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Sommaire
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I Préface
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II Introduction
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III Faisons connaissance
P7 a Description P8 P11
b Résultats du sondage
IV Pourquoi être locavore ?
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a Écologie
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b Éthique
P14
c Santé
P16
V Mon expérience
P16
a Comment faire ?
P18
b Marché
P20
b Dégustation
P22 VI Espoir P24
VII Conclusion et remerciements
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VIII Bibliographie
Photo de couverture © Union Suisse des Paysans
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Préface
Ce sujet m’intéresse particulièrement car il me concerne. Chaque semaine, je fais mes courses au supermarché de mon quartier en choisissant les articles d’après le prix et sans chercher plus loin. Depuis que je me suis rendue compte de tout ce qu’il se passait dans le dos des consommateurs, c’est une grande remise en question. La découverte de ce régime alimentaire, le locavorisme, se présente comme une solution aux nombreux faits révoltants de notre époque que je vais présenter dans ce travail. A travers mes recherches, je souhaite surtout mieux découvrir le mode de vie locavore afin de savoir s’il peut correspondre à mon emploi du temps, mon budget et mon équilibre.
Introduction
« Comment se transformer en locavore ? » Je prévois de répondre à cette problématique à travers trois thèmes. Avant tout il y a la découverte, c’est quoi un locavore au juste ? Puis vient la phase de prise de conscience. Pour quelles raisons adopter un régime imposant une telle contrainte ? Enfin, quels moyens avons-nous à disposition pour mener à bien ce projet ? La protection de l’environnement, un sujet d’actualité depuis quelques années, nous concerne tous. Alors que notre planète se dégrade à grande vitesse, chacun devrait prendre conscience de son rôle dans ce problème afin de pouvoir ensemble ralentir le réchauffement climatique. C’est pourquoi de plus en plus de voitures électriques ou hybrides circulent sur nos routes. Si on n’investit pas dans un tel véhicule, il est recommandé d’utiliser les transports en commun dont le tarif augmente chaque année. Les maisons sont recouvertes de panneaux solaires dans les nouveaux quartiers alors que dans d’autres régions plus rurales, des éoliennes perturbent le sommeil des villageois. Et notre assiette, prend-elle les transports en commun ? Elle le devrait. En effet, un repas parcourt en moyenne 3000 kilomètres avant d’être servi à notre table. Se nourrir est un besoin vital dont on ne reconnaît pas assez l’importance et l’influence sur la santé, l’écologie et l’économie. Les locavores eux, les ont en revanche bien comprises. Le terme locavore, encore bien peu connu désigne les personnes ayant choisi de se nourrir exclusivement d’aliments produits localement. Il s’agit d’un moyen de prendre ses responsabilités face au réchauffement climatique et autres problèmes liés à la mondialisation et aux pièges de la société de consommation.
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Faisons connaissance… Description
« Locavores… de loca en espagnol ? C’est fou… » « Alors, vore du grec c’est manger… manger des insectes ? » Au moment de commencer mon travail personnel, j’en ai naturellement parlé autour de moi. Les réponses obtenues se sont révélées très humoristiques. Force est de constater que ce terme est pour l’instant tout à fait méconnu en Suisse.
Manger local « local, ale, aux. adj. Qui concerne un lieu, une région, lui est particulier. » 1 Comme on peut le lire dans Le Robert micro, le terme local ne définit pas de notion de quantité, ou en l’occurrence de distance. Autrement dit, le terme locavore qui désigne les personnes se nourrissant exclusivement de produits locaux n’est pas strictement défini. Néanmoins, on préconise un rayon de 160 kilomètres, d’où le nom 100 miles diet qui signifie littéralement « le régime des 160 kilomètres ». C’est à un groupe de particuliers de San Francisco qu’on doit ce concept2. L’idée de base en 2005 était un défi, le eat local challenge qui consistait justement à se nourrir localement durant le mois d’août. Deux ans plus tard, ce défi s’étendait au mois de septembre et on encourageait également les participants à faire des provisions pour l’hiver. Cette même année, locavore obtient le titre de « mot de l’année » du Oxford American Dictionary. Aujourd’hui le principe a traversé l’Atlantique et se développe petit à petit en Europe, à l’image de « 200 km à la ronde », une émission diffusée en 2012 sur la chaîne de télévision France 3. Cette façon de s’alimenter ne se présente désormais plus comme un défi mais comme un régime, une manière de vivre.
1 selon le Robert micro 2 D’après le site www.locavores.com
Résultats du sondage
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40 ans et plus 11%
60 ans et plus
30-40 ans 6 %
50-60 ans 40-50 ans
25-30 ans 9 %
0-20 ans 50-6036 % ans 60 ans et plus
âge
30-40 ans
40-50 ans 30-40 ans
20-25 ans 39 %
25-30 ans
25-30 ans 20-25 ans
20-25 ans chez le producteur ou l’artisan 25%
supermarché réfrigérateur Autre 85 % de maman 38 % valeur énergétique lieu de prédiléction pour(calories) les achats*
120 100 80
bio (produits bourgeons)
60
restaurant provenance ou fast food 18 % marché réputation du commerce 23 %
120
40
100
marque
20
120
40
100 80
prix
valeur énergétique 22 %
bio 15 %
provenance 53 %
réputation du commerce 13 %
60
prix 73 %
80
marque 25 %
priorité lors des achats*
0
* pourcentage des sondés question à choix multiples
Es-tu locavore ? Afin de connaître l’avis des gens et leurs connaissances à ce sujet, j’ai créé un sondage que j’ai ensuite partagé au maximum. Ainsi, j’ai pu approcher plus de 160 personnes.
Qui es-tu ? Il faut reconnaître que les avis ne sont pas forcément représentatifs de la population globale. La majorité des personnes interrogées se situe dans les catégories d’âges « jusqu’à 20 ans » et « entre 20 et 25 ans », à hauteur de 36 % et 39 % respectivement. Il est toutefois non-négligeable que ces personnes étant jeunes, représentent la société de l’avenir et sont de ce fait en mesure d’agir et de choisir de changer (ou non) le cours des choses.
Suis-tu un régime particulier ? Le premier fait à m’avoir surprise a été la proportion de végétariens/végétaliens. A hauteur de 5,6 %, tout de même loin d’être majoritaires, cela représente 9 personnes. Or, parmi mes connaissances, je ne compte qu’une personne pratiquant ce mode de vie. A l’opposé, quelques personnes ont indiqué suivre un régime protéiné, ou « carnivore ». En effet, dans le domaine de la musculation on fait l’éloge des protéines permettant de réduire la masse graisseuse et augmenter la taille du muscle. On remarque là deux visions en vogue, prônant la santé mais pourtant tout à fait contradictoires.
« En Suisse, mille paysans ferment boutique chaque année, quand ils ne choisissent pas d’en finir avec la vie. Et ceux qui continuent, travaillent comme des forcenés pour gagner un salaire de misère. » 13 Voici le texte que j’ai utilisé pour symboliser le côté éthique et c’est celui qui a le plus interpellé bien qu’on puisse lire des témoignages tels que « Rien à fo*tre » ou « J’ai connu des paysans à l’école secondaire, c’étaient les plus riches de la classe donc je peine à les plaindre ». Ces derniers ainsi que les autres témoignages défavorables proviennent de jeunes en dessous de 20 ans, vivant chez leurs parents. On peut déduire qu’il faut une certaine maturité pour être sensible à ce genre de faits. L’écologie se révèle être ce qui touche le moins, un bon nombre de gens préférant satisfaire une envie passagère plutôt que de faire un petit effort de restriction afin de préserver l’environnement.
Avec qui vis-tu ? Cette question permet de supposer que la majorité ne fait pas elle-même les courses quotidiennes ou hebdomadaires puisque 61 % des personnes ont répondu vivre avec leurs parents. Le supermarché étant le lieu de prédilection pour les achats, on y regarde essentiellement le prix pour choisir ses articles. La moitié des personnes interrogées a tout de même indiqué prêter attention à la provenance des aliments. Ce qui m’intéressait particulièrement était de connaître, parmi les trois chapitres de mon travail exprimant les raisons du régime locavore, ce qui touchait le consommateur. J’ai tenté d’illustrer chaque thème avec un fait cité sur internet.
13 www.rts.ch
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Pourquoi être locavore ? Écologie
Et si on revenait quelques siècles en arrière ? Au moyen âge, on se nourrissait essentiellement de soupes, de pain et rarement de viande, cette nourriture étant réservée généralement aux nobles ou au repas du dimanche. Plus tard, au temps des Grandes Découvertes, les colons ont permis la découverte d’autres aliments tels que les fruits exotiques (oranges, bananes,…) ou les épices. Jusque là, tout va bien. Au XXIe siècle, ère du « tout et tout de suite », on désire disposer de n’importe quel ingrédient, peu importe la saison. Pour cela, on les produit dans des climats plus favorables et on les importe ensuite jusque dans notre point de vente. Aujourd’hui, on mange deux fois plus de viande qu’il y a 60 ans, soit en une vie sept bœufs, huit moutons, 27 porcs et plus de 100 poulets et autres volailles.
Vous désirez un deuxième service de pétrole ? Certes, l’agriculture en Suisse est responsable de 22 % des gaz à effets de serre émis par tous les secteurs économiques3, soit plus de 40 000 milliers de tonnes d’équivalent CO2 en 2012. Ceci est dû essentiellement à l’utilisation des engrais et des pesticides, produits à base de gaz naturels qui engendrent ainsi des émissions de CO2. Nous pouvons donc considérer qu’en mangeant du pétrole et du gaz sans en être conscients, nous contribuons également au réchauffement climatique. Imaginez donc par exemple, l’impact sur l’environnement de la fraise que l’on mange au réveillon de Noël, si l’on y ajoute encore un transport en avion. C’est simple : 1 kilogramme de fraises importées d’Israël nécessite 4,9 litres de pétrole alors que la même quantité cultivée en Suisse ne nécessite que 0,2 litres4. A l’échelle mondiale et en prenant en compte l’intégralité des coûts de la production industrielle de nourriture, cette dernière est la source de près de la moitié des gaz à effet de serre.
© Union Suisse des Paysans
3 www.statistique.admin.ch 4 http : //www.wwf.ch/fr/savoir/consommation/ manger_boire/fruits_legumes/
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Ethique
« Paysan, une espèce en voie d’extinction » 5 « */ % & ! ? ` (série d’injures non-retranscriptibles)… le prix du lait a encore baissé ! » Voici une phrase que j’ai entendue maintes fois durant mon enfance sans réellement l’écouter. Aujourd’hui seulement, je suis en mesure de la comprendre et de m’y intéresser. Mon père, agriculteur, a un revenu plutôt modeste. J’ai grandi en pensant qu’il se plaignait volontiers mais que ce n’était pas justifié, d’autant plus lorsque je voyais nos voisins, paysans eux aussi, relativement aisés. En visionnant une émission télévisée montrant la difficulté du métier de paysan en Suisse romande, j’ai réalisé à quel point la situation était grave. On y voit un jeune paysan jurassien les yeux remplis de larmes après avoir essuyé un grand nombre de reproches méprisants de la part de la vétérinaire cantonale, à causes des réglementations suisses de plus en plus strictes. La mondialisation joue évidemment un grand rôle dans la raréfaction des paysans suisses. On produit des aliments en énormes quantités, à l’aide de machines et d’infrastructures impressionnantes dans des pays où la main d’œuvre est extrêmement bon marché. Une fois que cette marchandise a voyagé jusqu’à nos étalages, elle se révèle moins chère que celle produite en Suisse. Est-ce que cela semble surprenant que le consommateur choisisse les pommes de terres ou le lait qu’il paiera le meilleur marché, au détriment des paysans suisses ? A première vue, cela semble même couler de source en ces temps de crise économique.
« Moins pour nous, assez pour tous » C’est le nom de la campagne œcuménique 2015 d’Action de Carême, Pain pour le prochain et Être partenaires.6 On dénonce ici la surconsommation des pays occidentaux. En consommant tant, on prive certaines populations de leurs richesses. Au Brésil, on déboise chaque année une surface de forêt tropicale correspondant aux trois quarts de celle de la Suisse, au profit de monocultures de soja, transformé ensuite en aliments concentrés destinés à nourrir notre volaille dite « suisse ». Le principe de la monoculture est de cultiver une seule espèce de plante (qui peut être du soja, comme indiqué ici, du riz, du tabac, des palmiers ou de la canne à sucre) sur une parcelle ou une région entière7. Ce mode de culture peut causer des conséquences telles que l’épuisement des éléments nutritifs du sol. Ces cultures s’agrandissent, au détriment des petits paysans ne pouvant pas concurrencer de telles infrastructures. Ils renoncent donc à leurs exploitations pour ensuite être employés et payés très faiblement par de riches entrepreneurs de l’agroalimentaire. Cela contribue à rendre le riche plus riche, et le pauvre plus pauvre. Alors que la famine touche presque un milliard de personnes dans le monde, un tiers des ressources des pays en difficulté est destiné à nourrir la viande qui sera mangée dans les pays riches. Si l’on dispose par exemple d’un hectare de terrain que l’on destine à la production de viande, on pourra nourrir un couple. Si on le destine à la culture de légumes, on pourra nourrir une famille. Et pour terminer, si on le destine à la culture de pommes de terres, on pourra nourrir une équipe de football (entraîneurs et médecins inclus).
5 Titre de l’émission Temps Présent du 16 janvier 2014 sur la RTS. http : //www.rts.ch/video/emissions/temps-present/5535403-paysan-une-espece-en-voie-d-extinction.html 6 www.voir-et-agir.ch/fr 7 www.wikipedia.org
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Extraits de la vidéo « Jamie Oliver VS Fast Food, Food Revolution, Pink Slime, McDonald’s »
Santé
L’alimentation, le carburant du corps En considérant que la nourriture est la source d’énergie principale de notre corps, et de ce fait un besoin vital, on imagine aisément l’impact qu’elle peut avoir sur la santé lorsqu’elle n’est pas de qualité. Consommer des produits locaux permet premièrement de manger des fruits et légumes cueillis à maturité qui seront consommés dans un laps de temps raisonnable et relativement court, contrairement aux produits qui mûrissent durant le transport. On conserve ainsi une grande partie des qualités nutritives8. De plus, les aliments que l’on aura achetés au marché ou chez le producteur ne seront pas transformés. Certes, on devra prendre le temps de les cuisiner mais on évitera ainsi les additifs alimentaires, auxquels tant de maux sont associés avec une simple recherche des termes « maladies additifs alimentaires » sur internet. La quête de consommation locale dans un but sanitaire aura tendance à conduire le consommateur averti vers d’autres principes : le bio et le végétarisme.
« Les aliments bio sont-ils plus sains ? En principe, il est aussi possible de se nourrir de manière erronée ou préjudiciable à la santé (trop gras, trop sucré, trop riche) avec des aliments bio. Pourtant, des études scientifiques réalisées par le FiBL/IRAB (Institut de recherche de l’agriculture biologique) démontrent que les pommes bio par exemple présentent davantage de substances vitales que les pommes produites de manière conventionnelle (les phénols considérés comme des substances qui assurent une défense naturelle contres les radicaux libres). En raison d’un mode de production respectueux, du renoncement complet aux engrais et aux pesticides chimiques de synthèse, les consommateurs bio absorbent moins de résidus dans leur alimentation. En outre les aliments Bourgeon sont confectionnés par des processus particulièrement doux et en l’absence presque totale d’additifs. » 9
Maladies cardiovasculaires, ostéoporose, cancer du colon, obésité, diabète de type 2… Ceci est une liste loin d’être exhaustive de troubles de la santé potentiellement en lien avec la consommation de viande et de produits laitiers10. Un avis que tend à confirmer la Commission fédérale de l’alimentation en novembre 2014 dans un communiqué publié par NZZ am Sonntag. En effet, en comparaison aux mangeurs de viande raisonnés, les risques de mortalité des grands carnivores augmenteraient de 29 pour cent en treize ans. « Quand on se positionne sur l’alimentation, on attise vite les tensions. » met en garde la Verte libérale Isabelle Chevalley (VD) 11. Est-ce pour cela que l’information a moins intéressé les médias que Nabilla et son couteau ? Ce travail n’étant pas orienté sur le végétarisme, plus d’arguments concernant ce régime ne seront pas avancés. Or, il est important d’être conscient de la nature de ce que l’on achète et ingère.
« I’m lovin’ it » Les burgers du géant du fast-food Mc Donald’s contiendraient de la « pink slime » ou glue rose. Qu’est ce que la pink slime ? Jamie Oliver le montre très bien dans une vidéo12 où il présente un bœuf sur lequel il indique le prix de chaque partie. Il se munit ensuite de la partie ayant le moins de valeur, qui coupe l’appétit à tout le public présent, celle-ci étant composée de tendons, de graisse et de tissus conjonctifs. A l’aide d’une centrifugeuse et d’ammoniac, il en fait de la viande hachée comme on en trouve dans nos étalages de supermarchés.
8 http : //docteurbonnebouffe.com/pourquoi-manger-local-024/ 9 http : //www.bio-suisse.ch 10 https : //www.youtube.com/watch ? v=NlN4wH3swgU 11 http : //www.tdg.ch/suisse/Notre-consommation-de-viandeest-dans-le-viseur-de-Berne/story/10519093 12 https : //www.youtube.com/watch ? v=zbPK9mF4xqU
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Mon expérience Comment faire ?
Les aliments de saison, la clé Se nourrir localement nécessite de connaître l’origine de culture de ses aliments. On doit donc savoir également et prendre en considération, qu’en Suisse, on ne peut pas produire de tout et durant toute l’année. D’où l’importance d’apprendre quels légumes ou fruits peuvent être cultivés ou conservés durant quelle saison. En hiver par exemple, bien que cela soit la saison la plus rude, on trouve en Suisse un grand nombre de choux (chouxfleurs, choux rouges, choux blancs, choux de Bruxelles…), du poireau, des pommes de terre, des salades, des courges, des carottes, des herbes aromatiques, des pommes, des poires et bien d’autres aliments du potager.
Légumes disponibles en novembre © gemuese.ch
Le prix de la nourriture locale serait plus élevé
En campagne
Grâce à mon sondage, j’ai pu constater que la majorité des personnes était favorable à l’alimentation locale. Les sondés semblaient conscients de son impact positif sur ce qui les touchait le plus parmi les conséquences proposées (au niveau éthique, écologique ou sanitaire). Ils se disculpaient pourtant de leur inactivité face à ce fait grâce à l’excuse « oui mais ça coûte cher ! »
En analysant les résultats du sondage, j’ai pu lire qu’en campagne il était plus difficile de consommer local. Cette affirmation me paraît tout à fait paradoxale. Cultive-t-on fréquemment des légumes entre les immeubles ?
Est-ce correct ? Je ne pense pas pouvoir répondre objectivement à cette question. Le régime locavore comme tout régime tel que le végétarisme est premièrement lié à une prise de conscience ou à des valeurs morales. L’idée est simple : manger intelligemment ! Ce qui signifie globalement de manger moins de viande, plus de fruits et de légumes, moins d’additifs et de pesticides pour plus de nutriments. Je me permets de résumer ces termes par bio et local. Le problème et la solutions sont réunis et dépendent l’un de l’autre. Si le problème n’est que budgétaire, le seul produit qui devrait coûter plus cher serait la viande. En envisageant d’adopter un régime, que ce soit dans un but diététique, sanitaire ou éthique, on se prépare à changer son alimentation et faire face à certains sacrifices nécessaires. Théoriquement, la différence entre le prix d’une grande quantité de mauvaise viande et la petite quantité de viande saine et naturelle compensera largement la hausse de prix de la denrée même au kilogramme. De plus, on bénéficiera d’une meilleure qualité de produit. Dû au fait que l’on n’aura donc pas la même consommation, je ne pourrai pas prouver ces spéculations, je ne contredirai donc pas cet argument de manière catégorique. Mais les cerises que j’ai achetées cet été au prix de 4 francs les 500 grammes au marché pour les voir ensuite à la Coop pour 7.95 frs (la même quantité) m’empêchent de croire à la véracité de cette excuse qu’est le prix.
Si toutefois on n’est pas en mesure de se rendre chez un producteur ou au marché, il existe l’alternative des paniers de légumes livrés à domicile. Ce concept permet au consommateur un gain de temps ainsi que de qualité pour un tarif tout à fait raisonnable. Le site la-belle-bleue propose un grand choix de paniers hebdomadaires ou bimensuels différents adaptés à des foyers allant du couple à la famille de 9 personnes. Pour 8 à 10 sortes de légumes suffisant à une famille de 4 personnes, le panier hebdomadaire coûte 57 francs, livraison incluse. Notre dose quotidienne de vitamines nécessaires pour appréhender l’hiver revient ainsi à 2 francs par personne. On trouve également une épicerie en ligne, proposant divers produits régionaux ou bio allant des produits laitiers aux cosmétiques, en passant même par le sapin de Noël en période de fêtes.
Mes moyens ne me permettant pas de refaire toutes les réserves de ma colocation, je vais faire l’impasse sur les produits tels que l’huile, les épices, etc. Je tenterai néanmoins d’en consommer le moins possible, au profit de la saveur des produits frais. Mes armes seront les artisans et producteurs, les légumes de saison et les livres de recettes. Pour ce faire, je me fixe l’objectif de me rendre au marché ainsi que dans une boucherie. Je vais réaliser un repas complet à partir des denrées que je me serai procurées dans ces points de vente.
Marché On a la possibilité de se rendre à quatre marchés en ville de Fribourg durant la semaine. Le samedi matin, une septantaine d’artisans et de producteurs se trouvent sur la place de l’Hôtel de ville. Certains stands se situent également à la rue du Simplon. Le mercredi, le marché tient lieu sur la place Python et à la rue du Simplon également. L’horaire de ces marchés est de 6 h 30 à 12 h mais en me renseignant, j’apprends que les vendeurs de la rue du Simplon restent jusqu’à 12 h 30. Ceci me permet de m’y rendre durant ma pause de midi du mercredi puisque cette rue se situe en face de mon lieu de travail.
Paniers de légumes
La boucherie « à la ferme » J’ai vécu plusieurs années vers le « Domaine au village », où j’ai vu des vaches pâturer sereinement. Celui-ci est associé à la boucherie « à la ferme ». Ce commerce est ouvert du lundi au vendredi de 8 h à 12 h et de 14 h à 17 h 30 ainsi que le samedi de 8 h à 12 h, ce qui permet à une personne ayant une vie professionnelle hors du village de s’y rendre. Leur site internet promeut une haute qualité de viande car les taureaux sont élevés sur place. 90 % de la nourriture des bêtes est issue des surfaces du domaine. Le 10 % restant est inévitablement composé de minéraux, soja ou maïs importés que le producteur choisit sans OGM et avec un certificat de garantie de provenance.
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Le marché
Visite du marché en ville de Fribourg Un mercredi matin, je me suis rendue au marché. J’ai choisi cette fois de m’y rendre en semaine pour une meilleure disponibilité des artisans. Lors de cette visite, j’avais pour but de me fournir les ingrédients pour un repas 100 % locavore. J’ai donc déambulé entre les stands afin de trouver tout ce dont j’avais besoin. J’en ai également profité pour me renseigner sur ce que j’achetais.
Rencontre avec les artisans Arrivée sur la grande Place Python, je me suis orientée vers le premier stand que je voyais. C’était un boulanger, vendant pain, brioches et même confitures. Avant d’acheter mon pain j’ai tenté de poser quelques questions au vendeur. Peu aimable, il m’a tout de même répondu, lorsque je lui ai demandé si son pain était totalement suisse, que sa farine provenait du moulin de Payerne, en revanche qu’il ne savait pas de quelle origine était sa levure, puisqu’il l’achetait en grande surface. Après avoir acheté mes 500 grammes de pain mi-blanc pour le faible coût de 2,20 frs, j’ai observé les stands des maraîchers. Nombreux, il était difficile de choisir. Je me suis premièrement dirigée vers celui qui proposait des courgettes et des poivrons car cela m’interpellait de voir ces légumes au mois de décembre. En effet, il faisait 4 degrés ce jour-là, ce qui annonçait bien le début de l’hiver. On était loin de la ratatouille et des salades estivales ! Lorsque j’ai demandé naïvement si ces denrées étaient suisses, le producteur s’est mis à rire puis m’a expliqué qu’il devait d’un moyen ou un autre payer les factures en hiver également. Un autre m’a expliqué à ce sujet que la clientèle exigeait d’avoir toutes les variétés de légumes au fil de l’année mais qu’il essayait tout de même de limiter le trajet de ce qu’il vend, ses brocolis étant par exemple italiens.
Gfeller, maraîcher bio de Sédeilles (VD) J’ai finalement choisi d’acheter mes légumes et fruits dans le plus grand des stands. C’était un stand portant le drapeau bio. Dans chaque caisse contenant choux, poireaux ou carottes se trouvait une étiquette sur laquelle figurait le label bio ainsi que le prix. Comme chez le fromager, l’étiquette était différente si l’artisan l’avait produit lui-même (entre 60 et 70 pour cent de ce qui était proposé) ou non. Je me suis permis de demander au producteur s’il s’en sortait bien financièrement. Il m’a avoué ne pas rouler sur l’or. En effet, même s’il dispose d’une grande structure, la culture bio demande deux fois plus de main d’œuvre.
Quand les courses deviennent un moment de détente L’ambiance du marché m’a beaucoup plu. Tout le monde y est par plaisir. On y rencontre des clients n’étant pas pressés ni stressés. Il n’y a pas de file d’attente à la caisse et si toutefois on doit patienter, c’est l’occasion d’échanger quelques plaisanteries avec d’autres clients. J’y ai rencontré des producteurs passionnés, privilégiant la qualité au profit, certains se gênant presque de vendre des œufs ou du lait issus de la production de leurs voisins et non de la leur. La conviction de ces personnes dans leur mode de vie m’a touchée, à l’image de l’agriculteur dont toute l’exploitation est bio jusqu’aux cornets biodégradables conçus à base de maïs qu’il donne à ses clients. Un autre m’a répondu qu’il était évident qu’il savait d’où provenait sa farine, puisqu’il en cultivait le blé et la moulait lui-même ! J’y ai appris de nombreuses choses. La culture de soja et la production de tofu dans le canton de Fribourg m’ont entre autres beaucoup surprise.
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Dégustation
Mes convives ont beaucoup apprécié le menu exclusivement locavore que j’ai élaboré grâce à l’inspiration du marché. Je n’ai pas trouvé de recette me convaincant contenant uniquement des produits locaux et de saison. C’est pourquoi, j’ai cuisiné en fonction de mes connaissances et idées. C’est ainsi que j’ai pu n’utiliser que des produits suisses. La mince partie des ingrédients provenant de grande surface (huile de colza, miel, vin blanc) était néanmoins bio et d’origine suisse. J’ai acheté au marché tous les produits frais ainsi que le cidre et le Pinot noir que j’ai choisis pour l’apéritif et accompagner le plat. De la cueillette des pommes à la mise en bouteille, le cidre provient du Mouret, de même pour le Pinot qui vient lui de Cheyres.
Menu locavore Entrée
fromage mi-vieux et œufs brouillés sur leur lit de doucette salade de betterave à la vinaigrette
Plat principal
émincé de poulet à la ciboulette mousseline de pommes de terres mélange de légumes hivernaux vapeur
Dessert
thé de menthe fraîche au miel biscuits de Noël
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Espoir…
Remise des signatures de l’initiative à Berne © Union Suisse des Paysans
Le rayon légumes de la Foodcoop de New York © Sophie Caillat, rue89.nouvelobs.com
Prise de conscience
La Louve
Alors que les bénéfices à différents niveaux d’une alimentation locale et sans additifs ou pesticides n’est plus à prouver, sa difficulté est pourtant indéniable. Tant au niveau financier qu’au niveau pratique, l’investissement que cela nécessite n’est pas à la portée de tout le monde. Les produits certifiés suisses et bio restent plus rares et plus chers dans les supermarchés et on trouve des produits provenant de partout au marché régional.
A Paris est en train d’éclore une coopérative appelée la Louve. Le concept qui est né aux États-Unis où il porte le nom de Park Slope Food Coop15 consiste à créer un supermarché de produits locaux. Ces supermarchés ne sont pourtant pas réservés aux personnes ayant un revenu élevé, comme en témoignent les lieux qui sont choisis pour les y instaurer, à savoir Brooklyn et le 18è arrondissement de la ville de Paris. Leur faible coût est possible pour diverses raisons. La première à connaître est que ce supermarché est à but non-lucratif. De plus, la majorité de son entretien est réalisé par les membres eux-mêmes, qui s’engagent à fournir trois heures de leur temps à raison d’une fois par mois pour, en contrepartie, pouvoir y faire leurs courses. Ceci permet de réduire de 75 % les coûts de la main d’œuvre et ainsi des produits.16
Il est néanmoins intéressant de remarquer une certaine prise de conscience de la population. Petit à petit, les choses se mettent en place, les efforts sont fournis afin que l’on puisse se nourrir mieux. J’ai entendu une fois que la seule manière de toucher le peuple suisse était à travers son porte-monnaie. C’était me semble-t-il dans le contexte des règles de circulation routière. Cette philosophie me paraît pourtant très adaptée également à la consommation en général, l’alimentation incluse. On pourrait donc envisager que le gouvernement incite le consommateur à consommer local en permettant aux producteurs de produire pour des coûts plus faibles. C’est ce que promeut « l’initiative pour la sécurité alimentaire » proposée par l’Union suisse des paysans. En l’espace de seulement trois mois, celle-ci a récolté les 150 000 signatures nécessaires.
Quels sont les objectifs de « l’initiative pour la sécurité alimentaire » ? 14 On souhaite dans un premier temps prévoir les développements de croissance de population, le changement climatique, la raréfaction des ressources et ainsi être en mesure de les affronter en temps venu. Cette initiative permettrait également de fournir à long terme aux personnes vivant en Suisse, un approvisionnement indigène et d’un plus haut niveau de qualité. Les paysans et leurs familles ainsi que les terres cultivables seraient préservés.
Ce principe est très développé en Australie ainsi qu’aux États-Unis où l’on trouve un grand nombre de coopératives de ce genre. Cette innovation se développe peu à peu au Nord de l’Europe comme au Royaume-Unis, en Norvège, en Allemagne ou encore au Danemark, ce dernier pays comptant plus d’une quinzaine de coopératives semblables. 17
Slow Food Cette organisation est présente dans 150 pays et compte 100 000 membres et plus de 2000 communautés alimentaires produisant des aliments de qualité, de façon durable et dans les quantités possibles pour être créées artisanalement. Ses activités sont diverses : Slowfood permet tout d’abord de trouver d’autres personnes soucieuses d’une bonne alimentation afin d’échanger dans le but de faire naître des idées, des initiatives ou des manifestations. Par exemple, un Convivium vise à améliorer la production du Vacherin fribourgeois dont seulement 2 % provient de lait cru.18 Ces projets s’appellent Presidi ou Sentinelles. Un grand nombre de ces produits ainsi améliorés entrent ensuite dans l’Arche du goût, un répertoire de denrées menacées de disparition, afin de les préserver.
En dehors de la politique, des citoyens dotés d’une responsabilité sociale plus élevée que la moyenne ont également des idées pour rendre la consommation locale plus adaptée à tous les budgets.
15 w ww.wikipedia.com 16 w ww.cooplalouve.fr 14 http : //www.securitealimentaire.ch/fr/arguments.html
17 w ww.wikipedia.com 18 www.slowfood.ch
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Conclusion
Bien que la réponse à ma quête n’ait pas été celle que j’espérais, elle a été bien plus. En effet, j’ai dû réaliser qu’une nourriture exclusivement locale serait bien trop contraignante pour moi pour diverses raisons.
Un défi plaisant
Une ambition grandissante
A première vue, je pensais pouvoir faire cette expérience en remplissant mon caddie à la Migros en me fiant aux étiquettes indiquant « produit en Suisse ». Or, j’ai rapidement compris que ça ne correspondait pas du tout à la « philosophie locavore » et à ses principes. L’objectif étant de favoriser les agriculteurs, réduire l’impact écologique et surtout d’être assuré de la qualité de ce que l’on consomme. Ce qui demande donc d’abandonner les produits pré-fabriqués pour apprendre à cuisiner des ingrédients frais et de saison. Ce mode de vie demande énormément d’organisation et de connaissances. La variété des aliments est également réduite. Mais je dois avouer que pour ma part, j’en ai découvert de nouveaux, mes colocataires et moi nous nourrissant quasiment que de courgettes auparavant. L’idée ne me serait pas venue à l’esprit de cuisiner des choux de Bruxelles ou de la betterave si je ne m’étais pas retrouvée face à un maraîcher ne me proposant que cela. Et pourtant quel bonheur ! Et le retour en enfance que j’ai vécu en savourant un pruneau ramassé tout droit d’un verger de la région ou des épinards en branches tels que ceux que je mangeais chez ma grand-maman n’a fait qu’amplifier ma satisfaction.
Pour résumer, je pense pouvoir avancer que ce travail a beaucoup plus changé ma vie que le simple fait d’adopter un régime particulier comme je le pensais innocemment en commençant mes recherches. Une ambition nouvelle m’est parvenue : changer le monde ! Au risque de paraître utopique, je crois en l’avenir. Je suis convaincue que les exemples d’espoir cités dans le dernier chapitre ne seront que plus grands et plus nombreux, à tous les niveaux de la consommation. Et comme le dit Alessandro Di Giuseppe, le PDG et Saint Père de l’Église satirique de la Très Sainte Consommation, « les vrais utopistes sont ceux qui croient qu’une croissance infinie dans un monde aux ressources finies est possible » 19. En tant que consommatrice, je fais tous les efforts dont je suis capable. Je souhaiterais également sensibiliser les autres personnes, leur donner l’étincelle pour que s’allume la curiosité en eux, l’intérêt pour le futur. J’ai l’espoir intime que ce travail aura touché les personnes l’ayant lu ainsi que toute personne m’ayant aidé à le rédiger en répondant à mon sondage.
Un travail de maturation Il a été difficile pour moi de retranscrire tout ce que j’ai appris durant ce travail. La maturité que j’ai acquise malgré moi en m’intéressant à ce sujet est précieuse. Les trois thèmes que j’ai abordés m’ont permis une réelle prise de conscience. Que ce soit au niveau écologique, éthique ou sanitaire je me suis ainsi ouverte à des sujets sur lesquels je préférais fermer les yeux auparavant. « Surconsommation », « mondialisation » ou « énergies renouvelables » étaient des termes presque inconnus pour moi. Je suis passée par une phase de « révolte » envers la société de consommation. On se sent tellement impuissant face au « Dieu profit » tenant les rênes du monde. Cela m’a pourtant permis de trouver d’autres personnes ayant les mêmes convictions et désirs pour l’avenir de la planète. Et c’est de cette manière que l’on peut faire changer les choses. Ensemble on est plus fort, c’est bien connu. Désormais, je cherche un équilibre entre confort personnel et bonne conscience par rapport à tout ce que j’ai appris. Cela ne consiste pas seulement à consommer local. A titre d’exemple, j’ai également renoncé à changer de portable pour la simple raison qu’un nouveau était arrivé sur le marché. Je sais également pourquoi je trie mes déchets en dehors du fait que la taxe sur les sacs poubelle coûte cher.
19 http : //mrmondialisation.org/au-nom-dupez-du-fric-et-du-saint-credit/
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Bibliographie Webographie
Remerciements
Le Robert micro Devenez Locavores! de Catherine Choffat www.locavores.com www.rts.ch www.statistique.admin.ch www.wwf.ch www.voir-et-agir.ch/fr www.wikipedia.org www.docteurbonnebouffe.com www.bio-suisse.ch www.youtube.com www.tdg.ch www.securitealimentaire.ch www.cooplalouve.fr www.slowfood.ch www.mrmondialisation.org
Je tiens à remercier du fond du cœur Ma sœur, Jasmine Balmer qui a été ma plus grande aide durant ce travail et sans qui rien n’aurait été possible Ma maman Inès Balmer dont les nombreux conseils ont été plus que précieux Maria Laura Velasco pour la relecture de ce travail L’équipe de Grafix qui m’a tout d’abord inspirée, puis soutenue et motivée : Anne-Laure Blanc, Corrado Luvisotto et Reynald Mariéthoz Les artisans du marché de la ville de Fribourg, qui m’ont renseignée avec passion et permis d’illustrer ce travail Ainsi que toutes les personnes ayant contribué de près ou de loin à ce travail tant par les échanges énormément enrichissants qu’on a partagés que par leurs réponses à mon sondage.
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Tina Balmer Polygraphe 2014-15