SNOW The Alps Magazine 2018/2019

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COURTISER COURMAYEUR

The Alps

CHAMONIX À LA MODE PERDU DANS LA NEIGE

O N O I O T N I N I N T T E N E TR Dolomiti di Brenta L'âge d'or de l'art du ski

HIVER 18/19



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B E YO N D S K I I N G Cervinia, Italy – 19/11 – 7:30 AM – 45° 38’ 35.965’’ N, 7° 39’ 30.864’’ W Outfit Man - AWA M1 Jacket, AWA Gloves and Spectrum Goggles Outfit Woman - AWA L1.1 Jacket, AWA PL2 Pant, AWA Gloves and Spectrum Goggles



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Wow! You felt a real peak of adrenaline when you hit the slope and your heart was pumping pure emotion. When you caught up with your friends who were admiring the mountain crests, you burst out laughing because the peaks reminded you of your own pulse rate. So, now, is your heart ready for some amazing cuisine, a spa and a starry night, too? Look for new sensations on visittrentino.info.


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The Alps with an Italian touch.






LES ALPES 2018/19

SOMMAIRE 66 PASSION DE JUNGLE Donnez libre cours à votre sens de l'aventure avec cette tendance de mode inspirée des safaris.

80 DEVENIR SIERRA Professionnelle du ski freeride, mannequin et idole des documentaires de sports extrêmes, Sierra Quitiquit est aussi une activiste pour le changement climatique et l’égalité sociale.

86 PERDU DANS LA NEIGE Ancienne ville minière de charbon, Fernie mélange une atmosphère des années 80 avec des pentes abruptes et une poudreuse inoubliable.

94 CHAMONIX À LA MODE Cham, véritable centre névralgique du ski, a tout pour plaire : pics scintillants, restaurants d'excellence et superbes refuges.

102 COURTISER COURMAYEUR Lieu de rencontre des sensibilités, Courmayeur est l’endroit idéal pour admirer le mont Blanc en profitant d’une gastronomie d’exception et de pistes de ski hors norme.

110 MASCARADE De fabuleuses combinaisons et de merveilleuses tenues haute couture transforment vos fantaisies en réalité.

CETTE PAGE / SUR LA COUVERTURE Photos de Christian Alexander Style de John Martinez Tenue de ski de Toni Sailer Lunettes de Vuarnet Gants de Level 20



HIVER 2018/19 AVERSES DE NEIGE 32

La gastronomie givrée, le camping glamour et le Dr. Igor de Gstaad. Des skis plaqués or et des cabines recouvertes de cristaux. Les dernières nouveautés de l’univers blanc.

STYLE NEIGE 38

Pensez vert ! Préserver notre cher duvet blanc.

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APRÈS 44

Mélangez-vous à l'Almanach de Gotha dans les clubs les plus privés.

SKIER, DÉJEUNER 46

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Ouvrez-vous l’appétit, puis venez goûter aux délices des plats régionaux du Der Wolf.

SUITES 48

Le patrimoine historique combiné au luxe cinq étoiles du Fairmont Château Lake Louise.

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HÉLISKI 52

Le champagne coule à flots et les hélicoptères flottent dans les airs. La magie d'Albreda Lodge.

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BOUTIQUE 56

Bernard Orcel offre des services sur-mesure accompagnés d’un glamour hors pair.

CULTURE ENNEIGÉE 58 Les affiches de voyage italiennes de Franz Lenhart célèbrent le glamour des sports d’hiver.

DERNIÈRE DESCENTE 120 Les recommandations incontournables de Chris Davenport.

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ÉDITRICE Barbara Sanders RÉDACTRICE EN CHEF Melissa Long Melissa@thesnowmag.com

D I R E C T R I C E D E L’ É D I T I O N E T D E L A C R É AT I O N Barbara Sanders barb@thesnowmag.com

DIRECTEUR ARTISTIQUE Julius M. Yoder III julius@thesnowmag.com

RÉDACTRICE EUROPE

RÉDACTRICE AUXILIAIRE

Leslie Woit

Lori Knowles

DIREC TEUR DE CRÉ ATION

RÉDACTEUR DE MODE ADJOINT

Julius M. Yoder III

Michael Mastarciyan

RÉDACTEUR DE MODE

ÉQUIPE DE RÉDACTION DE MODE

John Martinez

John Martinez, Becci Wilson

RÉDACTEUR DES ÉQUIPEMENTS

Julius M. Yoder III

Austin Parker

DIRECTEUR NUMÉRIQUE

V ENTE S PUBLICITA IRE S Directrice des ventes Barbara Sanders (970) 948-1840 barb@thesnowmag.com

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CONTRIBU TEURS ÉDITION NUMÉRIQUE E T PA PIER Christian Alexander, Leslie Anthony, Antonio Cordero, Renato Del Valle, Daniela Federici, Andrew Findlay, Mattias Fredriksson, Shinan Govani, Louise Hudson, Carlos Johnson, Lori Knowles, Jen Laskey, Melissa Long, Micheal Mastarciyan, Audrey Mead, Diego Munita, Hilary Nangle, Steve Ogle, Peter ‘Poby’ Pobyjpicz, Everett Potter, Gerald Sanders, David Shribman, Rob Story, Leslie Woit

V ENTE S PUBLICITA IRE S EUROPE Responsable commerciale Debbie Topp (905) 770-5959 debbiejtopp@hotmail.com

CESANA MEDIA Responsable commerciale Paolo Mongeri paolo.mongeri@cesanamedia.com

Responsable commerciale - UK Martina Diez-Routh +44(0) 750 838-2781 martina@the-ski-guru.com


© Sindy Thomas

@ROSSIGNOLAPPAREL

ANOTHER BEST DAY

W HIVER DOWN JACKET


N

otre amour pour les Alpes se poursuit dans cette deuxième édition spéciale de SNOW - Les Alpes pour célébrer les meilleurs aspects de la vie alpine. Nous continuons le tour d’horizon des stations de ski, des hôtels les plus somptueux et des refuges de montagne les plus atypiques. Nous nous sentons vraiment chez nous ici, et nous souhaitons mettre en lumière les délices de la vie mondaine dans les Alpes : que votre plaisir soit de danser sur les tables de la Folie Douce avec vos chaussures de ski, ou de revêtir votre plus belle tenue pour une après-midi passeggiata. Cette édition de SNOW déborde de mode, de divertissement et de fabuleuses histoires et destinations alpines. Chamonix à la mode est une ode au lieu magique où l’alpinisme et la gastronomie fusionnent ensemble. Si Chamonix était une religion, ses praticiens seraient obligés de monter les sommets chaque mois et de skier les couloirs étroits pour faire preuve de leur foi. Ils connaîtraient également les subtilités de chaque fromages et vins de la région qui existent dans leur sainte Communion. Leslie Woit vous fait découvrir les Alpes comme seuls les locaux les connaissent. L’histoire racontée par Leslie Anthony et les photos de Courmayeur prisent par Mattias Fredriksson, vous transportent littéralement du côté italien du mont Blanc. Les Italiens ont compris depuis des siècles le concept de la « Dolce Vita », et les habitants de Courmayeur sont virtuoses en la matière. Le soleil brille de mille feux, la grappa et le prosecco coulent à flot, et les spaghetti alle vongole sont un délice à ne pas manquer. Et puis il y a le ski. Surplombant la ville, le terrain escarpé du Monte Bianco invite à admirer la grandeur de Courmayeur. Ce numéro de SNOW comporte deux éditoriaux de mode. L’un a été inspiré par le bal noir et blanc de Truman Capote, qui est toujours considéré aujourd’hui comme « le bal du siècle ». Recevoir une des invitations tant convoitées était plus difficile que de skier la course Hahnenkamm de Kitzbühel. À la fois secret et suggestif, l’art du déguisement est aussi séduisant qu’il est impertinent. SNOW a invité les plus grandes marques de mode européennes et nordaméricaines ainsi que quelques nouveaux arrivants audacieux à notre bal Masqarade SNOW. Le photographe espagnol Antonio Cordero et le styliste John Martinez ont concrétisé notre vision au grandiose Villa Padierna de Marbella en Espagne. Notre deuxième éditorial de mode, Passion de Jungle, utilise une végétation luxuriante et un thème de safari pour jouer avec les imprimés camouflage, kaki et faune sauvage, figurant dans de nombreuses collections de ski cette saison. Nous sommes depuis longtemps fascinés par les fabuleuses affiches de ski du passé. Elles sont devenues une forme d’art à part entière. Bien qu’elles ne soient que des publicités pour les régions et les stations, en tant qu’art persistent elles évoquent le désir ardent de voyager et de skier. Franz Lenhart était l’un des maîtres dans le domaine, et David Schribman s’interroge encore sur les raisons du succès de ces affiches. 26

Dans Perdu dans la neige, l’écrivain Andrew Findlay et le photographe Steve Ogle mettent en exergue le « Fernie Factor », également appelé le Niseko canadien. Si cette superbe ville authentique n’est pas encore sur votre radar, elle ne tardera pas à l’être une fois que vous aurez lu son histoire et vu ses images chargées de flocons scintillants. Assurez-vous d’emporter vos skis de poudreuse et un tuba. Laissez-vous emporter par SNOW!

P H OTO B Y D I E G O M U N I TA D M C P H OTO .

L E T T R E D E L’ É D I T R I C E

SNOW est de retour !



LETTRE DE LA RÉDACTRICE EN CHEF

L

TROUVER LE BONHEUR

e bonheur, parfois insaisissable et difficile à définir, nous fait grâce de sa présence aux moments les plus inattendus. Selon les experts, les émotions fortes, l’exercice physique, la photographie significative, les liens sociaux et les moments de connexion avec la nature, sont des facteurs essentiels pour trouver le bonheur. Et le ski dans tout ça ? Une journée sur les pistes peut avoir de réels effets bénéfiques. Des études mettent en exergue un précepte que les skieurs connaissent depuis toujours : le ski favorise le bonheur. Les conversations en télésiège et les moments de détente après ski contribuent autant au bien-être qu’une descente tout schuss sur les pistes. Appelez cela de l’éco-thérapie si vous voulez, mais une journée en montagne guérit presque tous les maux – l’exaltation avant l’ouverture des pistes, les bavardages sur les remontées mécaniques, ou se tenir au sommet d’une pente en admirant la poudreuse immaculée. L’exaltation est au cœur de cette édition : la mode que nous convoitons, les lieux que nous rêvons de découvrir, et une liste des choses à faire pour capturer des instants de bonheur. Nous espérons que cette édition - chargée de superbes collections de la nouvelle saison, des derniers choix après ski et d’aventures épiques pour les junkies de l’adrénaline - vous procurera autant de plaisir qu’elle nous en a donné à l’écrire. Les talents combinés de nos rédacteurs, de nos rédactrices et de nos photographes, ont permis de concocter un recueil d’histoires et d’images riches et significatives, qui regorgent de suggestions pour partager des moments de joie. Le bonheur est souvent plus intense lorsqu’il est partagé.
 Découvrez dans cette nouvelle édition de SNOW ─ The Alps des descentes de ski incontournables, des aventures d’héliski inoubliables et des récits époustouflants de luge skeleton. Nous partageons avec vous des suggestions de destinations qui raviront tous les types de skieurs. Et puisque toute grande journée de ski est incomplète sans les plaisirs sensuels de la gastronomie, nous partageons tous nos secrets de lieux de restauration : des merveilles des lieux atypiques aux délices des établissements étoilés au Michelin. Après tout, il est essentiel de se détendre après le ski. La mode est l’un des grands plaisirs de la vie, et nos gourous nous donnent des conseils étonnants pour la saison. Se faire plaisir est la meilleure des thérapies ! Notre shooting de Mascarade s’inspire des superbes photos qui ont capturé l’élégance intemporelle du grand bal noir et blanc de Truman Capote en 1966. Certaines choses ne changent pas ; le noir et le blanc sont toujours aussi chics et modernes. Qu’il s’agisse de la superbe collection de ski Chanel ou du style hippie des années 60, la dernière mode haute 28

couture est tout simplement géniale. Comme notre deuxième séance photo ! Nos photographies de mode de style safaris suscitent simplicité, sensualité et sens de l’aventure. Le photographe Antonio Cordero saisit parfaitement ces looks tendance de style Out of Africa. Au moment de la publication de cette édition, j’ai songé à réinitialiser mon baromètre du bonheur. Si nous prenons le temps de faire une pause, nous pouvons trouver de la joie dans tellement de petits moments : les éclats de rire entre amis, les moments partagés, les alpenglow, les danses sur neige, etc. J’adore les moments qui précèdent un voyage au ski - de la découverte des itinéraires à la réservation des restaurants. Organiser des aventures et anticiper les évasions du week-end me donne un regain de vitalité. Je suis toujours impatiente de vivre les moments et d’en garder des souvenirs impérissables. Qu’il s’agisse de planifier une aventure d’héliski le week-end, de descendre une piste longtemps considérée, ou de s’offrir des soins au spa, choisissez quelque chose qui vous fait plaisir. Fermez les yeux, respirez et visualisez ce qui vous fait envie. Allez skier !


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CONTRIBUTEURS

LES TALENTS DE SNOW LESLIE WOIT

ANDREW FINDLAY

LESLIE ANTHONY

RÉDACTEUR

RÉDACTEUR

RÉDACTEUR

Bien qu’elle se qualifie comme une skieuse à « l’expertise sélective », notre collaboratrice Leslie Woit en connait un rayon sur le ski. Et elle sait comment dénicher les meilleurs endroits pour se divertir après une journée sur les pistes - des clubs de « skilébrités » de St. Moritz aux magnifiques restaurants étoilés au Michelin. Mais ce qui la fait vibrer c’est le ski. Bien qu’il s’agisse d’un mot français, Leslie est convaincue que les Autrichiens sont les meilleurs en divertissements d’après ski. Lorsque nous lui demandons ce qu'il y a dans sa cave à vin, elle répond en riant : « Des bouteilles vides ! ». Meilleure rencontre de la saison ? « Un matin à Lake Louise, Aksel Svindal - et toute sa beauté viking – s’est assis sur la chaise à côté de moi. Le parfait mélange de charme, de naturel, de discussion et d’élégance chez un homme. Il s’est ensuite dirigé vers le départ et a remporté une place sur le podium ».

Andrew Findlay a fait ses premiers virages à l'âge de quatre ans à Grandview Ski Acres, une merveille depuis longtemps éteinte dans la banlieue de Kamloops en ColombieBritannique. Basé sur l'île de Vancouver, ce rédacteur a skié avec des manchots sur la péninsule Antarctique, a attendu 12 jours de tempête sur le mont Fairweather pour tenter l'ascension à ski de ce sommet de 4 500 mètres situé à la frontière entre la Colombie-Britannique et l'Alaska, et a testé les limites de son palais au Zen – le restaurant d’Hakuba où il a dégusté un basashi, un carpaccio de viande de cheval émincée (à quand le Japon ?). Sa passion du ski est intacte.

Basé à Whistler, Leslie Anthony est un rédacteur, éditeur, biologiste et cinéaste occasionnel. En parcourant le monde à la recherche des beautés naturelles et de la communauté des aventuriers de la neige qui partagent les mêmes idées, il écrit sur des sujets tels que l’histoire du ski alpin et du ski nordique, les styles de ski et les destinations à ne pas manquer. Son nom a figuré sur les pages de nombreux magazines internationaux de ski et de plein air. Et pourtant, lorsque nous lui demandons ce qu'il retient de toute cette exposition médiatique, il lance : « Je vis à Whistler. Non, vraiment, c’est tout, je vis à Whistler ! ». Fait amusant : il est également intarissable sur les sujets tels que les monstres imaginaires ou la contrebande de fossiles. Après la majeure partie de sa vie passée sur des planches, Leslie partage avec nous sa course préférée, le Laub d’Engelberg en Suisse. « Skier à 900 mètres d’altitude sur une verticale de 40 degrés constitue une descente de rêve qui serait effectuée en héliski ailleurs dans le monde ».

RÉDACTEUR

RÉDACTEUR

RENATO DEL VALLE PHOTOGRAPHE À l'âge de 14 ans, Renato del Valle a découvert un tout nouveau monde lorsque son père lui a montré comment prendre des photos. Ensemble, ils ont photographié les magnifiques paysages, montagnes et lacs de l’Amérique du Sud. Étudiant en cinéma et en photographie, il a obtenu une bourse en Allemagne avant de s’installer au Chili, où il a développé son travail de photographe professionnel et de postproduction numérique. Né à Sao Paulo, Renato continue de capturer ses voyages avec son appareil photo. Il a développé de vastes compétences techniques en éclairage et en post-production, ce qui lui permet de travailler avec des agences et des médias de premier plan dans le monde entier. Son ski est excellent, mais même Renato admet qu’il a eu du mal à garder le focus sur Candide Thovex lors du shooting en héliski. « Un soir, alors que Candide et moi parlions autour d’un barbecue chilien, j'ai accepté de le filmer. Je ne savais pas vraiment qui il était lorsque j’ai dit oui ! ». Comme s’il n’était pas assez occupé avec les tournages, il est également un fermier urbain autoproclamé avec une obsession de cuisiner et de manger des aliments sains.

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PHOTOGRAPHE Le photographe madrilène Antonio Cordero aime photographier la mode et le ski en Autriche - dans cet ordre précis ! Il partage avec nous ses endroits favoris de Kitzbühel. La meilleure descente ? « La descente du Lac Noir, suivie d'un chocolat chaud bien mérité ». Son shoot d'adrénaline préféré est la section Mausefalle du Streif, sur les pistes gelées de la célèbre course de descente. Après ces émotions fortes, il aime aller se divertir au Club Take Five. Entourés de figures de la mode, nous lui demandons quelle fabuleuse découverte de mode il convoite ? La réponse ? « Un manteau Frauenschuh, bien sûr ».

LOUISE HUDSON

MATTIAS FREDRIKSSON Mattias Fredriksson, basé à Terrace dans le nord de la Colombie-Britannique, est fier d’appeler la station de ski locale Shames Mountain son lieu de résidence. Né en Suède, où le ski est un sport national, Mattias a appris à skier et à marcher en même temps. Mattias a fait ses premiers virages il y a maintenant 40 ans. Plus tard, avec une caméra à la main, il a commencé à documenter les aventures de ski de ses amis. Beaucoup sont devenus skieurs professionnels. Mattias a vite compris que ses compétences de photographe et de journaliste avaient surpassé ses compétences de skieur. Il s'est alors lancé dans la photographie. Vingt ans plus tard, des magazines de ski et de plein air du monde entier publient ses travaux. Bien qu’il soit souvent en shootings pour des marques leaders du secteur, son premier amour reste constant et il skie dès qu’il le peut. Toujours prêt à relever de nouveaux défis, son dernier en date a été une journée de ski de randonnée avec des guides de montagne et des amis. Après avoir gravi le glacier Brenva au pied du mont Blanc, il a skié une pente verticale de près de 2 700 mètres d’altitude. « Skier la ligne de crête en direction du Val Veny a été l'expérience de ma vie ! ».

ANTONIO CORDERO

STEVE OGLE PHOTOGRAPHE

Le photographe Steve Ogle travaille depuis vingt ans à Nelson, en ColombieBritannique. Cela équivaut en vérité à quelques siècles sur le « calendrier de Kootenay », com me l’i nd ique la déformation temporelle loca le. Whitewater, sa colline locale et sa descente préférée est aussi celle de ses deux jeunes garçons. Suffisamment chanceux d'être arrivé en mission près de Fernie l'an dernier après des chutes de neige de plus de 50 cm dans la nuit, Steve a gagner le droit de se vanter : « J'ai pu skier ce sommet épique de 600 mètres de fond en comble, dans les conditions les plus favorables de l’année ». Après une trentaine de descentes, il a trouvé la paix intérieure. Lorsque nous lui demandons quel article de mode il convoite le plus, il dit en riant : « Ne me demandez pas des conseils de mode, moi j’adore les bonnets ». Vous le trouverez peut-être accoutré d’un bonnet dans son bar préféré, le Mike’s Pub de Nelson en ColombieBritannique.

Louise Hudson est une skieuse experte qui dispose d’une réserve inépuisable d’astuces et de récits de ski. Ce qui est passé au travers de son radar ne vaut probablement pas la peine d’être connu ! Journaliste de formation à Sussex en Angleterre, elle a travaillé en Europe en tant que guide de randonnées à ski, puis au Canada en tant que rédactrice de ski. En dépit de son déménagement en Caroline du Sud en 2010, elle skie la plupart du temps, ayant à son actif plus de 1600 jours de ski au cours des 40 dernières années ! Son dernier rêve éveillé : « Un dîner à la table du chef du Twin Pines Lake & Ski House de Heavenly en regardant le coucher de soleil sur le lac Tahoe depuis le confort douillet du chalet conçu par Julia Morgan. J’avais l’impression que le monde m’appartenait ». Elle partage aussi avec nous ses moments moins zen : « Avant mon départ en héliski avec CMH j’ai écrit mon testament et une lettre à mes enfants, et je n’ai pas dormis pas pendant trois nuits ». Mais elle a découvert que skier sur une poudreuse immaculée et moelleuse « est une symphonie de sensations sans stress ! ».



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Romancer

L’ ARLBERG Le plus grand domaine skiable d’Autriche L’Arlberg est depuis plus d’un siècle la seule véritable destination pour les amateurs de sports d’hiver et les bons vivants. Pistes douces, freeride sans fin, restaurants et logements sublimes, et moments de détente après-ski comme nulle part ailleurs. En plus de tout cela, les cinq charmants villages du plus célèbre domaine skiable d’Autriche — St Anton, St Christoph, Lech, Zürs et Stuben - se trouvent maintenant au cœur du plus grand domaine skiable interconnecté d’Autriche, le cinquième au monde.

L

a nouvelle liaison Flexenbahn entre Zürs et Stuben-Rauz relie à skis toutes les stations du domaine skiable de l’Arlberg, ce qui vous permet de prendre les meilleures décisions en matière de ski et d’hébergement. Imprégnée de caractère et d’histoire alpine, St. Anton am Arlberg est une destination sportive offrant de grandes possibilités de freeride, un village cosmopolite regorgeant de restaurants étoilés, de bars, d’auberges et d’hôtels, ainsi que d’une hospitalité renommée. À proximité, la petite St. Christoph propose des hébergements au pied des pistes dans des auberges confortables à la splendeur cinq étoiles. Son restaurant de montagne de renommée mondiale, l’Hospiz Alm, est également l’un des lieux les plus prisés pour déjeuner et déguster des vins primés.
 Sur les sommets enneigés du Vorarlberg, le village traditionnel

étincelant de Lech Zürs représente tout ce qui est charmant, sophistiqué et amusant en hiver. Que ce soit pour skier sur le spectaculaire circuit White Ring de 22 km, pour une excursion d’une journée sur les seules pistes d’héliski d’Autriche, pour dîner dans la splendeur décadente du « World Gourmet Village » de Lech, ou pour assister à des événements tels que les Fantastic Gondolas et le festival de musique Tanzcafé Arlberg, l’hospitalité de ce village est imbattable.
 Pour des escapades vraiment reposantes, la sérénité de Stuben, le plus petit des cinq villages d’Arlberg, est un paradis montagneux. Berceau du légendaire pionnier et instructeur de ski Hannes Schneider, un séjour à Stuben est l’assurance de tracer des courbes dans la poudreuse immaculée de l’arrière-pays de l’Arlberg – l’univers du ski sur le pas de votre porte. A R L B E R G . N E T


AVERSES DE NEIGE

P H O T O CO U R T E S Y O F V I S I T T R E N T I N O .

LUXE | NEIGE | VOLUPTÉ

P H OTO B Y S T E V E O G L E F E R N I E S K I R E S O R T.

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AV E R S E S

OH QUEL LUXE

La maison Chanel est amoureuse. Après avoir flirté avec les accessoires de ski, Chanel a fait sa déclaration d’amour : le summum de la mode de luxe vient de marier l’habillement du ski. Astucieusement nommée Coco Neige, la première collection de sports d’hiver de Chanel a récemment été lancée par Karl Lagerfeld. Elle intègre une ligne complète de tenues élégantes à porter sur les pistes et après les descentes. D’une splendeur sophistiquée, les pièces de prêt-à-porter Coco Neige de Chanel comprennent des parkas matelassées, des vestes en peau de mouton, des combinaisons de ski, des chaussures de montagne, des sacs et des lunettes de soleil. De superbes photographies montrent une collection qui conserve la palette classique noir et blanc de Chanel et les motifs clés de la marque tels que la

fleur de camélia et le logo CC. Comme toujours, les détails de finition sont impressionnants : coutures parfaites, décorations magnifiques et combinaisons de matériaux fascinantes. Les vêtements allient à la perfection esthétique et fonctionnalité. La campagne de mode, filmée par le légendaire Lagerfeld lui-même, met en scène un arrièreplan nuageux qui laisse imaginer une vue imprenable sur les stations de ski enneigées. Lagerfeld sait comment exciter l’imagination des femmes, et cette collection apporte au monde alpin la touche d’élégance intemporelle de Chanel. Je suis également tombée amoureuse. — Melissa Long W W W.C H A N E L .C O M

Surenchère hivernale

Qu'est-ce que Jackson Hole et Vail ont en commun ? Un forfait poudreuse exclusif et incontournable sur les deux stations. Pour 100 000 dollars, un groupe de 14 amis est escorté en jet privé Netjets dans les deux stations les plus chics de la région, avec une réservation de lits au Four Seasons. Après une promenade en traîneau pour observer les wapitis, tout le monde est équipé de skis Sego conçus sur mesure, prêts pour la balade du lendemain à Jackson. Qui a besoin d'un moniteur de ski quand vous êtes accompagnés par le champion olympique Tommy Moe ? Et si les descentes de Jackson Hole sont un peu trop extrêmes à votre goût, d’autres options plus décontractées vous attendent : héli-motoneige, safaris privés pour observer la faune sauvage, ou encore soins du visage avec des pierres précieuses. Rassasiés par les délices proposés sur la carte du chef du Westbank Grill, le groupe de fêtards privilégiés s’envole pour le ski hédoniste de Vail, puis un cours de mixologie au bar The Remedy et un dernier dîner dans un lieu accessible uniquement en motoneige. Et si tout cela ne satisfait pas pleinement vos attentes, vous pouvez personnaliser ce séjour à vos envies— Louise Hudson W W W.F O U R S E A S O N S .C O M / N E TJ E T S / S K I -A DV E N T U R E /

La rue de la Paix vs l'avenue des Champs-Élysées Le jeu du Monopoly des montagnes a pris de l’ampleur cette année, avec 34 stations Ikon mettant au défi 65 propriétés EPIC stratégiquement situées sur le plateau de jeu. Alors que les forfaits saisonniers ne sont plus réservés uniquement aux locaux, la compétition acharnée de cette édition pourrait bien profiter aux touristes. Les skieurs de toute l’Amérique du Nord scrutent avec attention les batailles que se livrent les stations dans l’espoir de tirer profit de cette séance d’élimination collective des forfaits de ski. Mais les nombreuses conditions indéchiffrables des forfaits, les différents avantages, les options de pass gratuits pour la famille et les dates non-incluses dans les forfaits, rendent le choix difficile. En résumé : le forfait à 899 $ pour six jours de ski est offert dans la plupart des stations les plus prestigieuses de la région. Choisissez simplement la propriété que vous préférez - ou transformez-vous en nabab du Monopoly des montagnes et achetez les deux forfaits !— LH 34


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AV E R S E S

Camping Glamour

À WHISPER

Commencez par déguster votre cocktail préféré dans l’hélicoptère qui vous mène de Salt Lake City jusqu’au fantastique village de yourtes de Whisper Ridge, et profitez des 20 minutes de vol panoramique au-dessus de la chaîne montagneuse de Wasatch. Arrivé au village mongol, laissez-vous émerveiller par la gastronomie locale cinq étoiles concoctée par le chef primé John Simpson. En journée, profitez d’une visite privée en hélicoptère ou en motoneige, sur les 24 000 hectares de la plus grande concession privée d’Amérique du Nord, accueillant un maximum de 60 skieurs. Les jours de mauvais temps, les motoneiges Polaris et les guides professionnels gardent votre niveau de dopamine à son maximum. Les soirées s'articulent autour de groupes loquaces ou de dîners privés raffinés, suivis de l'observation des étoiles depuis le feu de camps ou le bain à remous à vapeur. Pour les accros de la compétition, des tournois de billard et de ping-pong sont organisés dans le pub d’après-ski le plus luxueux au monde.─ LH W W W . W H I S P E R R I D G E U T A H . C O M

Apprentissage du LUXE La possibilité d'apprendre de nouvelles choses ne devrait jamais être évitée, en particulier lorsque l'opulence éhontée est mariée à des alcools de grande qualité. Gstaad, célèbre depuis longtemps pour ses internats d'élite et son savoir aristocratique, offre maintenant le meilleur des deux monde dans un nouveau cours de préparation de cocktails. Le chimiste fou de Gstaad privilégie l’approche pratique. Il est donc conseillé aux mixologues en herbe d’arriver assoiffés de connaissances. Igor Mihalus, surnommé Dr. Igor par les noctambules alpins, est l’extraordinaire barman du Grand Bellevue. Lorsqu'il ne délecte pas la clientèle de somptueux nectars nocturnes, ce natif de Prague anime des ateliers sur mesure de préparation de cocktails. Il incorpore des infusions faites maison avec des fruits frais, des légumes, des plantes, et de manière plus théâtrale, des mousses, des gels et des secrets de mixologie. « Je suis moitié médecin, moitié prêtre. Les gens arrivent avec leurs problèmes et repartent avec le sourire », explique Igor. Venez apprendre à préparer de fabuleux cocktails avec le médecin, dans ce cours de mixologie cinq étoiles. Et dégustez vos créations dans le confortable éclairage tamisé du bar Bouquet. ─ LW W W W . B E L L E V U E - G S T A A D . C H

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D-AIR Le tout nouveau système de protection cor porel le D -A i r de Da i nese est la prem ière vér it able protec t ion « intelligente » pour les skieurs. Que vous soyez un compétiteur à la recherche de la courbe parfaite ou un skieur lambda en quête de la plus belle poudreuse, le système gonflable D-Air offre une sécurité largement supérieure aux protections traditionnelles. Grâce à un algorithme intelligent, le gilet D-Air est capable d’identifier le type de chute – dans les airs ou sous la neige – et gonfle des coussinets spécifiques en une fraction de seconde. À l’inverse des protections en gel ou en plastique rigide qui sont volumineuses, le système D-Air dispose d’un volume compact et d’un poids plume grâce à un système de gonflage qui offre une protection toutes saisons. ─ Austin Parker W W W.DA I N E S E .C O M


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AV E R S E S

Intensifier le bling-bling Dirigez-vous cette saison vers les étoiles de la station Zermatt où de nouvelles cabines sont décorées de cristaux Swarovski étincelants, à l'intérieur comme à l'extérieur. Parmi les 25 cabines d'origine, quatre ont été réaménagées sous le thème scintillant du glacier du Cervin. Une création de Pininfarina, le studio de design derrière Maserati et Ferrari. Avec des sièges confortables et élégants inspirés des intérieurs de voitures de course, des plafonniers imitant un ciel étoilé et une vue panoramique sur le puissant Cervin, l’ascension de neuf minutes vers la plus haute station de montagne d’Europe (plus de 3 800 mètres) est assurément inoubliable. Trois minutes plus tard et à une hauteur vertigineuse de 40 étages, le sol opaque s’éclaircit pour laisser place à une vue époustouflante sur le paysage glaciaire couvert de crevasses. En Suisse, l’ascension fait partie du voyage. ─ Leslie Woit

BRISER LA GLACE Probablement l’endroit idéal pour contempler l’excellence de la quintessence ou pour marquer un événement spécial cet hiver, le nouveau restaurant Blue Room de Whistler est définitivement une cerise sur le gâteau. La caverne culinaire au plafond en cathédrale se niche sous la calotte glaciaire de Pemberton, à laquelle on accède par une fascinante promenade en hélicoptère audessus de paysages volcaniques. À travers des sculptures de glace naturelles et des coulées gelées, les visiteurs sont accompagnés par des guides de montagne HeadLine vers une cathédrale de glace imposante illuminée par un plafond bleu d’eau gelée. Une exploration plus poussée révèle des bulles de glace et des colonnes montantes. La gastronomie glaciaire offerte

par le Four Seasons commence avec un champagne Krug et du caviar Northern Divine servis sur de la neige. Toute culpabilité ressentie après le déjeuner luxueux composé d’huîtres et de faux-filet s’estompe avec une donation pour l’initiative de recherche « White is Green » de Head-Line. La visite privée de six heures dans une grotte de glace est personnalisable pour n’importe quelle taille de groupe. Une table pour deux commence à 20 000 $ CAN ; et des options plus luxueuses sont disponibles. Vous pouvez par exemple demander la présence de votre ensemble musical préféré pour assister à une performance éblouissante - bien que l’eau de fonte et les bourrasques de vent créent déjà une mélodie inoubliable. ─ Louise Hudson

La touche Midas Parlons de dilemmes élitistes : Si vous commandez une paire de skis Foil personnalisés cette saison, il vous faudra choisir entre un plaquage en or blanc ou en or jaune 14 carats pour vos fixations ! Et cela après avoir agonisé pour le choix des couleurs de vos skis en bois de rose africain. Jackie Chan, lui, a choisi une finition en or pour sa paire de ski, qui est composée d’un cœur en bois de paulownia, de flancs en bambou et d’une patine amarante. Passionné de ski, il est également collectionneur de bois rares et exotiques. Les skis Foil coûtent 42 000 $, et il n’est probablement pas très judicieux de les utiliser en début de saison ou sur des pistes dites « marginales ». Et si vous envisagez de les laisser dans le casier à skis tout en dégustant des bulles pendant l'après-midi, venez avec votre majordome ! — LH 38

W W W.F O IL S K I S .C O M / P R O D U C T/ O R O _ A M A R A N T O


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COUR M AY EUR MONT BLA NC L'Italie à son point culminant.

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h, bella Italia. L’hiver est le moment idéal pour tomber amoureux de Courmayeur, la petite ville au grand cœur située au pied du scintillant mont Blanc – ou comme les Italiens l’appellent, le Monte Bianco. Quoi qu’il en soit, le plus haut sommet d’Europe occidentale inspire le respect à tous ceux qui le voient.
 Courmayeur est une porte d’entrée privilégiée dans l’univers de la culture alpine : gastronomie et vins, aventures sportives, détente sophistiquée et shopping élégant. C’est là que la splendide hospitalité de la Vallée d’Aoste rencontre la tradition alpine, éblouie par un sens du style si italien.
 Courmayeur est un paradis pour les skieurs : 65 km de pistes damées et lisses, des couvertures de poudreuse adaptées au freeride et une vue magnifique sur le spectaculaire massif du Mont-Blanc. En outre, c’est la seule station de ski sous le mont Blanc à proposer des activités d’héliski, avec des terrains escarpés et des paysages uniques. Loin des foules et des pistes, une journée d’héliski offre une vue inoubliable sur le mont Blanc et ses longues lignes blanches grandioses.
 Après une journée sur les pistes, les rues pavées du centre-ville sont pleines à craquer et les belles milanaises revêtues de fourrure profitent de leurs promenades rituelles. Joignez-vous à l’amusement et promenez-vous


Courmayeur est un paradis pour les skieurs : 65 km de pistes damées et lisses, des couvertures de poudreuse adaptées au freeride et une vue magnifique sur le spectaculaire massif du Mont-Blanc.

dans les rues de l’élégant quartier historique, faites du shopping dans les plus prestigieuses enseignes italiennes de vêtements, d’artisanat local, de restauration, de bijouterie et de design. L’après-ski est un événement social à ne pas manquer - non seulement en ville mais aussi en altitude, où de confortables chalets de montagne et des restaurants de haute altitude sont ouverts tous les soirs jusqu’à minuit. Accessibles par téléphérique, ils offrent une vue privilégiée sur les paysages les plus époustouflants d’Europe. Ils sont idylliques pour les skieurs et les non-skieurs qui souhaitent se rencontrer et se divertir autour d’un verre, d’un dîner festif, de musique et de divertissements.
 Découvrez Courmayeur, un lieu pour vivre la vie à son apogée - à la manière des Italiens.


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LE TEMPS DE L’INNOVATION MANUFACTURE DE MONTRES DE SPORTS ALPINS - DEPUIS 1883 Célèbre pour son logo en forme de triangle rouge qui représente le fameux mont Cervin, Alpina est une manufacture de haute horlogerie basée à Genève en Suisse. Créée en 1883 par un groupe d’horlogers passionnés, son histoire horlogère s’écrit depuis plus de 130 ans. Véritable pionnière de l’industrie horlogère suisse, Alpina est à l’origine de nombreux brevets et concepts innovants. La marque au triangle rouge est à l’origine du concept de montre de sport suisse tel que nous le connaissons aujourd’hui, avec la légendaire Alpina 4 lancée en 1938. Fidèle à sa longue tradition d’innovation, Alpina a commercialisé en 2015 la première montre connectée horlogère Swiss made, nommée « AlpinerX ». Pionnière d’une toute nouvelle catégorie de montres du secteur de l’horlogerie suisse, cette montre connectée offre une précision et une fiabilité exceptionnelles, au service des environnements sportifs les plus exigeants tels que ceux de l’univers alpin.

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La montre connectée horlogère AlpinerX est en fibre de verre noir et acier inoxydable, avec bracelet en caoutchouc et couronne rotative bidirectionnelle de 45 mm de diamètre. Fonction boussole, mouvement MMT-283-1 et autonomie de plus de 2 ans. Toutes les fonctions connectées s'opèrent à partir de la couronne.

APPLICATION DÉDIÉE L'application AlpinerX fonctionne en parfaite coordination avec votre montre connectée. Elle conserve vos données en toute sécurité et enregistre votre activité de manière quotidienne, pour vous aider à suivre vos progrès et à atteindre vos objectifs jour après jour. 44


ALPINA RENOUVELLE SON PARTENARIAT AVEC LA FÉDÉR ATION FR ANÇAISE DE SKI

Née dans les Alpes suisses, la marque Alpina partage les valeurs du ski, un sport dans lequel les compétences techniques, la précision, la persévérance et le respect de la montagne sont essentiels. Alpina a souhaité réaffirmer son soutien à la Fédération Française de Ski et à ses athlètes. Leurs excellents résultats, tant en Coupe du monde qu’aux derniers Jeux Olympiques de Pyeongchang ne font que conforter ce choix. Partenaire depuis 2015 de Victor Muffat-Jeandet, médaillé de Bronze aux Jeux Olympiques d’hiver de Pyeongchang en 2018, l’horloger Suisse et le skieur, membre de l’Equipe de France de Ski Alpin, ont conjointement annoncé en septembre dernier la prolongation de ce partenariat pour la saison prochaine. Forte de ces collaborations, Alpina a également créé un véritable team d’ambassadeurs de la marque réunissant ainsi différents athlètes des Equipes de France de Ski et de Snowboard avec Nastasia NOENS (ski alpin), Nelly MOENNE-LOCCOZ (snowboard cross), Jean-Frédéric CHAPUIS (ski cross) et Robin BUFFET (ski alpin). Oliver Van Lanschot Hubrecht, Brand Manager : « Nous sommes fiers de ce partenariat avec la Fédération

« Nous sommes fiers de ce partenariat avec la Fédération Française de Ski, fédération reconnue à la fois pour ses résultats sportifs mais également pour l’organisation de compétitions et d’évènements d’envergure internationale » Française de Ski, fédération reconnue à la fois pour ses résultats sportifs mais également pour l’organisation de compétitions et d’évènements d’envergure internationale. Avec ce partenariat, je souhaite que nous apportions notre contribution à la promotion de ce sport authentique et merveilleux aux côtés de la FFS. Étant nous-mêmes une marque alpine, nous considérons qu'il est de notre devoir et de notre responsabilité de transmettre les valeurs des sports alpins ainsi que l'importance du respect de l'environnement de la montagne ». Michel Vion, Président de la Fédération Française de Ski : « Symbolisant la précision et l’excellence, les montres Alpina, marque Suisse née dans les Alpes, et les Equipes de France de ski partagent des valeurs communes dont la montagne est leur univers commun. Cette collaboration avec l’horloger Suisse Alpina Watches confirme une nouvelle fois toute l’attractivité de la Fédération Française de Ski et de ses Equipes ».

A L P I N E R X .WAT C H / A L P I N E R X 45


APRÈS

SUR INVITATION UNIQUEMENT Rencontrer les homologues de l'Almanach de Gotha.

par LESLIE WOIT

L

umières sur St Moritz, une station riche en harmonie sociale et réputée pour son exclusivité scintillante. Les clubs privés sont ici légendaires - des zones discrètes réservées aux membres garantissent de déjeuner, dîner et même skier parmi les rares élus. Et en ce qui concerne les soirées privées, le Dracula Club est une véritable institution. Selon Rolf Sachs, président du Dracula Club, rejoindre le nec plus ultra des boîtes de nuit est assez simple. « Il suffit de connaître au moins 50 % des personnes présentes dans la salle », explique-t-il. « Le but c’est que tout le monde se sente à l’aise ». Fondé dans les années 1970 par Gunther Sachs, premier vrai play-boy et père de Rolf, le Dracula est rapidement devenu l’épicentre alpin de la jetset, proposant un savant cocktail de bon goût, de noblesse, de discrétion et d’argent. Situées au sommet du parcours olympique de bobsleigh, dans des petites salles sombres à l’arrière du Gunther Sachs Lodge, les soirées du Dracula sont aussi uniques et amusantes qu’elles sont fermées au public. Les Draculiens boivent lascivement dans des gobelets à monogramme, se réunissant pour se mélanger et pour se détacher de ce que Rolf appelle « Alltag » (le quotidien). Bien sûr, le véritable mystère de tout club réside dans ses membres. Sang bleu, longs titres et quelques noms familiers dominent les clubs de St Moritz. Des noms comme Agnelli, Bismarck et Onassis, Aga Khan, Rothschild et Schwarzenbach, Hanover et Grimaldi, Heinz, Guinness et Heineken, reviennent encore et encore, parmi une tempête de particules et de traits d'union. La famille Niarchos, grande puissance de la marine marchande, est chargée des terrains du club. Ce n’est que le début pour ces Engadindeniens de longue date : les plus 46

grands propriétaires privés de St Moritz sont également propriétaires des domaines skiables de Corvatsch, Corviglia et Diavolezza-Lagalb, ainsi que du somptueux hôtel Kulm. Un séjour au Kulm est synonyme d'élégance cinq étoiles - superbes restaurants, spa décadent et services haut de gamme. Depuis l'hiver dernier, les clients privilégiés peuvent également louer la

« Il suffit de connaître au moins 50 % des personnes présentes dans la salle »

montagne du Corvatsch pour la nuit. Oui, l’ensemble de cette zone de ski située à presque 3 000 mètres d’altitude peut être vôtre jusqu’au petit matin, avec un dîner somptueux et un DJ privé. Et la plupart des demandes spéciales sont rapidement satisfaites. Fidèle à la tradition, le Kulm abrite également le club historique Cresta, réservé uniquement aux membres. Depuis 1887, pour la plupart intrépides et Britanniques, les membres se rassemblent chaque jour au clubhouse pour des descentes en luge skeleton. En l’absence d’une carte de membre, les privilèges Kulm sont utiles (sauf si vous êtes une femme, car elles ne sont autorisées à courir que le dernier jour de la saison). « Le Cresta est un club de gentlemen. Certains l’envisage d’une manière très compétitive, d'autres d’une manière plus décontractée », explique Rolf Sachs. « Fondamentalement, il s’agit d’un formidable conglomérat d’amis, composé d’un large éventail de personnes, du boucher local aux ducs et aux têtes couronnées de nombreux pays ». L’appel nominal de l’élite mondiale du ski n’est pas complet sans le Club Corviglia. Au-dessus de Saint-Moritz, ce chalet aux teintes de rose réchauffe, nourrit et divertit ses quelques 150 membres depuis 1930. Fondé par le duc d’Alba, l’un des clubs de haute montagne les plus exclusifs au monde est strictement réservé aux personnes munies d’une invitation - bien qu’ils n'hésitent aucunement à accepter certains artistes de manière occasionnelle. En effet, l’un des membres les plus récents a été admis à la faveur d’une création de design pour le gilet du club. Lord Norman Foster, l'architecte, a su se rendre indispensable.


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DER WOLF par BARBARA SANDERS

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période, les remontées mécaniques - qui sont apparues à la fin des années 1920 commençaient à devenir de rigueur, et l’affluence des hôtels et des infrastructures connaissait son premier effet boule de neige. Le grand-père Friedrich Wolf avait passé un contrat avec la société de remontées mécaniques pour construire un chalet de ski en montagne. Au cours de la procédure d’obtention du permis, la famille s’était éloignée du plan initial et avait opté pour un projet de petite maison d’hôtes à Zoug, appelée Haus Furka.
 Christian n’a jamais oublié le rêve de son grand-père et, des décennies plus tard, il décida de demander un permis pour construire ce chalet de ski longuement imaginé. Mais en Autriche, un permis de construire n’est pas un document facile à obtenir. Et ce n’est certainement

P H OTO B Y A D O L F B E R E U T E R

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er Wolf a ouvert ses portes il y a seulement trois ans, après 15 ans de préparation, et plus de 70 ans après que l’idée ait germé. Le propriétaire, Christian Wolf, a grandi dans le petit village de Zug en Autriche, juste audessus de la fameuse station de ski de Lech. Christian a enseigné le ski dans des stations du monde entier, il a formé des moniteurs de ski, et il a participé à l’Interski de St. Anton au sein de l’équipe autrichienne de télémark. Après avoir travaillé dans des stations de ski des quatre coins du monde, telles que Stratton (Vermont), Queenstown (NouvelleZélande) et El Colorado (Chili), Christian est retourné à Lech pour entreprendre un projet de longue date - qui a finalement réussi à se concrétiser.
 Faisons un saut dans le temps et revenons à l’époque d’après-guerre. À cette

P H OTO B Y P O B Y


SKIER, DÉJEUNER

« On a l’impression d’entrer dans une sorte de chapelle de montagne, pour vénérer les sommets à couper le souffle qui entourent le chalet. » P H OTO B Y A D O L F B E R E U T E R P H OTO B Y A D O L F B E R E U T E R

pas une procédure rapide. Le passage d’une zone agricole à une zone commerciale est très compliqué et nécessite de nombreuses considérations, notamment en termes d’impact sur l’environnement, de taille et de bruit. Les gouvernements locaux prennent souvent un temps fou pour étudier les projets, et de nombreux demandeurs de permis finissent tout simplement par abandonner. Mais pas Christian. Sa ténacité a été mise à l’épreuve pendant près de 10 ans. Le permis a finalement été accordé par la région du Vorarlberg, et Christian a pu commencer à construire. L’architecte Bernardo Bader a été en étroite collaboration avec Christian pour concevoir les éléments clés destinés à mettre en valeur le paysage environnant. Nous sommes maintenant quatre ans avant l’ouverture du Der Wolf. Le design est simple mais élégant. Christian le décrit comme « authentique ». Les lignes épurées, le bois de couleur claire et les grandes fenêtres servent à mettre en valeur les environs. J’ai eu l’impression d’entrer dans une sorte de chapelle de montagne, pour vénérer les sommets à couper le souffle qui entourent le chalet. La cuisine est simple mais délicieuse. Sachant que de nombreux clients séjournant à Lech ou à Oberlech dégustent une cuisine internationale à leurs hôtels, Christian a souhaité se concentrer sur des plats régionaux

astucieusement présentés. Véritable locavore, il se procure la viande et les fromages dans la vallée, le lait provient de la vache familiale, et de nombreux ingrédients sont cultivés à proximité. Je recommande de commencer avec un Skiwasser ou une bière Stiegl, accompagnés du « meilleur de la région, servi sur une planche », qui est un mélange de fromages locaux, de Speck, de saucisse, de venaison avec du pain, et d’un Arlberg stangerl croustillant. Ensuite, choisissez parmi plusieurs plats phares au menu, comme le bœuf-burger « Der Wolf » avec sa confiture d’oignons rouges faite maison, ou le Kas hörnli, un plat de nouilles à base de fromage, de bacon et d’oignons grillés. Et après avoir skié si durement, vous avez certainement mérité un Karamellisierter Topfen Grießschmarrn ou un Germknödel pour le dessert. Tout comme l’architecture, la nourriture est « authentique ». « Nos racines du Vorarlberg sont présentes partout. Notre architecture et notre cuisine sont moins ornementales et décoratives que dans le Tyrol. », précise Christian. En honorant le rêve de son grand-père, Christian a construit un chalet-restaurant qui est un véritable havre de paix. Pourtant, dès le service du soir terminé, les montagnes l’appellent. Il se fait un devoir de skier tous les jours. C’est cet amour du ski, des montagnes et de la région, qui font du Der Wolf l’endroit idéal pour se restaurer à Lech. 49


SUITES

OH CA NA DA! Le phare du lac Louise par LESLIE WOIT

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conciergerie dédiée organise les dîners, les activités, les transports et d’autres petites attentions spéciales. Les suites, récemment rénovées, disposent de chambres privées avec salons séparés. Le Fairmont Gold Floor propose un service de réservation privé ainsi qu’un salon récemment rénové et réservé aux clients, nommé The Living Room. Les chambres, quant à elles, offrent une superbe vue sur les montagnes et l’étendue glorieuse du lac Louise et du glacier Victoria. Six choix de restauration laissent place au débat, à la discussion et à la satisfaction ultime, quel que soit votre choix. Peut-être une fondue parfumée au sein d’une authentique atmosphère suisse et italienne dans le restaurant boisé Walliser Stube ? L’élégante salle à manger Fairview offre un point de vue idéal sur la splendeur panoramique du lac Louise à travers les grandes De haut en bas
 1. Vue aérienne de l’hôtel en hiver. 2. Le hall de l’hôtel

PH OTO : COU RTO ISI E DU FAIR MONT L AK E LO UI S E

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urplombant le hall du Fairmont Château Lake Louise, quatre dames gracieuses veillent sur les visiteurs qui passent ces barrière naturelles - amoureux de la nature, des forêts et des montagnes, tous et chacun. Ces beautés sans âge, semblables à d’immenses lustres enneigés, font partie du patrimoine du parc national de Banff. Les premiers guides de montagne de la région, des immigrants suisses, furent les premiers à explorer, cartographier et partager les merveilles de ces monts enneigés avec leurs invités, il y a maintenant plus d’un siècle. En plaçant des bougies à leurs fenêtres, les épouses aidaient les montagnards égarés à retrouver leur chemin. Autrefois composée de cabanes en rondins, cette retraite des Rocheuses est aujourd’hui une propriété de luxe qui rend fièrement hommage à l’histoire alpine et à l’aventure en montagne. Situé dans le parc national de Banff, ce splendide château cinq diamants se situe à deux heures de Calgary et à seulement dix minutes de la station de ski du lac Louise. C’est l’auberge préférée des équipes de ski nationales, qui viennent chaque année en décembre pour les premières courses d’Amérique du Nord de la Coupe du monde. Le norvégien Aksel Lund Svindal attache une grande importance à l’atmosphère conviviale de ce lieu, qui lui permet de renouer contact avec d’autres coureurs. Lindsey Vonn, accompagnée de Lucy, son adorable Cavalier King Charles Spaniel, apprécie tout particulièrement l’accueil VIP réservé aux compagnons canins, notamment un service de garde, des lits pour chiens, des points d’eau et des friandises. Les skieurs plus détendus - autrement dit la plupart d’entre nous - viennent recharger leurs batteries, se ressourcer au sein des hébergements luxueux du parc national de Banff, et respirer l’air pur et frais de cette montagne située dans l’un des sept parcs des montagnes Rocheuses canadiennes inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO. Les plus de 550 chambres et suites offrent des couchages confortables, avec des lits king-size bien moelleux. Le Château « Suite Life » est particulièrement attrayant : une

VUE AÉRIEN N E DE L’ HÔT EL EN H I VE R.



SUITES

Ce qui a commencé en 1890 comme un « hôtel pour les aventuriers et les alpinistes » s’efforce de conserver son esprit original, avec tout le confort moderne.

fenêtres de cathédrale. Le restaurant Lago Italian Kitchen propose une cuisine italienne moderne et succulente, et le thé de l’après-midi est une tradition à ne pas manquer : admirez la vue spectaculaire tout en dégustant votre thé accompagné de délicieux amusebouche. Dans ces montagnes, l’après ski a lieu dans la dernière destination en vogue du château, l’Alpine Social, où les discussions d’aventures en montagne s’inspirent des jours glorieux de l’alpinisme canadien. Des bières artisanales, une fabuleuse carte des vins et de la musique en direct côtoient des mets inspirés des Alpes - tout a tellement plus de goût à 1 500 mètres d’altitude. Le spa de 900 mètres carrés est une oasis de tranquillité qui propose plus de 20 traitements différents, dont le massage de montagne aux pierres chaudes, un traitement apaisant à base de lavande du lac Louise et un soin du visage pour hommes. Une galerie marchande divertissante propose des bijoux précieux, des vêtements de sport et l’incontournable Qiviuk, une boutique chic spécialisée dans les vêtements raffinés fabriqués à partir de laine artisanale de bœuf musqué de l’Arctique canadien – une laine plus douce, plus légère et plus chaude que le cachemire. 52

Ce qui a commencé en 1890 comme un « hôtel pour les aventuriers et les alpinistes » s’efforce de conserver son esprit original, avec tout le confort moderne. La vision de Sir William Cornelius Van Horne, président du Chemin de fer Canadien Pacifique, a transformé le lieu en délices de promenades nocturnes étoilées en raquettes à neige, de feux de camp crépitants dans la forêt, de tasses de chocolat chaud accoudé au bar de glace, et de rondes gracieuses sur la patinoire naturelle. L’héritage du lac Louise, qui consiste à partager les merveilles enneigées avec les visiteurs, a commencé au début du XXe siècle, lorsque des guides suisses engagés par le Château ont fait découvrir les merveilles des Rocheuses canadiennes à d’innombrables visiteurs. Les clients peuvent désormais apprécier les délices du ski de fond, du ski alpin, des raquettes et de la randonnée, accompagnés par des guides du programme Mountain Adventure. Une aventure hivernale merveilleuse attend les clients de tous âges et de tous niveaux d’activité.

De gauche à droite
 1. La vue depuis le Walliser Stube. 2. Vue du hangar à bateaux.
 3. Une suite avec vue sur la montagne.



Des tourbillons de poussières de diamant s'immobilisent au départ du puissant hélicoptère A-Star qui manœuvre au-dessus de nos têtes. Alors qu'il se retire dans la vallée, nous nous tenons là, au sommet d'un glacier non exploré, dans un silence argenté. Ce glacier fait partie des géants qui parsèment la plus grande tranche de terrain d'héliski au monde. Avec Mike Wiegele comme guide et un hélicoptère privé à notre disposition, nous avons l’impression d’avoir tout le temps du monde devant nous - assorti d’un immense tapis de poudreuse à nos pieds. Avec près de cinquante années à développer, et comme beaucoup le diraient, à perfectionner l’art de l’héliski, je demande à Mike ce qu’il considère comme son plus grand accomplissement. Ses yeux scrutent le panorama montagneux : « Trouver cet endroit ». Depuis 1970, Mike Wiegele crée des rêves poudreux au milieu des chaînes Cariboo et Monashee, soit une superficie équivalente à 283 fois la taille de la station de sports d’hiver de Vail (Colorado). Pendant la haute saison, jusqu’à 12 hélicoptères

SUITES

Albreda est un minuscule sommet blanc où le champagne coule à flots et les hélicoptères flottent dans les airs. de haut en bas

1. Loge Albreda 2. Un long tracé dans la poudreuse.
 3. Le bureau de Mike Wiegele.

décollent et atterrissent chaque jour sur les milliers d’itinéraires référencés, incluant les pistes de Steinbock, Most Magnificent et le glacier Dixon, pour y déposer l’élite mondiale de l’héliski. La saison dernière, le bail de l’opération a augmenté de plus de 133 000 hectares, atteignant ainsi une surface totale de plus de 607 000 hectares. Le village de 22 chalets de luxe est en constante expansion et il peut désormais accueillir plus de 100 skieurs héliski en même temps. Ici, la démesure est indéniablement belle. Pourtant, depuis quelques années, une rumeur silencieuse et discrète raconte l’histoire d’une expérience alternative, plus exclusive. Un 54

PHOTOS : COURTOISIE DE MIKE WIEGELE HELI SKI

Pourrait-il s’agir du lodge privé d’héliski le plus somptueux au monde? par LESLIE WOIT

P H OTO S : A N D R E A S W I M M E R

HÉLISKI

Albreda, Albreda!


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HÉLISKI

De gauche à droite

1. Un mets somptueux préparé par le chef. 2. La grande salle du lodge. 3. Votre hélicoptère privé vous attend.

minuscule sommet blanc où le champagne coule à flots et les hélicoptères flottent dans les airs. Un lieu idéal pour les amateurs d’intimité souhaitant leur propre hélicoptère, leur propre chalet, et leur propre programme. Si ces arguments vous parlent, alors Albreda Lodge est certainement votre scénario idéal. Situé à 30 km de Blue River, Albreda Lodge est probablement le refuge privé ultime pour pratiquer l’héliski. Avec ses caractéristiques hors du commun (poutres massives sculptées à la main, salle de restauration, bar, grande salle de trois étages et 19 chambres à coucher), Albreda évoque l’esprit des grands chalets du vieux Davos ou du village centenaire de St Anton. « Le temps des couchages en lits superposés est révolu », explique Mike, ouvrant la porte donnant sur un immense patio extérieur creusé dans la neige et décoré chaque semaine à l’occasion d’une élégante soirée bar de glace. « Nous leur donnons simplement ce qu’ils attendent ». Manifestement, Mike prend à cœur les désirs de ses clients. Sa liste de clients compte de nombreux médecins, dentistes et négociants. Les invités de marque du Blue River inclus les icônes royales du ski, Jake Burton et Marcel Hirscher, ainsi que des têtes couronnées plus conventionnelles telles que la princesse Caroline de Monaco et les Aga Khan. Bien qu’Albreda Lodge soit accessible en voiture comme Blue River, il n’est pas rare que les clients arrivent en hélicoptère depuis l’aéroport de Vancouver ou de Kamloops. Une fois descendu à Albreda - l'hélipad se trouve à deux pas de la porte - tout se déroule sous un même toit enneigé. Les différentes requêtes des hôtes sont prises en charge par le gérant du lodge, assisté par une escouade d’une douzaine d'employés, ainsi qu’une équipe complète de serveurs, de femmes de ménage discrètes, d’un massothérapeute sur place, et le plus important, d’un chef privé extrêmement talentueux. Les menus sur mesure sont conçus à la demande. Ce que vous voulez, quand vous le voulez – incluant les délices d'une cave à vin soigneusement préparée. Le confort cosy de la salle à manger bordée de bois - un plafond bas et cintré donne l’impression d’être sur un bateau élégant - le long bar agrémenté de coussins pourpres, les tapis luxueux, les 56

ardoises noires et les planchers en sapin, confèrent une patine alpine qui surpasse de loin les 14 ans d'histoire du bâtiment. Les bois d’Albreda ont été récupérés et transportés péniblement depuis un silo-élévateur désaffecté des Prairies de l’Alberta, donnant ainsi une nouvelle vie aux poutres qui encadrent maintenant la grande salle, visiblement lissées et façonnées par des décennies de noyaux frottant leur circonférence. (Un fait historique intéressant : le grand-père de Wiegele a travaillé comme ouvrier agricole dans les Prairies de l’Alberta de 1928 à 1930, et il est fort probable qu’il ait transporté du blé vers un silo tel que celui-ci, si ce n’est celui-ci). L'étage supérieur, auquel on accède par un impressionnant escalier en fer en dents de scie (ou par l'ascenseur, pour les genoux fatigués par la poudreuse) abrite un long couloir de chambres. Chaque chambre est dotée d’une salle de bains privative, de deux grands lits et de fenêtres offrant une vue imprenable sur la montagne. La grande suite principale offre une grande chambre et un salon avec une cheminée en ardoise, ainsi qu'une petite cuisine. Des photos sépia jalonnent les couloirs et mettent en vedette un demi-siècle d’histoire de l’héliski, notamment une série d’estampes de ski peintes à la main par Warren Miller lui-même. Pour ceux qui ont encore de l’énergie à dépenser après une journée d’héliski, de nombreux lieux d’activités sont proposés, tels qu’une boutique, une salle de remise en forme, un sauna, un hammam, un bain à remous et un spectaculaire mur d’escalade de trois étages et de cinq voies. Le magasin de ski propose une grande variété de skis de poudreuse, de skis de fond et de raquettes. La salle des guides est entièrement équipée avec des équipements météorologiques et de sécurité dernier cri, ainsi qu’un lien vidéo vers la salle de réunion des guides de Blue River. Le soleil se couche, l'hélicoptère s’abaisse dans le ciel, et le lodge s'éveille sous les lumières crépitantes des feux, le tintement des boissons et le son des éclats de rire entre amis après une belle journée d'héliski. Sur cette terre sacrée de la Première nation Simpcw, la magie est omniprésente. Alors que nous rêvons du lendemain, Mike s’exclame : « Je suis tellement heureux que nous ayons découvert cet endroit. » Nous aussi !


A SYMBOL FOR MODERN SKIING

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compromis ». Pour les femmes, le look sera plutôt rétro moderne ; des tenues de ski très moulantes avec un flou artistique au niveau des épaules. Le bleu et l’orange sont au rendez-vous. Elle s’attend à ce que Bogner, Toni Sailer et Fendi proposent des designs novateurs, mais elle avoue avoir un sérieux béguin pour les collections Cordova et Aztech Mountain. Cordova l’enthousiasme plus particulièrement car il s’agit d’une nouvelle marque d’un jeune designer : « C’est tellement cool, elle fait des choses folles, vraiment chic ! ».

 Les présentoirs de prêt-à-porter sont assortis par couleur et par thème : tenues décontractées, tenues de soirées et tenues de sport. « Nous créons de véritables histoires pour un look après-ski parfait », explique-t-elle, en décrivant quelques-unes des marques de la boutique : Dsquared2, Maison Ullens et Stefano Ricci. Claire Toubiania souligne que les vêtements de prêt-à-porter de cet hiver sont particulièrement colorés. Elle aime beaucoup les collections Ermenegildo Zegna, Burberry et Missoni.

 Des chaussures et bottes parfaitement adaptées sont disponibles dans la boutique, pour que les skieurs bénéficient du plus grand confort. « Les chaussures Le Silla sont chics et confortables, et les chaussures Santoni plaisent beaucoup aux hommes », explique Claire Toubiania. La section chaussures et accessoires de la boutique comprend également les marques Giuseppe Zanotti, Tod’s et Burberry. Le coin des parfums, mettant en vedette les Parfums de Marly et Memo Paris, ainsi qu’une vitrine à bijoux présentant des créations raffinées

P HOT OS C OURT ESY OF BERN ARD ORC E L

par HIL ARY NANGLE

CHIC COURCHEV EL

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errain de jeu favori des célébrités, des politiciens et de la royauté, Courchevel, situé dans le domaine skiable des Trois Vallées, est synonyme d’hôtels cinq étoiles et de chefs étoilés Michelin. Les clients du monde entier viennent skier dans ce paradis huppé et s’attendent à ce que les boutiques (et les tenues) soient à la hauteur du glamour environnant. Depuis 45 ans, la boutique Bernard Orcel répond à leurs besoins. Et leurs caprices.

 Le coureur alpin français double médaillé Olympique Bernard Orcel a ouvert sa boutique éponyme en 1975, après s’être retiré de la compétition. Le premier magasin multimarques de Courchevel a rapidement acquis une forte réputation en fournissant des produits et des services d’excellence. Bien que l’établissement ait changé de propriétaires en 2013, cette réputation prestigieuse perdure encore aujourd’hui. La boutique propose les marques les plus exclusives de vêtements, d’accessoires et d’équipements de ski. La boutique de style chalet, située à Courchevel 1850, propose tout ce dont vous avez besoin - des combinaisons moulantes aux tenues de soirée - pour que vous soyez toujours à l’avant-garde de la mode. L’équipe est à votre disposition pour vous proposer des services sur mesure, des recommandations personnalisées et des expériences uniques, afin d’agrémenter au mieux votre séjour au ski.
 
« Nous venons du secteur du luxe très haut de gamme et, partant de là, notre objectif principal est de développer et d’étendre les normes de services et d’expériences haut de gamme pour nos clients », explique Claire Toubiana, qui a été impliquée dans tous les aspects opérationnels depuis l’acquisition. « Nous parcourons le monde à la recherche des produits de la meilleure qualité et des nouvelles tendances qui plairont à nos clients ». Que ce soit sur les pentes, en marchant dans le village ou lors des soirées glamour.

 Les vêtements de ski sont présentés par marque : « Chaque collection raconte une histoire », précise Claire Toubiana. Les mots d’ordre de cette saison sont « confort, technicité et mode sans


BOUTIQUES DE SKI

AZ TE CH M OUNTAI N

de designers tels que Tess Van de ski. Le camion transporte une Ghert, permettent aux clients gamme complète d’équipements de de compléter leur ensemble. sports d’hiver ainsi que des sèche« Nos clients s’attendent à chaussures intégrés. « Si un client ce que nous soyons le magasin est déjà sur les pistes et qu’il veut C O R D OVA U N E P I È C E de montagne le plus en vogue », tester un nouveau ski, nous le lui décla re Cla ire Toubia na . apportons directement », explique Bernard Orcel y par v ient Claire Toubiana. Les produits du en créant chaque saison des magasin sont également proposés collaborations exclusives à domicile pour les clients qui avec des marques célèbres. préfèrent fa ire leurs achats En pa r tena r iat avec u ne depuis chez eux ou depuis leur société française de ski, il a créé sa propre gamme de ski, composée suite d’hôtel. Les collections (prêt-à-porter ou vêtements de ski) d’articles de ski de randonnée, de ski de compétition et de ski hors- sont présentées par un assistant d’achats personnels de l’équipe. Les piste, chacun avec un design exclusif. Les collections « capsule » couturières adaptent et perfectionnent les tenues. exclusives montrent le côté grandiose de la mode des designers alpins. Bernard Orcel gère également des ski-room au sein d’un palace La dernière nouveauté du magasin est une paire de bottes après-ski et de trois hôtels cinq étoiles à Courchevel : Les Airelles, l’hôtel Chiara Ferragni et Bernard Orcel, une édition limitée de couleur Barrière les Neiges, Aman le Melezin et Le Strato. Ces ski-room sont bordeaux. les ambassadeurs de Bernard Orcel, confesse Claire Toubiana. Il n’y Claire Toubiana a pour objectif de créer un contraste et de en a pas deux pareilles. Chacune a été créée en collaboration avec des sensibiliser les clients aux nombreux designers d’intérieur, des architectes et points forts du magasin avec des des gestionnaires pour s’intégrer non présentoirs disposés en magasin. « Nous seulement à l’hôtel, mais également pour « Nous aimons montrer des aimons montrer des correspondances répondre aux préférences de la clientèle correspondances inattendues entre de cet hôtel. Par exemple, les clients inattendues entre des articles de ski techniques et des vêtements de luxe », l’opulent Les Airelles bénéficient des articles de ski techniques et des de dit-elle. Le nouveau concept de vitrine de boissons chaudes et de collations de décembre sera « quelque chose de tout sucrées l’après-midi, tandis que ceux du vêtements de luxe ». à fait original, où des articles hautement moderne et branché Le Melezin profitent techniques rencontreront des pièces de d’un bar à champagne. luxe insensées - imaginez un mannequin vêtu d’un impressionnant Ce que les ski-room offrent aux clients, c’est l’engagement de manteau de fourrure et de chaussures de ski ». Bernard Orcel de leur offrir une expérience haut de gamme et leur Bernard Orcel attire les regards avec ses lignes de produits permettre de dévaler les pistes confortablement vêtus, d’une humeur de luxe, et fidélise ses clients avec des services personnalisés. La détendue et positive. « C’est toujours un plaisir de rendre leur séjour boutique offre un lieu d’évasion, de détente et de relaxation, dans un inoubliable », déclare Claire Toubiana. environnement enclin à la beauté et au confort. L’un des temps forts de la saison est la « Nous proposons des boissons à tous nos Coupe de ski annuelle Bernard Orcel. La clients », précise Claire Toubiana. Les clients boutique organise la course et s’occupe des de longue date bénéficient d’un accueil tout dispositions nécessaires pour les invités de particulier, et les nouveaux clients reçoivent des marque. L’année dernière, les médaillés d’or cadeaux personnalisés livrés personnellement à olympiques Bode Miller et Antoine Dénériaz leurs hôtels : un coffret-cadeau spécial avec une ont participé à la course. « Nous organisons cet bouteille personnalisée de liqueur aux herbes, événement pour nos clients. Nous partageons du génépi, une carte de bienvenue et des services ce moment avec eux, nous veillons à leur personnalisés. « Lorsque les clients se sentent à satisfaction, puis nous faisons la fête avec l’aise avec nous, ils nous demandent souvent de eux », explique Claire Toubiana. les aider pour réserver un restaurant ou pour Le génépi coule à flot, les bons moments toute autre demande de conciergerie », précise sont quotidiens, et le personnel de la Claire Toubiana. boutique veille à ce que chaque client soit Un souhait, Bernard Orcel l’exhausse. Le convenablement équipé pour le ski dans des camion de ski Bernard Orcel, une ski-room tenues chatoyantes. Pour le glamour diurne mobile, délivre aux clients les produits et ou les paillettes nocturnes, Bernard Orcel services dont ils ont besoin, en tout lieu, qu’il met son talent au service de la magie qui les s’agisse d’un chalet, d’un hôtel ou d’une piste fait briller.

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La passion

DES AFFICHES L’âge d’or de l’art du ski p a r D AV I D S H R I B M A N

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ehnsucht. Il est difficile de retranscrire avec précision l’émotion que suscite l’art des affiches anciennes. Toujours élégantes, les affiches de ski évoquent un sentiment qui pourrait s’apparenter à la nostalgie. Il ne fait aucun doute que cet art est un délicieux rappel de vacances joyeuses et un irrésistible attrait pour des lieux et temps historiques. Le ski est aussi une forme d’art. Auparavant, il prenait la forme du stem, une technique de virage gracieuse et rythmique développée par le champion de ski Hannes Schneider en 1910. Quatre décennies plus tard, c’était le wedeln, un virage parallèle rapide inventé par Willy Schaeffler. Puis ce fut un troisième skieur germanique, Franz Lenhart, qui adapta le ski au niveau d’art. Ce faisant, il a été l’un des pionniers de la création d’un art en plein air pour un sport de plein air. Lenhart, né dans le Tyrol autrichien, n’a pas inventé l’affiche de ski mais il était certainement l’un des tout premiers maîtres du genre, aussi virtuose sur les toiles vierges que Schneider et Schaeffler l’étaient sur les pistes. Les affiches ont réduites les démarcations entre la publicité et l’art. Avec ses couleurs vives, son style artistique et sa capacité à inciter les gens à explorer, ces publicités stylisées invitaient à l’aventure. Lenhart a développé une série d’affiches de voyages de sports d’hiver faisant la promotion du ski en Italie à son époque, qui sont toujours autant appréciées à la nôtre. Le message de ces affiches est intemporel : l’athlétisme du sport, le frisson de la descente, l’expérience exaltante de foncer dans la neige à grande vitesse et à haute altitude.
Les affiches de ski, auparavant appelées « peintures de plein air » bien qu’elles étaient produites en studio, sont le salut artistique de ce que Lenhart 60

qualifiait de « paradis de neige, de glace et de soleil » sur une affiche de 1930 promouvant le ski dans les Dolomites. Nous savons tous que la glace est l’ennemi juré du ski et que le soleil est capricieux sur les pistes, mais ces mots judicieusement choisis convient au voyage. L’affiche incandescente de Cortina fait exactement la même chose. Lenhart, né dans le Tyrol autrichien, n’a pas inventé l’affiche de ski mais il était certainement l’un des tout premiers maîtres du genre, aussi virtuose sur les toiles vierges que Schneider et Schaeffler l’étaient sur les pistes. Les affiches ont réduites les démarcations entre la publicité et l’art. Avec ses couleurs vives, son style artistique et sa capacité à inciter les gens à explorer, ces publicités stylisées invitaient à l’aventure. Lenhart a développé une série d’affiches de voyages de sports d’hiver faisant la promotion du ski en Italie à son époque, qui sont toujours autant appréciées à la nôtre. Le message de ces affiches est intemporel : l’athlétisme du sport, le frisson de la descente, l’expérience exaltante de foncer dans la neige à grande vitesse et à haute altitude.
Les affiches de ski, auparavant appelées « peintures de plein air » bien qu’elles étaient produites en studio, sont le salut artistique de ce que Lenhart qualifiait de « paradis de neige, de glace et de soleil » sur une affiche de 1930 promouvant le ski dans les Dolomites. Nous savons tous que la glace est l’ennemi juré du ski et que le soleil est capricieux sur les pistes, mais ces mots judicieusement choisis convient au voyage. L’affiche incandescente de Cortina fait exactement la même chose. Bien que son sujet soit principalement axé sur le Paris de la belle époque et non les pistes de ski alpin, c’est Henri de ToulouseLautrec (1864-1901) qui a transformé l’affiche en art. Ses affiches évocatrices ont capturé la culture de la vie nocturne des concerts de café et des salles de danse parisiennes. Les affiches de ski qui



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« Aujourd’hui, les gens veulent profiter du travail artistique des années 1930 et 1940 ». masse. « Beaucoup de ces affiches reflètent l’époque de l’industrie et des machines, car elles transposent l’idée de vitesse et d’angles nets », explique Andrew Spindler, qui tient le magasin Antiques & Design situé à Essex dans le Massachusetts. « Sur le plan stylistique, les affiches de ski ont quelque chose de particulier, surtout si elles ont

suivirent un tiers de siècle plus tard certaines de Lenhart, d’autres par Sascha Maurer, dont le travail mettait souvent en vedette des stations de ski de la NouvelleAngleterre - présentaient bon nombre des qualités de production des œuvres de Toulouse-Lautrec tout en jouant le double rôle de publicités et de pièces d’art. Aujourd’hui, les affiches touristiques originales, ou leurs reproductions, ornent les murs de bars de pistes, de chalets et d’appartements de ski de Squaw Valley à Sugarloaf et de Tremblant à Telluride. Ma propre maison de ski, située dans l’enclave enneigée de Dryfork en Virginie de l’Ouest, expose une première édition réalisée par Sascha Maurer - faisant la promotion de la Jackson Ski School de Black Mountain dirigée par J. Arthur Doucette - qui m’a été donnée par Doucette lui-même lors d’une nuit glaciale à sa maison du New Hampshire. De nos jours, les amateurs de ski chérissent les reproductions d’affiches de ski, qu’elles fassent la promotions des merveilles du ski de Stowe dans le Vermont ou des attraits des trains de ski de l’ancien chemin de fer de New Haven. Souvent, les stations de ski ou les sociétés de ski ajoutaient leur nom sur les images produites par Maurer. Originales ou reproductions, les affiches de ski sont particulièrement populaires sur Internet et dans les magasins d’art. Peutêtre parce qu’elles capturent la puissance et la vitesse du sport et le dynamisme de la période au cours de laquelle le ski est passé d’un passe-temps pastoral à un sport de 62

une qualité picturale ». Tant et si bien que le musée New England Ski Museum s’est mis à vendre des reproductions d’anciennes affiches de ski. « Vers la fin des années 50 la plupart des affiches sont passées de l’art à la photographie, ce qui explique la popularité des anciennes affiches », stipule Jeff Leich, directeur exécutif du musée. « Aujourd’hui, les gens veulent profiter du travail artistique des années 1930 et 1940 ». C’est la raison pour laquelle les affiches de Lenhart sont toujours aussi prisées, et qu’elles dépeignent ce qu’un conservateur de musée a appelé « des skieurs dynamiques [et] des femmes élégantes dégageant de fortes nuances érotiques », ajoutant que le

Tyrol du Sud dépeint par Lenhart est ainsi devenu « un paradis de loisirs sophistiqué ». L’un des thèmes récurrents se caractérise par des femmes sur des télésièges monoplaces promouvant les plaisirs du ski de la station Madonna di Campiglio dans les Dolomites du nord-est de l’Italie. Le jeu de mot visuel du mot « madonna » est un calembour irrésistible. Des décennies plus tard, les gens convoitent toujours le glamour, le style et l’excitation dépeints à cette période. De nombreuses affiches de Lenhart sont restées inconnues du public pendant des années. Retrouvées dans le débarras d’un office de tourisme régional, elles ont été transférées au musée du château de Trauttmansdorff, à proximité du lieu de résidence de l’impératrice Elisabeth d’Autriche avant son assassinat en 1898. Les visiteurs peuvent désormais acheter des reproductions de ces affiches. Lenhart a étudié à Vienne et à Florence avant de devenir professeur d’art, et l’un des artistes italiens les plus en vue dans le domaine Art déco. Pendant un quart de siècle il s’est concentré sur le thème de la montagne ; qui lui a valu sa reconnaissance en 1924, avec une affiche pour l’agence de tourisme


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nationale italienne dont le message stipulait « Visitate le Dolomiti ». « Alors que les affiches de ski sont conventionnelles de nature (c’est-à-dire qu’elles illustrent souvent des skieurs dévalant des pentes ou remontant des sommets enneigés), la manière dont le concepteur ou l’illustrateur dépeint l’action est la clé pour faire monter ou descendre un cliché » écrit Steven Heller, président du département de design de l’École d’arts visuels de New York, et peutêtre le principal expert en arts graphiques du pays. Les affiches de Lenhart dépeignent un mouvement difficile à créer sur un champ bidimensionnel et pourtant impossible à ignorer sur papier. Dans une affiche des Dolomites datant de 1930 mentionnant « neige - soleil - divertissements », la neige et le soleil sont irrésistibles, alors que les amusements sont laissées à l’imagination. Deux décennies plus tard, pour le championnat de ski italien de 1951, le skieur de Lenhart est dépeint skiant avec un angle impossible. Comment ses skieurs arrivaient à dévaler les pistes ! Pour reprendre une expression employée sur une autre affiche de voyage de 1936, les affiches de Lenhart capturent « tous les plaisirs d’hiver » et transforment l’hiver en composante artistique. Ce rendu unique donne aux affiches de Lenhart un caractère qui dépasse le simple art commercial. Et pourtant les affiches de Lenhart sont plus qu’un témoignage artistique, elles sont des documents historiques. En particulier son affiche de Coupe du monde réalisée pour la compétition de ski de février 1941 à Cortina, la station de ski devenue italienne en 1919 mais qui a conservé

son héritage linguistique allemand car elle faisait partie de la monarchie des Habsbourg jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale. En bas à droite de cette affiche figurent les drapeaux des nations participant à la compétition - les États nordiques, la Suisse, la France et les puissances de l’Axe du Japon, de l’Italie et de l’Allemagne nazie. L’image principale de ce pastiche est le drapeau du royaume d’Italie - à l’époque l’Italie était une monarchie, bien que Benito Mussolini était à la tête du gouvernement - mais l’œil contemporain est attiré comme par une force magnétique morbide vers la représentation de la croix gammée menaçante de l’Allemagne nazie. La compétition de ski de Cortina s’est déroulée au même moment que Mussolini proclamait la loi martiale dans le sud de l’Italie, que Erwin Rommel prenait en charge l’Afrika Korps, que Adolph Hitler incitait Francisco Franco à rejoindre l’effort de guerre de l’Axe, et que la Chambre des représentants des États-Unis approuvait le programme prêt-bail. Au milieu de tous ces développements inquiétants, Lenhart célébrait une compétition de ski internationale.

À l’époque, cette situation était moins étrange qu’elle semble l’être plus de trois quarts de siècle plus tard. « Les Italiens voulaient mettre en place leur état fasciste ; et le design moderne de l’affiche souligne que la guerre était en faveur des forces de l’Axe. La compétition de ski renforçait ce sentiment », explique Jonathan Steinberg, professeur d’histoire à l’Université de Cambridge et à l’Université de Pennsylvanie. En temps de guerre ou de paix, les compétitions de ski étaient des sujets tentant pour les artistes, même pour les amateurs. Par exemple, les affiches produites pour le carnaval d’hiver du Dartmouth College précèdent les œuvres de Lenhart de plus de dix ans et constituent peut-être la plus vaste collection d’art consacrée à un seul thème - en l’occurrence, la folle célébration des sports d’hiver de Dartmouth à la mi-février, qui a inspiré un film de 1939 basé sur une nouvelle de F. Scott Fitzgerald. L’affiche de ma dernière année à Dartmouth (1976) est basée sur un dessin de l’illustrateur anglais des œuvres de Lewis Carroll, Sir John Tenniel, et porte la légende « À travers un miroir givré ». Elle est suspendue à côté de l’affiche du carnaval

d’hiver de 2007 - acquise par ma fille, possédant également celle du thème Lewis Carroll (« Down the Rabbit Hole », avec deux personnages sur un télésiège) - et celle du carnaval d’hiver du Bates College (thème Blanche-neige et les sept nains), acquise par ma fille cadette lors de la fête d’hiver de son université du Maine. Elles sont plus que de simples décorations. Elles font partie de notre patrimoine familial. Notre famille n’est pas unique : les affiches de ski sont omniprésentes dans les stations de ski du monde entier. L’attrait pour cette forme d’art découle d’un sentiment nostalgique entremêlé : à la fois rappel du passé et fantasme d’aventures futures. Ces affiches de ski « font référence à un héritage commun : un sentiment d’optimisme célébré de manière rituelle pendant les jours froids de l’hiver », explique Gina Barreca, professeure d’anglais à l’Université du Connecticut. L’optimisme et l’espoir transforment le ski et donnent aux affiches de sport d’hiver leur caractère artistique si singulier. Elles peuvent paraître superficielles pour certains, mais pour nous et pour tant d’autres, elles possèdent une réelle profondeur.


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Séance photos à Portillo, au Chili

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ierra Quitiquit n’a pas besoin d’introduction. En tant que professionnelle du ski freeride, elle a concouru dans le monde entier, descendu les pentes les plus difficiles au monde, et a suscité l’intérêt en apparaissant dans des films emblématiques tels que Ticket to Ride de Warren Miller et Valhalla de Nick Waggoner. En tant que modèle, elle fut le visage d’American Eagle, elle a collaboré avec les marques Nike et Lululemon (pour n’en nommer que quelques-unes) et a été en haut de l’affiche de Times Square à Tokyo. Ce que l’on sait peut-être moins, c’est qu’elle est ambassadrice de POW (Protect Our Winters), qu’elle a récemment écrit et réalisé un documentaire court-métrage sur l’avenir du ski, et qu’elle est en train de créer une fondation ayant pour but de sensibiliser les populations au changement climatique, aux problèmes de santé publique et d’égalité. Demandez à Sierra si elle est une militante, et vous obtiendrez plus une définition qu’une réponse : l’activisme est une question d’authenticité, de convictions et d’habilitation des autres. « Je suis en constante évolution », me dit-elle. « J’ai toujours entrepris des actions qui me dépassaient un peu, et il m’a souvent fallu reprendre possession des composantes de mon engagement. » Née et élevée à Park City, dans l’Utah, Sierra est montée sur des skis avant l’âge de deux ans. Dotée d’un talent et d’une audace hors-norme, elle s’est rapidement distinguée des autres dès son plus jeune âge. Mais malgré son talent indéniable et une situation géographie idyllique, son parcours n’est pas celui des élites du ski. « Nous n’avions pas beaucoup d’argent », explique-t-elle, en 84

décrivant la manière dont sa famille de six personnes partageait une chambre dans un espace commun. « Le ski coûte cher. Nous achetions des forfaits de ski et du matériel de ski usagé au prix de nombreux sacrifices de mes parents. » En regardant le documentaire de Chris Kitchen intitulé How Did I Get Here - un biopic poignant et magnifiquement tourné, que Sierra a elle-même coproduit - je suis immédiatement frappée par les talents de narratrice de Sierra. Capable de célébrer ses succès sans une once de vanité et de relater ses désespoirs sans aucun apitoiement, elle se raconte avec une empathie et une vulnérabilité impossibles à mettre en scène, en particulier lorsqu’elle évoque la mort subite de son frère, un cruel destin inimaginable pour une petite fille alors âgée de 15 ans qui était inséparable de son grand frère. « La mort de JD a été très difficile pour nous tous », me raconte Sierra. « Notre famille n’avait pas les ressources émotionnelles suffisantes pour faire face à cette tragédie. » De son propre aveu, la mort de JD l’a conduite sur un mauvais chemin, à la recherche de tout ce qui pourrait lui faire oublier la douleur, y compris « une tonne de drogues ». Une autre tournure du destin – celle-ci positive - l’a menée à être acceptée à l’École américaine de Suisse, et avec la bénédiction de ses parents affligés de chagrin, Sierra a fui l’Utah pour bénéficier de la structure et du soutien dont elle avait besoin pour guérir. Elle y a passé sa première année universitaire, avant de rentrer chez elle pour s’inscrire au Programme universitaire du secondaire de l’université de l’Utah.
« Lorsque j’ai eu 18 ans, mon père m’a dit : Tu es une adulte, va vivre ta vie. Comme le précise Sierra, elle a examiné sa facture de


« Je veux servir de relais et faire quelque chose d’utile à grande échelle. »

frais de scolarité et son relevé de compte en banque, et elle a décidé d’acheter un billet en aller simple pour l’Amérique du Sud. Pour Sierra, tout était axé sur la neige et le ski, alors à la fin de la saison, elle est rentrée chez elle et a trouvé un emploi dans un magasin de ski offrant un pass-saisonnier en plus de son salaire. À l’arrivée de l’été, elle a suivi la neige en direction de Hood River (Oregon), où elle a skié le glacier et a préparé des hamburgers pour payer les factures. C’est à peu près à ce moment-là que sa mère l’a convaincue de prendre l’avion pour Houston afin de passer une audition pour America’s Next Top Model. Bien que Sierra ne soit pas allée plus loin que l’étape des auditions, cela la convaincue de signer avec une agence de l’Oregon. Sans diplôme universitaire et motivée par l’appréhension de ne pas saisir à temps les opportunités de gagner de l’argent, Sierra plus déterminée que jamais, a rapidement décroché une campagne mondiale pour American Eagle. « J’avais l’impression d’avoir gagné à la loterie. Mais j’ai vite réalisé qu’une énorme charge de complications m’attendait. Vous devez faire face à des situations folles. Le harcèlement sexuel… c’était une situation vraiment intenable. Au moins les chèques de paie compensés pour tous ces désagréments ». Au même moment, Sierra était également sous contrat avec Spyder, son premier sponsor de vêtements de ski. Et c’est là qu’a commencé ce qu’elle appelle la dualité de ce métier. Bien que naturellement mince, elle était constamment sous pression pour perdre du poids. En tant que skieuse, elle s’est battue pour maintenir son poids et suffisamment de muscles pour soutenir ses articulations. « Je m’entrainais dur pour développer mon tonus musculaire, puis lorsque j’allais à New York ou à Los Angeles et que mes agents prenaient leur ruban à mesurer et 85


« Même si nous arrêtions dès-maintenant d’émettre du carbone, il serait trop tard pour sauver le ski tel que nous le connaissons. »

qui l’enroulaient autour de mes fesses, il finissaient par me reprocher mon attitude et la taille de mes fesses ». « Je ne voulais pas être mannequin. Je voulais skier, mais je ne n’arrivais pas à trouver de sponsors qui me permettaient de survivre », dit-elle. L’industrie du ski a été la plus dure critique à l’encontre de Sierra, au-delà du fait de ne pas soutenir les femmes. Les athlètes féminines en particulier la condamnaient pour ses activités de modèle, lançaient des attaques personnelles contre elle et l’accusaient de vendre du sexe plutôt que du sport. En bref, la narration faite à propos de Sierra ne reflétait pas le fait qu’elle avait besoin des revenus de la mode pour s’offrir la visibilité requise pour se faire remarquer en tant qu’athlète professionnelle. « En tant que femme, on nous apprend à se tempérer », dit Sierra. « Que ce soit dit ou implicite, cette idée préconçue est vraiment tordue. Cela a commencé à me faire prendre conscience du pouvoir de l’image et de l’influence de la narration 86

dans le monde numérique. Je savais que je pouvais toucher un public jeune grâce au ski. J’ai commencé à réfléchir aux moyens de mixer les communications de l’image à celles des changements climatiques, et aux moyens de donner aux jeunes l’opportunité de raconter leurs propres histoires. » S’il y a un groupe démographique qui est en première ligne des changements climatiques, c’est sans aucun doute les skieurs. Les conditions météorologiques irrégulières et les saisons de plus en plus courtes ont contribué à une réduction globale des chutes de neige dans le monde, mettant en péril toute une industrie et l’avenir du sport luimême. C’est une question qui préoccupe Sierra depuis son adolescence. En tant qu’ambassadrice de POW, elle contribue activement à sensibiliser les décideurs et le grand public aux connaissances scientifiques les plus récentes en matière de gestion de l’environnement. Fondée en 2007 par le snowboardeur professionnel Jeremy Jones, l’organisation s’appuie désormais sur un réseau de plus de 130 000 supporters dans le monde, fonctionnant davantage comme un mouvement social que comme une ONG traditionnelle. « Les changements climatiques me concernent personnellement. Ils ont une incidence sur mon gagne-pain et sur ma passion », dit-elle. « Dans 50 ans, les prévisions de chutes de neige pour ma ville de Park City sont de zéro. Même si nous arrêtions dès-maintenant d’émettre du carbone, il serait trop tard pour sauver le ski tel que nous le connaissons. » Puis arrive Melted. Tourné dans le désert marocain, Melted, écrit, réalisé et produit par Sierra, est une représentation


fictive du futur du ski, avec un message de grande envergure sur le changement climatique. Son projet est de le présenter lors de festivals de cinéma et d’événements populaires dans tout le pays, parallèlement à une présentation personnelle inspirée de Drawdown, le livre best-seller de Paul Hawken sur le réchauffement de la planète. « Nous tentons de comprendre le monde et les causes des évènements récents, mais il suffit de réaliser que les ressources disponibles sont limitées. Avec la quantité de médias que nous consommons et la manière dont le message affecte les jeunes, je ressens le besoin de reprendre le micro », explique Sierra. Le récit dystopique du roman Fahrenheit 451 me revient subitement en mémoire. Au lieu de brûler des livres qui sont des référentiels de connaissances et d’idées, nous les avons remplacés par des images de mille mots. Les convictions de Sierra lui insufflent la volonté de transformer sa propre image biaisée en une plateforme prête à susciter l’engagement et l’autonomisation, et à plaider pour les choses qui sont importantes pour elle. « J’ai la capacité d’influer sur les marques avec lesquelles je travaille, pas seulement en souriant avec une bouteille d’eau à la main, mais aussi en transmettant un message sur le plastique et sur son impact sur la planète. Je veux servir de relais et faire quelque chose d’utile à grande échelle. »

Sierra est maintenant sur le point de lancer sa propre fondation, the Altruistic Action Fund, avec pour mission de créer un contenu multimédia éducatif, notamment sur le changement climatique. Elle n’hésite pas à ajouter que la fondation ne concerne pas uniquement ses projets, mais soutiendra les jeunes créatifs qui souhaitent raconter leur histoire ; ce qui en fait une ressource utile pour tous ceux qui auraient du mal à trouver une plateforme et de l’argent. « Les actions dépassent ma propre personne et sont maintenant axées sur l’utilisation de ma notoriété pour arriver à faire bouger les barrières », ditelle. « La question est « qu’est-ce que j’ai à offrir pour faire avancer les choses ? » En bref, beaucoup. Athlète, activiste, narratrice, et porte-étendard de marques internationales, Sierra est un influenceur sur-mesure pour l’ère numérique. Suffisamment cool pour attirer un public, et suffisamment réfléchie pour garder les pieds sur terre. « Après tout, si nos besoins humains fondamentaux d’amour, de respect et d’air pur ne sont pas satisfaits, qu’importe le reste de toute façon ? »

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PERDU DANS LA NEIGE Bienvenue à Fernie Alpine. Une petite station avec une grosse neige. p a r A N D R E W F I N D L AY photos de STEVE OGLE

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Page précédente Tim Konrad dans plus de 50 cm de poudreuse.

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De gauche à droite 1. Andrew Findlay arrive à Fernie. 2. Mère Nature s’occupe de l’enneigement. 3. Le Polar Peak est ouvert.

ls appellent ça le « Fernie Factor ». Une prévision la boîte à gants de sa voiture déglinguée. Quarante-quatre ans plus d’enneigement de 150 cm quadruple miraculeusement tard, il a encore clairement le dessus. « J’ai obtenu mon certificat à la en une nuit, et avant même de digérer votre omelette aux station de ski Sunshine Village et l’un des examinateurs m’a offert un pommes de terre rissolées, vous êtes réunis avec d’autres emploi à Fernie. Il m’a dit qu’ils avaient deux tire-fesses. J’ai pensé : lève-tôt sous un ciel bleu azur. Des fusillades de charges explosives Je ne vais pas aller là-bas, je viens de Whistler » dit Siggers avec un sont larguées par les techniciens d’avalanche sur la grosse corniche, petit rire. Mais la curiosité a eu le dessus. Voiture chargée de matériel qui se courbe comme une vague gelée au-dessus du Lizard Bowl. J’attends avec Robin Siggers, le directeur des opérations de la station Fernie Alpine, pour un feu vert en direction du Lizard, l’une des cinq cuvettes bercées par les pics calcaires du Lizard Range, une station légendaire nichée profondément dans le coin sud-est de la ColombieBritannique, moins de 100 km à vol d’oiseau de la frontière du Montana. La plupart des villes de montagne vénèrent Ullr. À Fernie, ils rendent hommage à leur propre version du dieu des neiges : le Griz. Dans la légende, un homme des montagnes équipé d’un mousquet et d’un manteau de grizzly tire avec son mousquet dans les nuages du Lizard Range p ​​ our libérer la poudreuse. Les locaux sont férus de cette poudreuse spéciale. Accompagnés de notre guide Robin Siggers, nous montons aux aurores à l’Elk Chair, et nous redescendons jusqu’au Great Bear Express, puis vers le Lizard Bowl en traçant des courbes dans la poudreuse immaculée, comme de minuscules signatures sur un vaste parchemin froissé. D’un signe de tête de son co-équipier, je suis Siggers et je m’élance dans la poudreuse semblable à un duvet oxygéné. Ici la neige tombe souvent en grande quantité, grâce au Lizard Range, une chaîne montagneuse atypique et perpendiculaire à l’axe des Rocheuses canadiennes. Le Lizard de ski, il a fait le long trajet en voiture jusqu’à Fernie, une ville Range semble générer ses propres conditions météorologiques minière fondée au 19ème siècle sur les rives de la rivière Elk. À deux généreuses. Siggers, originaire de Vancouver, est arrivé à Fernie en pas de chez lui se tenait une obscure petite station de ski appelée 1976 avec un certificat de moniteur de ski fraîchement validé, dans Fernie Snow Valley, dirigée par Heiko Socher, un forestier allemand 90


La plupart des villes de montagne vénèrent Ullr. À Fernie, ils rendent hommage à leur propre version du dieu des neiges : le Griz. laborieux à l’esprit indépendant. La neige semblait tomber sans discontinuer et Siggers n’est jamais reparti : c’est un pèlerinage qui depuis a été répété par de nombreux skieurs. « J’ai vendu ma cabane de Whistler et je suis parti à Fernie. À l’époque nous n’étions qu’une poignée à partir à la recherche de cette poudreuse et à traverser les cuvettes » précise Siggers, se rappelant avec nostalgie les premiers jours et pointant vers l’un des couloirs bordés d’arbres qui descendent d’une arête entre les cuvettes Lizard et Currie. « Nous partions skier les Cougar Glades, puis nous nous frayions un chemin à travers les aulnes pour revenir à la station de ski ». C’était bien avant que le domaine skiable ait étendu ses limites pour incorporer les cuvettes Siberia, Currie et Timber. Le Gilmar Trail est un hommage à un membre des anciennes cohortes de Siggers, Pat Gilmar, qui avait frayé un chemin dans les aulnes pour faciliter la traversée vers la station. Tard dans la matinée, Siggers me laisse entre les mains de son fils Dylan. Nous nous rencontrons au Lost Boys Café au sommet du Timber Chair. Dylan, vidéographe talentueux de 24 ans et amateur de falaises, concoure pour les skis LINE. J’ai vite un aperçu de la lignée des Siggers : un style inimitable. Nous descendons vers le White Pass Quad à la recherche de pentes et de poudreuse. Nous passons le reste de la journée à exploiter les pentes raides colorées en sel et poivre par des bandes de falaises et de rochers qui débordent de la crête entre les cuvettes Currie et Timber. À la fermeture des remontées, et rassasiés par une journée de poudreuse à volonté, Dylan et moi retrouvons Siggers, l’aîné, au Griz Bar ─ un bar de piste pour les rencontres d’après ski. Nous nous traînons jusqu’à une épaisse table en bois longue de deux coudées. Sa surface est polie par une curieuse tradition nocturne de Fernie, qui me pousse à retirer rapidement mes coudes de la table. Les murs du bar sont recouverts de photos de skieurs moustachus vêtus de pantalons moulants de couleurs criardes ou d’autres tenues plus déshabillées. Lorsque John Cusack et le réalisateur Steve Pink ont effectués des repérages pour tourner des scènes de La machine à démonter le temps, leurs recherches se sont terminées à Fernie, où le 91


temps semble s’être arrêté dans les années 80. Si Steve Pink avait besoin de remplir des scènes avec des extras, les locaux plongeaient dans leurs males rétro et arrivaient en masse sur le plateau. L’ADN de Fernie est plongée dans les années 80, mais c’est l’esprit de Heiko Socher qui pèse lourd sur la culture du ski de Fernie. Heiko Socher, décédé en 2016, est emblématique de l’époque pré-commerciale de l’industrie du ski, pendant laquelle les stations de ski portaient encore l’empreinte des propriétaires anticonformistes. Heiko Socher brandissait une tronçonneuse pour éclaircir les pistes, réparait les dameuses et se promenait souvent dans la station pour ramasser les déchets et repositionner les piquets. Un véritable esprit germanique. Mais il avait gardé son âme de cow-boy. « Heiko

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n’hésitait pas à dévaler les pentes abruptes » me dit Siggers, alors que le bar se remplit et que les bavardages s’intensifient. Après qu’une avalanche ait renversé une tour de télécabine du Lizard Bowl, Heiko Socher fut obligé par les autorités de réglementation gouvernementales à mettre en place un programme officiel de contrôle des avalanches, que Siggers a rejoint par la suite. « C’était le temps où l’industrie du ski était vraiment amusante » dit-il. Difficile de ne pas partager la nostalgie de

Siggers. En 1998, Socher vendit le complexe à Charlie Locke, un pionnier albertain de l’alpinisme devenu entrepreneur de station de ski et anticonformiste assumé. Locke étendit le domaine pour le transformer en empire, connu sous le nom de Resorts of the Canadian Rockies (RCR). Locke réalisa le rêve de Socher de construire plus de

télécabines, et il élargit considérablement le domaine skiable vers le sud pour inclure la cuvette Siberia. Mais les créanciers n’ont pas tardé à venir frapper à la porte, et RCR fut placé sous séquestre avec des fournisseurs laissés en suspens et impayés. Le portefeuille fut récupéré par N. Murray Edwards, financier reclus de l’Alberta, classé au Forbes 500, principal investisseur dans les sables bitumineux et copropriétaire des Flames de Calgary. Heureusement, dans son cœur, Fernie demeure une station de ski ordinaire. L’attrait de Fernie repose en grande partie sur sa ville située en contre-bas. Les villes minières de montagne ont tendance à favoriser le développement de


belles communautés de ski. Fernie ne fait pas exception. Fondée sur l’extraction du charbon, elle reste autant une ville de ressources que de ski. Cet après-midi, je flâne sur la 2e avenue avant de prendre à gauche vers The Valley Social pour rencontrer le propriétaire, Dan Whillans. C’est le point de ralliement des amoureux du café, avec de nouveaux mélanges servis chaque semaine. Whillans dit qu’il est « tombé amoureux de la culture du café » à Toronto, avant de venir s’installer à Fernie en 2014 sans autre plan que de skier autant que possible. En 2016, Whillans a ouvert The Valley Social sur la conviction qu’un bon café et un bon accueil sont des fondements communautaires essentiels. De nos jours, la scène des boissons est en vogue à Fernie, qu’il s’agisse de caféine ou d’alcool.

En 2003, bien avant que des hipsters à chemises à carreaux ne commencent à tordre les robinets de brasseries artisanales en Amérique du Nord, Fernie Brewing Co. vu le jour dans le garage de la famille Pask. Ses bières, comme la Project 9 Pils (du nom d’une piste cyclable de montagne très prisée) et la First Trax Brown Ale, reflètent les racines d’un brasseur plongé dans la culture exotique de Fernie. Pour l’ouverture de la saison de ski 2018/19, non pas une mais deux distilleries artisanales sont en lice. « Nous ajustons nos recettes depuis six mois », déclare Trevor

Semchuk, copropriétaire de la Lost Boys Distilling Company, située à quelques rues du centre-ville. Semchuk annonce que Lost Boys produira du whisky canadien distillé artisanalement, et à mesure qu’il

vieillira il distillera également du gin artisanal. Je me présente en avance pour mon rendez-vous au Spa 901, mon tout premier soin du visage. Le Miner’s Special (le spécial mineurs) est plus qu’un clin d’œil nostalgique à une époque oubliée : il s’adresse en réalité aux mineurs qui travaillent dans les puits de charbon souterrains autour de Sparwood et qui ont besoin d’un bon récurage pour nettoyer leurs pores de la poussière de charbon. Sans être passé par les puits de charbon, je me prépare tout de même à prendre soin de moi, avec je l’avoue, un sentiment inquiétant d’émasculation

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Page précédente Dylan Siggers au paradis de la poudreuse. De gauche à droite 1. Le Nevados est l’endroit idéal pour les tacos. 2. Le centre-ville de Fernie. 3. Storm Largue, propriétaire du Nevados, prêt à verser. 4. Le trappeur Normand Gagné prêt pour le Griz Fest. 5. Robin et son fils Dylan Siggers au Griz Bar.

imminente. « Depuis que nous avons changé le nom du soin pour le Miner’s Special, beaucoup plus d’hommes viennent pour des soins du visage », me dit l’esthéticienne, Jessica Riley, lorsque je demande à quelle fréquence les hommes optent pour un soin du visage. Parfois, tout tient dans le nom. Le soin du visage terminé, je me dirige vers le Griz Fest. Après la traditionnelle compétition de lancer de haches, les fêtards saisissent des canettes de bière Fernie dans leurs mains emmitouflées, puis huent et crient au rythme des feux d’artifice qui remplissent le ciel, avant de se tourner vers la scène extérieure où se produit le groupe Small Town Dirtbags composé de trois musiciens locaux. C’est le moment de rejoindre des amis au Nevados pour le dîner. Ce restaurant populaire, installé dans un bâtiment d’angle à un étage, aux murs de briques avec de larges fenêtres, a ouvert un menu pan-latino-américain épicé dans les rues hivernales de Fernie. Reconnu pour sa sélection de plus de 30 tequilas et mezcals artisanaux, je retiens les conseils du barman et commande un mezcal aussi fumé que du whisky des hauts plateaux. Je décide d’associer le verre avec un appy de patacones. Le restaurant se 94


remplit lentement. Je regarde par la fenêtre. Les flocons de neige flottent et scintillent dans les réverbères ; je commande un autre rafraîchissement nocturne. Le lendemain matin, je suis de nouveau aligné avec les Siggers et 30 autres personnes qui attendent que les patrouilleurs ouvrent la piste qui mène à Snake Ridge, à la limite nord de la station. La corde tombe, signalant un départ à la manière du Mans, et nous nous dirigeons vers le bout de la crête. Deux minutes plus tard, je regarde une pente de plus de 300 mètres, inclinée à 35 degrés. Je fais quelques calculs mentaux rapides ─ une demidouzaine de tracés au plus pentu ; le reste de la pente vierge. Sans les patrouilleurs professionnels de Fernie, qui gèrent plus de 120 couloirs d’avalanches au-dessus ou suspendus dans les limites de la station, je serais réticent à m’engager dans une pente aussi raide recouverte de 80 cm de neige fraîche. Je positionne mes skis vers la pente, prends un peu de vitesse, puis j’entame un virage qui plonge mes cuisses dans un coussin blanc. Le « Fernie Factor » m’a accompagné toute la semaine. Merci Griz. 95


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CHAMONIX à la mode par LESLIE WOIT

C O U R TO I S I E D U T E R M I N A L N E I G E R E F U G E D U M O N T E N V E R S

La France bénéficie d’une réputation internationale dans de nombreux domaines - l’art de la table, les bons vins, et même l’art des relations amoureuses. En ce qui concerne le ski, l’image de la France est également légendaire. De la construction des premières stations de ski, à la mode hivernale sur les pistes, la France a toujours été un pays précurseur dans le domaine du ski. Pour découvrir cet esprit hexagonal il n’y a qu’un seul endroit : Chamonix.

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a station de Chamonix est la reine des Alpes, couronnée de mille feux par la plus haute montagne d’Europe occidentale. Skier ici, c’est marcher dans les traces de l’histoire alpine ─ de l’aube du tourisme alpin en tenues de laine, au ski extrême en combinaisons fluo. Il suffit de regarder vers le haut, vers les sommets, pour comprendre. Le sommet du mont Blanc fut atteint pour la première fois en 1786. Depuis, des légions d’excentriques ont escaladé les 4 810 mètres menant au sommet, armés de porteurs, de poulets en cage et de caisses de Bordeaux. Le ski a progressivement gagné du terrain, et en 1924 Chamonix a accueilli les premiers Jeux olympiques d’hiver de l’ère moderne. C’est à L’École Nationale de Ski et d’Alpinisme (ENSA), en plein cœur de la ville, que chaque moniteur de ski français vient obtenir son diplôme d’instructeur. Près de 200 ans après la naissance de l’alpinisme, le surhomme local Patrick Vallençant a lancé l’engouement pour les descentes de ski quasi verticales des redoutables pentes de la région : le couloir italien, le couloir Y, le couloir Whymper - des pentes de plus de 50 degrés considérées jusqu’alors comme impossibles à skier. Chamonix a toujours été à l’avant-garde du monde du ski. Bien que « Cham » attire encore aujourd’hui de nombreux férus de sports extrêmes, elle n’en reste pas moins incontournable pour les skieurs décontractés. Une des principales attractions est la superbe descente de la Vallée Blanche, un parcours réputé en Europe pour ses illustres itinéraires hors-piste. Cette expédition alpine qui dure toute la journée propose un défilé de panoramas culminants dans le massif du Mont-Blanc (la Dent du Géant, le Grand Capucin et les Drus) à travers des vagues de crevasses glacées et des mers givrées de séracs aigue-marine. Les 21 km de la piste non damée peuvent être skiés par la plupart des skieurs compétents, avec l’assistance d’un guide. Et grâce au service de restauration chic et délicat offert par le Grand Hôtel du Montenvers, les abords du glacier se sont transformés en refuge réputé comme le plus romantique de France. Lorsque l’empereur Napoléon III visita pour la première fois la magnificence gelée de la Mer de Glace, elle fut immédiatement déclarée site de beauté et une route reliant Genève à Chamonix fut rapidement construite. Peu de temps après, en 1880, le Grand Hôtel du Montenvers ouvrit ses portes à une nouvelle vague d’amoureux de la montagne, incluant de célèbres écrivains tels que Lord Byron, Johann Wolfgang von Goethe, Victor Hugo et George Sand. Même le tristement célèbre Frankenstein s’est réfugié ici dans « cette glorieuse salle du trône d’une 98

page précédente Vue de la Mer de Glace depuis la terrasse du Refuge du Montenvers. De gauche à droite 1. Gare de Chamonix-Mont-Blanc. 2. Restaurant de montagne Les Vieilles Luges. 3. Statue d’Edward Whymper pointant vers le sommet du mont Blanc.

Nature impériale ». Hélas, malgré les périodes hivernales imprévisibles, la salle du trône est souvent indisponible. En janvier dernier, des vents de plus de 200 km/h combinés à des chutes de neige record, ont rendu impossible l’accès à la Vallée Blanche. Les patrouilleurs de ski n’ont pas pu installer la corde fixe protégeant l’entrée, et les 420 escaliers en métal menant du glacier à l’hôtel étaient enfouis sous des congères semblables à celles du Docteur Jivago ─ nous sommes donc montés à l’hôtel par un rail à crémaillère. Le petit train rouge serpenta à travers des forêts denses et des immenses bancs de neige avant de s’arrêter devant une façade en granit brut parsemée de petites fenêtres à volets rouges. Surgissant au-dessus, les rideaux déchiquetés du théâtre de granit de Chamonix étaient plongés dans un magnifique coucher de soleil magenta. Frankenstein aurait été impressionné. Destinations insolites et style éclectique : le groupe Sibuet de Megève a fort bien réussi à surclasser ce refuge centenaire, qui porte désormais le nom de Terminal Neige. Ses 20 chambres, suites et dortoirs, d’un style exemplaire bon chic bon genre, se distinguent par des escaliers recouverts de moquette cramoisie, un éclairage industriel vintage et des tissus rétro qui complètent la patine de sa structure originale en bois sombre et granit. Un feu crépitant réchauffe la salle à manger et le bar, depuis lequel nous dévorons avec de nouveaux amis de toute l’Europe des plateaux de charcuterie accompagnés du vin local, suivis d’un choix de diots de Savoie et polenta, de tartiflettes ou de fondues au Beaufort, au Gruyère et à l’Abondance. Nous dormons d’un sommeil profond, sous un magnifique ciel étoilé. Pas moins de 11 domaines skiables sillonnent la vallée de Chamonix. Du côté ensoleillé, le domaine de Brévent-Flégère, proche de la ville, offre un panorama qui s’étend du nord jusqu’à la frontière du domaine de Balme Vallorcine. Et du côté opposé de la longue vallée, la station des Houches, bénie par les arbres, est la destination par excellence pour les jours à faible visibilité. Au pied du mont Blanc la neige peut tomber vite et fort, faisant des poutres à colombages du chalet d’alpage des Vieilles Luges le lieu idéal pour déjeuner. Cet alpage actif depuis 1479, abrite Claude et son épouse australienne, Julie, qui servent des spécialités de Haute-Savoie au


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1. A Whitetooth craft brew. 2. Iconic Canada at sunset: Petro Canada, Tim Hortons, and the Rockies.

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Chamonix est à l’avant-garde du monde du ski. Des scandinaves à la silhouette allongée, des américains au bronzage de skieur, des britanniques, des australiens, et bien sûr des français – toutes les nations sont réunies.

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Page précédente Une journée chargée à l’arête des Cosmiques au départ de la Vallée Blanche.

sein de la grange familiale convertie en lieu d’accueil. Leur plat savoyard d’excellence, le farçon poêlé, est un plat de base anciennement apprécié des agriculteurs après la messe du dimanche, un régal copieux composé de pommes de terre râpées, de pruneaux, de raisins secs et de lard fumé cuit à la vapeur puis tranché et poêlé. Idéal pour les dîners d’après ski (et les gros mangeurs), à tout moment de la semaine. Pour nous ouvrir l’appétit, nous nous dirigeons vers les pistes incontournables de Chamonix ─ le domaine des Grands Montets dominant le village d’Argentière, le repaire de freeride des saisonniers. La nacelle de 60 personnes grimpe en deux étapes au-dessus d’un gouffre de plus de 3 000 mètres ─ la remontée la plus emblématique de Chamonix. Pour éviter l’attente à la deuxième nacelle de télécabine, les skieurs achètent une réservation horodatée qui les contraint à embarquer à l’heure indiquée sur le billet. Ne vous laissez pas berner par le chiffre décevant de 29 km de pistes balisées, personne ne vient ici pour skier entre les balises. Ici, la poudreuse est reine. Des scandinaves à la silhouette allongée, des américains au bronzage de skieur, des britanniques, des australiens, et bien sûr des français – toutes les nations sont réunies. Les jours de poudreuse, les files d’attente sont principalement composées de garçons, matinaux et costauds, équipés de tenues en 102

OT VA L L É E D E C H A M O N I X S A LO M É A B R I E L

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De gauche à droite 1. Des macarons colorés en vitrine de la pâtisserie. 2. Un soir au centre-ville de Chamonix. 3. Un dessert décadent. 4. Pierre Carrier et Pierre Maillet – La cuisine étoilée au guide Michelin du restaurant Albert 1er.

GORE-TEX et de larges skis. Une immense zone de freeride s’étend à perte de vue sur le glacier et dessert une piste verticale de 2 km qui descend dans la vallée. Arrivé en bas des pistes, ne manquez pas les concerts de la célébrité du ski Gary Bigham et son groupe, en particulier au printemps. Consultez également le bulletin neige de Gary pour prendre la mesure d’un demi-siècle passé à Chamonix en tant qu’expatrié : les relevés sont effectués en jetant son chat dans la neige depuis le balcon de son chalet. Avant de quitter le domaine du Savoy, un dernier dîner nous attend. À Chamonix, une profusion de très bons restaurants donnent le ton - incluant Le Bistrot, L’Atmosphère et Le Panier des 4 Saisons - mais un établissement se démarque des autres : l’Albert 1er. Dans une ville où l’alpinisme est un art de vivre, manger au restaurant Albert 1er est une religion. Un siècle d’ancienneté, deux étoiles Michelin et quatre générations d’hospitalité forment un élégant creuset : Perrine, arrière-petite-fille du fondateur, est à l’avant de l’établissement ; le chef Pierre Maillet, son mari, est à la barre. Dans le calme de la salle à manger drapée, les conversations feutrées s’unissent à la mélodie subtile des bouchons en liège. Des assiettes délicates et des couverts scintillants arrivent et repartent avec des dressages dignes du Moulin Rouge. Une surprise arrive des cuisines : des huîtres aux truffes, présentées par une serveuse

vêtue d’un costume noir qui laisse entrevoir un bout de lingerie écarlate…. Les plats sont somptueux et sophistiqués : poulet de Bresse fourré à la truffe, foie gras à la betterave, au vinaigre balsamique et à la pomme verte, puis un inoubliable Soufflé à la Chartreuse. À l’ombre du mont Blanc, l’Albert 1er est le refuge ultime. Skiing, eating, and post-prandial comforts are taken seriously in this part of the world. The cozy Relais et Chateâux sanctity of Hameau Albert 1er is pure luxe: old pine beams contrast with Le Corbusier furnishings and antique decorations. At the opposite side of town, and offering a totally different feel, is the recently resurrected five-star grandeur of Hôtel Mont-Blanc. Built in 1849, extended in 1905, and reopened in 2013 following a period of stewardship by the great Taittinger Champagne house, this imposing inn sparkles with Belle Époque panache. Proud white façade, blue shutters, black and white marble floors, and everywhere the clever punctuation of bright colors ─ the unmistakable touch of interior designer Sybille de Margerie. And each morning, the pleasure of waking facing Mont Blanc. The hotel’s glossy BMW 7 Series stands at the ready to ferry guests hither and yon, but Chamonix’s cobbled pedestrian streets are right at the doorstep. Lovely things line shelves at an array of shops that include Chanel, Ogier, Moncler, and the exquisite local fine wool


À l’ombre du mont Blanc, l’Albert 1er est le refuge ultime.

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producer Arpin. A raft of sporting goods stores await (though really Snell Sports has it all); and pâtisseries, fromageries, and chocolatiers provide delectable delights as only the French can. Pause for a glass of wine or a café au lait at an Art Nouveau café overhanging the babbling River Arve. Browse antique prints and books and visit the bijou Alpine Museum, located inside a 1910 palace. As for nightlife, decades of Swedish ski bums can’t be wrong about sweaty hangouts like Chambre Neuf, off the lobby of the Scando- chic Langley Hotel Gustavia. For more sophisticated evenings, take in the jazz at Maison des Artistes, housed in a 1926 Art Nouveau villa. There is a whiff of micro- Paris about town, with an architectural history, an alpine history – a place in history – that’s unlike any other ski town on earth. Le ski, la restauration et le confort postprandial sont pris au sérieux dans cette partie du monde. Le confortable Relais et Châteaux sainteté du Hameau Albert 1er est un exemple de luxe ultime : contraste de

vieilles poutres en pin avec des meubles Le Corbusier et décorations antiques. De l’autre côté de la ville, les cinq étoiles de l’Hôtel Mont-Blanc, récemment ressuscité, offrent une atmosphère toute autre. Construit en 1849, agrandi en 1905 et rouvert en 2013 après une période d’intendance par la grande maison de champagne Taittinger, cette auberge imposante scintille du même panache que la Belle Époque. Fière façade blanche, volets bleus, sols en marbre noir et blanc, et partout la ponctuation intelligente de couleurs vives ─ la touche artistique incomparable de la décoratrice Sybille de Margerie. Et chaque matin, le plaisir de se réveiller face au mont Blanc. Les scintillantes BMW Série 7 de l’hôtel sont à disposition pour transporter les clients ici et là, et les rues piétonnes pavées de Chamonix sont juste au pas de la porte. De nombreux produits de luxe sont présentés en vitrine de magasins tels que Chanel, Ogier, Moncler, et Arpin un producteur local d’une superbe laine fine. Le sport est également à l’honneur avec un grand choix de

magasins spécialisés (bien que Snell Sports semble proposer toutes les références utiles). Enfin, les pâtisseries, les fromageries et les chocolatiers offrent des délices que seuls les artisans français savent proposer. Faites une pause pour un café au lait ou un verre de vin au café Art Nouveau surplombant la rivière Arve. Parcourez les estampes et les livres, et visitez le magnifique musée alpin situé dans un palais datant de 1910. Pour ce qui est de la vie nocturne, suivez la piste tracée par des décennies de skieurs suédois venus goûter aux délices du Chambre Neuf situé dans le hall du chic hôtel Gustavia Langley. Pour des soirées plus sophistiquées, dirigez-vous vers l’ambiance feutrée du bar Maison des Artistes, logé dans une villa d’art nouveau datant de 1926. Une magnificence parisienne plane sur la station ; son architecture, son passé alpin et son empreinte historique en font un endroit unique sur Terre.

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1. Chad Sayers playing in Terminator 2. Sayers dropping into Truth.

À

l’arrivée des étrangers, la ville déroula le tapis rouge. Pour commencer, ils furent tous invités à défiler. La procession prit le chemin des rues pavées de Via Roma, précédée par des concertinas, des cymbales et des tambours qui résonnaient sur des façades en stuc et en briques comme il y a huit siècles. Surplombant les balcons, les villageois saluaient les nouveaux venus avec des drapeaux représentant tous les pays du monde alpin.
 Arrivée à l’ancienne église, la colonne se dispersa sur la place centrale qui offrait une vue plongeante sur la vallée du Monte Bianco, un massif royal dont le pic en albâtre était drapé sur un coin du ciel. Sur une petite scène, les dignitaires encourageaient la foule à acclamer et à applaudir les nouveaux venus. La camaraderie coulait comme un sirop onctueux. L’excitation redescendue, une bacchanale frénétique émergea au départ des sommités. Un festin avait également été préparé pour les locaux : de longues tables traversant la place, garnies de monticules de viandes et de fromages régionaux, de fruits et de légumes, d’olives et de pains. Il y avait aussi du vin, de la bière et de 104

la grappa. La plupart des visiteurs n’avaient jamais vu un tel volume de nourriture de qualité, et gratuite. Avec un air de loups affamés, ils se jetèrent sur la nourriture comme s’il s’agissait de leur dernier repas. Ce qui n’était évidemment pas le cas. La majeure partie de la nourriture consommée lors des Championnats du monde 1992 de télémark à Courmayeur, en Italie, était tirée d’une corne d’abondance municipale. La ville ne lésine pas sur les moyens, qu’il s’agisse d’alimenter des manants ou des membres de la royauté.
 Dans le passé, la royauté participait fréquemment aux événements, de la jet-set des années 60 jusqu’aux Romains, dont les fortifications, les aqueducs, les routes et les vignes constellent encore la Vallée d’Aoste. Aujourd’hui, Courmayeur, au terminus de la vallée, accueille une toute autre royauté : le week-end, Via Roma se transforme en défilé de célébrités et de fashionistas venus de Milan et de Turin, dont la plupart ne sont pas là pour skier. L’avantage de ce phénomène est que la demande en gastronomie prestigieuse, en cafés exceptionnels et en vins extraordinaires a


Gauche Monte Bianco (4 800 mètres).

élevé le niveau des spécialités locales de Courmayeur - longtemps produites de manière artisanale dans un environnement difficile – pour atteindre celui des meilleures destinations gastronomiques. Un phénomène également apprécié par les villageois, les guides de montagne et les skieurs aux yeux écarquillés.
 En tant qu’une des premières à participer aux championnats de 1992, je fus dûment impressionnée par l’accueil des locaux - un sentiment qui n’a cessé de s’accroître à chaque visite ultérieure. Les visiteurs étaient considérés avec soin, sans indifférence ni gêne. Les serveurs vous accueillaient chaleureusement à une table, et les propriétaires du restaurant venaient vous saluer.
 Cette expérience raréfiée s’étendait également au monde du ski. Bien qu’elle soit officiellement la plus petite des 20 régions d’Italie, la Vallée d’Aoste compte dans ses limites le Cervin, le Monte Bianco, le Monte Rosa et le Grand Paradis, chacun dépassant les 4 200 mètres. Peu de domaines skiables dans le monde peuvent rivaliser avec la variété, le charme, la cuisine et les paysages spectaculaires de la région, sans parler des plus de 800 kilomètres de pistes réparties sur 28 villages, dont Courmayeur.

Droite Johan Jonsson skie au-dessus de la ville.

Et pourtant, les attributs de Courmayeur étaient déjà singuliers. Quelle autre montagne des Alpes propose 35 km de pistes balisées et 60 km de pistes hors-piste permettant d’explorer les pentes les plus extravagantes au monde ? Qu’importe votre emplacement, les deux secteurs desservis par les remontées mécaniques - le Plan Chécrouit et les forêts du Val Vény exposées au nord - offraient une vue imprenable sur le Monte Bianco, dont les glaciers aux dents bleues se trouvaient à portée de main. Et d’autres éléments donnaient du caractère au lieu - comme les voisins tapageurs.
 Peu de choses distinguent aussi bien la France et l’Italie que leurs deux principales destinations de ski : d’un côté le ski extrême de Chamonix en Haute-Savoie, de l’autre le chic et la nourriture raffinée de Courmayeur. Séparées par un tunnel de seulement 12 km traversant sous la plus haute montagne d’Europe, ces villes incarnent non seulement deux solitudes culturelles, mais également un fossé géographique : le mont Blanc orageux au nord, le Monte Bianco ensoleillé au sud.
 Alors que Chamonix est chaque année inondée par des 105


« Un environnement naturel doux, expressif, puissant, capricieux, sauvage et fascinant qui semble dire : restez ici ! »

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alpinistes et des skieurs affamés de poudreuse venus du monde entier, la station chargée d’histoire de Courmayeur offre une atmosphère plus décontractée. Et pourtant, à l’instar de l’Aiguille du Midi de Chamonix, Punta Helbronner de Courmayeur est un lieu tout aussi renommé pour le ski en pente raide. En remplacement de vieux téléphériques grinçants qui mettaient 40 minutes à monter, les deux cabines en rotation du Skyway Monte Bianco - une huitième merveille du monde en matière d’ingénierie - vous conduisent désormais en 15 minutes au sommet des 3 400 mètres, avec un accès au glacier Toula, au couloir des Marbrées et à d’autres joyaux hors-piste.
 Bien que des expressions confuses soient invoquées de nos jours pour décrire la station de Courmayeur, telle que « l’âme du chic », elle a toujours été un lieu de collisions de sensibilités. C’est ce que pensait le célèbre alpiniste Auguste Argentier lorsqu’il tenta d’atteindre le sommet en 1864 : « Un environnement naturel doux, expressif, puissant, capricieux, sauvage et fascinant qui semble dire : restez ici ! »
 Bien que Chamonix continuera certainement de conquérir le cœur de la presse alpine, l’autre côté du mont Blanc mérite réellement le détour. Giacomo Calosi souriait. Il sourit tout le temps. Il a toujours le sourire aux lèvres, et ses clients aussi. Bien sûr, il en est la raison principale, et peut-être aussi le pain à l’ail qu’il leur apporte en guise de bienvenue alors qu’ils retirent leur vêtements mouillés ou en attendant l’arrivée des plats. Son établissement est un lieu empli de vapeur et de kitsch, où les tables bourdonnent d’une foule ininterrompue. Au milieu des rideaux de vêtements suspendus aux lignes


De gauche à droite 1. Télésiège sponsorisé par Emporio Armani. 2. Le guide de montagne Oscar Taiola. 3. Le skieur professionnel canadien Chad Sayers. 4. La Vallée d'Aoste, Courmayeur.

entrecroisées, les skieurs se lèvent pour faire des toasts, chantent et s’embrassent le bout des doigts en signe d’approbation des derniers plats arrivés à leur table : focaccia chaude (une pizza cuite au four à bois avec des tomates fraîches, du basilic et du prosciutto), pâtes faites maison, gâteau aux myrtilles, et fruits flambés. Vue d’extérieur, cela pourrait ressembler à une célébration du Nouvel An. Mais c’est juste un autre repas ordinaire à la Maison Vieille de Giacomo Calosi.

Refroidis par deux descentes insipides dans une tempête de voile blanc, notre séjour nous apparaissait compromis, mais comme le dit le dicton « à Rome fais comme les Romains ». Et c’est ce que tout le monde faisait : sécher dans un endroit où la nourriture - et le fun - sont garantis.
 Peu de stations de ski ont un nombre plus élevé de restaurants de montagne que de télécabines. À Courmayeur c’est le cas, et Maison Vieille est l’un des meilleurs. Il est difficile d’imaginer comment la minuscule

cuisine de cette ancienne hutte aux murs de pierre arrive à tenir la cadence, mais ils y parviennent pourtant avec brio. À la Maison Vieille, les skieurs célèbrent leur séjour en dehors des pistes, avec Giacomo Calosi au cœur de l’action : commandes, livraisons, transports en bus, services de vin et de boissons alcoolisées pour tout le monde. Lorsque le service du midi est terminé, Giacomo rejoint ses clients à table et c’est là que le vrai fun commence. Viennent alors les histoires, les desserts, et sa limoncella maison.
 Quels que soient vos projets de ski pour l’après-midi, un nouveau défi a été lancé et il n’y a aucun moyen de le refuser. Le lendemain, les conditions de ski sont excellentes, la neige est froide et rapide, surtout en altitude. Le vent a tamisé la neige en lignes raides et touffues dans la forêt de mélèzes et de pins au-dessus du Val Veny, créant des caches de poudreuse que nous dévalons à répétition.
 Les habituelles pistes de ski de fond sont également présentes (les Italiens, encore plus que d’autres européens, évitent tout ce qui n’est pas balisé en vert), mais elles sont parmi les plus techniques. Les sommets environnants sont une des principales 107


« Notre menu du soir est différent - et la vue sur les lumières de la ville est vraiment spéciale »

De gauche à droite 1. Anna Costa, propriétaire du Ristorante Chiecco. 2. Le Caffè Della Posta sert le meilleur cappuccino des Alpes. 3. La cuisine du restaurant Mont Frety.

raisons pour lesquelles Courmayeur est sur l’itinéraire des férus d’aventure-ski qui fréquentent de tels berceaux de haute montagne. Après avoir profité des meilleurs pistes de ski en forêt des Alpes, j’ai rejoint des guides qui accompagnent des groupes à Punta Helbronner pour une descente sur le glacier Toula. De là, nous sommes retournés en haut pour déjeuner, puis nous avons descendu la Vallée Blanche du côté français, et nous sommes retournés en Italie par le tunnel du mont Blanc à l’heure du dîner.
 Nous n’avons rien fait de vraiment très physique aujourd’hui, mais au moins cette fois nous avons l’impression d’avoir 108

mérité notre repas. Avec le soleil faisant son apparition, nous sommes heureux de trouver une table en plein air au dernier endroit à la mode : La Chaumière. Alessandra Demoz, notre sympathique hôte, arrive juste à temps pour nous inviter à s’asseoir.
 Originaire de la région de Monterosa/ Champoluc de la Vallée d’Aoste, Alessandra Demoz a exercé la profession de banquière pendant plusieurs années à Milan. Mais un jour elle eut une révélation : ce milieu la consommait à petit feu. Il y a neuf ans, elle a fondé La Chaumière, un bistrot au pied des pistes. Plus récemment, elle a transformé le bâtiment inférieur en un restaurant haut de

gamme ouvert pour le déjeuner et le dîner. « Notre menu du soir est différent », dit-elle « et la vue sur les lumières de la ville est vraiment spéciale ».
 De nombreux restaurants de montagne de Courmayeur sont ouverts pour le dîner, et les remontées mécaniques du village fonctionnent jusqu’à minuit. Pour Alessandra —qui a également trouvé le temps dans sa nouvelle vie de devenir un sommelier certifié — cela signifie travailler de 7 heures du matin jusqu’à la fermeture. Les journées sont longues et fatigantes, mais plus agréables que celles de son passé de banquière, et comme Giacomo Calosi, elle est toujours optimiste et souriante.


Le repas que je commande est le plat classique qui m’a été présenté à quelques mètres seulement en 1992 : une polenta au fontina et une saucisse de bœuf à la sauce tomate. C’est un sentiment à la fois nostalgique et délicieux. Plus tard, nous nous retirons à l’intérieur pour discuter autour d’un expresso, superbement préparé par Alessandra, qui confirme ainsi une nouvelle compétence récemment acquise. Elle clôture notre rencontre à la manière de nombreux propriétaires des Alpes - en attrapant sous le comptoir une bouteille de génépi maison. Avec un petit sourire complice, Alessandra précise que ce digestif composé d’herbes de haute montagne « est bon pour tout, et qu’il mérite d’être bu cul-sec ! » Je dépose mon équipement au Cresta et Duc, un hôtel alpin contemporain de quatre étoiles. L’hôtel est proche du rond-point central, du dépôt de bus et des stations de tram. Le personnel est typiquement joyeux et accueillant. Comme un écho à mon voyage de longue date à Courmayeur, le petit bar-salon est confortable, idéal pour se détendre 109


De gauche à droite 1. La fromagerie Panizzi. 2. Une promenade sur la Via Roma. 3. Alessandra Demoz, la propriétaire de La Chaumière, se délecte de sa nouvelle vie. 4.La pizzeria Du Tunnel.

from top to bottom

1. Chad Sayers playing in Terminator 2. Sayers dropping into Truth. 3. Chad Sayers playing in Terminator 4. Sayers dropping into Truth. 110


Les bars et les cafés sont calmes ; les porte-cartes esseulés marquent les librairies ; les fromageries, boulangeries et magasins de vêtements ressemblent à des plateaux de cinéma.

après une journée sur les pistes, surtout si vous voulez éviter les bains de foule. Loin des pistes, la scène après ski se déroule dans les nombreux bars à vin et cafés de la ville, principalement situés le long de la Via Roma. C’est mon dernier jour, je me sens obligée de communier.
 Pour éliminer les calories de mon déjeuner, je pars de tout en bas de la ville en passant devant les endroits où j’ai dîné ces derniers jours : l’excellent Ristorante Mont Frety ; La Clochette, avec ses portes en bois sculpté représentant des scènes élaborées de vendanges et de vinification ; et La Sapinière, une brasserie de l’hôtel-boutique Gran Baita, où nous avons mangé de la crème glacée artisanale au lait de chèvre dans une petite pièce recouverte de bois. En montant, un passage traversant un petit parc commémore tous les guides qui ont menés des excursions dans ces montagnes, depuis la fondation du Bureau des guides en 1850. Leurs noms sont gravés en ordre alphabétique sur les pierres de granit du chemin.
 Certaines rues de la vieille ville sont si étroites que vous pouvez à peine voir au-delà des balcons et des avant-toits. Mais sortir de l’ombre et aller sur la place ouverte qui m’a accueillie à Courmayeur est toujours un souvenir agréable et j’en fais mon point de départ pour ma visite de Via Roma. Marcher dans les rues pendant la sieste de l’après-midi, lorsque les magasins sont fermés et que vous ne croisez personne pendant plusieurs minutes, est plus à ma convenance : les bars et les cafés sont calmes ; les porte-cartes esseulés marquent les librairies ; les boucheries, fromageries, boulangeries et magasins de vêtements ressemblent à des plateaux de cinéma ; et dans les épiceries où sont suspendus aux fenêtres des salamis et des prosciuttos, les fruits et légumes ont une couleur, une taille et un arrangement si parfaits qu’ils ont l’air artificiels.
 Tout à coup, comme si une alarme avait retentie, la rue commence à s’animer. Une foule de gens se dirige vers un endroit et je les suis. C’est le buzz après ski du populaire Café Roma. En entrant, je vois une énorme quantité de nourriture disposée sur une longue table et une pancarte annonçant un buffet gratuit à partir de 16h.
 J’ai mangé tout au long de la journée – en réalité, tout au long de la semaine – et pourtant, la première pensée qui me vient à l’esprit est que cette superbe nourriture est offerte gratuitement.
 Je me jette dessus comme un loup affamé.

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Mascarade Photos par Antonio Cordero Mode par John Martinez Assistant Styliste par Carol Gamarra Maquillage par Yurema Villa (AnaPrado_Mgmt) Maquillage par Kirsten Selinger Coiffure par Moi Freire to Mon Icon/ Graftobian SĂŠances Photos Ă Villa Padierna Marbella, Espagne


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LES DESCENTES DE DAVENPORT – DES RECOMMANDATIONS INCONTOURNABLES

L

a neige tombait à gros flocons sur San Juan. Bien que la journée touchait à sa fin, ma femme Jesse et moi avions encore de l’énergie pour quelques descentes. Nous entendions des charges exploser au-dessus de la crête Gold Hill depuis au moins deux heures, et nous espérions que l’excellente patrouille de ski de Telluride parvenait à sécuriser la zone côté nord appelée Revelation Bowl. Alors que nous montions pour attraper le télésiège Gold Hill en vue de faire une dernière descente, la radio des opérateurs du télésiège diffusait une annonce de la patrouille de ski : « Nous allons ouvrir le Revelation Bowl ! » Jesse et moi nous sommes regardés avec un sourire

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complice, puis nous sommes montés. Au sommet, nous avons traversé la crête jusqu’à la nouvelle corde, puis nous avons laissé la gravité faire le reste. La neige était profonde et non balisée sur le côté gauche, une zone connue sous le nom de Liberty Bell. Nous sommes passés à proximité de quelques trous de charges d’avalanches près de la crête, ce qui donne une bonne idée des conditions de neige à ce moment. Comme la journée était presque terminée, nous avions le Revelation Bowl pour nous tous seuls, à part quelques habitants du coin qui connaissent le lieu et le timing idéal. Ce fut un vrai coup de chance. En montagne, il faut créer sa propre chance !

Nous sommes parvenus à faire deux autres tours avant la fermeture des télésièges. À chaque remontée, nous pouvions admirer nos traces dans la neige ainsi que celles des autres chanceux qui partageaient la même joie que nous. Jesse et moi avons pris un moment pour regarder l’incroyable panorama offert à plus de 3 800 mètres d’altitude. Admirer le territoire montagneux de Bear Creek et les incroyables couloirs du Little Wasatch était la conclusion idéale d’une journée de ski à Telluride. Et nous avions encore une descente qui nous attendait pour revenir en ville.

Chris Davenport, double champion du monde de ski, est l’un des meilleurs skieurs de haute montagne au monde. Parmi ses nombreuses réalisations en ski de montagne, Chris est devenu en 2007 la première personne à skier en une année sur l’intégralité des cinquante-quatre 14ers du Colorado (sommets de plus de 4 200 mètres). Avec de nombreuses ouvertures de couloirs à son actif dans le monde entier, Chris est considéré comme un expert dans son domaine.

PHOTO DE BRETT SCHRECKENGOST

DERNIÈRE DESCENTE

Le Revelation Bowl de Telluride


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