LE MEMORIAL, un ACTe
fondateur pour la mémoire et l’avenir Dans son discours de politique approfondie du 26 octobre 2004, le Président du Conseil Régional, Victorin LUREL, exprimait la volonté de la collectivité de participer à la construction de la mémoire collective et d’encourager la recherche sur la traite négrière, l’esclavage et leurs abolitions. Il ne s’agissait pas de faire ressurgir un passé douloureux, pour faire dissension, mais bien au contraire, de transcender les souffrances engendrées par l’esclavage et la traite et favoriser l’affirmation d’une mémoire partagée et apaisée de la période de l’esclavage, qui a marqué profondément l’édification de la société guadeloupéenne. Au travers d’un projet d’envergure internationale, la Région Guadeloupe, a voulu marquer sa détermination à dénoncer toutes les formes passées et/ou contemporaines de l’esclavage et créer un espace ouvert contre toutes les oppressions illustrant les luttes pour les libertés. Ainsi était consacrée l’idée originelle du Comité International des Peuples Noirs (CIPN), d’un mémorial dont le projet scientifique et culturel a été validé en mai 2007 par le Comité scientifique, le Comité de pilotage et l’Assemblée Régionale. En janvier 2008 était désigné, parmi 27 candidatures, le groupement lauréat du concours international de maîtrise d’œuvre, lancé en juin 2007 par la Région. Le mandataire de ce groupement est l’Atelier guadeloupéen d’Architecture BERTHELOT/MOCKA-CELESTINE (BMC). En mars 2013 débutait sur le site de l’ancienne usine de Darboussier, la construction du Centre Caribéen d’expressions et de mémoire de la Traite et de l’Esclavage, dénommé Mémorial ACTe, pour signifier tout à la fois l’acte d’enracinement dans le territoire.
Le Mémorial ACTe
Une ambition à la mesure des enjeux L’enjeu majeur du MEMORIAL ACTe est de créer un espace régional dédié à la mémoire, l’information, la connaissance, la recherche historique et généalogique et la culture moderne à destination de la population guadeloupéenne, de la Caraïbe, des étudiants, des chercheurs et des touristes du monde entier. Le Mémorial sera un lieu symbolique fort, ancré au cœur de la rénovation urbaine de Pointe-à-Pitre, par un marquage architectural identifiant, expressif et fonctionnel. En Guadeloupe, plus de 150 ans après l’abolition de l’esclavage, l’histoire est largement méconnue et la mémoire difficilement partagée. Aussi cette transmission concerne-t-elle en premier lieu les guadeloupéens eux-mêmes. Le Mémorial ACTe aura donc une fonction didactique instruisant de ce passé longtemps occulté et engageant à l’appropriation de ce lieu par les guadeloupéens, pour s’y identifier, en apprendre et l’intégrer à leur patrimoine, en conjuguant la rigueur de la connaissance scientifique et la ferveur de la communion populaire. Ce projet s’inscrit dans une vision urbaine, économique et sociale structurante de la zone du carénage, devant nécessairement combiner le « vivre ensemble » du quartier et l’ouverture à l’international, par le Mémorial dans le cadre d’un aménagement équilibré. Il prolonge d’ailleurs la Ville par une promenade reliant la Place de la victoire à l’Université, signant ainsi sa volonté d’intégration et d’harmonie. Bien que centrée sur l’archipel guadeloupéen et son contexte caribéen, la problématique de la traite négrière et de l’esclavage sera présentée dans ses dimensions mondiales et pluri-millénaires. Elle s’inscrit d’emblée dans un réseau international de mémoire, de défense des droits de l’homme et des libertés, en liaison avec les autres lieux d’exposition et de mémoire de par le monde. Le Mémorial ACTe porte témoignage de notre réflexion sur le monde contemporain dans l’affirmation des différences culturelles, mais aussi dans la recherche d’un nouvel humanisme de paix et de fraternité.
Dimensionné à ses enjeux et à son ambition internationale, par sa puissance évocatrice et son impact spectaculaire en front de mer à Pointe-à-Pitre, le Mémorial constituera pour la population, les navires de croisières, les plaisanciers et les touristes de séjour, un pôle d’attraction et un lieu de référence assurant une renommée internationale à la Guadeloupe. Par ses activités directes et la création d’activités indirectes, il prendra toute sa place dans l’économie générale et singulièrement dans l’économie culturelle, artistique, et touristique de la Guadeloupe. Il aura une fonction centrale dans le développement touristique. Le Mémorial ACTe est d’évidence, un projet d’intérêt général pour la ville de Pointe-à-Pitre en regard du foncier nécessaire aux constructions et à leurs annexes, le département qui réalisera en 2014, la route d’accès et la Région, Maître d’ouvrage, qui complétera la construction en cours, par la création d’un ponton d’accueil de navires ; la promenade de front de mer et l’aménagement du parvis. Il s’agit bien d’un lieu populaire et de mixité sociale conçu pour croiser toutes les populations.
Le Mémorial ACTe Des objectifs multiples
- Participer à la constitution de la mémoire collective par la diffusion de messages clairs sur les formes d’expressions de la réalité de l’esclavage initiée par l’Europe dans les siècles passés et les formes contemporaines d’asservissement liés au racisme et à toutes les formes d’ostracisme. La recherche généalogique personnelle et collective y contribuera. - Montrer la forme ultime du racisme pour mieux en dénoncer les formes vivantes dans les sociétés contemporaines. - Mettre en évidence des zones d’ombre persistantes. - Témoigner autour d’une « colonne vertébrale » historique chronologique et pédagogique, de la période esclavagiste à nos jours, en passant par la période post-esclavagiste (colonialisme et néo-colonialisme) - Expliquer par la logique de l’interprétation et une approche pluridisciplinaire, le contexte qui a permis l’apparition de l’esclavage et déclencher une réflexion sur les conditions qui produisent la servitude. - Questionner le monde d’aujourd’hui, l’héritage et les réminiscences de l’esclavage dans nos sociétés et les problématiques philosophiques et sociétales telles que l’asservissement, la résistance, le crime contre l’humanité, les droits de l’homme, l’universalisme, le silence, l’oubli, la mémoire, la souffrance, l’identité, le racisme… - Rechercher • par la création, au sein du Mémorial, d’un laboratoire de recherche interuniversitaire en liaison avec l’UAG et en coopération internationale avec des universités et des centres de recherche du monde entier • l’histoire et le nom des familles antillaises, par la recherche généalogique. - Transmettre par la pédagogie au moyen d’outils adaptés tels un centre de ressources et de documentation multimédia, des conférences et séminaires, spectacles et édition…
- Se souvenir La mémoire collective ne se construit pas uniquement sur l’histoire et le discours. Il existe aujourd’hui encore des lieux et des objets de mémoire authentiques qu’il faut donner à voir. Des chaines et des outils de travail, des lieux de travail, mais aussi des bijoux, des œuvres d’art, des objets de culte, des lieux de résistance. Derrière les esclaves, des hommes, avec une histoire individuelle, une histoire collective une mémoire qui s’est cristallisé dans des chants, des danses, une langue, une culture, des pratiques, des rites. La capacité des esclaves à échapper aux caprices de leurs maîtres, à maintenir des pratiques culturelles et cultuelles, à sauvegarder des espaces échappant au contrôle des maîtres, à créer une langue et une esthétique vernaculaires est sans conteste, le signe de leur profonde humanité dans un monde qui cherchait à la dénier. Cette mémoire orale sera explorée et restituée par le Mémorial. - Faire vivre Mettre en valeur les contributions des Antillais à la culture, à la pensée, à la création artistique et à la marche du monde. - Fabriquer A travers la recherche, fabriquer de la pensée A travers atelier et résidence d’artistes, fabriquer des œuvres contemporaines A travers une politique d’animation sociale, fabriquer de nouveaux comportements sociaux. - Se recueillir et commémorer Recueillement individuel/Commémoration collective Faire le deuil pour s’ouvrir sur le devenir et les possibles.
Mémorial ACTe
Le Mémorial ACTe
Projet scénographique
Le parti architectural « Des racines et des ailes »
Le Mémorial ACTe est un centre d’interprétation et non un musée. La volonté politique est de créer un contenu fort sur la mémoire dans lequel le passé informe le présent, le nourrit pour construire un futur enrichi de fondations consolidées. Il a donc été choisi de croiser les regards et les disciplines en s’appuyant sur l’histoire, cœur du projet, mais également sur l’ethnologie, l’anthropologie sociale et l’histoire de l’art, plus précisément l’art contemporain. C’est au travers de documents d’archives, d’images, d’œuvres d’art, d’objets de la vie quotidienne, de témoignages visuels et sonores que sera expliquée l’histoire de la traite et de l’esclavage. Cette approche croisée sera présente dans l’ensemble de la programmation artistique et culturelle qu’il s’agisse de l’exposition permanente, des expositions temporaires, des spectacles ou des conférences. La programmation artistique s’attachera à offrir la parole autour du projet Mémorial ACTe, aux créateurs et artistes les plus divers interrogeant ainsi les liens entre l’histoire et la création.
Le Mémorial ACTe sera composé de plusieurs éléments : • Un bâtiment qui abrite une salle d’exposition permanente et une salle d’exposition temporaire y compris les services connexes. Organisé autour d’un patio central, hall d’accueil solennel qui invite aux recherches généalogiques, le bâtiment propose ainsi près de 2500 m2 d’espaces d’expositions, mais aussi des services tels qu’une cafétéria, de la restauration, une boutique, une médiathèque, un espace de recherche, l’administration et les espaces techniques. • Un deuxième bâtiment, lié au premier par une arche métallique qui marque la place de la commémoration, abrite une salle polyvalente et un restaurant-bistrot de bord de mer. Cet espace congrès et arts vivants, sous gestion du Mémorial ACTe, offre une capacité de 400 places. • Ces bâtiments totalisent une surface de 4350 m2 sous une emprise de 1,2 ha.
L’exposition permanente sera une conception multilingue (français, créole, anglais, espagnol) ouverte aux contenus multimédias et accessible à tous les publics. A travers six archipels que composent 41 îles, le visiteur découvrira un parcours du temps de l’antiquité à 1492, de l’esclavage post-colombien à son abolition, des temps coloniaux aux indépendances jusqu’a aujourd’hui.
• Une passerelle relie les bâtiments au Morne Mémoire de Darboussier devenu jardin panorama-orientation sur une emprise de 2,2 ha. Des racines d’argent sur une boite noire : on pourrait ainsi résumer le parti architectural du Mémorial ACTe. La boite noire abrite l’exposition permanente et représente ainsi le socle renfermant la richesse que constitue la connaissance du passé et sur lequel se construit en partie la mémoire collective.
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Une grande exposition de plusieurs mois et plusieurs expositions mensuelles se tiendront chaque année. Elles seront principalement ouvertes sur le monde contemporain, pour faire vivre la pensée et la création artistique et culturelle d’ici et d’ailleurs. AURANT
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S ENTIEL Cette boite constitue le socle d’un développement matérialisé par uneVIDE SUR PATIO EMracinaire SE EVEN TERRAS m2 679,04 résille argentée aux formes audacieuses. Ces racines invoquent la quête des origines et suggèrent ainsi un élan, une croissance, un mouvement pour rayonner sur le monde et s’y exprimer.
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De même, la façade noire quartzée de cette boite constitue l’hommage aux victimes de la traite et de l’esclavage, la constellation quartzée représentant les millions d’âmes disparues.
Les six archipels sont : - Les Amériques, - Vers l’esclavage et la traite négrière, - Le temps de l’esclavage, - Le temps de l’abolition, - Post abolition et ségrégation, IQUE R BOUT - Aujourd’hui VIDE SU
Le Mémorial ACTe s’attachera à développer une collaboration active et permanente avec les services de l’Education nationale en élaborant des outils et des ateliers pédagogiques mais aussi en mettant à disposition une médiathèque ainsi qu’un espace de recherche généalogiques.
COMITÉ SCIENTIFIQUE Jacques ADELAIDE-MERLANDE Président Raymond BOUTIN Historien Alain BUFFON Historien Martine DACLINAT Historien Josette FALLOPE Historien Henri PETIT-JEAN ROGER Conservateur en chef du patrimoine Luc REINETTE Société civile Jean-Pierre SAINTON Historien Tony COCO-VILOIN Metteur en scène, responsable du bureau d’accueil des tournages Equipe de conception Programmation technique détaillée/ scientifique culturelle, muséographique BICFL Ingénierie Bruno AIRAUD et Jean-Loup PIVIN Architectes Thierry L’ETANG Anthropologue Sylvie TERSEN Conservateur régional CED Guadeloupe Assistance au Maître d’ouvrage (AMO) SEMSAMAR / BICFL Maîtrise d’œuvre Groupement d’architecture BERTHELOT/MOCKA CELESTINE SARL d’architecture DORE MARTON COLORADO Agence TER FI INGENIERIE
Projet scéno-muséographique François CONFINO Bureaux d’études BET Structure & Thermique BETCI - Groupe Encelade ZI de Jarry BET Fluides - Réseaux divers F.I Ingénierie Equipe de réalisation - ICM - VORDE - SOBATRAP - BMJ - FPRB Coordination générale Mémorial ACTe SEM Patrimoniale Régional : Direction J.P FISCHER Equipe exécutive Mémorial ACTe - Pierre REINETTE Direction exécutive - Thierry L’ETANG Chef de projet scientifique et culturel - Manuela NIRHOU Chef de projet communication et médiation culturelle - Betty FELIX Secrétariat Mail : betty.felix@cr-guadeloupe.fr Tel : 0590 804040 poste 4304