LÉGENDES HISTORIQUES DES CHAMES PAR
E.
AYMONIER.
INTRODUCTION On sait que les Chaînes, Tjames, Tchames, Tiames ou Ciam-
pois, selon les auteurs, sont les descendants des anciens habitants du Champa ou Cyamba, qui occupaient l'Annam actuel proprement dit; on sait aussi que les restes de cette race sont maintenant répartis en deux groupes, parlant deux dialectes assez différents pour avoir quelque peine à se comprendre sur bien des points.
L'un de ces groupes, au Bînh Thuân, compte au plus trente mille âmes; l'autre, au Cambodge, en Cochinchine et à Siam, doit à notre avis dépasser soixante mille habitants, qui tous suivent la religion de Mahomet. Au Bînh Thuân, les musulmans ou bani, ainsi qu'ils s'appellent eux-mêmes, du mot arabe béni « les fils », ne comptent guère que pour un tiers, dix mille âmes environ; les deux autres tiers pratiquent un brahmanisme très dégénéré; selon l'expression du pays, ils sont païens, kafirs, akaphirs. Les deux groupes diffèrent non seulement par la langue, mais aussi par les moeurs et coutumes. Les Chames du Cambodge, musulmans plus éclairés que leurs frères et coreligionnaires du Bînh Thuân, ont néanmoins subi sensiblement l'influence des moeurs cambodgiennes, la civilisation des Khmêrs se rapprochant davantage de celle de l'ancien Champa. Au contraire, les Chames du Binh Thuân, surtout à Panrang ou Pangdarang, où, plus condensés, ils paraissent se ressentir de leur séjour dans