L'architecture bioclimatique en milieu tropical maritime humide: les Antilles françaises

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« Face à la roche, le ruisseau l'emporte toujours, non pas par la force mais par la persévérance. »

Henry Jackson Brown (publicitaire et auteur américain)


REMERCIEMENTS :

C’est avec une sincère reconnaissance que j’adresse mes remerciements à tous ceux qui m’ont aidé tant par leurs encouragements que par leurs conseils et qui m’ont soutenu par l’intérêt porté à mon travail. Enfin, je veux témoigner ma gratitude à chacun de mes proches, pour leur patience, leur réactivité et leurs marques de confiance dont ils ont fait preuve tout au long de ce cursus.


PROBLÉMATIQUES : ➢ Quelles influences le milieu caribéen doit-il jouer sur les spécificités de son architecture ? ➢ Quels sont les us et coutumes du mode de vie et du mode de construire en zone tropicale humide ? ➢ Les modèles courants d’architecture proposés aux An lles françaises sont-ils adaptés au contexte dans lequel ils s'inscrivent ? ➢ Quelles stratégies bioclima ques perme raient un meilleur bien-être global, et quelle serait l’influence de l’homme sur ce type de construc on ? ➢ Quelle architecture envisagée pour les An lles en l’an 2050 ?


SOMMAIRE INTRODUCTION………………………………………………………………………………………. 1 CHAPITRE 1. UNE FRANCE ULTRAMARINE : DÉPARTEMENTS FRANÇAIS D’AMÉRIQUE 1) Iles françaises de la Caraïbe à la dérive : 1.1 Un contexte socio-économique particulier…………………………………………….... 2 1.2 Une situation historique dictée par la France métropolitaine………………………….. 3 2) Enjeux, perspectives et ambitions aux Antilles françaises : 2.1 Nos talents, nos défis……………………...……………………………………………... 4 CHAPITRE 2. UN CLIMAT AU CARACTÈRE PEU TEMPÉRÉ : LA ZONE TROPICALE MARITIME HUMIDE 1) Le milieu caribéen insulaire : 1.1 Le climat et les saisons : 1.1.1 Le climat tropical…....………………………………………………………................ 6 1.1.2 Le climat antillais…………………………………………...………………………….. 7 1.1.3 Les saisons…………………………...……………………………………………….... 7 1.2 Les risques naturels majeurs et enjeux géographiques urgents : 1.2.1 Les séismes, les tsunamis et le volcanisme…………………………………………… 8 1.2.2 Les brumes de sable du Sahara………………………………………………………. 10 1.2.3 Les sargasses………………………………...………………………………………... 11 1.2.4 La montée du niveau des eaux……………………………………………………….. 12 2) Les Antilles, une région à énergies renouvelables ? 2.1 Constat d’un développement endogène lent…………………………………………... 13 2.2 Une topographie marquée…………………………………………………………….... 14 2.3 L’éolien, l’éolien en mer……………………………………………………………….... 15 2.4 Le solaire………………………………………………………………………………… 17 2.5 La géothermie, l’énergie thermique des mers…………………………………………. 18 2.6 La maîtrise territoriale de l’énergie…………………………………………………….. 19


CHAPITRE 3. UNE ARCHITECTURE MÉTISSÉE PLURIELLE 1) Une identité « vraiment » caribéenne ? 1.1 Un melting-pot dès les origines…………………….…………………………………... 21 1.2 Rapport des diverses cultures antillaises face à l’adaptation architecturale……….…. 25 1.3 Une architecture entre domination et quête de liberté………………………………. 26 2) Les débuts de l’acculturation architecturale : 2.1 De la période postcoloniale à aujourd’hui……………………………………………... 27 2.2 L’état actuel……………………………………………………………………………... 30 2.3 Une acculturation voulue et acceptée…………………………………………………. 31 3) Vers un processus de créolisation de l’architecture…………………………………………... 32 4) Un mode de vie insulaire : 4.1 L’art d’être antillais, entre vent, mer et terre…………………………………………... 34 4.2 Une vie en lien total avec le dehors…………………………………………………….. 34 4.3 Protection contre les nuisibles : Insectes, pollution sonore & atmosphérique……….. 35 4.4 L’habitant expert du lieu : Savoir-faire, bon sens et transmission…………………….. 35 CHAPITRE 4. STRATÉGIES DE CONCEPTION BIOCLIMATIQUE DANS UN ENVIRONNEMENT TROPICAL 1) La notion de conception bioclimatique : 1.1 Définition du bioclimatisme……………………………………………………………. 37 2) Le bioclimatisme tropical : Quelles stratégies ? 2.1 Stratégies………………………………………………………………………………... 38 2.2 Qu’est-ce que le confort thermique en zone tropicale ?...............................................44 2.3 La ventilation : 2.3.1 La ventilation naturelle……………………………………………………………….. 48 2.3.2 La ventilation artificielle…………………………………………………………….... 56 3) Construire avec les ressources du pays : Les possibilités en zone tropicale : 3.1 Le bioclimatisme tropical : Quels nouveaux éco-matériaux ?...................................... 57 3.2 Sensibilisation de la population au bioclimatisme……………………………..…….... 58


4) Un urbanisme bioclimatique : 4.1 Lois et réglementations : Sont-elles adaptées ? 4.1.1 RT2012….…………………………….……………………………………………..… 59 4.1.2 RTAADOM………...……………………………………………………………...……. 59 4.1.3 RTM/RTG…………………………………………………………………………….... 59 4.2 Un urbanisme adapté au climat tropical ?.................................................................. 60 5) Présence d’une architecture pérenne et écologique : 5.1 Au travers des milieux associatifs………………………………………………………. 64 5.2 Au travers de la présence d’agences d’architecture……………………………………. 65 CONCLUSION………………………………………………………………………………………... 67 TABLE DES ILLUSTRATIONS, CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES………………………………....……... 69 GLOSSAIRE…….…………………………………………………………………….………………. 70 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………………………………………………... 72 ANNEXES……..……………………………………………………………………………………... 75


INTRODUCTION En 2050, la population humaine atteindra les dix milliards de personnes dont six milliards peupleront la ​ceinture tropicale (zone couvrant 88 pays et territoires se situant entre 20 degrés de latitude nord et 20 degrés de latitude sud du globe terrestre). Or, les régions tropicales seront les premières impactées car les plus exposées aux fluctuations climatiques. Actuellement, on dénombre une population de quarante-quatre millions d’habitants dans les territoires du ​bassin caribéen répartis sur un vaste chapelet d’îles s’étirant des Bahamas jusqu’à Trinidad et Tobago. Les estimations scientifiques prévoient une augmentation des catastrophes naturelles sans précédent dans la Caraïbe. La Martinique, l’archipel de la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy sont quant à elles des régions françaises ​ultramarines localisées dans les ​petites Antilles et constituent les ​Départements français d’Amérique (DFA). Et qui dit ​département​, dit forcément rattachement à l’institution mère. Ce qui est le cas de ces anciennes colonies qui se sont retrouvées sous juridiction française depuis 1946 bien que françaises officieusement depuis​ 1816. À l’instar de leur histoire tumultueuse, l’architecture est née de la rencontre sanglante de la culture autochtone caraïbe avec divers mondes issus de vagues migratoires successives depuis la découverte des Indes occidentales​ vers la fin du XV​e​ siècle. Depuis les années 30, une forte dérive architecturale et urbanistique dans les îles françaises de la Caraïbe est constatée. L’inadéquation des modèles ainsi que des modes de construction proposés s’additionnent à un climat et un milieu spécifiques. Ceux-ci tendent à s’endurcir par la présence d’épisodes compliqués à affronter. Et si nous ne comprenons pas la manière dont il faudra s’adapter à cet environnement spécifique, il nous faudra subir les foudres du réchauffement climatique. En parlant avec des aînés originaires de la Guadeloupe et de la Martinique, ils disent tous à l’unanimité : « Autrefois, on n’avait pas chaud dans nos maisons, mais on y vivait bien et simplement ». Le constat est flagrant, aujourd’hui, nous, Antillais, nous avons mis de côté notre savoir ancestral en matière d’habitat. L’urgence climatique et sociale semble réveiller timidement la conscience de ce peuple encore aujourd’hui endormie. Dictée par une gouvernance lointaine appelée la « Métropole », ces régions sont conçues, gouvernées et dessinées par des têtes pensantes éduquées dans l’Hexagone qui leur font subir vraisemblablement, au vu de la production locale actuelle, une ​acculturation architecturale forte. Il faut, cependant, reconnaître qu’un petit groupe de personnes semble aujourd'hui l’avoir bien compris et essaie d’impulser une nouvelle dynamique. Il s’agira, donc, de comprendre le contexte du b​âtiment et des travaux publics (BTP) franco-antillais actuels ​par l’intermédiaire d’un constat exhaustif. Néanmoins, nous devons nous positionner comme des concepteurs visionnaires, ayant pris acte des erreurs du passé et conscients des atouts et des enjeux historiques, climatiques et socio-économiques de nos ​régions ultrapériphériques (RUP). Il est urgent de nous convaincre que l’architecture de demain en ​zone tropicale maritime humide ​devra être bien différente de ce qu’elle est aujourd’hui. L’objet de cette étude consistera à analyser l’essence de l’architecture créole résultant du contexte géographique et ​historique de ces territoires. Après avoir étudié cet environnement hors du commun, des solutions bioclimatiques spécifiques en milieu tropical seront alors proposées afin de promouvoir l’architecture antillaise de demain.

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CHAPITRE 1 - UNE FRANCE ULTRAMARINE : DÉPARTEMENTS FRANÇAIS D’AMÉRIQUE 1) Îles françaises de la Caraïbe à la dérive 1.1 Un contexte socio-économique particulier Composées de l’archipel de la Guadeloupe (​Marie-Galante​, l​es Saintes​, l​a Désirade​), ainsi que de la Martinique, de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, les Antilles françaises sont un petit morceau de France sous les tropiques en Amérique centrale. Dressons un portrait géographique concis de ces territoires qui se situent à environ 6.500 km de la France, soit environ 8 h 30 de vol : -

La Guadeloupe ​surnommée ​Karukéra (l'île aux belles eaux) est un archipel composé des deux îles (continentales) la Grande-Terre et la Basse-Terre ainsi que de dépendances : les Saintes, Marie-Galante, Petite Terre, et la Désirade ainsi que de nombreux îlets proches des côtes : Superficie : 1628 km² Population : 400.584 habitants Chef-lieu : Basse-Terre Sous-préfecture : Pointe-à-Pitre

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La Martinique ​surnommée ​Madinina (l'île aux fleurs) est située à environ 200 km au sud de la Guadeloupe, composée d'une île principale et de quelques îlets proches des côtes : Superficie : 1128 km² Population : 397.730 habitants Chef-lieu : Fort-de-France Sous-préfecture : Trinité

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Saint-Barthélemy​, (aussi appelé St-Barth) situé à 300 km au nord de la Guadeloupe, est une collectivité d'outre-mer française (depuis le 15 juillet 2007) : Superficie : 25 km² Population : 8.398 habitants Chef-lieu : Gustavia

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Saint-Martin​, situé à 300 km au nord de la Guadeloupe, est une collectivité d'outre-mer française (depuis le 15 juillet 2007) dans la partie nord de l’île de Saint-Martin dont la particularité est d'être partagée entre la France et les Pays-Bas : Superficie : 53.2 km² Population : 35.263 habitants Chef-lieu : Marigot1

Il existe un véritable paradoxe dans le cas des îles françaises de la Caraïbe. En effet, malgré l’éloignement géographique d’avec la France métropolitaine, il existe un lien viscéral avec cette dernière. Nous sommes dépendants en matière d’alimentation, d’apports financiers, de services publics, etc. C’est un autre paradoxe à l’échelle nationale, où les DOM antillais sont considérés comme étant pauvres mais sur des îles considérées “riches” à l’échelle régionale du bassin caribéen. Nous pourrions citer une liste infinie de paramètres qui joue en défaveur de ces territoires : étroitesse du marché, vieillissement 1

​Tibleu​, phénomène météorologique dans la Caraïbe, [consulté le 15/10/18], disponible sur ​: http://www.tibleu.com/html/index2.htm 2


de la population, forte dépendance à l’État français. Le site ​Mediaphore.com a édité un article intitulé : “​Aux Antilles, la population connaît une baisse démographique record”, paru en janvier 2018, et constatait que l’évolution des Antilles françaises était négative. “Les jeunes (et notamment les femmes en âge d’avoir des enfants) seront de plus en plus nombreux à s’exiler vers l’Hexagone. Le nombre de décès sera lui aussi en augmentation. Ainsi, 28 % de la population guadeloupéenne sera âgée de 65 ans et plus. En 2030, il y aura 134 seniors pour 100 jeunes habitants (​en 2013, il y avait 54 seniors pour 100 jeunes habitants, ndlr​). De plus, selon l’Insee, le nombre de départs vers l’Hexagone diminue alors que les entrées sur le territoire se stabilisent.”

Fig. 1 : ​Coup de vieux sur les Antilles ​(Source : Les Échos)

Un article récent paru dans le journal local, ​France-Antilles Guadeloupe​, daté du 20 octobre 2018, intitulé : “Vieillissement de la population ou exode de la jeunesse”, mentionne ce problème. D’une part, la population vieillit et, d’autre part, les jeunes partent faire leurs études ailleurs et ne reviennent pas. “Chaque année, plus de 2000 bacheliers, parmi ceux qui partent faire des études en France, ne reviennent pas au pays après l’obtention de leurs diplômes.”2 Le point positif pour la très jeune génération est que cette population vieillissante aura tôt ou tard besoin de jeunes cerveaux, de jeunes travailleurs, pour assister “la vieille garde”. Néanmoins, ce rêve dépendra des politiques mises en place aux Antilles. 1.2 Une situation historique dictée par la France métropolitaine 1635 est la date retenue comme étant le début "officiel" de la colonisation. Mais la présence française aux Antilles se situe bien avant dans certaines îles voisines qui deviendront par la suite anglaises (Saint-Kitts-Et-Nevis) et aussi à Saint-Domingue [ancien nom de l'île d'Haïti]. ​La monarchie française convoitait certains produits qu’elle ne pouvait pas produire à cause du climat (café, tabac, sucre de canne). C’est vers les années 1650, que la population esclave dépasse la population blanche car la monoculture de la canne à sucre demande beaucoup de main d’œuvre pour répondre aux besoins. “Cette économie de contrainte sur les habitations s'industrialise au milieu du XIX​e siècle et se heurte à l'abolition de l'esclavage. On observe une espèce de fuite en avant : pour que la production soit rentable, il faut augmenter la productivité, les surfaces et les volumes. [...] À la fin du XIX​e siècle, les terres sont essentiellement tenues par des sociétés métropolitaines en Guadeloupe et par quelques familles de ​békés en Martinique. Et dans le même temps, l'émigration quasi forcée continue massivement avec les populations

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​GAYADINE Lucien, ​Vieillissement de la population ou exode voulu de la jeunesse, ​France-Antilles [en ligne], oct. 2018 3


indiennes.”3 En Martinique, le 22 mai 1848 est connu comme étant la date de l’abolition de l’esclavage, tandis qu’en Guadeloupe, ce fut le 27 mai de la même année. C’est lors de cette fameuse année 1848, que les Antillais sont devenus français. Après cette liberté, les Antillais aspirent à une certaine équité, sachant que le statut de colonies perdure. “Avant de revenir en force avec la III​e République en 1870 [...] Dès 1947 les désillusions commencent à gagner la population. Car ce statut de département, même s'il amène des progrès, ne résout absolument pas les questions centrales d'une véritable égalité et d'un avenir porteur d'espoir. Les générations nées avant 1945 ont été formées dans l'idée que la France était généreuse, émancipatrice, avec le culte de Victor Schœlcher, par exemple. Mais celle qui a 15 ans dans les années 1960 aux Antilles se retrouve confrontée aux fermetures des usines sucrières, aux problèmes de chômage, dans un monde en pleine décolonisation. Et la seule solution mise en place s'appelle le ​Bumidom​, soit un système organisé par l'État d'un exode de la population antillaise vers la métropole. On lui fait miroiter des possibilités de travail et de formation. Et pendant ce temps-là, dans nos îles, la poursuite du régime de la monoculture de la banane ainsi que le tourisme laissent peu d'espoir à la réalisation de développements économique, social et culturel.” En 1946, la départementalisation ne supprima pas les différences mais, au contraire, encouragea les divergences d’opinion quant aux statuts des îles antillaises françaises. ​“Dans cette dynamique de l'assimilation, il y a une incompréhension fondamentale entre les hommes politiques français et les élites antillaises : être égal ne veut pas dire être identique, mais cela semble difficile à envisager dans un État ancré dans une tradition jacobine. L'identité ​culturelle devient une revendication forte, une véritable valeur politique. Tous ces décalages-là créent un rapport ​très particulier avec la France, fait d'attirances et de mises à distance. Ils peuvent permettre de mieux comprendre les mouvements sociaux des années 1960 en Martinique et de 1967 en Guadeloupe. Ils doivent être pris en compte aussi, lorsqu'il s'agit d'analyser les récentes grèves de février-mars 2009.”4 2) Enjeux, perspectives et ambitions aux Antilles françaises À l’heure où la population caribéenne vieillit et diminue, il faut s’imposer de nouveaux défis. Bien que très belles sur les cartes postales, les Antilles ne sont pas toujours “roses” ou “bleu turquoise”. Que seront les Antilles françaises de demain ? 2.1 Nos talents, nos défis Nous avons des talents et nous le voyons chaque jour lorsque des Antillais, tout autour du monde, enrichissent les différentes sphères de l’artisanat, de l’entreprenariat, de la culture et du sport. Contact-Entreprises est une association qui “a pour objet la création et le fonctionnement d’une structure de communication destinée à promouvoir l’image de l’entreprise et des entrepreneurs de la Martinique auprès des élus locaux, de l’État et de ses représentants, des journalistes, des salariés, des étudiants, des scolaires et des jeunes et d’une façon générale auprès de l’opinion publique”. Cette association a rédigé une série de livres intitulés : # Martinique Attractive, ​LE PETIT LIVRE BLEU... OUVERT​. Et si nous décidions de voir l’avenir de la Martinique en bleu ? et ​LE PETIT LIVRE GRIS​. Ces corpus montrent les perspectives possibles en Martinique. Ces cas peuvent être également transférés à la Guadeloupe, à Saint-Barth et à Saint-Martin.

​LAMY ​Rodolphe​, A ​ ntilles françaises : une histoire faite d'attirance et de rejet​, L​ ’Express​ (Paris), mai ​2013, [consulté le 19/02/2019] 4 ​LAMY ​Rodolphe​, A ​ ntilles françaises : une histoire faite d'attirance et de rejet​, L​ ’Express​ (Paris), mai ​2013, [consulté le 19/02/2019 3

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L’évolution de la société est flagrante, de nos jours. “Nous avons cru qu’il s’agissait d’une crise. Nous sommes convaincus aujourd’hui que nous assistons à la naissance d’un nouveau monde”5. Le monde bouge, les Antilles doivent suivre et s’adapter à ces évolutions technologiques et climatiques car “l’attractivité d’un territoire dépend de la vitesse d’adaptation d’une population aux appels et aux invitations du monde”6. Le ​Petit Livre bleu ​mentionne que le que le rhum, le seul rhum AOC au monde pourrait permettre à “la Martinique qui produit le meilleur rhum du monde, dans un des plus beaux endroits du monde. Et pourtant, elle n’est pas encore considérée comme la capitale mondiale du rhum. Observons comment le whisky a su modeler l’Écosse, son territoire, son patrimoine culturel, son tourisme, mais aussi son agriculture, son industrie, son commerce… et son identité. Nous avons tout pour réussir ce petit miracle. Il nous manque juste un peu de volonté collective.”7 Le ​Livre Orange​ se veut utopiste et a raison de l’être. Le propos se décline en cinq ambitions : 1. Faire évoluer les comportements ; 2. Choisir son immigration ; 3. Formation et rayonnement : Martinique Expansion ; Martinique Digital Island ; Martinique Hub régional ; HEC Martinique ; Ouvrir l'université à l’international ; 4. Un territoire tourné entre terre et mer : Odyssea ; Martinique Réserve de biosphère ; Martinique Bleue : Plaisance et free taxe ; Une piscine en mer dans le nord ; Kayflô ; Le golf du Marin ; 5. Un pays culturel : Le Grand Musée de la Martinique ; Martinique Terre de Rhum. De plus, quid des Antilles françaises comme exemple mondial d’une architecture tropicale bioclimatique, jonglant entre climat généreux, et développant des filières professionnelles mettant en valeur des matériaux adaptés à notre vie insulaire ? Nous avons, cependant, des défis majeurs à relever, comme dans le domaine du B.T.P. Il faut penser à comprendre les autres enjeux pour dresser un portrait complet des forces en vigueur à mettre en place pour construire la Caraïbe de demain. La Martinique a accueilli, en 2017, un million de touristes​. En Guadeloupe, à la même période, plus de 600.000 touristes sont venus sur l’île aux belles eaux. Nous avons des îles qui attirent par leur culture assez méconnue du monde, et des paysages de carte postale qui attirent, c’est un enjeu à développer. Nous devons d’ores et déjà penser à notre accueil, aux infrastructures permettant une meilleure prise en charge des touristes et des bâtiments phares à visiter comme la fondation Clément au François. Au ​Livre de conclure : “Les projets de manquent pas. Le temps n’est plus à la diplomatie. Les hommes d’actions sont demandés. L’audace et le courage sont requis. Il faut inventer le futur et le diriger vers une Martinique enracinée et contemporaine, historique et connectée. C’est l’affaire de tous. Des anciens et des jeunes, des expérimentés et des débutants. Tout peut être réinventé. Une renaissance n’est pas la duplication de l’existant, mais une projection réinventée. Artistes, chefs d’entreprise, intellectuels, résidents, touristes, amoureux de la Martinique, tous sont requis pour construire ce XXI​e​ siècle attractif et humaniste.”

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​CONTACT-ENTREPRISES,​ ​LE PETIT LIVRE BLEU ... OUVERT​ ​Et si nous décidions de voir l’avenir de la Martinique en bleu ? février 2014, p. 17

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​CONTACT-ENTREPRISES,​ ​LE PETIT LIVRE BLEU ... OUVERT​ ​Et si nous décidions de voir l’avenir de la Martinique en bleu ?​ février 2014,

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​CONTACT-ENTREPRISES​,​ ​# ​Martinique Attractive​, p. 39

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CHAPITRE 2 - UN CLIMAT AU CARACTÈRE PEU TEMPÉRÉ : LA ZONE TROPICALE MARITIME HUMIDE 1) Le milieu caribéen insulaire 1.1 Le climat et les saisons 1.1.1 Le climat tropical Selon le dictionnaire Larousse, le climat se définit comme “étant l’ensemble des phénomènes météorologiques qui caractérisent l'état moyen de l’atmosphère en un lieu donné. C’est l’intégration de l’ensemble des conditions météorologiques sur une période très vaste.” La météorologie, quant à elle, est un état du temps et de l’atmosphère d’un lieu précis sur une journée ou une semaine. La notion d’échelle est primordiale en climatologie. Par exemple, en parlant d’une vaste zone, c’est le terme “macroclimat” qui sera utilisé. De plus, si la recherche se focalise sur un climat à l’échelle intermédiaire, alors il s’agit de “mésoclimat”. Lors de la conception de projets architecturaux, l’architecte qui dispose d’un site devra étudier le “microclimat” du site qui dépend de facteurs à plus petite échelle. Le climat dépend de paramètres tels que : - Le rayonnement solaire ; La température de l’air ; L’humidité relative ; Le vent ; La pression atmosphérique. Selon la classification de Koppen, il existe cinq types majeurs de climats : - Climat tropical (A) ; Climat sec (B) ; Climat tempéré (C) ; Climat continental (D) ; Climat polaire (E). Dans le cadre de cette étude se rapportant aux régions antillaises, nous étudierons le climat tropical caractérisé par des paramètres déterminants qui sont : - Température chaude en moyenne supérieure à 18° C ; Présence de deux saisons majeures (une sèche et une humide) ; Ventilation abondante nommée alizés ​; Présence de forêt moyennement dense. Dans ce même climat tropical, il est possible de trouver trois sous-types de climat : - Climat équatorial (f) ; Climat de savane avec hiver sec (w) ; Climat de savane avec été sec (s).

Fig. 2 : Ceinture tropicale (ONU-Habitat)

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1.1.2 Le climat antillais Le climat tropical est divisé en plusieurs sous-grands types tels que ​le climat tropical humide, le climat tropical équatorial et enfin le climat tropical désertique. Le climat des A​ntilles françaises, qui se trouve être aussi celui des Antilles en général, est un climat tropical humide de type océanique, encore appelé climat tropical humide maritime. Les conditions climatiques en zone Antilles sont étroitement liées aux positions respectives de l’anticyclone des Açores, qui dirige l’alizé d’Est à Nord-Est, et de la ​Z​one de ​C​onvergence ​I​nter ​T​ropicale ​(Z.C.I.T.)​. “​ Le climat tropical océanique, celui qui nous intéresse, a comme le climat tropical équatorial un ensoleillement fort moyennement et une couverture nuageuse importante. Cependant la température est plus élevée la plupart du temps : 27° C voire plus en période chaude vers les mois de juin à septembre, où elle atteint le 30° C à 32° C. La pluviométrie est importante et le vent moyen est moyen à fort. Face à ces différences climatiques, les stratégies architecturales vont différer. La climatisation artificielle sera indispensable en climat équatorial car le vent faible ne suffit pas à réduire la sensation de chaleur tandis que la climatisation naturelle sera possible pour le climat tropical océanique car la vitesse du vent est moyenne et forte.”8 En Martinique, selon les chiffres de la DEAL, il y a 49 ZNIEFF qui recouvrent environ 8.4 % du territoire et qui sont gérées par le Parc naturel régional de Martinique (PNRM), il y a notamment 2 réserves naturelles et 13 arrêtés de Protection Biotope (APB) sont également établis, 12.4 % du territoire est couvert par des forêts soumises au régime forestier et gérées par l’Office National des Forêts (ONF), des sites inscrits et classés sont recensés sur 9.4 % de l’île ainsi que 88 monuments historiques. Notre climat permet la présence de richesse à protéger. 1.1.3 Les saisons Aux Antilles françaises, la saison sèche est appelée “carême” et la saison des pluies “hivernage”. Cependant, il existe des périodes d’intersaison qui font le lien entre ces deux saisons. La moyenne des précipitations et des températures au Lamentin, en Martinique, de 1971 à 2000, est frappant car s’y retrouvent des pluies constantes avec une température passablement agréable toute l’année. Lorsque les pluies augmentent en saison humide, l’humidité croît et les chaleurs deviennent plus élevées.

Fig. 3 : Diagramme moyenne 1971-2000 des précipitations et températures au Lamentin (Sources : météo.fr)

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​GAILLARD Ghislain,​ ​La ventilation naturelle en milieu tropical humide​, ​le confort dans l’habitat individuel​, 2013, p. 11 7


Selon Christophe Valère Montout, responsable de l’unité de climatologie de Météo-France en Guadeloupe, il existerait une certaine saisonnalité ​quadripartite avec le carême qui se déroule de la mi-janvier à la mi-avril. Lors de cette période, il n’y a pas de cyclone. “L’anticyclone des Açores se décale vers le sud et les différences de pression, bien marquées sur l’Atlantique tropical, dirigent sur les Antilles un flux d’alizé régulier et soutenu en force et en direction. Cela procure une sensation de confort grâce à l’importante ventilation. Les températures maximales atteignent 28 à 30 degrés l’après-midi. Le temps est ensoleillé et peu pluvieux. Les nuages, peu développés, donnent quelques averses, essentiellement en fin de nuit.”9 Puis, viendrait ensuite une intersaison jusqu’à la mi-juin, suivie tout de suite par l’hivernage qui s'étendrait jusqu’à novembre. Cette période de l'année connaît des cyclones et des tempêtes tropicales car le temps sera plus chaud et plus humide. “L’anticyclone des Açores remonte vers le Nord, la force de l’alizé diminue. La Z.C.I.T. se rapproche des Antilles. Les averses sont plus nombreuses et parfois intenses. Elles se produisent généralement en cours d’après-midi. Les températures sont plus élevées et atteignent 31 à 32 degrés l’après-midi. L’humidité est très forte, et le vent souvent faible, donnant parfois une sensation de temps lourd et d’inconfort climatique.” Enfin, pour boucler la boucle, il y aurait “l’avent”, nom donné par nos anciens, qui correspondrait à une deuxième inter saisonnalité.10 Ainsi, ces facteurs climatiques influenceront indéniablement la façon de concevoir l’architecture en milieu tropical humide maritime. Ce climat propre à nos îles se veut agréable mais peut se montrer parfois exécrable. 1.2 Les risques naturels majeurs et enjeux géographiques urgents Il fait bon vivre dans la Caraïbe grâce au soleil, aux plages, et à la chaleur supportable toute l’année. Considérant le fait de détenir un emploi, aux Antilles, comme un privilège et la possibilité de pouvoir vivre frugalement, on signerait presque pour le paradis. En 2017, 27.000 personnes étaient au chômage, au sens du BIT, soit 18 % de la population active en Martinique. En effet, dans ces îles chaudes caressées par les alizés, ces terres insulaires sont menacées par des risques qui sont presque inconnus au bataillon des écoles d’architecture métropolitaine. Ces risques sont tellement méconnus que nous, étudiants ultra-marins, revenons au pays avec un diplôme décontextualisé qui ne nous permet pas de répondre à ces risques naturels que nous connaissons. Pour les appréhender, il sera nécessaire de se montrer autodidacte. Ainsi, les Antilles risquent d’être balayées ​par quatre grands fléaux qui, s’ils ne sont pas pris en compte de façon plus sérieusement par la population, créeront des désastres qui mettront des années à se résorber. 1.2.1 Les séismes, les tsunamis et le volcanisme Selon les statistiques issues du ​Planetoscope​, au niveau mondial, “le nombre de tremblements de terre varie chaque année de 500 000 à 1 million soit plus de 2 700 séismes par jour (compteur). Ils ont été ressentis en 30 458 endroits différents en 2005. Chaque année, environ 100 000 tremblements de terre sont ressentis et 1 000 séismes sont capables de causer des dégâts.” Les petites Antilles sont sujettes aux séismes. Par exemple, elles ont été touchées en 1839, par un séisme de 9 sur l’échelle de​ ​Medvedev-Sponheuer-Karnik​.

​ ​MÉTÉO FRANCE​, le climat en Martinique, [consulté le 24/02/19], disponible sur : http://www.meteo.fr/temps/domtom/antilles/pack-public/ meteoPLUS/climat/climat_mart.htm 10 France-Antilles Guadeloupe​, ​en finir avec les mythes du carême et de l’hivernage, ​ ​[consulté le 24/02/19], disponible sur: http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/pratique/meteo/en-finir-avec-les-mythes-du-careme-et-de-l-hivernage-43 8513.php 9

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“La Guadeloupe et la Martinique sont les seules régions françaises classées en zone rouge : zone sismique maximale. Les Antilles sont-elles prêtes à faire face à un séisme majeur ? Pas tout à fait.” (Source : Martinique Première​)

Fig. 4 : Zonage sismique de la France (Source : plan séisme)

Franck Hubert et Jean-Camille Petit, architectes en Martinique, parlent souvent de ​milliers de morts potentiels ​aux Antilles. La pédagogie n’est pas assez faite en Martinique, selon M. Hubert. L’importance de ce risque est minimisée par la population qui n’appréhende pas le danger. Selon l’IPGP (Institut de physique du globe de Paris), l’archipel des Petites Antilles constitue la partie émergée d’une vaste structure qui borde, à l’Est, la plaque Caraïbe. Cette structure appelée “arc insulaire” est le résultat du plongement (subduction) de la plaque Amérique sous la plaque Caraïbe. Le phénomène de subduction des plaques lithosphériques est accompagné de nombreux séismes et serait à l’origine de la formation des îles et de leurs volcans actifs. Les îles au vent attendent leur​ BIG ONE !

Fig. 5 : La plaque tectonique Caraïbe vis à vis de ses voisines (Source : Planet-Terre)

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Les chiffres sont effarants, seuls 5 % des écoles aux Antilles françaises sont aux normes parasismiques. Et il faudrait à peu près six milliards d’euros pour solidifier les édifices déjà existants. Aujourd’hui les Antillais vivent dans leurs tombes ! Le BIG ONE, comme son nom l’indique, pèse sur nos têtes. Les experts attendent un séisme de 8 sur l’échelle de Richter, voire un méga séisme qui serait supérieur à 8.5. En général, il y a un gros tremblement de terre majeur qui se déroule tous les 150 ans aux Antilles. Depuis 1839 à aujourd’hui, il s’est écoulé 179 ans. Cela veut dire que la puissance continue à s’accumuler. Des solutions telles que la prévention des populations est une bonne chose. Mais la prévention n’est pas assez percutante. Que font les pouvoirs publics par rapport à la formation des populations aux premiers secours ? Qui dit zone sismique dit risque de tsunami ! Selon un Maître de conférences à l’université des Antilles, Pascal Saffache, interviewé en septembre 2018 par les journalistes de ​Guadeloupe Première​, il stipulait : ​“​Absolument ! Bien que la mémoire collective joue très peu localement. Pendant longtemps, on a nié l’existence de tsunamis, en Guadeloupe et en Martinique. Avant 2004, beaucoup de personnes disaient – et les services de l’État en premier – qu’il n’y a pas de risque tsunami aux Antilles. Et puis il y a eu le séisme de Banda Aceh*, le 26 décembre 2004. C’est à partir de là qu’on a commencé à se poser la question sur la probabilité d’une telle catastrophe aux Antilles.” “Chemin faisant, en dépouillant les archives historiques dont on dispose, on a observé que nos îles ont bel et bien été frappées par des tsunamis, par le passé. Un, en particulier, a été vraiment bien décrit, bien documenté : c’est celui du 1​er novembre 1755, qui a affecté les côtes de la Guadeloupe et de la Martinique, à la suite du séisme qui a ravagé Lisbonne et fait des milliers de morts dans cette ville du Portugal. Une onde a alors traversé l’océan Atlantique.” “C’est un ecclésiastique qui a vécu ces événements et les a décrits en détail, dans une sorte de journal de bord, affirmant que la vague avait plus de 100 mètres d’amplitude, qu’elle est entrée à l’intérieur des terres, a détruit des habitations, etc. Il a vu la mer se retirer. Il a vu la vague arriver. Il a vu les esclaves qui travaillaient le long du littoral se faire emporter. Ça c’est la première description précise d’un tsunami affectant les Antilles françaises.” Il y a environ neuf volcans encore actifs. La plupart sont de type explosif. Si les éruptions telles que la Montagne Pelée, en 1902, qui fut la troisième éruption la plus meurtrière au monde, “et la Soufrière de Saint-Vincent restent tristement gravées dans l'histoire, l’éruption actuelle de la Soufrière Hills à Montserrat, elles nous prouvent encore une fois qu’un volcan qui n’avait pas connu d’activité éruptive pendant plusieurs siècles, restait potentiellement dangereux.”11 1.2.2​ ​Les brumes de sable du Sahara Les Antilles connaissent des épisodes de forte pollution de l’air. “Les épisodes de brumes de sable désertique proviennent essentiellement du désert du Sahara. Ces brumes de sable véhiculent des particules fines qui, lorsqu’elles sont inhalées par l’homme, ont des conséquences sur sa santé. Lors d’un épisode de brume de sable, les concentrations de particules fines dans l’air augmentent sur l’ensemble du territoire martiniquais.”12 Cela pose un problème de santé publique. Il est important de connaître l’existence de ce fléau car dans le cas d’une ventilation naturelle, comment est-il possible de se prémunir contre cette forme de pollution ?

​BEAUDUCEL.F​, IPGP, Sismicité et volcanisme aux Antilles, 2005, [consulté le 10/12/18]. Disponible sur : http://www.ipgp.fr/ ~beaudu/download/Poster_OVSG_Antilles.pdf 12 ​MADININAIR​, les brumes de sables,​ [consulté le 10/12/18]. Disponible sur : http://www.madininair.fr/Les-brumes-de-sable 11

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​Fig. 6 :

Pollution de l’air. Concentration de particules fines dans l’air (Source : CIRE Antilles-Guyane)

1.2.3 Les sargasses Le Monde ​titrait en date du 18 février 2016 : “Les algues sargasses, nouveau fléau des Antilles”. Le tourisme, comme précédemment vu dans les chapitres antérieurs, est l’un des principaux moteurs de l’économie des îles. “Les bateaux bloqués dans les ports, les touristes qui se détournent : dans toutes les îles de la Caraïbe et jusqu’aux rivages de Cancun, au Mexique, les algues sargasses représentent désormais un fléau pour l’économie, une menace pour la biodiversité et un cauchemar pour les riverains des plages envahies. Ces immenses bancs de végétaux bruns qui semblent tissés en rangs serrés et dont l’épaisseur peut atteindre un mètre s’étalent parfois sur plusieurs dizaines de kilomètres à la surface de l’Atlantique. Vont-ils réapparaître quand l’eau va commencer à se réchauffer ?” Le quotidien ​le Parisien ​décrit la sargasse, de son nom scientifique “Sargassum” en latin, “est un type d’algues brunes. Selon l’hydrographe et météorologiste du XIX​e siècle Matthew Fontaine Maury, auteur de « la Géographie physique de la mer », le nom de sargasse vient du mot espagnol sargazo, qui signifie varech. Il décrit la sargasse comme un « varech-nageur » qui forme principalement le « banc immense » de la mer des Sargasses, dans l’Atlantique Nord. Ces algues seraient drainées par les courants circulaires de l’océan.” “Les algues sargasses ont toujours été présentes aux Antilles mais plus particulièrement depuis 2011. Ces algues brunes s’échouent en masse régulièrement le long des côtes de l’arc antillais. Les échouages sont conséquents sur la côte Atlantique et les agences limitrophes de Pôle emploi Martinique sont impactées par l’hydrogène sulfuré. En fonction des vents, les sargasses se déplacent. Le gaz volatil qui s’en dégage s’infiltre dans les bâtiments en dépit de la ventilation et de la climatisation en agence.” (Mario Moreau dans un rapport du CHS-CT de PEM en juin 2018)​ . L’odeur pestilentielle d’œuf pourri incommode la population vivant sur les côtes impactées par ce fléau. Ce gaz appelé l’hydrogène sulfuré (H2S) détruit entre autres l’électroménager chez les particuliers. L’intérieur des maisons se retrouvent avec des murs et des plafonds noircis. Si telles sont les conséquences de ces algues sur l’environnement de la vie de nos concitoyens, se pose surtout la question de la santé des 11


populations affectées. Malheureusement, depuis 2011 et le début des échouages sur les plages, il est impossible à évaluer à cause du manque de recul sur les conséquences à long terme sur le corps humain. Les solutions seraient d’utiliser ces algues comme engrais, mais des études “scientifiques” sont déjà tombées démontrant qu’elles contiennent des métaux lourds. Les pesticides ont encore une longue vie dans la Caraïbe. En outre, il serait possible de l’utiliser pour créer de la biomasse. Néanmoins, les échouages étant inconstants, il est difficile de créer une économie se basant sur cela.13 1.2.4 La montée du niveau des eaux Un autre fléau, et non des moindres, concerne la montée des eaux qui menacent nos côtes. Lors d’un cyclone ou d’un séisme, se protéger est possible grâce à la solution architecturale et la prévention qui peuvent protéger la population. Cependant, la montée des eaux étant un facteur lent, la seule et unique solution, si ce phénomène persiste, est de repenser l’urbanisme insulaire en profondeur et dès aujourd’hui. Dans un rapport écrit par Pascal Saffache et Yoann Pelis intitulé : “Estimation des variations du niveau de la mer en Martinique et dans la Caraïbe insulaire et conséquences à moyen et long terme”, nous, insulaires, voyons que le temps presse. En effet, “l’élévation générale des températures est due aux émissions de gaz à effet de serre (G.E.S.). De 1910 à nos jours, la température moyenne du globe s’est élevée de + 0,85° C et on attend une élévation comprise entre + 1,4 et + 5,6° C pour les prochaines décennies.”14 Il existe deux modèles théoriques qui peuvent expliquer une montée du niveau des eaux :

Fig. 7 : Deux modèles théoriques de la montée des eaux (Source : Pascal Saffache, Yoann Pelis)

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VALO ​Martine​, ​Le Monde, ​Les algues sargasses, nouveau fléau des Antilles​, février 2016, [consulté le 05/11/18]. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/planete/article/2016/02/19/les-algues-sargasses-nouveau-fleau-des-antilles_4868116_324 4.html ​SAFFACHE ​Pascal, PELIS Yoann​, Estimation des variations du niveau de la mer en Martinique et dans la Caraïbe insulaire et conséquences à moyen et long terme​, non daté,​ p. 60 12


Fig. 8 : Conséquences de l’élévation du niveau de la mer à l'horizon 2090-2100 avec une base : + 0,38 à + 0,51 m + une onde de tempête de 5 m (Source : Pascal Saffache, Yoann Pelis)

En 2060, si rien n’est fait la mer augmentera de plus de dix cm, en mer des Caraïbes. Les conséquences sur les îles des Antilles seront alors dévastatrices. Cependant, comme il est signalé dans le rapport, les auteurs ont pris en compte l’élévation au ​niveau général marin liée au changement climatique et les ondes de tempêtes qui sont admises entre 3 m sous​ nos latitudes et 5 m (cyclone de 1928 en Guadeloupe : + 8 m). En conclusion, les érudits proposent d’informer la population. La question se pose au vent de notre endormissement perpétuel. Puis, en deuxième lieu, ils proposent d’initier des groupes de travail pluridisciplinaires (aménageurs, écologistes, etc.). Ensuite, d’élargir ces groupes de travail à nos voisins caribéens. Et, finalement, réfléchir à une stratégie de repli et à de possibles opérations de « durcification » de la ligne de rivage (l’idée est de gagner du temps pour trouver des solutions plus pérennes par la suite). Et dans l’étude des risques majeurs, le risque par rapport à la pollution des sols avec le chlordécone n’est pas intégré car ce n’est pas un risque majeur naturel mais un risque issu d’une monoculture intensive de bananes principalement, qui aujourd'hui empoisonne le peuple antillais. 2) Les Antilles, une région à énergies renouvelables ? 2.1 Constat d’un développement endogène lent Daniel Thaly, poète martiniquais du XX​e siècle a notamment écrit un poème ​doudouiste ​que tous les insulaires connaissent depuis l’école primaire intitulé “l’île lointaine” ​: ​“Je suis né dans une île amoureuse du vent - Où l'air a des odeurs de sucre et de vanille - Et que bercent au soleil du tropique mouvant - Les flots tièdes et bleus de la mer des Antilles...” (voir l’intégralité du poème en annexe 6). Les Antilles disposent d’un “vivier” de ressources énergétiques renouvelables. Nous semblons l’avoir bien compris mais nous n’en voyons pas les faits. Dans l’ouvrage de José Nosel, professeur d’Économie et de Management, il est fait mention qu’en 1981, avec l’aide d’intellectuels, l’​Aderta (Association pour le développement des énergies renouvelables et des technologies alternatives) fut fondée. Dans son essai intitulé, ​Chroniques d'écologie politique ​- Tome IV ​À la recherche d’un développement durable qui soit soutenable, M. Nosel constate ce qui suit : “Je regarde, avec beaucoup d’amertume ce qui se passe en ce moment, à la Martinique, à propos des énergies renouvelables. Je revenais de la conférence mondiale sur l'énergie à Nairobi, au Kenya. S'engageait alors à la Martinique des activités de production locale et d’installation, d'éoliennes, de chauffe-eau solaire, et de panneaux photovoltaïques ; mais aussi des activités de promotion de ce qu’il est convenu d’appeler, efficacité énergétique, c’est-à-dire tout simplement des activités de réduction des consommations d'énergie, à partir de l'information et la sensibilisation des populations aux économies d'énergie, ou à la promotion de l’architecture bioclimatique, avec notamment notre ami architecte, Franck Hubert, pionnier, membre éminent, et cheville ouvrière, de notre association l’​Aderta​.”

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“Depuis, cependant, peu de progrès ont été obtenus, jusqu'à ce jour ; puisque les énergies renouvelables apparaissent pour moins de 4 % dans Ie bilan énergétique de notre pays, contre déjà près de 20 % pour la Guadeloupe et plus de 30 % pour I'île de la Réunion. Or, dans le cadre du Grenelle de l’environnement, des objectifs ambitieux ont été fixés ; nous avons affiché, par nos représentants, vouloir atteindre 50 % d’énergies renouvelables d’ici 2020.”15 Selon un rapport de l’ADEME Martinique : “la part des énergies renouvelable dans la consommation énergétique finale de Martinique est de l’ordre de 7 % en 2016.”16 Selon, ​Guadeloupe Énergies : “Les énergies renouvelables permettent de produire 20,49 % de la production totale d’électricité en 2017, soit 359 878 MWh.”17 Ainsi, le désespoir ressenti par M. Nosel, rencontré en 2017, était toujours présent car nous ne sommes toujours pas capables de mettre à contribution ces atouts naturels dans la production énergétique. Elles sont loin des 50 % annoncés, alors pourquoi ? Et en quoi le contexte peut-il nous aider à développer ces énergies renouvelables ? 2.2 Une topographie marquée

Fig. 9 : Topographie des Antilles françaises (Source : topographic-map)

Les Antilles sont des îles volcaniques qui ont émergées au cours des ​de ​différentes éruptions successives. Les parties les plus montagneuses correspondent aux parties les plus proches des volcans. À Saint-Martin, l’île est montagneuse en son centre. En Martinique, la partie nord est la plus montagneuse avec la montagne Pelée, culminant à 1397 m, et les Pitons du Carbet. En Guadeloupe, Basse-Terre est la partie la plus montagneuse avec la Soufrière, qui est le point le plus haut. Le sud de Martinique et l’est de la Guadeloupe sont des régions plutôt irrégulières, composées de “mornes” ou de petits pitons. Le morne est le mot utilisé pour désigner une colline, ou une petite montagne. Il est intéressant de comprendre la richesse du relief car ce paramètre aura une incidence sur la ventilation du bâti. La zone ​sous le vent sera moins venteuse ​que l​a partie ​au vent. Il serait préférable de construire sa maison en zone venteuse car la ventilation y sera plus fréquente et plus continue grâce aux alizés.

​NOSEL José​, ​Chroniques d'écologie politique - Tome IV ​à la recherche d’un développement durable qui soit soutenable​, Essai, p 235-236 16 ​ADEME​, ​Énergies renouvelables​, [consulté le 21/12/18]. Disponible sur : https://martinique.ademe.fr/expertises/energies-renouvelables 17 ​GUADELOUPE ENERGIE​, Chiffres clés de l’énergie, ​[consulté le 21/12/18]. Disponible sur : https://www.guadeloupe-energie.gp /chiffre-cles-de-lenergie/focus-energies-renouvelables 15

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Fig. 10 : Coupe schématique bioclimatique de la Martinique réalisée (Source : Jérôme Nouel)

2.3 L’éolien, l’éolien en mer

Fig. 11 : La production d’électricité éolienne en Martinique en 2015-2023 (Source : CTM)

Nous sommes bercés pa​r les alizés qui sont des vents de secteur Est-Nord-Est, ​qui rafraîchissent les Antilles toute l’année, car les flux sont constants. Cependant, les concepteurs se creusent la tête compte tenu du phénomène cyclonique. “Aujourd’hui, la région Martinique compte un seul parc éolien situé à Morne Carrière au Vauclin. Il est constitué de 4 aérogénérateurs pour une puissance totale installée de 1.1 MW. Cette centrale éolienne est en service depuis le début de l’année 2005 [...] Afin de redynamiser le développement éolien dans les secteurs insulaires français, la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) a publié un appel d’offres portant sur des installations éoliennes terrestres de production d’électricité en Corse, en Guadeloupe, en Guyane, en Martinique, à La Réunion, à Saint-Barthélemy et à Saint-Martin. Il constitue une incitation au développement de l’éolien, pour ces collectivités qui sont appelées à parvenir à l’autonomie énergétique, en atteignant, dès 2020, un objectif de 50 % au minimum d’énergies renouvelables dans la consommation finale. Pour la région Martinique deux projets ont été retenus en février 2012 : Projet éolien de Pain de Sucre, dans la commune de Sainte-Marie, d’une puissance électrique de 4 MW ; Projet éolien de Dehaumont, dans la commune du Marigot, d’une puissance électrique de 9 MW.“18 Néanmoins le problème du foncier se fait ressentir et il est à noter que 40 000 hectares de terres agricoles ont été définis en zones à préserver, avec pour premier objectif d’assurer l’avenir des terres agricoles.

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​Schéma régional éolien de Martinique, avril 2013 p. 4-5, 15


Concernant l’éolien offshore, il faut savoir que les rendements sont meilleurs car la présence de vents plus marqués et plus régulier​s améliore la ​production. “L’éolien offshore commence à se développer en France, avec 5 sites retenus en France métropolitaine lors d’un appel d’offres portant sur des installations éoliennes de production d’électricité en mer en France métropolitaine publié le 11/07/2011 par la Commission de Régulation de l’Énergie. Concernant les DOM-TOM, aucun projet n’est en cours. Les technologies actuelles n’ont pas encore été adaptées aux conditions climatiques de ces régions​.”19 Depuis le 23 février 2019, la Martinique compte un deuxième parc éolien au nord de l’île.

Fig. 12 : Côte exposée au vent vs côte sous le vent (Source : CTM)

La Martinique est petite en superficie, très densément peuplée et possède une zone optimale située à l’ouest de l’île. “L’élaboration du Schéma régional éolien (SRE) est l’occasion d’élaborer une véritable stratégie paysagère pour l’éolien, originale, adaptée au contexte bien particulier de la Martinique. Des dispositions de préservation et de protection de son espace existent par ailleurs, en faveur des paysages, des habitats et des espèces, garants d’un cadre de vie agréable, d’une attractivité économique et touristique durables, et de la préservation de la biodiversité.” En connaissance de cause, les deux manières de procédés sont de rechercher le maximum “de petits sites possibles, essaimés un peu partout du nord au sud de l’île au gré des potentiels et des contraintes ; soit privilégier un ou des secteurs de développement éolien, sans essaimage.” Le volet paysager est très important car l’île aux fleurs possède une diversité de paysages qui sont contrastés, fragiles, de petite dimension et aux enchaînements rapides. Les paysages situés à l’est sont donc favorables à l’éolien, car ils se trouvent être la côte au vent. Cette partie de l'île contribuent pleinement à la diversité martiniquaise. Se posent ainsi les questions du foncier, de paysage, du développement durable par rapport à l’éolien en Martinique. Prendre exemple sur la Guadeloupe qui, fin 2018, début 2019, possédera le parc, le plus grand des Antilles françaises, avec huit éoliennes. ​Les éoliennes ​devraient être capables de résister aux cyclones, jusqu’à 140 km/h. Le parc comptera huit éoliennes et un système de stockage par batterie, accompagnées d’un smart grid, capables de résister à des vents cycloniques. Ainsi, cet outil permettra la production de 16 MW​, soit l'équivalent de la consommation de 17.000 personnes. Pour ​Loïs Pacou, responsable du projet au sein de l'entreprise Valorem, ​"il s'agit de prévoir la quantité d'électricité produite 24 heures en avance, pour informer EDF du volume qui sera injecté sur le réseau, ce qui lui permettra de savoir quelle quantité produire". La Guadeloupe produit aujourd'hui 18 % d’énergies “propres” qui augmenteront sa part de 10 % passant à 28 % de production énergétique issue de ressources renouvelables.

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Schéma régional éolien de Martinique, avril 2013 p. 8 16


2.4 Le solaire Le solaire est une énergie renouvelable intermittente. L’état de l'électricité aux Antilles est critique. Pour pallier les besoins électriques de ces îles, il leur est possible de pouvoir en importer, il faut donc en produire en quantité suffisante. Pour cela, les îles utilisent en masse des énergies polluantes telles que le charbon et le pétrole. Une dépendance qui coûte cher et qui polluent énormément s’ajoutant à la pollution créée par les brumes de sables, et les transports.

Fig. 13 : La production d’électricité en Guadeloupe et comparaison de la part d'électricité d’origine renouvelable (Source : Synergîle)

En Martinique, selon l’OMEGA (l'Observatoire martiniquais de l’Énergie & des Gaz à effet de serre) l’électricité est responsable de 43.6 % (291.6 ​ktep​) des émissions à effet de serre, un peu derrière le transport, responsable à lui seul de 48.3 % suivis par la chaleur et l’activité industrielle et agricole. Le 8 octobre 2018, la Martinique s’est dotée de la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Ce programme permet d’identifier les enjeux et actions à prendre en matière de maîtrise entre la demande et la production d’énergie renouvelable (EnR). La Martinique enregistre en moyenne 205 à 240 heures d’ensoleillement par mois, il serait temps de pouvoir s’y mettre un ​peu plus sérieusement. Le parc photovoltaïque devrait s'agrandir d’ici 2023.

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Fig. 14 : Développement de la production électrique en Martinique à partir d’énergie solaire et éolienne (Source : CTM)

2.5 La géothermie, l’énergie thermique des mers Les Antilles françaises sont au même titre que les autres d’origine volcanique. Elles se sont formées après une succession de nombreuses éruptions au cours de l’histoire géologique. Ces terres sont en présence d’énormément de volcans, parfois, endormis et peu actifs pour certains. Une campagne d’exploration de trois forages profonds réalisés en 2000 sur la plaine du Lamentin a mis en évidence une ressource géothermale de moyenne température (90° C à 100° C) qui pourrait être valorisée sous la forme d’une production de froid. Le froid produit serait distribué par un réseau, pour couvrir les besoins de la zone d’activité du Lamentin. Des compléments d’exploration en surface ont été réalisés par le ​BRGM (Bureau de Recherches géologiques et minières) entre 2010 et 2017. Ils ont abouti à l’élaboration d’un modèle conceptuel du sous-sol de la plaine, illustré par une modélisation géologique 3D, ainsi qu’à la proposition de zones d’implantation prioritaire pour de nouveaux forages. Il sera nécessaire, auparavant, de réaliser des essais de production sur les puits existants afin de préciser les caractéristiques du fluide profond. En parallèle à ces travaux d’exploration, des études de besoins énergétiques ont été réalisées dans la plaine du Lamentin et le sud de Fort-de-France, en 2006 et 2015. Montagne Pelée et Anses d’Arlet - Potentiel de production d’électricité : Ces régions avaient été retenues pour leur intérêt géothermique à la suite des travaux réalisés entre 1970 et 1985. Des travaux de recherche ont été réalisés depuis sur le terrain par le BRGM en 2001-2003, puis complétés en 2012-2014, au nord, au centre et au sud de l’île. Ces compléments ont identifié deux zones d’intérêt géothermique permettant d’envisager une production d’électricité : L’une au nord (SW Pelée) et l’autre au sud (Anses d’Arlet). Plus précisément, la zone de Petite Anse aux Anses d’Arlet est un des deux secteurs de Martinique présentant des indices d’une potentielle ressource géothermale active de haute température. La réalisation d’une campagne de forages d’exploration profonds (1000 à 2000 m de profondeur) sur cette zone est désormais indispensable pour vérifier la présence d’un réservoir géothermal et notamment la température et les débits qui pourraient être produits. Pour pouvoir implanter avec précision ces forages, il est nécessaire de réaliser plusieurs travaux préalables, dont la réalisation de quelques forages de reconnaissance de 100 à 200 m de profondeur. Une concertation avec la population sera faite avant le démarrage du projet.

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La géothermie en Caraïbe : Parallèlement, depuis 2005, la Région Guadeloupe pilote des projets “Interreg” de coopération interrégionale « Géothermie Caraïbe » phases 1 et 2 auxquels l’ADEME a fortement contribué. Un des volets concernait des études ​environnementales ​financées par l’ADEME dans la vallée de Roseau, en Dominique. En parallèle, la Dominique a fait réaliser des forages d’exploration pour l’implantation d’une centrale dans cette vallée. Le potentiel de production serait de plusieurs dizaines de MW, avec une éventualité de raccordement à la Martinique pour l’injection de cette énergie sur notre réseau électrique.20 2.6 La maîtrise territoriale de l’énergie Les énergies renouvelables, surtout dans le contexte insulaire, peuvent être limitantes car il faut produire l’énergie sur place. Une autre forme de production d'électricité pourrait viser ​la maîtrise insulaire des îles. En développant une mentalité et une pédagogie limitant les pertes et les surconsommations. De plus, il faudra se fixer des chiffres à respecter dans les années futures et pourquoi ne pas développer des nouveaux modes d’habitats tropicaux. Ainsi, le PROGRAMME TERRITORIAL DE MAÎTRISE DE L’ÉNERGIE (PTME), par exemple en Martinique, prévoit sur une période d’environ cinq ans de réduire d’au moins 60 % la consommation d’électricité des collectivités liée à l’éclairage public, de rénover l’ensemble du réseau martiniquais d’éclairage public, aujourd’hui vétuste et datant du dernier millénaire et développer des solutions innovantes permettant de réduire les pertes. Dans le bâtiment, le PTME prévoit 20 % d’économie d’énergie dans les bâtiments d’ici 2020. En développant l’apport des chauffe-eaux solaires à hauteur de deux tiers des logements en Martinique.

Fig. 15 : Principe du chauffe-eau solaire (Source : Clim Diffusion)

Le plan prévoit aussi le développement du smart-grid, qui est un moyen efficace de réguler les flux d’électricité entre le producteur d’énergie et les consommateurs. En prévoyant de plus des expérimentations de solutions de stockage et en accompagnement au développement d’éco-quartiers. En conclusion, nous voyons un développement endogène lent qui se caractérise par des progrès, certes, notables mais pas assez rapides par rapport aux enjeux sociaux, climatiques, économiques. José Nosel explique que l’impréparation depuis 30 ans des pouvoirs publics et des populations nous obligent aujourd'hui à reconsidérer la réalisation de certains projets. L'équilibre écologique entre habitat, agriculture et milieu naturel est un enjeu très complexe aux Antilles françaises. Le contexte climatique joue un rôle majeur dans ce développement lent car les acteurs économiques doivent adapter les systèmes de production d’énergies aux aléas climatiques.

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​ADEME​, Géothermie, 2018, [consulté le 26/12/18]. Disponible sur https://martinique.ademe.fr/expertises/energies-renouvelables/geothermie

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“Le développement des petites Antilles s'il doit être durable et prendre comme ossature les directives de Rio (Brésil, 1992) et de Johannesburg (Afrique du Sud, 2002), il devra s’inscrire dans une gestion administrative, scientifique, technique et agricole commune dans le cadre d’une Caraïbe fonctionnellement unifiée [...] Les petites Antilles ne peuvent être soustraites de la Caraïbe. Le développement durable qui est encore aujourd'hui difficile à réaliser à l'échelle planétaire au vu d'une mondialisation unilatérale (M.C. SMOUTS, 2001) semble être illusoire dans cette Caraïbe hétérogène et disparate du 21​e​ siècle.”21 Les enjeux énergétiques sont stimulants pour les concepteurs et les politiques antillais de demain.

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​JOSEPH ​Philippe​, ​La problématique du développement durable dans les Petites Antilles (quelques enseignements généraux). Juin 2003. 20


CHAPITRE 3 - UNE ARCHITECTURE MÉTISSÉE PLURIELLE 1) Une identité ​« ​vraiment » caribéenne ? 1.1 Un melting-pot dès les origines Pour comprendre l’architecture des îles antillaises, nous devons comprendre son lointain passé, ses origines et son évolution. Tumultueuse de part son histoire, la Caraïbe a connu moult émigrations. Chaque peuple venant sur ce territoire apporta sa culture, sa religion, ses modes de vie et par conséquent son architecture. “Les historiens et les chercheurs en sciences sociales divisent généralement l’histoire des Antilles Françaises en quatre grandes phases” : - Période allant de 1635 jusqu’à la fin du XVII​e​ siècle, correspondant aux débuts de la colonisation ; - Période allant de la fin du XVII​e siècle jusqu'en 1848, date de l’abolition définitive de l’esclavage, période phare du sucre et de l’esclavage ; - Période entre 1848 et 1946, date de la départementalisation, période post-esclavagiste où se fixe l’essentiel des structures sociales actuelles ; - Période dite “d’assimilation” après 1946, dont les effets se feront ressentir dans les années 1960. Cependant, les historiens restent muets sur la période précoloniale, qui est une partie importante de l’histoire antillaise. a)

Les Amérindiens (Caraïbes/Arawaks)

Les premiers habitants en Martinique et en Guadeloupe sont arrivés par le biais de migrations de “populations originaires du bassin de l’Orénoque dans l’actuel Venezuela. Elles ont pénétré dans l’archipel au cours de la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère et ont rapidement occupé un large espace allant des basses terres du nord de l’Amérique du Sud à Porto Rico.”22 Les Kalinagos, les Caraïbes, et les Arawaks sont différentes populations ayant migré aux Antilles. ​“[...] Les premiers occupants Arawaks et Caraïbes ont eu une action peu sensible sur le paysage, l’évolution des techniques et du mode d’implantation de l’homme a eu deux effets : - La transformation des paysages par l’introduction d’essences nouvelles des autres pays tropicaux et même de pays à climat tempéré ; - La modification par accidents successifs dus aux actions de l’homme sur le paysage.”23 Les îles ont été habitées, premièrement, de façon rurale. “À l’arrivée des premiers colons, en 1635, les cases existent déjà dans l’habitat caraïbe. Les descriptions générales montrent qu’elles sont organisées autour d’un bâtiment à usage commun de plus grande importance dans lequel se tiennent les assemblées : le carbet. D’une longueur de trente, quatre-vingts ou cent pieds, il est entouré de plusieurs autres cases de plus petite dimension appelées ​mouinas​. Le Père Breton en fait la description suivante : « Les cases sont faites de fourches d’arbres, plantées en terre, jointes avec d’autres pièces de bois qui tiennent l’une à l’autre. Là-dessus, ils mettent des chevrons qui vont jusqu’à terre et couvrent le tout de feuilles de latanier ou de roseaux .”24

​BERARD Benoît​, ​Penser les territoires de l’histoire amérindienne des Antilles​. Outremers, 2013, p. 151-164. ​BERTHELOT ​Jack, GAUME Martine​, ​Kaz antiyé jan moun ka rété, L’habitat populaire aux Antilles, Goyave – Guadeloupe​, Éd. Perspectives Créoles, décembre 2002, p. 63-64 24 ​DENISE Christophe​, ​Une histoire évolutive de l’habitat martiniquais,​ In Situ [En ligne], 5 | 2004, mis en ligne le 19 avril 2012, [consulté le 4 février 2019] 22

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Fig. 16 : Différentes types d’abris kalinagos (Source : Lennox Honychurch)

Il y avait donc déjà une architecture précoloniale inspirée de techniques caraïbes constituées de ressources fournies par le milieu où s'implantent les villages. Nous voyons là l’un des principes fondateurs de l’architecture bioclimatique. La question de la réinterprétation de ces matériaux dans notre contexte actuel se pose car nous pouvons remarquer la présence de parois très fines, sujettes à une inertie faible. Il serait intéressant de se réapproprier ces éléments et de les intégrer dans notre architecture. Cette idée n’est pas nouvelle, et bon nombre d'architectes le font actuellement avec des branches de roseau. Mais est-ce que les habitants sont prêts à intégrer ces éléments anciens, au risque de paraître un tant soit peu passéistes ? b)

L’architecture d’habitation-sucrerie

Les arrivées européennes et africaines ont bouleversé le mode d’habitat de ce siècle-​là, car “malgré des distinctions sociales entre les habitants relativement marqués, il n’y a pas de différences fondamentales dans la manière de construire ni dans le mode d’habiter. En revanche, dans le dernier quart du XVII​e siècle, l’émergence de l’économie de plantation et l’institution d’un système esclavagiste vont profondément transformer le paysage martiniquais” et guadeloupéen. À noter que les premiers bourgs et les premiers villages ne sont pas encore totalement formés. Les premiers verront le jour durant le dernier quart du XVII​e siècle. Avant cela, nous sommes en présence d’un mode d’habitat majoritairement rural. Les premiers bourgs sont formés grâce aux paroisses, aux maréchaux-ferrants présents. Saint-Pierre devient la première commune connue en Martinique, notamment. L’architecture et la société coloniale sont constituées de deux modes d’habitat complètement différents : la maison du maître et la case. Cet ensemble constitue l’habitation sucrerie qui est à la fois unité de production permettant l’établissement d’une économie et à la fois unité de la base de l’esclavage. Les îles 22


françaises deviennent des “isles à sucre”. C’est, ainsi que naquit le règne de l’habitation sucrerie et l’esclavage. - La case : Les premières cases logeaient les colons, l’architecture de ces cases ne se différencient pas beaucoup de celles des premiers habitants des îles. C’est lors de l'émergence des habitations-sucreries que la case est apparue comme étant l’habitat social de l’époque aux Antilles, inspirée de l’architecture des Amérindiens, elle évoluera sous différentes variantes par rapport aux îles. La case est une maison toute simple, économique, faite avec les matériaux présents sur le site. Et qui, grâce à des techniques de constructions simples, ont permis à la population de construire ses abris, elle-même. La case, dans toutes les îles, est composée de deux à trois pièces. La case est très rustique, posée à même le sol en contact direct avec ce dernier. “La construction, en matériaux légers et minces sur une ossature en bois avec des murs en torchis, puis en bois, puis en fibrociment, et édifiée sur un petit muret en maçonnerie. La couverture à d​eux ou qu​atre pans (autrefois en paille de canne, ​essentes, de tuiles, puis en tôle) est réalisée sans système de ventilation du comble. Les fenêtres sont peu nombreuses, souvent de simples volets ou des jalousies en bois qui laissent filtrer peu d’air et peu de lumière, l’intérieur est donc sombre et mal ventilé.”25 Elle évoluera ensuite grâce aux matériaux. Elle se répandra même en ville même si quelques différences sont à noter. Jérôme Nouel pense que ces cases ont prouvé que sous nos latitudes, un simple abri pouvait être suffisant, même si la question de confort est laissée pour compte. La simplicité technique dans son fonctionnement et sa construction faisaient sa force. Les besoins de confort ne sont plus similaires aux nôtres. L’architecture des cases n’aurait donc aucune continuité avec l’habitat de demain aux Antilles, selon M. Nouel.

Fig. 17 : Case créole (Source : ​Photoway​)

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​NOUEL​ ​Jérôme​, ​Album architectures martiniquaises​,​ ​Éd. Atelier Martiniquais d’Architecture Tropicale, 2016, p. 1242 23


- La maison du colon : ​C’est le point phare de l’habitation, souvent placée sur le point le plus haut du site, mise en valeur par une allée monumentale en son centre, et même implantée au milieu du site afin d’être vue de tous, la maison de maître est incontestablement le point le plus important. “Si les bâtiments industriels constituent la raison d’être de l’habitation-sucrerie, la maison de maître en est l’agrément et, symboliquement, l’élément le plus représentatif.”26 “Les maisons des officiers et des riches planteurs ne sont encore pour la plupart que des charpenteries revêtues de planches, avec un étage au-dessus de la salle dont le plancher est de brique. Elles sont couvertes de tuiles que les Hollandais apportent avec ces briques (…) les autres ne sont recouvertes que d’essentes de bois faites en façon de tuile”.27 Les habitations sont localisées sur des terres propices aux cultures d’exportation, souvent situées en plaine. Sur ces dernières, il y aura, la maison du maître, l’usine avec les bâtiments de production, et les cases pour les esclaves [...] La maison de maître qui, afin de dominer la plantation et profiter des alizés est construite sur une petite éminence a, comme la case, ses dépendances rassemblées autour d’une cour. La cuisine, en particulier, est toujours extérieure. Elle est située sous le vent pour limiter les risques d’incendie et les odeurs.”28 Souvent constituée d’une galerie périphérique, la maison d’habitation était, selon, Jérôme Nouel, une plus grande case, plus spacieuse, plus luxueuse et construite avec de meilleurs matériaux. Cependant, l'épaisseur des maisons ne joue pas en faveur de la ventilation naturelle. La galerie, fameusement connue, est arrivée plus tardivement. Elle était souvent cloisonnée pour agrandir les pièces de vie.

Fig. 18 : Habitation Clément, maison coloniale sans galerie (Source : Thibaud Duval)

La présence de la galerie périphérique, comme l’explique M. Nouel, provient sûrement de la Louisiane. C’est un pare-soleil et un pare-pluie très intéressant. Si elles sont sous-dimensionnées, ces galeries peuvent vite représenter un espace perdu, peu utilisable. Reproduire un modèle similaire aujourd’hui serait peu intéressan​t ​au XXI​e siècle. “Le charme désuet des habitations tien​t plus à leur site (isolées sur un morne dominant l’exploitation), à leurs espaces extérieurs (de vastes jardins d’agrément plantés de beaux arbres), à leur environnement (les annexes et aménagements de la plantation), au luxe éventuel de leur mobilier, qu’à la pertinence de leur adaptation au climat.”29

BEGOT Danielle​, ​Usines et habitations-sucreries​, ​Trois siècles de patrimoine industriel martiniquais​. Bureau du patrimoine du Conseil Régional de la Martinique, 1989, p. 75 27 ​DU TERTRE Jean-Baptiste. ​Histoire générale des Antilles habitées par les Français​. Paris : E. Kolodziej, 1978, rééd. de 1667, p. 65 28 ​BERTHELOT​ ​Jack, GAUME Martine​, ​Kaz antiyé jan moun ka rété, L’habitat populaire aux Antilles, ​p. 125-127 29 ​NOUEL​ ​Jérôme​, ​Album architectures martiniquaises​,​ ​Éd. Atelier Martiniquais d’Architecture Tropicale, 2016, ​p. 1244 26

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Fig. 19 : Maison coloniale avec galerie (Source : Jérôme Nouel)

1.2 Rapport des diverses cultures antillaises face à l'adaptation architecturale Les îles de la Caraïbe ont été colonisées par différents principaux pays tels que l’Espagne, l’Angleterre, les Pays-Ba​s, le Portugal et la France. ​Chacun apporta dans sa nouvelle colonie son architecture et ses modes de vie. Il existe malgré cela une similarité formelle qui fédère les différentes architectures, surtout celle de la case. “Pourtant, lorsqu’on tente de les définir comme un ensemble, on se trouve immédiatement confronté à une difficulté épistémologique. Il n’y a pas ici de caractéristique commune à toutes les îles ; certaines sont spécifiques de l’ensemble architectural antillais [...] Cette diversité d’architecture à l’intérieur d’un ensemble pourtant intégré est particulière en ce qu’elle semble se constituer à partir de la présence-absence de certains caractères apparemment sans lien entre eux.”30 Les caractéristiques majeures issues de la population européennes sont : -

Accès principal sur la longueur ; Décoration sur la longueur ; Façade axée sur la porte ; Jalousies ; Construction légère isolée du sol. Celles provenant de la colonisation :

-

Construction légère isolée du sol ; Construction modulaire ; Galerie d’angle ; Case mobile. La population noire apporta ses touches :

-

30

Accès principal sur le pignon ; Décoration en pignon ; Volets pleins ; Toit à deux pentes.

​BERTHELOT​ ​Jack, GAUME Martine​, ​Kaz antiyé jan moun ka rété, L’habitat populaire aux Antilles, ​p. 15 25


Dans les îles colonisées par les Français, on retrouve : -

Terrain préparé avant la construction ; Toit à quatre pentes ; Charpente marine. (​Annexes 3 et 4 ​: Comparaison entre les différentes cases antillaises.) 1.3 Une architecture entre domination et quête de liberté a)

Émancipation par rapport au colon blanc

L’une des premières des conséquences de l’abolition de l’esclavage fut le désir fort des esclaves de prendre leur indépendance. Elle se manifesta par la création de nombreuses cases, qui fut l’un des premiers effets de cette indépendance, mais aussi par l’appropriation de terres vacantes et la multiplication des cases. Pour ceux qui travaillaient dans l’ensemble de la communauté, les colons acceptent le petit jardin, qui constitue une insertion sur leur site. ​Il y a un écart entre les mornes et les villes (premiers mornes partagés entre Karaib et Afrique). Ainsi les anciens esclaves décident d’occuper les mornes et les terres très difficilement cultivables, car les plaines sont toujours dédiées à la production des colons. Il y aussi le départ des populations rurales qui se rendent à la ville car l’artisanat s’y développe, les villes grandissent et les habitants y vont chercher un travail moins harassant. La case devient un élément fondamental du fait qu’elle soit la seule possession de “l’employé”. La case “se situe historiquement, économiquement et socialement à la charnière des rapports d’exploitation qu’engendrent les sociétés de type colonial. Nous nous trouvons devant une architecture vernaculaire en ce sens qu’elle est l’œuvre et l’expression des Antillais en fonction de désirs et de contraintes qui leur sont propres.”31 b)

Émancipation du cocon familial très présent et fondation d’un foyer

“La case est construite à l’initiative du jeune homme qui se prépare au mariage. Y habiteront son ménage, puis sa famille. Ainsi, l’expression “faire sa case” est-elle en Guadeloupe synonyme d’émancipation. Établir sa case est un acte dont la signification sociale est importante, elle préside à l’entrée dans la société des adultes”32. Dans la société de l'époque, le fait de construire une case était un engagement qui faisait allure de contrat qui établissait le couple comme étant officiel aux yeux de la société et vis-à-vis d’eux-mêmes. Aux rythmes de la musique, l’homme construira sa maison grâce au “coup de main”. Le maître de la future maison se fera aider par le voisinage et la famille en échange d’un repas ou d’une collation. C’était une occasion de réjouissance pendant le week-end et en fin de journée où tout le monde travaille en cadence et de manière soutenue. Ces chantiers collaboratifs font, jusqu’à aujourd’hui, partie de la culture antillaise mais concernent plus les finitions de la maison​ q​ue le gros-œuvre.

31 32

​BERTHELOT​ ​Jack, GAUME Martine​, ​Kaz antiyé jan moun ka rété, L’habitat populaire aux Antilles, ​p. 14 Idem​,​ ​p. 77-78 26


2) Les débuts de l’acculturation architecturale 2.1 De la pério​de postcoloniale à aujourd’hui a)

L’architecture moderniste et internationale aux Antilles

Selon Jean Doucet, architecte et écrivain, “l'existence en Martinique d'une architecture moderniste, basée sur le béton, peut surprendre, tant on associe plutôt cette île à son passé colonial et à ses constructions en bois. Les Antillais se sont approprié cette nouvelle architecture, qui a investi aussi bien les bourgs que les campagnes, l'habitat populaire que les bâtiments publics. Avec audace et inventivité, ils ont su créer une forme originale du modernisme, caractéristique de ces terres américaines.” Charlotte de Charette, docteur en Histoire de l’Art, explique que “l’architecture du XX​e siècle occupe une part importante aux Antilles, en raison de son histoire, des destructions cycloniques et des dommages sismiques. Entre les années 1930 et les années 1960, on assiste à une pénétration des idées du Mouvement Moderne dans les îles caraïbes. Cette architecture savante s’adapte aux conditions locales, et se mêle aux références vernaculaires. Cela aboutit à une forme originale de modernisme, audacieux et inventif, que l’on rencontre aussi bien dans l’habitat populaire que dans les bâtiments publics”. Cependant, même si architecturalement elles sont intéressantes, ces œuvres restent néanmoins peu ​adaptées a​ux séismes et au climat tropical humide. Mais les influences Outre-Atlantique ont influencé le changement par rapport à la lumière, l’hygiénisme traduit par l’omniprésence de la lumière dans les logements est en total désaccord avec le milieu caribéen. En milieu tropical, il faut se protéger de la lumière et la filtrer. Les maisons sur pilotis en béton sont devenues courantes du fait du rétrécissement des parcelles habitables. Les demeures sont élevées au premier niveau par des pilotis en béton. Le bas de villa devient un espace de vie complètement ouvert, où le père répare sa voiture, les enfants jouent, les femmes s’y reposent et étendent le linge. Et qui dans le futur pourra se transformer en studio, en garage ou en dressing. Les toits plats permettent de venir y créer une extension dans le futur. Jérôme Nouel pense, cependant, que les villas sur pilotis sous sujettes aux glissements de terrain. Souvent construites de façon empirique, ces maisons peuvent creuser la tombe des habitants en cas de gros séismes. En effet, ces pilotis sont très souvent sous dimensionnés, peu contreventés, et soutiennent un poids considérable en béton. Aux Antilles, il est très fréquent de voir des amorces ferraillées en tête de toit afin d’y créer le moment venu un second niveau. L’architecture internationale composée de murs rideaux est juste une pure aberration en zone tropicale humide. La viabilité du lieu est liée à la présence d’une climatisation artificielle. L’effet de serre est garantie. De plus, cette architecture, vue et revue dans les quatre coins du monde, est malsaine pour les habitants des lieux tropicaux, à cause des chocs thermiques observés, et les consommations électriques récurrentes.

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Fig. 20 : Tour Lumina, premier gratte-ciel en Martinique (Source : Thibaud Duval)

b) Un néo-régionalisme créole Elle mime les codes et les décors de l’architecture antillaise, tout en ayant les codes du Mouvement dit Moderniste. Marc Jalet pense que la seule réaction qui s’est fait sentir à la fin des années 80, se fit à travers le style néo-régionaliste, qui cherchait à adoucir l’architecture brute réalisée dans les années 60, car même en France, cette architecture régionaliste est soutenue par de fortes revendications culturelles et identitaires. Le néo-régionalisme vient en réponse à l’internationalisation d’une architecture similaire peu importe le contexte dans lequel elle s’inscrit. À la fin du millénaire, beaucoup d’architectes ont réduit le mode de vie créole au contexte climatique afin d’apporter une réponse mais sans critiquer les matériaux utilisés. C’est ainsi, qu’est apparue une architecture moderniste incorporant par la suite un décor créole. “À l’exception de quelques gestes soucieux d’une écriture soignée, c’est un véritable catalogue des produits dérivés de l’aluminium et du métal qui s’effeuille dans la périphérie de l’agglomération pointoise. Des boîtes d’acier, toutes conçues sur le même modèle mais habillées différemment, sont érigées dans des délais record en effleurant à peine les cibles de la qualité environnementale. Des « immeubles-îlots » ont fait disparaître l’échelle humaine de la parcelle. Ce nouveau type d’aménagement stigmatise le territoire guadeloupéen au risque de nous acclimater à une expression architecturale dont la rentabilité reste le critère principal.”33 La villa en dur prend le pas sur la case qui est souvent détruite au profit d’un bâti plus dur et plus résistant, issue d’une tabula rasa, Jérôme Nouel, architecte en Martinique, pense que c’est une architecture novatrice du fait qu’elle ait pris un contre-pied aux antipodes de la case. Selon lui, “la case était trop petite, la villa sera trop grande avec un labyrinthe de couloir, de nombreuses salles d’eau et surtout un ou deux niveaux de sous-sols, destinés en général à la location. [...] La villa mettra en oeuvre le maximum de béton, symbole de la solidité. Habiter une maison en dur est un signe de promotion sociale, le bois étant considéré comme peu fiable.”34 Ces maisons sont construites en béton, matériau qui, à cause de son inertie, thermique absorbe la chaleur qui la redistribue pendant la nuit, et pour contrer cet effet, la climatisation devient un 33 34

​ JALET​ ​Marc​, ​100 ans de patrimoine​ ; ​Un autre regard sur l'architecture en Guadeloupe​, septembre 2013, ​p. 7 ​NOUEL​ ​Jérôme​, ​Album architectures martiniquaises​,​ ​Éd. Atelier Martiniquais d’Architecture Tropicale, 2016, ​p. 203 28


élément incontournable. Par ailleurs, les ouvertures sont souvent sous dimensionnées et mal situées provoquant une faible ventilation naturelle.

Fig. 21 : Villas en dur aux Antilles (Source : Jérôme Nouel)

De plus, la maison de style créole prolifère de plus en plus dans les quartiers résidentiels. Comme à l’échelle d’une ZAC (zone d’aménagement concerté), en France, qui est très spécifique d’une région en créant une architecture normée similaire d’un quartier à un autre en fonction des lieux d’implantation. Les Antilles françaises voient pousser des lotissements au style néo-régionaliste de type créole. Elle se définit par la présence d’un toit de tôle à quatre pans, compact de forme carrée, composée d’une galerie d’angle, de fenêtres à petits carreaux. Les garde-corps sont en croisillons, et les fanfreluches en plastique imitant les décorations des maisons coloniales apparaissent comme pastiche et n’apportent rien à la qualité spatiale du bâti. C’est une imitation pauvre acceptable aux yeux des habitants. Le plus triste c’est qu’elles sont vendues par les constructeurs de maisons individuelles comme étant créoles et parfaitement intégrées au paysage antillais.

Fig. 22 : Villa de style “créole” (Source : Soizic Duval)

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c)

Une période plurielle

Notre atout comme terre touristique a encouragé les architectes à jouer la carte de l'authenticité “doudouiste”. Il est à noter que cette architecture est pratiquée par des architectes métropolitains qui ne connaissent ni le lieu, ni la culture. C’est aussi, un fait lié à la défiscalisation qui continue de créer des problèmes aujourd'hui. De plus, le phénomène de durcification débuta en 1960. En effet “dans l’imaginaire collectif martiniquais la case est un logement de pauvre. Aussi, dès qu’elle en a les moyens, une partie de la population éprouve-t-elle le besoin de s’émanciper par la « durcification ». À partir de la seconde moitié du XX​e siècle, l’augmentation du niveau de vie accentue la transformation du paysage rural : de la maisonnette on passe à la maison individuelle construite en béton armé. Ce changement introduit une mutation du mode d’habiter et plus généralement du paysage martiniquais. Les rapports entre villes et campagnes sont profondément transformés ; force est de constater que depuis quelques années, on peut difficilement parler d’un habitat proprement rural, en ce sens qu’il n’y a pas de différence dans la manière de construire en ville et à la campagne.”35 Il y a eu une occidentalisation de nos modes de vie. Dans les années 80-90, le parc immobilier monte en gamme grâce à l’arrivée des premiers ascenseurs, des terrasses dans les logements sociaux, qui n’étaient pas présents au départ dans le logement social antillais. Durant cette période, les architectes ont une signature stylistique très reconnaissable. Et il est possible de reconnaître les agences sans se tromper, par rapport aux codes utilisés. ​Il y a beaucoup de problèmes sociaux et sociétaux qui touchent nos îles et qui entravent la bonne santé architecturale antillaise, notamment en termes de foncier qui manque de plus en plus. En effet, tout le monde veut devenir propriétaire de résidentiel. Les Antilles françaises ont une forte densité, l’une des plus fortes de la Caraïbe. Nos réglementations françaises doivent s’appliquer à un contexte totalement différent. En conclusion, le tra​vail de reconstruction tant architecturale que collective doit commencer, urgemment. 2.2 L’état actuel “Les ventes de ciment sont au plus bas depuis 37 ans ! La mise en chantier des logements est en chute de plus de 40 % par rapport à 2008 ! Il faudrait construire 1200 logements sociaux chaque année ; on n’en construit que la moitié ! L’emploi dans le secteur du BTP s’effondre”, c’est ainsi que ​Contact Entreprise commence par décrire l’état des lieux en Martinique. En Guadeloupe, les chiffres sont équivalents. Aux Antilles Françaises, le monde du BTP est en crise ! Avec une commande publique en panne, une chute de la construction de logements, et une consommation des fonds européens particulièrement médiocre, les problèmes antillais sont forts nombreux. La quantité de béton utilisé depuis 1980 est révélatrice d’un ralentissement de la construction aux Antilles. Les chiffres représentent, ici, le poids de béton coulé en Martinique. En 1980 : 169.000 tonnes ; en 1982 : 183.000 tonnes ; en 1988 : 239.000 tonnes grâce à la durcification et la défiscalisation ; puis en 1991 : 286.000 tonnes. Le maximum est atteint cette année-là. En 1995 : 210.000 tonnes puis en 2008 : 261.000 tonnes ; 2009 : 200.000 tonnes dues aux mouvements sociaux. 2013 : 171.000 tonnes (crise BTP) ; 2014 : 182.000 tonnes (travaux CHU et TCSP) ; 2015 : 179.000 tonnes ; 2016 : 164.000 tonnes ; puis finalement 2017 : 158.700 tonnes. Cependant, le livre intitulé ​Quand le BTP va, tout va - ​Construire la Martinique de demain​, édité par Contact Entreprise​ apporte des solutions afin qu’une relance de la construction soit rendue possible : - Posséder une politique audacieuse d’équipement autours de grands projets structurants ; - Penser le tourisme comme l’avenir de la Martinique. 35

​DENISE Christophe​, ​Une histoire évolutive de l’habitat martiniquais,​ In Situ, 2004, mis en ligne le 19 avril 2012, [consulté le 4 février 2019] 30


Néanmoins, il faudrait aussi penser à la notion de la réversibilité des hôtels. Les ruines, laissées à l’abandon par des gestionnaires peu scrupuleux, sont communes aux Antilles. Penser le devenir des hôtels, après une faillite, la réversibilité hôtelière serait intéressante pour les collectivités, penser des hôtels plus petits et multi-usages. - La relance du logement social. Selon Marc Jalet, il faudrait construire l’équivalent d’une commune de la taille de 8000 habitants en logement social pour abreuver les besoins guadeloupéens en termes de logement​, sur une durée de dix ans. La Martinique est proche de ce constat et une relance du logement social serait impérative. ​Contact Entreprise stipule que cette future production devra être compatible avec la structure financière et humaine des entreprises locales. Nos problèmes sociologiques politiques et notre économie au ralenti jouent sur la santé du monde du bâtiment. Ces enjeux influent directement sur la qualité architecturale de nos édifices. Un contexte morose génère une architecture morose surtout quand s’y ajoute la notion de valeurs culturelles en transition. 2.3 Une acculturation voulue et acceptée Le paradoxe est gigantesque. Les étudiants antillais en architecture, venant faire leurs études en France, sont conditionnés et bridés dans un savoir-construire qu’ils ne pratiqueront plus jamais après leurs études s'ils retournent aux Antilles. Au début de leurs études, ils viennent avec une culture et intègrent une autre qui n’est pas la leur. Ensuite, pendant des années, ils sont formés à un élément auquel ils n’ont jamais été confrontés assez longtemps pour l’apprivoiser et le comprendre. Ils apprennent une façon de penser un type d’architecture propre à la région où ils étudient. Admettons, cependant, que cela est fort enrichissant car l’ouverture au monde est très stimulante et permet d’acquérir une culture, une réflexion sur le monde mais aussi sur notre pays, précédemment quitté. Ce qui fait notre faiblesse fait aussi notre force, nous avons le pouvoir de jouir d’une double-vision, d’une double-culture. L’architecte doit être un traducteur qui doit s'adapter aux besoins, et cette richesse durement acquise nous permet de devenir de meilleurs concepteurs afin de comprendre les besoins de nos futures maîtrises d’ouvrage. Néanmoins, le risque, qui s’avère être une réalité, c’est de voir de jeunes concepteurs revenir au pays, et construire comme ils ont appris, c’est-à-dire de faire une sorte de ​copier/coller d’​une architecture tempérée dans un contexte différent aux antipodes de leur culture originelle. Un jeune architecte formé en Métropole désapprend une façon de vivre qu’il a connue au profit d’une autre pour le besoin de ses études. Toutefois, à son retour, il devra en quelque sorte adapter ses notions apprises en les mettant ​au service d’un contexte social, sociétal et climatique différents. Le plus aberrant, c’est que durant leur formation, le parasismique, l’anticyclonique et le bioclimatisme en milieu tropical ne sont point abordés. En définitive, à la fin de nos études, nous, jeunes architectes antillais, ne sommes pas armés aux défis tropicaux et devront apprendre sur le tas. C’est une forme d’acculturation intellectuelle qui se produit de façon internationale en voulant reproduire partout la même chose et de la même façon ! Par exemple, tous les projets architecturaux de grande ampleur sont pensés par des architectes métropolitains, qui le plus souvent n’ont jamais mis un pied aux Antilles, et qui s’escriment à faire une architecture hors contexte de style international. Prenons l’exemple de la Martinique, avec notamment la Tour Lumina qui est l’un des plus grands gratte-ciels de la Caraïbe, qui a été conçue par un cabinet à Annecy, puis le plateau technique du CHUM (Centre Hospitalier Universitaire de Martinique), principal hôpital en Martinique, a été conçu par une agence parisienne, ainsi que la ​Cour d’appel ​dessinée par un célèbre architecte parisien. Ainsi, selon Philippe Zourgane, architecte réunionnais et co-fondateur de l’agence RozO, cela se traduit “par une séparation des tâches imparables : le petit bâtiment revient au quidam local, celui de prestige échoit à une agence parisienne, connue si possible, qui trouvera des relais avec les grosses agences locales” de l’île où s’inscrit le projet. Par conséquent, on assiste à la réalisation de projets, certes très 31


novateurs, mais peu adaptés dans les contextes climatique et social dans lesquels ils s’inscrivent. Nous verrons du béton coulé à profusion, des boîtes de verre qu’il faudra refroidir, etc. Il faut une fois de plus nuancer le propos, car nos structures sont trop petites et mal organisées. Les architectes antillais sont généralement très individuels, et craignent de voir le concurrent reprendre le style de leurs confrères. Il faut cependant reconnaître de très beaux projets tels que le Centre Jean-Marie Tjibaou, à Nouméa, pensé par Renzo Piano, architecte italien mondialement connu, ou le rectorat des Antilles-Guyane pensé par Christian Hauvette, architecte parisien avec la collaboration de Jérôme Nouel. Ainsi, il faut que tout architecte qui travaille sur un site aux Antilles s’imprègne de la culture du lieu, de son génie. L’acculturation émerge quand un architecte produit un édifice qui oublie le lieu. C’est d'autant plus grave quand le peuple, qui vit le lieu, accepte ce dernier sous prétexte d’une avancée quelconque. L’acceptation de cette acculturation est un génocide des modes de vie des habitants. Néanmoins, la frontière entre ce phénomène et le progrès est mince. Le progrès peut-il changer les façons d’habiter d’une populatio​n ? ​Le cas échéant, nous oblige-t-il à vivre en rupture totale avec notre environnement et notre histoire ? 3) Vers un processus de créolisation de l’architecture Marc Jalet, architecte célèbre aux Antilles, explique dans un essai sur le patrimoine antillais, qu’il est inutile de censurer aucune écriture architecturale présente aux Antilles, que ce soit le vernaculaire, le style colonial, le modernisme, le brutalisme, le néo-régionalisme ou les prémisses d’une architecture contemporaine caribéenne. Chaque style a essayé d’apporter des réponses précises à des questions précises lors de moments historiques donnés. Maintenant, au courant de ce passé, les concepteurs doivent se poser comme des créateurs intelligents et dessiner des projets qui intègrent “une identité respectueuse du passé, nourrie tant par le versant immatériel de nos cultures caribéennes, que par la richesse des notions d’ancrage, de ruse, de détour, de déséquilibre maîtrisé, et d’écologie intelligente. Présentes dans notre architecture vernaculaire, elles se sont estompées au fil du temps. L’utilisation d’énergies renouvelables intarissables sous nos latitudes (eau, vent, soleil), comme notre gisement insoupçonné de matériaux de construction, sont les facteurs essentiels, de cette nouvelle écriture.”36 L’auteur illustre une célèbre maxime de Paul Valéry disant que “la véritable tradition dans les grandes choses n’est pas de refaire ce que les autres ont fait mais de retrouver l’esprit qui a fait ces choses et qui en ferait de tout autre en d’autres temps.” M. Zourgane exp​lique, quant à lui, sa vision d’une créolisation architecturale à la Réunion, île français​e au sud d​e l’Afrique : “Nos projets explorent une redéfinition de l'architecture à partir du monde tropical. Si l'architecture est une activité intellectuelle à part entière, alors sa singularité toujours renouvelée, sa capacité à se régénérer en permanence produit des œuvres qui inventent toujours de nouvelles stratégies capables de faire face aux nouveaux défis. Les nouveaux défis du XXI​e siècle, à savoir le passage à un monde globalisé, multilatéral et postcolonial est une opportunité à saisir [...] à regarder par delà le système dominant.​”37 L’idée est de prendre acte du passé. Nos prédécesseurs ont compris petit à petit le territoire et ses besoins. Ils ont répondu à des questions et cela a créé d​’autres problématiques auxquelles nous devrons répondre à un moment donné, engendrant ainsi d’autres interrogations que les générations futures auront à résoudre. Notre architecture n’apportera pas toutes les réponses à toutes nos questions. Cependant, si nous prenons acte de l'émergence de nos enjeux actuels et si nous y intégrons les fondations de notre contexte passé en tant que mémoire de réussites et d’erreurs, nous pourrons alors construire une architecture tropicale créole propre au bassin caribéen qui s'émancipera vers demain. Le “process de créolisation” se définit, selon M. Zourgane, comment étant l'appui sur lequel l’architecte 36 37

JALET​ ​Marc​, ​100 ans de patrimoine​ ; ​Un autre regard sur l'architecture en Guadeloupe​, septembre 2013, ​p. 8 ​LERAY Christophe​, ​RozO, ou l'architecture créole décomplexée​, le courrier de l’architecte, novembre 2010, [consulté le 12 février 2019]. 32


s’inspire d’un savoir-faire - local et ancestral, et qu'il “​radicalise”​ pour mettre en exergue les qualités architecturales d’un projet. En définitive, l’architecture créole de demain devra s'intéresser, comme l’agence RoZo le fait déjà, à la notion d'interface “construit/pas construit”, à la place du paysage créole. Mais aussi, au génie écologique et bioclimatique aidé par la compréhension vernaculaire passée et assistée par la technologie acquise de nos sociétés dans l’habitat tropical contemporain. Et, finalement, restaurer notre écosystème naturel et social. Mettons un bémol à ce terme de créolisation de l'architecture, car cette notion peut devenir un effet de mode qui n'aiderait pas à résoudre nos problèmes. Il faut s’éloigner d’une nouvelle forme d’idéologie architecturale. En effet, il faudra avant tout, et peu importe le nom que ce processus aura dans le futur, redonner la notion d’appropriation aux habitants afin de répondre aux questions et aux attentes des Antillais. Incontestablement, nous sommes dans une époque de transition, mais qui pour les architectes interrogés n’a pas d'identité, de frontières définies et ce à cause de l’entrechoquement de plusieurs paramètres. D’une part, il y a un léger sursaut des mœurs compte tenu des enjeux climatiques, sociaux et sociétaux, et d’autre part l’urgence, l’échéance et la durée. Et enfin, nous avons sur nos territoires la présence de deux logiques économiques totalement différentes, qui s’entretiennent l’une l’autre, selon Marc Jalet. D’un côté, “une sphère économique fragile qui s’est enrayée avec le déclin de notre industrie sucrière. Elle se caractérise par une économie souterraine informelle et non fiscalisée. La débrouillardise, relayée par le traditionnel système d’entraide (​koudmen​), reste vitale pour une bonne partie de la population”38. Et d’un autre côté, la présence d’un “système social à l'image de ceux des pays développés d’Europe, offrant [...] une régulation du niveau de protection sociale grâce à des institutions nationales performantes”39, assurant un niveau de consommation digne des pays développés. La pauvreté n’est pas un indicateur absolu de sous-développement et la présence de bons équipements ne traduit pas un processus de développement durable. “Nous bénéficions d’une impulsion économique au sein de laquelle des opportunités de financement à saisir n’assurent pas forcément un développement maîtrisé durable [...] Nous subissons un certain surrégime traduit par une forme de surdéveloppement résultant de la désynchronisation de 3 rythmes [...] l’urgence, l’échéance et la durée.”40 Tous les architectes le disent, et nous en voyons les prémices lors de nos études d’architecture, nos sociétés veulent tout maintenant, dans un espace-temps uniformisé perpétuel. “L’urgence nous force à l’adoption immédiate et imprudente des modèles de l’acculturation. Du fait d’un prétendu retard qui pousse au rattrapage, l‘urgence a instauré un mode d’agir qui a valeur de consentement.”41 L’urgence de nos situations insulaires ne doit pas laisser place à la précipitation, car cette donnée amène très vite à l’échéance. Elle fixe un cap durant une période précise, et met la pression sur les concepteurs. C’est impossible d’apporter des solutions à nos problèmes actuels en cinq ans. C’est inconcevable de produire un projet qui répondra aux enjeux sur une courte période de temps, car le retard se fera toujours ressentir et s'accentuera. “Un processus urbain n’a pas d’échéance. Il doit s’imaginer comme une performance collective partagée à poursuivre dans le temps.”42 Même au niveau rural, il ne faut pas faire l’erreur de l’échéance. Ce qui questionne, en dernier lieu, c’est la durée. Marc Jalet identifie deux temporalités dans la vie d’un bâtiment, sa durée de mise en oeuvre et sa durée de mise en marche dans un processus de développement, qui préside à un but d’insertion dans un processus. “En Guadeloupe, le rattrapage exigé nous impose d’accomplir durablement, mais dans l’urgence, des actions que des pays européens ont mis ​JALET Marc​, ​L'urgence, l'échéance, la durée,​ Éd. Archibooks & Sautereau 2009, p. 48 ​Idem 40 ​Idem 41 ​JALET Marc​, ​L'urgence, l'échéance, la durée,​ Éd. Archibooks & Sautereau 2009, p. 49 42 ​Idem 38 39

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plusieurs dizaines d’années à réaliser. L’urgence, l’échéance et la durée convoquent des temporalités antagoniques que nous devons manipuler subtilement pour aménager durablement.”43 Le défi idéologique de notre architecture caribéenne aux Antilles françaises sera un point central des concepteurs de demain. Entre retard, pression, et législation peu adaptée à notre situation, il nous faudra jongler avec un contexte exigeant et une forte quête identitaire. Comprendre le passé, repenser les bases, s’inspirer d’hier, analyser aujourd’hui, pour mieux faire demain, là est notre défi. 4) Un mode de vie insulaire 4.1 L’art d’être antillais, entre vent, mer et terre Comprendre le mode de vie antillais, c’est comprendre une partie de notre passé architectural, mais c’est surtout comprendre les atouts, et les freins du mode de vie qui influencera l’architecture antillaise bioclimatique de demain. Devenir antillais, c’est possible mais naître antillais c’est encore mieux. Grandir là-bas, c’est pouvoir vivre avec la nature en produisant sa propre alimentation. Il y a toujours cette culture du troc. Vivre dans les Antilles, c’est savoir vivre avec la mer qui nous entoure, la terre qui donne l’abri et qui nous nourrit et le vent qui nous rafraîchit et nous donne de l’énergie. En France, la population vit à l’intérieur en hiver, et s’abrite pour se protéger du soleil quand il fait très chaud. Aux Antilles, la manière de vivre est différente car nous n’avons pas de température plus basse que 20° C, nous construisons par rapport au vent et à la pluie. La protection solaire est importante mais en moindre mesure. La case et son environnement constituent un ensemble homogène. C'est pourquoi il n'est pas possible de parler de l'habitat sans montrer sa place dans le paysage antillais et la manière dont il l'a marqué. 4.2 Une vie en lien total avec le dehors Aux Antilles, il faut se protéger de la chaleur du soleil, de l’humidité de la pluie et accueillir le vent. En parlant avec des aînés originaires de la Guadeloupe et de la Martinique, ils disent tous à l’unanimité : “Autrefois, on n’avait pas chaud dans nos maisons, mais on y vivait bien et simplement”. Le constat est flagrant, aujourd’hui, nous, Antillais, avons mis de côté notre savoir ancestral en matière d’habitat. L’une des raisons principales est l’oubli des principes de base de la ventilation naturelle dans l’architecture antillaise. L’être humain avait peur du froid, il a aujourd’hui peur du chaud. Aux Antilles, par exemple, M. Nosel, professeur d’économie à l’université des Antilles, me disait lors d’une interview réalisée en juillet 2017 : “L’Antillais commence sa journée et se réveille dans la clim, prend son véhicule afin de se rendre au travail dans son habitacle climatisé, puis se retrouve la journée dans son bureau climatisé et, finalement, après une journée au frais, il va faire des courses dans son supermarché préféré qui est de surcroît climatisé et revient avec sa voiture fraîche dans sa maison froide.” Puis après il faut aller faire du sport dans une salle de fitness bien évidemment climatisée. Cet exemple, bien que tiré d’une expérience antillaise, ressemble bien à notre vie en général dans le contexte occidental actuel dans lequel nous vivons. Nous vivons dans une bulle climatique perpétuelle. En définitive, la technologie telle que la climatisation, bien que nécessaire dans certains cas, nous a coupés du milieu si précieux dans lequel les Antillais vivaient. En Europe, nous pourrions considérer la cheminée comme étant l’espace central du foyer. Cependant, aux Antilles c’est la terrasse qui fait fonction centrale de l’habitation. “Dans la majorité des ensembles construits avant les années quatre-vingt en Guadeloupe [...] la terrasse est loin d’être un espace généreux. Les critères de financement du logement social ne considèrent toujours pas cette fonction comme l’espace central du logement, alors qu’en Guadeloupe il s’agit d’un espace pivot de notre mode d’habiter.”44

43 44

​JALET Marc,​ ​L'urgence, l'échéance, la durée,​ Éd. Archibooks & Sautereau 2009, p. 49 ​JALET Marc,​ ​L'urgence, l'échéance, la durée,​ Éd. Archibooks & Sautereau 2009, p. 28 34


Le dehors que nous habitons fait partie intégrante de la vie antillaise. La vie à l’extérieur (cuisine séparée, dépendances) est une caractéristique importante de l’habitat traditionnel rural issu d’un héritage caraïbe. “Le mode de vie d’habiter antillais s’est élaboré au cours des différentes phases originales. Le mode d'habiter antillais est élaboré au cours des différentes phases d'une histoire brève mais extraordinairement riche, tumultueuse et complexe. La culture antillaise, spécifique et originale, n’est ni le carrefour ni la juxtaposition de cultures africaines et européennes comme il a souvent été dit. Le mode d'habiter antillais est une création originale, bien que restant, comme tout fait culturel, le produit d’un cadre et de conditions historiques précises.”45 4.3 Protection contre les nuisibles : Insectes, pollution sonore et atmosphérique, etc. La vie antillaise avec la présence des insectes tels que les moustiques, et certains rampants comme les scolopendres, compliquent la vie des insulaires. Les maisons très ouvertes sont sujettes à la prolifération d’insectes plus ou moins dangereux. Vivre à proximité de la nature, c’est accepter de secouer tous les jours les draps de la literie, et de traiter son logement contre les nuisibles. Se pose la question d’une maison ayant une ventilation naturelle, ouverte au vent mais aussi à la pollution sonore et aux insectes. C’est pourtant un mode de vie particulier en lien avec le contexte que les Antillais semblent avoir oublié. Selon une étude scientifique, l’air intérieur est aujourd’hui huit fois plus pollué que l’air extérieur. C’est la preuve irréfutable que l’architecture contemporaine est aujourd’hui exclue du contexte dans laquelle elle se situe. La ventilation naturelle est l’une des stratégies les plus connues et les plus usitées dans l’architecture vernaculaire des différentes régions sur la face du globe terrestre. Mais elle se voit de plus en plus concurrencée par la ventilation mécanique qui permet de se passer des bruits environnants, des nuisibles et des pannes de vent qui se produisent de temps à autre. Cependant, à l’heure où le réchauffement climatique pèse de plus en plus sur les épaules de la civilisation, il ne sera peut être plus possible de vivre dans nos “bulles climatiques” et dormir à 16° C la nuit dans nos pays tropicaux comme certains le font. Maîtriser la ventilation naturelle passera par les concessions des habitants et par l’éducation des futures générations à accepter la présence des nuisibles, ou de poussière dans les lieux habités. Des solutions existent concernant les insectes, avec des moustiquaires, et des solutions naturelles pour diminuer les intrusions, il y en aura, néanmoins, quand même. Or, les moustiquaires réduisent énormément le débit d'air. Leur mise en place réduit la ventilation de 10 à 15 %. Par exemple, un mètre carré de fenêtre avec moustiquaire ne représente en réalité qu’un équivalent de 0,85 m² d’ouverture. Se pose, aussi, la question des pollutions sonore et atmosphérique, des solutions plus techniques peuvent être envisagées. 4.4 L’habitant expert du lieu : Savoir-faire, bon sens et transmission Les habitants d’une île vivent différemment de ceux qui vivent sur un continent. Nous sommes restreints par notre limite insulaire. Nous avons le devoir de développer un sens du risque et de la conception en fonction de notre contexte. Et ces deux enjeux doivent se faire avec les concepteurs et les habitants. En effet, les habitants vivent en fonction de leur habitat. Ils connaissent l'histoire, les us et coutumes de l’endroit où ils vivent, car c’est eux qui font le lieu. Ils sont les experts du lieu. La communauté est composée de beaucoup de personnes diverses possédant des compétences différentes et des talents uniques. Ils ont des points de vue différents sur un même lieu que ce soit à l’échelle de la ville, du quartier et même de l’habitat. Les architectes doivent en tenir compte. Découvrir ces informations au début du processus de conception aidera à créer un sentiment de communauté dans le projet. Comment pouvons-nous intégrer les habitants dans le processus de conception de l’espace public ou de l’espace privé ? Les habitants ont vécu la tradition du lieu. En les intégrant dans le processus, un projet devient leur espace. Les habitants d'une ville peuvent comprendre leur identité. Ce serait intelligent de les 45

​BERTHELOT​ ​Jack, GAUME Martine​, ​Kaz antiyé jan moun ka rété, L’habitat populaire aux Antilles, ​p. 45 35


laisser créer leurs propres espaces. Ce serait bon pour eux de se sentir inclus par les architectes et les urbanistes. Les experts du lieu pourraient conseiller les habitants, en t​ermes de qualité spatiale et technique. Il faut aussi transmettre aux plus jeunes et développer une culture du savoir-vivre plus cohérente avec notre contexte insulaire et notre contexte climatique actuels. Selon le site GéoRisques​, l​a culture du risque “c'est ​la connaissance par tous les acteurs (élus, techniciens, citoyens, etc.) des phénomènes naturels et l'appréhension de la vulnérabilité. L'information des populations, et ceci dès le plus jeune âge, est le moteur essentiel pour faire progresser la culture du risque. Celle-ci doit permettre d'acquérir des règles de conduite et des réflexes, mais aussi de débattre collectivement des pratiques, des positionnements, des enjeux, etc. Développer la culture du risque, c'est améliorer l'efficacité de la prévention et de la protection. En faisant émerger toute une série de comportements adaptés lorsqu'un événement majeur survient, la culture du risque permet une meilleure gestion du risque​.” Les Antilles françaises “fon​t partie des îles les plus riches et les plus peuplées des petites Antille​s”. Ces deux Départements français des Amériques sont situés dans l’une des régions sismiques les plus actives de la planète. Le mécanisme sismogène principal est la subduction de la plaque atlantique sous la plaque caraïbe, de l’ordre de 2 cm/an. L’archipel des petites Antilles comprend un aléa sismique élevé (Westercamp et al.,​ 1980) comme en témoignent l’histoire et les études sismologiques régionales. La Guadeloupe et la Martinique sont à ce titre les seules zones classées III, de forte sismicité, par le zonage sismique réglementaire de la France. Malgré les avancées opérationnelles significatives dans les domaines de la géophysique et de la dynamique des structures, le patrimoine bâti demeure globalement vulnérable. La prise en compte du risque sismique par les élus, sa compréhension et son appropriation par la population, ainsi que l’amorce d’une volonté de bâtir, une véritable culture du risque constitue un phénomène de société très récent.”46 Cette culture ne doit pas créer un vent de panique collectif permanent qui nous empêcherait de vivre, cependant, la prise de conscience du risque sismique est une nécessité majeure pour les Antilles françaises. Il y a aussi la prévention aux risques sismiques, de tsunamis, de montées des eaux, et de brumes de sable à ne pas oublier. “Il y a urgence à compléter et pérenniser les dispositifs qui contribuent à augmenter le niveau des connaissances et réduire la vulnérabilité des populations. Ce début de XXI​e siècle bénéficie des avancées de la science et de la médiatisation des catastrophes qui frappent l’opinion. La culture du risque est en train de se construire. La fenêtre d’opportunité créée par les retombées des actions sociales menées en Martinique et par le séisme des Saintes doit être mise à profit pour favoriser l’amélioration des critères décisionnels des populations face au danger sismique. Les études menées dans le cadre du Plan national de Prévention du Risque sismique (2005-2011) contribueront également, souhaitons-le, au développement de ces politiques de terrain.”47 Il faut se préparer au pire dès aujourd’hui. Et, les futurs concepteurs antillais devront y faire face. Les façons d'habiter devront aussi évoluer, afin d’éviter la prolifération des moustiques porteurs de maladies comme la dengue, le chikungunya ou le virus du zika. De plus, l’Antillais devra faire face à des sécheresses de plus en plus fortes et longues au cours des années, comment recueillir de l’eau, faire des réserves et préserver les cours d’eau en évitant la pollution des sols, et en oubliant le gaspillage. Revenir au savoir-faire de nos ancêtres qui avaient l’intelligence du lieu et de la nature. Pratiquer une vie en adéquation avec le contexte et la technologie. L’idée n’est pas forcément de revenir à l’âge de pierre mais de réfléchir à un équilibre sain entre technologies, progrès et nature, une certaine forme de bon sens. Cela passera par certaines concessions. Encore une fois, voudrions-nous continuer à vivre comme nous le faisons aujourd’hui au détriment des futures générations antillaises ? Et, un dernier défi, opter pour la préservation du savoir-vivre antillais grâce à la transmission aux jeunes générations de ce bon sens et de cette façon spécifique d’habiter passera forcément par un retour à une certaine frugalité.

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​MAVOUNGO Joseph, BALANDIER Patricia​, ​Les Antilles françaises : entre risque sismique et stratégies locales de prévention​, Études caribéennes​, 7 août 2007,​ [consulté le 12/02/2019]. Idem 36


CHAPITRE 4 - STRATÉGIES DE CONCEPTION BIOCLIMATIQUE DANS UN ENVIRONNEMENT TROPICAL 1) La notion de conception bioclimatique 1.1 Définition du bioclimatisme Nous nous retrouvons au pied du mur. Les gouvernements successifs font et défont des accords qui permettent de colmater les crises écologiques et sociales qui s’annoncent dans un proche horizon. Ces problèmes émergent à l’échelle mondiale et même universelle. Depuis des décennies, nous avons oublié de tenir compte de l’habitat, de l’habitant et du milieu naturel. Il y eut des tentatives notamment par le Congrès international d'architecture moderne (CIAM) qui tenta de rendre nos logements plus sains et plus confortables, dans un but hygiéniste fort louable. Force est de constater que nos logements ont été grandemen​t améliorés au niveau du confort. Certains chantres de ce mouvement tels que le Corbusier ont réfléchi au contexte, en tenant compte du soleil, du vent et de la culture du pays. Il est facile de faire la digression entre mouvement moderne et le bioclimatisme, en rejetant la faute sur les architectes modernes. Cependant, dans ce mouvement, certains cas tels que “The Farnsworth House” a été désigné, par le critique espagnol Antonio Miranda, comme du terrorisme thermodynamique faisant allusion à l'impossibilité de la façade de fonctionner comme un dispositif climatique. L'architecture internationale a, très souvent, été pensée ​au détriment de la sphère du milieu naturel. Toutefois, ce n’est pas le mouvement et son idéologie le problème, c’est le fait de vouloir reproduire, quelles que soient les conditions environnementales, une architecture similaire qui pourrait être placée sous n’importe quelle latitude ou longitude. Le bioclimatisme est le lien entre principes anciens vernaculaires et av​ancées ​à la pointe de la technologie. La notion de bien-être évolue d’une région à une autre, d’un territoire à un autre. Il faut donc s’adapter. “C’est tenir compte de divers niveaux de relations entre l’habitat, l’habitant et le milieu naturel en considérant le problème de l’équilibre écologique. Nous possédons un milieu naturel, que nous devons aménager pour vivre.”48 Selon le ​Nouvel Obs​, le milieu naturel englobe l'environnement (biotope), et l’ensemble des espèces vivantes (biocénose) dans un espace, dans une niche donnée. L'architecture bioclimatique constitue le médiateur entre l’habitant et le milieu naturel, le plus souvent de manière protectrice. “Les bâtiments conventionnels ne font pas une utilisation efficace des ressources de leur milieu naturel ; au contraire, ils consomment de l’énergie et des matériaux et produisent des déchets. Les vastes installations d’approvisionnement en énergie et de gestion des déchets qu’exigent les habitations de ce genre engendrent des coûts et des problèmes environnementaux. Un bâtiment bioclimatique est complètement intégré dans les cycles de la nature et est capable de les utiliser sans causer de dommages. L’interaction des principaux cycles impliquant les éléments de base tels que le sol, l’eau, l’énergie et l’air doit être soigneusement prise en compte et intégrée dans la conception des bâtiments et des quartiers résidentiels.”49 Ainsi, l’architecture bioclimatique aux Antilles devra répondre à des enjeux sociaux, sociétaux et culturels insulaires, tout en s’adaptant à un milieu tropical humide, sujette à des températures moyennes durant l’année (32° C le jour et 24° C la nuit). Ainsi que d’une humidité comprise entre 70 % et 90 %. Elle devra aussi adopter une approche face à l'ensoleillement dont il conviendra de se protéger sans oublier pour autant de rester ouvert afin d’accueillir les alizés. Ces derniers permettront d’assurer une situation très agréable sur le plan thermique en zone tropicale : celle d’un homme sous un arbre caressé par une brise légère. La notion de bien-être hygrothermique est fondamentale dans l'architecture bioclimatique tropicale. 48 49

​KERVELLA Rozenn​, U64, ​Art de bâtir, Introduction au bioclimatisme​, 2016-2017 ​ONU-HABITAT, CONCEPTION ARCHITECTURALE DURABLE EN MILIEU TROPICAL, ​Principes et applications pour l’Afrique de l’Est​, p. 39 37


Néanmoins, de manière plus large, “l'écoconstruction ou construction durable est la création ou la réhabilitation d'un bâtiment lui permettant de respecter au mieux l'environnement à chaque étape de la réalisation, et plus tard, de son utilisation. Comment ? En optimisant les flux liés à l'énergie, l’eau, les déchets, les émissions de gaz à effet de serre et autres polluants.”50 En dernier lieu, il ne faut pas négliger le microclimat. Nous ne pouvons pas en tant que concepteur appliquer une recette pour tous les sites qui feront l’objet de notre étude. En effet, il faut tenir compte des particularités du site. Sur une île, le climat ne sera pas très différent, mais les spécificités du microclimat rendront le projet plus agréable à vivre. Il y a des enjeux locaux propres au site. Le site sera sujet à des conditions de vent (site au vent, site sous le vent), de relief, de rayonnement solaire, de température et d’humidité observables (site près d’une zone maritime, en forêt, en plaine, en montagne), le contexte construit autour du futur projet, les ombres créées par le bâti et/ou les continuités naturelles autour du site, l’orientation des vues. Ne serait-ce qu’entre la Martinique et la Guadeloupe, le soleil effectuera sa course avec quelques degrés de différence, ce qui impactera la taille des ouvertures et des ombres. Chaque projet est unique et devra faire part d’une enquête minutieuse de l’architecte afin de comprendre chaque élément qui fera du projet un édifice où il fait bon vivre. 2) Le bioclimatisme tropical : Quelles stratégies ? 2.1 Stratégies a)

L’implantation

Jean-Camille Petit stipule, de manière régulière, qu’il ne peut y avoir d’architecture bioclimatique sans urbanisme bioclimatique. La notion d’implantation du bâtiment est très importante car “la majeure partie des enjeux dont dépend une architecture bioclimatique en climat tropical se joue au stade de l’élaboration du plan de masse”.51 Aux Antilles, il faut que nos projets soient ouverts sur la nature. Ils doivent être en lien total avec le contexte et c’est, notamment, grâce à l’implantation et à l’orientation du bâtiment, qu’il sera possible d’exploiter le potentiel bioclimatique du site. Pour simplifier le problème, il est nécessaire de limiter les apports solaires et de permettre d’évacuer les charges internes par la ventilation. Voici les deux règles fondamentales du bioclimatisme tropical : Il faudra pour cela, selon l’ADEME, penser : - L’implantation et l’orientation des bâtiments seront issues d’un compromis entre la protection solaire et le captage éolien ; - La morphologie générale et l’organisation interne des espaces doivent contribuer à renforcer cette protection solaire et cette ventilation ; - L'enveloppe du bâtiment constitue l'aboutissement de cette démarche, en pensant la position et la typologie des ouvertures, afin, une fois de plus, de garantir une bonne circulation du vent et un apport de lumière naturelle satisfaisant afin de pourvoir un espace agréable. Certains architectes réfutent en bloc l’entrée de trop de lumière dans l’architecture tropicale. Comme Hassan Fathy le pense, il est primordial de penser “la disposition des pièces, pour qu’elles soient fraîches, est importante [...] L’orientation des constructions serait déterminée en partie par le soleil et en partie par le vent. Pour le soleil, la meilleure orientation, c’est de mettre l’axe principal de la construction en E-O, ce qui est un principe courant en architecture. Mais nous voulions que le vent souffle sur une surface 50 51

​ADEME​, ​Construire durable en zone tropicale humide​, formation en ligne, [consulté le 21/01/19] ​Idem 38


de murs aussi grande que possible, qu’il passe dans la maison et la rafraîchisse.”52 Aux Antilles, les alizés soufflent du Nord-Est vers le Sud-Ouest, l’idéal serait d’orienter l’édifice NE/SO, perpendiculairement au vent pour capter la moindre brise. De plus, il faudra en tenir compte dans la conception du lieu, en se demandant si l’édifice est au vent ou sous le vent.

Fig. 23 : Centre d'action des alizés (Source : Météo France)

Fig. 24 : Carte 3D du vent aux Antilles le 10 février 2019 (Source : earth.nullschool)

Fig. 25 : Zones favorables vs zones défavorables à la ventilation naturelle (Source : LIEBARD​ A​lain & DE HERDE André)

b)

Une implantation permettant une ventilation naturelle traversante indirecte

Un cas de figure courant sur les îles peut être un site trop ventilé. Jérôme Nouel, co-architecte du rectorat de la Martinique, initie une solution intitulée “ventilation naturelle indirecte”. Il stipule dans l’un de ses écrits qu’il est en effet plus délicat de maîtriser un vent trop fort que de réactiver un vent trop faible. Dans le cas où le site serait exposé à une ventilation qui engendrerait des surventes, il préconise de ne pas orienter les façades perpendiculairement à l’alizé, mais avec un angle d’incidence réduit, par exemple 15° [...] Cette orientation permet au vent en accélérant sur la façade au vent du bâtiment (l’intrados du profil) de créer une surpression ; et au vent perturbé en façade sous-le-vent (l’extrados du profil) de créer une 52

​FATHY​ ​Hassan​, ​Construire avec le peuple​, Éd. Actes Sud, 1996, p. 94-95 39


dépression. La circulation de l’air à l’intérieur du bâtiment ne sera plus directe, mais tirée par la différence de pression entre l’intrados et l’extrados.” L’historique du bâtiment prouve que la maîtrise d’oeuvre a eu raison d'utiliser cette stratégie, le bâtiment est surnommé la boîte à vent et détient le record du monde de plus de presse-papier au monde. En fait, le projet fonctionne trop bien.

Fig. 26 : Implantation du projet par rapport aux alizés (Source : J. Nouel)

Fig. 27 : Schéma d’explication intrados/extrados par rapport aux alizés (Source : J. Nouel)

Il faut mettre en parallèle les travaux en soufflerie effectués par Étienne-Jules Marey, célèbre scientifique qui, grâce à la chronophotographie, à la cinématique et à la dynamique, entreprit une publication intitulée « Vol des oiseaux » en 1890. L'interprétation de Jérôme Nouel et les travaux de M. Marey montrent une certaine corrélation. Dans ce cas ci-contre, nous voyons la formation d’un intrados qui génère une surpression et d’un extrados en dépression (formation de turbulences et de tourbillons). Cette différence de pression sera le moteur de la ventilation, c’est d’ailleurs le mécanisme de la formation du vent. Fig. 28 : Inclinaison et effet d’un obstacle : Intrados/extrados (biusante.parisdescartes)

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c) Limitation des apports énergétiques Après l’orientation du projet vient la deuxième branche majeure de l'architecture bioclimatique tropicale, il s’agit de la limitation des apports solaires. L’importance de la cour et du patio : “Quelque 40 % de la chaleur non désirée qui s’accumule dans une maison entre par les fenêtres.”53 Les dispositifs architectoniques sont divers et variés pour protéger la façade, on peut noter le recul de la façade et des débords de toiture, les réflecteurs, les pare-soleils, les matériaux réfléchissants et isolants et les parois double peau. “Sous les tropiques, c’est l’ombre qui rassemble et réunit” (​B. Stagno​). Il existe différentes façons de se protéger, qui sont courantes aux Antilles : d) La végétation L’utilisation de la végétation pour protéger les façades est un système qui fonctionne par évapotranspiration. Le feuillage d’un arbre filtre deux à trois tiers du rayonnement solaire. La présence de végétation au sol réduit également le rayonnement solaire réfléchi au sol. En effet, le béton présent aux abords d’un édifice emmagasine de la chaleur et augmente la température ressentie. Elle peut même influer positivement sur la ventilation d’un édifice :

Fig. 29 : Effet sur le vent des arbres à canopée élevée et des arbustes (Source : ONU-Habitat)

La végétation peut donc jouer le rôle de protecteur et servir de guide au vent. Dans le cas où l’arbre est situé derrière l'arbuste, il sera plus efficace pour filtrer les apports solaires et jouera le rôle de tuteur pour éviter que la force éolienne ne passe au-dessus de l’édifice et ne pénètre dans l’espace à refroidir. Un arbre avec un feuillage à 1,5 m du sol devra être situé à une distance égale à 9 m. Il faut savoir qu’une haie composée d'arbustes ou d’arbres peut être responsable d’une baisse de la vitesse du vent, jusqu’à 50 % de la force éolienne à une distance de 10 fois la hauteur de la haie. Cependant, lors d’un cyclone, ces brises peuvent se révéler bénéfiques, sauf si les arbres sont arrachés.

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​ONU-HABITAT, CONCEPTION ARCHITECTURALE DURABLE EN MILIEU TROPICAL, ​Principes et applications pour l’Afrique de l’Est​, p. 65 41


e) Pare-soleils horizontaux L’orientation des pare-soleils horizontaux dépend de celle dans laquelle ils sont implantés. Ils permettent de protéger les surfaces du rayonnement solaire et évitent ainsi aux façades d’emmagasiner de la chaleur et de provoquer une surchauffe intérieure. Dans ce cas-ci, plus le soleil est haut, plus ce système est efficace. Aux Antilles, Franck Hubert, architecte spécialisé en bioclimatisme tropical préconise fortement des pare-soleils pleins et non ceux de type pergola, c’est inefficace selon lui car il faut se protéger de toute pénétration solaire. Nous pouvons nous poser le coût et le dimensionnement de ce type de protection, il serait sûrement intéressant que ces protections aient une autre fonction. Les pare-soleils sont nombreux et sont choisis en fonction du choix du concepteur (voir ​Annexe 1​). Il est crucial d’intégrer un point fondamental aux conséquences des effets induits sur la ventilation naturelle due au pare-soleil horizontal ou auvent. La direction du mouvement de l’air est modifiée par les avancées de toiture et par la présence des pare-soleils, soit de manière positive grâce à une avancée assez haute qui augmentera le flux mais pas la direction (A), soit négativement à cause d’un auvent horizontal au-dessus d’une fenêtre qui dirige le flux vers le plafond et qui diminuera l’efficacité de l’aération (B), à noter qu’un flux dirigé vers le plafond ne produira aucun effet sur l’épiderme des habitants de l’espace.

​ ​

Fig. 30 : Influence de la présence des auvents (Source : Région Martinique, CTM)

Si l’architecte souhaite tout de même intégrer des auvents au-dessus d’une fenêtre, il devra espacer le pare-soleil en surplomb afin que le flux soit dévié à mi-hauteur.

​ Fig. 31 : Influence de la présence des auvents (Source : ONU-Habitat) f)​ ​Pare-soleils verticaux Un pare-soleil soleil vertical a pour but de protéger les murs extérieurs de l’ensoleillement direct en permettant par convection de créer une ventilation. Lors d’un ensoleillement bas, un pare-soleil horizontal est très peu efficace, la protection verticale apporte une protection totale. Il en existe trois sortes : “le pare-soleil espacé du mur d’une certaine distance subit l’influence du rayonnement solaire et s’échauffe”54, dans ce cas la lame d’air joue un rôle tampon primordial car elle va évacuer par radiation la chaleur accumulée laissant place à de l’air frais.

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​LIEBARD ​A​lain, DE HERDE André, ​Traité d'architecture et d'urbanisme bioclimatiques : Concevoir, édifier et aménager avec le développement durable​, Éd. le Moniteur, 2006, fiche 163a 42


“Dans le deuxième cas de figure, le pare-soleil est une paroi isolante et transmet donc moins de chaleur au vide d’air. Le troisième exemple illustre le fonctionnement d’un système de lattes horizontales placées devant un mur [...] Dans ce cas l’air peut entrer tout le long de la paroi et s’évacue dans sa partie haute”.55 Les pare-soleils verticaux sont plus efficaces que ceux horizontaux. Dans un cadre idéal, le concepteur peut même choisir des protections à la fois verticales et horizontales, que nous appellerons pare-soleils alvéolés (voir ​Annexe 1​). g) Ouvertures L’architecture tropicale se base sur un paradoxe fort. Pour permettre la ventilation naturelle, les espaces doivent être ouverts. Cependant, lors du passage d’un ouragan, les ouvertures doivent être suffisamment solides pour résister aux pressions exercées par le vent et les débris. De plus, il faut prendre en compte le vent et la pluie car, aux Antilles, la pluie est souvent chassante et les maisons peu adaptées au climat tropical, ne jouissant pas de protection nécessaire, obligent leurs occupants à une course effrénée dans la maison à chaque averse. L’architecture vernaculaire tropicale possède d’immenses galeries autour de la maison pour se protéger contre le soleil mais aussi la pluie. Toutes ces données influenceront grandement les ouvertures d’un édifice en zone tropicale. Les concepteurs pourraient être tentés d’ouvrir à 100 % les façades exposées et sous exposées pour permettre une ventilation traversante totale grâce à des baies vitrées. Lors d’événements cycloniques, les fenêtres, ainsi que les baies vitrées “risquent une rupture des vitrages ou des fixations au gros-œuvre ou encore une rupture liée aux projectiles.” Sans oublier les séismes qui ne jouent pas en faveur de grand mur rideau, non plus. La première solution serait d’​ouvrir les façades de façon à ce que les ouvertures représentent 25 % d’au moins deux parois extérieures. Cependant, quel type de fenêtre est le mieux adapté au contexte tropical humide ?

“Les ouvertures doivent être grandes, pour permettre une ventilation naturelle. Il est préférable de les concevoir plus larges que hautes. Tous les types de fenêtres n’ont pas une ventilation naturelle semblable. Les meilleures fenêtres sont celles dont la surface ouverte efficace (aussi appelée perméabilité) est réglable au maximum, telles les fenêtres à battants, à jalousie et à auvent.”56.

​ Fig. 32 : Types d’ouverture efficace (perméabilité) en pourcentage de la surface de l’ouverture (Source : ONU-Habitat)

​ONU-HABITAT, CONCEPTION ARCHITECTURALE DURABLE EN MILIEU TROPICAL,​ P ​ rincipes et applications pour l’Afrique de l’Est​, p. 65 56 ​Idem 55

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En deuxième lieu, c’est le fait de vivre sans vitre. Cela peut choquer, mais aux Antilles les logements sont très peu vitrés. Nous vivons avec des fenêtres sans vitre composées de persiennes ou de stores à pales en bois. Tout au long de l’année, la maison étant ouverte, elle reste très ventilée. Cependant, il faut doter ces fenêtres de protections nécessaires afin d'éviter toutes fuites ou d’ensoleillement.

Toutefois, les fenêtres pivotantes et fenêtres à lames mobiles doivent être placées de façon à orienter l'air vers le bas de la pièce. Ce qui est contradictoire avec les infiltrations d’eau, si l’ouvrant n’est pas protégé en partie haute. Lors de cyclones, ce type de fenêtre laisse passer des filets d’air, ayant pour effet de diminuer la pression sur la fenêtre et éviter l’explosion de celle-ci.

Fig. 33 : Photographie d’une porte-fenêtre d’une case en Martinique (Source : Thibaud Duval)

2.2 Qu’est-ce que le confort thermique en zone tropicale ? Avant de comprendre les enjeux du confort thermique, il nous faut parler de la notion de confort général, car il existe un lien de cause à effet entre les autres types de confort et le confort thermique recherché en milieu tropical humide. “L’obtention de ce type de confort par ventilation naturelle est donc confronté à la résolution des problèmes liés aux cibles de : -

Confort acoustique (bruits extérieurs, voisinage, recherche d’intimité acoustique) ; Confort visuel (protection contre les apports solaires, intimité) ; Qualité sanitaire des espaces (gestion des nuisibles).

En climat tropical humide, la notion de confort est bien différente de celle de la métropole. Aux Antilles, la gamme de confort s'établit en air calme à une température comprise entre 20° C à 28° C. Les contraintes sont nombreuses, et l’architecte devra réfléchir aux différents compromis à faire entre protection solaire, éclairage naturel, intimité, hygiène et vue car tous ces paramètres influenceront grandement le confort ressenti par les usagers du futur édifice.

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“Le concept de confort thermique peut être caractérisé, pour un individu donné, par l’état de satisfaction avec les conditions d’environnement thermique.”57 À ces températures-là, des vêtements légers et une activité réduite durant les heures les plus chaudes de la journée sont nécessaires. Pour atteindre un certain confort thermique, il faudra intégrer que la ventilation d’un espace intérieur obéit à : -

Taux de renouvellement de l’air (renouvellement à hauteur de 20 volumes/heure) ; Évacuation des calories de l’espace ; Création de courants d’air intérieur, avec des vitesses comprises entre 0.5 et 1.5 m/s, qui permet d’augmenter les échanges entre le corps humain et l’extérieur.

La notion d’agitation est fondamentale, en se jouant de la nature fluctuante des écoulements d’air, qui a pour effet d’augmenter l’efficacité des échanges thermiques de la peau vers l’extérieur. Ainsi, la température ressentie sera réduite. “Pour une valeur moyenne de vitesse d’écoulement de 1 m/s (fluctuations entre 0.5 à 1.5 m/s) la température ressentie se trouvera réduite de 4° C par rapport à la température ambiante. En ordre de grandeur, si l’on regarde pour ces vitesses de transit les taux de renouvellement d’air associés, on obtient des valeurs de renouvellement d’air de 60 volumes/heure (et plus).“58 L’être humain est une machine thermique qui évacue de la chaleur produite par son corps (100 Watt en général). “L’organisme peut être représenté comme un noyau central producteur de chaleur entouré par une enveloppe dont la capacité en tant qu’isolant thermique peut varier. La peau échange de la chaleur avec le milieu ambiant et le sens et l’intensité de ces échanges dépendent de la température de l’environnement et du pouvoir d’isolation thermique de la peau. “Il existe quatre modalités d’échange de chaleur entre la peau et le milieu environnant : la radiation, la convection, la conduction, et l’évaporation. La thermorégulation représente l’ensemble des processus permettant à l’homme de maintenir sa température interne dans des limites normales quel que soit son niveau métabolique ou la température du milieu ambiant. Elle repose sur un équilibre constant entre les apports et les pertes de chaleur. C’est l’hypothalamus qui est le centre de contrôle de la thermorégulation” (Source : ​Biologie de la peau​). Cette chaleur est évacuée par l’intermédiaire de quatre phénomènes physiques : - 35 % par convection (échanges thermiques entre la peau en contact avec l’air ambiant en mouvement) ; - 34 % par rayonnement thermique avec l’environnement ; - 1 % par conduction (contact des pieds avec le sol) ; - 24 % par évaporation : La sueur produite à la surface de la peau s’évapore sous forme de vapeur. Ce changement d’état nécessite de la chaleur qui est prise au corps de l’individu en le refroidissant. C’est une sorte de climatiseur biologique pour équilibrer nos échanges thermiques. Ainsi les pertes thermiques du corps humain dépendent de six paramètres physiques tels que le métabolisme, l’habillement, l’humidité, la vitesse de l’air, la température de l’air et la température des parois.

57 58

​GAILLARD Ghislain,​ ​La ventilation naturelle en milieu tropical humide, le confort dans l’habitat individuel​, 2013, p. 27 ​ADEME​, ​La ventilation naturelle en pratique​, p. 6 45


Fig. 34 : Équilibre thermique du corps humain (Source : Ademe)

a)

Notion de confort thermique : Diagrammes bioclimatiques

Il existe deux diagrammes bioclimatiques bien connus dont celui d’Olgyay et celui de Givoni. Victor Olgyay a créé, en 1950, un diagramme aidant les concepteurs à choisir les meilleures stratégies de conception. Ainsi, le tableau est constitué de deux données, l’humidité en % sur l’axe des abscisses et la température sur l’axe des ordonnées. “Le diagramme bioclimatique d’Olgyay est un simple outil d’analyse du climat d’un lieu donné. Il indique les zones de confort humain à partir de la température et de l’humidité ambiantes, de la température radiante moyenne, de la vitesse du vent, du rayonnement solaire et du refroidissement par évaporation. Si ce point se trouve dans la zone de confort, alors les conditions sont confortables. Pour tout point se trouvant hors de cette zone, des mesures correctives doivent être prises pour restaurer la sensation de confort.” Exemple : Si nous mesurons une température du thermomètre sec de l'ordre de 25° C et une humidité relative de 50 %, le point se trouvera dans la zone de confort, l’espace sera agréable à vivre. Si le point se trouve en dessus, de cette zone, il faut refroidir l’espace en accélérant l’air ou en utilisant la ventilation artificielle. Si, au contraire le point se situe au-dessous de la zone, il sera nécessaire d'utiliser le chauffage. Ainsi, ce diagramme bioclimatique permet de comprendre les conditions d’obtention du confort à un moment donné. Le taux moyen d’humidité, aux Antilles est de 70 à 80 %. Une maison humide engendre beaucoup de désagréments, quant à la solidité du bâti et à la santé des habitants. En effet, elle encourage la recrudescence des ​acariens et des moisissures, ce qui accroît le risque allergique. Aux Antilles, ce risque est même la première cause d'insalubrité pouvant ainsi affecter le confort de l’habitat. Nous privilégierons un espace ventilé naturellement, une bonne mise en oeuvre des choix constructifs et des matériaux. L’humidité est un élément à ne surtout pas négliger dans la conception d’un projet en zone tropicale car elle influencera grandement le confort souhaité par l’habitant.

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​ Fig. 35 : Diagramme bioclimatique d’Olgyay (Source : ONU-Habitat)

En deuxième lieu, Givoni mit au point, en 1969, un deuxième diagramme bioclimatique pour pallier les manquements du diagramme d’Olgyay. Dans son diagramme, Olgyay “utilise comme base un diagramme psychrométrique sur lequel sont tracées les données de température et d’humidité (mensuelle, journalière ou horaire) pour un site donné”59 sur la base des conditions climatiques extérieures. Le diagramme de Givoni comprend six zones associées à des stratégies de conception passive (fig. 3.2-2) : -

la zone de confort (zone 1) ; la zone d’aération naturelle (zone 2) ; la zone de refroidissement par évaporation (zone 3) ; la zone de masse thermique élevée (zone 4) ; la zone de masse thermique élevée et ventilation nocturne (zone 5) ; la zone de chauffage passif (zone 6).

​ 59

Fig. 36 : Diagramme bioclimatique de Givoni (Source : ONU-Habitat)

​ONU-HABITAT, CONCEPTION ARCHITECTURALE DURABLE EN MILIEU TROPICAL, ​Principes et applications pour l’Afrique de l’Est​, Éd. Programme des Nations unies pour les établissements humains, 2014, p. 40 47


2.3 La ventilation 2.3.1 La ventilation naturelle L’air, la terre, le feu et l’eau ont un point au commun, ils nous sont tous vitaux. Sans ces éléments, point de vie. Le principe même de l’architecture dans les pays occidentaux est de se protéger du froid en hiver et de la chaleur en été, puis de s’abriter de la pluie et de se protéger du vent parfois glacial. Aux Antilles, le contexte est différent. Il faut se protéger de la chaleur du soleil, de l’humidité et accueillir les alizés qui “sont des vents de secteur est-nord-est dominants, générés par des zones de fortes pressions anticycloniques (anticyclone des Açores) en direction des basses pressions équatoriales. Ils soufflent de façon croissante pendant la matinée et décroissante pendant l’après-midi pour tomber le soir. Les cas de vent d’ouest et sud sont rares et de très courte durée lors de la saison sèche.”60 Le constat est flagrant, aujourd’hui. Les Antillais ont mis de côté leur savoir ancestral en matière d’habitat. L’une des raisons principales est l’oubli des principes de base de la ventilation naturelle dans l’architecture antillaise. Le vent se veut être la circulation de cet air qui nous entoure et qui est vital à la vie. Mais cet élément ne se voit pas et pourtant il est partout. Les hommes ont, depuis des sièc​les, essayé de ​le comprendre. Ceux qui ont apprivoisé cette énergie comment l’ont-ils fait ? Existe-t-il une interaction entre le vent et la forme géométrique ? Quelle forme permet de sculpter le vent ? Si on parvient à apprivoiser cette énergie, nos architectures pourraient être plus qualitatives, surtout aux Antilles, où la notion de ventilation naturelle est ancrée depuis des siècles dans l’architecture créole. Le vent peut aussi être sculpté par la confrontation directe avec un objet solide. L’étude de cette confrontation aide énormément les concepteurs à trouver les meilleures solutions pour que les coefficients de traînée soient les plus bas possible, cela permettrait un meilleur aérodynamisme. Lorsque le vent frappe un objet, il y a des zones de basse pression, de haute pression et des turbulences qui se créent. La photographie et la chronophotographie avec l'utilisation de fumée permettent de comprendre l’interaction entre forme et vent. Ainsi, pour comprendre quel objet peut être le plus aérodynamique et comprendre l’interaction forme/vent, des chronophotographies de filets de fumée ont été réalisées à l’Institut Marey. “De 1899 à 1901, pour suivre les mouvements de l’air, Marey se sert de filets de fumée qui, aspirés comme l’air lui-même par l’action d’un ventilateur, pénètrent, sans vitesse propre, dans un tube à parois de glace. Les filets de fumée cheminent parallèlement à l’intérieur du tuyau tant que le courant ne rencontre pas d’obstacle. Plusieurs machines, avec différentes tailles de canaux, ont été utilisées.” Fig. 38 : Sphère dans un canon à fumée (mif-sciences)

Dans le cas d’une sphère, les particules d’air contournent très facilement la surface de contact, pas de point de résistance mais la dépression est forte à l’arrière. Cependant la forme est assez aérodynamique et permet aux parois de la forme de résister mieux à la pression. Dans le cas d’une forme arrondie qui tend vers la forme ovale, on remarque que les particules d’air contournent très facilement la surface arrondie de contact, pas de point de résistance, mais la dépression est existante à l’arrière. Moins présente que dans la sphère. Cela peut créer à l’échelle du bâtiment quelques surventes et rendre le lieu inconfortable, en cas de surventes extrêmes. Cependant la forme est aérodynamique et permet aux parois de résister mieux à la pression. Dans le cas d’une forme triangulaire où le triangle exposé par la pointe, les particules d’air contournent très facilement les deux surfaces planes 60

​Schéma régional éolien de Martinique​, avril 2013, p. 4-5, p. 10 48


de contact, pas de point de résistance mais la dépression est énorme à l’arrière. La forme est aérodynamique mais elle crée beaucoup trop de turbulences à l’arrière. Dans le cas d’une forme triangulaire où le triangle est exposé par sa base, les particules d’air contournent très difficilement la surface plane en contact, et la dépression est énorme à l’arrière. La forme est très peu aérodynamique, elle crée beaucoup trop de turbulences à l’arrière. Sa traînée est très forte. Réaction beaucoup plus grave que le cube et le rectangle. Le côté perpendiculaire, au vent, connaît une survente et des zones de basse pression se créent le long des deux autres côtés du triangle.

Fig. 39-40 : Carré dans un canon à fumée (Source : biusante.parisdescartes) Fig. 41 : Surpression/dépression sur un carré (Source : Onu-Habitat)

Dans le cas d’un rectangle ou un carré, les particules d’air rentrent en choc frontal direct avec la paroi, créant une surpression très facilement avec la surface en contact. Cela peut créer à l’échelle du bâtiment des surventes et rendre le lieu très inconfortable surtout à l’arrière avec beaucoup de turbulences. Des zones de basse pression se créent le long des côtés parallèles à sa direction et sur le côté exposé au vent. Un mur exposé directement à un vent cyclonique peut rompre, car la surpression est trop forte. Même dans le cas d’un élément fin, il y a un effet assez important alors que l’élément n’est pas imposant. Cependant, la traînée est très fluide, et n’engendre pas du tout de tourbillons et/ou de turbulences. Les effets sont longs mais pas aussi violents que les formes cubiques. Dans le cas d’une forme ogivale, les particules d’air contournent très facilement la surface de contact, pas de point de résistance et la traînée causée est très douce, sans tourbillon extrême. Les turbulences peuvent créer à l’échelle du bâtiment des surventes et rendre le lieu inconfortable. La forme est très aérodynamique. D'ailleurs, c’est la meilleure forme actuellement, elle est notamment utilisée pour l’industrie aéronautique pour les ailes. Plus le modèle est aérodynamique, plus son coefficient de traînée (Cx) est petit. “Cependant, en climat tropical humide malgré le risque de cyclone, il faudra privilégier des formes de bâtiments qui favorisent les surpressions des façades ouvertes au vent et les dépressions des façades ouvertes sous le vent.”61 Fig. 42 : Élément fin dans un canon à fumée

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Fig. 43 : Ogive dans un canon à fumée (Source : biusante.parisdescartes)

​LIEBARD ​A​lain, DE HERDE André, ​Traité d'architecture et d'urbanisme bioclimatiques : Concevoir, édifier et aménager avec le développement durable​, Éd. le Moniteur, 2006, fiche 146a 49


Fig. 44 : Mesures des coefficients de traînée (Source: Wikipédia)

La forme ogivale sera très aérodynamique face à un cyclone mais ne permettra pas en temps normal de créer un système de surpression/dépression afin de garantir une ventilation naturelle efficace tout au long de l’année. Pour permettre une ventilation naturelle, il sera préférable de choisir une forme permettant cet effet (forme carrée/rectangle). Ces formes seront, de plus, moins onéreuses à mettre en oeuvre. Le terme ventilation naturelle désigne la circulation d’air intentionnel à travers les fenêtres, les portes et les autres ouvertures conçues à cette fin, obtenue sans l’aide d’un ventilateur ; cette ventilation est créée par les différences de pression causées par le vent ou les écarts de température entre l’intérieur et l’extérieur. La ventilation naturelle a une incidence sur trois enjeux : la santé des occupants, l’équilibre énergétique du bâtiment et le confort thermique. La ventilation naturelle dépend de principes fondamentaux : - L’air se déplace d’une zone de haute pression vers une zone de basse pression, c’est le phénomène physique qui crée le vent.

Fig. 45 : Schéma d’une cellule de convection (Source: EMSE)

- L’air est sujet à l’effet Bernoulli qui se définit comme étant le rapport entre l’augmentation de la vitesse et la réduction de la pression (aile d’avion). L’air passe au-dessus de l’aile et suivra une trajectoire plus longue engendrant une vitesse plus grande que celle de l’air circulant au-dessous ; provoquant une poussée du bas vers le haut ; - L’effet Venturi, qui s’explique par la loi de Bernouilli, c’est lorsqu’un courant d’air est forcé de traverser un espace plus étroit. Il se produit alors une augmentation de la vitesse et une diminution de la pression en fonction du rétrécissement. La vitesse augmente, l’accélération de l’air sur la peau se fait nettement plus ressentir. 50


“En zone tropicale humide une vitesse de 1 m/s permet donc d’étendre la zone de confort jusqu’à 31° C à 32° C. Cela correspond précisément au maxima atteint en zone tropicale humide. Les indicateurs de confort, couramment utilisés en zone tropicale humide, sont le nombre d’heures au-dessus d’un seuil de température (par exemple 30° C), ou le nombre d’heure où l’ambiance est en dehors de la zone de confort acceptable“62 : - Un ensemble de facteurs décrit plus haut a pour effet de créer sur un bâtiment des zones de basse pression, appelée encore dépression, qui se créent le long des côtés parallèles à sa direction et sur le côté non exposé au vent ; - Lorsque l’air à l’intérieur d’un édifice est plus chaud que l’air de l’extérieur, il se produit un effet de cheminée : la pression est plus basse à l’intérieur qu’à l’extérieur, parce que l’air chaud est moins dense que l’air froid. a)

Les modèles spatiaux de l’architecture bioclimatique sont-ils efficaces ?

Le vent peut être sculpté par l’architecture afin de permettre un plus grand confort thermique. L’expérimentation de ce modèle en maquette permettra de comprendre quels modèles sont les plus efficaces. Et, quelles formes architecturales permettront une meilleure ventilation. Beaucoup d’ouvrages sur le bioclimatisme enseignent certains principes qu’il fallait vérifier. Premièrement, les déclarations des architectes pratiquant le bioclimatisme en Martinique étaient en accord avec les principes bioclimatiques, notamment sur la stratégie pour ouvrir un édifice af​in de garantir une circulation d’air naturelle constante.

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​ADEME​, Construire durable en zone tropicale humide, formation en ligne, [consulté le 21/10/18] 51


Fig. 46 : Types d’ouverture pour maximiser la ventilation naturelle (Sources: ONU-Habitat & Thibaud Duval)

En définitive, le résultat (3) est beaucoup plus probant car la fumée est régulière, il n’y a pas de turbulences et de tourbillons à la sortie. J’observe, ainsi, que les architectes avaient bien raison. Le phénomène qui se déroule sous nos yeux s’intitule l’effet « thermosiphon ». Franck Hubert, architecte martiniquais explique ce qui définit cet effet. Il explique : “Il y a, donc, la présence de masses d’air chaud qui ont tendance à monter. Les surfaces d’entrées doivent impérativement être plus petites que les surfaces de sorties. Pour faire démarrer le flux traversant il faut qu’il y ait une différence de température. La différence de température vient du fait que les masses d’air chaud sont chauffées par les matériaux et le flux solaire, ce qu’on appelle l’apport énergétique direct ou le rayonnement direct. On fait chauffer la masse d’air qui s’élève et crée une dépression. Tu cherches l’endroit où la dépression est la plus basse dans la pièce et tu fais un trou plus petit que la sortie, 3 à 5 fois plus petit que la sortie. J’ai pris tous mes chiffres chez Hassan Fathy.” Hassan Fathy s’interroge à ce sujet : “Si ce vent doit aérer une maison, il faut des ouvertures pour qu’il puisse entrer. Mais où placer ces ouvertures ?” Effectivement, lors d’une visite du tombeau à ​Khokka​, Hassan Fathy, raconte une histoire qui lui permit de mettre en exergue ce point fondamental de l’aérodynamisme au service de l’architecture. Il cherchait à s'abriter de la chaleur, il trouva un ​madyafa, ​composé d’une loggia procurant un courant d’air frais très agréable. Son frère lui expliqua que dans une loggia à l’abri du vent, avec de petites ouvertures seulement face au vent, il circulera constamment un flux d’air parce que la circulation d’air au-dessus et autour crée une basse pression à l’intérieur, et l’air est aspiré en un flot régulier par les petites ouvertures. Par contre, une loggia avec de grandes ouvertures face au vent et pas d’ouverture à l’abri du vent (ou seulement une très petite ouverture à l’abri du vent) sera très vite remplie d’air, si bien que l’air frais passera au-dessus de la loggia au lieu de la traverser et l’air intérieur y stagnera.

52


b) Formule de la circulation d’air : ​ m3​ /h= 3150 x surface d’entrée en m² x vitesse du vent en km/h

“Cette formule est applicable lorsque le vent près du lieu d’entrée est à l’angle droit avec le plan du mur. Sinon, il faut réduire le taux supposé d’air en conséquence : si le vent arrive à un angle de 45° par rapport à la verticale d’un bâtiment, le volume d’air est à réduire de 50 %.”63 Aire des ouvertures équivalentes​ : Surface de sortie/ Surface d’entrée =1

valeur 3150

Aire de l’ouverture sortante deux fois plus grande que la sortie (valeur constante 4000) : Surface de sortie/ Surface d’entrée =2 valeur 4000 Surface de sortie/ Surface d’entrée =3 valeur 4250 Surface de sortie/ Surface d’entrée =4 valeur 4350 Surface de sortie/ Surface d’entrée =5 valeur 4400 Surface de sortie/ Surface d’entrée =¾ valeur 2700 Surface de sortie/ Surface d’entrée =½ valeur 2000 Surface de sortie/ Surface d’entrée = ¼ valeur 1100 Ainsi, plus le rapport de sortie/surface d’entrée est élevé, plus le flux d’air en circulation à travers l’espace habité sera grand. Mais quelle forme géométrique serait la meilleure pour conduire le vent afin de créer un espace avec le moins de turbulences possibles, et de tourbillons, mais en permettant une ventilation fluide continue ?

​Fig.

47 : Photographies de différentes formes géométriques pour améliorer la ventilation naturelle (Source : Thibaud Duval)

L’espace en courbe est beaucoup plus performant en termes de ventilation. C’est tellement efficace, que lors de l’expérience il était difficile de photographier la fumée, du fait de la fluidité du débit. Pas de tourbillon, pas de turbulences, comparées aux autres formes. Plus il y a d’angles dans l’espace plus les perturbations sont fortes. 63

​FATHY​ ​Hassan​, ​Construire avec le peuple​, Éd. Actes Sud, 1996, p. 92-94 53


c) Meilleure toiture pour la ventilation naturelle La cinquième façade est souvent négligée sous nos latitudes chaudes. C’est pourtant la façade qui serait le plus en contact avec les rayonnements brûlants du soleil. En zone aride, les toits sont massifs et plats pour offrir une protection conséquente face aux conditions extrêmes et créer un espace de plus le soir pour se rencontrer. En milieu tropical humide, il y aura la présence de grands toits pour protéger efficacement des fortes pluies et évacuer l’eau rapidement, puis produire de l’ombre tout en facilitant la ventilation grâce au flux de l’air. Le toit est un élément essentiel de la conception en milieu tropical humide, il devra être réfléchissant, isolé et ventilé afin d'empêcher le stockage de chaleur. Les concepteurs privilégieront, donc, une toiture légère pour toutes les raisons évoquées ci-dessus. Néanmoins, d’autres concepteurs préfèreront une toiture lourde (dalle de béton) pour se protéger des cyclones. Le paradoxe avec la toiture aux Antilles, c’est le juste équilibre entre la toiture résistante aux vents cycloniques, et celle assez flexible pour les cyclones mais ouverte pour permettre la ventilation. Mais quels paramètres seront nécessaires au confort hygrothermique aux Antilles ? La forme et la pente seront les deux paramètres essentiels. La forme du toit renforce les différences de pression favorables à la ventilation naturelle. Pour se parer aux effets cycloniques, les experts préconisent une toiture à quatre pans qui permet une forte réduction des charges à l'arrachement en comparaison avec un toit à deux pans. Plus la pente est forte, plus elle tend à diminuer les zones de décollement réduisant de la sorte les risques d'arrachement (30° à 45°). Une toiture aide à se protéger des charges thermiques induites par le soleil améliorant le confort global du bâtiment. Selon AQUAA (Actions pour une Qualité urbaine et architecturale amazonienne) : “Les ouvrants doivent être répartis uniformément sur tout le périmètre de la toiture. La surface des ouvrants de ventilation doit être supérieure à 15 % de la surface de toiture pour être efficace.” Les transferts thermiques dépendent de l’intensité du balayage des vents, mais aussi de l’isolation et de la couleur. Plus la couleur du toit sera foncée, plus il faudra d’isolation (minimum 5 cm). Paradoxalement, les experts préconisent souvent d’incliner le toit vers la brise dominante. En effet, quand la pente est orientée vers le vent, la dépression de la façade sous le vent est plus forte permettant une ventilation naturelle plus importante. Tandis que les experts en matière d’ouragan expliquent qu’il est préférable de choisir une toiture à quatre pans qui sera moins efficace pour la ventilation naturelle. Il existe plusieurs types de toit qui offrent des qualités esthétiques, bioclimatiques et techniques différentes : -

Toit voûté ou en dôme ​: Ce type de toit offre plusieurs avantages, premièrement une partie du toit est toujours ombragée, excepté à midi. À cause de la stratification thermique, tout l’air chaud du bâtiment sous le toit, améliore ainsi la température au niveau du sol ;

-

Toit à simple versant : ​Ce type de toit est courant en climat tropical, c’est simple à construire et le versant est toujours orienté vers le vent dominant ;

-

Toit plat : ​Ce type toit plat est pratique dans les régions où les précipitations sont rares. Cependant, en zone urbaine tropicale, il peut être intéressant pour y faire pousser de la verdure. Néanmoins, la construction doit être rudement menée par des entreprises hautement qualifiées afin d’éviter toute fuite pendant toute la durée de la vie du bâtiment ;

-

Toit à deux versants : ​Le toit à double lame ventilée est très efficace en milieu tropical car la lame extérieure recouvre la lame intérieure et absorbe la chaleur solaire selon sa réflectivité.

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Fig. 48 : Divers types de toit présents en climat tropical (Source : ONU-Habitat)

Le type de toit à deux versants est très utilisé. C’est le toit possédant des “écopes [qui] sont des dispositifs de prise d’air de grande dimension intégrées à la toiture. Elles améliorent le potentiel de ventilation naturelle de l’habitat, nécessaire en climat chaud. Essentielles aux volumes intérieurs entièrement traversant, elles s’avèrent idéales pour la ventilation des bâtiments peu poreux. Il existe des écopes d’admission et des écopes d’extraction.” Ces dernières sont généralement plus efficaces car elles permettent à l’espace intérieur d’être en dépression. Selon les travaux au CSTB (Centre scientifique et technique du Bâtiment), l’ouverture verticale d’une écope doit représenter 20 % de la surface verticale de la façade perpendiculaire au vent.

Fig. 49 : Influence de l'implantation de l’écope ​(Source : LIEBARD​ A​lain, DE HERDE André)

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d)

Des configurations spatiales optimales

L'architecture tropicale se dessine, notamment en coupe. Cependant, la disposition et l’agencement intérieur influenceront le caractère traversant de l’édifice. Les trois dispositifs spatiaux ci-dessous sont à éviter :

Fig. 50 : Dispositifs spatiaux inefficaces ​(Source : Région Martinique, CTM)

Les dispositifs spatiaux ci-dessous encouragent la ventilation transversale de l’espace :

Fig. 51 : Dispositifs spatiaux efficaces (Source : ONU-Habitat)

2.3.2 La ventilation artificielle Les Antillais n’aiment pas la chaleur, c’est un constat flagrant au vu du frais procuré par la ventilation artificielle. La ventilation naturelle est perçue comme faisant partie du passé, un retour aux temps anciens. Maintenant, partout où nous vivons, il y a de la climatisation. “Une autre raison de la demande de climatisation est liée au besoin de déshumidification non seulement pour le confort des usagers mais aussi pour éviter les moisissures sur le linge et les vêtements, les livres et les documents, pour assurer la durabilité des appareils électroniques”.64 Même si la climatisation engendre souvent des problèmes de santé dus au confinement de la pièce ou à l’absence d’un entretien régulier (nettoyage des filtres). Le passage d’un espace chaud à un espace froid et vice versa produit un choc thermique désagréable pour l’usager. De plus, “responsable de la hausse prévisible des coûts de l’énergie, elle incitera inéluctablement à reconsidérer ce mode d’obtention du confort par des procédés coûteux”.65 Il est possible d’intégrer ​la ventilation artificielle dans un bâtiment bioclimatique. En effet, il est nécessaire dans un édifice de concevoir des espaces ayant besoin de confidentialité, de calme, ou offrant des conditions de stockage particulières. Mais la stratégie doit être très bien menée en étant intégrée de façon intelligente. L’ADEME insiste sur “la nécessité de limiter les infiltrations et limiter le renouvellement de l’air au niveau hygiénique requis entraîne une ambiance plus confinée, moins bonne sur un plan hygiénique. En matière de confort acoustique, les locaux fermés sont mieux protégés des bruits extérieurs, mais sensibles aux bruits des équipements de climatisation [...] La climatisation doit lutter contre plusieurs sources de chaleur [...] Tout d’abord, elle doit contenir les apports solaires qui sont transmis directement par les parois vitrées ou par conduction des opaques. Ensuite, elle doit limiter les apports par conduction des parois liées à l’écart de température entre l’extérieur et intérieur. Elle doit aussi lutter contre les apports liés aux

64 65

​ADEME​, Guide Qualité Environnementale Amazonienne, avril 2019, p. 25 Idem 56


infiltrations d’air extérieur chaud et humide. Et pour finir, évacuer les apports internes liés à l’occupation et au fonctionnement des équipements”. Les mêmes stratégies peuvent être adoptées pour le choix du type de ventilation. Cependant, le choix d’orientation sera différent dans le cas d’une ventilation naturelle ou artificielle car “les façades principales trouveront leurs meilleures orientations solaires au Nord et au Sud, alors qu’en rafraîchissement naturel, il résultera d’un savant compromis entre la trajectoire solaire et la captation des vents.” La notion de compacité de l’enveloppe entrera en jeu afin de réduire les apports de chaleur. Par exemple, regrouper à l’intérieur toutes les zones climatisées permettra de limiter les apports thermiques et les infiltrations d’air. Toutefois, la climatisation est essentielle aux Antilles, notamment pour les supermarchés, les centres commerciaux, les habitations déjà en service qui sont très mal orientées ou très mal conçues. Il ne faut pas, cependant, que cela devienne une solution de facilité dans les nouveaux bâtiments qui seront construits. Il faudrait privilégier un autre type de ventilation artificielle tels les brasseurs d’air. Pour des zones déventées ou pour pallier les pannes d’alizés, les concepteurs peuvent forcer la ventilation en l’aidant de brasseurs d’air en plafonnier “et/ou à la mise en fonctionnement de ventilateur d’extraction qui piloteront précisément les courants d’irrigation prédéfinis de manière forcée.”66 L’ADEME Réunion donne des règles fondamentales pour les brasseurs d’air de type quatre pales de 1,2 mètre de diamètre : - Le plan horizontal des pales sera au minimum à 0,3 mètre du plafond ; - La vitesse de rotation sera variable et réglable (en position confort, le « flux » vertical descendant ne dépassera pas 2 mètres par seconde à 1,5 mètre du sol) ; - Un ventilateur sera affecté par unité de surface au sol de 10 m², sachant que les pales n’approcheront pas les murs à moins d’un mètre. En définitive, la conception thermique d’un bâtiment bioclimatique devra en fonction des différents espaces être réfléchie de manière minutieuse, et peu importe le type de ventilation. La conception thermique du projet devra être soignée pour limiter la consommation énergétique et la création d'espaces inconfortables. Par ailleurs, l’efficacité des équipements est encore plus importante dans une stratégie artificielle car elle se paie deux fois. “Des appareils peu efficaces se traduisent par un service rendu coûteux et une chaleur dégagée plus importante, aggravant la charge thermique de la climatisation. Enfin, la gestion de l’intermittence journalière et saisonnière constitue un axe important d’économie [...] Dans les climats tropicaux humides à saisonnalité marquée, une conception de bâtiment hybride optimisant le fonctionnement sans climatisation doit être privilégiée.”67 3) Construire avec les ressources du pays : Les possibilités en zone tropicale 3.1 Le bioclimatisme tropical : Quels nouveaux éco-matériaux ? La conception d’un bâtiment ne se fait pas sans l’influence des matériaux. Pendant des milliers d’années, la ressource locale définissait l’architecture du lieu. Aujourd’hui, avec la mondialisation, le béton, l’aluminium, le verre peuvent se retrouver à l’autre bout de la planète. L’architecture de style international se retrouve en Afrique, au Canada, ou en Chine. Des milliers de techniques peuvent être employées afin de réaliser un bâtiment. Toutefois, à l’aube du XXI​e siècle des voix s'élèvent pour une préservation des milieux producteurs de matières premières dans le monde de la construction. La question de la provenance des matériaux devient un sujet crucial. Dans un but de développement durable et pour permettre de produire des édifices bioclimatiques, le choix du matériau est fondamental. Rares sont les matériaux et les techniques propres au bassin caribéen. L’histoire des diverses origines 66 67

​ADEME​, ​La ventilation naturelle en pratique​, p. 33 ​ADEME​, ​Construire durable en zone tropicale humide​, formation en ligne, [consulté le 21/01/19] 57


de l’architecture caribéenne peuvent expliquer cela. En superposant la notion de confort thermique, de risques parasismique et anticyclonique, le choix du matériau utilisé fera toute la différence. Aux Antilles, le bois, la pierre, la terre et les feuillages furent utilisés par les premiers habitants. Le béton, l’aluminium, l’acier prirent le relais quelques siècles plus tard. Les tableaux récapitulatifs seront plus complets (voir ​Annexe 5​). Chaque matériau a ses propres qualités et pourrait être utilisé aux Antilles. Mais quelles filières “innovantes” et écologiques moins connues pourraient retenir l’attention des concepteurs et constructeurs ? Un matériau choisi devra répondre à quatre conditions sinéquanones, la notion environnementale, la question du développement local, les propriétés physiques du matériau et l’économie de ce dernier. -

-

Matériaux de construction : Bois local massif, bois Mahogany massif, ciment composite renforcé par des fibres de bois, ciment composite renforcé par des fibres végétales, béton de chanvre, béton de chanvre ponce, terre crue, brique de terre cuite, pierre locale, bambou ; Matériaux d’isolation : Fibre de chanvre, isolant à partir de fibre végétale et animale, à base de cellulose, de fibre de coco, de fibre de canne ; Matériaux de couverture : Vétiver, feuillage de palmier, feuille de canne, tuile de pierre cuite.

Le CAUE de Martinique explique qu’une humidité excessive dans un édifice peut se traduire par différents dommages comme, par exemple, la diminution importante de l’efficacité de l’isolant, ou la dégradation des enduits et peintures, le développement des moisissures, des mousses et lichens, le pourrissement des structures en bois, la corrosion des métaux sur les armatures en béton armé, et même engendrant des salissures dues à des couleurs de rouille. Pour apporter la solution, le CAUE explique l’importance de poser un drain le long du ou des murs concernés par les remontées capillaires, mais aussi de réaliser un drainage de surface, périphérique ou vertical, avec l’installation d’une coupure de capillarité ou une arase étanche. 3.2 Sensibilisation de la population au bioclimatisme Le rôle des habitants en architecture bioclimatique est primordial. Il n’y aura pas d’architecture bioclimatique pérenne si la population qui vit le bâtiment ne joue pas le jeu, le bâtiment perdra de sa superbe. En effet “la maîtrise d'usage, ou comment intégrer le futur utilisateur dans le processus de conception d'un bâtiment, est trop souvent exclue. Il est important que certains choix de conception qui vont à l’encontre des habitudes des utilisateurs soient fait conjointement [...] Les nécessaires compromis induits par la ventilation naturelle doivent être pleinement acceptés par les utilisateurs [...] Il a été essentiel d’expliquer ce fonctionnement et l’implication qu’il suppose, en particulier la manipulation des ouvertures et des protections solaires.”68 Il faut expliquer aux habitants les risques encourus et expliquer les point-clés de la ventilation naturelle. Se pose alors la question de la volonté du peuple antillais de vouloir changer son nouveau mode de vie au profit d’un nouveau plus frugal. 4) Un urbanisme bioclimatique 4.1 Lois et réglementations : Sont-elles adaptées ? “L’architecture tropicale des îles françaises doit être repensée en s'appuyant sur le substrat existant et justement mettre le doigt là où ça fait mal pour un État jacobin qui n'a pas encore fini de virer sa cuti coloniale.”69 Les lois, les labels, les réglementations écrites à Paris ne sont pas applicables aux Antilles. Le contexte est totalement différent et les réglementations sont hors sujet.

68 69

​ADEME​, ​Construire durable en zone tropicale humide​, formation en ligne, [consulté le 21/01/19] ​LERAY Christophe​, ​RozO, ou l'architecture créole décomplexée,​ le courrier de l’architecte, novembre 2010, [consulté le 12 février 2019] 58


4.1.1 RT2012 La RT2012 (réglementation thermique 2012) a pour but de réduire les émissions de gaz à effet de serre, la surconsommation énergétique et essaie d’encourager le développement de nouvelles technologies. Cette réglementation est en lien avec le label BBC-Effinergie car elle reprend le niveau de performance énergétique du label. Depuis 1974, ce sont succédés la RT1974, la RT1988, la RT2000, la RT2005, RT2012 et finalement la RT2020 qui verra bientôt le jour. Pour faire simple, la RT 2012 impose trois critères : le Bbio (Besoin bioclimatique), le Cep (Consommation d’énergie primaire) et la TIC (Confort d’été dans les bâtiments). Ces trois critères sont primordiaux pour certifier une habitation RT2012. Le problème avec cette réglementation, c’est qu’elle ne tient pas compte du climat tropical et du mode de vie de ses populations. En effet, des efforts considérables ont mis l’importance sur le​s consommations de chauffage et sur l’étanchéité des logements plutôt que vers une libre circulation de l’air. 4.1.2 RTAADOM Les DOM-TOM, situés aux quatre coins du monde, ont disposé de la RTAA (Réglementation Thermique, Acoustique, Aération) car il fallait prévoir un règlement adapté aux climats, ce que montre l’ADEME en disant que “le climat et le mode de vie des Départements d’outre-mer rendent la réglementation métropolitaine inadaptée en matière de caractéristiques thermiques, acoustiques et d’aération des constructions neuves de logements. En application de l’article L161-1 du Code de la construction et de l’habitation, les textes réglementaires relatifs à ces exigences ont donc été adaptés pour les Départements d’outre-mer. Ainsi, Les articles R162-1 à R162-4 du Code de la construction et de l’habitation et leurs trois arrêtés d’application du 17 avril 2009 (thermique, acoustique et aération), modifiés en janvier 2016, définissent les dispositions spécifiques applicables : cet ensemble de textes est nommé la RTAADOM 2016.” Elle a pour directives principales : -

Améliorer les performances énergétiques des bâtiments ; Limiter le recours à la climatisation ; Garantir la qualité de l’air à l’intérieur du logement ; Protéger la santé des occupants ; Promouvoir les énergies renouvelables ; Garantir un confort d’usage minimal, acoustique comme hygrothermique.

Cependant les Antilles disposent d’une réglementation propre à chaque île concernant les arrêtés thermique et énergétique. Depuis 2011, la réglementation thermique et énergétique Guadeloupe (RTG) a vu le jour. Quant à la réglementation thermique et énergétique en Martinique, c’est en 2013 qu’elle vit le jour. Concernant les arrêtés en acoustique et en aération issus de la RTAA2016, les arrêtés concernent tous les Départements d’outre-mer, sauf Mayotte. Néanmoins l’arrêté thermique de la RTAA2016 s’applique uniquement à la Guyane et à La Réunion. Le champ d'application s’applique à tout nouvel édifice d’habitation à partir de la demande de permis de construire ou de la déclaration préalable déposées à compter du 1​er mai 2010. LA RTAADOM est un pas vers la compréhension des spécificités des DOM. Mais au niveau de ces Départements​, ce n’est encore pas gagné c​ar la RTAA ne s'applique qu’à quelques-uns. La Martinique et la Guadeloupe ont leur propre réglementation révélant les spécificités des deux îles sœurs. De plus, cette réglementation ne concerne que les bâtiments d’habitation, que fait-on des autres types d’édifice ?

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4.1.3 RTM/RTG La RTM et la RTG sont très similaires et ​différentes d​u fait de la spécificité des territoires martiniquais et guadeloupéens. Mais dans les deux cas, la réglementation élargit le champ d’application de la réglementation à : -

La construction tertiaire neuve ; La production d’eau chaude sanitaire dans le tertiaire ; La création d’un diagnostic de performance énergétique (DPEG) ; L’inspection des systèmes de climatisation ; La réglementation sur l’efficacité énergétique des climatiseurs individuels installés ; L’établissement d’une étude de faisabilité des approvisionnements en énergie pour les bâtiments de plus de 1000 m².

La réglementation RTAADOM est entrée en vigueur le 19 avril 2009, en Martinique et en Guadeloupe, qui est la première réglementation thermique des bâtiments de logements. Néanmoins, cette réglementation ne considère aucunement les bâtiments à usage tertiaire et fixe des obligations de moyens dont la rigidité lui est reprochée par une majorité des acteurs locaux du secteur du bâtiment. Selon le Conseil général de la Martinique de l’époque, la RTM a été “élaborée à l’issue d’un état des lieux analysant les spécificités locales de la construction et en concertation avec les acteurs du secteur du bâtiment en Martinique, la nouvelle réglementation thermique, baptisée « RTM neuf », est applicable aux constructions neuves de type logements, 1) Réglementations Thermique Acoustique et Aération propres aux Départements d’Outre-Mer 2) Décret n°2099-424 du 19 avril 2009 portant sur les dispositions particulières relatives aux caractéristiques thermiques, énergétiques, acoustiques et d'aération des bâtiments d'habitation dans les Départements de la Guadeloupe, de la Guyane, de la Martinique et de la Réunion. Elle contribue en outre à la transposition de la directive 2010/31/UE du Parlement européen sur la performance énergétique des bâtiments.” La réglementation devenue ainsi loca​le tient comp​te des microclimats de l’île dans laquelle elle rentre en vigueur. Elle est faite par des gens qui connaissent le milieu. Néanmoins, ​Kebati est une jeune Association, constituée de jeunes professionnels provenant d’horizons divers et variés qui souhaitent agir pour la préservation des ressources et la transition écologique en Martinique et plus largement dans la Caraïbe à travers l'amélioration de la qualité environnementale des bâtiments en milieu tropical et insulaire. ​Elle a, en 2018, suite au lancement d’une concertation d’acteurs par la Région Guadeloupe, fait des propositio​ns pour réviser l’outil DPEG. L’Association propose notamment que : - L’indicateur de performance énergétique (A,B,C…) du logement ou du local tertiaire n’est pas suffisamment représentatif car il est basé uniquement sur la facture EDF de l’occupant précédant la réalisation du diagnostic […] mais ne donne pas suffisamment d’importance au niveau de performance énergétique intrinsèque au bâti. En définitive, depuis des décennies, l’État a essayé d'imposer des règles communes à tous sans tenir compte des spécificités des territoires d’outre-mer. Elle a ensuite compris nos attentes et a imposé une uniformisation des règles en vigueur pour les DOM-TOM. Cependant, les Départements et territoires d’outremer n’ont pas les mêmes défis, ni les mêmes contraintes. Ainsi, nous voyons la création de nombreux labels, de réglementations propres aux îles pour faire face aux nouveaux questionnements spécifiques environnementaux des régions dans lesquelles elles s'inscrivent. Cette uniformisation législative nuit gravement à l'architecture aux Antilles. L’État français promulgue une farandole de réglementations non conformes à notre contexte auxquelles nous devons nous conformer. Nos édifices répondent à des normes en total désaccord avec le contexte d’implantation. 60


4.2 Un urbanisme adapté au climat tropical ? Il n’y aura pas d’architecture bioclimatique sans urbanisme bioclimatique, vu qu’un édifice s’inscrit dans un contexte. Si ce contexte n’est pas propice, les meilleures stratégies bioclimatiques ne suffiront pas à rendre le bâtiment confortable. La thermique urbaine dépend du vent, du soleil, de la pluie, de l’humidité du contexte et du positionnement. a) Exemples de Fort-de-France et de Pointe-à-Pitre Les capitales foyalaise et pointoise ont été créées à l’époque coloniale pour des raisons militaires et administratives. Ces villes portuaires ont été créées suite à la domination française. “Faute de trouver un site rocheux ou à tout le moins un site sur un sol sain (plaine bien drainée, plateforme littorale), les colonisateurs européens de l'Amérique tropicale ont été obligés de se contenter de sites marécageux très insalubres dont l'aménagement (drainage des sites) et l'urbanisation ordonnée, adaptée au climat et recherchant le confort par une bonne exposition au vent dominant (plan en grille, larges rues orientées au vent, maisons aérées) n'ont pas empêché certaines villes d'être de véritables tombeaux en raison de la virulence des complexes pathogènes (rôle de divers moustiques) : Colón à l'entrée du Canal de Panama, Tampico, Veracruz, Belize, Guayaquil, Pointe-à-Pitre, Fort-de-France dans sa plaine d'origine, Georgetown, Paramaribo.”70 Les îles colonisées par les Européens ont été conçues en fonction des mentalités constructives de l’époque, en effet “les colonisateurs britanniques et néerlandais, de même que les Espagnols, les Portugais et les Belges ont été plus soucieux que les Français d'urbanisme et d'aménagement rationnels des villes coloniales, encore que les exemples ne manquent pas du côté français. Du côté espagnol et portugais, il y a eu la recherche d'une certaine vie de la cité autour de la “piazza mayor” et dans les rues qui y convergent ; du côté britannique, néerlandais et belge, la recherche du confort et de la salubrité ; du côté français, plutôt celle du monumental et de la manifestation de prestige (mais il faut noter ici que ces deux dernières préoccupations ont été présentes chez toutes les autorités coloniales, du moins pour les villes importantes ou destinées à l'être).” Les deux villes sont organisées sous la forme d’un plan hippodamien qui se caractérise par des rues qui se croisent à angle droit permettant une organisation rationnelle de l'espace. ​Les deux capitales de ces îles sœurs ont été pensées en fonction de l’orientation des vents dominants.

Fig. 53 : Fort-de-France (à gauche), centre-ville de Pointe-à-Pitre (à droite) (Source : Géoportail)

70

​GIACOTTINO Jean-Claude​, ​La ville tropicale et ses problèmes d'environnement​. In: ​Cahiers d'outre-mer​. N° 125 - 32​e année, janvier-mars 1979. p. 26 61


b)

Le contexte proche

Le contexte influence grandement les conditions aérauliques du site. Par exemple, il existe différents types de profil de vitesse du vent ; la vitesse sera plus élevée en zone rurale qu’en zone urbaine où la densité est plus forte.

Fig. 54 : Profils de la vitesse du vent dans des contextes différents (Source : ENSAG de Grenoble)

Cette donnée influencera grandement les concepteurs dans la proportion des ouvertures et dans leurs dimensionnements structurels. Le vent est caractérisé par sa vitesse instantanée, par les variations de vitesse ou de turbulence.​ ​À l’échelle urbaine, il y a différents types d'effets physiques concernant le vent : - L’effet de coin : Cela se passe lorsque le vent rencontre un obstacle de face et s’écoule sur l’angle du bâtiment. À l’angle la vitesse du vent peut augmenter de 1,2 à plus de 2 fois sa vitesse initiale proportionnellement à l’amplitude de l’angle et la hauteur de l’édifice. On privilégiera une orientation à 45° C face au vent dominant afin d’avoir le plus de façade au vent et réduire l’effet de coin.

Fig. 55 : Effet de coin (Source : ENSAG)

- L’effet de sillage : C’est un effet de circulation tourbillonnaire en aval d'une construction (façade en dépression) qui provoque des turbulences sur les côtés de l’immeuble. Les turbulences entraînent des résidus de poussière et de saleté près de l’édifice.

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Fig. 56 : Effet de sillage (Source : ENSAG)

Persistance de l’effet sur 4 x h aire exposée = h x 2e - L’effet Venturi ou effet tunnel : Cet effet se produit lorsque la disposition des bâtiments forme un collecteur de flux (comme un entonnoir), le rétrécissement du passage a pour effet d'augmenter la vitesse pour un débit identique. Ce phénomène peut se retrouver à l’intérieur de la maison entre deux pièces de volume et pression différentes.

Fig. 57 : Effet Venturi ​(Source : ENSAG)

- L’effet de trous sous immeuble se définit comme étant un phénomène d’écoulement dans les trous ou passages sous immeuble. Plus le bâtiment est élevé, plus le confort est diminué.

Fig. 58 : Effet de trou sous immeuble (Source : ENSAG)

Pour éviter les surventes, on préconise d’orienter les immeubles sur pilotis sous une incidence parallèle au vent, ou encore de fournir le pied des immeubles de végétation, ou bien d’intégrer au niveau des

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volumes de liaison des éléments introduisant des pertes de charges, ou d’éviter les immeubles à pilotis de forme pleine et/ou de diviser les flux au pied des immeubles en augmentant la porosité du bâtiment. - L’effet de barre qui se définit comme la déviation en vrille de l’écoulement au passage d’une barre pour une incidence voisine de 45°. Ainsi, il est conseillé de positionner les barres parallèles au vent : écoulement peu perturbé. Et si la barre est orientée orthogonalement au vent, il faudra créer des aspérités afin que l’écoulement ne vrille pas.

Fig. 59 : Effet de barre (Source : ENSAG)

5) Présence d’une architecture pérenne et écologique 5.1 Au travers des milieux associatifs Le réveil se fait doucement mais sûrement. Les associations et collectifs se font de plus en plus audibles dans le contexte antillais que nous connaissons aujourd’hui. Les Antilles françaises se réveillent peu à peu et prennent conscience de l’urgence de la situation. Heureusement, que certains esprits prennent le réveil très au sérieux. Voici un petit tour d’horizon : Kebati​, ​jeune Association qui, grâce à ses membres issus de milieux professionnels différents, souhaite faire “progresser la connaissance sur la qualité environnementale des bâtiments en milieu tropical et accompagner la montée en compétence du territoire. Cette volonté vient du constat d’un manque de prise en compte ou d’une mauvaise intégration des aspects environnementaux, énergétiques et bioclimatiques sur certains projets de construction et de rénovation de bâtiments, avec un déficit important de sources de données fiables quant à l’efficacité réelle de certaines méthodes ou actions sous nos latitudes [...] “L’Association cherche la meilleure intégration possible de ces préoccupations tant dans les décisions publiques et privées, que dans le comportement des citoyens. Elle peut aussi jouer un rôle d’animation dans les concertations publiques de par son statut neutre [...] L’Association vise à préserver l’environnement, la santé et le cadre de vie, des pollutions et nuisances liées à l’énergie et au gaspillage des ressources naturelles. Elle défend l’intérêt public en toute indépendance et objectivité sans aucun lien d’intérêt commercial avec les entreprises du secteur.” Leurs objectifs sont clairs et nets : - Promouvoir la construction durable ; - Vulgariser ; - Échanger, partager et faire progresser la connaissance ; - Accompagner la montée en compétence du territoire ; - Regrouper les bonnes pratiques et partager les retours d'expérience ; - Se positionner comme structure ressource pour la concertation publique de par son statut neutre et objectif.

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LOKAL LIFE 972 est un collectif qui à l​a vocation de se rassembler autour d’un but commun : Adopter un mode de vie respectueux de la nature et de l’humain en Martinique, avec des valeurs fortes que sont la bienveillance, l'entraide et l'action concrète. Le collectif a pour objectif : - Donner de la visibilité aux initiatives locales, durables et solidaires ; - Créer un esprit d’entraide et de bienveillance entre ses membres. La liste n’est pas exhaustive car il existe nombre de petits collectifs ou d’associations qui sont encore inconnus, mais l’exemple de ces petites structures qui émergent aux Antilles est rassurant. La Guyane, quant à elle, est un exemple avec le collectif ​AQUAA (Actions pour une Qualité Urbaine et Architecturale Amazonienne) qui se définit comme agissant pour une meilleure intégration du développement durable et une réduction des impacts environnementaux dans l’acte de construire et d’aménager le territoire guyanais. Pour cela, l’Association s’est donnée pour objectif de promouvoir et de développer la prise en compte des notions de la qualité environnementale dans les opérations de construction de bâtiment et d’aménagement urbain. Les agences doivent travailler main dans la main avec ces structures pour faire avancer les DOM-TOM. 5.2 Au travers de la présence d’agences d’architecture Les îles françaises sont dotées d’architectes de talent qui font de leur mieux en règle générale pour traduire les rêves de leurs clients en s’efforçant à rattraper tout retard et à produire de la qualité. C’est un travail cornélien et difficile car l’architecte doit être un pédagogue, un gestionnaire et un artiste surtout dans un milieu qui fait rêver mais qui peut se révéler être très destructeur. KANTéKANT ​est le fruit d’une reformation de l'ancienne agence de Jean-Camille Petit et Franck Hubert qui s’appelait l'agence “​AJOUPA​”. En 2017, après avoir pris deux chemins différents, M. Petit (ancien directeur général au sein de la SOCIÉTÉ D’ÉQUIPEMENT DE LA MARTINIQUE) retrouve son partenaire de toujours M. Hubert, resté pour sa part dans le monde de l'architecture. L'agence travaille sur deux points importants, le bioclimatisme en climat tropical et le parasismique. Selon le premier dictionnaire créole rédigé par l’écrivain Raphaël Confiant le mot “kantékant” signifie “au même niveau/à la même hauteur que”. C’est une agence qui se veut être proche du peuple qui construit pour lui. Ils ont notamment beaucoup œuvré en Martinique et travaillé avec des architectes très connus tels que Philippe Madec, Jean Willerval et Le Corbusier. Cependant, ils ont aussi partagé avec des intellectuels tels qu’Aimé Césaire, Jacques-Yves Cousteau et bien d’autres encore. ÂDOHO fondée par l’architecte connu aux Antilles françaises, Marc Jalet, qui a notamment créé une agence intitulée ​PILE ET FACE ARCHITECTES,​ avec Emile Romney, en 1989. Depuis juillet 2017, il a fondé l’agence ​ÂDOHO qui signifie “couvrir”. Elle s’inscrit dans une démarche commencée lors de l’existence de PILE ET FACE​. M. Jalet s'intéresse au patrimoine, au logement social antillais et à l’avenir de l’architecture antillaise. BV Architecture ​et ​CONCEPT Architecture est un groupement d’architectes en Martinique. D’une part, Concept​, fondée par Victor Vermignon, il y a 32 ans, est une agence sensibilisée à la notion parasismique. Depuis sa création, l’Agence ​CONCEPT a toujours été ouverte aux jeunes architectes qui ont pu y acquérir formation et expérience, et pour certains étudiants, y préparer leur diplôme final. Dans un environnement socio-économique complexe, il est indispensable pour ​CONCEPT de s’adapter aux nouvelles contraintes du marché, tout en préservant une ligne déontologique et son identité résolument caribéenne.

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D’autre part, l'agence ​BV Architecture est constituée de Victor Vermignon, ​Gaëlle Bonvent, Magali Fanel, Margot Loubry et Audrey Séraline. L’agence ​s’occupe de tous les projets d’habitation privés et de décoration intérieure rendant hommage à l’espace créole et à son authenticité. Tandis que ​CONCEPT s’occupe de projets à plus grande échelle. BV Architecture pense que c’est par “la vue que se fait un premier contact, par la vue qu’un souvenir se figera dans notre mémoire. En architecture, c’est le bâtiment qui fera office de référence visuelle quelle que soit la taille du projet et qu’il soit pour un particulier ou pour une institution. C’est pour cette raison que nous avons choisi notre profession : contribuer à l’élaboration de notre paysage.” Il existe beaucoup d’agences d’architecture aux Antilles, en Guyane et à la Réunion qui sont inspirantes pour de jeunes architectes antillais, notamment dans le domaine du bioclimatisme, du patrimoine et de la place de l’architecte en contexte tropical (​JAG ​Architectes en Guyane, ​Acapa en Guyane, ​Concept & BVA en Martinique, ​Atelier 13 en Guadeloupe, ​le laboratoire d’écologie Urbaine à la Réunion). Ce sont de très belles sources d’inspiration pour nous demain.

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CONCLUSION La Caraïbe, au cœur d’un bassin régional, est la rencontre de tous les peuples du monde, dont les Antilles françaises qui sont le fruit d’une culture créole plurielle et d’un lien avec la lointaine mère patrie. Cette notion de créolité ne doit pas être vue comme une juxtaposition de cultures ancestrales différentes mais bien comme une culture indépendante émanant de ces dernières. Les Antilles françaises ont un passé lourd de sens et de signification, mais malgré tout nous sommes devenus un peuple en lien avec son territoire. À l’aube d’un virage identitaire, nous assistons à une transition sociétale forte. Sur nos petits bouts de terre détachés, bercés par les flots marins et les brises tièdes, nous avons toujours entretenu un lien très fort à la nature. Notre force est à la fois notre faiblesse, ce qui est le paradoxe de l’insularité. Sujettes à un climat très clément, qui font rêver plus d’un, nos îles connaissent des risques environnementaux graves auxquels il faut préparer la population antillaise, par la prévention et la pédagogie, afin de créer une émulation collective constructive du futur de nos îles. L’architecture n​e résoudra pas tous les défis de notre société créole, mais elle peut contribuer à son avenir. En prenant en compte notre culture et le progrès, nous devons avancer et cesser de raviver les blessures de notre histoire, sans pour autant en faire fi, et l’aménagement tropical créole pourra, indubitablement, y contribuer. Ayant compris nos défis, nos pro​blèmes, nos enjeux, nous devons, ensemble concepteurs, dirigeants et habitants, travailler main dans la main, en définissant nos édifices et villes de demain. L’architecture a ce magnifique pouvoir d’englober les racines d’une société afin de l'emmener vers “son lendemain”. Toutefois, dans un monde, qui est devenu un village planétaire, où la normalisation des mêmes modes de vies est devenue monnaie courante, il ne faut pas oublier que le contexte dans lequel nous vivons ne nous permet pas de mener une vie à l’occidentale ou une “vie comme...”. Tandis que les cultures occidentales tendent à s’uniformiser, les différentes cultures antillaises, quant à elles, se diversifient. Même entre nos îles sœurs, il y a des différences. Nous avons des univers uniques, et pour cela il faut des architectures uniques adaptées, fruit de nos us et coutumes. Cela passera par un mode de construire en zone tropicale humide intégrant le “génie” du lieu. Les enjeux rencontrés par les habitants antillais s’appliquent à l’ensemble des pays tropicaux, car les normes de conception et de mise en oeuvre sont très souvent pensées dans des territoires tempérés. ​C​omment pouvons-nous nous en séparer ? Notre architecture évolue sans cesse dans l’urgence, l’échéance, et le rattrapage sans fin d’un retard considérable. Combler les défauts de notre politique d’aménagement du territoire, tête baissée, ne nous permettra pas de produire des espaces qualitatifs. En continu​ant a​insi, le cercle vicieux nous minera. Il faut que la mère patrie comprenne les spécificités de nos milieux afin de mener des politiques dynamiques, qui s'intègrent dans la durée mais avec des personnes compétentes connaissant le territoire, c’est-à-dire les Antillais. Le risque d’une inaction de nos pouvoirs publics, compte tenu de notre situation gravissime, nous emmènera à une acculturation de nos modes de vie et donc de notre culture. De plus, notre village universel exerce une forte influence sur nous, et il est difficile de discerner la notion du progrès avec celle du déni de notre culture, surtout concernant l’aménagement. Nos modèles courants d’architecture, proposés aux Antilles, ont su être un exemple d’adaptabilité face à des problématiques précises à des moments particuliers. Cependant, à l’heure du dérèglement climatique et de l’oubli de nos modes ancestraux de vie aux Antilles, l’architecture bioclimatique apporte de véritables solutions. L’architecture bioclimatique en milieu tropical maritime humide permettra à coup sûr de remédier à nos problèmes de confort, de coût, de développement durable, ou encore de prévention du risque à l’échelle de nos îles. Les concepteurs qui entreprennent cette démarche doivent par conséquent oublier l’archétype de l’architecte exerçant dans une tour d’ivoire, et redescendre dans le jardin du commun des mortels, au contact de l’habitant, expert du lieu.

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La créolisation de notre architecture passera par la compréhension de la richesse incroyable de notre contexte, en termes d’histoire et d’aménagement. Au risque de passer pour des concepteurs passéistes, il faudra revenir à certaines bases qui ont fait le succès de l’architecture créole telle que l’implantation, la conception aéraulique, la forme du bâti, les protections solaires, ou encore l'utilisation de matériaux en accord avec le lieu. L’architecture de “la boîte”, fièrement prônée par les architectures tempérées, n’a pas lieu d’être présente en climat tropical. Selon, Tay Kheng Soon, “un des principaux objectifs de la conception en milieu tropical est la découverte d’un langage de conception de ligne, de frange, de filtre et d’ombre plus qu’une architecture de plan, de volume, de plein et de vide. Il s’agit d’un processus de désapprentissage, étant donné la prédominance à l’architecture européenne qui forme la substance de l’enseignement de l’architecture depuis 200 ans [...] Le but n’est pas de reproduire systématiquement les constructions traditionnelles, mais d’utiliser, dans la construction et l’habitat contemporain, les principes peu coûteux et respectueux de l’environnement qu’ils avaient su inventer pour s’adapter à notre climat tropical humide. Utilisons ce savoir qu’ils nous ont laissé en héritage.” L’architecture bioclimatique, amoureuse des conditions du lieu, devrait faire l’alliance entre pédagogie et action. Les habitants sont les acteurs du projet, en influençant pleinement le bioclimatisme de l’édifice. La population aura des concessions à faire dans une logique éco-responsable. Est-il possible de mener une vie métropolitaine dans un cadre si différent ? En 2050, les Antilles françaises seront plus fortes identitairement parlant si nous apportons des réponses concrètes et durables à nos aménagements. Les édifices antillais de demain seront peut-être producteurs d’énergies adaptées aux mouvements sociétaux, constitués de façades productrices de vent, créant des emplois locaux, ou permettant la production de nourriture locale tout en étant créateurs de relations humaines. Nous pourrions réfléchir à des bâtiments ouverts en accord avec leur contexte, permettant de fournir, le cas échéant, une protection totale lors d’ouragans ou de séismes. Le point phare de notre architecture demain concernera surtout la mentalité des concepteurs. Ils doivent retrouver une place d’interprètes de rêves, en spatialité, et non prendre la stature d’artistes imbus d’eux-mêmes. Pour ce faire, il faut redonner l’architecture au peuple, et redonner son architecture aux îles. Ce mémoire se veut être un postulat qui permet d’une façon globale de définir les éléments de l’aménagement du territoire aux Antilles françaises. L'architecture tropicale se définit comme étant bioclimatique et elle a de beaux jours devant elle, à condition que les habitants soient éduqués tout en étant les acteurs du développement spatial de leurs îles. Pourquoi ne pas penser d'ores et déjà à une École d’architecture aux Antilles, qui serait une référence mondiale dans le domaine tropical ? Compte tenu du réchauffement climatique, et sachant que les deux tiers de la population mondiale vivront en climat tropical dans trente ans, pourquoi ne pas d’ores et déjà commencer à travailler sur ces sujets ? Ce n’est pas dans des pays tempérés, que nous trouverons les solutions tropicales de demain. La rédaction de ce mémoire se veut être le prélude d’un travail qui s’inscrira tout au long d’une carrière d’architecte. C’est un appel au réveil collectif, une genèse positive d’une architecture créole fière de ses origines, voguant en toute quiétude vers son avenir. Soyons réalistes, mais toujours en repoussant les limites du possible...

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TABLE DES ILLUSTRATIONS & CRÉDITS PHOTOGRAPHIQUES Première de couverture : Photographie prise par Thibaud Duval Fig. 1 : Coup de vieux sur les Antilles (Source : Les Échos) Fig. 2 : Ceinture tropicale (Source : ONU-Habitat) Fig. 3 : Diagramme de moyenne 1971-2000 des précipitations et températures au Lamentin (Sources : météo.fr) Fig. 4 : Zonage sismique de la France (Source : plan séisme) Fig. 5 : La plaque tectonique Caraïbe vis à vis de ses voisines (Source : Planet-Terre) Fig. 6 : Pollution de l’air. Concentration de particules fines dans l’air (Source : CIRE Antilles-Guyane) Fig. 7 : Deux modèles théoriques de la montée des eaux (Source : Pascal Saffache, Yoann Pelis) Fig. 8 : Conséquences de l’élévation du niveau de la mer à l'horizon 2090-2100 avec une base : + 0,38 à + 0,51 m + une onde de tempête de 5 m (Source : Pascal Saffache, Yoann Pelis) Fig. 9 : Topographie des Antilles françaises (Source : topographic-map) Fig. 10 : Coupe schématique bioclimatique de la Martinique réalisée (Source : Jérôme Nouel) Fig. 11 : La production d’électricité éolienne en Martinique en 2015-2023 (Source : CTM) Fig. 12 : Côte exposée au vent vs côte sous le vent (Source : CTM) Fig. 13 : La production d’électricité en Guadeloupe et comparaison de la part d'électricité d’origine renouvelable (Source : Synergîle) Fig. 14 : Développement de la production électrique en Martinique à partir d’énergie solaire et éolienne (Source : CTM) Fig. 15 : Principe du chauffe-eau solaire (Source : Clim Diffusion) Fig. 16 : Différentes types d’abris kalinagos (Source : Lennox Honychurch) Fig. 17 : Case créole (Source : ​Photoway​) Fig. 18 : Habitation Clément, maison coloniale sans galerie (Source : Thibaud Duval) Fig. 19 : Maison coloniale avec galerie (Source : Jérôme Nouel) Fig. 20 : Tour Lumina, premier gratte-ciel en Martinique (Source : Thibaud Duval) Fig. 21 : Villas en dur aux Antilles (Source: Jérôme Nouel) Fig. 22 : Villa de style “créole” (Source : Soizic Duval) Fig. 23 : Centre d'action des alizés (Source: Météo France) Fig. 24 : Carte 3D du vent aux Antilles le 10 février 2019 (Source : earth.nullschool) Fig. 25 : Zones favorables vs zones défavorables à la ventilation naturelle (Source: LIEBARD Alain, DE HERDE André) Fig. 26 : Implantation du projet par rapport aux alizés (Source : J. Nouel) Fig. 27 : Schéma d’explication intrados/extrados par rapport aux alizés (Source : J. Nouel) Fig. 28 : Inclinaison et effet d’un obstacle : intrados/extrados (biusante.parisdescartes) Fig. 29 : Effet sur le vent des arbres à canopée élevée et des arbustes (Source : ONU-Habitat) Fig. 30 : Influence de la présence des auvents (Source: Région Martinique, CTM) Fig. 31 : Influence de la présence des auvents (Source: ONU-Habitat) Fig. 32 : Types d’ouverture efficace (perméabilité) en pourcentage de la surface de l’ouverture (Source : ONU-Habitat) Fig. 33 : Photographie d’une porte-fenêtre d’une case en Martinique (Source : Thibaud Duval) Fig. 34 : Équilibre thermique du corps humain (Source : Ademe) Fig. 35 : Diagramme bioclimatique d’Olgyay (Source : ONU-Habitat) Fig. 36 : Diagramme bioclimatique de Givoni (Source : ONU-Habitat) Fig. 38 : Sphère dans un canon à fumée (mif-sciences) Fig. 39 : Carré dans un canon à fumée (Source : biusante.parisdescartes) Fig. 40 : Carré dans un canon à fumée (Source : biusante.parisdescartes) Fig: 41 : Surpression/dépression sur un carré (Source : Onu-Habitat) Fig. 42 : Élément fin dans un canon à fumée Fig. 43 : Ogive dans un canon à fumée (Source: biusante.parisdescartes) Fig. 44 : Mesures des coefficients de traînée (Source: Wikipédia) Fig. 45 : Schéma d’une cellule de convection (Source: EMSE) Fig. 46 : Types d’ouverture pour maximiser la ventilation naturelle (Sources : ONU-Habitat et Thibaud Duval) Fig. 47 : Photographies de différentes formes géométriques pour améliorer la ventilation naturelle (Source : Thibaud Duval) Fig. 48 : Divers types de toit présents en climat tropical (Source : ONU-Habitat) Fig. 49 : Influence de l'implantation de l’écope (Source: LIEBARD Alain, DE HERDE André) Fig. 50 : Dispositifs spatiaux inefficaces (Source : Région Martinique, CTM) Fig. 51 : Dispositifs spatiaux efficaces (Source : ONU-Habitat) Fig. 53 : Fort-de-France (à gauche), centre-ville, Pointe-à-Pitre (à droite) (Source : Géoportail) Fig. 54 : Profils de la vitesse du vent dans des contextes différents (Source : École Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble ) Fig. 55 : Effet de coin (Source : ENSAG) Fig. 56 : Effet de sillage (Source : ENSAG) Fig. 57 : Effet Venturi (Source : ENSAG) Fig. 58 : Effet de trou sous immeuble (Source : ENSAG) Fig. 59 : Effet de barre (Source : ENSAG)

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GLOSSAIRE

Alizés : Ensemble des vents qui soufflent sur de vastes régions de la zone méridienne intertropicale http://www.meteofrance.fr/publications/glossaire/149333-alize​ (consulté le 02/12/2018) Grandes Antilles : ​Partie orientale de la frontière nord de la plaque Caraïbes jalonnée par le chapelet d'îles des Grandes Antilles : Cuba, la Jamaïque, Hispaniola, Porto Rico et îles Vierges ttps://​www.universalis.fr/encyclopedie/grandes-antilles/​ (consulté le 13/11/2018) Petites Antilles : Partie méridionale de l'arc antillais depuis la fosse d'Anegada au nord-ouest jusqu'au sous-continent ​sud-américain​. Elles sont nommées ainsi par opposition aux ​Grandes Antilles​. Elles forment une longue chaîne d'îles séparant la mer des Caraïbes de l'​océan Atlantique https://fr.wikivoyage.org/wiki/Petites_Antilles​ ​(consulté le 13/11/2018) Bassin caribéen : ​Espace composé de 34 États et territoires sous tutelle et s’étend sur un vaste espace maritime de 4,3 millions de km2 , s’étirant sur plus de 4 000 kilomètres. Il s’organise autour de deux espaces maritimes, la mer des Caraïbes et le Golfe du Mexique ​https://www.lyceedadultes.fr/ sitepedagogique/documents/HG/HGTermL/livret_hg_TermLES/TermL_G09_T3_Q1_C1_Le_bassin_caraibe_et ude_de_cas.pdf​ ​(consulté le 13/11/2018) Béké : Descendants d'aventuriers, de cadets de famille désargentés ou même de relégués de justice qui ont fini par former une aristocratie https://www.lemonde.fr/societe/article/2009/02/28/bekes-une-affaire-d-heritage_1161662_3224.html (consulté le 14/12/2018) Bumidom : L'ex-premier ministre et député de la Réunion Michel Debré a alors l'idée de faire venir les jeunes ultramarins dans l'Hexagone. En 1963, le Bumidom est créé https://la1ere.francetvinfo.fr/decryptage-bumidom-exil-force-437543.html​ ​(consulté le 14/12/2018) Caraïbe : Terme qui s'est peu à peu imposé pour nommer l'ensemble des ​îles et des pays qui bordent la mer des Antilles ​https://www.universalis.fr/encyclopedie/caraibes-litteratures/​ (consulté le 13/11/2018) Code noir : ​Louis XIV signe à Versailles en mars 1685 un édit qui, en un préambule et soixante articles, règle dans les possessions françaises d'outre-Atlantique « l'​état ​et la qualité des esclaves » en les qualifiant de bêtes de somme ou de purs objets. C'est le Code noir, préparé par Colbert, qui sera définitivement abrogé lors de l'abolition de ​l'​esclavage par la France ​https://www.universalis.fr/encyclopedie/code-noir/ ​(consulté le 16/12/2018) Départements français d’Amérique : ​Appellation de département français d'Amérique ou son ​sigle « DFA » s'applique aux ​territoires de la Guadeloupe, de la Guyane, et de la Martinique http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/D%C3%A9partement%20fran%C3%A7ais%20d'Am%C3%A9rique/f r-fr/​ (consulté le 13/11/2018) Doudouisme (doudouiste) : Tendance de la part de certains écrivains antillais à considérer et à traiter la culture antillaise non pas comme leur culture propre mais plutôt comme un produit exotique (terme d'histoire littéraire) ​http://www.bdlp.org/fiche.asp​ ​(consulté le 01/12/18) Hexagone : Locution désignant la partie continentale de la France métropolitaine, rappelant que sa forme géographique s'inscrit dans un hexagone presque régulier (3 côtés terrestres et 3 côtés maritimes). Par extension, elle est fréquemment utilisée pour ne désigner que cette zone du pays https://fr.wikipedia.org/wiki/Hexagone_(France)​ (consulté le 13/11/2018)

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Indes occidentales : ​Nom donné par Christophe Colomb aux îles américaines dont il fit la découverte. Il les croyait en effet le prolongement des Indes vers l’est ​https://dictionnaire.savoir.fr /definition-indes-occidentales/​ (consulté le 13/11/2018) Métropole : ​Partie de la République française localisée en Europe. Elle comprend son territoire continental et les îles proches de l'océan Atlantique, de la Manche et de la mer Méditerranée, comme la Corse https://fr.wikipedia.org/wiki/France_m%C3%A9tropolitaine​ (consulté le 13/11/2018) Régions ultrapériphériques : Territoire de l'U.E. situé en dehors du continent européen https://www.afterclasse.fr/fiche/254/les-territoires-ultramarins-de-l-union-europe-enne-et-leur-de-veloppe ment/definition​ (consulté le 13/11/2018) Ultramarins : ​Territoires éloignés du territoire métropolitain, composés pour la France des 5 départements et régions d’outre-mer, des Collectivités d’outre-mer et des Terres australes et antarctiques françaises (TAAF) https://www.afterclasse.fr/fiche/254/les-territoires-ultramarinsde-l-union-europe-enne-et-leurdeveloppement/definition​ (consulté le 13/11/2018) Z.C.I.T : ​Zone de Convergence Intertropicale : désigne la région située près de l’équateur vers laquelle convergent les vents alizés. http://www.meteofrance.fr/publications/glossaire/154717-zone-de-convergence-intertropicale (consulté le 13/11/2018)

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BIBLIOGRAPHIE OUVRAGES BALLANDIER ​Patricia, ​Urbanisme et aménagement,​ Cahier 3, ​Collection des cahiers parasismiques​, Éd. Les grands ateliers de l’Isle d'Abeau, 2003, 100 pages BERTHELOT ​Jack, GAUME Martine​, ​Kaz antiyé jan moun ka rété, L’habitat populaire aux Antilles, Goyave – Guadeloupe​, Éd. Perspectives Créoles, décembre 2002, 167 pages BORNAREL Alain, GAUZIN MULLER Dominique, MADEC Philippe, ​Manifeste pour une frugalité heureuse, architecture et aménagement des territoires urbains et ruraux, 2018 CONTACT-ENTREPRISES, ​LE PETIT LIVRE BLEU...OUVERT Et si nous décidions de voir l’avenir de la Martinique en bleu ? , février 2014, 107 pages CONTACT-ENTREPRISES,​ ​Quand le BTP va tout va,​ construire la Martinique de demain, juin 2018, 35 pages CONTACT-ENTREPRISES, ​# ​Martinique Attractive​, 99 pages ÉNERGIES 2050​, Guide du bâtiment durable en régions tropicales, Tome 1 : ​Stratégies de conception des nouveaux bâtiments en régions tropicales​, 2006, 212 pages ÉNERGIES 2050​, Guide du bâtiment durable en régions tropicales, Tome 2 : ​Efficacité énergétique des bâtiments existants en régions tropicales​, 2006, 132 pages FATHY​ ​Hassan​, ​Construire avec le peuple​, Éd. Actes Sud, 1996, 342 pages HAUVETTE ​Christian​, ​NOUEL J​érôme​, ​La boîte à vent : Rectorat de l'Académie des Antilles et de la Guyane,​ Éd. Sens & Tonka , 1995, 60 pages JALET Marc,​ ​L'urgence, l'échéance, la durée,​ Éd. Archibooks + Sautereau 2009, 173 pages LIEBARD ​A​lain, DE HERDE André, ​Traité d'architecture et d'urbanisme bioclimatiques : Concevoir, édifier et aménager avec le développement durable​, Éd. le Moniteur, 2006, 368 fiches NOSEL José​, ​Chroniques d'écologie politique - Tome IV ​à la recherche d’un développement durable qui soit soutenable​, Essai, Éd. Publibook, 1970, 364 pages NOUEL ​Jérôme, ​Initiation à l'architecture tropicale​, 2, ​Des bureaux en ventilation naturelle à la Martinique​, Éd. Atelier Martiniquais d'Architecture Tropicale, 2000, 62 pages NOUEL ​Jérôme​, ​Album architectures martiniquaises​, ​Éd. Atelier Martiniquais d’Architecture Tropicale, 2016, 1279 pages NOUEL ​Jérôme, ​Dictionnaire d’architecture tropicale​, ​Éd. Atelier Martiniquais d’Architecture Tropicale, 2018, 234 pages ONU-HABITAT, CONCEPTION ARCHITECTURALE DURABLE EN MILIEU TROPICAL, ​Principes et applications pour l’Afrique de l’Est,​ Éd. Programme des Nations unies pour les établissements humains, 2014, 426 pages

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SITES CHATELOT ​Pierre​, ​Architecture en Martinique,​ Martinique, [consulté le 14/04/2017] Disponible sur : http://www.zananas-martinique.com/patrimoine/architecture.htm LERAY Christophe​, RozO, ou l'architecture créole décomplexée, le courrier de l’architecte, novembre 2010, [consulté le 12 février 2019]. Disponible sur : ​http://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_757 MAVOUNGO Joseph, BALANDIER Patricia​, « Les Antilles françaises : entre risque sismique et stratégies locales de prévention », ​Études caribéennes, 7 août 2007, [consulté le 12/02/2019]. Disponible: http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/289 ; DOI : 10.4000/etudescaribeennes.289 ARTICLES GAYADINE Lucien, ​Vieillissement de la population ou exode voulu de la jeunesse. France-Antilles [en ligne], octobre 2018, [consulté le 4 novembre 2018]. Disponible sur ​http://www.guadeloupe.franceantilles.fr/une/ vieillissement-de-la-population-ou-exode-voulu-de-la-jeunesse-508390.php?fbclid=IwAR3go5EyIgkroKy-S7JJk Ku9AzV-Ka5GAcdxXFeq9X5EPqT8rV4dDamy7XY LAMY Rodolphe​, ​Antilles françaises : une histoire faite d'attirance et de rejet, ​L’Express (Paris), mai ​2013, [consulté le 19/02/2019]. Disponible sur : ​https://www.lexpress.fr/region/antilles-francaises-une-histoirefaite-d-attirance-et-de-rejet_1246384.html CONFÉRENCE GUYARD ​Philippe​, ​Réinventer l'héritage. Regard sur l'architecture et l'art de bâtir aux Antilles​ : Conférence Débat, le 09 juin 2015. Université des Antilles et de la Guyane, Éd. DEAL (Martinique) : Direction de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement MÉMOIRE GAILLARD Ghislain, ​La ventilation naturelle en milieu tropical humide, le confort dans l’habitat individuel​, 2013, 92 pages THÈSES BERARD Benoît​, ​Penser les territoires de l’histoire amérindienne des Antilles.​ Outre-Mers, 2013, p. 151-164. <hal-00966626> DENISE Christophe​, ​Une histoire évolutive de l’habitat martiniquais​, In Situ, 2004, mis en ligne le 19 avril 2012, [consulté le 04 février 2019]. Disponible sur : http://journals.openedition.org/insitu/2381 ; DOI : 10.4000/insitu.2381 JOSEPH Philippe, L​a problématique du développement durable dans les Petites Antilles (quelques enseignements généraux). Juin 2003. <halshs-00003054 TERRAL Roméo, SELISE Mario​, ​Dynamiques urbaines communes et spécificités des villes des Antilles françaises (Guadeloupe, Martinique) des origines de la colonisation (1635) à nos jours​, ​Études caribéennes,​ avril-août 2018, [consulté le 05 novembre 2018]. Disponible sur : http://journals.openedition.org/etudescaribeennes/12811 ; DOI : 10.4000/etudescaribeennes.12811 GIACOTTINO Jean-Claude​, ​La ville tropicale et ses problèmes d'environnement​. In: ​Cahiers d'outre-mer​. N° 125 - 32​e année, janvier-mars 1979. p. 22-38, [consulté le 15 février 2018]. Disponible sur : https://doi.org/10.3406/caoum.1979.2887

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ANNEXES Pare-soleils horizontaux et verticaux (Annexe 1)

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Entretien téléphonique avec M. Jean-Camille PETIT en date du 15/02/2019 (Annexe 2) TD​ :​ Synthèse des matériaux de l’architecture aux temps passés ? JCP : Les premiers habitants avaient accepté un rapport avec la nature qui pouvait tout détruire, ils étaient prêts à recommencer. Or, il existe d’autres logiques. Quel est l’invariant le plus usité aux Antilles concernant les formes d’architecture ? Est-ce que ces matériaux pourraient être utilisés aujourd’hui ? Comment pourrait-on interpréter ces matériaux pour pouvoir en fabriquer d’autres ? Les invariants se situent plutôt au niveau des usages, des fonctions et des objectifs par rapport à la ventilation, dans les zones d’ombre à l’intérieur, dans les passages de l’intérieur à l’extérieur. Les séparations entre l’intérieur et l’extérieur étaient extrêmement fines. Contrairement aux pays maghrébins qui travaillaient énormément sur l’inertie, il faudrait des matériaux modernes “sans inertie” en rapport avec les conditions de vie qui sont différentes. Concernant l’époque des colons, il faudrait émettre un paradoxe concernant d’autres pays colonisateurs qui ont apporté une architecture adaptée au climat ensoleillé, se rapprochant beaucoup de ce qui se faisait déjà en Espagne et au Portugal sur le plan morphologique et culturel. L’architecture n’a pas été adaptée aux îles anglophones. L’Angleterre a maintenu son style “so british” dans les bâtiments publics avec des vitres qui n’étaient pas du tout adaptées. Tout comme la Hollande qui a reproduit à Curaçao et à Bonaire la même architecture qu’on retrouve à Rotterdam et à Amsterdam avec des façades et des pignons sur rue. L’aspect culturel a primé. Dans les maisons individuelles à la campagne, se retrouve une architecture coloniale un peu partout dans le Commonwealth, mais plus à la recherche du confort familial que de la représentation​. Quant à l’architecture française, plusieurs expériences ont été menées comme les maisons au style normand, bordelais, breton dans les colonies françaises mais qui ont disparu depuis longtemps pour s’adapter au pays. Le cas français est particulier, car il dénote une démarche, une adaptation progressive, une expérimentation jusqu’à ce que soit trouvé quelque chose qui corresponde au mode de vie. Ce n’est ni une forme culturelle ni une reproduction d’une tradition architecturale. Ce modèle est assez répandu dans le monde. Il faut resituer la conception architecturale de l‘évolution des adaptations et dans les cultures des pays colonisateurs. Il faut aborder de manière plus globale l’architecture des Antilles françaises, ainsi qu’à Sainte-Lucie (anciennement française) et à Haïti. Les problèmes de chaleur ont été traités différemment par les divers pays colonisateurs. Il faut faire le rapport entre la culture du XVII​e siècle et les adaptations qui ont été acceptées. TD​ : Architecture d’émancipation par rapport aux colons avec la construction de cases ? JCP : La case a évolué de deux façons distinctes. Les cases sur la plantation étaient alignées à la différence de celles qui se trouvaient sur le morne où habitaient les Marrons (esclaves ayant fuient l’habitation) et les affranchis qui ont cohabité avec les Caraïbes. Les jardins créoles n’existaient pas non plus au début. Architecturalement, la case s’est peu à peu insérée dans son univers. Puis, les maisons ont été bâties sur quelques paroisses (autour de l’église et du maréchal-ferrant) et les premières maisons de ville, à St-Pierre, se sont renforcées après la libération des esclaves. TD​ : La notion de “faire sa case” en Guadeloupe ? JCP : À la différence martiniquaise, Il était possible de déplacer la case qui était posée sur des roches en Guadeloupe comme à la Barbade. Au XX​e siècle (fin des années 20, début des années 30) avènement de l’architecte dite “moderniste” correspondant à un courant international d’origine européenne de villas en béton avec une emprise au sol plus restreinte à étage. Fin des années 60, une autre influence internationale de constructions de villas basses d’origine nord-américaine va apparaître. Dans les années 90, avènement de

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l’architecture dite de “défiscalisation” avec de grands balcons dont la superficie ne rentrait pas dans le calcul du COS ainsi que la construction de petits immeubles privés. TD​ : Retard aux Antilles sur les différentes erreurs en architecture et en mobilier ? JCP : Vive opposition de la DDE de l’époque pour limiter les exagérations formelles. Pour favoriser l’espace extérieur dans les villes, construction de maisons sur pilotis pour bénéficier sous la bâtisse d’un espace multifonctionnel. Le bas de villa est ensuite aménagé pour la location lorsque les enfants s’envolent. Une occidentalisation du mode d’habitation est également intervenu (chambre parentale). Il faut arriver à maîtriser tous les parallèles. L'architecture dite créole faite par des métros ou étrangers, en hôtellerie, n’a pas affectée l’habitat populaire, mais seulement l’habitat touristique. Concernant les logements sociaux, dans les années 60-80, amélioration du niveau de vie avec introduction de petites barres d’immeubles (parkings). Chaque architecture était reconnaissable. Aujourd’hui, les HLM ont ralenti considérablement avec une banalisation des logements sociaux. L’architecture de défiscalisation a pris le pas. Évolution des bâtiments publics avec des prouesses individuelles (la bulle à Dillon). Il peut y avoir des constructions faisant du mimétisme à 500 m de monuments historiques. TD​ : Constat actuel de l’architecture en Martinique et en Guadeloupe ? JPC ​: État sociologique martiniquais à définir. Dualisme entre propriétaire et locataire avec un problème de transport criant. Identification très forte de conserver les formes d’habitat intérieur et extérieur avec villa individuelle en lotissement. Paramètres contraignants à prendre en compte pour concevoir pour le logement social, afin de lutter contre l’exclusion sociale. Une série de réglementations à tenir en compte permet de répondre à une architecture plus complexe. On va avoir un retour avec la ventilation naturelle. Il faut trouver des matériaux plus adaptés à l’intérieur et l’extérieur en dépit des délais de construction qui sont déjà très longs. On est toujours dans l’urgence quand on est en retard d’où un gaspillage financier considérable (exemple du nouvel hôpital de Mangot-Vulcin). Ce qui est important, c’est de ne pas séparer architecture (extérieure et intérieure) et urbanisme même dans une ville. L’architecture ne doit pas une oeuvre mais un service à l’épanouissement de l’homme. Il faut qu’elle puisse permettre de s’exprimer (épanouissement de la vie collective vs épanouissement personnel). La conception des bâtiments doit prévoir des espaces collectifs. Beaucoup de gens vivent avec des prestations importantes dans leur logement (atelier de bricolage, buanderie, penderie) comme dans des hôtels. L’usage de certaines pièces est devenu plus important. TD ​: Acculturation acceptée à cause de tous les projets de grande ampleur qui sont pensés par des architectes métros. Paradoxe des étudiants antillais allant étudier en métropole. JCP : Les architectes martiniquais n’acceptent pas de se regrouper sur des gros projets car les agences sont beaucoup trop petites. Exemple de refus de partager des dessinateurs. Concernant le paradoxe des études d’architecture menées ailleurs que sur place, c’est une réalité et c’est vrai pour toutes autres les études (médecine). Il faut prendre à cœur son travail tout en faisant plus. On a un travail double et cela rend plus fort. L’expérience dans des pays similaires est enrichissante comme le programme Erasmus dans la Caraïbe. TD​ : L’architecture de demain et processus de la “créolisation de l’architecture” ? JCP : Le métissage est la forme la plus complexe qui fait disparaître deux origines pour une nouvelle. La mondialisation soulève tout un tas de questions et il faut approfondir le terme de “créolisation”. Or, la synthèse antillaise est déjà un melting-pot. Il faut pouvoir apporter une touche critique vu que l’architecture martiniquaise est déjà multiple (ex. Bibliothèque Schœlcher). Nul n’est prophète en son pays. Nous sommes dans une époque de transition qui doit rattraper son retard.

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Différences entre cases de diverses îles (Annexe 3)

Tableau issu du livre de Jack BERTHELOT et de Martine GAUME in ​Kaz antiyé jan moun ka rété, L’habitat populaire aux Antilles, ​p. 16

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Cases en fonction des pays (Annexe 4)

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Éco-matériaux - ADEME Martinique (Annexe 5)

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L'île lointaine (Annexe 6) Je suis né dans une île amoureuse du vent Où l'air a des odeurs de sucre et de vanille Et que berce au soleil du tropique mouvant Les flots tièdes et bleus de la ... Martinique Sous les brises au chant des arbres familiers J'ai vu les horizons où planent les frégates Et respirer l'encens sauvage des halliers Dans ses forêts pleines de fleurs et d'aromates Cent fois je suis monté sur ses mornes en feu Pour voir à l'infini la mer splendide et nue Ainsi qu'un grand désert mouvant de sable bleu Border la perspective immense de la vue À l'heure où sur les pics s'allument les boucans Un hibou miaulait au cœur de la montagne Et j'écoutais pensif au pied des noirs volcans L'oiseau que la chanson de la nuit accompagne Contre ses souvenirs en vain je me défends Je me souviens des airs que les femmes créoles Disent au crépuscule à leurs petits enfants Car ma mère autrefois m'en apprit les paroles Et c'est pourquoi toujours mes rêves reviendront Vers ses plages en feu ceintes de coquillages Vers les arbres heureux qui parfument ses monts Dans les balancements des fleurs et des feuillages Et c'est pourquoi du temps des hivers lamentables Où des orgues jouaient au fond des vieilles cours Dans les jardins de France où meurent les érables. J'ai chanté ses forêts qui verdissent toujours. Ô charme d'évoquer sous le ciel de Paris Le souvenir pieux d'une enfance sereine Et dans un Luxembourg aux parterres flétris De respirer l'odeur d'une Antille lointaine Ô charme d'aborder en rêve au sol natal Où pleure la chanson des longs filaos tristes Et de revoir au fond du soir occidental Flotter la lune rose au faîte des palmistes !

Daniel THALY (1879-1950) - “​Prince des Poètes antillais”

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