PFE - RETOUR A LA TERRE

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Mémoire descriptif

RETOUR A LA TERRE



SOMMAIRE P05. INTRODUCTION Parcellaire d’un propos P06. L’ÉCHELLE TERRITORIALE Utopie d’un territoire inversé Analyse et sources de projet Enjeux et stratégie territoriale P18. L’ÉCHELLE LOCALE Retour à la terre Le « déjà-là », l’agriculture comme point de départ Constitution d’une lisière habitée Mise en oeuvre de l’espace public Programme architecturaux P26. L’ÉCHELLE ARCHITECTURALE Centre de Recherches et Atelier de Transformations (C.R.A.T(erre))

Conception In Situ et relation au site Conception architecturale et technique Origine des matériaux et filière courte Tableau du taux d’incorporation

P40. MAQUETTE Photographies P44. DOCUMENTS ADMINISTRATIFS Documents & contacts

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INTRODUCTION

PARCELLAIRE D’UN PROPOS Contexte Le projet « Retour à la terre - C.R.A.T(erre) » fut développé sur le territoire clermontois, au coeur de la périphérie urbaine considérée comme le « couloir économique » de la métropole auvergnate. Il fut réaliser au cours de l’année précédente, lors de notre seconde année de MASTER au sein du domaine d’étude EVAN (Entre Ville, Architecture et Nature) de l’École Nationale Supérieure de Clermont-Ferrand (ENSACF), aboutissant en fin d’année au projet de fin d’études. Je précise ici « notre année », car ce projet - composé d’une proposition urbanistique et de deux programmes architecturaux, dont l’un vous est présenté ici - fut le fruit d’un long processus de réflexion mené en collaboration avec un ami de longue date, Anthony Primpier, et s’inscrit également au coeur d’un projet territorial de grande échelle intitulé « Le futur coeur métropolitain clermontois, où l’utopie d’un territoire inversé », développé en collaboration avec Cécile Blondelet et Anthony Delporte. La réflexion personnelle menée au travers de ce projet, outre le travail de conception et réalisation sur les différentes échelles de projet, s’est également traduite au sein de mon mémoire de fin d’études, intitulé « Ruralités et Transformations », où l’approfondissement de l’un, fut bénéfique à l’autre et viceversa, notamment dans l’application de la théorie « d’utopie d’un territoire inversé », et de la notion du sol comme source et ressource de projet. Je reprends donc avec grand plaisir ce travail durant mon année d’étude de HMONP pour vous le faire partager ; qui j’espère, suscitera votre intérêt, tout comme il a suscité le nôtre l’année précédente et m’accompagne encore dans mes recherches et réflexions aujourd’hui. Développement Conscient que ce concours d’architecture des Bâtiments Biosourcés 20162017, porté par l’entreprise Karibati, concerne avant tout l’objet architectural, je ne peux néanmoins faire l’impasse sur la démarche globale et la réflexion qui nous ont amené à ce projet au sein de ce mémoire descriptif, puisque chaque intention, chaque forme ou matériau utilisé au sein du projet architectural, découle d’une démarche d’allers-retours entre le territoire (l’échelle territoriale), le site d’implantation (l’échelle locale) et le projet (l’échelle architecturale), s’inspirant notamment de la théorie « d’Entrelacement des Échelles », développée par Frédéric Bonnet. Je tâcherai cependant d’être le plus bref possible, tout en sachant que la complexité du processus m’oblige à être un peu plus bavard que ce qu’il devrait être d’ordinaire au sein de ce mémoire descriptif, et je m’en excuse au préalable. Il m’apparaît cependant important de vous l’expliquer, tout en vous rassurant sur le fait que les éléments demandés, notamment la relation aux matériaux biosourcés, sont bels et bien présents au sein de ce projet.

Bonne lecture.

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L’ÉCHELLE TERRITORIALE

UTOPIE D’UN TERRITOIRE INVERSÉ Vers une inversion du regard. Historiquement, et ce, de par les contraintes topographiques du paysage environnant imposées par la chaîne des Puys à l’ouest, la métropole clermontoise s’est développée sur les vastes étendues de terres planes de la Limagne situées à l’est. L’espace urbain, concentré premièrement au sein des remparts de la ville, s’est progressivement affranchi de ces limites, progressant le long des axes principaux, se matérialisant en bourgs et faubourgs, aujourd’hui devenus des quartiers de l’agglomération clermontoise. L’implantation des industries, en premier lieu liée à la proximité des ressources exploitables du territoire, donc située à l’extérieur des villes, s’est également détachée au fil des années de cette relation d’évidence, générant ainsi un éloignement entre lieu de ressource et lieu de production et de transformation. Cette mise à distance fut impulsée par l’avancée de l’espace urbain sur les milieux naturels mais également par les potentiels de connexion de nouvelles infrastructures avec le lointain, représentées successivement et respectivement pour Clermont-Ferrand par la RN9 (aujourd’hui voie rapide), la voie de chemin de fer, puis les autoroutes A71 et A75. Ces nouvelles connexions, à mi-chemin entre le local et le global, furent et sont encore aujourd’hui, moteur d’implantation des commerces et industries, de par leur visibilité et via leur capacité à acheminer des matières premières plus éloignées et à exporter les produits plus rapidement une fois transformés. On notera que, paradoxalement désirées par la ville pour des raisons économiques, les industries et les commerces furent en tous temps, relégués plus loin en périphérie et ce notamment dû au fait de leurs nuisances et de l’emprise foncières qu’elles représentent. A travers cette étude et le développement de ce projet territorial, nous avons souhaité poser la question de savoir si ce territoire jusqu’à présent qualifié de « périphérie clermontoise », ne possède pas en réalité le potentiel de devenir le futur coeur métropolitain du territoire clermontois ? Illustration ci-contre : Perspective du projet « Le futur coeur métropolitain clermontois, où l’utopie d’un territoire inversé ».

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IMPACT DU RÉSEAU INFRASTRUCTUREL OU L’ATTRAIT DE L’HYPER-CONNECTIVITÉ Aujourd’hui, le cas du territoire clermontois correspond au climax de cette attraction économique exercé par la présence des axes autoroutiers de l’A71 et de l’A75. Cela se manifeste en effet, à l’échelle départementale mais également plus locale, par le développement d’un chapelet de zones d’activités industrielles et commerciales, véritable amplitude de l’axe infrastructurel, confirmant ainsi un territoire créé sous le prisme de l’intérêt économique. Situé entre l’autoroute à l’est, la voie de chemin de fer au centre et la voie rapide à l’ouest, ce territoire hyper-connecté et connectant, apparaît tel un « grand hub urbain » reliant Cournon d’Auvergne et Riom (respectivement deuxième et troisième ville du département en terme démographique), condensant 70% des mobilités quotidiennes à l’échelle du Grand Clermont. Ce couloir économique est également marqué par la présence de trois gares ferroviaires de voyageurs (correspondant aux trois villes principales du Grand Clermont) qui totalise 3,5 millions de passager par an et une gare de fret située à Gerzat. L’aéroport d’Aulnat vient compléter et confirmer cette congestion de flux, puisqu’il représente le principal aéroport de la métropole et accueille 485.000 voyageurs par an. Enfin pour terminer, l’ensemble de ce «couloir économique» est desservi par un important réseau de bus et par le passage ponctuel de la ligne A du tramway. ÉMERGENCE D’UN CONTINUUM ÉCONOMIQUE La périphérie-est clermontoise représente donc aujourd’hui l’identité productive du territoire, intégrant divers pôles économiques majeurs comme les exemples des zones industrielles et commerciales du Brézet, de Ladoux ou encore de La Pardieu. Avec près de 1300 hectares de zones d’activités regroupant 40.000 emplois, soit 80% des emplois du Grand Clermont, ce couloir économique, opérationnel et en pleine croissance, représente une part importante du PIB de la région clermontoise. Cependant, malgré sa situation géographique à proximité du centre-ville historique de Clermont-ferrand (moins de quatre kilomètres), ce territoire ne comporte que très peu d’habitat et d’habitant, les axes routiers vu précédemment ayant permis une mise à distance entre le lieu de travail et le lieu de vie. Ainsi, les personnes actives possédant un emploi dans ce continuum économique préfèrent vivre dans les petites communes plus rurales des alentours, telles Malintrat, Saint Beauzire ou encore La Roche Blanche, renforçant les phénomènes d’exode urbain, de périurbanisation et de mitage sous le modèle pavillonnaire. CO-PRÉSENCE PROGRAMMATIQUE & MIXITÉ ILLUSOIRE Les morphologies construites de ce territoire mettent en exergue la constitution d’un continuum de bâti générique marqué par une pseudo-mixité. Il s’agit en effet d’un paysage récent, qui date des années 80, et qui exprime un condensé de la production urbaine de ces dernières décennies. On y trouve majoritairement de grandes zones d’activités industrielles, de grands centres commerciaux et des bureaux et, dans une moindre mesure, quelques nappes pavillonnaires et quelques équipements publics isolés et déconnecté du reste du tissu urbain (ciné dôme, zénith, etc.). Cette co-présence entre trois formes majoritaires de production urbaine renforce l’image d’un territoire essentiellement fonctionnel où les surfaces bâties et construites représentent 46% de la surface totale de la frange économique. Ces aires sont regroupées en plusieurs plaques quasi monofonctionnelles qui se côtoient avec de très faibles interpénétrations. Cette pseudo-mixité est peu qualitative et ne propose pas d’espaces publics en dehors des espaces destinés à la voiture. Nous parvient l’image d’un paysage artificiel, difficilement parcourable sans l’automobile, avec le croisement de noeuds autoroutiers et peu d’importance accordée au végétal. OMISSION D’UN POTENTIEL PAYSAGER Situé entre les deux principaux paysages constitutifs du territoire clermontois (chaîne des Puys et Limagne), tous deux situés à seulement dix minutes du centre-ville de Clermont-Ferrand, cet espace possède le statut de zone tampon entre ville et nature, et nombreux sont les atouts naturels et paysagers qui le constituent. Il est traversé par exemple par un important réseau hydrographique pourtant invisible à l’oeil nu, largement malmené au contact des industries, du fait de sa mise en canalisation après travaux de terrassement, ou encore, du fait de sa pollution suite aux rejets et déchets produits par les industries. A l’est de Gerzat, le Bédat fait figure d’exception à l’instar de la Grande Rase de Sarliève au nord de la zone d’activités de Cournon. Cependant, ces zones sont elles-aussi menacées par l’urbanisation irraisonnée. Les aménagements successifs des zones d’activités ont contribué à nier progressivement les qualités paysagères in situ. Si le territoire étudié constitue un couloir d’intérêt environnemental, floristique et faunistique (ZNIEFF) ponctué de réserves Natura 2000, et ce notamment sur les différents Puys qui le compose, principalement des reliefs volcaniques (Puy de Chanturgue, Puy de Crouel, etc.), la réalité peine à mettre en exergue cette situation, recouverte sous une nappe asphaltée continue. Illustration ci-contre : Matrice cartographique d’analyse du territoire

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DU PAYSAGE AU PAYSAGEMMENT INDIVIDUEL Si les surfaces bâties correspondent à 46% de la frange étudiée, le vide entre les poches bâties mises en évidence correspond quant à lui aux 54% restants. Il constitue le liant entre les différentes entités bâties. Cependant, il n’est peu qualitatif. Les espaces publics végétaux correspondent avant tout à des espaces résiduels souvent liés aux talus des infrastructures, aux ronds-points et aux délaissés qui subsistent entre les parcelles privées et la voirie. Le vide se caractérise par l’omniprésence des espaces privés inaccessibles, au sens d’espaces non parcourables. D’une part, on retrouve les jardins privés des lotissements et les grandes aires telles que les pistes d’essais de Ladoux ou l’aéroport; ces biens communs, visibles bien que non parcourables, revêtent une valeur paysagère particulière. Le végétal est aussi présent dans les zones d’activités où il répond à une demande réglementaire. Il se présente sous la forme de plates-bandes engazonnées sans valeur paysagère. D’autre part, le sol anthropisé, présent dans les zones industrielles pour répondre à l’usage généralisé de l’automobile, se présente essentiellement sous la forme de zones de stationnement asphaltées. En outre, les espaces privés accessibles végétaux sont situés majoritairement sur le pourtour du couloir. Ils correspondent aux parcelles cultivées de la plaine de la Limagne à forte valeur paysagère. En opposition, dans le couloir, les espaces privés accessibles, soit les nombreux espaces de stationnement, sont indépendants des horaires d’ouverture des centres commerciaux. Ils restent ainsi accessibles indépendamment des édifices. Ils assurent ainsi une certaine continuité avec les infrastructures viaires, créant alors la figure orientée Nord-Sud d’une nappe asphaltée. Celle-ci vient connecter les poches entre elles et convoque ainsi la notion de déplacement, de parcours. C’est le liant principal, le garant de la continuité et de l’identité du lieu. LIMITES & POROSITÉS Ayant en amont étudié l’impact des limites et des porosités générées par les infrastructures l’autoroute, le chemin de fer et la voie rapide -, les limites Est-Ouest permettent maintenant d’observer des « barrières » transversales. Cette carte fait ainsi ressortir les successions de poches monoprogrammatiques entre les zones d’activités et les aires résidentielles mais également l’alternance entre les différents sols, entre asphalte et végétal. Nous pouvons ainsi lire un certain nombre d’enclaves marquées par des coupures fortes : la caserne des Gravanches, les pistes d’essai de Ladoux, le nord de la plaine de Sarliève... Nous considérons ainsi ces césures, ces espaces majoritairement non bâtis mais qualitatifs, comme des supports potentiels d’urbanité, des potentiels paysagers, des franges sur lesquelles appuyer une requalification des tissus existants. UTOPIE D’UN TERRITOIRE INVERSÉ Suite à cette analyse poussée du territoire, deux grandes problématiques sont alors apparues, permettant de mettre en exergue quatre enjeux majeurs, fondation d’une stratégie territoriale adaptée à l’évolution future de cette frange économique. La première problématique mise en évidence au sein de ce territoire concerne son manque d’optimisation spatiale et fonctionnelle. En effet, la perte d’une potentielle diversité et mixité programmatique lorsque l’on passe d’une échelle territoriale à l’échelle « intra-muros » se traduit par un développement sous formes de plaques monofonctionnelles, sans lien réel entre elles. De plus, ce développement et ces aménagements se sont fait de manière libre et aléatoire, au grès du prix du foncier, avec des espaces peu denses, non mutalisés, sans réel conscience des lieux sur lequel ils furent réalisés. L’attractivité de ces espaces, en seul lien avec l’activité économique et productrice, engendra un manque d’équipement publics au travers de ce territoire, marquant également par la même occasion la suprématie de la voiture, bridant le potentiel de développement d’autres moyens de mobilité (tramway, vélo, etc.). Il existe donc un manque de porosité et de liens physiques, voire visuels dans certains cas, entre la frange économique et le reste du paysage clermontois (plaine de la Limagne et chaîne des Puys), paradoxe lié aux infrastructures censées pourtant connecter le local au global, et non en limiter les potentialités. La seconde problématique révélée concerne le manque d’urbanité au sein de ce territoire, avec un réel manque d’espaces et de paysages publics, où les potentiels naturels en présence ne sont ni utilisés, ni intégrés, que ce soit au sein même des parcours de cet espace économique que dans sa relation avec le grand paysage. Ces derniers, non exploités dans leur capacité à générer un lieu de vie qualitatif, marque la perte d’un potentiel d’habiter de ce territoire, favorisant le développement pavillonnaire des bourgs et communes alentours, set par la même occasion l’artificialisation des sols ou encore l’extension des réseaux, etc. Illustration ci-contre : Coupe des limites & porosités du territoire

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ENJEUX TERRITORIAUX & STRATÉGIE Mise en place d’une charte d’aménagement globale Le projet proposé se développe donc sous forme d’une charte d’aménagement global qui, selon les diverses situations posées au sein de ce territoire, quelles soient indépendantes ou inhérentes à des investissements privés ou public, propose des réponses adaptées, dans le but d’un développement urbain cohérent, tout en cherchant à répondre aux trois enjeux principaux évoqués précédemment. 1. APPUYER LE DÉVELOPPEMENT DE L’ACTIVITÉ ET DE LA PRODUCTION ÉCONOMIQUE DE CES ESPACES - Optimiser l’aménagement de ce territoire en densifiant et mutualisant les espaces (occupation des sols, dent creuses, parking verticaux communs). - Limiter l’étalement urbain monofonctionnel en concentrant le développement sur les zones minérales en priorité (gestion du foncier, entretien des espaces). - Développer une typologie bâtie facilement mutable, transformable et évolutive 2. RÉAFFIRMER L’ATTRACTIVITÉ DE CE TERRITOIRE PAR LES ESPACES PUBLICS - Appuyer le développement de grands espaces publics en lien avec les potentiels paysagers révélés sur le territoire tout en intégrant sur ces derniers un ou plusieurs équipements producteurs d’économie et de loisirs. - Réaffirmer les espaces publics existants en les connectant aux nouveaux paysages (sentiers pédestres, places publiques, traitement du sol, balisage, etc.) - Apporter une autre porosité aux infrastructures (autoroute, voie de chemin de fer, voie rapide) pour relier ces espaces publics paysagers aux grands paysages clermontois (plaine de la Limagne et chaîne des Puys) et sensibiliser la population à son environnement proche. 3. POSER LA QUESTION DE L’HABITER DANS CES ESPACES ET COMBLER LE MANQUE D’URBANITÉ - S’appuyer sur la mise en place d’espaces de respiration paysagers (voir 2) pour offrir un cadre de vie idéal et favoriser le développement d’habitats sur ce territoire (occupation des sols, espaces constructibles) - Développer des typologies en lien avec les caractéristiques de la frange économique et démontrer une alternative à l’étalement pavillonnaire (formes, matières, échelle, etc.) - Développer de nouvelles mobilités sur ces espace en lien avec le piéton et à l’échelle globale (piste cyclable, tramway, chemin pédestre, etc.). La stabilisation de la fin de ville est primordiale pour le maintien des surfaces cultivées de la plaine de la Limagne. Ce sont en effet des parcelles fertiles aujourd’hui menacées par l’urbanisation. Le but est en effet de développer la zone économique à partir du potentiel foncier en présence, sans toucher aux zones agricoles. 4. DÉVELOPPER UNE STRATÉGIE ÉNERGÉTIQUE ADAPTÉE AU TERRITOIRE « [L’industrie] se réinvente selon les paradigmes du XXIe siècle, s’affirmant comme un objet iconique, accessible et compréhensible, en articulation avec les débats sur la symbiose industrielle et l’utilisation des ressources locales et renouvelables. Ces lieux productifs, en activité, offrent au coeur de l’infrastructure en fonctionnement des espaces publics et des activités. Loin d’être anecdotiques, ces nouveaux usages interrogent la mutation symbolique et le devenir des lieux d’énergie. La centrale en activité n’est plus une infrastructure close et monofonctionnelle, elle est l’un des totems d’une transition énergétique en marche, et devient un puissant outil de régénération urbaine comme a pu l’être le musée dans les années 90. » Lopez (Fanny), Bouton (Alexandre), « Paysage de l’énergie et « machine ouverte » », Urbanités, n°6, novembre 2015 - Mettre en place des équipements « hard », producteurs d’énergie mais aussi d’urbanité Illustration ci-contre : Typologies avant/après projet

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CHARTE Évolutivité possible du couloir économique via la mise en place de la charte de projet

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Le projet proposé se développe donc sous la forme d’une charte d’aménagement global qui, selon les diverses situations posées au sein de ce territoire, quelles soient indépendantes ou inhérentes à des investissements privés ou public, propose des réponses adaptées, dans le but d’un développement urbain cohérent, tout en cherchant à répondre aux différents enjeux évoqués précédemment. Il se fonde ainsi sur le principe de mise à distance pour favoriser une croissance homogène, inspiré des espaces de timidité que mettent en place les arbres au niveau de la canopée pour qu’ils puissent croître simultanément. C’est avant tout l’utopie d’un territoire inversé : la ville se développe à partir du vide, son sol, sa végétation et son relief. Les césures identifiées au sein du couloir économique, dont le nord de la Plaine de Sarliève (site du projet), deviennent les supports d’une stratégie de régénération des tissus périurbains, vecteurs d’urbanité, de mixité programmatique et d’espaces publics mais aussi de connexions entre ville et grand paysage. Au sein de ces dernières est posée la question du futur développement de la métropole clermontoise, de l’accueil de ses nouveaux habitants et entrepreneurs à l’aménagement urbain de ses zones d’activités, ainsi que la place des industries inhérentes au territoire et créatrices d’urbanité. Poser ces questions au sein de ces tissus pourrait permettre à l’avenir de pérenniser la limite entre ville et campagne, où la question de la stabilisation de la fin de ville est primordiale pour le maintien des surfaces cultivées de la Plaine de la Limagne. Ainsi, le projet s’attache à inverser les regards, le bâti et la voirie ne constituant plus les guides des aménagements urbains, laissant leur place au paysage, et marquant l’imaginaire d’un nouveau coeur métropolitain, où l’asphalte remplace les pavés et où la cathédrale devient cette émergence topographique du Puy de Crouel. Illustration ci-contre : Carte de stratégie territoriale, « Inversion des regards, la ville vue par les vides »

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INVERSION DES REGARDS, LA VILLE PAR LE VIDE CARTE DE STRATÉGIE VOIRIES

HYDROGRAPHIE

TOPOGRAPHIE

PROJET MÉTROPOLITAIN

AXE PRINCIPAL

RIVIÈRE, RUISSEAU

COURBE DE NIVEAU

PARCOURS PUBLIC

BÂTIMENT POTENTIELLEMENT MUTUALISABLE

AXE SECONDAIRE

RÉSEAU CANALISÉ

ESPACE PUBLIC À RECONNECTER

TERRAIN DENSIFIABLE

AMPLITUDE DES

ÉTENDUE D’EAU

POTENTIEL PAYSAGER IDENTIFIÉ

TOPOGRAPHIE VOIRIES

PROJET HYDROGRAPHIE MÉTROPOLITAIN

TOPOGRAPHIE

AXE PRINCIPAL COURBE DE NIVEAU

PARCOURS PUBLIC RIVIÈRE, RUISSEAU

BÂTIMENT POTENTIELLEMENT MUTUALISABLE PARCOURS PUBLIC COURBE DE NIVEAU

AXE SECONDAIRE

RÉSEAUÀCANALISÉ ESPACE PUBLIC RECONNECTER

AMPLITUDE DES GRANDES INFRASTRUCTURES PROJET MÉTROPOLITAIN

ÉTENDUE D’EAU POTENTIEL PAYSAGER IDENTIFIÉ

PARCOURS PUBLIC

BÂTIMENT POTENTIELLEMENT MUTUALISABLE

ESPACE PUBLIC À RECONNECTER

TERRAIN DENSIFIABLE

INVERSION DES REGARDS, LA VILLE PARINFRASTRUCTURES LE VIDE GRANDES

CARTE DE STRATÉGIE

POTENTIEL PAYSAGER IDENTIFIÉ

TERRAIN DENSIFIABLE

PROJET MÉTROPOLITAIN

ESPACE PUBLIC À RECONNECTER

BÂTIMENT POTENTIELLEMENT MUTUALISABLE TERRAIN DENSIFIABLE

POTENTIEL PAYSAGER IDENTIFIÉ

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L’ÉCHELLE LOCALE RETOUR A LA TERRE De la terre au béton et vice-versa. Le projet se développe au nord de la Plaine de Sarliève, site premièrement choisi pour son statut de « césure en danger ». Depuis plusieurs années, le Grand Clermont a en effet pour souhait d’urbaniser très rapidement ce site, de manière à relier les zones d’activité de Cournon d’Auvergne et d’Aubière par des programmes commerciaux et industriels. Le Zénith d’Auvergne représente à lui seul, le souhait de la ville d’urbaniser le site, son implantation en 2003 marquant en quelque sorte la mort annoncée des terres agricoles présentes, de plus en plus réduites et morcelées. Ors, si l’on se penche d’un peu plus près sur les caractéristiques géologiques de ce territoire, la Plaine de Sarliève, en continuité de la plaine de la Limagne, se caractérise par des terres extrêmement fertiles mais inadaptées à la construction. De plus, la présence de l’agriculture depuis des siècles a permis la structuration d’un fort réseau hydrographique, notamment de drainage, découpant richement le site. Il y ainsi un illogisme dans les souhaits d’aménagement des pouvoirs publics et la réalité du site. De par sa situation, la Plaine de Sarliève constitue également le lien entre les deux paysages remarquables que sont la Plaine de la Limagne à l’est (Puy d’Anzelle) et la chaîne des Puys à l’ouest (Puy d’Aubière), classés respectivement comme Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique (ZNIEFF) et possédant sur leurs hauteurs des zones Natura 2000. Ainsi, de nombreux chemins de randonnées balisés parcourent ces espaces mais se trouvent interrompus au niveau de la plaine, du fait de la présence des trois infrastructures majeures orientées nord/ sud évoquées précédemment : la D2009, l’autoroute et la voie de chemin de fer. Illustration ci-contre : Perspective du projet « Retour à la terre, jardin botanique et parc urbano-rural ».

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LE DÉJÀ-LÀ, L’AGRICULTURE COMME POINT DE DÉPART En cohérence avec le principe d’inversion des regards, le sol est apparu comme source de projet, dans le sens où, plutôt que de partir d’un programme défini au préalable, c’est du site de projet que ce sont dégagées des intentions en lien direct avec les spécificités de ce dernier. Le choix fut fait de s’inspirer du « déjà-là » pour fonder le projet, marqué par les potentiels et les qualités de cette césure paysagère. Territoire fortement marqué par l’agriculture, il apparu logique de conserver sa présence, en opposition aux souhaits de la ville, ne contraignant cependant pas cette dernière à devenir le synonyme d’un état figé, bien au contraire. Pour rétablir une dynamique nouvelle, une diversification est indispensable et ce, tant dans ses types de production que dans ses diverses destinations. Tout d’abord, une réintroduction de la vigne sur 4 hectares est opérée à l’ouest du site, seule partie pentue de la Plaine de Sarliève, en relation avec les coteaux d’Aubière, historiquement hauts lieux de la vigne clermontoise durant les siècles précédents. La mise en exergue d’un parcellaire morcelé, propice au développement de cultures de taille plus réduites que les vastes étendues céréalières à l’est, permet la mise en place de cultures maraîchères dans les parcelles situées à l’ouest du site. En outre, la culture du chanvre est réintroduit également au sein de rotations effectuées sur les terres agricoles de la plaine, entre maïs, orge et blé. Le chanvre ne possède que des atouts: il enrichit les sols que le maïs appauvrit considérablement, il pousse pendant les périodes libres des cultures existantes. C’est surtout un excellent matériau biosourcé utilisable dans les domaines de la construction (isolants, béton de chanvre) dont les restes sont entièrement valorisables en compostage et méthanisation. Enfin, des roselières (cultures de roseau, autre matériau biosourcé) sont implantées dans les terrains marécageux au nord-ouest du Zénith.

TRAME URBAINE Bâtiments de projet et nouveaux quartiers

TRAME VIAIRE Prolongement du tramway et des pistes cyclables

TRAME TECHNIQUE Recyclage et production

TRAME BOTANIQUE Jardins et loisirs

CONSTITUTION D’UNE LISIÈRE HABITÉE En complément de l’activité agricole, un jardin botanique se développe sur la frange nord du site dont il sera le support à sa requalification, actuellement divisée entre boîtes commerciales et industrielles d’une part, et cultures céréalières d’autre part. Il assure ainsi une transition entre le tissu urbain et les cultures du parc dans un axe nord/sud alors qu’il marque une continuité entre les coteaux d’Aubière à l’ouest et le puy d’Anzelle à l’est. Si le site est irrigué par trois infrastructures viaires majeures, nombreux sont les programmes publics de grande envergure restant inaccessibles autrement que par la voiture (Cinédome, Zénith, gare de Cournon). De plus, alors que la ville souhaite urbaniser totalement la plaine, une enquête in situ à démontrée que 45ha mutables sont potentiellement disponibles par mutualisation, reconversion ou densification dans un rayon d’un kilomètre autour du site de projet. Face à ces constats, nous proposons de prolonger la ligne de tramway depuis le terminus existant de la Pardieu Gare, situé à moins de 2 kilomètres au nord, jusqu’à la gare de Cournon. Cette ligne de tramway sera le support d’une requalification de la frange nord : des porosités dans le tissu existant support au développement d’espaces publics, de logements et de continuités piétonnes seront opérées entre la ligne de tram et le parc agro-urbain sur lesquelles viennent se greffer les projets architecturaux développés et ce, en application de la stratégie territoriale développée précédemment.

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TRAME AGRICOLE Maraîchage et cultures céréalières

TRAME HYDRAULIQUE Drainage, irrigation et bassins


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LA MISE EN OEUVRE DE L’ESPACE PUBLIC L’intérêt porté au déjà-la se traduit également dans la mise en oeuvre de l’espace public. En effet, les aménagements du parc s’appuient sur le parcellaire et le tracé des chemins existants, préservant au maximum les terres arables du site. Les aménagements se veulent légers de manière à conserver un maximum l’aspect naturel du lieu et permettant la réversibilité possible des choix opérés. Les chemins nécessitant le passage de véhicules lourds sont renforcés par les graves produites par la plateforme de concassage tandis que les axes majeurs nord-sud seront traités par la pose de dalles de chemin carrossables en béton enherbés de manière à conserver l’aspect d’un chemin tout en possédant la résistance nécessaire au passage des machines agricoles. De plus, le passage du tramway longera un tracé existant de manière à desservir le Zénith d’Auvergne puis la gare de Cournon au sud du site, sans redécouper inutilement les terres agricoles. Les accès au site et les cheminements du jardin botanique sont réalisés en stabilisé renforcé pour son aspect naturel et ses coûts de mise en oeuvre réduits. Enfin, les divers pièces de mobilier du parc et du jardin, comme par exemple les murs de soutènement, que l’on trouve sur les parcelles viticoles et sur les digues carrossables des bassins de lagunage, seront réalisés en gabion, en terre ou en bois à partir des matières premières de la plateforme de concassage et mises en oeuvre dans les ateliers de transformation. C’est donc également un lieu d’expérimentation constructive qui se développe au sein de cet espace public, permettant un renouveau systématique du territoire. PROGRAMMES ARCHITECTURAUX Actuellement, une seule ferme située à l’ouest du site assure la présence de l’agriculture sur ce territoire. Face à la diversification des cultures mises en place, nous proposons de réinvestir les bâtiments en ferme pédagogique associé à un chai viticole qui assurera la gestion de la vigne. Une plateforme de valorisation des déchets organiques et minéraux est mise en place: elle assurera le recyclage des déchets verts par compostage et méthanisation. Le compost produit servira aux agriculteurs ainsi qu’au jardin botanique alors que la chaleur et l’électricité produite par méthanisation sera distribuée aux projets et aux aménagements du parc. Les restes de la culture du chanvre et du roseau seront alors valorisés in-situ. La plateforme de concassage produira des graves qui serviront à l’aménagement du parc (chemins + mobilier) ainsi qu’à la centrale à béton existante située au nord-est du site. Un marché couvert et un marché de demi-gros, approvisionnés par les produits du site et ceux de la région, se voudra la vitrine du territoire et des produits locaux. Il permettra la vente de marchandises alimentaires dans une logique de circuits courts, pour les professionnels, notamment les restaurateurs présents autour du Cinédôme au nord, mais aussi pour les particuliers, puisqu’il constituera l’un des premiers équipement public du nouveau quartier développé en lisière du parc. Enfin, projet développé ici pour ce concours des bâtiments biosourcés, un centre de recherche associé à des ateliers d’expérimentation et de transformation est mis en place pour développer la filière des matériaux biosourcés, cultivés sur le site tels que le blé, le chanvre et le roseau. Il sera également un appui pour le développement du jardin botanique en lisière du parc agro-urbain. Son rôle sera d’étudier l’impact des changements climatiques sur la flore auvergnate.

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1 | Ferme pédagogique & chai viticole 2 | Agora, marché couvert & marché de demi-gros 3 | Biolab, centre de recherche & ateliers de transformation et d’expérimentation 4 | Pôle de valorisation des déchets minéraux et organiques A | Jardin botanique B | Cultures céréalières C | Cultures maraîchères D | Viticulture E | Bassins de lagunage F | Roselières

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L’ÉCHELLE ARCHITECTURALE C.R.A.T.(erre) Contexte Le Centre de Recherche et Ateliers de Transformations qui vous est présenté ici est l’un des deux projets sur les quatre que nous avons développé pour le PFE. Le choix de ce dernier s’est effectué quant à la réflexion autour du développement de la filière des matériaux biosourcés et cultivés sur le site tels que le blé, le chanvre et le roseau. Il sera également un appui pour le développement du jardin botanique en lisière du parc agro-urbain. Son rôle sera d’étudier l’impact des changements climatiques sur la flore auvergnate. En effet, selon une étude récente, 40% de la flore vasculaire d’Auvergne serait menacée. Le centre de recherche étudie les capacités d’adaptation ou non de la flore endémique aux changements climatiques alors que les ateliers d’expérimentation et de transformation s’intéressent au développement de la filière des matériaux biosourcés. Ils constituent également un lieu d’expérimentation pour l’élaboration de maquettes à l’échelle 1, dont un lien peut se tisser avec l’ENSA Clermont-Ferrand. Le jardin botanique se présente alors comme un musée à ciel ouvert du travail du centre de recherche. Illustration ci-contre : Perspective du projet «C.R.A.T.(erre), Centre de Recherches et Ateliers de Transformations»

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CONCEPTION IN SITU & RELATION AU SITE Le projet du Centre de Recherche et Ateliers de Transformations (C.R.A.T.) s’implante au nord-est du site, à un endroit stratégique puisqu’il se situe au pincement entre les zones d’activité d’Aubière et de Cournon. Il constitue un étape majeure dans le parcours proposé, créant une attache entre le tissu existant et la frange urbaine nouvellement requalifiée. Il se veut en lien direct avec le jardin botanique qu’il gère puisqu’il guide le promeneur jusqu’aux plantes. A proximité des transports publics, il est facilement accessible par le tramway au sud et le bus au nord. Il développe un parti pris architectural fort, celui de l’équerre, à la fois dans l’organisation des espaces que le choix des matériaux. En effet, il se divise donc en deux volumes architecturaux distincts, l’un hébergeant le centre de recherche et l’autre, les ateliers de transformations. Cette posture a également été dictée par le choix de créer un sous espace dans le parcours du jardin botanique, où les cultures expérimentales du C.R.A.T. se logent dans la « cour intérieure » des deux édifices. C’est également l’occasion de rompre avec le contexte rude des boîtes économiques dont les masses sans âme ternissent le paysage agricole. Enfin, ce choix d’un plan en équerre témoigne d’une volonté de replier l’édifice sur soi, créant une atmosphère d’introspection propice à la recherche. CONCEPTION ARCHITECTURALE & TECHNIQUE Ce parti pris se traduit directement dans le choix de la matière et l’organisation du plan. La mise en place d’un mur épais en terre majoritairement dépourvus d’ouverture, telle une extrusion du sol, ce sol agricole si riche et si important pour ce site, apporte une efficacité thermique à l’édifice. À l’ouest, le mur pisé apporte une inertie thermique à l’ensemble du bâtiment, accumulant la chaleur durant la journée pour la restituer durant la nuit. Au nord, le mur épais des ateliers contribue à limiter un maximum les déperditions thermiques. En opposition, une ossature en bois se développe à l’est et au sud que des façades légères en verre recouvrent. Des lames de bois apportent intimité et régulent l’apport lumineux dans les vastes espaces de travail. À la rencontre de ces deux entités viennent se loger les circulations horizontales. Si le plan se retourne dans une cohérence de façades, il nous paraissait intéressant d’introduire une nuance dans la mise en oeuvre : la structure bois des ateliers glisse par rapport au bloc épais de manière à proposer un espace de travail couvert en prolongement direct des halles, un apport de lumière par la mise en place d’un shed plein nord mais également aussi une casquette protégeant des rayons lumineux venant du sud. Illustration ci-contre : Plan masse du projet «C.R.A.T.(erre), Centre de Recherches et Ateliers de Transformations»

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1

5

10

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Si les matériaux se veulent traditionnels, leur mise en oeuvre relève d’une approche beaucoup plus contemporaine. Inspirés par les recherches de l’ingénieur autrichien Martin Rauch sur la terre nous ont laissé entrevoir une approche plus singulière : une sélection rigoureuse de la granulométrie permet une résistance accrue aux éléments nous permettant des détails plus fin comme la mise en place d’une couvertine métallique au lieu d’un fort débord de toiture et la continuité de façade entre pisé et polycarbonate, soulignant l’aspect monolithique des édifices depuis l’espace public. Les murs porteurs sont coulés sur place (25cm à l’extérieur, 40 à l’intérieur), par couche successive de 50cm de haut, solidifiées entre elles par des lits de mortier sable et chaux. Les ouvertures, les allèges et les linteaux, se calent alors sur ces strates successives. Le double mur est isolé par 20cm de chanvre en vrac, isolant adapté pour les transferts d’humidité que permettent la terre. Les chaînages d’angle sont réalisés par des lits de mortier tous les 25cm de haut sur 50 cm de long de par et d’autre du mur, ce qui apporte un traitement plus fin qu’avec les procédés couramment admis. Le bois quant à lui, s’inspire également des travaux de l’ingénieur français Jacques Anglade. La charpente de la serre est traitée comme un véritable élément de projet et non comme une succession de fermes identiques standards. Le poinçon est au fur et à mesure raccourci jusqu’à environ un tiers de sa hauteur, brisant progressivement l’horizontalité de l’entrait. Cela apporte une dynamique au grand volume de la serre tout en apportant plus de volume intérieur pour une ligne de faîtage continue. Les ateliers quant à eux, plus sobre par leur programme quasi industriel, font appel à des fermes asymétriques. Alors que le rez-de-chaussée est entièrement public, les étages du centre de recherche comportent tous les espaces de travail et les laboratoires surmonté par une serre en polycarbonate accueillant les cultures expérimentales, telle une annexe des cultures pleine terre. Si cet étage diffère dans son écriture, nous voulions qu’il soit une continuité physique et visuelle des espaces de travail. Ainsi, des doubles hauteur, voire triple hauteur notamment dans les circulations sont mises en place. Ainsi, les laboratoires bénéficient d’une vue directe sur cet espace, pouvant observer les évolutions de la flore depuis l’étage inférieur. L’intérêt de ces connections visuelles réside également dans la mise en place d’une ventilation naturelle efficace de l’édifice, en continuité avec les préceptes thermiques évoqués précédemment. L’air frais pénètre dans la partie basse de l’édifice par le biais des ouvertures, notamment leur partie haute qui s’ouvre en oscillo-battant, ne réduisant pas les surfaces libres, et l’air chaud remontent par les trémies jusqu’à l’étage de la serre où il est évacué en partie haute par les fenêtres de toit. Néanmoins, la serre ne nécessite pas que la totalité du système soit opérant toute la journée pour être ventilée. En effet, le décalage entre le nu du mur extérieur en pisé et la structure bois de la serre permet l’apport d’air en partie basse par le biais de châssis ouvrants à commande hydraulique et un caillebotis en acier galvanisé. Associé à un polycarbonate double peau (avec lame d’air ou isolant translucide au centre), la thermique du bâtiment est alors assurée sans le recours systématique à la technologie mais dans le choix et la mise en oeuvre de matériaux qualitatifs. Illustration ci-contre : Plan RDC, R+1 et R+2 du projet «C.R.A.T.(erre), Centre de Recherches et Ateliers de Transformations»

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Plan RDC Centre de recherches & Ateliers de transformat 0

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Plan R+1 AT 0

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tions

Plan R+1 CR 0

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Plan R+2 CR 20

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Toiture & charpente 01. profil aluminium à rupteur de pont thermique en T + joints d’étanchéité 02. arbalétrier bois, dim. 240mm x 140mm 03. polycarbonate 04. entrait bois, dim 240mm x 140mm 05. panne intermédiaire bois dim. 240mm x 140mm 06. profil de rive, aluminium 07. couvertine zinc + gouttière zinc l. 260mm, sur mesure + profil de rive, aluminium + profil de structure aluminium pour polycarbonate fixé sur UPN 350, fixé sur panne sablière, dim. 280mm x 140mm + isolant 80mm Façade & plancher 08. polycarbonate double peau, Everlite Danpatherm K7 09. double poteau bois moisant, dim. 300mm x 80mm 10. dalle béton, ép. 90mm + plancher collaborant Bacacier PCB20, entraxe 2500mm + poutre bois moisée, dim. 480mm x 140mm 11. profil de structure aluminium pour polycarbonate, fixé sur cornière métallique 80mm + chassis ouvrant + caillebotis métallique acier galvanisé 12. closoir bois, dim. 570mm x 140mm + couvertine zinc, sur mesure 13. faux plafond, BA 13 + montant M48-50 + suspente sur chant SC50 + tige filetée Ø 6mm 14. isolation thermique fibre végétale (chanvre en panneau rigide), ép. 200mm + dalle de plancher OSB, ép. 20 mm 15. caisson bois, store toile extérieur vertcial Griesser 16. menuiserie bois, précadre bois, allège h. 1000mm 17. poutre bois moisée, dim. 360mm x 140mm 18. dalle béton, ép. 80mm + plancher collaborant Bacacier PCB20, entraxe 2500mm + isolation fibre végétale acoustique (chanvre en panneau rigide), ép. 180mm + dalle plafond suspendu Lauder Linea, tasseaux bois claire voie 19. mur pisé extérieur, coulé sur place, ép. 200mm (+ lit de chaux tous les 250mm) + équerre de liaison métallique 20. isolation fibre végétale chanvre en vrac ép. 200mm 21. mur pisé intérieur, porteur, coulé sur place, ép. 400mm Fondations 22. dalle béton finition quartz ép. 200mm + isolation thermique ép. 150mm + graves 0-31 ép. 200mm + graves 0-80 ép 500 mm 23. longrine béton, hors-gel 24. colonne ballastée pour traitement du sol argilo-calcaire Illustration ci-contre : Détail technique - Coupe principe structurel du projet «C.R.A.T.(erre), Centre de Recherches et Ateliers de Transformations»

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01 02 03 04 05 06 07

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Coupe perspective Ateliers de transformations - Halle et laboratoires

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Coupe perspective Centre de recherche - Espace de vente

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Coupe perspective Centre de recherche - Espace de restauration

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Faรงade OUEST 0

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Faรงade EST 0

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Faรงade NORD 0

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Faรงade SUD 0

1

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Construction neuve, Centre de recherche, bâtiment d'enseignement et d'activité agricole

TYPE DE CONSTRUCTION

Couverture à support discontinu

Ossature bois non porteuse

Cloisonnement, plafond suspendu

4826,55 7,5kg/m2

2,5kg/m2

110kg/m3

25kg/m3

17,5kg/m2

Isolants à base de fibre végétal (vrac) Isolants à base de fibre végétal (rigides)

12,5kg/u

Ossature et lames de claustras extérieurs brise

12,5kg/ml

17,5kg/ml

15kg/ml

30kg/m2

Portes intérieures bois

Mains courantes

Fenêtres, portes-fenêtres en bois Portes extérieures pleines en bois

Escalier en bois

12,5kg/ml

20kg/m2

Charpente traditionnelle en bois reconstitué Ossature poteaux-poutres

RATIOS (par défaut)

PRODUIT

Couverture, étanchéité

Isolation

Menuiseries intérieures et extérieures, fermetures

Structure, maçonnerie, gros-œuvre, charpente

FONCTION

4826,55

4826,55

4826,55

4826,55

4826,55

4826,55

4826,55

4826,55

4826,55

4826,55

4826,55

SURFACE DE PLANCHER (en m²)

x

x

0,25m

8,50m

x

x

x

x

x

x

x

x

ÉPAISSEUR DU PRODUIT

122,93m2

2098,49m2

3079,07m2

35,77m2

473,44m2

66

64,6ml

22,05m2

796,36m2

10,63m2

4014,48ml

2098,49m2

SURFACE COUVERTE

x

x

769,77m3

304,04m3

x

x

x

x

x

x

x

x

VOLUME DE PRODUITS BIOSOURCÉS

0,19 0,19 44,17

TOTAL TOTAL

1,09

TOTAL 921,98m2

1,09

19,11

TOTAL 5246,23kg/m2

17,54

84674,70kg/m3

1,57

4,61

TOTAL 7601,13kg/m3

1,72

0,17

0,17

0,08

8285,20kg/m2

825kg/m2

807,50kg/m2

385,88kg/m2

2,47

19,17

TOTAL 11945,40kg/m2

0,07

10,40

8,70

TAUX (en kg/m² de SP)

318,90kg/m2

50181,00kg/m2

41969,80kg/m2

MASSE DE PRODUITS BIOSOURCÉS

TABLEAU DE TAUX D’INCORPORATION

CENTRE DE RECHERCHES


Industrie, stockage

TYPE DE CONSTRUCTION

2735,59

2735,59

2735,59

2735,59

2735,59

2735,59

2735,59

2735,59

2735,59

2735,59

2735,59

SURFACE DE PLANCHER (en m²)

Couverture, étanchéité

Isolation

Menuiseries intérieures et extérieures, fermetures

Structure, maçonnerie, gros-œuvre, charpente

FONCTION

Couverture à support discontinu 2,5kg/m2

110kg/m3

25kg/m3

17,5kg/m2

Isolants à base de fibre végétal (vrac) Isolants à base de fibre végétal (rigides)

12,5kg/u

Ossature et lames de claustras extérieurs brise

12,5kg/ml

17,5kg/ml

15kg/ml

30kg/m2

Portes intérieures bois

Mains courantes

Fenêtres, portes-fenêtres en bois Portes extérieures pleines en bois

Escalier en bois

12,5kg/ml

20kg/m2

Charpente traditionnelle en bois reconstitué Ossature poteaux-poutres

RATIOS (par défaut)

PRODUIT

x

0,30m

8,50m

x

x

x

x

x

x

x

x

ÉPAISSEUR DU PRODUIT

2681,35m2

812,34m2

47,82m2

568,62m2

65

15,80ml

70m2

700,80m2

11,60m2

1739,85ml

2681,35m2

SURFACE COUVERTE

x

769,77m3

406,47m3

x

x

x

x

x

x

x

x

VOLUME DE PRODUITS BIOSOURCÉS

51,05

2,45

TOTAL TOTAL

2,45

12,62

TOTAL 6703,38kg/m2

8,91

24370,20kg/m3

3,71

8,30

TOTAL 10161,75kg/m3

3,64

0,3

0,07

0,45

9950,85kg/m2

812,5kg/m2

197,5kg/m2

1225kg/m2

3,84

27,68

TOTAL 10512kg/m2

0,13

7,95

19,60

TAUX (en kg/m² de SP)

348kg/m2

21748,13kg/m2

53627kg/m2

MASSE DE PRODUITS BIOSOURCÉS

TABLEAU DE TAUX D’INCORPORATION

ATELIERS DE TRANSFORMATIONS

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MAQUETTE

PHOTOGRAPHIES Illustration ci-contre : Photographie de la maquette de détail - façade Est

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ADMINISTRATIF

DOCUMENTS & CONTACTS Mr. Thibaut DURY Étudiant HMNOP 271 Cours Lafayette 69006 LYON 06.38.75.91.31 thibaut_dury@hotmail.fr Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Clermont-Ferrand 85 rue du Dr Bousquet 63000 CLERMONT FERRAND ensacf@clermont-fd.archi.fr 04.73.34.71.50 Mr. Olivier MALCLES Architecte - Enseignant titulaire Responsable du domaine d’étude EVAN olivier.malcles@gmail.com 06.62.49.78.29

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Je soussigné Mr. OLIVIER MALCLES, enseignant dans le cadre des exercices de projet architectural ou urbain de l’École Nationale Supérieure d’Architecture de CLERMONT FERRAND, certifie avoir pris connaissance du programme et de la situation du projet présenté par Mr. THIBAUT DURY, étudiant inscrit à l’ENSA CLERMONT-FERRAND dans la période 2016-2017, au concours national d’architecture «bâtiment biosourcés» 2016-2017.

Fait à CLERMONT-FERRAND, le 03/07/2017

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