Thomas gouin, rapport de pfe, aboutblank, density is home, février 2017, ensaNantes

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about:blank

structures adaptables dans le temps pour un quartier en mutation, porte d'Aubervilliers


avant-propos

1 – « about:blank » Fonction d’un navigateur web affichant un document html vierge 2 - 2017 : Le monde est depuis 10 ans majoritairement urbain. L'architecte ne peut ignorer la question du logement collectif ou rester sans posture. 3 - Density is home ? Ce projet à été conçu en collaboration avec Maxime Le Droupeet et Jules Loez dans le cadre du studio density is home qui nous a amené à réfléchir sur la question du logement collectif dans une grande ville européenne : Paris 2030. 4 - “le logement c’est notre combat quotidien” L Paillard 5 - ensanantes : Étudiant à l’ensanantes depuis 6 ans, je dois dire qu’aujourd’hui ses espaces ont aussi participé à ma formation. Le travail que je vous présente n’est donc pas sans liens avec cet environnement auquel j’espère rendre hommage.


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contenu Density

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Urbanisation en Europe Les limites ont une épaisseur Méga-objets en orbite contexte p.28

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Urbanité de la ville Européenne 32 Que densifie-t-on? 32 Caviar exquis, la stratégie du collage urbain concept urbain p.36 35 Home

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Un présent producteur d’incertitude Le numérique et la ville Nouvelle nourriture, nouveaux besoins

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Des outils pour la ville flexible Scénarisation projet urbain p.66 Architecture vitale L’assemblage et le solide concept architectural p.83

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NEUTRE

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Le papier millimétré et l'architecte Entre suspension et absence de sens La disparition de l’échelle intermédiaire La quête de la surface neutre

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59 76 81

92 94 99

Mise en forme projet architectural p.83

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CHAIR, un mot pour la fin

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A première vue, la question posée semble

parler du défi que représente le phénomène de l’urbanisation dans le monde actuellement. Il y a toujours plus d’humains sur terre et il faut limiter l’impact des villes sur la nature. Ainsi annonça Jean Pascal Tricoire1 au cours d'un salon de l'innovation “Le monde pendant les trente prochaines années va construire l’équivalent de 7 fois Paris chaque année et l’on construira autant de villes pendant les 40 prochaines années que l’on en a construit durant toute l’histoire de l’humanité.”

1 Jean Pascal Tricoire est le président de groupe de Schneider Electrics, groupe industriel d’envergure internationale concerné par les enjeux de la ville de demain. Leur vision du futur est axée sur une forte présence de la technologie dans le quotidien pour optimiser les dépenses énergétiques de la ville. Bien que chez les architectes une toute autre vision de la smartcity se dessine, nous voyons que nous sommes préoccupés par les mêmes enjeux.

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Effectivement, si on ne s’y engage pas, les logements se construiront quand même, sans nous. Doit-on laisser la ville se faire par des promoteurs immobiliers? Allons-nous laisser notre profession s’uberiser2, nous réfugier dans les petits villages qui n’intéressent pas les investisseurs économiques ou chercherons nous à faire valoir nos questionnements, nos doutes et nos désirs de bien commun?

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Bien commun, lorsqu’il s’agit de notre environnement naturel, rime aujourd’hui dans les villes européennes avec densité. Mot clé que les politiques d'aménagement de la ville doivent faire passer auprès des habitants comme seule solution possible à l'étalement urbain. Nicolas Michelin3 : “Le dialogue avec les habitants aujourd’hui est de faire comprendre la densité vertueuse qui permet d’éviter l’étalement urbain. Les perspectives de présentation sont habilement dessinées pour diminuer les effets de hauteur. La végétalisation est largement disposée dans l’image,

2 UBÉRISER v. tr. 1. (de Uber, nom d’une start-up) Transformer (un secteur d’activité) avec un modèle économique innovant tirant parti du numérique. D'après le Robert 2017 Présentée comme une opportunité unique de libérer la croissance, d’aider les consommateurs et de donner une chance sur le marché du travail à des jeunes qui en étaient jusqu’ici exclus, il apparaît aujourd’hui que cette nouvelle façon de travailler, de produire, de vendre et de consommer a un coût social élevé. Selon Guillaume Erner dans l'invité des matins sur France Culture, émission du 22.12.2016 : Uberisation de l'économie : la fin des illusions? Voir Disruption (cf Bernard Stiegler) 3 Nicolas Michelin est un architecte français, directeur de l'agence ANMA à Paris et travaillant autour de thèmes tels que "la densité vertueuse", la notion d’ordinaire, la légèreté économique, la nature en ville, la poétique de l'inutile. Extrait de la densité vertueuse dans: Densifier la ville, Constructif (juin 2013) no.35, p.66


arbres à hautes tiges, végétalisation des terrasses et murs verticaux verts. Tous les artifices sont utilisés pour adoucir l’impression de densité et pour tenter de prouver que le rapport avec la nature est malgré tout préservé.” Éric Lapierre4 : "Il ressort de toutes les enquêtes d'opinion que les grands ensembles sont associés à la densité et sont perçus négativement. Or ils ont une densité très faible de l’ordre de 0.75 en moyenne5. Alors que le Paris du XIVe avait une densité de 2,7 (...) et que le bâti haussmannien culmine lui à 4.5." La densité perçue est différente de la densité réelle et s’il faut de nos jours discuter, négocier ce que signifie cette densité auprès des habitants, c’est peut-être que cette terminologie renvoie à un quelque chose d’ancré plus profondément dans la culture, dans l’histoire du logement dont-on souhaite se détacher?

En effet, au lieu de se répartir de façon équitable sur le territoire, les humains tendent à se concentrer en certains points sur le globe. Si bien que la densité caractérise aujourd’hui le milieu de vie d’une part plus que majoritaire - et qui va en s’accroissant des humains. Cela signifie-t-il pour autant que nous

4 Éric Lapierre est un architecte français dont la production s’élargit à l'écriture, à la performance musicale. Ses réflexions abordent entre autre, la question du temps et de l'inscription dans la mémoire de l'architecture. Extrait de Paris, un cas d'école dans: Densifier la ville, Constructif, (juin 2013) no.35, p.30 5 Densité exprimée par la multiplication du coefficient d'emprise au sol (Surface bâtie/Surface parcelle) par le nombre de niveaux. Elle permet de rendre compte "plus finement" que le COS seul, de la densité réelle des formes bâties.

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vivrons dans le futur l’hyper-densité véhiculée dans l’imaginaire collectif par des villes telles que HongKong ou Singapour? En prenant plus de recul sur le temps, on se rend compte du contraire : la densité dans les grandes villes tend plutôt à décliner.6 Giovannoni avait ainsi compris selon Françoise Choay que le processus d’urbanisation à l’échelle territoriale menait en fait les villes à se désurbaniser au profit “d’une distribution plus souple et moins dense d’agglomérations plus petites."7

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Bien que la densité soit à première vue une valeur absolue décrivant le nombre d’individus installés sur un territoire donné, elle révèle (au delà d’une quantité) une qualité de vie, une manière d’habiter. La question Density is home? menée par le studio ne demande donc pas pour moi à être interrogée en termes quantitatifs, telle une valeur seuil à atteindre mais sous-entend de travailler avec les territoires qui ont été produits par ses lois.

6 voir Elkin Velasquez, L’avenir des villes denses dans: Densifier la ville, Constructif (juin 2013) no.35, p.25 7 Les CIAM on fait de la ville une machine à habiter, libérée de son contexte et reproductible de manière industrielle, elle pouvait dès lors s’étendre sur tout le territoire. (...) L’ingénieur Giovannoni avait compris que les grands réseaux de communication et de télécommunication conçus à l’échelle du territoire devenaient le canal obligé de l’urbanisation et l’instrument de sa dissémination. En technicien averti, il pressentait la complexité virtuelle de ces réseaux, méconnue par les Ciam. Il y voyait l’instrument d’une de-densification des villes, de leur réduction par ce qu’il nommait un processus d’anti-urbanisation au profit d’une distribution plus souple et moins dense d’agglomérations plus petites. Françoise Choay dans : La ville, art et architecture en Europe 1870-1993, sous la direction de Jean Dethier et Alain Guiheux, Centre Georges Pompidou, Paris, 1994, p.30


intro de Blade Runner (1982), Ridley Scott. Une ville qui s'étend à l'infinie

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11 DENSITy


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URBAIN

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“La dynamique des réseaux techniques tend à se substituer ainsi à la statique des lieux bâtis pour conditionner mentalités et comportements urbains. Un système de référence physique et mental, constitué par des réseaux matériels et immatériels ainsi que par des objets techniques, et dont la manipulation met en jeu un stockUSA d’images et d’informations, retentit dans un circuit bouclé sur les rapports que nos sociétés entretiennent avec l’espace, le temps et les hommes. Ce système opératoire, valable et développable en tous lieux, dans les villes comme dans les campagnes, dans les villages comme dans les banlieues, peut-être appelé l’urbain.”1

USA

1 Françoise Choay dans:La ville, art et architecture en Europe 1870-1993, sous la direction de Jean Dethier et Alain Guiheux, Centre Georges Pompidou, Paris, 1994, p.32

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AUSTRALIE

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Les territoires de la condition urbaine en Europe

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Françoise Choay qui s’interrogeait alors si Urbanisation était bien synonyme de production de ville proposa que cette dernière (la ville) fusse plutôt une forme momentanée dans l’histoire, tombant peu à peu dans l’oubli au profit du règne de l’urbain. La dichotomie ville/campagne n’a que peu de valeur sous le prisme de l’urbanisation, ce que l’auteure nommera le “divorce d’urbs et de civitas” : la campagne s’est autant urbanisée que la ville. Les infrastructures de transport, de télécommunication, sont les manifestations visibles de ce cette transformation des territoires. Mais elles sont plus encore, une manifestation des changements sociétaux qui nous ont permis conjointement de vivre plusieurs vies dans une seule comparativement à nos ancêtres. Mon hypothèse sera donc que la densité a opéré un changement de rapport au temps dans notre société.

Comment cela s’est-il produit?

Dans une conférence8 de Jean Viard9, on en apprend plus sur ce changement de rapport au temps. Un extrait de ma prise de note dans lequel je reprend les propos du sociologue :

8 Conférence à laquelle j'ai fait confiance pour fair part des chiffres annoncés ci-après dans cette partie. cauedugard, Nouvelles manières d’habiter et de vivre...Demain : un monde à inventer! , 2013, http://www.caue30.fr/la-conference-de-j-viard-en-video/ 9 Jean Viard est un chercheur en sociologie, directeur de recherche CNRS au CEVIPOF (Centre de recherches politiques de Sciences Po.) ayant travaillé en particulier sur les temps sociaux et auteur de nombreux ouvrages.


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On est passé d’une société 3 générations à une société 4 générations. Ce qui a changé au cours du XXème siècle, c’est la place du temps libre dans la société. Au début du XXème, on travaillait en France 70% de sa vie éveillée alors que ce chiffre est ramené à 10% environ aujourd’hui. Les codes sociaux et les valeurs sont donc plus produits par le temps libre que par le travail. Bien que nous vivons plus longtemps, nous vivons de plus en plus par étapes courtes car ce sentiment de longue vie nous donne l’envie d’avoir une vie complète et donc le pouvoir de retenter notre chance. Nous avons une capacité plus grande à changer. Le temps est notre nouvelle frontière10. [Nous sommes donc à la conquête du temps en l’allongeant mais aussi en l’accélérant pour le multiplier. Ceci change notre rapport au temps autrefois dominant aujourd’hui dominé. Nous nous sommes approprié le temps, nous le privatisons par la possibilité de choisir ce que nous souhaitons en faire.] En parallèle, on se déplace beaucoup. En moyenne de 45km/jour en France. En 2015, 1 milliard de gens ont traversé une frontière, en 1968, 60 millions. Il y a trois millions d’enfants français qui changent de maison tous les week-end.11

Le fruit du couple de notre rapport au temps et des capacités de chacun à se mouvoir sur le territoire

10 Ibid. 11 Ibid.

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Le film KOYAANISQATSI montre par une série de plans fixes en accéléré des scènes de notre condition urbaine : trafic autoroutier, immeubles de grande hauteur, lignes électriques, alternant par des scènes dépourvue de la présence de l'homme. Il en résulte une forte prise de conscience de l'anthropocène. Affiche de KOYAANISQATSI, life out balance, Godfrey Reggio, 1982, cinéma documentaire/cinéma expérimental.


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est donc selon Jean Viard ce qui définit la condition urbaine. Condition que l’on retrouve dans chaque espace où les hommes se concentrent. D’où l’idée que nous n’habitons plus la ville comme un lieu symbolique et local mais comme un espace commun dans lequel la dimension du temps est réinterprétée par notre capacité à nous mouvoir et à employer (dominer) notre temps. Nous pressentons que cette vision englobante de la condition cache des différences nettes dans le développement des aires urbaines. Elle doit s’affiner suivant les cultures et les périodes. Olivier Mongin propose une disjonction entre urbanité et urbanisation : D’un côté, l’urbanisation est un processus qui s’opère dans différentes régions du monde à de multiples vitesses (dans les pays d’Asie, elle agit à un rythme effréné et dans la hauteur12, tandis qu’en Europe elle s’est étendue et cherche aujourd’hui à se contenir) ; d’un autre, l’urbanité désignerait cette condition englobante d’hommes à la conquête du temps, d’une vie plus “riche” (au sens matérialiste), qui présente plusieurs visions. Développons donc brièvement dans le cadre du studio de projet, urbanisation et urbanité au regard de la ville européenne.

12 Prenons l'exemple de Shangaï: Là où la concentration prédomine sur la dispersion, la moitié de la population de Shangaï vit sur une surface inférieure à 5% de la surface totale de la ville. "Where concentration predominates over dispersal, half of Shanghai’s population lives in an area smaller than 5 percent of its total surface".Miguel Kanai, Sous la direction de Sudjic Deyan & Burdett Ricky, The endless city, Phaidon, Berlin, 2007, p.484

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1 Urbanisation en France Les limites ont une épaisseur

Les aires urbaines françaises à l’heure actuelle Aujourd'hui d'après l'INSEE, la plupart des français (95%) vivent dans des communes sous influence urbaine.

pôle urbain (42 Millions de français) 20

Peri-urbain (19m) ESPACE RURAL

D’après un rapport du ministère du logement et de l’habitat durable, l'urbanisation "s’est accompagnée d’une homogénéisation des modes de vie et de consommation comme des attentes des citoyens en termes de mobilité, de connectivité, de services, d’égalité des chances."13 Cette homogénéisation des modes de vie nécessite de couvrir les accès à des activités situées localement sur une vaste étendue de territoire, connectant par exemple un centre commercial à des tissus résidentiels, un aéroport à une région. David Mangin parle aussi d'un “effet assez homogénéisant”14, décrivant, lui, la

13 Ministère du logement et de l'égalité des territoires et de la ruralité, Nos ruralités, une chance pour la France sur http://www.logement.gouv.fr/spip.php?page=article-sous-site&id_article=2344&sommaire=562 14 Invité lors d'une conférence organisée par l'AIGP : Atelier International du Grand Paris, AIGP - Éxiste-t’il un modèle européen de la


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voiture comme phénomène structurant de manière globale les "villes". Les villes (qui n'ont désormais de sens que pour leur délimitation administrative) se sont entourées d’un réseau de routes et d’infrastructures de transport qui délimitent des zones de non-lieux (on ne fait qu’y transiter ; le cadre légal impose des restrictions en terme de programme pour des questions de sécurité et de pollution (sonore, particules)). Ces zones constituent dans une vision simpliste une limite linéaire entre deux lieux (un dedans et un dehors de la ville), dans certains cas elles s'incarnent dans des objets (enceintes physiques telle que le périphérique de Paris (ancienne enceinte de Thiers). En réalité, elles ne sont pas une ligne mais une surface épaisse, sans laquelle parler de continuité urbaine n'aurait aucun sens. C’est sur ce champ de forces d'attractions que s’est développé l’étalement urbain. Comme un mouvement tectonique de plaques émergeant au gré de forces physiques qui attirent, répulsent, agglutinent, collisionnent, façonnent le paysage à ses limites. Dans un style plus formel : “L’étalement urbain se matérialise souvent par les constructions le long des routes. Il peut en résulter l’apparition de zones de bâti continu avec des communes voisines, et l’adjonction à une unité urbaine.”

Métropole ?, questions vives, 2015, https://youtu.be/m1wJYubpmuQ

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Dans les faits “1 368 communes sont passées de l’espace rural à l’espace urbain, le plus souvent par intégration à une agglomération.

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1 137 communes sont ainsi devenues urbaines par intégration à une agglomération multicommunale. Des constructions nouvelles aux frontières de ces communes ont entraîné leur rattachement à une unité urbaine déjà existante ou la création d’une nouvelle entité urbaine. Dans les années 1990, ceci n’avait concerné que 520 communes.”

construction des infrastructures de transport

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L'unité urbaine de Paris à ainsi agrandit son périmètre par l'absorption de 30 communes depuis 1999 "Les très grandes agglomérations croissent plus par extension de leur périmètre par absorption de zone denses (fusion de villes) que par densification de leur propre population."

étalement urbain autour des infrastructures

Cette absorption inclue les infrastructures de transport, auparavant éloignées des aires urbaines denses et crée une accessibilité d’ordre différente à ces non-lieux qui par leurs avantages attirent l’attention des politiques d’aménagement public.

15 Selon Françoise Clanché et Odile Rascol, Insee, Le découpage en unités urbaines de 2010 dans: INSEE Première, (2011) no.1364, https:// www.insee.fr/fr/statistiques/1280970

extension de l'aire urbaine


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Enceinte de Thiers Construite de 1981 à 1845 Détruite entre 1919 et 1929 Futur boulevard périphérique construit entre 1956 et 1973

A86 1 er tronçon : 1968 Dernier tronçon : 2011


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Situés aux abords d’infrastructures de transport (échangeurs, axes, parkings, gares, hubs urbains…) ces lieux susceptibles d'avoir eu un passé industriel (transformation de matière, entrepôt de stockage) sont aujourd'hui en friche et ont un fort potentiel de transformation. C'est donc à la reconquête de ces délaissés en périphérie que les villes s'attellent. Pour constituer une réserve de foncier mais aussi pour s'en servir comme tremplin afin d'occuper une place attractive dans un panel de villes qui dépasse l'échelle nationale16. Ils sont le lieu d'expérimentations sur le logement, d'architecture contemporaine, d'équipements culturels, de campus technologiques.

Méga-objets en orbite Le site du projet sur lequel nous travaillons est appelé "Triangle Eole Evangile". Il fait justement partie d'un de ces endroits ayant attiré l'attention dans le cadre du projet du Grand Paris, qui a pour vocation de développer autour des nœuds d'un réseau de transport dense, les territoires issus d'une nouvelle définition de l'aire urbaine de Paris absorbant 30 communes.

16 Alain Maugard, Président d’Europan France “Ces territoires représentent un foncier qui est à la ville, il représente 20 000 ha. Avec juste 10 000 ha, on les fait les logements de la région parisienne!”. Chiffres non vérifiés mais qui montrent l'enthousiasme certain de la part des politiques publiques de se saisir de ces territoires notamment au travers du projet du Grand Paris et de Réinventons Paris. Propos recueillis dans le cadre d'une conférence organisée par Atelier International du Grand Paris, AIGP - Existe-t’il un modèle européen de la Métropole ?, questions vives, 2015, https://youtu.be/m1wJYubpmuQ


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Site d'appel à projet pour Inventons la métropole du Grand Paris, Le Coteau

Site d'appel à projet pour Inventons la métropole du Grand Paris, ZAC Léon Blum


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Ce projet a pour but de renforcer l'image de Paris sur la scène internationale en développant le polycentrisme afin d'augmenter la quantité de points d'attractivité d'envergure internationale tandis qu'en parallèle, une augmentation de l'offre de logements ainsi que des études sur les "nouvelles manières d'habiter" sont menés.17 26

L’infrastructure deviendra si elle ne l'est pas déjà une composante ordinaire du paysage urbain. Point de départ du redéveloppement d'un territoire. Cela implique de travailler sur des sites complexes qui doivent allier plusieurs bassins (commerciaux, emplois, habitat), mais aussi de travailler avec des objets de grande taille (méga-objets tels que entrepôts, gares de triage, usines, hôpitaux, tour de bureaux, centre commerciaux, équipements sportifs) orbitant autour d'un échangeur, d'une gare, d'une porte, d'un aéroport eux-mêmes orbitant autour d'un centre plus important.


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Site d'appel à projet pour Inventons la métropole du Grand Paris, Quartier du Luth-ouest

Site d'appel à projet pour Inventons la métropole du Grand Paris, Pont de Rungis-Thiais-Orly


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Le triangle Eole Evangile, lui, est situé à cheval entre le 18ème et le 19ème arrondissement de Paris. Il est aussi largement connecté aux infrastructures de transport.


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PARIS 18-19E | porte d’Aubervilliers 250 m RER E Tram T3

500 m

périphérique

1km métro 7 métro 12

2km gare du Nord gare de l’Est

10km aéroport Le Bourget

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On le voit au milieu de cette limite épaisse dont le périphérique de Paris n'est que l'objet signifiant. L'emprise des surfaces construites montre à quel point la gestion de l'espace a été affectée par le réseau : les bâtiments ainsi que l'espace qui les sépare est à une autre échelle, comme-ci le tissu ne s'était constitué que dans les grandes mailles structurantes.

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Précisons les méga-objets structurant notre site: Les entrepôts Ney et McDonalds au Nord reconvertis en logement et surfaces commerciales forment un horizon. Le hangar du FIVE à l'ouest et une halle le long du boulevard. L'ensemble CAP18, qui forme 50 000 m² de surface d'activité voués à muter. Un faisceau ferré qui se ramifie en deux branches (Charles de Gaulle Express qui file au nord et le RER Eole qui progresse au sud). Nous nous insérons dans la surface née de cette bifurcation. Le boulevard d'Aubervilliers qui coupe le site en deux parties, débouchant directement depuis le périphérique, porte d'Aubervilliers puis s'en allant rejoindre Paris intra-muros.

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2 Urbanité de la ville Européenne Que densifie-t-on?

On peut définir quatre plans sur lesquels la vision européenne de la ville est selon moi consensuelle : -

Importance accordée à l’espace public. Par une sorte d'effet similaire à l'économie d'échelle, on peut réaliser un espace publique d'une grande qualité de part le fait qu'il est plus fréquenté dans les milieux denses. Il y a donc un jeu à trouver entre une densité assez forte pour permettre un espace public de qualité qui en retour limitera cette dernière.18

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Structure de la ville polycentrique et hétérogène : Avant l’étalement urbain avec un drainage des flux pendulaires vers le centre et un zoning de l’activité ; aujourd’hui, une politique de décentralisation avec des localités plus riches en diversité d’activité. Credo du concours Europan (Dont la dernière thématique est E13 "la ville adaptable")

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18 Amanda M. Burden décrira la densité en ces termes : Il y a un défi à proposer, là où il y a du potentiel, assez de densité pour assurer l’accessibilité. Assez de densité pour augmenter la part d’espace public. Assez de densité pour fournir la vitalité et l’ambiance des quartiers, tout en respectant le développement des communautés alentours “We have a challenge to provide, in those neighbourhoods where we can grow, enough density to ensure affordability. Enough density to leverage open public space. Enough density to provide vitality and vibrancy of neighbourhoods, while respecting the build factory of adjacent communities.” Amanda M. Burden, Sous la direction de Sudjic Deyan & Burdett Ricky, The endless city, Phaidon, Berlin, 2007, p.485


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Politique soucieuse de l’impact environnemental des formes urbaines : L’urbanisation est un phénomène qui produit un accroissement de la demande énergétique. Il faut être compact, efficace, sobre, adaptable.19

-

A cela s’ajoute la caractéristique de devoir faire de plus en plus souvent avec un déjà là contrairement à certaines villes où le boom économique est tel que l’on a affaire à des aires vides avant construction.

Ces critères produisent des cadres légaux que les constructions doivent respecter (PLU, ensoleillement, exigences environnementales). Ces cadres font tendre les formes bâties à des niveaux de densité faibles. Ainsi Jacques Lucan, s'interroge sur la valeur des propos qui prétendent "redensifier la ville". Car selon lui, les densités en Europe ont déjà atteint des seuils critiques avant la seconde guerre mondiale. "Aujourd’hui comme hier, mais selon d’autres modalités, la ville tend à se desserrer : elle se soucie du contexte patrimonial, elle met les bâtiments à distance les uns des autres, elle demande que les terrains libres soient plus vastes , que les surfaces en pleine terre soient préservées sinon augmentées, etc. Ce phénomène est aussi à l’unisson d’une demande, quasiment constante des riverains d’une opération nouvelle, de diminuer les quantités construites et les hauteurs de bâtiments envisagés, donc les densités, et ce même si les nouvelles constructions respectent les règles par ailleurs édictées. Aujourd’hui, l’ensoleillement et l’orientation des bâtiments, le

19 A nouveau Jean François Tricoire nous lance ce défi “30% des émissions de gaz à effet de serre sont émis par les métropoles. Il va falloir augmenter par trois, l’efficacité énergétique de toute entreprise." voir p.9

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régime des vents, la lutte contre les îlots de chaleur, le stockage et la récupération des eaux, la protection de la biodiversité, produisent des paramètres qui ont généralement tendance à restreindre les possibilités de construction notamment sur les terrains libres de constructions anciennes.”20

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Densifier aujourd'hui ce n'est pas tenter d'atteindre à nouveau des records mais d'agir ingénieusement dans le respect de cadres multiples pour intensifier la ville et enrichir les lieux21. Une sorte d'urbanité qui s'incrémente. En attente d’un lieu, les territoires d'infrastructures que nous avons rencontré sont propices au “Place-making22”, une pratique largement répandue dans les projets, réalisés ou fictifs, aussi bien dans les agences que dans les écoles d’architecture selon Alain Bourdin : "La ville se fait avec ce qu’on met dans le béton armé. La place des usages est au cœur de la réflexion ainsi que les ambiances et la construction d’un récit. Les gens recherchent dans la ville non pas la densité mais l’intensité de l’expérience urbaine. La demande est sur l’amélioration de la qualité de l’expérience individuelle. Cette recherche d’intensité est une tendance qui traverse les classes sociales et draine les populations vers la ville." 20 Le renversement d’une tendance séculaire, Jacques Lucan dans: Densifier la ville, Constructif (juin 2013) no.35, p.19 21 Aussi bien au sens figuré qu'au sens littéral, ce qui pose la problématique de hausse des loyers et de diversité de classe. Voir p.53 22 Littéralement "Faire-un-lieu", Peut-être comme si il n'y en avait pas avant ou plutôt un espace ou une condition qu'un lieu à proprement parler.


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Ainsi lorsqu’on parle de densification urbaine, il faut y voir dans les faits une baisse globale quantitative de la densité des territoires, une hausse locale de la qualité de la densité (celle qui permet efficacité énergétique, importance de l'espace public, diversité et amélioration du déjà là).

Caviar exquis, la stratégie du collage urbain

Stratégie pour un espace s’inscrivant dans la dynamique polycentrique du Grand Paris. Suite à ce qui vient d’être dit, la taille du site (13 ha), pose la question de la méga-forme impliquant une répartition homogène des densité sur un site. Il y a certes, un défi de répondre à une densité de logements (aux alentours de 2000 logements) mais cette dernière peut se voir répartie compte tenu de la grandeur du site de façon hétérogène.

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Nous préférons un collage de tissus urbains aux densités et morphologies variées. (En dérivant la piste théorique soulevée par Colin Rowe dans son ouvrage Collage City). Le collage appelle le découpage. On teste plusieurs façons de découper, des patates concentriques, des polygones quelconques, des bandes (Rem Koolhaas)...

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^ tentatives de collages urbains testé par le groupe < Plan de Rome dans collage city, Colin Rowe, 1978, les auteurs sont convaincus que la ville ne peut se résoudre à une architecture internationale et uniforme mais qu'elle est le fait d'une succession d'épisodes, de strates avec lesquelles il faut composer


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insertion du concept urbain dans le site. En noir, des éléments du passé du site sont conservés


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Puis on s’arrête sur le cercle. Une forme géométrique peu souvent abordée en urbanisme car le pavage qui en résulte laisse de l’indétermination, des interstices non comblés, du vide. Son abstraction et sa pureté pose question alors qu’évidence et rationalité sont en général requises par la forme urbaine. Convenons que ce choix est avant tout prétexte à la recherche dans le cadre du studio, cependant l’irrationalité du cercle par rapport aux formes urbaines alentours n'est pas anodine. Elle présente une façon d'échapper aux forces structurantes du territoire, de proposer un contrepoint à cette tectonique, des bulles d'air. Le cercle au contraire d'autre formes n'a aucune orientation et est orienté de toute part, il est neutre par rapport à ce processus de structuration. Par contre il provoque débat, questions, réactions, problèmes et permet de mettre l’accent sur l’émergence de ces lieux : En effet le site doit sa géométrie à des nécessités techniques (rails, silos) ; sa situation n’a pas vraiment d’histoire commune avec l’évolution des formes urbaines alentour. Encerclé entre des lignes ferroviaires - non-lieu - en périphérie de Paris, l’accessibilité nouvelle de ce site que propose le projet coïncide avec l’installation dans le paysage d’une forme au caractère inouï. En effet si Couture urbaine, désenclavement, connexions, sont autant de valeurs actuelles des volontés politiques en matière d’aménagement urbain, de telles aspirations ne devraient pas pour autant entraîner ces sites à se fondre dans le paysage pour disparaître. L’irrationnel nous permet de marquer la nature de ces lieux issus de la façon dont la condition urbaine en France a structuré le territoire urbain.

L’espace public s’envisage comme des relations d’où résultent des situations urbaines. Leur topologie convoque des microcentralités de quartier dues au

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rapport topologique à l'espace public


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fait que chaque cercle a son propre centre permettant d’imaginer un travail sur l’interdépendance des programmes au travers de services de proximité qui font que si je réside dans un des cercles, mon quotidien m’amènera à passer peut-être plus de temps dans les cercles voisins. Un côté extérieur en lien avec le quartier et les personnes étrangères qui le traversent où l’on peut imaginer une programmation de type bar, restaurant, bureaux, des connections qu’il faudra traiter mais surtout la nécessité de concevoir avec du vide dû à l’impossibilité de faire coïncider le pourtour des cercles avec un réseau de voirie. Or ce vide résonne avec la politique de la ville de faire de ce site un parc accessible. Nous choisirons donc de l’accentuer en écartant chaque cercle afin d’y faire naître une sorte de voie élargie ("RUE"), fil rouge reliant les particularités du site, synapse urbaine, le connectant de part et d’autre à son contexte élargi, restant le parc mais aménagé de façon à ce que différents usagers puissent y circuler voir que des véhicules puissent y pénétrer occasionnellement lors de l’organisation d’événements.

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Des morphologies variées amènent des densités de logement et des formes d'espaces public diversifiées.


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Un projet d’une telle envergure devrait de nos jours susciter l’inquiétude. Sa vision propose un remplacement radical de l’environnement et il faut maintenant nous interroger sur son habitabilité. Dans ce silo transporté à bord d'un bateau, des hommes enroulent consciencieusement un câble qui sera déposé au fond de l'océan. C'est par ce câble que circuleront bientôt vos données, conversations et photographies que vous échangez. Ces câbles sont les liens physiques qui font du monde d'aujourd'hui, un gigantesque réseau.


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1 Un présent producteur d’incertitude

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Si les enjeux en Europe du siècle précédent furent fondés sur des préoccupations sûres dans le temps (relogement d’une Europe ravagée par la guerre et faisant face au baby-boom), nous sommes aujourd’hui dans une poursuite d’un futur qu’il est difficile de prévoir. Ceci est dû à l’évolution de notre condition urbaine telle qu’elle a été développée plus haut (poursuite de la conquête du temps, vieillissement de la population) mais aussi à une nouvelle réalité advenu avec l’augmentation des échanges de l’information: la révolution numérique.

Le numérique et la ville La place du numérique dans la fabrique de la ville s’accroît. C’est à côté du phénomène d’urbanisation, une tendance majeure du XXIème siècle permettant un échange d’information rapide et de masse. Son traitement au niveau global comme au niveau local (97% d’internautes en France en 201323), rend les prises de décisions et l’emploi du temps plus complexes et c’est pourquoi nous dirons qu’elle produit de l’incertain. Premièrement, elle fait place au phénomène intermétropolitain, c’est à dire la capacité des villes à dépasser la logique nationale selon Cynthia Ghorra-

23 Vincent Gombault, Insee, L’internet de plus en plus prisé, l’internaute de plus en plus mobile sur: insee.fr, Insee Première, (2013) no.1452, https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281312


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Gobin. "les villes vivent aujourd’hui un basculement car elles ne se réfèrent plus à une échelle d’influence sur un territoire ou une zone administrative, mais au réseau de communication dans lequel elles s’inscrivent" [information et accès à la connaissance, individus et capitaux].24 Dès lors, il y a une dissociation entre gouvernance territoriale (subordination de la ville à la logique nationale, européenne, mondiale) et gouvernance d’un local intra-métropolitain dans lequel les habitants sont en contact avec des acteurs transnationaux et des acteurs globaux (les décisions vont d’une ville à un groupe de ville au lieu d’aller d’une ville à un état). Tom Bergevoet & Maarten van Tujil diront dans The flexible city que le découpage administratif ne coïncide plus avec les limites physiques des villes. Résultant dans une crise de gouvernance des territoires : "Spatial domain is facing its own crisis of governance"25

24 En anglais on préfère globalisation à mondialisation. Cela véhicule un sens différent : l’avènement d’un monde s’inscrivant dans les réseaux de communication et de la connectivité. Penser en réseau nous amène à des perspectives centrées sur l’inter-métropolitain (réseau de métropoles) Les acteurs publics et privés sont en relation avec des acteurs situés dans d’autres aires métropolitaines. C’est un basculement que les villes vivent aujourd’hui. Au XX siècle elles étaient inscrites dans le registre national, bien qu’essayant de se démarquer sur des équipements d’échelle internationale. “Les métropoles globalisées vivent dans un système inter-métropolitain tandis que les états vivent dans un système de relations internationales. Avant le local était un fragment du territoire, subordonné par la logique nationale : le global était une subordination du local. Aujourd’hui il nous faut imaginer un local intra-métropolitain, à l’échelle et s’inscrivant dans des flux inter-métropolitains. Les habitants du local, sont en contact avec des acteurs transnationaux et des acteurs globaux. Populations immigrées : réseaux transnationaux. Recours à l’internet, à la mobilité, à des imaginaires qui dépassent le global ou le métropolitain pour rejoindre des préoccupation de l’ordre de la sauvegarde de la planète terre, la coexistence de populations au interets divergents. Saut d’échelle. On va d’une ville à un groupe de ville, plutôt que d’une ville à l’état.

25

Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, The flexible city, sustai-

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Protestations sous forme d'affichage dans la rue contre AirBnB, la plateforme d'hôtellerie de particulier à particulier. *Castrons la gentrification **Cessons d'être des vaches à lait @fre8de8rike, Live from the sharing economy resistance front #Berlin, 17 Juil. 2016, Berlin


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Deuxièmement, le mouvement d’internet crée au delà des échanges transnationaux, une augmentation des communications de proximité : partage de l’énergie, de la voiture, des meubles…Ces échanges sont la matière de l’économie du numérique qui en contrepartie de ses vertus (on parle d’économie collaborative) crée massivement des emplois peu payés et des situations précaires (Voir ubérisation p.10). On trouve des gens qui habitent aujourd’hui des bureaux vides à Paris. C'est ainsi que Camelot est devenu un leader Européen spécialisé dans la gestion de biens immobiliers vacants. Vous avez un bureau vide à garder, vous cherchez un logement peu cher en centre ville. On vous évite le vandalisme (ou le squat), on vous trouve un bon plan pour ne pas dormir dehors : colocations de 20 personnes, douches aménagées, 1 mois de préavis, situation stressante. Dans le secteur du tourisme, AirBnB, déstabilisant la structure du tissus de certains quartiers très actifs, a pu mener à la colère des collectivités publiques. C'est ainsi qu'il fut interdit lors de mon année Erasmus dans la ville de Berlin devenu un vif sujet de conversation quotidien avec les berlinois. Ces solutions loin d'être un remède au mal logement, proposent cependant une vision moins tranchée de l'espace habité qu'il faut peut-être développer dans le plus grand soucis de l'habitant. Par ailleurs, cette économie qui devient numérique et qui renouvelle (tant en bien qu'en mal) les manières d'habiter, conforte l’activité des agglomérations déjà grandes et solides. Elles ont un effet accentuant plus qu'égalisant sur les territoires. La baisse de population devrait plutôt affecter les régions périphériques et rurales économiquement faibles, là où des régions urbanisées peuvent toujours s’attendre à voir leur population croître. Cette révolution numérique est créatrice de besoins

nable solutions for a Europe in transition, nai010, Rotterdam, 2016, p.29

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que l'on ne peut trouver que dans les villes globales. Il en résultera une augmentation des inégalités spatiales dans l’Europe26 Cela renforce des déséquilibres déjà spectaculaires, déséquilibres qui ne peuvent qu’intensifier les phénomènes migratoires.

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Cette instabilité économique dû à la réalité numérique (qui est aussi celle des places boursières) rend les investisseurs plus frileux et les fonds moins disponibles dans plusieurs endroits alors qu’on demande aux bâtiments d’être bien isolés, accessibles, bien équipés, lumineux, verts, avec des espaces extérieurs...27 Selon Jean-François Authier “Nous vivons maintenant une autre phase de notre histoire : notre environnement urbain est devenu autant numérique que physique. Les fonctions fondamentales qui structurent notre vie quotidienne - habiter, travailler, apprendre, consommer, se divertir - interagissent mutuellement et brouillent les frontières entre chaque famille d’usage. (...) L’évolution du contexte social et économique interroge en profondeur la pratique du métier d’architecte. Construire dans le respect d’un programme architectural ne répond plus aux évolutions des pratiques de la ville de demain.”28 Ainsi le numérique, nouvelle donne du fait urbain, provoque une multiplicité des acteurs qui peuvent influencer la fabrique de la ville et rend flou les

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Ibid. p.29

27 Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, The flexible city, sustainable solutions for a Europe in transition, nai010, Rotterdam, 2016, p.29 28 Jean François Authier, Vers une offre urbaine globale support d’une générosité d’usages sur: le courrier de l’architecte, 2014, https://www.lecourrierdelarchitecte.com/article_6004, [dernière consultation : janvier 2016]


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frontières entre temporalités, réseaux sociaux, usages, activité quotidienne des citadins. On peut parler d'un enrichissement de la complexité de la fabrique de la ville, producteur d'incertitude. On peut comprendre que cet incertain soit craint par les investisseurs, qui préfèrent forcément la minimisation du risque dans le retour sur investissement et donc représente au premier abord un frein au développement.29 En tant que futur producteur d’espace, s'engager dans la question du logement c'est pour moi prendre l’incertitude comme nouvelle nourriture. De changer les craintes en une chance tel que procède la nature pour produire de l'évolution. Ce que Jorge Wagensberg traduira par la question de la vie : “comment continuer à vivre dans un endroit incertain?”30

29 Réaliser le fait que le futur ne peut plus être contrôlé ou prédit dans la même mesure qu’avant sape la confiance des investisseurs, des développeurs et des utilisateurs ou d’autres acteurs de la ville. Les projets de développement urbain portent un profil de plus en plus risqué venant de la peur d’un non retour sur investissements à court terme; en conséquence les projets de construction et de réhabilitation n’arrivent pas à décoller. "The realization that the future can no longer be controlled or predicted to the same extent is sapping the confidences of investors, developers, users and other relevant players. Spatial development projects are acquiring an increasingly high risk profile from a fear that investments will not be recouped in time; as a result necessary construction and transformation projects are not going ahead." Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, The flexible city, sustainable solutions for a Europe in transition, nai010, Rotterdam, 2016, p.39 30 “L’adaptation (capacité à résister aux changements) réfère à la certitude de l’environnement et l’adaptabilité (indépendance : capacité à résister aux changements nouveaux) à son incertitude. Parfois plus la première est grande plus la seconde est faible." Jorge Wagensberg : Complexité contre incertitude dans: Verb Processing, Actar, Barcelone, 2011, p.84

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Nouvelle nourriture, nouveaux besoins

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Ces changements rappellent une vision grecque de ce qui fait la ville, interprétée selon Olivier Mongin comme “un lieu imaginaire contenant la “Polis”, c’est à dire un vivre ensemble qui évite la guerre par l’organisation des conflits. C’est un lieu ou la violence est pacifiée, neutralisée par un cadre social. Aujourd’hui nous avons oublié cette idée pour le consensus ou le dissensus total.” Selon cet éclairage, une ville faisant preuve d'adaptabilité peut espérer pour moi renouer avec l'organisation du conflit (le dissensus : une multiplicité d’acteurs aux intérêts contradictoires peut s'exprimer dans un espace malléable et adaptable) en évitant le consensus (notre condition urbaine et les aliénations qu'elle implique : consommation de masse, politique de la croissance, idéalisation de l'individu). Il s'agit bien d'une mutation de la population à la fois vieillissante mais aussi productrice de savoirs dans l'intérêt du bien commun, d'objets faits mains ou personnalisés, à laquelle une approche basée sur l'offre et la demande ne peut que trouver de pâles remèdes et non dans l'intérêt public.31

31 Il y a un besoin d’habitats alternatifs dès lors que la population vieillit, alors que la demande se porte à nouveau davantage sur les produits faits main, localement, environnementalement responsables à conduit à une demande d’ateliers appropriés plus importante en ville. Les forces macro économiques sont souvent trop peu réactives par rapport à ces changements de demande spatiale orientée usage, dès lors, cette demande d’espace créant des opportunités peut être vue comme une augmentation de la résilience d’une société qu’il faut encourager. "There is a need for alternative types of housing now that the population is ageing, while renewed appreciation for manufacturing and crafts has led to growing demand for appropriate workshops. Big-scale market forces often do not result in a sufficiently rapid response to such changes in the demand for space so there needs to be sufficient opportunity for initiatives can be seen as one way of enhancing the sustainability of society. Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, The flexible city, sustainable solutions for a Europe in transition, nai010,


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Construction en auto-promotion, auberge de jeunesse, logement adapté au bureau, bureau adapté au logement, colocation intergénérationnelle, évolutivité du logement. Dans le cadre du Grand Paris, les acteurs souhaitent ainsi un logement transformable, adaptable, modulable dans le temps, artisanat, autoconstruction, extensions possible dans le cycle de vie de la famille, Économie de moyens. Le rapport au temps d'après ces changement sociétaux imposent à l’espace de s’adapter à des cycles temporels d’échelles multiples. Et cela revient à modifier la façon dont nous pensons les systèmes constructifs mais aussi la gestion des modes de financement de ces opérations. Par exemple sur le temps long, une structure doit pouvoir permettre d’accueillir différents programmes, tandis qu’un logement au sein de cette structure, devra accueillir des occupants dont l’usage de l’espace change dans le temps, ou à encore plus court terme, des occupants successifs.

Rotterdam, 2016, p.33

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2 Des outils pour la ville flexible Comment on fait?

Scénarisation Si autrefois, la ville était plutôt menée par une politique volontariste où l’espace dominait la nature des usages, aujourd’hui, nous pensons la ville comme une transformation du vivant où l’usage est incertain et donc où l’on demande une plus grande adaptabilité. Nous pouvons trouver une alternative dans l’épaisseur du temps. Il faut étaler la vision de notre collage à long terme sur plusieurs étapes, permettant plusieurs évolutions possibles, voir en réaliser seulement une partie sans que la viabilité du projet ne soit remis en cause.32 Jouer dans cette épaisseur du temps permet l’élaboration d’une stratégie flexible. On parle de Flexible planning que Tom Bergevoet & Maarten van Tujil décrieront en ces termes : si on voit le développement comme un processus multi-étapes plutôt que comme un seul événement, ce dernier peut graduellement prendre forme sur la base des qualités existantes du site, alors que les utilisateurs et autres acteurs prennent de l’importance et il devient plus simple de répondre aux dynamiques sociales imprévue et imprévisibles.33

32 Les changements ne sont pas des événements isolés, mais font carrément partie de processus continu d’une transition. Les nouvelles façons qu’a la ville de se développer ne mènent pas à un plan fixé, au contraire, elles émergent d’une planification flexible, dynamique orientée vers la prospective. "Changes are not standalone events, they are emphatically part of a process of continual transition. New developments do not lead to a fixed blueprint, rather they emerge from future oriented, dynamic flexible planning. Only then can truly sustainable solutions be found." Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, The flexible city, sustainable solutions for a Europe in transition, nai010, Rotterdam, 2016, p.41 33

Ibid. p.43-49

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Cette approche diffère de l’approche conventionnelle basée sur une situation prédéfinie et un état final. Les étapes qu'on pourra appeler saisons (selon la terminologie employée par l'agence TVK) et leur dimension temporelle s’accorde avec l’échelle du projet. Le résultat au lieu d’être statique et permanent produit un mouvement, quelque chose en devenir, en équilibre, alerte et à l’écoute de son environnement. Les auteurs de The flexible city ont pris soin de détailler la flexibilité d’une stratégie de développement urbain sur trois niveaux : le local, l’usage et le temps. 60

Tout d’abord, la flexibilité locale d’un lieu se définit par la compréhension de son contexte et des capacités qu’il a à muter en quelque chose d’autre. Localiser les points variables, définir des espaces de solutions suivant plusieurs dimensions. Situer les cadres limitant : acteurs, foncier, légal et spatial. De cette flexibilité résulte un espace (framework) dans lequel des options pour le futur du territoire peuvent être envisagées. Cet espace de possible peut être un point de discussion pour rassurer les habitants, acteurs et investisseurs en montrant le développement d’un lieu comme encadré dans des limites qui ne seront pas dépassées mais permettent une réelle évolution et amélioration de la qualité de vie. Secondement, Use-driven flexibility, la flexibilité d’usage (p.47) : Conventionnellement, la programmation d’une zone urbaine est une projection d’usages dans un temps futur et sur une longue durée (au moins dix ans). Ainsi, selon les auteurs, l’étude de marché peut-être aussi bonne que possible, un lieu où l’on fixe l’usage à l’avance tendra à la spéculation. La vie et ses usages ne se décrète pas, bien qu’ils s’immiscent dans les espaces les plus incongrus. On peut donc les trouver sur place, partir d’eux-même, amoindrissant ainsi le risque de se tromper, de produire de l’espace vacant.


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Saison 0

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Saison 1

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Saison 2

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TVK

parKway bruxelles

TVK, Parkway Bruxelles, Scénarisation pour le réaménagement d'une portion d'autoroute à la périphérie de la capitale.

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Le troisième volet, celui du temps “Time-based flexibility” (p.49) : L’usage des saisons permet d’adapter le projet aux aléas et retournements de situations diverses. Avancer étape par étape, c’est donc aussi répondre à la demande actuelle, à chaque étape du projet de développement des utilisateurs du lieux afin de garantir son succès, le fait qu’il soit reconnu par les locaux comme les habitants de la ville en général.

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Extrait de the flexible city, Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, nai010, Rotterdam, 2016, p.41


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De ces trois niveaux de déploiement, les auteurs ont dégagé 36 outils dont certains seront utilisés dans le projet à l'échelle urbaine et architecturale.

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Compilation d'extrait de The flexible city, Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, nai010, Rotterdam, 2016, p.41


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Saison 1

ouverture de cap18 au public

CAP 18 =

Saison 2

mutation de cap18 nord

Saison 3

mutation de cap18 sud rĂŠsidentialisation, changement du rapport au travail 66

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Nous avons donc scénarisé en 3 saisons l'implantation du projet urbain, que nous pensons comme un processus étalé dans le temps long. (se reporter à la page 31 pour un bref rappel des éléments du contexte)

Saison 1 : l'ouverture au public On renforce la publicité de la traversée de CAP18 par la création d’emmarchements, et on l’occupe avec une programmation qui vient mêler l’activité au culturel, par des contrats d’occupation temporaire, des résidence d’artistes, des appels à projets pour la reconversion d’éléments qui seront conservés comme la halle en marché, certains bâtiments du site. Une densification de l'utilisation du Hangar FIVE (pour le moment équipement sportif). La dalle du boulevard d’Aubervilliers qui pourra être franchie plus facilement. Le parc est planté et les premières opérations immobilières peuvent démarrer. Grâce aux aménagements préalables elles ne viendront pas s’implanter dans un lieu dépourvu de services de proximité. Elles densifient dans un premier temps le quartier et rendent son tissu plus hétérogène.

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Saison 1

CAP 18 = 5

ouverture de cap18 au public

Saison 2

Saison 1

mutation deouverture cap18 nord de cap18 au public

Saison 2 Saison 3 de cap18 nord mutation

mutation de cap18 sud rĂŠsidentialisation, changement du rapport au travail

Saison 3

mutation de cap18 sud rĂŠsidentialisation, changement du rapport au travail 68

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CAP 18 50 000 m² CAP 18=== 50 000 m² CAP 18 50 000 m²

2016 2016 2016

777200 200m² m²[TOUR] [TOUR]+++40 40000 000m² m²[SOLIDS] [SOLIDS] 200 m² [TOUR] 40 000 m² [SOLIDS]

2030 2030 2030 20 20000 000m² m² 20 000 m² ACT ACT ACT

200 200 200 LGT LGT LGT

1/3 1/3 1/3 vide vide vide

2050 2050 2050 200LGT LGT Saison 2 : mutation de cap 18 nord200 200 LGT

Si 2075 le projet est apprécié, si le site commence à 2075 2075 devenir fréquenté, la partie nord de cap18 mute et on 450 450LGT LGT 450 LGT lance une seconde série d’opérations immobilières à l'Est au niveau du triangle Éole. Cela permet le renforcement d'une continuité urbaine pour le piéton depuis la gare rosa parks en direction de chapelle internationale (vers l'ouest).

> 11m m>> 22 <<< 21m

SOLIDE : :la SOLIDE : reconversion des entrepôts Ney est SOLIDE En parallèle, 21m par 26m de côtés. 21m par 26m de côtés. 21m par 26m de côtés. en cours et permet de nouveaux accès au site qui se PLANCHERS : PLANCHERS PLANCHERS :: transforme petit à petit en carrefour piéton, il s’inscrit 1/3 des planchers évidé 1/3 des planchers évidé 1/3 des planchers évidé progressivement dans la carte mentale des Parisiens. PLAFONDS: PLAFONDS: PLAFONDS:

La suppression de la dalle de CAP18 mène en 2,7 mm min sous plafond 2,7 m min sous plafond 2,7 min sous plafond contrepartie à la création d’un parking enterré, situé INTÉRIEURS: INTÉRIEURS: INTÉRIEURS: en bordure du boulevard, donc au plus proche du bruts, réseaux etetet technique apparente. bruts, réseaux technique apparente. bruts, réseaux technique apparente. périphérique et facilement accessible par les véhicules aménagement intérieur par l’acquéreur aménagementintérieur intérieurpar parl’acquéreur l’acquéreur aménagement qui desservira les cercles alentours. La dalle du parking ACCROCHE : :: est directement pourvue d’une nouvelle opération ACCROCHE ACCROCHE double hauteur dans les trois premiers étages doublehauteur dans les trois premiers étages double dans les trois premiers étages « Manhattan »hauteur : un damier de solides (volumes rectangulaires) de 21*26m dont les dimensions remontent directement du parking et qui accueillera majoritairement un programme de bureaux en lien avec des ateliers de production d’objets manuels et robotisés et aux anciennes activités de CAP18. Le diagramme ci-haut en représente le programme des surfaces construites.

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ouverture de cap18 au public

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Saison 2

mutation de cap18 nord

Saison 3

mutation de cap18 sud rĂŠsidentialisation, changement du rapport au travail

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2030 20 000 m² ACT

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2050 200 LGT

2075 450 LGT

SOLIDE : 21m par 26m de côtés. 1m

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: SaisonPLANCHERS 3 : résidentialisation 1/3 des planchers évidé

Le parc ayant maintenant des arbres suffisamment PLAFONDS: âgés joue2,7parfaitement le rôle séparation des vis à vis m min sous plafond entre les entrepôts Ney et les cercles situés au nord. INTÉRIEURS:

bruts, et technique apparente. Le besoin deréseaux logement finalement toujours croissant aménagement intérieur par l’acquéreur dans Paris a mené à la mutation de la partie Sud de Cap18 enACCROCHE trois opérations successives. : double hauteur dans les trois premiers étages

On commence à se poser la question de résidentialiser une partie de l'opération Manhattan. Les solides ayant été aussi prévus pour accueillir des logements.

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Vers l’architecture... Début novembre, nous formons donc une équipe de 12 étudiants pour travailler chaque cercle du plan urbain à l’échelle architecturale. J’étudierai pour ma part avec l’aide de Maxime Le Droupeet et Jules Loez, la tour, un cercle compact de 53m de haut pour un diamètre de 24m + Manhattan décrit ci-haut dont la scénarisation doit permettre une transition du tissu actif actuel à un tissu mixte à tendance résidentielle. Nous appuyons pour cela notre étude sur un cas présent à Amsterdam.

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Extrait du portfolio de Tony Fretton Architects


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Solid 11, Amsterdam, Tony Fretton Architects34 Un “solide” est une structure flexible qui permet de façon délibérée différents types d’usages simultanément ou consécutivement. Le solide 11 est une coque flexible avec de grandes portées, beaucoup de points d’accès et des hauteurs d’étages importantes. Des matériaux robustes d’une longévité attendue de 200 ans ont été utilisés pour la structure porteuse de ce bâtiment “futureproof” [durable]. La société immobilière Stadgenoot est propriétaire de la partie extérieure du bâtiment ainsi que de sa structure et se doit de l’entretenir tandis que les différents logements sont à la charge de leur propriétaires.

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Architecture vitale

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Il est donc question de réversibilité. Cela n’est pas une invention récente. C’est le cas du bâti Haussmannien par exemple qui par la hauteur d'étages a permis logement>bureau>logement. Cette disponibilité de l’espace est certes un prérequis fonctionnel, seulement on ne pourrait s’arrêter là. Rien ne prouve en effet qu’un édifice soit conservé dans le temps du moment qu’il réponde aux conditions nécessaires pour en faire des bureaux, des logements ou autre lorsque nécessaire. La vie d’ailleurs s’immisce plus facilement que l’on ne le croit dans différentes configurations spatiales. Ce fut le cas de certaines Arènes loties au moyen-âge à Arles, à Nîmes. Il doit y avoir en amont, un réel désir de conserver un édifice pour les qualités qu’il continue d’apporter à son environnement, pour lui donner une seconde chance ou encore pour agir dans l’urgence. Nous pouvons à ce moment là parler du potentiel de vitalité d’un édifice. Telle un arbre, une forte vitalité exclurait un édifice de sa vacance, de sa ruine, de sa mort et renforcerait son entretien, son attachement, sa valeur financière. D’où provient cette vitalité? Et tout d'abord, comment pourrait t’on dire d’une architecture qu’elle est “vitale” au sens qu’elle fait preuve de vitalité? En effet un édifice n’est constitué en général que de matériaux inertes qui font sa structure, son enveloppe, et qui ne se déplacent pas. Pourtant on compare volontiers sa structure à un squelette, son enveloppe à une peau, on confond organisation et organisme, on parle de la naissance et de la mort d’un édifice...Vie et architecture entretiennent des liens indissociables dans l’imaginaire collectif.


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Mais le fait est que du couple architecture et vie résulte un paradoxe. L’architecture est par l’abstraction qui en est faite constituée d’espace et non de temps (si ce n’est son caractère cyclique), elle se doit d’ailleurs d’y résister, de masquer les traces de sa fatigue, elle cherche depuis le mouvement des Modernes à se rendre intemporelle, à dépasser les époques. Au contraire la vie est inconstance, épreuves, aller retours, équilibres instables, intangible, ses moments sont constitués de temps pur s’exprimant dans l’espace qui l’abrite. On pourrait donc assimiler la relation entre architecture et vie comme une quantité de friction dont le rôle de l’architecte serait de minimiser.35 Ainsi le fonctionnalisme36 suivit cette direction, mais sans prendre en compte le temps long de cette relation (donc d'une succession d'usages d'un lieu). Les auteurs du livre Vital Architecture discutent de cette question, fascinés par la durée. Notamment la durée de vie à laquelle un édifice peut aspirer. La vitalité d’un édifice serait donc la capacité d’une architecture à maintenir une faible quantité de friction entre espace et usage dans le long terme. Cette capacité à maintenir dans le temps des frictions faibles permet en parallèle d’augmenter la valeur de l’édifice dans un processus de solidification lorsque ce dernier franchit des épisodes au cours desquels on pose le pour et le contre de sa destruction. Cette valeur est monétaire en premier lieu (cela vaut-il le coût de conserver le bâtiment), mais aussi culturelle, historique, de biencommun.

35 Ruurd Roorda & Bas Kegge, Vital architecture, tools for durability, nai010, Pays-Bas, 2016, p.20 36 form follow function : la forme suit la fonction, principe du fonctionnalisme en architecture

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Extrait de Vital Architecture, Ruurd Roorda & Bas Kegge, nai010, Pays-Bas, 2016, p.20


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Afin de mesurer cette capacité, les auteurs ont donc développé une matrice listant un ensemble de 35 édifices en rapport avec 15 critères divisés en trois catégories : architecture, culture (valeur de solidification) et économie. Pour chacun des critères, on note 0 ou 1 suivant que l’hypothèse donnée par le critère n’est pas ou est en accord avec l’édifice étudié. Le total donne un score ramené en pourcentage qui donne un aperçu des chances qu’à un bâtiment à durer dans le temps, à conserver un minimum de friction. Ce qui nous intéresse ici particulièrement c’est la catégorie architecture. La catégorie économie (foncier, dépréciation) relève de caractères extrinsèques et nous offre peu de maîtrise hormis la maintenance sur laquelle nous reviendrons. La catégorie culture est aussi extrinsèque du fait qu’elle n’agit sur un bâtiment qu’après sa construction, à partir du moment où ce dernier inscrit son histoire dans la mémoire collective. La conception architecturale doit être donc vue ici comme une manière de faciliter le processus de solidification, d’inscription dans la mémoire collective afin que cette valeur culturelle prenne le pas sur la seule valeur économique du terrain, augmentant ainsi sa durabilité.

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Quelques mois | Mobilier 3-30 ans | Plan 7-15 ans | Technique 20 ans | Enveloppe 30-300 ans| Structure

Eternel | Site

Shearing layers, Frank Duffy & Stewart Brand


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L’assemblage et le solide Les critères de cette catégorie sont basés sur une idée simple. Un bâtiment est un ensemble de couches intriquées les unes dans les autres qui répondent à des cycles temporels propres. Ces couches sont appelées shearing layers.37 On peut envisager que plus elles sont dissociables plus l’entretien du bâtiment sera facilité, et plus il s’adaptera aux changements d’usages, de propriétaire. Ces changements signifient une modification de l’espace intérieur incluant plus ou moins des transformations physiques (des travaux) suivant la polyvalence du plan intérieur, une extension, une démolition partielle. Dissocier ces couches permet par ailleurs le remplacement de la façade, son démontage partiel plutôt que sa démolition. On parle dans ce dernier cas d’effeuillage ou soft stripping38 Lorsque l’on compare, par rapport au temps, l’importance de chaque couche, la structure du bâtiment prédomine sur le reste (30-300 ans). L’intérieur est renouvelé environ tous les 7 ans et la peau quant à elle, est remplacée tous les 20 ans en moyenne. Elle doit répondre à des qualités de maintenance, de tendance, elle peut être support d’une écriture architecturale, et doit surtout adapter l’intérieur au climat. Elle a le rôle de l’interface.39 La couche structure prédomine aussi lors d’une comparaison par rapport au coût global de construction

37 Ruurd Roorda & Bas Kegge, Vital architecture, tools for durability, nai010, Pays-Bas, 2016, p.23 38 Effeuillage ou soft stripping : Essayer d’isoler une structure de tout matériaux n’étant pas inerte avant de la démolir. 39 Ruurd Roorda & Bas Kegge, Vital architecture, tools for durability, nai010, Pays-Bas, 2016, p.24

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économique mais aussi environnemental (en particulier pour l’usage d’une structure en béton).Il y a donc un intérêt évident à se pencher avec attention sur la conception de la structure, cette dernière étant en capacité de traverser les décennies rentabilisant son investissement dans le temps.

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En moyenne on construit un bâtiment pour un cycle d’une durée équivalente à une cinquantaine d’années40, si l’on double cette durée (soit un siècle minimum), sur une structure en béton, on pourrait donc imaginer que la peau soit changée 3 à 6 fois, que l’intérieur puisse être réaménagé plus d’une dizaine de fois, que le bâtiment s’agrandisse puis se réduise, fusionne avec son voisin, soit entravé par une voie…! Dès le départ la structure conditionne une grande part de la capacité d’un édifice à durer dans le temps. En effet, support de toutes les autres couches, elle ne doit pas entraver leur fonctionnement qui permettra toute modification de façon simple et efficace. Cette dévotion fonctionnelle n’est pas sans rappeler les objets alentours : réseaux ferrés, quais de desserte, dalle du boulevard d'Aubervilliers, parking, échangeur de la porte d’Aubervilliers. Ce serait donc une infrastructure mais qui prend en considération des qualités spatiales choisies, gage d’un parti pris allant au delà de la simple réponse technique qu’offrent les autres. Une infra-architecture, un conditionnement spatial, une ruine avant l’heure, un cadre pour le projet, un about:blank à habiter.

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Ibid. p.21


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about:blank est une réflexion sur ce que constitue une construction au regard du temps. Nous entendons construction comme l’ensemble organisé de conditions telles que le logement, la structure, les normes, les circulations, ou encore le rapport au contexte, l’activité...Chacune d’entre elles s’influencent dans un jeu de négociations d’où naît le plan, la coupe, l'espace puis l'édifice. Aujourd'hui cependant, une condition supplémentaire semble vouloir s'inviter à la table : celle de l'incertain produit par les nouvelles manières de faire de nos sociétés. Crainte par les investisseurs, il s'agit d'en faire notre nourriture en ajoutant à l'espace une dimension t pour le rendre plus adaptable. Ainsi nous avons dessiné au travers de structures rationnelles, ce jeu de négociations dans l’espace mais aussi dans le temps.

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Nous nous sommes intéressés à deux types de structures fondamentales en architecture dont les démarches s’opposent : l’assemblage et le solide. L’assemblage à pour principe d’additionner des parties de plein pour former un tout. Elle se rattache à la culture économique américaine de la préfabrication (ballon frame) et un montage rapide sur site. Entre autres, de par sa légèreté, elle entretient un rapport au temps de l’ordre de l’éphémère, susceptible au changement (par le démontage, l’addition, le remplacement d’éléments, voir son remplacement total sans scrupules). 84

A l’opposé, le solide part du tout pour trouver

sa forme finale par une série de percements et d’évidements. Il se rattache à une culture plus

Pieces of a Lustron Westchester Two-Bedroom prior to installation, Columbus, Ohio, April 16, 1949.


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ancestrale et traditionnelle : l’abri procurant un environnement sécurisant défiant le temps par sa capacité à résister à toute épreuve aux tumultes de l’extérieur à l’image du donjon de l’an mille. Ruine s’inscrivant dans le paysage, coque inviolable et robuste, il entretient son rapport au temps dans la durée, tentant de s’en échapper en esquivant les problèmes que lui posent le changement (par la polyvalence de son plan intérieur, une écriture neutre en façade, standardisation d’éléments rapportés). On connaît l’architecture suisse par son souci du détail lors de la réalisation. Vivant dans une région où ils ont longtemps connu la stabilité, les chantiers sont plus longs car les suisses se permettent d’investir dans le temps.

Tourelle du château de Devin, Slovaquie, 2015, photographie personnelle

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Ces deux systèmes fondamentaux s’appliqueront à deux types de réalisation en béton : poteaux/dalle pour l’assemblage, façade porteuse pour le solide. Les deux systèmes sont contreventés par des noyaux durs renfermant les circulations verticales. Le choix du béton permet des performances de portée libérant de grand espaces libres bien que supportant des charge lourdes, ainsi qu’une isolation phonique entre planchers ne remettant pas en cause son usage à but résidentiel. Par ailleurs sa forte empreinte écologique peut-être amortie par ses qualités de tenue dans le temps et son coût amoindri par la rationalité et la standardisation des éléments pré-fabricables qui de toute façon est nécessaire pour faciliter les modifications ultérieures. Mais enfin, le béton revêt des qualités visuelles et kinesthésiques qui font penser au chantier, à ce qui n’est pas achevé, à ce qui pourrait changer, à une page vierge, à un espace ne pouvant pas faire office de lieu avant qu’il soit inscrit par le vécu de ses occupants successifs qui le feront et referont sien. Il peut être l’interprète d’une architecture neutre. Écriture qu’il nous faut à présent décrypter pour saisir en quoi elle est une synthèse des notions développées jusqu’ici.


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L'assemblage et le solide, AxonomĂŠtrie


33NEUTRE NEUTRE? 88


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Cette planche de Manchu me donne une certaine impression de neutralité. Il semble s’y dérouler ici un événement important. Le vaisseau semble en effet s’introduire dans un espace dont la forme bien qu’elle donne une forte impression ne donne pourtant aucun indice de ce qui pourrait s’y passer à l’intérieur.


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1 Le papier millimétré et l'architecte Entre suspension et absence de sens

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L’architecture (si on la dissocie de l’ornementation), comme la musique, est selon mon point de vue un art abstrait au départ, qui n’a pas pris source dans la représentation telle qu'elle des formes visibles de la nature comme la peinture, la ronde bosse ou la littérature. On peut dire objectivement ce qu’est une fleur et s’entendre universellement sur cette définition puisque c’est un objet de la nature. En revanche, la définition d’une maison, d’un seuil, d’une fenêtre, d’une rue peuvent différer suivant les cultures car ces objets sont dépendants des hommes qui les fabriquent. On peut comprendre alors que l’architecture a de tout temps cherché à s’inventer une certaine universalité au travers de codes, de proportions, de composition. Ainsi de Vitruve (Principes) à le Corbusier (Modulor) en passant par la renaissance et le classicisme puis dans un débat s’intensifiant à partir du début du XXème siècle41 cherchèrent les racines de cette discipline. Les années soixante-dix, marquèrent alors l’avènement du postmodernisme recentrant la question sur l’intelligibilité du vocabulaire “universel”. Considérant qu’un édifice devait pouvoir parler un double langage unifiant les sachants et

41 Selon Soline Nivet "Adolph Loos reprochait le « cri désagréable et inutile » des villas d’architectes. Selon lui « l’architecte n’a pas à inventer une langue nouvelle. Comme l’écrivain, il n’a qu’à parler, à sa manière, la langue déjà fixée par ses ancêtres. » (...) Il ne fut jamais suivi par les avant-gardes modernes qui s’employèrent au contraire : trouver un vocabulaire nouveau, vite qualifié d’international. Mais on objectait déjà alors qu’à trop forcer son abstraction et son universalité, l’architecture ne parlait plus à personne ! Soline Nivet, radicalement neutre? dans: d’a, (mai 2010) no.191, p.39-53


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les non sachants, il fallait, selon Charles Jencks, puiser dans un vocabulaire formel suffisamment connu pour pouvoir être reconnu en recourant aux symboles locaux d’une culture, traditionnels aussi que classiques afin de s’adresser à tous.42 On peut dire à ce moment là que la réalité symbolique embrasse l’expression d’un édifice dans sa totalité : Toute partie d’architecture est langage. En réaction au postmodernisme43, l’architecture contemporaine devait donc se débarrasser de cette expressivité. C'est à ce moment là qu'intervient la posture du neutre. Il faut s’intéresser à Roland Barthes, philosophe de la seconde moitié du XXème siècle, référence dans les différents écrits que j’ai pu lire à propos de la neutralité en architecture. Roland Barthes nous dit la chose suivante : la société produit ses propres stéréotypes qu’elle consomme ensuite comme des sens innés.44 Des choses qui vont de soi. Ces stéréotypes sont des paradigmes, c’est à dire les issues de conflits de sens qui ordonnent la cohérence du monde. L’écriture neutre devient ainsi pour lui un moyen d’échapper à ces stéréotypes dont le sens n’est que culturel et pas forcément naturel. Échapper au sens culturel des choses c'est choisir de mettre en suspens la symbolique architecturale pour

42 Ibid. Une architecture qui à dû forcément passer par une variété et 43 une profusion de formes symboliques afin de réaliser sa vocation expressive et non impressive. Si bien que selon Rem Rem Koolhaas : dans la ville contemporaine, l’architecture assure désormais une « variété ennuyeuse » au milieu de laquelle « la répétition devient audacieuse et stimulante » Ibid. 44 Alice Galligo sous la direction de Vincent Brunetta, Le neutre, étude de la suspension de la signification dans l’architecture contemporaine, Université libre de Bruxelles, 2015 [Mémoire de master]

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laisser la réalité sensorielle investir la conception architecturale. L’architecture neutre ne fit donc que renouveler cette façon de penser millénaire en allant chercher à nouveau l’universel mais cette fois-ci en s’appuyant sur la perception directe des choses, autrement dit à leur réalité sensorielle plutôt qu’à leur réalité symbolique. C’est en cela qu’elle met les sens (symboles) en suspens et qu’on la qualifie ainsi de “neutre”. 94

La disparition de l’échelle intermédiaire Comment concevoir de telles architectures? Jacques Lucan pense que les réactions au postmodernisme se sont trouvées dans le rejet de la composition. Or, de même qu’une série de lettres ou de notes de musique construisent une phrase ou un morceau de musique, le postmodernisme articulait des symboles pour fabriquer un langage expressif. Cette grammaire constitue une échelle intermédiaire reliant les parties au tout. Si l’on retire la composition, pas de phrase, pas de musique, l’expression disparaît au profit de la forme pure. C’est le processus de disparition de l’échelle intermédiaire. Processus vers lequel convergent les pratiques architecturales actuelles selon Jacques Lucan. Par conséquent, l’architecture neutre associe directement l’échelle globale et l’échelle du détail. La première faisant appel à l’abstraction (on parle de volume, de prisme, qui sont des objets issus de la géométrie donc de l'abstraction du réel), la deuxième au réalisme sensoriel lui permettant une approche immédiate sensitive visuelle et tactile. (il est question de matérialité, de lumière, de kinesthésie) Les échelles intermédiaires qui pourraient être


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justement le lieu de l’articulation (composition), de l’ornementation symbolique y sont neutralisées, rendues absentes, passées sous silence. C’est ainsi que le travail s’est porté d’une part sur des objets monolithiques, sculptés, dérivants un langage primitif formel (car il ne fallait pas non plus retomber dans la forme primitive qui elle est déjà chargée de sens, carré, triangle, cercle…) pour s’adresser au sensoriel en priorité, suspendant ainsi le sens. Herzog et De Meuron diront «nous sommes plus intéressés par l’impact physique et émotionnel direct. Nous voulons faire un bâtiment qui crée des sensations et non représente telle ou telle idée.»45

45 Jacques Herzog & Theodora Vischer, « Entretiens », Herzog et de Meuron, Bâle, Wiese, 1988

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Ming Xia, photographe sur Flickr (431 abonnĂŠs), Watercube under construction - interior - 2007-1-24 (2)


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Ce monolithisme est traduit par une façade monochromatique, donnant la part belle à la texture dans laquelle chaque partie est échantillon du tout. On évite bien la composition car chaque détail nous ramène directement au global sans passer par une articulation quelconque. Cela va jusqu’à rendre non signifiante, la façon dont fonctionne une structure comme le centre national de natation à Pékin46. Ici la structure, associée à la façade est “monochromatique”. Cela ne s’arrête pas aux qualité visuelles extérieures de ces monolithes. On peut en effet retrouver cette notion de monochromatisme dans l’organisation spatiale. L’organisation des espaces du musée d’art contemporain de Kanasawa par Sanaa, la médiathèque de Sendai par Toyo Ito, la structure de l’école d’architecture de Nantes par Lacaton et Vassal sont issus de processus agrégatifs répondants à des lois choisies plus qu’à une composition véritable de l’espace. De ces lois découle les espaces tel que l’envisagea Rem Koolhaas pour le projet du parc de la Villette à partir de diagrammes qui définissent une structure pour accueillir un programme varié. Il parlera d’instabilité programmatique (non sans lien avec la notion d’incertitude évoquée précédemment) : Lorsqu’on est confronté à un programme contemporain complexe dont on est pas sûrs de la pérennité des usages, l’approche adoptée est le diagramme programmatique.47

46 Cet effet est très bien expliqué par Jacques Lucan dans sa conférence au Pavillon de l'Arsenal, Composition non-composition, 2009, http://www.dailymotion.com/video/xbfyun_jacques-lucan-composition-non-compo_creation 47 Ibid.

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Mais est-ce seulement une réaction au mouvement précédent? Prenons ces deux exemples : le Flatiron à gauche et projet de la Turm à Friedrichstraße, Berlin Mitte. Ils expriment un paradoxe qui veut que Burnham soit le Moderne car sa tour est une extrusion de la parcelle et Mies le Beaux-Art car son plan est design-é. Alors qu’ils sont connus pour porter la posture inverse. Cela montre qu’à partir de ce moment là, des facteurs extérieurs sont venus modifier notre conception de l’architecture. D’où le terme “mutant” que Rem Koolhaas emploiera à propos du Flatiron.48 98

Daniel Burnham, "Flatiron", NYC, 1901

48 Ibid.

Mies Van Der Rohe, Turm am Friedrichstrasse, Berlin, Projet


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La quête de la surface neutre C’est de cette façon qu’au siècle précédent, d’une part, l’invention de l’ascenseur et d’autre part, la monté en flèche de l’immobilier dans certaines villes des États-Unis comme Chicago va faire naître de nouvelles réflexions (des mutations) sur la neutralité de l’espace. Imaginer de construire une tour nécessite de réfléchir aux conséquences de l’empilement des étages, notamment la nécessité d’un plan type. Jacques Lucan à ce propos disait que “le plan pour être typique doit être suffisamment indéfini. Le plan typique est une invention américaine : il est « sans qualité, neutre , il est le degré zéro de l’architecture". Il correspond à un programme de bâtiment de bureaux qui est « le premier programme totalement abstrait », c’est à dire un programme dont la seule fonction est de «laisser ses occupants exister».49 De même la ville, avec l’instabilité qu’elle génère doit faire naître de nouvelles réflexions sur l’empilement des espaces cette fois ci non pas d’une tour dans la verticale, mais d’une construction dans le temps. Le plan type utilise à ces fins la grille qui chez Rem Koolhaas est perçue comme du papier millimétré. Dans cette perspective, il nous faut voir l’architecte comme un producteur de pages vierges, de condition en attente d’un lieu. On peut dès lors dire que c’est une posture neutre, du moment qu’elle définit un fond, une absence de sens, par rapport à laquelle les activités peuvent se développer et donneront du sens.50 Usines,

49 Jacques Lucan citant Rem Koolhaas, Composition non-composition, architecture et théories, PPUR, Lausanne, 2009 50 Cette direction à guidé en trame de fond la pensée moderne. Elle qui construit sa théorie autour de la non-composition. En effet, pendant tout le XVIIIème, on conçoit l’architecture comme une composition de pièces constituant un ordre fermé. A un moment on imagine l’architec-

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supermarchés, aires de marchandises, parkings… "Une architecture autre pourrait se contenter d’offrir seulement un contrôle de l’environnement, les problèmes formels relatifs à la définition de l’espace, [aux symboles] glissant au second plan ou disparaissant tout à fait."51 Il y a une indétermination à concevoir selon Yves Dessuant, comme une attention particulière à certaines potentialités qu’il s’agit cependant de mettre en place. “Je ne crois pas en des lieux neutres dans lesquels on puisse tout faire.” 100

L'idée n'est pas de réinventer le plan libre mais d'explorer les contours d'un cadre spatial combinant plusieurs fonctions dessinées. Ce cadre spatial neutre serait différent d'un espace polyvalent dans le sens qu'au contraire de ce dernier qui se contente de développer une grande surface, nous pourrions trouver une polyvalence d'usage tout en conservant des espaces différenciés, planifiés. Différenciation qui pour nous est une garantie d'adaptabilité du bâtiment, donc d'une durabilité accrue.52

ture comme une construction plutôt que comme une composition. A partir du XIXème il y a aussi un courant de pensée rendant légitime l’irrégularité. Chez les Modernes la composition est un mot taxé d’académisme, il faut se garder de le prononcer car il n’est plus ce qui fait le paradigme de la conception architecturale. Avec le modernisme, la notion d’espace apparaît et ouvre la pièce, dont le plus bel exemple est peut-être le plan libre. voir à nouveau Jacques Lucan, Composition non-composition, architecture et théories, PPUR, Lausanne, 2009 51 Ibid. 52 Selon Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, les bâtiments fonctionnellement neutre ont une durabilité plus grande et évitent des taux de vacance élevée, car leur chance d'êtres réutilisés sont plus grandes. The flexible city, sustainable solutions for a Europe in transition, nai010, Rotterdam, 2016


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2 Mise en forme Il semble y avoir dans l’architecture comme une production d’évidence, de bon sens, de choses qui vont de soi. Un espace minimal pré-existant, évident, basique, en attente d’être fixé, ajusté au client, à une culture, à un contexte particulier. On en revient à Loos qui imaginait la maison comme un vêtement qu’il s’agissait de bien tailler mais qui au final devait rassembler les qualités d’un vêtement.53 On peut donc considérer qu’une part de chaque espace architecturé est neutre. Un neutre normalisé, qui va de soi (et qu’il faut peut-être aussi parfois combattre). Cette part est vide de sens, elle ne se rapporte pas à un langage précis mais forme un canevas, une base fonctionnelle sans laquelle le lieu n’existerait pas.54 L’idée d’un bâtiment fonctionnellement neutre propose de se limiter à ces bases fonctionnelles superposées dans le plan pour qu’elles puissent se succéder dans le temps. Le plan résulte de la conception d’une surface temporelle (2d + temps) conférant sa durabilité au bâtiment. Evidemment cela a un coût : celui d'un investissement plus important qu’il faut faire en amont.

53 Soline Nivet, radicalement neutre? dans: d’a, (mai 2010) no.191, p.39-53 Un logement banal est un exemple de cette forme de neutralité 54 fonctionnelle. Il nous montre les conditions actuelles du logement et le reflet anthropologique de notre société. Dès lors, s’il est un reflet, il évolue de manière contiguë à la société, donc progressivement, autrement dit par étape. Par exemple au début du XXème siècle dans le cadre du courant hygiéniste, les conditions de l’habitat ont été améliorées de manière généralisée. C'est ce qui le rend différent d'un logement ordinaire qui lui perpetue les codes.

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Nous avons simulé plusieurs aménagements pour un plan afin que l'espace soit pensé en amont pour être utilisé de façons différentes au fur et à mesure du temps. Cela donne lieu à plusieurs aménagements de plans, notamment un plan type non pas au sens où ce dernier se répète à la verticale comme dans une tour mais dans le temps. Dans l'idée, il y a un plan type par étage qui peut être aménagé de plusieurs façons.

Intérieurs 102

Pour aller plus loin imaginons maintenant des intérieurs types, basiques, manifestant le strict nécessaire, de l’architecture minimale d’un bureau ou d’un logement. Non pas ordinaires! Basiques : l’intérieur doit permettre une personnalisation ultérieure, ce peut donc être un logement basique extraordinaire. Les planchers en béton seront assez épais pour accueillir des structures autoportantes en bois par exemple entre les étages afin de créer des espaces mezzanines dans les doubles hauteurs, recloisonner le niveau à sa guise.


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^ SOLIDE > ASSEMBLAGE Plan de bureau Plan de logement Plan type du niv.3


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Façade Voici deux exemples issus l'un du solide l'autre de l'assemblage et qui montre comment la façade voit son rapport au temps déterminé par la structure.

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< Ecole Zollverein, 2006 (Sanaa), Essen, Allemagne, Elevation > Usine FIAT Lingotto, 1926 (Giacomo Matté Trucco) puis 2002 (Renzo Piano), Turin, Italie, Elevation Images tirées de Vital Architecture, Ruurd Roorda & Bas Kegge, nai010, Pays-Bas, 2016, p.64, p.144

Dans le cas de Zollverein, (le solide à gauche), la façade montre une interface entre l'intérieur et l’extérieur mais aussi une certaine robustesse de la structure qui agit comme une coque fermée. Son rapport au temps est dans la résistance au changement. Zollverein sera durable seulement si il s’exhibe en tant que musée. Au contraire, dans le cas de l'usine de Lingotto (l'assemblage à droite), le système de façade qui ne à été entièrement remplacé (55 000m² de façade) lors de la rénovation de l'usine en équipement public en 2002. Sa standardisation ainsi que une dissociation totale entre enveloppe et structure ont permis cette transformation.


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Pour le cas du solide, nous choisissons donc une grille neutre qui permet de déjouer la problématique de la résistance au changement par la standardisation des menuiseries lorsque celle-ci viendra à changer et par une libre interprétation des espaces qui s’y situent derrière. On retrouve ce procédé dans l'écriture architecturale d'architectes tels que Diener & Diener, Hans Kollhoff, Chiepperfield dans ces plus récents projets. Une série de menuiseries dont certaines avec des parties opaques permettent des degrés d’intimité différents suivant la typologie de logement ou d’activité avec laquelle elle s’interface. 105

Diener & Diener, Wohnhäuser KNSM- und Java-Eiland, Amsterdam, 1995– 2001, Wettbewerb 1. Preis, image tirée du portfolio de l'agence

Tandis que dans le cadre du système poteaux-dalle l’enveloppe est prévue pour être démonté entièrement afin d’être changée. L’écriture de la façade doit permettre de rendre compte de son utilisation par l’habitant où des jaillissement peuvent en surgir, et par l’entreprise en affichant une certaine distanciation du lieu par des matériaux non expressifs et à l’impression forte : tôle pliée, brique, verre, béton brut en façade.


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La halle de l'école d'architecture utilisée à l'occasion d'un festival des écoles d'architectures de France. Le grand espace à été le point central du festival où se sont déroulés successivement concerts, fabrication d'objet, lieu de réflexion, repas, rassemblements.


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Great Space55 La nécessité de devoir répondre à plusieurs programmes qui se succéderaient sur un plan dans le temps pousse à la rationalisation et à la standardisation des espaces. En parallèle, ces choix permettent des économies qui offrent en retour une qualité spatiale des logements futurs telle qu’on la retrouve chez des architectes comme Lacaton & Vassal : grands, lumineux, terrasses généreuses. Ces qualités spatiales se manifestant par la présence de volumes en double hauteur qui seront bénéfiques pour les logement mais sont aussi importants pour les bureaux. Ils permettent des communications entre les étages, des espaces d’exposition de réception, des salles de conférence. Reconvertis dans un programme de logement ils pourront être utilisés comme espace commun, densifiés en appartement, ou offrir une pièce en plus pour des typologies T3 dans une proposition de logement évolutif. Leur taille permet une plus grande variété d’usages possibles et sont selon Roorda et Kegge synonyme d’une conservation de la vitalité d’un bâtiment au cours du temps. Imaginons une tour, conçue à partir cette foisci d'espaces types plutôt que de plans types. Ces espaces seraient deux logements banals : un petit + un grand dont l’assemblage donnerait l'espace type communiquant au travers d'une double hauteur. Cet espace peut toujours être séparé en deux unités indépendantes par la construction d’un plancher dans la double hauteur. Cette solution vise à répondre à l’incertain qui est aussi présent dans la question de l’évolutivité du logement. Ce modèle s'inspire du

55 La nécessité d'un grand espace provient directement d'une application d'un des critères de vitalité développé dans Vital Architecture prédisant qu'un bâtiment ayant la capacité de développer de grand espaces augmente ses chances de durabilité. p.103

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bâtiment de Kölner & Brett, "un bloc de vastes espaces de logements et de locaux professionnels, construits comme des modules avec la définition intérieure la plus réduite possible afin que les habitants eux-mêmes puissent les adapter à leurs propres besoins."56

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Une famille qui se sépare de ses enfants, une famille qui accueille une personne âgée, un père ou une mère qui transforme une partie de l’appartement en bureau, en cabinet... Les étages de bureaux suivent la même règle et profitent alors de la double hauteur pour y intégrer leur propre circulation interne. Deux entreprises peuvent se partager trois niveaux de la tour sans se déranger l’une l’autre dans la cage d’escalier commune. Deux entreprises situées sur des niveaux différents peuvent choisir de mettre en commun des espaces tels que l’espace reprographie, cuisine, détente dans cette double hauteur.

56 Quartier d’Ehrenfeld, Cologne b&k+ : Kölner Brett Le volume du bâtiment comprend douze modules spatiaux identiques qui sont disposés les uns sur les autres en leur imposant des rotations ou des géométries miroir. B&K+ Paysage télématique, Kölner Brett dans: Verb Processing, Actar, Barcelone, 2011, p92-115


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Extraits de B&K+ Paysage télématique, Kölner Brett dans: Verb Processing, Actar, Barcelone, 2011, p92-115


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Composition Uniste n°14, Wladyslaw Strzeminski, 1934


CHAIR

Chair, un mot pour la fin Suis-je arrivé au terme de mes études pour produire une architecture monumentale, un tour de force technique et extraordinaire ou pour défendre un acte banal : Savoir faire ce qui fait la chair de nos villes? Savoir faire ces fragments qui n'ont de sens que s'exprimant au travers de la masse qu'ils incarnent et qui dépasse leur individualité, leur possible mutation en icône, leur symbolisme autonome, tel les formes d'un tableau uniste de Wladyslaw Strzeminski? Savoir participer et faire participer à la transformation permanente de l'espace urbain, ce tissu de relations où l'on cherche constamment le lien intelligent entre les choses afin que la mécanique globale soit productrice d'un futur positif? A l'instar d'une composition uniste dans laquelle chaque élément est au bon endroit de part sa forme pour donner une forte impression d'ensemble, imaginons une urbanité tissée de situations chacune de part son caractère au bon endroit mais surtout au bon moment. Au bon endroit, c'est créer des situations qui, au contraire de l’architecture monumentale, Bigness57 qui dit Fuck! au contexte, porte les traits du paysage qui recueille le projet. Sans que cela soit traité de façon littérale mais qu’on puisse y trouver une manifestation du lieu si l’on souhaite plus qu'une manifestation du futur architecte se tournant lui aussi vers une architecture neutre (ou du moins non composée) où son libre arbitre est désengagé.

57 Princpe selon lequel, à une certaine taille, les bâtiments ne sont plus que des monuments qui n’ont que faire du contexte dans lequel ils sont installés. Ils deviennent neutres dans le sens où ils échappent à toute logique symbolique locale de par leur grandeur. C'est l'idée du Fuck Context! développée au moment où les techniques de construction ont permis d'ériger des bâtiments hors-normes. Mais cette possibilité représente pour moi une fuite à l’anglaise ne s’installant que dans certains contextes sociaux économiques particuliers et risquant de reconstituer à nouveau un vocabulaire qu’on attache peut-être déjà derrière ce qu’on appel la ville générique.

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Au bon moment c'est comme le montre cette image, qui fut un point vers lequel nous avons toujours souhaité tendre au mieux, porter la réflexion sur l’importance du temps dans la conception de l’espace, tenter d'apporter cette dimension supplémentaire que notre époque nécessite urgemment. 114


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Je tiens à remercier mon entourage proche pour son soutien au quotidien, l'équipe du studio pour l'ambiance, en particulier caviar exquis, et notamment, Maxime Le Droupeet et Jules Loez qui m'ont accompagné dans l'aventure, mes professeurs, Louis Paillard et Maryse Quinton, pour la pertinence de leur remarques et de leur encouragements.


sources Bibliographie : Ruurd Roorda & Bas Kegge, Vital architecture, tools for durability, nai010, Pays-Bas, 2016 Tom Bergevoet & Maarten van Tujil, The flexible city, sustainable solutions for a Europe in transition, nai010, Rotterdam, 2016 Jacques Lucan, Composition non-composition, architecture et théories, PPUR, Lausanne, 2009 116

Alice Galligo sous la direction de Vincent Brunetta, Le neutre, étude de la suspension de la signification dans l’architecture contemporaine, Université libre de Bruxelles, 2015 [Mémoire de master] Françoise Choay dans:La ville, art et architecture en Europe 1870-1993, sous la direction de Jean Dethier et Alain Guiheux, Centre Georges Pompidou, Paris, 1994 Thomas de Bos + Freek Bronsvoort + Geert Durk de Jong, Mixed-used, in the case of flexible buildings, sous la direction de Dirk van den Heuvel et Lada Hrsak, Amsterdam, 2012 [final research booklet, mémoire de fin d’études] Hilde REMØY, Theo VAN DER VOORDT, Sustainability by adaptable and functionally neutral buildings, Delft, 2015 Kevin Lynch, l’image de la cité, Dunod, Paris, 1998 Richard McGuire, Here, Gallimard, 2014 [roman graphique, one shot] Sous la direction de Sudjic Deyan & Burdett Ricky, The endless city, Phaidon, Berlin, 2007 miguel Kanai, amanda M. Burden


Sophie Vaugarny, neutre et béton, sous la direction de Catherine Geel, Angers, 2013 [mémoire de master]

Vidéos : Olivier Mongin, La condition urbaine sur: canal-u, 2007, https:// www.canal-u.tv/video/ecole_normale_superieure_de_lyon/la_ condition_urbaine_olivier_mongin.6763 Schneider Electric France, Jean Pascal Tricoire (PDG), Plénière innovation, 2016, https://www.youtube.com/watch?v=yjC1mt4lCi8 Pavillon-Arsenal, Jacques Lucan, Composition noncomposition, 2009, http://www.dailymotion.com/video/xbfyun_ jacques-lucan-composition-non-compo_creation Atelier International du Grand Paris, AIGP - Existe-t’il un modèle européen de la Métropole ?, questions vives, 2015, https://youtu. be/m1wJYubpmuQ cauedugard, Nouvelles manières d’habiter et de vivre... Demain:un monde à inventer! , 2013, http://www.caue30.fr/laconference-de-j-viard-en-video/ Sileks, Place Making : faire la ville avec les lieux! par Alain Bourdin, 2015, https://youtu.be/YbETTv9U6aA Startupfood, Les barbares attaquent l’habitat et la construction! par Nicolas Colin, cofondateur de TheFamily, 2013, https://youtu.be/ wHsZiKYREMQ CANAL architecture, CONJUGO - Construire réversible 2016, https://vimeo.com/150778518

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Presse : Soline Nivet, radicalement neutre? dans: d’a, (mai 2010) no.191, p.39-53 Densifier la ville, constructif (juin 2013) no.35 Karine Dana, La fin de l’immeuble de bureaux? dans: d’a (octobre 2016) no.248, p55-93 Jorge Wagensberg : Complexité contre incertitude dans: Verb Processing, Actar, Barcelone, 2011 B&K+ Paysage télématique, Kölner Brett dans: Verb Processing, Actar, Barcelone, 2011, p92-115

Conférences suivies et interventions : TVK (Pierre Alain Trévelo), La terre est une architecture, la relation entre Architecture et Infrastructure, novembre 2016, Ensa nantes, Nantes Collectif Rotor (Benjamin Lasserre & Michael Ghyoot), Au delà de l’esthétique palette, décembre 2016, Ensa nantes, Nantes Jean Philippe Vassal, dans le cadre de la présentation publique


du livre Vital architecture: outil pour la durabilité” en présence des auteurs, octobre 2016, Ensa nantes, Nantes Nicolas Delon du collectif Encore Heureux, dans le cadre d’une visite de leur locaux, octobre 2016, 104 rue d’Aubervilliers, 75019, Paris Maryse Quinton, présentation d'une opération de reconversion d'un immeuble de bureau en logements sociaux à Charenton-LePont par l'immobilière 3F.

Bâtiments : Anne Lacaton et Jean Philippe Vassal, École nationale supérieure d’architecture de Nantes, 6 Quai François Mitterrand 44200 Nantes, 2009, Ouvert au public. Visite de l'Atelier Novembre, Le centquatre-Paris, 5 rue Curial 75019 Paris, 2008, Ouvert au public. Visite de la ZAC des docks de Ouessan, Paris, récemment terminée. Visite du chantier actuel de l'île Seguin, Paris. Visite d'un appartement, 64 rue de Meaux, Paris XIX, opération 220 logements par renzo Piano en 1991.

Crédits photographiques : Intercalaire DENSITY : Images satellites réalisées à partir de la base de donnée Google Maps, Décembre 2016 Intercalaire HOME : Chargement d'un câble sous marin dans un silo. Photographie anonyme. Voir "Worldbrain" par Stéphane Degoutin et Gwenda Wagon, webproduction ARTE, février 2015 Intercalaire NEUTRE : Extrait d'une planche de Manchu ayant servit pour la couverture du roman de science-fiction "Les vaisseaux d'Omale". 2 et 3ème de couverture : l'île de Nantes (encore) en chantier, photographie personnelle, octobre 2016.

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