lES RÉACTIONS SOMATIQUES ET PSYCHIQUES AU BRUIT INDUSTRIEl
cent..) ~0rna tis 68, Bd d..: C:Ju cellas, 68
:rél. 227.23.93 PARIS·l7•
LES RÉACTIONS SOMATIQUES ET PSYCHIQUES AU BRUIT INDUSTRIEL
LES
REACT~ONS
SOl\iATIQ UES ET PSYCHIQ UES
AU BRUIT INDUSTR IEL
Certes, c 1 est à l'oreille et à l'oreille seule que l'on pense quand il s 1 agit du bruit. N'a-t- elle pas été p a rticulière ment conçue pour le percevoi r, l'appréci er, le goûte;r ? r N'a-t-ell e pas été spécialem ent désignée pour entendre ? Cette applicatio n stricte à la fonction même de l'oreille, cette r e striction d'ordre physiolog ique, suscite néanmoin s une gêne dans l'étude de la pathologi e du bruit . Commen t peut-on, en effet, envisage r qu'un autre organe puisse être sensible, voire perturbé dans son fonctionn ement dès qu'appar aît le bruit? Est-ce à dire que nous serions capables d 1 entendre autremen t que par l'oreille ? Hélàs non, pas plus que nous ne saurions voir autremen t que par l'oeil. Cependan t tout aujourd'h ui nous révèle que le bruit perturbe l'organis me entier. Tout nous prouve qu'il a dépassé les possibili tés de l'oreille. Et si 1'oreille garde le privilège d'entendr e le bruit, elle n 1est plus la seule à réception ner le bruit industrie l. Ce dernier, il est vrai, n'est plus du bruit à proprement parler, tel q~e nous le compren ons, tel que nous l e concevon s, tel que nous le percevon s mais un nouveau fléau qui échappe aux lois .physiolo giques normales de la perceptio n. Il n'est point, à vrai dire, de dénommi nation exacte pour le caractér iser, pour le désigne .r -.,. Aussi serait-il plus précis de ne parler que de "phénom ènes vibratoir es acoustiqu es industrie ls 11 Cette terminolo gie plus physique aurait l'avantag e de grouper, en •elle seule, toutes les manifest ations résultant des variation s des différent s paramètr es de cette énergie vibratoir e acoustiqu e.
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Les bruits , a u sens original, les bruits humainement audibles, dirons -nous, occuperont leur place dans les phénomènes v ibratoires tandil3 que l'hype rtrophie monstrueuse de leurs paramètres, notamment de l'intensité, a boutira au bruit industriel. L'oreille, vis à vis de cet " Agent Physique•• nouveau est la première bousculée , l a première ravagée, l a première lésée. Elle est l argement débordée, d'emblée saturée , rapidement é crasée et ce que nous é tudions sur elle, grâce aux facilités d'examens actuelles, c'est son mode de comportement dan13 l'évolution de sa destruction plus ou moins rapide. Mais cette destruction sera-t-elle sans dommage pour l e reste de l'organisme ? Ne verrons -nous p a s apparaitre une lignée de signes cliniques et généraux traduisant 11 atteinte auriculaire ? N'existe-t-il pas enfin des r éactions somatiques et psychiques ihdépendantes de l' atteinte auditive ? C ' est pour r é pondre à ces différentes questions qui résument nos recherches a ctue lles que nous a dopterons le canevas suivant
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Réactions de 1 1 oreille -
- II -
Réacti o ns somatiques et psychiques dont le point d e d é part s 1avère secondaire à l' a lté ration de l'audition.
- III -
Enfin les réactions apparemment indé pendantes de l' att e inte de l'oreille.
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I. - LES REACTIONS DE L' OREILLE AU BRUIT
Elles sont connues dan s l eur é volution, elles sont d é jà classiques . Elles aboutissent inéluctablement tôt ou tard, en fonction du temps d 1 exposition, en fo nction de la qua lité du bruit, en fonction de la sensibilité individuelle du s ujet exposé, à la surdité professionnelle. Cette surdité r a pideme nt irréversible, si difficile à compenser, rnutile !~audition sans la d é truire complètement, en désarticule la voie d 1 e nt :;: ée p a:r destruction partielle du r é cepteur, modèle la courb e a udiomètrique su1· un profil toujours identique e t, somme toute, se caracté !·ise pa :<' un :-étrécis s e m e nt du champ a uditif. Celui qu'elle frappera sera un sourd m a is un sourd spécial. Ce sera un entendant qui n e compr endra plus rien. La surdité p:;:-ofessionnelle, l a rgeme nt d é veloppée par ailleurs, n ' est q ue l'abruti s sement du comportement d e l'oreille au bruit . Est - c e à dire que l'or eille 11 1 aura, tout au long de sa destruction, aucune manisfes t ation de défense ? Se l a iss e r a -t- e lle a n éantir purement et simplem.eat sa:1s r é v é l e r aucun signe d e souffrance ? Bref, durant son s é jour d' exposition a ux ambiances sonores ne r éagira -t- e lle pas autrement que par une chute. de la perception de ses aigus ? Ce sont l à d es problèmes dont on p e ut aisément m e surer toute l'importance . S'il est v rai, en e ffet, qu'il existe d e s r éactions auriculaires tr aduisant l a souffr a nce a uditive e t s 1 il nous est possible de dépister l e moment ou l ' o r e ill e risque d' a rriver à un stade au-delà duque l l es l é sions s o nt irré parables, nous a ur o ns a lors a cquis un é léme nt con.s id é rable dans la lut t e contr e l es m é faits du bruit. D epuis qu elqu e s années , nous nous so mmes attachés à c e problè:ne , à savoir comme nt une audition normale au départ pouvait se comp o:::te2.· cians le bruit a v a nt d 1 en s ubir des ~Itér ations définitives et importantes. Nous avon s recherché le moment opportun d 1int.ervenir. Nous avons essayé d e m ett:-e en évide:1ce un "Signe d 1 a larme",
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Pour y p a rvenir, n ous avons p rocédé à l'examen syst é m a tique mensue l de sujets dont les courbes a udiomét riques étaient normales. Aprè s l a p ériode d' acc outuma nc e , nous avons obs e rvé une phase d e late nc e plus ou moins l ongue dont la durée reste abso lume nt imprévisib le et p endant l a quell e rien, a u cours d'examens systématiques, n 1 a ppar a ît sur la courbe audiomé trique qui traduise l a lé sion prochaine. P ourta nt on ~ s oict:a bientôt à un véritable rema niement dans le mode de perc e ption d e l'or eille: la valeur globale de l'audition reste la même, tandis que s'amincit l'espace Air -Os . Le rôle de d é fense d e l ' oreille moyenne est alors modifié .Elle devient incapable a pparemmen t de protéger l'oreille interne dans la transmissio n des sons. Le nerf auditif, tel qu'on le mesure en clinique grâce aux vibreurs, s e mble ê tre sans protection, 11 à fleur de peau" . La prote ction ossicula ire n'offrant plus , semble-t-.i l, une tension suffis a nte pour accomplir son rôle de r é duction d'intensité, l a tension de l a membrane basila ire a u voisinage de l a b ase , c 1 est-àdir e au niveau du 4 000 H ;, augmentera dans des proportions telles qu 1 une d es truction parti e lle p a r a rrachage , par d échir e m e nt s e r a iné vitable . Cette d é faillance d e l a r és istance ostéomusc ulaire de l'appareil de tra nsmission qu e traduit l e pinc ement puis l e croiseme nt des courbes Air-Os, es t toujours obs e rvée . Elle pr é lude à l a l é sion traumatiqu e à propremen t parle r de l'oreill e int e rne , par son impossibilité à la protéger par son jeu de compensati on jusque là consid é rable. C'est l e frein qui l a che , c 1 es t l a vanne qui saute, c'est l' ouve rtur e b éante . Quelle que soit a l o rs l a fréquence qui entrera si libr e ment dans l'or eille inte rne , e lle provoquera l e coup d e b é lie r hydrauliqu e e n milieu à press i ons variables, qui arrache et d é chire t out ce qui est à l'entrée , c'est-à-dir e la m e mbran e b as ilair e à sa "Qas e . La b ase a rr ach ée , il f a udra att endr e longtemps pour que les b ords de cette brè che puissent se voir ro gn és à l e ur tour. L a l é sion, en effet, se s t a bilise rapide m ent.
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Ainsi donc, il existe AUDIOMET RIQUEMEN T un verl table Signe d alarme . Il faut savoir l e recherche r . Il faut y songer et redoubler d'examens lorsqu'on voit apparaître l'ébauche d'un amincissement de l'espace graphique Air- O s. C ' e st la preuve de la défaillance dans la défense au bruit, c'est la traduction d'épuiseme nt du système ostéomuscu laire dévolu à la cais se du tympan, c 1 est la limite au-delà de laquelle l'oreille moyenne n e compenser a plus, n'accommo dera plus. 1
Combien de temps va durer cette phase? Plus ou moins longtemps en fonction de l'importanc e du bruit ambiant, de sa continuité , de la durée des phases de repos et partant d e s possibilités de récupératio n éventuelle; en fait, en fonction de tous facteurs s u sceptibles d'engendre r un dés o rdre excessif sur un organe ostéo-musc ulaire épuisé. Dans les ateliers du type des chaudronne ries où l'ambianc e sonore se manifeste de façon discontinue et n' exède pas 11 0 db dans son intensité globa l e , la phase d'alarme peut durer quelques semaines à quelques moi s . Au contraire, auprès des bancs d 1essais de moteurs à pistons ou de r éacteurs, cette phase d'al arme se voit considérab le ment écourté e et peut ne durer que que lques jours ou qu elques semaines . Cette phas e es t véritablem ent annonciatri c e de dégâts importants sur 11 audition. Elle apporte des é clairciss e ments importants à la physiopatho lo gie de l'or e ille. Elle traduit, avons - nous dit, "ln épuisement d e 11 appareil ostéo-musc ulair e . E lle es t la pr e uve de l'effondr e ment du potentie l d'accommo dation assurée par l es muscles de l'étrier e t du marte au. Il n e faut voir l à qu'une fa tigue excessive pureme nt muscuiaire tell e qu'on pourrait l'obte nir sur de s mucl es exténué s par la répétition trop fréquente d 1un même mouvement ou l e renouvellem ent d 'une tension de trop lon gue durée; car l e n e rf auditif n e pr ésente encore aucune l és ion, puisque a udiomé trique m e nt la courbe osseuse offre souvent tm gain . considérab l e. La confirmatio n de cette hypothès e nous es t donnée par l a r écup é r a tion rapide de l'audition lor s d e la mise au repos du sujet durant plusi eur s jours dans le silenc e relatif.
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On c onçoi t ais ·:S ment qu 1une oreil le si large ment et si souda inem ent dému nie de son appar eil d e trans missi on, d'amp lifica tion, deréd uctio n, de comp ensat ion puiss e enten dre trop, enten dre doulo ureuse ment . On comp rend que le bruit devie nne pénib le, méta llique , insuppo rtable . c• est là un phéno mène d'hyp eraco usie doulo ureus e identique à celui recue illi au c ours des paral ysies facia les. Autre ment dit, le sujet arriv é à ce stade enten d sans le secou rs de défen se de son appa reil ostéo -artic ulair e Tout se passe alors comm e si le tymp an seul jouai t un rôle de mem brane , sensi ble aux press ions acous tique s, reliée à la fenêt re ovale à laque lle il trans met les vibra tions sans aucun e interv entio n musc ulair e, par le seul jeu d 1une trans miss ion méca nique . En effet, il est actue lle ment admi s que le tymp an et ses acces soire s ostéo -mus culai res repré sente nt cet appa reil merv eilleux, cet assem blage mirac uleux qui trans porte l'éne rgie recue illie sur la paroi exter ne du tymp an, la mala xe, en absor be 1 1 énerg ie essen tielle en restit ue la do se exact e voulu e, mesu rée, pes ée , sur la fenêt re ovale , avec une fédél ité absol ue, sans qu 1on puiss e parle r de disto rsion appar ente . Quel que soit le besoi n d e satis faire notre espri t par une expli catio n peut- être comp lexe mais ayant le méri te de tout conci lier, une sorte de soluti on omni bus, on ne manq ue pas néanm oins de se trouver dang ereus emen t assai lli par de petits doute s, tels que la notio n exact e du seuil de l'éne rgie absor bée, l'ana lyse réelle de s param ètres de cette énerg ie, l'app récia tion rigou reuse de l'inte nsité absor bée, la restit ution exact e sans disto rsion harm oniqu e sensi ble d'une onde sonor e c o mplex e le long d'un systè me ossic ulair e, mem brane ux et musc ulair e pour le moin s comp liqué . Comm ent un systè me si ingén ieuse ment conç u peutil accum uler tant de fonct ions ai diver ses et si diam étrale ment oppo sées? Peut- on es pérer m é caniq ueme nt un mont age capab le de nous appo rter tant de pr é cisio ns satis faisa ntes? Comm ent enfin ce systè me que tant d 1 expli catio ns s olide s ont voulu érige r en un appar eÜ parfa it quant à l a soupl esse de son j e u dans la trans mis s ion fidèl e de la quali té d'un son, grâce à l'acco mmo datio n de ses antag onist es, peut- il pours uivre par encha ntem ent, par habit ude peut- être, une fonct ion ide ntiqu e en l'abse nce du rôle effica ce du proce ssus musc ulair e si capit al semb let-il ?
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N' e st-il p as général ement admis qu e la transmi s sion d 1un son complex e n 1 est fid è leme nt effectué e que par le jeu de la muscul ature rendant les osselets solidair es grâce à une tension plus ou moins grande , plus ou moins élastiqu e, plus ou moins appropr iée. Comme nt alors d es sujets dont on connaît la fatigue auditive extrême , véritab le paré sie muscul a ir e d e. l'or e ille moye nne , n'entendent -ils pas qu e des bruits insolite s, sans aucun rapport avec le bruit ambian t. F aut-il continu e r à considé rer l'assem blage e ssicula ire muni de ses ligamen ts, renforc é et rendu élastiqu ement solidair e par ses muscles antagon istes, comme un véritab le pantogr aphe fidèle dans ses reprodu ctions, fidèle dans la projecti on de ses images homolo gues? Ce sont là des problèm es dont l'étude analytiq ue d é passerait le cadre d e notr e exposé mais nous retiendr ons que l'impor tance de l'appar eil ossicul aire a é té mise en évidenc e en laborat oir e à l'aide d e miroirs placés le long de la chaine des osselets et vi és par lumière strobos copique . A vrai dire , p eut-être n e s 1 agit-il là s implem e nt qu e d un ébranle ment d 1 ensemb le lié à la solidar ité impos ée avec le tympan, par le manche du martea u? N'y a-t-il pas là un jeu vibra toire semblab le à c e lui obtenu che z l'ouvri er qui tient en m a in un marteau d e rivetage ou un marte au pn euma tique? Ch ez cet ouvrier , les muscle s .antagon istes lui donnent la notion de l'effort fait pour le bon maintie n de son ins trume nt, Il nè viendra it à l' e sprit d' a ucun cherche ur d'adme ttre qu'il soit possibl e, en un point donné du corps de cet ouvrier , de r estitue r l' é n ergie a bsorbée avec les valeurs r e latives exact es d e s es différen tes compos a ntes. Pourtan t un montage strobo scopiqu e p e rmettra it, à coup sûr, de suivre l ' onde transm ise l e l on g de ses br as, d e s es é paul es et de son corps entier . 1
Pourtan t la conc e ption actuelle veut qu'une énergi e E capt ée par l e tympan se faufil e l e long de l a chaine des os s e l ets sans 1 cra indr e de changer de forme m a is seulem ent ln change ant de taille si besoin est. E n s uite c ette é n e rgie, devenue E se voit distribu ée sur la m e mbra n e basila ir e à l ' a ide de tourbill on courant da ns l a r amp e v es tibulai r e qui déprim e l a membra ne d e Reissne r et, p a r contre- coup, excite l'organ e de Co rti gr â ce à l a membra na tectoria .
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T e lle es t l a théorie d e BEKES Y qui prime actuellem ent. L'éta lement des fréquenc es se fait sur l a membran e basilaire à l' a ide de tourbillo n se déplaçan t d'autant plus loin vers l e sommet de l a cochlée que le son est plus grave. D'après CULLER et COPPEE , la notion d'intensi té est égalemen t r és olue par l'idée d'une dépressio n plus ou moins grande sur la membran e basilaire . Autreme nt dit, l a membran e basilai re peut d é compos er le son en ses différent es composa ntes e t en apprécie r l'intensité . Nous nous trouvons a insi e n présenc e de d e ux appareils travailla nt en symbios e . L'un transmet le son puremen t et simplem ent en l ' adaptant. L'autre l'appr écie aussi bien en hauteu r qu' e n inte nsité. Nos ouvriers en usine dont les oreilles sont régulière m e nt e t journelle ment plongée dans un bruit évoluant toujours dans les limites de l'intol é ranc e , ne m a nqu ent pas de nous offrir maints sujets à r é flexion . Nous nous proposon s d'en citer quelques -uns. Tous répondent aux réactions de l'oreille au bruit a) Commen t un ouvrier, d é j à , ancien, habitué a.u bruit d e sa machine, vivant avec elle depuis des années , des heures entières pendant la journée, est-il capable d 1 entendre l a conversa tion de son voisin tandis que tout nouveau venu sera en proie à l ' agressio n du bruit environn ant? Commen t cet ouvrier dont l'audition est si perçante d a ns le bruit e stil un sourd dans la vi e courante ? Ce fait est rema rquable . Nous avons eu l'occasio n de l ' observer à différent es reprises . Il n'a pas manqu é de frapper lesspécia listes qui se sont penchés sur l'audition des mécanici ens de loco motive : l a voix chuchoté e n ' est plus perç ue depuis long temps, l a voix c o nv e rsationne lle commenc e à être per çue difficilem ent tandis qu e , dans le bruit, sur sa m a chine, rien n 1 é chappe ra à ce même sujet. D 'où vi e nt cette n é cessité de sommati on de bruit pour atteindre un nouveau seuil, comme che z l'otospon gieux? b) Nous parlo ns communé ment de différent es phases dans l'évolutio n de la surdité professio nnelle. Nous savons qu 1 au d é p a rt se d e ssine un déficit plus importan t que celui qui subsitera plus tard . P o urquoi? Nous admetton s certes que le sujet s 1accommo de à son nouvea u mode d' e xistence. M a is a lors comment ?
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c) Nous sommes régulièrement frappés par l'extrême tolérance et 11 endur ance de nos anciens .ouvriers tandis que nos jeunes s 1 avèrent rapidement incommodés par différents troubles. C'est p armi le personnel soumis aux m éfaits des a mbia nces sonor es effroyables des réacteurs que nous rencontrons souvent de vieux ajusteurs, des anciens, des pionniers des bancs d' es sais de moteur à piston, dont les oreilles, certes endommagées, l e sont considérablement moins que celles des jeunes recrues Pourquoi et comment? 0
Ces quelques ques tions que l'on peut multiplier à loisir, nous imposent une é tude plus approfondie du m écanisme de l'or e ille moyenne, ce qui nous p e rmet, nous le verrons chemin faisant d 1 en dégager des conclusions fort intéressantes dans la lutte contre le bruit 0
L'OREILLE MOYENNE est celle qui va lutte r contre le bruit car e lle en poss ède l es moyens par son jeu musculaire 0
Deux muscles puissants sont à sa disposition pour assurer cette d é fense : l'un, le muscle du marteau, solid e ment amarré aur l e côté interne de 11 extremité sup é rieure du manche du marteau l'autre, l e muscle de l'étrier aboutit à l a partie postérieur e d e l a tête d e 11 étrier o
Le premier , sous la coupe du nerf peut entraîne r le ·manche du m a rteau e n a rri è re et, une t e nsion complémentaire du t ympan Le second, p eut à son g r é tirer à lui l' étri er , e n arrière et en 0
m axill a ire infé rieur pa r l à , entraiher inn e rvé par l e facial, dehor s.
Da n s l es positions extrêmes , l es deux musc l es sont antagonistes. La contraction importa nte du muscle du marteau entrafne la t êt e du marteau en dehors ; l e corps de l' e nclume b as cul e e n dedans pous sant a insi l a platin e de l' étrier dan s l'oreille interne à l a manière d'une porte et vice-ve rsa 0
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Cependant l'un et l'autre de ces mucles peut se contracter avec une certaine autonomie, une certaine indé pendanc e grâce à la laxité des articulations intermédiaire marteau - enclume - (incudo- ·mallé olaire) - et surtout enclume- é trier (incudo-stapédienne). On peut obtenir des mouve ments du tympan n 1 entraihant pas une mobilisation de l'étrier, de même qu'un mouve ment deprooupination de 11 avant-bras n 1 entraihepas nécessairement une mobilisatio n du bras et lui laisse son indépendance, tandis que, au contraire, un mouvement forcé de pronosupination déclanchera une rotation du bras, v oir même de 11 épaule. Autrement dit, en régime normal, aucune répercution d'un muscle sur l'autre. Seule subsite une liaison spatiale. Par contre, en régime forcé, dépl acement par entraînement. Quels sont alors les rôles de ces deux blocs séparément (bloc incudo-malléclaire et étrier)?
l - Le Bloc incudo-malléolaire à la possibilité de tendre le tympan comme on peut tendre la peau d'un tambour. Autrement dit, il peut l'accorder à volonté sur tell e ou telle fréquence ou, plus exactement, sur telle ou telle bande passante, tout comme ferait un microphone ayant une membrane d'entrée à tension variable. C'est ainsi qu'en relâchement complet, le s graves passent électivement et une coupur~ du tenseur du marteau amène une impossibilité de voir pénétrer l es sons dont les fréquences siègent au-dessus de 500 hertz. Par contre, la tension progressive du muscle du marteau voit cette bande passante s'élever et atteindre une zone optimale en fonction de la tens·ion optima qui peut vari er avec l e sujet, avec sa fati gue, avec son âge, son affinité auditive 1 sa race. 2 - Au contraire, la contractio n du bloc de l'étrier sort la platine de sa chambre vestibulaire en l'attirant en arrière et en dehors autour d'un axe postérieur, à la manière d 'une porte qui s'ouvre. Par levier, le manche du marteau sera poussé vers l' extérieur et la membrane tympanique se trouvera, du même coup détendue.
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Autrement, dit les deux muscl es ont des réactions inversées. Le muscle qui protège l'appareil sensible par excellence, l'oreille interne est le muscle d e l'étrier. Une dysharmon ie dans le jeu de ces deux blocs peut pertuber largement l'audition. Si nous tirons plus ou moins sur l'un ou l'autre des muscles commandan t la position spatiale de chacun de ces blocs, nous arrivons, en position extrêmes, à des modificatio ns importantes dans la manière d 1 entendre. Ainsi en résumé, l'oreille moyenne offre deux blocs osseux, l'un externe (incudo-ma lléolaire), l'autre interne (l'étrier), reliés entre eux par des ligaments mus par deux mus cl es iridépemiau ts quant à leur inervation, quant à leur jeu en régime de tension normale antagoniste s en position extrême. Dire qu'il s'agit du jeu de deux muscles importants , 1 s elides, puissants, dans le fonctionnem ent même de 1 audition, dire aussi de ces mucles qu'ils sont là pour défendre l'organe sensible, c 1 est attribuer à l'oreille moyenne toute la physio-path ologie qui régit les groupes musculaire s antagoniste s. C 1 est envisager un équilibre fonctionnel parfait; c 1 est aussi songer à la possibilité d'un déséquilibr e important. En équilibre fonctionnel parfait, deux muscles (ou même chacun d ' eux séparémen t) peuvent se contracter statiqueme nt, sans d é placement, sans entraiher la contraction de son antagoniste . Ce n'est qu'une contraction dynamique, aboutissant à la .création d ' un mouvement , d'un déplacemen t, que l ' antagoniste subira comme une modificatio n dans son élongation. Cette élongation d'ailleurs peut encore se faire sans contraction . Un exemple sur un groupe musculaire fera mieux comprendr e 11 ensemble de ces possibilité s. Prenons, par exemple, le ·groupefl éc hisseur extenseur de l'avant-bra s sur le bras . On sait que la flexion extension est déterminée par la contraction du groupe antérieur 1 ou pas té rieur du bras. Pourtant, en position statique, 1 avant bras étant bloqué en une position déterminée , la contraction importante du groupe antérieur ne déclancher a pas nécessaire ment la contraction du groupe postérieur. Il suffit, pour s 1 en assurer, de supposer un poids élevé en flexion du bras par exemple. Plus ce poids augment~ ra, plus la tension musculaire des fléchisseur s croitra, sans changemen t appréciable de la tension des extenseurs . De même, dans des conditions identiques, une
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modification de 11 angle de flexion n'entraînera qu'une élongation différente des extenseurs sans pour autant en changer la tension. On sait aussi ce que détermine la paralysie de l'un ou l'autre de ces groupes musculaires . A l'inverse, on connaît les dystrophies qu'engendre l'hypertropie dysharmonieuse de ces groupes musculaires antagonistes. Le groupe le plus développé sera le plus fort bien entendu. Dire aussi que tout dépend de deux groupes musculaires c 1 est ouvri:r: une porte à toute la kinésie musculaire, à la récupération fonctionnelle, à la possibilité d'amélioration du rendement, de la puissance appropriée. De même qu'il existe, que l'on crée des athlètes, de même il nous est permis d'envisager de former des athlète des muscles du marteau ou de l'étrier. Hypertrophier ou gonfler un muscle, pour employer une est actuellement un jeu facile, simple, bien culturiste, de terminologie établi. Ce que nous avons essayé, c'est de déterminer cette hypertrophie possible des muRcles de l'oreille moyenne. L'élément essentiel du but à atteindre en face du bruit; c'est de protéger l'oreille inte rne , organe fragile par excellence, sensible au traumatisme sonore. Le groupe musculaire qui assure cette protection de manière élective, c'est le muscle de l'étrier. Il nous faudra donc créer des athlètes du muscle de 11étrier. Plus ce muscle sera puissant, plus sa tension pourra être solide, plus le blocage de la platine pourra être assuré de manière ferme et ainsi plus grande sera la protection de l'organe sensible qu'est l'oreille interne. Un écueil surviendra pourtant. Si cette puissance s'accroit considérablement, ce sera au détriment de la sensibilité, surtout de la sensibilité aux excitations de faibles amplitudes, c 1 està-dire en matière de pressions acoustiques, aux fréquences élevées. Elles passeront donc d'autant moins bien que notre muscle de l'étrier sera plus développé.
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Dé fendu e ain s i p a r le mu s cle d e l' é tri e r , l'or e ille offr e encore une m a ni è r e , non moins considé rable , de se proté ger; c ' es t d'ouvrir au minimum s a porte d ' entr ée. Ne pa s ouvrir sa p o rte s i gnifie en l 1 occurence, ne pas t e n d r e la muscula tur e du marteau et rendre au maximum la membrane tympanique dans l'impossibilité physique d e vibrer. Pour c e faire, il s uffit d e la d é t endr e et cela au maximum, comme une m e mbrane d e tambour d ont l a t e n s i on s 1 e ffondr e r a it. L e tympan r éagit à ce m o m ent comme un filtre pas se-bas. Autrement dit, le jeu idé al d e protection s e rait atteint s'il nous é t a it possible d 1 en gendrer une hype rtrophie impo rta nte du muscle de l' é trier et d'obt enir de ce dernie r une position spatiale en fonction d'une élongation minimum, position spatiale qui e ntraînerait le bloc incudo-malléolaire e n position e xtrê me de rotation ex terne, . c 1 est- à -dire dans une p os ition idé ale n e permettant la p é n é tration que d'une bande fort limitée d e s sons, puisque n'ex cédant que difficilement 500 à 1 OCO h z , Certe s, aux pressions supé ri eur e s sura joutées , c'està-dire aux inte n s ité s importa ntes, l a m embrane du tympa n se trouve r a e xcitée en r égime forc é e t lais se ra p asser d e s s ons qu'une phys iologie norma l e bloqu e rait. Un bic e ps n o rma l e n contr a ction s t a tique s upporter a quelque s kilogra mmes . Ch ez un a thlète , nous l' a vons vu, 4 0 à 60 kgs p euvent encore ê tre mainte nus. P a r contr e , que l que soit l e d é v e lopp e m ent du bic e ps, que lle que s oit s a puis sanc e , un poids d e 100 à 120 kgs entra îne r a obliga t oir e m e nt l'impossibilité d e m a int enir c e t effort d a n s l a po s ition s t a tique initia l e,.
L'idé a l à a tte indre aura d onc pour but de d é t e rmin e r : - une mus culatur e acc r u e du muscl e d e l' ét r i e r - un e "pos ition spatia l e d e s deux blo c s telle que la m e mbra n e du tympan puiss e vibr e r l e moins po s sibl e . C ' e st à ce problème que nous nous somme s a ttachés d e pui s l on gt e mps . Si n ou s sommes c a p a bl es d e jouer s ur c es d eu x fa ct eurs, sans doute pour ron s -nous form e r des suje ts susceptibl e s de supporter l e bruit, a ptes à lutt e r contr e lui.
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Nous pratiquons c ouramment à l'heure actuelle c·ette EDUCATION AU BRUIT. Elle est rapide, elle ne demande jamais plus d'un mois. Elle dépendra simplement des possibilités musculaires de tel ou tel sujet. Certains fabriquent du muscle; le fait est bien connu. Il est courant de découvrir des musculatures exceptionnelles chez des sujets n'ayant jamais pratiqué aucun sport. Ce sont là des tempéraments musculaires. D'autres au contraire pratiquent avec méthode, avec assiduité, avec patience, des mouvements rationnels s ans qu'aucun muscle n'arrive jamais à saillir de manière satisfaisante. En matière d'oreille, les mêmes possibilités existent On peut nai'tre très musclé du muacle de 11 étrier e t, par là, être peu vulnérable au bruit . La récupération sera simple et rapide. Puis il existe le sujet dont la musculature sera perfectible, le sujet capable de fabriquer du muscle. Celui-ci, quelles que soient les épreuves de fatigue auditive à l'embauchage, pourra être rendu apte au bruit. Enfin, il existe l'inapte au "sport auriculaire", l'inapte, à la culture physique auditive. On voit alors c o mbien les épreuves de fatigue auditive, quelles qu'elles soient (épreuves de PEYSER, THEILGUARD, WILSON, GREISEN, etc . . ) n'ont qu'une valeur relative . Elles ne donnent pas, comme on le conçoit couramment, une valeur de la fatigue de l'oreille en tant qu'appareil récepteur sensitif, mais bien une valeur globale des fonctions de cet organe et n o tamment la valeur de la tension musculaire, de sa puissance, de son endurance . On comprend ainsi comment un sujet déclaré inapte aux épreuves de fatigue suppo rte très bien le bruit . ultérieurem~nt. Nous pouvons dire seulement, lors des épreuves de fatigue, que sa musculature est insuffisante et rrop rapdiement fatiguable . En d'autres termes, les épreuves de fatigue seront surtout de s épreuves de fatigue "dynamométrique•• jouant sur la musculature de l'oreille moyenne.
L'EDUCATION DE L'OREILLE AU BRUIT Elle est une v:é ritable gymnastique de 11 o reille; elle relève d'une culture physique imposant des mouvements bien précis, bien appropriés .
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Le but à atteindre est, précisons - le à nouveau: - 1) Muscler au maximum le muscle de l'étrier - 2) Détendre au maximum la membrane tympanique.
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}'vluscler le mu~cle de l'étrier est chose facile. Il suffira d'augmenter progressivement le jeu des pressions acoustiques, c'est-à-dire offrir au muscle de l'étrier une tension de plus en plus importante grâce à des "poids 11 acoustiques de plus en plus grands . Ceci est simple. Pour ce faire, il suffira donc de faire entendre à une oreille des bruits d'intensités croissantes.
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Exiger .un relâchement maximum de la membrane tympanique est une réalisation plus complexe . Il faut imposer au muscle du marteau une élongation maxima, c'est-à-dire demander une position externe extrème au bloc incudo-malléolaire par attraction du marteau le plus en dehors possible. On le sait, on l'a vu, ce déplacement exagéré entraîne un recul de l'étrier en dehors du vestibule.
Comment y parvenir ? Physiologiquement et physiquement, ce but es(atteint lorsque le tympan v <mt laisser passer les fréquences graves extrèmes. Son adaptation, son accommodation font que, pour qu'il soit possible de percevoir les sons dont la décomposition analytique nepossède pas de composantes aigl1es au-delà de 800 périodes, il y ait un relâchement maximum au niveau de .la membrane tympanique. Nous voyons d'ailleurs au cours de l'entraînement au bruit que l'oreille augmente considérablement son adaptation à la perception des fréquences graves. Autrement dit, la perception des graves 3 'est accusée et, de ce fait, l'ensemble de l'appareil ossiculaire a atteint dès lors la position spatiale désirée.
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Ces deux conditio ns étant posées, voici comment nous procédons pour résoudre ce problème. Grâce à un ensemble électronique, nous injectons dans une oreille un son dont les fréquences aigües sont entièrement éliminées pour un temps d'ailleurs très court mais variable à volonté, 11adaptation du tympan étant effectivement plus ou moins rapide suivant le sujet à éduquer. Cette adaptation aux sons graves est d'ailleurs toujours plus lente à obtenir que la perception des sons compris entre 80C, 1 C'OC et 2 000 hz. On le conçoit aisément puisqu'il s'agit, pour l'oreille moyenne, d'imposer à ses blocs incudo-malléolaire et étrier une disposition bien déterminée qui, bien que n'étant pas une position anormale n 1 en est pas moins une position forcée. Faire le grand écart n'est pas non plus un mouvement anormal mais bien un mouvement forcé, tout au moins au départ. L'injection de sons complexes, c 1 est-à-dire d 1 un bruit, filtrés par un jeu de passe- bas imposant 11 aboli ti on de tout timbre élevé, même de celui du b1·uit ambiant, déterminera la position souhaitée. Dès lors, cette position étant acquise, le muscle du marteau se présentera en élongation maximum, ce qui ne veut pas dire bien entendu qu'il sera relâché, détendu, sans tonus ; tandis que le muscle de l'étrier se présentera dans son raccourcissement le plus poussé, ce qui ne signifie pas en pleine tension. Cette mise ne place musculaire étant atteinte, nous injectons un bruit global, très étalé. A l'écoute, le bruit semble passer du sombre au clair, de l'obscur à la lumière. Mais ce jeu de bascule de ,filtres se fera à une vitesse telle que l'oreille devra pratiquer une défense rapide avant même d'avoir pu modifier sa position spatiale. Le tympan restera donc dans dans sa position de détente un laps de temps très court mais suffisant pour accoutumer, en contraction statique, le muscle du marteau en élongation totale et le muscle de 11 étrier en plein raccourcissement. Ce phénomène répété régulièrement un grand nombre de fois habituera les muscles intéressés à travailler dans des positions bien déterminées. Nous y arrivons d'autant plus rapidement que les masses musculaires à créer, à modifier, à modeler sont petites et d'une obéissance extrème.
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En pratique, le sujet à éduquer est plac é devant un appareillage appelé "oreille électronique " . Il parle devant 71n microphone tandis que sa propre voix lui revient par un casque d'écoute. Lors de l'émission de chaque mot, surtout après chaque respiration, le jeu de filtre recherché se fait automatiqueme nt et électroniquem ent. Le canal des graves est le seul à s'ouvrir au départ tandis qu'il s'évanouit de lui-même dès qu'un bruit à spectre étalé apparaît, la voix en l'occurence. Le sujet a une sensation non désagréable à laquelle il s'accoutume très vite, sensation d'un son qui s'allume, d'une vie extérieure qui repart, d'un phénomène qui se réenclanche. Au bout de quelques jours, lorsque nous atteignons une amplification très importante dépassant 100 db, le sujet parvient à se défendre d'autant mieux que son tympan est en état de non réceptivité maximum des bruits étalés c'est-à-dire en relâchement le plus complet possible, tandis que son muscle de l' é trier devient le plus raccourci et le plus tendu possible.
Nous arrivons ainsi à cette conclusion évidente:
LE MEILLEUR MOYEN DE NE PAS SOUFFRIR DU BRUIT EST DE NE PAS L'ENTENDRE . Autrement dit, si paradoxal que cela puisse parartre, APPRENDRE A UN INDIVIDU A SE DEFENDRE CONTRE LE BRUIT, C'EST . LUI APPRENDRE A NE PAS LE PERCEVOIR. Cette conception du jeu de l'oreille moyenne nous apporte des solutions satisfaisan~ a à nos problèmes u .:; inie-r 3 en fait jusqu'alors si déconcertants : - a) Nous comprenons mieux la susceptibilité individuelle au bruit. Elle répond, en partie, aux différentes possibilités musculaires de 11 oreille moyenne. Ces dernières sont plus grandes che z le jeune. Elles le sont moins chez l'homme de 40 à 50 ans, ce que vérifie l'ex·.périence.
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- b) La phase d'alarme dont nous avons longuement parlé, celle qui prélude aux lésions de l'oreille interne, est la manifestation de l'épuisement de l'ena.emble musculaire. Elle surviendra lorsque notre sujet depuis longtemps exposé, mais épuisé, ne sait plus ne pas entendre le bruit. - c) L'ouvrier ancien, bien musclé, athlète du muscle de l'étrier, ayant atteint un relâchement excessif de la membrane tympanique ne répondra qu'à des sommations de pressions acoustiques importantes. Il entendra ainsi la conversation auprès de la machine dont il ne perçoit plus le bruit et dont il ne peut plus apprécier le "poids acoustique" ; poi dg acoustique qui écraserait tout nouveau venu, incapable de supporter la moindre pression acoustique excessive. - d} Les phénomènes dit d'adaptation s'interprètent de manière évidente, sans qu'il soit besoin d'en reparler. Ils vont de pair avec l'éducation au bruit. Ainsi, pensons - nous, est-il d 1un intérêt considérable d'éduquer les gens au bruit, de les éduquer dès 11 embauche. Cette éducation bien conduite évite la lésion de départ, celle qui surgit au· début, qui aboutit à l'installation d'un déficit permanent, celle qui, somme toute, résulte de la non adaptation musculaire de l'oreille moyenne lais sant à découvert l'oreille interne. L'oreille étant éduquée, le oujet devient donc déoormais athlètiquement armé pour se défendre contre le bruit. Mais cette hypertrophie musculaire n 1 est-elle pas sans inconvénients ? En effet, plus la musculature sera forte, plus la sensibilité auditive de Pindividu risque de décroitre. Elle décrortra d'autant plus que les pressions acoustiques seront de faibles amplitudes. La pénétration des sons de faibles amplitudes, c'est- à-dire des fréquences élevées, se fera d'autant moins que la membrane tympanique sera plus détendue. Ainsi donc nous apparaît un fait nouveau, désormais évident : celui du blocage de la perception des aigus, sans lési ont nécessaire de l'oreille interne. Une musculature trop importante de l'oreille moyenne, en position de relâchement du tympan, joue un rôle de double filtre des fréquences élevées .
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Auss i peut -on pens er, à juste titre , que les surd ités profe ssion nelle s n'app orten t pas, avèc leurs cour bes si cara ctéri stiqu es, lapre uve abso l ue d'une lésio n uniq ueme nt coch léair e, ce que conf irme la clini que. Bon nom bre de nos vieux mett eurs au point , parti s en retra ite, ont des audi ogra mme s cons idéra blem ent amél iorés aprè s avoi r pass é un an ou deux dans le calm e relat if de la vie cour ante, et cela malg ré leur âge excé dant la soixa ntain e . Ce n 1 est certe s pas leur nerf ou plus exac teme nt leur orga ne de Cort i qui a pu se sépa rer, qui a pu mod ifier sa struc ture, se régé nére r. Mais l'ina ctivi té de leur musc ulatu re de l'ore ille moye nne déso rmai s libér ée des trava ux exce ssifs des ambi ance s sono res cons idéra bles entra îne une fonte musc ulair e augm entan t alors la sens ibili té audit ive. Ce fait se révè le plus frapp ant enco re chez le jeune , aprè s des vaca nces par exem ple ou aprè s une p é ri ode de repo s, aprè s mêm e un we ek- end au calm e. Nous avon s volo ntair emen t soum is au silen ce perm anen t certa ins sujet s pend ant un mois , leur dema ndan t de port er des boule s prote ctric es dans les cond uits audit ifs exter nes, d 1 évite r tout bruit , d 1 évite r mêm e de parle r, la paro le seule enge ndra nt 100 db au nivea u des lèVt"EIS, Très rapid emen t, l e V au 4 000 hz se voit comb lé en parti e, Ce qui e n reste doit être attrib ué à l'ore ille inter ne mais ce qui en reste seule me nt. Autr emen t dit, avan t de se pron once r sur une lésio n profe ssion nelle d éfini tive , sera -t-il bon d' exige r un e épreu ve de repo s cont rôl é . Ou bien enco re peut -on faire une sorte de cont reépre uve de l'édu c a tion audit ive, en habit uant l'or e ille à ne plus perc evoir les sons grav es, en joua nt à l'inv erse du proc édé anté rieur emen t uti!i sé. Effec tivem ent, en exige ant d 1 embl ée une tensi on comp léme ntaire du tymp an, en modi fiant ainsi le rapp ort des tensi ons récip roqu es des musc les du m a rteau et de l'étr ier, nous obten ons rapid emen t une modi ficat ion spati ale des blocs incu do-m alléo laire et étrie r qui se dépla cent vers l'inte rieur . En impo sant une band e pass ante com prise entre 800 et 2 000 hz, nous r é aliso ns alors la tensi on norm ale de l'un et l'aut re grou pes musc ulair es, retom bant d'ail leurs dans les limit es ré ao n anti elles les plus favo rable s de la mem bran e tymp a niqu e, dans une band e ou l'impé danc e du tymp an est la plus proc he d e l'imp édan ce spéc ifiqu e de l'air . L à enco re ce qui reste ra du comb leme nt du V au 4 OOOhz pour ra alors être attrib ué à une lésio n coch l é aire défin itive , mais l à seule ment .
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II. - LES REACTIONS SOMATIQUES ET PSYCHIQUES DONT LE POINT DE DEPART S'AVERE ETRE L'ATTEINTE AUDITIVE
Nous grouperons intentionnellem ent les réactions somatiques et psychiques que nous rencontrerons en présence d'un bruit d'usine dont les limites restent encore mesurables pour l'oreille, non sans dpmmages il est vrai. Non sans dommages locaux puisque l'oreille voit son champ d'étalement auditif considérablem ent modifié dans sa structure; non sans dommages pour l'organisme tout entier. La sensibilité extraordinaire , sans égale, la susceptibilité excessive de l'appareil auditif explique avec quelle importance, avec quelle accuité, vont surgir les signes d'intolé rance à cette intoxication douloureuse qu'est le bruit. Leur manifestation s'en trouvera considérablem ent accrue pour peu qu'une dystonie neure - végétative soit le terrain sur l.equ .e l 8lle évolue : les bourdonnemen ts et les sifflements sont les premiers signes locaux dont l'étiologie est directement rattachée à l'agent vulné rant. - les céphalées, allant jusqu'à s'accompagner de nausées, traduisent l'exacerbation d'une excitation peniblement supportée, à peine tolérée.
c• est la fa tigue qui s'inscrit en tête des troubles les plus fréquemment rencontrés, las si tude que rien ne peut vaincre, las si tude que rien justifie. Tout semble normal. La clinique reste muette, l'appetit est conservé, le sommeil lourd. Aucun argument ne plaide en faveur d'une "intoxication au bruit". Bientôt pourtant cette lassitude s'accompagne d'un amaigrissemen t souvent spectaculaire, considérable, toujours aussi mystérieux que la fatigue, dans son étiologie. BOURDON l'a bien décrit dans ses travaux sur les effets nocifs du bruits et, dès 1952, lors du Congres ORL sur la surdité professionnell e, il y insistait déjà. Seule une note apportée par le laboratoire permettra d ' établir, bien faiblement il est vrai, une ébauche de diagnostic étiologique, on note une accélération de la vitesse de sédimentation sans explication clinique;· une éosinophilie sans argument étiologique valable.
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D'autre part, l'amaigriss ement peut atteindre une chute vertigineus e, de l'ordre de plusieur kilogramm es par mois. La seule vérification étiologique jusqu'alors valable de ce syndrome "fatigue-am aigrisseme nt" réside en la rapidité déconcerta nte des réparations en cas de mise en repos, souvent en deux ou trois semaines, à l'exception de la sédimentat ion qui reste accélérée. Si la reprise de travail en milieu bruyant est trop précoce, le syndrome reprend de façon identique. Tandis que le bruit ambian~ continue ses effets destructeurs sur l'oreille, la perception - on l' a vu - se transforme dans sa qualité; le champ auditiî s'altère par destrU<:tion d'une large bande des aigus.) Il ne reste qu 1 untJ sorte de passe-bas. Les bruits deviennent plus mats, les aigus et nota~ment les harmoniqu es disparaisse nt, l'altération affecte le timbre, la. .qualité brillante de l'excitation sensorielle auditive s'émousse. Seuls. subsistent des son~ sourds, mats, blancs, sans reliefs, ternes, las€lants, sans attraits. étouffants. L'incompré hension de toute convera-ati on apparaît. La pa.role devient un magma informe de sons confus ément mêlés, indistincts , d'allure inarticulée , l'ensemble aboutissant à la perception d'une s•.Jrte de milieu sonore aux limites non palpable s j mal définies. ENTENDR E SANS COMPREND t"'E• C'est à cette infirmité monstrueus e qu'abo~it l a surdité professio.n nelle. Il n'est glière de supplice plus socialemen t désespéran t que cette excitation permanente de l' oreille touiours à l'écoute, toujours à l'affut d'un mot, d'une phras e dont la plu.part Ms s ylla b es ne sont qu'un mélange insolite d e ph0n émes inconnus. Mieux vaudrait ne rien entendre. L'oreille en total repos souffrirait beaucoup moins et n'obéirait alors qu'à des sommation s plus fortes, à des intensités plus grandes mais dont le développem ent analytique aerait toujours linéaire. Dans la surdité professionn elle, rien de tel. Plus l a sommation sera forte, plus la distorsion sera accusée, plus la gène sera importante .
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Le psychisme, on s'en doute, suivra fidèlement le schéma auditif. Il sera d'autant plus affecté que l'isolement progressera traduction régulière d'un rétrécissemen t auditif plus important. Au surpl'Ll s , à cette atteinte si pénible, si déconcertante, si décevante à chaque épreuve, journellement répétée, s'ajoute l ' existence d ' une vie éteinte sans éclat de bruits chauds, chatoyants, brillants, exaltants . Nous avons besoins, Il organisme a besoin de percevoir des sons lumineux. Ce phénomène nous parait capital. Il nous est pénible de vivre en chambre sourde, non pas que nous manquions d'aération comme le manifeste l'oppression que !lon éprouve dans tel milieu, maie parce qu'entendre clair impose un mode respiratoire aboslument différent.
C'est au laboratoire que nous Clevons ces constatations, que notS pouvons avancer avec tant de certitude. Il est difficile, certes, de juger de la modification du psychisme d'un sujet au cours de son travail, durant des années, mais la pratique de filtres nous permettant de réaliser à loisir une surdité professionnell e à tous les stades, nous apporte des preuves immédiates et frappantes. Dès que le déficit des aigus imposé devient manifeste, nous assistons instanténémen t à une modification de la voix qui s'altère, s'aggrave, devient plus difficile à produire, prend un timbre sourd, guttural, exige un appui laryngé anormal. Parler devient pénible impose un effort important. L'arbre trachéo-laryng é soumis aux pres .. sions qu'impose ce dysfonctionnem ent se met à secréter. Les cordes sont rouges. L'enrouement ou, tout au moins, la voix éraillée fait place au timbre clair antérieur. En même temps, on observe un bouleversement du mode respiratoire qui devient court, insuffisant. Le gril costal s'affaisse. L'ampliation thoracique semble se cantonner au minimum, tandis qu'une sensation de blocage respiratoire trahit une sorte d'angoisse, d'oppression indescriptible mais indiscutable. Souvent aussi le rythme cardiaque se ralentit. La tension s'affaisse. Ensemble répondant exactement à ce manque d 1 en• thousiasme,à cet isolement dont nous parlions plus haut,àcette sorte de vie a minimum, sans incitation, sans influx nerveux d'aucune sorte.
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La contre-épre uve de cette expenence est facile à réaliser par l'adjonction d'une amplificati on n'affectant que les harmonique s élevées, imposant alors une audition à 1'inverse de celle obtenue lors de la surdité professionn elle. Les aigus sont renforcés au détriment des graves. Tout s'allume alors, le visage s'éclaire, le sourire apparait, la respiration devient ample, large, voluptueuse même, la vie semble facile: agréable, la parole s'écoule avec aisance, l'envie de chanter explose, le pouls s 1 a ccélère. Tout illustre, dans le comportement, la joie de vivre. La palette auditive est d'une richesse incommens urable dans ses contre-réac tions grâce à son vaste réseau d'anastomo ses llel·veuse et sympathiqu e. Les relais sont multiples, les incidences nombrueses, les interférenc es variées à l'infini. Tout peut se rencontrer depuis le simple agacement jusqu'à la crise épileptiform e (crise audiogène de FRINCKS, BUSNEL, CHAUCHAR D}. Elle explique un nombre incalculabl e de phénomène s quotidiens dont 11 absence nous fait comprendr e davantage dans quel tunnel sombre vit le sujet frappé de surdité professionn elle . C'est de l'excitation auditive et de l'excitation d'une certaine b a nde bien limitée que n a issent certa ines exaltations exagérées, un certain enthousiasm e, certaines envolées. Nous avons pu, à volonté les provoquer ou les supprimer chez les musiciens et notamment chez les compositeu rs. Les possibilités offertes par l'étude des contre-réac tions de l'audition sur la participatio n de l'individu au monde extérieur, sur sa vie sociale, sur son dyna misme physique, sur son potentiel d'activité, mériteraie nt à elles seules un développem ent très important mais elles nous e ntraînera i e nt trop loin du cadra de ce travail.
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III . •· LES REACTIONS SOMATIQUES ET PSYCHIQUES _J!'JDEPENDANTES DE L'ATTEINTE AUDITIVE.
En existe-t~il? ..... Sont-elles c o ncevables ? ~ Peut~on envisager une autre porte d'entrée que l'oreille? - Il n'en faut pas douter. L'oreille a été conçu e on l'a vu, pour analyser, pour canaliser le bruit, pour le transformer en sensation auditive, mais elle ne peut le faire que dans un champ bien limité. Elle est largement dépassée en cela par le bruit industriel. GRANDPIERRE et GROGNIO T ont à maintes reprises largement insisté sur le syndrome général dû aux bruits. BUGARD groupait un faisceau clinique s o us le nom de syndrome traumato-sonore. C'est en laboratoire que GROGNIOT nous a apporté les preuves le plus frappantes des 1néfaits des vibrations acoustiques dont les hautes intensités dépassent considérablement le cadre auditif. Il suffit de rappeler ses l'echerches sur l'animal mis en présence d'une sirène à ultrasons la mort survient à 160 - 170 décibels. Actuellement, le même auteur arrive à des conclusions presque identiques sur les infra-sons de hautes intensités (180 - 190 db) identiques s'entend, non pas dans leur mode d'action certes, mais quant à l'incompatibilité de la vie en leur présence. Les résultats obtenus dans la zone auditive seraient probablement équivalents s'ils étaient conduits à de même conditions d'intensités. Pour mieux comprendre comment un phénomène sonore dangereux, pour mieux saisir son effet nocif, son action toxique, pour mieux déterminer son mode de pénétration dans l'organisme, nous devons l'analyser, en dissocier, en dépouiller ces diffé rents paramètres. peut~être
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Qu 1 es i:-ce que le Bruit? Tel est donc l e problème clef. De ·sa solution dépendro nt la coordination des signes cliniques jusque là épars en une sympto matol~gie confuse, et la découverte d 1un e t h é rapeutique appropriée, adaptée sans tâtonn ements. Ce rte s, c 1 est e n physiologiste et en médecin que nous aborderons ce pro blè me, sans e n n ég li ge r la part purement physique. Nous essairerons de pénêtrer la structure intime du bruit, car c 1 est ·en elle que réside "l'agent pathogèn e ". On sait que l' o nd e s onore r é sulte d 'un ébranl ement vibratoire qui se propage de proche en proche à une vitesse finie pour chaque milieu à une température donnée . Cette propagation se~ fait sans modification d e ce milieu; e lle met en jeu des surpres sions infiniment p e titessouvent à 11 échelle m o l é culaire e t c e n' es t qu e par réaction d'une molécule sur l'autr e que le son se propage. Deux fact eurs on le conç oit p e rmettront de transm e ttre l'impuls ion de départ dans de bonn es conditions ; l a masse des m o lécules et la d istanc e qui sépare chacune d 1e ntr e elles. Il s 1agit e n effet d 1u n e transmission de coude à coude. On l e v o it, la mise en oeuvre de ce pro ces s u s n e s 1 exe r ce que sur d es valeurs si petites que l e travail e n gendr é est n égligeable. Il n'y a pratiquement pas de transforma tio ns de cette é n e r gi e en ch aleu r n otamment : l e ph é n o m è n e es t dit a dia batique . Comme nt donc, un p a r e il ensemble , qui ne m e t e n jeu que des f act e ur s physiques s i minimes p e ut à un m oment donné dev enir un élement toxique ? On c o mprend mal comment une molécule , pratiqu e ment sans poids, sans mas se , du moins à notre é chelle , puis se agir en a gent traumatisant lors d 'un é bra nle m e nt si minime . Observon s n éanmoins de p l us près n o tre molé cule de masse ; e lle v a sur l'impul sion de la fo rc e f oe d é placer dans une direction, e ll e rompt ain si son équilibre. Elle r epren dra e nsuite sa pos ition initiale, non sans quelques h és ita tions auto ur du point d ' é quilibr e , d én o mmées osci llati o n s .
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Ainsi les molécules d'alentour b é n éficiant d'une impulsion de bon voisinage offriront un phénomène d'oscillations ide ntiques à une vitesse qui dépend de la cohés ion mol écul a ire du milieu. Si notr e impulsion de d é part a été infinime nt petite, mais suffisante pour engendrer l' osc illation d'une seule molécul e , l es voisines seules s ituées de part e t d'autre recevront la transmission de l' é branleme nt qu' e lles transmettront à leur tour et ainsi de suite. Mais si l'impulsion augmentait, si la forc e f devenait plus grande e t si la cohésion intet·molécula ire est suffisante, si notre coude à coude se joue musclé et serré, l'amplitude de l'oscillation moléculaire nfs tendrait pas à accroître, rnais ce ne serait plus une seule molécul e mais deux ou dix ou cent, des milliers peut-être qui seront ébranlées 1 e t cela par la même impulsion . C e n 1 est plus donc un phénomène purement m o l éculaire et c 1 est une ''tranche moléculai,re 11 qui peut- ê tre en d éséquilibr e , pourtant le jeu intermol é culair e , de molé cule à molécule, se poursuit identique, sa pr és ence s'avère même indispensable. Autrement dit, on voit apparaitre immédiatemen t deux ordres de phénomènes, concomitants reconnais sant la même origine, liés au même ébranlement et dont le mécanisme intime est d'une importance capitale à saisir pour nous m é decins.
- L'un l e premi er, fait de réaction s intermolé culaires, ne dépend que de la taille de la molécule e t du 11 liniment 11 qui les lie entre elle, Autrement dit, il ne dépend que de l' é lasticité du couple d e deux molécules. Il a une vitesse bien finie en fonction du couple ; plus cette mobilisation de proche en proche est facil e plus la propagation sera rapide. Ce phénomène vibratoire moléculaire n 1 est autre que l e phé nomèn e vibratoire acoustique. - L'autre, le s econd, est celui qui ne devr a sa naissance à des amplitudes plus g rande s de l'impulsion départ. Il répond à un véritable é branleme nt d'une 11 tranche moléculaire 11 • Son apparition es t d'autant plus rapide, d'autant plus importa nte que le milieu est peu cohérent, autrement dit, plus l e coude à coude est serré, moins l' é branl ement en masse es t possible , plus au contraire l e soutien réciproque est imprécis, sans solidité , plus est fragile la parcelle de 11 édific e moléculair~. qu 1
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1 Ainsi donc deux phé no mènes sont apparu s, 1 un moléculair e , l' a utr e agissa nt sur une "tranc he moléc ulaire" . Mais cette tra nche moléc ulaire qu'est -elle sinon la masse e lle-mê me? Aussi 11 diro ns -nous d 1 e lle qu'elle es t "massi que •
Que lques exempl e s perme ttront de mieux assimi ler au cette notion qui nous est apparu e essent ielle dans la patholo gi e dûe bruit. 1 a ) Un son est produi t à la surfac e de 1 eau. Il émane de l'air, atteint la surfac e liquide , s'y r é fracte e n partie, sa vitesse , change . Il quitte en effet, un milieu à é lastici té moléc ulaire grande rmocelle de l'air, pour péné tr er d a ns un milieu dont l'élast icité inte . croître va l é culaire est consid érable ment moins grande . Sa vitess e 1 tre Ce s o n émis d 1 abord à faible intens ité, voit son inte nsité s accroî 1 e, surfac en à volont é, progre ssivem ent. Longte mps rien n est appare nt puis la li gne de surfac e devien t impréc ise, un l éger mouve ment ", ondula toire s' é bauche au point d'appli cation de notr e ''faisce a u sonore sens. bientô t de petites vagues appara issent, e nfin l' eau gic l e en tous Que s 1 es t-il pas sé ? - Dans les débuts , seules l e s e molécul es o nt tra n s mis le m es sag e , à une vitesse différe nte puisqu la que e l e suppor t mol éculair e change ait, mais par la suite à mesur surpre ssion att eignait une certain e valeur , une tranch e molécu l aire t, d ' eau, c 1 est-à- dire, une c ertain e m a ss e d ' eau a subi un ébra nlemen se c' e st-à-d ire, une vibrati o n traduis ant un e onde d e pre ssion qui vitesse la e d e endant p é propag e à son t our à une vitesse absolu ment ind du son . b) Prenon s un autr e exemp le: un e barr e d'acie r dont ont fait tinter une extr é mité g r â:ce à de petits coups de martea u se laisse traver ser par l' onde sonore à une vitesse très grande puisqu ' e lle métal. atteint 5 lOO mètr es second e . Rien d'appa r e nt sur l a surfac e du l e son ents, viol Pourta nt si les coups devien nent plus impo rtants , plus tandis qui ·es t émis l e long de la b a rre r e ste l e même dans sa vitesse , tions éforma d , ée l marte e que d e s déform ations appara issent sur l a surfac vio l e nt. qui peuven t à l' extrêm e rester d é finitive s si le coup a été assez ue . massiq l'autre , culaire é Là aussi deux phé nomèn es a pparus : l'un mol 1 c) Enfin plus d é m o nstra tif enc o re 1 exemp le obtenu s on en rempl açant l a b ar r e d e e r, par un e b a rr e d e caoutc houc. L e la n e se transm e t que fort peu, tandis que l e marteau, s'enfon ce dans masse avec une aisanc e d éconc e rtante.
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D e c e s exemples que l'on peut multiplier se dégagent l a n oti o n de l'onde acous tique et de l'onde massique. - L'onde acoustiwe n ' es t a utr e que l'expres s ion de l a son; sa r éalisati o n n' es t e nge ndr é e, o n l' a vu, qu e si du transmission une m o l é cule sous l'impulsio n d'une force extérieure, a pu r o mpr e sa position d 1 équilibr e mom entanément et tra nsme ttre fidèlem ent cette p e rtubatio n vibratoire à son v oisinage. · Mais puisqu'il s'agit d 1un mouvement vibratoire, autour d'un point d' é quilibre, puisqu'il s ' agit d 1un milieu dans lequel les distanc es s ont bi e n définies., il y a apparition d'une 11 résonance 11 • Cette dernière on l e sait, peut a ppa r aître lors de tous mouveme nts vibra toir es , e lle r é pond aux conditions l es meilleures, les plus aisées, c e lles liées aux déperditions de moindre é n e r gi e , aux rendements l es plus é l evés . Cette r é sonance à 11 é ta ge molé culaire a tôt fait d 'apparaîtr e pour se transmettre de proche e n proch e . Nous l'appellerons r ésonanc e mol éculaire, ou mi eux r és onance spéc ifique elu milie u. C ' es t d' e lle qu e n aît l e son spé cifique de chaque milieu: f e uille d e tôl e tombe , e lle e ngendre un bruit, m a is indé p e n damme nt du son complexe qui a pu ê tr e crée , nous avons p e rtina m ent reco nnu qu'il s'agissait d 'un morc eau de tôle. Nous avons reconnu l e timbr e p ropr e; il en est de mêm e du f er , du cuivre, du boi s etc ••. a insi,qu 1une
Cette rés o n ance m o l écula i re e st donc suffi sante p o ur cr ée r un son d a n s un milieu, p our l e propage r, mais elle est a u ss i néc essair e c a r e lle es t le v ecteur de toute autr e o nde vibr a toir e acoustique ; c 1 e st e lle qui transporte r a t o ut e autre fr é que n ce que la fr é que nc e propre liée a u systè m e réson anti el molé culaire. C ' es t pourquoi que ll e que soit l a fréquence émise, impo sée à un corps e n vibration, nous reconnaîtrons immédi atement l a s o n o rité spécifiqu e de ce corps : a insi s i une co rde de violo n est e n m é t a l o u en matière organique , sur une même not e , malgré l e renforceme nt d e l a cais se d e r é sonanc e propre au v i o l o n, n o us s aurons r e connaîtr e l a r é sonanc e spé cifique du co rps initial e n vibrations.
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a ir e , c ' e st Supp rime r ce phé no m ène r é sona nti e l m ol écul vibr a t oir e acou s tiqu e , c' est supp ri m e r l e v e cteu r, l e supp ort d e l' onde a n éant ir tout l e phé n omè ne . e qui a une C 'est d on c c e vect e ur réso n a nti el spé cifiq u un e t emp é r atur e d onné e e t vite ss e fin i e p our un mili eu d é t e rmin é , à dè s l e d é p a rt, a u t r e men t dit cel a que lle gue s oit l'im puls ion e ntre tenu e 1 1 C e st ce que v6 rifi e 1 expé quel l e que s oit la fr é qu en ce du s on é mis . :den ce . nom è n e - L'on de mas siqu e , n' e st autr e que l e phé 1 é che lle . Sa prop agat ion, vibr a t oir e t el que nous 1 ente ndon s à notr e s ont a uta nt d e fact eurs qui s on a b sorp tion, s a r é fle xion , s a r é fr a ction nde men t m a ximu m font vont l a c a r a cté rise r. Les c ondi tions de r e a , cert e s, fonc tion du a ppa r aître s a r és ona nc e . Cett e d e rniè re ser e, d e s on m od èl é , de sa m i lieu, m a i s aus s i de son volu me , d e s a form t e n sion . phé nom ène s - L e s é nerg ies d é cla nché e s par nos d eux cula ir e , l e s m a s ses mob ilin 1 ont rien d e com par a bles : en mili eu molé issa nce qu' à des é n e r gie s sé e s p a r de s forc es infim e s ne donn ent n a siqu e a bouti ra de s d é gage men ts né gli geab le s, t a ndis qu e l' é bran leme nt m as s e d ép l a cé e s e r a gran de , d ' é ner gie d' auta nt plus impo rtan ts que l a mas 1 1 tud e s e r a c onsi dé rabl e , et que l a forc e appl iqué e c e st- à-di re, 1 a mpli d e l a fr éque nc e et d e l ' a mpli tude s era qu 1 enf~. n l a vite ss e fo cale fonc tion plus é l e v ée . l a prop aga Ains i ins truit s s ur l e m é c anis me intim e d e nt e n com pr endr e l e s m é fa its. tion de li onde s on ore no u s pour rons a is éme vibr a toir e acou s tiqu e pur, L e son, lui-m .ê m e , ou m êm e l e ph én om è n e m è n e v ib rato ir e s ura jouté , n 1 e st e n soi null eme nt n o cif, m a i s l e phé n o n s ités suffi san t es un él é m ent para site diro ns nous , p e ut d even ir à des inte m ode d e v i e . gênant, voir e toxiq u e , inco mpa tible ave c un h é mati s é Cl es t inte ntion ne ll e m e nt qu e nous a vons s c e nt que s ur l e pla n à l' extr ême n otr e desc ripti on, il es t bi en évid d é sign on s pa r phé n o m ène phys ique tout est plu s com pl exe et c e que nous plus impo rtant, infin ime nt molé culai r e se pla c e à un s t ade s t r uctu r a l , m a is t e ll em e nt e ncor e plus gran d c e rtes que l e pla n m ol écul a ir e réel . D' a utr es phé nomè n es plu s p e tit que l' e n sem bl e vib rat o ir e m ass ique le sub s tra tum su r lequ el vi bra toir e s, m ol é cula ir es , sont on l e s a it ttant une vi e au s t ade d e s évol uent d es m ouve m ents vibr atoir ex p e rme com me c ' e st le c a s du quan t a p our a t teind r e d es m asse s imme ns es mouv eme nt s idé r a l .
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T o ute vie, toute expr ess ion de vie n' est que phénom è ne vibratoire le Temps lui-même ne sera qu'un e vibration dont la p é riode est infinie agissant sur m asse diluée à l'extrême. . Toute mas se étant 11 expression d 'une concentration de Temps. La Masse infinie, ramassée, r éuni e , supprime le Temps.
11
TEMPS x MASSE
= Cte
11
Ainsi tout phénomène vibratoire ne fait que moduler sur un phénomène vibratoire préexistant, toute structure vibratoire nouvelle se batit sur des é l éments d é jà construits, de l'infiniment petit à l'infiniment grand, chacun d e ces systèmes recherchant son équilibr e maximum dans sa résonance propre. Ainsi tout corps qui entre en vibration peut avo ir une déperditio n d'énergie à sa surface qui laissera a pparaftre un son par transmission moléculaire. Ce dernier évolue dans l'espace qui nous intéresse c'est-à-dire dans l'air. S'il rencontre un autre corps, l'organisme en Poccurence, il use de ses moyens de transformation : il se réfléchit , se réfracte. C ' est sa · réfraction qui nous inté resse, car elle est son mode de p énétration. Elle met en vibration acoustique le milieu traversé et l aisse app araftre, on l'a vu, une onde vibratoire ou onde de pression dès que l'on s'él oigne du s euil normal, dès que l'on atteint une intensité é l evée . S e ront d'autant plus l ésés l es tissus qui se laissent moins pénétrer ou du moins ceux qui o ffrent le plus de résistance à l a propagation de l'onde, ceux qui sont en somme les plus a bsorbants, cette a bsorption entrafnant une transformation de l' é nèrgi e 1 1in situ•• en énergie calorique. Cette dernière sera d 1 autant plus considérable que le mouvement focal sera plus c 1 est- à-dire que l a fréquenc e sera plus élevée et P amplitude plus grande. Cl est ainsi que le tissu nerveux es t le permier atteint car il est l e plus fragile et le plus ab sorbant, tandis que le tissu osseux, par exetnple, fa cile à traverser par l'onde vibratoire , n 1 en subira que p e u de dommages.
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L'absorption peut- être énorme, on l 1a vu, sur l es animaux mis en expé rie nc e par GROGNIOT : la vie est incompa tible à p artir d'un c e rtain seuil pour une fr équenc e donnée, Il semble qu'il y a it une constante entre l a fr é qu ence et l'intensité, 11
FREQUENCE x
INTENSITE
=
Cte "
pour définir le seuil d'absorption limite compatible avec la vie, Cette constante définit e n fait l e travail focal de la masse en vibration. On conçoit tous les désordres tissulaires qu 1un pareil phénomène peut engendrer : cavitation, coagulation, brûlure pour les fr é quences élevées; mise en vibration en masse avec déperdition moindre en chaleur mais désordre mécanique par mobilisation exagérée pour les fr é quences graves, Enfin désordre plus intime , désordre cellula ire. Il n'est pas exclu, en effet, qu'une cellule soumise à des fréquences capables de perturber en permance sa structure, d'en modifier sa statique sa dynamique, son m é tabolisme, ne puisse en aucun moyen entrai'her l'apparition d'un p~é nomène mitosique anormal. Il serait intéressant d'établir des statistiques sur 11apparition possible de néoplasie en fonction de 11 augmentation grandissante du bruit et de connail:re les fréquences capables de porter le plus d 1 avantage à 11 anarchie cellulaire.
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CONC LU S I O N
C'est là un immens e sujet que nous venons d ' aborder. Il s ' agiss a it de grouper, en effet, dans un seul a rticle, une somme de travail dont on peut mesurer 11 étendue. Nous pensons n éanmoins a v oir réussi à montrer toute l'importa nc e que r evet la patholo gie du Bruit et combien il est temps de s 1 e n informer , combien il est pr essant de s'en a l a rmer, combien il est urgent de s 1 en d éf endre.
Dr
TOMA TIS
Atta ché au Centr e d'Enseigne ment e t d e Recherch e s de Médecine Aéronautique T r avail eff e ctué d a ns l e s Centr es Médica ux Dir ection Techniqu e e t Industrielle e t de Nord-Aviation Pré senté a u :
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Con g r é s National de Médecin e du travail 10 Oct obre 1958 à LYON