Programme de soirée ma 26 & me 27 avril 2011 | 20h
durée | 2h10 sans entracte
Kafka sur le rivage d'après Haruki Murakami adaptation pour la scène Frank Galati mise en scène Robert Sandoz avec Johanne Kneubühler, Laurence Iseli, Geoffrey Carey, Olivier Gabus, Thomas Matalou, Patrice De Montmollin, Raymond Pouchon | traduction française Corinne Atlan | création musicale et sonore Olivier Gabus | scénographie, accessoires et marionettes Nicole Grédy | lumière, vidéo et régie générale Stéphane Gattoni | costumes Anne-Laure Futin | construction du décor Valère Girardin | régie plateau Nicole Grédy | photographies Guillaume Perret | assistant à la mise en scène Vincent Held | graphisme de la compagnie Joanne Matthey | réalisation vidéo Bastien Bron | administration Joséphine Affolter, Pierrine Poget | coproduction L'Outil de la ressemblance, Théâtre du Passage, Théâtre Populaire Romand, L'Oriental–Vevey.
par
© Guillaume Perret
KAFKA SUR LE RIVAGE | Synopsis Kafka Tamura, quinze ans, fuit sa maison de Tokyo pour échapper à la terrible prophétie que son père a prononcée contre lui. Nakata, vieil homme simple d'esprit mais qui peut parler aux chats, décide lui aussi de prendre la route, obéissant à un appel impérieux, une force qui le dépasse. Lancés dans une vaste odyssée, nos deux héros vont croiser en chemin des hommes et des chats, une mère fantomatique, une prostituée férue de Hegel, des soldats perdus, un colonel de fast-food, un camionneur loufoque, un bibliothécaire hermaphrodite, des poissons tombant du ciel, avant de voir leurs destins converger inexorablement et de découvrir leur propre vérité. Dans un style fluide, Haruki Murakami étudie les tourments de l'âme humaine et s'immisce dans nos propres turpitudes. Il se fait habile alchimiste tentant, à travers les mots, de trouver la porte d'entrée – «la pierre de l'entrée» – entre le monde matériel et le monde spirituel. KAFKA SUR LE RIVAGE | Note de l'auteur «J'allais être happé par ce trou noir terrifiant et, soudain, la main de ma mère m'a soulevé hors de l'eau. Elle était à la cuisine quand je suis tombé, mais elle a eu la prémonition qu'il m'arrivait quelque chose et s'est précipitée dehors pour me sauver. Depuis, je crois au retournement des situations les plus désespérées.» Haruki Murakami
en résidence au Théâtre du Passage
KAFKA SUR LE RIVAGE | Note d'intention La générosité hétéroclite du roman nous a poussés à un théâtre complet. L'histoire est à l'image d'un Japon alliant tradition et modernité. Nous avons pratiqué un théâtre artisanal (marionnettes, tréteaux) et technologique (vidéo et éclairages au beamer). L'histoire marie différentes cultures puisqu'elle est influencée par la tragédie grecque antique, les mangas ou encore la musique pop américaine. Nous avons intégré ces influences en variant les registres théâtraux. La pièce passe rapidement du conte philosophique à la farce, de la tragédie à la comédie, du mélodrame à la rigueur protestante. Les comédiens s'amusent à varier les théâtres. Certains incarnent un seul personnage et apportent à l'ensemble un fil rouge stable et constant (Kafka et Nakata). Deux autres sont les passeurs: ils incarnent plusieurs personnages avec des rythmes et des registres différents, mais là encore, à un personnage correspond un univers. Finalement, les trois derniers comédiens gardent de la distance avec leurs nombreux personnages et jouent l'acteur jouant. Il ne sont que porte-parole, machine rythmique, comique ou infernale. Ce registre est utilisé pour les personnages qui ne sont pas de notre monde (dieux étranges influençant les destins des héros) mais aussi pour les personnages les plus communs, défendant une fonction, plus qu'un caractère. Regrouper le plus prosaïque et le plus mystique dans le même registre de jeu, c'est abolir des frontières. L'invisible et le visible ont le même degré d'importance, la même propension à la folie, la même potentialité de rire et de poésie. Ce spectacle est une ode au théâtre. Les coupes pratiquées dans le texte pour l'adaptation réduisent le roman. Mais l'énergie théâtrale fertilise le récit à nouveau, l'enrichit autrement. Cette dynamique propre au théâtre justifie l'existence de la pièce indépendamment du livre. Au travers de son écriture mixte, ambigüe, et hétéroclite, Murakami décrit la société avec un optimisme douloureux. Il annonce que tout est encore possible, que nous pouvons encore être des héros épiques, et surtout que de notre monde violent, sexué et individualiste peut émerger une poésie vivifiante.