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MIR N° 08 – JUILLET 2009

DOSSIER :

© Marine nationale

Aéronautique navale


S O M M A I R E Pages

Éditorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .1 Infos Marine nationale • La Marine en campagne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .2

Infos Réserve • • • • •

Évolution des réserves - Un point sur les chantiers 2009 . . . . . . . . . . . .3 La protection sociale des réservistes opérationnels . . . . . . . . . . . . . . .4 Attribution de récompenses et de décorations aux réservistes . . . . . .7 Le rapport au Parlement sur l’état de la réserve en 2008 . . . . . . . . . . . .8 Formation et information des réservistes de la Marine . . . . . . . . . . . . .8

Dossier : Réserve et aéronautique navale • Interview du Vice-amiral d’escadre Olivier de Rostolan (Alavia) . . . . .10 • LV (R) Patrick Sellin, réserviste par esprit de corps . . . . . . . . . . . . . . . .12 • Les missions de l’aéronautique navale vues par le centre opérationnel de la Marine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .14 • Réserviste à la SIMMAD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .16 • Le détachement de la flottille 35F de Cherbourg/Maupertus . . . . . . .18

• MJR (R) Moniteur à l’école du personnel volant . . . . . . . . . . . . . . . . .20 • MJR (R) Didier Kane : Y a-t-il un réserviste dans l’avion . . . . . . . . . . .21 • PM (R) CONTA Rémy Gallet, Contrôleur de la circulation aérienne . .22 • PM (R) DENAE Christophe Touzet, Chef de quart Aéro . . . . . . . . . . . .22 • QM Benjamin Gout, Jeanne d’Arc, service aviation . . . . . . . . . . . . . . .23 • LV (R) Jean-Marie Laucagne, La passion des airs . . . . . . . . . . . . . . . . .24 • QM (R) Raimbert, Prodef : « En étant réserviste, je mets du réel derrière les mots » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .25 • Voilà bientôt cent ans que les marins volent ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .26

Tour d’horizon • • • • •

Les associations réservistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .28 Des milliers de réservistes ont participé aux cérémonie du 8 mai . . . .29 Loin des côtes, la Marine est présente . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29 Aux côtés des cadets de la Défense en outre-mer . . . . . . . . . . . . . . . . .30 Un marin réserviste en OPEX au Tchad . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .33

COMITÉ DE RÉDACTION DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Contre-amiral François de Lastic DIRECTEUR DE LA RÉDACTION CV Emmanuel Gouraud RÉDACTRICE EN CHEF EV1 (R) Véronique Rémont Correspondants EV1(R) Mikaël Cabon (Atlantique-Brest) MP Anne-Marie Krzyzaniak (Manche-Cherbourg) CF Hervé Houbre (Manche-Merd du Nord) LV Caroline Sobol (Paris) LV(R) Sylvie Busatta (Méditerranée-Toulon) SM Jean-Michel Maurizi (Ajaccio) CF(R) Bertrand Senacq (Bayonne), CV(R) Alain Rondepierre (Bordeaux) CF(R) Jean-Pierre Castier (Dunkerque) M. Luc Depuydt (Le Havre) PM Xavier Thomas (Nantes) CC(R) Michel Potier (Marseille) SM Olivia Lenormand (Strasbourg) ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO CF Hervé Bellec (Cols bleus) CF(R) Yves Jullien (DPMM/3) Mme Messina-Roulleau (CCMIL Houilles) MAQUETTE ET MISE EN PAGES M. Jean-Marc Leroutier (CCMIL Houilles) RESSOURCES PHOTOGRAPHIQUES © Marine nationale (sauf mention particulière) ADMINISTRATION Centre d’enseignement supérieur de la Marine B.P. 08 – 00300 ARMÉES cesm@marine.defense.gouv.fr Fax : 01 44 42 82 06 Abonnements : contactez votre APER PRÉPRESSE DE LA MARINE CC MILLÉ Houilles 67, rue Buzenval – 78800 Houilles SGA-SMG/IMPRESSION Pôle graphique de Tulle 2, rue Louis Druliolle BP 290 19007 Tulle CEDEX Tirage : 27 631 exemplaires N° 8 – Juillet 2009 Dépôt légal à parution - ISSN n° 1629-0370

Couverture : © Prépresse de la Marine – © Marine nationale


Éditorial

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ANS LES PROCHAINES ANNÉES, les effectifs des armées vont diminuer d’une cinquantaine de milliers de personnes. Or, des armées au format réduit ont plus que jamais besoin de réservistes. Elles seront en effet moins encore qu’auparavant capables de disposer en propre du personnel en nombre et en qualité suffisants.

C’est particulièrement vrai de la Marine. Plus petite des trois armées, elle remplit un large spectre de missions qui n’est pas modifié par les réformes en cours. Bien au contraire, le récent Livre blanc renforce encore les «contrats opérationnels » impartis à la Marine. De plus les gains procurés par les restructurations sont faibles pour la Marine qui a d’elle-même procédé depuis longtemps à la plupart des rationalisations possibles. Dans l’avenir la Marine devra donc plus que jamais s’appuyer sur des réservistes. Ainsi à terminaison du train de reformes en cours, elle comprendra moins de 38 000 militaires qui seront épaulés par 7 500 réservistes opérationnels. Au-delà de ces indispensables renforts, les réservistes ou les anciens réservistes, partagent une mission commune avec les marins d’active. Il leur faut convaincre nos concitoyens de l’importance du fait maritime, il leur faut inlassablement démontrer que, plus que jamais dans l’Histoire récente, l’économie, la sécurité et la défense de la France imposent un fort investissement dans les outils maritimes. La tâche est d’importance mais les acteurs sont à la hauteur. En effet, après 9 mois comme délégué aux réserves, je mesure pleinement l'apport des réservistes, par leur expertise, et par leur capacité à retransmettre ses messages. La dernière campagne de recrutement de la Marine en est un remarquable exemple. Vous découvrirez dans ce numéro plusieurs informations relatives à la réserve et en particulier l'état d'avancement des travaux engagés en juillet 2008 à la suite du Livre blanc sur la défense et la sécurité ; un premier aperçu sur le prochain rapport au Parlement sur l’état de la réserve ; de précieuses informations sur les récompenses ou sur la protection sociale des réservistes. Le dossier porte sur l'aéronautique navale, élément essentiel d’une marine hauturière et à qui les réservistes apportent une contribution inestimable. … L’arrivée de moyens aériens au vingtième siècle a, notamment, bouleversé la conduite des opérations militaires. Les activités maritimes qui ne comprennent pas une participation de tels outils sont dorénavant extrêmement rares. Mais agir au-dessus de la mer, ou à partir de la mer exige de développer des savoirs faire spécifiques, ainsi qu’un entraînement régulier et exigeant. Il nous a donc paru nécessaire de nous intéresser à ces « marins du ciel ». Enfin, la nouvelle rubrique « Tour d'Horizon » qui se substitue à « en direct avec la réserve » ouvre ses lignes aux associations de réservistes ainsi qu’aux témoignages insolites de certains réservistes. Bonne lecture Contre-amiral François de Lastic Délégué aux réserves de la Marine

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Infos Marine nationale

La Marine en campagne Le recrutement reste un enjeu majeur pour la Marine. Réservistes, soyez des relais efficace !

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a Marine a lancé fin mars dernier une campagne de communication de recrutement (à la fois à la télévision, dans la presse, sur internet et en événementiel local).

Deux spots ont plongé les téléspectateurs dans l’action opérationnelle des bâtiments de la Marine et leur ont proposé de poursuivre l’aventure sur le site novateur « etremarin.fr ». Celui-ci permet de vivre de manière ludique et réaliste huit missions (chef de quart, oreille d’or, canonnier…) et d’entamer un dialogue avec des marins sur les métiers de la Marine. Les premiers retours sont très encourageants : les internautes sont séduits par cette prise de parole à la fois moderne et directe. Tous apprécient les réponses franches et crédibles, souvent délivrées dans l’heure qui suit la question.

Le second maître Mathieu Schindelholz et le lieutenant de vaisseau Thomas Vuong ont prêté leur image pour les affiches de la campagne

Il y a 60 centres PMM répartis sur toute la France. Inscription auprès de votre

1 rue du maréchal Lyautey BP 80015 57044 METZ CEDEX 1

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CIRFA MARINE

© Marine nationale

La hausse de fréquentation que connaissent les bureaux de recrutement montre que l’ensemble de la campagne a touché positivement un nombre important de jeunes. En revanche, il est encore prématuré de tirer un bilan précis en terme de recrutement.


Infos Réserve

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Evolution des réserves Un point sur les chantiers 2009 Après la parution du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, deux groupes de travail ont été mandatés pour définir : – le nouveau format de la réserve opérationnelle en 2015, sous la direction de l’état-major des armées ; – l’évolution à donner à la réserve citoyenne, sous la direction du Conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM). Les décisions issues des propositions de ces groupes de travail seront officialisées d’ici la parution du MIR n° 8 que vous avez entre les mains.Voici donc l’état des propositions au moment ou sont rédigées ces lignes,sachant que les décisions intervenues depuis sont disponibles sur le site du CSRM.

Format de la réserve opérationnelle en 2015 La montée en puissance de la réserve opérationnelle va se poursuivre à un rythme certes moins ambitieux que celui prévu par le plan initial de 1997, mais encore très important. L’objectif fixé aux armées pour 2015 est de 40 000 réservistes pour 25 jours d’activité (pour respectivement 33 000 et 21 jours en 2008). La réserve de la Marine qui, fin 2008,avait quasiment atteint l’objectif de 6 400 réservistes réalisant en moyenne 21 jours d’activité annuelle, voit son format 2015 fixé à 7500 pour 25 jours d’activité,soit une progression en jours d’activité de + 39 %. Cette augmentation révèle bien le rôle important que la Marine entend donner à sa réserve opérationnelle.Cependant, le financement de cette montée en puissance n’est que partiellement identifié et devra être confirmé lors des travaux budgétaires de l’année 2010. Le projet implique de bien maîtriser le coût moyen du jour d’activité de la réserve, et donc de maîtriser le risque d’inflation des grades en privilégiant l’accès aux engagements à servir dans la réserve (ESR) pour les plus jeunes.

Évolution des missions L’emploi de la réserve a été revu ainsi que la contribution qu’elle apporte à la réalisation du contrat opérationnel de la Marine. Ainsi, les réservistes sont indispensables pour absorber des pics d’activités, en particulier pour compléter ou remplacer du personnel d’active de la structure organique mobilisé par une crise, voire en participant euxmêmes aux déploiements opérationnels pour des missions intérieures et extérieures. On peut d’ailleurs souligner qu’en 2008, le nombre de jours d’activité en opérations extérieures a presque doublé. Le rôle des réservistes va également être sensiblement renforcé dans la fonction « protection » pour contribuer à la défense des points d’intérêt vitaux dont la Marine a la charge, ainsi que pour renforcer la structure de sauvegarde maritime et en particulier la chaîne sémaphorique. La réserve continuera à apporter à la Marine les experts dont elle manque de façon récurrente, l’expertise dans les domaines militaires étant plutôt apportée par d’anciens marins,alors que l’expertise « civile » est plutôt apportée par des réservistes issus du monde civil. Un temps menacée, la mission de rayonnement confiée par la Marine à ses réservistes est maintenue. En effet, concentrée à Brest et Toulon, et dans une moindre mesure à Cherbourg et Lorient, la Marine a plus que jamais besoin de ces derniers pour assurer son rayonnement sur le reste du territoire national. Ils sont en particulier des acteurs importants du recrutement grâce à l’action des centres de préparation militaire marine, ainsi que de la reconversion.

Modalités de gestion de la réserve Toutes les armées soulignent les lourdeurs dans la gestion administrative de la réserve. Plusieurs pistes ont été identifiées pour faci-

liter cette gestion tout en maintenant le principe de la C’est l’unité d’emploi stricte équité entre l’active et qui initie le paiement de la réserve. Ainsi, le délai de la solde en émettant un paiement des soldes sera compte rendu considérablement amélioré d’activité. Un compte par la prochaine mise en ser- rendu d’activité émis vice d’un système interar- avant le 1er du mois, mées et par sa connexion au déclenche système d’information des normalement le ressources humaines de la paiement de la solde en Marine pour le personnel fin de mois. Avant toute d’active et de réserve. Cette réclamation, demander interconnexion mettra fin à à votre unité d’emploi la la double saisie de l’activité référence ou une copie de ce compte rendu. des réservistes, source de retards et d’erreurs. De nombreux autres projets sont également en chantier:simplification de la notation,lisibilité des formations initiales,mode de gouvernance de la réserve…

Évolution de la réserve citoyenne Le Livre blanc 2008 souligne que la réserve citoyenne manque de lisibilité et de clarté dans les objectifs qui lui sont assignés. Si l’apport de la réserve citoyenne est souligné par toutes les personnalités sollicitées lors des réflexions menées à cette occasion, il apparaît nécessaire de lever une ambiguïté importante intrinsèque à cette réserve,dont le seul caractère militaire est celui d’être rattaché à la loi sur la réserve militaire. Les conclusions du CSRM ont été présentées au secrétaire d’Etat à la défense et aux anciens combattants en mai 2009 et feront (ou viennent de faire) l’objet d’une décision que je ne suis pas en mesure de décrire au moment où cet article est rédigé. L’une des mesures envisagées serait de changer la dénomination de cette réserve,de faire évoluer le principe d’attribution d’un grade honorifique au profit d’un titre honorifique d’officier (sans précision de grade) et de modifier en conséquence les conditions de port de l’uniforme, pratique spécifique à la Marine. Capitaine de vaisseau Emmanuel Gouraud Adjoint au délégué aux réserves de la Marine

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Infos Réserve La protection sociale trop peu connue des réservistes opérationnels En raison de la multiplication des risques liés à la montée en puissance de la réserve, il devient impératif de vérifier que le réserviste est réellement conscient des conséquences potentielles de la signature d’un engagement à servir dans la réserve (ESR) sur sa vie privée. Trop peu de réservistes assurés… car dans la pratique le réserviste n’est pas ou très mal informé sur sa protection sociale en cas d’accident. C’est ainsi qu’une très grande majorité de réservistes n’est pas couverte d’assurance spécifique incluant le risque militaire. En 2005, un réserviste blessé en service s’est retrouvé dans une situation plus que délicate, sans emploi, sans pension, avec des dettes, et pour finir quasiment sans domicile.

Une profusion de lois, textes et règlements De nombreuses références, tant civiles que militaires, sont nécessaires à l’application des dispositions en matière de protection sociale. Les réservistes, comme beaucoup de citoyens, n’ont pas le réflexe ni la culture nécessaires à l’analyse de leur prévoyance individuelle. Les personnels gestionnaires directs des réservistes sont parfois désarmés quant à la conduite administrative à tenir en cas d’accident, compte tenu d’une réglementation complexe. De même le suivi des réservistes accidentés, par les services sociaux, est très différent selon les formations d’emploi et le statut social des réservistes opérationnels est encore très mal connu de ces dernières.

Ce que tout réserviste opérationnel doit retenir Lors de la signature de son contrat ESR, chaque réserviste opérationnel doit initier une réflexion personnelle sur les risques qu’il encourt, sur les garanties dont il dispose dans l’environnement civil, et sur l’adéquation de celles-ci aux besoins qu’il aura identifiés dans une démarche globale de prévoyance, tant civile que militaire.

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CHACUN D’ENTRE VOUS DETIENT SA SOLUTION. IL S’AGIT D’ENGAGER VOTRE PROPRE REFLEXION DE PREVOYANCE PERSONNELLE ! Pour les SALARIES : – en interrogeant votre employeur sur les modalités de versement du salaire (proportion du salaire et durée du versement accordées par le contrat de travail, les conventions collectives…) en cas d’arrêt de travail ou d’invalidité d’une part, et en réclamant les conditions de l’assurance collective éventuellement souscrite par l’employeur (décès, arrêt de travail, invalidité) d’autre part ; – en vérifiant auprès de votre caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) le niveau, les délais et la durée de versement des indemnités en cas d’arrêt de travail, des rentes en cas d’invalidité, et du capital en cas de décès. Pour les PROFESSIONNELS INDÉPENDANTS : – en vérifiant les prestations accordées par vos régimes sociaux spécifiques,et,en l’absence de contrat collectif, en souscrivant des assurances couvrant les risques professionnels, privés et militaires. Pour TOUS : – en vérifiant vos contrats d’assurance personnels ; adéquation des garanties couvertes et des montants assurés – activités militaires garanties ; – en vérifiant que le contrat d’assurance souscrit en même temps que votre prêt bancaire n’exclut pas les activités militaires ; – en compensant les éventuelles insuffisances par la souscription de contrats d’assurance adaptés. DES TEXTES VISANT À LA MEILLEURE INDEMNISATION DES RÉSERVISTES OPÉRATIONNELS VICTIMES

A – Réparation intégrale de l’Etat L’architecture d’indemnisation du réserviste victime d’accident en service est prévue par le code de la Défense, notamment aux articles L.4251-2 et L.4251-7


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(ex-articles 23 et 28 de la loi n° 99-984 du 22 octobre 1999) selon les principes suivants : 1 – Le réserviste bénéficie des prestations maladie, maternité, invalidité et décès du régime de sécurité sociale civil, pendant son activité sous ESR. 2 – Le réserviste victime de dommages subis dans le service ou à l’occasion du service obtient de l’Etat, lorsque la responsabilité de ce dernier est engagée, la réparation intégrale du dommage subi selon les règles de droit commun : Il faut savoir dans ce cadre que : – les dommages sont présumés avoir été subis pendant le service (y compris lors du trajet direct du domicile au lieu de convocation et retour) ; – la responsabilité de l’Etat est présumée engagée (responsabilité sans faute) ; – les preuves contraires appartiennent à l’Etat (accident hors service ou réserviste ayant commis une faute détachable du service) ; – la réparation intégrale selon les règles de droit commun vise les dommages matériels et corporels, avec obligation d’indemniser tous préjudices, qu’ils soient patrimoniaux (frais et soins médicaux et chirurgicaux, pertes de salaires et pertes financières) ou extrapatrimoniaux (préjudices moral – esthétique – d’agrément, pretium doloris).

B – Procédure d’indemnisation de la perte de salaire L’instruction n° 5105 du 6 juin 2007, émise par le Secrétariat Général pour l’Administration (SGA) du ministère de la Défense a mis en place une procédure d’indemnisation rapide de la perte de salaire subie par le réserviste victime d’accident en service (voir article précédent dans MIR N° 3 de novembre 2007). 1 – L’unité d’affectation informe, SANS DÉLAI, le bureau local du contentieux compétent de tout accident survenu à un réserviste en service ou à l’occasion du service. 2 – Le bureau local du contentieux constitue immédiatement le dossier d’indemnisation du réserviste victime (trois dernières feuilles de salaire, attestation du non-maintien du salaire par l’employeur, information de la caisse primaire d’assurance-maladie). 3 – Le bureau local du contentieux établit une offre provisionnelle d’indemnisation du préjudice résultant de la perte de salaire, DANS LE MOIS DE LA CONNAISSANCE DE L’ACCIDENT et l’adresse au réserviste.

4 – Dès accord du réserviste sur cette offre et retour du dossier d’acceptation, le bureau local du contentieux établit une décision et adresse pour paiement le dossier d’indemnisation.

IL RÉSULTE DE CES TEXTES : 1 – Une garantie exemplaire accordée par l’Etat, conduisant à la réparation intégrale de l’ensemble des préjudices subis, souffrant toutefois des incontournables délais (plusieurs mois pouvant dépasser une année) indispensables à la constitution d’un dossier de réclamation (évolution de l’état de santé et évaluation des préjudices). 2 – Une réponse adaptée à la difficulté de la trésorerie identifiée en cas d’arrêt de travail (le réserviste peut être indemnisé de sa perte de salaire dans un délai inférieur à deux mois à dater de son accident). 3 – Des difficultés persistantes pour le salarié dont l’employeur cesserait le paiement du salaire moins d’un mois après l’arrêt de travail (perte de salaire d’au moins 50 %), mais limitées dans la durée. 4 – Une absence d’indemnisation rapide de la perte de revenus professionnels pour les artisans,commerçants et professionnels libéraux. POUR ASSURER, ASSUREZ-VOUS QUE VOUS ÊTES BIEN ASSURE Si vous êtes assuré, votre assureur sait-il que vous êtes réserviste opérationnel ? Qu’il s’agisse… d’assurances de prévoyance personnelle telles que assurance décès,garantie accident de la vie (ou « GAV ») ou complémentaire maladie, Ou bien

d’assurance décès souscrite dans le cadre d’un prêt bancaire,

Ou même de garanties de prévoyance collective accordées par l’employeur pour respecter les conventions collectives professionnelles ou dans le cadre du contrat de travail, Ou encore d’assurance-automobile ou complémentaire santé… Ces garanties ont été souscrites dans un cadre bien délimité, privé et/ou professionnel et ne vous couvrent pas forcément dans votre activité de réserviste. ATTENTION DE NOMBREUX CONTRATS D’ASSURANCE EXCLUENT DE LEURS GARANTIES TOUTE PARTICIPATION A DES ACTIVITÉS MILITAIRES

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Infos Réserve

En tant que réserviste opérationnel vous devez vérifier ce point en lisant votre contrat, ou mieux encore en obtenant une réponse précise du (des) assureur (s) et/ou de votre employeur.

famille…). Vérifiez que cette assurance complète bien, en tous points, les conditions accordées par votre contrat de travail (conventions collectives).

Pour ce faire, vous trouverez un modèle de lettre, à compléter et à envoyer (Téléchargeable sur le site http://www.devenirmarin.fr/reserve). Les quelques minutes que vous prendrez pour rédiger ce courrier, pourront éviter à votre famille et à vous-même des situations dramatiques et durables.

UN CONSEIL : CHOISISSEZ UNE ASSURANCE accordant des GARANTIES « FORFAITAIRES » ! Ne minimisez pas non plus l’impact financier imposé par des actes médicaux et des interventions chirurgicales coûteuses, parfois répétitives. La Sécurité sociale se désengage en remboursant moins de médicaments, et en réduisant ses taux ou montants de remboursement des actes (impact des retenues et des franchises), ou en ne collant pas à l’augmentation des honoraires des praticiens.La Sécurité sociale a toujours imposé ses « tarifs de convention », qui s’avèrent être de plus en plus éloignés des tarifs demandés par les praticiens (dépassements d’honoraires). Le montant restant à la charge des assurés sociaux va donc croissant et les dépenses médicales s’additionnent au moment même où le réserviste blessé est en arrêt de travail, et souvent privé d’une partie au moins de ses revenus.

SI BESOIN, SOUSCRIVEZ UNE ASSURANCE COMPLÉMENTAIRE Si suite à ce courrier, vous obtenez la confirmation que la garantie du contrat souscrit est, ou peut vous être acquise pour les activités de réservistes décrites,il s’agit uniquement de vérifier que les montants versés en cas d’accident sont suffisants. Si, en revanche, la garantie ne peut être acquise auprès de cet assureur ou si vous n’avez aucune assurance de prévoyance personnelle et privée, il vous appartient de déterminer l’opportunité de souscrire un contrat d’assurance spécifique couvrant ces activités, avec des montants de garanties calculés, choisis et adaptés à votre situation personnelle (salaire réel, situation de

Une assurance « COMPLÉMENTAIRE SANTÉ » peut vous éviter des avances lourdes à supporter !

APER Paris 15 rue de Laborde – BP 29 75008 Paris Tél. : 01 53 42 80 81 Fax : 01 53 42 80 35 E-mail Internet : aper_paris@marine.defense.gouv.fr

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APER La Réunion : aper_lareunion@fazsoi.defense.fr APER Fort de France : aper_fortdefrance@orange.fr APER Papeete : aper_papeete@mail.pf APER Nouméa : aper_nouméa@lagoon.nc APER Guyanne : aper_guyanne@orange.fr Les coordonnées des APER outre-mer sont celles, inchangées, des ex CIRAM.

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Attribution de récompenses et de décorations aux réservistes

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et article a pour objet de rappeler les grands principes et les échéances de leur attribution aux réservistes.

Principes d'attribution Aux termes de l'article R.4211-4 du code de la défense, le réserviste opérationnel comme le réserviste citoyen peut prétendre aux récompenses liées au service courant ou à l'exercice d'une activité professionnelle comme par exemple, la lettre de félicitations. Ils concourent également pour les décorations suivantes: – les ordres nationaux (Légion d'honneur, ordre national du Mérite, médaille militaire), – la médaille de la défense nationale qui n’est attribuée qu'au réserviste opérationnel, – la médaille des services militaires volontaires. Le processus et les règles d'attribution sont similaires à ceux concernant le personnel de l'armée d'active. Cependant, lorsque des conditions sont à réunir, elles sont spécifiques à la réserve et précisées dans les textes propres à chacune de ces décorations. Le réserviste n'a aucune démarche à effectuer. Ses activités étant enregistrées dans le système d'information pour les ressources humaines, il est sélectionné par des traitements informatiques automatiques.

Procédures administratives - Échéances En règle générale, elles suivent celles du personnel de l'armée d'active. Les travaux pour les ordres nationaux commencent dès le mois de septembre de l’année n et sont assurés en totalité par le bureau de la réserve militaire (PM3/RA/CHAN). La sélection des conditionnants est automatique, c’est-à-dire sans intervention du réserviste. Les propositions sont adressées à la sous-direction des bureaux du cabinet du ministre de la défense dès le mois de février n +1 pour une attribution paraissant aux décrets de : – fin avril pour la LH,

– novembre et mai n +2 pour l’ONM, – janvier pour la MM. Le cycle de rattrapage de l’attribution de la médaille de la défense nationale au personnel réserviste opérationnel a été interrompu en raison de la transformation des outils informatiques. Ainsi les attributions de l’échelon bronze et argent au titre du 1er janvier 2007 sont parues récemment. Celles au titre du 1er janvier 2008 sont en cours de réalisation. Les attributions pour l’échelon OR de ces deux années seront incluses dans les travaux au titre du 1er janvier 2009 qui vont se dérouler pour les trois échelons dès la fin des travaux 2008 en cours. À partir de 2010, chaque échelon sera traité conformément à la réglementation et non plus uniquement par la chancellerie du bureau PM3. En effet, les états de proposition d’attribution (PAMDN) seront transmis aux bureaux d’administration des ressources humaines (BARH) des formations d’emploi des réservistes qui agiront comme ils le font actuellement pour le personnel d’active. Il en sera de même pour l’attribution de la médaille des services militaires volontaires. En conclusion, la gestion des récompenses et décorations, comme pour l’ensemble de la gestion des réservistes, se rapproche de plus en plus de ce qui est réalisé pour le personnel en activité de service. Les acteurs de terrain sont principalement pour les réservistes opérationnels les BARH et pour les réservistes citoyens, les autorités militaires de rattachement.

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Infos Réserve

Le rapport au Parlement sur l’état de la réserve en 2008 e Conseil Supérieur de la réserve Militaire (CSRM) rend compte chaque année en juillet de l’état et de l’évolution de la réserve au Parlement. Le rapport 2008 et les rapports des années antérieures sont disponibles sur le site du CSRM (www.defense.gouv.fr/ reserves onglet rapports et comptes rendus).

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Le rapport 2009 souligne entre autre : – qu’au 31 décembre 2008, l'objectif de montée en puissance des réservistes opérationnels était satisfait à 95%. Pour la Marine, les 6372 ESR réalisés correspondent à 99% de la cible fixée.

– une augmentation significative du taux d’activité en OPEX qui est passé à 7,65% (4,72% en 2007) hors gendarmerie. – que la réserve opérationnelle se rajeunit (moyenne 37 ans), se féminise (17%), est bien distribuée en catégories de grade même s'il semble important de poursuivre l'effort de repyramidage.Le recrutement de volontaires issus de la société civile (36%) reste stable.

Renouvelez votre volontariat au moins tous les trois ans

Formation et information des réservistes de la Marine

P Abonnez vous à la newsletter « brèves marine » en adressant vos coordonnées à : cesm.etudes @marine.defense .gouv.fr

rivilégiant l’emploi des réservistes dans leur domaine de compétence ou d’expertise, la Marine délivre peu d’actions de formation. La formation initiale est généralement délivrée lors des périodes militaires Marine (PMM et PMS), voies d’entrée normales dans la réserve opérationnelle.Pour les candidats ne répondant pas aux conditions d’âge de la PMM, cette formation initiale est assurée lors du stage de formation des officiers de réserve (FOR), ou des non-officiers de réserve (FNOR).

Une formation de spécialité est ensuite délivrée pour les QMM issus des PMM et se destinant aux spécialités de Fusilier, de Guetteur sémaphorique, de Marin Pompier ou de Secrétaire. À la demande de la formation d’emploi,les réservistes qui lui sont affectés peuvent suivre les formations à l’emploi nécessaires. Par exemple, les marins affectés auprès d’un délégué militaire départemental peuvent suivre à sa demande, le stage OTIAD organisé par l’armée de terre.

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Enfin, les réservistes sont informés de l’évolution de la Marine, par plusieurs moyens : – Les conférences d’informations organisées par les Assistants Départementaux pour la Marine (ADPM) de chaque département (voir coordonnées dans l’encart régional de MIR) – La présente revue MIR dont l’objet est d’entretenir cette information ; – Les autres publications de la Marine accessibles sur le site du Centre d’Enseignement Supérieur de la Marine (CESM) : www.cedoc.defense.gouv.fr/Le-centre-denseignement-superieur – Et en particulier la lettre électronique bimensuelle d’information sur l’actualité et les enjeux de la Marine nationale : « brèves marine ».

Un ami réserviste ne reçoit plus MIR… C’est probablement que son adresse connue de nos fichiers n’est pas suffisamment précise ou erronée… Il doit signaler son adresse correcte à l’APER le plus proche.


Dossier

La Réserve et l’Aéronautique navale Pour agir sur toutes les mers, l’aéronautique navale apporte une contribution indispensable par sa maîtrise de l’espace aérien. Les 7 000 hommes et femmes qui la composent sont avant tout des marins. Marine Infos Réserve a voulu en savoir plus sur leurs missions, qu’ils appartiennent à l’active ou à la réserve.


Dossier

Interview du vice-amiral Olivier de Rostolan ALAVIA La mondialisation des échanges a renforcé l’importance stratégique de l’espace maritime, véritable poumon de l’économie. Les moyens de contrôle de cet espace,autrefois déployés sur la surface des océans, ont depuis un siècle conquis la troisième dimension en opérant sous la mer et au-dessus de la mer. La France est une nation maritime majeure du fait de son histoire et de sa géographie.Elle possède notamment une zone économique exclusive de 11 millions de km2 et doit en assurer la sécurité. C’est la raison pour laquelle la Marine française doit être apte à agir sur toutes les mers du globe et appartient au cercle fermé des grandes marines océaniques. La maîtrise de la troisième dimension en mer est une condition de ce statut. L’étendue des océans et la nature des missions ont imposé une diversification des types de bateaux et d’aéronefs de la Marine. Trois familles d’aéronefs composent sa flotte aérienne : le groupe aérien du porte avion (GAE), les hélicoptères embarqués sur les bâtiments, les aéronefs basés à terre et à proximité des espaces maritimes. Divers mais complémentaires, ces aéronefs s’intègrent dans un ensemble cohérent favorisant leur coopération et le soutien des forces à la mer. L’aéronautique navale,part intégrante de la Marine,a une taille raisonnable :elle compte 7 000 hommes et femmes,plus de 200 aéronefs en parc et 5 bases en métropole. Les « marins du ciel » se concentrent sur leur domaine d’expertise et s’adossent sur le reste de la Marine ou sur les autres armées pour ce qui peut être mis en commun. Leur expertise est bien évidemment le soutien que peuvent apporter les moyens aériens aux opérations navales comme le

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Photo © Mathieu Lebresne

Amiral, pourquoi l’aéronautique navale revêt-elle une si grande importance ?

contrôle des espaces aéromaritimes, les domaines de lutte spécifiques (sur la mer et sous la mer…), le renseignement à la mer, l’assistance, le sauvetage et les opérations de police en mer. À côté de ces domaines exclusifs,l’aéronautique navale est très présente dans les opérations interarmées, quand l’action implique une projection de la mer vers la terre.Ces 10 dernières années son taux d’engagement au combat a été considérable : Bosnie, Kosovo, Afghanistan, Tchad, Djibouti, lutte contre les narco trafiquants…

L’ Aéronautique navale est-elle une composante indispensable à la Marine et indissociable de celle-ci ? L’aéronautique navale est indispensable car la Marine ne peut fonctionner sans elle et vice versa ; le point le plus important étant que la Marine lui offre ses plates-formes de mise en œuvre.

Un bâtiment se déplace de façon continue et se positionne en un lieu souhaité mais son action est limitée autour de lui. La mise en œuvre d’un aéronef a une durée limitée mais étend sans conteste, le champ d’activité ; c’est l’intérêt de la troisième dimension. Le meilleur exemple est donné par ce que l’on appelle le couple « frégate/hélicoptère ». L’hélicoptère dépend de sa frégate pour la mise en œuvre,l’entretien,le ravitaillement, la préparation des équipages.En retour,bien utilisé par le commandant de la frégate,il lui permet d’investiguer un espace 2 à 3 fois supérieur au seul champ d’action du bâtiment.Il est un effet multiplicateur des capacités propres du bateau. Un porte-avions sans groupe aérien embarqué n’aurait pas beaucoup d’utilité. Enfin la sûreté de la composante sousmarine de notre dissuasion nucléaire repose en grande partie sur l’action des aéronefs spécialisés dans la lutte anti-sous-marine : avions de patrouille maritime et hélicoptères.Ils ouvrent le passage lors des départs et retours de patrouille. L’aéronautique navale est indissociable de la Marine à cause des hommes et des femmes qui la composent et non à cause des aéronefs ; ce sont avant tout des marins qui ont conscience d’exercer un métier de marins. Une bonne part d’entre eux naviguent autant que leurs camarades de la « surface » et la culture nécessaire à leur expertise est directement tirée du milieu salin. Le sobriquet de « pingouin » qui leur est attribué est significatif. Le pilote d’hélicoptère vit au gré de sa frégate.Le Charles de Gaulle est la seconde maison des pilotes d’avions embarqués. Les techniciens exercent une bonne partie de leur activité à bord,soumis à des contraintes inconnues à terre. Ils doivent bien souvent


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Quelles sont les principales réformes pour l’avenir : faut-il se réduire pour survivre ? Les réformes actuelles ont conduit les différentes armées à se réformer :l’aéronautique navale est très touchée par ces réformes avec la fermeture annoncée pour 2011 de la BAN de Nîmes et des sites de Toussus-leNoble et Dugny. Je vous rassure, les fonctions qui y étaient assurées sont pour l’essentiel transférées et la BAN de Lann Bihoué en Bretagne va sortir renforcée de cette aventure. Nous avons dû également prononcer la fin de vie du vénérable Nord 262 qui assurait des missions de surveillance maritime et d’instruction.Nous poursuivrons les efforts de mutualisation déjà entrepris dans les domaines du soutien et de la formation.

Diriez-vous amiral, que l’aéronautique navale doit évoluer en mutualisant ses compétences ? La coopération entre l’aéronautique navale et l’armée de l’air est une réalité de tous les jours qui s’accroît avec la mise en service d’aéronefs communs et l’exécution en soutien croisé de nombreuses missions. Je pense bien évidemment au Rafale pour lequel nous avons tissé des liens étroits entre les unités air et marine pour échanger les bonnes pratiques et mettre en commun divers moyens de soutien ou de formation. Le retard de livraison du NH 90 et l’essoufflement du Super Frelon imposent aussi des solutions temporaires innovantes. On peut citer la présence d’équipages et d’hélicoptères de l’armée de l’air à Lanvéoc, pour assurer la formation de pilotes marins sur un appareil moderne et initier les équipages air à la conduite de missions de secours maritime. Le rapprochement avec l’armée de l’air sur d’autres sujets est significatif, notamment dans le domaine de l’entraînement et des

opérations avec le commandement des forces aériennes (CFA) et celui du soutien avec des structures interarmées (SIMMAD et SIAE). Je n’oublie pas les excellentes relations que nous entretenons avec l’Aviation légère de l’Armée de terre qui embarque très régulièrement sur les porte-avions et les bâtiments amphibies. N’oublions-pas que tous les pilotes d’hélicoptères (dont moi) de la Marine ont appris les bases du vol sur voilures tournantes au sein de l’Armée de terre. À notre tour, nous les accueillons sur nos sites de formation spécifique pour partager notre expertise en mer et sur plates-formes mobiles.

Comment avez-vous géré la période d’indisponibilité du Charles de Gaulle ? L’arrêt du PA CDG durant son IPER, pendant 16 mois,a nécessité de trouver des solutions alternatives à l’entraînement du groupe aérien et à son emploi opérationnel : – Intensifications des entraînements avec l’Otan à terre ; – Embarquements sur porte-avions américains ; – Simulation des opérations sur un pont d’envol fictif à Landivisiau ; – Détachement de Super Etendard à Kandahar au côté de l’armée de l’air pour conduire des opérations à partir de la terre (type d’opérations non réalisées depuis la guerre d’Indochine) ; – Déploiement de Hawkeye aux Caraïbes pour la lutte contre le narco- trafic. © Marine nationale

aussi assurer l’autonomie de petits détachements (sur le théâtre africain ou lors de missions de service public). En résumé, les marins du ciel sont des professionnels de la mer.

Quelle est la place de l’aéronautique navale française parmi les autres puissances maritimes ? La question de la prise en charge de la dimension aérienne des opérations navales est posée : doit-on effectuer un regroupement de l’arme aérienne, comme dans d’autres nations, sans distinguer les opérations à accomplir (maîtrise de l’espace aérien, soutien des opérations terrestres, contrôle des espaces maritimes) ou conserver une spécificité à chaque armée et un partage des missions.

L’étude de l’histoire maritime du XXe siècle montre que l’acquisition mûrie d’une composante aéronavale est le fruit de longs efforts financiers et humains ;les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, La France et le Japon ont été les principaux acteurs de cette épopée,le plus souvent liée à l’histoire des porteavions. Il est instructif de se pencher sur les ambitions indiennes et soviétiques de la fin du siècle dernier, et sur les aspirations chinoises d’aujourd’hui.La maîtrise d’une composante embarquée, ne s’acquiert pas en moins de trente ans. Elle est l’apanage des principales marines océaniques, elle est un objectif pour celles qui veulent le devenir. De nos jours, la marine américaine donne clairement le ton en matière de stratégie,de tactiques et de techniques navales.Sa suprématie quantitative et qualitative est incontestée. Vous observerez que sa structure accorde une place de choix à l’aéronautique navale embarquée et à terre. Elle possède une puissance de combat comparable à celle de l’Air Force si on lui associe la composante aérienne embarquée du Marine Corps. L’aéronautique navale française ne joue pas sur le même registre. Néanmoins, ses compétences et ses ambitions sont largement reconnues outre-atlantique et ce domaine capacitaire bénéficie d’une place prépondérante dans la coopération militaire franco-américaine.La qualité particulière de ces relations est symbolisée par l’accueil réservé à nos pilotes d’avions embarqués dans les écoles de formation de l’US Navy où ils suivent un cycle de 18 mois et effectuent leurs premiers appontages. Elle a été renforcée ces deux dernières années par les embarquements de Rafale et de Hawkeye sur porte-avions US, faveur dont nous sommes les seuls à bénéficier. La vocation première de l’aviation maritime a été d’étendre le champ des opérations navales (éclairage, réglage des tirs, protections des unités à la mer). Elle est devenue un outil de puissance lors de la seconde guerre mondiale.Le Japon l’avait bien compris avant de s’engager dans son aventure tragique. Aujourd’hui, le symbole le plus manifeste de la puissance militaire américaine reste ses 11 porte-avions géants qui

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Dossier lui assurent partout dans le monde une supériorité incontestable dans le spectre des conflits de nature « symétrique ». L’apparition de nouvelles menaces et de nouveaux risques ne condamne pas cette capacité.Au contraire, l’aéronautique navale permet de mieux observer pour intervenir plus tôt ; sa contribution est précieuse pour la fonction « connaissance et anticipation », elle l’est aussi pour l’exercice de l’action de l’Etat en mer :police,recherche en mer,lutte contre la pollution et divers trafics..

La France doit elle conserver une spécificité aéronautique : parle-t’on de marins du ciel ou d’aviateurs de la mer ? Pourquoi ne pas tendre vers une seule entité de l’ensemble des vecteurs aériens ? Mais alors que faire des hélicoptères embarqués qui naviguent au même rythme que leurs plates formes et n’agissent qu’à leur profit ? Que faire de la patrouille maritime qui exerce l’essentiel de son activité au profit du strict domaine maritime ? Pour l’aviation embarquée, l’homogénéité du personnel reste un argument majeur : la nécessité d’un entraînement et de qualifications particulières milite en faveur d’un groupe constitué,apte à s’intégrer au mieux

Biographie Le vice amiral Olivier de Rostolan a 55 ans, il est marié et père de deux enfants. Il occupe les fonctions de commandant la force d’Aéronautique navale depuis octobre 2006. C’est le premier hélicoptériste à occuper ce poste depuis sa création. C’est aussi son troisième passage à l’état major. Il a été commandant de la flottille 31F (hélicoptères Lynx ayant une vocation de lutte sous la mer) ; L’amiral a également effectué une carrière de surfacier puisqu’il a été commandant en second d’une frégate avant de commander un pétrolier ravitailleur. Il a acquis une expérience internationale lors d’un échange dans la marine allemande et a suivi l’école de guerre en Allemagne . Responsable des relations marine pendant trois années à l’état major de la Marine, il a occupé le poste de responsable des relations internationales avant d’occuper celui d’ALAVIA.

sur sa plate-forme d’emploi ; la culture marine est un élément fédérateur. Elle repose sur l’existence de métiers spécifiques : personnel de pont d’envol, contrôleur embarqué, équipages d’hélicoptère de sauvetage… Elle est aussi le résultat d’une grande pratique qui suppose de longs embarquements et une intégration auprès des équipages des bâtiments. Certains aéronefs disposent en plus de leur capacité d’action en mer, des atouts requis pour traiter des objectifs à terre.L’Atlantique notamment a apporté une aide précieuse aux opérations menées en Afrique. Cet emploi qui pourrait sembler contre-nature reflète en réalité la part croissante de l’interarmées dans les opérations et, par là même une meilleure valorisation en commun des compétences de chacun. L’action à terre, pour les équipages embarqués, exige une large coordination avec les forces aériennes nationales ou multinationales, et les troupes sur le terrain.L’engagement dans les Balkans et en Afghanistan a permis de renforcer l’apprentissage de l’interopérabilité au sein des opérations aériennes interalliées ainsi que l’intégration de marins dans des structures de l’armée de terre et l’armée de l’air.La discontinuité mer/ terre n’est donc plus un obstacle. « En conclusion, chaque force doit entretenir ses propres atouts et son identité tout en mettant au pot commun ce qui sert l’autre et qui n’a pas de justification à rester en interne. L’aéronautique navale est un domaine d’excellence nationale qui doit être entretenu dans son cadre strict de compétence en développant sa complémentarité et son interopérabilité avec les autres armées. » Je conclus mais je n’ai pas répondu à votre question :« marins du ciel ou aviateurs de la mer ? » Cette question,vous devriez la poser aux jeunes matelots qui servent sur le pont d’envol du porte-avions. Que sont ils venus chercher ? Quel spectacle ne les lasse jamais ? Il me semble qu’ils appartiennent définitivement à la confrérie des « gens de mer ». Bon vent ! Propos recueillis par le LV (R) Sylvie Busatta

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Ancien tacticien sur Hawkeye, le LV (R) Patrick Sellin est aujourd’hui moniteur-instructeur réserviste pour la 4F à Lann-Bihoué. Il nous en raconte le quotidien, pour Marine Infos Réserve. EV1 (R) Mikaël Cabon : Pouvez-vous nous expliquer votre fonction dans la réserve ? LV (R) Patrick Sellin : J’ai effectué 26 ans et demi de carrière dans la Marine, de Maistrance pont à la 4F sur Hawkeye, basée à Lann-Bihoué. C’est une petite flottille de trois équipages, une vingtaine d’officiers dont une dizaine de tacticiens aéronautiques, ma spécialité. Pour s’entraîner, les équipages utilisent un simulateur tactique à terre, dont la mise en œuvre complexe peut nécessiter trois à quatre moniteurs par séance.D’où l’idée de recourir à des réservistes pour animer ces sessions sous l’autorité du LV Bienvenu, un officier d’active affecté au Groupement Entraînement Instruction de la BAN LannBihoué.

Que faites-vous concrètement ? Les trois moniteurs réservistes que nous sommes, le CC (R) Le Page, le LV (R) Griffon et moi-même, assurons la préparation des scénarios de simulation,le fonctionnement du simulateur durant deux à trois heures, le temps d’une mission en conditions réelles, puis le débriefing. Pendant la simulation, nous jouons plusieurs rôles comme celui du commandement


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LV (R) Patrick Sellin,

réserviste par esprit de corps opérationnel, des pilotes des appareils travaillant avec le Hawkeye ou du contrôleur aérien de la zone de travail. Outre les communications radio, nous entraînons également les équipages à l’exploitation des systèmes de transmission de données tactiques entre le Hawkeye, les avions de chasse et le commandement opérationnel (porte-avions, CAOC etc.). Nos scénarios sont réalisés en fonction des demandes de la flottille 4F et nous intervenons selon ses besoins. Le

simulateur E-2C est également mis à profit pour entraîner les élèves OPC3D de la Marine lors de leur formation officiers contrôleur de chasse.

Pourquoi avoir accepté de continuer à servir la Marine après 26 ans de bons et loyaux services ? La 4F, c’est une petite famille. L’esprit de corps y est particulièrement développé, et persiste malgré le turn-over. Quand on m’a proposé de continuer à donner un peu de mon temps, j’ai accepté avec plaisir et surtout par attachement à l’institution. Tout au long de ma carrière, la Marine m’a permis de réaliser mes rêves, et aujourd’hui me rendre ainsi utile est un juste retour des choses. Cela me permet également de

continuer à voir évoluer des tacticiens que j’ai formé lors de leurs débuts et enfin, de rejoindre mes deux vieux camarades que je connais depuis le début de la FAGE (voir encadré).

Vous avez navigué sur le Foch et le Charles de Gaulle. Quelles sont les particularités de l’aéronautique navale ? Par définition, les équipages et techniciens de l’aviation embarquée disposent d’une culture maritime très forte. Nous sommes confrontés, au cours de notre carrière, à des environnements complexes dont les aspects opérationnels ou climatologiques au-dessus de la mer sont singuliers. Les compétences ainsi développées permettent à la Marine de bénéficier d’un savoir-faire dont peu d’autres pays disposent à travers le monde. De plus, un groupe aérien embarqué a la particularité de préparer, d’effectuer et de débriefer ses missions avec les mêmes interlocuteurs. Généralement, il atterrit là où il décolle. Cela créé des liens forts avec les différents interlocuteurs du porte-avions. Du Charles de Gaulle, je conserve le souvenir d’un outil formidable, véritable aboutissement de décennies d’aéronautique embarquée. De nombreuses nations européennes nous l’envient.

Que faites-vous dans le civil actuellement ? Je suis chef de quart au centre de coordination des opérations (CCO) de Brit Air (NDLR : une filiale d’Air France qui opère 300 vols quotidiens sur l’ensemble de l’Europe et dont le siège est à Morlaix). Je dirige une équipe d’une dizaine de personnes. Notre mission est de répondre aux exigences de régularité et de

Repères 1964. Naissance à Concarneau 1980. Entrée à Maistrance Pont. Officier marinier détecteur jusqu’en 1993 sur différents bâtiments de surface, dont l’escorteur d’escadre Dupetit Thouars et l’aviso escorteur Doudart de Lagrée 1993 1994. Cours OSM à l’Ecole navale, puis cours spécialité détecteur et chef de quart 1994 1996. Officier guerre électronique sur le Foch, lors des opérations Balbuzard et Salamandre en Adriatique 1996. Cours tacticien aéronautique à Nîmes Garons, puis affectation à la Flottille 6F (Breguet Alizé) 1997. Affecté à la FAGE, formation aux Etats-Unis sur le Hawkeye, puis à Lann-Bihoué. 1999-2007. WSO (Weapon System Officer) sur Hawkeye. Participation à partir du Charles de Gaulle, aux missions Heracles 2001/2002, Agapanthe en 2004, puis à l’opération Enduring Freedom au-dessus de l’Afghanistan en 2006. Patrick Sellin est chevalier de la Légion d'Honneur, chevalier de l'Ordre National du Mérite, ainsi que titulaire de la croix de la valeur militaire. ponctualité des vols face aux différentes problématiques qui peuvent survenir (humaines, techniques, aéronautiques ou commerciales). Et ce, dans un environ-

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Dossier nement contraint où la satisfaction des clients est une constante préoccupation. J’y retrouve des notions techniques, réglementaires, sur la coordination de l’espace aérien par exemple, mais aussi une passion pour l’aéronautique qui sont semblables à celles que je rencontrais au sein de la Marine.

Les missions de l’aéron opérationnel de la Mar

La FAGE FAGE pour Formation Avion de Guet Embarqué. Fondée en mai 1997, elle comptait une centaine de personnes dans son effectif, dont 21 officiers. Ses membres séjournent aux Etats-Unis, principalement au sein de l’entreprise Northrop-Grumman et dans l’US Navy pour se former sur les E-2C Hawkeye (trois appareils au total rejoindront les forces françaises) que vient d’acquérir la France. Les onze tacticiens de la FAGE sont initialement formés à Bethpage, New-York, puis rejoignent à Saint-Augustine en Floride les sept pilotes, qui s’y entraînent. Les techniciens suivent pour leur part différents stages sur une quinzaine de sites à travers les Etats-Unis. La présence de la FAGE aux Etats-Unis se termine à l’automne 1998 par la qualification à l’appontage de six pilotes de la Marine et d’un pilote du CEV sur le porteavions USS J.F. Kennedy. La 4F est réactivée le 10 mars 2000 sur la BAN Lann-Bihoué, sous le commandement du capitaine de corvette Jean Jourdain de Muizon.

e Centre opérationnel de la Marine (COM) pour le commandant de la zone maritime Méditerranée (CECMED) œuvre pour la préparation et le contrôle opérationnel des forces françaises déployées en Méditerranée et en mer Noire. Le COM Toulon est également un outil privilégié pour l'action de l'Etat en mer. A ce titre il dirige et coordonne l’action des différentes administrations et assure l’information du Premier ministre via le secrétariat général de la mer en tant que Centre des opérations maritimes (COM) du préfet maritime de la Méditerranée. Placé sous l’autorité d’un capitaine de vaisseau, le COM Toulon est centré sur la fonction du contrôle opérationnel ; il est constitué de cinq bureaux:renseignement conduite des opérations – logistique – planification - systèmes d’information et de commandement.

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Comment ont évolué les missions de l’aéronautique navale en région maritime Méditerranée ? Les missions de l’aéronautique ont évolué en raison de phénomènes maritimes internationaux et ont dû s’adapter avec la réduction des moyens aériens.

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Ces dernier reposent sur deux sites en région Méditerranée : – la base aéronavale (BAN) de Hyères centrée sur les hélicoptères (Lynx, Panther, et Dauphin de service public), – la BAN de Nimes Garons avec essentiellement la flotille 21 F et ses Atlantique 2 (ATL2) qui doit fermer en 2011. Avec la fin de la guerre froide, la recrudescence du narcotrafic, l’immigration clandestine…, l’aéronautique navale a su


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nautique navale vues par le centre rine recentrer ses missions pour être totalement en phase avec ces phénomènes internationaux épineux.

Concrètement, comment se traduisent ses nouvelles missions ? Les missions de surveillance du territoire ont été accrues ; les importantes missions ordonnées par le COM Toulon ont trait à la sûreté du territoire et plus particulièrement à la surveillance des approches ; cela concerne la lutte contre le trafic illicite, le narco trafic et la surveillance de l’immigration. Pour « comptabiliser » et limiter l’immigration clandestine, l’agence FRONTEX, dont le siège social est à Varsovie, a été créée. Elle permet la mise en commun de moyen de lutte contre l’immigration mais aussi le trafic d’armes.Elle assure également une mission de renseignements sur les bâtiments. On distingue clairement la surveillance des approches, de la patrouille maritime effectuée par les ATL 2 sur des distances plus longues, qui demandent plus

d’autonomie ; leur zone d’intervention se situe entre le nord des Baléares et la Sardaigne. La BAN de Nîmes peut aussi compter sur le soutien du Falcon 50 de la BAN de Lann-Bihoué. La surveillance des pêches occupe également une part prépondérante dans les missions du COM/ aéro, avec par exemple la réglementation de la pêche du thon rouge. Les campagne de pêche sont réglementées et le comptage des bâtiments de pêche possédant une licence est strict : cette action est menée conjointement par la Marine et les Affaires maritimes. L’aéronautique navale assure la détection et le signalement de pollutions ; elle ne peut cependant pas intervenir car elle ne dispose pas de moyens Polmar, à la différence des Douanes. Le Dauphin de service public est dédié au sauvetage en mer : son intervention est ordonnée par le COM Toulon, dès que la position du sinistre est donnée. Quand il y a seulement suspicion sans lieu précis, c’est le Falcon 50 de Lann-Bihoué qui intervient, car il possède un rayon d’action plus important. Dans tous les cas, si le sinistre est avéré, c’est le Dauphin de service public qui interviendra au final, puisque lui seul dispose de moyen d’évacuation et de treuillage. La surveillance défensive est aussi assurée par les sémaphores et le CROSS MED qui alertent le COM Toulon pour le déclenchement de moyens aériens. Dans le triste cas du crash de l’Airbus A320 d'Air New Zealand, survenu en novembre2008, au large de Perpignan, le COM Toulon a déclenché l’opération SAR, « Search and rescue ». Il n’aura fallu que 20 minutes avant l’intervention d’un ATL2 et survol de la zone du sinistre. L’ ATL 2 qui

effectuait un entraînement a été immédiatement dérouté par le COM, ainsi que le « Pédro » du porte-avions (hélicoptère embarqué sur le Charles de Gaulle). C’est une excellente coordination des moyens entre le Cross MED de Béar et le COM Toulon, qui a permis une intervention aussi rapide.

Qu ‘en est-il des missions de défense ? Le COM Toulon ordonne les missions de contrôle opérationnel. Il peut déclencher l’envoi d’un aéronef sur un bâtiment déployé sur un théâtre opérationnel : l’aéronef va effectuer un « éclairage » pour le bâtiment engagé sur zone et ainsi étendre son rayon d’action.

Un centre de coordination pour la lutte anti-drogue en Méditerranée (CeCLAD-M) est en chantier sur la base navale de Toulon. Il s'inspire des structures déjà existantes, comme le Maritime Analysis and Operations Centre - Narcotics (MAOC-N) de Lisbonne, un outil conçu pour intercepter les trafiquants qui importent des drogues d'Amérique latine et d'Afrique de l'Ouest vers l'Europe. Le personnel du MAOC-N est composé de juristes professionnels et de militaires des pays participants, ainsi que d'officiers d'Europol et des forces armées de l'US Joint Inter Agency qui jouent un rôle d'observateur et peuvent échanger leur savoir-faire. Le CeCLAD-M aura une mission analogue, mais en Méditerranée. la mise en place d'un dispositif de mobilisation efficace pour la lutte anti-drogue en Méditerranée est une nécessité et une urgence . Embarquée sur des navires rapides, les go-fast, une quantité très importante de produits stupéfiants transite via la Méditerranée entre l'Afrique du nord et l'Europe. Les services de l'Etat, au premier rang desquels la Marine nationale et la Douane, ont intercepté plusieurs tonnes de drogue depuis le début de l'année 2008.

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Dossier Le COM gère aussi les opération courantes avec l’intervention programmée de moyens aériens sur le théâtre méditerranéen, comme l’opération Baliste au large des côtes du Liban ; opération où est engagé un TCD avec son hélicoptère. Les missions de défense ont nettement diminué avec la fin de la guerre froide mais pourraient à nouveau évoluer avec l’apparition de nouveaux pays détenteurs de sous-marins. La flotte russe recommence également à se redéployer sur le théâtre méditerranéen, ce qui pourrait engendrer à nouveau plus de mouvements aériens. Le domaine du renseignement pur n’est pas oublié puisque le COM peut envoyer un aéronef pour améliorer la connaissance d’un théâtre : un ATL 2 est ainsi déployé à Chypre pour effectuer une surveillance maritime au large du Liban. Cette surveillance s’exerce aussi dans le détroit de Gibraltar.

L’action de l’aéronautique navale estelle isolée ou obéit-elle aussi à la volonté d’interarmisation et de partenariat ? C’est un réel partenariat qui s’opère avec les autres administrations et armées et l’aéronautique navale n’échappe pas à cette volonté étatique. Lors de ses missions de surveillance du territoire, l’aéronautique navale travaille avec le secrétariat de l’immigration et le secrétariat général de la mer ; elle s’associe également à d’autres administrations, comme les douanes qui possèdent des moyens aériens. Lors du déclenchement de missions de service public, le Dauphin de la BAN de Hyères assure les interventions jusqu’à 100 nautiques des côtes. Ensuite c’est l’armée de l’air qui prend le relais pour les alertes lourdes, en faisant décoller son Puma de la base aérienne de Solenzara en Corse. C’est une solution transitoire mais concluante, en attendant la mise en service du NH 90. Propos recueillis par le LV (R) Sylvie Busatta, auprès de la cellule Aéro du COM Toulon

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Le CV(R) Jean-Claude Montenot

Réserviste à la SIM

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ntré au sein de la Marine nationale à Hourtin en décembre 1972, j'ai fait un peu plus de 32 ans de carrière dans l'aéronautique navale. Electronicien d'aéronautique (DARAE), j'intègre l'EMF OM en 1979 pour poursuivre une carrière d'officier de marine breveté énergie aéronautique (ENERA). Après une affectation de CST à la flottille 12F et ses vénérables Crusader, j'ai occupé plusieurs fonctions au Service d'approvisionnement en matériels de l'aéronautique navale (SAMAN), dans les domaines logistique et informatique. Après un passage sur le porte-avions Foch et à l'ARAN de Cuers, je suis revenu à Toussus-le-Noble comme chef du centre informatique puis directeur du SAMAN. En 2002 je suis nommé commandant de l'EAN Toussus-le-Noble, ma carrière « d'active » se termine en février 2005, atteint par la limite d'age de capitaine de frégate.

Manager ATL1 à la SIMMAD Certes la Marine me rayait de l'activité, mais je pensais pouvoir continuer à servir dans le domaine du soutien et des services. La SIMMAD* recherchant un officier de marine à compétence aéronautique pour un ESR de 90 jours, j'ai immédiatement postulé pour ce poste dans la plus parfaite continuité de ma carrière et dès juin 2005, je remettais donc l'uniforme à temps partiel. La SIMMAD ( Structure Intégrée du Maintien en condition opérationnelle des Matériels Aéronautiques du ministère de la Défense) est notamment agence exécutive du programme Atlantic chargée de conduire l'ensemble du programme, de gérer les crédits mis en place, de réaliser les contrats selon le droit français. Ci-contre : Atl1 et ATL2 français , Atl1 italiens et allemands en grande livrée d'anniversaire

Manager ATL1, je suis chargé du suivi des affaires de la compétence de la SIMMAD concernant les ATL1 des nations italienne et allemande. Je suis l’interlocuteur privilégié du Centre International de Gestion des Matériels Atlantic (CIGMA). Je participe aux comités directeurs et aux réunions concernant l'ATL1 (en France, Italie, Allemagne). Mon emploi du temps est calqué sur les besoins de la SIMMAD et du CIGMA et je suis présent deux à trois jours par semaine. Habitant Montigny-le-Bretonneux dans lesYvelines, le CIGMA est sur mon trajet, ce qui me permet de maintenir un contact très


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MAD

étroit avec nos partenaires de l'aéronautique navale allemande et de l'armée de l'air italienne. Je suis à ma cinquième année de réserve qui est passée en 2008 à 120 jours. Promu capitaine de vaisseau de réserve au 1 er décembre 2008, j'ai un emploi à mitemps qui me satisfait dans ma vie familiale et professionnelle tout en continuant à servir une aéronautique navale internationale.

Le programme Atlantic Le Bréguet Br-1150 Atlantic est un avion de patrouille maritime conçu par Bréguet Aviation et produit par le consortium SECBAT (Société Européenne de Construction de l'avion Bréguet Atlantic)

qui regroupe plusieurs sociétés européennes (Dassault Aviation et Aérospatiale pour la France, Dornier et MBB pour l’Allemagne, Aeritalia pour l'Italie et SABCA-SONACA pour la Belgique). Seul avion de patrouille maritime au monde spécialement conçu pour sa mission et non pas dérivé d'un avion civil, le Bréguet Atlantic est le résultat de la première opération de coopération européenne dans le domaine de l’aviation militaire. La justesse de la définition du besoin militaire combinée à la qualité de conception et de réalisation industrielle ont produit un tandem porteur–système d’armes particulièrement efficace, cohérent et fiable. Sa valeur opérationnelle et sa souplesse d’emploi lui ont permis de remplir avec succès les missions les plus diverses. Si bien que dans les années 1980, la France a commandé une deuxième version de cet aéronef, l'ATL2. Pour en assurer le soutien technique et logistique, le Centre International de Gestion des Matériels Atlantic (CIGMA) a été créé le 1er août 1965 sur la BAN de Toussusle-Noble, dans lequel travaillent ensemble militaires et civils des nations participant au programme. Un comité directeur constitué de hauts représentants nationaux se réunit annuellement pour diriger, surveiller l'exécution du projet, pour élaborer les arrangements financiers, approuver les contrats, contrôler et fixer les lignes d'action. La présidence et l'organisation de ce comité directeur tourne chaque année entre la France , l'Italie et l'Allemagne. CV(R) Jean-Claude Montenot * SIMMAD : Structure Intégrée du Maintien en condition opérationnelle des Matériels Aéronautiques du ministère de la Défense

Historique

1957 Création par le comité d’armement d’un groupe d’experts OTAN-MPA chargé d’étudier le programme de l’avion de patrouille maritime 1958 Choix du BREGUET 1150 ATLANTIC 1959 Constitution du comité directeur de l’ATLANTIC 1959 Création du consortium industriel BREGUET ABAP – DORNIER FOKKER - SUD AVIATION (SECBAT) 1961 Premier vol du prototype ATLANTIC n° 01 1963 Protocole franco-allemand (18 avions commandés par l’Allemagne) 1965 Création du CIGMA 1965 Livraison des 2 premiers avions de série 1968 Protocole franco-néerlandais (9 avions commandés par la Hollande) 1968 Protocole franco-italien (18 avions commandés par l’Italie) 1985 Retrait des Pays-Bas du programme ATLANTIC 1989 Livraison du premier ATL2 à la Marine française 1991 Prise en charge de la gestion des matériels ATL2 par le CIGMA 1994 Début de la diminution du parc des BR1150 ATLANTIC allemands 1996 Retrait du service des BR1150 ATLANTIC français 2010 Retrait programmé des ATL1 Allemands 2013 Prévision de retrait des ATL1 Italiens 2030 Prévision de retrait des ATL2 Français

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Dossier

Le détachement de la flottille 35F Courant avril, la rédaction cherbourgeoise du MIR s’est rendue sur l’aéroport de Cherbourg/Maupertus pour rencontrer le lieutenant de vaisseau Xavier Picard, chef du détachement 35F de service public. Pour l’occasion, elle était accompagnée par le major (H) René Chevallot, ancien de l’aéronautique navale, qui a mené l’interview afin de mieux connaître ce détachement.

emploie également 3 Alouette III pour ces missions. Soit un total d’une douzaine de machines, ce qui fait que la 35F est considérée à l’heure actuelle comme une grosse flottille.

© Marine nationale/MP CHAILLOU

Quelles sont les missions du détachement, dans le cadre de l’Action de l’Etat en mer (AEM) ?

Le LV PICARD entouré de deux de ses adjoints et du MJ(H) CHEVALLOT

Major (H) René Chevallot : Bonjour capitaine. Pouvez-vous faire une présentation générale de la flottille 35F : son lieu de stationnement, ses missions, ses moyens… ? LV Xavier Picard : Bonjour à vous. Pour répondre à votre question, sachez que la flottille 35F est basée à Hyères, près de Toulon.Précédemment,et ce jusqu’en 1999, elle était basée à Lanvéoc-Poulmic, sur les bords de la rade de Brest. Les missions principales de la flottille 35F sont,d’une part le sauvetage en mer, et d’autre part, le soutien au porte-avions avec les hélicoptères PEDRO en alerte à chaque catapultage et appontage pour intervenir en cas de crash d’aéronef.

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Quant aux moyens, la flottille met toujours en œuvre des Alouette III pour des missions de soutien ou à titre d’hélicoptère PEDRO. Elle met également en œuvre des hélicoptères Dauphin, aussi bien sur le porte-avions en tant que PEDRO, qu’au sein des détachements de service public pour le sauvetage en mer. 6 Dauphin sont dévolus au service public. Deux hélicoptères supplémentaires viennent d’être loués à une entreprise civile pour garantir une plus grande disponibilité. Ils ont la même livrée que les hélicoptères « Marine nationale ». 3 autres Dauphin effectuent les missions PEDRO sur le porte-avions. La flottille

La mission principale du détachement est de faire du sauvetage en mer. Il participe à l’AEM dans la zone de la Manche sous l’autorité de la préfecture maritime de Cherbourg, d’où les marques spécifiques internationales arborées par notre machine, au même titre que les patrouilleurs de Cherbourg ou le remorqueur de haute mer Abeille Liberté. A titre d’exemples, je peux vous citer quelques sorties récentes. Il y a quelques jours, nous avons dû intervenir au large de Fécamp pour rechercher un plongeur qui n’était pas remonté à la surface. Il était en plongée avec un ami.Ce dernier, après être remonté, l’a perdu de vue. Nous sommes aussi intervenus pour rechercher un bateau qui n’était pas rentré au port. Le bateau a été retrouvé. L’homme qui se trouvait à bord avait fait une crise cardiaque. Nous avons également effectué des missions de reconnaissance suite au naufrage d’un bâtiment au large afin de détecter d’éventuelles traces de pollution. Nous participons également à la police des pêches avec dernièrement une recrudescence des tensions entre marins français et belges. D’autres missions sont également effectuées, telles que les reconnaissances de traces de pollution, l’identification de navires qui ne répondent pas aux appels du CROSS JOBOURG ou qui sont mal positionnés dans les rails de circulation


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de Cherbourg/Maupertus Les détachements prennent en compte les zones voisines en cas de problème sur la machine locale.Celui du Touquet et celui de Lanvéoc-Poulmic sont les remplaçants privilégiés en cas d’indisponibilité de notre machine. Ils se partagent alors notre zone habituelle d’intervention. Les hélicoptères de la sécurité civile peuvent également intervenir, à savoir les Dragon, avec la restriction qu’ils ne sont pas équipés pour effectuer du treuillage de nuit. Chacune de ces unités a son propre employeur : pour nous, il s’agit de la préfecture maritime de Cherbourg, pour les Dragon, il s’agit du CODIS. Dans le même esprit,si les Dragon sont hors service ou déjà employés, la préfecture départementale peut demander à la préfecture maritime l’intervention de l’hélicoptère 35F de Maupertus, pour un transfert médicalisé d’urgence par exemple.

maritime. Ces survols de navires s’accompagnent régulièrement de couverture photographique, toujours dans le cadre de leur identification.

Combien de sorties mensuelles effectue le détachement ? Nous sortons en moyenne trois fois par mois pour des missions de sauvetage telles que la recherche en mer de personnes disparues ou tombées à la mer, l’évacuation d’un marin blessé, l’investigation après le tir d’une fusée de détresse en mer… Sinon, nous sortons régulièrement pour les autres missions évoquées.

Quel est le rayon d’action du détachement ?

Quelles sont les alternatives en cas de problèmes, de pannes ou de manque de personnel spécifique ?

Quels sont les autres détachements de ce type en métropole ou outre-mer ? Il y a cinq détachements de service public de la 35F.Outre celui de Cherbourg/Maupertus, des détachements sont stationnés sur

Quels sont les moyens matériels du détachement ? Un hélicoptère Dauphin, qui est entretenu par la société civile Heliunion. La Marine a passé un contrat avec cette société pour l’entretien des hélicoptères de service public car ils ont une instrumentation différente de celle des autres hélicoptères militaires, tels que le Panther, version militaire du Dauphin. Heliunion a passé un contrat de dépannage dans les 24 heures suivant le problème, quelque soit le lieu d’implantation du détachement. Ce système a fait ses preuves, la disponibilité des hélicoptères de service public atteignant 97%.Cela permet de ne gréer les détachements qu’avec un seul Dauphin. Seules les petites révisions ou interventions pour la mise en œuvre de la machine sont

© Marine nationale/MP CHAILLOU

La situation du détachement, dans le nord du Cotentin, lui permet d’atteindre rapidement toute zone, qu’elle soit située dans l’ouest ou dans l’est du département de la Manche. Au grand maximum, l’hélicoptère doit effectuer 90 nautiques pour rallier les zones les plus éloignées de sa compétence, ce qui fait qu’il peut rester longtemps sur zone vu le peu de carburant dépensé pour la rallier. Il peut également embarquer plusieurs personnes supplémentaires, le plein de carburant n’étant pas nécessaire. A savoir que le Dauphin, avec un plein complet et les quatre membres d’équipage traditionnel, peut travailler jusqu'à 150 nautiques de sa base. La zone de compétence du détachement peut s’agrandir en cas de problème sur les machines des détachements voisins, comme c’est actuellement le cas pour celles du Touquet. Nous prenons alors leur zone à notre compte.

un terrain civil au Touquet (mer du nord),sur la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic (zone Bretagne), sur un terrain civil à La Rochelle (sud-ouest Atlantique) et enfin sur la base aéronavale d’Hyères pour la Méditerranée.

Evacuation sanitaire à bord d’un porte-conteneurs

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Dossier effectuées par le personnel technique de la flottille.

Quels sont ses moyens en personnel ? Douze personnes, dont le chef, composent le détachement.Elles sont réparties en deux équipes de six, formées d’un commandant de bord, d’un copilote, d’un adjoint technique, d’un treuilliste, d’un plongeur et d’une personne chargée de l’équipement (avionique). Il y a deux officiers (le commandant de bord et le copilote) et quatre officiers mariniers dans chaque équipe.

Le LV Xavier PICARD Agé de 33 ans. Réside en Bretagne. Entré en 1995 dans la Marine (cursus EOPAN/élève officier pilote de l’aéronavale – officier sous contrat). Pilote sur Alouette III à l’escadrille 22S pendant 2 ans (une campagne sur la Jeanne D’arc) Pendant 5 ans, affecté à la flottille 34F équipée de Lynx (lutte anti-sous-marine). Chef du service « Aviation » sur la Jeanne D’arc pendant un an. Affecté depuis 1 an et demi au détachement 35F de Maupertus. Désigné à l’été prochain pour la 34F. 2 500 heures de vol.

Le MJ(H) CHEVALLOT Agé de 62 ans, il réside à quelques centaines de mètres de l’aéroport de Maupertus. Entré en 1964 dans la Marine en tant que mécanicien d’aéronautique. Affecté à la BAN Querqueville, puis à la BAN Maupertus pendant trois ans Il a rallié la BAN Lanvéoc-Poulmic pour être affecté à la section « vol sportif » qui disposait encore des derniers Stamp et de Morane Saulnier. Sont ensuite arrivés les Rallye. Après le BS en 1972, retour à Lanvéoc, puis direction Toussus-le-Noble pour travailler sur les programmes Super-Entendard et Lynx (documentation technique). Retour vers Querqueville, cette fois-ci au CIN en tant qu’instructeur au CFCP pendant 13 ans. Il a fini sa carrière au CIRAM Cherbourg en tant qu’officier en second. Depuis qu’il est retraité, il participe à l’entretien des avions de l’aéro-club de Maupertus.

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Le rythme de travail est de 15 jours d’alerte sur site (24 heures sur 24), suivis de 13 jours de repos à domicile. Le personnel n’est pas tenu de loger sur la base - quelquesuns sont en famille sur la région Cherbourgeoise – mais doit être dans la capacité permanente de rallier le site dans un délai maximum de 30 minutes.

Quels sont ses infrastructures ? Le détachement dispose d’une enclave sur l’aéroport de Maupertus avec un bâtimentvie récent comportant cuisine, salon, bureaux et chambres. Nous sommes bien lotis car il faut savoir que les détachements du Touquet et de La Rochelle sont logés en algeco.

Quelles peuvent être les difficultés liées à la situation particulière du détachement (faible effectif, problèmes de soutien administratif et technique, éloignement géographique par rapport à la BAN, rythme de service) ? L’effectif de deux équipes de six est bien adapté aux missions du détachement. Par contre, l’éloignement de la base mère et les relèves rapides entre les deux équipages posent quelques problèmes du point de vue du suivi administratif. L’affectation d’une treizième personne permanente, administrative, permettrait de faciliter les choses. Toute la gestion administrative s’effectue par téléphone avec la BAN Hyères. De plus, sur les 12 personnes du détachement, seules 2 sont originaires du sud. Les 10 autres viennent de Bretagne et ne connaissent pas du tout la BAN Hyères. Le soutien technique et la fourniture des pièces pour l’hélicoptère est assuré par la société Heliunion.

Quels sont vos rapports avec l’aéroport de Maupertus ? Vu la situation excentrée du détachement, les rapports sont très restreints. Ils se limitent à la tour de contrôle et aux pompiers de l’aéroport. Merci, capitaine, pour votre accueil et bonne continuation.

Moniteur à l’é

V

oilà maintenant trois ans que j’ai quitté le service actif pour me consacrer à mes autres passions :le handball et la moto. Mais comment tirer un trait définitif sur ces avions qui ont bercé mon existence tout au long de ces 34 années, et ces 5 000 heures de vol qui m’ont permis de découvrir le monde ? Je ne pouvais pas tourner une page aussi riche en émotions sans conserver une petite porte entrouverte et « la réserve opérationnelle » semblait réunir toutes ces conditions pour éviter de couper les ponts définitivement. Je signe mon premier ESR en 2006 à l’école du personnel volant (l’EPV) de Nîmes-Garons (l’EPV) qui emploie déjà quelques navigateurs aériens réservistes. J’arrive en terrain connu, pour y avoir été affecté de 2000 à 2004 et je connaissais parfaitement le travail à fournir pour être « opérationnel » dès mon arrivée. Dès les premiers jours, j’enchaîne les vols avec les élèves ELBOR (électroniciens de bord).La bonne connaissance du métier spécifique de moniteur en vol me permet rapidement d’être admis comme un moniteur reconnu et compétent. C’est important car un élève n’accepte les remarques et les prend vraiment en compte que s’il considère que son professeur lui démontre des qualités et des compétence avérées. J’éprouve une certaine fierté en annonçant à mes collègues du handball que je vole ; certes, je ne suis pas pilote, mais expliquer ma fonction en vol et les joies qu’elle procure suffit à effacer le fait de n’être que responsable de la partie électronique et des moyens de détection dont dispose un aéronef de l’aéronautique navale. Enfiler à nouveau cette combinaison de vol qui me transforme en moniteur en vol, préparer mon casque, vérifier mon bloc mes-


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Nîmes-Garons

école du personnel volant Sur une de mes dernières périodes en 2008, j’ai fait 13 vols sur 14 jours de présence : le premier jour, nous étions montés dans l’avion en tenue de vol mais une panne moteur au démarrage et un manque d’avion en secours nous avaient fait rebrousser chemin.

sages et mon cahier de notes pour suivre avec précision les premières heures de vol d’un jeune militaire qui sort tout juste de l’école de maistrance… Certes,ils sont un peu stressés avant ce premier vol pendant lequel un major va confirmer si les cours théoriques suivis ont été bien assimilés.. Ils ont la gorge sèche au moment d’énumérer les fréquences de leur premier briefing devant l’équipage de leur vol… Ils bégayent un peu en récitant tant bien que mal les connaissances théoriques sur les antennes en faisant le tour de l’avion ou en montrant un à un les matériels de sécurité dans l’avion… Mais la lumière qui brille au fond de leurs yeux ne trompe pas : impressionnés certes mais fiers d’être enfin en vol…

Depuis trois ans,je vis donc à ce rythme pendant 25 ou 30 jours par an, suivant les besoins de l’EPV, et j’avoue que j’attends chaque fois ces moments avec beaucoup d’impatience ; le fait de retrouver mes anciens collègues,de pouvoir assouvir ce qui restera la passion de ma vie, voler. Je reviens plusieurs fois par an par période de deux ou trois semaines d’affilée pendant les semaines plus délicates où les vols et les cours au sol s’enchaînent à un rythme plus intense pour les élèves mais aussi pour les moniteurs et ainsi j’ai le sentiment de faire encore partie de cette grande famille qu’est l’aéronautique navale. Que penser alors de la fermeture de la BAN Nîmes Garons, lorsqu’on est réserviste ? Beaucoup de tristesse et de souvenirs qui vont partir avec des collègues et le bruit des derniers avions dans le ciel de Camargue… MJ(R) Woro

Super Frelon. Je découvre les premiers embarquements sur les porte-avions Foch et Clemenceau ainsi que sur les TCD Orage et Ouragan. Puis vient le temps du cours pilote,un échec (adieu Fouga),et l’admission au cours d’ELBOR radariste à l’EPV. A l’issue de ce BAT, je rejoins la 6F sur Bréguet Alizé que je quitte seulement pendant la parenthèse du BS et de la transformation DENAE* à l’EPV. En quittant le service actif, j’étais persuadé de ne plus jamais revoler dans un avion aux couleurs de la Marine nationale. Mais grâce à la réserve opérationnelle,j ‘ai pu déstocker ma combinaison de vol ! Durant mes périodes de réserve à l’EPV,j’occupe la fonction d’instructeur détecteur navigateur aérien au sol et en vol.L’intégration au sein du département TACAE de l’école s’est faite naturellement (merci à tous pour votre accueil),ce qui m’a permis de participer rapidement à la formation des BAT DENAE lors de séances de simulateurs et de missions aériennes.De plus,j’occupe le poste radar lors des vols au profit d’élèves d’autres départements de l’EPV. Chaque année je retrouve avec plaisir cette ambiance empreinte de bonne humeur et de professionnalisme qui manque souvent au monde civil.Vivement donc la prochaine période,mais le retrait du service des N262 E appelle une question :y aura-t-il toujours un réserviste dans l’avion ? MJ(R) Didier Kane * DENAE : détecteur navigateur aérien

Y-a-t-il un réserviste dans l’avion ? 27 mai 2004, je suis installé devant le scope radar d’un N262 E de la 28 F. Les moteurs tournent, nous sommes autorisés à rouler pour une mission d’instruction au profit d’élèves GETBO de l’école du personnel

volant (EPV).Rien de bien nouveau pour un DENAE, sauf que je suis RCA depuis le 31 juillet 1999 ! Engagé en 1980, de spécialité ELAER, je reçois une première affectation à la 33 F sur

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Dossier

PM (R) Denae Chris

PM (R) Rémy Gallet

Contrôleur de la circulation aérienne (CONTA)

ai quitté la Marine en 2002 quelques mois après mon retour de la mission Héraclès,pensant ne jamais remettre mon uniforme ; pourtant sept ans plus tard, je continue à le porter durant mes périodes de réserve.

J’

J’étais contrôleur de la circulation aérienne, c’est-à-dire « CONTA ».Mes affectations successives se situent dans le sud de la France, la BAN Fréjus-St-Raphaël, Nîmes-Garons, Hyères deux fois, Cuers, le Ccmar, le bureau Zonex au « Com » dans la préfecture maritime et pour finir conduite des forces à ALFAN. J’effectue mes périodes de réserve au Ccmar(1) Méditerranée plus communément appelé « FANNY » qui doit être renforcé lorsque l’activité aérienne en mer est soutenue.J’y travaille en tant qu’opérateur radar : j’assure la mise en œuvre des exercices planifiés par le bureau Zonex et exécutés par notre marine ou par d’autres organismes (1 ) Ccmar : Centre de Coordination et de Contrôle Marine.

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(CEM, marines étrangères, armée de l’air ou de terre…) Ces missions ont lieu en Méditerranée dans une zone dangereuse appelée D54 ; ce sont en général des activités aériennes et de tirs. Je dois,en coordination avec les organismes de la circulation aérienne civile et militaire, interdire la pénétration d’avions ou autres aéronefs lorsqu’un exercice est programmé: par exemple un bâtiment effectuant un tir 100 mm sur une cible aérienne ou de surface, une attaque de navires par les chasseurs du porte-avions Charles de Gaulle ou une chasse de sous-marin par hélicoptères ou Atlantic. Je dois exercer une surveillance radar pour que ces exercices, qui ont lieu souvent en même temps,se déroulent en toute sécurité de jour comme de nuit. J’ai choisi de faire de la réserve car étant toujours « CONTA » dans le civil,cela me permet de suivre la réglementation aérienne militaire et bien sûr de garder le contact avec mes collègues contrôleurs et marins. PM (R) CONTA Rémy Gallet

Chef de

Détecteur navigate

R

ésumer 20 ans d’Aéronautique navale en quelques lignes n’est pas un exercice facile. On pourrait éventuellement le faire au travers de quelques mots clefs comme Maistrance Aéro Brest, CEAN Rochefort, BAN Nîmes Garons, Ecole du Personnel Volant, Nord 262, Radariste, Flottille 6F, Br 1 050 Alizé, Porte-avions, Appontage, Clemenceau, Catapultage, Brevet Supérieur,Transatlantique navigation astronomique, Ditching Alizé n°36, Foch, Détecteur Navigateur Aérien,ERCE 10S,BAN Hyères,EPAN Cuers, Convoyages, BAN Saint-Mandrier, AS 565 SA Panther,Chef Cargo, Cassard,Treuillage, Jean Bart, Germinal, Corymbe, CEI Hyères, Moniteur Lutte antinavires, COM Toulon, Chef de quart Aéro. 20 ans de service c’est aussi 3 000 heures de vol dont les trois quart réalisées dans le cadre d’opérations aéromaritimes c’est à dire 15 ans de services OPS.Mais c’est surtout des centaines de personnes de grande valeur avec lesquelles j’ai partagé des moments parfois difficiles mais toujours enrichissants. Depuis cinq ans, je sers


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stophe Touzet

QM Benjamin Gout

Jeanne d’Arc

Quart Aéro

eur aérien 30 jours par an comme chef de quart lorsque l’activité du COM nécessite un renfort. Bien qu’hésitant au départ,servir dans la réserve m’apparaît désormais comme la suite logique d’une carrière bien remplie. La réserve permet en effet de rester au contact de l’actualité maritime et de prolonger les liens amicaux tissés pendant toutes ces années.Basée sur le volontariat,elle offre une certaine souplesse qui s’accorde bien avec l’activité professionnelle civile dans la mesure où l’affectation n’est pas trop éloignée géographiquement de la résidence et du lieu de l’entreprise.Ayant pratiqué le COM Toulon comme affectation d’active, je n’ai observé aucune différence pendant les périodes de réserve. Le Chef de Quart Aéro (et les autres d’ailleurs) agit exactement dans le même cadre de responsabilités et de domaine d’action que ses pairs d’active qu’il croise au gré des changements de quart. Pour conclure, je dirais que servir la réserve est une démarche personnelle qui doit être un échange du type « gagnant - gagnant » avec l’institution militaire, et de ce point de vue, c'est assez réussi.

service Aviation e ne pouvais pas rater l’avant dernier tour du monde de la Jeanne.La Jeanne, ce n’est pas un bateau gris comme les autres,mais une légende qui parcourt depuis prés de 50 ans toutes les mers du globe !!! Je ne suis pas né marin comme le prouve ma carte d’identité militaire. Benjamin Gout, Neuilly sur Seine,1985.En plus le département 92,c’était uniquement deux jours car j’ai partagé ma vie entre l’Eure et le Togo. Deux ans à Lomé pour suivre mes parents et à 18 ans pas de projets d’avenir bien définis et pas de diplômes non plus !!! Je voulais une autre vie, un métier pas commun et dès mon retour en France je pousse la porte du bureau militaire de Cherbourg.Une offre précise m’est faite: un contrat de 3 ans renouvelable trois fois pour différentes spécialités dont celle de « matelot pont d’envol ». Je me vois déjà sur un porte-avions à faire décoller les Rafale et dis « bingo » !!! Septembre 2005,je change réellement de vie en me présentant à l’Ecole du Personnel de Pont d’Envol à Hyères. Cinq semaines de formation militaire qui me cadre bien et me conforte comme mes camarades dans mon choix.Résultat,je sors premier.Une semaine de vacances et rebelote pour quatre semaines de spécialité où j’apprends mon métier.Résultat,je sors second et choisis d’embarquer sur la Jeanne qui part en mission le lendemain de mon arrivée. Quelques jours de doute car même si je savais que la vie à bord serait différente de celle en école… je ne m’attendais pas à tant de changements. 600 marins arrivent à vivre, dormir, manger, travailler, s’entendre et représenter notre pays sur moins de 200 mètres de long. J’arrive assez rapidement à trouver ma place et à ne pas me perdre entre tous les ponts. Cette première mission 2005-2006 a été merveilleuse. Je suis tombé amoureux de l’Amérique du Sud et maîtrise mon job. Avec la flottille d’hélicoptères du bord, le travail ne

J

manque pas et point appréciable, je suis bien « noté ». À la fin de la seconde mission (2006-2007),toujours autour du monde, on me propose de renouveler mon contrat et de suivre une formation complémentaire.Pas d’hésitation, je signe pour trois nouvelles années et ai la chance de réembarquer sur la Jeanne (2007-2008) avec en fin de mission le grade de quartier-maître. Les escales s’enchaînent, l’expérience aussi et je repars en formation pour utiliser les engins du pont d’envol. Quatrième mission (2008-2009) axée sur l’Océan Indien avec des premières responsabilités d’encadrement d’une équipe de six personnes sous le contrôle de mon chef. Même si les journées sont bien remplies, j’ai le temps d’apprendre tout ce que je n’ai pas vu lors de mon cursus scolaire.Le challenge de cette année, c’est une formation « avionique, électronique, radar » avec la perspective de travailler sur Falcon ou sur hélicoptères. Quatre embarquements sur tous les océans, ce sont des souvenirs en pagaille,des images comme dans les magazines photos mais le contact en plus. Ce sont aussi des exercices militaires où l’on doit respecter ordre et rigueur pour assurer la survie de notre bâtiment. Côté vie privée,j’ai une amie et les billets low cost nous ont permis de nous retrouver cette année à Singapour et près de Rome. Déjà quatre années de marine,ce qui fait deux ans de formation et deux ans d’application. Un bilan positif car jamais, avec uniquement un BEPC en poche, je n’aurais eu de telles opportunités et une telle vie dans le civil. Propos recueillis par le CF(R) François Didierjean

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Dossier LV(R) Jean-Marie Laucagne

La passion des airs

près de la réalité des personnes en formation. « J’essaie d’être pragmatique en étayant chaque situation commentée par un transfert d’expériences », affirme-t-il.

Conserver un lien et continuer à apprendre Cinq fois par an, il réintègre la Marine en tant qu’instructeur-moniteur à Lanvéoc. L’occasion pour lui de conserver un lien avec la Marine et de rencontrer d’autres pilotes par le truchement de la réserve. « Cela permet de garder le côté instructionmonitorat de pilotage de nuit par exemple »,précise celui qui forme lors des stages de huit à douze pilotes.

LV (R) Laucagne entouré de garde-côtes taïwanais en formation

ean-Marie Laucagne débute sa carrière dans la Marine nationale en intégrant la filière d’officier marinier. Initialement matelot, il en sort second maître.Grâce à sa formation scientifique,un bac D,il devient détecteur-radar.Quatre ans après,un recrutement interne lui permet de devenir pilote. Après deux ans et demi de cours, il entame sa carrière de pilote d’hélicoptère,essentiellement sur la façade atlantique.Il opère également sur la Jeanne d’Arc, sur des frégates basées à Brest, sur un ravitailleur dans l’océan Indien puis à la 22S de Lanvéoc au sein de l’école de soutien sur Alouette III, Alouette II, Lynx et Dauphin. « La particularité de l’aéronautique navale est intimement liée à l’environnement marin dans lequel elle intervient. Des personnes non formées à cette singularité peuvent avoir des appréhensions, et à juste titre » affirme le LV (R) Jean-Marie Laucagne.« La climatologie, les mouvements des navires, les dangers inhérents au survol maritime, de jour comme de nuit, nécessitent une attention accrue par rapport au monde terrestre ».

J

Après vingt ans de carrière, dont treize années embarqué, Jean-Marie Laucagne a rejoint le civil sans s’éloigner de sa passion pour les hélicoptères.Il officie désormais en tant que pilote indépendant. « J’interviens

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ainsi pour la formation des garde-côtes taïwanais pour le compte d’Eurocopter Singapour, ou encore pour des interventions sur les plates-formes pétrolières offshore en Afrique. Ces missions, dont les dates et la durée sont définies en amont, me permettent de disposer du temps voulu pour ma famille tout en continuant à piloter ».De son passé de marin, il a conservé cette volonté de transmettre ses connaissances au plus

De son premier vol en hélico à Dax sur Alouette II, il conserve un souvenir précis. « Au premier décollage tout seul,on n’a pas le temps de prendre conscience, de comprendre. L'attention et les automatismes prennent le dessus. La joie vient après. On se découvre de nouvelles capacités, ne serait-ce que par la formation très sélective, mais on se formate aussi. Les habitudes permettent d'augmenter la charge de travail, d’être plus à l’aise en vol ». Sur les théâtres d’opérations pendant la première guerre du Golfe, dans le golfe d’Aden, ou en assurant la sécurité et la sûreté des sous-marins nucléaires français lors de leurs sorties et leurs retours, ou encore lorsqu’il était affecté à la Rochelle sur un Dauphin de service public pour la recherche et le sauvetage, le LV (R) JeanMarie Laucagne aura pu satisfaire une double passion : celle de la mer et de l’air, intimement liée au sein de l’aéronautique navale.

Vol au dessus des nuages

EV1 (R) Mikaël Cabon Hélitreuillage


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QM(R) Charles Raimbert

Prodef(1) : « En étant réserviste, je mets du réel derrière les mots » Pour la troisième année consécutive, le QM(R) Charles Raimbert, 20 ans, effectuera cet été une période de 30 jours au sein de la BAN de Landivisiau en tant que fusilier-marin. En parallèle, ce cherbourgeois prépare le concours de l’Ecole navale. D’où vous est venu le souhait d’intégrer la réserve de la Marine avec pour spécialité Prodef ?

Photo © Marine nationale - Daniel Ferellec

Je suis en actuellement en classe préparatoire math-spé au lycée Victor Hugo de Caen. Depuis longtemps, je souhaite intégrer l’Ecole navale, dont j’ai passé le concours cette année. A 17 ans, lors de ma classe de Terminale,j’ai effectué une préparation militaire dans ce but.Et si j’ai choisi la spécialité

de fusiliers-marins, c’est parce qu’elle permet de disposer d’une vue d’ensemble des activités de la Marine.

Vous intervenez sur la base aéronavale de Landivisiau, quelles sont vos activités ? J’ai choisi la BAN de Landi car tout ce qui touche à l’aéronautique m’intéresse. C’est un milieu fascinant. Au quotidien, lors de mes 30 jours de réserve, j’effectue des services de 24 heures suivies de 24 heures de repos.Notre mission est d’assurer la protection et la surveillance de la base. J’effectue plusieurs patrouilles par jour,en véhicule ou à pied.Sinon,nous sommes en attente d’intervention ou d’exercices qui ponctuent la journée.

Quels intérêts représentent ces périodes pour vous ? Je suis abonné à l’hebdomadaire Cols Bleus depuis plusieurs années. En entrant dans la

Réserve, je voulais mettre du réel derrière des mots lus avec gourmandise, me rendre compte par moi-même en quelque sorte. Outre une meilleure connaissance de la Marine et du monde militaire, dont personne dans ma famille n’est originaire, cela permet d’avoir le privilège de nouer des contacts quasi-impossibles autrement.Passer son permis bateau,effectuer une séance de tir au Famas,pendant la préparation militaire,ou encore visiter la BAN de Landivisiau, discuter avec des pilotes, d’autres fusiliersmarins, qui partagent leurs expériences, leurs ressentis, avec moi, cela constitue une formidable expérience personnelle.De plus, lorsque que je suis en période de réserve,je peux utiliser les infrastructures de la Marine, comme les salles de sport par exemple. Ce n’est pas l’essentiel mais c’est un plus certain. Propos recueillis par l’EV1(R) Mikaël Cabon 1) Prodef : Protection Défense.

Landivisiau

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Dossier

Voilà bientôt cent ans que les m

Photo ©Reynaud

Corsair F4U-7 à l'appontage

Photo ©Bourragué

Farman MF-7 (le premier avion de la Marine modifié)et LV Reynaud

notre premier porte-avions entrait en service en 1927. Après la seconde guerre mondiale, des porte-avions à pont droit puis à pont oblique ont été utilisés.

Photo © CDG49

E

en France,en Méditerranée orientale et jusqu’à Dakar. L’engin volant le plus gros et le plus frappant de la Marine a bien sûr été le Zeppelin Dixmude, de 68 000 m3, disparu tragiquement en mer en décembre 1923. Les dirigeables furent finalement retirés du service en 1937. Puis,de nombreux hydravions embarqués ont été mis en service, à partir des années 1920 sur les croiseurs, tandis que le Béarn,

n effet c’est en 1910 que les 7 premiers officiers de marine suivent leur cours de pilotage et que la Marine achète son premier avion,un biplan Maurice Farman. Depuis, ce ne sont pas moins de 11 500 aéronefs qui ont volé dans la Marine !

Dixmude au mouillage de profil TBD avec un SBD à l'AR

L’aviation de patrouille maritime a été créée. Les hélicoptères sont entrés en service dans les années 1950. Ils constituent aujourd’hui une partie essentielle du système d’arme des frégates, P2V-7 en vol

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Vue de dessus AR Babord du LAF

Voisin Canard à coté de la Foudre

Photo © Cayla

Photo © Mornu

Dixmude

Photo © Robin Claude

Dès 1912,un centre d’aviation est créé,à Fréjus- Saint-Raphaël, et un croiseur de 6 000 tonnes,la Foudre,est aménagé en « bâtiment d’aviation ».Mais on est loin des porte-avions d’aujourd’hui! La grande Guerre verra l’éclosion d’une trentaine de centres d’hydravions

Photo © Lion

Gourdou Leseurre 810 au catapultage du croiseur Dupleix


08 – JUILLET 2009

H-21 au sol

Rafale et un Hawkeye vus de devant

et de drôles d’avions se posent par tout – Sur la Jeanne d’Arc, à l’occasion de sa dertemps sur le porte-avions nucléaire Charles nière sortie à la mer, rencontre des hélicode Gaulle ! ptères des marines amies, Tout au long de l’année 2010,la Marine célè– Ouverture d’une salle « Aéronautique brera cet anniversaire, avec la publication navale » au Musée national de la Marine à d’un livre et d’un film consacrés aux cent Paris, premières années d’aéronautique navale, – Exposition temporaire et le projet d’organiser un d’aéronefs de l’Aéroipez Partic ement : certain nombre de maninautique navale au vén s… festations : Musée de l’Air et de à cet é , document es g a n – Défilé aérien de vieux g l’Espace au Bourget, témoi avions de l’« aéro » lors de – Présentation en avant-première des avions la journée portes ouvertes du musée de l’Aéronautique navale de de la BAN d’Hyères le 13 juin 2010, avec Rochefort. invitation de porte-avions en rade Nous voudrions profiter de ces événements d’Hyères, pour sortir de l’ombre les vieux documents, – Sur la BAN Lann Bihoué, journée consaphotos et films conservés par les familles des crée aux hommes:pionniers,héros,pilotes anciens, faire témoigner les plus vieux et techniciens,avec le concours des assod’entre nous qui ont vécu des expériences ciations d’anciens, extraordinaires, ou qui sont prêts à nous

le CF (R) Jean-Cosme Rivière jc.riviere@gmail.com tel portable : 06 12 51 07 27 adresse : Etat-Major ALAVIA, 83800 TOULON naval

Merci d’avance, et souhaitons longue vie encore à l’« Aéro » !

Lynx Décollage du LMP Vue aérienne du Foch

Photo © Feuilloy-16F.

Rafale arrière du pont

Photo © Baras P.H.

raconter la routine de la vie de marin de l’« aéro ». Toute participation est donc la bienvenue : pour cela, veuillez contacter le réserviste chargé de cette mission,

Photo © CDG-Formentin

Photo © Crosnier

Photo © Ungur Philippe

arins volent !

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Tour d’horizon

L’ACORAM

ACOMAR

ASSOCIATION DES OFFICIERS DE RESERVE ASSOCIATION CENTRALE D'OFFICIERS-MARINIERS DE LA MARINE NATIONALE ET DE MARINS Qui sommes-nous? s’appuyant sur ses sections régionales dynamiques, elle participe quotidiennement à la DE RÉSERVE Fondée en 1926, l’ACORAM est la principale association d’officiers de réserve de la Marine. L’ACORAM compte environ 4 000 membres,issus de l’active et de la réserve, de tous corps et spécialités, ainsi que des « membres associés ». Les buts de l’ACORAM sont de soutenir l’action de la Marine nationale (politique RH, formation, communication externe…) au service des intérêts de la France, de participer au développement de l’esprit de défense et à la prise de conscience des intérêts maritimes ainsi que d’entretenir la cohésion de ses membres par le dynamisme de ses actions.

Que faisons-nous? L’ACORAM se veut un vivier de compétences au service de la Marine nationale et un lieu de rencontre entre les officiers de réserve unis par un même idéal. A la demande de l’étatmajor de la Marine, ses membres renforcent les effectifs permanents des forces armées au titre d’un contrat individuel d’affectation (ESR) ou d’un agrément de collaborateur de service public. Fonctionnant en réseau,

politique de rayonnement de la Marine. Membre de droit du Conseil supérieur de la réserve militaire, elle concourt activement, au profit du ministère et de l’état-major de la Marine,aux réflexions correspondantes. Ses membres sont régulièrement appelés à prendre part aux diverses actions et manifestations s’inscrivant dans le cadre du lien Armées-Nation et du devoir de mémoire.

Que ferez-vous ? Avec l’ACORAM,vous pourrez participer à des activités de formation et d’information (visites de sites,notamment militaires,ou présentant un intérêt pour la défense, embarquements sur les bâtiments de la Marine, conférences, rencontres, sur des thèmes liés à la défense et à la mer,…), à des activités de convivialité et de cohésion (voyages,séjours,sorties,tables rondes, dîners, activités sportives,…) et à un « groupe jeunes » dynamique, attaché à répondre aux préoccupations de ses membres les plus jeunes.

Rejoignez l’ACORAM ! Ecrivez à l’ACORAM : 15, rue de Laborde - CC 12 - 75398 PARIS Cédex 08 Tél : 01 53 42 80 39 - Fax : 01 53 42 80 35 Courriel : siege@acoram.com – site internet : www.acoram.com • Adhésion à l’année 33 € (si revue Marine + 23 € ) / demi-tarif pour les ASP/EV2 (ou équivalent) • Marine : abonnement seul (1 an – 4 n°) : 28 €

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Siège social : 15 Rue de Laborde CC 12 - 75398 PARIS CEDEX 08 Tél. : 01.53.42.86.75 Fax : 01.53.42.84.04 E-mail : acomar@marine.defense.gouv.fr Site internet : www.acomar.org Devise : S'UNIR POUR SERVIR Revue : « L'Acomarin »

Buts de l'association ACOMAR : Resserrer les liens de camaraderie et assurer la défense des intérêts moraux et matériels des membres en développant des relations de solidarité et d'entraide. Promouvoir les relations entre la nation,la Marine nationale et les forces armées. Soutenir l'action de la Marine en lui faisant bénéficier des compétences et de l'efficacité des officiers-mariniers et des marins réservistes. Contribuer à l'information des citoyens en développant l'esprit de défense. Entretenir des relations avec les associations des autres armées animées de la même vocation. Concourir au développement du monde maritime et des métiers de la mer, particulièrement auprès des jeunes.

Population concernée : L'ACOMAR s'adresse : Aux officiers mariniers,quartiers-maîtres et marins de réserve. Aux officiers spécialisés issus du corps des officiers mariniers de réserve. Aux diplômées des PMM ayant ou désirant avoir un emploi dans la réserve. Aux membres de la réserve des grades ci-dessus versés dans l'honorariat de leurs grades,ainsi qu'aux membres de l'active désireux de soutenir la réserve, continuer à servir la Marine et promouvoir le lien « Armée-Nation ».


08 – JUILLET 2009

Des milliers de réservistes ont participé aux cérémonies du 8 mai

C

ette année,les cérémonies nationales du 8 mai se sont déroulées dans le Var et à Paris. Et pour la première fois,la journée nationale du réserviste se tenait le même jour, renouvelant ainsi profondément sa formule habituelle.

Loin des côtes aussi, la Marine est présente

D

ans le Territoire de Belfort, le département sans doute le plus éloigné des côtes, la Marine nationale est active.

Les réservistes ont participé en très grand nombre à toutes les cérémonies et manifestations organisées à cette occasion : en rendant les honneurs lors des cérémonies ; en assurant l’accueil du public venu visiter partout en France les points d’information sur la réserve militaire et ses missions ; en assistant en uniforme aux événements organisés,quelle que doit leur ampleur ;ou en assurant la sécurité des grandes manifestations nationales au sein des différents dispositifs.

Sous l’impulsion de l’officier principal (R) Dominique Cadet et de l’enseigne de vaisseau de 1re classe (R) Martine Eckel,représentants du COMAR Strasbourg, ce début d’année 2009 a été marqué par l’organisation du « mois de la Marine ». Dans le cadre de leur ESR, les deux officiers réservistes ont décidé de sortir un peu de la routine des cérémonies et réceptions diverses, qui sont le cœur de leur mission de représentation, pour mettre sur pied des manifestations permettant de rendre plus

La presse écrite et audiovisuelle a largement couvert ce double événement et la JNR a bénéficié de l’attractivité de cette journée particulière du 8 mai. A Paris, en début de matinée, il y eut un dépôt de gerbe par le président de la République au pied de la statue du général de Gaulle. Dans le Var, ce fut une cérémonie militaire sur la plage de la Nartelle,à Sainte-Maxime, avant une allocution du président de la République. Pour la revue navale au large de Toulon, le président et les membres du gouvernement étaient embarqués à bord du Mistral, bâtiment de projection et de commandement. De retour à Paris, la flamme a été ravivée sous l’Arc de Triomphe, en présence de jeunes élèves et de plusieurs centaines de réservistes.

Jean-Marie Bockel, secrétaire d’Etat à la défense et aux anciens combattants était accompagné du général Christian Houdet, secrétaire général du Conseil supérieur de la réserve militaire (CSRM).

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Tour d’horizon

Au côtés des cadets de la

outre-mer visible les uniformes bleu marine dans une ville qui compte plus de 2000 militaires (35e RI et 1er RA). C’est ainsi qu’est née l’idée d’organiser un « mois de la Marine » en association avec les anciens de l’Amicale des anciens marins du territoire de Belfort et les jeunes stagiaires de la Préparation Militaire Marine (PMM) relancée sur Belfort en 2005 après plus de dix ans de mise en sommeil. Une exposition photos s’est tenue dans une brasserie très fréquentée proche de l’hôtel de ville.De nombreux échanges ont eu lieu avec le public lors des deux permanences organisées chaque semaine en uniforme sur les métiers et missions de la Marine. Les spécificités de la Marine étaient illustrées par une vingtaine de grandes photos encadrées garnissant ainsi les murs de la brasserie. Une soirée dansante a réuni, dans une ambiance conviviale,plus de 150 participants. La salle était décorée avec des aussières et le grand pavois flottait bien haut dans la mature ! ! Les jeunes stagiaires PMM en uniforme,renforcés par des volontaires du centre EPIDE (Etablissement Public d’Insertion de la Defense) en tricot rayé ont assuré l’ambiance marine. Enfin, le capitaine de frégate François Reynaert, représentant la Marine pour le grand Est, est venu clôturer ce mois de la Marine en tenant une conférence le 10 mars sur la Marine nationale face aux nouveaux enjeux nés du Livre blanc sur la défense et la sécurité. Le bilan de ces manifestations est très largement positif en terme d’image car il a permis d’accroître la visibilité de notre armée, de montrer le dynamisme des réservistes et de faire état et usage de nos capacités à organiser sans beaucoup de moyens,dignes ainsi de l’esprit de débrouille et d’équipage qui règne sur le bord.

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n outre-mer, la première promotion des cadets de la défense a démarré ses activités à Fort-deFrance dans le cadre de l’année scolaire 20082009.

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16 jeunes de classes de troisième,tous volontaires, ont participé avec deux professeurs à des activités sportives (voile, kayak, randonnée…) et citoyennes (défense et préservation de l’environnement). Ce partenariat Défense-Education nationale s’inscrit dans le cadre du plan « égalité des chances » qui vise notamment à développer les valeurs de citoyenneté et faciliter l’insertion professionnelle.

Des adolescents motivés Formatrice dans les sports de loisirs,j’ai encadré leurs activités avec le LV Michael Obser, instituteur et licencié d’histoire dans le civil. Les « cadets de la Défense » ont appris les gestes de premier secours,ont été initiés à la lutte incendie, et ont découvert les nœuds marins.

Ils ont confectionné eux-mêmes leur logo,sur un T shirt.Pour la petite histoire,ce logo représente un magnifique iguane, car les iguanes sont ici protégés et dorment sur les murs du fort. Malgré la crise qui a touché la Martinique en février et mars,les jeunes ont repris le chemin du Fort Saint Louis dès avril,à l'occasion de la venue de la navigatrice Maud Fontenoy (photo ci-contre). Tous sont venus pendant les vacances scolaires,ce qui montre bien la force et l'attrait d'un tel projet. En juillet, une cérémonie officielle clôturera cette première session en présence des familles et militaires qui ont accueilli les cadets. Auparavant, ils auront effectué deux jours de stage sur la base navale,participé à une régate, et visité deux batiments de la Marine Nationale, le Francis Garnier et la Capricieuse. Enfin,ils ont assisté en tenue aux cérémonies du 8 mai sur la place de la Savane à Fort de France… De notre côté, en tant que réservistes, cette expérience nous a permis de travailler sur des terrains variés et enrichissants ! Aspirant (R) Sidonie DAIZE


08 – JUILLET 2009

défense en

Marin réserviste en OPEX au Tchad epuis plusieurs années, de nombreux groupes armés, présents à l’est du Tchad, au nord-est de la République centrafricaine et à l’ouest du Soudan,font peser une menace sur la sécurité de la population civile et la poursuite des opérations humanitaires dans ces régions ainsi que sur la stabilité de ces pays. Des groupes de rebelles et de coupeurs de route,civils ou militaires, s’en prennent à une population sans défense. Ces attaques donnent lieu à de graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire. Préoccupé par la situation dans l’ensemble de cette région, et soulignant la nécessité de préserver le caractère civil des camps de réfugiés et des sites de personnes déplacées et de prévenir les recrutements, notamment d’enfants, qui pourraient intervenir dans et autour de ces camps du fait de groupes armés, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté,le 25 septembre 2007,la Résolution 1778. Par cette Résolution,le Conseil de sécurité,en concertation avec les autorités de ces pays, a décidé la mise en place à l’Est du Tchad et au Nord Est de la République centrafricaine, d’une présence multidimensionnelle destinée à aider à créer les conditions favorables au retour volontaire, sécurisé et durable des réfugiés et des personnes déplacées, y compris en contribuant à leur protection et celle des populations civiles en danger, en facilitant la fourniture de l’assistance humanitaire et en créant les conditions en faveur d’un effort de reconstruction et de développement économique et social de ces zones. Cette présence multidimensionnelle comprend la Mission des Nations Unies en République centrafricaine et au Tchad (MINURCAT) et la Mission militaire de l’Union européenne dans l’est du Tchad et le nord-est de la République centrafricaine (EUFORè Tchad/RCA). La MINURCAT contribue à la sécurité et la protection des civils par son appui dans la mise

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Les Cadets à la base navale du Fort Saint Louis à (Fort de France)

EUFOR : Force de l’Union Européenne.

Le capitaine de frégate de réserve André Galliou

en place par l’Etat tchadien d’une force de police et de gendarmerie appelée Détachement Intégré de Sécurité (DIS).Le DIS a exclusivement pour rôle d’assurer le maintien de l’ordre et le respect de la loi dans les camps de réfugiés,les sites regroupant les personnes déplacées et les villes principales dans les régions avoisinantes et d’aider à assurer la sécurité des opérations humanitaires dans l’est du Tchad. La MINURCAT veille également au respect des Droits de l’homme et participe à la restauration d’un état de droit dans sa zone d’intervention. Le mandat de l’EUFOR Tchad/RCA est essentiellement à vocation humanitaire.Il est basé sur les points suivants :contribuer à la protection des civils en danger, en particulier les réfugiés et les personnes déplacées, faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire et la 31


Tour d’horizon ficier de liaison auprès de la MINURCAT,poste « marine » géré par (2). Intégré à l’état-major de la force à Abéché, à l’est du Tchad, il a assuré le lien entre les différents acteurs EUFOR et leurs interlocuteurs de la MINURCAT.

libre circulation du personnel humanitaire en contribuant à améliorer la sécurité dans la zone d’opérations,contribuer à la protection du personnel, des locaux, des installations et du matériel des Nations unies et à assurer la sécurité et la liberté de circulation de son personnel,du personnel des Nations unies et du personnel associé. Ce mandat s’est achevé le 15 mars 2009,date à laquelle l’EUFOR a été relevée par une force militaire des Nations unies, conformément à la Résolution 1861 du Conseil de sécurité de l’ONU en date du 14 janvier 2009. Bien que le Tchad figure parmi les pays au monde les plus éloignés de la mer, la Marine Nationale participe à l’opération. En effet le tableau des effectifs (ou plan d’armement) comprend quelques postes « Marine » et,par ailleurs, quelques marins affectés dans des unités inter-armées (DRM(1),EMIA FE,DIRCOM, régiments de transmission…) sont déployés avec leur unité. Ainsi,le capitaine de frégate de réserve André Galliou a occupé pendant quatre mois, d’octobre 2008 à février 2009, un poste d’of-

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En effet, l’EUFOR a également pour mission de soutenir la MINURCAT dans son déploiement.Pour cela il faut identifier les interlocuteurs,recueillir leurs besoins,les orienter vers les éléments EUFOR concernés.Il faut user de pédagogie et de patience,car,hormis les policiers et gendarmes chargés du DIS, tous les personnels de la MINURCAT sont des civils de l’ONU, ignorants de l’organisation, des capacités et des impératifs d’une force militaire en opération. De leur côté, les acteurs de l’EUFOR ont besoin d’être aiguillés dans les dossiers qui les lient à la MINURCAT, dont la structure très verticale et le mode de fonctionnement nécessitent un suivi quotidien. L’officier de liaison est donc un facilitateur, qui connecte les interlocuteurs et met de l’huile dans les rouages ! Cette fonction ouvre beaucoup de portes et permet de découvrir l’ensemble de la force, implantée sur une zone dont la superficie représente un tiers de celle de la France. Au Tchad,un bataillon polonais occupe la partie nord,avec deux camps à Iriba et Guéréda,un bataillon français installé à Forchana occupe le centre,tandis qu’un bataillon irlandais,basé à Goz Beida, couvre le sud. Enfin, en République centrafricaine, un détachement français est implanté à Birao. Outre l’intérêt de travailler au sein d’une force européenne composée de seize nationalités, quelle belle opportunité, après une carrière dans l’aéronautique navale et de nombreuses années passées à chasser le sous-marin soviétique, de travailler aujourd’hui avec un détachement russe intégré dans la force et de voler sur leurs hélicoptères M I8 ! (1) DRM : Direction du Renseignement Militaire. (2) EMO : Etat Major Opérationnel.


Il y a 60 centres PMM répartis sur toute la France. Inscription auprès de votre CIRFA MARINE

1 rue du maréchal Lyautey BP 80015 57044 METZ CEDEX 1


Prépresse de la Marine – N° 12690– 07-2009 – 27 631 • SGA-SPAG/Impression


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