Les Carnets de l’Observatoire Dossier « Contexte politique récent de la Côte d’ivoire » Chapitre de la création du multipartisme Qui de l'oeuf ou de la poule? Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) ·
Qui de l'oeuf ou de la poule? C'est parce que LG savait très bien quelles pressions s'exerçaient sur FHB qu'il a profité avec toute l'opposition d'alors (Francis WODIE, Bernard ZADI ZAHOUROU, BAMBA Moriféré, et de nombreux leaders syndicalistes) pour faire plier le vieux FHB et comme conséquence, le multipartisme est né partout simultanément en Afrique, parce qu'elle cessait d'être une terre protégée et partagée clairement entre l'Est et l'Ouest. Ainsi, je t'accorde que LG était et de loin l'icône de ce passage et pour le citoyen lambda, c'est vrai qu'il apparaît comme celui qui a amené le multipartisme en RCI. C'est d'ailleurs pour toutes ces raisons que LG est considéré comme un homme politique très habile! La réalité est que les conditions d'obtention de l'aide financière internationale était assujettie au passage au multipartisme, je pense humblement que cela a été déterminant, beaucoup plus que de simples marches qui auraient largement pu être réprimées, si l'occident n'était pas derrière. Il faut aussi que tu saches que depuis la "guerre du Cacaco", FHB n'était plus en odeur de sainteté. On lui cherchait déjà à l'époque un successeur. donc, il ne faut pas réduire tout ceci à un combat "héroïque" qu'aurait mené David (LG) contre Goliath (FHB). Une des leçons à retenir, c'est que l'occident à joué, joue, et jouera encore un rôle crucial dans nos pays, parce qu'ils savent très bien se nourrir de nos (profondes) divisions, elles-mêmes nées de notre méconnaissance du passé et de nos erreurs stratégiques!
Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer Déclaration liminaire du Président MIAKA Ouretto (lue par Laurent Akoun, SG du FPI) – 15 juin 2012. Thème :"le Regard du FPI sur la situation socio--politique nationale et internationale ?" Mesdames et messieurs les journalistes de tous les médias de la presse nationale et internationaleMerci d’être venus à cette conférence de presse. Elle fait partie des rencontres périodiques ordinaires que nous organisons avec la presse pour faire entendre la voix et la position du Front Populaire Ivoirien. Cela, chaque fois que nous estimons que la coupe des médisances, des accusations fantaisistes, relevant du banditisme et du mensonge d’Etat, est à nouveau remplie et déborde. Dès lors le peuple ivoirien, et les démocrates du monde entier intoxiqués à souhait par les médias aux ordres, ont besoin que la lumière soit faite et la vérité dite sur l’exacte réalité de la situation politique de notre chère et beau pays, la Côte d’Ivoire, défigurée par la haine ethnicotribaliste depuis le 11 avril 2011.C’est pour ne pas se dérober à cette attente, et accomplir son devoir devant l’histoire, que le Front Populaire Ivoirien est là, devant, vous pour échanger avec vous sans faux fuyants. Mais avant, vous nous permettrez en guise de propos liminaires d’esquisser quelques pistes de réflexions axées autour de trois points principaux.1. Le contexte politique ivoirien2. A propos du prétendu putsch déjoué3. Les préoccupations et attentes des Ivoiriens1. Le contexte politique ivoirienCommençons par faire un peu d’histoire, en rappelant les deux guerres du cacao qui ont été faites à notre pays durant ces vingt dernières années.La Côte d’Ivoire, première productrice mondiale de cacao, était déjà depuis le début des années 90 du siècle dernier, dans le viseur des appétits insatiables des multinationales de la finance et du négoce, qui régentent le nouvel ordre politicoéconomique mondial.Objectif visé, faire main basse d’abord sur notre richesse cacaoyère qui fait de ce pays la première puissance économique de la sous-région ouest africaine francophone, ensuite s’accaparer toutes les autres ressources minières et énergétiques qui abondent dans le sous-sol ivoirien ; une véritable manne géologique qui attise toutes les convoitises, aiguise les appétits voraces de tous les impérialistes, créant ainsi ce qu’ils ont eux-mêmes dénommé un tourbillon dans le golfe de Guinée.La méthode convenue entre les puissances impérialistes, propriétaires des multinationales de la finance et du négoce, pour déposséder notre pays de ses richesses, est d’imposer à la tête de l’Etat
ivoirien un homme lige ; c’est-à-dire à leur solde, qui leur obéit au doigt et à la baguette, qui garantit leurs intérêts par la mise en œuvre d’un régime ultra libéral, dictatorial pour tout dire, à l’instar des dictatures imposées en Amérique latine. C’est ainsi que fut engagée la première guerre du cacao contre la Côte d’Ivoire.1. 1 La première guerre de cacao contre HouphouëtLes moyens qui seront mis en œuvre sont de quatre ordres : humain, politique, financier et militaire. Sur le plan humain, identifier les personnes ressources, à commencer par le cheval de Troie, l’homme de main. Le choix des puissances impérialistes occidentales se porte sur Alassane Ouattara à charge pour lui de recruter des seconds couteaux. Ils l’imposent en 1991 comme premier ministre au Président HouphouëtBoigny qui sera contraint par la suite sous les énormes pressions des multinationales Philipps Brothers, Sucres et Denrées etc. à brader toute la production cacaoyère.La Côte d’Ivoire venait ainsi de perdre sa première guerre de cacao, dès l’avènement d’Alassane Ouattara sur la scène politique ivoirienne. En l’espace de seulement de trois ans (1991 – 1993), il déstructure l’économie du pays en bradant aux multinationales par une privatisation forcenée, au franc symbolique, la quasi-totalité des entreprises d’Etat ivoiriennes. Dans le même temps, il défigure et déstabilise le tissu social par diverses mesures injustes et cyniques (instauration de la carte de séjour pour les étrangers, salaires à double vitesse dans la fonction publique, etc.).Après une tentative avortée d’hold-up constitutionnel en 1993 au décès de Félix Houphouët Boigny, ses parrains, les multinationales de la Finance et du négoce retirent momentanément Alassane Ouattara de la scène politique ivoirienne, et le place en amont de l’économie ivoirienne effondrée au FMI. Fin du premier acte de sabotage de l’économie et de déstabilisation politique de la Côte d’Ivoire par Alassane Ouattara.1. 2 La seconde guerre du cacao contre GbagboL’intrusion de Ouattara dans le jeu politique avec un parti le RDR en 1995, et les moyens financiers colossaux, trente milliards versés par la filiale ghanéenne du trader Britannique Armajaro, lui permettront de poursuivre la déstabilisation du pays. Le coup d’Etat manqué de septembre 2002 constitue le déclenchement de la deuxième guerre du cacao, d’Alassane Ouattara et ses maîtres du nouvel ordre économique mondial contre la Côte d’Ivoire. Les bombardements forcenés franco onusiens le 11 avril 2011 de la résidence présidentielle (moyens militaires) pour éjecter Laurent Gbagbo du pouvoir et y installer leur homme de main Alassane Ouattara, constituent si l’on peut dire le point d’achèvement de la mainmise des multinationales de la finance et du négoce sur notre pays.La Côte d’Ivoire venait ainsi de perdre sa deuxième guerre du cacao ; ce cacao que Laurent Gbagbo s’était évertué pendant dix longues années, à préserver de la rapacité et la voracité des prédateurs tant internes qu’externes. Fin du deuxième acte, celui qui commence par la déstabilisation politique en 2002 et s’achève en 2011 par la mainmise totale sur la production cacaoyère.Voici brièvement retracé le processus qui, depuis vingt ans a conduit à l’installation au pouvoir en Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara, pion des multinationales. Sa mission, leur livrer par tous les moyens, toutes les richesses minières, agricoles et énergétiques de la Côte d’Ivoire, à commencer par le cacao.Nous avons fait ce rappel historique à dessein, pour indiquer que la situation actuelle, n’est rien moins que la mise en œuvre, depuis le 11 avril 2011, de la troisième guerre du cacao, menée par le même Alassane Ouattara, hier chargé de mission des multinationales, aujourd’hui président de la République.1. 3 La troisième guerre du cacao, la vérité sur la réalité à l’OuestLa mainmise des multinationales du négoce sur le cacao ivoirien, passe par l’expropriation des planteurs nationaux (wê, baoulé). Cela au profit de colons étrangers burkinabé, malien plus malléable, qui exerceront comme des ouvriers agricoles dans les plantations industrielles des multinationales à créer.Ce qui se passe à l’Ouest est une terreur orchestrée par le pouvoir pour accélérer l’expropriation des paysans autochtones dont déjà de milliers d’entre eux ont été froidement exécutés ou se sont exilés. Les maîtres d’œuvre de cette sale besogne au profit du pouvoir et de la colonisation des terres de l’Ouest sont connus de l’ONUCI et des FRCI. Leur chef de file Amadé Ouremi qui a participé à la guerre pour la prise du pouvoir par Alassane Ouattara, contrôle au vu et au su du pouvoir toutes les forêts classées du Cavally et de Goin Dedé à la frontière du Libéria, où il a installé des milliers de planteurs originaires de la CEDEAO. L’autre chef de guerre burkinabé, lui aussi lourdement armé Issiaka Tiendrébéogo, contrôle quant à lui, l’axe Taï – Grabo – San Pedro où il exproprie les paysans autochtones par la terreur et installe ses compatriotes qui arrivent chaque jour par convois sur les terres de l’Ouest.Ils sont donc connus et jamais interpellés parce que en mission commandée, les acteurs des expropriations des terres orchestrées par le pouvoir Ouattara dans le cadre de cette troisième guerre du cacao qui a commencé aux confins de l’Ouest du pays et qui est destinée à s’étendre sur l’ensemble du Sud de la Côte d’Ivoire.Dans toute cette partie du pays, les multinationales du négoce ont déjà pris pieds dans la production en rachetant tous les complexes agro industriels dans le cadre des privatisations.La nouvelle loi sur le foncier rural en cours d’élaboration par le pouvoir vise à légaliser et à légitimer toutes les expropriations qui, écartant les anciens
propriétaires de leurs terres se mettront au service de leurs nouveaux maîtres les colons de la CEDEAO et d’ailleurs. La Côte d’Ivoire ainsi recolonisée échappera ainsi totalement au contrôle des paysans autochtones propriétaires actuels de la production cacaoyère de notre pays.Voici le projet qui est en cours, dans cette troisième guerre du cacao qu’Alassane Ouattara livre à la Côte d’Ivoire au profit des multinationales du négoce, et des puissances occidentales leurs commanditaires. Par ailleurs, il est temps, grand temps, pour les Ivoiriens de savoir si l’Ouest de leur pays est devenu une colonie de peuplement burkinabé et malien ? Ces réalités-là, Alassane Ouattara a le devoir de communiquer là-dessus, au lieu de chercher en permanence à mener le peuple en bateau par des coups d’Etat fictifs à répétition.2. A propos du prétendu Coup d’Etat déjouéAprès la dernière visite controversée du procureur Ocampo qui a révélé ses accointances avec le pouvoir et face à la quasicertitude grandissante conduisant à la très probable libération de Laurent Gbagbo en raison de la faiblesse des preuves contre lui, Alassane Ouattara sentant l’étau se resserrer autour de lui a décidé de monter au créneau.Objectif :1° charger à fond Laurent Gbagbo la veille de son procès en le faisant passer pour "un criminel" qui refuse de se repentir en continuant de semer la mort en Côte d’Ivoire.2° Réduire au silence les partisans de Laurent Gbagbo.La méthode utilisée est celle que Ouattara et ses alliés ont déjà utilisée durant la crise postélectorale. Elle pue le réchauffé, un véritable riz couché qui n’avoue pas son nom, une arnaque donc.D’abord la diabolisation de Laurent Gbagbo et ses partisans par les ONG et les médias aux ordres. Comme ce fut le cas cette fois avec le rapport de l’ONG Human Rights Watch de Soros l’ami que Ouattara a sollicité à cet effet. Les médias France 24 et RFI ont suivi.Ensuite l’exécution de la phase du crime de sang imputé à Laurent Gbagbo et ses partisans. A Abobo pendant la crise les images des femmes prétendument assassinées par Gbagbo ont été brandies dans les médias. Cette fois ce sont des casques bleus qui ont été sacrifiés à la mise en scène de Ouattara à l’Ouest.Troisième et dernière phase, l’extermination des pro-Gbagbo qui a déjà commencé à l’Ouest et qu’on envisage de poursuivre avec la dissolution du FPI et sa décapitation programmée, tout cela sans en aucun moment, pendant la crise comme aujourd’hui aucune enquête sérieuse et crédible préalablement mise en œuvre.Les prétendues preuves présentées à la télévision, émanant de personnes détenues, à la merci donc du pouvoir, sans assistance judiciaire et probablement extorquées sous la torture, brandies de surcroît par un ministre qui s’érige à la fois en officier de police judiciaire, magistrat, procureur de la République, juge d’instruction et président du tribunal, ne sont pas recevables parce qu’elles procèdent des pratiques d’une république bananière et non d’un Etat de droit. A ce propos, le FPI rappelle :L’article 3 de la Constitution ivoirienne indique que "les traitements inhumains et cruels, dégradant et humiliants, la torture physique ou morales, les violences physiques sont interdits et punis par la loi.Article 12 : aucun ivoirien ne peut être contraint à l’exil.Article 22 : nul ne peut être arbitrairement détenu. Tout prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité ait été établie à la suite d’une procédure lui offrant les garanties indispensables à sa défense ».Que notre Constitution soit donc respectée à travers les sorts que le pouvoir Ouattara fait à nos concitoyens.Cela dit, la vérité à propos du scenario macabre de l’assassinat des soldats onusiens la vérité, est connue de tous à l’Ouest ainsi que de Ouattara et de ses ‘sécurocrates’. Les sept casques bleus ont été tués le 08 juin dans une embuscade tendue par les mercenaires burkinabé qui au nombre de quelques 3 000 aidés par les Dozos opèrent sous les ordres de Amadé Nouréimi bien connu du régime Ouattara. Se sentant floués et non récompensés par Ouattara qu’ils ont porté au pouvoir, ils arrivent chaque jour en plus grand nombre réclamer leurs dus et n’entendent en aucune manière se laisser désarmer. Les soldats nigériens de l’ONUCI ont été victimes du traquenard qui leur a été posé par les mercenaires burkinabé ; massacre dont la responsabilité a été imputée aux prétendues milices pro Gbagbo."Aucune milice proche de l’ex chef de l’Etat ivoirien n’avait aucune chance de prospérer à l’Ouest de la Côte d’Ivoire" avait dit Young Choi l’ex représentant de l’ONU dans notre pays."La situation est désormais sous contrôle à l’Ouest du pays" avait affirmé pour sa part le ministre ivoirien de la défense après la visite du chef d’Etat dans cette zone.D’où sortiraient alors comme par enchantement les prétendues milices pro Gbagbo qui sèmeraient la mort à l’Ouest ?Dans un contexte politique bloqué qu’il ne maîtrise plus, l’assassinat le 08 juin dernier des 7 soldats de l’ONUCI du contingent nigérien qui venait à peine d’arriver en Côte d’Ivoire, apparaît comme une diversion macabre, un complot ourdi par Alassane Ouattara pour atteindre trois objectifs.1° Faire payer au peuple nigérien et principalement son Président MAHAMADOU Issouffou ses entrée à l’Elysée à son détriment.2° Susciter l’émoi international, détourner ainsi l’attention sur ses responsabilités dans les nombreux problèmes qui assaillent les Ivoiriens, en accusant du même coup Laurent Gbagbo et ses partisans de refuser la paix en s’en prenant à l’ONU. Dans la foulée, prononcer la dissolution du FPI, le décapiter en emprisonnant tous ses dirigeants.3° Créer le prétexte à l’accentuation de la terreur par l’extermination des paysans autochtones jugés pro Gbagbo pour accélérer les
expropriations de terres vers le Sud -Est du pays et parachever la colonisation burkinabé en cours.La vérité que Alassane Ouattara, ministre de la défense, cache aux ivoiriens est qu’il s’ingénie à créer volontairement l’insécurité pour éviter la mise en œuvre d’un Etat de droit. En mission pour livrer les ressources nationales au pillage des multinationales, son crédo est d’entretenir en permanence un climat de belligérance propice à la terreur et aux persécutions. De là résulte les nombreux coups d’Etat qui sont chaque jour inventés.3. Les préoccupations et attentes des ivoiriens- Les droits et libertés démocratiques sont confisqués.- A coup de communication et avec la bénédiction de ses parrains, ce sont des déclarations quotidiennes : « TOUT VA BIEN en Côte d’Ivoire » avec ;Des dizaines de prisonniers politiques civils et militaires vivant dans des conditions inhumaines puisque prévenus-coupables ;Des milliers d’Ivoiriens contraints à l’exil et qui subissent de châtiment du "retour par extradition volontaire" (Lida) ;Des travailleurs mis au chômage par "le délit du rattrapage ethnique" ;L’insécurité entretenue par les forces pro Ouattara dans les villes et les campagnes ;L’école qui se meurt ;La misère qui est servie aux populations en lieu et place des conteneurs de milliards de francs promis.Que le dialogue politique devienne une réalité dans notre pays. Nous sommes demandeurs. Or aucune volonté réelle ne se manifeste en dehors des incantations et du dilatoire… La délégation du FPI reçue le 4 juin est priée de repasser le 13 juillet parce que les gouvernants qui naviguent à vue veulent attendre l’après audience du 18 juin 2012 à La Haye, reportée maintenant au mois de août.En guise de conclusion, le FPI lance un appel à :- M. le Président François Hollande pour qu’il tienne compte des attentes des peuples d’Afrique et de Côte d’Ivoire pour plus de justice et de liberté.- A la diaspora africaine, aux démocrates du monde et aux Ivoiriens pour leur engagement dans la lutte pour la dignité des peuples africains et la souveraineté de leur Etats.- A M. Ouattara et à son gouvernement qu’ils abandonnent la fuite en avant et la répression. Qu’ils s’engagent dans un véritable dialogue en vue de la réconciliation et d’une paix pour le développement durable de la Côte d’Ivoire, notre pays à tous.- A nos militantes et militants, qu’ils gardent l’espérance dans la victoire notre lutte contre la morgue et l’imposture de ceux qui croient, momentanément, qu’ils ont le monopole de la violence.Enfin, face aux accusations fantaisistes et graves de coups d’Etat qui vise à porter atteinte à l’honorabilité de notre parti, la Direction du FPI informe l’opinion nationale et internationale qu’elle a décidé de porter plainte contre le Gouvernement ivoirien pour calomnie et diffamation.Fait à Abidjan, le 15 juin 2012 Le Président par intérim du FPIMIAKA Ouretto
Réponse de Joel Nguessan PPP du RDR Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
Reponse du RDR au FPILe Porte parole principal du RDR Le Ministre Joël N’GUESSAN Nous avons été choqués et indignés par les propos tenus par Monsieur Akoun Laurent relativement à la découverte d’un projet de déstabilisation de la Côte d’Ivoire par des militaires et personnalités civiles proches de l’ex Président ivoirien, Laurent Gbagbo, actuellement en détention à la Haye pour crimes contre l’humanité. Cela confirme que le FPI continue dans sa logique du déni permanent. L’argument de la guerre du cacao avancée par le FPI Les cadres et leaders du FPI me surprendront toujours tellement ils sont aux antipodes des réalités politiques du moment en Côte d’Ivoire et dans le monde. Le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur est passé à la télévision ivoirienne pour démontrer avec preuves à l’appui le projet de déstabilisation de notre pays que les nostalgiques des coups d’états voulaient mettre en œuvre. Il se trouve que les personnes qui avaient ce funeste projet sont des militaires et cadres proches de l’ancien régime. Les preuves sont irréfutables. Alors que vient faire cette affaire de guerre du cacao dans une tentative de coup d’état. Au passage, je fais remarquer au Sieur Akoun Laurent et au FPI qu’ils sont mal placés pour parler du cacao. Ce sont eux qui ont spoliés les pauvres paysans en volant et détournant plus de 600 Milliards de F CFA de ce qui devait permettre de construire des routes, des hôpitaux et des écoles
pour ces mêmes paysans. Le procès sur le scandale de la filière café cacao est en cours et cela devait suffire pour que les militants du FPI et de leurs principaux dirigeants aient le profil bas. Il n’y a pas de guerre du cacao en Côte d’Ivoire. Alors que le FPI dans l’opposition avait promis aux paysans de payer leurs produits à 2000 FCFA voir même 3000 F CFA le KG, il se trouve que les dirigeants du FPI ont laissé en héritage au Président OUATTARA un secteur pillé où des individus, cadres du FPI, qui n’avaient aucune plantation devenaient multi milliardaires au détriment des valeureux paysans qui voyaient au fil des années leurs revenus baisser de manière drastique. Nous leur conseillons sur ce sujet de se taire et surtout d’arrêter dans l’intoxication, leur jeu favori, auquel plus personne ne croit encore. Ces dix dernières années où le FPI était au pouvoir, aucune multinationale du secteur café cacao n’a spolié les paysans ivoiriens. Les honteux contrats miniers et pétroliers signés par les leaders du FPI sont là aussi pour démontrer que ce sont les cadres du FPI qui avaient un appétit pécuniaire sur les ressources naturelles de notre pays. Les audits ont été menés et le jour ils seront publiés, les ivoiriens et la communauté internationale comprendront que ce parti était au pouvoir pour jouir des richesses de notre pays et non pour apporter le bien être aux ivoiriens.Dans son communiqué, le FPI dit, entres autres, ceci : « Après la dernière visite controversée du procureur Ocampo qui a révélé ses accointances avec le pouvoir et face à la quasi-certitude grandissante conduisant à la très probable libération de Laurent Gbagbo en raison de la faiblesse des preuves contre lui, Alassane Ouattara sentant l’étau se resserrer autour de lui a décidé de monter au créneau. Objectif : 1° charger à fond Laurent Gbagbo la veille de son procès en le faisant passer pour "un criminel" qui refuse de se repentir en continuant de semer la mort en Côte d’Ivoire. 2° Réduire au silence les partisans de Laurent Gbagbo. Nous faisons remarquer que le Président Laurent Gbagbo n’a plus besoin d’être chargé par qui que ce soit. Les faits et les actes commis par ses partisans sous son autorité pendant la crise postélectorale sont suffisamment probants pour attester que des crimes contre l’humanité ont été commis et que pour cela il devra répondre devant les juridictions internationales de ces crimes. Alors nous conseillons à nos amis du FPI d’être moins fébriles. De la même manière que le Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko a produit des preuves irréfutables de leur projet de coup d’état, le Procureur de la Cour Pénal dispose d’éléments convaincants pour faire confirmer par les juges de la CPI les charges retenues contre l’ex Président ivoirien. Nous leur conseillons de se réduire eux-mêmes au silence car ils ont trop fait de mal à la Côte d’Ivoire et aux ivoiriens. Le silence est parfois source de sagesse surtout quand on est pris la main dans le sac avec une tentative de coup d’état qui n’a pas prospéré. Massacre des soldats onusiens. Le FPI dit ceci : Cela dit, la vérité à propos du scenario macabre de l’assassinat des soldats onusiens la vérité, est connue de tous à l’Ouest ainsi que de Ouattara et de ses ‘sécurocrates’. Les sept casques bleus ont été tués le 08 juin dans une embuscade tendue par les mercenaires burkinabé qui au nombre de quelques 3 000 aidés par les Dozos opèrent sous les ordres de Amadé Nouréimi bien connu du régime Ouattara. Nous savons que le FPI n’a aucune compassion pour une quelconque victime des tristes évènements que la Côte d’Ivoire connait depuis leur accession au pouvoir. C’est dommage que des personnes qui prétendent avoir épousés l’idéal socialiste soient aussi déshumanisées. Aucune compassion ne sort de la bouche ni des écrits des cadres du FPI. A chaque évènement grave, ils clament qu’ils sont blancs comme neige et que c’est toujours la faute des autres. Et dire qu’une partie de la population ivoirienne s’est laissée intoxiquée et bernée par ces cadres du FPI pendant plus de deux décennies, depuis l’irruption regrettable de ce parti sur la scène politique ivoirienne en 1990. De toute façon, les enquêtes en cours permettront sans aucun doute d’établir un lien entre l’assassinat des casques bleus onusiens à l’ouest de la Côte d’Ivoire et le projet funeste avorté de déstabilisation de la Côte d’Ivoire fomenté par les cadres civils et militaires du FPI. Ils ne perdent rien pour attendre. Appel lancé par le
FPI au Président Français, François Hollande, et à la dignité des peuples africains et à la souveraineté de leurs Etats. Vraiment, le FPI est le plus « grand parti » en matière de contradictions politiques. Comment comprendre que ce parti, (dans sa logique de démagogie et d’intoxication), lance un appel à la dignité et à la souveraineté des peuples africains et en même temps réclame l’ingérence et l’intervention du Président Français dans les attentes des peuples d’Afrique et de Côte d’Ivoire. Frères du FPI ! François Hollande, le Président de la France que vous ne cessez d’insulter est il devenu subitement panafricaniste ? Soyez au moins une fois logiques dans votre démarche intellectuelle et politique. Nous comprenons que vous soyez aux abois après la découverte de votre complot d’atteinte à la sureté de l’Etat ivoirien. Nous vous demandons de reconnaitre humblement vos erreurs et fautes comme l’a fait l’ex Ministre d’Etat, Ministre de la Défense, Monsieur Lida KOUASSI et venir humblement apporter votre contribution à la reconstruction de la Côte d’Ivoire sans rancœurs, ni rancunes, ni animosités. Le Porte parole principal du RDR Le Ministre Joël N’GUESSAN
Une contribution contextuelle de Babale Coulibaly Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer Babale Coulibaly J'ai rarement assisté à un échange aussi soutenu, argument contre argument sur un sujet qui pose les responsabilités des massacres post électoraux perpétrés dans notre pays et qui malheureusement s'achève dans un claquage de porte. Devrions-nous nous séparer dos à dos après des échanges aussi intenses où le fond et la forme de l'argumentaire ont rivalisé? Reconnaissons que le sujet est sensible mais qu'il mérite le débat dans un contexte de réconciliation difficile. En général quand on va trop loin dans l'ignominie envers ses semblables, quel que soit le bord, en cas de renversement de situation, on peine à endosser la responsabilité de notre aveuglement. Ailleurs, en pareilles circonstances, on a peu de chance d'avoir l'opportunité de se justifier: ou on vous tue, ou vous vous tuez avant qu'on vous mette la main dessus pour éviter la contrainte et le malaise de rendre des comptes. Le cas d'Adolf Hitler témoigne de cette lâcheté ou du sens de l'honneur si honneur il y a. D'autres en revanche, courageusement, s'inclinent, reconnaissent leur démesure et demandent la clémence populaire. Cependant, il y a des illuminés jusqu’au-boutistes qui se croient investis d'une mission dont les sains d'esprit ignorent le commanditaire et croient dur comme fer qu'ils ont toujours raison et que ce sont eux que les DIEUX ont choisis, personne d'autre. Ce qui veut dire que si c'était à recommencer, ils referaient à l'identique ou pire. Franchement, LMP peut-il soutenir avoir été un régime que la majorité de la population ivoirienne regrette aujourd'hui? Non, nous nous disons responsables et ne souhaitons plus à nos parents, amis , frères et soeurs les souffrances passées. Qu'on soit dans un camp ou dans l'autre, nous devons pouvoir reconnaître nos erreurs, nos fautes et éviter à notre pays d'autres jours de terreur et de tristesse. Qu'ai-je retenu personnellement de ce débat? D'abord, qu'il avait lieu d'être car, après d'aussi graves entorses aux leviers de l'état et les immenses souffrances occasionnées, nous devrions pouvoir dire: PLUS jamais ça. Comme à YALTA. Et cette phrase devrait sonner dans la tête de chaque ivoirien comme un comportement plus que des mots. Nous devrions pouvoir nous parler et tirer les leçons de ces ratages cauchemardesques. A l'analyse de tout ce qui a été dit sur le forum, nous pouvons retenir que la première vraie rébellion que la CI indépendante ait connue fut la tristement célèbre affaire du GUEBIE qui fut mâtée par Houphouét. La jeune CI faisait déjà l'objet de contestation violente où Houphouet aurait été giflé devant Réné Dumont. On connait la suite. Le pays prospère sous le règne d'houphouet et Bedié prend le relais. Une réclamation de primes mal gérée se transforme en coup d'état et le renverse. Guei assure la transition puis deale avec Gbabo pour se maintenir au pouvoir en écartant les autres concurrents. Ils se trahissent par la suite entre eux et
Gbabo arrive violemment aux commandes. Guei est tué et toute sa famille avec. Sa politique tribaliste, clanique, divisionniste et guerrière n'est pas du goût de tout le monde: corruption, mensonges,violences, assassinats, enrichissement personnel 10 ans durant, le pays régresse. Tentative de putsch et division du pays. On va aux élections, Gbabo qui s'était bien armé (orgue de Staline et missiles) perd et refuse de laisser le fauteuil. Graves violences et plusieurs morts. Entendons-nous bien. Les refondateurs ont eu 3 échecs: POLITIQUE, SOCIAL et MILITAIRE. Ils avaient la charge de défendre les institutions et la population comme Houphouet en son temps l'avait fait. Cela ne veut pas dire que je cautionne et je ne dois pas être jugé pour ce que je n'ai pas fait. S'ils avaient endigué et contenu les avancées des rebelles, il n'y aurait pas eu de débordements du côté de ceux-ci et on n'aurait pas à parler de leurs supposées cruautés. Au lieu de cela, ils ont exécuté sommairement quelques pauvres innocents et ont vite été débordés malgré leur arsenal imposant. Qu'attendaient-ils? ils espéraient que les rebelles fussent des enfants de coeur pour épargner ceux des leurs qui , infiltrés servaient leurs intérêts dans le camp rebelle? Il n y a pas eu d'épuration ethnique en CI. Le vrai problème est que LMP a mené une détestable politique divisionniste qui a fissuré le corps social ivoirien et a été incapable d’assurer la sécurité du territoire national quand cette honteuse et haïssable politique a débouché sur une rébellion, occupés qu'ils étaient à autre chose. C'est de l'amateurisme. Croyez-vous que les rebelles faisaient l'unanimité au NORD au début? Quoi qu'il en soit, nous retenons qu'une révolte armée en ce qu'elle provoque des dommages collatéraux importants n'est pas le meilleur moyen en vue d'un changement mais il peut être nécessaire quand toutes les autres voies de recours ont été explorées, notamment juridiques et que ces dernières se sont trouvées corrompues ou inexistantes. Nous regrettons tous le mal fait aux uns et aux autres. Personne ne veut être le fier complice de ça. Le contexte haineux entretenu à dessein et les comportements guerriers des dirigeants de LMP ne nous ont pas aidés. Maintenant, chacun agit selon sa conscience et c'est ce qui nous définit.
Genocide Watch: Côte d'Ivoire Par Genocide Watch 14 Février 2012 Depuis le fin de la guerre civile en 2004 la Côte d'Ivoire est divisée entre le nord et le sud. Le dichotomie nord-sud est motivée par des différences religieuses et ethniques. Le nord est principalement musulman et peuplé par les groupes Sénoufo, Mandé (Malinké, Dan, Gouro, Dioula) et Lobi, tandis que le sud est notamment chrétien et peuplé par les groupes Akan (Baoulé, Agni, Abron), Laguné (Ébrié, Adioukrou, Abbé, Atié), et Krou (Krou, Bété, Guéré). Durant la présidence de Félix Houphouët-Boigny de 1960 à 1993 – l'année de sa mort –ces groupes vivaient ensemble en paix. Le président Houphouët-Boigny était le père du mouvement pacifique pour l'indépendance de la Côte d'Ivoire. Il menait une politique des "frontières ouvertes" vis-à-vis des travailleurs du Mali et de la Haute-Volta (Burkina Faso). "Le Vieux", comme le président HouphouëtBoigny était affectueusement surnommé, était un maître dans l'art de garder l'équilibre entre les intérêts régionaux en Côte d'Ivoire. Il maintenait des relations étroites avec la France. Dr. Alassane Ouattara était premier ministre de 1990 à 1993. Après le mort du président Houphouët-Boigny, son successeur, Henri Konan Bédié, a mis en œuvre une politique d' "Ivoirité", qui a introduit une distinction entre les Ivoiriens soi-disant "indigènes" ou "purs" et les immigrants ou colons – y compris ceux qui sont des descendants de plusieurs générations d'immigrants qui venaient du nord, en particulier le Mali et le Burkina Faso. Á la suite de cette politique les tensions ethniques se sont accrues. La classification de la population était visible dans l'inégale répartition de la propriété foncière. Des groupes du sud possédaient beaucoup de
caféières et de plantations de cacao et d'huile de palme et embauchaient des travailleurs en provenance du nord. En 1995, les tensions sont devenues violentes suites aux tueries perpétrées envers les Burkinabés durant les émeutes ethniques. La classification a eu un impact politique pendant les élections de 1995. Alassane Ouattara fut empêché de se présenter à la présidence en raison de fausse allégations (en particulier qu'il serait né en Burkina Faso mais en fait il est né en Dimbokro) et qu'un de ses parents était né en Burkina Faso aussi, ce qui enfreindrait une nouvelle loi conçue pour exclure Ouattara. En outre, 26 pour cent de la population Ivoirienne ne pouvait pas participer activement (poser sa candidature) ni passivement (voter) aux élections car ils descendaient d'immigrants Burkinabés. Les partis d'oppositions boycottaient les élections de 1995 et par conséquent Konan Bédié a gagné.
Le 24 Décembre 1999, Konan Bédié est destitué à l'occasion d'un coup d'état militaire. Le 29 Décembre 1999, Ouattara est retourné et il parlait "d'une révolution soutenue par toute la population Ivoirienne", non pas d'un coup. Une nouvelle constitution a été approuvée par référendum en Juillet 2000, mais on préservait les règles strictes concernant les candidats présidentiels à moins que les deux parents soient nés Ivoiriens. Par conséquent Ouattara a été disqualifier de nouveau pour les élections de 2000. Robert Guéï s'est approprié la victoire, mais des manifestations de rue l'ont forcé de remettre le pouvoir à Laurent Gbagbo, qui avait gagné 59 pour cent des votes. Des troupes Ivoiriennes du nord ont commencé à se mutiner le 19 Septembre 2002. Ils lançaient des attaques dans plusieurs villes, Abidjan inclus, et à midi ils contrôlaient le nord du pays. Le premier soir du révolte, l'ancien président Robert Guéï a été tué. Alassane Ouattara a obtenu l'asile diplomatique à l'ambassade française. Cependant, en 2011, l'organisation Prévention Génocide, un membre de l' Alliance Internationale pour mettre Fin au Génocide, avait déjà notifié le gouvernement français de la probabilité d'un conflit ethnique. Cette organisation avait produit un film, appelé Poudrière Identitaire, (http://www.paperblog.fr/4296290/cote-d-ivoire-poudriere-identitaire-documentaire/), sur le danger de l'idéologie "Ivoirité". Le film avait été diffusé à la télévision nationale et montré aux responsables de la politique étrangère de la France. Des forces français qui étaient basées au Port-Bouët (Côte d'Ivoire) sont intervenues immédiatement et ont formé un cordon sanitaire entre les troupes Ivoiriennes du nord et du sud. Guillaume Soro conduisait le Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire qui serais connus plus tard sous le nom "Forces Nouvelles de Côte d'Ivoire", basées à Bouaké. Les forces dans le sud étaient composées de groupes nationalistes aligné avec le Président Laurent Gbagbo et conduites par les Forces Armées de Côte d'Ivoire (FANCI). Des forces militaires français ont été déployées dans le cadre de l'Opération Unicorne et sous le mandat de l'Organisation des Nations Unies (UNOCI). En février 2003 il y avait 3000 troupes, en Novembre 2004 4600. La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest a aussi envoyé des troupes sous mandat de l'ONU, les casques blancs. Durant cette guerre civile il y avait des massacres génocidaires, par exemple a Duékoué, où 2000 civils ont été abattus. Beaucoup d'autre crimes contre l'humanité sont commis par les deux partis au conflit. Un accord de paix a mis fin à la guerre en 2004, mais le pays était toujours divisé. Le président Gbagbo restait le président du sud, tandis que Guillaume Soro conduisait le nord. Après des années de tergiversations, les élections présidentielles en Octobre et Novembre 2010 ont donné lieu à une nouvelle explosion de violence. Le président actuel, Laurent Gbagbo, a été vaincu par le chef de l'opposition, Alassane Ouattara. Cependant, Gbagbo n' a pas voulu admettre le résultat et s'este barricadé dans la maison présidentielle. Les violences postélectorales ont causé le mort de au moins 3,000 personnes. Tant les Forces Armées de Gbagbo que les Forces Nouvelles de Ouattara ont commis des atrocités.
Laurent Gbagbo est capturé en Avril 2010. Le 3 Octobre 2011, la chambre préliminaire de la Cour Pénale Internationale (CPI) a autorisé une enquête sur la violence en Côte d'Ivoire. Quelques semaines plus tard un mandat d'arrêt international est délivré contre Gbagbo. Il est imputé pour des crimes contre l'humanité, en particulier meurtre, viol et d'autre crimes de violence sexuelle, persécution et d'autres actes inhumains commis dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique lancée contre toute population civile dans le sens de l'article 7 de la Statut de Rome. Il est extradé vers la CPI à La Haye, où il sera poursuivi. Le procureur de la CPI est en train d'enquêter la contribution d'autre membres du gouvernement de Gbagbo et des membres du gouvernment de Ouattara. Les crimes qui ont été commis en Côte d'Ivoire au cours de la violence postélectorale peuvent être considérés comme des massacres génocidaires, mais non pas comme un génocide complet. Le mandat d'arrêt délivré par la CPI mentionne explicitement qu'il y a eu des atrocités commises spécifiquement vis-à-vis des communautés ethnique ou religieuse – il faut ajouter que les forces de Gbagbo ont ciblés des groupes nationaux aussi, en particulier les immigrant des pays ouest-Africains. En outre, les attaques faisaient partie d'une politique organisée par Laurent Gbagbo et ses forces. Les meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains étaient donc commis dans l'intention de détruire, en partie, des groupes ethniques, religieux et nationaux dans le sud du pays. Les causes profondes de l'éruption de la violence en Côte d'Ivoire ne sont pas résolues, en particulier la profonde polarisation dans ce pays. La mise en place d'une Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation est une initiative opportune mais insuffisante. C'est pourquoi la Côte d'Ivoire est à la cinquième phase, Polarisation, des 8 degrés de génocide développés par Genocide Watch, car les signes avant-coureurs démontrent qu'il y a des massacres génocidaires potentiels. Genocide Watch demande instamment au gouvernement de la Côte d'Ivoire d'enquêter, de poursuivre et de punir les atrocités commises par les deux partis au conflit, le massacre à Duékoué inclus. Les Forces Républicaines de Ouattara doivent être contrôlées et des auteurs de crimes punis. Genocide Watch invite le gouvernement de la Côte d'Ivoire de souligner et d'établir des institutions nationales transcendantes concernant l'éducation, la musique, le sport, la sécurité nationale. Les communautés religieuses doit organiser des célébrations communes pour des fêtes Musulmanes et Chrétiennes au niveau local. Genocide Watch recommande de s'attaquer aux causes profondes des tensions, particulièrement les conflits concernant les droits de propriétés et les conditions de travail pour les travailleurs des plantations. Avant tout, l'idéologie d'Ivoirité menant à des distinctions fausses entre des Ivoiriens indigènes et immigrants, doit être abolie. Toutes les informations pertinentes doivent être envoyées à Ivorycoast@genocidewatch.org.
Dr Doumbia Major Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
Le FPI, a produit une motion pour demander la libération de Gbagbo, je trouve regrettable que dans cette motion le FPI n'ait pas eu le courage de condamner la haine identitaire sur laquelle s'est appuyé Laurent Gbagbo comme stratégie de conquête et de conservation du pouvoir. Je trouve regrettable que le FPI n'ait pas eu le courage de condamner les vols, le pillage et l'enrichissement illicite de l'entourage de Gbagbo et lui-même qui partait soigner ses dents au Maroc pendant que les ivoiriens dormaient dans les bidonvilles (sicobois) sans avoir droit aux soins de base. Je trouve regrettable que le FPI n'ait pas mis à jour dans cette motion, que ce prétendu socialiste est arrivé au pouvoir et que pendant 10 ans il n'a même pas penser à mettre en place un système de sécurité social pour les citoyens ivoiriens pauvres alors qu'il promettait une allocation de retraite pour les paysans pendant
qu'il était opposant. Je trouve regrettable que cette motion ne parle pas de l'inexistence de politique d'emplois en Côte d'ivoire durant tout le temps des 10 ans passés au pouvoir par Gbagbo et qu'en lieu et place de l'égalité des citoyens face aux emplois publics le FPI s'était octroyé 1/3 des places à tous les concours de la fonction publique. Je regrette la publication de cette motion névrotique d'autocélébration qui démontre le fait que le FPI n'est pas prêt à faire son aggiornamento et reconnaître ses échecs et sa responsabilité dans la division profonde du pays ? Je regrette la publication de cette preuve d'irresponsabilité de la part du FPI qui n'a pas compris qu'il a provoqué lui-même ce qu'il appelle "attaque" contre son régime, en faisant le choix d'exclure d'autres ivoiriens de leur droit à l'identité nationale et de leur droit à avoir une part des richesses nationales qui, sous le régime Gbagbo, étaient pillées par un clan au pouvoir.J'estime que cette motion du FPI est une injure pour ces millions d'ivoiriens qui étaient maintenus dans le chômage et la pauvreté pendant que le FPI pillait tranquillement les richesses du pays en s'arrangeant avec ceux qui pillaient la partie septentrionale du pays. Je trouve que cette motion est une injure à tous ces jeunes que le FPI a manipulé sur la base tribale, pour les pousser à brûler d'autres compatriotes qu'on leur présentait comme n'ayant droit ni à la nationalité ni à jouir des richesses nationales. Je trouve enfin que cette motion est injures à toutes les victimes du FPI qui ont souffert le martyr de la haine, de la stigmatisation et de l'exclusion.La seule chose en mon sens que le FPI peut demander c'est une justice équitable pour Gbagbo et non sa libération, car nous savons tous qu'il est présumé coupable d'actes ignobles qu'a vécu notre pays ? Sans ignorer que lui qui se faisait appeler le "vrai fils du pays", insinuant de ce fait qu'il y avait des faux fils du pays, a une part de responsabilité non négligeable dans l'opération de diffusion de la haine tribale qui a poussé nos compatriotes à s'entre-tuer en se considérant mutuellement comme des soushommes. Nous gardons en mémoire comme si cela datait d'hier que pour le FPI il fallait tout simplement "nettoyer" le pays au Baygon et "désinfecter" les listes électorales et le pays.Le FPI serait fondé à réclamer que tous les auteurs de crimes soient poursuivis, mais nous trouvons injurieux pour les victimes que de demander la libération pure et simple de Gbagbo.Il est vrai que la déception est grandissante au vu du déploiement de la politique du président Ouattara qui pour l'instant n'a pas mis ses engagements et déclarations publiques en accord avec ses actes, mais ce n'est pas une raison pour le FPI de croire que les échecs éventuels de Ouattara amèneront les ivoiriens à croire que l'alternative c'est Gbagbo. Après tous ces crimes, défaut d'être suspendu ou dissout, la direction du FPI devrait se faire très discrète. Chers amis du FPI, Détrompez-vous et soyez surtout humble, car critiquer Ouattara ne veut pas dire qu'on veut du Gbagbo ! Docteur Doumbia Major
dimanche 29 avril Dialogue « républicain » avec le FPI ou conciliabules entre proches de l’autocrate Ouattara ? Par Leshiva Revenu dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer Le front social est en ébullition dans notre pays et cela n’est un secret pour personne. Malgré les effets de manche rétrograde du gouvernement, les signes d’une explosion sociopolitique se multiplient sans cesse. Voici donc le Morho Naba obligé par les bailleurs de fond à s’asseoir à la table des négociations avec le parti qu’il veut faire disparaître. Dramane Ouattara sous la contrainte lance donc un dialogue politique hypocrite car déjà tout le monde devine qu’en lieu et place de dialogue, il ne s’agira que de monologue politique et de bandages de muscles du Rdr. Aucun ivoirien n’est sans savoir que c’est avec réticence que Ado initie cette rencontre d’autant plus qu’il a déjà imprimé sa marque de dictateur dans les esprits de tous les ivoiriens. Konaté Sidiki et Amadou Soumahoro, Mr « tous ceux qui s’opposent à Ado se retrouvent au cimetière » ont fait étalage de la volonté de Ado d’embastiller la nation ivoirienne. Personne ni au Rdr, ni au gouvernement ni au Rhdp et surtout pas le Cdvr n’a bronché face ces propos d’un autre âge mais qui nous indiquent clairement ce que le Rdr donne comme mot d’ordre à ses affidés. Rappelons que le Pr Gbagbo avait dès les premières heures de son kidnapping appelé à passé à la phase civile, la phase politique, la phase des négociations afin de créer un climat propice au décollage de notre pays après 10 ans de guerre larvée entretenus par le Rdr et la nébuleuse internationale dont il dépend. Est il besoin de parler du mémorandum que le Fpi a soumis au gouvernement juste avant les législatives ? Des pourparlers avaient été engagés et brusquement stoppés par le Rdr via Hamed Bakayoko le ministre loubard sans qu’aucune raison ne soit donné à l’opinion et encore moins au Fpi.
Comment amorcer une véritable approche politique sous la pression du chantage sans bornes du Rdr, les raisons qui plaident pour une non participation du Fpi au dialogue dit républicain sont légions : - La plupart des cadres du Fpi, dont le Président même de ce parti sont toujours gardés en prison dans le secret sans aucune raison légale et en dépit de tout bon sens, - Les députés de la mouvance du Fpi de la désormais ex législature sont privés de leurs biens et de leurs émoluments en violation flagrante de la loi pendant que les députés issus du Rhdp de la même période reçoivent tranquillement leurs per diems (Mamadou Koulibaly vient d’assigner l’état en justice) - Les comptes de plusieurs personnalités proches ou soupçonnées de l’être du gouvernement passé sont gelés là encore sans raison avouable en dépit de toutes règles morales et légales (morts du ministre Bohoun Bouabré et du maire Gomon Diagou) - Les meetings du Fpi sont réprimés dans le sang par le Rdr qui s’en vante avec orgueil - Les rares courageux qui décident de rentrer au pays, encouragés par la propagande françafricaine se font choper et jeter en prison sans jugement grâce au fourre-tout qu’est le principe de sauvegarde de la sûreté nationale (Me Rodrigue Dadjé est toujours détenu sans raison) - Les journaux proches de l’opposition subissent une pression insoutenable, les dirigeants étant à chaque fois molestés et emprisonnés hors de tout cadre légale (Sy Savané du journal le temps toujours en prison sans motif) - La justice des vainqueurs fait rage (Michel Gbagbo toujours en prison pour délit de patronyme selon Ahoussou Jeannot) - La cohésion sociale est quotidiennement mise à mal par les tenants du pouvoir (le rattrapage fait rage) - L’insécurité est savamment entretenue par le pouvoir en place (les frci font des heures supplémentaires en braquant et tuant en toute impunité - Le rattrapage ethnique est institué en règle de gouvernance - L’impunité est constamment célébrée par le gouvernement et le pouvoir judiciaire - La moindre critique est sévèrement réprimée - La liberté de circulation est fortement remise en cause (arrestation de Laurent Akoun) Et j’en passe…………………………………………. Comment le Rdr peut il appeler à un dialogue quand lui-même fait tout pour ne pas en créer les conditions ? On se souvient encore des préparatifs pour le forum national de réconciliation initié par le Pr Gbagbo et des milles et un caprice de certains personnalités auxquels le Pr Gbagbo a dû céder dans le souci de la cohésion nationale afin d’enclencher le dialogue sociopolitique .Une souris ne peut pas accoucher d’un chat même dans les rêves du Kennedy des savanes. A l’évidence donc, devant tant de fuites en avant , de slogans creux et de manipulations évidentes , le Fpi ferait bien de ne pas se prêter à cette farce qui n’a pour seul intérêt pour notre Kennedy des savanes que de se tailler une robe de dirigeant démocrate et soucieux de son peuple .Ouattara ne veut pas d’une pratique apaisée de la politique en CI car son parti et son gouvernement basés sur du faux avec une gouvernance qui chaque jour viole les règles élémentaires d’une démocratie saine en succomberaient. Nous ne sommes point étonnés des derniers soubresauts d’un régime aux abois qui du reste, nous a prouvé qu’il fallait toujours s’attendre à l’inacceptable avec lui. A quoi servirait cette comédie ? Au lieu de s’adresser au Fpi force démocratique incontournable en CI, Dramane Ouattara préfère susciter des apprentis sorciers soucieux que de leurs bedaines qui se vendent avec vilenie, marchandant ainsi le peu de dignité dont le peuple les croyait encore pourvu. Ainsi se crée à chaque affiche de la comédie du Rdr un parti et des pseudos leaders qui rentrent porter de l’eau au moulin de celui ci. Quel dirigeant politique sérieux engagerait des discussions politiques avec des partis qui ne pèsent même pas 1% de l’électorat dans les circonscriptions où ils ont osé faire acte de candidature. Malgré le mensonge d’un Choï ivre de sa bêtise à Ouaga « le Fpi ne représente plus rien, les ivoiriens l’ont vomi » fin de citation Le Fpi demeure la première force politique de ce pays, la plus proche du peuple et de ses aspirations. La preuve cinglante en a été faite lors des législatives avec l’appel au boycott du Fpi suivie magistralement par le digne peuple de CI. A tel point que le Quai d’Orsay par les voix de ses organes de presse Rfi et France24 a parlé de désert électoral Peut-on contourner un tel parti ? Peut-on ignorer une telle force ? Ado a essayé et ses parrains l’ont désavoué dans sa volonté de noyer le Fpi. Le Fpi restera une force tant qu’il ne se dispersera pas, tant qu’il fera sien le sacerdoce de Gbagbo Laurent : servir le peuple et non se servir du peuple.
Le peuple de Côte d’Ivoire qui est resté fidèle aux idéaux du Pr Gbagbo et du Fpi, continue de ce fait de payer un lourd tribut pour le retour à la démocratie par conséquent nous espérons que le Fpi restera fidèle au peuple de Côte d’Ivoire Ovajab - La lutte continue Chris Erin
Contribution de Cheguevara Larevolution Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
Le combat contre la re colonisation pour masquer l'incapacité de nos dirigeants à conduire nos pays vers le développement? Avant de commencer, je demande l'indulgence des uns et des autres à l'égard de cet exercice de style qui n'est pour ma modeste personne pas habituelle. Ce post n'est pas un plaidoyer à l'encontre d'une tierce personne, bien qu'afin de pouvoir étayer mes propos je serais amener à pointer du doigt certaines personnes. Bien allons y. Je fais parti de cette génération née après 1990, cette génération qui n'a connu le fameux miracle ivoirien que par le récit d'historien ou de parents. Cette génération dite "sacrifiée" verra dans une trentaine d'année un de ses fils présider les destiner de notre pays. Alors de nombreuses questions se posent quel type de dirigeant dans trente ans? quel héritage pour les jeunes? quel exemple les uns et les autres suivront? dans quel état sera notre pays? etc etc
La génération de 90 a presqu'exclusivement connu une Côte d'Ivoire divisée, déchirée, meurtrie en proie à de perpétuels cycles de violences que même nos plus illustres aînés ont mal à expliquer. J'ai pour ma part entendu de nombreuses explications au drame ivoirien (l'ivoirité, les hommes politiques, les puissances occidentales ...). Le point qui retient aujourd'hui mon attention et pour lequel j'écris ce texte est celui de la re colonisation qui serait la raison de tous les maux de l'Afrique.
En effet certains dans un esprit conspirationniste avance la thèse qu'il existerait une main blanche caché derrière chaque africain et que cette dernière mènera différents types d'action allant dans le sens de ces intérêts et faisant fit du sort des populations africaines. (ceci pour faire simple). La lutte contre la re colonisation était à l'époque une des rhétoriques préférés du pouvoir en place qui y avait d'ailleurs construit tout un argumentaire tendant à faire croire que la france était responsable de la guerre en côte d'ivoire, que la France bafouait la souveraineté de notre pays etc etc Allant jusqu'à s'ériger comme le dernier rempart à cette re colonisation programmé de l'Afrique. Cette question peut être aborder sous de nombreuses aspects, mais celui dont je ferrais mien est celui du développement et de la question même de la compétence et de l'intégrité de nos dirigeants.
Ce combat à souvent été celui de nombreux panafricanistes dont un des plus connues fut Thomas Sankara. Thomas Sankara fut un modèle pour bon nombre de jeunes africains à travers le monde, n'ont pas uniquement pour ces mémorables discours mais plus particulièrement pour les actions qu'il mena. En effet la singularité de ce dirigeant Africain, en avance sur son temps fut de mettre en adéquation ces actions et ces dires. C'est à cet effet qu'il fit montre d'une intégrité sans égal, il lutta contre la corruption, refusa les différents prêts qu'on voulu lui octroyer les organismes financiers mondiaux, il fit la promotion d'entrepreneur burkinabé en présentant fièrement leurs produits à la face du monde etc etc. Le peuple burkinabé la suivit car il les a rassemblé autour d'une même cause le développement du Burkina (avec comme fait d'arme majeur, l'auto suffisance du Burkina qui on peu le dire sans chauvinisme relève de l'exploit quand on connait les ressources de ce pays). Il est mort bien trop tôt alors à ce niveau la je me demande où à la main blanche surement dans son assassinat mais avant l'a t elle empêché de faire changer le Burkina?
La main blanche a cette main blanche qui le faucha dans son élan, le fit en prétextant qu'il avait des obédiences communistes mais le plus important pour moi est que la main qui a servit a tenir l'arme fut celle d'un noir. Ainsi pourquoi se focaliser toujours sur le commanditaire du crime et non sur le criminel lui même, ce noir avait il l'obligation d'appuyer sur la gâchette? NON il l'a fait car il est avide de pouvoir et égoïste, aujourd'hui prêt de 20 ans après nous voyons dans quelle situation se trouve le Burkina.
Revenons donc en Côte d'Ivoire notre très cher socialiste mr Gbagbo a souvent prétexté que la France lui menait une guerre sans merci car il voulait rompre avec les pratiques anciennes et diversifier les partenaires de la côte d'ivoire. La question que je me pose est que ce soit un chinois, un français, un japonnais, un américain ou un indien quelle est la différence?? c'est toujours un ivoirien à qui on prend la place (si je veux m'inscrire dans sa logique) Mais la différence entre un Gbagbo et un Thomas Sankara dont il se réclame être l'héritier est le décalage entre le discours et les actions.
On parle de re colonisation comme si nous étions encore au 19 ème siècle dans des guerres de conquête, ou les gouvernements Français, Américains et Britanniques venaient à visage découverts annexés la côte d'ivoire oh oh la guerre froide est finie les amis. Pendant que mr Gbagbo nous dit qu'il compte mettre fin au clientélisme Français, il signe et renouvelle des contrats de bouygues de Bolloré, de France télécom? C'est à ne plus rien comprendre. Bon nous lui accorderons le bénéfice d'avoir signer des contrats avec des compagnies chinoises russes etc. Mais dans ce ballet d'entreprises étrangères combien de grands groupes ivoiriens ont vu le jour??? (hormis sifca si on veut) combien de grands groupes ivoiriens ont pu avoir la chance de disputer ces marchés aux chinois aux français aux américains.
En lieu et place de l'avènement d'une élite d'entrepreneur, nous avons vu poindre à l'horizon l'éclosion d'une oligarchie ivoirienne incarné par des rebelles, des ministres, des hommes proches du pouvoir. Les capitalistes et tenant du pouvoir financier qui normalement doivent être les grands entrepreneurs sont chez nous des hommes d'états. Donc en résumé il y a pérennisation du pré carré des entreprises Françaises, Implantation de nouveaux groupes internationaux et enrichissement des hommes d'Etats ivoiriens. Soit ces derniers sont de grands entrepreneurs aux talents cachés soit il y a corruption dans l'air.
Ce discours nous montre qu'on veut créer un adversaire imaginaire en détournant le regard du peuple des vrais adversaires et des vrais enjeux. Quoi que adversaire c'est un mot un peu fort car ces entrepreneurs étrangers sont également des pourvoyeurs d'emplois. Ceci nous montre que ce ne sont pas les puissances occidentales qui ont des intérêts en côte d'ivoire mais les multinationales et plutôt que de favoriser le transfert de technologie, la création de grands groupes ivoiriens ont continu d'alimenter le statu quo.
Ainsi je me demande est ce que nos dirigeants ont les moyens de favoriser notre développement. Il est vrai que l'apport en terme de technologie de savoir faire de productivité et de capitaux des étrangers est non négligeable. Mais le bénéfice tirer de la production et de l'exploitation des richesses ivoiriennes profitent à qui? Loin de moins l'idée de m'inscrire dans une logique d'autarcie, les exemples nord coréens et cubain nous en montre l'improductivité. Mais je rêve un jour de voir des groupes Ivoiriens avec à leur tête des jeunes ivoiriens aller disputer des marchés aux quatre coins du monde, être sur les différentes places boursières et financières mondiales et enfin être citer en modèle et en exemple dans les différents journaux spécialisé comme peuvent être des Bill Gates
Mais je veux ainsi pointer du doigt le fait qu'au lieu d'exiger un transfert de technologie, une collaboration avec des ivoiriens, la création d'école d'ingénierie etc par ces grands groupes certains ont uniquement exiger le versement de commission lors de ces signatures. Plutôt que d'accéder au pouvoir puis de se maintenir en nous divisant en instrumentalisant des concepts créés de toute pièce, en voulant rassembler les uns et les autres autour de combats fallacieux et leur faire mener des combats qui nous font reculer dans le temps, pourquoi ne cherche t il pas à accéder au pouvoir en proposant des solutions de développement à nos pays.
Les dirigeants Africains sont ils trop viscéralement attachés aux accessoires et avantages du pouvoir (problème d'intégrité) ou sont ils tous simplement incapable de mettre en place des modèles favorisant le développement de leur pays (problème de compétence)??
Ainsi j'espère que plutôt que de s'enfermer dans les tourments du copinage, de l'indiscipline et de la corruption, les jeunes de mon âge feront la promotion du mérite, de la compétence et auront pour seul intérêt le développement de notre pays.
A mes jeunes frères qui constitueront l'élite des décideurs de demain, je souhaite de tout coeur que vous ne répétiez pas les erreurs de nos aînés, j'espère que vous chercherez à rassembler nos peuples autour d'un idéal africain. J'espère enfin que notre génération comprendra que gouverner ce n'est pas diviser pour mieux régner et se maintenir 20 ans au pouvoir dans le but de jouir de certains privilège, mais que gouverner c'est administrer, diriger un état de façon rigoureuse afin de le conduire lui et ses habitants vers des lendemains meilleurs. Le but d'un homme d'Etat est de léguer à son successeur un Etat plus fort, plus stable, plus développé, plus unis qu'il n'en a hérité de son prédécesseur.
Il y aura t il dans ma génération des Zuckerberg, des Bill Gates, des Sankara, des Mandela, des Einstein, des Keynes, des MLK, des Adams Smith, des Louis Arnaud, des Mital, des Xavier niel, des Rockefellers, des Descartes, des Ford, des JFK??
Il y aura t il dans ma génération, des hommes et femmes en avance sur le temps qui pourront mettre en valeur les richesses de l'Afrique et lui en faire bénéficier
J'ai écris ce texte car j'ai fais un rêve, j'ai fais le rêve que dans trente ans nous nous disputerons la gouvernance du monde avec les USA, l'UE et la Chine. J'ai fais le rêve d'une Afrique sans coup d'Etat, d'une Afrique prospère, d'une Afrique en perpétuel développement, d'une Afrique avec le smic à 1 million, d'une Afrique belle forte et grande
Bon il est tard j'ai sommeil lol ce n'est pas professionnel mais veuillez m'excuser d'emblée pour mes fautes d'orthographes.
Le Che
Texte de l’Accord de Linas-Marcoussis Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer 1) A l’invitation du Président de la République française, une Table Ronde des forces politiques ivoiriennes s’est réunie à Linas-Marcoussis du 15 au 23 janvier 2003. Elle a rassemblé les parties suivantes FPI, MFA, MJP, MPCI, MPIGO, PDCI-RDA, PIT, RDR, UDCY, UDPCI. Les travaux ont été présidés par M. Pierre MAZEAUD, assisté du juge Keba Mbaye et de l’ancien Premier ministre Seydou Diarra et de facilitateurs désignés par l’ONU, l’Union Africaine et la CEDEAO. Chaque délégation a analysé la situation de la Côte d’Ivoire et fait des propositions de nature à rétablir la confiance et à sortir de la crise. Les délégations ont fait preuve de hauteur de vue pour permettre à la Table Ronde de rapprocher les positions et d’aboutir au consensus suivant dont tous les éléments -principes et annexes- ont valeur égale : 2) La Table Ronde se félicite de la cessation des hostilités rendue possible et garantie par le deploiement des forces de la CEDEAO, soutenu par les forces françaises et elle en exige le strict
respect. Elle appelle toutes les parties à faire immédiatement cesser toute exaction et consacrer la paix. Elle demande la libération immédiate de tous les prisonniers politiques. 3) La Table Ronde réaffirme la nécessité de préserver l’intégrité territoriale de la Côte d’Ivoire, le respect de ses institutions et de restaurer l’autorité de l’Etat. Elle rappelle son attachement au principe de l’accession au pouvoir et de son exercice de façon démocratique. Elle convient à cet effet des dispositions suivantes : a- Un gouvernement de réconciliation nationale sera mis en place dès après la clôture de la Conférence de Paris pour assurer le retour à la paix et à la stabilité. Il sera chargé du renforcement de l’indépendance de la justice, de la restauration de l’administration et des services publics, et du redressement du pays. Il appliquera le programme de la Table Ronde qui figure en annexe et qui comporte notamment des dispositions dans les domaines constitutionnel, législatif et réglementaire. b- Il préparera les échéances électorales aux fins d’avoir des élections crédibles et transparentes et en fixera les dates. c- Le gouvernement de réconciliation nationale sera dirigé par un Premier ministre de consensus qui restera en place jusqu’à la prochaine élection présidentielle à laquelle il ne pourra se présenter. d- Ce gouvernement sera composé de représentants désignés par chacune des délégations ivoiriennes ayant participé à la Table Ronde. L’attribution des ministères sera faite de manière équilibrée entre les parties pendant toute la durée du gouvernement. e- Il disposera, pour l’accomplissement de sa mission, des prérogatives de l’exécutif en application des délégations prévues par la Constitution. Les partis politiques représentés à l’Assemblée Nationale et qui ont participé à la Table Ronde s’engagent à garantir le soutien de leurs députés à la mise en oeuvre du programme gouvernemental. f- Le gouvernement de réconciliation nationale s’attachera dès sa prise de fonctions à refonder une armée attachée aux valeurs d’intégrité et de moralité républicaine. Il procédera à la restructuration des forces de défense et de sécurité et pourra bénéficier, à cet effet, de l’avis de conseillers extérieurs et en particulier de l’assistance offerte par la France. g- Afin de contribuer à rétablir la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national, le gouvernement de réconciliation nationale organisera le regroupement des forces en présence puis leur désarmement. Il s’assurera qu’aucun mercenaire ne séjourne plus sur le territoire national. h- Le gouvernement de réconciliation nationale recherchera le concours de la CEDEAO, de la France et des Nations unies pour convenir de la garantie de ces opérations par leurs propres forces. i- Le gouvernement de réconciliation nationale prendra les mesures nécessaires pour la libération et l’amnistie de tous les militaires détenus pour atteinte à la sûreté de l’Etat et fera bénéficier de la même mesure les soldats exilés. 4) La Table Ronde décide de la mise en place d’un comité de suivi de l’application des accords de Paris sur la Côte d’Ivoire chargé d’assurer le respect des engagements pris. Ce comité saisira les instances nationales, régionales et internationales de tous les cas d’obstruction ou de défaillance dans la mise en oeuvre des accords afin que les mesures de redressement appropriées soient prises. La Table Ronde recommande à la Conférence de Chefs d’Etat que le comité de suivi soit établi à Abidjan et composé des représentants des pays et des organisations appelés à garantir l’exécution des accords de Paris, notamment
le représentant de l’Union européenne, le représentant de la Commission de l’Union africaine
le représentant du secrétariat exécutif de la CEDEAO, le représentant spécial du Secrétaire Général qui coordonnera les organes de la famille des Nations unies, le représentant de l’Organisation internationale de la Francophonie, les représentants du FMI et de la Banque mondiale un représentant des pays du G8 le représentant de la France
5) La Table Ronde invite le gouvernement français, la CEDEAO et la communauté internationale à veiller à la sécurité des personnalités ayant participé à ses travaux et si nécessaire à celle des membres du gouvernement de réconciliation nationale tant que ce dernier ne sera pas à même d’assurer pleinement cette mission. 6) La Table Ronde rend hommage à la médiation exercée par la CEDEAO et aux efforts de l’Union Africaine et de l’ONU, et remercie la France pour son rôle dans l’organisation de cette réunion et l’aboutissement du présent consensus. A Linas-Marcoussis, le 24 janvier 2003
POUR LE FPI : Pascal AFFI N’GUESSAN POUR LE MFA : Innocent KOBENA ANAKY POUR LE MJP : Gaspard DELI POUR LE MPCI : Guillaume SORO POUR LE MPIGO : Félix DOH POUR LE PCI-RDA : Henri KONAN BEDIE POUR LE PIT : Francis WODIE POUR LE RDR : Alassane Dramane OUATTARA POUR L’UDCY : Théodore MEL EG POUR L’UDPCI : Paul AKO LE PRESIDENT : Pierre MAZEAUD ANNEXE PROGRAMME DU GOUVERNEMENT DE RECONCILIATION I- Nationalité, identité, condition des étrangers 1) La Table Ronde estime que la loi 61-415 du 14 décembre 1961 portant code de la nationalité ivoirienne modifiée par la loi 72-852 du 21 décembre 1972, fondée sur une complémentarité entre le droit du sang et le droit du sol, et qui comporte des dispositions ouvertes en matière de naturalisation par un acte des pouvoirs publics, constitue un texte libéral et bien rédigé. La Table Ronde considère en revanche que l’application de la loi soulève de nombreuses difficultés, soit du fait de l’ignorance des populations, soit du fait de pratiques administratives et des forces de l’ordre et de sécurité contraires au droit et au respect des personnes. La Table Ronde a constaté une difficulté juridique certaine à appliquer les articles 6 et 7 du code de la nationalité. Cette difficulté est aggravée par le fait que, dans la pratique, le certificat de nationalité n’est valable que pendant 3 mois et que, l’impétrant doit chaque fois faire la preuve de sa nationalité en produisant certaines pièces. Toutefois, le code a été appliqué jusqu’à maintenant. En conséquence, le gouvernement de réconciliation nationale :
a. relancera immédiatement les procédures de naturalisation existantes en recourant à une meilleure information et le cas échéant à des projets de coopération mis en oeuvre avec le soutien des partenaires de développement internationaux ;
b. déposera, à titre exceptionnel, dans le délai de six mois un projet de loi de naturalisation visant à régler de façon simple et accessible des situations aujourd’hui bloquées et renvoyées au droit commun (notamment cas des anciens bénéficiaires des articles 17 à 23 de la loi 61-415 abrogés par la loi 72852, et des personnes résidant en Côte d’Ivoire avant le 7 août 1960 et n’ayant pas exercé leur droit d’option dans les délais prescrits), et à compléter le texte existant par l’intégration à l’article 12 nouveau des hommes étrangers mariés à des Ivoiriennes.
2) Pour faire face à l’incertitude et à la lenteur des processus d’identification ainsi qu’aux dérives auxquelles les contrôles de sécurité peuvent donner lieu, le gouvernement de réconciliation nationale développera de nouvelles actions en matière d’état civil et d’identification, notamment :
a. La suspension du processus d’identification en cours en attendant la prise des décrets d’application de la loi et la mise en place, dans les meilleurs délais, d’une commission nationale d’identification dirigée par un magistrat et composée des représentants des partis politiques chargés de superviser et de contrôler l’Office national d’identification. b. La stricte conformité de la loi sur l’identification au code de la nationalité en ce qui concerne la preuve de la nationalité.
3) La Table Ronde, en constatant que le grand nombre d’étrangers présents en Côte d’ivoire a largement contribué à la richesse nationale et aidé à conférer à la Côte d’ivoire une place et une responsabilité particulières dans la sous-région, ce qui a bénéficié également aux pays dont sont ces étrangers originaires, considère que les tracasseries administratives et des forces de l’ordre et de sécurité souvent contraires au droit et au respect des personnes dont les étrangers sont notamment victimes peuvent provenir du dévoiement des dispositions d’identification.
a. Le gouvernement de réconciliation nationale devra donc supprimer immédiatement les cartes de séjour prévues à l’article 8 alinéa 2 de la loi 2002-03 du 3 janvier 2002 pour les étrangers originaires de la CEDEAO et .fondera le nécessaire contrôle de l’immigration sur des moyens d’identification non susceptibles de détournement. b. De plus, le gouvernement de réconciliation nationale étudiera toute disposition législative et réglementaire tendant à améliorer la condition des étrangers et la protection de leurs biens et de leurs personnes. c. La Table Ronde demande par ailleurs à tous les Etats membres de la CEDEAO de ratifier dans les meilleurs délais les protocoles existant relatifs à la libre circulation des personnes et des biens, de pratiquer une coopération renforcée dans la maîtrise des flux migratoires, de respecter les droits fondamentaux des immigrants et de diversifier les pôles de développement. Ces actions pourront être mises en oeuvre avec le soutien des partenaires de développement internationaux.
II- Régime électoral 1) La Table Ronde estime que la loi 2000-514 du 1er août 2000 portant Code électoral ne soulève pas de difficultés et s’inscrit dans le cadre d’un processus d’amélioration des textes et que la loi 2001-634 du 9 janvier 2001 portant création de la Commission Electorale Indépendante constitue un progrès significatif pour l’organisation d’élections transparentes. 2) Le gouvernement de réconciliation nationale :
a. assurera l’impartialité des mesures d’identification et d’établissement des fichiers électoraux ;
b. proposera plusieurs amendements à la loi 2001-634 dans le sens d’une meilleure représentation des parties prenantes à la Table Ronde au sein de la commission centrale de la Commission Electorale Indépendante, y compris au sein du bureau ; c. déposera dans un délai de 6 mois un projet de loi relatif au statut de l’opposition et au financement public des partis politiques et des campagnes électorales d. déposera dans le délai d’un an un projet de loi en matière d’enrichissement illicite et organisera de manière effective le contrôle des déclarations de patrimoine des personnalités élues ; e. prendra toute mesure permettant d’assurer l’indépendance de la justice et l’impartialité des médias, tant en matière de contentieux électoral que de propagande électorale.
III- Eligibilité à la Présidence de la République 1) La Table Ronde considère que l’article 35 de la Constitution relatif à l’élection du Président de la République doit éviter de se référer à des concepts dépourvus de valeur juridique ou relevant de textes législatifs. Le gouvernement de réconciliation nationale proposera donc que les conditions d’éligibilité du Président de la République soient ainsi fixées
Le Président de la République est élu pour cinq ans au suffrage universel direct. Il n ’est rééligible qu une fois. Le candidat doit jouir de ses droits civils et politiques et être âgé de trente-cinq ans au moins. Il doit être exclusivement de nationalité ivoirienne né de père ou de mère Ivoirien d’origine.
2) Le Code de la nationalité sera amendé par l’adjonction aux conditions de perte de la nationalité ivoirienne édictées par son article 53, des mots suivants : exerçant des fonctions électives ou gouvernementales dans un pays étranger. 3) Le Président de la République rendra public chaque année son bulletin de santé. IV- Régime foncier 1) La Table Ronde estime que la loi 98-750 du 23 décembre 1998 relative au domaine foncier rural votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale constitue un texte de référence dans un domaine juridiquement délicat et économiquement crucial. 2) Cependant, le gouvernement de réconciliation nationale :
a. accompagnera la mise en oeuvre progressive de ce texte d’une campagne d’explication auprès des populations rurales de manière à aller effectivement dans le sens d’une véritable sécurisation foncière. b. proposera un amendement dans le sens d’une meilleure protection des droits acquis les dispositions de l’article 26 de la loi relative aux héritiers des propriétaires de terre détenteurs de droits antérieurs à la promulgation de la loi mais ne remplissant pas les conditions d’accès à la propriété fixées par son article 1.
V- Médias 1) La Table Ronde condamne les incitations à la haine et à la xénophobie qui ont été propagées par certains médias. 2) Le gouvernement de réconciliation nationale reprendra dans le délai d’un an l’économie générale du régime de la presse de manière à renforcer le rôle des autorités de régulation, à garantir la neutralité et l’impartialité du service public et à favoriser l’indépendance financière des médias. Ces mesures pourront bénéficier du soutien des partenaires de développement internationaux.
3) Le gouvernement de réconciliation nationale rétablira immédiatement la libre émission des médias radiophoniques et télévisés internationaux. VI- Droits et libertés de la Personne humaine 1) Le gouvernement de réconciliation nationale créera immédiatement une Commission nationale des droits de l’homme qui veillera à la protection des droits et libertés en Côte d’Ivoire. La Commission sera composée des délégués de toutes les parties et présidée par une personnalité acceptée par tous. 2) Le gouvernement de réconciliation nationale demandera la création d’une commission internationale qui diligentera des enquêtes et établira les faits sur toute l’étendue du territoire national afin de recenser les cas de violation graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire depuis le 19 septembre 2002. 3) Sur le rapport de la Commission internationale d’enquête, le gouvernement de réconciliation nationale déterminera ce qui doit être porté devant la justice pour faire cesser l’impunité. Condamnant particulièrement les actions des escadrons de la mort et de leurs commanditaires ainsi que les auteurs d’exécutions sommaires sur l’ensemble du territoire, la Table Ronde estime que les auteurs et complices de ces activités devront être traduits devant la justice pénale internationale. 4) Le gouvernement de réconciliation nationale s’engagera à faciliter les opérations humanitaires en faveur des toutes les victimes du conflit sur l’ensemble du territoire national. Sur la base du rapport de la Commission nationale des droits de l’homme, il prendra des mesures d’indemnisation et de réhabilitation des victimes. VII - Regroupement, Désarmement, Démobilisation 1) Dès sa prise de fonctions, le gouvernement de réconciliation nationale entreprendra le processus de regroupement concomitant des forces en présence sous le contrôle des forces de la CEDEAO et des forces françaises. 2) Dans une seconde phase il déterminera les mesures de désarmement et de démobilisation, qui seront également menées sous le contrôle des forces de la CEDEAO et des forces françaises. 3) L’ensemble des recrues enrôlées depuis le 19 septembre seront immédiatement démobilisées. 4) Le gouvernement de réconciliation nationale assurera la réinsertion sociale des militaires de toutes origines avec l’appui de programmes de type Désarmement Démobilisation Rapatriement Réinstallation Réinsertion (DDRRR) susceptibles d’être mis en oeuvre avec l’appui des partenaires de développement internationaux. 5) Le gouvernement de réconciliation nationale prendra les mesures nécessaires pour la libération et l’amnistie de tous les militaires détenus pour atteinte à la sûreté de l’Etat et fera bénéficier de la même mesure les soldats exilés. La loi d’amnistie n’exonérera en aucun cas les auteurs d’infractions économiques graves et de violations graves des droits de l’homme et du droit international humanitaire. 6) Le gouvernement de réconciliation nationale procèdera à un audit de ses forces armées et devra déterminer dans un contexte économique difficile le niveau des sacrifices qu’il pourra consentir pour assurer ses obligations en matière de défense nationale. Il réalisera sur ces bases la restructuration des forces armées et demandera à cette fin des aides extérieures. VIII- Redressement économique et nécessité de la cohésion sociale
1) Le gouvernement de réconciliation nationale rétablira la libre circulation des personnes et des biens sur tout le territoire national et facilitera la reprise des activités scolaires, administratives, économiques et sociales. 2) Il préparera dans un bref délai un plan de reconstruction et de développement des infrastructures et de relance de l’économie nationale, et de renforcement de la cohésion sociale. 3) La Table Ronde recommande aux institutions internationales et aux partenaires de développement internationaux d’apporter leur concours au processus de redressement de la Côte d’Ivoire. IX- Mise en oeuvre Le gouvernement de réconciliation nationale veillera à ce que les réformes constitutionnelles, législatives et réglementaires que nécessitent les décisions qu’il sera appelé à prendre interviennent dans les meilleurs délai
@Floris Mel Beke & Michael Zagbahi : Intox sur le campus Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
Je vais justevous 'illustrer mon props par ce petit fait : En 1982, j'étais étudiant à la FAST pendant que LG commençait ses recrutements massif parmi les étudiants. Une conférence devait avoir lieu un mercredi soir sur la démocratie. Elle fût interdite au dernier moment. Il y a eu un embrasement sur le campus sur la base du fait que LG aurait été arrêté et incarcéré!!! Certains allaient même jusqu'à dire qu'il avait été tué! Le campus s'est donc embrasé et il y avait des meetings révolutionnaires un peu partout. Comme mon grand frère comptait parmi les proches de LG à cette époque, j'étais très inquiet et suis parti à sa recherche! C'est ainsi que je me déporte vers chez LG à la rivieira. Je n'oublierais jamais ce que j'ai vu ce jour là: Michel dévalant la petite colline du jardin sur une trottinette avec ses grosses lunettes, et LG himself et quelques amis en train de fêter l'embrasement du campus! Il m'a proposé même une bonne lampée de whisky pour célébrer! Je tombais des nues!...Je les croyais à l'article de la mort dans une sombre cellule en train de se faire torturer, selon les nouvelles que l'on distillait sur le campus. Je te cite deux personnes vivantes qui étaient présentes avec moi ce jour-là : KIPRE (ex ambassadeur à Paris et Me Karim FADIKA, avocat à la cour) Depuis ce moment là, j'ai compris qu'il fallait vraiment prendre du recul avec les processus "politique" et autres manipulations de LG qui est un expert en déstabilisation formé par les communistes. Je peux rapporter ce fait en commission s'il le faut! A chaque fois qu'une situation t'es rapportée, il faut toi-même aller à la source pour savoir de quoi il retourne exactement. Comment veux-tu que qq'un qui cherche l'exactitude de faits tangibles s'entende avec qq'un qui recherche par tous les moyens à prendre et conserver le pouvoir? L'âge ici n'est pas une tare, mais un fait de stratégie d'intoxication dont j'ai moi-même en son temps été victime! Quel choix avons-nous d'autre que de tenter de vous informer sur toutes les forfaitures que l'on vous a rapportées et qui n'ont existé que dans les méandres de cerveaux malades, avide de pouvoir et qui n'ont aligné dans leur existence que subterfuges et autres mensonges??? Tu ne peux dénier à quiconque sa propre expérience, et tu ne peux nier qu'elle vaut mieux que de simples évènements que l'on vous "aurait rapportés"? Des exemples comme celui-ci, j'en ai accumulé plein et de toutes nature. Quand vous le souhaiterez je me tiens à votre disposition pour que l'on descende en profondeur. Ce sera un plaisir pour moi que de vous fournir un décodeur politique dont vous semblez ignorer la complexité. En attendant, sachez que j'ai le plus profond respect pour vos convictions, mais j'en discute seulement les fondements.
Gaza Gazo : "Gbagbo m’a trahi, ce qu’il a fait avec ma femme Par Hermann Abonouan Kouassi dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) ·Modifier le document · Supprimer
Gaza Gazo : "Gbagbo m’a trahi, ce qu’il a fait avec ma femme" L`ancien maire Fpi de Lakota) L’ancien financier et élu local Fpi de Lakota explose contre ses anciens compagnons Gaza Gazo donne les raisons profondes de son divorce avec Laurent Gbagbo. Au départ vous étiez militant du Pdci, pris vous êtes allé au Fpi. Aujourd’hui vous êtes revenu au Pdci, qu’est-ce qui explique cette inconstance politique ? Ce n’est pas du tout une inconstance politique. Le Pdci est pour moi le parti par lequel j’ai appris beaucoup de choses. Le Pdci m’a appris à faire la politique. Et le président Houphouët Boigny nous apprenait à faire de la vraie politique à travers le Mouvement des étudiants et élèves de Côte d’Ivoire (Meeci). Ce mouvement a été notre initiation. La preuve, tous les grands du Pdci actuel sont du Meeci, pour ne citer que les Djedjé Mady, Maurice Kakou Guikahué et autres. Le Meeci a servi de base au Pdci dans lequel je me sentais bien. Mais, toute chose qui dure donne un certain sentiment. Et lorsque le président Gbagbo est venu s’entretenir avec moi, j’ai vu qu’il avait de très bonnes idées. En ce moment-là, il fallait opposer ses idées au président Bédié et j’ai eu la faiblesse de faiblir pour les idées que Gbagbo présentait et je suis allé au Fpi. J’ai milité au Fpi, j’ai fait ce que je pouvais pour Gbagbo. Ceux qui nous ont vus marcher ensemble savent de quoi je parle. Bon, mais je rendais service à un homme en qui j’avais une grande confiance et je l’ai fait jusqu’au bout. Et en 2000, il a gagné les élections présidentielles, j’ai été content qu’il ait gagné ces élections. Il m’a proposé d’être maire à Lakota et j’avais hésité parce que cela faisait dix ans que j’avais quitté ma région pour le Gabon. Mais, surtout que Boga Doudou venait d’échouer deux fois à cette élection locale. Je suis parti et j’ai obtenu 67% des votes de mes parents. C’est comme ça que je suis venu au Fpi et c’est comme ça que je suis parti du Pdci. Peut-on savoir de quoi est partie la discorde entre vous et votre ami Laurent que vous appréciez tant et vous ? C’est une histoire d’homme qui nous a séparés. Un homme qui, à un moment donné pense qu’il ne peut plus être votre ami, que pouvez-vous faire ? Cet homme a choisi de ne plus être mon ami, je n’y pouvais rien. L’amitié ne se force pas. On veut savoir la cause réelle de votre séparation. La cause est que, Gbagbo est un homme et j’en suis un, mais à petit modèle par rapport à lui. Je suis quelqu’un qui a une famille : femme et enfants. S’il a eu des yeux dans la famille pour une autre personne que Gaza ça ne fait rien.
Est-ce l’appel à votre femme à ses côtés à la présidence qui vous a choqué? Avant de le faire, il m’a demandé la permission et j’ai acceptée avec plaisir, parce que c’était un honneur pour moi que mon président choisisse ma femme comme collaboratrice. C’est peut-être là où j’ai fait l’erreur (Ndlr : il marque un arrêt et soupire un bon coup). Bon, si chemin faisant, ils se sont trouvés des atomes crochus qu’est-ce que je peux faire ? Qu’est-ce que vous le journaliste à ma place vous pouviez faire ? Rien. J’ai laissé faire, non pas parce que je l’ai souhaité. Mais, ce qu’un homme fait quand il se trouve dans une telle posture, je l’ai fait. Par la suite, le plan qu’ils avaient contre moi, était diabolique. C’est ce qui m’a déçu de Gbagbo.
Pouvez-vous êtes plus clair Il s’agit de mon assassinat, de mon élimination physique que les deux ont mis en place. De ma femme, j’ai été très surpris qu’elle soit allée jusque-là. De Gbagbo, j’ai été encore plus surpris que cet ami qui sait que je l’aime beaucoup, aille jusque-là. Il a commencé à m’interdire la route du Gabon, de tout ce qu’un homme vit et que je ne vive plus. Et qu’on n’entende plus parler de Gaza. C’est ce qui a valu mon désistement à la candidature présidentielle et j’ai quitté le pays. Vous avez dit avoir rendu assez de services à Gbagbo, peut-on connaitre la nature de ces gestes ? J’ai rendu effectivement assez de services à un homme. Et lui-même ne peut le nier. J’ai fait financièrement pour lui, ce qu’un homme fait à un ami. Les voitures du Fpi, c’est moi qui les achetais, j’ai acheté sa voiture de commandement, je lui ai remis assez d’argent pour qu’il soit candidat et qu’il gagne en 2000. Donc, ce que j’ai fait pour Gbagbo est trop. Alors, j’ai été surpris qu’il ne veuille plus me recevoir et reçoive ma femme. Il a voulu brouiller mes relations avec l’oncle à ma femme, le président Oumar Bongo du Gabon qui ne me refusait rien. Sachez que grâce à la générosité du président Bongo, j’ai créé de nombreuses sociétés de pompes funèbres partout au Gabon. Quel commentaire faites-vous de la chute de l’ex-président Laurent Gbagbo ?Mon regard est triste. Je pense à un homme qui a conquis le pouvoir et que le pouvoir a rendu fou. Malheureusement, le pouvoir l’a rendu fou. Quand ça se déroule comme ça, c’est la chute qui suit. Mais, lui succède un homme de caractère aussi. Aujourd’hui la Côte d’Ivoire a un homme de caractère à sa tête. Et moi, j’ai beaucoup d’espoir pour la Côte d’Ivoire avec le président Ouattara parce que naturellement c’est un grand travailleur. Il a trois mois de pouvoir et vous voyez déjà qu’Abidjan bouger. Qu’est-ce qui a bien pu justifier ce revirement idéologique au sein du Fpi qui a causé la chute de Gbagbo ? Il n’écoutait plus personne. On ne donne pas de conseil à Gbagbo. Il se croyait trop intelligent par rapport à quiconque venait lui parler. Dans ces conditions ceux qui devaient lui donner des conseils se sont gardés de la faire. Voilà d’où vient sa chute. Le pouvoir Gbagbo ne pouvait finir que comme ça. Je regardais sa chute venir, mais j’étais triste qu’il ne s’en soucie pas. J’étais malheureux pour les gens qui apparemment avaient son estime et qui ne pouvaient pas lui parler. Cette chute de Gbagbo ne me surprend pas. Dans un pays, un homme ne peut pas être le seul intelligent. Un président, il doit avoir autour de lui des intelligences qu’il doit écouter. Il a manqué à Gbagbo l’humilité, parce que même si tu es président de la République que tu es adulé, il faut savoir être humble. Quel commentaire faites-vous des exigences des cadres Fpi exilés au Ghana qui réclament autre chose que la direction du parti à Abidjan ? Je ne les suis pas bien dans leur raisonnement. Peut-être que l’ambiance de là-bas que je ne maîtrise pas fait que je n’ai pas la même appréciation qu’eux. Je ne peux pas penser comme eux et je ne peux même pas penser que quelqu’un pense comme eux. C’est leur façon de croire qu’ils aident leur parti, moi non.
Sur leur exigence de la libération de Gbagbo et de leurs camarades, qu’en pensez-vous ? Je pense qu’ils ne sont pas justes. Gbagbo a été élu président de la Côte d’Ivoire pour cinq ans. Il a fait le double des années pour lesquelles il a été élu. Alors, qu’ils modèrent leurs ardeurs. Quel est votre analyse des trois mois de gouvernance du président Ouattara ? Le président Ouattara fait du bon travail pour le pays. Même les Frci dont on parle, regardez ce que le ministre Bakayoko fait. Il les désarme. Et eux ne sont pas tendres avec leurs éléments qui font des bêtises. Tu fais mal, on te le dit. Gbagbo pouvait-il le faire ? Tu es du Fpi, tu fais des bêtises on ne te dit rien. C’est pour cela qu’on a vu ici des choses qu’on ne devrait pas voir. Ouattara commence très bien son mandat, laissons-le faire.
Avez-vous pu mener des actions de réconciliation dans la région de Lakota ? Ma part dans la réconciliation nationale est évidente. De par ma position de maire, que je souhaite consolider, elle me donne la possibilité de parler constamment avec les parents pour leur faire comprendre que si on ne se réconcilie pas, on n’est plus une nation. A Lakota, lors du conflit armé entre les jeunes de Koudoulilié et les jeunes Dioulas, je suis allé les tous pour calmer la situation et ramener la paix. Je sensibilise les parents. Je leur demande de quitter la brousse pour revenir au village. Il est vrai qu’ils ont eu le sentiment à un moment donné d’avoir été brimés, qu’ils sachent à présent qu’on ne les touchera plus. Même moi, ma maison a failli être brulée par des parents mécontents de ma position pro-Rhdp. Ce qui fait que pendant toute la crise, j’étais chez moi à la maison aux Deux Plateaux.
Vous y êtes toujours ? On m’a chassé. Ma femme m’a chassé de la maison. Nous avions acquis notre bâtiment au nom de notre fille qui a aujourd’hui 19 ans et qui étudie en France. Et comme c’est ma femme qui a la garde de l’enfant, elle a usé de cela pour m’expulser de la maison contre la volonté de ma fille.
Sam-wakouboué Publié le vendredi 19 aout 2011 | L'expression
innterview du Président Ouattara à L’Express Par Gyna Navigue dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
Karelle Dubois Interview du Président Ouattara à L’ExpressElle ne devient réalité que lorsque les uns et les autres se sentent en paix et en sécurité. Il faut avant tout améliorer les conditions de vie, restaurer les pistes, bâtir des centres de santé ou des écoles. Voilà pourquoi j`ai retardé ma visite dans l`Ouest, initialement programmée en octobre dernier, et que j`accomplirai en mars: une telle tournée coûte l`équivalent de 2 millions d`euros. Or je ne veux pas, comme Laurent Gbagbo, engloutir 90 % de ce budget dans le dispositif de sécurité et l`intendance. Qu`est-ce que j`apporte aux populations? Voilà la question. D`abord, du concret sur le terrain."
L`insécurité dans l`Ouest"Nous sommes en train de rétablir l`ordre. La situation s`est améliorée le long de la frontière libérienne. La gendarmerie et la police ont été redéployées partout. Reste l`écueil de leur armement, bloqué pour l`heure par l`embargo onusien. Dans deux mois, ces forces recevront les armes légères dont elles ont besoin. A ce stade, dans les chefs-lieux, nos gendarmes n`ont ni locaux ni moyens de transport. Même si là encore il y a du mieux, notamment grâce aux véhicules donnés par la France."
La nomination de nordistes aux postes clefs"Il s`agit d`un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du Nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité. S`agissant des hauts cadres de l`armée, j`ai eu à négocier avec les officiers des ex-Forces nouvelles [FN, ancienne rébellion nordiste], qui voulaient tous les postes. Et j`ai réussi à imposer cet équilibre dans la hiérarchie militaire, jusqu`au niveau de commandant : le n° 1 issu des FN, flanqué d`un n° 2 venu de l`ancienne armée régulière. Tous grades confondus ; il y a 12 % de nordistes dans la police, 15 % dans la gendarmerie et 40 % environ dans l`armée... Sur ce terrain-là, on ne peut rien me reprocher."
Une "justice des vainqueurs"?"J`ai mis en place une commission nationale d`enquête, qui rendra son rapport d`ici à la fin de février. Les individus incriminés seront jugés sur la base de ce document, et non à partir d`études rédigées par des ONG des droits de l`homme dont les équipes ont passé une semaine ou dix jours en Côte d`Ivoire. Si certains chefs militaires ont failli, ils seront démis de leurs fonctions et arrêtés. Dans un régime présidentiel, je peux mettre fin par décret, si besoin, au mandat de tel ou tel."
La réforme de l`armée"Un chantier essentiel. Il y aura refonte de l`état-major et encasernement des soldats. Un corps de réservistes, formés et encadrés, aura vocation à participer à des travaux de développement. De même, nous créerons un fonds de rachat des armes. Tous les combattants d`hier veulent devenir membres de l`armée nouvelle, mais tous ne le seront pas. S`agissant des accrochages récents entre civils et militaires, j`ai convoqué il y a peu tous les généraux pour leur dire ceci : "S`il n`y a pas d`amélioration notable en la matière dans les trois mois, je mets un terme à vos fonctions."Source: L’ExpressJ’aime · · S’abonner à la publication · Il y a 3 minutes
Un autre coup déjoué? Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer Sept miliciens, issus du Miloci ( Mouvement ivoirien de libération de l'ouest de Côte d'Ivoire), l'une des composantes des Forces de résistance du Grand-Ouest ( Frgo), fondée par le « pasteur Gammi » et cinq sous-officiers de la gendarmerie nationale de Côte d'Ivoire, puissamment armés de fusils d'assaut, ont été pris, à bord d'un pick-up, tard dans la nuit du mardi 03 au mercredi 04 janvier 2012, alors qu'ils s'apprêtaient à lancer une offensive sur la garde républicaine de Treichville et la Bae de Yopougon, en vue, notamment, de porter un coup au pouvoir en place. Ils représentent, selon notre source, les « phalanges » d'une organisation politico-militaire bien structurée basée dans un pays voisin. C'est ce qui ressort des informations que nous avons reçues le samedi 07 janvier 2012, de sources très proches de l’état-major des Forces républicaines de Côte d'Ivoire ( Frci). Les limiers de l'état-major ont exploité des confidences d'un gendarme en poste au camp commando de Koumassi, entrepris par les commanditaires pour faire partie du commando déstabilisateur. Celui-ci a d'abord fait mine d'accepter l'offre. Mais s'est rétracté au moment décisif de passer à l'acte et a vendu la mèche de cette tentative de subversion à la hiérarchie militaire. Depuis quelques semaines donc, les Frci sont sur les dents et ont pris des dispositions stratégiques pour faire échec à cette opération. L'attaque d'Abidjan, selon le plan conçu par les « assaillants », devrait partir d'Aboisso où des cellules se sont prépositionnées depuis décembre 2011, selon notre source. L'operation devrait être lancée dans la nuit du mardi 03 janvier 2012. Les principales cibles sont, notamment, le camp de la Bae de Yopougon et la Grade républicaine de Treichville, souligne notre source. L'attaque de Yopougon « devrait être le point de départ d'une offensive généralisée » soutient encore notre interlocuteur, sous le sceau de l'anonymat. Devraient suivre la garde républicaine, le camp d'Akouédo et l'état-major. Mais les assaillants n'ont pas eu le temps de mettre à exécution leur plan qu'ils ont été cueillis par la cellule de renseignement des Frci. « Nous les avons pris vers 2 h du matin, à bord de ce pick-up que vous voyez. C'était bourré d'armes de guerre, grâce au gendarme qu'ils ont recruté, mais qui les a lâché au dernier moment. Nous avons saisi sur eux le plan d’attaque et ils sont tous passés aux aveux. Les gendarmes qui sont parmi les assaillants ont dit qu'ils voulaient libérer leurs collègues détenus au camp Galieni », nous a confié notre source. Ces « assaillants », au nombre de 12 personnes dont des miliciens issus des rangs du Miloci du pasteur Gammi sont en ce moment détenus à l’État-major des Forces républicaines de Côte d'Ivoire ( F'rci). « Cette semaine sera déterminante dans la suite de l'enquête. Nous allons remonter la filière et mettre hors d'état de nuire cette bande et démanteler toutes ces tentacules au niveau d’Abidjan » nous a confié un officier supérieur en charge de l'enquête. Armand B. DEPEYLA
2 ème partie : l'ère Henri Konan Bédié Pour le détail de l'ère Bédié, lire : Comment le dauphin de Félix Houphouët-Boigny, qui inventa la désastreuse "ivoirité", a foncé droit dans le mur sous les yeux ébahis de la France Par Marc Philippe Guary dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
Du chat noir, au coup d'Etat de décembre 1999 qui a évincé le président Henri Konan Bédié, à l’élection dans le sang de Gbagbo en octobre 2000 2 ème partie : l'ère Henri Konan Bédié Pour le détail de l'ère Bédié, lire : Comment le dauphin de Félix Houphouët-Boigny, qui inventa la désastreuse "ivoirité", a foncé droit dans le mur sous les yeux ébahis de la France 7 décembre 1993 : décès d’Houphouët-Boigny, après 33 ans d'un règne sans partage. Henri Konan Bédié, président de l'Assemblée nationale, est chargé, par la Constitution, de terminer son mandat. Alassane Ouattara, alors Premier ministre, hésite, quoi qu’il en dise, à tenter un coup de force pour s'emparer du pouvoir. If finit par démissionner de son poste le 9 décembre. Le clivage est définitif entre les deux hommes. 9 décembre 1993 : après deux jours de flottement et d’incertitude, Ouattara rend son tablier de Premier minsitre, et Henri Konan Bédié s’intalle à la présidence. La validité de son accession à la tête de l’Etat sera confirmée le lendemain par la Cour suprême 26 janvier 1994 : le quotidien gouvernemental Fraternité-Matin lance une virulente attaque contre l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara qu'il accuse de « troubler l'ordre public » en l'avertissant que le pouvoir disposait « des moyens pour écraser la chienlit ». L'accusation de Fraternité-Matin se réfère aux incidents qui ont marqué le retour au pays, le 22 janvier, de Ouattara après trois semaines de vacances en France. Plusieurs centaines de ses partisans avaient voulu l'accueillir à l'aéroport mais en avaient été empêchés par les forces de sécurité Mai 1994 : Alassane Ouattara est nommé directeur adjoint du Fonds monétaire international et quitte la Côte d'Ivoire 22 octobre 1994 : près de dix mille personnes assistent à Abidjan au premier meeting public organisé par leRassemblement des Républicains (RDR), la nouvelle formation politique née en juin d'une scission au sein du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI). A la tribune d'honneur siégeaient quatre anciens ministres du gouvernement d'Alassane Ouattara. Décembre 1994 : l'Assemblée nationale adopte une nouvelle loi électorale, imposant à tout candidat à la présidentielle d'être "né de parents ivoiriens de naissance" et avoir résidé de façon continue en Côte d'Ivoire pendant les cinq ans précédant le scrutin. Alassane Ouattara est bien évidemment la seule personne visée par cette disposition. Laurent Gbagbo, dénonce devant les délégués du Comité Afrique de l'Internationale socialiste réunis à Abidjan « ce code électoral liberticide, raciste, xénophobe et dangereux. » Laurent Dona Fologo, à l'époque pourtant ministre d'Etat et secrétaire général du PDCI, est le seul homme du pouvoir à mettre en doute le bien fondé de ce code électoral estimant que les nouvelles dispositions risquaient de conduire à des « excès », le « peuple » ne sachant « pas toujours où s'arrête le caractère étranger et où il commence ». 22 octobre 1995 : Henri Konan Bédié est élu président lors d'une élection boycottée par les principales formations de l'opposition. Ce scrutin avait été précédé par des manifestations de rue, les plus graves de l'histoire du pays, les 2 et 16 octobre. Outre de nombreux morts lors des manifestations, des dizaines de militants de l'opposition sont emprisonnés. Certains mourront en prison, avant même d'avoir été jugés. Le général Gueï, alors chef
d'état-major des forces armées, avait refusé de faire descendre son armée dans la rue. Il entrait dès lors, lui aussi, en disgrâce et était démis de ses fonctions, la veille du scrutin. 18 novembre 1996 : le gouvernement affirme avoir déjoué "un complot contre l'autorité de l'Etat" lors de cette élection présidentielle de 1995. Six officiers et un sous-officier sont révoqués de l'armée. Ils bénéficieront en mars 1998 d'une mesure de relaxe. 29 novembre 1999 : un mandat d'arrêt est lancé contre Alassane Ouattara, candidat déclaré à la présidentielle d'octobre 2000, au centre d'une bataille politico-juridique. L'affaire Ouattara domine la vie politique depuis début août et les responsables de son parti ont été condamnés à deux ans de prison à la suite de violences au cours d'une manifestation. C'est la loi "anti-casseurs" votés sous le Premier ministre Ouattara, qui se retourne contre les cadres de son parti. Le camp présidentiel lui conteste la nationalité ivoirienne et donc la possibilité de briguer la magistrature suprême. 24 décembre 1999 : une mutinerie de soldats se transforme en coup d'Etat. Le général Robert Gueï annonce la destitution du président Henri Konan Bédié et la mise en place d'un Comité national de salut public (CNSP). Le journal français, Le Canard Enchaîné, révèle que le général Gueï avait rencontré l'opposant Ouattara, à Paris, peu de temps avant cette mutinerie. De là à penser que la vengeance est un plat qui se mange froid mais qui se prépare longtemps à l'avance … 29 décembre 1999 : Ouattara, "l'étranger" est de retour à Abidjan. Bédié est parti la veille en exil à Lomé au Togo, avant de rejoindre Paris, d'où il envisage de se porter candidat à la future élection présidentielle
Les crimes commis par les forces armées pro-Ouattara et Soro de septembre 2002 à novembre 2010 Par Highlander Shiva Leresistant dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) ·Modifier le document · Supprimer FAITS CONSTITUTIFS DE GENOCIDE (ART.5 ET 6 DU STATUT DE ROME DE LA COUR PENALE INTERNATIONALE).Période & LIEU,FAITS, CIRCONSTANCES DE PERPETRATION et AUTEURS. A Compter d’octobre 2002 Novembre 2002 (OUEST DE C.I.) MAN, TOULEPLEU, BLOLEQUIN, BANGOLO ASSASSINAT MASSIF DES MEMBRES DU GROUPE WE Dès qu’ils prirent pied dans les localités désignées ci-dessus, les rebelles se livrèrent à l’extermination systématique des ressortissants d’ethnie wobé et guérés. Même les personnes ayant trouvé refuge dans leurs plantations n’échappèrent guère à la furia des assaillants. Une telle situation est étayée par le fait qu’une vérification méticuleuse d’identité et des originesdespersonnes arrêtées précédait leur exécution. Dans cette croisade, même des chiens étaient utilisés par les rebelles pour repérer, pourchasser et immobiliser des victimes. Les corps de certaines victimes étaient jetés dans des puits tandis que d’autres dans les rivières. Aussi, apparait-il extrêmement difficile d’avoir une idée exacte du nombre de personnes assassinées. Toutefois, quoi qu’indéterminé, le nombre de tués est effarant au regard du nombre de village entièrement rasés, donnant ainsi une idée de l’ampleur du désastre.(Voirrapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right watch & Fédération Nationale des victimes de la guerre en C.I. regroupant 27 Associations) Les rebelles du MPIGO & MJP, démembrements du MPCI, appuyés par les supplétifs sierra léonais, libériens, burkinabé, malien, guinéens. DU 18 AU 19/09/2002 A ABIDJAN ASSASSINAT DU MINISTRE BOGA DOUDOU
Aux environs de 4 h du matin du 19 septembre 2002, des rebelles puissamment armés prenaient d’assaut la résidence du Ministre BOGA DOUDOU Emile. Aussi, était-il froidement abattu de plusieurs coups d’armes lourdes, alors même qu’il avait pu trouver refuge dans la cour de son voisin en en escaladant la clôture. ( Voir rapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right Watch & Fédération Nationale des victimes de la guerre en C.I. regroupant 27 Associations) Un groupe d’assaillants membres du MPCI de SORO Guillaume A BOUAKE DU 18 SEPTEMBRE AU 6/10/2002 ASSASSINAT DE MILITAIRES ET GENDARMES DESARMES AINSI QUE LES MEMBRES DE LEURS FAMILLES. Les bases militaires de Bouaké ayant été concomitamment attaquées avec celles d’Abidjan et Korhogo, des militaires et gendarmesétaient froidement tués lorsque plusieurs étaient faits prisonniers avec leurs enfants de sexe masculin. Parmi les militaires assassinés aux premières heures de l’attaque figurait le colonel DAGROU LOULA. Il avait été tué à son domicile de plusieurs balles tirées dans le dos. Les gendarmes arrêtés avec leursenfantsétaient tous gardés dans des cellules de cette base militaire. Mais finalement, 131 d’entre eux sinon tous, à savoir 61 gendarmes + 61 enfants et 07 autres personnes étaient exécutés dans leurs cellules. Mais pour tenter de masquer ces crimes odieux, les rebelles transportaient les corps des victimes à bord des camions, et les enterraient sommairement dans deux (02) fosses comunes au cimetière du quartier DARESSALAM. Par ailleurs, les danseuses traditionnelles d’Adjanou ressortissantes du département de Sakassou étaient également torturées avant d’être assassinées à leur tour. ( Voir rapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right Watch & Fédération Nationale des victimes de la guerre en C.I. regroupant 27 Associations) Les rebelles du MPCI dirigé par SORO Guillaume A KORHOGO DU 18 SEPTEMBRE à JUIN 2004 ASSASSINATS DE MILITAIRES DESARMES, ET DES CIVILS A la suite des affrontements entre factions rebelles, des charniers étaient découverts dans la ville de Korhogo. L’un de ces charniers contenait 99 corps. La plupart des corps étaient nus. Il ressort des constatations sur ces corps des amputations de membres des victimes. D’autres corps avaient les mains attachées dans le dos. Au total, on dénombrait 31 corps par armes à feu, 02 par armes blanches et 66 par asphyxie dans des conteneurs placés au soleil à la Compagnie Territoriale de KORHOGO (C.T.K). ( Voir rapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right Watch & Fédération Nationale des victimes de la guere en C.I. regroupant 27 Associations) Ces crimes sont l’œuvre des rebelles du MPCI de SORO Guillaume, et plus précisément, de ceux de la Compagnie Territoriale de Korhogo dirigée par KOUAKOU FOFIE A BOUAKE DU 18 SEPTEMBRE AU 6/10/2002 21/12/2002 ASSASSINATS DE MILITAIRES ET GENDARMES DESARMES, CASSE DE LA BCEAO,EXPLOITATION FRAUDULEUSE DES PLANTATIONS DE TECK APPARTENENANT A L’ETAT DE C.I., VOL DES ATTRIBUTS ROYAUX A SAKASSO, PILLAGES ET VOLS DES BIENS MEUBLES,VEHICULES, MOTO ET AUTRES BIENS PERSONNELS DES AGENTS DE L’ETAT EN SERVICE DANS LA LOCALITE. Assassinat
Après l’attaque surprise de toutes les bases militaires de Bouaké dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, plusieurs militaires, gendarmes, policiers et autres éléments des forces de l’ordre et de sécurité étaient assassinés dont le colonel DAGROU LOULA, tué à son domicile de plusieurs balles tirées dans le dos. Par la suite, les rebelles procédaient à l’arrestation de plusieurs militaires et notamment gendarmes et les membres de leurs familles de sexe masculin, qu’ils emprisonnaient dans des cellules de la base militaires. Ces personnes étaient privées d’aliments et d’eau pendant plusieurs jours avant d’être finalement exécutées froidement dans leurs cellules. Les corps étaient par la suite transportés dans des camions et enterrés sommairement dans deux (02) fosses communes au cimetière de DAR-ES-SALAM. ( Voirrapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right Watch & Fédération Nationale des victimes de la guerre en C.I. regroupant 27 Associations) 9 personnes fusillées dont 5 femmes danseuses d'Adjanou, danse traditionnelle akan ( Voir rapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right Watch & Fédération Nationale des victimes de la guerre en C.I. regroupant 27 Associations) Les rebelles de SORO conduits par Shérif Ousmane A KORHOGO DU 18 SEPTEMBRE à JUIN 2004 ASSASSINAT DE MILITAIRES DESARMES, PILLAGES, VOL DES BIENS ABANDONNES PAR DES CIVILS POURCHASSES. L’assaut lancé par les rebelles contre les sites militaires de Korhogo, dans la nuit du 18 au 19 septembre 2002, se soldait par l’assassinat systématique de plusieurs militaires et autres forces de sécurité en service dans la ville. Les biens personnels de ces victimes et ceux abandonnés par les agents de l’Etat chassés de toutes les villes du Nord, étaient emportés par les rebelles. ( Voir rapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right Watch & Fédération Nationale des victimes de la guerre en C.I. regroupant 27 Associations). 99 corps découverts dont 66 ont été tués asphyxiés, enfermés dans un conteneur fermé abandonné au soleil pendant 4 jours. LES REBELLES DU MPCI de SORO GUILLAUME SOUS LE COMMANDEMENTDE KOUAKOU FOFIE DU MPCI 31 mars 2005 GUITROZON Extermination de 150 personnes d'ethnie Wè A Compter janvier 2011 A BANGOLO, DUEKOUE, GUIGLO, BLOLEQUIN, TAI, TOULEPLEU, EXTERMINATION DES MEMBRES DU GROUPE WE Courant janvier 2011, invoquant l’implicationd’un jeune guéré dans une attaque à mains armées dans laquelle avait péri une femme malinké, les ressortissants du Nord, appuyés par les burkinabé, les maliens, les guinéens et des rebelles en faction à Bangolo, faisaient une descente musclée dans le quartier wê. On dénombrait de nombreuses pertes en vies humaines. Plusieurs maisons des guéré étaient incendiées et d’autres pillées. Les biens des victimes étaient emportés. C’est dans ce contexte conflictuel que les rebelles, à l’occasion de la crise post-électorale, prenaient pieds dans la quasi-totalité de localités de l’Ouest vers la fin du mois de mars 2011. Aussi, accusant les populations wê, d’une part de soutenir le pouvoir GBAGBO, et d’autre part, d’exproprier les allogènes, assistait-on à des assassinats en règle des membres du groupe ethnique guéré. Importe de relever que les victimes étaient d’abord l’objet d’un contrôle identitaire méticuleux avant d’être exécutées. Ainsi, jeunes, vieux, valides ou malades d’ethnie guéré étaient systématiquement exécutés. Officiellement, l’on avait annoncé le chiffre 800 au titre des wê assassinés. Mais la réalité est tout autre d’autant que des puits regorgeant encore de corps foisonnent dans la région. L’objectif poursuivi était manifestement d’exterminer les membres du groupe wê pour des raisons politiques et foncières. ( Voir rapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right watch & la presse nationale et internationale)
A Compter du 28 novembre 2010 ASSASSINAT MASSIF DES FORCES DE L’ORDRE, DES POPULATIONS CIVILES ET TRAITEMENTS HUMILIANTS ET DEGRADANTS Exécutant le mot d’ordre de Messieurs Alassane OUATTARA et GUILLAUME SORO tendant à l’installation aux forceps d’ un nouveau Directeur Général à la RTI, les rebelles transformés à l’occasion en forces républicaines, s’attaquaient aux institutions et aux populations civiles faisant ainsi plusieurs blessés graves et des pertes en vies humaines. C’est dans cette logique qu’une faction des forces républicaines s’érigeait en commando dit invisible et s’établissait à Abobo oùsesélémentssurprenaient chaque nuit les patrouilles des policiers pour en assassiner plusieurs dizaines. Le même commando dit invisible faisait irruption nuitamment dans le village Ebrié d’ANONKOI à Abobo, et y sémait la désolation enassassinantplusieurs dizaines de villageois surpris dans leur sommeil dont certains par le feu. Des maisons étaient incendiées. Plusieurs villageois étaient signalées. Dans la même foulée, l’antenne de la RTI à Abobo était attaquée et plusieurs personnes civiles commises à la surveillance des lieux étaient surprises dans leurs tâches, ligotées et brûlées vives. Après l’arrestation du Président GBAGBO le 11 avril 2011, les Forces Républicaines de M. ALASSANE OUATTARA soumettaient cette Haute personnalité ayant assuré les destinées de la nation ivoirienne pendant plus de 10 ans, son épouse et plusieurs hautes autorités du pays à des traitements dégradants et humiliants. S’en était suivi des tueries systématiques et massives de nombreux jeunes, motif principalement pris de leur appartenance au clan GBAGBO, tout d’abord, dans le quartier d’Anono à Cocody. Ils étaient également accusés d’être des étudiants-miliciens de la FESCI. Ensuite, les autres quartiers étaient pris d’assaut à la recherche de soi-disant miliciens de GBAGBO. Enfin, c’est dans le quartier de Yopougon où vivent majoritairement les ressortissants de l’Ouest et, de notoriété publique l’électorat de GBAGBO que des massacres des populations civiles ont été massivement perpétrés. Une telle situation a occasionné un exode massif des membres de certains groupes ethniques qui ont trouvé refuge dans les pays frontaliers comme l’ont d’ailleurs attesté plusieurs rapports des Organisations Internationales des Droits de l’Homme, tels HWR, les médias internationaux et des O.N.G. nationales tel le MIDH Le traitement particulier subi par le Premier Ministre AFFI N’guessan , GBAGBO Michel et les autres pendant leur détention à Bouna, et dont les images ont fait le tour du monde, ne peut s’analyser autrement que comme humiliant et dégradant. (Voir rapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right Watch et la presse nationale et internationale ) LES FORCES REPUBLICAINES DE COTE D’IVOIRE APRES LE 11 AVRIL 2011 DANS TOUTES LES LOCALITES NE FAISANT PAS L’OBJET D’OCCUPATION DE LA REBELLION DEPUIS SEPTEMBRE 2002 Homicide intentionnel, torture ou traitement inhumain , viols. Destruction et appropriation des biens non justifiées, déclaration qu’il ne sera pas fait de quartier. Atteinte à la dignité. Privation délibérée des populations ivoiriennes de médicaments pharmaceutiques. Attaque de la résidence du Président de la République alors qu’elle ne fait pas un objectif militaire Pillages des villes, villages, campements, vols des biens de toutes natures, occupations illégales des maisons et résidences. Après un largage suivi de bombes sur la résidence du Président de la République, le Ministre TAGRO Désiré, alors Secrétaire Général de la Présidence au moment des faits était chargé de notifier la reddition. Mais alors qu’il se présentait aux forces républicaines pour accomplir cette mission, celles-ci l’abattaient à vue. Ensuite, il est établi que lesdites forces avaient soumis toutes les personnes trouvées en compagnie du Président GBAGBO, y compris le Président lui-même, à des traitements dégradants et inhumains comme l’attestent éloquemment leurs images ayant fait le tour du monde. Plusieurs destructions de résidences étaient enregistrées sur l’ensemble du territoire, notamment au détriment des personnes soupçonnées proches du Président GBAGBO. La résidence du Président de la République dans son propre village n’avait point échappé à ces agissements extrêmement dommageables. La résidence de la Première dame à Grand-Bassam, celle du Premier Ministre Pascal AFFI N’GUESSAN n’avaient pas non plus échappé à ces destructions et pillages.
Au motif qu’en privant les populations de médicaments pharmaceutiques, il parviendrait à bout de son adversaire, MonsieurAlassane OUATTARA n’avait pas hésité à exiger l’interdiction de la livraison de produits pharmaceutiques aux populations ivoiriennes depuis le mois de février jusqu’en avril 2011. Il est tout aussi constant que toutes les villes , tous les villages et campements, naguère inoccupés par la rébellion de 2002, étaient pris d’assaut par les FRCI courant mars 2011, ce, à la demande de leur hiérarchie. Dans ces localités, ces forces tuent, violent les femmes et mineure. Elles rançonnent les populations, elles volent et les exproprient. Le compte rendu quotidien de la presse internationale et surtout nationale l’atteste à suffisance. Plusieurs plaintes des victimes corroborent également cette triste réalité. ( Voir rapports Enquêtes Commission internationale sur la guerre en C.I., Human Right watch, la presse nationale et internationale et ONUCI). Human Right watch, la presse nationale et internationale et ONUCI
3 ème partie : le régime du général Robert Gueï Par Marc Philippe Guary dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
L'histoire pas toujours très rose de la Côte d'Ivoire depuis 1945 Du chat noir au coup d'Etat de décembre 1999 qui a évincé le président Henri Konan Bédié, juqu'à l’élection dans le sang de Gbagbo en octobre 2000 3 ème partie : le régime du général Robert Gueï Jour de l’an : le passage à l'an 2000 sous le signe du "cadeau" du coup d'Etat. Abidjan fait la fête, on lève les verres à la santé de Gueï et des mutins. Dans son adresse à la nation télédiffusée pour le nouvel an, le général Robert Gueï, intervenant comme "président de la république", déclare : « En ce qui me concerne, sachez que contrairement à ce que nous avons vu dans beaucoup de pays de la sous-région, le pouvoir ne m'intéresse pas. J'en prends ici à nouveau l'engagement ». Ouh ! le menteur, ouh ! le menteur … 3 janvier 2000 : Henri Konan Bédié arrive à Paris en provenance de Lomé, à bord de l'avion présidentiel togolais, pour une période d'exil à durée indéterminée. Il était accompagné de son Premier ministre, Daniel Kablan Duncan. 4 janvier 2000 : la junte forme un gouvernement de transition de 21 membres, dont onze proposés par les partis politiques, avec notamment le Rassemblement des Républicains (RDR) de Ouattara et le FPI de Gbagbo. Le CNSP se réserve quatre portefeuilles de "souveraineté", Affaires étrangères, Intérieur, Sécurité et Défense, ce dernier poste revenant au général Robert Gueï, qui devient ainsi "président de la République, président du CNSP et ministre de la Défense". Le FPI de Gbagbo provoque une crise, en refusant de participer au gouvernement, estimant qu’une part trop belle a été faite au RDR. « C’est un gouvernement RDR », déclare Gbagbo.« Si c'est un coup d'Etat RDR, qu'on nous le dise », ajoute-t-il à propos du putsch, en accusant nommément les généraux Lassana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly, numéros 2 et 3 de la junte, « d'être RDR ». Le général Palenfo, nommé ministre de la Sécurité dans ce gouvernement dit de transition, avait déjà occupé ce poste alors que Ouattara était Premier ministre de 1990, à 1993. De son côté, le PDCI comprend vite le sens du vent et met son président, Henri Konan Bédié, "en congé". Le malaise politique atteint l’armée. Le numéro 4 de la junte, le colonel Mathias Doué, nommé ministre de la Jeunesse et des Sports, se fait porter malade. 6 janvier : à l'issue d'une rencontre avec Robert Gueï, Gbagbo accepte de participer à la transition. 9 janvier 2000 : le parquet de Bobo-Dioulasso au Burkina Faso requiert 15 mois de prison contre un Ivoirien, Joe Dimitri Vleï, qui avait tenté d’obtenir un faux certificat de nationalité burkinabè au nom d’Alassane Ouattara 11 janvier : Gueï ne sait déjà plus tout à fait s’il ne va pas faire de la politique. A l’hebdomadaire Jeune Afrique, il confie : « Je ne peux pas avoir déjà des ambitions politiques, alors que je n'ai pas encore fait tout ce qu'on m'a demandé de faire. »
Depuis le coup d’Etat, une poignée de dignitaires de l’ancien régime sont placés en résidence surveillée, parmi lesquels Emile Constant Bombet, ex-ministre de l'Intérieur, Faustin Kouamé, ex-conseiller juridique de Bédié, Albert Tiapani, ex-ministre de la Construction et du logement. Le procureur de la République, Nouplezana Ouattara, qui avait lancé une information judiciaire contre Ouattara pour "faux et usage de faux" portant sur deux de ses cartes d'identité ivoirienne alors que le camp présidentiel tentait par tous les moyens de prouver que Ouattara était burkinabè et non Ivoirien, est également en détention. Idem pour l'ancien chef d'état-major de la gendarmerie, le général Séverin Konan, et l'ancien directeur général de la police, le général Attoh Nanguy, des proches de Bédié, ainsi que l'ex-directeur général de la radiotélévision, Ouattara Gnonzié, et le comptable de la présidence, Anthony Kanga. 16 janvier 2000 : on s’entredéchire au sein du PDCI pour prendre le contrôle du parti. Le secrétaire général, Laurent Dona Fologo, se fait reconduire à son poste, non sans mal, tandis qu’un ancien ministre d'HouphouëtBoigny, Balla Keïta, qui vient d’être nommé conseiller spécial du général Gueï, met sur pied un rassemblement des "houphouëtistes. Un Balla Keïta qui annonce déjà qu’il soutiendra Robert Gueï si ce dernier se présente à la prochaine présidentielle. 21 janvier 2000 : Amnesty International se dit « préoccupée par la détention, hors de tout cadre légal, de plusieurs dizaines de personnes ». Question droits de l’homme, il y a d’autres soucis. Les militaires font le ménage dans la pègre locale et flinguent à tour de bras sans autre forme de procès. Il s’agit de récupérer une partie de condamnés qui s’étaient échappés de la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (MACA) pendant le coup de force des 23 et 24 décembre. Les forces de l’ordre ont même mis en ligne un numéro de téléphone à leur P. C. de crise, sur lequel la population peut appeler pour dénoncer d’éventuels délinquants. 1 500 appels par jour … 24 janvier 2000 : Gueï annonce des élections générales avant la fin octobre et la mise sur pied d’une Commission consultative, constitutionnelle et électorale (CCCE), pour préparer un projet de nouvelle Constitution et une nouvelle loi électorale. 26 janvier 2000 : Gueï signe une amnistie des dirigeants et militants du RDR qui avaient été condamnés à des peines de prison sous le régime de Bédié. 28 janvier 2000 : libération de tous les officiers, une quarantaine, détenus depuis le putsch. Début février, quatre d’entre eux seront de nouveau arrêtés pour "atteinte à l'ordre public" et "rébellion, puis finalement relâchés sans autre forme de procès, le 23 mars. Le général Maurice Tauthuis, ancien chef de l'armée de terre, mis en cause lui aussi, a préféré prendre la fuite.
Février 2000 : la CCCE patauge et butte toujours sur le même problème qui taraude la classe politique ivoirienne : comment empêcher Ouattara d’être candidat à n’importe quelle élection ? La sous-commission chargée de la Constitution, qui comprend 120 membres, représentant les partis politiques et la société civile, adopte un texte stipulant que tout candidat à la présidence doit être "ivoirien de naissance, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens de naissance" alors que le RDR de Ouattara avait proposé que les candidats soient "de nationalité ivoirienne de naissance ou acquise depuis au moins 15 ans". Durant les débats, certains commissaires ont proposé que des conditions de nationalité soient également appliquées à l'épouse du candidat au nom du secret d'Etat qu'elle pourrait partager avec son mari. Une bonne idée, l'épouse de Ouattara étant de nationalité française … 15 février 2000 : l'ancien ministre de l'Intérieur, le colonel Emile Constant Bombet, est arrêté par des militaires et est accusé d'"activités subversives". Il sera libéré le 10 mars. 25 février 2000 : l'avocat français Jacques Vergès, mandaté par Gueï pour récupérer les avoirs ivoiriens détournés et déposés sur des comptes bancaires à l'étranger, affirme que plus de 100 milliards de francs CFA ont été détournés sous l'ancien régime. 29 février 2000 : l'ancien président Bédié dénonce un "putsch" dans son parti, le PDCI-RDA, et demande, de Paris, l'annulation d'un congrès extraordinaire devant désigner une nouvelle direction. 14 mars 2000 : la Ligue ivoirienne des droit de l'Homme (LIDHO), proche du FPI de Gbagbo, dénonce la délivrance « massive » de cartes nationales d'identité ivoirienne à des « non Ivoiriens », parlant de « faits de nature à porter atteinte à la souveraineté du peuple de Côte d'Ivoire ». Grande pagaille dans la révision des listes électorales en vue d’un référendum constitutionnel.
20 mars 2000 : Laurent Gbagbo lâche franchement ce qu’il a sur le cœur et déclare qu’il serait « choqué » que Ouattara se présente à la présidence. 25 mars 2000 : les « jeunes gens » comme les avait appelés Gueï, en l’occurrence les putschistes de la Saint Sylvestre, regroupés dans une structure baptisée "La Camora", font fermer le quotidien "Le National", proche de l'ancien président Bédié. Le général Palenfo, ministre de la Sécurité et numéro 2 de la junte, reconnaît l'existence de "La Camora", une "Camora" qui a une fâcheuse tendance à faire justice elle-même. 28 mars 2000 : une mutinerie pour des revendications salariales à Daloa fait un mort. 19 avril 2000 : le général Gueï remet le projet de Constitution aux partis pour concertation, les conviant à préparer leurs observations pour le 26 avril. Pure hypocrisie, puisque Gueï s'est déjà prononcé pour le projet de Constitution interdisant d'être candidat à la présidentielle à quiconque s'est "prévalu d'une autre nationalité". Ce que Ouattara a précisément fait, au nom de la Haute-Volta (l'actuel Burkina Faso), durant sa carrière dans des institutions internationales. 26 avril 2000 : abrogation de la "loi anti-casseurs", adoptée en 1992. 12 mai 2000 : la junte programme le retour à la démocratie pour fin octobre après une série de consultations électorales. Devant des ambassadeurs, Gueï se lâche et confirme qu’il a opté pour l’exclusion de Ouattara. Il s’en prend vivement au RDR, affirmant avoir réuni contre lui des « preuves pour atteinte à la sûreté de l'Etat ». « Certains s'agitent, notamment nos frères et sœurs du RDR. On va même à dire qu'ils vont commettre des crimes, qu'ils vont tuer untel, s'ils ne sont pas candidats... Qu'ils vont aller jusqu'à la guerre civile. Mais, écoutez, dans quel pays du monde, il n'y a pas de lois ? », déclare-t-il. 16 mai 2000 : interdiction aux leaders politiques de quitter le pays sans autorisation préalable. 18 mai 2000 : les ministres proches de Ouattara sont limogés du gouvernement où les militaires entrent en force. Ce nouveau gouvernement relègue à nouveau Ouattara dans l'opposition. 26 mai 2000 : le projet définitif de Constitution qui doit être soumis le 23 juillet à référendum est publié au journal officiel. Dans ce projet, le candidat à la présidence doit être "ivoirien d'origine, né de père ou de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine", il "ne doit jamais avoir renoncé à la nationalité ivoirienne" et ne "doit s'être jamais prévalu d'une autre nationalité". Etonnement, Ouattara annonce aussitôt qu’il appellera ses partisans à voter « oui » au référendum. Il déclare que les « ambiguïtés » sur les conditions d'éligibilité « ouvrent la voie à de multiples interprétations de la Constitution et de ce fait sont porteuses de dangers pour l'avenir du pays », mais ajoute : « Cependant je fais confiance à la sagesse du chef de l'Etat et du CNSP, afin qu'ils dissipent ces zones d'ombre sur le projet de Constitution ». On peut toujours rêver … 6 juin 2000 : la justice ivoirienne lance un mandat d'arrêt international procédural contre Henri Konan Bédié, pour "détournement de fonds publics", sans l'assortir toutefois d'une demande d'extradition. 3 juillet 2000 : le RDR dénonce « des anomalies dans la révision des listes électorales », affirmant que « des dizaines de milliers d'Ivoiriens ont été de façon discriminatoire et arbitraire extraits des listings électoraux par omission ou pour carte nationale d'identité douteuse ». 4 et 5 juillet 2000 : des centaines de soldats se mutinent pour des revendications matérielles. Nombreux pillages. Le général Gueï affirme qu'il s'agit d'une tentative de coup d'Etat et que le mouvement a été « manipulé » par des politiques. 35 militaires, dont huit officiers, sont interpellés. Quatre responsables du RDR seront interpellés peu après cette mutinerie, puis libérés le 14 juillet. 17 juillet 2000 : on verrouille pour être sûrs et certains que Ouattara ne pourra pas être candidat. Gueï annonce un changement in extremis du projet de Constitution soumis à référendum le 23 juillet, touchant aux conditions d'éligibilité du candidat à l'élection présidentielle. La nouvelle version de l'article 35 du projet stipule que le candidat à l'élection présidentielle "doit être ivoirien d'origine, né de père et de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine". La version antérieure, publiée au journal officiel du 26 mai, comportait un "ou" à la place du "et" : "né de père ou de mère eux-mêmes ivoiriens d'origine". Cette modification de dernière minute fait l'objet d'un décret présidentiel alors que la campagne pour le référendum constitutionnel est ouverte depuis le 15 juillet. 20 juillet : Me Boga Doudou, un des avocats des mutins arrêtés après la mutinerie du 4 juillet, dénonce les menaces de mort qui pèsent sur eux, et des cas de tortures.
21 juillet 2000 : la principale association des musulmans de Côte d’Ivoire, le Conseil national islamique (CNI), présidé par Idriss Koudouss Koné, dénonce ce projet de Constitution. 23 et 24 juillet 2000 : référendum constitutionnel. 86,53 % de "oui". Tous les partis avaient appelé à voter, mais Ouattara avait critiqué les conditions d'éligibilité à la présidence incluses dans la Constitution. Au lendemain du référendum, le ministre français délégué à la Coopération, Charles Josselin, lance un double avertissement aux autorités ivoiriennes. « La question qui nous paraît essentielle, c'est d'éviter que les électeurs ivoiriens aient l'impression d'être privés de leur liberté de choix », déclare-t-il, ajoutant : « Il ne doit pas y avoir d'exclusion artificielle de l'un ou l'autre candidat ». Une allusion explicite à Alassane Ouattara. Cette déclaration de Charles Josselin entraînera une très, très grosse colère du FPI de Gbagbo et des manifestations de protestation devant l’ambassade de France à Abidjan. 27 juillet 2000 : la junte interdit à Ouattara de tenir une conférence de presse au cours de laquelle il entendait présenter son programme de gouvernement. Et dans la foulée, elle lui interdit de quitter le pays. 4 août 2000 : sept soldats, impliqués dans les mutineries des 4 et 5 juillet, sont condamnés à 10 ans de prison ferme pour "viol de consigne, révolte et pillage" par le tribunal militaire d'Abidjan. D’autres seront aussi condamnés à de la prison ferme au fil des audiences. 9 août 2000 : ô surprise ! Gueï est candidat ! Le général Gueï se décalre candidat à l'investiture de l'ex-parti au pouvoir, le PDCI, pour la présidentielle. Refus du PDCI. Le général se déclare alors « candidat du peuple ». C’est beaucoup plus simple. 6 septembre 2000 : six membres de la garde du général Gueï sont inculpés "d'atteinte à la sûreté de l'Etat". Ces six caporaux sont des proches du sergent chef Ibrahim Coulibaly, dit "I.B.", l'un des principaux chef de la garde rapprochée de Gueï, qui venait d’être envoyé précipitamment "en stage" à l'ambassade de Côte d'Ivoire au Canada. Ibrahim Coulibaly, l'un des soldats qui ont pris les armes le 23 décembre lors d'une mutinerie qui a abouti au coup d'Etat du 24 décembre 1999, était considéré comme un proche d'Alassane Ouattara, ayant été son garde du corps lorsque ce dernier était Premier ministre. À ce moment, "I.B." avait bien quitté la Côte d'Ivoire mais sans rejoindre son affectation au Canada. 17 septembre 2000 : dans un discours violent contre Alassane Ouattara, le général Gueï annonce que « l'heure est arrivée pour que l'épée s'impose ». Nuit du 17 au 18 septembre 2000 : le "complot du cheval blanc". La résidence privée du général Gueï est attaquée par des soldats de sa garde. Deux militaires loyalistes sont tués et 15 assaillants arrêtés. Les numéros 2 et 3 de la junte, les généraux Lassana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly, sont limogés puis accusés d'avoir commandité l'attaque. Ils trouvent refuge à l'ambassade du Nigeria à Abidjan. Parmi les militaires arrêtés, des membres de la "Cosa Nostra", comme le sergent Chérif Ousmane, le caporal Oumar Diarrasouba alias "Zaga-Zaga", le sergent-chef Souleymane Diamandé alias "La Grenade", le sergent Ouattara Issiakaalias "Wattao". Ils seront sévèrement torturés à la poudrière d’Akouédo. Souleymane Diamandé y laissera la vie, Wattao en ressortira avec une jambe en miette, Chérif Ousmane quelques dents arrachées. On retrouvera tout ce groupe à la tête de la tentative de coup d’Etat contre Gbagbo en septembre 2002. Lors de l’attaque de la résidence de Gueï, son cheval blanc fut tué, d’où le « complot du cheval blanc ». 21 septembre 2000 : le général Gueï met en garde les diplomates et les étrangers contre toute ingérence dans le processus électoral. Ce 21 septembre est déclaré par les journalistes "Journée presse morte contre la délinquance militaire". Les journalistes des médias proches de Bédié ou de Ouattara sont régulièrement interpellés ou menacés sans autre forme de procédure judiciaire. 22 septembre 2000 : le général français Jeannou Lacaze, ancien chef d’état-major de l’armée française dans les années 80, arrive à Abidjan pour renforcer la sécurité du général Gueï. Remaniement du gouvernement : les généraux Lassana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly sont limogés. 24-25 septembre 2000 : l'Organisation de l'unité africaine (OUA) propose la mise en place d'un "conseil de transition", une proposition fraîchement accueillie. 3 octobre 2000 : le RDR dénonce une « tentative d'enlèvement » de l'épouse de Ouattara. La junte affirme qu'il s'agit d'une opération pour démanteler un réseau fomentant des troubles.
Nuit du 5 au 6 octobre 2000 : l’Ivoirité a encore de beaux restes. Quatre Burkinabè - dont une femme - sont tués par balle puis égorgés dans un campement de travailleurs agricoles à la sortie de Grand Béréby, à 330 km à l'ouest d'Abidjan. Ces meurtres sont liés au conflit qui oppose les autochtones Kroumens aux étrangers vivants dans la région. 6 octobre 2000 : et les heureux gagnants du concours "Qui peut être candidat à la présidence ?" sont … Robert Gueï, Laurent Gbagbo, Théodore Mel Eg, Nicolas Dioulo, Francis Wodié. Cherchez Ouattara. Cherchez aussi un candidat du PDCI. Bédié s’était déclaré candidat et avait, comme Ouattara, fait déposer un dossier.retenus par Cour suprême pour la présidentielle sont Le lendemain, les Etats-Unis suspendent leur aide à la préparation des élections en raison de la décision de la Cour suprême d'exclure 14 des 19 candidats. A contrario, la France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Hubert Védrine, estime que « l'élection à venir est légale car elle est conforme à la Constitution ivoirienne ». Tellement « légale » que la junte avait dû instaurer le couvre-feu pour annoncer le nom des heureux gagnants de cette parodie d’élection à venir. Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, fait dire qu’il « déplore vivement les restrictions ainsi portées au libre choix des électeurs ivoiriens ». Finalement, l'Union européenne suspendra elle aussi - et donc la France - son assistance financière à la présidentielle. 8 octobre 2000 : exercice de style genre faux-cul réussi avec brio par Gueï qui déclare : « J'aurais souhaité certes qu'il y ait plus de candidatures, plus de candidats pour que la démocratie puisse être une réalité, mais avec cinq déjà je crois que la démocratie n'a pas perdu la bonne route. » 9 octobre 2000 : les généraux Lassana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly, toujours réfugiés à l'ambassade du Nigeria à Abidjan, écrivent à Gueï : « Contrairement à ce que tu affirmes, ta candidature et ta volonté d'écarter celles des autres est le problème majeur de la Côte d'Ivoire aujourd'hui. Toute autre considération n'est que diversion. Si demain notre pays brûle, tu en seras le premier responsable. » 11 octobre 2000 : un groupe de "barons" et députés du PDCI officialise son ralliement à Gueï. Polémique sur leur nombre exact. 19 octobre 2000 : Gueï assure qu'il reconnaîtra sa défaite s'il est vaincu et remettra le pouvoir. Les Imams demandent aux musulmans « de rester chez eux le jour du vote ». 20 octobre 2000 : Laurent Gbagbo prévient qu'il fera descendre ses militants dans la rue si le scrutin est truqué. Dimanche 22 octobre 2000 : l’élection présidentielle se déroule sans incident majeur. Le RDR et le PDCI avaient appelé au boycottage. Lundi 23 octobre 2000 : décrété férié par Gueï. Ses partisans et ceux de Gbagbo crient victoire. Mardi 24 octobre 2000 : deux gagnants, ça fait beaucoup. Le ministère de l'Intérieur annonce la dissolution de la Commission nationale électorale (CNE) et la victoire du général Gueï. Laurent Gbagbo se déclare "chef de l'Etat" et appelle ses militants à descendre dans la rue. Gueï se proclame « premier président de la deuxième République » ivoirienne et décrète un couvre feu et l'état d'urgence du mardi 24 au jeudi 26. Il remercie le peuple de l’avoir élu avec ces mots : « Dans un grand élan de maturité et de solidarité, vous venez d'accomplir votre devoir de citoyens dont le résultat fait de ma modeste personne, le premier président de la deuxième République ». Paris lui lance une sévère mise en garde. Il s’agit pour la France, de toute évidence, de mettre en scelle son poulain Laurent Gbagbo, et tant pis si l’élection ne fut qu’une mascarade. Déjà neuf morts à Abidjan parmi les manifestants qui contestent la victoire de Gueï. Mercredi 25 octobre 2000 : la junte cède, Gbagbo passe en force. Une marée humaine se met en marche à l’appel du FPI de Gbagbo pour chasser la junte du pouvoir. Attaque du camp d'Akouédo, où se trouve notamment la "poudrière", fief des hommes de la "brigade rouge", la garde prétorienne du général Gueï. Le numéro deux de l'état-major de la gendarmerie, le commandant Batté, annonce le ralliement de la gendarmerie aux manifestants anti- Gueï. Dans plusieurs quartiers d'Abidjan, on peut voir des gendarmes fraterniser avec les de manifestants qui exigent le départ du général. Brève déclaration de Gbagbo à la radio et à la télévision nationales, présenté comme le « premier président de la deuxième République de Côte d'Ivoire ». Un Gbagbo qui remercie les Ivoiriens d'avoir répondu à son « appel à la résistance au coup d'Etat électoral » du général Robert Gueï.
Le chef de la garde présidentielle, le lieutenant Laurent Boka Yapi, annonce avoir demandé à ses hommes de « cesser le combat ». Le chef d'état-major de l'armée appelle les militaires à « regagner immédiatement les casernes ». Le RDR de Ouattara qualifie « d'illégitime » cette élection et réclame un nouveau scrutin « avec la participation de tous les candidats ». C’est alors que plusieurs milliers de partisans de Ouattara commencent eux aussi à manifester dans Abidjan, dans les quartiers de Treichville, Cocody, Abobo et Marcory, scandant "ADO, président". Les 23 soldats arrêtés après le "complot du cheval blanc" de septembre sont libérés et l’on apprend que quatre d’entre eux ont été torturés avant de mourir. « Diomandé Souleymane, dit "la grenade", Sansan Kambiré, Siriki Ouattara et un Burkinabé ont été tués par les éléments de Boka Yapi », raconte l'un des ex-détenus. Le corps de Souleymane Diomandé sera retrouvé par sa famille à la morgue du CHU de Yopougon le 30 octobre. 26 octobre 2000 : Ouattara demande la tenue de « nouvelles élections présidentielles » vers le 27 novembre, qualifiant le scrutin de « hold-up » électoral. Des affrontements entre ses partisans et des gendarmes qui tirent des coups de feu en direction de sa résidence l’amène à se réfugier dans la résidence de l'ambassadrice d'Allemagne qui jouxte son domicile. Pour entériner rapidement la victoire de Gbagbo, Paris demande déjà la tenue rapide d’élections législatives, considérant ainsi que la "page présidentielle" est tournée. L’AFP titre une de ses dépêches ainsi : « L'affrontement politique vire à la guerre ethnico-religieuse » Et l’Agence France-Presse peut alors écrire : « Au plus fort des affrontements, qui ont pris jeudi des airs de guerre civile entre nordistes musulmans, partisans d'un ancien Premier ministre et militants sudistes, animistes ou chrétiens, du Front populaire ivoirien (FPI - socialiste), la Commission nationale électorale a fini par proclamer la victoire du socialiste Laurent Gbagbo, candidat du FPI à la présidentielle du 22 octobre. (…) Alors que le sort du général Gueï, dont la junte était tombée la veille, restait toujours inconnu, les rues de Côte d'Ivoire ont été le théâtre d'affrontements meurtriers entre partisans du FPI, sûrs de leur victoire, et ceux du Rassemblement des républicains (RDR), choqués de voir M. Gbagbo tirer aussi facilement les marrons du feu. Les militants du RDR entendaient demander l'organisation d'un nouveau scrutin, leur candidat ayant été exclu du dernier vote par la cour suprême, acquise à la junte. Le président sud-africain, Thabo Mbeki avait dès mercredi fait la même requête. Il a été suivi, jeudi, par le président en exercice de l'Organisation de l'unité africain (OUA) le Togolais Gnassingbé Eyadéma, doyen des chefs d'Etat du continent. La France, ancienne puissance coloniale, a, par la voix de son ministère des Affaires étrangères, demandé l'organisation d'élections législatives, semblant se satisfaire d'une présidence attribuée à Laurent Gbagbo, membre de l'Internationale socialiste et proche du parti socialiste français qui gouverne à Paris. Les partisans de M. Ouattara estiment que l'élection de M. Gbagbo est « illégitime », du fait de l'exclusion de leur candidat et puisqu'elle n'a été acquise qu'au prix d'un taux d'abstention de l'ordre de 65 %. Descendus dans les rues jeudi, à Abidjan comme dans plusieurs grandes villes du pays, ils ont été la cible des militants du FPI, auxquels s'étaient ralliées les forces de gendarmerie. Des coups de feu ont été tirés sur la résidence de M. Ouattara, dans le quartier résidentiel huppé de Cocody à Abidjan. Il a dû se réfugier chez sa voisine, l'ambassadeur d'Allemagne. A la même heure, le conseil national islamique -CNI principale organisation représentative des musulmans de Côte d'Ivoire- faisait état d'une quinzaine de morts -par balles et par bastonnade- et de l'attaque de plusieurs mosquées à Abobo, un faubourg populaire d'Abidjan. »
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DEMOCRATIQUE
4 ème et dernière partie : les sinistres débuts de l'ère Gbagbo
EN
COTE
26 octobre 2000, suite : l’accession à la présidence de Laurent Gbabgo commence dans les pires conditions qui soient, et la chasse aux musulmans et autres étrangers donne le ton de ce que sera son régime. Les dépêches des agences de presse seront de plus en plus "terribles", comme celle-ci, toujours de l’Agence France-Presse, datée du 26 octobre 2000. «
Scènes de chasse à l'homme dans les quartiers d'Abidjan. Sur la place du quartier des "220 logements" à Adjamé, des petits groupes tiennent des barricades de bric et de broc. Des kiosques de la Loterie nationale se consument. "Nous voulons des vraies élections ", lance Abdoulaye Bassandé, 32 ans, debout, le visage enduit de suie, près d'un pneu qui brûle. Deux véhicules de transports de troupes blindés et un camion de la gendarmerie arrivent en trombe. Casque anti-émeute sur la tête, les gendarmes jaillissent, lance-grenades lacrymogènes à la main. La petite foule de manifestants se disperse, l'odeur âcre des gaz se mêle à celle de la fumée. De derrière le camion, surgit un petit groupe d'hommes en civil, qui déblaye les barricades. Puis, gourdins à la main, ils encerclent un petit groupe de femmes qui n'ont pas le temps de fuir. Menaçants, mais sans les frapper, ils leur hurlent à la figure : "Burkinabè, on veut pas! ", allusion évidente aux origines burkinabè de l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara. "C'est les gros-bras du FPI
", le Front populaire ivoirien (FPI) du président élu Laurent Gbagbo, murmure un habitant qui observe la scène. Sur toute la longueur de la grande rue d'Adjamé, barricades et voitures retournées se succèdent. Un petit cortège passe: "On veut voter! On veut voter! ", scandent les partisans M. Ouattara, candidat du Rassemblement des républicains (RDR) éliminé de la course à la présidence par la Cour suprême. Dans le quartier chic de Cocody, ce sont des "On va les tuer " qui répondent, avec de véritables scènes de chasse à l'homme. Le visage blanchi au kaolin, scandant "Alassane, Burkinabè, va dans ton pays ", une centaine de militants du FPI ont voulu attaquer la résidence de M. Ouattara. Gourdins et machettes en mains, ils ont pourchassé tout ce qui dans le quartier ressemblait à un "dioula", les ressortissants du Nord, région d'origine de M. Ouattara. Les propriétaires des villas cossues du quartier ont recueilli les blessés. Ici encore, les gendarmes sont présents, couchés en position de tir sur le toit d'une maison voisine, canon pointés sur l'entrée de la luxueuse demeure de l'ancien chef de gouvernement. Un "dozo" (chasseur traditionnel) de la garde de M. Ouattara ouvre le feu. Selon les assaillants, un des leurs est mortellement touché. La foule des partisans de M. Ouattara est brutalement dispersée et la course-poursuite s'engage dans le quartier. Poursuite sanglante, où les coups de machette partent vite. Dans le "village" de Blokosso, en bord de lagune, un journaliste de l'AFP a pu voir six corps entassés, avec de profondes blessures. Un groupe de journalistes qui filmaient et photographiaient la scène a ensuite été pris à partie par la foule et n'a réussi à repartir qu'après de longues et difficiles tractations. Ailleurs à Cocody, des gendarmes bastonnent ferme. Au Plateau, non loin de la maison du général Robert Gueï, le chef de l'ex-junte, un journaliste occidental a vu des gendarmes en train de frapper cinq hommes, qui avaient été entièrement déshabillés et forcés à s'allonger par terre. Furieux les gendarmes, lui ont ordonné de passer rapidement son chemin. » 26 octobre 2000, toujours : le président de l'Internationale socialiste, Antonio Guterres, Premier ministre portugais de l’époque, salue « fraternellement » le président élu de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, en ces termes : « La victoire que vous avez obtenue témoigne de la volonté de changement du peuple de Côte d'Ivoire ». Et tant pis si les machettes brassent toujours de l’air dans les rues d’Abidjan.
L'Union européenne en appelle quand même au « sens des responsabilités des dirigeants politiques » ivoiriens pour que soit mis fin aux « affrontements fratricides ». Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, appelle encore à la tenue de nouvelles élections. « Il existe maintenant une possibilité de mettre en place un processus politique démocratique qui permettra au peuple de Côte d'Ivoire d'élire librement ses représentants », déclare-t-il. Les affrontements entre militants du RDR et ceux du FPI gagnent l’Ouest : San Pedro, Gagnoa et Daloa s’animent. Les morts tombent. Au moins quatre à Bouaké, 36 à Abidjan pour cette seule journée du jeudi 26 octobre. Ce n’est qu’un premeir décompte … Gbagbo joue les grands seigneurs et offre des postes ministériels à ses rivaux politiques, tout en réaffirmant avec force qu’il ne lâchera jamais la présidence : « A Yamoussokro, je me suis engagé à former un gouvernement d'union nationale, et je le contacterai », déclare-t-il en parlant de Ouattara. Mais il ajoute : « Il y a deux choses sur lesquelles je ne reviendrai jamais. La première, c'est la constitution. La deuxième, ce sont les élections. Tout le reste est discutable ». Et il se lâche, car l’essentiel est toujours ailleurs. Interrogé sur la question de l'"ivoirité" de Ouattara, Gbagbo répond : « Quand j'entends cette question, je vous assure, j'ai envie de pleurer. Ce n'est quand même pas un concept que j'ai personnellement inventé. (…) J'ai été choqué que M. Ouattara, qui a travaillé avec la nationalité voltaïque, qui a été fonctionnaire au nom de la Haute-Volta, aujourd'hui le Burkina, qui a acheté une maison à Ouagadougou, présente aujourd'hui sa candidature à la présidence ivoirienne. » Adepte du pur-sang, Laurent Gbagbo, disciple émérite de Bédié, et rien d’autre. Et encarté à l’Internationale socialiste ! Las, ce jeudi 26 octobre 2000, Gbagbo est proclamé président de la République ivoirienne par le président de la chambre constitutionnelle de la cour suprême, Tia Koné, lors d'une cérémonie au Palais présidentiel, retransmise en direct par la radio nationale. Laurent Gbagbo pourra se targuer d'avoir été "élu" avec 59,36 % des suffrages exprimés, mais les chiffres parlent d'eux-mêmes : sur 5.475.143 d'électeurs inscrits, Gbagbo n'a obtenu que 1.065.597 voix. A peine 20 % des électeurs inscrits ! Piètre victoire … Le soir, les Etats-Unis se prononcent pour de nouvelles élections : « La tenue d'élections libres, justes et générales sera nécessaire pour restaurer pleinement la légitimité du gouvernement de Côte d'Ivoire et rétablir la démocratie », déclare le porte-parole adjoint du département d'Etat, Philip Reeker. 27 octobre 2000 : Lionel Jospin, le Premier ministre socialiste français donne l’onction. « Il y a eu une élection dans un contexte particulier puisque certains candidats ont été écartés, mais elle s'est produite et les résultats semblent montrer que celui qui l'a emporté (Gbagbo) l'a emporté largement et a recueilli une légitimité », déclare-t-il. Fort de ce soutien majeur, Gbagbo peut alors nommer son Premier ministre, Affi NGuessan, qui était son directeur de campagne électorale. Puis il reçoit ses nouveaux opposants : Ouattara, d’abord, qui ne remet pas en cause "le président Gbagbo", et indique que la participation de son parti au gouvernement n'est « pas une priorité », préférant respecter une période de deuil pour les victimes des affrontements de la veille. Puis Laurent Dona Fologo, le secrétaire général du PDCI, qui lui, signe tout de suite pour des ministres dans le premier gouvernement de Gbagbo. 27 octobre 2000, toujours : tiens, un charnier ! « Les corps, apparemment tous d'hommes jeunes, ont été découverts dans une zone de brousse près de la zone industrielle du quartier de Yopougon, au nord de la capitale économique ivoirienne. Un premier groupe de 10 corps et un deuxième de huit sont allongés sur le sol autour d'un groupe plus important, comportant de 25 à 30 corps dont l'enchevêtrement rend le décompte précis difficile. De nombreuses douilles jonchent le sol, maculé de sang près des corps, et les cadavres présentent des traces de blessures par balles. Les chaussures des victimes sont posées sur le sol en plusieurs tas. Les victimes n'ont apparemment sur elles aucune pièce d'identité et sont pour la plupart partiellement dévêtues. », écrit l’Agence France-Presse. C’est le fameux charnier de Yopougon qui animera les débats pendant des années sans qu’aucun responsable ne soit jamais traduit en justice. Le RDR fait ses comptes : au moins 155 morts dans ces journées sanglantes.
En soirée, Gbagbo accouche de son premier gouvernement : 23 membres, dont 17 de son parti le FPI, quatre du PDCI (dans la joie), et deux au Parti ivoirien des travailleurs (PIT), de Francis Wodié, éternellement accroché à la locomotive qui passe devant lui. Et finalement, cette petite tuerie entre gens consentants n’était peut-être pas aussi grave qu’on aurait pu le penser, puisque dès ce 27 octobre - soyons précis, le lendemain du 26 - les Etats Unis font savoir leur intention de travailler avec le nouveau président Laurent Gbagbo. « Nous sommes prêts à travailler avec les autorités gouvernantes en Côte d'Ivoire. M. Gbagbo est entré en fonctions hier et nous travaillerons avec lui et son gouvernement », déclare le porte-parole adjoint du département d'Etat, Philip Reeker. Rappelons pour ceux qui auraient sauté quelques lignes, que la veille, ce même Philip Reeker avait indiqué que son pays réclamait la tenue d’une nouvelle élection « pour restaurer pleinement la légitimité du gouvernement de Côte d'Ivoire et rétablir la démocratie ». Bon, mais du jeudi au vendredi, il peut s’en passer des choses que le commun des mortels ignore. Car … le 30 octobre, le porte-parole en chef du département d’Etat, Richard Boucher précise l’avis du gouvernement américain : « Nous pensons qu'il faut premièrement tenir les élections législatives prévues (le 10 décembre) et deuxièmement avoir une élection présidentielle libre, équitable et ouverte à tous. » 28 octobre 2000 : le tout nouveau ministre de l’Intérieur, Emile Boga Doudou, affiche tout de suite un humour impayable. Il promet une enquête impartiale sur le charnier de Yopougon … Après un déjeuner à Paris, avec le président Jacques Chirac, le président du Togo, Gnassingbé Eyadema, à l’époque président en exercice de l'OUA, n’est plus tout à fait certain de la nécessité d’une nouvelle élection. Si le gouvernement de Gbagbo « convient aux Ivoiriens », il faut « les accompagner », déclare-t-il. Le RDR demande la création d'une commission d'enquête internationale sur les violences politiques et ethno-religieuses. Dans le même temps, le bureau politique du RDR dénonce « une forme d'épuration ethnique puisque la plupart de ceux qui sont morts ont été exécutés par des éléments de la gendarmerie sur dénonciation de militants du FPI, au seul motif qu'ils ont des patronymes du nord ou qu'ils sont de religion musulmane. » 29 octobre 2000 : encore un titre de dépêche qui donne froid dans le dos. « Nuit calme mais beaucoup sont demeurés éveillés "avec la peur au ventre" », écrit l’AFP qui précise : « Beaucoup - parmi les étrangers et les nordistes - sont demeurés terrés chez eux dans la peur d'être attaqués. Contrairement à la nuit précédente cependant, les différentes communautés n'ont pas veillé, armés de gourdins et de machettes, aux abords de leurs quartiers respectifs, sauf en certains endroits de la commune populaire d'Abobo, où les Dioulas (nordistes musulmans) ont organisé des "zones de sécurité". » Des comptes rendus bien niais de la part de l’AFP qui n’avait sans doute pas ouï les propos forts raisonnables de Lionel Jospin, qui, interrogé deux jours plus tôt sur les affrontements entre les communautés ivoiriennes, avait répondu qu’il n'avait « pas une approche ethnique de la vie politique ». Faut-il être sot pour chercher à savoir, qui tient la machette ! Devant la résidence de Ouattara, un hôpital de fortune s’est installé sous des bâches, où l’on soigne des centaines de blessés, qui a la machette, qui par balle. L’AFP s’en va les voir ces miraculés, et c’est pas joli : « Les "rescapés" racontent deux jours de terreur aux mains des forces de l'ordre. Visages tuméfiés, bras cassés, brûlures, plaies par balles : une cinquantaine de blessés, assis sous une bâche, se font soigner dans un hôpital de fortune. Rescapés de camps de gendarmerie ou de l'école de police d'Abidjan, ils racontent deux jours de tortures et de terreur. (…) La plupart affirment avoir été victimes de tortures jeudi et vendredi dans un camp de gendarmerie d'Abobo, au nord de la ville, ou dans celui d'Agban, le plus grand d'Abidjan ou dans les locaux de l'école de police, situé au centre de la ville. Daouda -qui comme les autres témoins demande que l'on taise son nom de famille- a le dos strié de plaies. Il est brûlé sur le bras et les jambes. (…) "On n'était pas encore sorti d'Abobo quand les militants du FPI nous ont repoussés. Ils ont commencé à me frapper, puis m'ont livré aux gendarmes", raconte-t-il. "Au camp, ils nous ont mis à poil. Ils nous frappaient avec la crosse de leur fusil. Moi, ils m'ont roulé dans un barbelé. Ils m'ont dit "tu dois sortir de là en trois minutes", sinon on t'abat".
Ensuite, il a été brûlé en plusieurs endroits du corps avec des sacs en plastique fondus. Siriki, 31 ans, était enfermé dans le même camp, où il a passé toute la journée de jeudi. La plante de ses pieds est à vif. Il ne parle pas très bien le français mais explique comment deux hommes l'ont fait marcher sur un feu dans la cour de la gendarmerie. Baba, 33 ans, lui a été arrêté par des policiers jeudi à Yopougon, une autre vaste commune populaire au nord d'Abidjan. Il avait été appelé par d'autres musulmans pour aller défendre une mosquée, attaquée selon lui par des militants du FPI "armés de machettes". "Devant nous ils ont égorgé trois personnes", raconte-t-il. » Mais ce n’est pas fini. L’AFP poursuit : « Les témoignages se succèdent ainsi, faits de tortures et de coups, de disparitions. Personne ne peut donner de chiffres précis sur le nombre de morts ou des victimes de ces rafles. Des témoins, qui logeaient dans un hôtel non loin de l'école de police, ont dit à l'AFP avoir entendu des cris et des coup de feu, pendant plusieurs heures jeudi et vendredi, et ont vu de leur fenêtre des gens être frappés et contraints à ramper. Les rescapés sont formels : toutes les victimes étaient des musulmans, Ivoiriens ou étrangers. Ils se disent prêts à témoigner devant un tribunal, si leur sécurité est garantie. » Insistons encore. Autre dépêche, datée du 30 octobre, un "reportage", précise l’AFP : « Il y a les restes de maisons calcinées, les impacts de balles dans les murs, les blessures des femmes, les frères disparus. Dans cette cour de la commune populaire d'Abobo, les familles dioula vivent la peur au ventre. A l'entrée du quartier, des barrages de tables et de tôle. De 19H00 à 6H00 du matin, les jeunes hommes ont veillé, comme toutes les nuits depuis les sinistres événements de jeudi quand les militants du Front populaire ivoirien (FPI) d'abord puis les gendarmes les ont attaqués. Les membres de l'association locale de jeunes se sont organisés en brigades et se relaient pour protéger leurs familles. "On a nos machettes, nos gourdins. Le soir, le quartier est fermé, personne n'entre", dit Ayarba, 24 ans. "Personne n'arrive à dormir. Dès qu'il y a un bruit, on a peur", disent les dioulas (ethnie du nord musulman). Dans la cour, femmes en boubou et enfants déguenillés sont à l'ombre. Une douzaine de familles habitent ici. Un homme se lamente : il n'a plus rien. Son maquis (petit restaurant) qui donnait sur la rue est parti en fumée. Comme le kiosque du menuisier, celui du libraire, du quincaillier ou les maisonnettes mitoyennes. Ici chacun a une histoire terrible à raconter. Pour raisons de sécurité les vrais noms des témoins ne sont pas cités. "Les gendarmes ont brûlé mon restaurant de spaghetti, ceux-là même qui venaient manger chez moi à crédit", dit Adama devant les gravats. "Et la sœur, là-bas, qui vendait du charbon. Elle n'avait pas grand-chose. Là il y avait le lit, là la télévision noir et blanc", dit-il montrant deux pièces dévastées. Les habitants l'assurent, c'est le commandant de gendarmerie qui a jeté l'allumette. "Je le connais, il disait "petit dioula on va te tuer… arrosez-les tous"", dit Ismaël, 23 ans. Quand le feu a pris, femmes et enfants sont montés sur le toit. Le vieil invalide raconte comment les jeunes l'ont hissé dans son fauteuil roulant à travers la tôle. "Les gendarmes ont défoncé le portail, les portes des maisons avec des barres de fer. Ils ont pris un jeune dans la cour, un footballeur, ils l'ont déshabillé et lui ont tiré une balle dans le pied", dit Ali. Ahmed, lui, n'a plus de nouvelles de son frère. "Il traversait le rond-point, les gendarmes l'ont frappé, déshabillé et mis dans le +bâché+ (camionnette). Depuis on n'a pas de nouvelles, on l'a cherché partout, à la police, dans les hôpitaux. Rien", dit-il. Ils ont vu plusieurs hommes ainsi être poussés dans des camionnettes en direction du camp de gendarmerie à moins d'un km de là. Ibrahim, 55 ans, qui s'est réfugié dans une cour voisine, a été pris un peu plus loin. Il n'ose plus rentrer chez lui. "Ils ont foncé sur moi, m'ont battu, mis dans un +bâché+. Du sang coulait. Ils disaient +faut pas que tu salisses la voiture", dit-il le visage tuméfié, l'œil injecté de sang. Emmené à l'autre bout d'Abobo, dans le quartier de Clouetcha, les six gendarmes l'ont jeté dans la brousse. Les coups à nouveau. "Il y avait les corps de cinq hommes tués par balle, je me suis vu mort". Effectivement laissé pour mort, il s'est réveillé à la clinique, raconte-t-il. Dans une autre cour, à côté, les voisins montrent les impacts de balle sur les murs, une grenade lacrymogène, une douille. Là, Fatou, jeune fille de 25 ans, a elle aussi été déshabillée, battue. "Ils
voulaient me lancer dans les flammes". A la cuisse, elle a une sale blessure. Une autre a été frappée dans le dos avec une brique. Depuis dimanche, la vie a repris malgré la peur. Les femmes ont réinstallé tomates, piments et orange par terre sur des bouts de pagne colorés. » 31 octobre 2000 : on repêche des corps dans la lagune. Dix-huit cadavres ont été retrouvés dans la lagune d'Abidjan. Parmi les corps, il y avait quatre jeunes filles ou femmes et 14 hommes, dont au moins deux adolescents. Une partie des victimes se sont vraisemblablement noyées lors de la première manifestation du mardi 24 octobre, quand plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées bloquées sur l'avenue de la Paix, pris à partie par les forces de l'ordre. Des témoins ont dit avoir vu les militaires menacer les manifestants et leur enjoindre de « choisir entre sauter dans l'eau ou être tué par balles. » Puis l’Ecole de police d’Abidjan ouvre ses portes. Des centaines de personnes interpellées lors des manifestations pour la reprise de l’élection présidentielle sont été libérées. 1er novembre 2000 : il y a tellement de blessés - plus de 600 ont déjà été traités devant le domicile de Ouattara - que la Croix rouge de Côte d'Ivoire ouvre un centre de soins dans le quartier populaire d'Adjamé. Puis, bonne blague ou cynisme : Mathieu Ekra, le médiateur de la République annonce la création d'un "comité de médiation pour la réconciliation nationale". Mais il précise tout de suite : ce comité devra notamment « dissiper les incompréhensions concernant la légitimité du scrutin présidentiel et faire allégeance aux résultats du scrutin dans le but d'éviter d'autres épreuves à notre peuple ». En clair, faire admettre par tous que Gbagbo est un président « légitime », avant de tirer les rideaux. On les avait oubliés : les généraux Lassana Palenfo et Abdoulaye Coulibaly, qui s'étaient réfugiés depuis le 22 septembre à la résidence de l'ambassadeur du Nigeria à Abidjan, regagnent leurs domiciles. La fin des soucis ? Eh non. Accusés de "complicité de tentative d'assassinat" après l'attaque dans la nuit du 17 au 18 septembre de la résidence du général Gueï, Gbagbo ressortira cette histoire pour les mettre à nouveau au trou dans quelques mois. 2 novembre 2000 : Ouattara appelle Gbagbo à tourner le dos à la politique de "l'ivoirité". « Les affrontements étaient inévitables après la campagne de démagogie développée par Konan Bédié, poursuivie par Gueï avec la complicité, je regrette de devoir le dire, de Gbagbo », déclare-t-il dans un entretien à l'hebdomadaire français, Le Point. « Il faudrait qu'il (Gbagbo) fasse des gestes forts pour régler le problème de fond créé par le débat constitutionnel, les agressions commises contre les gens du nord. Il faudrait qu'il aille à la télévision et déclare que la politique d'ivoirité à été une catastrophe (...) Il doit dire le contraire de ce qu'il a dit ces derniers mois. C'est la seule façon que le pays s'en sorte », poursuite Ouattara dans cette interview. 5 novembre 2000 : le président Malien, Alpha Konaré, sonne le gals de la contestation, et légitime le nouveau régime. En se rendant à Korhogo pour y rencontrer Gbagbo, le président malien Alpha Oumar Konaré, également, et en la circonstance surtout, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), a clos les réticences internationales. Et puis, mine de rien, le procureur général de Côte d'Ivoire, Tidjane Tirera, déclare qu'une commission d'enquête nationale ou internationale sur les violences politiques serait « une bonne chose pour la justice », mais il souligne « les difficultés des investigations judiciaires ». Et il y en aura des « difficultés » …
"Hommage" à Guillaume Soro - de Venance Par Abou Kone dans OBSERVATOIRE document· Supprimer
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Guillaume le Conquérant - Par Venance Konan«Guillaume, aujourd’hui, tu es le quasi vice-président de la Côte d’Ivoire. Quel chemin tu as parcouru, à seulement 39 ans, et malgré pas mal de casseroles. Chapeau, l’artiste!» Par Venance Konan.
Chapeau bas pour Guillaume Kibafory Soro, alias Bogota, de son nom de guerre du temps de la Fédération des étudian...ts et scolaires de Côte d'Ivoire, la Fesci. Tu mérites effectivement respect, Guillaume, au vu de ton parcours. Chapeau, l’artiste! Te souviens-tu de ce jour de 1998 où je te remis le trophée de l’homme de l’année dans mon bureau de rédacteur en chef d’Ivoir’Soir? A cette époque tu étais le frêle secrétaire général de la Fesci et nos lecteurs t’avaient plébiscité pour le titre d’homme de l’année, parce que tu donnais du fil à retordre au gouvernement de Bédié. Et j’avoue que cela me plaisait bien de te décerner le titre, parce que j’aime bien ceux qui cassent les pieds aux pouvoirs politiques. A cette époque la Fesci ne réglait pas ses différends à coup de machette, ne tuait pas, ne violait pas, ne rackettait pas, et nous croyions que vous aviez raison d’exiger d’être formés dans de bonnes conditions. Nous ignorions que votre syndicat était l’appendice des partis d’opposition d’alors. Les caciques du régime de Bédié m’en ont voulu pendant longtemps pour t’avoir donné cette consécration. Je sais que tu t’en souviens, puisque tu m’en as parlé le jour où nous nous sommes rencontrés à nouveau dans ton bureau de secrétaire général des Forces nouvelles à Bouaké. Tu étais alors le ministre d’Etat, chargé de la communication dans le gouvernement d’après Marcoussis. Et aujourd’hui, tu es le quasi vice-président de la Côte d’Ivoire. Quel chemin tu as parcouru, depuis ce jour de 1998! A seulement 39 ans, et malgré pas mal de casseroles. Chapeau, l’artiste! Nous n’en croyions pas nos yeux En 1998 donc, tu es étudiant à l’université d’Abidjan et secrétaire général de la Fesci. Tu étais né à Kofiplé, dans les environs de Ferkéssédougou, en pays Sénoufo, là-bas dans le grand nord ivoirien. En 1999 tu cèdes la place à Charles Blé Goudé et disparaît de la scène. Tu ne réapparais qu’après la chute de Bédié, à la fin de 1999. En 2000 tu es le colistier d’Henriette Diabaté pour les législatives dans la commune de Port-Bouët. La candidature d’Alassane Ouattara est refusée et le Rassemblement des républicains de Côte d'Ivoire, le RDR, son parti sous les couleurs duquel tu voulais te présenter, se retire des élections. Tu disparais à nouveau. Tu te caches dans un premier temps dans une villa inoccupée à Vridi-Cité, dans la petite cité dite des «50 villas». Je vais t’épater Guillaume. C’est dans cette villa que je vis depuis un peu plus de deux ans. Ce sont les voisins qui me l’ont dit lorsque je m’y suis installé. Le propriétaire de cette maison, un proche parent à moi, ne le savait pas. Il est tombé des nues lorsque je le lui ai dit. C’est cette maison qui a été pillée il y a environ un mois par les Fescistes de la cité universitaire de Vridi après que je me suis sauvé pour l’étranger. Puis tu pars pour l’Europe. On te dit entre la Grande-Bretagne et la France, pour tes études. Tu réapparais à Ouagadougou peu avant la rébellion. La presse ivoirienne a publié des photos de toi faisant la java dans une boîte de nuit de Ouagadougou en compagnie de ceux qui apparaîtront plus tard comme des chefs de guerre. Les Ivoiriens ne te reverront qu’en 2002, lorsqu’éclate la rébellion. Tu en es le porte-parole. Nous n’en croyions pas nos yeux. Toi, le jeune étudiant qui n’avait même pas encore fini ses études, à la tête de ce gros truc? Nous pensions tous que tu étais un paravent pour masquer les vrais parrains de la rébellion. Et comme ton ancien camarade Blé Goudé qui disait qu’en te regardant il voyait un cadavre ambulant, personne ne donnait cher de ta peau. On parlait de massacres commis par tes hommes à Bouaké, de fils de gendarmes tués, de charniers, de viols. Moi j’étais convaincu que tu finirais au mieux devant un tribunal international, comme Jean-Pierre Bemba. Ministre d’Etat à 31 ans à peine Et puis il y a les négociations de Linas-Marcoussis en janvier 2003. Tu en sors ministre d’Etat. A 31 ans à peine. Mais tes débuts de ministre se passent plutôt mal. Tu manques de peu de te faire lyncher par les «jeunes patriotes» de Blé Goudé le jour où tu décides d’aller visiter la télévision. Tu te retires à Bouaké, le fief de ta rébellion. C’est là-bas que tu m’accorderas en 2003 une longue interview qui paraîtra sur trois éditions de Fraternité Matin, et qui me vaudra l’inimitié profonde des supporters de Laurent Gbagbo, pour t’avoir donné la parole à toi, le rebelle, dans le journal gouvernemental. Tes gens venaient de cambrioler l’agence de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest de Bouaké et roulaient en carrosse. Ils avaient tous au moins trois téléphones portables dans les mains, au cou, car un bon rebelle qui se respecte doit avoir plusieurs téléphones. Quelque temps plus tard, j’ai pu photographier ta luxueuse maison et celles de quelques-uns de tes chefs de guerre à Ouagadougou. Je sais que tu n’as pas beaucoup apprécié que je montre aux Ivoiriens vos petits secrets ouagalais. Plus tard, des divergences apparaissent entre toi et Ibrahim Coulibaly dit «IB», que l’on présentait
comme le père originel de la rébellion à qui tu aurais ravi la première place. Vous réglez le contentieux à coup de fusils. On compte plusieurs dizaines de morts à Bouaké. Il y a le fameux Kassoum Bamba, «Kass», chef militaire dont le corps est même brûlé. A Korhogo, ton chef de guerre Martin Kouakou Fofié enferme des dizaines de personnes dans des conteneurs exposés au soleil. Ils meurent tous. Et Fofié est sanctionné par l’ONU. En 2006, tu deviens le ministre d’Etat chargé de la reconstruction dans le gouvernement de Charles Konan Banny. Tu ne reconstruis évidemment rien du tout. En 2007, Laurent Gbagbo, qui cherchait tous les moyens de retarder l’élection présidentielle, sort de son chapeau le dialogue direct avec toi. Vous dialoguez à Ouagadougou, et tu deviens le Premier ministre de la Côte d’Ivoire à 35 ans. Qui dit mieux? Mais peu de temps après, un mystérieux commando tire des roquettes sur ton avion à son atterrissage à Bouaké. Quatre de tes compagnons sont déchiquetés, mais toi tu en sors indemne. Il faudra me donner l’adresse de ton féticheur. On m’a dit que tu es très attaché aux croyances traditionnelles et que tu fréquentes beaucoup les féticheurs. Jusqu’à ce jour nous ne savons pas qui a tiré sur ton avion. Ton attelage avec Laurent Gbagbo fonctionne tant bien que mal —plutôt bien que mal— au point où vers la fin de son règne, il ne tarissait pas d’éloges à ton égard. Il a dit à plusieurs reprises que tu as été le meilleur de ses Premiers ministres. Tu sais que j’ai été l’un de ceux qui disaient qu’il y avait un deal entre vous deux. Il te laissait faire ce que tu voulais au Nord, que tes chefs de guerre ont pillé sans vergogne, pendant que lui et les siens pillaient avec encore moins de vergogne le Sud. Quoi d’autre? Pendant ce temps tu prends de l’embonpoint. Je sais que tu aimes la bonne chère. Tu aimes la cuisine européenne, mais tu apprécies surtout le tô de chez toi à base de farine de manioc, avec la sauce Tchonron faite avec des feuilles de patates ou de manioc. Tu aimes bien le whisky, le bon vin et le champagne comme tout bon Ivoirien qui a réussi. Tout ça, tu sais bien que ce sont tes proches qui me l’ont dit. Je sais même que tu as fait un régime pendant un certain temps pour perdre un peu de poids. Aimes-tu aussi la bonne chair? Je suppose que tu es comme tout bon Ivoirien. Ce que je sais c’est que tu as eu trois enfants avec une certaine Sylvie Tagro, de l’ethnie Bété, du village de Zakoua dont son père était le chef. Il est décédé il y a quelques mois. Ça je le sais parce que mon meilleur ami vient de ce village situé à sept kilomètres de Daloa et que je connais bien. Les enfants de Sylvie vivent quelque part dans une banlieue de Paris. Tu as eu un autre enfant avec une femme burkinabè prénommée Kady. Je sais aussi que de ton passage au petit séminaire de Katiola lorsque tu étais au collège, tu as gardé de très fortes relations avec un prêtre français du nom de Marcel Dussud, que tu considères comme ton père spirituel et qui vit à Lyon. Tu as même prénommé ton premier fils Marcel Dussud Soro. Quoi d’autre? Tu adores les gadgets électroniques, les téléphones portables dernier cri, et les belles voitures. On m’a dit que tu en possèdes une bonne dizaine et que Kadhafi t’a même offert une BMW blindée. Tu es aussi un inconditionnel du chanteur congolais Koffi Olomidé que tu écoutes partout; chez toi, en voiture. Tu lis aussi beaucoup, surtout les écrivains ivoiriens (m’as-tu lu?), les biographies des grands hommes politiques, tous les livres sur le Mossad et les services secrets israéliens, français, et américains, tu as dévoré les mémoires de Jacques Foccart http://fr.wikipedia.org/wiki/ Jacques_Foccart , et côté cinéma, tu te fais envoyer de France les derniers films. Il y a un an, au moment où je cherchais à mieux te connaître, tu t’étais fait offrir les films de Mr Bean et ceux touchant à la Seconde Guerre mondiale. Tu aimes aussi le football et tu es un supporter de l’ASEC d’Abidjan. Voici en gros pour ton côté jardin. Tu as eu le nez creux Revenons à Laurent Gbagbo, qui fut ton idole lorsque tu militais à la Fesci. Ensemble, vous avez réussi à reporter l’élection présidentielle en 2007, 2008, 2009 et ce n’est qu’à la fin de 2010 qu’elle s’est tenue. Avec les résultats que l’on sait. Beaucoup de gens te soupçonnent d’avoir voté pour Laurent Gbagbo au premier tour, dans l’espoir de demeurer son Premier ministre. Mais tu as su bondir sur la branche de Ouattara lorsque tu as vu que celle où se trouvait Laurent Gbagbo avait toutes les chances de casser. Tu as eu le nez creux. Et personne ne saurait nier que si Ouattara peut aujourd’hui entrer au palais présidentiel, c’est grâce à toi et ton armée que tu as finalement eu la bonne idée de ne pas désarmer. Même si au passage on parle de massacres perpétrés par tes hommes à Duékoué. Que te reste-t-il, Guillaume? Ministre d’Etat comme premier job dans la vie à 31 ans, Premier ministre à 35, sauveur de la République et de la démocratie à 39; que te reste-t-il? Bien sûr que nous le savons. Il te reste à être président de la République pardi! Mais auras-tu la patience d’attendre? D’attendre que les mauvais souvenirs des exactions et des rapines que tes hommes et toi avez laissés à Bouaké et dans les zones que vous contrôliez se soient estompés? Venance Konan
Gbagbo et l’armée. Par Christophe Boisbouvier (29 août 2005) Par Meite Ahmed dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
L’armée de Côte d’Ivoire est-elle “Bétéisée?” : Les révélations troublantes de Christophe Boisbouvier, RFI lundi 29 août 2005 Dysfonctionnements dans la chaîne de commandement, multiplication des centres de décision et des structures parallèles, luttes intestines, purges et promotions politiques… La grande muette vit un véritable malaise. Et la main du pouvoir n'y est pas étrangère. Voyage au coeur des casernes où la crise fait autant de dégâts que dans le reste du pays. Depuis 1999, c'est l'une des armées les plus putschistes d'Afrique. Quatre complots avérés, à commencer par "le putsch de Noël" qui a fait tomber Henri Konan Bédié. Sans compter les multiples mutineries et actes d'indiscipline. C'est aussi l'une des plus brutales. Derrière les coups de force aux noms fleuris celui du "Cheval blanc" en septembre 2000, de "la Mercedes noire" en janvier 2001 - se cachent de sanglants règlements de comptes. Le 26 octobre 2000, jour de l'investiture du président Gbagbo, des gendarmes d'Abidjan massacrent 57 civils suspectés de sympathie pour l'opposant Alassane Ouattara. Leurs corps sont retrouvés le lendemain sur un terrain vague de Yopougon, dans la banlieue d'Abidjan. Le 6 octobre 2002, les militaires rebelles des Forces nouvelles abattent de sang-froid à leur tour une soixantaine de gendarmes - source Amnesty International - dans une prison militaire de Bouaké. Et le 25 mars 2004, les Forces de défense et de sécurité (FDS) - qui regroupent les Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (Fanci), la gendarmerie et la police - répriment dans le sang une marche de l'opposition à Abidjan. Au moins 120 morts selon l'ONU. Pour les hommes politiques ivoiriens, l'armée est donc à double tranchant. Qui veut garder le pouvoir doit la contrôler à tout prix. Plus que tout autre, Laurent Gbagbo l'a compris. Il ne veut plus revivre le coup d'État manqué du 19 septembre 2002. Alors il applique une méthode radicale : la "bétéisation". La promotion de membres de son ethnie, les Bétés, dans les Fanci, la gendarmerie et la police. Ces trois corps réunis comptent environ vingt-huit mille hommes. Le chef de l'État ne peut pas mettre des Bétés partout. Mais il les place aux postes clés. Dans la hiérarchie. Dans cette entreprise, le président ivoirien s'appuie sur un homme en qui il a totalement confiance, son neveu Bertin Kadet, originaire du même village que lui, Mama, dans l'Ouest. Officiellement conseiller au palais pour les questions de sécurité, Bertin Kadet est le vrai patron des Forces de défense et de sécurité. Il s'en cache à peine. Au lendemain de l'insurrection de septembre 2002, Laurent Gbagbo le nomme au ministère de la Défense. Puis, sous la contrainte des accords de Marcoussis, il doit s'en séparer en mars 2003. Aujourd'hui, le consensuel René Amani occupe le fauteuil de ministre de la Défense, mais Bertin Kadet commande le cabinet de l'ombre. Pour bétéiser, il faut d'abord purger. Première victime : le chef d'état-major des Fanci, le général Mathias Doué. Ce Guéré de l'Ouest est pourtant un soutien de la première heure. Le 25 octobre 2000, jour de la prise du pouvoir, il laisse ses troupes pactiser avec les manifestants pro-Gbagbo. "Doué, c'est un chat. Il retombe toujours sur ses pattes", dit l'un de ses anciens compagnons d'armes. Autre atout, il est lisse. Le 2 décembre 2003, quelques jours après l'irruption à la télévision de sous-officiers demandant son limogeage, il se rend au palais : "Monsieur le Président, si vous ne sanctionnez pas ces individus, je me verrai dans l'obligation de démissionner." Laurent Gbagbo ne fait rien et, pourtant, le général ne
s'en va pas. Bref, Mathias Doué présente toutes les qualités d'une pâte à modeler, mais il a un défaut majeur : il n'est pas du clan. Premier accroc, le jour où le chef des "Jeunes patriotes" Charles Blé Goudé réclame une garde rapprochée constituée de militaires, Doué refuse. En bon officier formé dans les meilleures écoles de guerre de France et d'Allemagne (Saint-Cyr, Saumur, Hambourg), le général n'aime pas les milices. Deuxième accroc, le 25 mars 2004, jour de la grande manifestation de l'opposition, le chef d'étatmajor répugne à prendre le commandement opérationnel de la répression. Début novembre 2004, coup fatal, Mathias Doué confie qu'il ne croit pas au succès de l'opération "Dignité" - la reconquête du Nord. Il a militairement raison, mais politiquement tort. Le 13 novembre, il est limogé. Ironie du sort, son successeur, le colonel Philippe Mangou, vient justement de commander le théâtre des opérations. Drôle d'armée où le premier responsable de l'échec militaire est promu chef d'état-major. Sans doute est-ce le signe que - comme son nom l'indique - l'opération "Dignité" était moins destinée à vaincre qu'à rassembler les Ivoiriens derrière leur chef de l'État. De ce point de vue, le bombardement de la base militaire française de Bouaké le 6 novembre a été un succès. "En changeant d'ennemi, en provoquant un affrontement avec l'ancienne puissance coloniale, Laurent Gbagbo a transformé une défaite militaire en victoire politique", reconnaît un officier français. À la différence de Doué, Mangou est donc un "politique". Peut-être pas un brillant officier sur le champ de bataille, mais un communicateur hors pair. Cet ancien porte-parole des Fanci porte beau - grand, mince, lunettes noires et treillis retaillé - et sait parler à la troupe. Surtout, il doit tout au régime. Sorti d'écoles militaires moins prestigieuses (Bouaké, Compiègne), promu colonel puis général de brigade en un temps record, il ne peut rien refuser au chef de l'État. La preuve, dès son arrivée à la tête de l'état-major, il autorise le détachement de quelques soldats auprès de Charles Blé Goudé. D'origine ébrié, donc de la région d'Abidjan, Philippe Mangou est flanqué d'un chef de cabinet bété, le commandant Nadjé Zadi. C'est sur le bureau de ce commandant qu'atterrissent toutes les demandes des chefs d'unité pour une dotation en matériel ou la promotion d'un officier méritant. Le commandant Zadi est un homme pivot. Il est de toutes les rencontres avec les Forces nouvelles (ex-rébellion). Le 24 juillet dernier, c'est lui qui annonce à la télévision nationale la reprise de la ville d'Agboville après l'attaque de la localité par des éléments alors non identifiés. "C'est un bon officier d'état-major et, à la différence du général Mangou, il n'a pas été parachuté", dit un membre de l'Onuci, l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire. Mais la purge ne s'arrête pas au chef d'état-major. En juin dernier, le porte-parole des Fanci est limogé à son tour. Le lieutenant-colonel Jules Yao Yao est trop indépendant d'esprit. Contrairement au discours officiel, il a reconnu que le massacre d'une centaine de civils dans la région de Duékoué, dans l'Ouest, début juin, n'était pas de la responsabilité des Forces nouvelles. "Il s'agit essentiellement d'un conflit foncier", lâche-t-il. Le 23 juin, la sanction tombe. Yao Yao est remplacé par un "dur", le lieutenant-colonel Hilaire Babri Gohourou. Cinq jours plus tard, le 28 juin, Yao Yao est arrêté par la garde présidentielle en compagnie du colonel-major Ali Désiré Bakassa Traoré, commandant l'Office national de protection civile, et du général à la retraite, Laurent M'Bahia. Les trois hommes sortent d'un dîner à la résidence de l'ambassade de France à Abidjan. Ce sont donc des "traîtres" en puissance. L'interrogatoire, qui épargne l'officier supérieur général à la retraite, tourne au passage à tabac. Les coups pleuvent. Puis les deux hommes sont relâchés. Yao Yao s'en sort avec une quinzaine de points de suture. Mais Ali Désiré Bakassa Traoré, 54 ans, décède le 3 juillet dans une clinique d'Abidjan. Et Yao Yao, qui venait d'être écarté de ses fonctions de porte-parole des Fanci, se cache non sans avoir invité ses frères d'armes à "ne pas obéir aux ordres injustes". À première vue, cette affaire n'est pas bonne pour Laurent Gbagbo. Elle montre la brutalité des méthodes de son régime. Elle lui donne mauvaise presse. Mais en réalité le supplice du colonel-major Bakassa Traoré peut être bénéfique pour le pouvoir. Il installe un climat d'inquiétude, voire de terreur, dans les rangs des officiers ivoiriens. Si l'on est suspect pour avoir dîné chez l'ambassadeur de France, il vaut mieux ne plus parler à personne. Autre mode d'intimidation, les "révélations" de prétendus complots publiées par la presse proche du pouvoir. Le 8 juin dernier, Le Courrier d'Abidjan annonce que "certains militaires des Fanci ont rallié la
cause des putschistes". Parmi eux, "six membres de la garde rapprochée du chef de l'État et deux agents de l'escorte moto". "La cheville ouvrière de ce vaste complot est un officier supérieur des Fanci", ajoute le journal. Après un tel article, tout le monde se sent suspect et se tient à carreau... Aujourd'hui, il n'est pas rare qu'un officier soit convoqué dans le bureau du général Mangou et soit soumis à un interrogatoire politique. Exemple : "Dis-moi, il y a des rumeurs qui courent sur ton compte. On me dit que, parce que tu es baoulé, tu es favorable au G7 [NDLR : la coalition de l'opposition]. Mais je ne veux pas le croire..." Bref, il ne fait plus bon être baoulé comme Henri Konan Bédié, et a fortiori dioula comme Alassane Ouattara. Tous les officiers "suspects" sont mutés à des commandements non opérationnels comme l'Inspection générale. Ou tout simplement renvoyés au village. Il faut dire que, depuis le coup d'État manqué du 19 septembre 2002, le régime vit dans la paranoïa du complot et a considérablement renforcé sa sécurité. Finie, l'époque où le ministre de l'intérieur, Émile Boga Doudou - mort dès les premiers coups de feu du 19 septembre 2002 - et celui de la Défense, Moïse Lida Kouassi, étaient tellement occupés à se quereller qu'ils ne voyaient pas venir un putsch. Aujourd'hui, le renseignement est confié à des professionnels. Et la protection rapprochée du président, à deux hommes sans état d'âme, un militaire, le lieutenantcolonel Dogbo Blé Bruno, et un civil, Patrice Bahi (voir encadrés). Mieux, pour ne plus être surpris au milieu de la nuit par des putschistes, Laurent Gbagbo vient de mettre en place un nouveau dispositif de quadrillage de l'agglomération d'Abidjan. En juin dernier, il a créé le Cecos, le Centre de commandement des opérations de sécurité. Officiellement, sa mission est de lutter contre la grande criminalité qui, c'est vrai, empoisonne la vie des Abidjanais. Mais sa vraie mission est tout autre. Les états de service de son commandant parlent d'eux-mêmes. Le colonel de gendarmerie Georges Guiai Bi Poin est l'homme qui a commandé la répression de la manifestation du 25 mars 2004. Ce jour-là et les deux nuits suivantes, les "corps habillés" - soldats, gendarmes et policiers confondus n'ont pas hésité à aller chercher les partisans de l'opposition dans leurs maisons, dit un rapport de l'ONU. Le colonel Guiai Bi Poin est aussi l'officier qui a côtoyé les soldats français à l'hôtel Ivoire, le 9 novembre 2004, puis les a accusés d'avoir tiré sur la foule. Politiquement, le coup a été payant. En se faisant détester des Français, Bi Poin a gagné la confiance du chef de l'État. En moins de deux ans, cet officier de gendarmerie est devenu l'un des hommes forts du régime. Aujourd'hui, pour quadriller Abidjan, le général Mangou et le commandant Zadi mettent à sa disposition de vrais moyens opérationnels : 1 700 hommes triés sur le volet parmi les Fanci, la gendarmerie et la police, des fusils d'assaut, des véhicules 4x4. Le colonel Bi Poin a déjà présenté la facture : 2 milliards de F CFA (plus de 3 millions d'euros). Si l'opposition veut redescendre dans la rue, le régime saura se faire respecter... Bien entendu, Laurent Gbagbo et Bertin Kadet ne négligent pas non plus le contrôle des unités de combat. Ils savent qu'un bon putsch passe par l'enrôlement de quelques bataillons clés. Le 24 novembre 2004, quelques jours après le limogeage de Mathias Doué, ils ont placé quatre hommes sûrs à la tête du 1er bataillon d'infanterie, du 1er bataillon blindé, du bataillon d'artillerie sol-air et du bataillon de commandement et de soutien, tous basés à Abidjan. La présidence surveille aussi de très près la poudrière d'Akouédo, au nord d'Abidjan. Dans cette armurerie sont stockés obus, roquettes, missiles et jusqu'aux bombes que ne peuvent plus transporter les avions Sukhoï que l'armée française a détruits le 6 novembre 2004. À Abidjan, on a coutume de dire : "Qui tient la poudrière d'Akouédo tient la ville." À l'extérieur d'Abidjan, le régime verrouille encore deux secteurs clés. Au centre du pays, face aux Forces nouvelles, le commandement du théâtre des opérations - le "com-théâtre" - a été confié fin 2004 à un jeune et brillant officier, le lieutenant-colonel André Gouri. Comme Mathias Doué, il a été formé à Saint-Cyr en France, mais il est jugé politiquement sûr. Dans l'Ouest, après les massacres de début juin dans lesquels seraient impliqués des supplétifs libériens en mal de primes, toute l'administration civile a été suspendue. Aujourd'hui, préfets et souspréfets sont remplacés par dix-neuf officiers des Fanci, de la gendarmerie et de la police sous l'autorité d'un "gouverneur militaire" de l'Ouest, le colonel Guié Globo. Au nom de la lutte contre l'insécurité, l'Ouest est soumis à un état d'exception. Dans cette vaste entreprise de refonte de l'armée ivoirienne, la troupe n'est pas oubliée. Dès 2001, le
ministre de l'Intérieur de l'époque, Émile Boga Doudou, recrute plusieurs centaines de nouveaux policiers parmi les Bété et les Dida de l'Ouest. Le 21 octobre 2003, c'est l'un d'entre eux, le sergent Théodore Séry Dago, qui tue Jean Hélène, le correspondant de RFI à Abidjan. Après l'éclatement de l'insurrection armée en septembre 2002, le régime lance une vaste campagne de recrutement, officiellement sur tout le territoire sous contrôle gouvernemental, en réalité surtout en pays bété. Sur les quelque quatre mille recrues dont les noms sont publiés dans la presse, on ne compte qu'une centaine de Baoulé. À la manoeuvre, Bertin Kadet, décidément un personnage central. À l'époque, il est ministre de la Défense, et aujourd'hui il continue d'assumer : "Pour renforcer les capacités de l'armée en hommes, j'ai été autorisé par le gouvernement à recruter des soldats. Il y a donc eu quatre mille jeunes recrues qui sont maintenant dans les différentes unités de l'armée. Leur liste existe au ministère de la Défense. Je réponds de ceux-là" (Fraternité matin, 18 février 2005). En vertu des accords de Marcoussis et de Pretoria, toutes les recrues d'après le 19 septembre 2002 doivent être démobilisées. Dans les prochaines semaines, ces "soldats de l'an II" devraient donc revenir à la vie civile. La CNDDR (Commission nationale de désarmement, démobilisation et réinsertion) que dirige Alain Donwahi promet à chacun d'entre eux le versement de 500 000 F CFA en trois tranches pour accompagner leur réinsertion sociale. Mais ils se méfient. En juin, ils ont exigé d'être payés en une fois. Sinon, ils ne déposeront pas leurs armes. Évidemment, tout cet appareil sécuritaire coûte cher. Le régime doit payer non seulement les soldes, mais les primes. Six mille F CFA par jour (presque 10 euros) pour les hommes au front. Trois mille pour ceux de l'arrière. Quand il était porte-parole des Fanci, le lieutenant-colonel Yao Yao concluait tous ses discours à la télévision par un "Haut les coeurs, on y va". Maintenant, tous les "corps habillés" appellent leur prime un "Haut les coeurs"... À leurs yeux, elle est pérenne, et tout le monde y a droit. Mais le régime a de plus en plus de mal à décaisser 3,8 milliards de F CFA (5,7 millions d'euros) tous les mois pour financer ces primes. Le 22 mars dernier, devant des journalistes, Bertin Kadet a envisagé de réduire la prime de moitié pour les soldats, gendarmes et policiers de l'arrière. Une semaine plus tard, le 29 mars, plus de mille policiers stagiaires sont descendus dans les rues du Plateau, à Abidjan, et ont paralysé tout le quartier avec des barricades. Au bout de quelques heures, ils ont touché leur prime. Autre charge pour l'État : le renouvellement des stocks d'armes et de munitions. Une charge d'autant plus lourde que, comme les Forces nouvelles, le régime de Laurent Gbagbo doit contourner l'embargo sur les armes voté par le Conseil de sécurité de l'ONU le 15 novembre 2004, et donc négocier avec des trafiquants qui monnayent leurs services au prix fort. À la présidence, l'un des principaux courtiers est une vieille connaissance, Moïse Lida Kouassi, conseiller spécial à la Défense. Après l'insurrection nordiste de 2002, il est tombé en disgrâce. Mais sa fidélité à toute épreuve et son réseau d'amitiés en Afrique et en Europe lui ont permis de revenir en cour. Dans la nuit du 22 au 23 juin dernier, une patrouille de Casques bleus de l'Onuci tombe sur des éléments des Fanci qui déchargent d'un cargo une vingtaine de Jeep militaires et des caisses au quai fruitier du Port autonome d'Abidjan. Pour l'instant, ces caisses n'ont pas été ouvertes, mais apparemment il ne s'agit pas de cageots de bananes ou d'ananas... D'où viennent ces matériels de guerre ? Parmi les pays fournisseurs, International Crisis Group pointe la Guinée-Conakry. Selon l'ONG, " des hélicoptères d'attaque d'origine ukrainienne qui ont été livrés à Conakry en mars 2005 étaient, selon de nombreuses sources, simplement en transit en Guinée avant de rejoindre la Côte d'Ivoire, supposée être leur propriétaire réel ". Il est vrai que les Fanci manquent d'équipements lourds. L'armée de terre dispose encore de blindés à chenille BRDM équipés de canons de 30 ou de 75 mm et de blindés à roue de type Sagaie équipés de canons de 90 mm. Elle conserve aussi un stock de mortiers de 120 mm et de lance-roquettes multiples de type BM 21. En revanche, l'aviation est par terre. Depuis les représailles françaises du 6 novembre, un seul hélicoptère de combat MI-24 a été réparé. Après deux essais en vol stationnaire à dix mètres du sol, il a été sagement rangé dans un hangar de l'aéroport d'Abidjan. Les autres MI-24 et les chasseurs bombardiers Sukhoï détruits ou neutralisés en novembre restent sous bâche dans l'attente d'une hypothétique réparation. Quelques mercenaires ukrainiens et biélorusses sont encore là pour entretenir le matériel de
fabrication soviétique qui a échappé au feu des Français. Quelques Sud-Africains veillent aussi sur le MI-24 miraculé. Mais la Côte d'Ivoire n'est plus, comme l'an dernier, l'eldorado des chiens de guerre. De fait, avec quelque 3 000 euros par mois, ces mercenaires au rabais ne risquent pas de faire fortune. Depuis trois ans, Laurent Gbagbo et les siens déploient donc une énergie formidable pour réformer l'armée. Comme s'ils voulaient se maintenir au pouvoir coûte que coûte. "Avec quatre hommes forts, Kadet Bertin à la présidence, Nadjé Zadi à l'état-major des Fanci, Guiai Bi Poin à la gendarmerie et Dogbo Blé Bruno à la garde présidentielle, il verrouille tout", confie un militaire ivoirien qui connaît le système de l'intérieur. De plus en plus de postes clés sont tenus par de jeunes officiers qui doivent leur promotion éclair au régime. Leur fidélité est assurée. Et, aujourd'hui, la grande muette se tient coite, ou presque. Pas de nouvelle tentative de putsch. Le syndrome de "l'ennemi intérieur" semble s'éloigner. Le revers de la médaille, c'est que cette armée est bétéisée et transformée peu ou prou en force de répression. Gare aux frustrations des officiers non bété. Ils n'apprécient guère d'être doublés par plus jeunes qu'eux au tableau d'avancement. Ils n'aiment pas non plus être passés à tabac par de simples soldats, gendarmes ou policiers qui appartiennent à la bonne ethnie. Par ailleurs, certains, comme Mathias Doué, répugnent à être les chiens de garde du régime. En 1995, le chef d'état-major Robert Gueï avait déjà refusé de servir de bouclier au président de l'époque, Henri Konan Bédié, contre son opposition. Limogé, il avait pris sa revanche quatre ans plus tard, le jour où les "putschistes de Noël" étaient venus le chercher pour qu'il prenne le pouvoir. " En Côte d'Ivoire, les militaires désobéissent depuis des années, dit un cadre de l'Onuci, et tant qu'il n'y aura pas de réforme en profondeur, tout peut arriver." CHRISTOPHE BOISBOUVIER,
yao yao jules accuse ouvertement seka seka d'etre l'assassin de rose guehi Par Michaelle Ehui-gouzou dans OBSERVATOIRE document · Supprimer
DEMOCRATIQUE
EN
COTE
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LETTRE OUVERTE DU COLONEL JULES YAO YAO AU PRESIDENT LAURENT GBAGBO Les tueurs du palais demasqués? (*) (Source: Le Patriote – Publié le: 16/8/2005) Voici les noms des tueurs des “Escadrons de la mort” On le voyait venir. Le Lieutenant-Colonel Yao Yao Jules, en rupture de ban avec l’Etat-major des FANCI, a fini par lâcher dans cette lettre ouverte au Président Gbagbo ce qui restera sans doute l’une des révélations majeures de la crise ivoirienne : Les noms des tueurs de la République. Excellence, Monsieur le Président de la République, Avec votre permission, j’ai l’honneur de vous rendre compte que suite à l’appel que j’ai lancé à mes frères d’armes et aux populations en vue de neutraliser l’action malfaisante des ESCADRONS DE LA MORT, dont j’ai été personnellement victime dans la nuit du mardi 28 au mercredi 29 juin 2005 et qui vous desservent, les informations concernant les personnes ci-après m’ont été rapportées. Je vous en communique les noms tels que reçus : LCL DOGBO BLE BRUNO commandant la Garde Républicaine (cité comme membre des ESCADRONS DE LA MORT. Impliqué dans l’assassinat des aides de camp et des membres de la famille de ROBERT GUEI. Témoin de la scène d’exécution de ROSE GUEI. A confié à certaines personnes que l’extermination de la famille de ROBERT GUEI procédait de la logique de liquidation de tous les témoins de l’assassinat de ROBERT GUEI). CNE SEKA SEKA ANSELME, aide de camp de la première dame (cité comme membre des ESCADRONS DE LA MORT. Impliqué dans l’assassinat des aides de camp et des membres de la famille de ROBERT GUEI. Principal exécuteur de ROSE GUEI par une balle dans la tête). CDT KATE GNATOA du Groupe de Sécurité Présidentielle (cité comme membre des ESCADRONS DE LA MORT. Chef du groupe qui a arrêté dans l’enceinte de la CATHEDRALE SAINT PAUL du PLATEAU et assassiné le GAL ROBERT GUEI. A disposé pendant longtemps du véhicule du CNE FABIEN
COULIBALY (4×4 INFINITY immatriculée 7755 CY 01 Peinte actuellement en couleur blanche), liquidé en même temps que les autres aides de camp). ADT ZAMBLE ALIAS SCORPION (cité dans de nombreuses affaires de meurtres à YAMOUSSOKRO, notamment, ceux des Colonels TRA HIE, OUATTARA OYENAN, du SGT TRAORE de l’ENSOA, du CAL TONDOSSAMA DAOUDA du service de l’Attaché de Défense près l’Ambassade de Côte d’Ivoire en France. Aurait disposé pendant très longtemps du véhicule de ce dernier, une MERCEDES BERLINE 300). MDL DIGO (cité comme membre des ESCADRONS DE LA MORT, sans référence aux crimes qu’il aurait pu commettre). MDL ALLANI (cité comme membre des ESCADRONS DE LA MORT, sans référence aux crimes qu’il aurait pu commettre). CCH GNALI de la Garde Républicaine (cité comme membre des ESCADRONS DE LA MORT. Tueur de H. CAMARA. Lui même a fourni à de nombreuses personnes les détails sur le déroulement des faits) KOFF de la Présidence (cité comme membre des ESCADRONS DE LA MORT sans référence aux crimes qu’il aurait pu commettre) . Me BAI et son Groupe (cités comme membres des ESCADRONS DE LA MORT, sans référence aux crimes qu’ils auraient pu commettre). Un principe de justice établit qu’il ne s’agit là que de simples présomptions qui pèsent sur les nommés jusqu’à ce que leur culpabilité soit établie. C’est pourquoi, je voudrais souhaiter que vous autorisiez, dès maintenant, l’ouverture d’une enquête indépendante avec la participation de la Communauté internationale, afin que votre honneur soit lavé. Car, en dehors de l’Adjudant ZAMBLE ALLIAS SCORPION, tous les mis en cause sont issus de votre entourage. Ces crimes de sang, commis vraisemblablement à votre insu, pourraient vous éclabousser. Par ailleurs, dans la journée du 19 septembre 2002, le Premier Ministre, Monsieur AFFI NGUESSAN, a tenté de justifier sur les ondes, la mort du Général ROBERT GUEI, en donnant l’information selon laquelle, ce dernier serait tombé au cours d’une action militaire, alors qu’il se rendait à la Télévision ivoirienne pour annoncer la prise du pouvoir d’Etat. Or, le fait que son corps ait été retrouvé seul, en tenue de sport, sur le boulevard de la CORNICHE (endroit où j’ai été battu par les éléments de Garde Républicaine et du Groupe de Sécurité Présidentielle), sans ceux des dépouilles de sa garde rapprochée, sans traces de combat, non plus, infirme cette thèse. Au demeurant, son arrestation survenue à l’intérieur même de la CATHEDRALE SAINT PAUL D’ABIDJAN a été attestée et critiquée par le clergé. C’est pourquoi, il apparaît nécessaire que toute la vérité éclate autour des affaires suivantes : Assassinat de GUEI ROBERT, des membres de sa famille et de ses aides de camp, Assassinat de H. CAMARA. Assassinat du Docteur DACOURY TABLEY et de TEHE EMILE. Divers assassinats à YAMOUSSOKRO et à TIEBISSOU, consignés dans les registres de L’ONUCI. L’éclatement de la vérité sur ces crimes, participe de la transparence et de la justice qui doivent entourer les élections d’octobre 2005. Or, les élections sont une conséquence de la démocratie qui se nourrit de justice par essence. Les élections ne peuvent, donc, pas garantir le retour de la paix et de la concorde en Côte d’Ivoire, aussi longtemps que toutes les affaires de meurtres qui ont eu lieu depuis la transition militaire jusqu’à ce jour, n’auraient pas été élucidées. En attendant et avec votre permission, je voudrais vous soumettre mes propres analyses. En effet, la raison d’Etat peut justifier certains actes, quand ceux-ci sont nécessaires pour la sauvegarde de l’intérêt général. La loi d’amnistie participe de ce même ordre d’idée, en donnant force à des décisions dont l’essence, hautement politique, procède de la sagesse élevée. Le devoir de réserve qui s’impose à certaines catégories de fonctionnaires de l’Etat, dont les Militaires, trouve l’un de ses fondements dans la raison d’Etat. Tout comme, la souveraineté nationale permet à tous les peuples de disposer d’eux-mêmes à l’intérieur des frontières de leur pays. Mais, à une souveraineté nationale mal gérée, prétexte d’oppression et d’assassinat de ses propres populations, s’oppose, depuis la chute du mur de BERLIN en 1989, le devoir d’ingérence de la Communauté internationale. Cette dernière ne peut pas avoir connaissance de certains faits répréhensibles et se taire.
En conséquence, aucun crime politique, comme celui du Général ROBERT GUEI, de son épouse, de ses aides de camp et de certains des membres de sa famille, ne peut se justifier par la raison d’Etat, par la souveraineté nationale, encore moins par l’attaque du 19 septembre 2002. Il en est de même de l’assassinat de H. CAMARA, du Docteur DAKOURY TABLEY, de TEHE EMILE et de bien d’autres anonymes assassinats imputés aux mêmes ESCADRONS DE LA MORT. L’Etat de droit et les lois gouvernant la guerre, recommandaient que le Général GUEI, dès lors qu’il avait été arrêté, de surcroît, à l’intérieur même de la CATHEDRALE SAINT PAUL du PLATEAU, soit entendu et éventuellement jugé. Son exécution extra judiciaire par des éléments qui sont de votre entourage, foule au pied les principes fondamentaux d’un Etat de droit. Sa famille, non plus, n’avait rien avoir avec les soupçons qui pouvaient peser sur lui, pour qu’elle connaisse la fin atroce qui a été la sienne. Les preuves existent par les morts qui sont identifiés, par les disparus et aussi par les déclarations des mis en cause eux-mêmes qui s’en sont tant vantés, en fournissant de nombreux détails qui les confondent. Depuis mon appel, de nombreuses langues se délient aujourd’hui, pour en parler et pour les dénoncer au nom de la loi et de la morale. De même, il y a eu de nombreuses atteintes à la loi pénale à YAMOUSSOKRO et à TIEBISSOU, dont vous êtes comptable, en tant que Chef Suprême des Armées. La légitimité d’un Chef d’Etat procède avant tout de la morale et de sa morale. Tout comme le pouvoir, dont les deux piliers fondamentaux sont la légitimité et la morale. Il se trouve que dans votre cas, des crimes de sang pourraient avoir entamé l’un et l’autre de ces piliers. Votre fauteuil pourrait, dans ce cas, reposer dans une mare de sang et du sang d’innocents principalement. Une telle situation, même si elle n’est pas encore jugée, pourrait vous disqualifier pour les élections d’octobre 2005, puisque le Conseil Constitutionnel, devrait normalement invoquer la question de la moralité pour rejeter votre candidature. Dès lors, le destin commun des ivoiriens vous commande de vous retirer, afin de permettre l’organisation d’une transition, seule voie possible à une sortie de crise sans violence et dont les termes doivent être discutés par tous les enfants de ce pays, y compris vos représentants. C’est l’une des principales raisons, qui m’a amené à reprendre l’idée de la transition, qui, bien avant moi, avait été perçue et exprimée par le Professeur FRANCIS WODIE et par d’autres intelligences de ce pays. «Votre maintien au pouvoir coûte que coûte» (l’expression est de vous), avec toutes ces affaires non élucidées, le désir de certains de vos conseillers de conduire une guerre qui ne sera pas gagnée et des violences de rue qui ne seront pas acceptées par les populations, ne peuvent qu’aggraver la situation d’adversité que vit notre pays depuis le 19 septembre 2002. Ces éléments exposent plus que jamais, la Côte d’Ivoire à une guerre civile, qui entraînera fatalement la déstabilisation de la Sous Région. Au regard, de telles analyses, votre responsabilité, en tant que Président d’une Côte d’Ivoire même divisée, est très grande. De plus, vous ne pouvez pas continuer à réclamer justice pour vous-même, dans l’affaire vous opposant à l’un de vos Ministres, sans permettre au préalable, en tant que maître de la justice temporelle à la tête de l’Etat de Côte d’Ivoire, que soient traitées toutes les affaires que je viens de porter à votre connaissance, y compris mon assassinat manqué, à l’origine de ma clandestinité et de mon combat actuel, au profit de la cessation de toutes violences sur les populations par les ESCADRONS DE LA MORT et par certains personnels des Forces de Défense et de Sécurité, de même qu’au profit des mêmes droits pour tous, sans exclusive. Tout en vous demandant de me pardonner mon impertinence constructive, je voudrais vous prier d’agréer l’expression de ma très haute et respectueuse considération. LCL YAO YAO JULES AHOUSSOU
Post de Marc P. Guary Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
Sur le coup d’Etat de décembre 1999, Joachim Beugré en sait beaucoup, il est de
ceux qu’on appelle les « sachant ». A l’époque, journaliste au quotidien « Le Jour », il a eu l’historique privilège d’écouter « les jeunes gens » - ainsi qu’on a appelé les auteurs du coup d’Etat longtemps avant le 24 décembre 1999, puis de les suivre après, dans leurs tribulations, leurs rapports avec le chef de la junte, le Général Robert Guéï à qui ils ont fait le cadeau présidentiel : la magistrature suprême de l’Etat de Côte d’Ivoire pour dix mois chaotiques. Pourquoi avoir attendu plus de dix ans après l’événement pour en dévoiler les vrais auteurs et leurs témoignages ? Et surtout pourquoi maintenant, après que la Côte d’Ivoire eut traversé les années les plus sombres de sa jeune histoire d’état moderne ? I/ Les trois mousquetaires étaient quatre Les réponses, l’auteur les donne dans son oeuvre : pour respecter un engagement pris devant « les jeunes gens », qui lui ont fait confiance, en s’ouvrant à lui, des mois avant le 24 décembre, et le chargeant de publier un jour, proche ou lointain, leurs frustrations et leurs motivations. Joachim Beugré entend aussi prendre une part active, en tant que « sachant » au processus de réconciliation qui va bientôt s’engager dans notre pays et dont la phase initiale et primordiale est le rétablissement de la vérité. La vérité contextuelle, pour ne pas dire la vérité historique, ce serait prétentieux. Il se trouvera des esprits lucides pour reprocher à Joachim Beugré de sortir des cadavres des placards, au moment où les Ivoiriens cherchent à tourner les pages tumultueuses de l’histoire de leur pays. Effectivement, les sujets qui fâchent plantent le décor, décrivent le contexte, justifiant la colère des jeunes gens. Mais peut-on construire une véritable société de justice et de démocratie sans mémoire ? Peut-on aller à la réconciliation si les êtres, les phénomènes et les choses qui ont conduit à la fracture ne sont cités, indiqués, nommés ? Peut-on être historiquement crédible si des faits, parce qu’ils fâchent, sont occultés, enjambés ? Le devoir de mémoire commande que la vérité soit dite même si elle peut paraître politiquement incorrecte, pour ménager des susceptibilités, pour protéger des convenances, pour sauvegarder des apparences, toutes lâchetés qui nous ont conduits au gouffre, à l’abîme. Joachim Beugré met le pied dans le plat, et nomme. Il part de 1989, avec « l’agonie du bélier et la danse des sorciers ». On aura tout compris : l’appel d’un président au soir de sa vie, le Président Félix Houphouët Boigny, à un illustre cadre du pays, de renommée internationale, Alassane Ouattara, exerçant à l’extérieur du pays, pour venir sauver son régime malmené par une crise économique et financière aigüe et par une opposition qui entend exploiter l’âge, la maladie du vieux président et la conjoncture économique désastreuse du pays pour porter l’estocade à un pouvoir autocratique trentenaire. Cette première partie de l’ouvrage, qui en compte sept, décrira donc les quatre dernières années du règne du président Houphouët Boigny, les remous sociaux, l’entrée de l’ex- gouverneur de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest), Alassane Dramane Ouattara sur la scène politique nationale, la naissance des partis d’opposition dont le FPI de Laurent Gbagbo prend tout de suite le leadership.
L’auteur décrira les tribulations qui marqueront ces dernières années du règne du Président Houphouët Boigny dont le fait marquant est la sourde rivalité entre le dauphin constitutionnel, Henri Konan Bédié, président de l’Assemblée nationale, et le Premier ministre Alassane Dramane Ouattara. Entre déclarations sibyllines et attaques à fleurets mouchetés, le microcosme politique ivoirien se nourrit déjà de fortes animosités, les uns et les autres fourbissant leurs armes pour un après Houphouët Boigny déjà si proche. Et quand le dauphin constitutionnel s’assoit dans le fauteuil présidentiel le soir même du décès du Président Houphouët Boigny, par une déclaration radio télévisée, c’est une page de l’histoire de la Côte d’Ivoire qui se ferme (l’époque d’Houphouët) avec l’ouverture d’une autre : l’ère Bédié. Henri Konan Bédié a pris le pouvoir, tout le pouvoir, et Joachim Beugré meublera cette période par « la chasse à l’homme », précisément « la chasse » à un homme : Alassane Dramane Ouattara, surtout que quelques mois après son départ de la primature, est créé un parti politique se réclamant de lui et animé par les frondeurs du vieux parti camouflés sous l’appellation « rénovateurs » : le RDR, dirigé par Djéni Kobina. Les observateurs de la scène politique ivoirienne notent bien qu’Alassane Dramane Ouattara s’est mis en embuscade et que le parti dirigé par l’ex- chef de file des « Rénovateurs » du PDCI n’est rien d’autre que le cheval de Troie que l’ex-Premier ministre du Président Houphouët Boigny a choisi pour accéder à la présidence de la république. Bédié et son clan flairent le piège de loin : à défaut d’avoir réussi à prendre le pouvoir de l’intérieur du régime, Alassane Ouattara en sort pour attaquer l’appareil de l’extérieur et s’emparer du pouvoir. Mais Alassane Ouattara a un talon d’Achille : la polémique sur sa nationalité subtilement distillée par ses adversaires dans l’opinion publique par presse et médias interposés. Quand le concept de l’ivoirité surgit pour être présenté comme la force de fédération des peuples de Côte d’Ivoire, il n’échappe à personne qu’il servira aussi d’arme pour empêcher Alassane Ouattara de se présenter à l’élection présidentielle. Le code électoral et la Constitution subiront des modifications mettant l’accent sur l’origine exclusivement ivoirienne des candidats à l’élection présidentielle et de leurs parents. Sans qu’on ait réussi à démontrer son origine étrangère, Alassane Ouattara semble déjà tomber sous le coup de ces nouvelles lois que Joachim Beugré détaille dans son ouvrage. Il rappelle comment sur la base de ces lois de préférence nationale, la candidature de Djéni Kobina aux élections législatives de 1995 dans la circonscription d’Adjamé est refusée au motif que ses parents sont Ghanéens. A défaut de pouvoir démontrer qu’Alassane Ouattara est étranger, on tentera de démontrer que sa mère n’est pas sa génitrice. Voilà comment se déclenche la colère « des jeunes gens » qui vont opérer le coup d’Etat du 24 décembre 1999. Surtout qu’aux humiliations subies par Alassane Ouattara et sa mère, s’ajoutent des tracasseries faites aux populations du Nord soupçonnées d’être des étrangers et de se livrer à la fraude sur la nationalité ivoirienne. Les misères d’un autre homme susciteront la colère « des jeunes gens » : le Général Robert Guéï. Cet officier général était une véritable star dans les casernes au temps où il était
le chef d’état-major de l’armée ivoirienne. Les soldats le vénéraient en raison des qualités humaines qu’ils avaient décelées en lui : sa générosité, son sens de la justice et du partage, son souci pour le bien-être des soldats, etc. Or donc, le Président Bédié va entrer en conflit avec le Général Robert Guéï. Après avoir été débarqué de son poste de chef d’état-major de l’armée, le Général fera un passage éclair au Gouvernement avant d’être encore débarqué de façon fracassante. Les « jeunes gens » encaissent le coup : leur décision est prise. Ils vont renverser le Président Henri Konan Bédié. La première fois qu’ils s’ouvrent à Joachim Beugré, celui-ci rit aux éclats, se moquant royalement d’eux et de leur folle prétention. Mais ces jeunes, au nombre de quatre, voulaient avoir un témoin, parce que « la victoire a plusieurs pères », comme on le dit chez nous. Pris comme en otage par de jeunes soldats, Joachim Beugré se trouve dans la posture d’un homme coopté pour faire de l’espionnage : s’il refuse, il est un homme mort. S’il accepte, il peut vivre encore quelques temps, mais la mort se profile toujours à l’horizon. Confident malgré lui, Joachim Beugré va recueillir les témoignages des auteurs du coup d’Etat du 24 décembre 1999. Deux traits caractéristiques : tous du Nord, de l’ethnie dioula et tous des sergents. Ils ont pour noms : le Sergent Diomandé Souleymane alias La Grenade, le soldat Gaoussou Koné alias Jah Gao, le sergent Aboudramani Ouattara alias l’enfant de Kong, et le sergent Ibrahim Coulibaly alias IB. Quand ils renversent Henri Konan Bédié du pouvoir, ils y placent leur ancien chef qui les a tant marqués pour ses qualités professionnelles et humaines : le Général Robert Guéï. La lune de miel entre « les jeunes gens » et leur mentor sera de très courte durée. Très vite, ils se rendront compte qu’ils n’ont fait que déshabiller Pierre pour habiller Paul. Surtout que par maladresse ou par ignorance, aucun des vrais auteurs du coup n’était au coeur du nouveau système. Le Conseil national de salut public (CNSP), organe dirigeant de la transition militaire, est totalement composé d’officiers généraux et d’officiers supérieurs, cooptés au dernier moment, sans qu’ils aient été au départ de l’action et sans qu’ils aient épousé la motivation et les objectifs. Aucun « des jeunes gens » n’en fait partie ; aucun d’eux non plus n’est membre du Gouvernement ni d’une autre structure pouvant influencer le cours de la transition. Relégués à la périphérie, « les jeunes gens » vont assister impuissants à la dérive du navire qu’ils auront eux-mêmes poussé à prendre le large. Contrairement à ses engagements du début, le Général a décidé de se porter candidat à l’élection présidentielle. La controverse sur « l’ivoirité » des candidats est revenue en force avec l’apparition du débat sur les conjonctions « et » « ou » liant le sort des candidats à l’origine de leurs parents : le candidat devant « être Ivoirien d’origine, de père et/ou de mère eux-mêmes Ivoiriens d’origine », (à choisir). Révoltés, « les jeunes gens » décident de mettre les pendules à l’heure, de récupérer et de rectifier la transition. Trop tard ! La répression qui s’abattra sur eux conduira certains à la mort, et les plus chanceux à l’exil. Le Général est en roues libres pour s’asseoir dans le fauteuil présidentiel, avec un art consommé de la dissimulation et du camouflage comme seul un militaire, rodé dans l’art de la guerre, peut en faire montre.
Joachim Beugré meuble son ouvrage d’anecdotes, de confidences, de détails Saisissants et les témoignages des acteurs du coup d’Etat sont si chargés D’émotion. L’oeuvre s’arrête à la fuite du Général, quand après qu’il se soit proclamé Vainqueur de l’élection présidentielle du 22 octobre 2000, son adversaire Laurent Gbagbo lance la foule de manifestants à l’assaut du Palais présidentiel. Après trois décennies de lutte, l’opposant historique au Président Félix Houphouët Boigny s’installe au Palais présidentiel dans des conditions qu’il a lui-même qualifiées de calamiteuses. Alassane Dramane Ouattara, éliminé de la course à l’élection présidentielle, pense pouvoir participer à la vie politique de son pays en se contentant d’un strapontin au Parlement en qualité de député de Kong, sa ville natale. Mal lui en prit. Les militants de son parti manifesteront bruyamment leur colère à la suite de cette seconde élimination. Le nouveau régime qui cherche ses marques ne lésinera pas sur les moyens de la répression. Des morts, des blessés graves et parmi les femmes arrêtées et incarcérées à l’Ecole nationale de police, certaines subiront des viols. Quelques jours après, le nouveau président, Laurent Gbagbo, annonce sur une chaine de radio internationale : « Tant que je serai là, Alassane Ouattara et tous ceux qui le suivent ne seront rien dans ce pays ! » Paroles d’un nouveau dieu. Joachim Beugré termine son livre témoignage par deux échanges qu’il a eus, à deux ans d’intervalle, avec la même personne, un de ses anciens amis de la cité universitaire de Vridi, à Abidjan. Le premier échange : « Grand frère, l’ascension au pouvoir de Laurent Gbagbo ne présage rien de bon pour notre pays. Ce monsieur est un dictateur. Les Ivoiriens ne le connaissent pas. Moi, je suis venu t’annoncer que je quitte le pays. Je pars en exil. Gbagbo ne quittera le pouvoir que par la force ! » C’était un soir de décembre 2000. Le deuxième échange, téléphonique : « Je suis de retour d’exil. Tu es le premier journaliste ivoirien à qui j’ai décidé d’accorder ma première interview ! C’est moi Bogota, ton cher frère. » Et Joachim Beugré, pour de bon, termine : « Bogota, c’est l’autre surnom de Guillaume Kigbafori Soro ». C’était tard dans la nuit du 25 septembre 2002, trois jours après le 22 septembre, où l’échec d’une tentative de coup d’état militaire contre le régime de Laurent Gbagbo va se muer en rébellion armée, coupant le pays en deux, pendant huit douloureuses années(…) Maurice BANDAMAN Ecrivain Grand prix littéraire de l’Afrique noire (1993) Ministre de la Culture et de la Francophonie
Contribution de Cote D'ivoire Aimons La Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer
EN
COTE
Cote D'ivoire Aimons La Quand la banque mondiale nous prête des milliards,ou que la France nous verse de l'argent en échange de nos richesses'(sous-sol,agriculture etc...)nos dirigeants doivent utiliser cet argent pour créer de l'emploi et non s'acheter des super voitures pour nos routes délabrées ou encore acheter des buildings ou alimenter des comptes en Europe,en fin de compte,l'argent prêter alimente l’économie occidentale et non celle de l'Afrique(COTE D'IVOIRE c'est d'elle qu'il s'agit ici),finalement les buildings et autres biens que nos dirigeants possèdent à l’Étranger, il va falloir payer les impôts et taxes fonciers dans ces pays là et non en COTE D'IVOIRE QUI EN PROFITE?et bien ce sont ces pays là qui en profite,et en plus les intérêts que les populations paient pour les prêts consentis par le pays.Nos dirigeants doivent se réveiller,investir en COTE D'IVOIRE,au lieu d'acheter des super car ou des buildings en Europe pour que l'Europe en profite ils(dirigeants de Ci) devraient créer des usines de transformation de cacao,d'hévéa,de coton,de café en produits semi finis et en produits finis,cela va créer de l'emploi plutôt que de l'exporter en brute à des prix rikiki et ils nous reviennent au prix d'achat au kilo multiplié à la puissance 10.. QUAND on sait aujourd'hui qu'en COTE d'IVOIRE la majorité des populations prennent un petit déjeuner....un autre exemple: pourquoi pas créer des usines de montage des voitures que nous importons(Peugeot, Citroën, Renault etc....) on a de bons petits mécaniciens et aussi des ingénieurs ou technicien issu des différents lycée technique de la COTE D'ivoire ,ils pourront assembler les pièces dans ces usines de montage ,cela va générer des emplois.La COTE D'IVOIRE n'est plus la petite colonie des années 60 pour recevoir des voitures déjà montés en Europe et qui nous tombe sur le nez comme si on avait pas d'intellectuels ou de main d'oeuvre qualifiée ,la voiture n'est plus un luxe en COTE D'IVOIRE .C'est cela faire de la politique?j'espère que le nouveau gouvernement saura utiliser ce près à bon vouloir pour que le peuple s'y reconnaisse et relancer l'économie ivoirienne.
Publication de Eric Kouamé sur l'ODCI Par Thierry Coffie dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer Arsene Touho SUPPRESSION DU SYNDICALISME A L'ECOLE: MADAME LA MINISTRE, AVEZ-VOUS EU PEUR DE TOUCHER LE DOULOUREUX FURONCLE? C'est lors d'une conférence de presse animée à son cabinet le lundi 1er Août dernier que Mme KANDIA Camara Ministre de l'Education Nationale du Gouvernement Ouattara a annoncé la suppression du syndicalisme à l'école. Cette décision intervient au moment où l'Ecole ivoirienne est en proie au plus grand malaise de son histoire avec à la clé, une année blanche universitaire garantie par la fermeture des Universités. C'est la FESCI qui est visée mais l'on n'a pris le soin de ne pas la citer. Comme si Mme la Ministre avait eu peur de toucher le furoncle dont on sait tout de même que le percer soulagerait tout le corps. Pour donner un fondement légal à sa décision, elle invoque "la loi". "Nous avons consulté la loi qui stipule que pour participer à une activité politique ou syndicale, il faut être majeur", dit-elle. Bien entendu, un tel argumentaire est trop expéditif, trop superficiel, trop chorégraphique, trop classique pour être persuasif pour un esprit alerte et interrogateur. Car si c'est à la loi ivoirienne qu'il est fait allusion ici, un regard exploratoire bien mené suffit pour découvrir que
cette décision est d'une illégalité manifeste (I) quoiqu'il serait honnête et responsable de reconnaitre qu'elle était prévisible (II). I- UNE DECISION MANIFESTEMENT ILLEGALE: Si nous soutenons que la décision de Mme la Ministre est manifestement illégale, ce n'est pas seulement parce que le fondement légal qu'elle invoque est inopérant (A) mais c'est aussi parce que nous sommes en présence d'une décision ministérielle qui est d'une inconstitutionnalité outrageusement frappante (B). A/ Du caractère inopérant du fondement légal invoqué: Quand Mme la Ministre affirme qu'elle a consulté "la loi" et que celle-ci stipule que pour mener des activités syndicales et politiques, il faut avoir 21 ans, j'ai envie de m'exclamer "de quelle loi parle-telle"? En effet, la gravité de la décision que Mme Kandia Camara prend mérite qu'elle énumère clairement tous les visas qui l'y fondent. Le transport de la preuve étant à la charge de celui qui l'invoque, je voudrais donc qu'il me soit autorisé de douter de l'existence d'une telle loi jusqu'à ce qu'elle soit rapportée clairement. Toutefois, au cas où ce texte existerait, la question qui se poserait alors serait la suivante: les organisations d'élèves et d'étudiants sont elles des syndicats? leurs activités sont-elles des activités syndicales? La précision est nécessaire car il ne faut pas tenir pour vérité un abus de langage unanimement admis et qui tient la FESCI et les organisations d'élèves et d'étudiants pour des syndicats. Cette question est d'autant plus centrale dans ce débat que la légalité et la légitimité de la décision ministérielle est tributaire de la réponse que l'on pourrait y apporter. Par définition, un syndicat est une organisation sociale de travailleurs organisés pour défendre leurs intérêts. Les élèves et étudiants de Côte d'Ivoire ne sont pas des travailleurs, donc leurs organisations ne sont pas des syndicats. Ce sont plutôt des associations et c'est l'Etat de Côte d'Ivoire lui même qui les considères comme telles. C'est d'ailleurs pour cela que le Ministère de l'intérieur soumet leur création et leur fonctionnement à la loi N°60-315 du 21 septembre 1960 relative aux associations. On peut admettre que la FESCI et les autres organisations ressemblent à des syndicats du point de vue de leurs activités par lesquelles elles agissent pour le bien être de leurs membres comme le font les syndicats de travailleurs; mais cela ne suffit pas pour dire qu'elles sont des syndicats. C'est exactement cette subtilité qui permet de ne pas perdre de vue que le chimpanzé n'est pas le frère du gorille même s'ils se ressemblent. Un exemple d'organisation d'élèves et étudiants qui a délibérément choisi de se constituer en syndicat c'est l'UNEF (Union Nationale des Etudiants de France) qui déclare dans l'article 1er de la Charte de Grenoble du 24 avril 1946: "l'étudiant est un jeune travailleur intellectuel". La décision de Mme le Ministre aurait été justifiée si elle avait été prise en France, et qu'elle concernait l'UNEF. Cependant, en dépit de son caractère hypothétique, le fondement légal brandi n'est rien à coté de l'inconstitutionnalité de la décision dont nous parlons. B/ Une décision outrageusement inconstitutionnelle: Le moins qu'on puisse dire en appréciant la décision d'interdire ce que Mme la Ministre a appelé "les activités syndicales et politiques à l'école", c'est qu'il s'agit d'une mesure qui viole, qui violente même la Constitution de notre pays. En sus de son préambule dans lequel elle déclare que "le peuple de Côte d'Ivoire exprime son attachement aux valeurs démocratiques reconnues à tous les peuples libres, notamment, le respect et la protection des libertés individuelles et collectives", la Constitution dispose en son article 11 que "les libertés de réunion et de manifestation sont garanties par la loi". Si la décision de Mme la Ministre s'applique effectivement, cela signifierait que les élèves de Côte d'Ivoire n'auraient plus le droit de se réunir pour parler de leurs problèmes a fortiori de se rassembler pour réclamer leurs droits par exemple quand leurs bourses ne sont pas payées ou quand ils sont contraints de s'asseoir à même le sol pour prendre les cours. Ce serait alors une violation flagrante de la Constitution en son article 11 sus-énuméré. Les élèves de Côte d'ivoire seraient même fondés à crier à l'arnaque politique dès lors que l'Etat de Côte d'Ivoire les considère comme assez mûrs pour voter à 18 ans et moins matures pour s'organiser en toute responsabilité. Un fâcheux paradoxe qu'il ne faut pas laisser advenir par la faute d'une décision ministérielle mal peaufinée quoique prévisible. II- UNE DECISION POLITIQUE PREVISIBLE: Il faut être ou bien un ivoirien désintéressé de tout ou bien un observateur politique naïf pour se laisser surprendre par la dissolution silencieuse de la FESCI (car c'est bien de cela qu'il s'agit en réalité) enclenchée par Mme la Ministre. Un non-évènement annoncé aussi bien par l'actuelle dynamique anti-LMP (A) que par l'immobilisme coupable de la FESCI elle même (B). A/ Au regard de la dynamique anti-LMP:
Ce n'est plus un secret pour personne, le 11 avril a marqué le début du purgatoire pour la LMP et tous ses satellites. Il suffit de regarder la conduite des dossiers de l'Etat pour observer la traque systématique des partisans LMP et assimilés. On réclame la dissolution du FPI comme si l'accession au pouvoir d'un parti signifie la disparition de l'autre. Si la FESCI s'est retrouvée dans le collimateur du nouveau pouvoir , ce n'est pas seulement à cause de ses propres agissements qui la condamnent et qu'il convient de reconnaitre en toute responsabilité mais c'est aussi et surtout en représailles à son soutien déclaré et actif au camp LMP. Si la volonté de rejeter systématiquement tout ce qui pullule LMP ne téléguidait pas l'action des nouveaux dirigeants, Mme la Ministre aurait pu adosser sa décision sur une recommandation faite lors des festivités du cinquantenaire de l'indépendance organisées par la LMP elle même. Hélas! Elle ne pouvait pas voir que ce sont les jeunes de Côte d'Ivoire et avec eux la FESCI qui ont proposé que les activités syndicales soient proscrites à l'école lors du Forum du cinquantenaire pour les jeunes tenu le 23 juillet 2010 à l'ENA. Normal puisqu'en ce moment en Côte d'Ivoire tout ce qui a pour origine la LMP est déclarée mauvais d'avance. Mais comment prendre la défense de la FESCI quand elle même semble se plaire dans un mutisme totale devenu encore plus chronique depuis le 11 avril 2011? B/ Au regard de l'immobilisme "post 11 avril" de la FESCI: Après le 11 avril, tout le monde savait que l'existence de la FESCI tenait à un fil à cause de certaines pratiques inscrites au passif de son passé. Son Secrétaire Général Mian Augustin a reconnu (enfin) qu'elle ne jouait plus son rôle originel et qu'elle devait être "réorientée". Conscients de ce que cette organisation était en ballotage défavorable et qu'il était nécessaire qu'elle se repositionne dans l'opinion, les responsables de la FESCI devaient alors communiquer pour rassurer les élèves et étudiants, les parents, les autorités et l'ensemble des acteurs du système éducatif ivoirien. Mais étant donné que cette génération de Fescistes dont Mian est le leader a fait de l'insouciance et de l'inaction sa carte de visite, il n'y a rien eu. Aucune assemblée Générale, aucune réunion, aucune prise de position face aux problèmes de l'école là où les activités du FPI, persécuté comme elle, devrait la rassurer et lui permettre de faire des sorties et envoyer des signaux rassurants pour un nouveau depart. Jusqu'à une semaine après l'annonce de la décision de Mme la Ministre, aucune mouche ne vole du coté de la FESCI. C'est à croire que "y a pas l'homme pour elle" comme le dirait un DJ connu de la place. CONCLUSION: A l'analyse, la décision de suppression des activités des organisations d'élèves est la résultante de deux méprises faites l'une par action et l'autre par omission. La première méprise par action est commise par l'autorité émettrice de la décision qui viole la Constitution de Côte d'Ivoire. La deuxième méprise par omission est commise par la FESCI qui, depuis lors, accepte tout, même ce qui va la tuer illégalement. Ces deux méprises doivent se ressaisir, la première surtout. Mais je préfère m'adresser à la deuxième dont je me sens le plus proche. Je considère la décision de Mme la Ministre comme la dernière opportunité offerte à Mian Augustin pour poser au moins une action d'éclat avant la fin de ses 4 ans de mandat à la tête de la FESCI: je lui propose d'attaquer cette décision devant le Conseil Constitutionnel en introduisant une action en annulation fondée sur l'exception d'inconstitutionnalité. Le faisant, il aura eu le mérite de mettre le nouveau gardien de la Constitution le Professeur Francis Wodié à l'épreuve de "son indépendance", de "son objectivité" et de "la justice" dont il se réclame tant. ARSENE TOUHO dit SENIO WARABA-DAH-DJI Juriste Ecrivain Ex-SG FESCI DROIT (Abidjan) 2005-2007 Auteur de Côte d'Ivoire, il faut sauver le soldat FESCI arsene_touho@yahoo.fr Fait à Ziguinchor le 07 Août 2011.
La violence à l'école en Côte d'Ivoire: quelle implication des syndicats étudiants et élèves? Par Edouard Azagoh-kouadio dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) ·Modifier le document · Supprimer
Cet article est une communication sur laquelle je suis tombée sur Internet (http://www.rocare.org/Vanga.pdf.). Je l'ai patiemment lue. Elle aurait pu être complète et plus fournie en bibliographie mais n'en est pas moins dénuée d'intérêt. Elle est un écho au post de Cissé Mory concernant l'ouverture d'une enquête sur la mort de Habib Dodo. Elle permet de comprendre beaucoup de choses et d'être une base de sérieuses discussions. J'ai tenté de la mettre en forme avec plus ou moins de succès pour l'ODCI. Bonne lecture! Introduction En Côte d'Ivoire, la violence en milieu scolaire et universitaire a connu une évolution rapide depuis l’avènement du multipartisme en 1990. Si le contenu de la formation n'a pas véritablement changé, les rapports entre acteurs de l'école, par contre, se sont considérablement dégradés. Mais que renferme la notion de violence ? Kriegel (Internet) définit la violence comme étant "la force déréglée qui porte atteinte à l’intégrité physique ou psychique pour mettre en cause dans un but de domination ou de destruction l’humanité de l’individu". D’après le Petit Robert (Internet), la violence désigne tout acte par lequel quelqu’un agit sur un autre ou le force à agir contre sa volonté. Debarbieux (Internet) dira, quant à lui, que la violence est la désorganisation brutale ou continue d’un système personnel, collectif ou social se traduisant par une perte d’intégrité qui peut être physique, psychique ou matérielle (et ceci sans qu’il y ait forcément agresseur ou intention de nuire ). Pour ce dernier, elle est dépendante des valeurs, des codes sociaux et des fragilités personnelles des victimes et peut s’actualiser dans un des trois domaines suivants : les crimes et délits commis à l’école et définis par le Code pénal, les incivilités définies par les acteurs sociaux, et le sentiment d’insécurité ou de violence qui résulte des deux composantes précédentes. Avant le multipartisme, les élèves et étudiants jouaient leur rôle d'apprenants et respectaient les autorités académiques. Les enseignants étaient confortés dans leur statut de maîtres et assuraient une formation de qualité. L'administration et le politique, quant à eux, veillaient au bon fonctionnement du système éducatif et n'hésitaient pas à prendre des mesures disciplinaires selon les cas. C'était une situation relativement paisible dans un contexte où le seul Mouvement des Elèves et Etudiants de Côte d'Ivoire (MEECI) était affilié au Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (le PDCI), parti unique d'alors. A partir de 1990, date de l’avènement du multipartisme en côte d’Ivoire, il y a eu une escalade de la violence en milieu scolaire et universitaire. Quelques fois, cette violence a dépassé le cadre de l’école. Cette communication a pour objectif de faire ressortir l’implication des syndicats d’étudiants et élèves de Côte d’Ivoire dans la violence à l’école. Pour la collecte des données, les investigations ont porté sur des rapports d’organisations internationales, des articles de presse et une enquête psychosociale auprès des élèves, étudiants et enseignants qui ont subi une violence en milieu scolaire et universitaire. Il y a eu aussi des entretiens avec des autorités universitaires. La communication s'articule autour de quatre points qui sont : le sentiment d'insécurité en milieu scolaire et universitaire, les conflits de leadership en milieu scolaire et universitaire, l'implication du politique dans l'action syndicale en milieu scolaire et universitaire, les données conjoncturelles explicatives de la violence en milieu scolaire et universitaire. 1-
Sentiment d'insécurité en milieu scolaire et universitaire.
Dans l'ensemble, le niveau de violence perçu par les acteurs du système éducatif ivoirien semble s'être aggravé ces dernières années. En effet, la violence se présente sous la forme de violence verbale ou incivilité et d'agressions physiques.
1.1 Au niveau du personnel enseignant. La violence verbale ou incivilité est la forme de violence la plus exercée sur les enseignants. Elle se manifeste principalement dans un langage agressif. Lors des manifestations de colère ou de grève, l'enseignant est sommé par les étudiants d'arrêter son cours sous peine d'agression physique. Le mercredi 25 janvier 2006, à l'occasion d'un deuil national décrété par un syndicat d'élèves et d'étudiants, les enseignants du primaire, du secondaire et du supérieur sont
restés pour la plupart, à la maison. Ceux que l'on a rencontrés estiment, "qu'il n'est pas question de braver ce mot d'ordre des étudiants et de s'exposer gratuitement à des représailles de leur part." Par contre, les témoignages d’enseignants ayant subi une violence physique sont peu nombreux. Quelque soit le nombre d'actes posés, cela est ressenti par l'ensemble du corps enseignant comme une humiliation condamnable. A titre d'exemple, en 2002, un enseignant de l'Université de Bouaké a été poursuivi par des étudiants en année de Maîtrise de droit. L'enseignant a été rattrapé hors de l'Université, déshabillé jusqu'au caleçon et battu. Les étudiants en question ont reproché à l'enseignant d'avoir refusé le repêchage des moyennes d'examen de fin d'année jusqu'à un seuil jugé raisonnable. L'on assiste, ainsi, à une remise en cause du sens, à une crise affirmée des valeurs et la violence remet en cause l’identité professionnelle des enseignants : leur image de soi se dégrade. Il y a une perte de lisibilité du métier et les missions confiées à l’école sont en réalité impossibles à réaliser. Comme résultat, il y a la perte de confiance en l’autorité symbolique de l’enseignant et l'apparition de plusieurs formes de légitimité de cette fonction. Ainsi, tel enseignant privilégiera le seul enseignement de sa discipline, tel autre acceptera de "faire du social ", etc. 1.2 Au niveau du personnel administratif. Les responsables d'établissements secondaires et universitaires subissent très souvent de fortes pressions de la principale organisation syndicale d'élèves et d'étudiants. Apparaissant comme de véritables groupes de pression, les étudiants membres de cette organisation, influencent les politiques d’admission et d’attribution des chambres universitaires, etc. En dépit de cette collaboration, il arrive des fois où les responsables administratifs sont agressés physiquement par les étudiants. C'est le cas de l'Unité Régionale de l'Enseignement Supérieur (URES) de Korhogo où en 2001, les étudiants ont exigé le départ du Directeur de l'Institution. Pour mettre à exécution leur revendication, ces étudiants ont d'abord séquestré leur directeur. Ils l'ont ensuite conduit de l'URES à la Préfecture du Korhogo, distante de 5 Km, à pied et en culotte. Face à ce constat, le Préfet a transmis la revendication des étudiants au Ministère de l'Enseignement Supérieur et un nouveau directeur a été désigné en Conseil des Ministres. 1.3 Au niveau des élèves et étudiants. A l'instar des autres universités du pays, de nombreux étudiants de l'université d'Abidjan Cocody, dans la capitale économique de la Côte d'Ivoire, sont plus préoccupés par leur sécurité que par leurs études à l'université où un syndicat d'étudiants, a recours au viol et à la torture pour imposer sa loi sur le campus (Nations Unies, 2005). Par ailleurs, il y a un délit qui semble répandu, c’est le racket. D’abord sorte de distraction, de jeu réglé, il est devenu un moyen de pression sur les élèves et étudiants. Pour les victimes comme les auteurs, cela n’arrive pas à n’importe qui; il y a des signes "victimaires" tenant d’abord à la soumission. Beaucoup connaissent les coupables, mais la menace fonctionne, et on ne parle pas volontiers à l'autorité compétente. Que ferait cette autorité qui, elle-même, est constamment menacée par le principal mouvement des élèves et étudiants ? En 2003, les étudiants déplacés de guerre ont reçu un soutien financier de la part du Président de la République. Ceux qui ont perçu leur part, ont été contraints de verser un certain montant au principal syndicat d'élèves et étudiants. Selon le témoignage de quelques étudiants, les retardataires n'ont pu percevoir leur part. L'organisation syndicale en question est passée exiger cet argent auprès l'administration universitaire chargée des bourses d'étudiants. Il faut souligner aussi le cas d'un étudiant qui est allé "faire pipi" dans la broussaille à une vingtaine de mètres de la faculté de Droit de l'Université d'Abidjan Cocody. Un groupe d'étudiants se réclamant d'un syndicat, lui ont signifié l'interdiction d'uriner à l'endroit en question. En contrepartie de son acte, une amende de 2 000 FCFA lui a été exigée. N'ayant pas la somme demandée, sa carte d'étudiant, sa carte de bus et son téléphone portable lui ont été arrachés. Comme le souligne Debarbieux (Internet), le racket est à prendre au sérieux, même sous ses formes bénignes. Il induit en effet une souffrance des victimes et une dangereuse limite autour de laquelle voyagent les coupables. Ce phénomène explique parfois à lui seul l’impression de violence qui peut exister dans un établissement scolaire ou universitaire qui, par ailleurs, possède une bonne ambiance et une équipe soudée.
2- Conflits de leadership en milieu scolaire et universitaire. 2.1 A l'intérieur des syndicats. La principale organisation syndicale en milieu scolaire et universitaire ivoirien (La FESCI), après dix ans de lutte syndicale, était au bord de l'éclatement au cours de la période 2000-2001 (Kesy, 2001). On a assisté à un bicéphalisme au sein de cette organisation syndicale. Ce bicéphalisme a occasionné des bagarres violentes à l'arme blanche, entraînant de nombreux blessés, plusieurs morts et l'exil massif de plusieurs des responsables dudit syndicat en Afrique et en Europe. Quelques années plus tard, le principal mouvement estudiantin était en proie à une crise interne. Cela risquait de déboucher sur une résurgence de la violence sur les cités universitaires (Doumbes, 2006). En effet, depuis le 13 décembre 2005, le nouveau leader de la FESCI a décidé de dissoudre les sections des campus 1 et 2 de l'université d'Abidjan Cocody. Il a aussi gelé les activités de ces sections. L'une des causes de cette crise serait la lutte souterraine que se livreraient les clans Blé Goudé (Président de l'Alliance des jeunes Patriotes) et Damana Pikas (Ex Président de la Jeunesse de l’actuel parti politique au pouvoir). Après sa victoire à l'élection du 22 mai 2005, le nouveau secrétaire général de a FESCI, d’abord mené une guerre sans merci contre les anciens élèves et étudiants dissidents. Alors la purge qui aurait commencé au lendemain de l'élection, allait s'intensifier dans les différentes cités universitaires selon des témoignages d'étudiants. A la cité universitaire de Williamsville par exemple, l'étudiant Kouamé Armand dit Armando, qui se serait illustré de manière radicale au sein du principal mouvement estudiantin, est mort dans des circonstances non élucidées. 2.2 Entre syndicats Le 23 juin 2003, l'ex secrétaire général de la FESCI de la Faculté de Droit de l’université de Bouaké, Abib Dodo, a été enlevé et pendu par des étudiants. En dissidence avec la FESCI, ce leader de la jeunesse communiste et membre fondateur de l'Association Générale des Elèves et Etudiants de Côte d'Ivoire (AGEECI) a trouvé la mort dans des conditions dramatiques (Doumbes, 2006). Un an après la mort d’Abib Dodo, le 23 juin 2004, c’est le tour de mademoiselle Soro N., membre de l’AGEECI qui a été violée par des étudiants. Le secrétaire général de l'AGEECI impute ces actes de violence à la FESCI (Soir info, 2005). Selon les informations recueillies par Souhoné (2005), deux étudiants de l'AGEECI, section de l'université de Bouaké, ont été physiquement agressés le jeudi 14 juillet 2005 par d'autres étudiants. Ces deux étudiants distribuaient des prospectus de leur association à d’autres étudiants à une des gares d'autobus à Abidjan. Ils auraient été battus par une cinquantaine d’individus se réclamant de la FESCI. Le dernier cas est celui de deux étudiants membres de l’AGEECI qui ont été enlevés le 14 décembre 2005, par d'autres étudiants, puis jetés à la mer. Ils ont eu la vie sauve grâce à des maîtres nageurs. Pour lever toute équivoque, le secrétaire général de la FESCI, en tournée dans la localité de Bouaflé, a fait la déclaration suivante : « de même que je ne peux aller installer la FESCI en zone rebelle, de la même manière il n’y aura aucune section de l’AGEECI dans la zone gouvernementale» (Doumbes, 2006). 3- Implication du politique dans l'action syndicale en milieu scolaire et universitaire. 3.1 De 1990 à 2000. De 1990 à 1999, la FESCI, compte tenu de son influence dans les milieux scolaire et universitaire, va être l'objet de tentatives de récupérations politiques de la part de bon nombre de partis politiques se trouvant dans l'opposition (Kesy, 2001). A cette période, le parti politique au pouvoir (le PDCI), soupçonnant ce mouvement estudiantin d'être affilié à l'opposition, va réprimer toutes les actions syndicales. Cette perception de la filiation de la FESCI est partagée par des organisations internationales qui estiment que ce syndicat d'étudiants représentait des activistes politiques de différentes tendances, unis pour la circonstance au sein d'un mouvement d'opposition au PDCI (Nations Unies, 2005). Amnesty International (Internet), a relevé un certain nombre de faits constituant un obstacle majeur à l'action syndical en milieu universitaire. En effet, le 13 février 1992, Martial Ahipeaud, président de la FESCI, et plusieurs autres membres de cette organisation ont été arrêtés après la première manifestation (Amnesty International, 1992).
En avril 1993, une quarantaine d'étudiants ont été arrêtés à la suite d'une réunion publique de la FESCI qui avait commencé dans le calme avait dégénéré en actes de violence après l'intervention des forces de sécurité. Cette violence a conduit à la dégradation de véhicules et d’autres biens. Les étudiants arrêtés ont été remis en liberté provisoire au bout d'un mois. Bien que les auteurs des actes de violence n'aient pas été formellement identifiés, 44 étudiants ont été jugés par défaut en septembre 1993 et condamnés à des peines d'emprisonnement qui couvraient exactement le temps qu'ils avaient passé en prison. Ils ont été inculpés de coups et blessures et destruction de biens. Ce verdict a été rendu en vertu d'une nouvelle loi adoptée en 1992 prévoyant que « quiconque lance des appels en faveur d'un rassemblement qui dégénère en manifestation violente peut faire l'objet de poursuites, que la personne soit ou non directement responsable d'avoir incité à la violence ou d'y avoir recouru ». Le 11 mars 1994, à la suite de l'intervention des forces de sécurité sur le campus universitaire de Bouaké, des affrontements ont eu lieu avec les étudiants qui ont saccagé les locaux de l'administration et brisé des vitres. Plusieurs étudiants ont été arrêtés et malmenés. Selon la Ligue ivoirienne des droits de l'homme (LIDHO), certains étudiants "ont été violemment battus, torturés et humiliés par les forces de l'ordre", et certains auraient ensuite été abandonnés à quelque 5 km de Bouaké. Début mai 1994, les forces de l'ordre sont intervenues à plusieurs reprises sur le campus universitaire d'Abidjan Cocody et auraient apparemment mis le feu à la chambre d'un étudiant. Des incidents violents ont eu lieu au cours desquels un taxi a été brûlé par les étudiants. Ces troubles ont conduit à l'arrestation, les 10 et 11 mai, de plus de 200 étudiants. La quasi-totalité a été libéré peu de temps après parce que, semble-t-il, ces étudiants n'appartenaient pas à la direction de la FESCI qui était particulièrement accusée par le gouvernement d'être responsable de ces troubles. Le 15 mai 1994, alors que la direction de la FESCI tenait une réunion dans une salle de l'Université d'Abidjan Cocody, les forces de l'ordre sont brutalement intervenues pour disperser les étudiants. Au moins 30 d'entre eux ont été arrêtés. Plusieurs étudiants ont été battus au moment de leur arrestation. L'un d'eux aurait perdu connaissance et aurait été emmené à l'hôpital. Plusieurs éléments indiquent que les autorités ivoiriennes ont pris prétexte des revendications estudiantines pour démanteler la FESCI. Tant à Abidjan qu'à Bouaké, il semble bien que les arrestations d'étudiants aient visé en priorité ceux qui appartenaient à cette organisation. De plus, lors d'un discours télévisé le 10 mai 1994, le Professeur Saliou Touré, Ministre de l'Enseignement Supérieur, a accusé les militants de la FESCI d'être "le bras séculier de certains partis politiques" et d'être devenus "de véritables loups pour leurs concitoyens." Il a rappelé que la FESCI avait été officiellement dissoute en 1991 et que depuis elle était politiquement "tolérée" mais demeurait interdite d'un point de vue juridique. Créée en 1990, lors de l'instauration du multipartisme, la FESCI avait effectivement été dissoute par un décret datant du 21 juin 1991, à la suite de la mort d'un étudiant. 3.2 Depuis l'an 2000. Au début de l'année 2000, après le coup d'Etat militaire, une crise politique a opposé le FPI (actuel parti au pouvoir) et la junte militaire au pouvoir au RDR et plusieurs autres partis regroupés au sein d'un forum (Kesy, 2001). Cette crise s'est répercutée sur le mouvement scolaire et estudiantin. Avec le bicéphalisme qui est apparu, l'on a eu d'un côté, le groupe représenté par le secrétaire général d’alors de la FESCI, Blé Goudé Charles (l'actuel leader du mouvement des Jeunes Patriotes). De l'autre côté, il y a certains responsables de section de la FESCI qui se sont réunis au sein d'un collectif. Ce collectif a décidé de la suspension du Bureau Exécutif National dirigé par Blé Goudé. Cette situation a entraîné des affrontements sanglants entre clans au sein du principal mouvement estudiantin et scolaire du pays. Des batailles rangées à l'arme blanche (machettes, haches et couteaux etc...) ont eu lieu. Plusieurs mutilations à vie d'étudiants et plusieurs morts dont celles de Bakayoko Mémissa et Kouassi Hervé, ont poussé les étudiants membres ou proches du collectif à la clandestinité totale qui est devenu, plus tard, « un exil forcé » (Kesy, 2001). Un ancien leader de la FESCI de cette époque, Guillaume Soro, l'actuel chef des rebelles qui occupent la région nord de la Côte d'Ivoire, faisait partie des exilés. Par ailleurs, les troubles qui secouent la Côte d'Ivoire depuis la tentative de coup d'Etat en 2002 ont exacerbé les tensions entre étudiants et, à en croire certains, la FESCI en a profité pour attaquer impunément les opposants au régime en place (Nations Unies, 2005).
En Août 2003, lors d’une mission que nous avons effectuée dans la zone sous contrôle de la rébellion, les membres de la FESCI restés dans la zone concernée ont déclaré être au nombre de 5 000 au départ. Ils ont été rejoints, par la suite, par 2 000 élèves et étudiants du même syndicat. Ces derniers ont affirmé craindre pour leur vie en zone gouvernementale. Après le voyage du Premier Ministre de Réconciliation Nationale en zone rebelle les 3 et 4 janvier 2006, ce sont 11 000 étudiants restés dans la zone concernée qui attendent la réouverture de l'Université de Bouaké, de l’URES de Korhogo et des grandes écoles de la zone sous contrôle de la rébellion. Dans un communiqué de la Ligue Ivoirienne des Droit de l'Homme (LIDHO), « Depuis plusieurs années, la FESCI entretient en zone gouvernementale un climat d'agression aussi bien sur les campus qu'au-delà de l'espace universitaire et ces actes d'agression demeurent jusqu'à présent impunis ». Le cas le plus flagrant est celui des magistrats qui ont été molestés en 2004 dans l'exercice de leur fonction par des étudiants. Des poursuites avaient été envisagées par les magistrats, mais n'ont pas abouti à cause de l'intervention des hommes politiques. Des membres de l’AGEECI ont déclaré à Human Rights Watch (2005) qu’ils informent régulièrement la police des incidents de harcèlement et d’abus. Mais, personne n’a été poursuivie, ni punie pour ces actes condamnables. Selon le dirigeant de la FESCI, Serge Koffi Yao, les attaques s’expliquent par le fait que “l’AGEECI n’est pas une organisation étudiante et nous ne pouvons pas les laisser se réunir sur le campus. C’est une organisation rebelle créée dans la zone rebelle et cherchant à étendre ses tentacules à l’université.” 4- Données conjoncturelles explicatives de la violence en milieu scolaire et universitaire. Depuis la mise en place de la politique d’ajustement structurelle dont les effets ont commencé à se ressentir à partir de 1990, les conditions socio-économiques des élèves et étudiants se sont progressivement dégradées. Cela s’est traduit par la disparition de l’état providence (gratuité des cars de transports, hébergement accessible à la majorité des étudiants, etc.) et la réduction considérable de la bourse et du nombre de boursiers. En outre, la formation telle que dispensée dans nos pays, n’est plus adaptée aux mutations socio-économiques et aux exigences du monde du travail. Cette contrainte est accentuée par le nombre croissant d’élèves et étudiants au fil des années. Par ailleurs, la trop forte sélectivité du système éducatif ivoirien a pour conséquence, un taux d’échec scolaire qui peut paraître élevée si l’on se réfère aux statistiques nationales. Des milliers de jeunes sont ainsi exclus du système éducatif chaque année. Dans ces conditions, l’école qui était un facteur de réussite sociale est devenue un lieu d’incertitude et de production de futurs chômeurs. Si la violence à l’école peut s’expliquer par le dysfonctionnement du système éducatif, la responsabilité de la famille n’est pas à ignorer. Dans le temps, l’école parachevait l’oeuvre de socialisation de l’enfant, initiée par la famille et la société. Comme on le constatait, l’enfant n’appartenait pas seulement à sa famille biologique, mais à toute la société qui assurait son éducation à travers le respect des codes sociaux. Depuis quelques temps, l’éducation de base est ramenée à la seule famille biologique de l’enfant. Or à ce niveau, la famille aussi a marqué sa démission. Les parents ne consacrent pas un minimum de temps aux enfants pour écouter leurs préoccupations et sur l’éducation de ces derniers. Il y a des parents qui sont tout le temps partis et l’éducation des enfants est confiée à la fille de ménage qui est, dans la plupart des cas, analphabète. Face aux craintes et à l’angoisse des élèves et étudiants, il n’y a souvent pas d’interlocuteurs fiables. Dans une école ivoirienne en crise où la jeunesse désorientée cherche des repères, le politique apparaît et prend cette école en otage. La violence apparaît aujourd’hui chez cette jeunesse comme un moyen de lutte pour la survie. Par ce moyen, ils espèrent obtenir du politique la garantie d’un mieux-être économique et social. Conclusion La violence, en milieu scolaire et universitaire, a connu une évolution spectaculaire depuis l'avènement du multipartisme en Côte d'Ivoire. Au début des années 1990, les élèves et étudiants étaient le plus souvent présentés comme des victimes de la violence exercée par l'autorité politique d'alors. Depuis le coup d'Etat de 1999 et la situation de crise politico-militaire que connaît le pays depuis septembre 2002, les élèves et étudiants sont devenus les principaux acteurs de la violence à l'école. Leurs actes dépassent quelques fois le cadre de l'école. Tout cela entraîne un sentiment d'insécurité créé par les syndicats d'élèves et étudiants, tant en milieu scolaire et universitaire qu'en dehors de ce milieu. Cette situation est d'autant plus complexe qu'elle ne peut être réglée par les seuls responsables d'établissements scolaires et universitaires. L’intellectuel africain devra réfléchir à la problématique
suivante : Quel est le facteur dynamisant de l’école en Côte d’Ivoire et partant, en Afrique ? L’Afrique a-t-elle identifié les besoins d’éducation et d’instruction de sa jeunesse en relation avec les mutations socio-économiques ? Un cadre global d'échange sur la question constitue, de ce fait, une nécessité. Références bibliographiques Amnesty International (Internet) : Côte d'Ivoire, la liberté d'expression et d'association menacée. http://web.amnesty.org/library/Index/FRAAFR310031994?open&of=FRA-CIV Amnesty International (1992) : Côte d'Ivoire : L'opposition réduite au silence. Condamnation de 77 prisonniers d'opinion. Document externe. Index AI :AFR 31/08/92, ÉFAI, Londres. Authier C. (2001) : Insécurités à tous les étages. L'opinion indépendante. http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Violence Debarbieux (Internet): La violence en milieu scolaire : 'Etat des lieux'. http://www.chez.com/b105/lectures/debarbieux1.htm Doumbes M. (2005) : La FESCI dans la tourmente. Le syndicat au bord de l’implosion. Nord-Sud du Vendredi 13 Janvier 2006. http://www.nordsudmedia.com/nslire.asp?id=6041&rid=3. Human Right Watch (2005):Etudiants. http://hrw.org/french/backgrounder/2005/cote1205/3.htm Kesy B.J. (2001) : Apres les 150 plaintes déposées a Bruxelles contre le régime "les étudiants ivoiriens exiles a Bamako vont saisir la justice contre Gbagbo, Doué, Blé Goudé...". Le Patriote du Jeudi 5 juillet 2001. Kriegel B. (Internet) : La violence à la télévision. Rapport de la Mission d’évaluation, d’analyse et de propositions relative aux représentations violentes à la télévision, Ministère de la Culture et de la Communication, France. http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Violence Le Petit Robert (Internet) : Qu’est-ce que la violence ? http://agora.qc.ca/mot.nsf/Dossiers/Violence Nations Unies (2005) : Côte d'Ivoire : La violence politique touche le campus universitaire de Cocody. Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA) Réseaux d'Information Régionaux Intégrés (IRIN). http://www.africawaterjournalists.com/acsblog/entry.asp?ENTRY_ID=1149 Soir Info (2005) : Gnelbin Innocent (Secrétaire général de l’Ageeci) parle… Soir Info du vendredi 22 juillet 2005. http://news.abidjan.net/article/?n=139177 Souhoné F. (2005) : Violence en milieu universitaire. La Fesci attaque l’Ageeci : 2 blessés graves. L'inter du vendredi 15 juillet 2005. http://www.linter-ci.com/article.php3?id_article=240
Place de syndicats dans les lycées et collèges : Par Vass Diarrassouba dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer Place de syndicats dans les lycées et collèges : Depuis la décision de suppression des activités syndicales dans les lycées et collèges chacun en fait son commentaire. Aussi sommes nous dans l’obligation de donner notre point de vue sur la question. La question qu’il faut se poser c’est « es ce qu’il est nécessaire d’avoir des syndicats à l’éducation nationale ? » Le principal syndicat qui existait dans le milieu scolaire c’est la FESCI alors il nous sera important de voir qu’est de la FESCI a pu apporter de positif à l’école Ivoirienne. Revenons sur certains faits en analysons les ensemble : Pour ne pas faire long nous allons nous limiter à 1999. En 1999 une grève générale lancée dans les lycées et collèges parce que le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Francis Wodié) voulait percer le parapluie atomique et
instaurer le système d’unité de valeur. Un problème qui ne concernait pas directement les élèves les ont condamnés à faire 2 trimestres et à passer le BAC et le BEPC dans les conditions difficiles. ARTICLE DE PRESSE: Droits de l’homme, ça craint La FESCI “déplore” mais justifie le lynchage d’un commerçant malien La Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) a “déploré” le lynchage d’un commerçant malien, tout en justifiant la colère de la population qui “s’est fait justice elle-même”. Un riche commerçant malien, Bakary Draméra, avait été lynché et brûlé vif à Divo (160 Km au nord d’Abidjan) par un groupe d’élèves qui le soupçonnaient d’avoir fait assassiner deux semaines auparavant une écolière. “A Divo, toute la population savait que Draméra se rendait coupable de crimes, mais aucune autorité n’osait mettre la main sur lui à cause de sa puissance financière. Toute la population est descendue dans la rue”, a déclaré le secrétaire général de la FESCI, Charles Blé Goudé, au cours d’une conférence de presse en présence de centaines d’étudiants. “C’est une mort que nous déplorons. Personne ne l’a souhaitée, mais c’est l’impuissance de notre appareil judiciaire qui a conduit à cela”, a-t-il ajouté. La FESCI avait appelé les lycéens à manifester pour protester contre ce meurtre. La manifestation a dégénéré et les élèves des lycées et collèges de Divo ont mis à sac le domicile du commerçant, avant de le brûler vif. Les élèves ont également saccagé plusieurs véhicules, magasins et maisons appartenant à l’homme d’affaires. Le mouvement s’est étendu à la ville voisine de Lakota où les biens du commerçant ont été saccagés. Aucune interpellation n’a été signalée… En 2000 et 2001 : Les perturbations scolaires ont été les plus violentes de l’école Ivoirienne ; la guerre BLE GOUDE CONTRE DOUMBIA MAJOR. Cette guerre fratricide est la cause de beaucoup d’exilés et un grand génocide intellectuels car pour de l’argent des 2 leaders n’ont pas hésité d’en découdre violement. Ces perturbations et grèves n’avaient rien avoir avec les difficultés des élèves. Elle tournaient toujours autour de règlement de compte ou de tentative des déstabilisation des cours dans les lycée qui ne se reconnaissaient pas en les idéaux d’un tel ou un tel leader. Beaucoup d’arrestations, beaucoup d’étudiants qui ne pouvais plus aller à l’école pour des raisons de sécurité. Qui sont devenus d’après eux-mêmes DES RETRAITES DANS AVOIR TRAVAILLER. En 2003 : la chasse à l’AGGECI En 2003 des anciens fesciste qui ne se reconnaissaient plus en les méthodes de ce syndicat on créer l’AGEECI. Cela a entrainé des perturbations dans nos lycées et collège et a conduit au décès tragique d’HABIB DODO le 24 JUIN 2003 au domicile de ses parents à Yopougon suivi de son assassinat. Rien que des évènements qui n’on rien à avoir avec les problèmes académiques et les conditions de vies des élèves. De 2003 à 2008 : Les faits marquants ont été des grèves soit pour à cause du fait que les élèves voulais vite aller en congé de Noel, soit à cause d’une élection du SG de la FESCI qui a mal tourné, soit encore pour une mésentente entre l’administration et la FESCI, mésentente qui souvent ne concerne même pas les problèmes des élèves En 2009 : avènement du SYEECI Avec son SG salif DJOMON le SYEECI voulant s’imposer à l’école a connu les mêmes problèmes que l’AGEECI en 2003 mais là la résistance à été plus grande dans certains lycée d’Abidjan où il ya eu beaucoup de violences avec la FESCI. ARTICLE DE PRESSE Grève dans les écoles - La Fesci tabasse les professeurs mardi 1 décembre 2009 Hier matin, au Lycée Classique d'Abidjan (Lca) à Cocody, des enseignants grévistes venus déguerpir leurs collègues et élèves qui faisaient cours ont été molestés par les éléments de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci). Mian Augustin, le Secrétaire général de la Fesci en effectuant sa tournée dans les écoles pour vérifier le suivi de son mot d'ordre, a fait une escale au Lca aux environs de 10 h. Après un bref état des lieux fait par le Proviseur du Lycée, Kouamenan Bossom Albert, le Sg de la Fesci a eu un bref échange avec les professeurs et les élèves qu'il a félicités pour avoir suivi ses instructions. On vous soutient et on prendra les dispositions nécessaires pour votre
sécurité car nous avons appris qu'il y a des professeurs qui font déguerpir les élèves et enseignants. N'hésitez pas, si vous le pouvez, à chasser les professeurs qui voudraient vous déguerpir. On évitera ainsi les résultats catastrophiques de cette année scolaire, a-t-il affirmé. A 11h 35 mn, des professeurs grévistes ont fait irruption dans l'établissement pour tenter de faire sortir les élèves et enseignants qui faisaient cours. Mais c'était mal connaître les éléments de la Fesci présents sur les lieux. Ces derniers s'en sont pris aux visiteurs indésirables, les ont lynchés avant que les enseignants bastonnés ne prennent leurs jambes à leur cou. Les professeurs ne doivent pas faire sortir les élèves de cette manière. On ne peut pas menacer ainsi la sécurité des élèves et celle des enseignants ainsi que l'année scolaire. Nous ne saurons tolérer cela , s'est justifié Mian Augustin. Au Collège Moderne de Cocody, les salles et la cour étaient vides au passage de notre équipe de reportage. Preuve que la grève y est suivie. Selon Mme Lépké, directrice de l'établissement, les enseignants étaient présents et avaient commencé les cours lorsqu'ils ont été expulsés par des individus. Les élèves et enseignants étaient présents et avaient commencé à faire cours jusqu'aux environs de 10 h, lorsque des professeurs du lycée technique ont fait irruption ici pour demander aux élèves de sortir. Ce n'est pas normal que cela continue alors qu'une première moitié de l'argent a été versée. Il faut qu'ils soient honnêtes avec eux- mêmes et qu'ils mettent de l'eau dans leur vin, a-t-elle souhaité. Au Lycée Ste Marie de Cocody, même décor. Les salles de classes sont restées vides. Les élèves préfèrent rester, par mesure de prudence, aux abords de l'école. Une attitude qu'explique une source introduite. Des professeurs grévistes sont venus ce matin (Ndlr) menacer nos professeurs et élèves qui faisaient cours. Ils ont donné 5 secondes à nos élèves pour débarrasser le plancher. Pour la sécurité des élèves, nous avons préféré laisser ceux-ci partir, explique-t-elle. Mais, selon un professeur du Lycée Ste Marie qui a requis l'anonymat, les récriminations contre les enseignants sont infondées. Le mercredi 11 novembre, le directeur de la fonction publique a écrit au collectif des syndicats, au nom du ministre, pour dire qu'il ne pourra pas payer l'argent à la fin du mois. Les gens colportent des rumeurs sur nous, on n'a reçu aucune moitié d'argent et tant qu'on ne nous donne pas l'argent, nous continuerons la grève, explique celui-ci Napargalè Marie Source : http://news.abidjan.net/article/imprimer.asp?n=348429 Parallèlement à tous cela les syndicats sont devenus des mafias à l’école : prélèvement des taxes dévolues normalement au conseil scolaire. Installation des commerçants sur les espaces scolaires et autres choses qui ne relève pas de leurs attributs. Aussi la majorité des élèves de nos écoles sont encore mineur alors nous nous demandons en vertu de quoi ils participent à des activités syndicales puisque leurs parents sont encore responsables d’eux. Si ils ne peuvent pas agir en toute responsabilité alors ils doivent se soustraire de toutes activités syndicales. les COGES dans les écoles on suffisamment la possibilité de proposer des reformes dans les écoles pour que ce lourd travail soit laisser dans la main de mineurs. Chaque parent se doit d’écouter les problèmes de leurs enfants et de venir les soumettre à travers les GOCES ou bien les réunions des parents d’élèves. Si une situation nécessite un arrêt des cours, chaque parent n’à qu’à demander à son enfant de rester à la maison et il a tous les moyen de lui faire respecter cette décision. SYNDICALISME A L’ECOLE C’EST PLUS LA PEINE
Amnistie Internationale au secours de ces ultra-nationalistes ivoiriens Par Kumbayala Libertynow dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer Point de vue N° 0001 Amnistie Internationale au secours de ces ultra-nationalistes ivoiriens
De nos jours les éléments de langage ont tendance à dominer l’information dans le contexte d’une guerre sans merci de désinformation. Ainsi le FPI, dans sa parade nuptiale avec amnistie internationale s’offre le luxe une fois de plus d’étaler sa misère morale et ses affabulations dans certains journaux et medias dans le but de salir la noble lutte des ivoiriens. Sans aucun scrupule et sans vergogne l’ex parti au pouvoir continue de marcher sur la mémoire des milliers d’innocents assassinés froidement de leur main et parfois au supplice de feux. Alors pour des intérêts iniques et égoïstes, ils vont jusqu’à boire la coupe du mensonge à sa lie. Le Pr. Mamadou Coulibaly et le Monsieur Charles Blé Goudé (perché où il doit être), refusent d’admettre que la libération humanitaire du peuple de Côte d’Ivoire tant envisagé par eux mêmes, passe absolument par un changement de régime. En tout cas, les ivoiriens l’ont bien compris eux. Ainsi pour joindre l’acte à la parole, ils sont sortis massivement le 28 novembre 2010 pour exprimer ce changement. Nos refondateurs (FPI) l’ont pris à leur dépends de s’engager dans le jeu démocratique pour dénier ses règles en cours de route et ensuite vouloir les changer de manière unilatérale. Aujourd’hui plus d’un est surpris et à la fois choqué de la réaction du FPI par le biais de son compère d’Amnistie Internationale. A deux ils s’amusent à colporter des contre vérités aussi absurdes qu’imaginables. Après tous ces actes immondes et inhumains infligés aux ivoiriens sous ce régime avec son corollaire de conséquences sociales à moyen et long terme, ces bourreaux veulent se muer en victimes d’Alassane Ouattara aux yeux du monde. Toujours avec la bénédiction d’Amnistie internationale croient-ils encore que le mensonge, les subterfuges et la manipulation d’antan peuvent occulter les réalités et par conséquent les mettre à l’abri du processus irréversible de la justice ivoirienne et la CPI. Amnistie Internationale a choisi son camp. On est tenté de lui concéder ce choix volontaire. Seulement l’honnêteté intellectuelle voudrait qu’on circonscrive les évènements pour mieux appréhender les responsabilités. Sinon, maintes fois, le gouvernement de Soro Guillaume a lancé un appel pressant à la communauté internationale et plus particulièrement aux différentes ONG de protection des droits de l’Homme. Le gouvernement ivoirien les invitait à se pencher sur le cas des miliciens de Gbagbo qui sévissaient à yopougon. Le Premier Ministre l’a fait dans un souci de transparence mais aussi pour prévenir l’exploitation qu’elles en feront à tronquer la vérité. L’on a en souvenir du cas appelé « les massacres de Douekoue » à l’Ouest de la ôte d’Ivoire. Pendant ce temps, retranchés à Yopougon (un des Quartiers populaires d’Abidjan et fief politique de Laurent Gbagbo), les mercenaires libériens longtemps nourris et blanchis par Blé Goudé Charles et son clan avec l’argent des contribuables, s’adonnaient à des actes de tuerie et de barbarie. La population était prise en otage et elle subissait toute sorte d’atrocité et de violations graves, perpétrées par ces mercenaires libériens et ces soit disant « patriotes ». Le Président Ouattara à son corps défendant, fera trois sorties de suite pour inviter ces miliciens à déposer les armes aux fins d’amorcer la réconciliation qu’il a tant prônée. Pour le Président Ouattara il fallait préserver la moindre vie, fût mercenaire. Ces derniers ont préférés camper sur leur position et plus loin ils vont réclamer pratiquement la moitié du budget de cette Côte d’Ivoire déjà agonisante. La suite on la connait, dent pour dent, œil pour œil. Alors pour Amnistie Internationale, Il fallait sans doute décorer ces messieurs sur la tombe des innocents tués de leurs propres mains. Voudraient ils que les forces loyales combattent ces mercenaires avec des fleurs comme dans la révolte des œillets ? Il est juste et bon de rappeler à cette noble institution que les crimes contre l’humanité en côte d’Ivoire et autres agissements d’un autre âge ne datent pas seulement de la crise post électorale. Nous avons encore en mémoire, le charnier de yopougon et la famille du général Guei entièrement décimée à domicile par les éléments de Gbagbo. Pour ne citer que ceux là. Alors comme Amnistie Internationale joue à se faire peur, elle préfère les cas de figures ambigües, elle choisit de chercher plutôt le sexe des anges. Il faut aussi rappeler à cette noble institution et à tous ceux qui ont de la sympathie pour Laurent Gbagbo qu’une vérité n’est réelle seulement si celle-ci découle de la lumière de la raison. Mais si elle vient à suivre les sentiments, cette vérité devient une capitulation de la vraie vérité. Si l’antithèse est une donne de l’avancée intellectuelle, force est de reconnaître qu’être anti conformiste pour l’être constitue un frein à cette quête. C’est bien pour parler de Gbagbo que le président Obama l’a qualifié de « défaillance morale » en d’autre terme c’est un pestiféré. Mais à entendre Amnistie Internationale et les « refondateurs » on a l’impression d’être dans une autre Côte d’Ivoire. Peut être que nos chers professeurs –enseignants et cette institution voudraient à présent refonder l’histoire de la Côte d’Ivoire après l’avoir pervertir ces dix dernières années. Mamadou Coulibaly et affidés devront à présent se réveiller de leur vision utopique et lugubre pour se rendre compte qu’ils ont déjà franchi le mur. Quels idiots ?
Avant Laurent Gbagbo, la Côte d’Ivoire a eu des présidents et après on en aura davantage. Et chacun d'eux écrit l'histoire de ce pays et en retour cette même histoire retient d'eux ce qu'ils ont mesuré réellement. Pourquoi en faire un pêché de lèse-majesté, si on demande à Laurent Gbagbo de rendre compte au peuple sur sa gestion des dix dernières années? Le culte de la personnalité ? Fusse le père du multipartisme, il répondra néanmoins seul de ses actes. C'est juste une question d’éthique des dispositions pratiques et légales de ce qui est prévue dans la constitution ivoirienne. A quoi sert de se doter de lois si on se refuse un minimum d’application. Voudraient ils qu’on la taille à la tête du client ? Alassane Ouattara et Soro guillaume y passeront peut être. Mais cela s’inscrit dans le temps et revient exclusivement au peuple de Côte d’Ivoire et sa justice de formuler la demande. Ne mettons pas la charrue avant les bœufs. De grâce qu’on arrête de verser dans ce honteux chantage de vouloir conditionné le jugement de Gbagbo par celui des autres. Le cas de Monsieur Laurent Gbagbo, a été longuement débattu partout dans le monde dans en début de cette crise post électorale. Toutes les instances internationales, ont eu la réaction commune et celle-ci convergeait à demander à Laurent Gbagbo de renoncer pacifiquement au braquage électoral perpétré par son clan. D’aucuns l’ont fait dans le respect de ce que Gbagbo a incarné pour la Côte d’Ivoire en particulier et pour l’Afrique en général. Notamment dans sa conquête inlassable du multipartisme. On lui demandait cette élégance intellectuelle de reconnaître sa défaite. Il était prévenu et il était bien conscient de l’issue du chemin emprunté (il est historien). Laurent Gbagbo a préféré ses mille morts à gauche et dix milles autres à droite pour se maintenir au pouvoir. Comme l’adage le dit : Celui qui sème le vent récolte la tempête, aujourd’hui Laurent Gbagbo n’a que ses yeux pour pleurer et non pas avec ceux des autres. Le bon sens aurait souhaité également qu’Amnistie internationale commence à se poser des questions sur le parallélisme entre la présence de l’ONU en Côte et tous ces milliers de morts dénombrés. Ils gagneraient en crédibilité à travailler dans ce sens et prévenir d’autres cas dans l’avenir. Si Choi a pu tirer son épingle du jeu, il en demeure moins pour le général Abdul Hafiz (force armée de l’ONUCI) qui se flatte d’un bilan positif. Ce dernier s’est éclipsé de la Côte d’Ivoire en rasant le mur tellement sa responsabilité dans les massacres, est à la hauteur de celle de Laurent Gbagbo. Amnistie Internationale voit autre chose depuis la Belgique. Elle étiquette plutôt le commandant Ousmane Shérif comme le bourreau des ivoiriens. Dans tous les cas, le Président Alassane Ouattara a montré sa bonne foi en diligentant une enquête généralisée sur les exactions dans cette crise post électorale. Et l’opinion nationale et internationale attendent les éléments de vérité que voudrait apporter la cour pénale internationale pour la Côte d’Ivoire. D’ici là, tout le reste n’est qu’une vue de l’esprit sinon diversion de la part du FPI et d’Amnistie Internationale pour nous éloigner de l’essentiel. Kumbayala Libertynow.
Rapport de l'ONU... Par Thierry Coffie et Joachim Yebouet dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE(Fichiers) · Modifier le document · Supprimer 65. La tension est montée d’un cran le 3 janvier 2011, lorsqu’une commerçante d’origine malinké a été tuée par balles par des miliciens lors du braquage du véhicule qui la transportait de Man à Duekoué. Plusieurs autres passagers ont été blessés lors de cet incident. Les jeunes miliciens guérés ont de surcroît voulu empêcher l’inhumation du corps, en bloquant l’accès du cimetière à la famille de la défunte, malgré l’intervention des éléments des FDS locaux. En réaction, les allogènes soutenus par les dozos ont manifesté dans la ville en érigeant des barricades et en brûlant des pneus en divers endroits sur la route. Les autochtones guérés, soutenus par des miliciens et renforcés par des mercenaires libériens bien armés, ont décidé à leur tour d’en découdre avec les allogènes au motif que les étrangers voudraient s’imposer dans leur milieu. Ils ont alors tiré sur les populations faisant plusieurs morts et des blessés. Une chasse aux Malinkés s’en est suivie. Plusieurs boutiques et des maisons appartenant aux Malinkés ont été pillées et incendiées par les jeunes Guérés. Les affrontements durent jusqu’au 5 janvier. Au moins 37 personnes ont été tuées, 91 autres ont été blessées, 230 habitations incendiées, 73 habitations saccagées et pillées, 47 magasins et commerces incendiés, 56 magasins et commerces saccagés et pillés, 3 hôtels incendiés, 10 restaurants et maquis bar incendiés, une station d’essence saccagée, une pharmacie saccagée et 6 véhicules brûlés. Le même jour, des jeunes Malinkés ont manifesté devant le siège de l’état-major des FN à Man pour protester, selon eux, contre les discriminations et les persécutions dont sont victimes les membres de leur communauté dans la région du Moyen Cavally, et dénoncer le regard complice des autorités locales. Les jeunes Malinkés ont alors brûlé des pneus et érigé des barricades sur la voie publique en lançant des slogans hostiles au régime de Laurent Gbagbo. . voila encore, çà va te faire mal, mais voici la triste réalité et comment l'impunité celebrée dans ce pays là a pu nous conduire à des situations horribles: 98. Le 29 mars, profitant d’une victoire momentanée sur les FRCI à Bloléquin, des
mercenaires libériens ont escaladé la clôture de la préfecture abritant des PDI qui avaient été regroupées dans ces locaux par les FRCI pour leur protection. Après avoir séparé les guérés des autres communautés qui comprenaient des Malinké, Baoulé, Yacouba, Burkinabè, Béninois, Guinéens, Maliens et Togolais, le leader du groupe, Bob Marley, leur a lancé « Vous pensez que les FRCI pourraient vous sauver ? ». Il a compté jusqu’à trois avant de tirer sur le groupe. Au moins 57 personnes ont été abattues dont sept personnes qui s’étaient réfugiées sous une table. Parmi ces victimes figuraient au moins neuf femmes et cinq enfants, dont des bébés. L’une des femmes abattues portaient son bébé au dos (Annexe XXV). L’imam de la ville de Blolequin, Siaka Sako, âgé d’environ 70 ans et son fils Moustapha Sako âgé d’environ 18 ans, se trouvaient parmi les victimes. L’Equipe d’investigation a pu rencontrer un rescapé de l’incident très traumatisé qui affirme revoir quotidiennement les scènes du massacre et qui souffre depuis lors de troubles du sommeil..
Rapport sur les violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises à l'Ouest de la Côte d'Ivoire Par Guy Boa dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document ·Supprimer Résumé exécutifRecommandationsI. IntroductionII. Objectifs de la missionIII. Composition de l'Equipe d'investigationIV. Méthodologie de travail4.1. Zone d'intervention4.2 Collecte des informations par audition des victimes, témoins ou toute autre source d'information crédible4.3. Enquête sur les sites et lieux4.4. Difficultés rencontréesV. Contexte politique et sécuritaireA/ Le contexte politiqueB/ La spécificité de l'ouest de la Côte d'Ivoire1. Une insécurité persistante2. Tensions liées à l'accès et à l'exploitation de la terre3. Violences intercommunautaires et menace à la cohésion sociale4. Le règne de l'impunitéVI. La chronologie des événementsVII. La dynamique des acteurs en présence1. Les Forces de Défense et de Sécurité (FDS-CI)2. Les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN)3. Les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI)4. Les milices du Moyen Cavally4.1. Les principaux groupes et leurs dirigeants4.2. Recrutement, armement et encadrement4.3. Structure et zones d'opération5. Les mercenaires libériens6. Les dozos7. Les Jeunes Patriotes8. Les groupes d'autodéfense9. Participation des civilsVIII. L'attaque et la prise de la ville de DuekouéA/ L'exacerbation des violences intercommunautairesB/ La prise de Duekoué par les FRCIIX. La situation des droits de l'homme dans les régions du Moyen Cavally et des Dix-huit MontagnesA/ Dans la région du Moyen CavallyB/ Dans la région des Dix-huit MontagnesC/ Typologie des violations et leurs auteurs1. Les atteintes au droit à la vie1.1. Dans la ville de Duekoué1.2. Dans les villages environnants de Duekoué1.3. Dans la zone de Guiglo, Blolequin et Bakoubly1.4. Dans la zone de Danané et Man1.5. Dans la zone de Toulepleu, Doké et Pehé2. Les atteintes à la vie de leaders religieux3. Les atteintes à l'intégrité physique4. Les atteintes au droit à la liberté et à la sécurité de sa personne4.1 Cas de disparitions forcées4.2 Cas d'arrestations et de détention5. Les atteintes au droit à la propriété6. Les atteintes au droit à la liberté de circulation7. Les atteintes au droit à la liberté d'opinion et de religion8. Les droits sociaux, économiques et culturels8.1 Droit à la santé8.2 Droit à l'éducationX. Les violences faites aux femmes et aux enfantsXI. La situation humanitaireXII. L'attitude des autorités politiques, administratives, religieuses et coutumières dans la gestion de la criseXIII. Actions de l'ONUCI et du Bataillon marocainXIV. ConclusionsChronologie des évènementsListe des abréviationsListe des annexesRésumé exécutif1. Ce rapport présente les conclusions des enquêtes réalisées par l'ONUCI sur les violences et les graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire perpétrés à l'Ouest de la Côte d'Ivoire, principalement dans les régions du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes, suite à la confrontation armée née de la crise post-électorale du 28 novembre 2010. En effet le refus du président sortant, Laurent Gbagbo, de reconnaître les résultats des élections présidentielles certifiés par les Nations unies et endossés par le Conseil de sécurité, l'Union africaine ainsi que la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), a plongé le pays dans une situation de crise violente sans précédent. De nombreuses personnes, dont des femmes et des enfants ont été tuées ou sommairement exécutées, et d'autres ont été portées disparues. D'autres encore ont été torturées, arrêtées ou détenues arbitrairement. Des actes de pillage et de destruction méchante de biens publics et privés ont été observés. Ces violations ont été l'ouvre des Forces de Défense et de Sécurité (FDS), des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI), des mercenaires libériens, des miliciens guérés, des jeunes patriotes, des groupes d'autodéfense et des dozos ou chasseurs traditionnels, affiliés aux communautés allochtone et allogène. Des civils ont aussi commis des actes de pillage et de représailles.2. Les graves violations de droits de l'homme et du droit international humanitaire doivent-être analysées à la lumière des différends politiques sur fond de conflits fonciers qui déchirent cette région depuis des années. Ces conflits ont déclenché une nouvelle spirale de violence peu après la tenue des élections présidentielles, et surtout, lors de la contre-offensive des FAFN/ FRCI visant à conquérir les principales villes sous contrôle gouvernemental. Les différentes initiatives de médiation conduites par les autorités locales visant à atténuer la tension entre les autochtones guérés d'une part, les allogènes (Baoulés, Malinkés) et les allochtones (Burkinabés, Maliens et Guinéens), d'autre part, considérés comme des « étrangers » ayant usurpé les terres des autochtones, n'ont pas abouti. Elles ont donné lieu au contraire à un fort sentiment de haine et de suspicion intercommunautaire, favorisé par l'impunité. Cette spirale de violence a atteint son paroxysme avec la prise de la ville de Duekoué le 28 mars et s'est traduite par un lourd bilan en pertes humaines. L'ampleur de ces violations peut être
analysée comme suit :§ Dans l'ensemble, au moins 1.012 morts, dont 103 femmes et 42 enfants, ont été recensés dans les deux régions du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes, à la suite d'incidents liés aux violences intercommunautaires, aux affrontements entre FDS/miliciens et mercenaires et FRCI/Dozo ou aux effets collatéraux de la guerre; Environ 944 personnes ont été tuées dans la région du Moyen Cavally et 68 autres dans la région des Dix-huit Montagnes. Sur ces 1.012 personnes, l'on décompte au moins 505 morts à Duekoué.- Parmi les victimes, l'on décompte au moins 341 guérés ; 159 Burkinabés ; 100 Malinkés ; 68 Maliens ; 30 Baoulés ; 32 Yacouba, 6 Guinéens, 5 Béninois, 3 Libériens, 1 Sénégalais, 1 Nigérien et 1 Ghanéen. L'origine ethnique ou la nationalité des 265 autres victimes restant n'a pas pu être établie avec précision.- Enfin, au moins 74 personnes, généralement des femmes, des enfants et des personnes âgées sont décédées des effets collatéraux de la guerre causés par la maladie, la faim et la malnutrition ou encore par noyade pour certaines victimes qui tentaient de traverser le fleuve Nyo pour se réfugier au Libéria.§ Au moins 80 personnes ont été portées disparues.§ Par ailleurs, au moins 586 personnes ont été blessées par balle et autres armes blanches (couteaux et machettes). Ces blessés de guerre ont été soignés gratuitement à Bangolo, Danané et Man avec l'aide des organismes internationaux tels que Médecins Sans Frontières (MSF) Belgique, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP).§ Au moins 47 cas de viols, dont des femmes enceintes et deux mineures, ont été perpétrés par des FDS, des FRCI, des miliciens, des mercenaires ou des civils.§ Au moins 36 cas de mutilations génitales féminines ont été documentés. Cette pratique traditionnelle néfaste a pris de l'ampleur pendant la période de crise en raison de l'absence et/ou des dysfonctionnements observés dans les services administratifs et judiciaires.§ De nombreuses personnes ont été victimes d'arrestation et de disparitions forcées perpétrées par des FDS, milices et mercenaires au niveau des barrages routiers ; Plusieurs personnes ont été traquées pour leurs convictions politiques et religieuses.§ De nombreux cas de pillage et destructions méchantes de biens ont été enregistrés. A Guiglo par exemple, des commerces appartenant à environ 169 personnes dont plus de 150 allogènes, ont été pillés et saccagés. D'autres destructions méchantes et pillages ont atteint des centres de santé, des hôpitaux et des greniers de réserves de nourritures dans plusieurs villages.§ La présence d'obus non explosés, notamment à Toulepleu peuvent enfin constituer un danger pour la population locale.RecommandationsAu Gouvernement· Restaurer l'autorité de l'Etat à l'ouest du pays en redéployant rapidement sur le terrain tous les services administratifs et judiciaires afin de répondre aux besoins urgents des populations locales.· Rendre publiques dans les meilleurs délais les conclusions des enquêtes menées dans les régions du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes aux fins de se déterminer sur les responsabilités respectives des différents belligérants.· Lutter contre l'impunité en établissant clairement la responsabilité individuelle des différents dirigeants et commandants des forces ou groupes armés belligérants et en mettant en ouvre des mécanismes nationaux et internationaux de sanctions et de réparation des violations des droits de l'homme et autres exactions commises.· S'assurer que les auteurs de violences sexuelles soient identifiés, poursuivis et sanctionnés, conformément à la loi.· Sécuriser l'ouest du pays en procédant rapidement à un véritable désarmement et démantèlement, des miliciens (DDM) et à leur réintégration, et procéder à la collecte d'armes afin de ramener la confiance au sein de la population afin de favoriser le retour progressif des Personnes déplacées internes (PDI) dans leurs milieux d'origine.· Etablir une collaboration étroite avec les autorités libériennes afin de mettre un terme aux activités illicites de mercenaires émanant de ce pays qui constituent une menace pour la paix et la stabilité au niveau de la région du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes.· Renforcer les activités de cohésion sociale et de « vivre ensemble » entre les communautés à travers des séances de sensibilisation impliquant les autorités locales, les leaders traditionnels et religieux ainsi que les membres de la société civile.· Collecter et procéder à la destruction des obus et autres engins non explosés, notamment au Poste de Commandement Mont Saon de Toulepleu, qui peuvent présenter un danger pour les populations locales.A la communauté internationale· Accompagner la Côte d'Ivoire dans ses efforts de reconstruction de la paix, de la cohésion sociale et des principes fondamentaux des droits de l'homme, surtout à l'ouest du pays.· Apporter une aide d'urgence rapide aux populations les plus démunies.A la société civile· Travailler en faveur de la cohésion sociale et de la réconciliation nationale au niveau de la région du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes pour un développement durable en Côte d'Ivoire.· Assister les victimes de violations des droits de l'homme et les victimes de violences sexuelles en particulier, au plan médical, psychosocial et juridique afin qu'elles puissent jouir effectivement de leurs droits à la justice et à la réparation.I. Introduction1. La Côte d'Ivoire est confrontée depuis 1999 par un conflit armé ponctué de nombreux cycles de violence et de graves violations des droits de l'homme et du droit international humanitaire. Cette situation a été exacerbée par les violences postélectorales qui ont mis en péril la paix et la sécurité dans le pays et dans la sous-région, avec des conséquences particulièrement dramatiques à l'ouest du pays, ceci en raison de plusieurs facteurs. Parmi ceux-ci, on note la résurgence des conflits intercommunautaires sur fond de différends fonciers ; la multiplication des exactions contre les populations civiles en toute impunité, la concentration des milices et autres groupes armés et les affrontements sanglants entre les FDS, les miliciens et mercenaires libériens d'une part, et les FAFN, dozos et autres groupes armés et FRCI, d'autre part. 2. Afin d'établir les responsabilités sur la situation particulière à Duekoué, l'ONUCI a envoyé sur le terrain une équipe d'investigation de vingt-trois enquêteurs, chargée de faire la lumière sur les violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire ayant été perpétrées suite à la crise née de la contestation des résultats du second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010 et de la confrontation armée ayant opposé les FRCI et les FDS.
Compte tenu de la situation observée sur le terrain mettant en exergue des liens de causalité avec d'autres incidents signalés dans la région, l'Equipe a alors étendu ses enquêtes dans les autres villes des régions du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes afin d'avoir une vue globale de la situation générale des droits de l'homme à l'ouest du pays pendant la période postélectorale.3. Ce rapport décrit la situation des droits de l'homme à l'ouest du pays telle qu'elle a été observée par l'ONUCI pendant la période du 1er décembre 2010 au 24 avril 2011. Il est établi conformément aux dispositions de la résolution 1528 (2004) créant l'ONUCI qui donne mandat à la mission de « contribuer à la promotion et à la défense des droits de l'homme en Côte d'Ivoire en prêtant une attention particulière aux actes de violence commis contre les femmes et les filles, et aider à enquêter sur les violations des droits de l'homme pour mettre fin à l'impunité » et de « tenir le Comité du Conseil de sécurité établi par la résolution 1572 (2004) régulièrement informé de l'évolution de la situation à cet égard ». Ce Comité veille à la mise ouvre de l'embargo sur les armes et applique des sanctions à toute personne qui entraverait l'application des accords de paix, qui serait reconnue responsable de violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire ou qui inciterait publiquement à la haine et à la violence.II. Objectifs de la missiona. enquêter sur les allégations de violations graves des droits de l'homme et du droit international humanitaire commises dans les régions du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes dans le cadre des violences postélectorales et des confrontations armées entre les FDS et les FRCI.b. établir les faits et les circonstances de la perpétration de ces violations.c. Identifier, dans la mesure du possible, les auteurs de ces violations afin de mettre fin à l'impunité et contribuer ainsi à la restauration de la justice et de l'Etat de droit en Côte d'Ivoire.III. Composition de l'Equipe d'investigation4. L'Equipe d'investigation est composée de vingt-trois membres représentant au total sept pays différents ; soit quatre fonctionnaires chargés des droits de l'homme et dix-neuf UNPOL travaillant au sein de la Cellule d'enquête sur les droits de l'homme, créée au niveau de ladite structure. Une équipe avancée composée de deux fonctionnaires des droits de l'homme avait été déployée à Duekoué dès le 1er avril. Cette équipe a été renforcée le 13 avril par deux autres fonctionnaires chargés des droits de l'homme et dix-neuf officiers de la police onusienne (UNPOL).5. L'Equipe d'investigation a bénéficié de l'appui des services de l'administration, du Coordonnateur régional (ROC) et du contingent bangladais du Secteur Ouest de l'ONUCI basé à Daloa. Elle a reçu une assistance non négligeable du poste UNPOL et des services de sécurité, de la Section Protection de l'Enfant, de Duekoué et de Man, ainsi que des contingents militaires marocains, bangladais et béninois basés respectivement à Duekoué, Danané et Guiglo.IV. Méthodologie de travail6. L'Equipe d'investigation a conduit ses travaux du 1er au 24 avril 2011. Après une phase préparatoire et avant le début effectif des travaux sur le terrain, les membres de l'Equipe d'investigation ont reçu un briefing, sur la situation sécuritaire à l'ouest ainsi que sur les techniques d'enquêtes et d'investigations en droits de l'homme. Ensuite, les enquêteurs ont été répartis en six groupes sur la base des informations préliminaires qui avaient été recueillies par l'équipe avancée. Ces informations avaient permis de faire le mapping des zones d'investigation et de délimiter les villes principales, villages, quartiers et campements qui devaient faire l'objet d'une enquête approfondie. Un chef d'équipe a été désigné au niveau de chaque groupe. Chaque équipe devait mener des enquêtes et investigations approfondies dans sa zone d'intervention et fournir un rapport détaillé à la fin de sa mission. Le 24 avril, au terme de la mission sur le terrain, chaque équipe a procédé à un debriefing permettant ainsi à tous les membres de l'Equipe d'investigation d'être au même niveau d'information. La finalisation du rapport a été réalisée le 10 mai 2011.4.1. Zone d'intervention7. L'Equipe d'investigation a travaillé uniquement dans la région du Moyen Cavally (Duekoué) et des Dixhuit Montagnes (Man).8. Un premier groupe a travaillé sur l'axe Danané - Toulepleu, couvrant ainsi les localités suivantes : Danané ville, Bounta, Tiévopleu 1 & 2, Téapleu, Zéale, Zouan Hounien, Bin-Houyé, Goulaleu, Toulepleu, Sahibly, Denan et Péhé.9. Un deuxième groupe a travaillé sur l'axe Man - Mahapleu, notamment Man ville, Logoualé, Sangouiné et Mahapleu. Cette équipe devait également s'entretenir avec les autorités politiques et administratives basées à Man.10. Un troisième et quatrième groupe ont couvert l'axe Duekoué - Blody, notamment Duekoué ville y compris la Mission catholique, les différents quartiers de la ville (Carrefour, Toguehi, Kokoma, Belleville, quartier Dozos, Résidentiel, Wahon, Dioulabougou, Central, Antenne, Guéré, Latif, Bellémoin, Représentant, etc.) ainsi que les villages environnants tels que Dahoua, Bahé-Blaon, Pinhou, Guitrozon, Doumbiadougou, Taozoa, Guezon, Guinglo-Zua, PetitDuekoué, Niambly et Blody.11. Un cinquième groupe a travaillé sur l'axe Bangolo - Seoun - Guiglo, notamment : Bangolo ville et les villages suivants : Diourouzon, Guehiebly, Diahouin, Béoué-Zagna, Bagohouo, Yrozon, GuezonTaouaké, Diehiba, Dolobly, Baoubly, Bahe-Sebon, Guinglo - Sopam, Seoun-Guiglo, Fengolo et Bagohouo.12. Enfin, un sixième groupe a travaillé sur l'axe Guiglo - Blolequin - Tai, à savoir : Guiglo, Glaou, Lokosso, Goya 1&2, Yaoudé, BediGoazon, Zouan, Zéaglo, Bloléquin-ville, Diboké, Tinhou, Dieya, Doké, Méo, Zro, Zagné, Kéibli, Daobly, Goya 1 & 2 et Tai.4.2 Collecte des informations par audition des victimes, témoins ou toute autre source d'information crédible[1]13. L'équipe d'investigation s'est entretenue avec les autorités politiques, administratives, civiles et militaires de sa zone d'intervention. Elle a eu des entretiens avec les survivants et témoins des incidents ou membres de leurs familles, les représentants des différentes communautés, les représentants d'organisations non gouvernementales et autres composantes de la société civile, des leaders communautaires et religieux, des représentants de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et avec au moins 35 miliciens. Elle s'est également entretenue avec des responsables des FRCI, des dozos et des membres de groupes d'autodéfense avant de procéder à l'audition de façon individuelle ou collective de plusieurs centaines de personnes déplacées internes qu'elle a pu visiter.4.3. Enquête
sur les sites et lieux14. L'Equipe d'investigation s'est rendue dans 85 endroits dont des villes, villages, quartiers et campements de Bangolo, Bin-Houyé, Bloléquin, Danané, Duekoué, Guiglo, Man, Zouan-Hounien, Taï et Toulepleu. A Duekoué, elle a constaté l'inhumation des dépouilles mortelles retrouvées au quartier Carrefour et au centre-ville de Duekoué. Elle a visité des lieux présumés d'exécutions sommaires, plusieurs morgues, hôpitaux et cimetières dans les différentes localités de sa zone de d'intervention. Elle a aussi visité des camps de miliciens à Duekoué, Guiglo et Toulepleu, ainsi que les domiciles incendiés de certains de leurs dirigeants. L'Equipe s'est rendue dans 13 camps de PDI et a pu recueillir des témoignages qui lui ont permis de recouper certaines informations et de se rendre compte des conditions de vie précaires dans ces lieux.4.4. Difficultés rencontrées15. L'Equipe d'investigation n'a pas rencontré de difficultés majeures dans la conduite de ses enquêtes. Elle a cependant noté la crainte de certains témoins, notamment à Man, de discuter librement de leurs opinions, par crainte de représailles. En outre, l'Equipe n'a pas pu s'entretenir avec des témoins dans certaines localités telles que Méo, Ponan (Toulepleu) et Doké (Bloléquin) qui ont été désertées par les populations locales. Par ailleurs, l'Equipe n'a pas pu visiter certains campements isolés pour des raisons sécuritaires. En outre, plusieurs témoins avaient des difficultés à fournir la date précise des incidents vécus. Le 2 avril, l'Equipe s'est vu refuser l'accès à la gendarmerie de Duekoué. De ce fait, elle n'a pas été en mesure de se déterminer sur les conditions de détention des personnes arrêtées.V. Contexte politique et sécuritaireA/ Le contexte politique16. Après une longue période de stabilité politique, la Côte d'Ivoire est entrée progressivement dans une tourmente politique suite à la mort du Président Félix Houphouët Boigny en décembre 1993. La lutte de pouvoir pour sa succession a débouché sur une grave instabilité politique dans le pays. Le non-respect de certains principes fondamentaux des droits de l'homme liés à la question de la nationalité, à l'identité et à la citoyenneté, a entraîné la Côte d'Ivoire dans une crise sans précédent dont l'impact sur la jouissance effective des droits et des libertés fondamentaux a été dramatique. Après une brève tentative de réconciliation nationale, la Côte d'Ivoire a plongé de nouveau dans la crise, à la suite d'une tentative de coup d'état le 19 septembre 2002 qui s'est mue en une rébellion armée, le Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), appelé par la suite Forces armées des Forces nouvelles (FAFN), puis Forces nouvelles (FN).17. Face à cette situation, la communauté internationale en général, et les gouvernements de la CEDEAO en particulier, se sont mobilisés pour trouver une solution à la crise. Plusieurs médiations africaines et françaises ont été initiées à Accra (Ghana), Lomé (Togo), Marcoussis (France), Prétoria (Afrique du Sud) et Ouagadougou (Burkina Faso), avec l'appui de la communauté internationale, en vue de trouver une sortie de crise en Côte d'Ivoire et arriver à des élections libres, honnêtes et transparentes pour consolider la paix et préserver les acquis démocratiques du pays. Les efforts conjugués de la CEDEAO, de l'Union africaine (UA) et de la communauté internationale ont pu contenir les débordements et éviter au pays de basculer dans la guerre civile jusqu'aux élections présidentielles du 28 novembre 2010.18. L'élection présidentielle en Côte d'Ivoire, notamment le second tour du 28 novembre 2010, a été émaillé par de nombreuses violences politiques. En outre, les messages de haine et de violence contre les allogènes, allochtones et autres sympathisants du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) distillés à longueur de journées par les militants de la Majorité présidentielle (LMP) sur la Radio Télévision Ivoirienne (RTI) et les radios communautaires telles La Voix de Guiglo et La Voix du Rocher de Duekoué, n'ont fait qu'exacerber les tensions déjà vives au sein des populations. Le refus du président sortant Laurent Gbagbo de reconnaître la victoire de son rival, le président Alassane Dramane Ouattara après la certification du Représentant spécial du Secrétaire général des Nations unies en Côte d'Ivoire (RSSG), a plongé de nouveau le pays dans un cycle de violences assorties de violations massives des droits de l'homme. Des exécutions sommaires, mauvais traitements, disparitions forcées, ainsi que des cas d'arrestations et de détentions politiquement motivées, ont été répertoriés sur l'ensemble du territoire national entre décembre 2010 et avril 2011. Des milliers de personnes se sont réfugiées dans des pays voisins ou ont été déplacées dans d'autres localités. La situation a été particulièrement grave à l'ouest du pays où l'insécurité ambiante causée par de nombreuses exactions commises par les milices contre les populations civiles et des conflits intercommunautaires récurrents sur fond de conflits fonciers ont sérieusement entamé la cohésion sociale. De graves atteintes au droit à la vie, à l'intégrité physique des populations civiles et des pillages et destructions méchantes de biens publics et privés, ont été constatés dans cette partie du pays. Des déplacements massifs de populations au sein des deux régions et vers le Libéria et la Guinée voisins s'en sont suivis, entraînant une détérioration drastique de la situation humanitaire à l'ouest du pays.B/ La spécificité de l'Ouest de la Côte d'Ivoire19. L'Ouest de la Côte d'Ivoire est représenté principalement par deux grandes régions, la région du Moyen Cavally et celle des Dix-huit Montagnes. Jusqu'à l'offensive des FAFN/FRCI en mars 2011, ces deux régions étaient contrôlées respectivement par les FDS-CI et par les FAFN, depuis 2003, à l'exception de Zouan-Hounien et Bin-Houyé qui étaient sous contrôle gouvernemental (Carte en annexe II). De même, une partie du territoire correspondant à l'ex-Zone de Confiance (ex-ZOC), créée en 2003 et démantelée en avril 2007, était jusqu'à récemment sécurisée par les Brigades mixtes du Centre de Commandement intégré (CCI).20. L'ouest a été toujours caractérisée par une situation imprévisible et très volatile en raison de l'insécurité ambiante, des violences intercommunautaires liées à la question foncière et par l'impunité dont jouissent les auteurs des violations récurrentes des droits de l'homme.1. Une insécurité persistante21. L'insécurité est favorisée par la circulation des armes, la pauvreté des populations ainsi que la présence des milices, mercenaires et autres groupes armés dont une forte concentration a été observée à Duekoué, Guiglo, Bloléquin et Toulepleu (Annexe III). Au cours de l'année 2010, au moins 343 incidents
sécuritaires ont été répertoriés dans la zone de Duekoué. Cette situation a gravement menacé le droit à la vie, à la sécurité, à la liberté de circulation des personnes et des biens et à l'intégrité physique des populations locales. Plusieurs attaques à mains armées ont été quotidiennement menées contre des véhicules de transport en commun et des domiciles privés. Ces attaques ont fait plusieurs morts et des blessés. En ces occasions, des femmes et des jeunes filles ont fait l'objet de viol collectif par les assaillants qui ont également emporté plusieurs biens et d'importantes sommes d'argent appartenant aux victimes. L'implication active des milices dans ces exactions notamment, l'Alliance patriotique de l'Ethnie Wè (APWè), l'Union des Patriotes pour la Résistance du Grand Ouest (UPRGO), le Front de Libération du Grand Ouest (FLGO), le Mouvement ivoirien pour la Libération de l'Ouest de la Côte d'Ivoire (MILOCI) et des Jeunes Patriotes, regroupés au sein du Congrès panafricain des Jeunes et des Patriotes (COJEP), est avérée. Les miliciens ont utilisé des indicateurs pour connaître les maisons des Malinkés taxés d'être des rebelles ou d'être à leur solde. Ils s'étaient donné comme objectif de raser le quartier Kokoma[2] et « d'éradiquer la race dioula ». Ils harcelaient les personnes qui n'étaient pas guérés. Certaines victimes ont été froidement abattues. Des éleveurs peuls étaient régulièrement attaqués. Des allogènes et certains ressortissants de la CEDEAO ont vu leurs champs confisquées, leurs plantations et autres biens arrachés ou détruits, leurs boutiques cassées et leurs femmes violées par des miliciens guérés en toute impunité. Ces biens étaient ensuite convoyés au quartier carrefour. La forte concentration des milices à l'ouest du pays met en exergue l'ineffectivité du processus de désarmement et de démantèlement mis en place par les autorités depuis plusieurs années et l'inefficacité des forces de l'ordre à assurer la sécurité des populations, en raison d'un manque criard de moyens logistiques et de déplacement, mais aussi en raison d'une attitude complaisante devant les exactions commises, en toute impunité, par les miliciens.2. Tensions liées à l'accès et à l'exploitation de la terre22. Depuis 2002, la question du foncier-rural est restée un problème non résolu en Côte d'Ivoire malgré l'adoption, en 1998, d'une loi censée régler cette question[3]. Les propriétaires terriens guérés qui avaient vendu des terres et forêts aux allogènes depuis des générations se retrouvent dans une logique de lutte pour leur récupération. Le président sortant Laurent Gbagbo avait promis lors d'une campagne électorale, qu'une fois réélu, les terres détenues par les allogènes seraient redistribuées aux autochtones. Laurent Gbagbo allait ainsi à l'encontre de la politique de feu Félix Houphouët Boigny qui considérait que « la terre appartient à celui qui la met en valeur et non aux originaires ». La confiscation des plantations appartenant aux allogènes par les autochtones a entraîné de nombreuses violations des droits de l'homme suivies de représailles et de contre-représailles. Au moins 8,000 planteurs baoulés, malinké et burkinabè avaient été expropriés de leurs terres, mettant ainsi sérieusement en danger la cohésion sociale et la cohabitation pacifique entre les différentes communautés. Les tentatives effectuées par les acteurs humanitaires visant à réinsérer les PDI dans leurs milieux d'origine, se sont soldées par des regains de tensions dans de nombreuses localités, en raison de l'opposition farouche des communautés autochtones qui avaient confisqué et exploité leurs terres en leur absence.23. La lutte pour la terre cristallisée autour des violences intercommunautaires a été favorisée par le système de « tutorat »[4] et par des manipulations politiciennes. Elle a été accentuée par les tueries sélectives et les exactions commises par les miliciens contre les populations allogènes et allochtones, suivies de représailles. Peu après l'élection présidentielle du 28 novembre 2010, un tract émanant d'un groupe dénommé l'Union du Grand Ouest et intitulé « l'heure de la grande vengeance a sonné » (Annexe IV) appelait les fils et filles autochtones à se mobiliser pour tuer et chasser les Akan ainsi que les Dioulas et Burkinabès de la région, de faire en sorte que les peuples du Grand Ouest s'unissent autour du président sortant Laurent Gbagbo afin que le pouvoir ne quitte plus jamais ce peuple. L'appel demandait aussi à ces militants d'apprêter les fusils et machettes, de donner la mort pour la survie des populations autochtones et la confiscation du pouvoir. Dès lors, les communautés allogènes et étrangères se sont retrouvées exclues des réunions organisées par certains chefs de village.3. Violences intercommunautaires et menace à la cohésion sociale24. Depuis le début des années 2000, des affrontements intercommunautaires ont régulièrement opposé les autochtones, milices et mercenaires pro-Gbagbo d'une part aux allochtones baoulés, malinkés et allogènes burkinabès, maliens et guinéens, appuyés par les dozos d'autre part. Les massacres de Diapahi[5] et ceux de Guitrozon et de Petit Duekoué[6], dès 2005, ont tristement illustré l'érosion macabre des relations intercommunautaires dans cette région. L'assassinat d'un membre d'une communauté donnée est systématiquement attribué aux membres de l'autre communauté sans attendre qu'une enquête sérieuse soit menée par les autorités judiciaires pour se déterminer sur l'identité de l'auteur du crime et établir la réalité des faits. A la suite de l'élection présidentielle de novembre 2010, ces conflits ont pris une dimension accrue. En effet, bien qu'ayant souvent éclaté pour des raisons non directement liées aux élections, ils ont été exacerbés par les tensions politiques entre les deux camps, les autochtones Guérés pro-LMP, accusant les communautés allochtones (baoulés et malinkés) d'avoir donné leur voix au candidat du RHDP. Cette situation a gravement fragilisé la cohésion sociale et entraîné le déplacement interne de plusieurs communautés, avec comme conséquence immédiate le repli identitaire de certaines d'entre elles ; à Duekoué, chaque communauté s'est retranchée dans un quartier, notamment le quartier Carrefour pour les Guérés et Kokoma pour les Malinkés. En outre, le fait que les autochtones d'un côté, et les allogènes et allochtones d'un autre, vivent dans des quartiers séparés dans de nombreux villages de la région du Moyen Cavally, favorise les actes de représailles, ainsi qu'un climat de méfiance et de suspicion.4. Le règne de l'impunité25. Les autorités gouvernementales dans la région du Moyen Cavally et les FN dans celle des Dix-huit Montagnes ne se sont pas suffisamment engagées dans des enquêtes sérieuses et crédibles pouvant conduire à la poursuite en justice des auteurs
de graves violations des droits de l'homme. De nombreuses personnes ont été sommairement exécutées, tuées dans des violences intercommunautaires, violées, enlevées, torturées et arbitrairement arrêtées et détenues, sans que les auteurs de ces violations soient réellement inquiétés. Les rares enquêtes judicaires ouvertes contre des membres des milices pro-gouvernementales, Jeunes Patriotes, des éléments de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (FESCI) et les dozos[7], n'ont généralement jamais abouti. L'incapacité ou le manque d'empressement des agents chargés de l'application de la loi d'arrêter les auteurs de ces exactions dans la plupart des cas a largement renforcé le sentiment d'impunité, exacerbant ainsi la frustration des populations qui n'ont cessé de se plaindre d'être abandonnées à elles-mêmes par les pouvoirs publics. L'impunité toujours croissante a ainsi contribué à maintenir un climat de violence propice aux exactions.26. En outre, la crise ivoirienne a, depuis 2002, eu des conséquences dramatiques sur l'administration de la justice dans l'ensemble du pays, notamment à l'ouest. Par exemple, les victimes du département de Guiglo sont contraintes depuis plusieurs années de se déplacer à Daloa située à 133 km dans la région du HautSassandra pour être entendues par un juge ou prendre part à un procès, dans l'attente du redémarrage effectif des activités du Tribunal de Man. Les victimes se sont ainsi trouvées confrontées à de nombreuses difficultés en matière d'accès à la justice, d'obtention de la justice et de réparation.VI. La chronologie des événements27. Quatre mois avant le début des hostilités, les FDS-CI avaient pré-positionné des forces à Zouan-Hounien, dans la région des Dix-huit montagnes, sans que les raisons de ce renforcement ne soient clairement établies.28. Le 30 décembre 2010, les jeunes patriotes acquis à la cause de LMP ont tenu une réunion à Guiglo au domicile de Maho Glofiei, ancien chef de guerre et président du FLGO. Les raisons et conclusions de cette rencontre sont restées secrètes.29. Dès le 16 janvier, une vingtaine de FDS-CI, armés de mortiers, de canons de défense anti-antiaérienne (DCA) et de roquettes, ont avancé jusqu'à Boyapleu dans la zone de Danané où ils ont séjourné pendant un mois avant de renforcer cette position par une centaine d'éléments venus d'Abidjan. Les FDS ont ensuite avancé jusqu'à Téapleu dans l'ex-ZOC, puis progressivement, à Tiévopleu et Boimpleu. Elles n'étaient plus séparées des FAFN, jusque-là restées positionnées à Bounta que de deux kilomètres. Au courant du mois de février, les FDS ont de nouveau renforcé leurs effectifs d'environ 300 militaires et miliciens/mercenaires venus de Toulepleu. Dès lors, tous les mouvements venant de la zone Centre Nord Ouest (CNO) en direction de Zouan-Hounien ont été strictement contrôlés ; les véhicules ont été soumis à des fouilles systématiques et des exactions étaient commises contre les populations civiles de ces localités.30. Entre-temps, tous les éléments des FDS qui avaient été déployés au niveau du CCI à Bangolo, dans l'ex-ZOC, avaient rejoint leurs bases respectives alors que les FAFN maintenaient sur place leurs éléments. Le démantèlement du CCI a engendré une certaine psychose au sein de la population civile déjà préoccupée par la situation sécuritaire dans le département.31. Le 23 février, vers 3h00, une quinzaine de véhicules militaires remplis de FDS, de jeunes miliciens âgés de 17 à 25 ans et de mercenaires libériens lourdement armés, ont quitté Toulepleu en direction de Boyapleu (Danané). Certains portaient des machettes et des armes blanches, tapaient du tam-tam alors que d'autres tiraient en l'air. Ils chantaient et dansaient en criant à tue-tête « On va libérer Danané Man et Bouaké. On va installer Gbagbo. On va manger Yacouba[8] ». Les populations locales ont commencé à fuir la zone dès cet instant.32. Dans la nuit du 24 au 25 février, les FDS, soutenues par les miliciens et des mercenaires libériens, ont attaqué la position des FAFN à Bounta, violant ainsi le cessez-le-feu instauré depuis les différents accords de paix. La riposte des FAFN s'est soldée par la mort de dix FDS et deux soldats FAFN. Les FDS/miliciens se replient alors vers Téapleu, ensuite Zouan-Hounien et seront dès lors pourchassés par les FAFN. L'attaque des FDS / miliciens et mercenaires contre la position des FAFN à Danané a été faite dans la perspective d'ouvrir la voie aux mercenaires étrangers, la ville de Danané se trouvant seulement à quelques kilomètres du Libéria et de la Guinée.33. Les villes sous contrôle gouvernemental vont tomber les unes après les autres avec la contre-offensive des FAFN. Le 13 mars, des combats très rudes vont opposer les FAFN aux FDS/Miliciens et mercenaires à Doké.34. Le 17 mars, le Président de la République, Alassane Dramane Ouattara, signe une ordonnance no 2011-002 portant création des Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI) qui consacre définitivement l'unification des Forces armées nationales de Côte d'Ivoire (FANCI) et les FAFN[9].35. La ville de Toulepleu tombe le 21 mars malgré une résistance acharnée des miliciens et des mercenaires libériens. Le même jour, les FRCI s'emparent de Bloléquin. Les miliciens et mercenaires se replient, se réorganisent à Zéaglo (village de Maho Glofiéi) et réattaquent les positions FRCI dans la nuit du 28 au 29 mars. Ils profiteront de la reprise momentanée de la ville pour massacrer au moins 57 PDI qui avaient trouvé refuge dans l'enceinte de la préfecture de Bloléquin. Les FRCI auront cependant le dessus et reprendront le contrôle la ville.36. La reprise de Bloléquin va échauder les esprits à Duekoué. Les différentes communautés s'observent dès lors en chiens de faïence, favorisant ainsi un climat de méfiance et de suspicion. Dès le 28 mars, de violents combats ont opposé les FRCI, dozos et autres groupes armées d'autodéfense aux miliciens et mercenaires et aux quelques éléments des FDS restés sur place. Les combats vont durer 48 heures avant que la ville ne tombe définitivement, le 29 mars, entre les mains des FRCI.37. Les soldats du contingent marocain de l'ONUCI (MORBAT) postés dans la ville se sont retrouvés entre les feux des miliciens/mercenaires et FDS et ceux des FRCI. L'ONUCI a dû tirer plusieurs coups de semonce pour signaler sa présence. Le commandant du contingent s'est ensuite entretenu avec les principaux belligérants pour une cessation immédiate des combats afin d'assurer la protection des populations civiles. L'intervention du contingent militaire marocain et la médiation qui s'en est suivie a permis d'atténuer les tensions et de mettre fin aux combats dans la ville de Duekoué.38. Le 30 mars, le contingent marocain de l'ONUCI qui n'avait pas
circulé en ville depuis près de quatre mois, en raison de l'opposition des miliciens et des jeunes patriotes, a recommencé des patrouilles dans la ville. Le MORBAT a aussi renforcé la sécurité de la Mission catholique et aidé certaines populations locales à trouver refuge au niveau soit de l'ONUCI, soit de la mission catholique.39. Le 31 mars, Guiglo tombe entre les mains des FRCI après avoir subi des attaques sur deux fronts venant respectivement de Duekoué et de Toulepleu. La prise de Guiglo boucle ainsi la conquête de l'Ouest par les FRCI.40. Le 3 avril, l'adjudant Koné Daouda alias Konda, est nommé commandant FRCI de la zone de Duekoué. Il en sera de même du capitaine Eddy à Bloléquin et du Commandant Coulibaly Wana Dieudonné à Guiglo.VII. La dynamique des acteurs en présence1. Les Forces de Défense et de Sécurité (FDS-CI)41. Les FDS-CI ont été les premières à reprendre les hostilités en attaquant le 23 février la position des FAFN à Bounta. Cette opération a été mûrement préméditée eu égard au recrutement, transport et entraînement des miliciens et des mercenaires libériens dans la perspective de cette attaque. Le 9 mars, les FDS ont tiré des roquettes sur les populations civiles de Duekoué, sous prétexte qu'elles recherchaient des rebelles après avoir été attaquée la veille le 8 mars, par un groupe d'autodéfense. Cet incident a provoqué la mort de quatre bébés et d'un jeune homme. Plusieurs blessés ont été également enregistrés. Certains éléments des FDS ont aussi commis de nombreuses violations des droits de l'homme dans des opérations mixtes avec des patriotes, des miliciens ou des mercenaires, y compris des atteintes au droit à la vie et à l'intégrité physique, à l'instar d'un certain caporal chef Gbagbadé à Guiglo. Enfin, les FDS n'ont pas été en mesure d'assurer la protection des populations civiles lors des affrontements. Elles ont souvent fui devant la contre-offensive des FAFN/FRCI. A Guiglo, les FDS avaient quitté la ville dès le 28 mars, bien avant le début des hostilités, en passant par Taï - Grabo et San Pedro. Il en avait été de même à Duekoué où, bien avant les événements des 28 et 29 mars, des FDS, passives, impuissantes et amorphes, avaient déjà abandonné le contrôle de la ville aux miliciens et autres mercenaires libériens.2. Les Forces armées des Forces nouvelles (FAFN)42. Environ 500 éléments des FAFN étaient stationnés à Bounta. Ils étaient nourris et logés par les villageois. Les FAFN ont profité de l'attaque des FDS/miliciens/mercenaires contre leur position à Bounta pour se lancer dans la conquête des villes contrôlées par le gouvernement. La riposte des FAFN dans la zone a démarré le 23 février et s'est terminée le 31 mars avec la prise de la ville de Guiglo. Certains éléments FAFN, notamment un certain caporal Malik à Man, aurait fourni, une lance roquette, deux kalachnikovs et cinq motocyclettes à des membres de groupes d'autodéfense à Duekoué afin de mener une première attaque le 8 mars contre la position des FDS stationnées au niveau d'un corridor sur la route de Guiglo et une deuxième attaque dans la nuit du 27 au 28 mars contre le Poste de Commandement (PC) de Duekoué.3. Les Forces républicaines de Côte d'Ivoire (FRCI)43. Le 17 mars, le Président Alassane Dramane Ouattara a signé une ordonnance no 2011-002, portant création des FRCI, consacrant définitivement l'unification des FANCI et des FAFN. Le fait que le commandement et les éléments de cette force n'avaient pas été clairement identifiés a posé un problème sécuritaire, d'autant plus qu'ils n'étaient pas dotés d'équipements militaires adéquats (uniformes, chaussures, etc.). Par conséquent, plusieurs individus portant des treillis ont profité de la situation pour se faire passer pour des éléments des FRCI. Plusieurs ont commis des exactions contre la population civile en s'adonnant à des actes de pillage ou de représailles. L'Equipe d'investigation a été témoin au moins à deux reprises, d'une altercation entre des éléments FRCI qui accusaient des hommes en treillis d'être de « faux » éléments. Cette situation ambiguë et incertaine a semé le doute dans l'esprit des populations qui n'arrivent pas à faire le distinguo entre les deux catégories et à faire totalement confiance aux FRCI dont certains éléments sont impliqués dans des cas d'exécutions sommaires et de pillages. D'une façon générale, les éléments des FRCI étaient à la recherche d'armes. Elles ont à cet effet utilisé des indicateurs pour repérer les domiciles des FDS, des miliciens, des mercenaires et des cadres locaux. Ces domiciles étaient ensuite systématiquement saccagés, fouillés et pillés. Des véhicules ainsi que d'autres biens privés de valeur ont été emportés. Dans la zone de Bloléquin et de Toulepleu l'Equipe d'investigation a identifié des éléments des FRCI qui ne parlaient aucun mot de français et qui étaient accompagnés de jeunes filles d'âge nubile (entre 16 - 18 ans), anglophones, en tenue civile, apparemment très à l'aise, ce qui montre clairement que les FRCI ont aussi recours à des mercenaires libériens, à l'instar du camp Gbagbo.4. Les milices du Moyen Cavally4.1. Les principaux groupes et leurs dirigeants44. La région du Moyen Cavally est restée le bastion des milices dont une forte proportion est concentrée à Duekoué, Guiglo (28 km de Duekoué), Blolequin (88 km de Duekoué) et Toulepleu. Ces localités restaient à la veille des combats des poudrières susceptibles d'exploser à tout moment, les miliciens ayant été lourdement armés par Laurent Gbagbo. A l'origine, un seul groupe était reconnu par l'Etat et était constitué par des personnes ayant défendu la région contre l'avancée de la rébellion en 2002-2003. Des dissensions internes sont survenues en leur sein en 2008 lorsque M. Kadet Bertin, conseiller spécial du chef de l'Etat, a versé près de 200 millions (425,530 USD) aux miliciens à Guiglo, en prélude à la destruction symbolique des armes dans le cadre du processus de désarmement. Aujourd'hui, le nombre de miliciens/mercenaires dans la zone est estimé à environ 15,000 éléments regroupés dans aumoins une vingtaine de groupes, à savoir : le Front de Libération du Grand Ouest (FLGO), dirigé par Maho Glofiéi ; l'Alliance patriotique du Peuple Wè (APWE), dirigée par Gougnan Monpouho Julien alias Colombo ; le Mouvement ivoirien de Libération de l'Ouest de la Côte d'Ivoire (MILOCI), dirigé par Ziké Sylvain alias Pasteur Gammi ; l'Union patriotique de Résistance du Grand Ouest (UPRGO), dirigé par Yayi Octave et dont la sous-section de Duekoué est dirigée par Gabriel Banao, FORCE WE, dirigée par Tehe Laurent ; la Force spéciale Anti-terroriste (FSAT), dirigée par Guei Hugues ; l'Union pour la Défense des Wè (UDWE), dirigée par Gbaou Adonis ; le Mouvement armé indépendant du
Moyen Cavally (MAIMCA), dirigé par Tekoua Sonzai Lucien, la Coalition pour la Libération du Grand Ouest, Section de Toulepleu, dirigé par le général Gbopehi Marcel et le COSSFORLO, dirigé par un certain Pasteur Tia Robert ; SEANHE GBAN, dirigée par Kouitechle Paul, AU, RKZO, FOSWE, FRCAZO, MPIGO, AROME, etc.45. A Duekoué, les miliciens sont majoritairement guérés et placés sous le commandement du général Gabriel Banao Oula Lepohi Beangohou dit « Zo Klaha des Koui é Glae », âgé de 75 ans (Annexe V), porte-parole des génies, symbole du département de Duekoué, chef de village d'Yrozon, chef d'Etat-major des Forces d'Autodéfense de Duekoué et Bangolo (FADB), assisté de Ouehan Mompeho Julien alias « Colombo » (Annexe VI), chef de l'APWè. Banao qui se faisait passer pour le « génie des génies » et qui était considéré comme un invulnérable par ses partisans, est connu pour avoir procédé à des sacrifices humains en égorgeant ses victimes dont la plupart étaient presque exclusivement des Burkinabès (Annexe VII). Ces groupes de miliciens étaient principalement soutenus par Bah Roland, Président local du COJEP, Yoro Mathurin, Guei Nicolas alias « Tout va finir », Poyi Marcel, Gbotou, Ata, Zirion Dassihé Daniel, Mouhi Zehe, Taho Gérard, Kpahi Julien alias « Emma », Glaou Alain dit « Kpouagnan », Oulaï Bertin, Zion Benanger alias « Tyson », Vao Aubin Judas, Yao Gue Jean-Marie, Roule Boniface, Sio Aimé alias « chef de gare ». La plupart d'entre eux se sont réfugiés à la Mission catholique de Duekoué abritant des PDI et où leur présence pose un réel problème de sécurité.46. Plusieurs victimes et témoins ont pu fournir l'identité ou le pseudonyme de certains autres dirigeants de milices. A Blolequin, un certain Blé alias « killer » (tueur) qui travaille au centre ville a, selon des témoins, confisqué tous les téléphones portables des Malinkés au prétexte que ces derniers les utilisaient pour transmettre des informations aux FAFN. Ils accusaient les jeunes Malinkés de détenir des armes dans des mosquées, fouillaient impunément leurs maisons en tirant de façon indiscriminée. Un certain Tako de teint clair, qui avait participé à la guerre du Libéria dirigerait un groupe dont les membres sont : Attery, Salou Sylvain, Koho Pierre, Bébo, Barbe noire, Bebacou, Ben Laden et Tamata. A Sahibly, un certain commandant Saint Adjaro et commandant Nouli Gohi (Grié I) sont accusés d'avoir semé la terreur parmi la population à plusieurs occasions. A Guiglo, des témoins citent Tahou Marius, Bouche d'Or, Alexandre, Néné qui opère à la gare CTD au quartier Gamma, Borioul et Doxan Jean Pierre alias John Peter. A Troya II (25 km de Guiglo), c'est un certain Kadi Martin, Gnao Constant, Douho Richard, Guei Tezio. A Guiglo, les principaux meneurs sont : Adama Keita, malinké d'origine guinéenne qui envoyaient les recrues chez Maho Glofiéi, chef du FLGO; Octave Yahi, 3ème vice-président du Conseil général de Guiglo, Cyprien Maho, petit-frère de Maho Glofiéi, Tom Doubaté, les Jumeaux et Kpa Zaï qui écumait le quartier Nicla. Un animateur de la radio de Guiglo ferait également partie des miliciens. A Toulepleu, la Coaliton (I) pour la Libération du Grand Ouest - Section Toulepleu est dirigée par un chef d'Etat Major, le Général Gbopehi Marcel avec deux commandants des opérations : Dezao Franck Cedrick et Zean Gnonnio Edox ; deux conseillers Kanhie Gaston et Kah Paha Thomas, un secrétariat assuré par Koho Sébastien et Flan Olivier. Tous ces miliciens ont semble-t-il quitté la zone depuis l'arrivée des FRCI. Certains sont réfugiés dans les campements en forêt et d'autres se trouvent au Libéria. Maho Glofiéi aurait été vue en avril à Yopougon à Abidjan, où de nombreuses exactions ont été commises.4.2. Recrutement, armement et encadrement47. De nombreux jeunes de la région ont été recrutés avant la période électorale et dans les mois qui ont précédé les opérations militaires sous prétexte qu'ils allaient être engagés dans l'armée nationale. Plusieurs personnalités politiques et militaires ainsi que certains cadres locaux, ont été cités dans ces cas de recrutement. Ces recrutements se sont effectués sur la base d'une circulaire établie par M. Laurent Gbagbo demandant le recrutement des jeunes de 17 à 25 ans dans le but d'augmenter les effectifs des sympathisants LMP à Abidjan. Plusieurs personnalités politiques et militaires ainsi que certains cadres locaux, ont participé à ces opérations. Un certain capitaine Dokou des douanes en poste à l'aéroport d'Abidjan, aurait procédé à des recrutements à Bangolo avec l'appui de la milice APWè. Une tentative similaire a été faite à Boyapleu par un certain lieutenant Sadia. Ce dernier a échoué dans sa mission en raison du refus des villageois d'accepter ces enrôlements. Les recrues étaient ensuite convoyées à Toulepleu où elles recevaient une formation militaire. Plusieurs témoignages ont révélé que presque toute la jeunesse de Bloléquin et Toulepleu portait une arme, y compris des élèves. Dans la seule zone de Guiglo, à la suite de l'appel lancé par le leader des patriotes Charles Blé Goudé, plus de 2.000 jeunes miliciens ont été recrutés et envoyés en formation à l'Ecole de Gendarmerie de Toroguhé à Daloa. Des témoins ont rapporté qu'avant leur départ pour Daloa, ils ont subi une formation préliminaire au camp GTZ, sous la conduite des caporaux Bolo, Gnagbadé et du sergent Irié.48. Les miliciens disposaient d'armes lourdes et sophistiquées dont des orgues de staline, DCA, roquettes, des mortiers, des kalachnikovs, des grenades et des armes blanches. Lors des fouilles engagées par les FRCI dans les domiciles des miliciens à Guiglo, y compris au domicile d'un proviseur de lycée, 1053 kalachnikovs, lance-roquettes et fusils à canon scié ont été découverts. Les miliciens disposaient également d'équipements de communication, notamment des talkieswalkies et des téléphones satellitaires Thuraya. Ils se déplaçaient avec des véhicules tout terrain mis à leur disposition (Annexe VIII).49. Un registre retrouvé à Toulepleu par l'Equipe d'investigation dans un des camps des miliciens révèle que les miliciens recevaient plusieurs dizaines de millions de francs CFA du gouvernement de Laurent Gbagbo. Une somme d'au moins deux millions aurait été ainsi remise à la Coalition pour la Libération du Grand Ouest - Section de Toulepleu dont un million de francs CFA était destiné à 155 mercenaires libériens des Forces spéciales LIMA. Selon le document, ce montant a été reçu par Marcel Gbopehi, Gaibo Djibli Faustin, Tioni Lucien et Bêh Nouday de la Coalition pour la Libération du Grand Ouest, Section de Toulepleu. Un autre montant d'un million de francs devait être remis aux « Amis de Gueyedé » en plus de 200,000 FCFA destinés aux chefs traditionnels locaux. Ce montant a été reçu par les
dénommés Konhié Gbéhé Gaston, Tomas Kapa Tomas, Zéan Gnonni Edox, Marine I et Edouard Golf (Annexe IX). Un témoignage digne de foi a révélé que trois jours avant l'attaque de Duekoué, Colombo et Bah Roland, en mission spéciale à Abidjan, avaient reçu de la part du président sortant Laurent Gbagbo la somme de 30 millions de FCFA, représentant les frais de recrutement des mercenaires libériens et le prix de la ration des miliciens en formation à l'Ecole de Gendarmerie de Toroguhé, à Daloa. Ces derniers auraient remis un million de FCFA à leur chef Banao, avant d'acheter une voiture de marque Mercedes et de s'enfuir avec le reste de l'argent au Libéria.4.3. Structure et zones d'opération50. L'Equipe d'investigation a récupéré des documents mettant en lumière l'organisation des milices dans la région. Ces miliciens opéraient chacun dans une zone bien délimitée. Ils disposaient d'une structure semblable à celle d'une vraie armée comprenant un chef d'Etat-major, un secrétariat, un commandant des opérations, des chefs de bataillons, de compagnies, de brigades et de camps. Ils avaient des conseillers et des porte-paroles chargés de missions. Les miliciens détenaient en outre la liste des profilés MPIGO de la zone de Danané et de Zouan Hounien élaborée en 2009 par le Programme national de Réinsertion et de Réhabilitation communautaire (PNRRC) (Annexe X).51. A Duekoué, le quartier Carrefour était considéré comme le quartier général des miliciens abritant quatre groupes, APWè, MILOCI, FLGO et FS LIMA, ainsi que le siège de l'APWè, dirigée par Banao. C'était un « no go zone » pour les membres des autres communautés, notamment les Akans ou les Malinkés, considérées comme des rebelles. Ceux qui s'y hasardaient étaient sommairement exécutés, égorgés ou sévèrement frappés par les miliciens. Les allogènes n'avaient ainsi plus accès au cimetière et ont dû créer un nouveau cimetière derrière le quartier Kokoma. L'Equipe d'investigation a pu constater l'existence d'un puits rempli de corps humains en état de putréfaction avancée au siège même de l'APWè situé au quartier Carrefour. (Annexe XI).52. Les miliciens ont par ailleurs transformé les bureaux et terrains de certains services administratifs en camp d'entraînement. Ces lieux ont été le théâtre de plusieurs exactions. Il s'agit entre autres du siège FPI à Blolequin et du centre de formation de la GTZ à Guiglo (Annexe XII). Sur place, l'Equipe d'investigation a effectivement constaté la présence d'ossements humains brûlés et des traces de pneu consumé (Annexe XIII). Un fil électrique dont le bout était coupé semble avoir été utilisé comme moyen de torture qui aurait vraisemblablement servi à envoyer des décharges électriques sur des victimes (Annexe XIV). D'après les témoins, le centre de formation de la GTZ était occupé par les miliciens depuis le 5 mars. A Duekoué, les miliciens avaient transformé les bureaux de la sous-préfecture en « camp militaire » et procédaient à la distribution d'armes aux jeunes recrues. A Toulepleu, l'Equipe d'investigation a pu recenser au moins neuf camps de miliciens : 1) le camp de la Mosquée occupé par des miliciens et des Libériens ; 2) un camp à l'Ecole Château occupé par un certain Mozé ; 3) un camp au quartier commerce ; 4&5) deux camps à Toulepleu village ; 6) un camp au quartier Beau Soleil ; 7) l'ancien Bureau de la Croix-Rouge transformé en camp à l'entrée de la ville ; 8) un camp au quartier Sokorani dirigé par un certain Lucien ; 9) la maison du Député Zion Hilaire, érigée en camp (Annexe XV).53. Lors de leur repli face à l'avancée des FRCI, les miliciens ont mené des actions de représailles contre les populations civiles. Ils ont tué, pillé et brûlé plusieurs habitations dans leur fuite (Annexe XVI). Certains ont pu rejoindre le Libéria tandis que d'autres se sont mélangés aux populations civiles dans des camps de déplacés. C'est le cas notamment à la Mission catholique de Duekoué où l'on signale la présence des miliciens parmi les PDI. Une situation similaire a été signalée au camp des PDI de Nicla à Guiglo et dans des camps de réfugiés au Libéria. L'infiltration de miliciens parmi des réfugiés ou déplacés, a suscité des inquiétudes au sein de la population locale. Cette situation a posé également un problème sécuritaire dans la mesure où des armes ont été retrouvées au sein de la mission catholique. De même, toutes les caches d'armes détenues par les miliciens n'ont pas encore été découvertes par les FRCI.5. Les mercenaires libériens54. Les mercenaires libériens opérant en Côte d'Ivoire sont estimé à environ 2,000 éléments dont une forte proportion se retrouve à l'ouest du pays. Leur présence dans le pays s'explique par l'appât du gain et par des alliances interethniques. L'ethnie Kranh du Grand Geddeh, proche des Guéré, est pro-Gbagbo, tandis que les Gio et Mandingues de la région de Nimba, cousins des Yacouba, sont généralement pro-Ouattara. Trois groupes principaux ont opéré en Côte d'Ivoire. Il s'agit du 1) Movement for Democracy in Libéria (MODEL), dont plusieurs éléments ont été recrutés dans des camps de réfugiés par le régime Gbagbo, certains se retrouvent encore au niveau du camp Nicla de Guiglo. 2) des anciens éléments du National Patriotic Front of Liberia (NPFL) de la région de Nimba ; 3) Les Forces spéciales LIMA (FS LIMA) dont deux dirigeants intervenant en Côte d'Ivoire Jerôme Kangberr Segnonfan et LTG. Mark L. Groon (Annexe XVII). Le Libéria préfère employer le terme de « combattants libériens » au lieu de « mercenaires » pour éviter de face à ses obligations internationaux sur le mercenariat, étant signataire des traités internationaux en la matière. Les mercenaires pro-Ouattara étaient recrutés au sein du MODEL alors que ceux pro-Gbagbo provenaient essentiellement du LIMA. Au Libéria, la ville de Zwedru est le principal foyer de concentration de présumés mercenaires pro-Gbagbo ; les localités de Zia Town et River Gee sont le repère des membres de la galaxie patriotique. La circulation des armes dans la région a causé un regain dans les activités criminelles transfrontalières.55. Des mercenaires libériens, ont agi de concert avec les FDS et les miliciens. Ils portaient les mêmes uniformes que les FDS à la différence qu'ils s'exprimaient en anglais ou dans un français approximatif. Ils ont opéré dans les zones de Duekoué, Guiglo, Bloléquin et Toulepleu. Des documents trouvés par l'Equipe d'investigation dans un camp de miliciens à Toulepleu indiquent clairement leur implication, leur organisation et l'armement mis à leur disposition. Les mercenaires n'hésitaient pas à s'en prendre directement aux populations civiles lorsque le salaire prévu dans leur contrat n'était pas perçu à temps. Ils ont égorgé, tué et pillé avant
de se replier au Libéria ou dans la forêt environnante.56. Les mercenaires libériens opérant dans les zones de Guiglo et de Bloléquin étaient menés par un certain Isaac Chegbo alias Bob Marley dont le camp se trouvait au quartier Gamma à Guiglo. Il avait participé à la guerre en 2002 et s'était installé en Côte d'Ivoire depuis lors. Il dispose de plusieurs plantations qu'il se serait approprié par la force. Bob Marley a repris du service en janvier 2011 avec plus de 200 hommes à ses côtés. Le 30 mars, à Guiglo il a eu un accrochage avec le contingent béninois de l'ONUCI avant de menacer la population allogène. Il leur avait demandé d'enlever tous les barrages érigés dans les quartiers par les groupes d'autodéfense sinon il allait tuer tous les RHDP, les musulmans et les ressortissants de la CEDEAO. Il avait l'intention de mettre cette menace à exécution le 31 mars, date qui a coïncidé avec l'attaque des FRCI. Bob Marley a été l'instigateur de l'attaque de la préfecture de Bloléquin le 25 mars 2011 qui a coûté la vie à plus d'une cinquantaine de personnes, essentiellement des allogènes et des allochtones, y compris des femmes et des bébés (Annexe XVIII).6. Les dozos57. Les dozos se sont constitués en défenseurs des communautés allogènes depuis longtemps en réaction aux nombreuses exactions commises par les miliciens et autres groupes de patriotes contre ces populations. Malgré les affirmations de M. Dembele Bala, chef dozo d'origine malienne, faites à l'Equipe d'investigation cherchant à nier leur implication dans les événements du 28 mars à Duekoué (Annexe XIX), l'Equipe d'investigation est arrivée à la conclusion que les dozos ont bel et bien participé à plusieurs massacres à cette occasion. Les informations recueillies sur le terrain indiquent qu'il existe deux catégories de dozos : les dozos chasseurs traditionnels et les dozos combattants. Toutes les deux catégories sont toujours munies de fusils du type calibre 12 et arborent un accoutrement traditionnel atypique assorti de gris-gris et autres amulettes. Les dozos opèrant dans la zone de Zouan-Hounien venaient de la zone de Touba, tandis que les dozos de Duekoué avaient reçu un renfort d'une quarantaine de dozos maliens et burkinabè venus de Korhogo, Bouaké et Man, avant l'attaque de la ville. Une centaine d'entre eux ont activement combattu les miliciens le 28 mars vers 4h00 du matin, avant même l'arrivée des FRCI dans la ville. Les dozos appliquent généralement la loi du talion et ne se préoccupent nullement de la présomption d'innocence des suspects qui tombent entre leurs mains. Un groupe de dozos proche des FN avaient même institué des juridictions de fait pour juger exclusivement des affaires relatives aux conflits ouverts entre agriculteurs et éleveurs dans la partie nord du pays. Les dozos sentant l'approche des FRCI ont semble-t-il recouru à leur propre justice en prenant les devants et en menant des actes de représailles contre tout jeune Guéré suspecté d'être un milicien, au prétexte de venger les populations allogènes.7. Les Jeunes Patriotes58. Les Jeunes Patriotes ont commis de graves exactions contre les populations civiles (exécutions sommaires, atteintes à l'intégrité physique), ainsi que des entraves à la liberté de circulation, des actes de rackets et des destructions méchantes de biens publics et privés. Le leader du Congrès panafricain des Jeunes et des Patriotes (COJEP), Charles Blé Goudé, aurait participé au recrutement et à la distribution des armes aux miliciens à Duekoué au courant du mois de mars. De même, Niossekan Barnabé, président local du COJEP de Sahibly, situé dans la zone de Toulepleu, a recruté 14 jeunes villageois sous prétexte qu'ils allaient être intégrés dans les forces armées. Les familles ont dû verser chacune 20,000 FCFA, ainsi que le prix du transport des recrues à Guiglo. Barnabé est décrit par ses victimes comme étant borgne, grand de taille et de teint noir. Un certain Dabila, clair et de petite taille, ainsi que les dénommés Solo, Esaïe, Sea Paulin et Bah Twenty, tous membres du COJEP local de Sahibly, ont aussi exercé beaucoup d'exactions contre les populations locales. A Duekoué, les Jeunes Patriotes se sont livrés à des exactions similaires contre les populations allogènes et allochtones, sous la conduite de Bah Roland, président local du COJEP.8. Les groupes d'autodéfense59. Certains membres de la jeunesse allogène, regroupée essentiellement au niveau des quartiers Kokoma et Résidentiel de Duekoué, se sont alliés aux dozos, par instinct de survie, pour créer des groupes d'autodéfense et faire face aux attaques répétées des miliciens guerés et des mercenaires libériens. Si l'Equipe d'investigation n'a pu obtenir d'informations précises sur la structure de ces groupes et leur chaîne de commandement, il ressort des investigations que chaque groupe d'autodéfense regroupe 12 à 17 éléments, armés de fusils calibre 12 et d'armes blanches. Ces éléments sont chargés de fournir des renseignements et des informations sur la situation à Duekoué et sur les positions des FDS aux FAFN basées plus au nord. Ces groupes sécurisent aussi les quartiers allogènes à la demande des populations locales, pour prévenir toute incursion des miliciens, surtout sur l'axe reliant Duekoué à Guiglo. Les habitants des quartiers sécurisés paient 300 FCFA par foyer et par semaine aux groupes d'autodéfense. La mise en ouvre d'une telle stratégie a parfois conduit à des dérives. Certains éléments de ces groupes se sont également reconvertis en coupeurs de route, à l'instar des miliciens et autres mercenaires.60. Il a été clairement établi que le 28 mars, ces groupes d'autodéfense ont participé aux combats dans la ville de Duekoué, avant l'arrivée des FRCI. Un premier groupe a été posté sur la route de Guiglo, un autre au niveau du quartier Antenne et un troisième groupe au niveau du quartier Carrefour. Certains éléments - essentiellement des Burkinabés, Guinéens, Ivoiriens, Maliens et Nigériens - se considérant comme des laissés pour compte du MPCI lors de la guerre de 2002, affirment avoir fait partie de ces groupes d'autodéfense. Parmi les membres d'un de ces groupes on peut citer : Chat Tonnerre, Diesel, Abdoul, Moussa Diallo, Bakary Touré, Papa Dembélé[10], Keita Lassa, Chacool Ouattara, Siaka, Kassim Coulibaly, Laciné Traoré, Mory Koné, Koné Sékou, Koné Mamadi et Lamissa. Un certain caporal Dramane Malik résidant à Man aurait fourni deux kalachnikovs, une roquette et cinq motocyclettes à l'un de ces groupes d'autodéfense pour attaquer les positions des FDS le 8 et 27 mars.9. Participation des civils61. Des civils, révoltés par les multiples exactions des miliciens, ont aussi participé à certaines exactions en signe de représailles. Dans la zone de Duekoué, certains planteurs
allogènes se sont transformés en dozos et disposent d'armes sous prétexte qu'ils doivent se défendre contre les exactions des miliciens guérés cherchant à les exproprier de leurs plantations. D'autres civils ont aussi brûlé vifs certains mercenaires libériens qui sont tombés entre leurs mains. Tel a été le sort de deux mercenaires libériens qui tiraient de façon indiscriminée sur les populations à Guiglo. Leurs armes ont été arrachées et remises aux FRCI.VIII. L'attaque et la prise de la ville de Duekoué62. Les graves incidents qui se sont déroulés dans la ville de Duekoué doivent être analysés à la lumière de la dynamique des différentes forces en présence. Ils doivent ainsi prendre en compte les incidents liés aux exactions répétées des milices et mercenaires qui ont exacerbé les conflits interethniques d'une part, et les affrontements qui ont eu lieu entre les FDS, miliciens, mercenaires et FRCI, dozos et groupes d'autodéfense d'autre part. La conjugaison de tous ces facteurs propices à la violence, contribue à mettre en relief l'ampleur des pertes en vie humaine survenues à l'ouest.A/ L'exacerbation des violences intercommunautaires63. La tension intercommunautaire a atteint son paroxysme à Duekoué bien avant la prise de la ville le 29 mars par les FRCI. Cette tension a été provoquée d'une part par la recrudescence des exactions commises par les milices, mercenaires et autres bandes armées contre les populations civiles, allogènes et allochtones en particulier, à la suite d'au moins quatre incidents qui ont creusé le clivage ethnique et ravivé les rancours intercommunautaires.64. Le 2 décembre 2010, un détachement mixte composé de militaires, de gendarmes et de jeunes patriotes, est pris à partie par des jeunes allogènes armés de fusils à Mont Peko (zone d'Amadé Ouermi). Le bilan est de sept morts, dont trois militaires et un gendarme. Six militaires sont blessés et quatre véhicules militaires incendiés. Cet incident a été causé par le fait que le 1er décembre, deux gendarmes déployés dans la zone avait confisqué la mobylette d'un allogène. Une attaque similaire lancée à Fengolo le 16 décembre 2010 après la marche du RHDP à Abidjan par les mêmes Patriotes contre les communautés allogènes, a été repoussée par les dozos, faisant trois morts parmi les dozos.65. La tension est montée d'un cran le 3 janvier 2011, lorsqu'une commerçante d'origine malinké a été tuée par balles par des miliciens lors du braquage du véhicule qui la transportait de Man à Duekoué. Plusieurs autres passagers ont été blessés lors de cet incident. Les jeunes miliciens guérés ont de surcroît voulu empêcher l'inhumation du corps, en bloquant l'accès du cimetière à la famille de la défunte, malgré l'intervention des éléments des FDS locaux. En réaction, les allogènes soutenus par les dozos ont manifesté dans la ville en érigeant des barricades et en brûlant des pneus en divers endroits sur la route. Les autochtones guérés, soutenus par des miliciens et renforcés par des mercenaires libériens bien armés, ont décidé à leur tour d'en découdre avec les allogènes au motif que les étrangers voudraient s'imposer dans leur milieu. Ils ont alors tiré sur les populations faisant plusieurs morts et des blessés. Une chasse aux Malinkés s'en est suivie. Plusieurs boutiques et des maisons appartenant aux Malinkés ont été pillées et incendiées par les jeunes Guérés. Les affrontements durent jusqu'au 5 janvier. Au moins 37 personnes ont été tuées, 91 autres ont été blessées, 230 habitations incendiées, 73 habitations saccagées et pillées, 47 magasins et commerces incendiés, 56 magasins et commerces saccagés et pillés, 3 hôtels incendiés, 10 restaurants et maquis bar incendiés, une station d'essence saccagée, une pharmacie saccagée et 6 véhicules brûlés. Le même jour, des jeunes Malinkés ont manifesté devant le siège de l'état-major des FN à Man pour protester, selon eux, contre les discriminations et les persécutions dont sont victimes les membres de leur communauté dans la région du Moyen Cavally, et dénoncer le regard complice des autorités locales. Les jeunes Malinkés ont alors brûlé des pneus et érigé des barricades sur la voie publique en lançant des slogans hostiles au régime de Laurent Gbagbo.66. De nouveau, le 24 mars, à Niambly (3 km de Duekoué), des jeunes miliciens guérés dont un certain Marcel, connu comme étant le bras droit de Colombo, ont brûlé les habitations des allogènes, y compris la mosquée du village, et tué trois Baoulés, au motif que l'un des leurs avait été tué par des coupeurs de route, accusés d'être allogènes. En réaction, les allogènes ont incendié les habitations des Guérés se trouvant de l'autre côté de la route, tout en préservant l'église du village (Annexe XX).67. Ces différents incidents ont provoqué un déplacement massif de populations. Des déplacements ont été observés vers Duekoué et Guitrozon. D'autres personnes, en majorité Guéré, se sont réfugiées au niveau de la Mission catholique. D'autres personnes sont parties à pied vers Man (80 km de Duekoué) ou Daloa (96 km de Duekoué). Un déplacement massif des populations venant des quartiers de Toguehi, Belleville et Guéré a également été observé. Un repli ethnique est ainsi organisé vers le quartier Carrefour pour les Guérés alors que les communautés malinkés se sont repliées au quartier Kokoma, à la suite de rumeurs persistantes faisant état de la préparation d'une offensive par les jeunes Guérés visant à chasser tous les Malinkés du quartier Kokoma et de la ville de Duekoué.B/ La prise de Duekoué par les FRCI68. La ville de Duekoué a subi trois attaques consécutives avant qu'elle ne tombe aux mains des FRCI. Le 8 mars, une première attaque a été menée contre les FDS postés au corridor de la route de Guiglo. Cette attaque a été menée par un groupe d'autodéfense pro-FN de douze éléments, conduit par un certain Chat Tonnerre, et composé entre autres de Diesel, Guèze et un certain Abdoul. Chat Tonnerre aurait fourni deux kalachnikovs, un A52, des munitions, plusieurs grenades et une motocyclette pour mener cette attaque.69. Dans la nuit du 27 au 28 mars vers 5h00 du matin, un autre groupe d'autodéfense de 17 éléments a attaqué le Poste de Commandement (PC) militaire de Duekoué sur instruction d'un certain Caporal Malik résidant à Man. Les assaillants ont reçu à cet effet une roquette. Plusieurs combattants ont été tués des deux côtés mais les assaillants ont eu le dessus. Les FDS auraient mis elles-mêmes le feu à leur PC avant de s'enfuir.70. Le 28 mars vers 6h00 du matin, les FRCI lancent une offensive sur Duekoué mais y rencontrent une forte résistance de la part des mercenaires libériens, arrivés la veille à Duekoué en provenance de Guiglo. Ils auraient été convoyés à la résidence du ministre Kahé Eric par Yoro Mathurin. Ce dernier avait reçu des
armes qu'il aurait distribuées aux jeunes miliciens qui avaient trouvé refuge avec lui au sein de la Mission catholique. Face à cette situation, les FRCI se sont alors repliées vers Man dans l'attente de renfort. Entre-temps, de violents combats ont eu lieu au PC, à la Brigade de Gendarmerie et au Commissariat, menés par des groupes d'autodéfense qui affirment avoir pris ces services vers15h00 avant le retour des FRCI. Au même moment, vers 15h30, les FDS ont reçu un renfort de Guiglo. Un char, deux 12.7 montés sur deux pick-up 4x4 et plusieurs hommes armés de kalachnikovs entrent alors en action. De leur côté, les FRCI restés à Duekoué en attendant le renfort de Man, ont fait usage d'un DCA à quatre sorties. Selon les témoins, des mercenaires libériens et des FDS ont procédé à l'enrôlement de jeunes volontaires au niveau de la Mission catholique tandis que des FRCI auraient distribué des armes et munitions (kalachnikovs, calibre 12) aux groupes d'autodéfense. Le renfort des FRCI viendra de Man vers 20h00 leur permettant de remporter la bataille le 29 mars au matin vers 8h00. Plusieurs combattants des deux camps ont été tués lors de cet affrontement. De même, plusieurs éléments des FRCI sont tombés dans des embuscades tendues par des snipers, notamment sur l'axe Duekoué - Guiglo.71. La prise de la ville de Duekoué n'a pas été une tâche aisée pour les FRCI. Des groupes d'autodéfense allogènes et des dozos ont saisi l'opportunité de cet affrontement pour régler leurs comptes aux guérés autochtones. L'Equipe d'investigation n'a pas pu déterminer avec précision la relation de ces groupes avec les FRCI. Toutefois, il apparaît qu'au moins trois groupes d'acteurs sont entrés en scène : 1) un groupe d'autodéfense comprenant des volontaires ou nouvelles recrues. A cet égard, des témoins ont signalé aux enquêteurs la présence de jeunes aux visages noircis de charbon qui avaient assailli la Mission catholique ; d'autres témoins parlent de « jeunes parlant dioula » ; 2) un groupe de dozos aidés par certains allogènes qui ont fait la chasse aux guérés dans les villages environnants; 3) les éléments d'Amadé Ouermi, un riche planteur Burkinabé installé depuis 1986 dans la forêt de Mont Peko, sous préfecture de Bagohouo (35 km au nord de Duekoué) dans la région du Moyen Cavally. L'une des voies menant à son siège traverse le quartier Carrefour. Il dispose d'au moins 55 anciens éléments du MPCI et plusieurs planteurs burkinabè et allogènes et opère sur l'axe Duekoué - Blody Zia et Yrozon. Différents témoignages ont confirmé à l'Equipe d'investigation que c'est le groupe d'Amadé qui a combattu au quartier Carrefour. Amadé Ouermi est bien connu dans la région du Moyen Cavally. Il avait soutenu les MPCI lors de la rébellion de 2000 et obtiendra ainsi des armes et des munitions qu'il gardera par devers lui, même après les accords de cessez-le-feu, dans l'intention d'assurer sa protection et celle des membres de sa communauté contre les attaques et autres embuscades tendues par les jeunes Guérés et les FDS. Sa production de café, de cacao et de riz a toujours suscité la convoitise des autochtones Guérés qui l'ont menacé à plusieurs reprises d'expulsion. Face à ces menaces, Amadé a organisé des planteurs maliens et burkinabés qui travaillent dans ses plantations, en groupe d'autodéfense. Il est redouté à Bagohouo et Duekoué pour sa détermination, sa résistance et ses pouvoirs mystiques. Son groupe résistera à maintes reprises aux assauts des FDS et des miliciens qui cherchaient à le déloger du Mont Peko. Toutes ces attaques se sont soldées par mort d'hommes de part et d'autre mais Amadé a toujours réussi à mettre en déroute les FDS et les miliciens à qui il confisquait armes et munitions. 72. Plusieurs témoins ont révélé que c'est le travail fourni par les dozos au niveau des villages ; par les éléments d'Amadé au niveau quartier Carrefour et par les groupes d'autodéfense au niveau de l'entrée de Guiglo qui ont permis aux FRCI d'avoir le dessus sur les miliciens à Duekoué. Plusieurs de leurs leaders avaient déjà quitté la ville bien avant le début des affrontements. D'autres témoignages ont confirmé aux enquêteurs de l'ONUCI que les éléments des FRCI recherchaient plutôt les miliciens et les FDS. Certains d'entre eux avaient même conseillé à certains membres de la population civile d'aller se réfugier à la Mission catholique avant de se faire tuer dans les affrontements.73. Le 2 avril, l'Equipe d'investigation a pu s'entretenir avec un dozo burkinabé, accompagné d'un indicateur qui recherchait activement des jeunes Guérés au quartier Carrefour (Annexe XXI). Ce dernier se disait révolté que l'ONUCI puisse s'intéresser aux tueries perpétrées contre des Guérés alors que plusieurs Burkinabés et autres allogènes malinkés et baoulés ont été tués depuis des années par les miliciens sans aucune réaction. Selon lui, l'impunité ambiante a ravivé un sentiment de vengeance poussant les dozos à rechercher et à exterminer tous les miliciens qui sèment la mort et la désolation parmi ses parents.74. La prise des différentes villes de la région du Moyen Cavally et Dix-huit Montagnes est diversement appréciée par les populations. Les autochtones continuent d'appeler les FRCI « les rebelles ou Forces nouvelles » et considèrent que les allogènes ont confisqué leurs terres à la faveur de la crise de 2002. Ils estiment que l'arrivée du Président Alassane Ouattara joue en leur défaveur dans la mesure où les différends fonciers ne sont pas encore résolus. Ils redoutent surtout de subir les représailles des allogènes en raison des nombreuses exactions qu'ils ont eux-mêmes commises à leur encontre, d'autant plus que plusieurs allogènes ont rejoint le rang des FRCI.75. Pour les allogènes, l'arrivée des FRCI est salvatrice. Elle est considérée comme une délivrance et une consécration de la liberté. Ils se sentent libérés des tueries et autres atrocités perpétrées par les miliciens et mercenaires libériens : « Les guérés voulaient anéantir et exterminer tous les musulmans.semant la haine ethnique et religieuse et la désolation dans la ville de Duekoué où pour prier les musulmans devaient se cacher en fermant hermétiquement les portes. Ils ne pouvaient porter leurs boubous ou djellabah ».IX. La situation des droits de l'homme dans les régions du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes76. La situation à l'ouest du pays a été marquée par de graves violations des droits de l'homme, notamment des atteintes au droit à la vie, à l'intégrité physique et au droit à la propriété. De graves atteintes à la liberté de circulation, à la liberté et la sécurité de sa personne, ainsi qu'au droit à la liberté d'expression, d'opinion et de religion ont été également recensés. Plusieurs morts et blessés ont été enregistrés. Des actes de pillages et de
destruction des biens ont également été commis. Ces violations ont eu des répercussions non négligeables sur les droits sociaux, économiques et culturels, notamment le droit à la santé et à l'éducation et un impact considérable sur la situation humanitaire.A/ Dans la région du Moyen Cavally77. Pendant longtemps, les populations allochtones et allogènes ont été soumises à diverses formes d'exactions et de discriminations provoquant ainsi un clivage ethnique de plus en plus profond avec les communautés autochtones. Les affrontements faisant suite à l'offensive des FRCI a encore accentué ces clivages. Au moins 944 personnes dont au moins 93 femmes, ont trouvé la mort entre le 1er décembre 2010 et le 24 avril 2011 dans cette région, à la suite des affrontements intercommunautaires et les affrontements opposant les FRCI aux FDS/miliciens et mercenaires. Au total 58 décès ont été causés par les effets collatéraux de la guerre, à la suite de maladie, de noyade ou de faim des victimes. Parmi les victimes l'on dénombre au moins 159 Burkinabés et 68 Maliens. Ces violations ont été commises par différents acteurs impliquant aussi bien les milices guérés et les mercenaires libériens, les dozos, les groupes d'autodéfense allogènes, les jeunes patriotes, des éléments FAFN, FDS et FRCI, ainsi que certains membres de la population civile qui ont agi en représailles.B/ Dans la région des Dix-huit Montagnes78. La région des Dix-huit Montagnes a été beaucoup moins affectée par la guerre. L'on décompte environ 68 morts dont 10 femmes. Les victimes ont été généralement tuées lors des combats entre FRCI, miliciens et mercenaires dans la zone. Cependant, 16 personnes sont décédées des suites de maladie ou par noyade.C/ Typologie des violations et leurs auteurs1. Les atteintes au droit à la vie1.1. Dans la ville de Duekoué79. Les conclusions de l'Equipe d'investigation de l'ONUCI ont établies qu'au moins 505 personnes dont 42 personnes victimes des dommages collatéraux ont été tuées à Duekoué et dans les villages environnants. Il faut indiquer que 198 corps, en état de putréfaction avancée ont été enterrés dans trois fosses communes creusées par l'ONUCI. Ces fosses communes sont localisées respectivement au quartier Carrefour (deux) et à Guémond (Annexe XXII). L'Equipe d'investigation qui était sur les lieux dès le 1er avril, a pu se rendre compte de l'état de putréfaction avancée des corps qui jonchaient la ville, de Niambly (3 km de Duekoué), en passant par le quartier Carrefour jusqu'à la Mission catholique à Duekoué. En plus de ces 198 corps, 15 autres corps ont été retrouvés et enterrés, ce qui fait un total de 213 corps inhumés. L'Equipe d'investigation a pu constater que certaines victimes avaient été clairement exécutées dans leur fuite. La position de certains corps indiquait que les victimes ont essayé de fuir ou ont cherché à se cacher dans des maisons en construction. Des corps ont été découverts couchés sur le ventre, ce qui laisse supposer qu'ils ont été abattus dans le dos. D'autres ont été égorgées ou brûlées vives. Des femmes, des enfants et des personnes âgées figurent aussi parmi les victimes. 80. Un ratissage systématique a été fait au quartier Carrefour par des dozos et des éléments des FRCI. Les éléments impliqués dans ces tueries recherchaient activement tous les hommes et épargnaient les femmes et les enfants même si l'on peut dénombrer plusieurs femmes et enfants parmi les victimes. Plusieurs miliciens ont été tués par des dozos qui ont aussi perdu beaucoup d'hommes dans ce quartier en dépit des fétiches et autres gris-gris. Certains civils, dont le chef du village Poye Bruno, ont été également tués. « Le nettoyage avait été fait par des dozos revanchards qui pendant des années avaient vu plusieurs d'entre eux exécutés ou égorgés par les miliciens de Banao » nous dit un témoin. Un autre témoignage réaffirme que les 28 et 29 mars, les FRCI ne sont arrivées au quartier Carrefour qu'une fois « le gros du travail » ait été fait par des dozos (burkinabè, sénoufo, baoulé), certains portaient des treillis semblables à ceux portés par les hommes d'Amadé. Un autre témoin révèle que des hommes en treillis avec un accent burkinabè se sont approchés de lui alors qu'il était en compagnie d'un de ses amis. Ils leur ont fait comprendre qu'ils n'étaient pas venus pour les civils mais pour les militaires et leurs alliés. Pour leur avoir mal répondu, son ami a été attaché à un arbre en face du camp de Colombo et a été abattu sans autre forme de procès. Les assaillants ont ensuite tiré des coups de sommation en demandant aux femmes et aux enfants de s'en aller avant de brûler ou de piller plusieurs maisons. Les enquêteurs ont effectivement vu lors de leurs investigations sur le terrain, un homme attaché et pendu à un arbre. (Annexe XXIII). 81. L'Equipe d'investigation a aussi constaté la présence de plusieurs corps dans au moins deux puits situés au niveau du quartier Carrefour. Un puits très profond, localisé au siège de l'APWè regorgeait de corps humains dont le nombre n'a pas pu être déterminé pour des raisons évidentes. Un autre puits situé dans la cour de la résidence d'un pasteur tué dans les incidents, contenait au moins trois corps visibles à l'oil nu (Annexe XXIV). L'Equipe a pu établir que des échanges de tirs avaient eu lieu au niveau de cette maison qui dispose d'un étage supérieur où des tireurs étaient postés, au vu des impacts de balles.82. Pour leur part, les FDS ont tué le 9 mars au moins cinq personnes dont quatre bébés lors de leur riposte contre les groupes d'autodéfense qui avaient attaqué leur position. Certains éléments des FDS ont participé à des exécutions menées par des jeunes patriotes dans le cadre des affrontements intercommunautaires. D'autres sont impliqués dans les tueries d'au-moins 10 allogènes à Bagohouo et Fengolo des 3 et 16 décembre 2010, de connivence avec des Jeunes Patriotes. D'autres encore ont participé par omission aux exactions en fermant les yeux sur les abus perpétrés en toute impunité contre des populations civiles. Certains éléments ont également participé dans les affrontements opposant les FRCI aux miliciens et mercenaires qui ont fait de nombreuses victimes.1.2. Dans les villages environnants de Duekoué83. Les dozos ont été indexés comme étant les auteurs principaux des graves atteintes au droit à la vie au quartier Carrefour et dans au moins quinze villages de Duekoué et de Bangolo. Ils sont impliqués dans la mort d'au moins 159 personnes dans cette zone. Les victimes ont, pour la plupart, été tuées par balle par fusils calibre 12. D'autres ont été égorgées, d'autres brûlées vives, notamment à Diahouin où une victime a été égorgée et jetée dans un puits. A Dieheba, les populations sont formelles, les FRCI ne
sont pas rentrés dans le village le 28 mars. Ceux qui les ont attaqués venaient des campements de Telebly, Batekrou, Koffikro, Guiglo et Michelkro. Ils étaient habillés en tenues traditionnelles apparentées à celles des dozos et armés de fusils calibre 12 et de machettes. Les villageois accusent clairement la communauté allogène d'avoir agi en représailles aux exactions commises par les Jeunes Patriotes.84. Un témoin renchérit : « Je dis que ce sont les allogènes qui nous ont attaqués puisque depuis la campagne électorale, un climat de méfiance s'est installé entre les deux communautés. Les jeunes Guérés avaient érigé un barrage de contrôle à l'entrée du village et les allogènes n'étaient pas contents de cette pratique. Ils avaient été victimes de fouilles et de racket de la part de nos jeunes. Voilà, ils se sont vengés, maintenant ce sont les dozos qui occupent ce barrage ». Un autre témoin ajoute : « Les gens qui nous ont massacrés, sont les dozos. Ils nous ont poursuivis dans notre fuite. Voilà même les douilles des cartouches de fusils calibre 12 qu'ils ont utilisés. Actuellement, les FRCI sont là-bas au barrage. Ce sont eux qui nous ont demandé de retourner dans le village. Nous vivons en paix avec eux mais nous avons peur d'aller dans les campements puisque les dozos s'y trouvent ». Dans un autre village voisin : « les dozos avaient encerclé notre village. Armés de fusils calibre 12 dont voici les douilles et habillés en tenue traditionnelle ornés de gris-gris, ils ont tiré indistinctement sur les habitants . ». D'autres témoins ont confirmé aux enquêteurs que les FRCI avaient effectivement démantelé un barrage dozo à l'entrée du village.85. Il convient de relever que les miliciens guéré et autres patriotes avaient au préalable commis plusieurs atteintes à la vie contre les populations allogènes. Le 3 décembre 2010, un groupe de 25 miliciens identifiés et armés de kalachnikovs, des machettes et autres armes blanches résidant au quartier Carrefour, a fait irruption à Toa Zeo (13 km à l'est de Duekoué), en menaçant de mort les populations allochtones baoulés au motif qu'ils avaient reporté leurs voix en faveur du candidat RHDP. Voyant que la communauté était prête à en découdre, les miliciens se sont retirés du village.86. Le 14 décembre 2010, le corps d'un Guinéen a été retrouvé mutilé dans un champ non loin du quartier Guitrozon à Duekoué. Il avait été porté disparu depuis le 12 décembre alors qu'il revenait d'un voyage d'affaire à Man (96 km au Nord de Duekoué). Il avait le corps tailladé de coups de poignard et la tête broyée avec une grosse pierre. La victime avait utilisé un raccourci à l'entrée de Duekoué pour échapper au contrôle et racket des agents de la douane. Les parents de la victime ont attribué ce crime aux miliciens et mercenaires.87. Les 16 décembre 2010 et 20 février 2011, un Burkinabé et un Baoulé ont été égorgés à Dieheba par des jeunes autochtones qui se disaient patriotes. Le corps d'une des victimes a été retrouvé derrière la maison du chef de village Oula Kpahe Bernard. Une attaque similaire des jeunes autochtones le 16 décembre à Fengolo a été déjouée grâce à l'intervention des dozos.88. Le 20 décembre 2010, vers 6h00 du matin, un ressortissant nigérien et deux burkinabés ont été interceptés par six jeunes miliciens armés entre le village de Fengolo et le campement de Remikro. Ces derniers ont sommairement abattu le ressortissant nigérien âgé de 40 ans qui tentait de fuir, avant de blesser les deux autres Burkinabès.89. Le 14 janvier, vers 6h00 du matin, un instituteur d'origine bété a été pendu à un arbre par des jeunes miliciens guérés au quartier Bellémoin à Duekoué. Le rapport de constat de la police atteste que le corps du défunt portait les stigmates d'une bagarre et ses mains avaient été ligotées. La victime avait reçu à plusieurs reprises des menaces des jeunes miliciens guérés voulant confisquer les porcs de son élevage. 90. Le 28 janvier, un agriculteur burkinabé de Bangolo (35 au nord de Duekoué), a été intercepté par des miliciens Guérés armés de kalachnikovs, de machettes et de gourdins au niveau du quartier Carrefour, sans raison valable. Ils l'ont fait tomber de son vélo et l'ont frappé à coup de gourdins avant de l'achever à coups des machettes. Le corps mutilé de la victime a été ensuite abandonné sur la voie à l'entrée du quartier Carrefour. Cette situation a engendré une forte colère de la communauté burkinabé qui a menacé de se venger contre les Guérés.91. Le 7 février, vers 8h00, un chauffeur et un commerçant malinké, âgés respectivement de 30 et 34 ans, ont été tués par quatre individus armés des kalachnikovs et des pistolets automatiques sur la route de Bangolo. Les assaillants ont tiré à bout portant sur les deux victimes avant d'emporter leurs motos et autres biens.1.3. Dans la zone de Guiglo, Blolequin et Bakoubly92. Les tueries qui ont eu lieu dans la zone de Guiglo, Blolequin et Bakoubly ont été principalement l'ouvre des miliciens guérés et de mercenaires libériens. Les attaques menées dans ces localités ont visé essentiellement les populations allogènes et des ressortissants de la CEDEAO. Au moins 344 allogènes et ressortissants de la CEDEAO, des Burkinabés en majorité, ont été tués pendant la période en revue. Les mercenaires et miliciens séquestraient régulièrement les populations en forêt et procédaient à des exécutions en ne faisant aucune distinction entre les hommes, les femmes et les enfants.93. Les 21 et 22 mars, les populations allogènes de Oualaïtaibly ont été séquestrées par les miliciens et mercenaires au niveau du campement Ouedraogo Thomas avant d'être sommairement exécutées. Au moins 30 personnes dont 23 Burkinabés et sept Baoulés ont été tués. Quatre femmes et neuf enfants étaient parmi les victimes.94. Le 22 mars, un char à chenilles conduit par des FDS a bombardé un quartier malien à Bedi-Goazon (32 km de Guiglo) avant l'entrée en action des miliciens, dirigés par Bob Marley qui se sont acharnés sur les populations civiles. Des jeunes villageois guérés, dont les nommés Agogo et Die Robert figuraient parmi les assaillants. Au moins 46 personnes dont 12 femmes et plusieurs enfants ont été tués. Les victimes étaient essentiellement des ressortissants maliens à l'exception de deux Burkinabés. Lors de ses enquêtes, l'Equipe d'investigation a constaté la présence de plusieurs corps dans des puits et des cadavres jonchaient les chambres. La localité était déserte. Seuls deux éléments des FRCI et six survivants comprenant quatre Burkinabés et deux Ivoiriens étaient venus constater les dégâts. L'un des témoins s'est exclamé devant un puits en reconnaissant le cadavre d'une victime : « C'était une femme gentille. Elle faisait boutique ici là ». Ce sont les seules paroles qu'il a pu prononcer avant
de s'éloigner d'un air hagard.95. Le 24 mars, un groupe de miliciens conduits par un certain Oulaï Tako se sont attaqués aux populations allogènes et étrangères de Tinhou (Blolequin). Ils ont tué deux Burkinabès avant de tout incendier sur leur passage. Le 27 mars, le même groupe a attaqué respectivement le campement Goy (6 km de Tinhou) tuant deux personnes ainsi que le campement de Sekéou (37 km de Péhé). Des cas de viols ont été également signalés dans ces localités. Ces attaques ont été menées en représailles contre les populations allogènes à qui les miliciens reprochaient d'avoir réclamé le vélo d'un Burkinabè qu'ils avaient confisqué.96. Le 28 mars, des miliciens sont entrés chez un Malinké, âgé de 70 ans, à Noudé sur la route de Troya II dans la région de Guiglo. Ils ont brûlé son champ, tué ses volailles et son bétail avant de le frapper, lui cassant les deux bras. Ensuite, ils l'ont égorgé à l'aide d'un long couteau de même que sa petite fille âgée de deux ans, et ont jeté les deux corps dans un puits.97. Dans la nuit du 28 mars vers 21h30, au moins 20 ressortissants de la CEDEAO dont un Ivoirien d'origine malinké, un Guinéen, un Nigérien, cinq Burkinabés et 12 Maliens, ont été égorgés par des miliciens et mercenaires libériens dans le quartier Nazareth à Guiglo. L'une des victimes, un Burkinabé, a été brûlée vive le 31 mars au Centre de la GTZ qui servait de camp aux miliciens, dirigé par un certain Tagro. Selon les témoins, les victimes avaient été extraites de leur domicile respectif, ligotées et égorgées non loin des maisons. Elles ont été ensuite jetées dans des canaux d'évacuation d'eaux. Les familles des victimes ont procédé à leur enterrement.98. Le 29 mars, profitant d'une victoire momentanée sur les FRCI à Bloléquin, des mercenaires libériens ont escaladé la clôture de la préfecture abritant des PDI qui avaient été regroupées dans ces locaux par les FRCI pour leur protection. Après avoir séparé les guérés des autres communautés qui comprenaient des Malinké, Baoulé, Yacouba, Burkinabè, Béninois, Guinéens, Maliens et Togolais, le leader du groupe, Bob Marley, leur a lancé « Vous pensez que les FRCI pourraient vous sauver ? ». Il a compté jusqu'à trois avant de tirer sur le groupe. Au moins 57 personnes ont été abattues dont sept personnes qui s'étaient réfugiées sous une table. Parmi ces victimes figuraient au moins neuf femmes et cinq enfants, dont des bébés. L'une des femmes abattues portaient son bébé au dos (Annexe XXV). L'imam de la ville de Blolequin, Siaka Sako, âgé d'environ 70 ans et son fils Moustapha Sako âgé d'environ 18 ans, se trouvaient parmi les victimes. L'Equipe d'investigation a pu rencontrer un rescapé de l'incident très traumatisé qui affirme revoir quotidiennement les scènes du massacre et qui souffre depuis lors de troubles du sommeil.99. Le 2 avril, des miliciens guérés, dirigés par deux individus dénommés Gérard et Fidèle, ont fait irruption au domicile d'un planteur de café-cacao burkinabè à Bantroya dans le département de Bakoubly, au motif que leur leader demandait la tête du planteur. L'ayant trouvé dans une concession, ils l'ont sommairement exécuté avec tous les membres de sa famille, faisant ainsi 11 morts et un blessé. Les autres Burkinabè ont fui la localité pour se réfugier à Sahibly (Pehé).1.4. Dans la zone de Danané et Man100. L'Equipe a recensé environ 68 victimes dont 10 femmes et un malade mental dans cette zone. Certaines victimes étaient des combattants tués lors des affrontements entre FAFN/FDS à Bounta. D'autres, notamment à Teapleu ont été tués par des miliciens lors de leur repli. D'autres victimes sont mortes à la suite de maladie ou par noyade en tentant de traverser le fleuve Nyo pour se réfugier au Libéria.1.5. Dans la zone de Toulepleu, Doké et Pehé101. Les FRCI ont mené de violents combats avec les miliciens/mercenaires dans cette zone ainsi qu'à Doké dans la zone de Blolequin. Doké est le village d'un leader des FS LIMA, Oulaye Delafosse par ailleurs ancien sous-préfet de Toulepleu et ancien élément des FDS. A Pehé, les FRCI n'ont pas combattu mais ont sommairement exécuté au moins 46 personnes, essentiellement des Guérés, dont le chef du village, Kah Gnagbei Gilbert, 70 ans, et blessé grièvement son grand-frère, Kah Nioulé Robert, 75 ans. Ce dernier porte encore deux balles dans son corps. Une femme, Glenignan Rosalie, fait également partie des personnes tuées à Péhé.2. Les atteintes à la vie de leaders religieux102. Le 28 mars, lors des combats à Duekoué, des dozos du quartier de Kokoma sont entrés au domicile de l'Imam Konaté, réputé modéré, en demandant aux habitants de la maison de ne pas avoir peur, de rentrer chez eux et qu'ils allaient les sécuriser. Les dozos ont été ensuite repoussés par des miliciens et mercenaires habillés en treillis de la gendarmerie et armés de roquettes, de A52, de DCA et de grenades, accompagnés par un gendarme qui ont à leur tour surgi dans la cour de l'Imam, où ils sont restés de 7h00 à 15h30 en tirant des rafales. Les miliciens n'ont pas voulu écouter l'un d'entre eux qui intervenait en faveur de l'Imam. Ils lui ont reproché de ne pas être un bon soldat et que « dioula c'est dioula » avant d'abattre l'Imam Konaté dans le dos devant sa femme, son frère et ses enfants. Ils l'ont ensuite brûlé à l'essence ainsi que la maison où il habitait avant de couper l'oreille à une femme âgée qui se trouvait dans la concession. Ensuite, les miliciens ont utilisé un chevron pour casser le cou du propriétaire de la maison, Siriki Samassi, avant de l'abattre sur indication d'une femme guéré qui leur avait indiqué qu'il était Dioula bien qu'il s'exprimait correctement en guéré. Les miliciens ont ensuite incendié la maison du troisième Imam, où se trouvait un enfant de quatre ans qui est mort, avant de s'en prendre à des voisins, dont un Sénégalais. Les auteurs de ces exactions ont été clairement identifiés. Il s'agit d'un borgne, de teint noir et qui serait proche de Banao, de Bah Dobli, un proche voisin qui conduisait les miliciens, un certain Dasco qui habite en face de la mosquée de l'Imam, d'Adolphe dit Dolio, fils d'un directeur d'école de Duekoué à l'EPP municipalité I et un Gouro Goyi Bi Patrice. Un certain Kobi qui tient un cybercafé faisait également partie du groupe. Il convient de rappeler que l'Imam Konaté avait participé à toutes les missions de réconciliation dans la ville. 103. Deux autres Imams, originaires de Dahobli (2 km de Taï) et de Blolequin ont été tués par des miliciens dans les incidents similaires.104. Le 29 mars, le pasteur Doué Jacques, dirigeant de l'Eglise du Christianisme Céleste Arche de Noé et deux autres pasteurs originaires de Baobli ainsi que neuf de ses fidèles, ont été tués à Duekoué par des hommes en treillis et des dozos sur indication d'une dame au teint clair et
grande de taille. Les assaillants l'ont tué alors qu'il portait sa soutane. Ils ont ensuite saccagé son domicile. Il convient de signaler que le domicile du pasteur comporte un étage où des échanges de tirs ont eu lieu. En outre, un puits qui se trouvait dans la cour de son domicile contenait au moins trois corps qui remontaient à la surface lors du passage de l'Equipe sur les lieux.3. Les atteintes à l'intégrité physique105. Au moins 586 personnes, dont 80 femmes et 14 enfants, ont été blessées dans les affrontements, soit dans le cadre de violences intercommunautaires, soit lors des affrontements opposant les différentes parties au conflit. Les victimes ont été blessées soit par arme à feu (fusils calibre 12), soit par éclats d'obus, soit par des roquettes. Une fillette de 14 ans qui avait reçu une balle perdue au pied à Duekoué a dû être amputée faute d'avoir été soignée à temps. Tous les blessés ont bénéficié de soins gratuits dans les différents hôpitaux de Bangolo, Duekoué, Danané et Man. Des femmes enceintes et des femmes combattantes figurent parmi les victimes. Dans d'autres cas, notamment à Boyapleu (Danané), des femmes ont été sévèrement frappées par des FDS postés dans la zone pour avoir refusé de leur céder la marchandise qu'elles vendaient (cigarettes, riz et autres denrées alimentaires).106. Le 17 décembre 2010, à Duekoué, un Baoulé âgé de 26 ans, acheteur de produits agricoles, a été sévèrement frappé par des miliciens, alors qu'il revenait d'une plantation, au niveau du quartier Antenne. Il a ensuite été amené au quartier Carrefour et séquestré jusqu'au soir. La police a dû intervenir pour qu'il soit libéré. La victime a été blessée au bras droit et à la tête. Les miliciens lui ont ravi deux téléphones portables, une moto, des habits et la somme de 150,000 FCFA (300 USD). Il a été soigné dans un centre de santé privé de Duekoué.107. Le 24 décembre 2010, vers 19h00, un couple burkinabè en provenance du campement Kouassikro (10 km au nord de Duekoué) a été attaqué par des jeunes Guérés armés, au quartier Antenne, à Duekoué. Ils ont fait tomber le couple de la moto que le mari conduisait avant de leur assener des coups de bâtons et de crosses de fusils. Le couple a été dépouillé de sa moto et de la somme de 60,000 FCFA (120 USD). Ils ont été secourus et conduits à l'hôpital par des planteurs baoulés qui empruntaient le même chemin. 108. Le 23 janvier, deux planteurs Burkinabès, âgés de 24 et 28 ans, ont été interpellés par des miliciens, alors qu'ils se rendaient aux champs. Ils ont été copieusement frappés et blessés à coups de couteaux aux épaules et au ventre. Ils ont été détenus dans un local du 23 au 26 janvier 2011 par les miliciens qui les ont libérés sur l'intervention du délégué consulaire assisté par des gendarmes. Cependant le délégué consulaire a dû payer la somme de 40,000 FCFA (80 USD) à Banao pour leur libération. Un autre Burkinabé qui avait été arrêté par les éléments de Banao, a dû payer la somme de 200,000 FCFA (400 USD) avant d'être libéré.109. Le 28 mars, un jeune Malinké âgé de 23 ans a été arrêté à Guiglo par des miliciens guérés encagoulés suite à la dénonciation d'une femme dénommée Sylvana qui l'accusait d'accueillir des rebelles à son domicile. Les miliciens ont fait irruption chez lui alors qu'il déjeunait. Ils ont renversé sa nourriture et lui ont demandé de les suivre à Adjamé, un quartier de Guiglo, dans le camp de Maho Glofiéi. Sur place, ils l'ont ligoté avant de le frapper à coup de machettes, pilons et crosses de kalachnikovs. Quatre éléments des FDS, dont un certain caporal chef Gbagbadé, désigné comme étant le formateur de ces miliciens, ont participé à ces faits. Ces derniers lui ont demandé de payer 200,000 FCFA pour sa libération. La victime est restée séquestrée de 13h00 à 3h00 du matin. Les miliciens le menaçaient de l'égorger à « l'abattoir » qui se trouve derrière le pont Luzo, chez Cyprien Maho. Datahan Marcellin, un jeune guéré, vice-président des jeunes du Mouvement pour la victoire d'Ado (MOVADO), considéré comme un traître, a également été frappé par les miliciens et obligé de vivre en cachette pendant des jours pour échapper à leur hargne. 110. Le même jour, le chef de village de Guehiebly, chef central et porte-parole des chefs traditionnels du Moyen Cavally, d'origine guéré M. Oula Kpahe Bernard, hospitalisé à l'hôpital de Bangolo, a été frappé à la tête par des éléments habillés en treillis qui ont fait irruption dans son village en lui demandant de leur indiquer les habitations des FDS. Les assaillants ont ensuite tenté de le brûler avant d'incendier sa maison. Il s'en est sorti sur l'intervention d'un Malinké qui lui a porté secours. L'équipe a pu constater un pansement à la tête et au pied du chef de village (Annexe XXVI).4. Les atteintes au droit à la liberté et à la sécurité de sa personne4.1 Cas de disparitions forcées111. Pendant la période en revue, l'Equipe d'investigation a recensé au moins 80 cas de disparitions forcées qui ont été signalés à Bédi Goazon, Boyapleu, Duekoué, ZouanHounien, Bloléquin et à Diahouin (dans la zone de Duekoué).112. Le 4 janvier, un agriculteur d'origine burkinabè dénommé Isaac, résidant au quartier Antenne à Duekoué a été porté disparu. Il avait été menacé par des miliciens guérés, qui l'accusaient de soutenir la communauté malinké et le RHDP. L'intéressé avait saisi les autorités sans que ces dernières n'interviennent. 113. Vers la mi-mars, deux véhicules de transport en commun ayant à leurs bords au moins 60 personnes, ont été interceptés par les miliciens au niveau du quartier Carrefour. Les passagers sont portés disparus depuis lors. Les populations ont porté plusieurs plaintes devant les autorités locales sans succès ni obtenir gain de cause.114. Le prêtre de la paroisse catholique de Bloléquin, Gogbeu Damien, est porté disparu depuis le 2 avril. Il était parti de Guiglo pour Bloléquin.4.2 Cas d'arrestations et de détention115. Le 20 février, le chef de village de Téapleu, a été arrêté et séquestré par les éléments FDS-CI de Boyapleu de 17h00 à 23h30. Il a été ligoté, menacé de mort et frappé toute la nuit. Ces derniers ont ensuite mis une chenille vivante dans sa chemise et l'ont envoyé à leur camp à Zouan-Hounien, dirigé par un certain capitaine Roger. Les FDS lui ont demandé pour qui il avait voté. En répondant qu'il avait voté en faveur d'Alassane Dramane Ouattara, ces derniers l'ont de nouveau menacé de mort et l'ont ensuite ramené à sa base. Ils lui ont dit qu'ils n'allaient pas le tuer parce qu'ils avaient l'intention d'attaquer les FAFN et que sa mort allait perturber les événements. La notabilité locale a interpellé le préfet sur ces exactions.116. Le 17 mars, 25 éléments des FDS ont été faits prisonniers lors des affrontements entre FDS et FRCI lors des affrontements dans la
zone. Ils ont été transférés à Daloa. Deux blessés de guerre, le Sergent Guede Blé Sylvain et Sergent Kouakou Da, ont été aussi extraits de l'hôpital de Man et envoyés à Daloa par les FRCI. Deux autres éléments des FDS dont un maréchal de logis (MDL) et un sergent ont été faits prisonniers à Bin-Houyé et Blolequin puis envoyés à Bouaké.117. Au courant du mois d'avril, les autorités libériennes ont aussi procédé à des arrestations de miliciens ivoiriens et de mercenaires libériens. Au total, 88 présumés miliciens ivoiriens ont été arrêtés et détenus à Harper ; 12 autres présumés mercenaires, y compris « Général Bob Marley » ont été arrêtés et transférés à Monrovia ; Avant cela, sept présumés mercenaires avaient été arrêtés à Harper mais libérés par le juge en application du principe de l'Habeas corpus. Le juge ayant rendu cette décision a été démis de ses fonctions par la Présidente de la République du Libéria.5. Les atteintes au droit à la propriété118. Le repli des miliciens et mercenaires a été suivi de nombreuses exactions, indépendamment de celles commises auparavant contre les populations civiles. Des membres des communautés allogènes et allochtones ont été exécutés, des édifices publics, privés, religieux et des commerces ont été dévastés, pillés et brûlés et les domiciles des populations qui avaient fui les hostilités pour se réfugier en forêt ou dans d'autres localités ont été systématiquement pillés et/ou incendiés. Les greniers ont été vidés et des ustensiles de cuisine ont même été emportés, empêchant ainsi les populations de pouvoir préparer à manger. Certaines maisons appartenant à des militants LMP ont par ailleurs été incendiées à Man par des militants pro-Ouattara. Les locaux de plusieurs institutions étatiques, la gendarmerie, les commissariats de police, les hôpitaux, des centres de formation (notamment le Centre Fabio de la Mission catholique de Bloléquin, le centre de santé de Pehé), ont été également pillés. A Tinhou, la maison de Dagobert Banzio, ministre des Sports a été brûlée. Les miliciens se sont attaqués à tous ceux qu'ils soupçonnaient d'être des RDHP ou des nordistes. Les échoppes des Burkinabé et des Malinkés sont aussi parties en fumée. Les différents témoignages ont clairement établi la responsabilité des mercenaires libériens et milices pro-Gbagbo dans ces saccages. Il convient de relever que certains éléments des FRCI, des dozos et des membres de la population ont également participé aux pillages.119. Le 22 mars, vers 14h00, un chauffeur de l'ONG « Save the Children » à Guiglo (30 km de Duekoué) s'est vu arracher la clé de son véhicule par des mercenaires libériens armés de kalachnikovs. En dépit de l'alerte lancée par les responsables de l'ONG auprès de l'ONUCI et des FDS, le véhicule est demeuré introuvable. De même, le 23 mars, le Bureau du Haut Commissariat pour les Réfugiés (HCR) à Guiglo a été attaqué et saccagé par une vingtaine de mercenaires libériens. Ces derniers se sont emparés de trois véhicules et de deux motos.120. Le 24 mars, la mosquée Taqwadullah de Niambly (3 km de Duekoué) a été brûlée par des miliciens à la suite du décès d'un jeune guéré qui avaient été tué par des coupeurs de route. Les miliciens ont également brûlé des livres de Coran et autres ouvrages religieux. Ils ont en outre saboté le puits de la mosquée dont l'eau n'est plus potable. En contre-représailles, les populations allogènes ont brûlé les maisons des Guérés mais n'ont pas touché à l'église du village.121. Le 28 mars, des miliciens guérés ont brûlé huit camions remorques XF de 30 tonnes appartenant à un acheteur de café-cacao malien, Demba Dondou, au quartier résidentiel de Duekoué. Ils ont versé de l'essence sur les camions avant de les brûler. En réaction, les populations malinkés ont pillé des domiciles appartenant aux Guérés.122. Le 28 mars, à Duekoué, un obus de 80 à 81 mm, tiré par des FDS, a complètement détruit la cuisine de la mosquée sunnite Rassoul, tuant parallèlement une dizaine de personnes. Au moment de la mission, des impacts de balle étaient également visibles au niveau de la Mission catholique de Duekoué, où des échanges de tirs ont eu lieu entre les miliciens et les FRCI.123. Le 11 avril, à Vatouo (Danané), 45 jeunes militants de LMP ont pillé et incendié des maisons appartenant aux militants du RHDP, alors que ces derniers manifestaient leur joie à la suite de l'arrestation de Laurent Gbagbo. Les militants ont été arrêtés par les FRCI, puis remis en liberté sur l'intervention du député Dan Ouleo qui participait à la caravane de la réconciliation organisée par le gouvernement.124. Au courant du mois de février, des FDS ont incendié une plantation de café à Boyapleu au prétexte que les arbres les empêchaient de voir leur ennemi de très loin. En outre, ils ont emporté toute la récolte de café et cacao des populations, en toute impunité.125. Dans la zone de Bloléquin, le dénommé Doyan Jean Pierre alias John Peter, milicien, a régulièrement confisqué des plantations appartenant aux Baoulés qu'il a ensuite redistribuées aux Guérés et mercenaires libériens qui avaient combattu dans la région en 2002. En outre les autochtones exigent que des allogènes leur rétrocèdent quelques hectares de terre. A titre d'exemple, un planteur dont la plantation faisait 4,5 hectares a dû céder 2 hectares à ses « tuteurs » autochtones pour pouvoir travailler dans la communauté. D'autres doivent obtenir un laissez-passer coûtant 20,000 FCFA qui leur permet d'accéder aux plantations. Les planteurs doivent payer 10,000 FCFA supplémentaires pour chaque par manouvre employé, y compris leurs propres enfants. Les chauffeurs de transport en commun doivent quant à eux payer 10,000 FCFA par Dyna au chef de village et 30,000 FCFA s'il s'agit d'un camion de 10 tonnes avant de pouvoir circuler.6. Les atteintes au droit à la liberté de circulation126. Dès le 16 décembre 2010, les FDS ont constitué une force mixte à Duekoué avec des miliciens APWè lourdement armés de RPG, de grenades, de kalachnikovs et de machettes dirigé par Banao et par Ouehan Mompeho Julien alias Colombo et le leader local du COJEP Bah Roland. Ils ont érigé des barrages routiers sur toute l'étendue de la ville. Lors de ces opérations, ils s'adonnaient à de nombreuses exactions surtout contre les populations allogènes et allochtones et tiraient de façon indiscriminée dans la ville. Les miliciens se sont retranchés dans des campements et ont attaqué régulièrement les Baoulés, Malinké et Burkinabés, particulièrement à la suite de la menace de la CEDEAO d'envoyer des troupes de l'ECOMOG. Avec la prise des villes environnantes par les FRCI, les miliciens de Duekoué n'avaient plus confiance aux FDS. Ils avaient arraché leurs véhicules et armement et avaient la
sécurité entre les mains. Maquillés à la guérilla et lourdement armés de RPG, de grenades ainsi que des kalachnikovs et des machettes, les miliciens ont alors multiplié les barrages routiers. Ils procédaient au contrôle des véhicules mais aussi et surtout des identités des passagers. Les pièces des noms à consonance nordique étaient confisquées[11]. Au moins 84 cartes d'identité et photos de victimes Burkinabès ont été retrouvées au domicile de Banao (Annexe XXVII). Les miliciens ont interdit à certains leaders politiques de tenir leurs meetings dans les villes lors de la campagne électorale et étaient soutenus dans leurs actions par certains chefs de quartier, notamment un certain Gaston résidant à Bellémoin. La restriction de mouvement imposée par les miliciens s'appliquait également à l'ONUCI dont tout le personnel était confiné au camp, sous la protection du contingent marocain (MORBAT). Cette situation a entraîné la relocalisation de tout le personnel civil vers la ville de Man, sous contrôle des FN. Le 8 janvier, alors qu'il faisait partie du convoi humanitaire conduit par le Coordonnateur humanitaire du Système des Nations unies en Côte d'Ivoire en visite à la Mission catholique de Duekoué, le véhicule d'un fonctionnaire des droits de l'homme de la Division des Droits de l'Homme (DDH) de l'ONUCI a failli être brûlé par des jeunes patriotes de LMP devant la Mission catholique n'eût été l'intervention d'un capitaine des FDS.7. Les atteintes au droit à la liberté d'opinion et de religion127. Des militants LMP originaires de Téapleu, notamment un certain Sapoudé Anderson et Kui Denis, avaient établi une liste de personnes qu'ils soupçonnaient être des partisans du RHDP. Ils utilisaient ensuite des éléments des FDS pour frapper et harceler les personnes figurant sur cette liste. De même, à Man, la communauté Wobé, majoritairement acquise à la cause de LMP, a été continuellement menacée et harcelée par des militants du RHDP. Des menaces ont été proférées par des éléments des FAFN à l'encontre du président du COJEP, dans la sous préfecture de Logoualé, à l'issue du second tour de l'élection présidentielle.128. A Guiglo, la mosquée Félix Houphouët-Boigny a été fermée en février en raison des menaces des miliciens qui demandaient à l'Imam de ne pas procéder à l'appel à la prière. La mosquée était toujours close au moment du passage de l'Equipe d'investigation.8. Les droits sociaux, économiques et culturels8.1 Droit à la santé129. Le personnel médical a déserté les hôpitaux dès le début des hostilités dans la région. A Danané, l'hôpital a fonctionné avec deux médecins, un chirurgien et un gynécologue. Le cabinet dentaire est resté fermé. Les équipements sont depuis longtemps défaillants et le personnel s'est « débrouillé » pour assurer une assistance minimale aux malades. Les salaires n'ont pas été payés. Les coupures intempestives d'eau et d'électricité ont affecté gravement le bon fonctionnement de l'hôpital qui a besoin d'au moins 9m3 d'eau. Le château d'eau est en panne depuis le mois de mars. L'hôpital s'approvisionne à partir d'un forage. Il dispose d'un groupe électrogène de 100 KW, mais manque de carburant et maintenance. L'OMS et MSF ont fourni des soins gratuits aux blessés de guerre. L'hôpital reçoit également l'assistance du FNUAP.130. A Guiglo, l'hôpital a recommencé à fonctionner à partir du 5 avril. Le matériel médical, y compris des réfrigérateurs et des climatiseurs, a été emporté. L'hôpital fonctionne avec un dentiste et des infirmiers en chirurgie. Les médicaments stockés ont été emportés. Des éléments des FRCI se sont emparés de l'ambulance. A Bin-Houyé, un seul médecin est resté sur place avec deux filles de salle. L'hôpital a été pillé, les matelas, réfrigérateurs et stérilisateur emportés, et des vaccins endommagés. Une épidémie de rougeole s'est déclarée dans la région au courant du mois de mars, selon le médecin.131. L'hôpital de Bangolo, géré par MSF Belgique, avait mis en place un plan d'urgence bien avant la crise. Des simulations ont été faites et l'hôpital a été en mesure d'assister convenablement les blessés qui ont été évacués vers cet hôpital. Les blessés les plus graves ont été évacués vers le Centre hospitalier régional (CHR) de Man.8.2 Droit à l'éducation132. La crise a eu des répercussions dramatiques sur le droit à l'éducation. Dans certains villages, les enfants ne vont plus à l'école depuis le mois d'octobre, les enseignants ayant déserté les établissements scolaires.A Danané, certaines écoles ont été utilisées comme site temporaire pour l'accueil des personnes déplacées. D'autres écoles ont été détruites et pillées, notamment à Téapleu (Danané).X. Les violences faites aux femmes et aux enfants133. Pendant la période en revue, l'Equipe d'investigation a documenté 47 cas de viols et abus sexuels dans les zones de Bangolo, Bloléquin, Danané, Duekoué et Toulepleu. Des femmes enceintes et deux mineures figurent parmi les victimes. Ces viols ont été généralement perpétrés par des éléments des FDS, des FRCI, par des miliciens/mercenaires et par des civils. Certaines victimes ont bénéficié d'un traitement médical alors que d'autres ont eu recours à la médecine traditionnelle. Une certaine recrudescence des cas de mutilations génitales féminines (MGF) a été également observée. Cette pratique traditionnelle néfaste a pris de l'ampleur pendant la période de crise en raison de l'absence et/ou des dysfonctionnements observés dans les services administratifs et judiciaires. Au total 36 cas de MGF ont été signalés à Wataradougou (35 km de Duekoué) et Podiagouinée (149 km de Duekoué). Plusieurs femmes, traumatisées par les tirs de mortier, se sont plaintes de maux de tête, d'insomnie et de maladie. Plusieurs femmes enceintes ont accouché prématurément souvent de bébés mort-nés. 134. Au lendemain des événements du 3 au 5 janvier (cf. cidessus), 17 femmes dont une fillette de six ans ont été enfermées dans une maison abandonnée par dix miliciens armés qui leur ont demandé de choisir entre le viol ou d'être brûlées vives. Les victimes, violées à tour de rôle par les miliciens, ont bénéficié d'un traitement médical à l'Hôpital général de Duekoué.135. Le 13 janvier, l'épouse d'un gendarme, âgée de 20 ans, a été violée à Man par deux voisins. Ces derniers l'ont frappée, ligotée avant d'abuser d'elle sans protection. La victime qui a également eu la bouche tuméfiée, a été soignée au CHR de Man. Une plainte a été déposée à la gendarmerie.136. Le 7 février, à Fengolo, cinq femmes et jeunes filles malinkés, âgées de 17 à 57 ans, ont été violées par huit miliciens guérés qui avaient attaqué le véhicule dans lequel elles voyageaient. Deux autres femmes guérés qui étaient à bord du véhicule, n'ont pas été inquiétées. Toutes les victimes ont bénéficié d'une assistance médicale et
psychosociale grâce à l'International Rescue Committee (IRC) et à la Coalition des Femmes leaders de Duekoué.137. Vers le début du mois de février, des éléments des FDS-CI stationnés à Boyapleu, commandés par un certain Gueu, ont commis des exactions contre plusieurs femmes, y compris des viols. Ils ont notamment demandé aux femmes de leur préparer à manger ou s'emparaient tout simplement des repas déjà préparés et destinés à leur famille. Neuf d'entre elles, dont des femmes enceintes de deux à neuf mois, ont été violées par ces militaires. L'une des victimes qui était enceinte de deux mois, a perdu sa grossesse après le viol. Une autre a été violée pendant que son mari était sévèrement frappé par les FDS. Ce dernier est porté disparu depuis lors. De même, une mineure de 17 ans a été frappée et violée par deux éléments des FDS. Ces derniers lui ont ensuite pris la somme de 20,000 FCFA (40 USD) et une valise contenant ses effets personnels. Ces exactions ont poussé les femmes à fuir le village et à se réfugier en brousse. Ces femmes n'ont pu bénéficier de suivi médical, elles ont été traitées au village par la médecine traditionnelle. Plusieurs femmes se plaignent de fatigue extrême pour avoir marché pendant de longues heures en portant des enfants dans les bras. Plusieurs femmes en état de grossesse ont accouché en forêt en tentant de fuir les hostilités. Certaines d'entre elles ont accouché de bébé mort-né ou de bébé malade. Dans un cas, une dame de 45 ans a été déshabillée par des éléments FDS qui l'ont gardée toute nue pendant deux jours sans la toucher toujours dans au même endroit. Ils avaient finalement estimé qu'elle était trop vieille pour eux.138. Le 14 mars, à Doké, une jeune fille âgée de 20 ans, enceinte de huit mois et portant un garçon d'un an et demi, a été violée par un élément des FRCI alors qu'elle s'était réfugiée en brousse avec d'autres habitants du village, fuyant les exactions. Elle en est restée traumatisée et n'a bénéficié d'aucun soin.139. Le 13 avril, vers 23h00, une militante du FPI, âgée de 49 ans, a été violée à son domicile à Deahouepleu (7 km de Danané), par un élément des FRCI, Laurent Dangogbeupleu, surnommé « Lame Taureau », accompagné d'un certain Gueu, qui a violemment frappé son fils pendant le viol. Ils ont menacé la victime de mort, ont saccagé tous ses biens avant d'emporter une somme de 215,000 FCFA (430 USD). Une autre dame âgée de 60 ans, présente sur les lieux, a été également rouée de coups.140. Le 31 janvier, 18 jeunes filles, âgées de 15 à 20 ans, ont été excisées à Wataradougou, lors d'une cérémonie organisée par le chef du village. Le 13 février, 18 autres jeunes filles, âgées de 13 à 22 ans, ont été excisées à Podiagouinée, dans le département de Man, chez le chef du village.XI. La situation humanitaire141. L'Equipe d'investigation a visité 13 camps de PDI dans plusieurs localités de sa zone d'intervention. Les femmes et les enfants ont formé la majorité des PDI. Certains d'entre eux ont marché plus de 42 km pour se mettre à l'abri. Plusieurs villages n'ont plus d'eau potable, les greniers, ustensiles de cuisine et autres biens personnels ont été pillés et emportés. Ils ne disposent pas d'électricité, n'ont plus accès à l'information ni aux moyens de communication, notamment à Toulepleu.142. Les groupes de déplacés se sont constitués en fonction des évènements. Au lendemain du deuxième tour de l'élection présidentielle, les autochtones guérés avaient commencé à quitter leurs villages et certains quartiers de Duekoué pour se regrouper au niveau du quartier Carrefour, fuyant les affrontements consécutifs aux violences intercommunautaires des 3 et 16 décembre 2010 et celles du 3-5 janvier 2011 (Annexe XXVIII). D'autres se sont réfugiés à la Mission catholique ou à l'Union des Eglises Evangéliques Ouvres et Services (UEESO). Les affrontements entre FDS-CI et FAFN dans les zones de Téapleu, Toulepleu et Zouan-Hounien, conjugués à des rumeurs sur l'arrivée de mercenaires libériens, fin février et début mars, ont encore accentué le flot de personnes qui ont fui leurs villages dans cette partie du pays. La prise de la ville de Bloléquin, par les FRCI, dans la nuit du 20 au 21 mars 2011, et les violents affrontements qui se sont déroulés entre FDS-CI et FRCI à Guiglo et à Duekoué, à partir du 25 mars, ont entraîné la fuite d'un très grand nombre de civils. En fin mars, on comptait plus de 22,000 PDI à la Mission catholique de Duekoué (Annexe XXIX). Selon le Bureau de la Coordination humanitaire (OCHA), environ 90.000 personnes avaient fui vers le Libéria voisin au 21 mars. Au total, selon le HCR, 116.000 Ivoiriens avaient fui vers huit pays voisins, au 29 mars, à savoir vers le Bénin, le Burkina Faso, le Ghana, la Guinée, le Liberia, le Mali, le Nigeria et le Togo.143. A Guiglo, les centres d'accueil temporaires ont essentiellement été occupés par des Malinkés et des allogènes, surtout des Burkinabès, qui fuyaient les exactions des miliciens et mercenaires libériens avant la prise de la ville. Avec l'arrivée des FRCI, un mouvement inverse a été observé. Les allogènes ont quitté les sites, laissant la place aux autochtones guérés ou bétés qui craignaient des représailles de la part des dozos et des FRCI. Les PDI ont généralement vécu dans des conditions très précaires malgré les efforts des agences des Nations unies. Plusieurs déplacés passent la nuit à la belle étoile dans des conditions exécrables et inappropriées en saison de pluie, surtout pour les enfants et les personnes du troisième âge. A Duekoué, par exemple, la Mission catholique dont la capacité d'accueil est de 2,000 pensionnaires en a reçu près de 30,000 PDI avec comme conséquence des décès récurrents. Deux décès étaient répertoriés quotidiennement au moment de la mission d'investigation, dus principalement aux maladies, telles que le paludisme, la diarrhée et les infections respiratoires, ainsi qu'à la malnutrition. Le désengorgement immédiat de la Mission catholique s'impose en raison de la promiscuité, des conditions hygiéniques précaires surtout avec la saison de pluie qui risque d'empirer la situation. Par ailleurs, l'infiltration de miliciens, de policiers et de gendarmes armés au sein des populations déplacées a posé de sérieux problèmes sécuritaires, ainsi que des questions éthiques et de justice eu égard aux victimes de leurs exactions.XII. L'attitude des autorités politiques, administratives, religieuses et coutumières dans la gestion de la crise144. Plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer la partialité des autorités administratives durant la crise postélectorale, surtout dans la région du Moyen Cavally. Ces autorités n'étaient plus écoutées après les élections présidentielles et plusieurs d'entre elles avaient quitté les différentes villes bien avant le
début des hostilités. Le vide administratif a profité aux miliciens qui ont commis de nombreuses exactions en toute impunité. En outre, plusieurs cadres locaux et ministres du gouvernement Gbabgo ont soutenu et entretenu l'activité des miliciens et mercenaires. Ils ont soit recruté, hébergé ou contribué négativement à la diffusion de messages d'incitation à la haine et à l'intolérance ethnique lancés à la population autochtone contre les communautés allogènes et allochtones. A cet égard, M. Kahé Eric, Conseiller à la Présidence, avait demandé séance tenante aux autochtones lors d'une séance de réconciliation à Duekoué de chasser tous les étrangers (allochtones et/ou allogènes) du département pour avoir soutenu le RHDP. Ces communautés ont en retour exigé publiquement de lui une indemnisation et le remboursement de tous leurs avoirs, activités commerciales, biens meubles et immeubles avant de partir de Duekoué. Par ailleurs, M. Kahé Eric est accusé par plusieurs témoins d'être impliqué dans la prise en charge des mercenaires libériens qui étaient logés à son domicile. D'autres étaient logés à l'hôtel Tauli II, à Duekoué, au compte de LMP et d'autres encore à Ivoire Hôtel appartenant à Mme Séa Pauline. Des armes auraient été découvertes dans cet hôtel. M. Kahé Eric fournissait les miliciens en armes et leur servait d'intermédiaire avec la Présidence de la République. Des uniformes militaires et des armes ont été également découverts chez un certain Yehoun, Président du Conseil d'administration du COSAPAD et chez M. Yayi Octave, troisième vice-président du Conseil général de Guiglo.145. Des autorités locales bien identifiées, notamment la Coordination de tous les Chefs traditionnels guérés, dirigée par Ba Thai François et soutenue par le Maire de Duekoué, ont été à l'origine de discours incendiaires sur l'épuration ethnique. D'autres personnalités indexées par les victimes et témoins dans le soutien apporté aux miliciens et mercenaires sont : Banao Gabriel, chef de la section de l'UPRGO à Duekoué basée au quartier Carrefour; Maho Glofiei, chef de la milice FLGO, basée à Guiglo ; Voho Sahi Alphonse, ministre de la culture du gouvernement Gbagbo ; Emile Guiriélou, ministre de l'intérieur, et Hubert Oulaï, ministre de la Fonction publique ; Iro Benoît, président du Conseil général de Toulepleu ; Paul Dokui et un certain Adama Keita à Guiglo. A Sahibly, le président du FPI, Zagba Martin et le chef de village adjoint Kemao Timo Léon. A Danané, les miliciens/mercenaires pro-Gbagbo ont bénéficié de l'assistance de cadres locaux tels que le Directeur général de la Douane, le Colonel Mangly, Youdé Célestin, membre du Conseil général, et le député de Bin-Houyé, Blon Blaise alias Bulldozer, le Président du Conseil général de Man. A Toulepleu, les miliciens et mercenaires occupaient la résidence du député Zion Hilaire.XIII. Actions de l'ONUCI et du Bataillon marocain146. En dépit de l'hostilité et de restrictions de mouvements imposées à son personnel civil et militaire par les miliciens et les organisations pro-Gbagbo, l'ONUCI a pu développer une stratégie de protection de la population civile aussi bien à Duekoué qu'à Guiglo malgré le fait que les miliciens menaçaient qu'ils allaient abattre son avion (Annexe XXX). A la demande de l'Eglise catholique et protestante, l'ONUCI a pu assurer la protection des Eglises catholique et protestante, traditionnellement reconnues comme des lieux de refuge des PDI dans ces deux localités lors des cycles de violence et d'affrontements armés qu'a connu cette partie du territoire depuis 2002.147. Dans le but de protéger des populations civiles qui avaient déjà pris refuge dans ces deux lieux de culte, le RSSG s'est rendu au début du mois de mars pour instruire les contingents béninois de Guiglo d'assurer la protection des populations ayant pris refuge à l'Eglise catholique de Guiglo. Des instructions similaires avaient été données au contingent marocain d'assurer la protection de la population civile à l'Eglise catholique de Duekoué.148. Lors de l'attaque de la ville de Duekoué le 28 mars, le camp du bataillon marocain a subi les tirs croisés des FRCI et des FDS/Miliciens et mercenaires. Un hélicoptère de l'ONUCI a été même touché par balle.149. Par la suite, le commandant du bataillon s'est entretenu avec les principaux belligérants pour une cessation immédiate des combats afin d'assurer la protection des populations civiles. L'intervention du contingent militaire marocain et la médiation qui s'en est suivie a permis d'atténuer la tension et de mettre fin aux combats dans la ville de Duekoué. Le 29 mars, à 8h00 les combats avaient cessé dans la ville de Duekoué qui était alors entre les mains des FRCI.150. Le 30 mars, immédiatement après la cessation des combats, le bataillon marocain de l'ONUCI a aussi renforcé la sécurité de la Mission catholique et aidé certaines populations locales à trouver refuge soit au niveau de l'ONUCI ou de la Mission catholique. Dans l'exercice de la protection de la population civile, le bataillon marocain a ramené dans des endroits sécurisés plus de 6.000 personnes qui s'étaient réfugiées dans la brousse.151. Le même jour, l'ONUCI a dépêché une délégation sur le terrain afin de s'enquérir de la situation à Duekoué et Guiglo. D'autres délégations importantes, conduites par le RSSG, M. Choi, M. Ndolamb Ngokwey, Coordonateur Humanitaire, Mme Valérie Amos, Sous-Secrétaire générale des Nations unies chargée des affaires humanitaires, M. Ivan Simonovic, Secrétaire général adjoint des Nations unies aux droits de l'homme ainsi que M. Alain Le Roy, Sous-secrétaire général des Nations unies chargé des Opérations de Maintien de la Paix, ont effectué des visites dans la ville pour se rendre compte des dispositions prises par l'ONUCI en vue d'assurer la protection de la population civile.152. L'ONUCI a dépêché dès le 1er avril, une Equipe d'investigation et d'évaluation sur le terrain. Cette Equipe a enquêté à Duekoué et dans les autres villes des régions du Moyen Cavally et des Dix-huit Montagnes.153. Le même jour, en raison de la décomposition avancée des corps des victimes et des odeurs fortes, fétides et nauséabondes, et sur insistance des populations locales, le contingent marocain a participé à l'inhumation des corps des victimes tuées lors des événements qui jonchaient la ville de Duekoué. Ces corps ont été enterrés dans trois fosses communes localisées au quartier Carrefour et à Guémond. L'urgence de l'inhumation s'imposait dans la mesure où certains cadavres étaient mangés par des chiens et autres animaux, ce qui laissait une image intolérable pour la dignité humaine. Vu les lacunes constatées dans la gestion des cadavres, la DDH a attiré l'attention du MORBAT sur l'impératif de se conformer aux principes de la gestion des
dépouilles mortelles, après avoir été elle-même formée par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur les normes y relatives.XIV. Conclusions154. Les violences postélectorales ont atteint leur paroxysme à l'ouest du pays où plus d'un millier de personnes ont été tuées dans des affrontements intercommunautaires, des actes de vengeance et de représailles, mais surtout au cours des affrontements opposant, du 23 février au 31 mars, les FAFN/ FRCI/groupes d'autodéfense et dozos, aux FDS/miliciens et mercenaires libériens. De graves atteintes à la vie et à l'intégrité physique ont été observées. Des actes de pillage et les destructions massives de biens publics et privés ont laissé les populations locales dans un dénuement total. Les femmes, les enfants et les personnes âgées continuent de payer le lourd tribut de la guerre eu égard aux nombreux cas de viols, tueries et autres souffrances endurées lors des déplacements de populations. En effet, des centaines de milliers de personnes ont dû traverser les frontières pour se réfugier dans les pays voisins et des milliers d'autres personnes ont été confinés dans plusieurs camps de déplacés à l'intérieur du pays.155. Malgré une accalmie relative, une certaine psychose s'est emparée des différentes communautés. Les populations autochtones craignent les attaques des dozos tandis que les populations allogènes s'attendent à tout moment à une attaque des miliciens. Plusieurs miliciens ont fui dans la forêt aux alentours des grandes villes et au Libéria avec des armes lourdes et sophistiquées alors que les FRCI n'ont pas encore mis la main sur les toutes les nombreuses caches d'armes signalées dans la région. Une fois réorganisées, ces milices ont encore la capacité de tendre des embuscades et s'attaquer régulièrement aux populations. Une recrudescence d'incidents sécuritaire est même signalée au Libéria.156. Par ailleurs, les exactions continuent encore dans les villages et campements situés le long du fleuve Cavally, du côté ivoirien. Des éléments des FRCI et des hommes armés non identifiés écument des villages et campements et procèdent à des exécutions sommaires, des enlèvements et à des arrestations. Les éléments des FRCI utilisent le même modus operandi lors des opérations de ratissage. Ils opèrent en surnombre, encerclent les villages ou campements, perquisitionnent systématiquement chaque maison, pillent et pillent et enlèvent des personnes, en prenant le soin de séparer les femmes des hommes. Ensuite, ils incendient les maisons vidées, interrogent les hommes, extraient systématiquement les hommes portant des scarifications de combattants et les exécutent. Par ailleurs, des ressortissants Burkinabè ont pris possession des terres appartenant aux PDI et aux réfugiés. Certains se sont autoproclamés chefs de villages et de campements. Avec l'appui des FRCI, ils ont instauré une justice expéditive en procédant à des exécutions sommaires sur simple dénonciation. En outre, ils exerceraient un droit de cuissage sur toutes les femmes autochtones. De nombreux villageois continuent de fuir plusieurs localités et arrivent quotidiennement au Liberia après des jours de marche dans la brousse, illustrant ainsi les ramifications régionales et transfrontalières de la crise ivoirienne. La résurgence de la méfiance et des rancours intercommunautaires rend difficile le retour progressif des populations dans leur milieu d'origine et les efforts entrepris par les autorités pour promouvoir la paix et la cohésion sociale.157. A cet égard, il est impératif que tous les crimes et violations des droits de l'homme commis pendant la période postélectorale à l'Ouest du pays puissent faire l'objet d'enquêtes neutres et impartiales afin d'identifier les auteurs, les sanctionner et lutter ainsi efficacement contre l'impunité. A cet égard, le procureur général près la Cour d'appel de Daloa a ouvert une enquête sur les évènements qui ont eu lieu à Duekoué avec sept juges chargés de mener cette enquête. Une commission d'enquête internationale est arrivée le 3 mai en Côte d'Ivoire pour se déterminer également sur les nombreuses violations des droits de l'homme dans la période postélectorale. C'est une fois les responsabilités établies et les auteurs des graves violations des droits de l'homme arrêtés et que les victimes obtiennent réparation que le processus de réconciliation entamé par le gouvernement aura un sens véritable aux yeux de la population.158. A cet égard, le Président de la République Alassane Dramane Ouattara s'est attelé à réorganiser la structure administrative en nommant de nouveaux préfets et sous-préfets dans les deux régions dans le courant du mois d'avril. Des campagnes de sensibilisation ont également été effectuées pour calmer les ardeurs des uns et des autres, appeler les populations à la nécessité de vivre désormais en commun et en harmonie dans la paix et le développement en vue de re-souder la fracture sociale et renforcer la cohésion sociale.Chronologie des évènementsDateIncidents3 décembre 2010Des jeunes patriotes appuyés par des FDS venant de Duekoué attaquent la communauté allogène de Bagohouo faisant sept morts par balle.16 décembre 2010Violences intercommunautaires à Fengolo à la suite d'une attaque menée par les FDS et les Jeunes patriotes. L'attaque a été repoussée par les dozos qui ont subi trois pertes en vie humaine.Attaque et prise de Bangolo par les FAFNMarche RHDP à Abidjan et dans les autres villes du pays.3 au 5 janvier 2011Affrontements entre Malinké et Guéré au quartier Kokoma.16 janvier 2011Les FDS-CI se sont installés à Boyapleu et y ont passé près d'un mois. C'était une équipe de 20 éléments dont la moitié (10) se relayait tous les deux jours. Ces éléments étaient composés essentiellement de Guéré, Bété et Attié.22 février 2011Arrivée vers 3h00 à Boyapleu de 15 cargos remplis de FDS, miliciens et mercenaires qui chantaient en français et en guéré qu'ils allaient libérer Danané et Man « On va installer Gbagbo, on va manger Yacouba ».23 février 2011Attaque par les FANCI des positions FAFN à Bounta (Danané), violant ainsi le cessez-le-feu ; Cette attaque s'est soldée par la déroute des FDS et des miliciens qui les soutenaient.24 février 2011Prise de Teapleu par les FAFNAttaque de Boyapleu par les FDS et miliciens, repoussée par les FAFN. Prise de Zouan Hounien par les FRCILes miliciens se déploient dans la ville de Toulepleu. Ils pillent les maisons et magasins. La population apeurée commence à partir de la ville.25 février 2011Attaque de Bin Houye. Les FAFN ont été repoussées pendant trois heures par les miliciens avant de prendre la ville.28 février au 2 mars 2011Combat à Goulaleu et prise de la ville4 marsAttaque des FDS, patriotes,
miliciens et mercenaires libériens Pehe. Ils passaient de village en village, et de campement en campement pour s'en prendre aux populations allogènes. Plusieurs personnes ont été tuées à GriéI, Paobli, Baobli, Diahi, Méo, Péhé.6 mars 2011Affrontement entre FAFN et miliciens de 6h00 à 14h00 à Toulepleu. Les populations qui étaient encore sur place sont restées cloîtrées chez elle. Les FRCI ont ensuite entamé le « ratissage » de maison en maison.9 marsLes miliciens et mercenaires libériens attaquent lfa (Blolequin) en frappant et molestant les populations. Ces dernières ont fui pour se réfugier à Blolequin.12 mars 2011Attaque de Toulepleu13 marsHostilités entre FDS-FAFN à Doké. Rudes combats qui ont duré 10 jours. Les FDS ont repris la ville du 18 au 19 mars. Ensuite reprise par les FAFN le 21 mars.14 mars 2011Les membres du COJEP, érigent des barrages à Sahibly (Toulepleu), pillent et extorquent les biens des populations. Empêchent les populations allogènes et étrangères de vaquer à leur occupation et d'accéder aux champs.17 mars 2011Signature par M. Alassane Dramane Ouattara, Président de la République, de l'ordonnance no 2011-002 du 17 mars 2011 portant création des Forces républicaines de Côte d'Ivoire qui consacre définitivement l'unification des Forces Armées Nationales (FANCI) et des Forces Armées des Forces Nouvelles (FAFN).18 mars 2011Massacre de PDI à la préfecture de Blolequin par un groupe de miliciens dirigé par un certain Bob MarleyPrise de la ville de Toulepleu par les FRCI20 et 21 marsAttaque de Ifa situé à 30 km de Blolequin par les miliciens et mercenaires libériens. Cibles, les Burkinabè, Baoulé et Malinké.21 mars 2011Prise de Blolequin par les FRCI23 marsBraquage entraînant la mort d'un jeune guéré à Niambly, près de Duekoué24 marsTrois Baoulés tués en représailles par des miliciens à Niambly.Le 24 mars, en vue de contrer les avancées des FRCI à l'ouest et de protéger le « verrou » de la ville de Duekoué, Colombo et Bah Roland auraient reçu du ministre de l'intérieur une enveloppe de 10 millions destinés au recrutement de mercenaires et à l'enrôlement de nouveaux miliciens.28 mars 2011Attaque de Duekoué par les FANCI depuis Guessabo vers 6h00 du matin8h00 arrivée des premiers déplacés au camp de l'ONUCI à DuekouéNeuf ressortissants de la CEDEAO sont égorgés au quartier Nazareth par des miliciens, puis jetés dans un caniveau d'eau usagée.30 marsPrise de la ville de Duekoué par les FRCI31 marsPrise de la ville de Guiglo par les FRCI qui ont pris la ville en tenaille. Une première équipe venait de Duekoué après la prise de cette ville le 29 mars et une deuxième équipe venait de Teapleu (Danané).2 avril 2011Des miliciens guérés tuent une famille de 11 personnes à Bantroya dans le Département de Bakoubly.Liste des abréviationsAPWè : Alliance patriotique de l'Ethnie WèCCI : Centre de Commandement intégréCEDEAO : Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'OuestCHR : Centre hospitalier régionalCICR : Comité international de la CroixRougeCNO : Centre Nord OuestCOJEP : Congrès panafricain des Jeunes et des PatriotesDCA : Défense AntiaérienneDDH : Division des Droits de l'HommeDDM : Désarmement et Démantèlement des MiliciensECOMOG : ECOWAS Ceasefire Monitoring GroupFADB : Force d'Autodéfense de Duekoué et de BangoloFAFN : Forces armées des Forces nouvellesFANCI : Forces armées nationales de Côte d'IvoireFCFA : Franc de la Communauté francophone d'AfriqueFDSCI : Forces de Défense et de Sécurité de Côte d'IvoireFESCI : Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'IvoireFLGO : Front de Libération du Grand OuestFN : Forces nouvellesFNUAP : Fonds des Nations unies pour la PopulationFRCI : Forces républicaines de Côte d'IvoireFSAT : Force spéciale Anti-terroristeFS LIMA : Forces spéciales LIMAGTZ : Coopération allemandeHCR : Haut Commissariat aux RéfugiésIRC : International Rescue CommitteeLMP : La Majorité présidentielleMAIMCA : Mouvement armé indépendant du Moyen CavallyMDL : Maréchal de LogisMGF : Mutilations génitales fémininesMILOCI : Mouvement ivoirien pour la Libération de l'Ouest de la Côte d'IvoireMODEL : Movement for Democracy in LiberiaMORBAT : Moroccan BattalionMOVADO : Mouvement pour la Victoire d'Alassane Dramane OuattaraMPCI : Mouvement Patriotique de Côte d'IvoireMSF : Médecins Sans FrontièresNPFL : National Patriotic Front of LiberiaOCHA : Bureau de la Coordination humanitaireOMS : Organisation mondiale de la SantéONUCI : Opération des Nations unies en Côte d'IvoirePC : Poste de CommandementPDI : Personnes déplacées internesPNRRC : Programme nationale de Réinsertion et de Réhabilitation communautaireRHDP : Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la PaixROC : Regional Office CoordinatorRSSG : Représentant spécial du Secrétaire général des Nations uniesRTI : Radio Télévision ivoirienneUA : Union africaineUDWE : Union pour la Défense des WèUEESO : Union des Eglises évangéliques Ouvres et ServicesUNPOL : United Nations Police (Police des Nations unies)UPRGO : Union des Patriotes pour la Résistance du Grand OuestUSD : United States DollarZOC : Zone de Confiance
Politique Côte d`Ivoire: le directeur du Novotel d`Abidjan a été "torturé" (avocat) Par Gyna Navigue dans OBSERVATOIRE DEMOCRATIQUE EN COTE D'IVOIRE (Fichiers) · Modifier le document · Supprimer Politique Côte d`Ivoire: le directeur du Novotel d`Abidjan a été "torturé" (avocat) Publié le vendredi 3 juin 2011 | AFP
- TCI - 14/5/2011 Affaire charnier et exactions 2010-2011 PARIS Le directeur du Novotel d`Abidjan, Stéphane Frantz di Rippel, enlevé le 4 avril et retrouvé mort, a été conduit "au palais présidentiel occupé par Laurent Gbagbo" où il a été "torturé" et "exécuté", a affirmé vendredi l`avocat de sa famille, Me Pierre-Olivier Sur, sur RTL. "Au moment où le commando arrive dans l`hôtel, Stéphane Frantz di Rippel affronte la situation en tant que directeur du Novotel. On lui demande où sont les journalistes, il dit qu`il n`y a pas de journalistes, les protégeant en quelque sorte, tandis qu`il fait passer à toute vitesse l`information selon laquelle il faut que chacun se planque dans les chambres", a raconté Me Sur. "Il est conduit avec M. Lamblin (le président de Sifca, première entreprise de Côte d`Ivoire, également enlevé, ndlr) et les autres au palais présidentiel occupé par Laurent Gbagbo, et c`est là qu`il sera interrogé, torturé, exécuté", a poursuivi l`avocat. "Tout cela s`est passé d`une façon particulièrement horrible et barbare", a-t-il ajouté. Me Sur a annoncé jeudi que le directeur du Novotel d`Abidjan, un des deux Français enlevés le 4 avril avec un Malaisien et un Béninois dans la métropole ivoirienne alors en proie aux combats, avait été retrouvé mort. Selon les nouvelles autorités ivoiriennes, ils auraient été amenés après leur rapt au palais présidentiel, alors tenu par les fidèles du président sortant Laurent Gbagbo, engagés dans des combats avec les partisans du chef d`Etat Alassane Ouattara jusqu`à l`arrestation de M. Gbagbo le 11 avril. Le sort de M. Lamblin n`a pas été précisé de source officielle. Le 21 mai, Nicolas Sarkozy avait indiqué espérer que les deux Français étaient toujours vivants et promis que les auteurs de leur enlèvement seraient "punis sévèrement