Koreana Summer 1997 (French)

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In

1995,

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Ravis de vous connaître

C'est le travail de Matt Ryan d'écouter. En qualité de chef concepteur à LG électronics Design-Tech, Matt doit saisir les subtilités de l'esthétique variant d'un pays européen à l'autre. Et d'exprimer ce qu'il a senti dans la conception de télévisions, de micro-ondes et d'autres produits. (Matt et ses collègues ont également participé au design des locaux du siège de leur société Red Oak House.) Chez LG, nous écoutons nos clients. Nous pensons que l'habitude explique pourquoi nous sommes les leaders dans les applications de technologies de pointe telles que les écrans à cristaux liquides et la TVHD. Nous sommes également actifs dans d'autres domaines, notamment les puces à mémoire DRAM, la pharmaceutique, les satellites de communication. Le dévouement et la satisfaction de la clientèle dont Matt Ryan et ses collaborateurs ont fait leurs principes, sont les principes de nos 126000 autres employés. Maintenant, comment pouvons-nous vous aider?

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TRESORS DE COREE

·

Ching

Le ching est utilisé par le groupe de percussionistes SamulNori.

Le ching est un large gong de cuivre, suspendu à un cordon de tissu. Le musicien tient le ching dans sa main gauche et de sa main droite le frappe à l'aide d'un maillet dont les extrémités sont soigneusement recouvertes de tissu Le son, riche et sonore, du ching donne le rythme de la plupart des musiques traditionnelles de Corée. Autrefois, il était utilisé comme signal par l'armée, le ching signifiait la retraite alors que le tambour était utilisé pour l'avancement des troupes. Plus tardivement, on l'utilisa dans les orchestres militaires, dans les musiques et danses des fermiers, dans les musiques rituelles chamaniques et bouddhistes et dans

celles qui accompagnaient les rites royaux. Le ching donne le tempo des cycles rythmiques de la musique traditionnelle. Quant au petit gong, appelé kkwaenggwari, il est utilisé pour produire les ornements rythmiques. Le manque de variété sonore du ching est comblé par la profondeur du son. La réverbération de l'écho semble conduire les auditeurs dans un monde autre et mystérieux. Aucun Coréen ne peut entendre le son du ching sans se laisser' emporter par son rythme. C'est le son de la Corée, le signe du renouveau +


Couverture : A l'occasion du Congrès Mondial de l'Institut de Théâtre International prévu à Séoul en Septembre 1997,

KOREANA jette un coup d'oeil

s 0 M

4

TABLE RONDE

M

sur les arts de spectacle et festivals de théâtre. La couverture

A

présente une scène d'un

1

théâtre traditionnel de danse

R

masquée.

Arts de spectacle d'Aupurd'hui

E

Le théâtre coréen à l'âge international 12 AVANT-PREMIERE

Présentation du Théâtre des Nations 1997

par jung ]in-soo

16

Les racines de l'art dramatique coréen et le problème de la transmission de la tradition par Lee Mee-won

24

Les principales troupes de théâtre coréennes

par Koo Hee-sue

34

Plusieurs symptômes du théâtre coréen dans les années 90

par Kim Yun-cheol

38

Rendez-vous des Arts du Spectacle

46

GROS PLAN

©The Korea Foundation 1997 Tous droits réservés Toute reproduction, même partielle, par tous procédés, sans autorisation préalable de la Korea Foundation, est interdite Les opinions exprimées par les auteurs ne représentent pas nécessairement celles de KOREANA et de la Korea Foundation. KOREANA, enregistré comme

trimestriel auprès du Ministère de l'Information, (Autorisation No. Ba-1003, .du 8 août 1987) est aŒsi publié en jlponais, chinois, espagnol et anglab.

Les namsadangp'ae, troupes de comédiens ambulants de Corée par Sim Woo-sung

52 ' Les masques coréens représentant des maladies de peaux par Lee Sung-nack

56

CHEMIN FAISANT

Sur la route de Kangnung : le village de Ch'odang

par Kim ]oo-young

64

ARTISTES COREENS A L'ETRANGER

Le monde de la "peintre de laine", Lee Ki-soon

par Lim Young-ju

Korea Foundation


Vol. 3. No. 2 Eté 1997

68

A la recherche des couleurs coréennes Han Kwang-s6k, artisan de l'indigo par Lee Hyoung-kwon

74 INTERVIEW

Ecrire et la découverte de soi La littérature de Yu Miri par Park Hae-hyun

77

KOREANA Publication trimestrielle de La Fondation de Corée, The Korea Foundation 526 Namdaemunno 5-ga, Chung-gu, Séoul 100-095, Corée DIRECTEUR DE LA PUBLICATION

Kim Joungwon REDACTEUR EN CHEF

Lee]ong-up

A LA DECOUVERTE DE LA COREE

Les insectes d'été en Corée par Nam Sang-ho

DIRECTEUR ARTISTIQUE

Park Seung-u REDACTEUR

83

Réda Ourrad

ACTUALITES

Exposition spéèiale du musée de l'université féminine d'Ewha "A la recherche des fleurs de prunier''

BUREAU DE LA REDACTION

Han Myung-hee, Kim Hyung-kook, Kim Kwang-on, Kim Moon-hwan, Kim Seong-wou, Lee Ku-yeol, Shim Jae-ryong

par Kim jong-kyu

La commercialisation de la culture coréenne par Ahn-Hai-ri

90

CRITIQUE LITTERAIRE

La Poésie de Ku Sang par Claire Berger-Vaèhon

ABONNEMENTS

Prix des abonnements annuels: Corée: 18.000 Wons (22 US$), étranger: 22 US$ ' Asie par avion: 37 US$, Ailleurs par avion: 39US$. Prix du numéro: 4.500 Wons (6US$) Abonnement et Correspondance: Etranger

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The Korea Foundation C.P.O. Box 2147, Séoul, Corée Tél: (02) 752-6171 Fax: (02) 757-2041 Corée

Myung-Hwa Sa C.P.O. Box 7852, Séoul Tél: (02) 395-5443, Fax: (02) 394-7822 PUBLICITE

· de su\aChung-in: sobriété au servlce Les nouv~es Une esthu~ de de \a déshérence 92 ctune thémauque par Yu Jong-ho

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S'adresser à: AD SEOUL Rm 601, Lions Bldg, 50 Chungmuro 2-ga Chung-gu, Séoul100-012, Corée Tél: (02) 274-8336 Fax: (02) 274-8337 MISE EN PAGE ET DESIGN

ART SPACE PUBLICATIONS 31 Shingyo-dong, Chongno-gu, Seoul Tél: (02) 734-7184 Fax: (02) 737-9377 Imprimé en juin 1997 par Samsung Moonwha Printing Co. 167-29, Hwayang-dong, Songdong-gu, Séoul Tél: (02) 468-0361/5


TABLE RONDE

Le théâtre international. En septembre 1997, le congrès mondial de l'Institut de Théâtre Internatiorutl (ffi) se tiendra à Séoul, première ville d'Asie à recewir la manifestation Environ 90 pays y enverrons des délégations, ce qui permettra aux membres de l'ITI de se rassembler pour un festival mondial et un festival universitaire de théâtre, des symposiums et d'attires arts du spectacle. Koreana a choisi cette opportunité pour réunir quatre experts du théâtre coréen afin de discuter d'une part de la signification de ce congrès international pour la Corée et le théâtre mondia4 et d'autre par~ du rôle joué aujourd'hui par le théâtre coréen sur la scène internationale et son avenir dans la communauté internationale. Kim Moon-hwan Président de l'Institut de politique culturelle Coréenne, professeur à l'université nationale de Séoul Kim}eong-ok Président mondial de l'ITI, Directeur des Etudes Supérieures de 2ème et 3ème cyl~ Université de Choong-ang SohnJin-chaek Directeur artistique du Théâtre des Nations (Congrès mondial de 11TI, 1997) LimJin-taek Président du comité exécutif du festival international du théâtre en plein air

4

Kim M.H. Notre discussion d'aujourd'hui portera sur les arts du spectacle à l'occasion du congrès mondial de l'ITI, qui se tiendra cet été à Séoul. Le professeur Kim Jeong-ok a été élu à la présidence de l'Institut lors du congrès de Caracas en 1995, cette élection fut saluée tant par les Coréens que par la communauté théâtrale internationale. Commençons par faire connaissance avec l'ITI. Comment est-il organisé et quelles sortes d'activités exerce-t-il ? Professeur Kim, comme président de l'ITI, pouvez-vous nous donner les premiers éléments sur cet Institut ? Kim J.O. L'Institut de Théâtre International fut fondé le 28 juin 1948 pour favoriser les échanges internationaux portant sur la connaissance et la pratique de l'att théâtral, pour promouvoir la paix et l'amitié entre les peuples, pour une compréhension mutuelle plus profonde, et pour accroître la création et la coopération entre tous les gens de théâtre. C'est une organisation non-gouvernementale (ONG) qui a des relations d'association avec l'UNESCO, qui en est même un des principaux partenaires dans le champ des arts du spectacle. Aujourd'hui, environ 90 pays ont des , centres affiliés à 11TI, ce qui forme une base pour les membres de l'organisation. L'Institut a également sept comités, chacun possédant son propre programme d'activités pour promouvoir les arts du spectacle et développer les échanges internationaux Ces comités couvrent la danse, le théâtre musical, les auteurs dramatiques, l'éducation théâtrale, la communication, les arts dramatiques, le développement et l'identité culturels. Kim M.H. L'ITI célèbrera l'année prochaine son cinquantième anniversaire, la Corée en est membre depuis 1958. Ça fait déjà longtemps ! j'ai entendu dire que messieurs Yu Chi-jin et 0 Yong-jin, deux de nos principaux directeurs et producteurs, ainsi que Pak SOk-in, un éminent décorateur, y étaient déjà associés. KimJ.O. Le Centre Coréen de l'ITI fut établi le 24 janvier 1958. Nous avons officiellement rejoint l'ITI en 1959, quand une délégation coréenne assista au Sème


congrès mondial à Helsinki La Corée avait envoyé une délégation à tous les congrès subséquents et elle avait activement soutenu les échanges internationaux et le théâtre coréen à l'extérieur. Pendant la guerre froide, l'ITI fut l'une des tribunes pour les échanges artistiques avec les pays du bloc de l'Pst avec lesquels la Corée du Sud n'avait pas de relations diplomatiques. Le Centre Coréen de l'ITI a déjà parrainé plusieurs événements internationaux, seul ou en coopération avec d'autres organismes. Parmi ceux-ci, il faut citer, en 1981, le troisième colloque et festival international de théâtre ; le festival du théâtre asiatique lors des jeux d'Asie, à Séoul en 1986.; le festival international de Théâtre Olympique en 1988, et le festival Asie-Pacifique lors de l'année du théâtre en Corée en 1991. Depuis 1994, le Centre a aussi participé au festival annuel Beseto, qui se tient alternativement dans une des trois capitales d'Asie du Nordest : Pékin, Tokyo et SéouL Je pense que la contribution du Centre Coréen a été importante jusqu'à ce qu'il rejoigne le comité exécutif en 1981. La participation de pays comme la Corée a aidé l'ITI à se dégager d'une attitude euro-centriste Kim M.H. La tenue du congrès mondial de l'ITI, cette année à Séoul, indique un changement significatif dans le sens d'un éloignement de l'euro-centrisme. Comment Séoul a-t-elle été choisie? KimJ.O. Je fus élu au comité exécutif lors du congrès mondial d'Istanbul en 1991. Certains d'entre nous espéraient la tenue-du congrès à Séoul mais pour une majorité c'était prématuré. Nous en fîmes à nouveau la proposition lors du congrès de 1993 à Munich et Séoul fut provisoirement sélectionnée. La décision finale eut lieu à Caracas en 1995. Au même moment, on décida la tenue à Séoul, en 1997, du Théâtre des Nations, festival international d'art dramatique. Je pense que ces décisions reflètent l'impression généralement positive donnée par le Centre Coréen de l'ITI tout comme l'intérêt croissant pour l'Est Asiatique. Nous en sommes aussi redevables aux centres chinois et japonais de l'ITI. Le comité d'organisation comprend des membres de l'Association du Théâtre Coréen et avec le Centre Coréen de l'ITI

organise les manifestations et encourage la participation de la communauté théâtrale locale Kim M.H. L'ITI ne s'occupe pas seulement de théâtre. Le congrès mondial couvre une grande variété d'arts du spectacle et ce sera une merveilleuse opportunité pour le développement des arts du spectacle coréen. Pouvez-vous nous en dire plus sur ces autres événements ? Kim J.O. Comme vous l'avez mentionné, le Centre Coréen de l'ITI parraine également le Théâtre des Nations, le Festival du théâtre en plein air, le Festival international de l'Institut d'éducation théâtrale, comme de nombreux symposiums. Le nombre exact de délégations n'est pas encore précisé, mais il semble que 90 pays participeront comme membre5 ou observateurs. Ce nombre comprend en effet plusieurs pays qui demandent à être membres. Nous comptons sur la présence de 300 à 400 délégués étrangers, non compris les acteurs et les personnels techniq1..1es des troupes de théâtre. Monsieùr ~ sohn et Monsieur Lim sont responsables de deux des principaux événements. Kim M.H. Ces festivals internationaux permettront aux gens de théâtre et au public en général de voir des spectacles du monde entier. Jattends cela avec impatience. Comme directeur du Théâtre des Nations, pouvez-vous nous en dire plùs? Sohn Le Théâtre des Nations, également appelé Festival International du Théâtre des Nations, est patronné à tour de rôle par les pays membres. Le festival de cette année sera une vitrine pour les arts du spectacle coréen et présentera les tendances du théâtre mondial au public local. Grâce aux différentes programmations, nous espérons contribuer à une meilleur compréhension de la culture mondiale. Pendant cet événement, nous avons programmé un festival international de théâtre à Séoul ainsi que de nombreuses manifestations à travers la. province de Ky6nggi. Il y aura des troupes invitées de l'étranger et une sélection de spectacles coréens. Le Théâtre des Nations fut lancé

Kim Moon-hwan

Il est important de développer l'art pour confirmer notre humanité. Il est aussi important de voir que l'art est inextricablement lié él de nouveaux secteurs comme ceux de lïnfonnation et des· industries du film et de la vidéo. Si nous n 'utilisons pas notre poten tiel artistique, les produits que nous mettons sur le marché interna tional en souffriront et nous deviendrons les esclaves de l'impérialisme culturel.


KimJeong-ok

Il est difficile de surmonter les barrières régionales, mais nous devons interagir avec les autres cultures pour nous redécouvrir. Aujourd'hui, l'échange d'informations se fait si rapidement que nous devons nous méfier de l'imitation. Les artistes doivent découvrir et exprimer le sens unique d'eux-mêmes.

avec le mot d'ordre Le multiculturalisme à travers les arts du spectacle, c'est pourquoi chaque continent est représenté dans le festival. Le théâtre kabuki, le noh japonais et l'Opéra de Pékin furent introduits en Europe grâce au festival. Le conte de Ch'unhyang un des classiques coréens, fut donné par une troupe coréenne en 1957, peu de temps avant que la Corée du Sud ne rejoigne l'ITL Dans le processus de sélection, la priorité était donnée aux spectacles qui reflétaient des caractéristiques propres et des particularités régionales. Nous avons aussi choisi des spectacles qui ont déjà prouvé leur qualité artistique. Le festival est noncommercial et tous les participants doivent accepter cette condition. Huit spectacles coréens ont été choisis par des critiques locaux. Ils sont tous représentatifs du nouveau théâtre. Un certain nombre d'autres spectacles coréens du festival annuel de Séoul, qui n'ont pas encore été présentés, ont été également sélectionnés. Monsieur Lim peut nous en dire plus sur ce festivai de théâtre en plein air qui est affiché comme étant un madangguk international. Kim M.H. Le terme madangguk (théâtre en plein air) est propre à la Corée. Le concept fut développé dans les années 1980 à partir du t'alch'um, danse masquée traditionnelle coréenne. Le Centre Coréen de l'ITI a 01ganisé un festival autour de ce concept parce que la plupart des pays ont des spectacles comparables. j'ai aussi entendu dire qu'une nouvelle pièce de madangguk était programmée pour montrer les éléments spécifiques du théâtre coréen. Lim Oui, vous avez raison. En premier lieu, nous n'avions pas l'intention d'organiser de manifestations internationales de madanggt'ik Cependant lors de la préparation du festival du Théâtre des Nations, une partie duquel devait se tenir Ùiwang dans la province de Ky6nggi, nous nous sommes vite aperçus que nous allions au devant d'un certain nombre de difficultés. L'étendue du projet menaçait l'environnement local et le coüt des équipements inquiétait par son importance. Cette manifestation fut

annulée, mais l'expérience nous fit réfléchir et nous nous demandâmes s'il n'y avait pas d'autres moyens d'organiser, dans un environnement plus adéquat, un festival de théâtre qui n'exigeait pas d'importants investissements matériels. Nous entrevîmes une solution lors de la conférence du Mouvement du Théâtre National. Le thème du congrès de cette année est Les mutations dans la

civilisation et les arts du spectacle au XX/ème siècle. Avec ce thème de transformation en tête, nous avons décidé l'organisation d'un festival en plein air, qui renvoie en quelque sorte au madanpgiik coréen. Le Théâtre des Nations à Séoul sera une sorte de vitrine rassemblant les troupes de théâtres nationaux du monde entier pour jouer les meilleures pièces du théâtre mondial, alors que le festival madanggt'ik qui se tiendra à Kwach'6n, rassemblera dix troupes de théâtre étrangères et dix troupes coréennes afin de créer une sone de festivité villageoise. Ce sera un festival urbain et moderne pour une cité de 70.000 habitants qui a la réputation de respecter l'environnement. Le gouvernement local est aussi très performant. C'est pourquoi nous avons choisi le site de Kwach'6n. Kim M.H. Le symposium et le festival de théâtre Beseto sont aussi programmés. Professeur Kim, vous êtes l'un des cofondateurs de ce festival, pouvez-vous nous ef! parler ? Kim J.O. Le festival fut fondé en 1994. Cette année, il se tiendra à Séoul et aura lieu au même moment que le congrès de l'ITI. Le comité d'éducation théâtrale de l'ITI surveille le festival Beseto, .qui est une manifestation pour les étudiants. L'ITI a 50 ans, et nous espérons que les festivals Beseto et madangguk apporteront un nouveau souffle à l'organisation. Le symposium accompagnant le festival portera sur le thème mentionné par Monsieur Lim, Les mutations dans la

civilisation et les arts du spectacle au XX/ème siècle Nous avons invité le prix Nobel Wole Soyinka, le poète coréen Kim Chi-ha, le théoricien hollandais Eugenio Barba, et d'autres personnalités. D'autres événements sont également


liés au congrès mondial de l'ITI à Séoul. L'III est un groupe progressiste dont le but est de promouvoir le théâtre expérimental. D'une façon générale la communauté théâtrale internationale est devenue plus conservatrice mais le groupe continue à appeler à l'expérimentation. C'est pourquoi à l'occasion du congrès, le groupe du nouveau théâtre de l'ITI a çollaboré, dans une vision asiatique, à une production internationale du Roi Lear. Le Comité Mondial exécutif de l'Association des Critiques tiendra également son assemblée annuelle pendant le congrès tout comme. le Comité des Décorateurs de l'Association Internationale des Artistes Décorateurs. Une exposition et un symposium seront associés à cette manifestation. En un sens, la Corée offre une scène à la communauté mondiale des arts du ·spectacle. Des douzaines de compagnies étrangères se produiront tout comme de nombreuses compagnies coréennes. Le congrès de l'ITI est le catalyseur de toutes ces manifestations, tout comme il est le catalyseur de notre discussion d'aujou~d

' hui

.

Kim M.H. Vous avez raison. Beau-

coup de gens pense que cet événement devrait être focalisé sur la mondialisation des aits du spectacle coréen. Beaucoup de pièces du théâtre coréen ont été jouées à l'étranger. Je rappelle que la critique a été plutôt favorable. Peut-être devrions-nous maintenant nous tourner vers les troupes de théâtre coréen à l'étranger. Comment ont-elles été reçues et quelle est la place du théâtre coréen sur la scène internationale ? Soho ]'ai accompagné beaucoup de troupes à l'étranger. A chaque fois j'étais inquiet de notre manque d'expérience. Nous n'avons jamais étudié la manière dont le public occidental réagissait à notre vocabulaire. Nous ne savons pas comment établir un lien avec les spectateurs occidentaux. Et cependant quand nos troupes ·se produisent à l'étranger, la réponse ·est remarquablement bonne et encourageante. Je me demande si nous ne sous-estimons pas notre force à cause de notre manque d'expérience internationale. Kim M.H. Pouvez-vous nous en dire

Hamlet dans une version coréenne


plus sur ces spectacles ? Sohn Le premier était un ch'anggûk, une interprétation du classique Conte de Shimch'ong. Le ch'angguk est né au XXème siècle du p'ansori, un chant populaire chanté par un seul chanteur, qui interprète également, avec des mots et des gestes, différents personnages. Dans le ch'angguk, les rôles sont tenus par différents chanteurs maquillés et portant des costumes, comme dans les opéras occidentaux ou chinois. La tournée de Shimch'ong nous a conduit en Hongrie et en Yougoslavie. L'accueil fut remarquable. Nous avons essayé d'adapter té spectacle - nous avons mis tous les dialogues en chanson et utilisé des sous-titres lumineux - mais ie public européen sembla plus impressionné par le ch'ang lui-même. J'ai aussi accompagné la troupe qui joua Les Ongles de pied du Général 0 au festival de théâtre Russie-Pacifique. Là aussi, nous fûmes pratiquement reçu comme des hôtes d'Etat. La pièce comprend un exorcisme traditionnel qui vise

à apaiser les esprits mécontents. Les nonCoréens ne peuvent pas comprendre les dialogues, mais ils furent vraiment impliqués dans le spectacle. Durant le festival Beseto, je vais produire la pièce de Ch'oe In-hun La venue du printemps à la montagne et aux champs. Cette pièce a déjà été jouée en Chine et elle fit grande impression. De nombreux théoriciens du théâtre ont été impressionnés par le madanggûk coréen. Ils sont stupéfaits par ses vibrations et là je dois être d'accord. Le professeur Kim a apporté plusieurs spectacles à l'extérieur. Je suis sûr qu 'il a des expériences similaires. Kim J.O. Oui, je fis mon premier voyage à l'étranger avec Qu'est-ce que vous voulez être ?, une adaptation de la dramatique légende de Pak U-ch'un. Depuis, j'ai voyagé avec Les fleurs

fleurissent même un jour de ven~ Noces de sang, Hamlet, Fleurs sans nom emportées par le vent. Chaque tournée compr ~ nait cinq ou six spectacles en Europe du au Japon, j'ai donc une

La pièce de Ch'oe In-hun: La venue du printemps à la montagne et aux champs

certaine expérience. L'avantage des spectacles à l'étranger ce sont les critiques. Elles donnent un nouveau point de vue, une chance de réévaluation et de nouvelles découvertes. Par exemple, nous fûmes invités à donner Qu'est-ce que vous voulez être? au festival de Rennes en France, qui est le festival du nouveau théâtre musical. Nous nous demandions pourquoi nous étions invités puisque nous ne pensions pas cette pièce comme musicale. Nous questionnâmes les organisateurs qui nous répondirent qu'ils avaient découvert dans cette pièce de nouvelles potentialités pour le théâtre musical. C'est souvent à travers les yeux des autres que nous découvrons de nouveaux aspects dans nos créations. Il est difficile de surmonter toutes les barrières régionales, mais nous devons interagir avec les autres cultures pour mieux nous redécouvrir. Récemment l'échange d'informations est devenu si rapide que nous devons nous méfier de l'imitation. Les artistes doivent travailler


très dur pour découvrir leur aspect propre. Quand vous envoyez une création artistique sur le marché international, vos efforts sont jugés sur des critères beaucoup plus rigoureux. Kim M.H. j'ai été dans le public lors de la présentation de spectacles coréens à l'étranger et je me suis souvent demandé comment notre "coréanité" pouvait être effectivement communiquée. Bien sûr les valeurs artistiques de la Corée et le caractère national sont reconnus par les non-Coréens, mais comme Coréens regardant ces créations, j'ai souvent eu le sentiment que des pa:ties de ces œuvres ressemblaient au théâtre japonais .ou chinois. Aux yeux d'un non-Coréen, je me demande si ces œuvres ne sont pas applaudies parce qu'asiatiques, non occidentales. Je me suis souvent demandé comment communiquer le caractère u'nique de la Corée et dans le même temps révéler .l'universalité des thèmes portés par ses œuvres. Kim J.O. Je comprends ce que vous voulez dire. Je pense que la question primordiale est de savoir comment harll'\oniser nos particularités nationales et l'universalité. Par exemple, j'ai dirigé une adaptation coréenne de la pièce de Federico Garcia Lorca, Noces de sang pour des représentations à l'étranger, et j'ai reçu de nombreuses invitations pour la représenter dans les pays de langue espagnole. Malgré les différences qui existent entre notre interprétation de Garcia Lorca et la pièce originale de 1933, il y a une certaine universalité dans le thème. Pour un directeur, la mise en scène et la réinterprétation, d'un point de vue coréen, d'une pièce célèbre et reconnue pour son universalité, c'est quelque chose d'extrêmement excitant. Les œuvres, qui ont un caractère universel en Occident, peuvent être exprimées et comprises selon des critères asiatiques ou coréens. C'est ce que ces œuvres prouvent. Les pièces sont occidentales, mais quand elles sont données dans un contexte asiatique ou coréen nous nous découvrons nousmêmes. Lim Le prochain congrès de l'ITI est

le premier à se tenir en Asie. Je crois qu'il nous faut prendre en compte cette dualité, à savoir que des troupes étrangères seront invitées à Séoul et que des œuvres coréennes seront présentées à une audience internationale. Ce sera une opportunité pour présenter le théâtre coréen à un public et à des gens de théâtre non-coréens, mais ce sera aussi une chance pour nous d'avoir un aperçu d'un grand choix d'expériences théâtrales d'aujourd'hui. Je crois que nous avons besoin de discuter pour savoir où notre attention doit se porter. Est-ce que le but d'un festival de théâtre est de découvrir l'universalité de sa propre expérience ? Il est difficile pour les artistes coréens d'identifier la nature propre du théâtre coréen s'ils n'ont exercé qu'en Corée: Ils doivent voir le théâtre d'ailleurs afin de reconnaître ce qui est unique et universel dans leur propre œuvre. Je pense que la découverte de nouvelles graines, encore cachées à l'intérieur de nous tous, sera le résultat ·!e plus important du rassemblement de cet automne. Sohn C'est important d'inviter ici des compagnies étrangères pour jouer de nouvelles pièces mais le plus important c'est d'ouvrir la porte pour la mondialisation du théâtre coréen et de voir les artistes coréens se tourner vers l'extérieur. Le théâtre est souvent perçu comme la possession de la communauté théâtraie ou des quelques personnes qui vont voir les pièces. ]'espère que cet événement stimulera l'intérêt populaire pour les arts du spectacle, et ce, dans toute la société coréenne. Lim Je voudrais parler des directions futures. Le théâtre, et plus particulièrement le théâtre occidental, tourne autour du langage. C'est pourquoi les échanges internationaux ont été si difficiles. On a eu tendance à utiliser ce problème du langage comme prétexte pour ne dépendre que des gestes, du mouvement et des sons. A l'étranger, j'ai remarqué que certaines pièces, bien reçues et applaudies par la critique, n'avaient pas de contenu. La fonction du langage était perdue et seuls persistaient quelques concepts abstraits. Certains font de cette situation

Sohn]in-chaek

Le Congrès Mondial de l'ITI est d'autant plus important qu'il ouvre la porte pour la mondialisation du théâtre coréen et confronte les artistes coréens avec l'extérieur. Le théâtre est souvent perçu comme la possession de la

communauté théâtrale ou d'amateurs peu nombreux du théâtre. Ce congrès doit susciter l'i ntérêt populaire pour les arts du spectacle.


LimJin-taek

Dans l'avenir, nous devrons travailler plus dur pour attirer un p ublic local et international tout en gardant un esprit de combat pour maintenir des critères artistiques du plus haut niveau. Le festival sera un tremplin pour Je siècle à venir.

10

une vertu, on parle de "déconstruction" ou de "théâtre alternatif''. Je ne peux pas ne pas penser à une certaine déterioration de la qualité du théâtre. Certains gens de théâtre ne semblent être conduit que par un désir de popularité. Kim M.H. Quand vous pensez théâtre, vous ne pouvez dénier l'importance du divertissement et de l'amusement. Cependant, toute troupe qui ne s'intéresse qu'au simple divertissement et au résultat du box office mérite d'être critiquée pour son manque de profondeur et de contenu. Le langage n'est pas qu 'un simple rassemblement de symboles phonétiques, c'est un outil pour la transmission du sens. Nous ne pouvons ignorer sa fonction. Cependant, dans ce processus d'assemblage que l'on appelle langage, nous pouvons faire la distinction entre le langage de l'époque où le rationalisme occidental et le culte de la science était en vogue et le langage utilisé comme outil pour l'expression de l'humanité. .. Il y a quelques années, une manifestation internationale s'est tenue sous le thème Le cri de l'Asie et elle permit de découvrir certaines potentialités de la langue. Les acteurs de différents pays d'Asie se rassemblèrent pour expérimenter l'unicité de la sonorité asiatique ou de la langue. Bien sûr dans la plupart des cas, l'anglais fut utilisé, mais quelques acteurs utilisèrent leur langue natale pour s'exprimer et ils se firent comprendre. Grâce à cette manifestation, j'ai senti que les actions utilisées dans les arts du spectacle et le théâtre asiatique permettaient d'exprimer les sentiments aussi bien que le langage. Lors de cet événement, les acteurs asiatiques et les troupes de théâtre démontrèrent la possibilité d'un universalisme asiatique qui pouvait être exprimé dans leur langue natale et par des mouvements. Lim Il y a quelques temps, j'ai assisté à la représentation d'un spectacle de p'ansori à Hong Kong, où nous avions prévu un sérieux problème de communication. Le p'ansori est une forme d'expression extrêmement puissante, mais on ne peut exprimer le contenu de

la narration à ceux qui ne comprennent pas le coréen. Nous décidâmes d'utiliser des sous-titres pour faire comprendre l'histoire, mais le public montra plus d'intérêt pour le p'ansori en tant que forme que pour la narration. Il y a une certaine énergie dans le p'ansori. Malgré la barrière linguistique qui sépare l'acteur du public, cette énergie passe à travers la voix du chanteur. Kim M.H. Pour conclure, discutons à quoi nous espérons arriver pendant ce congrès mondial de l'ITI. Chacun travaille très dur puisque c'est le premier congrès qui se tient en Asie de l'Est. Heureusement nous avons quelques expériences avec des petits festivals internationaux qui se sont tenus dans les villes de province. Il y a eu un festival de marionnettes à Ch'unch'on. Inch'on prévoit d'inviter plusieurs compagnies de théâtre coréennes résidant à l'étranger .dans le but de promouvoir une meilleure compréhension de l'histoire de l'immigration coréenne, et Suwon a déjà organisé un petit festival d'art dramatique international. Kwangju, qui accueille pour la seconde fois la Biennale artistique cet automne, a déjà reçu de nombreuses manifestations artistiques internationales. Grâce à ces manifestations les arts du spectacle coréens sont sortis de leur isolement. La communauté du spectacle a commencé à considérer le théâtre coréen comn:e partie prenante du théâtre mondial, et à travers les échanges internationaux, recherche le caractère universel et unique de son art. Kim J.O. ]'espère que les artistes coréens utiliseront le congrès J1lOndial de l'ITI pour faire de Séoul le centre asiatique des arts du spectacle. Concernant ce type d'art, la perception du public est plutôt faible en Corée. Dans certaines sociétés, les arts du spectacle sont une force d'entraînement pour le développement des autres formes artistiques. Lim ]'espère, puisque le thème du congrès est Les mutations dans la

civilisation et les arts du spectacle au XX/ème siècle, que nous pourrons nousmême nous diriger dans cette voie.


Pendant des années, l'Association du théâtre coréen, dont je fais partie, a joué le rôle d'une critique sociale engagée mais l'adhésion du public a été faible. Dans le futur nous devrons travailler dur pour attirer un public local et international tout en gardant un esprit de combat pour maintenir des critères artistiques de haut niveau. j'espère que le festival sera un tremplin pour le siècle à venir. plus Sohn Comme je l'ai me~tioné avant, je pense que notre priorité devrait être de promouvoir le théâtre coréen, qui est universel, sur la scène internationale, pas seulement én invitant des compagnies étrangères à se produire ici. A mon avis, ce festival d'automne sera un succès s'il permet de réévaluer les racines et les caractéristiques propres du théâtre coréen. Nous devons aussi reconsidérer les tendances actuelles du théâtre coréen: Nous sommes nous coupés de nos traditions ? Sommes-nous allés trop loin

vers l'Ouest ? Est-ce que nous nous jugeons selon des critères coréens ou des critères occidentaux ? j'espère que ce rassemblement permettra de développer la culture théâtrale tout en respectant et préservant les relations interrégionales, internationales et celles entre les différentes ethnies. Kim M.H. Récemment l'industrie du film a beaucoup attiré l'attention. On a tendance à se focaliser sur les aspects matériels - c'est la fabrication du film ou d'autres médias visuels - et d'oublier le contenu. Je crois que ce rassemblement annuel de l'ITI traitera des arts du spectacle et des autres formes artistiques comme "contenu" pour le cinéma et les autres arts visuels. Nous devons aussi développer l'industrie touristique locale. C'est un secteur à haute valeur ajoutée mais pour cela, nous devons a voir quelque chose à voir, quelque chose à manger, quelque chose à faire. La culture est importante pour toutes ces activités

mais particulièrement dans le développement des choses à voir. De mon point de vue, il est important de développer l'art pour confirmer notre humanité, mais il est aussi important de voir que l'art est inextricablement lié à de nouveaux secteurs comme ceux de l'information et des industries du film et de la vidéo. Si nous n'utilisons pas notre potentiel artistique, les produits que nous mettons sur le marché international en souffrirons et nous deviendrons les esclaves de l'impérialisme culturel. Les manifestations théâtrales de cette année doivent permettre d'affirmer le pouvoir de l'art, mais nous ne pourrons pas nous arrêter là. Nous devrons poursuivre nos efforts après le congrès mondial de l'ITI. j'espère que les manifestations de l'automne ouvriront les portes pour des manifestations théâtrales régulières de tailles plus petites mais tout . aussi significatives. Merci de nous avoir fait part de vos idées aujourd'hui. •

La pièce de Kiikdan Cha yu: Fleurs sans nom emportées par le vent

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AVANT -PREMIERE

Présentation du Théâtre des Nations 1997 JungJin-soo

Président directeur général du Théâtre national de Corée

e Théâtre des Nations, festival international des arts du spectacle aura lieu à Séoul et à Kwach'on dans la province de Kyonggi cet automne pour la première fois en Asie. Créé en 1954 sous les auspices de l'Organisation des Nations Unies pour la culture, la science et l'éducation (Unesco), le Théâtre des Nations sera monté en conjonction avec le 27ème Congrès mondial de l'Institut international du théâtre (ITI) réuni alors à Séoul. Jusqu'en 1965, ce festival de deux mois se tenait à Paris grâce à des subventions du gouvernement français et présentait des pièces du monde entier. Au cours des dix premières années, cent quatrevingts pièces de cinquante pays y furent représentées. Les troupes devenues célèbres grâce au festival comptent le Berli: ner Ensemble, le Picolo Teatro della Citta de Milano, le Living Theater et l'Opéra de Pékin. Un long voyage dans la nuit, oeuvre du lauréat au Prix Nobel, Eugene O'Neill, y fut jouée pour la première fois. Au début, le Théâtre des Nations était connu pour faciliter l'échange des connaissances et des pratiques dramatiques entre les pays. En 1966, Jean-Louis Barrault en prit la direction et il s'est efforcé de développer son caractère international. Cependant, le festival perdit de son importance en raison de circonstances politiques et sociales adverses; certaines années, il ne fut même pas monté. En 1973, les règlements de l'ITI furent modifiées afin que le Théâtre des Nations puisse prendre place dans d'autres' villes ; c'est ainsi qu'il commenca à suivre autour du monde le Congrès biennal mondial de l'ITI. Les membres de la communauté

L

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théâtrale de Corée espèrent que la Corée va devenir un centre des arts du spectacle en Asie après avoir accueilli le Congrès mondial de l'ITI et le Théâtre des Nations. La communauté artistique au complet concentre ses efforts avec le soutien total du gouvernement pour que l'événement soit un succès. Le Théâtre des Nations aura lieu du

communauté

événement in tema tional

1er septembre au 15 octobre en même temps que le 21ème Festival du théâtre de Séoul et utilisera toutes les salles de théâtre de Séoul. Le Festival du théâtre de Séoul s'engage à devenir un événement annuel international, bien qu'à petite échelle, à partir de 1998. Le Festival du

théâtre de Séoul était principalement un concours pour huit à douze pièces inédites. Cette année, une nouvelle catégorie est ajoutée qui présentera dix oeuvres représentatives du théâtre coréen depuis les années soixante. En conséquence, trente pièces coréennes seront montées au cours du Festival du théâtre des nations à Séoul. Outre les dix reprises d'oeuvres modernes, huit nouvelles pièces seront jouées et dix dans la catégorie libre. Parmi les·reprises, on comptera des pièces de Pak Choyol, 0 T'ae-sük, Yi Kang-haek, Kim Kwangrim et Yi Yun-t'aek dans des mises en scène de dix metteurs en scène de premier ordre dont lm Yong-ung, Sohn Jinchaek, Kim A-ra et Ch'ae Yun-il. La sélection comprend des pièces originales coréennes et des adaptations d'oeuvres classiques de dramaturges occidentaux tels Samuel Beckett, Bertolt Brecht, etc. Bien que le festival se consacre essentiellement au théâtre, il y aura aussi dix oeuvres ·modernes dansées afin de montrer la diversité artistique de la Corée ainsi que de l'opéra classique coréen, ch'anggt'ik, et aussi y:5s6ng kukkLlk avec une distribution entièrement féminine, enfin la création d'un ch'anggtlkà la manière des comédies musicales occidentales. Il y a aura également des représentations hors compétition de musique coréenne traditionnelle, de musique populaire et de p'ansori, sorte d'épopée chantée. Productions étrangères

Le programme requiert des productions théâtrales étrangères. Au début les organisateurs souhaitaient mettre l'accent sur les participants asiatiques du fait qu'il


s'agit d'une grande première du Théâtre des Nations en Asie. Hélas, des contraintes budgétaires et des problèmes de programmation ont fini par limiter le nombre des participants asiatiques. Des présentations expérimentales et inattendues par les pays occidentaux vont contribuer à élargir la définition du théâtre et animer le festival. On retient par exemple La Mama pour les EtatsUnis, Image Aigue pour la France, le Théâtre de marionnettes de Carlo Calla pour l'Italie, Les Deux Mondes pour le Canada, Atlis pour la Grèce et le Théâtre National de Craiova pour la· Roumanie. Il y aura aussi des troupes venues du Vénézuela, de la Côte d'Ivoire, du Liban, de Latvia et d'Islande. Les organisateurs n'ont pas réussi à trouver des troupes et des oeuvres appropriées en Asie. Les dossiers de troupes des Philippines, de Singapour, de Thai-

lande, de Taïwan, de Hong Kong, d'Indonésie et du Bengladesh ont été étudiés mais pas retenus parce que l'un des critères d'invitation au festival est la présentation d'oeuvres modernes. Le théâtre moderne n'a pas encore pris racine en Asie. Finalement, on a tout de même invité le Théâtre Sopanam pour l'Inde, le théâtre populaire de Shanghaï pour la Chine et trois petites troupts ainsi qu'un madan.ggtlk, théâtre en plein air, pour le Japon. Bien que l'accent sur le Japon ne soit pas intentionnel, ce serait un grand bienfait du festival s'il permettait d'encourager les échanges dans le domaine dramatique entre le Japon et la Corée. Depuis deux ans, le Japon et la Corée se rencontrent rég ulièrement pour des échanges entre leurs activités théâtrales. Grâce au Théâtre des Nations, on peut espérer l'ouverture de nouvelles voies pour des échanges plus fréquents dans le

domaine du théâtre.

Différentes formes de théâtre Les organisateurs du festival ont également convié d'importantes troupes de danseurs. Maggy Marin de France, le New York City Ballet, des danseurs hongrois et allemands seront aussi présents. Malheureusement, il n'y aura aucune représentation musicale en dépit des efforts des organisateurs car, à part les opéras traditionnels et les comédies musicales américaines, aucune autre oeuvre ne convenait pour le festival. En dépit de la diversité des spectacles présentés, il pourrait sembler que le festival manque de styles nouveau x de théâtre et d'originalité. Cest peut-être parce que le thème du festival était vague. Cest peut-être aussi en raison du souCi des organisateurs de faire découvrir aux Coréens autant de spectacles étranget:s que

Représentation deShimch'ongchon, opéra classique traditionnel coréen, sous la formedech'anggiik

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possible puisqu'il s'agit du premier festival international de ce genre en Corée. De toute façon, ce festival pourrait aussi permettre aux visiteurs étrangers de découvrir le théâtre coréen Par rapport au théâtre chinois ou japonais, le théâtre coréen est peu connu de par le monde. En raison de leur statut international, les deux grands voisins de la Corée ont attiré l'attention du monde sur leur art dramatique.Au Japon, le kabuki et le noh, en Chine, l'Opéra de Pékin sont représentés en salle, ce qui les rend plus accessibles aux spectateurs occidentaux. Par contre, la plupart des formes dramatiques coréennes comme le p'ansori et le t'alch'um (danse de mas'" gues) sont représentées surtout en plein air, ce qui pose des problèmes de conservation Des tendances récentes dans le monde international du théâtre se mettent à souligner l'importance d'un style de théâtre plus ouvert et ceci offre une possibilité au théâtre de plein air coréen d'être plus apprécié. De surcoî~ en raison de l'importance croissante de la Corée dans le monde et du festival du Théâtre des Nations, on voit se développer une plus grande ouverture et une meilleure compréhension des formes traditionnelles d'art dramatique coréen Le madantt gtlk (théâtre de plein air) a conservé sa forme traditionnelle et en même temps influence le développement du théâtre moderne en Corée. C'est pourquoi il sera =< présenté au festival de Séoul. ll y aura par conséquent un festival de théâtre de plein air à Kwach'on dans la banlieue sud de Séoul comme complément au Théâtre des Nations. Des troupes venues de différentes régions de la Corée interpréteront douze madan[tgtlk lls font partie de la sélection d'oeuvres des années soixante ny aura également quatre autres représentations sur le thème du théâtre de plein air au cours du festival Dix troupes étrangères originaires de Grande-Bretagne, France, Italie, Allemagne, Colombie, Russie, du Japon, d'Indonésie et de Thaïlande ont été invitées à présenter des spectacles de plein air et de me. Selon =<

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le succès de ce premier événement international, les organisateurs se proposent de monter à intervalles réguliers d'autres festivals de madanggûk dans différentes villes de Corée. Ce type de festival pourrait soulever l'enthousiasme de spectateurs d'ordinaire peu enclins à aller au théâtre et permettre de déplacer certaines activités culturelles de Séoul vers les villes de province. Outre le festival et le congrès, ateliers, séminaires et symposiums ont aussi été programmés ainsi que des représenta-tions par des théâtres de la jeunesse. Tou-tes ces activités avec des gens du théâtre du monde entier vont vraiment faire de ce festival un événement international, un genre

d'olympiade des arts dramatiques. EN BREF

La Corée, en qualité de premier hôte asiatique du Congrès Mondial de l'ITI et du festival du Théâtre des Nations, espère devenir un centre des arts du spectacle en Asie. La communauté du spectacle toute entière conjugue ses efforts avec le soutien du gouvernement pour faire de cet événement un grand succès. Nombreux sont à penser dans le monde du théâtre que l'organisation du Théâtre des Nations va aider la communauté internationale à mieux comprendre les formes traditionnelles d'art dramatique coréen ainsi que les spectacles contemporains. +

Dans le sens des aiguilles d'une montre en partant de la gauche :The Spurting Man (Grande-Bretagne), Ensemble de danse et chant Don Cossack (Russie), Malai Monkol (Thaïlande)

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Les racines de l'art dramatique coréen et . le problème de la transmission de la tradition Lee Mee-won Professeur de littérature à l'université Kyung·Hee

L

a Corée est fière de posséder une tradition culturelle et artistique qui compte plus de 5.000 ans. L'art dramatique s'est développé tout naturellement dans le cadre d'une telle tradition, avec au début des liens étroits avec les rites du chamanisme et du bouddhisme. L'introduction rapide de la culture occidentale au cours de la seconde moitié du XIXème siècle aidant, au XXème siècle, le style dramatique occidental représente le courant principal de l'art dramatique en Corée et, pour l'art dramatique coréen, une tâche capitale réside dans le problème de la recherche de son identité coréenne, tout en restant moderne entre l'art dramatique traditionnel et l'art dramatique de style occidental. L'art dramatique coréen qui nous a été transmis peut se classer en six groupes principaux ; 1) le t'alnori (le théâtre des danses masquées), 2) le kkoktugakshi nori (le théâtre des marionnettes), 3) le p'ansori (le drame chanté), 4) le ch'anggûk (l'opéra coréen traditionnel), 5) le shinp'a (le mélodrame) et 6) le nouveau théâtre de style 16

occidental. Parmi ces six groupes, le t'atnàri, le kkoktugakshi nori et le p 'ansori appartiennent au style traditionnel ; quant au ch'anggLik, il s'agit d 'une forme nouvelle du p 'ansori apparue sous l'influence du théâtre occidental. Le shinp'a a été le résultat de l'adoption d'un style de transition du théâtre japonais. Quant au nouveau théâtre de style occidental, il a commencé avec l'introduction du théâtre occidental moderne pour devenir par la suite et jusqu'à nos jours le courant principal de l'art dramatique coréen. Il est donc possible de procéder à un classement en A) style traditionnel, B) style de transition et C) style occidental, que nous nous proposons de traiter l'un après l'autre.

Le "t'alnori" (le théâtre des danses masquées) On peut affirmer que le théâtre des danses masquées, théâtre populaire, représente le genre dramatique par excellence du théâtre coréen traditionnel.

Répandu dans toutes les régions du pays, il est vraiment le théâtre traditionnel représentatif de la Corée. Comme il en est dans le cas de nombreux théâtres populaires, il n'existe presque pas de documents écrits permettant d'en connaître l'origine et l'histoire : les premières relations en date concernant ces représentations n'ont été codifiées par écrit qu'à partir du XXème siècle. De plus, çomme il en fut pour la Comedia del Arte de l'Occident, en elle-même la représentation comportait de nombreuses improvisations, si bien qu'il reste difficile d'en déterminer un texte fixe et précis ; il ne s'en agit pas.. moins du théâtre coréen traditionnel le pl us apprécié aujourd'hui pour sa valeur littéraire, englobant à la fois la voltige acrobatique et la vie du peuple de l'époque. Comme il n'existe pas de documents écrits précis concernant l'origine et l'histoire de ce théâtre des danses masquées, on ne peut que procéder à des suppositions en se basant sur la tradition orale des comédiens et diverses circonstances. Pour ce qui est des diverses théories en ce domaine généralement


prises en considération dans les milieux académiques, on peut citer entre autres la théorie qui le fait remonter au chamanisme, celle qui le fait remonter aux danses masquées, celle qui le fait descendre de la danse des paysans et celle qui y découvre un mélange complexe de ces divers éléments. L'époque où, après avoir ainsi commencé, le théâtre des danses masquées aurait pris la forme sous laquelle il existe de nos jours, remonterait ~u milieu du XIIIème siècle. Le théâtre des danses masquées élaboré à cette époque est désigné comme thé~re masqué de type rural des cérémonies organisées aujourd'hui lors des offrandes aux esprits protecteurs des villages et appartient au genre ancien du théâtre des danses masquées qui existent aujourd'hui. Il nous en a été transmis le py6lsinkut de Hahoe et le py6lsinkut pour la fête du tano de Kangnüng. Tout particulièrement dans le premier cas, il nous a été transmis des masques en bois sculpté et les résultats des tests au radiocarbone ont permis de conclure qu'il s'agit de pièces remontant au milieu du XIIIème siècle. Ces masques de bois n'ont pas seulement contribué à la détermination de l'époque de l'élaboration du théâtre· des danses masquées qui nous ont été transmises ; grâce à leur beauté remarquable, ils ont aussi été désignés comme trésor national. Le théâtre des danses masquées des rites d'offrandes aux esprits du village a un caractère trop rituel pour être considéré comme une forme de théâtre indépendante : il fait partie des rites d'offrandes aux esprits du village et ne fait pas l'objet de représentations en dehors de ces rites d'offrandes. Le théâtre des danses masquées qui nous a été transmis en plus grande quantité semble avoir une origine plus récente : il se développa au XVIIIème siècle a'u croisement des voies de communication, dans des villes où il y avait des populations commerçantes et des centres administratifs régionaux. Les régions où s'est transmis jusqu'à nos jours ce genre de théâtre des danses

Le t'alnori représente le genre dramatique par exceJJence du théâtre coréen traditionnel. Il est vraiment le théâtre traditionnel représentatif de la Corée. 17


masquées sont toutes des centres ou des villes de ce type, comme Yangju, Pongsan, T'ongyong, Suyong et autres. Nous nous demandons si, une fois disparues les administrations dont les employés étaient les spectateurs attitrés des représentations de ce théâtre à l'époque du royaume de Choson, le théâtre des danses masquées ne s'est pas développé grâce à la rencontre de comédiens de· métier à la recherche d'un nouveau patronage et de troupes régionales formées d'acteurs amateurs. De telles raisons aidant, ce type de théâtre est généralement .désigné sous l'appellation de théâtre des danses masquées de type urbain. Contrairement au cas de celui de type rural, l'arrière-plan de ce théât'e des danses masquées de type urbain n'a sans aucun doute aucune relation avec des rites d'offrandes : s'il donnait lieu à des représentations lors de la Nativité du Bouddha et de la fête du tano, il s'agissait d'un divertissement organisé à l'occasion de cette fête , indépendamment de tout rite d'offrandes. De plus, des représentations auraient été organisées lors de l'arrivée dans leur poste des administrateurs régionaux et le jour de l'anniversaire de personnalités influentes de la région ; il faut donc conclure à une origine totalement indépendante des rites d'offrandes. D'un autre côté, les masques qui, dans le théâtre des danses masquées de type rural, étaient considérés comme des objets sacrés, n'étaient plus l'objet d'aucun culte et, dans certains cas de ce type de théâtre, on les brûlait à la fin de la représentation. En ce qui concerne aussi les acteurs, s'il en venait un certain nombre du chamanisme, ils n'avaient aucun rapport avec quelque message des esprits et, vers l'année 1920, des kisaeng y tenaient des rôles de femmes, alors qu'auparavant on n'y admettait pas les femmes. Pour ce qui est de la composition et du contenu du théâtre des danses masquées, on rencontre quelques différences selon les régions, mais cette composition et ce contenu restent essentiellement les mêmes. Le théâtre des 18

danses masquées des rites pour les offrandes du village, qui sont la forme ancienne, portent le nom de py6lsinkut et ont été conservés à Hahoe et Kangnùng. Le théâtre des danses masquées de type urbain est d'une plus grande variété ; on en a conservé le sajanori, le yaryu, le ogwangdae, le sandaenori, les t'alch'um et autres. Le sajanori (jeu du lion) a été conservé à Pugch'o ng, le ogwangdae à Kasan et T'ongyong, le yaryu à Suyong, le sandaenori à Songp'a, à Aeogae et à Yangju, les danses masquées à Pongsan, à Ünyul et autres régions. Pour ce qui est de la composition, le théâtre masqué est divisé en épisodes (kwajanfi), qui ne sont pas nécessairement reliés entre eux par une intrigue ; autrement dit, il s'agit d'un genre dramatique à épisodes analogue aux Mille et une nuits. Selon les régions, il peut y avoir quelques épisodes supprimés ou ajoutés et certains changements dans le contenu ; il s'agit e.e p.e ndant de changements qui restent dàns les limites permettant de comprendre qu'il s'agit de transformations survenues sans changement dans le motif dramatique lui-même. Si l'on simplifie pour parler seulement des motifs dramatiques fondamentaux que l'o n retrouve dans l'e nsemble du théâtre des danses masquées, on peut procéder à un classement en neuf motifs : l'épisode de la danse rituelle du début, l'épisode du moine bouddhiste vêtu de noir, l'épisode de la danse du moine défroqué, l'épisode de la danse du lion, l'épisode du vieux moine, l'épisode du personnage de la noblesse (yangban), l'épisode du lépreux, l'épisode de la vieille et du vieux, l'épisode de la danse rituelle de la fin. Autrement dit, le théâtre des danses masquées commence et se termine par des danses rituelles et un cérémonial entre lesquels on intercale des épisodes de danses acrobatiques et des épisodes comprenant le récit de certaines histoires. Tout particulièrement, l'épisode du personnage de la noblesse se retrouve dans l'ensemble du théâtre des danses

masquées ; on retrouve aussi la plupart du temps l'épisode de la vieille femme et du vieillard, ainsi que l'épisode du vieux moine. De plus, dans ces épisodes, le langage est un important moyen destiné à transmettre la pensée ; en d'autres termes, ces épisodes renfermant une histoire racontée sont la partie essentielle du théâtre des danses masquées et contrastent fortement avec les épisodes de danses qui ne contiennent pas ou très peu de récit. Nous sommes persuadés que, peu à peu, les éléments du théâtre parlé ont été introduits dans la tradition des jeux acrobatiques pour aboutir à la forme du théâtre des danses masquées que nous possédons aujourd'hui. La valeur dramatique du théâtre des danses masquées est plus importante que le contenu narratif et, en réalité, par le seul contenu du dialogue; il est difficile de soulever une profonde émotion littéraire ou psychologique : ce qui rend ce théâtre vivant, c'est justement sa valeur en tant que spectacle. Grâce à une interprétation et un jeu consommés, cette valeur et cette qualité dramatiques apparaissent de fa çon instantanée. Autrement dit, cette forme de théâtre exige une danse et des gestes très sophistiqués auxquels on parvient seulement après un long entraînement ; il faut aussi qu'il y ait un accompagnement musical du début jusqu'à la fin de la représentation. Plutôt qu'à la mise en oeuvre d'une méthode spéciale pour la formation des acteurs, on avait recours à une méthode d'après laquelle les candidats à la carrière d'acteur regardaient faire et répétaient sans cesse ce qu'ils voyaient faire. Ceux auxquels était transmise la technique étaient soumis pendant des dizaines d'années à un entraînement consistant essentiellement à imiter leurs maîtres au moyen de répétitions continuelles et machinales : il fallait atteindre une telle maîtrise de la technique pour obtenir l'autorisation de s'adonner à un jeu improvisé considéré comme l'élément séduisant des représentations.


Le site où a lieu la représentation du théâtre des danses masquées n'est pas un endroit particulier : n'importe quel espace assez vaste et ouvert, susceptible d'accueillir les spectateurs peut servir de cadre pour une telle manifestation : on installait une sorte de vestiaire sur un côté, entouré d'une pièce d'étoffe blanche accrochée à des poteaux, pour permettre aux acteurs de changer de costumes et, quand on avait étendu des nattes pour préparer la. place des musiciens, tout était prêt pour commencer la représentation. Dans le cas du théâtre des danses masquées de type rural, on procédait aux représentations dans la cour de la maison du village après y avoir dressé la bannière des esprits du hameau ; quant à la scène du théâtre des danses masquées de type urbain, elle était d'une grande diversité : les spectateurs prenaient place sur la pente d'une colline et l'o n procédait à la représentation sur un terrain plat situé devant, puis on finissait par des scènes improvisées. La danse occupe une place important dans tout type de théâtre des danses masquées ; de plus tous les gestes et mouvements y sont stylisés au point d'être voisins des mouvements de la danse ; et, comme il a déjà été dit, l'accompagnement musical se poursuit sans interruption du début jusqu'à la fin du spectacle. Par conséquent, la musique y occupe une place plus importante que dans n'importe quelle comédie musicale de l'Occident. L'accompagnement musical est assuré par une troupe de danse des paysans ou par une troupe jouant des instruments à cordes, à vent et à percussion ; mais la représentation peut être organisée aussi avec seulement l'accompagnement au tambour en forme de sablier (ch'anggo). Cela signifie que, plutôt que la mélodie, c'est le rythme qui est essentiel en ce qui concerne l'accompâgnement musical. Plutôt que de s'enchaîner selon le déroulement d'une intrigue, les chants qui entrent dans les représentations du théâtre des danses masquées restent un peu à part

Le Kkoktugakshi nori (le théâtre des marionnettes) remonte au XVmème siècle (cidessus). Le P'ansori est devenu depuis le XVHème siècle un genre spécifique du chant. Ci-dessous, le virtuose Pak Tongjin exécute un numéro de sa spécialité, Chokpyokka, "Chant des falaises rouges".

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et leur fonction est de rendre le spectacle plus amusant. Etant donné qu'il ne s'agit pas d'un élément indispensable au point de vue de la composition, il paraît que, si un des spectateurs est doué pour le chant, son rôle peut en comprendre davantage. Le théâtre des danses masquées étant une forme de théâtre populaire, les costumes n'en sont pas aussi sophistiqués· que ceux du noh ou du kabuki japonais ; ces costumes comprennent la veste et le pantalon pour les hommes, la veste et la jupe pour les femmes, qui sont les vêtements ordinaires du peuple coréen, auxquels, si besoin, viennent s'ajouter des vêtements de dessus, qui sont divers, soient analogues à ceux des officiants du chamanisme et, dans le passé, paraît-il, ils étaient parfois purement et simplement empruntés aux chamanes. On peut donc découvrir dans ces costumes une influ-

ence du chamanisme. Les masques sont vraiment d'une grande diversité. Dans le théâtre masqué de type rural et ancien, ces masques étaient considérés comme des objets sacrés : ils étaient conservés dans le petit pavillon où l'on vénérait les esprits du village, d'où l'on ne les sortait que pour organiser des représentations et après avoir fait des offrandes. On peut donc y découvrir la caractéristique des masques sacrés. Les spécialistes estiment que les masques de Hahoe, qui ont été désignés comme trésors nationaux de la République de Corée, des masques en bois sculpté, furent confectionnés vers le milieu de la dynastie de Koryo (au XIIIème siècle). Dans le cas du théâtre de type urbain, ces masques ·sont confectionnés en papier ou avec des calebasses. Puisqu'il est rapporté qu'ils étaient parfois brûlés après la représentation, on peut penser que, là aussi, il

Le chant deCh'unhyangchon dans une version dech'anggiik 20

y a eu une influence de rites destinés à chasser le mal ou de divers rites de purification.

Le "kkoktugakshi nori" (théâtre de marionnettes) Dans le cas du kkoktugakshi nori, une sorte de théâtre de marionnettes populaire, les textes conservés les plus anciens semblent remonter en gros au XVIIIème siècle, ce qui correspond à l'époque de l'apparition de la littérature populaire. Cela correspond aussi à peu près à l'époque de l'apparition du théâtre des danses masquées de type urbain. Ces kkoktugakshi nori désignés sous les appellations de t6lmi, de Pak Ch'6mji nori ou de Hong Tongji nori ou autres étaient joués par des troupes spécialisées dans les représentations théâtrales et les spectacles étaient désignées sous les noms de sadanfilae ou namsadangp'ae ; ces troupes étaient composées d'artistes


La représentation de Hamlet en costume occidental

vagabonds sans caractéristiques régionales ou rituelles particulières, qui organisaient des tournées de représentations dans l'ensemble du pays. L'appellation namsadangp'ae désignait les sadangp'ae composés uniquement d'hommes, sans artistes de sexe féminin. Après avoir d'abord exécuté la danse des paysans, le p6na (tours d'adresse consistant à faire tourner des assiettes), le salp'an (acrobatie à terre), le 6rilm (marche, ,danse sur la corde raide), le t6tpoegi (sorte de théâtre masqué), ces troupes se mirent à organiser du théâtre de marionnettes. La composition et le contenu du kkoktugakshi nori sont en gros analogues

à ceux du théâtre des danses masquées. Pour ce qui est de la composition, il se divise en épisodes et il n'existe pas de relation de cause à effet entre ces épisodes. Cependant, si l'on procède à une comparaison avec le théâtre masqué, avec l'apparition du narrateur Pak Ch'6mj~ on a l'impression que l'ensemble est en quelque sorte la vie racontée de Pak Ch'6mji et il y a une cohérence générale. Le contenu, lui aussi, est voisin de celui du théâtre des danses masquées : on y retrouve des traces des rites d'offrandes, la satire à l'égard des moines bouddhistes défroqués, les contradictions du concubinage, la misère de la vie du commun du peuple, les accusations et la

satire dirigée contre la noblesse

(yangban) et les prières pour le bonheur après la mort. Les représentations sont données sur des scènes désignées sous le--nom de p'ojang. Pour les installer, on plante quatre piquets en forme de rectangle d'environ trois mètres carrés, dont la face antérieure fait 1,2 mètre de haut et 2,5 mètres de long, au -dessus duquel apparaissent les marionnettes, ce qui laisse seulement 70 cm pour la profondeur de la scène ; le tout est entouré d'une pièce d'étoffe. Dans ce p'ojang (la scène), à droite et à gauche du taejabi, l'artiste qui manoeuvre les marionnettes, sont assis les taejabi son, 21


qui l'assistent pour le maniement, l'entrée en scène et le retrait des marionnettes. La représentation se déroule avec la participation du sanjabi (narrateur) et des chaebi (musiciens), assis à l'extérieur du p'ojang pratiquement avec les spectateurs et tournés vers la scène. Quant aux madonnettes, le jeu en est concentré sur les mouvements de la partie supérieure du corps. Le principal matériau utilisé pour la confection de ces personnages est le bois.

Lep'ansori L'apparition du p'ansori remonte à la fin du XVIIème siècle ou au début du XVIIIème, environ à l'époque de l'élaboration du théâtre des danses masquées de type urbain et du kkoktugakshi nori. Vers la fin du XVIIIème siècle, le répertoire compte douze madang (épisodes) ; à cette époque, de . nombreux chanteurs de grands talents apparaissent et parachèvent le genre spécifique du p'ansori où se mêlent les parties chantées et les parties narratives. Cependant, vers le milieu du XIXème siècle, le p'ansori qui était resté une tradition transmise de façon purement orale, est codifiée en six scénarios grâce à un membre de la noblesse (yangban) nommé Shin Chae-hyo : le chant de Ch'unghyang ( Ch'unghyangga), le chant de Simch'ong (Simch'6ngga), le Pakt'ary6ng, le chant de Sugung (Sugungga), le chant de Chobyok ( Ch6by6kga) et le chant de Hoengbu (Hoengbuga, appelé aussi Karujigit'ary6nff), parmi lesquels, les cinq premiers sont considérés aujourd'hui comme les cinq grands classiques du p'ansori. Quant au dernier, il n'a pas été transmis jusqu'à nos jours. Le p 'ansori est exécuté par un comédien (kwangdae) accompagné par un joueur de tambour (kosu) ; cet acteur ·Chante un chant qu 'il entrecoupe d'une histoire dont le récit est appelé aniri. Pendant la représentation, le comédien procède à un jeu désigné sous les noms de pallim ou de n6rumsae; de son côté, le joueur de 22

tambour anime le spectacle en donnant le rythme (ch'uimsae). A une certaine époque, le genre du p'ansori a été mis en question à cause de son style très particulier ; cependant, nous sommes persuadés qu'il peut sans aucun doute être considéré comme une forme de théâtre particulière de l'époque récente de l'histoire de la Corée ; Shin Chaehyo, qui fut le premier à le codifier par écrit, en commentait la valeur esthétique de la façon suivante : "Si l'on en désigne l'ac teur sous le nom de kwangdae, c'est d'abord une question de personnages et ensuite une question en relation avec le contenu du récit ; il y a l'expression du chant et l'interprétation, le jeu désigné sous l'appellation de n6rumsae. Et il insistait sur les acteurs, le récit et sa valeur littéraire, sur la qualité musicale et le jeu des personnages. On peut affirmer qu'il considérait le p'ansori comme une sorte de comédie musicale. En particulier,.le p'an du mot p'ansori désigne la coùr (l'espace, l'endroit ou l'estrade provisoires) dans laquelle se déroule la représentation ; le mot sori désigne la voix, le chant. Compte tenu du nombre des spectateurs, l'e ndroit où l'o n organise une telle représentation peut être un site en plein air ou une salle couverte. Au cours de la représentation, le chant (ch'ang) représente la partie la plus appréciée du public et exige une très grande maîtrise de la technique de la part de l'ac teur. Plutôt que de contribuer au déroulement de la narration, ce chant a pour fonction d'exprimer les sentiments ou les états d'âme des personnages et contribue pour une grande part à entraîner le spectateur dans l'atmosphère dramatique. L'aniri n'est pas un chant, mais un récit permettant de produire des effets pour transmettre les détails du déroulement de l'histoire racontée dans le p'ansori. Le jeu des acteurs est désigné sous les noms de pallim ou de n6rumsae : quand on veut insister sur les gestes dramatiques, on emploie le mot n6rumsae ; par contre, quand il

s'agit de gestes où les éléments chorégraphiques sont plus importants, on parle de pallim. Dans le jeu et l'interprétation, l'expression est généralement plus imaginaire que réaliste. Au début du p 'ansori, les spectateurs étaient des gens du commun du peuple et l'on peut voir que ce genre de spectacle entrait dans le cadre de la littérature populaire apparue en même temps que la prise de conscience moderne du peuple, vers les XVIIème et XVIIIème siècles. Cependant, ce genre de théâtre se répandit peu à peu jusque dans la classe noble (yangban) et devint populaire dans l'ensemble de la population. La croissance du nombre des spectateurs appartenant à la noblesse conduisit rapidement à la codification dans des documents écrits des p 'ansori restés jusqu'alors une tradition orale, ce qui permt~i aussi de parvenir à un chant beaucoup plus élaboré et à l'entrée en scène d'acteurs du sexe féminin. Par contre, cela avait pour résultat d'affaiblir la fonction de critique sociale du p'ansori. Le théâtre de type traditionnel que nous venons de traiter disparaît au moment de l'arrivée de la vague d'occidentalisation, à la fin du XIXème siècle. Cependant, à partir des années 1960, le peuple coréen a commencé à reprendre conscience de sa valeur et, après la stabilisation de la société coréenne lors du redressement postérieur aux époques troublées de la Libération et de la Guerre de Corée, on s'est consacré à la recherche des traditions. Dans le cadre de ce mouvement, on ne saurait passer sous silence la contribution importante des efforts déployés par les spécialistes qui ont été les premiers à codifier par écrit et à étudier de façon systématique le théâtre coréen de type traditionnel. A partir du milieu des années 1960, on a aussi commencé à désigner les unes après les autres les pièces de ce théâtre de type traditionnel comme d'importants trésors culturels immatériels et, à la fin des années 1970, on les comptait pratiquement toutes dans la liste de ces


trésors culturels. Style de transition : l'opéra coréen traditionnel (ch'anggilk) et le mélodrame (slünp'a)

Le ch'anggiik Le ch'angguk représente une forme nouvelle du p'ansori apparue sous l'influence du théâtre occidental. Pour parler de fa çon plus concrète, après avoir fait so n apparition pour la première fois en 1903, · au théâtre Hyopnyulsa, le premier théâtre coréen de style occidental, ce ch'angguk était représenté en 1908 sur la scène du théâtre Wongagsa avec une distribution plus sophistiquée. En 1933, on fondait même l'Association de Choson pour les recherches dans le domaine de la musique vocale, et le ch'angglik parvenait à une forme plus élaborée. Le style du ch'angguk est fondamentalement une forme du p'ansori dans laquelle le chant (et le jeu) est distribué entre plusieurs acteurs au lieu d'un seul. De plus, comme on utilisait une scène de style occidental, on s'efforÇait de la munir de décors réalistes. Si l'on ne saurait passer sous silence le fait que le ch'anggûk s'est développésous l'influence indéniable de l'étranger et tçmt particulièrement l'Occident, on ne saurait négliger les facteurs d'origine coréenne. Déjà, Shin Chae-hyo avait procéder à la répartition du Chant é:le Ch'unhyang en voix d'hommes, voix de femmes et voix d'enfants et tenté d'opérer la transition du style basé sur le jeu d'un seul acteur du p 'ansori traditionnel à une véritable distribution des rôles. D'un autre côté, le ch'angglik représente un genre dramatique qui mérite attention pour ce qui est de la façon dont le théâtre faisait alors face au rapide mouvement d'occidentalisation que connaissait la société de l'époqu e. Pourtant, le ch'anggtlk ne devait pas jouir très longtemps du succès connu à l'aube du XXème siècle et, tombé peu à peu en décadence, il ne s'est pas conservé en tant que style spécial jusqu'à nos jours.

Leshinp'a Le shinp'a est un style dramatique de transition apparu au début du XXème siècle, juste avant l'introduction du théâtre occidental moderne. L'expression shinp'a est venue à l'origine d'une appellation en opposition au théâtre du kabuki, forme ancienne du théâtre japonais, et l'on peut dire qu'elle constitue une preuve que l'introduction en Corée du théâtre moderne a eu lieu par l'intermédiaire du Japon. Après la première représentation due à la "Troupe réformée" de Im Song-gu, en 1911, pendant environ dix ans, ce théâtre du genre mélodrame devenait le courant principal de l'art dramatique coréen. Il avait pour slogans l'encouragement au bien et le châtiment du mal, la réforme des coutumes, le progrès de la mentalité du peuple et autres ; tout comme dans le cas du Japon, dans les premiers temps, les pièces traitant des thèmes militaires obten~i un grand succès ; par la suite, 'on ne devait pas tarder à s'orienter vers les drames et tragédies familiales. Sous l'influence du mouvement du théâtre occidental lancé par l'Association T'owèSI. au cours des années 1920, on progressait vers un genre amélioré de shinp'a et, pendant les années 1930, on parvenait à un genre de "shinp'a supérieur" centré sur les activités du théâtre Tongyang. Dans le cadre d'un système de vedettes des troupes dramatiques, on partait d'un simple thème sans scénario précis et procédait à des représentations de type kujitate, où l'acteur improvise avec esprit des répliques pour dialoguer avec les autres personnages ; on avait recours à une diction grandiloquente et à des gestes exagérés pour faire impression sur la sensibilité du public, ce qui permettait d'obtenir un certain succès. Le style occidental : le théâtre moderne de type occidental et la recherche de la tradition

Nous pensons que l'introduction du

théâtre moderne de type occidental a eu lieu à peu près à partir des années 1920, vers l'époque de la fondation de l'Association de l'art dramatique des anciens étudiants de Tokyo. Pendant la première moitié de cette seconde décennie du XXème siècle, se déroulait parmi les étudiants un mouvement des petits théâtres et Hyon Ch'ol fondait un institut destiné à la formation des acteurs. Par la suite, au cours des années 1930, une fois fondée l'Association de recherches pour l'art dramatique, le théâtre moderne réaliste de style occidental finissait par s'imposer. Dès lendemains de la Libération et jusqu'aux années 1950, on s'est efforcé d'implanter ce genre de théâtre réaliste en attendant qu'au cours des années 1960, on fasse connaître le nouveau théâtre en opposition à un tel réalisme, comme le théâtre de l'absurde. Pour finir, dans les années 1970, le théâtre coréen s'est libéré du théâtre de chambre réaliste et traditionnel pour revenir à la véritable nature du théâtre. D'un autre côté, les années 1970 et 1980 ont connu un véritable foisonnement du théâtre amateur dans les milieux des étudiants qui, en empruntant le style du théâtre traditionnel, s'adonnaient à la critique de la situation politique du moment et se faisaient peu à peu une place dans la société en utilisant l'appellation madangglik. C'est à partir des années 1970 que l'art dramatique coréen a entrepris la recherche de ses propres racines et tenté de procéder à une _sorte de "greffage" avec le style traditionnel. De nos jours, en dehors de la restauration authentique ou d'un greffage partiel du style et de l'image, on s'efforce de faire revivre l'esprit du théâtre traditionnel. Pour ce qui est de cette recherche de la tradition vivante et non pas d'une tradition fossilisée, il s'agit d'une tâche non seulement en relation directe avec le problème de la mondialisation du théâtre coréen, mais encore d'une tâche de première urgence pour l'art dramatique à la veille de l'an 2000. • 23


Les Rrincipales troupes de théâtre coréennes KooHee-sue

Critique d'art dramatique

A

en Corée, il y a un nombre important de troupes de théâtre en activité qu'elles soient enregistrées auprès d'institutions comme la ·Fédération Officielle des Artistes ( Ye Ch'onlf) ou de YAssociation Populaire des Artistes (Min Ye Ch'onlf), ou qu'elles se soient insaites en indépendants. En ce moen~ on dénombre pas moins de 85 troupes à Séoul, 6o troupes en province et 2 à l'étranger, toutes membres de la Fédération Officielle du Théâtre (Hanguk )i5ng(Jk hy3phUt). Si Yon y apute les troupes enregistrées auprès de l'Association Populaire des Artistes et celles qui se sont inscrites indépendamment auprès des municipalités ou des préfectures, on arrive à ctuelmn~

un nombre de troupes tout à fait conséquent Si, dans les années 1960, on trouvait surtout des dubs de théâtre rassemblant des amis (tong-inje kukdan), les troupes des années 1970 ont eu tendance à se professionnaliser autour d'un responsable (taep'yJjun{ftimj kukdan). Dans les années 1980, on constate l'apparition du concept d'études de marché dans la stratégie des théâtres e~ pour les années 1990, ce. qui est marqu a n~ c'est la diversification de leurs activités. Pendant toutes ces années, les troupes et leur renommée ont connu des hauts et des bas et Yon a pu voir le déclin d'anciennes troupes ainsi que Yémergence de nouvelles.

Une représentation de Wonsullangpour commémorer l'ouverture du Théâtre National en 1950

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1

Actuellement, les troupes les plus anciennes sont la troupe Shinhyup et la troupe Nationale la troupe Shinhyup ayant été créée en 1950 juste avant l'ouverture du Théâtre National, ses membres ont aussi participés aux activités de la Troupe Nationale par la suite, mais ils ont continué également à puer de temps en temps sous son nom jusqu'à maintenant. En ce qui C()ncerne la Troupe Nationale, elle a donc accueilli ceux de la troupe Shinhyup en 1950, puis elle a connu la période du Théâtre National du temps où il était dins le quartier de Myang-dong dans les années 1960 et enfin, depuis 1973, elle exerce ses activités dans le quartier de Cillingch'ung-dong où le Théâtre National a déménagé. Il y a une autre troupe qui date de la deuxième moitié des années 1950, Chejak kUkhoe, qui était issue du théâtre universitaire mais elle n'est plus très active de nos purs. · Ainsi, en ce moment, parmi les dubs de théâtre des années 1'Xfl ou les troupes des années 1970 qui ont fait leur chemin, on en compte pas mal qui exercent encore leurs activités depuis 20 ou 30 ans et l'on trouve aussi de ~unes troupes de moins de 10 ans. ~er les performances des troupes

qui ont participé officiellement au Festival de Théâtre de Séoul de ces dernières années est utile pour mieux saisir l'évolution de la scène coréenne, car il arrive souvent que de ~unes troupes s~nt leurs aillées Cette année, dans les environs de Séoul, va se tenir un festival mondial de théâtre où il y aura plusieurs rencontres internationales avec, par exemple, le Festival Mondial du Théâtre de Rue, le Festival Mondial du Théâtre Universitaire, l'Association Internationale des Gens de la Scène et des associations de critiques d'art. Le comité organisateur de ce Festival Mondial de Théâtre, dirigé conpintement par la Fédération Officielle du Théâtre et a dép. sélectionné des oeuvres et des troupes qui seront officiellement invitées à participer et le Festival de Théâtre de Séoul qui se tiendra au même moment en mai, est en train de décider des oeuvres qui y seront produites Afin de comprendre quelles sont les principales troupes du théâtre coréen et d'estimer dans quelle mesures les oeuvres qu'elles puent peuvent être reconnues sur la scène intèmhtionale aupurd'hui, regardons de plus près quelles sont les troupes qui ont été invitées officiellement au festival mondial de

tm

théâtre de cette année On compte les 10 pièces de théâtre suivantes, sélectionnées avec les troupes qui les mettent en scène : '1e Fleuve Paekma au dair de lune (Paekmagmg talfXlm-eJ' écrit et mis en scène par 0 Tae-sèSk pour la troupe Mokhwa ; "OKu' écrit et mis en scène par Yi Yun-t'aek pour la Compagnie Yanhüidan Karip'ae ; "Les Ongles du Général 0 ( 0 Clxmggun-iii JXllt'opJ' écrit par Pak Choyai et mis en scène par Sohn Jin-chaek pour la troupe Mich'u ; "Viens me voir (Nat polo uayoY' écrit et mis en scène par Kim Kwangrirn pour la troupe Yan-u ;"&msshitkirri' écrit par Yi Hyan-hwa et mis en scène par Ch'ae Yun-il pour la troupe Cecil ; ')our de printemps (Pomnal)" écrit par Yi Kang-baek et mis en scène par Kim Ch'al-li pour la troupe Pip'a ; "En attendant Godot ( Gcxion1l kidalimp)' de Becket mis en scène par lm Yang-ung pour la troupe Sanwoolim ; "Sichuan (Sacb'è5YI8J-nûn ch'aklxm y)jlJ' de Brecht mis en scène par Ch'oe Hyang-in pour la troupe Hanyang (Han;ang lep'è5t'6lt) ; '1es bonnes affaires de la maison Maeng (Maengjinsadaek ky6ngsa)" écrit par 0 Yang-jin et mis en scène par Kim Sang-yal pour la Troupe Nationale (Kugnip); et enfin

L'exécution en plein air de la pièceShimch'ong

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le premier spectacle de la nouvelle Troupe Municirille de Séoul (Silip Kukdan). Mise à part la Troupe Nationale, les 9 autres troupes se sont presque toutes formées dans les années 1970 ou 1900 à part 2 d'entre elles qui datent du début des années 1990. Quant à la Troupe Mmucirrue de Séoul, elle vient de se a·éer cette année.

Placenta (en haut); Le fleuve Paekma au clair de lune (en bas)

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La troupe Mokhwa li s'agit d'une troupe créée en 1984 par l'autew- de théâtre 0 Tae-sük avec ses anciens élèves de l'Ecole des Arts de Séoul (SOu! ypn). 0 Tae-sük, tout en éaivant des pièces de théâtre, a enseigné l'mt dramatique à l'Ecole des Arts de Séoul à partir de la première moitié des années 1970 et a commencé la


mise en scène au Centre Dramatique

(Ap'tllika)", en 1984, la troupe a joué des

(Tt/lama sent'6 mudae) et donc, avant la création de la troupe Mokhwa, il avait aussi

pièces inédites comme 'le rêve d'un homme (Pilbu-~. kkumY', "Piété filiale (PujlyuchYnY', "Viny! Housè', 'le pays du feu (Pul-i'ii naraY', "Unsang;pk', ''Pourquoi Shimch'ong-i est-elle tombée deux fois dans le Indangsu ? (Shinu;h'6ngi-ni'in zme tu Jx5n Indangsu-e pjXljy5tni'iug;t ?Y', "Mouette, ne t'envole pas ! (Paegguya hw3l hw3l najiri'il mara)'', '1e Fleuve Paekma au clair de lune" et "Un moment dans la matinée .. (AchYm lxmttae.,Y' ainsi que des reprises telles que ''L1 femme de Ch'unp'ung (Ch'unp'ungi'i i ·ch'O'j', ''Placenta ( TaeY' ou encore ''L1 bicydette (ClxlpngT}'. ny a une forte cohésion entre les acteurs dans la troupe Mokhwa, que ce soit ceux de la première heure comme Cha Sang-gon, Han

expérimenté les métiers de la scène avec ses anciens étudiants A cette ép:xjue-là, l'intensité et la qualité de leur travail étaient telles que le monde théâtral les avait surnommés "la division 0". La troupe Mokhwa en est l'héritière directe Le répertoire de la troupe est composé principalement .d'oeuvres de 0 Tae-sük qui les met en scène mais récemn~ pendant quelques années, des adaptations de pièces étrangères comme "Roméo et Juliette" de Shakespeare ou encore "l'Opéra de quatre sous'' de Brecht ont été.interprétées. Depuis sa première pièce, "Afrique

Myonggu, Hong Won-giet Chong Chin-gak, ou des jeunes qui puent actuellement et cela est directement lié à 0 Tae-sük, qui en tant que metteur en scène, a su trouver un style particulier fédérateur. La troupe a reçu plusieurs prix dont celui du Festival de Théâtre de Séoul et 0 Tae-sok s'est aussi distingué en donnant son nom à un festival en 19)4. Les deux petits théâtres Ch'ungdol 1 et 2 construits dans le quartier de Tongsungdong servent à leurs activités. Le nom de 0 T'ae-sok en tant qu'écrivain fut connu internationalement très tôt et la troupe a donc eu l'occasion de puer à l'étranger. La Compagnie Yonhiiidan Korip'ae Cette compagnie a été installée à la place

Sansshitkim (en haut);

ü-Ku-LesRitesde la Mort (à gauche)

de la troupe Ch'ang-u de Puch'on par Yi Yunt'aek, l'homme aux différents vÏS!ges que l'on voit partout tel un guérillero, qui, originaire de Pusan, dirige maintenant un centre de recherche sur le théâtre ( Urigflk y'5nguso). Sétant appelée à Pusan dès 1~ "Groupe de recherche'' Yonhuidan Korip'ae (Mesaii'i y5nglik jipdan y5nhi'iidan p'aeg)lt), cette compagnie s'est produite pour la première fois à Séoul en 1900 en présentant la pièce de Yi Hyon-hwa intitulée "Sansshitkirri' mais ses activités dans la capitale ont vraiment débuté l'année suivante lorsqu'elle participa au premier festival de théâtre de Tongsung avec la pièce "Le citoyen K (Simin K)". A ses débuts, elle faisait du théâtre de situation 27


constituent un apport moderne à la culture traditionnelle coréenne. "Etre trompé par l'amour, pleurer à cause de l'argent (Sarange sokko ton-e ulko)'' a montré une volonté de recherche concernant le théâtre moderne et l'adaptation de 'la métamorphose (Pyun sin)" de Kafka voulait en extraire une nouvelle histoire coréenne Cette compagnie s'est produite dans des festivals comme celui de Séoul, en Allemagne au Festival mondial du théâtre d'Essen ou encore au Japon, au Festival international du théâtre de Tokyo grâce aux talents de metteur en scène de Yi Yun-t'aek qui s'est fait remarqué

Les ongles du Général 0

avec, par exemple, des pièces comme ''Fugue (Pug;l)'', "Hibakusha (Hibak'usya)" ou "L'exil du poète (Si-in ch'ubanf!)" mais depuis les années 1990, elle produit du théâtre de rue en recherchant l'esprit du

Viens me voir 28

théâtre traditionnel coréen "0-Ku ou une forme de mort (0-Ku Chug-um-ui hy5ng;ik)'', 'l'épouse idiote (Pabokag;t)', 'le garçon qui franchit la montagne (Sann6mi5 kaettonga)'' se sont voulues des oeuvres qui

La troupe Michoo Le metteur en scène Sohn Jin-chaek a su créer l'esprit théâtral particulier de cette troupe en faisant dissidence avec la troupe Minye en 1986. Sohn Jin-chael<, qui avait été formé dans la troupe Minye dont le travail témoigne d'un apport contemporain à la tradition d'expression théâtrale coréenne, a suivi les pas de l'homme de théâtre Ho Kyu avant de s'en affranchir. Comme beaucoup


de membres de la troupe Minye l'ont suiv~ c'est comme s'il s'agissait d'une histoire de famille avec la création dun nouveau foyer. Après sa prerrùère représentation d'une œuvre de Chang Pok-kUn intitulée "Gardien ( Chikimt)" et mise en scène par Sohn Jinchaek, la troupe Michoo s'est efforcée de découvrir par elle-même de nouvelles méthcxlolcgies et une conscience historique r~nouvelé proprement coréennes dans des pièces comme '1es Ongles du Général 0 (0 Clxmggun-ui palfop'j', ''La nouvelle histoire des deux pays (Sin Jgukkt)" ou encore ''Le ciel du cirque (Namsadangui hanul)". La troupe s'est intéressée .d'une part à l'apport contemporain qu'elle pouvait apporter .aux représentations traditionnelles à travers des comédies musicales, le genre de récitation chanté traditionnel appelé ch'ang, des spectacles musicaux ou le théâtre en extérieur, et d'autre part à l'apport coréen apporté à la grammaire du théâtre <XCidental dans des pièces comme "L'arbre du temps'', "Macbeth" ou ''Setzuan". En 19%, au festival de théâtre de Ch'œ In-hun organisé par le Centre des Arts de Séoul, a été présentée avec fierté toute l'histoire passée et actuelle de la troupe Micljoo. On a pu constaté l'ampleur de sa carrière internationale récompensée par plusieurs prix,_avec ses participations à des festivals de toutes sortes au Japon, en Chine et · en Russie et des collaborations avec des actems étrangers. Les têtes daffiche de la troupe sont l'actrice Kim S6ng-ny6 et des acteurs comme Yun Mun-shik, Kim Chong-yop ou Chang Taehwa Récemment, dans la région de Séoul, la troupe a aménagé une scène en plein air et un atelier d'entraînement où les acteurs se préparent aux prochaines représentations La pièce intitulée '1es Ongles du Général 0' a été puée pom la prerrùère fois en 15ffl, année où elle a reçu le prix Paegsang pom la rrùse en scène et pour le texte littéraire La troupe a été également invitée à pa.tticiper au festival de théâtre Asie-Pacifique qui s'est tenu en Union Soviétique en 1992 La troupe Y onu

Cest une troupe qui a été créée en 1978 par des gens de théâtre issus du dub de théâtre de l'Université nationale de Séoul. Ils ont corrunencé avec la pièce intitulée '1es matins,

je suis toujours seul (Ach'im-enun nul lxmjlJEYOY' écrite par 0 Chong-u et mise en scène par Kim Kwang-rirn et ont toujours présenté des pièces inédites. lls ont écrit plus dune quarantaine dœuvres nouvelles en 'JJ ans et ont cherché à réhabiliter une diz.aine de pièces tombées dans l'oubli à travers une série consacrée à la redécouverte du théâtre coréen contemporain La particularité de cette troupe, c'est son choix de l'inédit et des œuvres coréennes puisqu'elle n'a pas adapté une seule pièce étrangère Cette troupe est soudée autom de Chang Han-ryong et d'un noyau dm constitué par 0 Chong-u, Kim Kwang-rirn, Kim Min-gi, Kim S6k-man, Yi Sang-u, Mun S6nggun, etc, mais des gens comme Lim Jin-taek, Yang HuiKyang Ch'œ Hyong-in ont aussi participé à ses activités. Quant aux oeuvres, ori en compte beaucoup qui ont été écrites avec un regard neuf critique sur la politique et la société contemporaines. Cest dailleurs la raison pour laquelle à plusieurs reprises sous la dictature militaire, des pièces ont été interdites ouem~és.

Les prinàpales œuvres à problème qui ont

attiré l'attention ont été les suivantes : ''Notre au-delà (Uridul-ui cli5si1ngJ', ''Le faucon de Changsankot (Chang;an Kotmae)', ''Le pays où fai vécu (Na.Ui sald6n kob)angi1n'j', ''Le cercueil ai::Gndonné sans rruurre de cérémonie (M6mch'ui5s6n cli5 sangy3-ni1n sanpjudo 6pttad6n:;a'}', ''La généalcgie des Han (Harl§i )X)ndaegt)", ''Ch'il-su et Man-su (Ch'il-su-tm. Man-su)', "L'oiseau qui chante aux alentours (P)onlxmge ujit-nun sae'}', '1es oiseaux aussi quittent ce monde (Saedul-do sesang-ul tti1ni1nguna'}'.

Kim Min-gi et Yi Sang-u s'occupent maintenant respectivement des troupes Hakchon et Ch'a-irnu et les auteurs ou les acteurs fonnés dans la troupe Yonu se font de plus en plus remarquer. Pour commémorer le vingtième anniversaire de la troupe, ses membres sont en train d'organiser le projet spécial numéro 1 intitulé "Le jeune théâtre qui ouvre une nouvelle ère (Saero-un sidae-ri1! )X5-ni1n ch6lmi1n mudae)", et, à l'avenir, ils vont participer comme invités au projet spécial numéro 2 intitulé "Les oeuvres reprises représentatives (Daep'yojok aengk'ol encore - mudae)" ainsi qu'à la série de

représentations regroupées sous le titre "Le théâtre de notre époque (uri sidae-ui )X)nguk'j' au Centre des Arts de Séoul L'oeuvre "Viens me voir (Nat po/6 wayo)", sélectionnée pour participer au Festival mondial du théâtre raconte une histoire où on ne sait plus où trouver la vérité concernant des assassinats en chaîne inexplicables. Cest une œuvre qui a reçu tous les prix sauf celui du Festival de théâtre de Séoul La troupe Cecil

Celle-ci a commencé ses activités en 1977 avec l'oeuvre de Yi Sang intitulée "Ailes (Na/gle'j' adaptée au théâtre par Chang Hayon et rrùse en scène par Ch'ae Yun-il Cette troupe a été installée à Taep'yong-no dans les locaux du théâtre de l'auberge des acteurs et a été rebaptisée Théâtre Cecil par lm Sok-kyu et Ch'ae Yun-il, metteur en scène prometteur à cette époque, qui avait la trentaine. Ch'ae Yun-il avait été formé par lm Yong-ung de la troupe Sanwoollirn et avait débuté avec la rrùse en scène de "Hong Tang-mu". Il se partage entre les activités des deux troupes Cecil et Sanwoollirn. La troupe Cecil n'a cessé d'être proche d'auteurs de théâtre comme Chang Ha-yon, Yi Hyon-hwa, Yi Kangbaek et quelques autres, et a même joué au moins une fois toutes les pièces écrites par Yi Hyon-hwa. ''Brol!illard (Angae)", "0.917', "K'adenjt', "Qui est-ce ? (Nuguseyo ?)'', "Impossibilité (PUlffl pu/ga)", et "Sansshitkini', œuvres de Yi Hyon-hwa mises en scène par Ch'ae Yun-il, représentent près de la moitié des représentations de la troupe cac elles ont été reprises et ont été puées longtemps. Même si Ch'ae Yun-il s'est consacré ai.ISSi à d'autres activités théâtrales avec d'autres troupes, il n'en reste pas moins qu'il a su donner à la troupe Cecil son originalité, c'est-à-dire son travail sur des oeuvres inédites et ses liens soutenus avec quelques auteurs. La pièce sélectionnée pour le Festival mondial du théâtre de cette année, "Sansshitkim", est à ce titre tout à fait représentative du travail de la troupe Cecil. 29


La troupe Pip'a Qéée en mars 1995, cette troupe n'a IXJur finstant présenté qu'une seule pièce intitulée ''Le chemin qui mène à la Mecque (Mek'aro kanun ki{)". Autour de Kim Ch'è\1-li sont enn:gistrés dans la troupe, des gens comme Yi Hyon-sun, Yi Chong-guk, Pae ~g-elon et Chang My6ng.ffi6l Parmi ceux qui ont été invités à participer au Festival mondial du _théâtre de cette année, il s'agit de la troupe qui a le moins d'expériences et dont !histoire est la plus courte . Bien qu'ils n'aient pas pu jouer d'autres pièces au sein de leur troupe, les membres se sont cependant mobilisés autour de la pièce ''Os et chair (Ppy'5-uit sa!)" de Yi Kang-baek qui a été présentée l'année dernière au Festival de théâtre de Séoul au Théâtre ContemiXJrain La troupe Pip'a est une très ~une troupe et, plutôt qu'un esprit de troupe, ce sont ses membres que fon remarque car ils · sont très actifs partout et, en particulier, Kim Ch'è\1-li, dont on peut espérer beaucoup IXJur ravenir. Ds se sont attirés les faveurs des aitiques avec la pièce ''Os et chair'' de Yi Kang-baek ce qui leur a valu fhonneur d'être invités à flli!iciper au Festival mondial du théâtre de cette année avec la pièce 'jour de printemps (Pomna{)" de Yi Kang-baek La troupeSanwoollim n s'agit de la troupe fûpulaire invitée à participer au Festival mondial de cette année qui a l'histoire la plus longue et la pièce sélectionnée "En attendant Godot (Galorlil kidalimy5)" de Beckett est celle qui a été jouée depuis le plus longtemps sur la scène coréenne et aussi celle qui a été jouée le plus à l'étranger dans les plus grands festivals internationaux. La troupe Sanwoollim a débuté en 1%9 avec justement la prerrùère représentation de ''En attendant Godot'' en Corée mais n'a été officiellement créée que fannée suivante Cette année la troupe a ?J ans et n'a cessé depuis sa création de jouer sans relâche en conservant une qualité remarquable En 1985, elle s'est installée dans un théâtre dans le quartier de Sinch'on de Séoul et a présenté sur sa scène beaucoup de sucx:ès. le metteur en scène lm Yong-ung a été félève du grand rruuî:re coréen Yi Hae-rang 30

dans la classe de théâtre du lycée Hwimun qui joignait renseignement des connaissances à la pratique La force de sa mise en scène réside dans son caractère concret et fhonnêteté de l'expression, la vitesse d'élocution, la profondeur des analyses des oeuvres en constituent les IXJints forts. La troupe ~wolim a toujours été fière de son prestige et de sa notoriété puisque de nombreux talents, membres ou non, se sont joints volontiers à ses activités. On peut citer parmi eux les noms célèbres d'acteurs tels que Kim SOng-ok, Ham Hyon-jin, Kim Mu-saeng Kim In-tae, Sa Mi-j:l, Yun Yo.y'Sng Paek SOnghu~ Son Suk, Ch'oe SOn-j:l, Kim Yong-rim, Yun So-jüng, Chon Mu-song, Pak Ch6ng-j1, Kim Chaegon, Yi Ho-pe, Yi Chu-si!, Chu Ho-s6ng

Cha · Myong-nam et Yun Sok-hwa. Aujourd'hui encore, c'est à travers une expérience avec la troupe ~uwolim que les ~unes acteurs se font accepter du public Cest un lieu commun de dire que le travail fait les bonnes pièces mais la troupe Sanwoollim qui met en avant ses objectifs concrets, a toujours eu la confiance des spectateurs, preuves en sont les nombreuses rérompenses qu'elle a reçu et la fidélité de son public ''En attendant Godot'', spectacle qui a fait l'unanimité des critiques en Corée et à fétranger, a été jouée 10 fois en Corée même, mais aussi à Avignon, à Dublin et en Polcgne

La troupe Hanyang (Hanyang lep'cWoli) Cette troupe a débuté en mai 1990 en

présentant la pièce ''Setzuan (Sach'6nsa-nun ch'aklxm y)jl)' lors de la commémoration du trentième anniversaire de la création du département de théâtre et de cinéma de funiversité Hanyang au Centre des Arts et la Littérature (Munye hoegwan), mais a été réellement créée en 1992 en jouant ''Veines (Pitjul)".

Cette troupe constituée autour de Ch'oe Hyong-in et de ses anciens élèves du département de théâtre et de cinéma de funiversité Hanyang a aussi vu participer le professeur Shin Il-su et des gens issus de départements de théâtre et de cinéma. La troupe Hanyang a eu pour objectif de présenter des pièces intéressantes majeures comme "Fantôme ( Yury:)ng)", ''Culotte'' de Jean Anhouil (CJxmganu-i-Ui JXlnlxtjt), "True West (T'uru wesut'u)", "La femme de Ch'unp'ung (Ch'unp'ungui ch'6)', ''Le songe d'une nuit d'été (Han :j5ri1mlxtm-Ui kkum)', "I.oœ Letter(R6bii refQJ', "La fiancée serpent et son frocé (Kurr'5ngi sil!angg;m. kU-Ui sinbu)'. Ch'oe Hyong-in, acteur de son état, en participant aux mises en scène a permis à ceux qu'il avait formé, grâce à leur talent et à leur jeunesse, de vivre des expériences valables. Beaucoup d'entre eux ont réussi à percer et à devenir célèbre, ce que ron peut constater depuis quelques temps en les retrouvant à la télévision ou au cinéma Cette troupe allie dans son travail de façon idéale la pédagcgie et la pratique et produit des oeuvres extrêmement vivantes, ce qui fait que lell{S spectacles sont toujours du plus haut intérêt Si cette troupe a été sélectionnée, c'est IXJur la bonne appréciation concernant des spectacles comme celui de 1<;m et aussi IXJur la confiance dans les spectacles qu'elle a montré depuis La troupe Nationale (Kugnip Kiikdan) Fondée en même temps que le Théâtre National en 1950, elle a connu d'abord la période de Myong-dong avenue Sejong avant de déménager dans le Théâtre National du quartier de Changch'ung en 1973. Considérée comme la meilleure troupe professionnelle en Corée, elle peut exercer ses activités en toute sécurité Depuis sa création, de nombreux acteurs connus se sont succédés dans cette troupe


Parmi eux, on peut compter Kim Tongwon, Kim S6n-y6ng, Ko S61-bong, Kang Kye-stik, Yi Ho-jae, Ch6n Mu-song, Kw6n S6ng-d6k, Son Suk, Kim Chin-t'ae et Kim S6ng-ny6. Actuellement, 27 membres constituent cette troupe dirigée par Chang Sang-ch'61, qui fait également office de réalisateur artistique. Suivant des succès maintenant légendaires des années 1950 tels que "Wonsullang' ou "Orage (Noe-u)",·après 1973, un total de 171 pièces ont été puées comme par exemple '1e feu Yi Sun-shin (S:Jngung Yi SunshinY', "la muraille de la Corée du Sud (Namhan sam5n@', "Images de ~ (Muny5doY' et

'1e grand roi Sepng (SejJngiaeur;l.ngJ'. Bien

que cette troupe soit connue, il faut noter que la moyenne d'âge de ses membres tournant autour de la quarantaine, elle semble manquer un peu de souffle ces dernières années. En ce qui concerne l'oeuvre qui va la représenter au festival mondial du théâtre de cette année, il s'agit d'une comédie musicale de 0 Y6ng-jin, auteur coréen représentatif, intitulée '1e.s bonnes affaires de la maison Maeng (Maengjinsadaek k)i5ngsa)". L'auteur a produit deux autres versions de cette oeuvre pour le cinéma et le théâtre, mais c'est la version musicale qui a été retenue.

La nouvelle Troupe Municipale de Séoul (SeoulSiripKiîkdan) Elle a été créée cette année. Cest l'autre troupe, avec la Troupe Nationale, dont les membres ont leurs salaires garantis. La municipalité de Séoul a créé cette troupe avec Kim Ùi-ky6ng à sa tête et actuellement ses membres sont au nombre de 10. Ils sont en plein tJavail Cette troupe compte tourner avec un petit nombre de permanents et préfère à l'avenir, quand le besoin s'en fera sentir, faire rre;er des auditions pour engager des acteurs temp:Jrairement Elle prévoit aussi de quitter la scène du Centre Culturel Sepng de temps à

En attendant Godot de Samuel Beckett

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Equus du théâtre Shilhom

autre pour emprunter celles d'autres mmpagnies. Bien que cette troupe en soit à ses débuts, on attend beaumup d'elle dans le monde du théâtre On est très curieux de voir ce que vont donner ses spectacles dans les festivals de théâtre Voici donc les troupes qui ont été sélectionnées pour participer officiellement au festival mondial de théâtre de cette année Ce sont sans aucun doute les principales 32

troupes mréennes mais il ne faut en oublier d'autres qui valent la peine d'être citées. Panni les troupes qui existent depuis plus de 20 ans, on peut en compter une vingtaine qui réussissent à continuer à jouer malgré l'adversité rencontrée dans le monde du théâtre. Parmi les théâtres, on trouve : les théâtres Kagyo, Kohyang, Kwangpng Taeha, Tongrang lep'6t'6li, Minye, Minjung, Ppur~ Sè\ngjwa, Sinhyup, Shilhom, Yoin, Chayu,

Chagop, Chejak kukhoe, le théâtre 76 et le Théâtre Contemporain Le théâtre Kagyo organise des mélodrames et du cabaret. Le théâtre Kwangpng mnnaît une récession pow- ses spectacles musicaux. Le théâtre Tongrang ayant restauré et transformé de fond en mmble le théâtre du Centre dramatique, on peut s'attendre à un nouveau défit de sa part cette année Le théâtre Minye mnserve son principe de création qui cherche à moderniser aussi bien la gestion de son petit théâtre que la forme traditionnelle des spectacles mréens Le théâtre Minjung a connu une période d'inactivité au début des années 1970 puis, avec l'arrivée de Jung Jin-soo, a été extrêmement actif. Le théâtre Ppuri fête ses vingt ans ·d'existence cette année et, sortant d'un temps d'arrêt l'année dernière, est en train de préparer un nouveau spectacle. Le théâtre Sè\ngjwa n'a pas cessé de gérer sa petite scène ni de puer. Concernant ·le théâtre Sinhyop qui est le plus ancien actuellement, on mnstate qu'il y a eu plusieurs tentatives pour le restructmer mais on peut dire qu'il n'est pas parvenu à retrouver sa notoriété d'antan Le théâtre Shilhom abrite une troupe qui fut d'avant-garde dans les années 1960 alors qu'il s'agissait d'un club de théâtre rassemblant des amis. Son répertoire très populaire présente des pièces comme "Le mariage de Figaro", "Les bonnes affaires de la maison Maeng", "Echos", "Irlande" ou 'l'agneau de Dieu". Après l'époque du petit théâtre du quattier de Apkupng, cette troupe s'est professionnalisée grâce à son leader Yun Ho-jin qui est résolu à faire bouger les choses. Le théâtre Chayu et la troupe du même nom organisés autow- de Yi Pyong-bok et de Kim Jeong-ok ont présenté des oeuvres particulières très typées à l'étranger et en Corée. C'est sans aucun doute la troupe coréenne qui a le plus pué à l'étranger. Yi Pyong-bok, leader dans le monde des a.tts de la scène, et Kim Jeongok, metteur en scène, président général de l'ITI, ont participé à plusiems courants de théâtre internationaux et c'est pour cela que leur troupe se distingue de ce point de vue-là Leur travail met en évidence la rencontre entre le théâtre coréen et le reste du monde de par les créations qu'ils présentent


D'autres théâtres, bien qu'ayant une histoire beaucoup plus courte, vont également participer au Festival 'de Théâtre de Séoul TI s'agit de Rodern, Royal Theater, Moshinùn Saramdùl, Much'on, Pando, Puhwal, Sojon, Shinshi, Yollin Mudae Tongsu, Chagop, Chünmang, Chùlgoun saramdùL etc Quant aux petits théâtres qui ont pignon sur rue dans le quartier de la rue de !Université, on peut également citer entre autres les théâtres Taehangno, Arirang, OnùL Ünhaengnarnu et Hakchon la longueur de l'histoire d'une troupe ne fait pas tout Dans le contexte difficile du théâtre coréen, il y a ~u de nombreux cas d'échecs ou de passes critiques de stagnation et de découragement. Parmi les troupes formées à partir des années 1990, on en trouve qui font du bruit et qui défient l'adversité. Cest ainsi qu'il faut parler de la troupe Yu de Yu Yin-ch'on ou de la troupe Ch'a-imu de Yi Sang-u TI y a aussi d'autres troupes de plus de 10 ans d'expérience comme Chagùn Shinhwa qui n'a cessé de faire du théâtre expérimental ou comme Chesam Mudae qui joue des pièces de sourds-muets En ce qui concerne les troupes de comédies musicales, on doit reconnaître les efforts de ceux qu4 comme Acom, Hwan Performance ou la Compagnie de comédie · musicale de Séoul, ont rendu possible l'expension de ce genre dans les années 19SXl A part la Troupe Municipale Kamu et la troupe Artistique de Séoul qui sont spécialisées depuis longtemps dans ce genre, Kwangjang, Taejung, Minjung, Shinhwa et ArUm ont aussi patticipé à des spectacles de comédies musicales. A l'avenir, il semble que ce genre va bien marcher grâce à la patticipation d'entreprises. Malgré les difficultés auxquelles sont confrontées les troupes coréennes qui se créent ou tombent dans l'oubli, en conservant un nom et un esprit théâtral propre, font du théâtre de toutes lew-s forces. Mais il ne faut pas oublier que le théâtre n'est pas l'affaire d'un individu mais d'un groupe dont l'unité est primordiale. Plutôt que de sélectionner des troupes représentatives, les critiques devraient mieux faire découvrir des troupes qui présentent une certaine originalité. +

8 "'

0

l..es32annéesduroiSejong,unecomédiemusicaledelaCompagnieNationaleDramatique

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Plusieurs symptômes du théâtre coréen · dans les années 90 Kim Yun-cheol

Professeur au Centre de théâtre coréen, Critique de théâtre

P

endant ·les dernières dix années du serond milénar~ quelques symptômes remarquables se ~nt manifestés dans le monde théâtral coréen la raison {X)Uf laquelle Jutilise exprès_le mct ''symptômeS' au lieu du mct ordinaire "Œifactéristique5', c'est que ces phénomènes, d'un côté, ne sont que des . tâtonnements répétés dans l'obscurité, sans s'être enracinés encore fermement au niveau de l'esthétique théâral~ et gu~ d'un autre côté, ils reflètent les sentiments de la fm du siècl~ complètement différents de ce qu'ils {X)wraient être en temps ordinaire Aupurdhui, la survie même du théâtre se trouve plus gravement menacée que pmais. Cest·àdire que l'offensive de la télévision, du cinéma et de l'industrie cybernétique, etc, s'est intensifiée, tant en qu<;~ntié qu'en rapidité, et ce, incomparablement plus qu'auparavant Et ce n'est bien évidemment pas unique à la situation du théâtre coréen, on le remarque partout dans le monde Mais l'impact de ces arts proches apparatî de façnn d'autant plus destructrice que le théâtre coréen JXffiOOe une œse Çüpulaire faible fexarninerai les symptômes apparus dans le théâtre coréen dans les années <;X) ~us l'angle des thèmes, des matières, du genre et du théâtre expérimental ; ces symptômes ne sont

rien moins que des solutions d'autodéfense que les artistes coréens ont cherchées à leur manière {X)Uf le théâtre coréen qui se voit confronté à une aise

1Lessymptômesapparusdanslesthèmeset les matières Si! y a des thèmes et des matières dont on traite le plus fréquemment dans le monde théâtral coréen après que la troupe de

comédiens ''Sanwoollim" ait représenté ''La femme en aise' (adaptée çxrr 01.6ng Pokgùn, mise en scène çxrr lm Y6ng-ung) de Simone de Beauvoir, ils sont relatifs au féminisme Si l'on prend les représentations de &mwoollim comme exemples, preque toutes les pièces de théâtre avec lequelles cette troupe a rem{X)rté de grands sua:ès auprès du public ces derniers temps sont celles traitant des femmes ou du féminisme dans lesquelles, en prenant des femmes comme prctagonistes, les femmes se font. opprimer dans la scx:iété patricl~ ou qui ont {X)Ur but d'étendre les droits et les intérêts sociaux des femmes ou d'établir l'identité fémin~ telles que "A cinquante ans, elle découvrait la met" (mise en scène çxrr lm Y6ng-ung) de Denise Shalem, "Toi, es-tu encore en train de rêver ?' (adaptée et mise en scène par Yun S6k-hwa) de Pak Wan-.93, "la lettre que fadresse à rna fille" (mise en scène par lm Y6ng-ung) de Arnold Wesker, ''La femme qui fume" (mise en scène par Im Y6ng-ung), une oeuvre adaptée du roman de Kim Hy6ng-kyong etc Hormis cela, les pièces théâtralçs comme ''D: quoi la femme vit-elle?' (mise en scène çxrr Kim Tong-su), une oeuvre de Chu Ch'an-ok, représentée çxrr la troupe théâtrale "Pongw6npae", '1e roman de cette

Le quartier Tongsung est le centre théâtral de Séoul. Un distributeur de tickets (en haut) et des affiches (en bas)

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femme", une oeuvre de 6m In-hui (mise en rine rru Kang Yong-gol et représentée rru Yun Yong-sün) ; et ''Rêve d'une Amazone'' de Barl::ma Walker représentée rru fA.ss:x:îation de culture et d'art féminins sont des pièces autour de la même idée qui ont suscité beaucoup d'intérêt chez les spectateurs. Pendant c~ temps, des pièces étrangères authentiques traitant de femmes ou du féminisme ont été présentées de manière très active. "Top Girls", "Cloud Nine" de Caryl Churchill, "Steaming" de Nel J!unn, les plus grands dramaturges féministes anglais, "Miss and Ms'' de Wendy Wasserstein, 'Three Tall Women" de Edward 1\lbee, se classent parmi les oeuvres qui ont attiré pas mal d'attention aussi bien dans la aitique qu'au boxoffiœ Les pièces qui ont attiré le plus de spectateurs parmi ces pièces qui placent les femmes au premier plan ront la plupart du temp; celles revêtissant le caractère du féminisme du début et qui parlent d'histoires dans lesquelles les femmes se font persécuter injustement dans la société patriarcale Cest parce que d'un côté, notre société a été pendant longtemps sous l'influence du système de valeur et la hiérarchie confucianistes, et que d'un autre côté, .le sentimentalisme qui platt aux Coréens appara1t sufflSID11l1ent dans ces oeuvres. A prof:Œ des thèmes et des matières traités aussi souvent que les pièces centrées sur les · femmes, ce ront les représentations ayant pour but de "dénouer l'histoire" ou de "réécrire l'histoire". A la tête de la réécriture et de félaboration des pièces de théâtre de ce genre, se trouvent 0 Tae-sük et Yi Yun-t'aek, à la fois dramaturges et metteurs en rine En éaivant et en mettant en rine rru lui-même ''Clair de lune sur le fleuve Paekma", 0 T'ae-sok transpose dans le cadre du rite de regroupement général (taedongchae) d'un village !histoire du roi Ûip et de Kûmwha, où le souverain tombe dans un stratagème de Shilla faisant intervenir une belle femme et où il mène Paekche à la ruine, et fait confesser au roi Üip et à Kûmwha leurs péchés commis devant fhistoire et censure en même temp; les fautes de 'plusieurs sujets fidèles, à partir de Kyebaek, qui ont outragé la morale sous le beau nom du loyalisme. Dans la pièce de théâtre "Toraji', deux jeunes réformateurs, Kim Ok-kyun et Hong Chong-u, qui n'ont pas réussi à secourir leur patrie en voie d'effondrement,

défendent chacun ~ position en allant et en venant entre ce bas monde et fautre monde Yi Yun-t'aek, lui aussi, est à la fois un dramaturge et un metteur en rine qui aime le jeu de l'histoire. Dans "Yonsan, l'homme discutable" écrite et mise en scène par luimême, notamment, il parodie l'histoire et critique indirectement la réalité politique d'aujourd'hui en dépeignant de façon

La Femme Rompue

de Simone de Beauvoir représentée par

le théâtreSanwoollim en 1986

expressiormiste la raison pour laquelle fêtre humain, Yonsin, était contraint de déployer un drame de vengeance sanglante en fran~t librement la vie et la mort, et le mécmisrne de pouvoir à partir du moment où il devint tyran juEqu'au moment où il se ruina L'un des symptômes du théâtre coréen dans les années <;X) parait d'autant plus évident qu'il n'existe pas ns'agit de fal::6ence de pièces de théâtre traitant de politique Dans la situation politique ténébreuse des années 00, il y avait beaucoup de pièces de théâtre dénonçant la politique et celles, démagogiques, défiant la censure, mais paradoxalement, dans les années 90 où la censure a disparu et où le gouvernement civil est entré en fonctions, les pièces de théâtre traitant de politique

dissimulaient presque leur existence Bien sûr, il y a eu Yi Yun-t'aek et Yi Kang-Caek qui se ront ~yé une fois chacun à une pièce de théâtre authentique traitant de politique, dans le milieu des années <;X). Dans la piô::e de théâtre ''Le jeu de Hopebi", adaptée de 'The Dead Class'' de Kantor, metteur en scène expérirnentaliste polonais, Yi Yun-t'aek s'en est pris à fattitude ambigüe des intellectuels vis-à-vis des gens qui avaient dirigé les événements de Kwangju, et Yi Kang-baek, dans ''Lhomme qui a mis le feu", en prenant l'incendie du Centre culturel américain à Kwangju pour matière, a dénoncé l'état du monde dans lequel les gens, étant cormp~ s'efforçaient d'ignorer la vérité et la justice alors que la situation politique restait inchangée Mais ces deux représentations qui semblaient donner firnpression d'annoncer la résurrection des pièces de théâtre traitant de politique n'ont pas eu d'oeuvres suivantes du même genre Est-ce rruce que le théâtre en tant qu'activité politique n'a plus d'ennemi-contre qui lutter, depuis l'avènement du gouvernement civil, ou alors est-ce rruce que les citoyens, las des conflits et des tensions, aspirent à la paix et à la stabilité inconditionnelles? Yi Yun-t'aek, dans "Faust en pantalon de jean'', éaite et mise en rine rru lui, s'est repenti et s'est attristé de la scène dans laquelle la génération de la Révolution du 19 Avril, qui avait lutté politiquement de la manière la plus vigoureuse de l'histoire contemporaine de la Corée, s'est aviliée en petits bourgeois tombés dans les facilités actuelles, mais en fin de compte, ~ piô::e a eu pour effet de rendre témoignage de la disparition des pièces de théâtre traitant de politique 2Les symptômes en tennesdegenre S'agissant du changement.. le plus remarquable dans le théâtre coréen dans les années <;X), c'est le fait que la comédie soit devenue pour la première fois le genre principal du théâtre coréen Mais on perçoit aussi un peu de changement à fintérieur du genre de comédie Alors qu'à partir de la fm de la 6ème République ~&[U'au début des années 90, des comédies légères, gaies et joyeuses constituaient la tendance dominante, comme pour effacer de vieux souvenirs rombres et malheureux, après la prise de fonctions du gouvernement civil, peut-être à cause de la persrxx.tive asrombrie des hommes de théâtre 35


au sujet de la société coréenne, la scène coréenne est dominée JX1f le genre de la farce sombre dans laquelle surabondent la moquerie, l'humour noir, la violence, les injures et l'oŒ.cénité, la déformation et l'exagération les pièces telles que "Pourquoi Shimch'èSng s'est-elle 1'1ée deux fois dans 11ndangsu ?', "ùt première ligne du métrd', "J}Onsd' sont ses exemples représentatifs. "Pourquoi Shimch'èSng s'est-elle .jetée deux fois dans l'Indangsu ?" est une oeuvre excellente jugée comme la meilleure pièce de théâtre coréenne des q.nnées CXl, où 0 Taerok, en empruntant seulement le concept Shimdi6ngcli5n OOïque coréen, a théâtralisé le processus au cours ququel Shimch'èSng sortie de la mer en excursion sur la terre en compagnie du roi des dragons, se jette de nouveau dans la mer, cette fois-ci afin de sauver Je monde humain trop désert, en le soumettant dans le genre de la comédie noire, de la technique du théâtre cruel et dans le ·genre des marionnettes coréennes. "La première ligne du métrd' est une comédie musicale dans laquelle Kim Min-gi, en conformant la situation coréenne à l'original allemand, a fait se moquer pleinement d'euxmêmes les spectateurs en caricaturant à l'extrême les problèmes graves de notre mété, tels que la question de la réunification, les conflits entre les classes males, la corruption de la classe nantie, le coeur pur des délai.m, la tyrannie des puissants. "J}Onsd' est une sorte de théâtre omnibus qui, en mettant en scène des ciro~tanes pouvant se produire dans des toilettes publiques, a agrandi et fait trarlSj:malrre l'aspect général de corruption de notre société qu'on trouve dans les milieux politiques, économiques, les relations intercoréennes, la morale, l'ar~ etc., par le truchement de la déformation et de l'exagération n faut dire qu'en raison d'un succès trop grand pour qu'on en rie, deux pièces semblent avoir négligé le "retour sur soi'' dans le cadre du processus pour amener les spectateurs à la prise de conscience réflexive sur soi La comédie musicale est un genre promettéur dont la popularité va croissant d'année èn année auprès des spectateurs de théâtre coréens. Jusqu'à présen~ les comédies musicales de copie qui avaient imité presque telles quelles les comédies à succès de Broadway ont été à la mode, mais grâce à 36

l'amélioration du chant et des capacités de danse des acteurs coréens, et à l'apparition de metteurs en scène et de dramaturges professionnels de ce genre, les possibilités des comédies musicales de création se sont accrues encore plus. Panni les troupes qui produisent professionnellement des comédies musicales, la CDmpagnie HyèSnclai, la CDmpagnie de la Place,

Shim Su-il et Lee Sun-ae, une création de

comédie musicale qui a remporté grand succès au box-office.

un

office plus ou moins encourageant par la création de comédies musicales coréennes comme ''Shim Su-il et Lee Sun-ae", 't'impératrice MyèSngsèSng'', 'te voyageur de l'hiver''. Entre autres, 't'impératrice MyèSngimg'', produite en 1996, était un essai de comédie musicale sérieuse qui traitait de l'assassinat de la reine Min, la dernière de la dynastie ChosèSn, JX1f des aventwiers jlponais. Et en mettant en musique la comédie tout entière pour la première fois dans l'histoire de la comédie musicale en CDrée et en mettant en valeur le spectacle, cette troupe a attiré beaucoup de spectateurs. Acom se voit fort encouragée, d'autant qu'elle est en mesure de s'absorber dans la création de comédies musicales sans souci pour les frais de production et pour la salle de spectade grâce à l'introduction du système de production de comédies musicales en collaboration avec le Centre des arts en 1917. Mais pourtan~ comme elle compte encore sur les experts étrangers pour la plus grande partie de la musique, qu'il y a peu d'écrivains qui offrent des scénarios efficaces pour le genre de la comédie musicale, et qu'elle n'est pas à même de surmonter les limites de la chorégraphie qui demeure à un niveau de danse publique, on ne peut forcément pas envisager son avenir avec optimisme En tout état de cause, attendu que les jeunes spectateurs préfèrent unilatéralement les comédies musicales sans considération de leur degré de perfection artistique, il est évident que le développement de ce genre sera plus rapide qu'aucun autre

3. Aspects du théâtre expérimental la CDmpagnie musicale de Séoul ont un peu tendance à être centrées encore sur la copie des comédies musicales d'Europe et de Brœdway telles que 'Guys and llills'', "Forty Second avenue", ''Les Misérables", ''Cats", "A Chorus Line", et les troupes Shinshi et Acom sont les pionnières de la production de comédies musicales de création Parmi ces troupes, Acom dirigée JXIf le metteur en scène Yun Ho-jin est représentative de la comédie musicale coréenne tant pour l'envergure de ses productions que pour son niveau de création Bien qu'elle ait monté la représentation d'une copie, 'Guys and DJlls'', pour c:Ümmémorer sa fondation, Acom a beaucoup contribué, après cela, à l'exploitation des comédies musicales de création en remportant un succès au box-

Le genre le plus faible du théâtre coréen est prornblement le théâtre expérimental CDmme ses spectateurs sont peu nombreux et que même la période où ces spectateurs assistent à ce genre de théâtre est très souvent seulement celle où ils sont étudiants, c'est un fait indéniable que le théâtre expérimental relativement ésotérique et peu populaire se trouve gravement ignoré sur notre scène Mais, même dans ces mauvaises conditions, il a constamment existé plusieurs aspects expérimentaux même dans les années CXl. En premier lieu, il y a eu des efforts pour moderniser le temps et l'espace en transposant dans la situation coréenne les classiques du théâtre occidental Kim ]eongok, metteur en scène de la troupe de théâtre Chayu, a recueilli


la grande symplthie de la fXUt de; SfXX!ateurs tant mréens qu'européens avec 'les ncx::es de ~g" en t:rai1Spailllt le texte de LorŒ dans l'enŒtdrement de; funéraille; coréennes, et avec "Hamlet" où il a mis le texte de Shak~e dans la forme du gut mréen ''Le Roi Lear de notre époque" et "Faust en pantalon de ~· de Yi Yun-t'aek étaient aussi de; pièces de théâtre expllinental au mncept identique. Kim A-ra, metteur en scène de la troupe Much6n, a récemment monté une pièce expllinentale, ''Le voyag~ avec Orlipe", dans laquelle elle a juxta{Uié et fait se refléter récipro-quement le monde de Sophocle, dramaturge grec, et cel~ de Chang Ch6ng-il , ramander mréen Ce dont le; homme; de théâtre mréens ont fait des représentations de théâtre expllinental de la façon la plus intensive dans le; année; SD, est inmntestablement la forme ''théâtre dans le théâtre". Cette expllinentation qui met en relief le Œtractère de reflet de soimême du théâtre en insérant un autre théâtre était très efficace comme mécanisme qui détruit la certitude en abattant ou en perturbant intentionnellement la frontière entre réalité et illusion, en cette ère d'incertitude. "Maison" et "A la recherche de famour" de Kim Kwang-rim, "Clair de lune sur le fleuve Paekma" de 0 Taerok, ''La Mère" et "Y6nsan, lhomme discutable" de Yi Yun-t'aek sont de; exemple; représentatifs. En réalité, le; expérimentations de deux aspects évoquées ci-dessus sont des abréviations de théâtre, généralisées à tel {Xlint qu'on ne peut plus le; qualifier de théâtre expllinental en Ocddent Mais, dans le théâtre mréen, où le théâtre du réalisme mn.stitue la tendance domi-nante, le; expérimentations de ce niveau attirent la sympathie de; SfXX!ateurs ordinaires. Le fait que le; activités de Ki Kuk-s5 et de Yun Y6ng-s5n, qui, à la fois metteurs en scène et drama-turges, continuent des expérimentations pœt-modernistes, se soient fort ralentie; ce; derniers temps à cause de la tiédeur mntinue de; réactions de la fXUt de; SfXX!ateurs, montre bien à quel {Xlint est étroite la place 'que peut occuper le théâtre expllinental en Cbrée.

de spectateurs. La raison pour laquelle ce problème se ressent avec plus d'acuité qu'auparavant tient au développement relatif de findustrie de fimage, à mmmencer par le dnéma, et au changement de style de vie, dû à l'industrie cybernétique. Ce n'est que si le théâtre mréen atteint aussi bien au Œtractère artistique qu'à la popularité en mettant en

valew- le mieux pl>Sible le Œtractère particulier du théâtre, qui e;t un att en représentation directe dans lequel spectateurs vivants et actew-s vivants se renmntrent et s'adressent directement le; uns aux autre; dans le même temps et dans le même e;pace, qu'il pourra survivre dans ce nouveau millénaire qui s'annonce difficile. •

Pourquoi Shimch'ong s'est-elle jetée deux fois dans l'Indangsu?, une pièce de théâtre de la troupe Mokhwa

Guys and DoIls de la troupe de théâtre Acom

4. Remèdes et perspectives Le plus grave problème du théâtre mréen dans le; année; 5D est bien entendu faŒ.ence

L'Impératrice Myongsông représentée en 1996

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Le premier centre artistique fut une scène de fortune appellée sandae qui remonte à l'époque de la dynastie Kory) (918-1392) Cepnda~ du fait que les pièces de théâtre coréennes étaient en [frtéral représentées en plein air, ce ne fut pas amnt la fin du XIXème siècle que les scènes couœrtes commencèrent à se construire. Leur. apparition a provoqué de nombreux changements dans le théâtre coréen. Au départ, on rénovait les entrepôts ; puis, en 1902, le premier véritable théâtre cour~ Hy)pnyulsa> ouvrit ses portes. Dès lors, d'innombrables scènes se sontfaites et difaites pendant la turbulente période

de l'histoire moderne coréenne. D'après les stütistiqu.es établies par le Ministère de lü culture et des sports, à la fin de 1996, il y avait 47 centres d'art en Cor~ 106 grands théâtres et 147 petits. Il faut savoir que presque la moitié de ces lieux sont concentrés à Séoul Ceci est vrai pour presque toutes les installations culturelles, et les tfforts pour corriger ce deséquilibre restent inacbeœs. Par contre, en contraste avec le passé, la

reconnaissance des artistes, le parrainage et le soutien de leurs activités se sont largement améliorés. ny a à présent un véritable espoir que damntage de théâtres pour l'art dramatique, l'opéra, la danse et les arts traditionnels se construisent dans le futur. Les théâtres présentés ci-dessous sont parmi les principaux de Séoul et des provinces de Ky)nggi et de Kanguôn. On précisera pour chacun d'entre eux leur taille, les principaux équipements et que!qu.es caracténstiques particultëres -NDLR

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Le Théâtre National de Corée Niché au pied du mont Nam au centre de Séoul, et fondé en 1950 dans le but de promouvoir à la fois l'art traditionnel et moderne, il est la Mecque des théâtres coréens. Les discussions à propos de sa création ont débutées en 1946, mais ce ne fut que trois ans plus tard que le comité d'organisation se forma. Le directeur du théâtre était à l'époque le dramaturge Yu Ch'i-jin qui présenta ces propres oeuvres, "Wonsullang" et "Orage" lors de l'inauguration en mai 1950. Débutant avec une seule compagnie, le théâtre est depuis devenu la plus importante institution de représentations d'al1 du pays. Il comprend à présent une troupe de musique classique, une troupe d'opéra, une compagnie de ballet, et une troupe de danse dramatique féminine. Le théâtre a traversé de nombreuses épreuves à travers les années. Avec l'éruption de la guerre de Corée le 25 juin 1950, le théâtre fut temporairement transféré à Pusan, puis à Taegu. Lorsqu'il retourna finalement à Séoul en 1957, il racheta le théâtre municipal de Séoul situé à Myong-dong, dans lequel avait alors lieu la majeure pattie des représentations. Ce ne fut pas avant 1970 que l'actuel complexe fut construit Il est composé de deux théâtres : d'abord, la salle principale d'un espace total de 3.000 mètres carrés, compr~nat 330 mètres carrés de scène et 1.518 places. Ensuite, une salle plus petite de 320 mètres carrés et de 344 places. C'est sur ces scènes que les huit troupes du Théâtre national exécutent leurs représentations : les compagnies nationales de .théâtre, de ch'anggt'ik (opéra traditionnel coréen), de danse, de ballet, de choeur, d'opéra, de danse théâtrale et l'Orchestre national. Comme les activités du théâtre se sont accrues dans les années 80, le complexe fut élargi. Une salle de répétition fut reconve11ie en un théâtre supplémentaire ; et un théâtre de plein air, madang nori, fut fondé pour les représentations de jeux de masques anciens dans le but de préserver et de promouvoir les arts traditionnels. En septembre 1997, le théâtre recevra


L'extérieur(àgauche)et l'intérieur(à droite) du bâtiment principal du Théâtre National de Corée. Le NoriMadang, un théâtre en plein air, con vient à la représentation des arts traditionnels comme la danse des masques de Yangju Pyolsandae.

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divers festivals internationaux de théâtre à l'occasion du 27ème Congrès mondial de l'Institut international du théâtre qui se tiendra à SéouL

Nori-Madang Localisé entre la salle principale et la petite salle du Théâtre national, le norimadang est un théâtre en plein air dont Jes places sont disposées en forme de cercle autour de la Scène. Ceci afin de réduire les barrières entre les acteurs et le public Ains4 le nori-madang est approprié pour les formes traditionnelles d'art comme la musiqu_e à percussion des fermiers, les danses théâtrales de masques et bien d'autres arts folkloriques. Le nori-madang couvre un espace de .430 mètres carrés et de 1.200 places en quatre rangées. C'est souvent ici qu'ont lieu les représentations des artistes considérés biens culturels humains, comme ce fut le cas pour la troupe américaine Bread and Doll.

Enfin, le nori-madang accueille également de nombreux festivals artistiques pour les jeunes.

Le Centre culturel Sejong Lieu de culture symbolique pour les citoyens de Séoul, le Centre culturel de Sejong se situe dans la rue de Sejong au coeur de la ville. A proximité du palais de Ky6ngbok et d'autres palais anciens, le centre est un véritable mariage culturel entre le passé et le présent. nse tient sur l'ancien site de la salle de spectacles, qui fut détruite par les flammes en 1972. Les travau x du centre commencèrent en 1974, et il ouvrit ses portes quatre ans plus tard, en avril1978. Construit dans un style qui mélange l'architecture des palais traditionnels coréens avec le goût moderne, le centre est composé de six étages, dont trois souterrains, pour un espace total de 54.500 mètres carrés sur un terrain de 21.000 mètres carrés. Au devan~ le bâtiment est

Le théâtre en plein air au Théâtre national de Corée

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décoré de colonnes en pierre ; les murs, en pierre également, sont décorés de motifs traditionnels. Le toit, quant à lui, rappelle les avants-toits et les tuiles des maisons traditionnelles, et les murs de granite donnent au centre une apparence majestueuse. La salle principale qui peut accueillir 3.895 spectateurs peut se vanter d'avoir les installations les plus modernes et de posséder le plus grand orgue d'Asie. Le diamètre de la scène est de 17 mètres, son espace total atteint 1.700 mètres carrés et peut recevoir jusqu'à 500 artistes. De plus, du fait qu'elle est équipée de sytèmes d'éclairage et de sons assistés par ordinateur, toutes les représentations allant du théâtre jusqu'à la danse, en passant par les orchestres symphoniques sont du meilleur effet. Construite en forme de stade, la petite salle du centre se tient sur deux étages et peut contenir 522 personnes. La scène, quant à elle est capable d'accueillir 100


artistes. La salle est parfaite pour les concerts, les pièces de théâtre, la musique traditionnelle, et peut même se transformer pour des projections de films. Avec toutes ces installations, le centre soutient les activités de ses huit troupes dont l'orchestre, le choeur, et la Compagnie métropolitaine de Séoul Le centre joue un rôle majeur dans la conservation de l'art t~adionel national et dans la promotion de la culture parmi les Coréens. Depuis son ouverture, le centre a reçu de nombreux grands artistes du monde entier comme entre autres Herbert von Karajan, l'Orchestre philharmonique de Berlin, la troupe d'opéra de La Scala, et le Ballet Bolshoi. Mais un grand nombre d'artistes coréens mondialement connus se SÛnt aussi produits sur cette scène, ce fut le cas pour Chung Myung-whun et]o Su-mi Cette année, le centre participera au festival d'arts internationaux qui fait lui aussi partie du Congrès de l'Institut international du théâtre de Séoul. Le Centre d'arts de Séoul Le Centre d'arts de Séoul, complexe artistique le plus polyvalent de Corée fut inauguré en 1993, après neuf ans de travaux. Capable de recevoir une large étendue de représentations dans des théâtres conçus pour tous les genres, le centre s;est construit une réputation de lieu de rencontre internationale. Avec une gestion progressiste et expérimentale, il tente de supprimer les barrières entre les genres artistiques et invite toutes les formes d'arts à venir s'exprimer au centre. Ses principaux bâtiments sont l'opéra et la salle de concert, qui contiennent chacun cinq théâtres spéciaux adaptés à chaque besoin. L'opéra est un bâtiment circulaire de 108 mètres de diamètre et d'un espace total de 43.600 mètres carrés. Ses 2340 places sont arrangées en forme de fer à cheval. Le rideau de 'scène cramoisi et l'estrade dorée donnent ·Je juste ton pour une large gamme d'opéras, de ballets aussi bien que de ch'angg(Jk (opéra folklorique coréen), de danse contemporaine, et de comédies musicales. Pourtant initialement destiné

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(De haut en bas) Le Centre culturel Sejong, Je Centre d'arts de Séoul, la salle de l'Opéra au Centre d'arts de Séoul

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aux représentations traditionnelles, le théâtre Towol de 710 places est également utilisé pour les danses, les comédies musicales et les opéras. Le petit théâtre Chayu, quant à lu~ reçoit généralement les représentations d'essai La salle de concert de 19.600 mètres carrés, consacrée à la musique traditionnelle est reconnue par les plus grands musiciens du monde. C'est la première salle en Corée exclusivement réservée à la musique. D'autre part, en plus de la salle principale viennent s'ajouter plusieurs petites salles pour les récitals en solo, les orchestres de chambre, et d'autres genres musicaux encore. Bien sûr, le Centre d'arts de Séoul participera lui aussi au congrès de l'Institut international du théâtre de Séoul Ye-ak-Dang Le Ye-ak-Dang, situé à proximité du Centre d'arts de Séoul est le plus grand théâtre consacré aux représentations d'arts traditionnels. Achevé après huit ans de travaux, le bâtiment ressemble à une vieille forteresse. Son espace total atteint 13.690 mètres carrés et se compose de cinq étages dont un souterrain. Enfin, 800 spectateurs peuvent venir admirer l'essence véritable de l'art coréen traditionnel Salle principale du Centre national des arts traditionnels coréens, le théâtre est composé d'une scène spécialement conçue pour la musique classique coréenne, et d'une autre capable de s'adapter à d'autres genres de représentations. Dans chaque salle, il y a une balustrade toutes les trois rangées, ce qui apporte un comfort supplémentaire pour les familles et les groupes. Techniquement parln~ des réflecteurs de sons en forme de cerfs-volants sont fixés au plafond, permettant une bonne répartition du son, même au fond de la salle. De plus, un rideau est accroché sur chaque · pan de rn ur afin d'éviter la réverbération sonore. Enfin, parce qu'équipé de matériel d'interprétation, le théâtre peut aussi être utilisé pour des compétitions internationales et des séminaires 42

académiques de musique traditionnelle. Ceci montre bien son engagement pour l'internationalisation de la musique traditionnelle coréenne. La salle de spectacle de KBS La salle de spectacle de KBS est un lieu de représentations artistiques à l'échelle internationale qui a ouvert ses portes en 1991 Elle a été construite par KBS, système de radio-diffusion de Corée, afin de donner aux artistes les meilleures salles possibles, de donner accès à des productions de haute qualité au public, et enfin, de promouvoir une large gamme de genres artistiques différents. D'ailleurs une de ces salles fut utilisée en tant que centre de retransmission internationale lors des jeux olympiques d'été en 1988. Le bâtiment fut conçu par feu l'architecte Kim Chung-up, qui avait été selectionné lors du concours libre de création de la salle. Cette dernière s'adapte à tous les genres de représentations, et peut recevoir 1.776 spectateurs dans une architecture circulaire qui se poursuit jusque dans le hall et l'atrium Cette structure particulière est mise en évidence par une charpente triangulaire à l'extérieur du bâtiment. L'originalité du design se détache des autres centres· d'arts moins innovants et apporte une nouvelle forme de liberté. De plus, la scène tournante de 1.950 mètres carrés se déplace à la fois horizontalement et verticalement Le décor de la salle, quant à lui a été conçu dans l'idée de créer un paysage naturel qui serve de refuge contre l'environnement urbain Et enfin, le jardin et la place sont égayés par des sculptures, une fontaine et un étang. Toutes les représentations au sein de la salle sont liées avec KBS Télévision et sont retransmises dans toute la Corée. On envisage à présent la possibilité de construire d'autres salles de ce genre dans plusieurs grandes villes du pays dans le but de promouvoir la culture régionale. Le Nori-Madang de Séoul Le Nori-Madang de Séoul se trouve à l'intérieur du Parc du lac de Sokch'on, un

domaine qui recrée l'ambiance d'une vieille ville coréenne. Le parc est entouré de tombes qui remontent au royaume de Paekche (18 av.].C- 660 ap.J.C). Avec ses 8300 mètres carrés de terrain, le Nori-Madang de Séoul est le centre d'enseignement et de préservation des arts traditionnels coréens. Des cours de pièces folkloriques comme le Tongy6ng

Ogwangdae, Kos6ng Ogwangdae, Su)i5ng Yayu et le Songp'a sandae nori sont données régulièrement La scène en plein air est de 460 mètres carrés et ses gradins peuvent accueillir 1.500 spectateurs. Enfin, le bâtiment de derrière atteint quant à lui 'XIJ mètres carrés et il est construit dans un style traditionnel, avec un toit de tuiles et des colonnes de pierre. Le Théâtre Munye Situé dans le Parc des marronniers au coeur de Taehagno, la rue de la C\llture et des arts, le Théâtre Munye a ouvert ses portes en avril1981. Depuis, il a largement contribué au développement des arts coréens en fournissant des scènes luxueuses et en mettant à l'affiche des représentations de grande qualité. Construit sur un site de 4.940 mètres carrés, le théâtre est un complexe de taille moyenne typique qui comprend une grande salle pour 710 spectateurs, et une autre plus petite de 200 places. La salle principale est composée d'une scène qui peut a~cueilr plus de 100 représentations par an, y compris les événements majeurs comme le Festival de danse de Séoul. La petite salle, quant à elle, est consacrée aux représentations d'essai Pour ces dernières, un comité de tri composé __d'experts sélectionne les artistes. De plus, une équipe hautement qualifiée assiste les troupes dans leurs représentations. Enfin, le Théâtre Munye participera aussi au congrès de l'Institut international du théâtre de Séoul. La salle d'arts Ho-Am La salle d'arts Ho-Am a ouvert ses portes en mai 1985 dans l'immeuble Joongang Ilbo. Son espace total est de 5.150 mètres carrés et de 866 places disposées en deux parties. Avec une scène de 530


mètres carrés, Ho-Am est un théâtre de taille moyenne qui permet un plus grand rapprochement entre les artistes et les spectateurs. La scène est ultra-moderne, mobile horizontalement et verticalement et capable de recevoir 200 artistes en même temps. La salle, quant à elle, est équipée de matériel d'interprétation simultanée pour six langues, ce qui lui permet non seulement d'accueillir une grande variété de représentations mais également de recevoir des conférences internationales. Enfin, le système de contrôle assisté par ordinateur permet aux lumières et aux sons de s'adapter à chaque occasion Le choix des représentations est très sélectif du fait que le comité de tri loue difficilement la salle. Baptisé avec le pseudonyme de son fondateur Lee Byung-chul fondateur du groupe Samsung, la salle joue un rôle clé dans le projet de Samsung de promouvoir l'art et la culture coréens. Le Centre d'art dramatique Le Centre d'art dramatique a été cons~ruit au pied du mont Nam face nord, en tant que premier théâtre exclusivement réservé à l'art dramatique. Fondé par feu le dramaturge Yu Ch'i-jin, il a ouvert en 1962 avec Ham/et de William Shakespeare. Le but premier du théâtre était de donner des représentations 365 jours par an, mais à cause d'un manque d'intérêt du public, le théâtre a rapidement été confronté à des difficultés financières. En dépit de ces problèmes, les représentations continuèrent et il pouvait même se vanter de son "projet de développement du théâtre sur trois ans". il continuait ainsi à faire pression pour que le théâtre coréen et que la formation théâtrale évoluent Malheursmn~ le rideau se baissa en 1963 lorsque l'argent vint vraiment à manquer et que les artistes quittèrent le théâtre. Mais la réputation du centre fut tout de même préservée par l'Académie d'art dramatique, une école qui était affiliée au centre. Cette académie est à présent utilisée comme salle de conférence par le collège d'arts de Séoul. A l'origine, le centre était équipé d'une

Dans le sens des aiguilles d'une montre, à partir du haut: le hall principal du théâtre Munye, le Nori-Madang de Séoul, le Centre d'art dramatique, Ye-ak-dangetla salle d'arts Ho-Am 43


scène centrale circulaire et de deux autres scènes sur les côtés. Une architecture qui rappelle celle des estrades pour les chorales dans les cathédrales. Cependant, dû à son état de délabremn~ le centre est actuellement en rénovation pour devenir un théâtre ultra-contemporain d'ici mai 1997. Et lorsqu'il réouvrira ses portes, il accueillera un festival international d'arts . en septembre de cette année. Le centre d'arts Dong Sung Le centre d'arts Dong Sung, un autre point de repère de Taehangno, fut fondé en 1989 avec pour but de stimuler la créativité individuelle et de jouer un rôle catalyseur dans le support mutuel au sein de la communauté des arts. C'est un ·théâtre aux multiples fonctions, avec la salle Dong Sung, le petit théâtre, et le cinéma La salle Dong Sung, au sous-sol du centre, est un théâtre de taille moyenne comprenant 500 places partagées en deux

étages, dont un équipé de balcons. La scène est traditionnelle et peut facilement accueillir les représentations d'art dramatique, de danse et bien d'autres encore Enfin, les sièges sont dispersés dans la salle en forme d'éventail. Le centre a la réputation d'être un foyer pour la créativité, au sein duquel il n'y a aucune barrière entre les genres artistiques. Le petit théâtre de 180 places et baptisé le Studio du théâtre Dong Sung, se trouve au cinquième étage du centre. Initalem~ c'était le site du Festival de théâtre Dong Sung. Réservé uniquement à l'art dramatique, le théâtre sert à présent d'espace expérimental pour les jeunes artistes prometteurs. La scène est adaptable, ce qui lui permet une grande diversité d'arrangements de l'espace, ainsi que du décor grâce au haut plafond En plein air, le centre a aussi son traditionnel nori-madang qui accueille les pièces folkloriques et les concerts ainsi que

des expositions d'arts. D'ailleurs, cette année, il recevra un festival de théâtre international. Enfin, avec son cmema, la Cinémathèque Dong Sung, le centre joue également un rôle important pour l'activité cinématographique en Corée. Il organise souvent des festivals de films à thèmes. Le centre d'arts des Petits Anges Le centre d'art des Petits Anges de Séoul a été construit en tant que théâtre pour la troupe du même nom, fondée en 1%2 Les travaux commencèrent en 1973 et le théâtre fut seulement inauguré en novembre 1981. Ce fut la décoration intérieure qui prit le plus de temps. Quarante spécialistes internationaux venus de neuf pays différents ont travaillés pendant dix-huit mois afin de donner à chaque pièce une toucbe et un fini particuliers. Le centre comprend quatre étages et

Le centre d'arts Dong Sung (ci-dessus à gauche), le centre d'arts des Petits Anges (ci-dessus à droite), la scène de représentation au Village Folklorique de Corée (ci-dessus) 44


Spectacle de marionnettes au Centre pour Enfants de Ch'unch'on

son style s'avoisine à celui d'un opéra. Parmi les différentes pièces, la salle principale, de taille moyenne et baptisée "La chambre bleue", et un petit théâtre, ''La chambre rouge". Chacune a son hall et peut se vanter de posséder du matériel dernier cri pour le son et la lumière. Pius précisement, "La chambre bleue" peut contenir 1.282 spectateurs et accueille les représentations artistiques, mais aussi les banquets officiels et bien d'autres événements encore. Enfin, le centre d'arts des Petits Anges possède un élément de décoration unique, une fontaine en face de la scène. Le Village folklorique de Corée Le Village folklorique, situé à Yong-in, à trente kilomètres environ de Séoul, est un lieu très populaire parmi les Coréens et les étrangers dans la mesure où il dévoile tous les aspects traditionnels de la vie coréenne d'une façon réaliste et accueillante. Construit sur 99.000 mètres carrés de terrain, le village est entouré de magnifiques forêts et de ruisseaux transparents. C'est une reproduction de l'ancien mode de vie des Coréens, allant des maisons aux toits de chaume du peuple jusqu'aux plus luxueuses propriétés aristocratiques. Le villàge est également le domicile des artisans qui se sont engagés à préserver la tradition. On peut admirer leur grande habileté lors des démonstrations. De plus, tout en se promenant, les visiteurs ont le

plaisir de rencontrer des hommes de l'aristocratie porter leurs grands chapeaux appelés kat, ou bien des jeunes célibataires avec leurs longs cheveux tressés, ou encore des étudiants qui apprennent leurs leçons sous la baguette d'un professeur bien strict Bien.sûr, les visiteurs apprennent beaucoup sur l'ancien style de vie coréen, mais ils peuvent également en connaître davantage sur les arts et la culture traditionnels à travers la musique fermière et les pièces folkloriques qui se jouent dans le nori-madang en plein air. Des cérémonies de mariages sont également simulées, donnant aux visiteurs un aperçu intimiste de la culture coréenne. La salle de spectacles de Kwach'on La salie de spectacles de Kwach'on fut construite en anticipation à la demande culturelle du XXIème siècle. Son but est de donner plus facilement accès aux arts et à la culture régionaux. Ouvert en 1995, le complexe se compose d'une salle principale de 1.004 places, d'une plus petite salle de (ij7 places, ainsi que d'un théâtre en plein air de 3.597 mètres carrés qui peut recevoir plus de 1.200 spectateurs. En septembre 1997, ce dernier accueillera un festival international de danse de masques à travers lequel les artistes occidentaux et orientaux se rencontreront. Polyvalente, la salle de spectacles de Kwach'on est également équipée d'une

salle d'exposition, et de lieux réservés au sport et à l'éducation. Enfin, Kwach'on, située dans la banlieue sud de Séoul a la réputation d'être une des villes les plus agréables dans la mesure où le paysage est très plaisant et qu'on y trouve de nombreuses installations culturelles. Le centre pour enfants de Ch'unch'on Situé à Ch'unch'on, autrefois le domicile de la noblesse militaire, et à présent la capitale de la province de Kangwon, le centre pour enfants se trouve précisément sur une colline qui domine un lac. Les travaux du centre débutèrent en 1979 afin de commémorer l'A nnée internationale des enfants et furent achevés _à temps pour le huitième Festival du sport juvénile, en 1980. Le centre est composé d'une grande salle pouvant contenir 200 spectateurs, et d'une petite salle de 30 places. Cependant, le coeur du centre est situé en plein air ;:.tvec son théâtre de 2.000 places. Son espace total est de 1.980 mètres carrés dont 130 mètres carrés de scène qui ont comme toile de fond le lac Üiam. Enfin, tous les mois de mai le centre accueille un festival international de marionnettes. Réunissant les marionnettistes du monde entier, le festival a transformé la ville de Ch'unch'on en un site culturel international. Ce qui est particulièrement significatif quand on sait que peu d'événements internationaux sont organisés en dehors de Séoul. + 45


GROS PLAN

Les namsadangp'ae, troupes de comédiens ambulants de Corée Sim Woo-sung

Spécialiste du folklore Conservateur au musée du théâtre folklorique de Kongju

Q

ui ront les. comédiens ambulants? A l'époque du royaume de Chas6n, le mot kuangiae (comédien, acrobate) était une appellation générale - on parlait aussi de clxle-in (celui ·qui fait des. tours d'adresse) - désignant les. artistes. qui s'adonnaient à des. activités pour les divertissements populaires, comme les · danses masquées, le théâtre de marionnettes, l'acrobatie sur la corde raide, l'acrobatie, le p'ansori (drame chanté) et autres. Cependant, on trouve de; traces. de tels artistes. bien avant la dynastie de Chas6n et leur histoire semble remonter jusqu'à l'époque des Trois Royaumes (avant l'an 666) : dans les documents écrits, on découvre les appellations uin, ch'angu, clxle-in (acrooote), bt'i[p(comédien) et autres. ~ plus, ces. kuangiae se répartis<illent en deux attégories. : la première comprenait des. gens désignés sous le nom de taery6ngkuangiae, qui étaient des. artistes. vivant avec leur famille et qui, sur l'iiwitation soit des administrations, roit des. perronnages. influents et riches. de la noblesse, allaient oiganiser des. spectacles avec chants, danses, musique à cordes. ou à vent, acroootie sur la corde raide ou autres ; la seconde comprenait les kzmng:lae errants qui, :ru1S domicile fixe, ni famille, menaient une vie vagabonde On les. appelait les "kwangdae nomades" et les groupes (troupes) les plus représentatifs étaient désignés sous le nom de namsadanf!P'ae. Ces troupes étaient des organisations homosexuelles composées uniquement d'hommes. ; il existait aussi des. sadangp'ae, troupes. composées. uniquement de femmes, qui menaient aussi une vie vagabonde en s'adonnant à la danse, au chant et à divers jeux acrobatiques, comme 46

disparai"tre les. unes. après les. autres. et, de nos purs, il ne reste plus que les.. namsadaYI{!jJ'ae D'ailleurs, aujourd'hu4 ces namsadangp'ae sont mélangés avec les sadangp'ae et diffèrent des. troupes. traditionnelles. pour ce qui est de leur composition : actuellement, les. membres. en ront des. personnes. qui ont une famille et mènent une vie sédentaire, surtout dans la région métropolitaine de Séoul

l'acrohltie sur la corde raide TI existait aussi bon nombre de troupes. vagabondes répondant aux noms de sottaejangip'ae (sodop'ae), de taekwangdœp'ae (chukkuang:laep'ae), de chbranip'~ de k6llipp'ae, de chungmaegu (chungki5llipp'ae), de kuang:laep'ae, de kuifngp'a~ de kags6rip'ae, de yaeg[pngsa (marchands d'histoires.). ~ telles. troupes. d'artistes. nomades. se sont maintenues avec beaucoup de difficultés jusqu'au cours des années 1920 pour

L'origine des namsadangp'ae Il existe trop peu de documents écrits parvenus jusqu'à nous pour permettre de faire la lumière en ce qui concerne l'oligine et le prGCeSSus de la fonnation des. troupes. des. namsadangp'ae Tout particulièrement, étant donné qu'il s'agissait de spectacles et divertissements destinés non pas à la classe dirigeante, mais à celle des. gens du commun du peuple, même s'il est passible de découvlir certains documents éaits, ils parlaient de ces. troupes., et collectivités de façon purement négative, les. jugeant comme des. groupements · immoraux et dépravés. Ces. documents ront souvent des directives demandant aux adrninistrations régionales. de les. swveiller et rédigées. en des. termes. comme :.". .. Les jeux vulgaires de ces bandes de vagabonds doivent être interdits." Sans porter la moindre attention ou le moindre intérêt à l'anière-plan ou à l'origine de ces jeux et spectacles organisés par les namsadangp'ae, ces documents les considèrent généralement comme "des. jeux pervers de gens vulgaires''. Cependant, aux époques. concernées, ces. jeux et spectacles ( namsadangp'ae nort) représentaient pour les paysans et les pêcheurs qui travaillaient une conrolation et un encouragement incomparablement précieux ; ils constituaient :ru1S aucun doute



La reprise de la tradition de Kil nori, la célébration de la vie du village et la prière pour la paix et la prospérité

par la danse et lam usique

possible un art populaire important pour . redonner un peu de force et de cow-age aux gens du peuple Les spécialistes qui procèdent à des recherches dans ce domaine s'accordent pour estimer que l'origine de tels artistes remonte jusqu'à l'époque des Trois Royaumes et même ~ucop plus loin dans l'Antiquité Pendant que le peuple coréen pas'illt par les étapes de la chasse, du nomadisme, puis de la société agricole, ce qui pourrait être . considéré comme la route suivie par ce peuple tout au long de son histoire passée, il se formait des collectivités populaires s'adonnant à la vie vagabonde pour prcx::éder à l'organisation de ;::ux et de spectacles ; ces collectivités nomades qui suivaient les tribus au cours de leurs déplacements devaient finir par former des sortes de communautés d'artistes et, même quand les tribus furent devenues sédentaires, elles continuèrent probablement à errer de région en région tout en se développant sous forme de troupes d'artistes spécialisés et, conune on le sait, elles ont réussi à se maintenir ainsi jusqu'au début du XXème siècle. D'un tel point de vue, les namsadangp'ae furent cettainement les troupes de ce genre dont l'otigine est la plus ancienne panni toutes les troupes et collectivités de comédiens ( norip'ae) populaires du peuple coréen ; de même, le contenu de leurs jeux et des spectacleS qu'ils organisaient fut cettainement le plus diVers et le plus remarquable Depuis qu'en 1964, ces jeux ont été désignés comme No. 3 des trésors culturels immatériels impottants de la République de Corée, ils se sont transmis de nouveau et 48

jusqu'à nos jours grâce aux membres des familles et aux proches des nanwdangp'ae dautrefois. L'organisation des namsadangp'ae Le chef dune troupe des namsadangp'ae était désigné sous le nom de kkoktusœ et il avait sous ses ordres 40 à ::0 personnes : un komjXIfngisœ, plusieurs ttllnsœ, les kay54 les ppiri; il y' avait encore les crosUngp'ae et les porteurs de fardeaux (tünfl)imp'ae), comme expliqué ci-dessous.

kkoktusŒOe chef de la troupe) komjXlengisœOe gérant et organisateur) ttllnsoe Oes doyens pour chaque genre de ;::ux) clx5süngp'ae (vieillards qui ne peuvent plus tmvailler) nagwisœ(porteurs) t6lmisoe (artistes du théâtre de mationnettes) t6tp:xgisœ(artistes des danses masquées) onlnmni(aaobates sw· corde raide) slap'ansoe(ao·obates ordinaires) 6llünsoe (artistes des tours de prestidigitation) jxmasoe (artistes-acrobates faisant tourner les assiettes) lxxxi6knim (chanteurs) sangmutongnim (danseurs) p:3kkunim(j:Jueurs de petit tambour) hoej6ksunim (joueurs de clarinette coréenne) puksunim (pueurs de tambours) kojangsunim (joueurs de tambour en forme de sablier)

chinsunim 0)3.tteurs de gong) sanggongunnim (sangsoe ; joueurs de cymbales) kay)l (détenteurs de la technique sous les ordres des ttllnsoe) ppiri c;::unes enfants en fonnation) Le kkoktusoe est le chef totalement responsable de la troupe en ce qui conœme les relations avec l'extérieur et toutes les questions intemes, et c'est en fonction de ses capacités personnelles que les "membres de la famille" (c'est ainsi que l'on appelle les membres de la troupe) se réunis.sent et se dispersent. Les règlements qui régissent la communauté exigent une discipline totale et sont d'une telle rigueur qu'ils interdisent même toute exception Etant donné que l'on avait btrsoin d'une cinquantaine de personnes pour la bonne marche de la troupe, afin de combler les places vides, quand il y en avait, avec l'autotisation des parents, on y prenait des enfants mâles appattenant à des familles pauvres (la plupart du temps, .les familles acceptaient de les donner parce qu'elles n'étaient pas en mesure de les nourrir) ou encore, on choisissait des orphelins ou des enfants qui s'étaient enfuis de la maison patemelle nparaît qu'il y avait même des cas de t-apts denfants. Le k/.."'ktusœ était nécessairement unique ; par contre, si le komjXlengisœ, qui était son assistant, était généralement seul, il existait des cas où il y en avait deux, par exemple en t-aison de l'impottance et de l'envetgure de la troupe. Dans l'argot des nanmdangp'ae, le mot


kompaengi signifie "autorisation" et le komjXlengisoe était le membre de la troupe dès que la troupe arrivait dans une région ou un village, avait la charge de s'acquitter des fonnalités pour l'obtention de l'autorisation préalable exigée pour pennettre l'organisation des ;:ux et spectacles. Dans les cas où il y avait deux komjXlengiscœ, l'un d'eux était appelé kü lkompaengisoe (dans l'argot des ryamsadangp'ae, le ku! désignait le tiz et les vivres) et était- responsable de toutes les questions relatives à l'aprovis~ : mnet en riz et vivres, ce qui représentait un problème capital pour la vie des membres de la communauté Parmi les artistes ét acteurs de chaque troupe des namsadangp'ae, les doyens de chaque discipline et domaine des jeux et sÇxrtacles étaient désignés sous l'appellation de tll'insoe:en général, ils étaient environ quatorze ny avait: Le san[Jpngunnim : le chef de la troupe pour la danse des paysans ; èétait en même temps le premier des puems de cymtales Le chinsunim : le doyen des pueurs de gong Le kojmg;unim : le doyen des puems de taml~ur en fonne de sablier Le puksunim : le doyen des joueurs de tamoour Le fxx!p/.."Sunim : le doyen des pueurs de c:latinette coréenne Le p:3kkunim : le doyen des joueurs de petit tamoour Le sangmutongnim : le doyen des artistesdansetus Le hoedoknim : le doyen des artistes chatgés du chant Le p:3nasoe: le doyen des attistes-aadntes qui faisaient tOluner les assiettes et pratiquaient d'autres tows d'adresse Le ollu nsoe : le doyen des magiciens et prestidigitatews Le on'i nwni: le doyen des aadntes de la corde raide Le salp'ansœ: le doyen des autres aadntes Le totpoegisoe : le doyen des danseurs ch.:'Ugés de' l'exécution des danses tnas::jt.Iées Le tolmisoe: l'artiste-acteur (on disait le taejabi) qui était chargé du maniement des n1a1ionnettes pour le kkoknt[fli.."Sinori (Dans le cas du lxxrioknim et du ollunsoe, personne ne détenant aujourd'hui la

des ;:ux et des spectacles qui sont considérés comme convenant à leur niveau et, sans parler des menus travaux qui leur sont confiés, ils suivent une fonnation dans l'une ou l'autre des techniques afin d'accéder au rang de kay5l nfaut aputer que jusqu'au pur où ils accèdent à ce niveau, ils portent toupurs des vêtements féminins

qu~

Le chef de la troupe est choisi sm la

œse

du consentement de l'ensemble des membres de la communauté et, quand la vieillesse l'empêche de s'acquitter de ses fonctions ou quand, à cause de quelque faute, il a perdu la confiance des autres membres, il cède sa place au ttünsoe recommandé pat· le plus grand nombre après une décision adoptée à la maprité absolue après délibératim Pout: ce chef de la troupe, paraît-il, les fonctions n'étaient pas, dans le passé, limitées par un mandat d'une dw-ée délimitée à l'avance

Tableaux représentantdiversesscènesdu

spectacledeNamsadang (à partir du haut): marionnettes, danses masquées et acrobaties. Kkoktugakshi nori, le jeu des marionnettes, quelquefois désigné sous le nom detolmi,pakch'omji nori ou

hongdongji nori, se produit traditionnellement en plein air. Les mouvementsdesmarionnettesfaitesde boissontlimitésàlapartiesupérieuredu

corps.

technique traditionnelle, leur rôle n'a pas été conservé jusqu'à notre époque) Selon l'impottance des ;:ux otganisés et de l'envetgure de la troupe, les ttt'insoe peuvent avoir sous leurs ordres des kay54 qui peuvent être assistés eux-mêmes pat· des pir~ qui sont des enfants ou des ;:unes gat-çons en cotus de fotmatiorr Quand les tll.'insoe le jugent possible, ces ppiri peuvent être choisis et employés pour

Bien que ce ne soit plus le cas à notre époque, il faut absolument rappeler qu'autrefois les namsadangp'ae constituaient des organisations homosexuelles réparties en "camatades mâles'' et "eat11atades femelles''. S'il existait celtaines exceptions, en général, les "camatades mâles'' étaient les men1bres de la communauté du mng de kay5l ou plus ; les "eatnmdes femelles'' étaient les ppiri Même le chef de la troupe ne pouvait pas s'attacher plus d'tme "camatade femelle" et, les ppiri étant en nombre infériew- à celui des autres membres, il était difficile pour certains de former un couple D'ailleurs, on assistait à une violente concwTence et à des querelles entre les troupes désireuses de se procw·er ces ppiri ; et si ces querelles étaient un moyen de foun1ir autant que p::ssible des "eatnatades femelles'' à tous les membres adultes de la corrununauté, elles avaient surtout pour cause le fait que la populatité d'une troupe des nanwdangp'ae était d'autant plus grande qu'elle comptait davantage de plis "eatnmdes femelles''. Les six parties des namsadangnori Les endroits où l'on organisait les ;:ux et spectacles des namsadangp'ae (nanwdang nori) étaient surtout les régions des campagnes et les villages de pêcheurs et, même s'ils étaient organisés dans les grands centres (les villes), plutôt que ces centres 49


urbains à proprement parler, il s'agissait des villages peuplés de gens de la classe du commun du peuple et situés hors de l'enceinte des remparts de la ville Quant aux époques de l'année choisies pour ces représentations, elles allaient de la fin du plintemps à la fin de l'automne, de façon à éviter la saison des grands froids de l'hiver. Quand les namsadangp'ae désiraient organiser une représentation dans quelque village, il leur fallait commencer par obtenir une autolisation préalable du cjlef du village A la saison des travaux des ture (groupes d'entraide des régions rurales travaillant à tour de rôle dans chacune ~es familles membres), la bannière des ture flottait toupw-s dans les champs ; alors, les namsadangp'ae de passage agitaient leur propre bannière d'un endroit surélevé pem1et:tant tme vue sw- l'ensemble du village, par exemple du haut d'un col situé dans les environs, puis exécutaient la musique "et la danse des paysans tout en faisant des tours d'acrobatie. Si, en voyant cela, les habitants de la région décidaient d'accueillir la troupe en question (évidenunent, illew- fallait d'abord obtenir l'acceptation du chef du village), ils agitaient leur bannière du ture en guise de signe destiné à inviter la troupe à entrer dans le hame:m A la saison où il n'y avait pas de ture, les namsadangp'ae exécutaient aussi toutes so1tes de tours aod:Gtiques dans un site idéal pour avoir vue sur les agglomérations et le kompaengisœ pénétrait dans le village powfaire sa demande à son chef et en obtenir l'autorisation préalable. Quand il l'avait obtenue, tous les membres de la troupe descendaient avec fie1té et défilaient au son de la marche de la musique des paysans en criant "Nous avons obtenu l'autolisation f' En vue de procéder à l'organisation des six parties des jeux et spectacles de la représentation dans l'ordre suivant : musique des paysans (pimgmu[), ao·obatie consistant à faire tourner des assiettes et autres (Jxma), tours acrobatiques ordinaires (salp'an), acrobatie sur la corde raide (6ri1m), danses n1:1SCJUées' ( falnorz), théâtre de malionnettes (t6lmi ou· kkoktug;tksinonlm), sw- tm temlin suffisamment vaste, on commençait par inst.:1ller la corde raide et la scène (pbjanf!) pour le théâtre de marionnettes et étendait sur le sol cinq ou six nattes au milieu du 50

terrain ·po1,.1r y procéder à l'exécution des divers tow-s d'ao·obatie Tous les membres de la troupe étaient reçus chez les habitants et, quand ils avaient tenniné le repas du soir dans les familles du village, au ·plus tôt vers vingt heures, le spectacle commençait Pendant que les musiciens de la danse des paysans (p'ungmuljaebi) défilaient dans toutes les rues et ruelles du village en exécutant la musique de la marche de la danse des pa ysans, les habitants défilaient denière eux pow- participer à des jeux de me Nous donnerons quelques explications succintes pour présenter dans l'ordre de représentation les six parties des jeux et spectacles que donnaient les namsadangp'ae

La danse des paysans (p'ungmu[) : Etant donné qu'il s'agissait de troupes de comédiens (kuarzgiae) nomades parcourant sans cesse les huit provinces du royaume, la danse des paysans des namsadangp'ae n'était pas une danse d'une région pa!1iculière : c'était une composition réunissant habilement les éléments les plus remarquables de la musique et de la danse des paysans des diverses régions

En elle-même la mélodie et le rythme étaient d'une grande diversité et les figures folmées sw- le terrain par les musiciens avec leurs instmments étaient, paraJî-il, analcgues à celles des musiciens militaires d'autrefois. Etant donné qu'en faisant l'addition des musiciens pow- les cymbales (trois), les gongs (deux), les taJnbours (trois), les tambours en forme de sablier (six), les petits tambours (huit), les clarinettes coréennes (deux), les dansew-s (cinq), le comédien avec le masque du personnage de la noblesse (un), le portebannière et autres, la représentation exigeait la participation d'une bonne trentaine de personnes, si bien qu'autrefois comme de nos pw-s, il n'était pas facile de fonner tme telle troupe avec des éléments bien entraînés Afin de montrer qu'il s'agissait de jeux et de spectacles auxquels participait toute la population du village, au moment de l'exécution de cette danse des paysans, les hommes du village arrivaient avec la bannière du ture et l'on faisait porter celle de la troupe pa~· quelqu'tm du village Tous ces éléments et particulaJités sont représentatifs des nammlangp'aenori L'ao·obatie consistant à faire tourner des


Un acrobate en costume traditionnel sur la corde

"mndu par denière'', "kondu éclail', marche

sur les. mains et autres, les aa"dXltes saisissent des deux mains lm braséro rempli de braises, le po1tent devant eux en opérant des sauts, JXlur finir par exécuter des voltiges en l'air et des sauts péJilleux avec le br<l!éro dans les bras L'acrobatie sur la corde raide (6nlm) : il s'agit d'une acrobatie aussi difficile que la marche sur la glace (6nlm en coréen), d'où son nom La marche et la danse sur la corde raide sont exécutées aussi pendant l'éch:'U1ge de répliques entre l'aa-obate et les clowns au rythme de la musique exécutée par les c!xlehi : il y a la marche en av n~ la marche en arrière, les sauts périlleux, et autres. Elle se termine par "la marche du général N~du" destinée à provoquer le suspens chez les spectateurs.

ob~ts

(Jx5na) : Cette aadX!tie consiste à faire

tourner une .roue sur les deux côtés de laquelle on a apposé une toile très résistante, ou bien, au moyen d'une tige de bois de prunellier ou d'une longue pipe avec tuyau de bambou, les p6najaehi et les clowns (6ritkuang;lae) font toLUner des assiettes, des bols et des cuvettes en prcx:éclant à l'échange de répliques pleines d'humour, comme cidessous: le p:5najtehi: 'jai l'estomac d1I1S les talons ; alors, si on se mettait à faire tourner la vaisselle?' le 6ritkuang;lae: 'Tu parles ! Mon pauvre a·étin ! Fais-la toumer si t'en as envie, mais, sans parler de riz, ça ne risque pas de te donner même une goutte d'eau f' L'acrobatie sur le sol (salp'an) : Cest l'acrobatie ordinaire, dont le nom salp'an signifierait qu'elle pennet de vivre à celui qui la réussit et la mort à celui qui commet quelque erreur. il y a aussi les appellations tanf!)ej~ (adresse à terre) et kondu Ces tours d'acrobatie sont exécutés en même temps par les salp'ansoe (acrobates) et les clowns, qui échangent des répliques Après l'exécution de tours acrobatiques désignés sous le nom de "mndu par devant',

Les danses masquées (t6tjXJegz) : Le mot totjXJegi ·signifie "regarder en ayant le visage caché". En comparaison des danses masquées régionales, plutôt que de répondre à un IitlieL les danseurs s'efforcent de répondre à l'attente et à l'ambiance de la comi1mnauté locale du moment et, plutôt que d'une danse à proprement parler, on se trouve en présence d'une sorte d'art dramatique satirique, qui accorde une extrême impo1tance au dial ~ ue humoristique et au jeu des acteurs, d'un théâtre qui veut être une forme de revendication consciente en se plaçant d1I1S la position des gens du bas peuple JXlur faire la lumière sur les conflits qui surviennent entre les membres de la classe noble (Jn.nglxm) et ceux de la classe des gens du commun du peuple. Les quatre épisodes au pr~ame du spectacle sont les suivants : la préparation du site pour le spectacle ( madang;sist), le r e~ t et la dénonciation des influences extélieures (omt'a{Pbz), l'opposition aux contradictions internes (saennim1ahl) et la satire dirigée contre les moines bouddhistes dépravés ( m6kjungj;thz).

Le théâtre de marionnettes (t6lmz) : Ce théâtre de marionnettes désigné sous le nom de t6lm i po1te un tel nom, semble-t-il, en raison de la façon de manier les mationnettes,

qui consiste à les faire se quereller en se saisissant au collet (en coréen, le collet du vêtement Se dit t6lmz). Si l'on examine les grandes lignes du contenu du dial~ue, on peut se rendre compte que, grâce à l'entrée en scène de plus de quarante personnages et à une dizaine d'objets, on procède à la représentation de deux actes et sept épisodes indépend'U1ts mais en relation les uns avec les autres. On y traite 1) les abus de la classe féodale dirigeante et la résistance du bas peuple devant de tels abus, 2) le problème des religions introduites de l'étranger, !Xlr une violente critique et une satire mordante à l'égard des moines défroqués, 3) la chaleur des sentiments, les souhaits et les espoirs un peu simples des gens appartenant aux masses populaires 1 L'acte où intervient Pak Ch'omj : a) L'épisode des périgrinations de Pak Ch'omj b) L'épisode de la ~une fille (p'ijm) c) L'épisode des mationnettes d) L'épisode de isimi (une sorte de monstre qui n'est ni un dragon, ni un serpn~ et qui dévore les personnages pervers de la noblesse)

2 L'acte où entre en scène le gouvemeur de la province de P'yongan a) L'épisode de la chasse au faucon b) L'épisode du corbillard c) L'épisode au cours duquel les mationnettes procèdent à la construction puis à la démolition d'un temple bouddhique La représentation des six ~ux et spectacles des namsadangp'ae exposés ci-dessus exigeait un minimLUn de t!'ois heures Depuis quelques temps, chaque année, il est organisé des représentations dans tout son rep~toi ; on reçoit aussi des den1:'U1des de l'étranger, si bien que ce genre de spectacle populaire est relativement bien connu non seulement en Corée, mais aussi dans le monde entier. Pa!mi les trésors culturels humains (personnes désignées comme détenteurs d'un art ou d'une technique traditionnels), on peut citer Pak Kye-sun et Nam Ki-hwan ; en tant que candidat pour une telle désignation à l'avenir, il y a encore Pak Yong-t'ae, spécialiste dans la confection des n1:1sques et marionnettes + 51


GROS PLAN

Les masques coréens représentant des maladies de peau Lee Sung-nack

'I

Professeur de dermatologie Ecole de médecine, Université de Aju

ils ne sont pmais des accessoires décoratifs. Ils sont plutôt des accessoires pour la danse et en sont par conséquent indissociables. La fonction sociale de la danse des masques détermine dans chaque pays le style des masques. Afin de comprendre les masques, il faut d'abord comprendre les danses. Certaines danses de masques ont été inventées afin de stimuler le courage des

l existe des masques partout dans le monde mais les masques coréens sorit uniques parce qu'ils représentent des visages qui portent les symptômes de mala. dies de peau ou d'autres maladies de peau" Des masques de toutes sortes ont été transmis dans le monde entier au cours des âges. Tous les pays européens, même dans les simples villages, possèdent des masques traditionnels, y compris ceux utilisés par les classes privilégiées au coms de œJs masqués à partir de la fin du Moyen-Age On trouve de beaux masques en Afrique, en particulier dans la partie centrale de l'Afrique du Sud Lorque l'on étudie les particularités des masques des régions du Sud du Pacifique, d'Asie du Sud-est, des Amériques, de Chine, du Japon et de Corée, on ne peut qu'être fasciné par tout ce qu'ils révèlent sur chacune de ces cultmes.

I..ema.squeMWldWlg (ddessus)évoqueles

symptânesdelalèpre,alorsquelemasque Sonnim (à droite)évoque c:ruxdehvatille

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Le symbolisme d'un masque ne prend tout son sens qu'en relation directe ou indirecte avec les us et coutumes du pays qui l'a créé La plupa1t des pays ont développé une culture de masques propre mais les masques ont une caractéristique commune :

gumiers qui prépa1mt des guerres ttibales, d'autres pow· exorciser tm village de démons et maladies. Certaines danses sont aussi le su# d'un drame ; les masques servent alors à souligner les effets dramatiques. Les danses de masques en Chine, au Japon et en Corée proviennent toutes de représenttions dramatiques. Les danses de masques coréennes sont différentes de celles de leurs voisins. Les inttigues des danses de rnasques en Chine et au Japon reposent en général sm l'histoire du pays. En Corée, elles représentent des caractéristiques régionales. C'est ainsi que chaque région possède ses propres danses de masques et les inttigues diffèrent légèrement


Le masque Hongbaek est rouge et blanc (à gauche). Il fait penser au syndrome de Sturge-Weber, qui provoque des excroissances vasculaires (en haut).

selon le village et l'éfxxlue à l'intérieur d'une même région, preuve d'importance de la spontanéité dans leur création la ptincipale caractéristique des danses de masques coréennes·est un puissant régionalisme Les (lliticularités régionales ont été préservées en grande partie en raison de l'absence d'échanges entre les régions faute de moyens de communication

Ces danses se sont transmises sous forme de culture populaire en même temps que les caractéristiques de chaque région Outre des intrigues de base ancestrales, elles représentent des événements récents pmpres à la vie d'un village Les danses de masques n'étaient pas seulement représentées pour le bienfait des propriétaires terriens ou des classes dirigeantes mais aussi pour les villageois.

Une fois par an, on permettait aux paysans de porter des masques pour dissimuler leW" identité et puer des &~ynètes qui critiquaient et ridiculisaient la classe des dirigeants Cétait poW' les pay&J.ns une façon de faire connatî:re aux seigneurs les difficultés et les rigueurs de leW" vie quotidienne A la fin de la danse, seigneurs et pay&J.ns (lliticipaient à une fête et partageaient mets et bois.sons 53


offerts par les seigneurs. Les villageois évacuaient les tensions d'une année toute entière en piétinant ou en brûlant les masques utilisés pendant la danse, geste symoolique qui signifiait roubli de leurs griefs. Selon certains sociologues, cette décharge cathartique expliquerait la rareté des révoltes paysannes dans fhistoire de la société agricole en Corée. Cet aspect des danses de masques mérite donc d'être noté. Etant donné que les danses de masques relataient les événements de la vie d'un villagt:; avec le temps, elles incOrporèrent aussi des membres de la société villageoise. Les masques étaient petits ; aussi ne représentaient-ils que des traits uniques et caractéristiques d\.m v~ge Ce qui expliquent qu'ils dépeignaient souvent les visages d'individus ~ufrant de maladies de peau Un dermatologue peut reconnaître les symptômes du vitiligo (des tâches blanches) sur le masque shin-halbi et des tâches de rousseur sur le masque miy;zl-halmi utilisés dans les danses des provinces de Hwanghae et Kyonggi. Le shin de shin-lxzlbi est un terme du dialecte de la province de Kyonggi qui signifie blanc et lxdbi est le diminutif familier de . halb6j~ grand-père. Shin-halbi signifie donc grand-père à la face blanche Ceci se comprend mieux !orque fon sait que mi)alhalmi est le masque de sa femme : miy;zl signifie grains de riz et lxllmi est un terme de dialecte pour halm6ni, grand-mère. Le masque représente donc une grand-mère avec des taches blanches sur le visage semblables à des grains de riz Le dialogue entre les deux per~nags de cette dansé; toupurs représentée de nos purs, est rude et formulé dans un patois fllitique qui ~uligne

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Les danses des masques en Corée sont différentes de celles de ses voisins. En Chine et au japon, elles trouvent leurs origines dans l'histoire du pays, tandis qu'en Corée, leurs caractéristiques sont régionales. Chaque région possède des masques de danse typiques et les intrigues qu'ils figurent varient selon les villages et les époques au sein d'une même région, ce qui suggère une grande spontanéité dans leur développement.

Les masques Shin-halbi et Miyal-halmi, grand père au visage blanc et grandmère au visage avec des taches blanches(ci-dessousàgauche)etun malade atteint de vitiligo (ci-dessous à droite)

leur 01igine très mcxleste Traditonelm~ les masques de danse coréens qui représentent des membres de la noblesse ~nt peints sur un fond blanc tandis que ceux qui représentent paysans ou roturiers ~nt sur fond noir. A en juger par le fond noir du masque miy;zl-x~ on peut en déduire que le personnage est un roturier. Ceci explique aussi pourquoi les tâches de rousseur, fréquentes chez les Occidentaux mais rares chez les Coréens, apparaissent comme des points blancs sur fond noir. De mêmt:; bien que le visage du mari de miy;zl-halmi soit blanc, ce n'est pas une preuve d'une origine yangban ou aristocratique parce que son élocution prouve clairement qu'il est le mari d'une femme de milieu populaire. Par conséque~ le maK}ue shin-lxzlbi reprcxluit les symptômes du vitiligo. On pourrait aus.si attribuer la pâleur à de falbinisme mais èest peu probable étant donné que les albinos vivaient rarement vieux Le masque !xJngbaek est rouge et blanc On pourrait imaginer que ces couleurs ont été utilisées pour des raisons esthétiques ou métaphysiques mais les couleurs des masques n'ont pas de signification symoolique comme en Chine Ceci pourrait être la représentation d'une maladie congénitale rart:; le syndrome de Sturge-Weber, qui provoque des excroissances vasculaires. La maladie fait gonfler les tissus de la peau où les vaisseaux sont anormalement engorgés de sang. On peut en déduire que ce masque représente un vilageo~ ~ufrant de cette rare maladie de la peau Le masque ch'wibari représente le cb'wilxm ou ivrcgne du village nmontre les symptômes de vieillis.sement précoce courant


chez les alcooliques chroniques. Les longues rides profondes du fron~ et l'infection des follicules provoquées Jlli l'affaiblissement du système immunitaire, sont probablement représentées de façon symbolique sur les pues et le menton du IlliiE4Ue Le masque sonnim évoque les symptômes de la variole, le m ~ asque mundung ceux de la lèpre et le masque omjung probablement un visage affligé de la gale. Comme il a été souligné plus tôt, le régionalisme est l'une des _principales caractéristiques des masques, le masque mundung en est un excellent exemple Les

IlliiE4Ues des régions plus chaudes de Corée du sud représentent souvent des lépreux mais pas ceux des régions centrale et septentrionale du pays. La lèpre est rare de nos purs mais grâce aux IlliiE4Ues on peut en déduire qu'elle était courante autrefois dans les régions du sud Ces exemples laissent à supposer que les masques traditionnels coréens représentaient bel et bien des symptômes de maladie soit çx::Jur leur valeur symbolique ou Jlli souci de réalisme Un masque n'a de signification qu'en relation directe ou indirecte avec les us et

coutumes auxquels il est associé. On trouve des IlliiE4Ues dans la pluJllit des cultures et ils ont tous la caractéristique de ne ras être des ac:ce5.'üires décoratifs. Ils sont au contraire des ac:ce5.'üires de danse En Corée, les IlliiE4Ues sont différents En Chine ou au ]açx::Jn, ils trouvent leur origine dans l'histoire du fX!YS tandis qu'en Corée, leur caractéristiques sont régionales. Chaque région ÇX)SSède des IlliiE4Ues de danse typiques et les intrigues qu'ils figurent varient selon les villages et les éçx::Jques au sein d'une même région. On peut en déduire une grande Sçx::Jntanéité dans leur développement +

Le masqueCh'wibari représente

l'ivrogne du village (à gauche). Les alcooliques chroniques montrent des symptômes de vieillissement précoce avec l'infection des follicules.

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longtemps gravé dans la mémoire des personnes au point qu'au bout d'un certain temps elles reviennent dans ce village pour manger le saon tubu De ce fait, une grande partie de la population de Ch'odang se consacre à la production des pâtes de soja ou encore développe des cuisines régionales à partir de cette matière. Mais, rares sont ceux qui reconnaissent que ce village fut le pays natal de la fameuse femme écrivain Ho NansèSlhon et de son frère Ho Kyun. Avjourd'hui la demeure des Ho est préservée dans la forêt de pins et cerisiers par un vieux couple et trois chiens. Bien qu~ la date exacte de la construction n'est pas connue, d'après les documents, il s'agit bien de la demeure de l'écrivain Ho Yop établie à l'époque ChosèSn et où est née sa fille Ho NansèSlhon Ho Yop a eu un fils appelé Song et deux filles de son premier mariage avec Han A la suite de la mort de sa première femme, il s'est remarié à Kim d'origine Kangnüng avec qui il a eu deux fils Bong et Kyun et une fille Ho Nansolhon. Né dans une famille de la classe dirigeante Ho Nansolhon avait l'occasion de s'initier naturellement à la littérature au sein de ses

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Un monument en pierre en l'honneur deHoKyun(ci-dessus)etunautre monument avec l'inscription de la poésiedèHoNansi5lhon (ci-dessous) à l'entrée du villageCh'odang

frères. Mais en raison du contexte social de l'époque Choson les femmes aussi compétentes qu'elles soient avaient très peu de chance d'apprendre la littérature et les caractères chinois. A l'époque où les hommes puissaient de la supériorité sur les femmes, celles-ci étaient destinées à s'occuper du ménage et ne pouvaient pas faire preuve de leur talent dans la société Ces contraintes sociales n'ont pas empêché Ho NansèSlhon d'écrire à l'âge de huit ans un poème sur le monde de l'ermite taoïste intitulé Kwanghanjon baekoknu sangnyangmun A l'âge de 15 ans, elle se maria à Kim Song-nip mais connut un mariage malheureux Elle était abandonnée par son mari qui passait la plupart de son temps à l'extérieur de la maison et devait subir l'humiliation et les injures de la patt de sa belle-mère. De plus, elle a dû subir la perte de ses deux enfants et son bébé encore dans le ventre en même temps. Un autre malheur vient s'aputer chez Ho lorsqu'elle apprend que son frère Kyun est envoyé en exil Elle ressent alors un fort désespoir et une trahison et se consacre totalement dans la lecture et dans la poésie avant d'achever sa


vie à l'âge de 27 ans. Pour cela, le monde de la conscience de Ho a été toujours marqué par un certain désarroi et une perturbation. Toutes les conditions sont une combinaison de ce qui est humain et de l'eau Comme l'eau et la vie, l'eau et la douleur, l'eau et la pureté, c'est le côté spirituel qui agit En particulier, l'image de l'eau troublante qui revient très souvent dans les oeuvres de Ho est un symbole féminin qui domine le monde de conscience de l'auteur. L'image de l'eau troublante est comparée à l'osCillation d'un fiacre, ou d'un bateau ou encore d'une charette. Egalement, on peut entrevoir un certain désir d'évasion de la vie quotidienne incertaine à travers l'image de l'eau tranquille liée avec l'effet de purification. Le désarroi reflète en fait l'inquiétude de Ho face à la vie abandonnée et enfermée et à la norme de la société féodale

Je suis montée sur le mont Bongrae hier dans mon rêve. Je suis montée sur le dos du dragon enfermée dans l'eau de réprimandes, Les ermites taoïstes tenant une canne à la main

M'accueillent chaleureusement sur le sommet de Buyong. En bas de mes pieds, je me courbe pour regarder la mer de l'Est, Comme l'eau dans un verre, je la vois minuscule Le phénix joue de la flûte sous les fleurs, Et la lune se reflète calmement sur les éclaboussements de l'eau dorée

Un monument en pierre portant l'inscription de la poésie de Ho Kyun (ci:dessus)setrouveàKyosan, un v iliage sur la côte près du lac Kyongp'o (ci-dessous).

La poésie ci-dessus est le texte complet de Kamoa écrite par Ho Nans6lhon. Cette oeuvre traduit la réalité de l'époque Choson qui interdisait les femmes à se réaliser à travers un univers de rêve et imaginaire qui permet d'oublier la futilité et l'échec de la vie réelle. Les femmes de l'époque connaissaient de nombreuses restrictions dans la vie sociale De plus, la débauche du mari, le désaccord avec la belle-mère, la perte de ses frères et soeurs, et l'exil çie son frère Ho Kyun ont conduit l'auteur à se consoler de ses malheurs dans l'univers du taoïsme Elle a ainsi trouvé une issue dans le monde taoïste au point de le confondre avec la vie réelle On dit que Ho avait trois regrets dans la vie La première est qu'elle

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Le lac Kyongp'o (en haut) et Kyongp'odae, un belvédère sur le lac (ci-dessus) 60

soit née à l'époque Choson. La deuxième est qu'elle soit née femme Et la dernière est qu'elle se soit mariée à Kim S6ng-rip parmi tant d'autres hommes. Ce sont les raisons pour lesquelles Ho fut conduite au taoïsme Pour aller au village Ch'odang, il faut traverser le lac Kyongp'o. On imagine que la nature du village répondait en fait parfaitement avec l'état d'esprit de Ho à l'époque. Aujourd'hui, si la demeure se trouve au milieu des pins et des cerisiers, à l'époque, l'eau du lac arrivait jusqu'au pied de la maison. Ky6ngp'o veut dire pure comme le cristal. Ho Nansolhon se réjouissait de voir l'eau devant sa maison On racontait qu'à l'époque on pouvait voir


quatre lunes se refléter sur l'eau à la tombée de la nuit. Il s'agissait probablement de la lune dans le ciel, une autre dans la mer de l'Es~ une autre dans le lac Autour du lac des artistes buvaient du vin ensemble en comptant les lunes. Une cinquième était reflétée dans l'oeil du compagnon Au milieu du lac, des oiseaux migrateurs survolaient et se posaient sur la roche. On imagine que l'environnement naturel mystique a probablement inspiré Ho pour décrire le monde taoïste dans ses poésies. ll existe une haute colline depuis laquelle il est possible de voir l'ensemble du lac. Il s'agit de Kyongp'odae. D'après une anecdote, un administrateur de la

province de Kangwon de l'époque Koryo sous le règne du roi Choongsook (1326) fut surpris par quatre ermites taoïstes et bâtit un sanctuaire nommé Inwol à l'ancien endroit, mais on le transféra à Kyongp'odae à l'époque Choson et il y resta jusqu'aujourd'hui La vue qui donne sur le village Ch'odang depuis Kyongp'odae en particulier le soir où l'on voit monter la fumée dans le ciel est certainement un spectacle à ne pas manquer. On dit qu'il existe huit paysages spectaculaires de Kyongp'odae. Il s'agit du lever et du coucher de soleil au-dessus de l'horizon de la mer de l'Est, le lever de la lune, la vue nocturne des bateaux de

pêche, la porte de l'Est dans la forêt des vieux pins, et la fumée du soir du village Ch'odang. En traversant le lac Kyongp'o et en suivant la route qui longe la mer vers le nord pendant environ 10 minutes, on arrive à une petite colline détachée de la chaîne des monts Odae. A cet endroit se trouve le lieu de naissance de Ho Kyun. Ho Kyun est l'auteur du premier roman coréen intitulé Hong Kil-dong ch6n Si les jeunes ne connaissent pas le nom de leur grand-père, ils connaissent Hong Kil-dong à tel point que le nom de ce personnage fictif est répandu auprès de la population coréenne 61


Peu de gens savent que Ch 'odang fut le foyer de la célèbre poètesse de Choson, Ho Nansolhon, et de son frère cadet, Ho Kyun, auteur de l'histoire de Hong Kil-dong.

D'après une légende, la forme sinueuse de la colline rappelle le serpent qui n'a pas réussi à se transformer en dragon d'où son nom Kyosan Ce nom a été également le pseudonyme de Ho Kyun. Au pied de cette colline se trouvait un sanctuaire, Aeildang qui fut le lieu de naissance de Ho Kyun. Mais aujourd'hui on trouve seulement une stèle où est inscrit un poème de Ho Kyun La vie de Ho Kyun a été aussi malheureuse que celle de sa soeur. Malgré son talent exceptionnel, Ho Kyun qui était le fils d'une concubine, était victime des injustices sociales de l'époque li n'avait pas le droit de passer le concours national d'entrée dans l'administration et donc ne pouvait exercer aucune fonction publique. li fut un idéaliste et un adepte 62

du libéralisme. Il se lia aux nobles qui connaissaient le même sort que lui et lutta contre les injustices qui régnaient dans la société et la plutocratie. Il rêvait d'un monde où vivaient à égalité les roturiers et les enfants des concubines comme les aristocrates. L'état d'esprit de Ho Kyun ne différait guère de celui de sa soeur. Son roman Hong Kil-dong présente un héros mythique Hong Kil-dong qui se bat contre le pouvoir symbolisé par la tyrannie du roi Kwanghae (1575-1641) en faveur de la classe défavorisée et essaie de purifier la société en encourageant l'idée révolutionnaire développée par les bâtards. Malheureusement, Ho Ky un accusé de traîtrise fut arrêté et envoyé en exil. En 1618 sous le règne du roi Kwanghae, il a

dû subir une punition sévère à la suite d'une accusation de conspiration contre le régime. Comme sa soeur qui n'a pas pu être une femme ordinaire selon la norme sociale de l'époque Ho Kyun n'a pu être un lettré ordinaire. Cependant Ho Nansülhon a pu trouver la liberté grâce à l'écriture ainsi que Ho Kyun en élaborant les idées libérales et révolutionnaires. Il existe très peu de femmes poètes de l'époque en Corée car dans la société des nobles les règles sociales vis-à-vis des femmes étaient très sévères. Les femmes étaient principalement destinées à s'occuper des tâches domestiques et ne souciaient pas d'apprendre à écrire ou à lire selon la norme traditionnelle. Mais Ho Nansolhon était certainement une


La demeure de Ho Yop,pèredesécrivainsHoKyun etHoNansolhon

femme exceptionnelle. Car malgré -ce contexte défavorable à l'égard des femmes, elle a réussi à écrire un chefd'oeuvre dès l'âge de huit ans. A ce propos, son frère Ho Kyun a affirmé que : "Ma soeur disparue avait un grand talent littéraire mais sa belle-mère n'a pas voulu l'admettre. En plus en perdant ses deux enfants elle est morte avec beaucoup de chagrin. Je ne peux pas cacher. ma grande tristesse quand je pense à elle. ]'ai lu La parole triste de Hwang Tae-sa. C'est une lettre de l'auteur adressée à sa soeur mariée mais son expression d'amour est tellement triste et émouvante. J'éprouve aujourd'hui le même sentiment envers ma soeur disparue." ll existe un autre lieu exceptionnel que

les visiteurs de Ky6ngp'odae ne doivent pas manquer. n s'agit du pavillon .SOn-gyojang En allant vers le centre ville à partir de Ky6ngp'odae, on rencontre une bifurcation On tourne à droite et à 0,7 kilomètres environ on arrive à .SOn-gyo-jang A l'entrée, il y a un parking et autour on trouve des restaurants traditionnels. Le pavillon .SOngyojang était autrefois une demeure somptueuse en face du lac Ky6ngp'o. Il appartenait à la famille d'aristocrate Lee originaire de Chunju. La particularité de cette demeure réside dans sa structure libérale et spacieuse qui ne suivait pas les normes de construction de l'époque. Par ailleurs, la demeure est conçue de façon à garder la chaleur pendant la saison froide et à assurer une bonne ventilation

pendant la saison chaude. Ce pavillon est élevé sur quatre piliers juchés au bord d'un étang. On peut imaginer comment les nobles se reposaient en mettant leur pied dan ~ de l'eau limpide. Toutes les pièces étaient reliées par des portes. En été toutes les portes du pavillon étaient ouvertes afin de permettre une meilleure ventilation et de sentir la nature plus proche même à l'intérieur de la pièce. Le lac de Ky6ngp'o renferme ainsi une histoire à la fois intense et touchante. La nature ambiante, le pavillon, l'arbre, et même la roche, tous les objets autour du lac qui reflètent les marques de l'histoire millénaire de la région attirent une attention particulière des visiteurs jusqu'à aujourd'hui + 63


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ARTISTES COREENS A L'ETRANGER

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Le monde de la "peintre de laine"

Lee Ki-soon Lim Young-ju

Consultant, commission nationale des biens culturels

ee Ki-soon quitta sa famille, en 1950, à l'âge de 19 ans alors que la guerre ravageait la Corée. Elle retourna dans sa patrie, alors grand-mère, 34 ans plus tard Ma plus jeune tante, que · nous pensions morte, revint, comme par miracle, au sein de la famille Il y a plus de dix ans, une vaste · campagne de la télévision nationale, intitulée "A la recherche des familles séparées", fut organisée dans le but de localiser et de réunir les membres des familles qui avaient été séparées pendant la guerre de Oxée. La nation toute entière suivit cette émission émerveillée alors que d'innombrables fariülles se retrouvaient unies. Au même moment, Lee Ki-soon qui était devenue Tchèque, après toute sorte de tribulations, retourna au sein de sa famille comblée. Lee Ki-soon est née, en 193~ à Kaesè\ng, à 40 km au nord de SéouL Après avoir été diplômée de l'école des filles de Kaesong, elle devint infirmière parce qu'il était trop coûteux d'étudier l'art, son premier choix La guen-e de Corée éclata alors qu'elle était en deuxième année au collège d'infirmière Severance à Séoul et cette guerre la plongea dans un long et fatal voyage. La guerre la força à prendre un chemin qu'elle ne pouvait avoir imaginé même dans ses rêves les plus fous Lee fut reoutée pour aller sur le champ de bataille et servir comme infirmière dans l'Armée Populaire de Corée du Nord Personne n'en avettit sa famille et elle-même ne put les contacter. Vers la fin de la guerre, elle fut blessée lors de la retraite de l'armée nord-coréenne Elle fut emmenée dans une antenne chirurgicale en Chine et demeura là contre son gré. Même après le cessez-le-feu, elle n'eut pas la possibilité de

retourner en Corée. Cependant, elle put s'inscrire, en 1952, au dépattement de peinture de l'Institut Central des Arts à Pékin, où elle s'installa. Là, elle rencontra des artistes Chinois renommés comme Chi Bai-shi, Chang Fun, Li Chwa, Li Ku-chan, Tung Shi-wen et Shu Bei-chong. Elle étudia également la philosophie orientale Son séjour à Pékin joua t,m grand rôle dans sa vie et son monde attistique En 1956, son existence prit un nouveau tournant lorsqu'elle rencontra puis se mat·ia avec jarosla Bejcek, un sculpteur Tchèque qui étudiait la peinture olientale En 1957, elle alla à Prague avec son fils en laissant jat·osla terminer ses études à Pékin

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LeeKi-soon

Quand elle avait la nostalgie de la Corée, elle se consolait en se rappelant les paysages et les collines de son village natal et aussi sa famille. Elle chantait des chansons qu'elle avait aimé chanter enfant.

Une nouvelle vie au pays de la tapisserie Une fois encore, Lee dut commencer une nouvelle vie dans un pays étranger. A cette époque, elle donna naissance à un second enfant, elle était alors familiarisée avec la langue 'et les coutumes du pays. De 1957 à 1966, elle se consacra à l'éducation de ses deux enfants et à leur adaptation au mode de vie du pays. Quand elle avait la nostalgie 9e la Corée, elle pouvait se consoler en se rappelant la voix chaude de sa mère, morte alors qu'elle venait d'avoir 15 ans, mais aussi les voix de son père, de sa sceur et de son frère, et en imaginant les paysages et les collines de son village natal Si cependant elle avait le mal du pays, elle chantait des chansons comme "Kohyang Saenggak (Souvenir du pays)", "Pongsonhwa (Fleur, ne me touche pas)", "Pawi KOf:Fe (Le défilé rocheux)", et d'autres chants qu'elle avait aimé chanter enfant En 1973, Lee commença à étudier une technique de la tapisserie, propre à la


Largo 1, 102x91 cm, 1996

Tchécoslovaquie et elle devint vite une altiste habile Au débu~ elle travailla dans un atelier à Brno, ville située à 100 km à l'est de Prague. Les travaux de cette époque reflètent la nostalgie de son pays, on y retrouve des souvenirs d'enfans:e agréables, les paysages de Kaesüng et des Monts Songak. Elle utilisa également dans ses travaux le soleil, la lune, les étoiles, les nuages, l'eat~ le fe~ l'air, la' terre, la mer, les montagnes, des oiseaux et des fleurs imaginaires pour a·éer un bel état d'harmonie et un monde oriental fantastique et mystique Cet Orient mystique était la sublimation d'un mélange d'idées

empruntées à différentes religions et philosophies comme le Bouddhisme, le Taoïsme et le Confucianisme. Lors de l'été 1984, après des efforts acharnés, elle fut finalement capable de poser le pied sur le sol de sa patrie qu'elle avait si ;u·demment désirée. Peu de temps après, son mari décéda. Pendant des années, elle fut profondément affligée et sembla incapable de sortir de la dépression Mais finalem~ elle reprit son travail et elle est' aujourd'hui renommée en Europe, surtout en Tchécoslovaquie, pour ses "tableaux de laine''. Son succès est peut-être attribuable à

cette expérience de la vie faite d'épreuves et de souffrances. La Tchécoslovaquie est au cceur de l'Europe, et les artisans Tchèques sont connus pour la qualité de leur artisanat qui utilise la pierre, la céramique et le verre. Parmi les formes d'art tchèque les plus remarquables il y a les tableaux de laine, un art qu'on ne trouve nulle part ailleurs. L'expression "tableau de laine" est plus utilisée que celles de "tapisserie'' ou "d'art de la tapisserie'' avec lesquelles elle est souvent confondue parce que l'artiste utilise des pièces de laines de différentes couleurs pour 65


Une vallée à l'aube,99x151 cm, 1996

Les oeuvres de Lee montrent qu'elle n'est pas seulement adroite mais qu'elle porte aussi un véritable amour pour la technique. L'artis(e utilise ingénieusement les techniques propres aux tableaux de laine pour exprimer son monde imaginaire. Son art reflète les souvenirs du passé exprimés dans un monde féérique qui lui est propre. 66

créer un tableau au lieu d'utiliser les peintures à l'eau, à l'huile ou le pastel Pour créer "un tableau de laine", l'artiste réalise d'abord un mXJUis, il se sert alors de la a-aie pour transférer le croquis sur le tissu de laine utilisé comme fond. Des fils de différentes couleurs sont soit méticuleusement retirés, soit coupés pour compléter l'œuvre. Le motif, créé avec autant de soin et d'attention que l'on prête à une peinture, est alors fixé avec un fer après quoi l'œuvre est envoyée à l'atelier pour être traitée par une machine spéciale qui comprend environ 700 aiguilles. Les parties qui ne satisfont pas sont refaites avec de la laine et retraitées par la machine Ce procédé, complexe et précis, demande àux artistes, plus que pour les autres genres artistiques, patience et méticulosité. A travers les tableaux de laine, on peut exprimer des émotions sur un mode qui diffère des autres fonnes de peintures. Le monde artistique de Lee combine les mythes et les fables de telle façon qu'on entre dans un univers à la fois méticuleux et vigoureux. Son monde artistique, qui rejoint celui des mythes et des fables, l ;t méticuleux et néanmoins dynamique. Bien que ses œuvres soient puissamment colorées, elles n'en sont pas moins cali11es et présentent une grande richesse de matériaux. Ses œuvres montrent qu'elle n'est pas seulement adroite mais qu'elle a aussi un véritable amour pour la technique. Elle utilise ingénieusement les techniques propres aux tableaux de laine pour exprimer a1tistiquement son imaginaire. Ses sujets favoris sont rattachés à l'enfance. L'amour de la nature, la nostalgie.du pays et la solitude sont les thèmes qui prédominent dans son œuvre. Son art contient les souvenirs du passé exprimés dans un monde féérique qui lui est propre. Mais Lee ne commença pas sa carrière comme "peintre de laine". Les expositions réalisées dans les années 1960 comprenaient des affiches en couleur, des pastels, des aquarelles et des œuvres à l'huile. Elle se tourna vers la composition de laine dans les années 1970. Depuis son retour en 1984, elle a eu trois expositions en Corée. Sa première


Sirius, 80x80 cm, 1994

exposition était sombre et empreinte de tristesse, mais les dernières montraient un monde brillant où s'harmonisaient les aspects pÜsitifs de l'Occident et de l'Orient Ce nouvel optimisme semble refléter sa tentative pour capturer les traces de son passé et la joie d'avoir retrouvé sa famille qu'elle pensait ne pas pouvoir revoir avant la réunification de la Corée.

Dans ce monde, où se reflètent l'observation et l'expérience de l'artiste, les spectateurs peuvent perdre leur identité et être pris dans les visions et les rêves mystérieux du créateur. L'œuvre de Lee reflète son espoir que les liens avec son enfance et que sa vision d'un merveilleux pays nataL continueront à se dérouler sans rupture. Chaque élément de se.s peintures, le

vol des oiseaux, les magnifiques couleurs de.s fleurs tremblant clans la blise parmi le.s rochers, le.s branches de.s arbre.s et la vigne qui pillissent pour devenir une forêt épaisse, tous se.s éléments se rassemblent pour a·éer une mystérieuse arabesque. Regardant le.s toiles, où se retrouvent la beauté et la délicatesse, il est facile de voir le génie lyrique d'une a.Itiste de talent + 67


A la recherche des couleurs coréennes

HanKwang-sOk artisan de l'indigo Lee Hyoung-kwon

Poète, membre de l'Institut pour la recherche du patrimoine culturel

L

a perception du monde diffère selon les hommes. Les Occidentaux et les Orientaux voient le monde différemment. Parallèlement, leurs perceptions à l'égard des couleurs sont différentes. Alors que les Occidentaux comprennent le monde à travers l'intuition et les cinq sens, les Orientaux le font à travers la réflexion et la méditation. Alors que les Occidentaux exprimaient les ·couleurs avec les sept couleurs découvertes par Newton à l'aide d'un prisme, les Coréens considéraient comme couleurs de base les cinq couleurs dé bleu, rouge, jaune, blanc et noir, se fondant sur la philosophie du yin et yang et des cinq éléments (le fer, le bois, le feu, la terre et l'eau). Dans la philosophie du yin et yang et des cinq éléments, les phénomènes de l'univers s'expliquent par l'harmonie entre le yin et le yang Les Orientaux tentaient de comprendre et prévoir les divers phénomènes du monde à travers cette philosophie. Les Coréens exprimaient les cinq éléments à travers les couleurs: le bois est bleu, le feu est rouge, la terre est jaune, le fer est blanc et l'eau est noire. En mati ~re d'orientations, l'est est bleu, l'ouest ~st blanc, le sud est rouge, le nord est noir et le centre est jaune. C'est dans ce contexte que l' obangsaek, couleurs principales de la Corée, a vu le jour. Les Coréens ne considéraient 68

pas les couleurs comme un phénomène qui nous arrive à travers les ondes des rayons réfractés. Ils les percevaient à travers la philosophie et la méditation de l'univers. Pourtant, beaucoup ignorent aujourd'hui l'obangsaek : notre éducation étant basé sur le système occidental, nous avons appris rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo et violet a va nt d'apprendre bleu, rouge, jaune, blanc et noir, tout comme nous avons appris la mélodie occidentale de "do ré mi fa sol la si do" avant d'apprendre la mélodie traditionnelle de kungsangkakchiu. Lors de l'industrialisation et de l'occidentalisation qui sont devenues le pilier de notre vie ces dernières décennies, la culture, les valeurs et la philosophie traditionnelles ont été reléguées au second plan. Certes, nous avons réalisé beaucoup de choses dans ce processus, mais force est de reconnaître que nous avoris définitivement perdu celles qui nous étaient chères. L'une d'elles concerne les couleurs traditionnelles. Certains affirment que les Coréens ont dû être un peuple indifférent à l'égard des couleurs car ils aimaient porter des vêtements blancs. Mais une telle supposition s'avère sans fondement, considérant la richesse des vocabulaires concernant les couleurs. Cette abondance ne prouve-t-elle pas éloquemment leur sensibilité en la



matière? Pourtant aujourd'hui, on ne sait plus quelles étaient les couleurs favorites des Coréens ni leurs significations. A peine cent ans après l'amorcement de la modernisation, la culture des couleurs qui se perpétuaient pendant des milliers d'a nnées sur la péninsule coréenne a complètement été remplacée par les couleurs éclatantes du monde occidental. Or la disparition des couleurs coréennes présagent la subordination de notre culture, susceptible d'occidentaliser même nos sentiments et constitutions.

En Corée, on a traditionnellement cultivé des plantes d'indigo dans l'arrière-cour ou dans les fossés des champs de riz. De haut en bas: les plantes d'indigo en fleurs, la récolte, et la préparation pour la fermentation des feuilles dans un grand pot de terre cuite.

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Le village P6lgyo, dans la province de Ch6lla du Sud, se situe à cinq heures de voiture de Séoul. Ce petit village qui s'appelle comme tel en raison d'un pont de radeau installé sur le banc de sable du village n'est plus un lieu inconnu pour la plupart d'entre nous. Grâce au roman "Les chaînes du T'aebaek" de Cho Ch6ng-nae, on sait aujourd'hui que le village était une des scènes où se sont passés des événements capitaux dans l'histoire coréenne et est ainsi devenu pour les amateurs d'histoire un lieu favori de pèlerinage. Une fois dans le village, on ::g a une étrange impression qu'on y avait ~ vécu et qu'on peut y rencontrer des 0 personnages du roman. ~ Aujç>Urd'hui, le village est changé. Les maisons japonaises ont disparu et à sa place se sont dressées des barres d'appartements de 15 étages. Pourtant, la place devant la gare garde encore son vieux visage. Des di:;>:aines de bonnes femmes venues de petits ports des environs s'y sont installées pour vendre leurs marchandises, le kkomak frais, le produit représentatif du village et s'y sont entassées abondamment. On a envie de goûter le kkomak sur lequel le romancier n'a pas tari d'éloges et de s'y attarder pour avoir l'occasion d'écouter encore une fois les invectives des hommes de P6lgyo dont on s'est régalées lors de la lecture du roman. Pourtant le but de ce voyage est ailleurs.


Il faut aller chercher Han KwangsèSk qui habite dans le village Chigok situé près du port PèSlgyo, dans la région intérieure, au pied des montagnes. Alors que le port PèSlgyo était un village de petit peuple qui subsistait au bord de l'embouchure, le village Chigok était un quartier des nobles. Aujourd'hui, PèSlgyo est devenu ~ne ville dynamique alors que Chigok s'appauvrit de .jour en jour. Han Kwang-sèSk est un jeune homme qui habite dans ce vieux village défaillant. Il a une apparence typique des hommes de PèSlgyo. On a l'impression qu'il ne le cèdérait à personne, ni en courage ni en habilité à se servir des invectives, à pied égal avec les personnages du roman. Pourtant il n'est pas un paysan ordinaire. Il est un paysan digne d'être désigné trésor national Il cultive le riz et l'orge comme les autres mais la culture à laquelle il consacre toute sa passion est celle des couleurs, la culture des couleurs indigènes, soit la culture de l'indigo. S~r la couleur d'indigo qui rappelle quelque chose qu'on vient de décrocher au fond de la mer, il dit que c'est une couleur avec laquelle les Coréens habitaient pendant deux mille ans. Pourtant aujourd'hui, il n'y a pas beaucoup de gens qui se souviennent encore des temps où l'on portait des vêtements teintés d'indigo. Autrefois, toutes les Coréennes savaient teindre avec l'indigo. Aujourd'hui on n'a pas seulement complètement oublié la méthode de teinture d'indigo. Bien pire, on a dû assister à l'extermination de cette plante. Han Kwang-sèSk s'efforce de retrouver cette couleur. Sur le champ voisin de sa maison poussent des indigos. "Penser seulement à pouvoir porter une couleur de la nature fait battre mon coeur", confie-t-il. Derrière son visage bronzé, s'étale un ciel aux couleurs d'indigo. Il me semble que la couleur qu'il a retrouvée et montrée devant nous est un présent du ciel de PèSlgyo.

Han Kwang-sèSk a été sous les feux de la rampe lors de ses deux expositions organisées en 1993 et 1997 à Séoul : il a été Joué pour avoir fait renaître la couleur de la période ChosèSn. Malgré sa réputation, son atelier n'est qu'une vieille chaumière dont seul le toit est remplacé par de l'ardoise. Il y vit avec ses vieux parents. Sur la corde de linge dans la cour où les chiens et les poussins s'amusaient, ont été accrochés des morceaux d'étoffe de toutes les couleurs. Il est incroyable qu'il a réussi à retrouver la couleur de la dynastie ChosèSn au coin de cette cour où l'on garde les pots à sauce de soja. (Récemment, il a fait reconstruire sa maison et son atelier est devenu un peu moderne.) Cette passion qui l'a mené à consacrer sa vie dans la tâche de retrouver les couleurs traditionnelles semble être inhérent dans le sang de sa famille. Feu Han Chang-gi qui avait une passion. particulière pour la culture tradion~le et ainsi publié des revues "Ppuri kip'un namu (Arbre à racines profondes)" et "Saemi kip'un mut (Source profonde)", et Han Sang-bun qui se consacre à fabriquer les récipients de laiton et la poterie tout en cultivant les plantes de thé près de PèSlgyo, sont ses oncles. Je suis persuadé que c'est en partie grâce à ces oncles qui s'attachent si obstinément à la culture traditionnelle qu'on peut voir un Han Kwang-sèSk tel qu'il est aujourd'hui. Han Kwang-sèSk avait travaillé luimême à la revue "Saemi kip'un mut' et y avait raffiné son goût en matière de culture traditionnelle, sous la férule de son oncle. Une fois rentré dans sa ville natale de PèSlgyo, il s'était employé à retrouver la culture traditionnelle. Il avait bâti une hutte dans un coin du site du temple Jingkwang et y avait commencé une vie d'artisan dans laquelle il cultivait le thé, fabriquait la poterie et s'efforçait de retrouver la teinture traditionnelle. Entre 1982 et 1985 où il était dans la deuxième moitié de ses vingt ans, il

De haut en bas: Han ajoute au jus d'indigo de la chaux obtenue-à partir de coquilles d'huître cuites et bat énergiquement pour faire apparaître des écumes, d'abord blanches, qui deviennent ensuite violettes.

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menait une vie très difficile. Seul dans un recoin de montagne, il s'était et l'orge, mais la culture à consacré à une tâche que personne ne reconnaissait. Seuls les objets qu'il avait laquelle il consacre toute sa fabriqués lui donnaient une consopassion est celle des couleurs, lation. Il ne savait pas pourquoi, mais ces objets lui fournissaient une joie une couleur bleue naturelle, immense et lui inspiraient un senaussi paisible et pure que Je timent de devoir, et il s'est promis de devenir le meilleur des artisans. .meuglement d'une vache au Un jour son oncle lui avait présenté crépuscule dans la campagne un tissu teinté d'indigo. La rencontre avec l'indigo l'a v ait passionné. La tranquille. couleur d'indigo qui rappelle à la fois la clarté d'un haut ciel d'automne et la pureté de la mer profonde était plus que suffisant pour consoler le coeur désolé du jeune homme. L'émotion était d'autant plus grande qu'il l'avait vu pour la première fois dans la vie bien que nos ancêtres portaient couramment des vêtements teintés d'indigo. A la première rencontre avec l'indigo, il .;J.vait décidé de retrouver cette couleùr. Au début il allait demander i!MI~ ~ ;o:?z~ Ri des conseils auprès de vieilles femmes ~ du village. Il pouvait recueillir des ê(j) informations partielles, mais loin d'être ~ suffisantes. Par dessus le marché, il était impossible de trouver les graines d'indigo. A ces moments difficiles, Ye Yonghae, éditorialiste du quotidien Hankook Ilbo s'était procuré des graines d'indigo et les avaient données à son oncle. Encouragé, il avait continué de recueillir des informations auprès de vieilles villageoises. Il avait cultivé les plantes d'indigo et les avait récoltés. Comme il l'avait appris, il les mettait au fond d'un pot et y versait de l'eau pour les laisser pourrir. Ensuite, il les avaient passé au tamis et y avait ajouté de la chaux pour obtenir le jus d'indigo. Pourtant il n'arrivait pas à teindre. La couleur d'indigo restait dans l'eau refusant de teindre le tissu. Le tissu semblait être teint lorsqu'il était dans l'eau mais une fois qu'on le retirait de Le tism doit être teinté plusieurs fois afin de leau, la couleur disparaissait. Il n'arrivait créer une couleur bleue riche (d-dessus); pas à saisir le secret de la teinture. l'exposition desoeuvres de Han (ci-contre) Or, il fallait réveiller la couleur : il

Han Kwang-sok cultive Je riz

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faut ajouter au jus d'indigo de la chaux obtenue à partir de coquilles d'huîtres cuites et battre énergiquement jusqu'à ce que naissent les écumes. Les écumes qui sont d'abord blanches deviennent violettes à un moment donné, et là on peut dire enfin que l'indigo s'est réveillé. Seul l'indigo réveillé peut être utilisé comme teinture. Après avoir ainsi acquis des connaissances précieuses sur la teinture traditionnelle, il est sorti de sa vie isolée et est entré dans le monde. Etant donné la situation du pays de l'époque, il aurait décidé de mener une vie plus intense. Il a participé au mouvement Hansallim. Séjournant dans la ferme Sochang à Kwangju, il s'est employé à faire renaître la culture traditionnelle, à la répandre dans la vie quotidienne en fabriquant les objets qui gardent l'âme les de nos ancêtres tels que la pot~rie, récipients de laiton, le changsung (mâts totémiques), les thés coréens et l'éventail. En même temps, il a intensément mené ses recherches sur la teinture d'indigo. Il avait quitté le village Jingkwang les mains vides pour poursuivre un chemin unique, appartenant à lui seul. Il voulait tout recommencer. Il est allé voir Chang Kwan-chae qui cultivait l'indigo au port Y6ngsanpo et a pu obtenir des graines d'indigo après lui avoir i!Dploré de tout son coeur. C'est à cette époque qu'il a appris par hasard que la clef de la teinture d'indigo ne réside pas seulement à savoir obtenir les écumes violettes, mais bien au-delà. Il faut encore des techniques performantes et une ténacité d'artisan. Un jour il est sorti portant une veste traditionnelle teintée d'indigo ; il a plu soudainement et il était complètement trempé. Une fois rentré chez lui, il a découvert son corps complètement coloré en violet. Cette veste, il l'avait teintée avec de l'indigo bien écumé. Malheureusement, une averse a suffi pour que la teinture d'indigo se soit retirée. Il est allé s'informer auprès des


vieilles femmes sur la raison de la décoloration. Mais il n'a pu rencontrer une seule personne qui se rappellait encore la méthode avec précision. La plupart d'entre elles ne faisaient que regarder faire dans l'enfance. Même s'il y en a quelques -unes qui avaient l'expérience de la teinture, elles n'arrivaient pas à analyser le processus. I! n'a pas d'autres moyens que de le trouver lui-même au prix d'innombrables essais et échecs. Il a trouvé enfin que la clef de la teinture consiste en premier lieu à utiliser de la bonne eau. Ensuite, il faut connaître à fond les' caractéristiques de l'indigo. Troisièmement, le succès dépend des traitements adéquats adoptés après la teinture. C'est lorsqu'il travaillait au mouvement Hansallim, qu'il a pu saisir les secrets de la teinture d'indigo. Ce succès lui a permis d'avoir une confiance en soi en la matière et il s'est décidé d'y consacrer sa vie. A la question pour savoir combien de temps il lui avait fallu avant d'arriver à un tel résu~ta , il répondait simplement "un peu" avec un sourire qui fait sentir toutes les peines et les souffrances qu'il a dû traverser au cours de la dernière décennie. Au début des années 90, lorsque le mouvement Hansallim a été dissout, il s'est marié et s'est établi au village Chigok pour se consacrer à la teinture. Et, un jour, il nous a émerveillé avec les couleurs mystérieuses de nos ancêtres et nous a fait comprendre combien ces couleurs nous sont chères. Il s'agit d'une tâche d'autant plus importante qu'il l'a réalisée après des années de lutte solitaire, au lieu de l'obtenir d'emblée avec l'aide d'un artisan spécialisé. Ce n'est pas seulement la couleur indigo qu'il a retrouvée. A la suite d'innombrables expérimentations, il a réussi à · redonner la vie à d'au tres couleurs traditionnelles. Il projette désormais de présenter sur la scène internationale les vêtements traditionnels teintés de ces couleurs. + 73


INTERVIEW

Ecrire et la découverte de soi

YuMiri Park Hae-hyun

Collaborateur à la rédaction du Chosun Ilbo

e ne suis ni coréenne, ni japonaise,

J

affirme la lauréate du prix Akutagawa de cette année, une honorable récompense littéraire décernée aux nouveaux auteurs. Ecrivain ·de souche coréenne vivant au Japon, Yu Miri dit vivre entre la péninsule et l'archipel. Ce qui la rend invisible, un avantage pour un écrivain, selon elle. Mais Yu Miri est indéniablement un auteur de la littérature japonaise et sa réputation en tant que tel se voit confirmée depuis qu'elle a remporté le prix. Elle écrit en japonais ; la Corée n'est qu~ la patrie de se-5 parents. Le coréen flotte quelque part dans les limbes de sa mémoire. Tout ce que la Corée évoque pour elle, c'est la déchirure de sa propre famille, la série de malédictions qui ont frappé celle-ci pendant son enfance. L'expérience collective historique du peuple coréen et toutes ses rémanences ne nourrissent à aucun moment le corps de sa littérature. nn'en reste pas moins qu'aux yeux des Coréens, elle ne représente pas simplement un écrivain de langue japonaise. Dans les milieux littéraires et dramatiques coréens, on connaissait ses oeuvres, notamment "Le festival des poissons (Mulgogiui ch'ukche)" avant même qu'elle ne reçoive la récompense japonaise. On fait toujours précéder son nom du titre auteur coréen vivant au japon Mais du grand public, elle ne se fait connaître que grâce au prix Akutagawa (qui a déjà été attribué à deux autres auteurs d'origine coréenne, Yi Hui-s6ng et Lee Yang-~). La récipiendaire fait la une de la presse coréenne qui ne manque jamais de 74

s'étendre sur les exploits des membres de la diaspora coréenne à l'étranger. La rapide (j) 8 célébrité de Yu Miri depuis l'annonce de " son prix est le résultat d'une forte médiatisation Certains reprochent à la presse coréenne son enthousiasme pour l'écrivain. Ils prétendent qu'elle ne fait que renforcer l'idée selon laquelle les Coréens sont fascinés par le Japon, et désapprouvent la manière dont elle s'empare de l'événement, comme si Yu a remporté le Prix Nobel. Avec moins de virulence, d'autres disent en effet que la presse accorde une trop grande importance à l'oeuvre de Yu. Après tout, elle n'a qu'une vingtaine d'années et le prix Akutagawa, pour aussi prestigieux et chargé de tradition qu'il soit, rend davantage YuMiri hommage aux nouveaux auteurs qu'à ceux déjà connus. La c~mvertu médiatique coréenne du La littérature de Yu opère à deux succès de Yu s'épanche moins sur son écriture que sur les facteurs de sa réussite niveaux, caractéristique de son qui sont assez peu liés à son oeuvre. Le oeuvre qui tient à la nature nationalisme subtil qui continue de vicier les relations coréan-jpis~ n'est pas complexe des relations coréanoétranger à cette surmédiatisation. Au japonaises. Les deux niveaux collège, Yu est frappée d'ostracisme par ses camarades de classe à cause de ses - un univers coréen et origines. Désespérée, elle tente de mettre un univers japonais- ne fin à ses jours à plusieurs reprises. Les épreuves qui jalonnent son adolescence s'intègrent pas sans difficulté. sont le lot des Coréens résidant au Japon Puis, dans l'esprit de Yu, elle et Yu a non seulement surmonté la discrimination raciale mais aussi le divorce Je monde extérieur sont toujours de ses parents, pour réussir en tant deux entités différentes, refusant qu'écrivain coréen résidant au Japon. Les Coréens ne voient pas en elle un auteur de s'interpénétrer. mais une jeune femme d'origine coréenne J;

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qui est parvenue à s'imposer dans la société nippone La discrimination raciale particulièrement flagrante dans la société japonaise explique ce réflexe que les Coréens ont de considérer Yu comme un écrivain coréen. Comme cela a été rapporté dans la presse coréenne et étrangère, la signature de son livre prévue au Japon a dû être annulée suite aux menaces d'un groupuscule de terristoristes d'extrêmedroite. Le Monde citait Yu comme le Salman Rushdie du Japon. Le raisonnement japonais est simple : ils n'aiment pas Yu parce qu'elle est coréenne. Lorsque la persécution des étrangers s'est aggravée en Europe, nombre d'intellectuels du Vieux Continent ont fait cause commune pour protester contre les actes racistes. Pour ces raisons, les menaces terroristes du groupuscule visant Yu ont suscité une polémique qui a franchi les frontières de l'archipel. Et naturellement, ces menaces n'ont pas laissé les habitants de la péninsule indifférents. Les détracteurs de l'écrivain estiment que dans son livre, les Japonais sont décrits comme des fous. Ce à quoi elle a répliqué en défiant les critiques de trouver les passages offensants. En mars dernier, après l'incident, Yu a effectué une visite en Corée. A son arrivée à l'aéroport de Kimpo, elle a déclaré : 'J'ai toujours

pensé être seule au japon. je ne m'attendais pas à un tel accueil dans ma patrie." Elle s'est également montrée étonnée de pouvoir signer son livre à Séoul alors qu'il ne lui avait pas été donné la possibilité de le faire au Japon. A aucun moment de son livre, son style ne suggère un emprunt à la littérature coréenne. Son écriture est un produit entièrement issu de la tradition littéraire japonaise. Et, ce sont les Japonais qui ont reconnu ses talents en lui donnant ce prix, et elle est beaucoup lue par les Japonais. Ce n'est pas pour autant qu'elle s'est abstenue d'appeler b. Corée sa patrie. Deux niveaux de monde littéraire Son roman "Cinéma familial" lui a valu le prix Akutagawa. Vendu déjà à plus de 80.000 exemplaires au Japon, l'ouvrage a

été traduit en coréen après sa visite. La versiori coréenne figure parmi les bestsellers. Yu Miri affirme n'être ni coréenne ni japonaise, mais de toute évidence, elle est les deux. Pour les Coréens, Yu est un auteur coréen même si elle ne sait pas un mot de leur langue. Derrière cet état d'âme aux accents chauvins, le chang, terme recouvrant une gamme de sentiments humains que sont l'affection, la sympathie, la tendresse qui lient tacitement deux êtres. L'action du groupuscule japonais a été déterminante, dans la mesure où elle a poussé Yu à rallier le camp des Coréens et mis en garde ces derniers contre les Japonais. La littérature de Yu opère à deux niveaux, caractéristique de son oeuvre qui tient à la nature complexe des relations

coréancrjaponaises. Les deux niveaux -un univers çoréen et un univers japonais- ne s'intègrent pas sans difficulté. Puis, dans l'esprit de Yu, elle et le monde extérieur sont toujours deux entités différentes, refusant de s'interpénétrer. Sa déclaration -dans laquelle elle dit n'être ni _coréenne ni japonaise- est un aveu du conflit entre elle-même et le monde extérieur. Elle se trouve dans un état d'oblitération, car elle ne trouve ses repères dans aucune société Elle aspire à vivre en tant qu'individu, affranchi de ce qui peut le retenir confiné dans un groupe. Elle est née dans une famille mais cela ne peut en aucune façon être une base pour la vie. L'oeuvre décrit !a vie familiale, brisée, de Yu : un père joueur invétéré, une mère qui quitte le foyer conjugal pour un autre homme, et une soeur qui joue dans des 75


films pornographiques. "Cinéma de famille" raconte l'étrange histoire d'une jeune femme réalisant un documentaire sur une famille. Ses membres jouent avec conviction leur propre rôle, tels des acteurs dans un psychodrame. Leurs rôles sont leurs destins dans la réalité. La narratrice du roman voyage entre le scénario du film et le monde réel, . remettant en question avec un ton clair et distant le sens de la famille et ce que celleci a à offrir à l'individu. Le style de Yu n'est pas ostentatoire. Chaque épisode se déroule avec entrain. Après son expulsion du lycée à cause de ses tentatives de. suicide, Yu veut faire du théâtre, mais elle se ravise parce qu'elle se rend compte qu'elle n'arrive pas à · parler sur scène, et décide d'écrire des pièces. Son histoire personnelle est le témoignage d'une angoisse chronique. Elle · a traversé son enfance comme on tenterait de franchir un ravin en marchant sur une corde raide. Son style concis semble jaillir de son puissant instinct de survie. Yu parle du mutisme qu'elle a dû endurer pendant son adolescence mais aujourd'hui elle semble prendre sa revanche. Lors de son entretien à Séoul avec Shin Kyong-suk, l'une des romancières coréennes les plus en vue, celle-ci a été impressionnée par sa franchise et sa critique systématique de son oeuvre. Visiblement, Miri avait lu dans l'avion les traductions en japonais de deux de ses romans 'Où l'orgue était autnifois' et "La femme qui joue au badmington". En conversant avec l'écrivain coréen, Yu a proposé d'expliquer sa propre écriture : "Shin Kyong-suk a dit un jour qu'elle avait commencé à écrire de la fiction parce qu'elle voulait se connaître. Je peux comprendre cette démarche. Je me sentirais plus à l'aise si je pouvais entrer dans une catégorie, en tant qu'une femme, une Coréenne, une japonaise. Mais un écrivain est comme un plongeur de haute mer, sondant ses propres profondeurs." Son roman s'inspire de sa propre histoire, or on s'étonne 'que sa famille n'ait manifesté aucune réaction, dit-elle. Mais notamment son père, qui a vécu au Japon pendant plus de 30 ans, ne lit pas le 76

Nombre de Coréens résidant au Japon disent faire une croix sur leur passé une 6 fois passé le long tunnel qui sépare la " Corée et le Japon. Ce doit être le cas de mon père."

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L'émotion débordante de jeunl::s$e de Yu transforme les pages blanches et noires de son livre en un arc-en -ciel.

japonais et ne sait donc rien de l'oeuvre de sa fille. "Mon père ne m'a jamais dit son âge exact. Il doit avoir soixante-cinq ou soixante-six ans. Il a travaillé comme factotum dans un établissement de pachinko, et savoir parler japonais devait lui sembler amplement suffisant. Il n'avait aucune raison d'apprendre à l'écrire. Quand j'étais à l'école primaire, je me souviens l'avoir vu utiliser mes manuels de classe pour pratiquer la phonétique, mais il n'y a jamais eu de suite. Il est tout à fait normal d'apprendre à lire et à écrire le japonais si l'on envisage de vivre au Japon, mais quelque part dans son esprit, mon père devait avoir une volonté de résister à l'idée de s'intégrer et il est resté illettré.

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Yu préfère écrire au moyen d'un styloplume. Portés par le vent de la modernité, de nombreux écrivains relèguent leurs stylos dans les tiroirs pour le clavier d'ordinateur. Mais Yu reste attachée aux anciennes façons. 'lorsque j'écris avec un stylo-plume, j'ai l'impression que l'encre est mon propre sang qui se répand sur le papier. ]'éprouve une forte sensation d'écrire. Parfois, j'utilise le traitement de texte mais j'ai toujours le sentiment que l'utilisation de la machine m'enlève quelque chose. ]'ai déjà détruit sept traitements de texte." Yu n'envisage pas de se marier dans un avenir immédiat. Son jeune âge justifie pleinement son état d'esprit sur la question mais elle donne une autre raison : 'Je ne peux pas me marier parce que je me sens incapable de promettre quoi que ce soit à qui que ce soit." Elle dit aussi aimer les jeunes filles. Une déclaration pour le moins équivoque, mais que l'écrivain ne laisse pas subsister. Elle s'explique en disant qu'elle aime la compagnie des jeunes filles parce qu'elle a l'impression de pouvoir scruter à travers elle son autre moitié. La yivacité que Yu montre en privé me fait penser au comportement d'une fille. Elle se lance dans le monde sans peur, comme les jeunes filles le font. Ce n'est pas qu'elle soit une grande existentialiste ; sa volonté de se__propulser dans le monde est la force motrice de sa littérature. L'émotion débordante de jeunesse de Yu transforme les pages blanches et noires de son livre en un arc-en-ciel. Elle insiste sur le fait qu'avec des mots justes, un livre de papier blanc noirci de caractères peut devenir une fleur multicolore fragrante. En ce sens, Yu est un peintre, maniant son stylo-plume pour faire jaillir un arc-en-ciel invisible d'entre les mots. Nul ne sait quelle fleur magnifique s'épanouira prochainement de son stylo. +


E

les quatre saisons sont u l " ' ''l l'J(l,; été que les insectes de viennent le plus d ynamiques. Les meilleures conditions se ré unissent en é té p o ur se n o urrir, se protéger et se cacher.

Les cigales chantent de toutes leur voix, lorsque la chaleur caniculaire fait rage.

n été où la nature verdoie de plus belle et le jour devient plus long que la nuit, on trouve de nombreux insectes qui ont été jusquelà peu visibles. D'élégantes libellules font leur apparition et à chaque coin de forêt, les cri-cris, les sauterelles et les grillons s'apprêtent à jouer la Symphonie pastorale. Les chênes, avec leurs résines au parfum charmant, attirent les insectes comme les scarabées, les cerfs-volants et les lucanes. Dans les forêts et sur la plaine, les papillons apparaissent en grand nombre. Leurs couleurs et tailles sont magnifiques, incomparables avec celles du printemps. Les papillons d'été sont beaucoup plus grands et splendides car ils ont pu hien se nourrir lorsqu'ils étaient en larve. Lorsque les chaleurs caniculaires font rage après la saison des pluies, les cigales chantent de toute leur voix. La nuit tombée, les lucioles décorent la forêt Partout clans les forêts et sur les champs, les punaises, les sauterelles, les taons, les scorpions-mouches et papillons nocturnes va ntent leur apparence à qui mieux mieux. Dans les zones tempérées où les quatre saisons sont distinctes, ce qui est le cas de la Corée, c'est en été que les insectes deviennent le plus dynamiques. Dans la chaîne alimentaire de l'écosystème, les meilleures conditions pour la survie se réuniss_ent en été et c'est la saison la plus propice pour se protéger et se cacher. Certains insectes comme les soufrés entrent clans une période de sommeil pour éviter la chaleur. Car pour les insectes qui vivent r e l a tiv e 1 ~ 1 e nt longtemps adultes doivent économiser leur énergie pendant l'été. Les insectes de forêt

Les forêts d'été sont le paradis des insectes. Les fl eurs sont partout pour séduire les papillons, et les scorpionsmouches qui n'aiment pas la lumière se groupent clans les ombres des forêts. Parmi les familles de carabes dorés, ce sont les lucanes qui ont l'apparence la plus majestu euse. Leur corps est solide et étendu plat Le mâle a une longue corne


en forme de scie. A l'intérieur de la corne se trouve une protubérance tranchante. A la différence des scarabées ordinaires dont la corne n'est qu'une décoration, celle du lucane sert comme une vraie arme lors des affrontements avec les ennemis et peut ainsi se révéler très dangereuse. Pourtant, malgré leur corps imposant et leur arme dangereuse, leur comportement est très sage. Ils ne mangent que de la résine de chênes et habitent dans des trous de cet arbre. Le cerf-volant vante Ùne apparence no n moins magnifique que ce lle du lucane. Le long tentacule qui s'est lancé avec dignité rappelle la barbe d'un général du temps passé. Son menton ferme est efficace pour creuser des trous dans les bois. Les cerfs-volants passent la période de larve dans les tiges d'arbre, ce qui cause des dégâts considérables aux arbres. Les arbres où ils habitent diffèrent suivant leur espèce. Les insectes qui aiment les résines sont ceux des familles de scarabée. Quand on se promène dans la forêt, on découvre parfois des feuilles dont l'extrémité est roulée comme un petit tuyau. C'est la maison des charançons. Ils élèvent leurs petits dans les maisons bâties avec des feuilles de châtaigniers ou de chênes. Sur les sentiers, il arrive qu'on rencontre des petits insectes multicolores qui sont assis devant nous et qui volent plus loin lorsqu 'on s'approche comme un guide. Ce sont les coccinelles tigrées. Bien qu'elles soient si gentilles et qu'elles guident dans la forêt, elles ont un tempérament violent. Elles dévorent les insectes qui sont plus petits. Quant à leurs larves, vivant dans des trous creusés dans la terre, elles mange nt les in sectes qui tombent par hasard dans ces trous. Si l'on regarde de près les cadavres d'animaux rencontrés dans la forêt, on peut y voir des insectes grouiller. Ce sont les coccinelles-carillon. Elles élèvent leurs petits dans les cadavres des animaux. Si l'on observe attentivement entre les feuilles des arbres dans l'ombre, on y découvre des insectes ayant une forme bizarre avec la queue pointée vers le ciel. Ce sont les scorpions-mouches. Ils bou78

Tout comme dans la forêt, sur la plain e aussi, des insectes fourmillent. Mais les champs cultivés ne constituent pas un habitat idéal en raison du nombre limité d'espèces de plantes et l'utilisa tion de l'insecticide.

Le luciole (ci-dessus) a été désigné comme Monument naturel No.312. Le cerf-volant longicorne (à droite) creuse un trou dans les troncs d'arbres pour y pondre, ce qui cause des dégâts considérables aux arbres.

gent doucement et très lentement. Les scorpio ns-m ouches avaient été abondants autrefois, mais, aujourd'hui, ils ne sont plus nombreux. Considéré comme le plus ancien insecte parmi les insectes qui subissent la métamorphose, il garde certaines caractéristiques primitives.

Les insectes de la plaine Ce qu'on trouve le premier dans la plaine, ce sont d'abord les papillons. Sur les champs de choux et de navets, on assiste à des danses collectives de piérides du chou et des papillons jaunes. On y découvre également des machaons dont


le corps est deux fois plus grand que ceux de printeinps. On entend également des cri-cris. Ils sont tous de bons chanteurs. Une fois qu 'un cri-cri commence à chanter, un autre le suit au bout d'un certain moment. Sur les jeunes feuilles et tiges où se

réunissent des aphidés, souvent des coccinelles y cohabitent. Ces dernières ont un aspect varié. Certaines ont le dos rouge avec des points noirs, d'autres ont le dos noir avec des points rouges. Le corps de leurs larves est couvert d'épines. Elles mangent les aphidés comme leurs adultes.

Parmi les insectes de la plaine, il ne faut pas manquer de parler des mantes. Elles sont très violentes et dévorent tous les petits insectes qu'elles rencontrent. Les lames de scie sur les pattes de devant et le bec bien développé constituent des armes idéales pour leur chasse. Parfois la femelle 79


dévore le mâle lors du coït Tout comme dans la forêt, sur la plaine aussi des insectes fourmillent. Mais les champs cultivés ne constituent pas un habitat idéal en raison du nombre limité d'espèces de plantes qui y poussent et l'utilisation de l'insecticide. Les insectes de ruisseaux Les insectes qui sont le plus visibles près des étangs et des ruisseaux sont d'abord les libellules. Comme leurs larves vivent dans l'eau, les étangs et les ruisseaux deviennent naturellement leur foyer. Dans les fourrés.au bord des ruisseaux, on voit des foules d'éphémères qui vont et viennent sans cesse en groupe comme · s'ils regrettent leur vie si càurte. Leur corps est frêle et leurs ailes ont l'air faible. Ils · ont deux ou trois longs poils à l'extrémité de leur ventre. La durée de la vie de leurs adultes varie entre deux ou trois heures et quelques heures selon les espèces. En général, ils s'accouplent et pondent le jour même où ils deviennent adultes. .Pour les insectes qu'on trouve au bord de l'eau, on peut citer les phryganes. Leur aspect ressemble au papillon de nuit. Leurs larves et chrysalides vivent dans l'eau. Ils ont des poils sur le corps et les ailes. Les larves sont enfermées dans des fourreaux solides. Les araignées d'eau et les gyrins flânent sur l'eau enrichissant ainsi le paysage aquatique. Leurs larves vivent dans l'eau. Lucioles et longicornes, désignés monuments naturels par le gouvernement La nuit d'été, lorsqu'on allume un feu pour écarter les moustiques dans le jardin, on voit parfois voler des lucioles avec l'extrémité de leur corps en feu. Le feu dont elles sont lumineuses est un feu sans chaleur et est ainsi appellé feu froid Les lucioles ·sont lumineuses, non seulement les adultes mais aussi les larves, les chrysalides et parfois les oeufs. Les lucioles sont lumineuses à l'extrémité du ventre. En général, leur corps est noir, mais la partie lumineuse est jaune. 80

Le lucane (ci-dessus) disparaît graduellement de la Corée. On trouve parfois le papillon blanc des montagnes en Corée (à droite).

Parmi les 11.000 espèces d'insectes connues en Corée, la plupart deviennent adultes pendant l'été.

Comme tous les insectes lumineux, le feu des lucioles a une signification sexuelle. En volant, le mâle allume son corps à un intervalle de trois ou cinq secondes. Lorsque le mâle s'approche, la femelle s'allume à son tour, et ils s'accouplent Ces derniers jours, les lucioles deviennent si rare qu'un habitat de lucioles, au

village S6lch'6n du département de Muju dans la province de Ch6lla du Nord, a été désigné comme monument naturel et fait l'objet de protection gouvernementale. C'est l'habitat de lucioles le plus important dans le pays où l'on trouve à la fois les larves qui vivent dans l'eau et celles qui vivent sur la terre. La densité de lucioles du lieu diminue pourtant chaque jour en


raison de la pollution. Parmi les insectes, les lucioles et les cerfs-volants sont les deux insectes désignés' monuments naturels par le gouvern·ement, mais le longicorne constitue l'unique insecte classé par le gouvernement comme espèce à protéger. D'après les archives, les longicornes ont été collectés aux monts Bukhan et Odae, mais

actuellement on ne les trouve qu 'à Kwangnung dans la province de Ky6nggi. Insectes qui font oublier la chaleur en été

Les cigales qui chantent à pleine gorge lors de la canicule font sentir vivement qu'on est vraiment au milieu de l'été. Les cigales dont les adultes survivent ainsi

seulement entre 15 et 20 jours en été passent une longue vie souterraine avant de devenir adulte. Les cigales émettent des cris stridents en faisant vibrer fortement la membrane du tympan situé sur le ventre. Seul le mâle a cet organe vocal et la femelle passe toute sa vie muette. Les sauterelles appartiennent à la 81


Le papillon argynne (en haut) que l'on voit généralement au milieu de l'été et le papillon nymphale (ci-dessus) devient'rareen Corée.

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famille des cri-cris. Alors que chez les dernières les ailes avant sont plus courtes que le corps, chez les premières, ces ailes sont longues, ce qui leur donnent une apparence élancée. En été, elles offrent des concerts impressionnants en frottant leurs ailes. Elles pondent avant que la température ne baisse et disparaissent.

C'est pourquoi les sauterelles apparaissent paresseuses à côté des fourmis dans les fables. Dans le cas des sauterelles aussi, ce sont les mâles qui chantent. Parmi les 11.000 espèces d'insectes connues en Corée, la plupart deviennent adultes pendant l'été. +


ACTUALITES

Exposition spéciale du musée de l'université féminine d'Ewha

"A la recherche des fleurs de prunier" KimJong-kyu

Directeur du musée de l'édition Samsung

L

a 25ème exposition· spéciale du musée. de l'université féminine dEwha sur le thème "A la recherche des fleurs de prunier" qui a ouvert ses portes au début de l'année comme pour préluder au printemps, attire toupurs autant · de visiteurs en ce début d'été Le musée de l'université féminine d'Ewha remplit non sans succès un double rôle depuis sa création en 1935. D'une part, il montre bien mmment l'histoire et la tradition sont transmises d'une génération à l'autre et d'autre part, il se mnsacre à la recherche et à l'éducation sociale, ce qui le place parmi les meilleurs musées universitaires. Il organise chaque année depuis 25 ans des expositions spéciales de sa propre mllection Cette année, le thème est "La fleur de prunier". Les quelques 12) ob~ts exp::res, dont des meubles, des accessoires, des pièces de poterie et les "quatre trésors de bureau" (papier, pinceau, encre de Chine, pierre à encr~ nous font démuvrir le mode de vie, les idées et les goûts artistiques de nos ancêtres. La particularité de cette exposition tient à ce qu'elle décrit sous différents angles les sentiments qu'inspirait à nos ancêtres la fleur de prunier et la manière avec laquelle ces derniers la représentaient à travers les ob~ts d'art depuis l'époque Koryo à aupurdhui La maprité des ob~ts expa;és font partie de la collection de l'université, le restant

provenant d'autres musées et de particuliers qui ont participé volontiers à cette manifestation Afin de remettre en valeur les caractéristiques et la beauté de chacun des objets, les conservateurs ont songé à les exposer selon quatre sous-thèmes, en fonction de leur caractère ornemental et leur

qui ont été réalisées entre Koryo et Chasè\n sont réparties dans quatre salles selon leur utilité, leur forme et la manière dont la fleur est symbolisée Afin de mettre en relief les caractéristiques de chaque o~ il a été créé des sous-thèmes, ce qui procure un intérêt et un amusement particuliers aux visiteurs. Les quatre salles, dont les thèmes sont ''La fleur de prunier dans l'univers des femmes", "La fleur de prunier dans la peinture", ''la fleur de phmier dans la céramique" et ''La fleur de prunier et les hommes", sont décorées avec des muleurs différentes, ce qui suscite la curiosité des visiteurs. La première salle intitulée "Messager de l'amour et du printemps" nous accueille avec les gracieuses et élégantes femmes de la peinture de Park Nosu réalisée en 1959 lorsqu'il avait une vingtaine Le musée de l'université féminine d'Ewha d'années à l'occasion du utilité dans la vie murante Ainsi serons-nous 61ème anniversaire de Mme Kim Hwal-lan, en mesure de mieux apprécier la beauté et ancienne présidente de l'université Ensuite la symbolique de la fleur de prunier viennent les objets que les Coréennes exprimées de diverses façons. Le caractère portaient : épingles à cheveux, breloques pérenne de son esthétique nous montre gravées finement de fleurs de prunier. Les qu'une nouvelle culture naît toupurs des fleurs de prunier gravées sur les tables de anciennes traditions, tout mmme les fleurs toilette, les boîtes à peignes, les coffrets à peuvent bourgeonner d'un vieil arbre En bipux, les o~ts en laque incrustée de nacre même temps, la représentation de cette fleur nous donnent l'impression de nous trouver dans une oeùvre d'art provoque en nous devant des peintures. Elles semblent exhaler une vague nostalgie des temps révolus le parfum des femmes d'autrefois ainsi que Examinons de plus près l'organisation de la douceur de leurs sentiments et amour. cette exposition spéciale Les oeuvres d'art La liste des ob~ts est longue : un gracieux 83


ACTUALITES

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jarre en porcelaine blanche avec sous-glaçure bleue du XVIIème siècle, haute de 35,3cm

La représentation de la fleur de prunier dans une oeuvre d'art prov.oque chez les Coréens une vague nostalgie du passé. Les artistes modernes lui vouent une affection particylière et cherchent à la représenter dans leurs oeuvres, à lier ainsi passé et présent dans le contexte de l'esprit coréen. 84

paravent qui décorait probablement l'intérieur des pavillons de dames ou de demoiselles, un autre paravent où sont représentés des pruniers en flem et un petit enfant dcx:iu, symbole de la fécondité, une commcx:ie à quatre tiroirs où des flems de prunier rouges s'épanouissent sm fond ve1t La flem de prunier qui ome les porcelaines blanches avec une sous-glaçure bleue, potelies de la fin de la dynastie Chos6n est le symbole de l'amour, de l'halmonie, de la longévité, du bonhem et du ra~unisemt Nous pouvons en déduire que cette fleur, messagère du printemps et de l'espoir et incamant l'amour et l'harmonie était aimée par les Coréens. En somme, considérée comme Lm symbole de noblesse cl'esplit et de volonté inflexible, elle dégage une sensation de doucem et de suaveté La visite de la deuxième salle cominence avec un poème élogieux de la fleur, écrit par Yi Hwang (Tœgue), maître de l'école de métaphysique. On retrouve également les poèmes d'autres poètes comme le moine Iryon. Tous considéraient le prunier aux fleurs couleur de jade éc.latant dans l'obsculité et les liguems de l'hiver, comme le symbole de la ve1tu et de la noblesse de caractère des aristocrates, qui étaient supposés ne pas se laisser assouvir par la vie mondaine En même temps, un coup d'oeil à la bibliothèque et au pavillon des hommes suffit pour avoir une idée de la manière avec laquelle cette flem est représentée sm les ob~ts de la vie quotidienne utilisés par les nobles. Plumiers, pierres à ena·e de Chine, pots à eau (afin de délayer l'eno-e), pinceaux, livres, tables, annoires où étaient rangés les habits de cérémonie, gourdes empo1tées par les aristocrates quand ceux-ci allaient en quête de fleurs de prunier au début du p1intemps... Tous ces ob~ts évcx1uent la vie des nobles de l'épcx}ue Si on regarde de plus près les oeuvres d'ait exposées qui sont sans aucune exception de qualité remai"C}uable, nous ne pouvons encore une fois que réaffinner que cette fleur qui résiste à la neige et au froid est le symbole de la raison ; ce qui nous apprend qu'une oeuvre d'ait peut dégager


ACTUALITES

plusieurs significations selon l'angle d'observation La troisième salle intitulée "La fleur de prunier dans la peinture" contient les tableaux de la dynastie Choson à l'ère contemporaine Nos ancêtres qui vouaient une affection particulière à la fleur et . recherchaient la noblesse de caractère qu'incarne la 'fleur, la représentaient assez souvent dans leurs oeuvres, ce qui explique le nombre important de peintw-es traitant le sujet Les exemples ne manquent pas : KoMœPal-Pok peint pqr Shin Saimdang (15121559), l'une des plus grandes poétesses de la dynastie Choson, les peintures accom. pagnées de pcésies raffinées de Yi Han-chol (1~? ) et de Shin Myong-yon (180)- ?), les oeuvres de Cho Hui-ryong (1797-1Effl), élève de Kim Chong-hui. A cela, s'ajoutent les oeuvres de Hwang SOng-ha (1895-15Xi5), Kim Ün-ho (1892-1981), Yi Pyong-jik (18%-1973), Son Chae-hyong (1903-1981), Yi Sang-oom (1897-1971), Kim Yong-jin (1879-1<XB), Chang U-süng (1922- ), Yi Yu-tae (1916- ), peintres contemporains qui sont restés fidèles à la peinture mêlée à de la poésie. Il y a également les peintures à l'huile et polymères d'artistes m<Xlemes comme Kim Hwan-ki (1913-1974), Yi Dae-won (1921-) Yi Kyu-sün (19.38- ), Kim Yong-ch'ol (194& ). La fleur de prunier représentée dans l'art pictural incarne notre esprit, et on peut dire que le passé et le présent sont liés et forment un fil conductew- continu La quatrième salle est consacrée à la céramique qui présente bien évidemment des incrustations de fleurs de prunier. Les pièces sont exposées de façon à ce que leur symbolique et leur beauté soient mises en valeur. Not..:ment, la bouilloire en céladon de Ko1yo incrustée de fleurs de prunier et de lxunbou est la seule pièce du genre datant de l'époque qui soit ornée de la fleur de prunier comme motif principal. Si l'on devine 'd'après les fresques du tombeau royal de Wang-Kon qu'à l'ép::x}ue Ko1yo le prunier, le bambou, le pin étaient assez souvent représentés dans les oeuvres d'ait, nous ne pouvions l'affirmer faute de

preuves suffisantes. Aussi la bouilloire constitue-t-elle un indice de grande valeur. Au céladon de Koryo, succèdent des petites poteries en porcelaine blanche avec sous-glaçure bleue du XVème siècle, des vases en porcelaine blanche de cinabre du XIXème siècle, des porcelaines blanches incrustées de prunier sous la neige.. Nous redécouvrons l'essence de la céramique ayant pour motif le prunier. La petite prre en porcelaine blanche avec sous-glaçure bleue du XVème siècle a une forme moderne, et la jarre du XYlème siècle incrustée du motif de prunier et d'oisealix prouve que, depuis le début de la dynastie Chosün, le prunier était considéré comme le symbole de l'hannonie et de l'ainow- et était profondément ancré dans les moeurs de l'époque. Sont également exposés des fragments d'assiette de porcelaine blanche avec sous-glaçure bleue et d'encensoirs en céladon de Chosün, découvelts lors d'une

fouille archéol~que, ce qui peut intéresser les cherchew-s archéolcgues En parcourant les quatre salles dont chaque recoin raconte des histoires amusantes, et décorées de telle sorte que l'homme d'antan et l'homme moderne puissent sympathiser, nous restons étonnés par la diversité des symboles et des utilisations de cette flew-. Cette exposition est particulièrement instructive car elle délivre divers messages par le biais d'un thème unique Doù la raison d'être d'un musée. A force de marcher à pas légers dans les salles d'exposition silencieuses et proprement entretenues, nous nous ennivrons du doux parfum des pruniers comme si nous traversions une vallée de pruniers tant recherchés par les nobles d'autrefois, loin du bruit et de l'effervescence de la vie quotidienne. Cette sensation est-elle due à la couleur de fond ve1tdair qui symbolise la venue du plintemps ? + 85


ACTUALITES

La commercialisation de la culture coréenne

.L

Ahn Hai-ri Journaliste au quotidien joong-ang Ilbo

a force culturelle d'un pays. ne résid.e

pas seulement dans les anaens palaiS

ou les trésors nationaux soigneusement préservés dans les musées mais aus.si, simplement, dans un produit culturel unique daos le monde à travers lequel il est pos.sible de reconnaître sa vraie valeur culturelle Les prcxluits culturels conunerciaux sont en fait très appréciés pat· les tmuistes étrangers et, également, les Coréens qui pattant à l'étranger en font cadeau grâce à leurs ptix raisonnables et c'est une excellente façon de faire connaître et d'introduire la culture coréenne à l'étranger. M1igré ces avantages, le développement des prcxluits culturels coréens ont été négligés jusqu'ici faute de temps et d'atgent . En fait, au Musée national et au Musée national d'att contemporain, deux endroits très fréquentés par les tmuistes étrangers, il est difficile de trouver des prcxluits culturels conunerciaux de haute qualité présentables à l'étranger. n est regrettable de remat·quer dans ces musées des boutiques de souvenirs remplis d'objets rudimentaires en général de pauvre qualité et des prcxluits impoités. Aux Etats-Unis et en France ou encore chez nos voisins pponais, pat· exemple, les musées vont au-delà d'tm simple endroit où sont exposés des objets d'att culturels. Autrement dit, ils développent des prcxluits com· merciaux inspirés de leurs collections d'objets d'att et leurs points de vente ont acquis de la réputation à travers le monde. Ains~ le Musée d'att contemporain de New York pos.sède de nombreux points de vente à l'extélieur tandis que le Musée d'att métropolit:1in 'a intrcxluit un service de vente sur Internet' offrant un latge choix de prcxluits allant des accessoires aux atticles de papetetie, de eattes postales aux eattes à puer et aux foulat·ds pattant la g~ife du Musée 86

Ces magasins gérés par les musées se pourvje~t activement de prcxluits vat·iés pour les clients qui désirent acheter des souvenirs qui ne sont pas néces.sairement des cadeaux après avoir visité les oeuvres exposées au musée En Corée, il faut bien admettre que le concept de commercialisation de prcxluits d'att culturels est encore peu répandu bien que les milieux des beaux-atts reconnaissent aupurd'hui sa néces.sité et sa potentialité de développement A présent, le projet de commercialisation est encore au stade de balbutiement et a besoin de conditions favorables au sein du milieu attistique pour être mis en application Ainsi, la Corée offre peu de produits culturels présentables aux étrangers. nexiste seulement deux musées dans le pays qui possèdent des équipes de développement de prcxluits culturels. TI s'agit du Musée d'ait Ho-am et du Musée national. Récenunent, des galeties d'att ptivées telles que Gana Ait se préparent à ouvrir leurs boutiques de souvenirs et à développer leurs propres prcxluits d'att Depuis le début, le Musée d'att Ho-am s'est intéres.sé à ce projet. Ce musée qui abrite une riche collection de plus de 25.CXX)

articles d'art comprenant des objets fabtiqués datant de la pélicxle préhistotique à nos purs, investit aupurd'hui activement dans le développement de prcxluits d'art commerciaux. En 1993, une équipe spéciale a été établie au sein de la section commerciale du musée et quatre créateurs artistiques d'objets attisanaux et d'aits graphiques ont été réunis pour développer des prcxluits culturels. Depuis sa création, cette équipe a a·éé près de 300 produits inspirés de 90 différentes oeuvres d'art. Ces produits commerciaux ont été classés dans quatre catégories distinctes. La première catégorie comprend des articles développés en relation avec une e~positn spéciale Le genre et la quantité de produits à fabriquer sont décidés à la suite d'une étude approfondie sur le caractère de l'exposition et la nature du public La plupatt des prcxluits sont vendus au cours de l'ouvetnire de l'exposition A la fin de l'exposition, il est normal que les ventes diminuent sensiblement Par ailleurs, un des a·itères majeurs du choix de prcxluit se base plutôt sur la renommée de l'attiste que l'oeuvre elle-même Les trois autres catégories de prcxluits qui sont développées à travers l'année sans tenir compte des expositions en cours sont des prcxluits traditionnels coréens, des prcxluits portant la mention "bien conçus", et des articles divers tels que affiches, cartes post:1ies, et mouchoirs. Actuellement, l'équipe Ho·am se consacre davantage à la catégorie des prcxluits traditionnels en développant des articles mcxlernes en utilisant des matériels et des techniques traditionnels. Leur objectif est de créer des produits de haute qualité qui peuvent être appréciés pat· le grand public à


ACTUALITES

travers le monde. Les artisans de laques peuvent produire seulement des atticles en laque, il en va de même pour les attisans de bois. Mais, l'idée principale est de fabriquer des produits tout à fait nouveau en combinant les deux connaissances avec un goüt traditionnel Pour cela, de nombreux essais sont en cours avec des matériaux tels que la nacre, le jonc, le papier du mürier hanji et le bambou, ainsi .que d'autres techniques comme le tricotage Parmi les articles les plus vendus à la boutique d'art de Ho-am, on compte notamment les miroirs développés par l'équipe de a·éation du musée. Ces miroirs sont fabriqués à partir de métal spécialement travaillé rendu fin et incassable Le revers du miroir est décoré par des peintures diverses. Ce miroir est un excellent atticle de souvenir et est vendu à

seLùement trois mille w5ns Les ventes de ce produit très apprécié par les clients ont dépassé le nombre de lOO.cro atticles. Encouragés par le succès de Ho-am, d'autres fabricants se sont mis à produire ces miroirs en payant des royalties. De cette façon, l'équipe de Hcram met l'accent non seulement sur le côté de création des produits mais également sur sa commercialisation Etant donné que Hcratn propose une collection très variée de produits mais en nombre très rédui~ il s'ensuit que le coüt de production reste très élevé. n est important de maintenir la bonne qualité du produit de façon à ce que les clients désirent l'acheter même à un prix élevé. Le Musée Hcram présente un but très spécifique dans le développement de produits culturels. La première étape est de populariser les produits d'art auprès du

Uneboutiquedesouvenirsaumuséed'artHo-Am 87


ACTUALITES

public et le but final est de créer des prcxluits portant une marque représentative de l'art coréen et qui ne peuvent être trouvés nulle part ailleurs qu'au Musée Hcr am Pour arriver à ce pain~ il faut mettre l'accent .sur l'exclusivité. La potentialité des produits d'art réside dans le désir de posséder quelque chose d'unique dans le monde Au Musée d'art contemporain de Sarnsung dont l'ouverture est prévue pour 88

1999, des boutiques d'art s'étaleront sur une surface de 120 p'y5ng (396 m2) et seront situées sur trois étages. Les milieux d'art prévoient en fait qu'à cette époque la demande pour les produits d'art augmentera sensiblement ainsi que l'intérêt du public pour ceux-~ d'où l'importance des boutiques de souvenirs. Le Musée national, la seule institution avec le Musée Hcram à gérer une section indépendante de développement des

prcxluits d'art, travaille pour créer des objets uniques clans des conditions peu favorables. La création des prcxluits d'art a commencé en avril 19% ; e~ en mars de cette année, une section de création a été officiellement établie. Mais l'équipe est obligée de consacrer plus de temps à l'exposition et à la conception des catalqsues qu'à la création des objets d'art De ce fai~ l'équipe a jusqu'ici présenté seulement quatre articles dont des cravates, des chemises, et des articles de papeterie dont les motifs sont inspirés des pièces de patchwork et de l'alphabet coréen, lxlngul D'après Park Hyun-t'aek, créateur prinàpal du Musée national, il est trop tôt pour parler du développement des prcxluits d'art au stade actuel comme étant une activité commeràale distincte, car l'industrie du pays n'est pas encore prête à entreprendre de telles affaires. Mais les milieux d'art sont consàents de l'importance de ce secteur et l'établissement d'une section de création de prcxluits d'art au sein du musée en est la preuve même Bien qu'il existe une section de a·éation appartenant au Musée, la boutique de souvenirs est gérée par une organisation privée. Le Musée contrôle le choix des produits mais n'intervient pas dans les ventes. Par ailleurs, étant donné que le nombre d'articles conçus par le Musée est insignifiant, la boutique est remplie principalement de produits bon marché fabriqués par des PME L'objectif étant de générer des profits modestes et des bénéfices en un laps de temps rapide, leur qualité est naturellement très pauvre En tenant compte des conditions du marché intérieur, le Musée Whanki gère une boutique de souvenirs fort intéressante comprenant des articles de papeterie et des produits inspirés de peintures de Kim Whanki Le Musée Moon Shin à Masan est un autre petit musée privé qui a commencé à développer et à commeràaliser des prcxluits d'art Bien que le musée ne possède pas de boutique, il a développé des produits portant la marque de feu l'artiste Moon Shin,


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un des sculpteurs représentatifs de la Corée Le Musée Moon Shin a établi une fondation dont les fonds collectés sont destinés à la création des oeuvres permettant de promouvoir l'art et le lien entre artistes. Un total de sept sortes de bagues, de colliers et de pendentifs a été créé jusqu'à présent Ces accessoires ont été exposés et vendus pour la première fois- en septembre 1996 lors d'une exposition spéciale des sculptures en inox de Moon Shin tenue en commémoration de l'ouverture des nouveaux sièges de la chaîne de télévision l\1BC de Masan Il n'existe pas d'unité particulière de création au Musée Moon Shin. Les articles sont fabriqués dans les ateliers du musée où les artistes travaillent les modèles en miniature à partir du moule des sculptures de Moon Shin. Ces reproductions sont faites en or 18 carat à la place de l'inox ou de l'ébène avec laquelle Moon Shin aimait travailler autrefois. Une série de collection d'articles ne dépasse pas le nombre de 150. Etant donné que le musée utilise des

ACTUALITES

matériaux chers, les reproductions des oeuvres de Moon Shin coûtent relativement chers allant de 70.CXXl ui5ns à 170.CXXl ui5ns Malgré cela, plus de 80 pièces d'art ont été vendues au cours de la première semaine de l'exposition Le Musée national d'art contemporain et la galerie d'art Hangaram du Centre des arts de Séoul possèdent également des boutiques de produits d'art au sein de leur musée mais elles appartiennent à une société privée La galerie Gana a ouvert récerrunent une boutique d'art Gana, en janvier de cette année, mais elle présente peu de produits propres à elle A présent, la boutique vend des produits de Ho-am, èles objets fabriqués par les artistes locaux et des articles importés. Cependant, à l'avenir, la galerie envisage d'augmenter le nombre des articles à travers ses propres expositions. Au troisième étage de la bOutique d'art se trouve une salle d'exposition où se tiendront des expositions spéciales liées avec les produits d'art corrunerciaux A partir de cette exposition

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seront développés des produits d'art qui seront vendues dans les l:x)Utiques. L'exposition du Pendule d'Art qui s'est déroulée en corrunémoration de l'ouverture de la boutique d'art Gana a présenté 90 oeuvres réalisées par 2fJ artistes comprenant non seulement des objets fabriqués artisanaux mais également des peintures et des sculptures de styles coréen et cx:cidental La première exposition qui a su as'iOCier la beauté de l'art avec l'aspect fonctionnel du pendule a mobilisé l'intérêt d'un public nombreux. Les articles qui ne sont pas vendus lors de l'exposition sont alors étalés sur les rayons de la boutique Les créateurs des musées publics aussi bien que des galeries privées s'accordent à dire que les produits d'art ne présentent pas réellement de rentabilité financière Mais à l'avenir, des investissements suffisants permettront de développer des oeuvres uniques de haute qualité avec une grande valeur aputée Cest donc pour cette raison que dans les milieux d'art et de création, les produits d'art commencent à gagner prcgressivement un intérêt particulier. +

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CRITIQUE LITTERAIRE

La poésie de Ku Sang Claire Berger-Vachon

Directrice du Centre culturel français

Ku Sang est de ces humanistes, chez qui la foi en l'homme est indissociable de la pensée de Dieu Sur la longue période qu'est sa vie, le regard s'étonne de voir qu'il a tout vécu, la tentation de la prêtrise, la prison, l'amour passion comme l'amour fidèle, l'isolement politique comme la reconnaissance finale, l'expérience de la maladie et l'apprentissage de sa quotidienneté Comme le poète lui-même, nous nous étonnons et nous réjouissons de cette longévité qui prouverait que l'acharnement et la sérénité permettent de surmonter les pires maux et que la lutte contre l'ignorance - au sens bouddhiste du terme - sait ménager à l'homme, une aptitude particulière à la vie Aujourd'hui l'éternité est un recueil simple et pur qui opportunément rend compte de la variété de l'oeuvre et de la vie de Ku Sang Marqué tragiquement par l'histoire, comme tout Coréen de sa génération, vivant douloureusement la partition de son pays au point d'être emprisonné pour la publication de poèmes engagés, notamment "L'aube", dénonçant avec le courage que l'on connaît aux purs, depuis sa prison, "(..) l'énorme chauœ-souris noire qui couvre toute la ville,'' Ku Sang n'en abandonne pas pour autant sa foi en lui-même, dont il fait le paradigme de l'homme Plus grand que l'éther Remplissant l'infini Qui de la lumière astrale dépasse Les innombrables années cosmiques, Que la possession résultant de cette 90

plénitude, Que le néant à cela opposé, Que la mort inconnue, Plus grand que tout cela, Un ai muet au milieu de l'univers! Une immensité embrassant l'étemité ! Moi 2

Ku Sang

Aujourd'hui l'éternité

Choix, traduction

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du corCen ct prëscntatiOn par Roger l.e\ · cri~. Avant-propos de 1 nutcur.

Orphée La Différence

Mesure de l'univers, moteur de l'humanité et du progrès, mais frappé néanmoins par le péché 01iginel et le karma, l'honune chez Ku Sang est cet être complexe fait de bien et de mal, de spiritualité et de matérialité, porteur de sa capacité à percevoir l'essence des choses, mais incapable parfois, du fait de ses passions, de dépasser une appréhension utilitariste du

Monde Les racines chrétiennes de Ku Sang, intimement enchevêtrées avec celles du bouddhisme, affleurent dans toute sa poésie Ainsi du prunellier et du pommier qui n'est pas sans rappeler la parabole du bon grain et de l'ivraie, ainsi de la poésie "Le secret'' dont certains accents, dans la méditation du poète emprisonné, rappellent Aragon ou Verlaine Car, pour Ku Sang, la rédemption existe, sous des formes multiples. Elle peut prendre la forme du Christ ou de Bouddha. Elle peut aussi venir de l'exercice du verbe et d'une appréhension panthéiste de la nature A l'évidence, Ku Sang est sauvé par les mots et par la contemplation de la a·éation Un jour que menaçaient de déborder Les sanglots de l'impermanence, Au fond de mon âme, a commencé à sourdre Une fontaine de chant · Jusqu'au jour où mes chairs deviendront des feuilles, Où mes os deviendront des tiges, Où de mon sang écarlate s'épanouira un bouquet de fleurs, Oh!ma vie! Telle fut la première strophe Du premier de mes poèmes. 3 Et une foi inébranlable dans l'éternité anime depuis le poète Pour l'être né dans l'éternité, il n'est point de fin;(..)." 1 Le sea~ Aupurd'hui l'éternité p. 79 2 Mo4 Aupurd'hui l'éternité p. 23 3. Même les noeuds des a;gna.ssiers -Souvenirs d'enfance -Aupurd'hui l'éternité p. 79 4. la vie et la mp~ Aupurd'hui l'éternité p. 101


APERÇUS DE LA

LIT~ERA

TURE COREENNE

Su Chung-in

La littérature <;~

pour rôle

de donner la possibilité de se glisser dans la peau des autres pour permettre de se voir tel qu'on est, pour attendrir les coeurs endurcis, faire s'ouvrir les coeurs fermés et redonner courage. 91


Les nouvelles de

SuChung-in Une esthétique de la sobriété au service d'une thématique de la déshérence YuJong-ho

Critique littéraire, professeur de littérature à l'université Yonsei

J

usqu'aux années 60, le genre narratif, en Corée, avait été porté par les formes brèves : romans livrés en feuilletons dans la presse et nouvelles publiées · dans les mensuels. Pour ce qui concerne les feuilletons, il était difficile à leurs auteurs de ne pas répondre à la demande du public, friand de mélodrames. La nouvelle, moins exposée aux pressions du lectora~ était devenue le genre où les romanciers pouvaient plus librement et pleinement réaliser leur ambition artistique. On peut dire de façon générale que le roman, si l'on excepte quelques cas atypiques, a été le lieu où les auteurs ont pu établir un compromis entre les lois du marché et leurs idéaux littéraires. Le fait que la nouvelle, considérée comme un genre mineur en Occident, ait dominé la scène littéraire en Corée pendant toute la première moitié de ce siècle, et qu'elle se ·soit investi le souci de créer des oeuvres littérairement valables, ne peut se comprendre qu'au regard de la pauvreté du marché de la littérature, qui condamnait les

Admettre que l'homme a ses limites n'implique pas toujours une vision pessimiste. Dans les dures conditions de cette vie, fabriq'u er de la beauté en y mettant tous ses soins est une protestation face à l'indigence et à l'insensibilité du monde. 92

auteurs à consacrer une partie de leur temps à des productions alimentaires. Mais, à partir du début des années 60, quand l'économie coréenne décolle enfin, la situation change subitement. Aujourd'hui, quand on évoque le genre narratif, on pense d'abord au roman, la nouvelle ayant été rétrogradée au rang de genre mineur. On a là un exemple tangible du poids des conditions matérielles et de leur incidence sur les phénomènes culturels. Bien que la nouvèile n'occupe plus aujourd'hui qu'une place modeste face à la production de masse des romans qu'on dit fleuve, elle continue néanmoins à tenir le rôle, du fait que les meilleurs talents s'y essaient, de référence littéraire. Su Chung-in a débuté sa carrière d'écrivain en publiant dans Sasanggye, un des plus grands mensuels de l'époque, la nouvelle "Retour à l'arrière" qui lui a valu le prix que décerne ce magazine aux meilleurs romanciers débutants. Après ce premier texte qui traite de la vie à la caserne, notre auteur commence à attirer

l'attention par ses recueils de nouvelles : "La rivière", ''Une paire de ciseaux'', "Vendredi et samedi", "La fête des azalées", ''Dalkung 1", "Dalkung 2", "Le poisson rouge". Ces publications lui ont permis de se hisser progressivement au rang des écrivains du pays les plus en vue. Dalkung a ceci de particulier qu'on peut le lire a~si bien comme un recueil de nouvelles indépendantes que comme un roman fait de récits enchaînés. L'auteur n'en reste pas moins fidèle à sa vocation de nouvelliste : il consacre ses talents au genre nanatif bref, qui est celui dans lequel les écrivains coréens excellent plus particulièrement Une des caractéristiques de l'oeuvre de Su Chung-in est que chacun de ses textes est, de façon très régulière, un modèle d'accomplissement. Ses nouvelles ont en commun une structure solide et précise, une écriture policée qui traite tous les caractères avec un soin égal, un style adapté au motif qu'il met en scène, des dialogues épurés qui permettent de se représenter très aisément les personnages,


et elles révèlent un sens de l'observation, On y rencontre, en revanche, tel étudiant puise volontiers à cette mine d'humour aigu et lucide, qui ne cède jamais à la ordinaire qui a passé de longues années à ainsi que le montre "Ça s'est passé la nuit". subjectivité du sentiment En deux mots, il l'université et qu'on avait cru brillant ; tel On a l'impression que, malgré cette jeune, service militaire terminé, de retour au spécificité des personnages et de la toile de est loisible de parler, à leur sujet, d'une esthétique de la sobriété Ces oeuvres, touvillage de son enfance où, sans travail, il se fond sur laquelle ils évoluent, la vie ne retrouvera en plein désaccord avec sa pourrait être autrement que comme elle est tes marquées au sceau des qualités qu'on famille ; tel jeune campagnard qu~ pris d'un déa-ite. Cette impression, loin d'être le fruit vient de citer, sont autant de réussites : il n'en est point de ratées ou de banales. Elles vague rêve d'aventure, tente vainement de d'une intention délibérée de l'auteur, résulte n'ont rien à envier aux meilleurs modèles sortir de la grisaille du quotidien ; des de l'observation lucide et du rendu exact vieillards sans fortune, sans métier, sans des choses observées. Il nous semble à de la littérature. Si notre auteur, âgé moyens de subsistance ; un politicien raté propos de rappeler ce que l'auteur avait aujourd'hui de plus de soixante ans, ne peut faire état que de six ou sept recueils de qui vit ab.1 ~ 9 né dans une maison écrit dans une de ses postfaces : "La religieuse _ ' - ~ !lb ntage, et qu~ pour.sauver littérature n'est pas en soi une fontaine de nouvelles, cela s'explique peut-être par le fait que d'autres occupations le sollicitent n la face .~ § in ènte une histoire de fils ; un ~ fait qu'il n'existe pas de réponses de littérature est, en effet, profes~u homme d'âge mûr ~i a-oise ul'e.-~n :ille tout ~tes fait la ~ges de la _littérature. étrangère, mais surtout par le fait qu'il est dans la rue ; de Jeunes (em e qUI se ~ . 9IUel & domame que ce SOl~ elle n'en lance~ en paotn~ dans une randonnée "'~ jt jamais auram e les spécialistes de ce un perfectionniste qui s'impose des règles dans les monts Jiri, tous gens mal à l'aise dorfia;tne." "La ittérature a pour rôle de exigeantes. Il est un des rares écrivains dans leur vie et qui n'osent pourtant donner la possibilité de se glisser dans la coréens qui se plie à la sévère discipline car ser l'espoir d'une autre vie. Ils n'ont peau des autres pour permettre de se voir qu'exige l'écriture rien à voir av:ec les grands de ce monde, tel qu'on est, pour attendrir les coeurs Ce que tente Su Chung-in dans son avec ceux qw! oot une carrière à faire. endurcis, faire s'ouvrir les coeurs fermés et oeuvre, c'est d'y aire entrer le monde d'aujorh~ un mon e modéliSé par son De c~ gW sans irn .,rtance, Su Chungredonner courage:' Plutôt que de déclarer in brossé un p ~ t-rai objectif qui fait ses intentio :lil s'efforce de décrire avec la observation lucide et son ~ hétique de la aprît~ ~ du té Cie leur vie, dépourvue plus e précision tous les aspects de la condensation ll réussit à renèlt: ~ de façon de sens. Us ' fJ,.~ t1sissent pas, ne décident vF èS hommes Cest dans la vie que ses méticuleuse et sans faille, les divers aspects . ~ uv r es puisent directement leur matière. de la vie de déréliction que mènent les .:'pas, n'orientepf! pas leur destin : ils se laisc0n uire par les contraintes du moEl ~ s regorgent, en effet, de quantité de géné(ations venues après les années 60, à ~· sent men~ les traditions, les usages, les lourdes desa-iptions du monde réel : l'ère de l'industrialisation, de l'urbanisation, habitudes A lire ses oeuvres, on sent à quel "Sur la coopérative agricole, elle.. essemde la modernisation. Il choisit, comme espace, celui des villes de province, point la vie de ces gens, cJ.ant ce recoin du blait à un entrpô~ était placardé le l915an 1 monde, doit ~te dure et étouffante. Mais "Quand la coopérative mâ'FcHe bie - les moyennes ou petites, ou des villages de devant cette ie d'ennui, le lecteur ne paysans vivent confo ble en '. La mairie campagne. Son ambition est de faire de la ressent, lu~ aucun sentilnent d'ennui, tant et le bureau de po c se arsaient un amical vie ordinaire de la grande littérature Cest la raison pour laquelle son univers évite l'auteur sait faire ressortir l'humour ou voisinage. Par la o e entrouverte de l'émotion des situations. On sen~ à travers l'étroite boutiq ' du coiffeur passait une d'accueillir les situations extrêmes comme la mort ou les meurtres. On n'y trouve pas son humour, la compassion qu'il éprouve tête, celle d'un je ne freluq~ il semblait ~ non plus d'intrigues compliquées sensées pour ces êtres à qui il pardonrre volo tiers tout juste de v enir de terminer son service leurs fautes Mais sa vision · u mo ' àe t militaire, qui jetait un coup d'oeil dehors. ll y maintenir la curiosité du lecteur en éveil. Dans ses nouvelles, il aspire à montrer, sur pas inspirée par une que co ~ ' logie avait encore une pharmacie chinoise et un optimiste qui voudrait que l'hJ · e naisse salon de coiffure pour femmes qui devait une ligne mélodique aussi dense que bon. Dans "t:Jne p ad . · 't· m re", il écrit : aussi faire les maquillages pour les banale, la vie des gens au •<'ltidien dans "Sur leurs visages, e <uws depuis bien nouvelles mariées. Dans l'épicerie, trop toute leur trivialité. ~ Su Chung-in va cher-cher ses perlongtemps, un ~ fin était collé qui les grande pour ce qu'elle avait à proposer, un sonnages dans quasiment toutes les classes isolait non selif ~ ment de moi, mais aussi transistor donnait une rediffusion de entre eu " ' s "Le vallon", ce voile est feuilleton A côté, un emplacement vide Le sociales, mais plus pa1ticulièrement dans les devenu un Îna~e. L'homme change de bâtiment de derrière avait l'air d'une salle milieux défavorisés, chez les laissés-pourmasque, joue différents rôles selon les communale. C'est sans doute là que se compte du développement. Ceux qui jouissent ostensiblement de leur réussite nécessités du moen~ comportement qui précipitaient les gens du coin quand, deux s'explique par l'immoral instinct de ou trois fois par mois, était projeté un film sociale, ceux qui ont des talents hors du conservation du genre humain. Mais la qui avait déjà fait le tour de la péninsule commun ou encore ceux qui ont été sournoiserie et la méchanceté ont leurs tout entière et dont plus personne ne touchés par la baguette de la fée, ne sont limites et leurs défaillances, notre auteur voulait" (La rivière) pas bienvenus dans l'univers de l'écrivain. 93


"La voiture s'arrêta devant un restaurant de nouilles froides du centre-ville. La devanture était clinquante e~ à en juger par le vacarme que faisait la nombreuse clientèle à l'intérieur, la cuisine devait être bonne. L'homme rondouillet dont le ventre débordait par-dessus son pantalon trop grand qui se tenait à la caisse, cria : "Voilà les messieurs !" Des filles dont la peau blanche . ne voyait sans doute jamais le soleil, arborant un tablier blanc sur un uniforme bleu, apportaient les plats sans relâche. Une serveuse, deux bouteilles de bière dans une main, nous guida dans un coin de l'immense salle. Les clients d'avant devaient juste venir de partir Car la table était encore couverte des plats du service précédent et pnchée de restes "Eh ! la p'tite, débarrassemoi cette table, et apporte vite les amusegueule!" (Dans l'ombre du pavillon) nne faut pas plus, à notre auteur, que les · quelques lignes du premier extrait pour faire revivre un village des années 60 et ressusciter sa grise quoticlienneté. Quant au restaurant si bien croqué, il est de ceux qu'on voit partout. L'homme rondouillet dont le ventre débordait par-dessus son pa0talon trop grand, c'est le patron type des restaurants de nouilles et de tant d'autres restaurants. La technique descriptive, précise ni trop ni trop peu de détails est à l'oeuvre partout ; les extraits ci-dessus sont très représentatifs du travail de l'éoivain Du fait qu'il s'efforce de dépeindre la vie sous tous ses aspects et de nous en faire sentir la dureté, on peut qualifier Su Chung-in d'écrivain réaliste, l'un des meilleurs de notre époque. Pourtan~ dans le contexte actuel de l'analyse littéraire, ce genre de définition peut paraître incongru Cela est dû, sans doute, au fait que le discours méta-littéraire avait pris, par le passé, le réalisme dans une acception trop étroite. Ce réalisme-là, insensible à l'effort stylistique et au raffinement formel, n'accordait d'attention qu'à ce qui relevait du point de vue, des classes sociales ou de la prise ·de conscience idéologique des personnages. L'accent était mis sur la contestation de la société ou sur les intentions subversives, mais non pas sur la pertinence d'une observation dépassionnée, ni sur le travail stylistique. Cette 94

attitude trouvait sa justification dans le sombre contexte de l'époque : il est temps de revoir les choses sous un autre angle d'attaque. On peut se demander à quoi bon revivre dans nos lectures cette dure réalité de la vie que la vie réelle nous donne déjà en abondance. On peut se poser la question de la nécessité d'une peinture minutieuse et détaillée de cette âpre et étouffante quotidienneté et de ces personnages dérisoires qui surgissent, pataugent et disparaissent. A ces questions, plusieurs réponses sont possibles. Disons, tout dabord, que ces témoignages peuvent constituer pour nous des expériences salutaires, parfois non dépourvues d'agrément. Voici une passage de "La construction d'une maison" : "Sa taille aussi bien que ses vêtements exprimaient quelque chose de fragile, qui désarmait les gens. C'était peut-être-là le secret de son ascension : le petit épicier était devenu maire!' Le plaisir de la lecture tient en ce que la remarque nous offre rien moins .qu'une véritable illumination sur la nature huinaine. De plus, si les sciences humaines, et donc la littérature, se donnent comme objectif une meilleure connaissance de so~ le fait de donner à observer la réalité quotidienne doit contribuer à affiner cette connaissance. Admettre que l'homme a ses limites, qu'il est un être faible, avec des zones d'ombre n'implique pas nécessairement et toujours une vision pessimiste. Le rachat est possible par l'humour, la générosité, la ve1tu. Dans les dures conditions de cette vie, fabriquer de la beauté en y mettant tous ses soins, quel que soit le domaine, est une protestation de la dignité humaine face à l'indigence et à l'insensibilité du monde. Une littérature digne de ce nom doit nous permettre de nous découvrir et nous rappeler la nécessité du changement Les nouvelles de Su Chungin sont exemplaires en ce sens qu'elles nous invitent à la découverte de soi et à retrouver la signification sociale de la littérature. L'une des nouvelles présentées ici, "La campagne" publiée en 1973 traite de l'histoire d'un jeune qui vient de terminer son service militaire et qui réintègre la société. Bien que peu enclin à obéir, il n'ose aller à l'encontre de la volonté de son père

quand celui-ci lui demande d'aller sur la tombe familiale pour porter aux ancêtres la nouvelle de son retour parmi les siens. Tiraillé entre le devoir d'obéissance aux aînés et le désir de rébellion, il ne parvient pas à trouver un chemin bien tracé, se contentant chaque fois de vagues compromis. Le personnage nous est donné à observer d'une façon extrêmement présente, nous le voyons, absorbé par la routine, se laisser engloutir dans les compromissions de la société. C'est smtout dans les dialogues, brefs et parfaitement calibrés, que se manifestent le mieux les talents de l'auteur. Le jeune homme décide, en fin de compte, de quitter le giron familial Son choix révèle un fait social nouveau : la vie à la campagne, en ces années 70 où l'économie prend son essor, n'a plus rien à proposer aux jeunes "Vagabonds" (1976) est un récit qui, par la cruauté primitive qu'on y .trouve, contraste avec le reste de l'oeuvre de Su Chung-in. Un paysan veuf, que des inondations ont réduit à la misère, se met en route pour Séoul après avoir placé ses enfants chez divers parents. Accompagné d'une soeur qui a été mariée par le passé, il a l'intention de chercher un travail de purnalier pour survivre. Dans un village où ils se sont arrêtés, il réussit à caser sa soeur chez un veuf qui va même jusqu'à lui donner un peu d'argent pour lui permettre de poursuivre son voyage. Mais celle-ci est assaillie. par une fripouille qui la violente. "Son" homme, qui a été témoin de la scène, attrape l'agresseur, le mutile au visage et se retrouve en prison pour voie de fait. La femme part à la recherche de son frère, sans argent, sans rien pour la ..guider. Le lecteur frissonne devant cette violence de la vie, sa férocité primitive, qui nous guette de toutes parts. nretiendra aussi que le titre de la nouvelle ne renvoie pas à la seule notion du voyage, mais à la véritable errance, celle de gens qui s'enfoncent dans la maladie et la solitude. Pour bien comprendre l'oeuvre, il convient enfin de se souvenir que la toile de fond dessinée ici est celle de l'exode rural, conséquence de la politique d'urbanisation mise en oeuvre et l'un des problèmes sociaux majeurs de la Corée. +


NOUVELLES DE LA KOREA FOUNDATION

Subventions pour les études coréennes à Yétranger

La Korea Foundation offre une aide financière aux universités, aux instituts et aux bibliothèques à l'étranger pour leurs efforts pour promouvoir la coréanologie dans le monde. Les projets soumis à l'approbation de la Korea Foundation doivent relever des Sciences-Humaines, des Sciences-Sociales ou d'un domaine artistique en s'inscrivant dans le cadre des objectifs définis ci-après : · 1) Création ou développement de départements d'études sur la Corée (cours et enseignants) 2) Mise à disposition de bourses pour étudiants de 2ème ou 3ème cycles et d'allocations de recherche pour les enseignants 3) Participation aux acquisitions des bibliothèques et des catalogues. Les dossiers d'inscription devront être remis à la Korea Foundation avant le 31 mai. Les résultats de la sélèction finale seront annoncés le 15 octobre de l'année en cours. Pour obtenir les dossiers d'inscription, des conseils ou toute autre information, s'adresser à : International Cooperation Department I The Korea Foundation CP.O Box 2147 Seo ul. Koreo Tel82-2-753-3464 Fox 82-2-757-204 7.2049

KOREAFOCUS BIMENSUEL SUR L'ACTUALITE DE LA COREE En complément de la revue KOREANA , la Korea Foundation publie une revue intitulée KOREA FOCUS afin de participer aux efforts entrepris pour faire connaître la Corée dans le monde et pour avoir une place à part entière dans cette ère de globalisation Nous espérons que KOREA FOCUS pourra servir de référence de base à la communauté mondiale en ce qui concerne la Corée. KOREA FOCUS offre à ses lecteurs, une vision générale de la Corée à travers Lm choix d'articles variés concernant -~ l'actualité Dans ce bimensueL vous trouKOREA / verez des articles ciblés sur la politique, fOCUS l'économie, la société et la culture, des """""""'"" opinions sur le monde des affaires ainsi qu'une chronologie des événements récents en Corée. 1 ' Publiés en anglais et en pponais, ses ·---·-· / articles sont tirés de publications co-

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réennes qui font autorité en la matière

telles que les principaux quotidiens, des magazines d'actualité ou des revues universitaires.

Les programmes de bourses de la Korea Foundation BOURSES POUR LES ETUDES SUR LA COREE

BOURSES POUR LES COURS DE COREEN

La Korea Foundation offre des bourses pour des cours de langue coréenne destinées à des étudiants de 2ème ou de 3ème cycles, à des chercheurs, ou autres spécialistes étrange~;s , qui souhaitent apprendre le coréen dans un institut de langue d'une université en Corée pour une durée de 6 à 12 mois. Chaque étudiant sélectionné se verra proposer des cours de coréen dans l'une des universités coréennes. Les frais d'inscription et une bourse mensuelle pendant la durée du séjour lui seront versés. Les candidats devront remettre les dossiers d'inscription à la section-bourse pour les cours de coréen de la Korea Foundation, avant le 31 mai. Les résultats de la sélection finale seront annoncés le 15 août de l'année en cours. Pour obtenir les dossiers d'inscription, des conseils ou toute autre information, s'adresser à : International Cooperation Department II The Korea Foundation CP.O Box 2147 Seoul. Kore o Tel 82-2-753-6465 Fox 82-2-757-20 47.2049


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