Bildoj n° 1

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bildoj * 1 images * imaginal


Editeur : La Luminade ISBN : 2-35218 Paris / France BILDOJ / trimestriel Comité éditorial : Frédérique Brulé, Antoine Peillon, Emmanuel Rouvier Concept & PAO : Antoine Peillon www.bildoj.net * http://issuu.com/bildoj

« Photographier, c’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur. » – Henri Cartier-Bresson

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/ n° 1 / été 2014


Bildoj : images. Nominatif pluriel de bildo, image, en espĂŠranto. Bildoj la vivo kaj la mondo per bildoj kaj imaginal fenomenoj



Emmanuel Rouvier / Nos vies sont des fêtes Frédérique Brulé / Aravis > Annecy Ishta / Un temps de crabe Samuel Peillon / Les passantes Juliette Peillon / A chacun son voyage



Emmanuel Rouvier

Nos vies sont des fĂŞtes

















Frédérique Brulé

Aravis > Annecy

















Ishta

Un temps de crabe





















Samuel Peillon

Les passantes











Juliette Peillon

A chacun son voyage


Le tableau vivant Se dresse devant moi une vie éclatante. Les pieds se lèvent, la balle frappe, les bras s’agitent, Les cris s’accroissent, les vagues mènent la danse. On se croise, on se parle, on rigole, on partage. Immobile, sensible aux caresses du vent, Savourant la beauté de ce tableau vivant. Rio de Janeiro, plage d’Arpoador, février 2014.



Comme un frisson Le vent passe dans mon dos, J’ouvre la fenêtre, Le brouillard est apparu, Les lumières disparaissent, Le bruit s’atténue, Peu à peu on ne voit presque plus, C’est la dernière heure, C’est la fin de cette lueur. Rio de Janeiro, Favéla Cantagalo, février 2014.



A perte de vue Le souffle coupé. C’est avec les yeux écarquillés que je contemple ce paysage. Quel paysage. Cette densité, cette diversité. De loin, au calme, la chaleur est encore forte bien que le soleil se soit couché. J’imagine à quel point ça doit grouiller, s’agiter, crier, courir. Le paysage a été façonné par les humains, parfois à outrance. Ici les Brésiliens se sont adaptés, ils ont construit au gré de leur nécessité, à la sueur de leur front. Et cela s’étend sur des kilomètres et des kilomètres. A perte de vue mon regard s’est perdu. Rio de Janeiro, sommet de Santa Teresa, mars 2014.



O pequeno barco Le clapotis de l’eau berce mon esprit. Perdue dans le nord du Brésil, entre la mer et le fleuve. Le soleil me dore encore un peu plus la peau et les éclaboussures me font sourire dès qu’elles touchent mes pieds. La tête vide, je regarde ce petit bateau. Petit bateau de pêcheur, à quelle heure as-tu commencé ? Combien de poissons as-tu attrapés ? Mon regard se perd sur l’horizon, je m’éloigne de plus en plus, à contre-courant, La tête vide et le cœur léger, petit bateau vogue sur les flots. Sur le fleuve Rio, au nord du Brésil, avril 2014.



Le livre m’a eue La bouche ouverte, je contemple. Les yeux écarquillés, j’admire. L’esprit envoûté, je me concentre. Les mains sèches, je tâtonne. Les oreilles fermées, je m’abandonne. Perdue, Le livre m’a eue. Rio de Janeiro, Centro, février 2014.



Loin je vais Sur mon bateau, je vais. Sur mon bateau, je vis. Sur mon bateau, j’entends. Sur mon bateau, je vois. Sur mon bateau, je suis seule. Sur mon bateau, je dirige. Sur mon bateau, je suis libre. Rio de Janeiro, Arpoador, fÊvrier 2014.



Les courbes de ma jeunesse Comme un trait, Ils sont mille, Ils s’amplifient, Se tordent, S’agrandissent, Tout est courbe, Elliptique, Horizontale, On s’y perd. Tu me rappelles les courbes de ma jeunesse. Rio de Janeiro, Sao Conrado, mars 2014.



Lumière lointaine Tic, tac. La lumière s’allume, Ici elle s’éteint, Là elle n’est jamais apparue, Reflet de cette vie, Emprisonnée dans un cadre, Seule, la nuit, tu es démasquée, Lumière, Quelle est ta confidentialité ? Recife, avril 2014.



Chacun son tour A toi de jouer, A toi de compter, A toi de distribuer, A toi de gagner, Je ne rentrerai pas ce soir, J’ai une partie à finir. Recife, avril 2014.



Refuge Presque pas un bruit dans cette église de Recife. Assise au cinquième rang, l’esprit à moitié endormi, ici, j’ai trouvé refuge pour mes jambes lourdes. Quelques chuchotements, des personnes s’habillent, on se presse en coulisses. Quelques personnes vêtues de jaune viennent se positionner et, d’un coup, toutes se mettent à chanter. Les sourires éclatent, les voix s’éveillent et tous s’accordent. Je suis entraînée par le rythme des paroles, fascinée par cette communauté qui respire le bonheur. La musique a des charmes que l’on ne voit pas. Si tu veux juger des mœurs d’un peuple, écoute ses paroles. Recife, avril 2014.



Au son de vos voix Chaleur écrasante dans la petite ville d’Olinda. On monte vers le monastère. Tout est calme. On pousse la grande porte, nos pas résonnent, la fraîcheur vient dégourdir nos cerveaux. Au fur et à mesure, je pénètre dans ces pièces, toutes uniques. Des voix se rapprochent. Une femme et un homme chantent. Je me guide au son de leurs voix. Je m’assois à côté d’eux, je ferme les yeux, je m’évade. Au son de vos voix, je me suis envolée. Dans un monde lointain, je me suis réveillée. Olinda, avril 2014.



Vai com deus On ne cherche pas à voir Dieu. On ne cherche pas à l’entendre, Ni même à le toucher. On cherche son âme, Au plus profond de soi, Où qu’elle soit. C’est cela qui nous rassemble, Cela qui nous enchante. Jericoacoara, avril 2014.



Il y a quelque chose en toi Tes pavés rythment nos pas, Tes façades ne se ressemblent pas, Tes lampadaires imposent le rythme. Le souffle de ton cœur est si petit, Pourquoi es tu née ici et as-tu grandi ailleurs ? Tu gardes tes secrets, Tu nous fais peur à la nuit tombée, Sao Luis, tes musiciens frissonnent. Tu t’es abandonnée, Ramène-nous à la réalité. Ville unique, ville imparfaite, tu t’es noyée au fil des années. Sao Luis, avril 2014.



Eternelle structure Ton squelette paraît vivant, mais tes entrailles se sont enfuies. Tu as dû lutter contre des éléments. Mort ou vivant, tu ne t’es pas débattu. Ton vide attise la curiosité et ta structure l’étonnement. Impressionnant et palpitant, Je te regarde un moment, Tu es si intéressant. Sao Luis, avril 2014.



Essoufflé Je suis essoufflé. Je marche toute la journée sous une chaleur de plomb. Je parcours la plage. De long en large. Mon pantalon me tient chaud. Mon gros ventre me fait mal au dos. Pause. Je suis essoufflé. Tous les jours, c’est le même rituel. J’arpente le sable chaud, vendant des collations pour quelques reals. Je marche, je marche et marche encore. Mon cœur est bon et mes jours sont pleins, Il paraît que ceux qui vivent sont ceux qui luttent. Ipanema, Rio de Janeiro, avril 2014.




Emmanuel Rouvier : emmanuel.rouvier@yahoo.fr Frédérique Brulé : on Flickr : https://www.flickr.com/people/79708214@N06/ (man:doo) Ishta : www.ishta.fr * on Issuu : http://issuu.com/therealishta Samuel Peillon : www.samuelpeillon.fr Juliette Peillon : on Issuu : http://issuu.com/juliettepeillon



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