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Shhh, my folks will hear! 1 Pécresse et la malédiction: Giscardisme contre Gaulisme
sons on unrequited love are far more applicable to today’s Tinder-swipers. Additionally, even if rather gruesome, censoring the original’s basic message entirely curtails the opportunity to learn from negative outcomes. In doing so, it fosters a culture that only idolises success stories and abhors error-making. This results in a society that lacks the resilience to tackle failure and crumbles at the slightest deviance from ‘normalcy’. If our children, arguably the most shaped by folklore, only view abridged versions of villains, how will they prepare for the unedited world? We measure an infant’s growth with a predetermined sequence of milestones: crawl, walk, talk. This stems from the human tendency to associate progress with chronology. Any evidence of devolution, whether socially or technologically, is shirked because time must only make things better. Maybe it’s our insatiable ego, but this leads to the belief that humanity is its most self-actualised version right now; the past must perfectly explain the present. Unfortunately, folklore doesn’t fit very neatly into this linear timeline and this is what begets its manipulation. Madhavi Menon, acclaimed academic in Queer Theory, exemplifies this jaggedness of social progress in her book Infinite Variety: A History of Desire in India. She discusses how the Kamasutra, an Indian treatise on sexuality and eroticism dating back to 400 BCE, talks about ‘the third nature’— people who defy the binaries of man and woman. And this ‘modernism’ isn’t just restricted to the Kamasutra. In fact, unabridged ancient Indian lore is laden with sexual fluidity: the widely-revered epic Mahabharata ‘modernly’ depicts trans characters, polyamorous couples, and inter-caste relationships . Despite this, to maintain the customary perfection in our history textbooks, we edit out such examples that prove humanity has devolved to backward thinking. Instead, we antagonise our history to make our current failings seem more justifiable. It follows, thus, that when the youth participates in contemporary socio-cultural revolutions like the Pride Movement, it does so with the false belief in a void of any historically progressive perspectives. This creates a paradox of a society that is simultaneously vain and insecure. Because our censored stories tell us the past was so deplorable, we assume the present is, at the very least, approaching perfection. Here, the collective will of the youth to improve the status quo ebbs and the confidence in being able to construct institutions that can improve society weakens. What’s left? The youth’s trademark cynicism and post-apocalyptic movies like 2012. This isn’t to say we should proliferate objectively age-inappropriate content in the name of authenticity. Letting an 8-year-old read Fifty Shades of Grey is far from wise. However, censorship is different from applying a social filter. Most folk stories can still teach valuable lessons when their mature themes are dealt with sensitivity. Instead of completely erasing their rich perspectives, these stories can adjust themselves to also fit on the family dinner table. When the past is censored, however, it becomes a puppet of the present. Fantasy begins to brainwash and legend gets entangled with malintent. “What is written in ink can fade away by a single drop of water; what is written on the heart will last an eternity.” Censored folklore corrodes that power. It turns our society into something like an under-researched essay, where one can feign confidence about things they don’t understand and still manage to pass. But that also makes us the student who perpetually counts backwards, dreading the day his murky academic foundations will fail. To truly empower our future, we need honesty in our roots—not a socially appropriate “good try” but that one teacher who sees through the moreover’s and subsequently’s we put in just to sound smart - a Thumbelina who is as unfiltered as she is unapologetic.
Tristan Dethès, Foreign Affairs
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Pécresse et la malédiction LR : Giscardisme contre Gaullisme
Alors que la course à la présidentielle s’accélère et que les prétendants au trône de l’Élysée se livrent à une joute politicienne afin de succéder au huitième monarque républicain de la Vème République, l’aile droite de l’échiquier politique français s’agite. Juppéiste déçue en 2016 et chiraquienne revendiquée, Valérie Pécresse, élue de peu à la primaire du parti qu’elle avait quitté en 2019 en raison d’une ligne plus souverainiste qu’elle rejetait, se présente comme l’unique candidate de droite à pouvoir battre Emmanuel Macron. Soutenue par des formations centristes, celle-ci se voit pourtant prise en tenaille entre la tentation libérale-européiste du président sortant et le national-conservatisme d’Éric Zemmour, baron noir de cette élection. Mais alors comment expliquer cette difficulté du parti de droite historique à se démarquer ? Comment une même famille politique peut-elle se voir déchirée entre deux courants pourtant fondamentalement opposés ? Entre une tradition giscardienne pro-Europe fédérale, et un héritage gaulliste favorable à une Europe des Nations, entre mondialisme et souverainisme : l’enjeu chez LR est celui d’un écartèlement idéologique. Revirements, trahisons et incompatibilités : l’abandon du souverainisme chez Les Républicains est le témoignage de 40 ans d’entrisme, par une stratégie de substitution du giscardisme au gaullisme, et de divisions entre deux droites irréconciliables…
“Si grand que soit le verre que l’on nous tend du dehors, nous préférons boire dans le nôtre, tout en trinquant aux alentours.” - Charles de Gaulle 3
Le prix à payer du chiraquisme
“Je pensais que Jacques Chirac était du marbre dont on fait les statues, il est en fait de la faïence dont on fait les bidets.” - Marie-France Garaud Avant de devenir Les Républicains en 2015, la grande famille politique de droite française était l’UMP (Union pour un Mouvement Populaire), fusion du RPR (Rassemblement pour la République) et des courants libéraux incluant de nombreux cadres de l’UDF (Union pour la Démocratie Française), opérée par Jacques Chirac en 2002 en vue d’une union de la droite et du centre pour les élections législatives. Effectivement, depuis les années 1970, deux grands partis de droite s’opposaient et présentaient des matrices idéologiques intrinsèquement antagoniques. L’UDF fondée par Valéry Giscard d’Estaing en 1978 se voulait l’héritière de la droite non-gaulliste réunissant les centristes et les démocrates chrétiens pro-atlantistes, favorables au projet fédéraliste européen. Le RPR créé à l’initiative de Jacques Chirac en 1976 se réclamait quant à lui davantage d’une droite gaulliste, plutôt eurosceptique et adepte à ses origines d’une “troisième voie” refusant un positionnement entre libéralisme et socialisme, y préférant une vision pragmatique de l’économie. On retrouve déjà deux droites d’une nature complètement différente. L’une plutôt décentralisatrice, l’autre dans une tradition plus jacobine. L’une embrassant l’économie de marché et le projet fédéral européen promu par Giscard d’Estaing, l’autre souverainiste favorable à une Europe des Nations dans les pas du Général et cherchant à puiser chez les classes populaires. Si le RPR avait suivi au départ une ligne gaullienne en fustigeant celui qu’il appelait le “parti de l’étranger” notamment lors de l’Appel de Cochin en 1978 durant lequel Jacques Chirac a dénoncé la politique fédéraliste et “anti nationale” de la droite UDF giscardienne, l’idéologie libérale-UDF a pourtant peu à peu infiltré les rangs du parti. Deux camps se sont alors formés au sein du RPR. Le camp europhile, favorable à une libéralisation du parti et à l’abandon de son essence souverainiste, puis le camp eurosceptique, refusant tout abandon de sa fibre gaulliste. Cette bataille des deux droites va s’intensifier en 1992 avec la question de la ratification du traité de Maastricht sur la construction européenne. Les libéraux pro-fédéralisme européen du RPR font alors campagne pour le “oui” (parmi lesquels figurent des personnalités telles qu’Alain Juppé et Édouard Balladur), tandis que les gaullistes se battent pour le “non”. Ces derniers comptent notamment dans leurs rangs le souverainiste Philippe Séguin, l’ancien Résistant et membre du SAC Charles Pasqua, ou encore “l’éminence grise” Marie-France Garaud, femme de l’ombre la plus puissante de la Vème République. Or Jacques Chirac sur les conseils d’Alain Juppé finit par opter pour le “oui”, signant l’arrêt de mort du gaullisme politique au sein de son parti. Puis vint alors 2002, le temps pour Chirac d’enterrer définitivement le souverainisme en substituant l’idéologie libérale au peu de gaullisme qu’il restait, tout cela sous les conseils d’Alain Juppé. Le politologue Pierre-Yves Rougeyron explique ainsi que l’idée de réunir les centristes, les libéraux et les gaullistes au sein d’un même parti en 2002 était vouée à l’échec sur le long terme car ces droites présentaient des conceptions opposées de l’UE et de la France. L’épisode sarkozyste, en dépit de parvenir à faire revenir en 2007 les anciens RPR purs, partis soit dans l’abstention, soit chez le Front National pour certains, a trahi de manière définitive cet espoir gaulliste par le non respect du référendum sur la constitution européenne que Nicolas Sarkozy a fait adopter par le Parlement contre la volonté de la majorité populaire. Si Chirac prétendait être l’héritier légitime du gaullisme, il fut celui qui le trahit au profit des libéraux, des mondialistes. Peu importait que les souverainistes fussent floués. L’UMP devait se soumettre aux lois du marché, quitte à abandonner l’injonction gaulliste préconisant une Europe des Nations contre le fédéralisme européen. “Ah mais ne me parlez pas de ce que je ne connais pas. Le gaullisme, ce n’est pas mon truc. Ce n’est pas ma génération.” Jacques Chirac
Parler “des droites” au pluriel paraît non seulement nécessaire afin d’identifier ces différentes nuances, mais implique également une réflexion allant bien au-delà du simple manichéisme “droite/extrême-droite” pour comprendre les enjeux de cette élection présidentielle. L’analyse la plus célèbre des droites françaises est celle de l’historien et ancien président de la FNSP René Rémond, dont la typologie tripartite permet de comprendre de quelle famille idéologique la cavalière actuelle de la droite (et du centre ?) est l’héritière. Dans Les Droites en France paru en 1982, il distingue trois droites depuis la Révolution française : orléaniste, bonapartiste et légitimiste.
La droite orléaniste, appelée également “droite libérale” correspond selon lui au centre droit. Incarnation de la droite tocquevillienne, les libéraux sont favorables à une organisation décentralisée de l’État ainsi qu’à une défense hargneuse de l’économie de marché. Sur le plan politique, cette droite a historiquement toujours privilégié une conception représentative et élitiste de la démocratie, plaçant l’État de Droit au-dessus de tout. Elle se distingue en cela de sa sœur bonapartiste qui, d’inspiration jacobine, se méfie des corps intermédiaires et préfère la consultation directe du peuple, parfois au détriment des droits fondamentaux. Cette droite s’est souvent confondue avec les courants démocrates-chrétiens qui en sont très proches, notamment après la Seconde Guerre mondiale. La droite orléaniste selon Rémond s’est incarnée dans la figure du président nongaulliste de centre-droit Valéry Giscard d’Estaing. Il s’agit par conséquent d’une droite prônant le fédéralisme européen en ce qu’elle puise dans les idées libérales et universalistes. Ce courant rassemble également des personnalités telles qu’Emmanuel-Joseph Sieyès, Adolphe Thiers, François Guizot, Alexis de Tocqueville, Antoine Pinay, Alain Madelin, Simone Veil ou encore Alain Juppé. La droite bonapartiste est une droite bien particulière par son habitude de refuser contrairement à ses sœurs son identification comme telle, étant la seule à avoir puisé ses soutiens depuis l’ensemble du spectre politique. Ni du centre-droit car très critique du libéralisme aussi bien politique qu’économique, ni d’extrême-droite car embrassant nombre d’acquis de la Révolution, la droite bonapartiste a cultivé dans la vie politique française une vision autoritaire et transpartisane du pouvoir. Centralisatrice et plus patriote que libérale, son avatar le plus récent selon René Rémond s’est incarné dans le gaullisme. Méfiance du parlementarisme au profit d’un exécutif fort, détestation du “gouvernement des juges”, rejet du fédéralisme européen et refus du clivage économique gauche/droite : la politique du Général s’est inscrite dans la continuité de cette droite populaire favorable à la tradition souverainiste. Cette famille a notamment réuni des personnalités telles que les Bonaparte, Charles de Gaulle, Alain Peyrefitte, Marie-France Garaud, Philippe Séguin, Charles Pasqua ou encore Jacques Chaban-Delmas. Enfin, la droite légitimiste correspond à l’extrême-droite au sens premier du terme. Réactionnaire car contre-révolutionnaire, cette dernière famille promeut une économie corporatiste, une décentralisation assumée ainsi qu’un rejet radical des acquis révolutionnaires à l’inverse de sa sœur bonapartiste qui a toujours cherché à préserver une fibre populaire et républicaine. Représentée au sein de l’Action Française, elle reste cependant très marginale aujourd’hui. La philosophie conservatrice en France a néanmoins puisé dans cette famille politique qui a compté dans ses rangs François-René de Chateaubriand, Joseph de Maistre, Louis de Bonald ou encore Charles Maurras. Néanmoins, l’extrême-droite est restée dans l’histoire, partagée entre une tentation réactionnaire pure et une alliance avec d’autres branches de l’extrême-droite. Celles-ci ont notamment émergé à la fin des années 1960 et se sont incarnées au sein de la ‘Nouvelle Droite’ identitaire, européenne et souvent néo-païenne (donc rompant avec la tradition réactionnaire catholique). René Rémond n’inclut pas ces derniers courants d’inspiration fascisante dans sa tripartition. Mais il ne s’agit pas de développer l’historique de l’extrême-droite qui ici ne nous intéresse finalement que très peu, je vous renvoie sinon aux excellents travaux du politologue Pierre-André Taguieff. Pour en revenir aux élections présidentielles, le glissement idéologique du président Emmanuel Macron qui, rappelons-le, vient à l’origine de la gauche libérale (tendance Strauss-Kahn) vers une idéologie giscardienne de droite orléaniste, dont Édouard Philippe est l’héritier le plus évident, témoigne d’une impasse du parti LR. Tandis que l’aile du centre-droit est tentée par Macron, chez qui elle retrouve le giscardisme de l’UDF débarrassé de son électorat souverainiste, l’aile gaulliste/bonapartiste déçue par l’échec d’Éric Ciotti est séduite par la dynamique Zemmour qui entend rassembler aussi bien la droite gaulliste que les courants plus extrêmes venus des mouvances légitimistes et identitaires. Le soutien apporté par l’UDI dirigé par Jean-Christophe Lagarde au parti des Républicains replace le curseur idéologique du parti vers plus de fédéralisme européen. Pierre-Yves Rougeyron, en définissant le juppéisme comme un “néo-giscardisme”, conclut ainsi que c’est l’abandon du souverainisme chez LR au profit du centrisme europhile qui a tué sa fibre gaulliste et amené par conséquent au déclin électoral du parti au profit de formations politiques d’inspiration plus radicale. En définitive, l’écartèlement du parti LR est bien moins un phénomène conjoncturel qu’une impasse idéologique structurelle relative à plusieurs décennies de clivage politique entre Giscardisme et Gaullisme, entre droite libérale pro-Europe Fédérale et droite populaire pro-Europe des Nations. LR (ex-UMP) représentait cette alliance entre la droite orléaniste et la droite bonapartiste. Or Valérie Pécresse, étant issue de la tradition juppéiste, tend davantage idéologiquement vers la première, ce qui ne laisse que très peu d’espace entre sa candidature et celle du président sortant, d’autant plus qu’Alain Juppé s’est rapproché d’Emmanuel Macron depuis son départ du parti en 2019. Si celleci ne parvient pas à accéder à l’Élysée, il est probable que ce clivage déchire le parti historique entre giscardiens de centre-droit qui iront chez Horizons, et gaullistes qui n’auront d’autre choix que de s’allier avec la droite radicale.