'espace ultirne" etait un autre concept

qui le fascinait. A contrario des determinations architecturales occidentales, "l'espace ultime", defini par Kim, renvoie a un troisieme espace qui est l'espace vide ou perdu, l'espace superflu que l'on retrouve souvent dans !'architecture traditionnelle coreenne. Apres Ia construction de l'immeuble Espace, Kim mit en forme ses idees en . realisant de nombreux projets. Parmi ceux-ci il faut citer : les bureaux du mensuel Saemt'6 (Seoul, 1970), ceux du groupe Korea International Cooperation 47


Le Hall de l'Independance, Mokch'on, 1986, Kim l(_i-ung

.¡

Agency(seoui, 1976-1979) et le centre d'art de Ia fondation pour !'art et Ia culture co:reenne (Seoul, 1977-1979). Cependant, l'immeuble qui abrite les bureaux de l'agence Espace est considere comme te sommet de son art et comme un repere pour l'histoire contemporaine de !'architecture coreenne. L'immeuble Espace fut construit en trois etapes de 1971 a 1977.- La partie visible depuis !'avenue Yulgong fut Ia premiere edifiee. Mise a part Ia caracteristique du llXl (briques de couleur gris fonce utilisees dans !'architecture coreenne traditionnelle), ce qui est le plus remarquable ce sont les connexions entre les differents espaces, tant exterieurs qu'interieurs, petits et grands, ouverts ou fermes, multiples connexions qui suscitent Ia curiosite des visiteurs. Le post-modernisme Ce q\]i prevaut dans le formalime c'est

son efficacite communicative. A Ia difference de !'approche conceptuelle reliee a !'abstraction, les travaux formalistes seduisent d'emblee le grand public. Kim Ki-ung utilise Ia methodologie 48

post-moderniste pour exprimer Ia coreanite d'aujourd'hui. Ses travaux comprennent le Hall de l'Independance (Mokch'6n, 1986), !'Hotel de ville de Ch6nju (Ch6nju, 1981) et le memorial Yun Pong-gil (seoul, 1989). Malheureusement, Ia plupart de ses realisations sont pen;:ues negativement car elles sont loin de l'ethique et des traditions du peuple coreen. Le raffinement est insuffisant, les proportions sont exagerees et devoilent une sensualite sauvage. Les architectes careens devraient essayer de se liberer des principes structuralistes meme si les caracteristiques de Ia coreanite ne peuvent pas uniquement se trouver dans le concept de liberte, si important pour le post-modernisme. A Ia difference de ce qui se passe en Occident, !'architecture n'interesse ici qu'une elite. Elle est sans soutien populaire et sans valeurs pluralistes. Une juste appreciation de ses multiples valeurs ne s'est pas encore developpee et Ia liberte absolue, pr6nee par le post-modernisme, n'a pas pu trouver sa place.

Neo-romantisme et diversite des esthetiques

L'experience esthetique de !'architecture -coreenne est assez limitee. Les qualites propres a Ia coreanite proviennent des relations complexes qui existent entre des elements non determines. On ne peut done comprendre cette coreanite si on ne se refere qu 'a de simples fragments ou a des materiaux superficiels. Cela reviendrait a vouloir saisir quelque chose avec un seul doigt. Pour comprendre !'essence d'une chose, il faut Ia saisir a pleine main. Le developpement de l'ai'chitecture coreenne est maintenant entre les mains d'une quatrieme generation d'architectes, Ia plupart d'entre eux, dans leur quarantieme annee, montrent, dans leur tentative pour definir Ia coreanite, une grande variete d'approche. La comprehension des etudes coreennes, essentielle pour tenter d'exprimer le meilleur, fut entreprise par Cho Y6ngmu dans le milieu des annees 1970. Cho rechercha !'essence meme de Ia coreanite a travers Ia legende de Tan -gun, ie


fondateur de Ia nation coreenne. Aujourd'hui, il est en train d'achever un ouvrage intitule "L'intelligence fondamentale des Coreens et leur esthetique naturelle". Le desir ardent du peuple coreen de retrouver ses r:'ICines, sorte d'instinct qui le pousse a rechercher ses origines nationales, pourrait permettre de reconnaltre pleinement Ia notion de coreanite. Les conclusions de Cho sont done attendues avec impatience. Kim S6k-ch'61, un etudiant de Kim Chung-6p, est, comme son maitre un romantique. Le Centre d'Art de seoul (seoul, 1984-1993), l'une des plus populaire infrastructure culturelle, exprime Ia coreanite avec les !ignes des toits et les ornements des avant-toits. Sung Hyo-sang fut un collaborateur du groupe Espace avant de devenir independant. L'ensemble residentiel Sujoltang, construit a seoul en 1993, utilise des elements de Ia maison traditionnelle coreenne : Ia cour, le maru et les lieux d'habitation. 11 montre egalement !'attention portee aux materiaux traditionnels. Ryu Choon-soo (cf. Koreana, printemps 1993), ancien membre du groupe Espace, est aujourd'hui independant et tente de retrouver !'atmosphere qui regne dans Ia peinture orientale de paysages.

Chang Sae-yang, qui aujourd'hui poursuit le travail du groupe Espace, a essaye d'unir le yang et le yin, deux forces que l'on retrouve dans Ia philosophie coreenne et qui demeurent presentes a !'age moderne. Les compositions spatiales de Min Hy6n-shik manifestent une certaine coreanite grace a laquelle il essaie de rendre compte de l'ethique coreenne. Pour Kim Hong-shik, Ia coreanite est a chercher dans l'histoire de Ia Coree. Sa realisation du Musee folklorique et d'histoire naturelle de l'lle de Cheju (1984), joue uniquement sur les caracteristiques naturelles de l'lle. 11 a done utilise les materiaux naturels de celle-ci pour realiser les faYtdes. Le Centre Culture! de Kwangju (19851992), dG a Kim Sang-shik, est le reflet d'une methodologie traditionnelle tant au niveau de Ia perception formelle que du traitement de l'espace. Le Centre Dharma (Seoul, 1989) en depit d~ ses liens avec le systeme symbolique bouddhique, a permis, a Kim Ki-ung de s'ecarter du concept de tradition qui prevalait depuis Ia construction du Hall de l'Independance en 1986. A l'actif de Kim, il faut citer le Musee National de Cheju (1992-1995) pour lequel on a utilise des materiaux de Ia

region tout en jouant du charme subtile de l'espace traditionnel. L'architecture contemporaine coreenne a dG passer le relais a une plus jeune generation. Bien que cette derniere ait ete formee sous !'influence du modernisme, elle semble plus consciente de ses defauts lorsqu'elle tente d'exprimer les sentiments du peuple coreen. Quoi qu'il en soit, leur sens de Ia coreanite doit etre defini car il est aujourd'hui toujours difficile d'identifier une "ecole coreenne". D'un autre cote, indifferents a leurs particularites, les jeunes architectes semblent etre pousses par un defi universe! afin de definir et d'exprimer ce qu'est Ia Coree. Pendant les trente dernieres annees, les architectes coreens ont ete a Ia recherche d'une identite, ce qui est le catalyseur le plus puissant pour le developpement d'une architecture nationale. Avee le developpeme0-t de !'information, !'interet accru pour Ia technologie et l'ecologie, Ia tendance a Ia mondialisation, Ia recherche d'une coreanite authentique est problematique. Cependant, je crois fermement a Ia valeur absolue de !'architecture et que Ia question de !'expression et de !'identification est sans fin tant qu'elle renvoie a Ia temporalite de l'esthetique. •

Le Centre d'Art de seoul, seoul, 1984-1993, KimSOkChvl

Le Musee Folklorique et d'Histoire Naturelle de Cheju, Cheju, 1984, Kim Hong-shik

Sujoltan~

SOOul, 1993, Sung Hyo-sang

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INTERVIEW

Kim Chong-hak Au carrefour de l'histoire de l'art careen moderne Kim Hyung-kook Professeur, Institut de l'Environnement Universite Nationale de Seoul

e peintre Kim Chong-hak peint au pied des Monts S6rak, les plus jolies montagnes de Ia Coree du Sud, avec une predilection pour les paysages des quatre saisons et les fleurs ¡ sauvages. Dans ses compositions, il capture et recree Ia remarquable nature de ce pare national Les oeuvres de ce peintre, surnomme a juste titre "peintre des Monts S6rak, sont tres appreaees et ¡soulevent un profond interet chez les connaisseurs et amateurs de Ia peinture coreenne Comme Ia superficie de Ia Coree est couverte a soixante<lix pour cenr de montagnes, pour le peuple coreen, ramour de' Ia montagne est quelque chose de tout nature~ de plus, comme il ne saurait exister d'etres humains detestant les fleurs qui representent et symbolisent Ia beaute de Ia nature, le gout des amateurs pour Ia peinture de Kim Chong-hak est tres comprehensible Compte tenu cet interet porte a ses oeuvres, on peut affirmer qu'il est un des peintres representatifs du monde de Ia peinture coreenne contemporaine. II en incarne rhistoire En ef~ si, de nos jours, Ia Coree est parvenue a realiser une telle croissance economique et qu'elle a pu se classer parmi les dix plus grandes puissances commerciales du monde, Ia carriere du peintre Kim Chong-hak temoigne des circonstances difficiles du passe quancl, il y a a peine un demi-siec]e, ]e pays etait SOumis a Ia politique colonialiste du Japan ou subissait les horreurs.de Ia guerre de Coree n s'agit d'un artiste qui a commence ses etudes dans le domaine de Ia peinture lors de Ia reconstruction apres Ia guerre n va sans dire que renvironnement de ce temps-la, temoignage de Ia cruaute de Ia guerre et des

L

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Kim Chong-hak

difficultes de Ia reconstruction, a stimule alors chez lui une aspiration pour le monde de Ia beaute ou ron peut decouvrir Ia paix et jouir d'une certaine aisance, en d'autres termes, une situation diametralernent opposee a Ia guerre et a Ia pauvrete. Que pourrait-il exister qui soit aussi vrai et aussi sincere que cette beaute dont quelqu'un reve au milieu de ruines ? Pendant ces annees-la, les artistes s'accrochaient a Ia peinture pour reagir contre Ia famine et !'extreme pauvrete. S'ils s'entetaient a faire de Ia peinture dans un contexte oU, en general, les gens ne pensaient qu'a sortir de Ia misere par tous les moyens, c'etait pour changer Ia mentalite du peuple careen qui considerait Ia vocation d'artiste comme "un travail pour les bons a rien". Quand on y repense aujourd'hui, celui qui se destinait a Ia peinture a cette epoque ne le

pouvait a mains de posseder un courage extraordinaire Le cas de Kim Chong-hak n'est pas un cas unique : des artistes qui se consaaerent a ran a Ia meme epoque, en peinture ou en sculpture, sont toujours des personnalites representatives et respectees du monde coreen de rart Le fait que des artistes qui se sont consaaes ainsi a ran a Ia me~ epoque soient parvenus au succes prouve, fen suis persuade, que !'adage "l'epoque cree les hommes'' n'est nullement un hasard L'epoque n'a cesse d'exercer une influence et de se refleter dans relaboration du style pictural de Kim Chong-hak. Une fois dissipees !'atmosphere extremement troublee de Ia guerre et ses sequelles, au moment ou Ia societe commenylit a retrouver une certaine stabilite, le courant du modemisme occidental a envahi le monde de Ia peinture coreenne Pour Ia Coree, qui avait tout juste entrevu les courants d'art pictural etrangers, pendant Ia periode de Ia colonisation pponaise, a travers de ¢unes etudiants coreens qui poursuivaient alors leurs etudes au Japan, Ia ''reconstruction du monde des arts de rapresguerre'' devait se reveler comme une veritable plongee dans rexpressionnisme abstri~ le millima!isme et toutes les tendances du modernisme n est inutile de dire que Kim Chong-hak non plus n'y a pas echappe. Les aspirations au modernisme ont vu le jour sous Ia forme d'une revolte contre rancien regime Plusieurs peintres et artistes, tous a peu pres du meme age, personnalites qui occupent toutes aujourd'hui des pastes importants, ont commence par prendre position contre !'Exposition Nationale, manifestation organisee par le biais d'une selection publique sous l'egide du


Les representations du Mont Sorakfaites par Kim Chonghak sont aussi belles que leurs mode!es parce qu'il capte !'essence meme des montagnes pour effectuer son travail (cidessus). Kim peint aussi les fleurs des montagnes. Ses fleurs geometriques en epis (a droite) rappellent le travail des debuts de Piet Mondrian (a gauche: "Amaryllis rouge avec du bleu")

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gouvernement. Pour eux, le fait que les membres du jury organisateur etaient des personnalites heritieres des tendances de l'eJXXIue de Chos6n, ou qui avaient r~u une formation en peinture dans le cadre attistique ferme de l'imperialisme japonais, etait en contradiction avec Ia liberte des arts alaquelle ils aspiraient Cest ainsi qu'ils prirent [X)Sition contre cette Ex[X)Sition Nationale, seul moyen a l'epoque d'acceder a une reconnaissance publique, et qu'ils refuserent de presenter leurs oeuvres. II se produisit meme un incident dont on pat·la beaucoup et qui est reste celebre dans l'histoire de !'art careen contemporain : un jour, les peintres de 52

!'opposition en arriverent a exposer leurs oeuvres en plein air, sm le mw- exteriem de Ia salle ou se deroulait l'Ex[X)Sition Nationale Pat· Ia suite, les jeLmes attistes du groupe d'opposition ant commence a se rendre a l'etranger afin d'y paursuivre !em fonnation en vue de faire directement l'expetience des comants attistiques du monde Kim Chonghak, lui aussi, pattit pam les Etats-Unis apres ses etudes au Japan ns'est alors interesse a l'estampe et s'est consaa·e tout entier a !'art d'avant-garde du genre rninimaliste Plasticitedesobjetsen bois L'opportunite de se trouver en contact

avec des courants attistiques d'avant-garde etait double pam Jes jeLmes peintres careens La premiere consistait a suivre tels quels les courants attistiques de l'~e et a proceder a!'elaboration personnelle de son propre style de peintme La seconde consistait a se servir de ces courants comme d'un miroir petmettant aChaCLm d'objectiver et de justifier ses propres expetiences individuelles. Pam ce qui est du cas de Kim Chong-hak, stimule pat· les courants d'avant-gat·de de l'etranger, l'attiste a penche pam Lme solution visant a utiliser ces courants comme moyen destine a attribuer une signification a sa propre experience plastique. Pour parler de fa ~ on


L'atelierdeKim(ci-dessus)nwntrr?bien sonamourdesceramiqueset desotyelsen boisqu'ilcroqueetinseresouventdansses

oeuvres. Ci-dessous, on peut vair des croquis de chandeliers anciens en bois eta gauche, une de ses peintures des Monts SOrak.

plus concrete, il a alors commence a decouvrir Ia beaute de l'att plastique careen traditionnel e~ grace asa famille relativement aisee, cette recherche a fini par devenir Lme veritable marotte pour Ia collection de meubles, vases et autres objets anciens fabtiques en bois. Dans ces derniers, il a decouvert une dimension Lmiverselle et des elements de Ia modernite Par exemple, il a constate que les fotmes des' supports de larnpes utilises jadis par les gens du commun en Oxee, presagent des formes creees par des sculpteurs modernes et contemporains tels que Juan Gonzales, Constantin Brancusi ou Alberto

Giacometti. Ainsi, apres avoit¡ constate que !'heritage plastique careen etait universe!, sans Ia moit1dre hesitation, Kim Chong-ha a fait don de route sa collection au Musee National central Quand cette collection a ete exposee au Musee National, elle rec;: ut un chaleureux accueil de Ia patt des arnatems. En ef~ bien qu'il s'agisse d'ob;ets anciens et fabtiques ades epoques tres differentes, il est possible d'y decouvrir une seule et meme tradition plastique Et cela n'est pas seulement le resultat de !'appreciation faite par les specialistes careens. Quane!, aux Etats-Unis, en 1995, fur organisee une exposition sur les arts 53


plastiques careens du XVIIIeme siecle, periode de renaissance de Ia dynastie Olos6n, Ia collection de Kim Olong-hak fut exposee et hautement appreaee J:XU. des connaisseurs et specialistes etrangers. Le don de cette collection de grande valeur temoigne de deux choses dans Ia carriere de !'artiste Tout d'abord, comme il avait constate l'universalite de Ia plastique . coreenne traditionnelle, son orientation picturale laissait prevoir qu'il allait prendre un nouveau d4mt en se basant sur le caractere regional de !'art careen Ensuite, cette donation etait !'expression de sa prise de conscience du fait que, pour parv~ni a creer un univers plastique qui serait le sien, illui fallait avoir le courage de se debarrasser de son mode de vie anterieur. En Orient, y compris en Coree, on enseigne que l'attachement excessif aux chases risque d'en faire oublier Ia signification La sagesse populaire, aussi bien en CXx::ident qu'en Orien~ prouve qu'une telle expression n'est nullernent erronee Si quelqu'un s'attache a une collection d'obyets au point d'en oublier le sommeil, on affirme, en Chine, qu'il en

Kim Clwng-hak dans son atelier.

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arrive meme a vendre sa femme. En CXx:iden~ ne dit-on pas qu'il en anive a perdre jusqu'a l'appetit sexuel ? Quoi qu'il en soi~ Ia donation de Kim au Musee National en accord avec Ia sagesse populaire equivalait a une sorte de rite destine a le liberer de Ia manie quasi obsessionnelle qui le liait a sa collection de vases et d'objets en bois avant qu'il ne s'engage sur Ia voie d'une creation artistique qui smut specifiquernent Ia sienne nest vrai que, tout comme les epoques font les hommes, l'envirom~ lui aussi, fait les hommes. S'il existe l'environnement ou l'homme se trouve tout simplement jete independamment de sa propre volonte, il y a aussi celui qu'il choisit deliberement. Kim ap{Xlrtient a une generation persuadee que Ia continuite de Ia stabilite de Ia famille est une vertu e~ ses liens rnatrirnoniaux soldes par un divorce survenu il a dix ans, representent un environnernent dans lequel il s'est trouve jete malgre lui. Par contre, le fait que, pour surmonter son desespoir, il se soit installe au pied des Monts SOrak represente !'adoption d'un qouvel environnement qu'il a choisi volontairement

r.a, il s'est laisse fasciner totalement par Ia beaute des Monts SOrak La vie a quelque chose de curieux. La tristesse de l'homme peut parfois devenir le catalyseur qui lui pe~mt de rencontrer et de sentir autrernent Ia profondeur et Ia frarcheur de Ia nature, qu'il n'avait pas decouvertes auparavant Nest-ce point Ia qu'il faut chercher les raisons pour lesquelles il anive souvent que nous parlions de Ia grandeur de Ia nature ? Dans Ia nature, Kim a retrouve Ia paix et Ia tranquillite du coeur e~ mainte~ il est devore par Ia passion de peindre cette nature Auparvn~ ses recherches et tentatives dans le domaine de Ia peinture se deroulaient au gre de toutes sortes d'idees et theories et de tant de chases vues ou entendues. Cepnda~ grace a sa rencontre avec les Monts SOrak, les yeux de son coeur se sont ouverts Avee Ia plus grande sincerite ne declare-t-il pas: ''Pour l'homme, s'adonner a Ia peinture, c'est rechercher Ia liberte et il est inadmissible que, jusqu'a presn~ je sois reste esclave d'idees. Peindre Ia beaute qui s'etend devant ses yeux est une chose dont le peintre est charge, une responsabilite qui fait {Xlrtie de sa destinee"


La maison de Kim Chong-hak situ&pres des Monts SOrak ressemblea un museefolklorjque.

QueUes sont done les caracteiistiques des Monts Sc'Srak ? Etant formes de masses de grani~ Sur toute Jeur etendue, iJs sont COUVeJts d'enormes rocha-s e~ sur un fond blanchatre domine par les lourdes masses des immenses rochers, tout au long de l'annee, les pins careens, qui poussent de preference dans les terrains pien·emc, dessinent une dentelle de verdure qui fait de ces magnifiques pays:~ge une composition attistique d'une structure parfaite. Un tel environnement suffit latgement pour stimula·Je travail de !'artiste N'est ce pas pour cette raison que des peintres les plus remarquables de l'epoque de Choson, comme Tanwon ou Kyomjae, allaient peindre les Monts de Diamn~ soew-s ~unels des Monts Sc'Srak en Coree du Nord Le fait que l'environnement de montagnes celebres ait stimule le travail des peintres, n'est nullement limite ame artistes careens Avee les patticularites de sa structure, Ia chaine des Monts de Ia Victoire, dans le midi de Ia France n'est-elle pas un theme favori de cezanne, pionnier de Ia peinture modeme ? Tout corinne ils le sont dans Ia natw-e, les Monts Sc'Srak sont d'une extraordinaire beaute dans Ia peinture de Kim Chong-hak C'est parce que l'attiste a su choisir et montra· avec precision les impressions specifiques de ces montagnes. Lorsque nous desirons saisir les

particularites de !'impression de quelqu'un, nous n'oqservons nullement chacun des details de son C:orps, des pieds aIa tete De Ia meme fac;:on que l'on ~t les gens au travers de particulaiites representatives, par exemple les yeux ou le nez, Kim Chong-hak exptime Ia beaute specifique des Monts Sc'Srak de fac;:on condensee et structw-ale la longue peiiode pendant laquelle il s'est consacre a Ia peinture abstraite y a certainement pue un role impottant Cest probablement pow- cette raison que les amateurs de ses oeuvres declat·ent patfois: ''Si les plantes et les flew-s de Ia peintw-e de Kim Chong-hak ne sont pas neceruirement belles lorsque l'oeilles obsetve une a une sepat · emn~ !'aspect de !'ensemble du tableau se revele d'une beaute parfaite'' Comme composantes des pays:~ge de ses montagnes, Kim Chong-hak se plait apeindre aussi les petites flem·s sauvages qui y poussent E~ dans ses tableaux, elles donnent tme impression tres voisine des peintw-es de flew-s que Piet Mondtian aimait peindre ases debuts, avant de proceder a Ia plastique geometiique O=penda~ en ce qui concane Ia prc~esion de son style, Kim Chong-hak contraste avec Mondtian : celui-ci est parti de peintures de flew-s d'une extreme simplicite pour aboutir a une peinture geometrique, alors que Kim peint des fleurs nettement

caracterisees, sw- Ia base de ses decouvates dans Ia structure des dessins de fleurs de certaines etoffes destinees en Coree a envelopper les ob~ts, et auxquelles le peintre s'est tres longtemps interesse Kim Chong-hak est actuellement age de cinquante-neuf ans. Si l'on en croit ce que diSlit son mattre, Chang Uk-jin: "Entre vingt et trente ans, c'est !'age ideal pour devenir docteur en medecine, Ia quarantaine est !'age de Ia maturite pour un homme de lettres; pow- ce qui est du peintre, illui faut attendt·e Ia soixantaine pour decouvrir vraiment s:~ voie'' Kim at1ive aupw-d'hui a cet age ideal qui lui permettra d'atteindt·e Ia matw-ite de son art pictw-al Peut-etre est-ce pow- cette raison que les Monts Sc'Srak, dont le nom signifie "montagnes de neiges'', qu'il aime peindt·e ont une certaine ressemblance avec !'artiste qui commence a vieillir. Dans ses pays:~ge ermeiges, le vert des pins dresses en files sur les cretes des montagnes au milieu des etendues de neige permet de donner plus de relief, et Ia chevelure gtisonnante de l'attiste ressemble patfaitement au spectade de ses Monts Sc'Srak Cest pow-qu~ comme on le dit souvent en pat·lant de chefs-d'oeuvre pictw-aux, on peut affitmer que les tableamc de Kim Chong-hak sont autant d'autoportraits de cet artiste + 55


MISE AU POINT

les trias coreens ajoutes aIa 6ste du patrimoine de l'h . , de KangJae-soo Directeur adpint de Ia Division des Biehs culturels tangibles Bureau du patrimoine culture!, ministere de Ia Culture et des Sports

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n decembre 1995, le Comite du patrimoine de l'humanite de !'Organisation des Nations Unies pour !'Education, Ia Science et Ia Culture (UNE5CO) a decide d'indure dans Ia liste du patrimoine mondial trois biens du patrimoine culture! coreen : le temple Pulguk (Pulguk-sa) et Ia grotte bouddhiste SOkkuram, les tablettes en bois du Tripitaka et leur bibliotheque du temple Hae-in (Hae-in-sa),. et Chongmyo, les tombes royales du royaume de Chos6n Cette liste fait pattie d'un programme par lequel des biens culturels uniques et irremplac;:ables

E

situes dans les differents pays signataires de !'accord sur l'hetitage mondial sont reconnus pour leur valeur universelle et enregistres afin d'assurer leur preservation et leur entretien dans !'interet de toute l'humanite. Actuellement, 350 biens culturels provenant de 105 pays, 102 biens naturels et 17 biens combinant valeurs naturelle et culturelle, sont inscrits sur cette liste du patrimoine de l'humanite. Mais c'est Ia premiere fois que des biens du patrimoine culture! coreen sont enregistres, ce qui reflete Ia reconnaissance du monde pour Ia qualite et le caractere unique de Ia culture

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coreenne Les biens inscrits sur cette liste de !UNESCO beneficient d'une aide technique de Ia part de specialistes internationaux pour prevenir d'eventuels dommages, d'un soutien financier du Fonds de !'heritage mondial, ainsi que du droit d'utiliser l'embleme de !'heritage mondial, qui symbolise Ia reconnaissance par !'UNESCO de !'importance culturelle des biens enregistre& . La Coree avait sournis une liste de dix biens naturels ou culturels au Cornite du patrimoine de l'humanite en aout 1994. Des documents sur les trois biens recemment enregistres furent presentes un mois plus tard, et en fevrier 1995, Nimal de Silva, expert en architecture et professeur a l'universite Moratuwa au Sri Lanka, fut envoye en Coree par le Comite International des Sites et Monuments (ICOMOS) pour evaluer l'etat de preservation de Pulguk-sa, SOkkuram, Haein-sa et Chongmyo. En juillet 1995, le bureau du Cornite du patrimoine de l'humanite decicla, sur Ia base des recommandations du professeur de Silva, de conduire une evaluation complete des trois sites. En fin de compte, ce cornite a approuve !'inscription des biens culturels coreens sur la liste du patrimoine ae l'humanite tors d'une session pleniere en decembre dernier a Berlin Le gouvernement coreen, de concert avec les organisations privees concernees, fait tout son possible pour susciter un plus grand interet international pour le patrimoine culture! coreen. La campagne pour faire enregistrer les tresors culturels du pays aupres du Cornite du patrimoine de l'humanite est juste l'une des nombreuses actions consacrees a cet objectif. L'insaiption de ces biens culturels va faire de Ia publicite au niveau international et favorisera aussi un plus grand interet dans le pays pour le pattimoine culture! coreen en transformant le site de ces tresors en destinations touristiques internationales. La l.iste du patrimoine de l'humanite a ete creee a la fin des annees 60 lorsque des archeologues du monde entier ont exprime leurs profondes inquietudes a propos de tresors archeologiques menaces par les 58

inondations causees par Ia construction du barrage d'Assouan en Egypte. Un mouvement international s'est done developpe pour sauver les biens menaces en Egypte. Par Ia suite, une fondation fut etablie pour leur relocalisation et leur preservation Reconnaissant le besoin d'un accord international promouvant une cooperation mondiale pour Ia preservation des biens culturels de grande valeur, !'UNESCO a adopte en 1972 Ia Convention sur Ia protection de !'heritage culture! et nature! mondial Cet accord est entre en vigueur en 1975, et en decembre 1995, 143 pays en etaient signataires. La Coree y a adhere en fevrier 1988, devenant ainsi le cent deuxieme pays a le faire Le Cornite du patrimoine de l'humanite compte 21 pays membres executifs. Le Fonds de !'heritage mondial finance les efforts pour definir les causes de Ia deterioration des biens, les recherches visant a renforcer les reformes et les mesures de preservation, et Ia formation de specialistes locaux. :n apporte aussi une serie de supports techniques, tels que des equipements pour Ia preservation des pares nationaux et Ia restauration des vestiges historiques. Le Comite du patrimoine de l'humanite annonce chaque annee en decembre les biens culturels et naturels selectionnes pour faire partie de Ia liste du patrimoine de l'humanite En octobre 1995, le ministere de Ia Culture et des Sports a soumis une candidature supplementaire pour le mont SOrak et envisage de le faire pour le palais Ch'angdok, les murs de Ia forteresse de Suwon, ceux de Ia forteresse de Samnyon, les tombes du roi Muryong, le site de Kangjin, Ia reserve naturetle du mont Halla et d'autres lieux encore Depuis !'inscription de biens du patrimoine culture! coreen sur Ia liste de !'heritage monclial, diverses celebrations ont eu lieu dans tout le pays. Le 19 decembre, des services commemoratifs, suivis par plus de 1.000 membres de Ia communaute bouddhiste, du gouvemement et de leaders nationaux, ont eu lieu au temple de Chogye (Chogye-sa), et les rites ancestraux du royaume de Chosan furent recelebres a

Chongmyo dans le cenu¡e de seoul Ce soirla, un concert de felicitations eut lieu au Centre des arts de seouL Des ceremonies bouddhistes furent organisees a Pulguk-sa et a SOkkuram dans Ia ville de Kyongju, et a Hae-in-sa dans Ia ville de Hapch'on (province de Kyongsang du Sud). La celebration de Hae-in-sa comprenait Ia reconstitution du transport des tablettes du Tripitaka dans le temple, ainsi qu'un cercle symbolique dans Ia salle ou les tablettes sont aupurd'hui conservees Une reunion acadernique fut organisee au Centre culture! SOraool, a Kyongju, sur Ia signification de Ia reconnaissance par !'UNESCO du patrimoine culture! coreen, avec des conferences du professeur Hwang Su-young, ancien president de l'universite Dongguk, ainsi que d'autres universitaires et experts. Durant son sepur en Coree, le directeur du Bureau du Comite du patritp.oine de l'humanite, Bernd von Droste, a visite les trois sites selectionnes et a presente un diaporarna tors de Ia reunion acadernique de Kyongju, expliquant le systeme de selection et de preservation du Cornite du patrimoine de l'humanite. Pendant sa presentation, il a appele !'assistance coreenne a voir au-dela des interets econorniques a court tetme, et a adopter plutot un regard a long terme sur Ia preservation de ses ressources culturelles, tels que les vestiges de l'ancienne capitale de Kyongju, insistant sur le fait que que ces biens culturels ne sont Ia propriete d'aucune localite patticuliere mais sont !'heritage commun des deux Corees, du Nord et du Sud Voici maintenant une rapide presentation des biens culturels coreens inscrits sur Ia liste du pat~imone de l'humanite La grotte de SOkkuram

La construction de Sokkuram a commence en 751 apres Jesus-Christ, sous Ia supervision de Kim Tae-Song, Premier ministre du royaume de Silla. Elle fut terminee en 774, et a cette epoque, on l'appela Sokpul-sa, ce qui signifie litteralement "temple du Bouddha de pierre". Les temples dans des grottes de pierre


soot originaires d'Inde. Ils peuvent etre clivises en deux grandes categories : clxtityJ et vihara. Les chaitya, litteralement sanctuaires, etaient a l'origine des pieces rectangulaires a trois nefs, deux rangees de piliers avec une stupa dans le foyer de l'abside. Les grottes clxtitya furent d'abord populaires en Inde, puis plus tard adoptees par les Chinois de Dunhuang, Datong et Ytmgang. Toutes furent construites en creusant des tunnels dans les montagnes. SOkkuram, qui suit le modele clxtitya, est consideree comme un chef d'oeuvre acause de ses dimensions, de ses exceptionnelles techniques de sculpture et de son arrangement spatial unique SOkkuram presente des dalles de granite blanc sculptees, placees c6te-ic6te le long deS mills d'une antichambre rectangulaire et de la rotonde interieure ou le Bouddha est installe Un total de 39 figures du pantheon bouddhiste -notamment les lxxihif£lttms, les dix Disciples, les huit Gardiens sacres, les deux devas et les deux vajrapanis- soot clisposees dans un ordre methoclique autour du Bouddha principal, donnant rimpression d'avoir realise le pur pays de Bouddha (Sukkavatt) dans le monde actuel. Cette grotte parfaite a une grande signification historique et elle est un symbole du royaume de Silla, epoque de grandes transformations dans la religion, la philosophie, les sciences et les arts nouveaux. Dans sa disposition, la grotte realise une alliance organique de !'architecture, de la geometrie, de la physique, de l'astronomie, de la religion et des arts, unifiant tous ces elements en une settle entite Le Bouddha principal, dispose dans une rotonde selon la tradition gupta, est assis jambes croisees, les yeux fermes dans une meditation tranquille Les traits du Bouddha soot finement sculptes : sourcils doux, nez noble, longues oreilles et cheveux tres · boucles. Tout cela temoigne de la profondeur de l'esprit du Bouddha. Le Bouddha de SOkkuram exprime une beaute ideale et est'reconnu comme l'une des plus belles sculptures en Asie, et meme dans le monde entier. I.e temple Pulguk, ou Pulguksa La construction du Pulguk-sa fut aussi

Cette grotte pmfaite a une grande sign[fication historique et e!le est wz symbole du royaume de Silla: une eJXXJUe de grand<> dezx?!oppements dans fa religion. !a philosophie, les ::."Ciences et le.<> ems noUlfXtu.x: Darts sa di.<;jX>stm~

fa grotte rea!i.w: une allianc-e organique de ' !'architecture, de Ia {t.J(]Jnetrie, de Ia physique, de

l'astronomie. de Ia religion et de.<> m1s, unif1ant tow; ces elements en une seule entite. 59


lancee en 751 par Kim Tae-S6ng, le Premier ministre du royaume de Silla responsable de Ia construction de S6kkuram, et fut achevee en 774. Depuis lors, le temple a toujours fonctionne. Toutes les structures en bois ont ete restaurees ou reconstruites au cow-s des siecles, mais plusieurs elements de Ia structure originale ont ete conserves, notamment les deux pagodes en pierre qui se trouvem dans Ia cour principale, Ia fondation en pierre du temple et les escaliers en pie1re sur Ia fa<;:ade du temple Les structures en pierre du Pulguk-sa sont faites en granit et refletent le talent de construction exceptionnel des artisans SOLIS Silla . Les fouilles du site ont permis aux experts de mieux comprenclre les plans et Ia construction des temples de l'epoque Silla

Le temple Pulguk (Pulguk-sa) 60

L'enceinte du temple est divisee en deux zones. L'une entow-e le hall principal (taeungjon), avec Ia Porte Chaha et le mus6ldx5n, qui signifie litteralement le "hall ou !'on ne parle pas" (utilise pour les conferences et les ceremonies), a droite eta gauche, relies au hall principal par de longs couloirs couverts. Le kilngnakclx5n, ou hall du Nirvana, se trouve au centre de Ia seconde zone, avec Ia poite Anyang en face de lui. Pulguk-sa est un bel exemple de disposition d'un temple a double pagode qui n'existait pas jusqu'a Ia periode de Silla unifiee La pagode S6kka se trouve a !'ouest de Ia cour, en face du Tae-ungi5n. Elle n'a pas le moindre ornement et est parfaitement equilibree et dynamique. La pagode Tabo est situee a !'est de Ia ineme

cour. Pagode de trois etages appuyee sur une double fondation, elle est parfois appelee Ia "Pagode des sept t:resors'', apres Ia pagode en face de laquelle le Bouddha historique, Sakyamuni, fit une fois un discours. Le Pulguk-sa est renomme pour sa fondation en pierre elaboree. Sa beaute reside dans Ia juxtaposition de ses larges pierres naturelles et dans les colonnes de pierre soigneusement disposees au second niveau La fondation surelevee symbolise Ia superiorite du monde de Bouddha et, en meme temps, est un exemple de Ia base solide de ce monde Le Tripitaka

Le Chan&J)X5ng p'an-[JJ, Ia salle ou sont conservees les tablettes en bois du Tripitaka,


est le .plus vieux batiment de Hae-in-sa Les etageres ab1itent les 81340 tablettes en bois utilisees pour imprimer le Tripitaka, Ia version Ia plus complete et Ia plus ~JSte qui existent aujourd'hui des textes sacres bouddhistes. Le Hae-in-sa est situee sur un versant du mont Kaya (1430 metres), dans Ia province de Kyongsang du Sud Grace a ce teiTain accidente, le site a ete epargne des ravages des gueiTes qui ont frappe Ia Coree tout au long de son histoire Les bibliotheques, construites au XVerne siecle, sont les seules structures au monde consu路uites dans le seul but d'accueillir des tablettes en bois bouddhistes. Elles sont situees dans !'axe central de !'enceinte du temple, jLJSte deniere le hall principal appele Taej5kku:angj5n, et sont construites dans le style traditionnel d'architecture en bois du debut de Ia pe1iode Chosan Elles sont sarJS precedents non seulement pour leur beaute mais aLJSSi pour leur conception scientifique qui permet une ventilation naturelle et une modulation de Ia temperature et de l'humidite Les tablettes du Tripitaka sont sculptees

~

! e:

avec une telle precision qu'elles semblent etre le travail d'un seul artisan. Mais cela aurait ete une tache impossible bien evidmn~ puisque chacune des planches de 24 centimeu路es sur 70 est recouve1te de 322 caracteres chinois, soigneusement sculptes sur 23 !ignes de chacune 14 caracteres, et cela des deux cotes de Ia planche Collection d'ecritures, de regles et de u路aites bouddhiques, le T1ipitaka fut sculpte sur l'ordre du huitieme monarque de Ko1yo, Hyonjong (1009-1031), et represente actuellement des documents de recherche inestimables pour les specialistes du bouddhisme du monde entier. Les expe1ts japonais s'en sont servis comme base pour leur compilation du Taisho Shinsu DaizokyJ, et les bouddhistes chinois les ont aussi pris comme reference pour leurs compilations. II a aussi influence les recherches sur le bouddhisme路en Occident l..es tombes royales Chong, ouChongmyo Chongmyo est le tombeau royal de Ia 61


dynastie Chcron, construit pour enterrer les tablettes des esprits des ancetres royaux et pour servir de site aux ceremonies commemoratives en l'honneur des rois et des reines de Chcron Sa fonction de base depuis sa creation en 1395 a ete perpetuee jusqu'a aupurd'hui, bien que le nombre de tablettes des esprits et les constructions aient nettement augmente, le nombre de monarques decedes ayant lui-meme beaucoup augmente au cours de Ia pericx:ie Chos6n Chongmyo abrite deux tresors nationaux: Cli5ngpn, !e hall principal ou les tablettes des esprits des rois et des reines reveres pour leurs realisations excep-

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tionnelles soot enterrees, et Yong}Ongpn qui abrite des monarques moins importants. La musique et les rites de ceremonies observes a Chongmyo en mai chaque annee ont aussi ete designes ''Biens culturels intangibles numero 1 et numero 'JJ'. Tout en etant une structure traditionnelle construite comme un mausolee, Chongmyo reflete beaucoup des valeurs universelles de l'architectw-e encore utilisees aupurd'hui, et de ce fait, a ete !'objet de recherche de nombreux architectes modernes. En fait, certains experts l'ont appele le ''Parthenon" de l'Asie. Mesurant 2270 metres carres, Ch6ngpn est suppose avoir ete Ia plus grande


structure en bois au monde al'epoque de sa mnstruction n differe des paiais richement demres ou des temples boudclhistes par son architecture simple et ses muleurs qui sont l'exemple meme de Ia plus modeste elegance du confucianisme Pendant les premieres annees de Ia dynastie Chos6n, Chongj6n a recueilli les tablettes des esprits de sept generations ¡ d'ancetres royaux, mais ce nombre est monte a neuf atepoque de Ia dynastie chinoise des Ming. Taimiao, le tombeau imperial chinois a Pekin, compte uniquement neuf salles de sepulture, mais Chongjon en compte )9. Chongjon est remarquable pour sa longueur et !'accent

Cbongmyo et ses rites offrent une representation sans precedents d'une tdeologie particuliere a une epoque precise: le corifucianisme de Ia dynastie Chos6n et de toute l'Asie orientale mis sur les !ignes horizontales, le rendant radicalement different de son homologue chinois, lieu de naissance de !'architecture des tombes royales mnfuceennes En verite, une telle architecture ne se trouve nulle part

ailleurs dans le monde La musique et Ia danse des rites de Chongmyo et les ustensiles et procedures rituels sont des divertissements proches de Ia perfection par rapport aceux notes dans les documents historiques chinois, tels que les rites de Zhou La musique et Ia danse utilisees dans ces rites proviennent de Ia culture des classes dirigeantes des anciens royaumes feodaux de l'Asie orientale, mais elles ne sont plus interpretees en Chine. Chongmyo et ses rites offrent une representation sans precedents d'une ideologie particuliere a une epoque donnee : le mnfucianisme de Ia dynastie Chosan, mais aussi de toute l'Asie de !'Est +

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l'esprit de Kogury6

!

ancienne cite de ]ian se trouve aujourd'hui dans Ia province de Jilin en Republique Populaire de Chine, le fleuve Yalu Ia separe de Ia ville nord coreenne de Manp'ojin. Sur Ia carte, ]in parait tres accessible mais il ne faut pas moins de quinze heures pour y arriver depuis Changbai, ville situee du cote chinois de Ia frontiere qui Ia separe de Ia Coree du Nord.

L' 64

Pour y acceder, vous devez prendre un bus qui vous conduit de Changbai a Fusong, puis le train vous mene jusqu'a Tonghua, enfin vous arrivez au sud de ]ian situee a Ia limite meridionale du Jilin d'ou !'on voit nettement Manp'ojin nichee dans les montagnes de !'autre cote du fleuve. ]ian est une petite ville de 210.000 ames dont 150.000 sont d'origine coreenne. Elle beneficie d'un climat rela-

tivement tempere grace a Ia chaine de montagnes qui Ia protege du vent glacial du nord et des brises de Ia saison chaude qui soufflent, depuis Ia mer jaune, le long du fleuve Yalu.

Une ancienne capitale Non loin de ]ian, sur Ia rive mandchoue du fleuve Yalu se trouve Tonggou, site ou se dresse un monument de pierre erige en l'honneur de


Changgun-ch'ong, Ia wmbedu Genra~

Kwanggaet'o-wang, dix-neuvieme monarque de !'ancien royaume coreen de KoguryO. Ce monarque regna de 391 a 412, son royaume s'etendit au sud jusqu'a Seoul et, au nord, engloba Ia Mandchourie. Le monument de Tonggou, haut de 6,4 metres et qui pese 37 tonnes, fut erige, en 414, par Changsuwang, fils et heritier de Kwanggaet'owang. Sur les pierres brutes du monument

est le meilleurexemplede rom been pierre de Kogu,,.

sont inscrits 1.775 ideogrammes chinois, chacun de Ia taille d'une main d'homme adulte. Les inscriptions peuvent etre divisees en trois groupes : le premier rend compte des mesures prises par le defunt roi a l'egard de son peuple et des circonstances de sa mort en 412; le second fait connaltre ses nombreuses realisations comme !'alliance de Koguryo avec les royaumes de Silla et de Kaya pour Iutter contre l'agression japonaise;

enfin le troisieme contient les regles a observer pour l'entretien de Ia tombe du roi. Cholbon, Ia premiere capitate du royaume de Koguryo (que l'cin croit pouvoir situer a Huanren, dans Ia province de Liaoning) fut deplacee a ]ian par . Yuri-wang, le second roi de Koguryo et fils de Tongmyong-wang. La capitate demeura a ]ian jusqu'en 427 puis fut transferee a P'yongyang par ordre de 65


Changsu-wang. On attribue ce deplacement a sa volonte de consolider Ia monarchie et d'etablir des fondations pour !'unification des trois royaumes. Mais de nombreux chercheurs interpretent l'acte de Changsu-wang comme une tentative destinee a affaiblir Ia puissance economique des riches families aristocratiques de la region de ]ian. Pendant 424 ans, Jian fut Ia capitate du royaume de Koguryo, elle demeure aujourd'hui riche des vestiges du passe. Plus de 150 forteresses en pierre furent construites dans cette region. Dans les provinces de Liaoning et de Jilin, avec a !'ouest Liaohe, au nord les fleuves Songhuajiang et Heilongjiang (fleuve Amour), enfin a !'est le fleuve Tuman, se dressent d'imposants remparts de pierre qui temoignent de Ia volonte du peuple de Koguryo d<: defendre leur pays. ]ian joua egalement un role important dans Ia transmission de Ia culture chinoise vers Ia peninsule coreenne. Nichee dans des montagnes escarpees, ]ian et ses nombreuses fortifications seryirent de base pour les campagnes militaires de KoguryO. Ces dernieres, souvent de longue duree, expliquent Ia bonne dimension des forteresses qui comprenaient en leur sein des terres cultivables, une riviere ou une source, afin de subvenir aux besoins des troupes et du peuple. Les plus grandes fortifications se dressent le long des ravins et souvent englobent les pi ~ s des montagnes. Elles ressemblent a de larges et profonds sofas munis de longs accoudoirs. La plupart des fortifications, qui existent encore dans les montagnes, se situent a !'est du fleuve Liaohe dans Ia province de Liaoning. La forteresse de Guoneicheng a Jian (Kungnaesong en coreen) ne fut pas construite sur les hauteurs mais elle servit cependant a proteger Ia capitate et ses habi~nts en temps de paix. La forteresse de .Wandushancheng (Hwandosansong) fut construite pour offrir en cas de necessite refuge au roi et au peuple. Kungnaesong comprend a l'est Longshan, au nord le mont Yushan, a 66

~

!'ouest le fleuve Tonggouhe, enfin au

J sud Ia montagne Qixingshan et le fleuve

" Yalu. Elle fut construite il y a plus de 1.650 ans pendant le regne du seizieme monarque de Koguryo, Koguk-wonwang.

Jian des temps modernes

Pierre ertgee it Ia mbnoire du roi Kwanggaet'o ( ddessus); 1es vestiges de la forteresse de Kungnae attirent les touristes d'origine

coreenne de Ia region dejian. Aux les transformations de Ia ville de ]ian, Ia forteresse de Kungnae est difficileit trouver (page de droite)

Dans le centre ville, on voit souvent des mules tirant des charrettes. On utilise ces animaux pour leur robustesse, leur bon temperament et parce qu'ils sont rarement malades. Notre attelage, compose d'une de ces mules, traversait Ia place du marche ou des vestiges de l'ancienne forteresse Kungnaesong ont ete retrouves, mais il y avait tant de mulets, de voitures et de marchands ambulants qui avaient etale leurs marchandises sur le sol, que nous ne pumes trouver qu'avec peine les traces des fortifications. L'avenue de Ia Solidarite et Ia rue de Ia Victoire, principales arteres de Ia ville, soot bordees de restaurants et de magasins, ornes de symboles de !'alphabet coreen hang/11 qui temoigne de !'influence coreenne. Si les nombreux souvenirs rel)voient au riche passe de Koguryo, il faut noter que les programmes de developpement de Ia cite n'ont pas pris en compte Ia forteresse de Kungnaesong et les autres vestiges qui sont laisses a !'abandon. II est par ailleurs particulierement affligeant de voir que certains habitants de Jian ont utilise des materiaux provenant des fortifications pour construire des hangars et des granges. Bien qu'il n'en reste plus grand chose aujourd'hui, Ia forteresse de Kungnae demeura importante dans les structures politiques et militaires du royaume alors que Ia capitate avait ete deplacee, en 427, aP'yongyang. II s'agissait d'une place militaire strategique pour le royaume de Parhae et pour les dynasties Qin et Yuan qui administrerent cette region apres Ia chute de Koguryo. La region fut preservee et demeura en l'etat plus de 250 ans apres Ia fin de Ia dynastie Qing qui en avait interdit l'acces aux etrangers dans le but de proteger le lieu d'origine



de leurs ancetres de Mandchourie. II y a encore cinq ou six ans, les touristes pouvaient trouver dans les rues de ]ian d'authentiques poteries en terre de Koguryo. Les vestiges mis a jour pendant cette meme periode soot aujourd'hui conserves dans une salle souterraine du musee de ]ian. Seules quelques fresques murales qui decoraient les chambres et une poignee de vestiges soot.exposees.

Les tombes de Koguryo La forteresse Wandushancheng est situee sur lemont Wandu a une hauteur

On peutfacilement apercevoir Ia ville de

Manp'ojin, de Jian, de I'autre cote du .fleuve Yalu en CmwduNord (ci-dessus) Dans le sens des aiguilles d'une montr~ en partant de Ia droite: l'interieur de Ia tmnbedu General, les tmnbes de Kogu-ry) de Yangou et des peintures murales de Ia tombe des lutteurs.

La tombe du gJnera4

Chanf15Unchbng est 1e plus bel e.xemple des tombes de Kogury5. Mqj!.stu.euse et m_ysterieuse, elle est .f

hautR de 11 metres et remarquable

quanta Ia precision az;ec laquelle se.s-llOO pierres sont a[J!l1.Ci!es. CettR tom be temoigne de

!'esprit d'entreprise et du caractere magnanime des g?J1S du roy:tu1ne deKogury3 68

de 676 metres, a 2,5 kilometres au nord de ]ian. De part et d'autre de Ia route qui conduit a Ia forteresse, et que Ionge le fleuve Tonggouhe, se trouvent de nombreuses sepultures qui couvrent les versants du mont Qixing. En realite, les montagnes au tour de ]ian, ou !'on trouve les dix-huit tombes royales les mieux preservees, soot mondialement connues pour leurs plus de 7.800 tombes et leurs 75 tumulus. II est courant de voir des tombes datant du royaume de Koguryo a flanc de coteau, dans les champs de mai¡s, les parcelles de patates douces ou d'orchidees situees au tour de ]ian.

L'ensemble constitue ce qu'on appelle "les tombes de Yan'gou du royaume de Koguryo ". Les tombes des rois qui regnerent alors que ]ian etait Ia capitale du royaume se trouvent a proximite de celles d'officiers, d'aristocrates et de gens du peuple. Mais Ia taille et Ia forme des tombes varient largement en fonction du statut social de leurs occupants. Parmi les plus grandes tombes, il faut citer Ch'onch'uch'ong, T'aewangnung et Changgunch'ong. Ces tombes ont ete construites en plac;:ant de larges pierres les unes au-dessus des autres. Les scientifiques n'ont pas encore tres bien etabli


comment !'on depla<;:a les 50 tonnes de dalles de Ia carriere situee a vingt kilometres de Ia. La tombe du general, Changgunch'ong, est Ia plus grande des trois et le plus bel exemple des tombes de Koguryo. Majestueuse et mysterieuse, elle est haute de 11 metres et remarquable quanta Ia precision avec laquelle les 1.100 pierres soot agencees. Cette tombe temoigne de !'esprit d'entreprise et du caractere magnanime des gens du royaume de Kogury6. Elle rend compte aussi des prouesses architecturales du peuple et de Ia puissance de ce royaume.

Mais qui repose dans cette tombe ? Ceci demeura mysterieux jusqu'au jour ou Ia tombe, en 1905, fut decouverte par des chercheurs japonais et fran<;:ais. Pendant de nombreuses annees, l'on pensa, de part sa forme et sa taille, que c'etait Ia sepulture de Kwanggaet'o-wang ou celle de Changsu-wang. Mais il y a peu, des chercheurs, aides par des etudiants chinois en histoire coreenne, ant commence a privilegier !'hypothese de Changsu-wang. Si cela est vrai, on doit admettre que les souverains de Koguryo ant reconnu !'importance de Ia forteresse de Kungnae et de ]ian alors que Ia capi-

tale avait ete deplacee, en 427, a P'yongyang. Bien que les guides de ]ian soient des plus serviables, ils demeurent vigilants, decourageant ceux qui souhaiteraient prendre des photographies et refusant de repondre a Ia moindre question. Leur attitude tient a Ia crainte de voir les vestiges endorrimages ou l'histoire de Ia region mal interpretee. Pendant des siecles, les tombes ant ete pillees et ravagees, tout particulierement lors de !'occupation japonaise en Mandchourie. Les souffrances du passe, souvent, expliquent les attitudes du present. •

•

69


L'ART COREEN A L'ETRANGER

Impressions inoubliables du

MUSEE DE CLEVELAND You Hong-june Professeur d'histoire de !'art, Universite de Yeungnam

n endroit touristique, lli1 film ou lli1 livre deviennent lli1 lieu recherche, un film reussit ou un best-seller lorsque les gens qui l'ont vu veulent y retourner, le revoir ou le relire et les recommandent a leur entourage Pour mo~ le musee de Cleveland est ce genre d'endroit Je recommande a toute personne allant aux Etats-Unis de ne pas manquer de savourer !'ambiance artistique de cette ville sitL~e en bordure d'llillac La ville de Cleveland situee au bord du lac Erie, lli1 des cinq grands lacs americains, n'est pas llile tres grande ville mais elle est connue comme ville de Ia musique avec son orchestre philharmonique et comme ville artistique avec son musee d'art Le musee de Cleveland a ete fonde en 1916 et abrite actuellement pres de 50.000 objets d'art. II est surtout connu pour ses collections, une datant de l'epoque du Moyen-Age et !'autre specialisee sur !'Orient y compris Ia Chine Depuis les annees 1~, le musee a activement achete des antiquites du monde entier et maintenant Ia construction d'llil nouvel irnmeuble est en cours. Le musee ne presente pas de salles particulieres pour chaque pays. Les antiquites sont plut6t rassemblees par theme en tenant compte de leurs relations. Les vestiges careens occupent un coin avec ceux de Ia Chine et du Japan dans Ia salle des ceramiques, des peintures et des reliques bouddhistesd'Asie Jusqu'a il y a 10 ans, Ia quantite et Ia qualite des antiquites coreennes du musee de Cleveland ne valaient pas grand chose, comparees a celles du Japan et de Ia Chine La collection des objets d'art careens de Cleveland a commence avec llile donation

U

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70

du Dr. John L Severance comprenant pres de 200 pieces de porcelaine de l'epoque Koryo et de bronzes. Le docteur Severance est le fondateur de l'h6pital Severance a seoul, maintenant affilie a l'universite Yonsei Cest ainsi que Ia premiere collection n'a pas ete systematiquement otganisee Cepnda~ le musee commen<;a a s'int& resser a !'art careen quand Sherman Lee, eminent professeur d'histoire de !'art chinois et auteur des livres intitules "Peinture de pay~ge chinois'' (1954) et 'Une histoire de !'art d'ExtremeOrient'' (1964), a ete nomme directeur et conservateur en chef du departement oriental. Grace a lui, Ia collection coreenne a pu devenir celle d'aujorh~ apres dix annees d'efforts. Selon les responsables du musee, Wlo des pieces achetees au cours des dix dernieres annees etaient des ob1:ts careens. Ce sont su:•0ut les peintures de Ia collection coreenne de ce musee qui sont celebres et on le doit au discernement de Michel Cunningham, conservateur en chef charge de !'art asiatique. Ce dernier, apres avoir etudie !'art d'Extreme-Orient a l'uniVersiL,: :!e Chicago, est venu au musee comme conservateur de !'art pponais en 1979. n est connu en tant qu'expert en art careen se rendant souvent en Q)fee pour rencontrer des historiens d'art careen qu'il connal't: bien Precis de peintures bouddhistes de

l'epoque Koryo On ne peut pas citer les peu; ~ ures de Ia collection du musee de Cleveland, sans tout d'abord parler des peintures bouddhistes de l'epoque Koryo. On y compte les sept peintures prestigieuses suivantes : Ia 'Triade de Sakyamuni Bouddha", "le Bodhisattva

assis'', Ia 'Triade d'Amitalxt, '11mage debout

d'Amlokitesmrd, 'TAmlokitesmra en blanc", '1'Arlxl!S' et '1es cinq cents Arlxltt. Compte

tenu qu'actelmn~ environs 100 peintures bouddhistes de l'epoque Koryo existent dans le monde entier, plus de 00 pieces au Japan et pres de 10 en Coree, les sept pieces du musee de Cleveland sont remarquables. D'autant plus que Ia collection du .musee de Cleveland montre des scenes originales et tres differentes des autres peintures bouddhistes de l'epoque Koryo dont Ia plupart ont des iconographies stereotypees. La collection de peintures de l'epoque Chason est aussi a noter, bien qu'il y ait encore. des lacunes a combler. Mais les recueils de peintures de paysage du XVIeme siecle et les albums du XVIIeme siecle sont de qualite exceptionnelle. Surtout parce qu'aux Etats-Unis, les peintures de l'epoque Chason sont mains repandues que les ceramiques dans les collections americaines. Done, .Ia collection du musee de Cleveland merite !'attention des amateurs a ce titre De plus, le musee de Cleveland est fier de {X)SSffier le celebre ''Paysage d'hiver" de Kim Che, un des peintres les plus__ conn us du XVIeme siecle. Les peintures de l'epoque Chos6n datant d'avant !'invasion pponaise de 1592 sont rares. Et les peintures de cette epoque sont presque toutes de petite taille (20 em x 30 em), mais le ''Paysage d'hiver" de Kim Che mesure 68 em sur 53 em. Cette peinture est aussi unique a cause de son inscription. Peu de peintures de l'epoque d'avant 1592 portent une inscription permettant de connaitre !'auteur, exceptee "Voyage de reve a Ia terre des pechers en fleurs'' peint en 1447 par An Kyon, lll1 grand peintre de l'epoque Mais ''Paysage d'hiver''


"Paysage sousIa neige", Kim Che (1524-1593), epoque ClwsOn, 1584, couleurs tegeres sur soie.

porte une inscription mentionnant que Ia peinture a ete peinte pour un homme nomme An Sa-hwak en 1584 Si An Kyon a ete le plus grand peintre du debut de l'epoque Chosan, Kim Che est cettainement le plus connu de Ia periode moyenne de ChasOn Ces faits renforcent Ia valeur de Ia peinture "Paysage d'hiver" de Kim Che A l'origine, cette peinture appartenait aun collectionneur prive japonais. Meme aujourdhui, dins les livres d'histoire de !'art de l'epoque chosan que l'on trouve en O:lree, on dit que cette piece appartenait a un collectionneur prive pponais. Le musee de Oeveland a rachete cette ~uvre rare en 1987. Sur !'invitation de Cunningham, j'ai eu

l'honneW" de voir ce chef.d'~uvr dans son atelier. Ayant longtemps ete desireux de voir cette peinture de Kim Che de mes propres yeux, les photos des catalogues ne permettant pas de voir Ia vraie beaute de cette piece, )eus le souffle coupe devant le genie artistique de Kim Che L'explication faite par Cunningham dans ''Les Interpretations" sous le titre ''Les soixantecinq ~uvres du musee d'art de aeveland'' deait rnieux cette ~uvre que mo~ c'est pourquoi je vous en cite un passage: ''Ce paysage d'hiver excelle dans !'execution detaillee, dans Ia variation de

!'utilisation de differents tons d'encre et

dans Ia desaiption tiche de !'objet Le depatt (vers Ia gauche) et l'arrivee (vers Ia clroite, en bateau) de visitems Sill' les tetTes . d'un seigneur est le theme de Ia peinture Beaucoup traite dans les peintW"es asiatiques, ce theme represente le oonheW' d'un erudit, seigneW" delivre des fardeaux gouvemementaux et de Ia bW"eaucratie"

En entendant le prix d'achat de cette peinture, )ai dit a Cunningham qu'en 1987, cette annre!a, les prix de Ia peinture coreenne avaient flambe mais ce demier m'a repondu que les prix irnpottent peu si Ia qualite est oonne 71


Bouddha, bronze dore, epoque de Silla unifie, hauteur ~4 72

em.


siecle en Chine ou au Japon n'a dessine ce Les peintures deChos6n detour vers le c6te et anive a survivre augeme de peinture et chose plus importante, Cwmingham me demanda mon opinion deJa de Ia falaise. Cette demonstration du !'humour et ¡l'humanite que montrent cette sur une peinture intitulee "Le saule et courage et de Ia sagesse d'affronter Ia vie peinture sont des caracteristiques typiques l'hirondelle'' comme s'il voulait prolonger rna n'est visible que chez les peintres careens, joie d'apprecier les chefsselon Cwmingham d'oeuvre Ce n'est non pas sur Cest pourquoi Cunningham sa qualite, mais sur son s'interesse de plus en plus aux origine chinoise, japonaise ou peintures coreennes. nrecherche coreenne qu'il me sollicita. a savoir comment les peintres ¡ Cetait une question difficile ont pu observer les ch<1'ies et ce Vus le style et le materiel qu'ils ont pu penser en les dessinant utilises, il etait certain qu'elle datait du XVIIeme siecle En observant sa passion pour mais ne portant aucune les peintures coreennes, j'ai iruoiption, il etait difficile de compris pourquoi on etudie et localiser son pays d'origine on achete avec ferveur les de Ia meme fac;:on qu'il aurait peintures coreennes. Le pur de ete difficile de discerner Ia rna visite, Cunningham s'est nationalite des Orientaux excuse de ne pas pouvoir diner dans les rues de New York avec moi parce qu'il devait se En general, on dit qu'une rendre au seminaire hebdornapeinture est chinoise si daire des chercheurs de !'art oriental et a disparu dans les !'auteur a mis !'accent sur le perfectionnisme technique, ruelles rnagnifiques situees derriere le musee japonaise si des elements d'ornement sont aputes pour De retour a !'hOteL fai reflechi deaire les details et coreenne aux commentaires de Cunningsi Ia p,einture apparait naham concernant les peintures coreennes. D'un cote, j'ai eu turelle (ou "non-raffinee", honte devant les vastes conpour critiquer les peintures coreennes). Mais cette peinnaissances de Cwmingham mais, d'un autre cote, elles m'ont fait ture-la presentait ces trois elements en meme temps. peur. Pourtan~ je lui suis reconJarreavec un dessin de dragon et de nuages,porcelaine bleueet naissant pour !'amour qu'il porte Cest pourquoi fai opte a :IF/o blanche, epoque ChosOn, XVIHeme sii!cle, hauteur 3~4 em. a !'art careen. Gridden House, pour coreenne !'hotel ou fai loge est situe juste a Cwmingham, quant a lui, des peintures coreennes. La peinture presente c6te du musee Construit il y a cent ans, il etait certain que c'etait une oeuvre coreenne n a etudie !'art chinois a l'universite et il a un vieux saule poussant contre une falaise ¡ etait tellement accueillant et confortable Le saule qui a rencontre Ia falaise ne pouvant travaille sur des peintures japonaise au que ]'attends impatiemment le jour ou je pousser en traversant cette derniere, a fait un pourrai y retourner. + musee. Pas un seul peintre du XVIIeme

Boiteit rouleaux de papier avec un dessin de dragon et de phlmix en incrustations de nacre, epoque ChosOn, XVIHeme sii!cle. 73


ARTISTES COREENS A L'ETRANGER

KangSueJin Danseuse etoile coreenne LeeJong-ho Critique de Danse

amais ~ ne JXlWTai oublier les !annes qui apparurent dans les yeux des spcrtatrices coreennes presentes dans Ia £llle de ropera de Stuttgart, le 'lJ j:mvier 1993, jour de Ia representation de ''Romeo etJuliette" par Ia trou~ de l:xillet de Stuttgart A Ia tombX du rideau, certaines cl'entre elles se ront meme rnises a pleurer demotion sur place. Ce soir-Ja, le role de Juliette etait tenu par Kang Sue Jin, et les spectatrices qui versaient des larmes etaient pour Ia plupart des danseuses venues par avion de seoul a Stuttgatt Ces dames qui effectuaient un voyage en Euro~ avaient appris avant de quitter seoul que Kang ferait ses debuts comme danseuse etoile Si ron desire comprench·e Ia signification de lew·s !annes, independamment du fait que les Careens ont Ia latme facile,-il faut connaitre le monde de Ia danse coreen qui, pendant une longue petiode, etait lie a Ia stagnation et a Ja )XlUVrete Apres presqu'un demi siecle depuis son introduction en Coree, soixante-dix ans si !'on remonte a ses tous premiers debuts, le ballet coreen n'avait pas reussi a evoluer meme s'il enregistrait certains prqves. Ii faut reconnaitre qu'il y avait de nombreuses t-airons a cela : le monde de Ia danse en lui-meme, le manque de comprehension de Ia societe coreenne pour Ia danse, ainsi que Ia negligence des danseurs et des choregraphes dans le domaine de rectucation Quoi qu'il en roi~ en ce qui conceme les representations et Ia fonnation,

apres etre reste lm certain temps a un niveau mediocre compare aux autres JXlYS, le l:xillet coreen a commence a se developper vraiment a pattir des annees 1990 et, si ron se place du point de vue de Ia technique individuelle des danseurs plutot que des troupes, il est )XlfVenu a un niveau suffisant

Jin, en Ia voyant couvette des chaleureux applaudissements des spectateurs europeens C'etait Ia une manifestation d'admiration melee a un cettain sentiment cl'envie JXlUf le succes professionnel de Kang. Cetait aussi rexpression de toutes leurs ~ relatives a leur vie de danseuses, sur laquelle Ia vue du succes de Kang les avait obligees a jeter de nouveau un regard Mais il serait difficile de nier qu'au plus profond de leur coeur, il appat·aissait un cettain regret en ce qui conceme le ballet coreen qui, pendant une trop longue petiode, a laisse passer le temps sans proceder a une reflexion suffisante Jeunesseetmaturite

Kang Sue Jin n'est pas Ia premiere danseuse coreenne qui ait danse avec une troupe etrangere de haut niveau Dey. au cours des annees 1®, Kim Hyeshik (directrice de l'Institut 2 choregraphique a !'Ecole des Alts :? de Coree; ancienne directtice de ()

r.--llliiiil---------"'""'-""""'-------' i avait Ia Troupe Nationale de Ballet) etudie a !'Ecole du Ballet

74

La danseuse Kang SueJin.

JXlur offtir au monde plusiew-s dansew-s de niveau internationalJusque-Ja il restait difficile cl'envisager de rivaliser avec des troupes de premiere classe comme celles de Russie ou d'Ew-ope, ou meme avec les troupes de Pekin, en Chine Si !'on comprend cela, ori peut mieux comprendre les larmes des danseuses coreennes en voyant radorable et etonnante Juliette exptirnee par Ia danse de Kang Sue

Royal de Grande-Bretagne, puis elle avait danse avec Ia Troupe de Ballet de Zurich, en Suisse, et au Grand Ballet du Canada Cependant le peu cl'interet JXltte au ballet a cette epoque pat• les Careens et les echanges avec Ia Coree etant rest:reints, elle n'avait pas reussi a s'inscrire profondement dans !'esprit du grand public de son pays natal A contratio, rinteret JXllte auj:mrd'hui a Kang Sue Jin par ses compatriotes est tres grand. II y a deja eu des representations


0

g

!s: 0

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Scbre du spectacle produit seoul par le Ballet de Stuttgart mettant en

scene "Romeo etJuliette': 75


donnees a seoul par Ia Troupe de Ballet de Stuttgart (en octobre 1914) et, chaque fois que Kang rentre en Coree a !'occasion de ses conges cfete, elle ne cesse d'etre sollidtee p1r Ia presse La facilite d'expression et !'attitude dont elle a fait preuve l'ete dernier au cours de remission ''Kim Han-gil et les hommes'', un 76

prcwamme televise tres regarde, ont donne !'impression que, contrairement aune epoque encore recente, ou elle n'accueillait pas tres chaleureusement les demandes d'interviews des pwnalistes et des aitiques, elle est en train de prendre corurience du fait qu'elle devient une artiste populaire et elle s'y adapte d'ailleurs fort bien En acceptant avec politesse

et avec aismce !'attitude du presentateur qui, par le contenu des questions posees, par Ia methcxle d'approche destinee au grand public et parfois visant a stimuler une curiosite sensuelle, ne convenait nullement a cette artiste qui vit dans le monde de !'art pur, elle a parle de ses activites avec eeaucoup de clarte Elle avouait par Ia suite que cette interview


Kang Sue}in a jXJur elle plusieurs atouts :sa taille, ideale jXJur jXJuwir dan.ser avec des occidentaux, son c01ps bien projXJrtionne, son allure moderne, ses qualites de danseuse, sa sensibilite et son jeu de scene

Kang SueJin dans le role de Pamina dans "Lafluteenchantee" clwregraphtee par Maurice Bijart

avait ete Ia plus difficile de toutes celles qu'elle avait accordees jus:Ju'a presn~ elle n'en a pas moins fait preuve ce jour-la d'une grande rnaturite Qui sait ? Peut-etre qu'actuellement le peuple careen cherche a trouver en Kang Sue Jin Ia fierte et Ia satisfaction que le peuple japonais ressentait grace a Yoko Morishicla

Mais ces deux artistes ont un point commun,

toutes deux n'ont pas rec;:u leur fo1mation d'artiste dans leur pays d'origine Evidemn~ elles y ont rec;: u une formation de base; cependant, si elles ont ete en mesure de devenir des danseuses de niveau international, c'est en realite grace au fait qu'elles ont ete formees en Europe

Les avantages de Kang Sue Jin en tant que danseuse resident dans sa taille (167cm) lui permettant de para1l:re sur scene en compagnie de partenaires occidentaux, dans sa corpulence equilibree sans le moipdre superflt~ ainsi que dans le fait qu'avec son visage donnant une impression moderne, elle fait preuve d'une technique de Ia danse, d'une expression des sentiments et d'uhe capacite d'interpretation aussi remarquables les unes que les autres. Contrairement au passe, ou elle gardait une certaine raideur du buste, depuis quelque temps elle revele une telle fluidite qu'il est devenu presqu'impossible de deceler le moindre defaut dans chacun de ses gestes, si bien que l'on a !'impression d'une artiste parvenue a Ia perfection de son art Entree. dans Ia Troupe de Ballet de Stuttgart a !'age de dix-neuf ans en 1986, Ia plus ¢une danseuse jarnais entree dans cette troupe, elle a dO deployer de tres grands efforts pour parvenir au bout de sept ans a etre selectionnee comme danseuse etoile. Comme c'est souvent le cas pour les artistes du plus haut nivea~ Kang a pu devenir ce qu'elle est aujourd'hui grace a des efforts surhurnains, tout autant qu'a son etonnant talent Celui qui n'en a pas fait !'experience ne saurait comprendre l'angoisse et le desespoir de ces moments oU, au cours de sa vie a l'etranger, on a parfois !'impression de ne realiser aucun progres. Aujourd'hui encore, chaque rna~ elle suit des lec;:ons particulieres avant de se rendre au travail, et elle depense une bonne partie de son salaire pour deux ou trois seances de sauna therapeutique par sernaine 77


Desprof~udhatniv

Si !'on parle de Ia vie de danseuse de Kang Sue Jin, il y a deux personnes que !'on ne saurait oublier : Marika Besubursova, directrice de !'Ecole de Ballet de Ia principaute de Monaco; et Marcia Haydee, directrice artistique de Ia Troupe de Ballet de Stuttgart Venue en Coree au debut des annees 1980, Besubursova selectionna quelques eleves de !'Ecole artistique de S6nhwa, qui avaient attire .son attention, et les emmena dans son institution : il s'agissait de Mun Hunsuk (directrice de Ia Troupe de Ballet Universal~ de Kim In-hui (directrice du Theatre de Ballet de seoul) et de Ho Yong-sun (premiere danseuse de Ia Troupe de Ballet de Bale, en Suisse), plus jeune, Kang suivait ses ainees en 1SB2 Adrienne Dellas, qui enseigna le ballet a !'Ecole Sonhwa au debut, joua un role imp)ftant JX)ur Ia formation dans le domaine du ballet en Coree pendant une longue periode en compagnie des professeurs careens charges de Ia formation des jeunes eleves du Lycee artistique de Seoul ou d'autres instituts Elle est tellement debordante de vitalite et d'energie que, chaque fois que je Ia rencontre, je ne peux m'empecher de peOser aGeorg Solti, ce chef d'orchestre d'origine hongroise. Bien que Dellas ait six ans de mains, ils sont l'un et !'autre originaires de pays de !'Est; ils [X)SSOOent Ia meme voix au timbre metallique et garden~ rnalgre !'age, une certaine violence de caractere Otiginaire de Crimee, reputee JX)ur ses capacites de pec!agague, Adrienne Dellas eSt: une personnalite qui me1ite notre reconnaissance pour avoir debute Ia formation precoce des eleves coreennes. A ce suje~ le ballet careen lui doit beaucoup e~ il faut l'avouer, les jeunes filles qui partirent alors pour Monaco puerent de cette chance tout autant que de leurs efforts et de leurs talents Ces personnes qui, aupurd'hui, sont devenues des personnalites im[X)rtantes dans le domaine du ballet careen continuent a y envoyer leurs disciples et a entretenir leurs relations avec Monaco. Dans. cette institution ou les eleves ra;:oivent quatre annees de formation, avec le plus grand devouement, Besubursova a donne des cours a Kang Sue Jin, cette fillette venue d'un petit pays d'Asie alors qu'elle avait a peirle !'age de raison Si Besubr~va est 78

connue depuis toupurs JX)ur Ia qualite de son ensigm~ dans le cas de Kang elle a fait preuve d'un devouement encore plus particulier. Pendant Ia derniere annee de sa formation, elle l'a prise chez elle et a vecu avec elle afirl de lui enseigner non seulement Ia danse, mais encore le mode de vie et !'attitude exiges JX)ur une artiste Pendant ce temps, elle l'a soumise a un entra!nement d'une extreme severite et d'une grande minutie Inutile de dire qu'apres Ia fm des etudes de son eleve, elle l'a conseillee pour sa carriere a venir, et elle continue encore aupurd'hui alui accorder Ia meme affection Apres Ia premiere representation de "Romeo et Juliette" pour laquelle, pour Ia premiere fois, Kang avait ete choisie comme danseuse etoile, dans Ia !age de Ia jeune artiste, les deux femmes ont pleure dans les bras l'une de !'autre ¡ Un trimestre avant Ia fir! de ses etudes, en janvier 1985, Kang participait au concours irlternational de ballet de Lausanne et y etait classee premiere aegalite, elle etait Ia premiere Coreenne a recevoir ainsi un prix dans un concours international de danse renomme A r~e, a;cause du desinteret du public pour Ia danse, on se cont~ai de parler de cette "fillette cligne de felicitations'', alors que cet evenement revetait une signification extraordinaire dans le monde de Ia choregraphie : il await pu etre compare a!'obtention, dans le domaine de Ia musique, du grand prix par Ch'oe Hyon-su au concours Tchaikovski Cela faisait trap longtemps que !'on n'avait pas ra;:u une telle nouvelle en provenance de Ia scene internationale : il faut remonter a 1939, a l'epoque ou, au concours international de Bruxelles, Ch'oe Sung-h~ siâ‚Źgeait en qualite de membre du jury en compagnie de personnalites telles que Philip Braunschweig fondateur du concours de Lausanne et qui fit venir Maurice Beyut de Bruxelles. Quand je lui dis que j'etais careen, apres m'avoir demande : "Vous connaissez Kang Sue Jin ?' ll fit l'eloge de sa danse et de ses qualites hurnaines. Si je m'en remets a ses e!ages, Ia limpidite de caractere de Kang ne trahit en rien Ia qualite de sa danse I.e Ballet de Stuttgart

De son c6te, Marcia Haydee, qui n'a cesse de !'observer depuis son entree a Ia Troupe de Ballet de Stug~ lui accorde une con-

fiance absolue et lui voue une profonde affection Pour s'en rendre compte , il suffit de se rappeler qu'elle lui a transrnis non seulement les costumes qu'elle portait Iars de !'opera "Romeo et Juliette" cree pour elle en 1%2 par John Cranko, mais aussi l'anneau que celui-<:i lui avait offert pour Ia feliciter du succes obtenu Iars de Ia premiere representation Cest ainsi que, Iars de Ia representation donnee en povier 1993 afin de commemorer le trentieme anniversaire de Ia premiere representation de !'oeuvre, elle choisissait Kang Sue Jin et lui confiait le role principal, ce qui representait un moment determinant permettant une ascension prodigieuse de Ia danseuse coreenne Au mois de decembre de Ia meme annee, sur Ia decision de Renata Janella, directrice choregraphique, Haydee et Kang etaient choisies pour puer en double casting dans "Mata Hari", evenement dont on a alors beaucoup parle Pour Kang, puer ~n commun dans une representation ou Ia directrice artistique jouait elle-meme revetait une extreme signification symbolique Au mois d'octobre precdn~ elle obtenait le role de Pamina dans "La Flute Enchantee' de Beyut invite comme directeur choregraphique honoraire, elle fut si convaincante dans le role de l'innocente Pamina que Beyrt, de retour a Lausanne, ne cacha pas sa satisfaction en declarant : "Kang Sue Jin est parvenue a exprirner a cent pour cent Ia Parnina que fattendais" Si depuis quelques annees, le talent de Kang s'esr rapidement perfectionne, il semble qu'il faut y voir le resultat d'une ascension amorcee grace ases efforts du passe (un peu comme se met soudain a parler d'une fac;:on etonnante une personne qui, apres avoir longtemps etudie, semble comprendie Ia lagique d'uri langage et d'une pensee). Si Haydee lui a confie le role, on peut affirmer sans risque d'erreur que c'est aussi le resultat de ses pragres dus a !'attention qu'elle lui portait depuis bien longtemps Son entourage, qui lui portait un profond interet et puait pour elle le role de manager, !'a considerablement aide Si les oeuvres pour lesquelles elle avait pue le premier role sont des oeuvres modernes, son role principal Iars de Ia representation de "La Belle au Bois Dormant'', en octobre 1995, a ete Ia preuve irrefutable permettant de


Kang SueJin dans "MataHari" choregraphte par RenatoJanella.

supprimer les craintes que, peut-etre, elle aurait possede un talent convenant seulement ades comedies de caractere "La Belle au Bois Dormant' est une oeuvre qui n'a rien de facile et exige toutes les teclmiques du hillet classique Lors de cette representation, chose rare dans le cas dune danseuse orientale, elle assura le premier role le soir meme de Ia premiere. Si cela est possible dans le cas doeuvres modemes, il est difficile pour les danseuses asiatiques dobtenir le role princiflli dans le cas doeuvres clasiqu~ et plus rare encore qu'on leur confie un tel role lors dune premiere En dehors des questions teclmiques, cela tient au fait que leur aspect physique s'accorde souvent assez mal avec les perscr nnages rnis en scene Cepnda~ Kang est dotee dune physionomie de type a:cidental, si bien que !'on a guere !'impression qu'il s'agit dune orientale, meme si elle se trouve sur scene en compagnie de jolies danseuses a:cidentales (Et cela est plus important qu'on ne pourrait le penser).

La teclmique de Kang revele une grande rnaturite La Kang Sue Jin que l'on avait vu a Yokohama dans le role de soliste de la meme oeuvre lors de Ia toumee de representation effectuee au Japon par Ia Troupe de Ballet de Stu~ en mai l<JX!, permettait dey. dentrevoir ses chances de puer des premiers roles mais, cette fois.Q, elle vient d'en donner Ia preuve irrefutable Haydee, qui assure le role de directrice de Ia Troupe de Ballet de Stuttgart depuis Ia mort soudaine de John Cranko en 1976, declare : "Kang Sue Jin est une danseuse toute particuliere dotee dun talent inne. Elle est douee d'un charisme special sur scene; elle possede en meme temp5 Ia beaute et Ia sincente Les su;ets qui p:OO:Ient en meme temp5 ces trois elements ideaux pour une danseuse sont bien loin detre nombreux." Si 1a sincente designe les qualites hurnaines et !'attitude qui se revelent dans les efforts de Ia vie quoticlienne, le charisme et Ia beaute ne representent-ils pas tout ce que !'artiste doit

exprimer sur Ia scene dans sa danse Kang affnme d'ailleurs accorder sa preference aux ballets qui unissent le dialogue et Ia danse Cest le cas de Ia plupart des oeuvres ou elle a jusqu'a present assume le role principal On peut y decauvrir !'expression de son assurance dans sa capacite d'interpreter tant les oeuvres classiques que modemes Elle declare que !'oeuvre qu'elle desire ardemment interpreter a l'avenir est "Gisele", oeuvre dailleurs consideree comme un defi et un reve etemels pour toutes danseuses. n est normal de vouloir interpreter cette oeuvre qui met en relief !'opposition entre les mondes present et pas<>e, !'opposition entre deux caracteres. La danse ? Elle affirme que c'est Ia vie, l'univers. La vie et l'univers ne cessent de se mouvoir. Sans mouvements, c'est Ia mo~ Ia destruction Danser sans cesse, que ce soit en Europe ou en Coree, sur Ia scene ou en salle de repetition n'est-ce pas l'univers de Kang Suejin? • 79


A LA DECOUVERTE DE LA COREE

LesDeurs du printentps Lee Tchang-bok Professeur emerite de botanique, Universite nationale de Seoul 80

anemone flewit quand mmmence arouffler le vent printanier et on l'appelle jXlram ko~ ou fleur de ven~ en mreen Reveilles d'un long rommeil hivemal, les arbres et les plantes s'habillent de couleurs eclatantes et savourent les rayons du roleil Les ours qui ont hiberne tout lhiver dans les profondeurs des cavernes des montagnes se reveillent et cherchent de Ia nowTiture qui germent rous Ia neige grace a leur odorat

L'


develop¢ Les plantes que les ours trouvent sous !a neige dans les Monts SOraksm sont appelees komch'i par les gens du pays. Kom signifie "ours'' et ch'i signifie ''plante''. le komch'i ne doit fX1S rue¡mnfondu avec une autre plante appelee kortlf;h'u~ qui fait putie de !a famille du cluysmtheme nsemble que son nom a ere donne d'apres ~ forme grande et grossiere Le komch'i est appele Symplocarpus nipp:r nicus prr les lxltanistes. Elle est differente de

Azaroe(enhaut),

Adonisamurensis(ci-dessus)

!a Symplocarpus renifolius ou skunk cabbage, qui possede des feuilles minces et longues et qui fleurit en ete et non au printemps. A cOte des feuilles de skunk c.alJix.Jg3 qui edcrent au printemp;, po~.JS:e une bractee de forme grossiere a faspect de peau de serpent sur !aquelle !'e developpent des fleurs. A seoul, elle est appelee paech'u namul (chou ~u­ vage) et est utilisee en medecine traclitionnelle et pour fabriquer de !a gelee 81


.¡

Dans des hautes montagnes comme SOraksan, l'61/f!ji (violette-aux-dents-de-chien; Erythronium japonicum), le hangyery)ngp'ul (Leonice microrhyncha) et Ia kkwJnifJi jXlram kkot(un type cl'anemone; Anemone raddmna) commencent afleurir a Ia fonte de Ia neige La violette-aux-dents-dechien ~e des feuilles vertes foncees avec des taches noires et une fleur de couleur rouge-pourpre tombante au bout d'une ¡ longue tige A.vee des petales ressemblant a des parapluies plies, !'anemone semble etre protegee du vent. La han-gyery6ngp'ul (Leontiel) sort de terre comme Ia pousse de soja avant que Ia neige ne fonde completement La violette-aux-dents-de-chien et !'anemone se trouvent dans les regions centrale et sud-est ¡ en Coree La l:x:m-mery)ngp'ul a ete l:nptisee ainsi parce qu'elle a ete trouvee pour Ia premiere fois en Coree a Ia crete de Pugamnyong a!'ouest de Ia Vallee C&ek de SOraksan Dest originaire de Mandchourie et les monts SOra.ksm sont consideres comme Ia limite sud de Ia zone ou on peut le trouver. Elle a ete decouverte pendant les recherches effectuees dans Ia region de SOra.ksm apres Ia guerre de Coree lmqu'on parlait cl'en faire un pai-c naturel La crete de Pugamnyong etait autrefois celebre pour avoir abrite des espions NordCareens. La hangyery)ngp'ul a ete cueillie devant un poste de garde sud-coreen et le pur d'apres, les alentours du poste ont ete bombardes par Ia Coree du Nord. Cette anecdote es~ depuis, devenue une histoire allant de fX1ir avec le nom de cette flew-. Parmi les fleurs qui eclosent tot, le jXJksuchb (Amur adonis, Adonis amurensis) ~e des fleurs relativement grandes. Bien que Ia plante soit de petite taille, Ia fleur est large de quatre centimetres et ressemble a un chrysantheme jaune Graee aIa signification de son nom en caracteres chinois, "plante de prosperite et de longue vie'', cette plante est souvent utilisee comme decoration pour le nouvel an au Japon Elle est originaire de l'Asie de 1'&1: et peut se trouver au sud de l'ile de Cheju . Le maehwa kkot (abricotier a fleur japonais; Prunus mume) est une autre fleur qui eclot tot et qui perce sous Ia neige non encore fondue Lorsque l'abricotier japonais 82

fleurit au debut du printemps, il est appele maehun en coreen et le fruit qui pousse en ete est appele maeshil Le lxm~ un autre type de Ia famille des abticotiers japonais qui a ete trouve dans Ia region Puyo, est connu pour etre le plus precoce pow- les fleurs, mais cl'origine chinoise, il est n'est pas tres repandu en Coree Le mison namu (Forsythia blanc; Abeliophyllum distichum) est en pleine floraison avant l'arrivee du printemps. Les caracteres chinois de son nom signifient "eventail rond" decrivant Ia forme de ses fruits. Observable seulement en Coree, il pousse dans Ia montagne Kunja dans le canton de Koesan dans Ia province de Ch'ungch'ong du nord ou Ia terre est couverte de pierres et de rochers. Les racines s'irnplantent profondement dans les pierres et le tronc grandit au soleil Meme en ete, lorsque les rochers sont tellement chauds que !'on peut difficilement les tou.cher, le forsythia blanc reste intact. Grace a ses qualites d'adaptation a son environnement difficile, le forsythia blanc est le seul a pouvoir survivre Ia ou aucune autre plante ne peut survivre A cause de sa rarete et de sa beaute, les jardiniers ont es.saye de le faire pousser dans leurs jardins, mais il meurt sans pouvoir coml:nttre avec les autres plantes. Cet exemple montre que pour pouvoir proteger ou cultiver des plantes rares, il est important de connai"tre l'environnement dont elles ont besoin Le forsythia blanc existe avec des fleurs blanche, rcres ou ivoires de differentes tailles. Pour proteger cette plante et son habit~ le gouvemement l'a qualifie de "fresor national''.

Violette-aux-dents-de-chien, anemone et abricotier en fleur (de haut en bas) commencent ii fleurir avant Ia fonte des neiges. Le printemps arrive quand les forsythias (page de droite) commencent iifleurir.

_. Symboledu printemps Avee le forsythia blanc, le kaenari jaune (forsythia) et le chindallae rose (rhodooendron ou azalee) sont des symboles du printemps en Coree Tis illuminent le paysage morose de l'hiver et habillent les montagnes et les campagnes de couleurs vives. Un des plats prepares pour cette occasion est le hwajon ou gateau cl'azalee Le pur de sa preparation, les femmes sortent sous le soleil chalew-eux pour danser et puer. Ces flew-s ont aussi ete citees dans un poeme intitule "Azalees' de Kim &lwol (Kim Chong-shik; 1903-1934) qui est connu des


Coreens de tous ages. Le forsythia pousse n'importe ou et est devenu Ia plante Ia plus populaire de Coree n y a deux sites d'attraction a !'entree de S5raksm nommes Kw6n-gUm-f{)ng et Ulsmbawi, chacun possedant des rochers peu communs. On peut y trouver Ia mallihlm (forsythia omta), un membre de Ia famille des forsythias, poussant entre les rochers. ¡ Per~n ne sait comment ces plantes sont venues pousser hl, mais elles offrent un spectacle rnagnifique lorsqu'elles fleurisn~ avcx: leurs petales d'or. Les Careens appellent leur pays kumsug;mgn.n (tene bordee de rivieres et de montagnes). Ce nom exprime Ia beaute de notre pays avec ses feuillages colores, mais notons que cette beaute s: mse sur les fleurs qui illuminent le pays pendant le printemp;. L'azalee pouss: en general sur les versmts nord des montagnes et des mllines. On peut apercevoir beaumup plus d'azalee loffi:JUe !'on s: clirige vers le sud, le long des autoroutes, que dans le s:ns mntraire Ceci s:mble rue le fait des differences d'humidite Les azalees ront souvent visibles des zones nord de Ia

Mandchowie aIa Mongolie et tout au long de Ia riviere Ousrowi, en muvrant ces regions de couleur rose lorsqu'elles fleurissent. Loffi:JU'elles ront melangees avcx: le forsythia jaune, Ia scene devient plus spectaculaire enmre Une fois que l'azalee fane, le ch'6ltchuk kkot (roselxly riant ou azalee royale) suit La muleur rare de l'azalee est sproaculaire parce qu'elle fleurit avant les feuilles, mais l'azalee royale flewit en meme temps que ses feuilles pous:n~ donnant une autre s:nsation ns: repand du pied de Ia montagne vers le haut II se trouve aux alentours des sommets. L'azalee royale est Ia premiere plante mreenne a avoir ete introduite en Ocddent C'est une des plantes que les Allemands avaient collectees pendant une expertise marine dans Ia region de Wonsan, actuellement en Coree du Nord Ceci avait ete Ia premiere rencontre d'une plante mreenne avex: Ia science moderne Les petales d'azalee s: mange~ cuits dans des gateaux de riz speciaux ou ajoutes a l'alcool pour renforcer sa muleur et ron gout L'azalee royale est quant a elle toxique, c'est

pourquoi l'azalee est appelee "vraie fleur'' et l'azalee royale, ''pseudcrfleur''. La plupart des azalees royales sont des arbustes et sont plus minces que les azalees Cependant l'azalee royale poussant dans Ia montagne Pallon dans Ia region du canton de Ch6ngs6n, dans Ia province de Kangwon, mesure 5 metres de hau~ sa cirmnference est de 78 centimetres a mi-hauteur, de 108 centimetres au niveau du pied et de 7 metres au niveau des branches. Vieux de :m ans, il a ete designe ''treror numero 348'' pour qu'il roit protege Les alpinistes organisent une fete de l'azalee royale au printemp;. Celled s: tient apres Ia tombee des fleurs d'azalee lorsque le temps devient plus doux. Des voix critiques s: ront levees en denonr;:ant l'atteinte a l'environnement occasionnee par cette fete et depuis, elle a perdu de son importance mais existe toupw-s Lorsque l'azalee et l'azalee royale f~en d'autres fleurs leurs succedent Ce ront surtout les fleurs weigela qui attirent !'attention. Ress:mblant a une muronne de laurier, ces fleurs demrent !'entree des vallees •

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ACTUALITES

L'art de Kim Hong-do LeeWon-bok Conservateur, Musee national de Coree

rie exposition speciale commemorant le deux cent cinquantieme anniversaire de la naissance de Kim Hong-do a eu lieu. du 19 decembre 1995 au 25 fevrier 1996 au Musee national de Coree, a Seoul. Il s'agissait de la plus grande exposition jamais organisee jusqu'alors sur les peintres de la dynastie Chason. Co-parrainee par le Musee national et deux galeries privees, Kansong et Ho-am, !'exposition a attire chaque jour plusieurs milliers d'amateurs d'art. Il faut dire aussi que c'etait la derniere exposition a pouvoir se derouler dans l'edifice actuel du Musee national de <::oree qui sera bientot demoli. Kim Hong-do, egalement connu sous son nom de plume de Tanwon, fut l'un des trois plus grands peintres de l'epoque Chason, les autres etant An Kyon qui vecut au XVeme siecle et Chang Si:ing-op (1843-1897), vers la fin de la dynastie Yi. Avec Chong Son (1676-1759), issu de la classe dirigeante, Kim figure parmi les peintres les plus prolifiques de la deuxieme moitie de l'epoque de Chason. Il est considere le plus souvent comme un maitre de la peinture de genre, mais en realite il excella dans tous les styles de peinture. Il devint celebre d'abord avec des portraits et des peintures decrivant les themes taolstes et bouddhistes. Plus tard, il fut nomme a de hauts. pastes gouvernementaux pour avoir peint un po'rtrait du roi. Malgre ses origines et son statut modestes, peintre professionnel issu de la classe moyenne, c'etait un grand artiste qui

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Kim Hong-do a reussi

a faire renaitre !a beaute de ¡¡ Ia:nature a travers un style realiste et !a vie des gens ordinaires en les depeignant avec humour et compassion.

se revela egalement talentueux dans la poesie et la musique. So us le patronage du roi Ch6ngjo (regne 17771800), il crea le style coreen de peinture classique, montrant l'originalite et la perfection de l'art de l'epoque Choson. En plus de cette derniere exposition, il y en avait deja eu cinq autres de Kim Hong-do dans le passe, bien qu'elles aient ete moins importantes. En 1965, le Musee national' avait organise une exposition reunissant 56 oeuvres, principalement des peintures de genre et des portraits. Malheureusement, a l'epoque, aucun catalogue n'avait ete publie. Huit ans plus tard, au printemps et en automne 1973, et encore au printemps'1985, Ia galerie Kansong, qui possede la plus grande collection de peintures de l'epoque Choson, avait ouvert des expositions speciales, chacune presentant entre 30 et 50 oeuvres de Kim Hong-do. Et puis, en octobre 1990, le Musee national avait organise une exposition en l'honneur de Kim Hong-do, designe comme "l'Homme de culture du mois". Celle-d avait egalement rassemble des peintures appartenant a la galerie Hoam et a des collections privees. La derniere exposition en date rassemblait, quant a elle, environ 300 peintures, dont "Les immortels" (Kunsondo), "tresor national numero 139", 20 peintures presentees dans l'album de l'annee 1769 (Pyong-. jinnyon-hwach'op), "tresor numero 782" et 25 peintures presentes dans l'album "Peintures de genre de la collection Tanwon" (Tanwon P'ung-


ACTUALITES sokhwach'6p), "tresor national numero

527". II a fallu plus de deux ans a Ia galerie Ho-am pour preparer cette exposition. Quant au Musee national, il a examine toutes les oeuvres de Kim Hong-do conservees dans ses eii.trepots pour choisir 80 pieces dont quelques-unes inedites. La galerie Kansong a contribue a !'exposition en pretant cinquante chefs d'oeuvre, dont "Huit scenes de Kwandong" (Kwandong p 'algy6ngdo), "Portraits de figures historiques" (Kosa inmuldo) et "Peintures d'oiseaux et d'animaux" ( Y6ngmodo). Par ailleurs, diverses universites et musees publics et prives, dont l'universite nationale de Seoul et l'universite de Koryo, ont enrichi !'exposition avec leurs propres collections. Cette exposition particuliere a reuni des oeuvres de Kim Hong-do de presque tous les genres presentant des paysages, des peintures de genre, des ¡ portraits de personnages historiques, des peintures de fleurs, d'oiseaux, d'animaux, d'insectes, de

poissons et de crabes, les "quatre sages" (le prunier, l'orchidee, le chrysantheme et le bambou) et de Ia calligraphie. Elle a pu ainsi fournir une ocasi~"1 inesneree au public de connaitre Ia vie et l'univers artistique de ce genie. Parmi les oeuvres qui ont fait leur premiere apparition a !'occasion de cette exposition, se trouvent "L'Album de peintures du mont Kumgang" (Kilmgang sagunch '6p) provenant d'une collection privee. Cet album en cinq volumes rassemble soixante peintures executees a Ia suite de sa visite au mont Kumgang sur l'ordre du roi Chongjo, en automne de 1788, lorsque le peintre etait alors age de 43 ans. Sur Ia couverture de chaque volume de cet album, se trouvent colle le titre "Peintures completes de Kumgang", ecrit en encre de Chine sur une feuille de papier. Initialement conservees dans le palais royal, ces peintures n'a vaient jamais ete exposees au public, sauf quatre reproductions en noir et blanc

presentees dans deux essais sur Kim Hong-do rediges par Yi Tong-ju. Les sceaux apposes sur les peintures furent ajoutes plus tard, mais les soixante peintures comportent toutes les noms des lieux pe,ints en encre de Chine ecrits de Ia main d'une meme personne. Ces paysages executes dans les premiers temps de sa carriere different de ses autres paysages mieux connus. Ses premieres oeuvres ont ete executees d'une maniere plus delicate et minutieuse que celles qui suivront. Par ailleurs, trois oeuvres des "Peintures completes de Kumgang" (Myogilsangdo, Ongch '6ndo et Piryongp'okp'odo), appartenant a Ia collection du Musee national, ont ete montrees au public pour Ia premiere fois a !'occasion de cette exposition. . "Enseignements de Zhu Xi" (Chubu-jashi-iiido), un paravent en six panneaux, s'inscrit parmi les peintures de figures historiques les plus remarquables. Rapatrie du Japon il y a quelques annees, le paravent appartient actuellement a une collection privee. D'apres des archives

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ACTUALITES datant de h~poque du n~ge du roi Chongjo, le paravent possedait initialement huit panneau x, mais au Japan on l'avait modifie pour qu'il n'en ait que six conformement au style japonais. Les pejntures de ce paravent, decrivant les vertus de Zhu Xi, eminent savant neo-confucianiste chinois, soot executees d'un trait de pinceau sabre et retenu pour qu'elles soient a Ia hauteur de !'appreciation du roi. Elles comportent chacune un poeme ecrit d'une main impeccable. Kim Hong-do les executa lorsqu'il etait age de 55 ans. Shin'onindo, contenant une preface inhabituellement longue, ecrite en yeso, style d'ecriture decoratif, par Kang Se-hwang, maitre de Kim Hongdo, represente en encre de Chine des sujets uniques. Malgre son etat de conservation mediocre, il n'est pas difficile de voir que le tableau est

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execute a coups de pinceaux geniaux. D'apres le colophon, on sait qu'il fut peint en 1773, lorsque Kim Hong-do etait age de 28 ans. Dans !'exposition, c'est sous forme de rouleau a accrocher au mur que les pieces de !'album "Peintures de figures historiques" (Kosa inmuldo) ont ete exposees, chacune separement, mais initialement, elles etaient destinees a des para vents. Par ailleurs, c'est Ia premiere fois qu'on les reunissait ensemble en une seule exposition. "Admirer les fleurs de pruniers a bord d'une embarcation" (Sonsanggwanmaedo), d'une collection privee, decrit une promenade en bateau, le meme sujet que celui d'un poeme dont on a recemment confirme que !'auteur etait bien Kim Hong-do. L'existence de cette oeuvre avait ete depuis longtemps signalee dans des catalogues d'art, ¡inais c'etait Ia premiere fois qu'elle

etait presentee au public. Dans le genre de peintures d'oiseaux, d'animaux et de flem¡s, on a pu apprecier, grace a cette exposition, neuf pieces provenant de !'album Pyongjinnyon-hwach'op, edite en 1796 et appartenant a Ia galerie Ho-am. Les huit panneaux de "Peintures d'oiseaux et d'animaux" ( Yongmodo), de Ia collection de Ia galerie Kansong, ont ete egalement exposes. Ces pieces prouvent eloquemment que, dans ce genre_ egalement, Kim Hong-do excelle une fois de plus. Cette exposition a constitue une rare occasion permettant de comprendre l'univers artistique de Kim Hong-do et de voir a que! point le peintre a reussi a faire renaltre Ia beaute de Ia nature a travers un style realiste en representant Ia vie des gens ordinaires en les depeignant a vee humour et compassion. +


APER<;US DE LA LITTERA TURE COREENNE

Choi In-hoon

Les ecrits de Choi In-boon presentent une histoire moderne de la Coree plus riche et plus objective que n'importe que/livre d'histoire.

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La peur des idoles :le monde des oeuvres de

Choi ln-hoon Rew Bo-seon Critique litteraire

est artificieuse et les etres a n~alite humains sont complexes. En d'autres mots, Ia realite est imprevisible et Ia capacite d'un individu a developper une conscience humaine est determinee par divers elements qui ne sont pas faciles a classer. Bien que d'innombrables theories aient ete baties sur l'Histoire, aucune n'a reussi a etablir une histoire systematique de l'humanite. De meme, en depit de centaines de debats epistemologiques sur le sens de !'existence humaine, aucune theorie absolue n'est apparue. Cela est vrai aussi pour les realites de Ia Coree et le mode de vie du peuple careen Plt.is preasmn~ Ia realite de Ia Coree est encore plus artificieuse, et Ia conscience des Careens, encore plus complexe. Si qualifier Ia realite "d'artificieuse" fait reference aux difficultes qu'il y a adiscerner !'essence de Ia realite et a predire l'avenir, et si parler de Ia "complexite" des etre humains designe Ia difficulte de definir les relations entre conscience et inconscience, entre perception et pratique et entre ideologie et realite, alors il n'est gue.re besoin de souligner les formidables barrieres a Ia comprehension de Ia psychologie intime du peuple careen Et il ne faut pas oublier que cette difficulte est etroitement liee au fait que les normes et les criteres utilises pour definir l'humanite et pour percevoir l'histoire furent etablis sur les fondements de l'histoire et de Ia philosophie occidentales. L'histoire de Ia Coree paralt evoluer davantage en fonction des lois du hasard que selon une suite naturelle d'evenements, et les Careens semblent impossibles a definir a !'aide de Ia seule logique. Ceux.Q

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accordent une importance considerable a leur homogeneite ethnique. lis se sont cependant livres une guerre civile sanglante et ant erige un mur de division nationale qui ne donne aucun signe de desintegration Ils refutent ordinairement cette realite contradictoire avec un grand achmen~ puis changent de parti et deviennent Ia personnification meme de ces contradictions. ]e conseille Ia lecture des oeuvres de Choi In-hoon (Ch'oe In-hun) a quiconque souha!~e prendre une rapide lec;:on d'histoire ef de litterature coreennes. En outre, si je puis me permettre un jugement subjectif, je recommanderai encore plus vivement d'etudier Choi In-hoon a ceux qui desirent com prendre Ia qualite unique de Ia litterature coreenne; et d'etudier ses romans si !'on s'interesse al'histoire de Ia Coree et ases intellectuels. La raison en est simple : par le biais de ses observations a Ia fois variees et objectives et de son jugement profond, Choi In-hoon a donne une forme cona¡ete a l'histoire modeme de Ia Coree, sujet des plus difficiles, et a Ia lutte qu'ont menee pour survivre les Careens, peuple au monde interieur extremement complexe. Les emts de Choi In-hoon offrent une histoire modeme de Ia Coree plus riche et plus objective que n'importe que! livre d'histoire. Nombre de ses oeuvres litteraires ant reussi a brosser un portrait de l'histoire de Ia Coree d'un pinceau plus realiste que Ia plupart des travaux acaderniques, et c'est principalement pour cela qu'il faut le saluer comme un grand ecrivain Le fait qu'il ait reussi a eclairer objectivement l'histoire de Ia Coree est etroitement lie a ses experiences personnelles et a sa

conscience litteraire, laquelle est, bien evidmn~ dictee par ses experiences. La: vie de Choi In-hoon a ete pleine d'epreuves. Cest en les surmontant qu'il a acquis une conscience d'ecrivain coherente. Le trait le plus distinctif de son oeuvre est son sens du deplacement Bachelard a dit que l'enfance etait '1e plus beau paysage'' de Ia vie, mais l'enfance de Choi In-hoon fut dechiree par Ia violence. II appelle cependa.nt cette violence "acte de raison" dans son roman "Hwadu'. En consequence, Ia decouverte d'une certaine folie de Ia raison et Je¡ sentiment d'avoir perdu son foyer spirituel sont evidents lorsqu'il ecrit sur son deracinement Uneconscience vagabonde

Un autre theme recurrent dans !'oeuvre de Choi In-hoon est celui d'une "conscience vagabonde", sorte de sentiment de nomadisme. Choi In-hoon est incapable de trouver ses racines spirituelles en raison des dures expetiences qu'il a connues dans son jeune age. Ne aHoetyong, dans Ia province de Hamgyong du Nord, en 1936, il alia vivre a Wonson alors qu'il etait encore un enfant Sa vie y etait assez heureuse, mais sa farnille fut contrainte de s'enfuir vers le ¡sud lorsque les communistes ptirent le pouvoir, a Ia fin de Ia Deuxieme Guerre mondiale. Ses souvenirs d'enfance, malheureux car il avait ete force de quitter sa ville natale, l'empecherent de connaltre le bonheur ailleurs. De plus, Ia societe capitaliste sudcoreenne n'etait pas un lieu ou les actes aventureux d'un individu, le developpement social ou l'objectivite et Ia subjectivite pouvaient s'harmoniser les uns avec les autres. Elle devasta au contraire encore davantage son esprit d'une autre fac;:on, le


fon;:ant a errer comme une arne torturee, incapable de se fixer quelque part Aussi sa conscience d'ecrivain est-elle composee de plusieurs couches. A plusiems niveaux, elle pourrait etre appelee une peur des idoles, a d'autres, une aspiration a une societe dans laquelle subjectivite et objectivite, individu et sociaL coexistent en harmonie. Choi In-hoon reve de Ia ¡ perfection de soi, par laquelle une conScience des objets et de soi converge ll reve d'un accomplissement mental base sm Ia conviction sensuelle qui conduit Ia connaissance, Ia sagesse, Ia conscience, Ia raison et !'esprit Le chemin qui mene acette perfection de soi n'est pas aise, cepnda~ car l'objectif le plus elementaire, celui de vivre comme un etre humain, etait impossible aatteindre dans les circonstances historiques ou il vecut. En cette epoque troublee, introspection et reflexion sm soi etaient interdites. n dut mener Ia vie d'un vagabond et souffrit simplement du fait que son but etait Ia perfection de soi Au bout du compte, ses experiences uniques et sa conscience litteraire provoquerent une introspection critique dans son ecritme et sa capit~ aobserver impartialement Ia societe coreenne Une ama tragique enveloppe l'ecriture de Choi In-hoon. Les personnages de ses romans ne sont pas depeints comme des acteurs de l'histoire du monde. Ils n'influencent pas les grands cow-ants de l'histoire ni ne representent un groupe quelconque Si Ia tragedie implique Ia frustration d'un reve d'un individu incapable de realiser un certain ordre, ou le refus de cet individu d'accepter un destin trace d'avance, alors ses romans ne peuvent guere etre qualifies de tragiques. Ses personnages sont des gens ordinaires qui tentent simplement de se proteger. Neanmoins, chacun d'entre eux se trouve • entraine dans des circonstances tragiques. Tous vivent une vie d'auto-protection, decian~ comme dans "Y5yugi', qu'ils sont incapables Gl'endosser une responsabilite pour les fardeaux de Ia vie. "PoUI¡quoi assumer un fardel~ si c'est pour s'effondrer SOliS lui par manque de force ?', s'intetToge l'un d'eux. Cepnda~ les personnages de Choi In-hoon ne sont jamais etrangers a Ia

violence maniee par le pouvoir. La violence est toujours utilisee au nom de Ia raison, comme dans '1a place", "Y5yugi', '1es gens gris". Choi In-hoon per<:oit Ia societe coreenne comme une societe qui ignore Ia volonte de l'indv~ le plongeant dans un profond abime de desespoir. La societe coreenne est encore plus repressive pour ceux qui tentent de realiser leur propre

Choi In-boon est un ecrivain exceptionnel en ce qu'il n'a jamais accepte aveuglement un concept ou une structure, quels qu'ils soient. sans examen approfondi. 89


conscience a travers l'accomplissement spirituel Par le biais d'intermediaires, il remet de l'ordre dans l'histoire et Ia realite coreennes qui ne tolereront pas le processus de pensee dialectique qui pourrait aider a developper un plus haut niveau de conscience propre grace a Ia realisation de Ia conscience de l'individu

Lemodemismedu Tiers-Monde L'histoire et les realites dans lesquelles Choi In-hoon remet de l'ordre dans ses romans soot encore plus realistes que l'histoire et Ia realite veritables. C'est parce que les intermediaires qu'il presente servent d'issues esthetiques qui s'approchent plus pres de !'essence de l'histoire moderne de Ia Coree. La Coree fut un pays ¡ sous-developpe. Elle suivit les etapes du developpement des pays capitalistes avances, les prenant comme modele pour son propre developpement et tentant de s'y ajuster afin de correspondre a ce modele. La Coree fut aussi un pays du TiersMonde. En tant que tel, elle eut non seulement a assumer les espoirs et les chagrins du capitalisme, mais elle fit aussi in?irectement !'experience du socialisme qui se transforma en moyen de surmonter les contradictions du capitalisme. En resume, Ia Coree adopta une structure sociale existante comme modele et Ia suivit Le developpement moderne de Ia Coree entra!na done pour Ia societe coreenne et son peuple une complexite defiant !'imagination Le modele ou concept fut present a priori; tout le reste devait suivre. L'existence ne determinait pas Ia conscience, c'est plut6t Ia conscience qui determinait !'existence. Les Careens devaient faire entrer leurs desirs et emotions individuels dans le moule d'une raison universelle donnee, au lieu de parvenir a une raison universelle par un processus continu d'accomplissement de soi. L'idee fixe que les actes recherchant Ia raison universelle etaient les seuls vrais et sinceres finirent par predominer dans Ia societe coreenne et l'individu eut inevitablement a connaltre une grave rupture entre emotion, perception et action Aussi les normes ou concepts intuitifs dominaient-ils et le processus de l'accom90

plissement de soi etait-il contraint a l'esclavage. L'individuel devint secondaire, reduit a un moyen de realiser des idees a prio~ au lieu d'etre considere comme Ia principale composante de Ia societe. L'humanite n'etait pas prise en compte dans Ia gestion de Ia societe L'experience que Ia Coree fit du modernisme, alors qu'elle appartenait encore au Tiers-Monde, est etroitement liee a Ia confrontation entre l'extremegauche et l'extremedroite, lorsque !'occupation japonaise prit fin en 1945, qui

provoqua une guerre civile dans Ia peninsule coreenne Cet etat de division n'a pas encore ete regie Choi In-hoon a plonge dans l'histoire unique de Ia Coree et dans Ia psychologie secrete de son peuple plus profondement qu'aucun autre ecrivain, utilisant, comme intermediaires, Ia "peur des idoles" et ''l'etablissement d'un systeme de communication entre subjectivite et objectivite". Dans son celebre ouvrage "Tout solide fond dans !'air, !'experience de Ia modernite", Marshall Berman compare Dosto'ievski et Baudelaire. ndecnt le monde litteraire de Dosto'ievski comme le "modernisme du sous-developpement", assez different du "modernisme du capitalisme avance" represente par !'oeuvre

de Baudelaire, pierre angulaire du modele de developpement du principal courant mondial Berman affirme egalement que le modernisme des pays sous-developpes revele un desespoir profond et un nihilisme face a l'histoire humaine, car les pays sous-developpes connurent bien trop t6t le desespoir du capitalisme avance Si tel est le cas, on peut dire que le monde litteraire de Choi In-hoon, rempli de desespoir, et cherchant desesperement a trouver l'espoir lorsque le processus meme d'autoperfection est juge impropre, constitue une autre forme de modernisme : le modernisme du Tiers-Monde. Le sociologue et philosophe allemand Theodor Adorno critiqua un jour Ia theorie du realisme de Gyorgy Lukacs, disant que celui-ci t-efutait completement les differents cadres de perception interferant avec Ia riche recreation de Ia realite, tout en regardant le spectre socialiste de perception avec une generosite inhabituelle. L'idee que ''tout ce qui est un tout est faux" SOLJS-tend Ia critique d'Adorno, comme le fait !'horrible memoire du fascisme venant de !'eradication de routes les differences entre l'individu et !'objet La perception d'Adorno est essentielle a Ia comprehension de l'histoire de Ia Coree. L'universalisme et le cadre etroit des perceptions qui regnaient autrefois ont ravia chacun toute sa confiance et ce manque de confiance a, a son tour, donne naissance a des circonstances irrevocables et honifiantes. Choi In-hoon est un ecrivain exceptionnel en ce qu'il n'a jarnais accepte aveuglement un concept ou une structure, quels qu'ils soient, sans examen approfondi. Cela, evidemment, parce qu'il n'a P¼ de foyer spirituel ou retourner. Neanmoins, il a volontairement endure son destin tragique; c'est pourquoi ses oeuvres litteraires ont nettement marque l'histoire de Ia litterature coreenne En fait, son importance n'est pas lirnitee a Ia litterature coreenne. Son oeuvre fait date dans l'histoire de Ia litterature mondiale et represente le modernisme du Tiers-Monde de Berman. Comme le dit Baudelaire, seules les ames torturees semblent capables de produire de Ia grande litterature. •


NOUVELLES DE LA KOREA FOUNDATION

Subventions r,?Ur les etudes Les programmes de l5ourses de sur la Coree a retranger la Korea Foundation a

la Korm Foundation offre une aide fmanciere aux universites, aux instituts de recherche et aux bibliotheques ret:an~ JXlur les efforts qu'ils rofl£l.o-ent en vue de promouvoir1es etudes sur Ia Coree dans leur pays. Les projets soumis a !'approbation de Ia Korea Foundation Clotvent relever des Sdences-Humaines, des Sdences-Sociales ou d'un domaine artistique, et dans le cadre des obp:tifs dermis d-apres : 1) Creation ou developpement de departements d'etudes sur Ia

Coree ( murs et enseignants )

2) Mise adisposition de bourses {Xlur etudiants de :zeme ou ,3eme cycles et d'allocations de recherche pour les enseignants 3) Partidpation aux ac~tions des bibliotheques et des catalogues. Les dossiers d'inscription devront etre remis a Ia Korea Foundation avant le 31 rnai Les resultats de Ia selection finale seront annonces le 15 octobre de l'annee en cours.

Pour obtenir les . dossiers d'inscription, des conseils ou toute autre iriformation, s'adresser a: . International Cooperation Department I The Korea Foundiition C PO. Box 2147 Seoul. Korea Tel,

82-2-753-3464.

Fax, 82-2-757-2047,2049

KOREA FOCUS BIMENSUEL SUR L'ACTUAUTE DE LA COREE

En complement de Ia revue KOREANA, Ia Korea Foundation publie une revue intitulee KOREA FOCUS afin de partidper aux efforts entrepris pour faire connaltre Ia Coree dans le monde et JXlur avoir une p1ace a part entiere dans cette ere de globalisation Nous ~rons que KOREA FOCUS pourra servir de reference de base aIa: mmmunaute mondiale en ce qui mnceme Ia Coree KOREA FOCUS offre ases lecteurs une vision generale de Ia Coree

contemporaine a travers un choix d'articles varies concernant l'actualite. Dans ce birnensueL vous trouverez des articles cibles sur Ia politique, l'emnomie, Ia societe et Ia cUlture, des opinions sur le monde des affaires ainsi qu'une chronologie des evenements recents en Coree

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Publies en angla!s et en ja]Xlnais, ses articles sont tires de publications coreennes qui font autorite en Ia matiere tels que les principaux quotidiens, les magazines d'actualite ou les revues universttaires.

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BOURSFS POUR US ETUDF.S SUR LA COREE

La Korea Foundation offre des bourses your des projets d'etude ~ relevant des Sciences~ Humaines, des Sciences~ Sociales ou du domaine / t ~ artistiql!e·, L_e prog~af!lme est destme a fourmr a des ~ chercheurs, ou autres • specialistes etrangers; l'oppor... ~ tunite de mener des redierches ' approfondies en Coree pour une cfuree de 2 a 10 mois. Chaque candidat selectionne recevra un billet d'avion aller-retour pour Ia Coree et une bourse mensuelle pendant la duree de son sejour. ~-

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Les candidats devront remettre en double exemplaire les dossiers d'inscription a Ia section-bourses de Ia Korea Foundation et soumettre leur projet de recherche academique a Ia Korea Foundation avant le 31 mai. Les resultats de Ia selection finale seront annonces le 15 aout de l'annee en cours. BOURSFSPOUR LE5 COURSDE COREEN

La Korea Foundation offre des bourses pour des cours de langue coreenne destinees ades etudiants de 2eme ou de ,3eme cydes, a des chercheurs, ou autres specialistes etrangers, qui souhaitent apJ)fendre le careen dans un institut de langue d'une universite en Coree pour une duree de 6 a12 mois. Chaque etudiant selectionne se verra proposer des cours de careen dans l'une des trois plus importantes universites coreennes. Les frais d'inscriptton et une bourse mensuelle pendant Ia duree du sejour lui seront verses. Les candidats devront remettre en double exemplaire les dossiers d'inscription a Ia section-bourses pour les cours de careen de Ia Korea Foundation, avant le 31 mai. Les resultats de Ia selection finale seront annonces le 15 aout de l'annee en cours. Pour obtenir les dossiers d'inscription, des conseils ou toute autre information, s'adresser a: International Cooperation Department II The Korea Foundation CID. &!>< 2147 Seoul. Korea E\82-2-753-6465 Fax 82-2-757-2047, 2049


Le pouvoir du changement. Samsung le mesure etape par etape.

Samsung est pret

a relever

les defis d'un monde

controlees, et propulsees grace

a Ia technologie de

en pleine evolution. Et notre energie est concentree

Samsung. Avec chacun de nos nouveaux produits,

sur le developpement de technologies

nous gravissons les sommets de !'innovation qui fera

essentielles pour le futur. Des semi-

de demain un monde meilleur

conducteurs evolues pour l'imagerie

pour nous tous. Etape par etape.-iiiiiiiiii- .u-:.="==

et le multimedia. Des materiaux biodegradables qui partlciperont

a Ia protection de notre ecosphere Des

systemes de transport sur terre et mer; et par avion . Bientot,

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vous serez au volant de voitures construites,

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Le Groupe Samsung Somsung House, 3 Riverbank Woy, Greot West Road, Brenlord, Middlesex TWB 9RE, UK • Fox: 44·181-568·1914 Am Unisyspork I, 65843 Sulzbach, Germony • Fox: 49-6196-74648 Electronique: Premiere DRAM de 256 megab1~/Ecr o ns aoffichoge acristoux liquides TFT/N Houle Delimtion lngenierie: Avions/Wogons!VeniCules Commercioux!V01tures Eledriques/ Petroliers a Double Coque/Ferry·Boots Ultro·ropides Chimle: Resines Biodegrodobles/Produits Chimiques Rollines © \995leGroupe Samsung

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Dream for all 2002 World Cup Korea

Le Comite de candidature pour I' organisation de la Coupe du monde 2002 en Coree


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