J Ratyńska, M. Kurkowski, A. Szkiełkowska R Markowska H Skarżyński “ Considérations audiologiques dans le test Tomatis ”
La Méthode Tomatis appartient à la fois à l'audiologie et la psychologie. Bien que le test d'écoute révèle un grand nombre d'information sur le profil d'écoute du patient et de son état émotionnel, on ne doit pas oublier que les résultats du test dépendent aussi de l'état physique de l'organe auditif. Le but de cette présentation est de montrer à quel point les différents types de troubles auditifs peuvent affecter les résultats du test d'écoute. Nous aborderons les implications médicales dans l'orientation du patient. Examen otologique (inspection des oreilles) Bien que le but du test d'écoute soit d'examiner en premier lieu la part sensorielle de l'organe auditif, nous ne devrions pas perdre de vue que les problèmes pathologiques de l'oreille externe et moyenne peuvent affecter les résultats du test d'écoute. Un des problèmes pathologiques les plus fréquents est le cerumen qui peut obstruer le canal auditif externe, et ainsi influencer le résultat du test d'écoute. Tous les patients soumis au test d'écoute devraient être questionnés sur leurs problèmes auditifs passés et présents, leurs opérations des oreilles, tout type de perte auditive et même l'usage de gouttes (qui peuvent affecter le résultat du test). Nous devrions également demander aux patients leur état de santé actuel. Même un rhume le plus commun peut influencer la pression de l'oreille moyenne chez un sujet autrement en bonne santé et ainsi interférer avec le test d'écoute. Dans l'idéal, tous les candidats au test d'écoute devraient être examinés par un otolaryngologiste avant le test. Test d'impédance Le test d'impédance est souvent effectué pour évaluer l'état de l'oreille externe et moyenne. Il consiste généralement en deux sous-tests : la tympanométrie, dont le but est de mesurer l'impédance de l'oreille moyenne, et les mesures réflexes acoustiques. L'application la plus courante de la tympanométrie est la mesure de la pression de l'oreille moyenne. Cette pression peut être altérée par différents facteurs, qui vont du rhume le plus courant à l'hypertrophie adénoïde fréquente chez les enfants. Le test d'écoute est très sensible aux variations de pressions de l'oreille moyenne. Une inversion des courbes d'écoute (courbe aérienne sous la courbe osseuse) peut suggérer des troubles de l'écoute, mais peut très probablement suggérer également un problème de l'oreille moyenne ou externe. Audiométrie tonale (Pure Tone Audiometry – PTA) La procédure d'une audiométrie tonale est très similaire à celle d'un test d'écoute. Tout type de pertes auditives détecté par une PTA (causées la plupart du temps par une lésion de la partie périphérique de l'organe auditif) peut se constater sur un test d'écoute. Des cas de pertes auditives légères ou sévères peuvent facilement être soupçonnés et identifiés sur le test d'écoute, même si aucun PTA n'a été effectuée. Une perte auditive par conduction se traduira la plupart du temps par une inversion des courbes d'écoute et une difficulté à localiser les sons (les réponses sont latéralisées sur l'oreille affectée). En cas de perte auditive sensorielle (causé par une lésion des cellules ciliées), on observe un déplacement des courbes osseuse et aérienne. Pourtant, des pertes auditives sensorielles légères peuvent constituer un problème de diagnostic, en particulier si la perte auditive dépasse les problèmes d'écoute. Une perte auditive de seulement 30 dB HL (Hearing Level) peut interférer avec les performances scolaires d'un enfant et peut à tort être identifiée sur un test d'écoute comme un problème d'écoute. Nous présenterons le cas d'un jeune garçon de 12 ans, à qui on a conseillé de faire un test d'écoute, dont la dyslexie a été diagnostiquée et présentant des problèmes scolaires. Le test d'écoute a révélé une baisse des courbes osseuse et aérienne. Un test de dépistage utilisant les émissions otoacoustiques évoquées était normal. Pourtant, l'examen PTA a révélé une perte auditive légère de 35 dB, qui pouvait être à l'origine des difficultés scolaires de l'enfant. Série de tests sur les capacités de traitement Les troubles des capacités de traitement (Central Auditory Processing Disorders – CAPD) sont très difficiles à diagnostiquer et à traiter. A l'heure actuelle, un nombre de plus en plus élevé de tests audiologiques sont disponibles, ce qui peut aider à diagnostiquer ce type de problème. En fait, les CAPD sont également la cible de la Méthode Tomatis puisque le but de la thérapie est l'améliorer les capacités de traitement. Les résultats des tests audiologiques de base dans le cadre des CAPD peuvent ne pas être concluants. Un test d'écoute peut être très utile dans l'identification du problème. Nous présenterons le cas d'une jeune fille de 10 ans. Cette jeune fille a consulté un audiologiste car elle se plaignait de perte auditive unilatérale. Pourtant, les résultats d'un PTA standard mais aussi les résultats des tests objectifs tels que le potentiel évoqué auditif précoce, les émissions otoacoustiques et le test d'impédance étaient normaux. Par
conséquent, la patiente a été orientée sur un test d'écoute, qui a révélé un problème d'écoute majeur (baisse significative des courbes) du côté où elle se plaignait d'avoir des problèmes. La jeune fille a été soumise à d'autres diagnostics. Le test d'écoute dichotique (Dichotic Listening Test – DLT) est très intéressant pour les praticiens Tomatis, puisqu'il est très lié au test de latéralité Tomatis. Pourtant, bien que ces deux tests soient complémentaires, ils testent différentes fonctions et qualités. Il est très utile d'avoir les résultats d'un DLT avant de commencer une thérapie Tomatis, car il n'est pas à chaque fois bénéfique de latéraliser l'écoute du patient sur l'oreille droite. Bien que cela soit rare, il existe des cas où la latéralité de l'oreille gauche est optimum chez un patient. Nous décrirons l'exemple d'un patient souffrant de bégaiements dont le discours et le langage sont situés dans l'hémisphère droit. Une première session Tomatis fut sans succès. Ce n'est qu'après que le problème soit identifié et que l'équilibre approprié soit rectifié que le patient a commencé à parler avec plus d'aisance. Il y a d'autres tests de capacités de traitement qui peuvent apporter beaucoup d'informations sur le patient ayant des problèmes d'écoute. Il y a par exemple le 'Frequency Pattern Test' (FPT), le 'Duration Pattern Test' (DPT) et les potentiels évoqués auditifs corticaux. Nous aborderons des exemples d'application de ces tests sur des candidats à la thérapie Tomatis et aussi dans le suivi des progrès du patient.