HS TVB 30 - Transition écologique, quel rôle pour les acteurs de la compétence ?
Revue participative de solutions
Nº 30 OCTOBRE 2024 GRATUIT
TRANSITION ÉCOLOGIQUE QUEL RÔLE POUR LES ACTEURS DE LA COMPÉTENCE ?
Les enjeux de la transition dans l’alternance
S’inspirer d’actions déjà existantes
HORS SÉRIE à l’initiative de l’Opco de la cohésion sociale
Le Tout Va Bien
Le magazine TVB est l’un des principaux outils de l’association Tout Va Bien qui a pour objet social la diffusion de solutions et de connaissances à impact positif sur l’environnement, la société et le vivre-ensemble.
Inspiré du journalisme de solutions, TVB a créé en 2016 le principe de l’initiative au kilomètre. En relayant les démarches inspirantes d’acteurs locaux, de manière participative avec tous les citoyens, l’association espère stimuler les envies d’agir à côté de chez soi. Nous partageons également des intiatives inspirantes venues d'ailleurs et des avis d'experts permettant de comprendre les enjeux.
L'association développe également des actions socio-culturelles d'éducation populaire, essentiellement autour de l'éducation aux médias. Nos actions permettent souvent d'apprendre en faisant, de découvrir des outils pour créer et vérifier l'information.
Édito
L’essence même de TVB est de trouver, et partager, des solutions qui ont un impact positif sur la société, l’environnement et le vivre-ensemble. Alors quand Uniformation nous a proposé de travailler ensemble à chercher des astuces et des idées pour mieux inclure la transition écologique dans la formation professionnelle des branches qu’ils représentent, et plus particulièrement dans les Organismes de formation (OF) et les Centres de formations d’apprentis (CFA), nous avons dit oui. Ce hors-série intervient après une journée de rencontres organisée par la délégation AURA d’Uniformation, dans le cadre de la semaine de l’alternance, et intitulée « Alternance et Transition écologique, bâtissons ensemble les compétences durables de demain ». Nous avons rencontré des OF et CFA qui souhaitaient s’investir dans la transition écologique et partager de bonnes pratiques. Nous ne serons évidemment pas exhaustifs mais espérons donner ici quelques pistes d’actions pour ceux qui voudraient faire une place aux enjeux environnementaux dans leurs structures et passer le pas.
d’Uniformation : adapter l’offre de formations aux besoins pro
4 à 9
Infographies et glossaire Formation pro & transition éco
Transition écologique et mutations économiques, les pistes d’action de la DREETS
Retour sur le projet, 3 questions à Sylvie Rivol
Les Shifters « la transition écologique entraînera une transformation de l’emploi »
Retour sur la journée du 4 juin
CFA Formasup ARL, la transition éco au cœur de la stratégie éducative
MFR Saint-Laurent, la formation au service du développement durable
Acadély, une stratégie globale pour une transition partagée
Les centres-sociaux Drôme Ardèche « La transition écologique répond aussi aux enjeux sociaux »
Alliade Habitat, l’enjeu de la formation transition pour un employeur
REN formation lance une certification clé pour la transition
Se reconvertir dans les compétences durables
Boîte à outils
Tout Va Bien, le journal qui réinvente demain
Association loi 1901 20, rue François Garcin 69003 Lyon contact@toutvabienlejournal.org
Propriété de TVB, Libres de droit ou cédés par nos partenaires, reproduction non autorisée.
Contenus rédactionnels
Tous les contenus rédactionnels sont partagés en licence creative commons by-nc-sa et donc libres de droit à partir du moment où l’auteur est crédité et que le texte n’a pas été modifié et ne fait pas l’objet d’une utilisation commerciale.
Imprimé sur papier PEFC
Chez Synergie Copy 8 place Marengo 69100 Villeurbanne
Hors-série financé par Uniformation
Plus d’infos sur : Https://toutvabienlejournal.org www.uniformation.fr
LauriannePloix
Adapter l’offre de formations aux besoins professionnels
David Cluzeau, président d’Uniformation, pour le collège employeurs, en tant que délégué général d’Hexopée et du Synofdes, ainsi que Natalia Jourdin, vice-présidente d’Uniformation, pour le collège salariés, en tant que déléguée syndicale CGT-FO, expliquent, au nom des instances paritaires de l’opérateur de compétences, l’enjeu de la transition écologique (TE) dans les métiers de la cohésion sociale.
TVB:Pouvez-vousprésenterUniformation?
DC : Uniformation est un opérateur de compétences (OPCO) paritaire – qui unit des représentants des employeurs et des représentants des salariés – pour travailler sur les politiques de formation professionnelle des branches professionnelles (entreprises d’un même secteur d’activités ou sous la même convention collective) couvertes par Uniformation. Nous sommes l’OPCO du secteur de la cohésion sociale, ce qui veut dire des métiers qui touchent particulièrement à l’humain. On y retrouve les métiers de l’aide à domicile, l’éducation populaire, le lien social et familial, le logement social, l’insertion et l’emploi, la sécurité sociale, etc.
TVB:QuelestlerôledevotreOPCO?
NJ : Le rôle de l’OPCO est d’accompagner ses branches professionnelles adhérentes dans leurs politiques d’emploi et de formation. Nous avons un rôle d’information et de conseil auprès de nos adhérents et bien entendu de financement. Nous disposons de plusieurs dispositifs financés à la fois via la gestion des contributions légales pour les entreprises de moins de 50 salariés, la gestion des contributions conventionnelles des branches adhérentes (pour celles qui en ont) et le financement de l’apprentissage et des contrats de professionnalisation, en lien avec les branches et France Compétences.
TVB : Comment et pourquoi Uniformation s’est investi dans la TE ? Existe-t-il un enjeu plus particulier pour le secteurdelacohésionsocialeetsesressourceshumaines ?
DC : Les OPCO ont l’obligation légale (loi climat et résilience de 2021) d’accompagner les entreprises, et donc aussi les salariés, dans les effets de la transition écologique sur la transformation des métiers et des besoins nouveaux en compétences. Aujourd’hui, toutes les branches sont concernées par la TE. Dans nos métiers, le secteur du logement social est particulièrement concerné. Nous voyons aussi apparaître des métiers nouveaux dans le secteur de l’insertion, notamment avec des structures centrées sur le réemploi, comme les ressourceries. Dans l’éducation populaire, la TE ne transforme pas directement
l’activité, en revanche, il existe un vrai besoin et une grande responsabilité à participer à l’éducation à l’environnement. La branche aide à domicile travaille fortement sur la mobilité de ses salariés. Aucun des métiers de la cohésion sociale n’échappe vraiment à la TE, l’OPCO a un rôle à jouer car les entreprises et les métiers se transforment, les compétences évoluent. Nous avons donc réalisé une cartographie pour mesurer les changements qui concernent nos métiers.
NJ : En termes de ressources humaines, à partir du moment où les métiers changent, nous devons répondre à l’enjeu d’avoir des salariés formés à ces changements, que ce soit pour les personnes en place ou à recruter. Il existe aussi un enjeu d’attractivité des métiers. La question écologique est de plus en plus présente dans les débats sociaux, les jeunes y sont sensibles. Si on veut les attirer dans nos métiers, il est important d’y faire attention.
TVB:QuellesoffresdeservicesenlienaveclaTEproposezvous aux employeurs ? Quel intérêt à sensibiliser les OF et CFA?
DC : Depuis 2023, nous intégrons la transition écologique dans l’offre de service de l’OPCO. Pour cela, nous avons employé un mot d’ordre fort qui constitue l’ADN d’Uniformation : Aller vers ! nos partenaires, nos adhérents… Nous avons donc sondé nos adhérents qui nous ont remonté le besoin de comprendre les enjeux de la TE. Après des formations en interne, nous avons travaillé à la construction d’une offre de services au bénéfice des adhérents : offre de formations clés en main, organiser des temps de sensibilisation, des webinaires, etc. Les fonds de l’OPCO, les fonds conventionnels apportés par nos branches mais aussi le soutien du Fonds national de l’emploi (FNE-Formation) nous permettent de soutenir l’investissement de nos entreprises sur la TE. En parallèle, nous travaillons actuellement à mieux connaitre les offres de certains partenaires sur l’ensemble de nos régions. La complémentarité entre acteurs est un enjeu fort.
Nous devons sensibiliser les OF et CFA, dans le cadre de l’alternance et au-delà, pour que l’offre de formation soit adaptée aux besoins professionnels. Des compétences précises ou transversales sont attendues. Nous regroupons plutôt des secteurs très militants pour lesquels la transition sociale et écologique est importante. Nous avons une sensibilité particulière au sein de l’OPCO et nous aimons savoir que nous avons en face des OF qui disposent d’un écosystème vertueux. Le problème de la TE est macro et nous dépasse. Pour autant, il nous concerne tous, l’implication de chacun me semble donc absolument nécessaire pour lutter contre la dérive climatique et environnementale.
NJ : Oui, nous devons participer à tous les niveaux et dans toutes les organisations, quelles qu’elles soient, afin de mettre notre pierre à l’édifice.
LauriannePloix
La formation professionnelle, qu’est-ce que c’est ?
LD atelier graphique, www.lauradoucet.fr
Formation professionnelle
La formation professionnelle est un processus d’acquisition de connaissances et de compétences requises dans des métiers spécifiques ou plus largement sur le marché de l’emploi. Ce processus peut intervenir en cours de formation initiale (formation de base, par exemple apprentissage, lycée professionnel, etc, suivi avant d’entrer sur le marché du travail) ou de formations continues destinées aux adultes et aux jeunes déjà engagés dans la vie active ou qui s’y engagent.
CFA
Centre de formation d’apprentis où toute personne ayant conclu un contrat d’apprentissage suit les cours théoriques de sa formation pour préparer un diplôme de l’enseignement secondaire (CAP, BP, Bac pro…) ou de l’enseignement supérieur (BTS, BUT, licences professionnelles, etc.) ou un titre professionnel.
Alternance
L’alternance est un système de formation fondé sur une phase pratique et une phase théorique qui alternent. Comprenant deux types de contrats, le contrat d’apprentissage et le contrat de professionnalisation, l’alternance permet de concilier travail en entreprise et formation théorique.
Apprenti / APPRENTie
Personne sous contrat d’apprentissage avec une entreprise et qui apprend un métier en alternant périodes pratiques en entreprise et périodes de formation avec, à la clé, un diplôme ou un titre professionnel reconnu. La durée de l’apprentissage varie de 6 mois à 3 ans selon le diplôme et concerne tous les jeunes de 16 à 29 ans révolus.
OF
Organisme de formation , toute personne physique ou morale qui réalise des prestations de formation professionnelle et qui possède un Numéro de déclaration d’activité.
UFA
Unité de Formation par Apprentissage créée au sein d’un établissement d’enseignement public ou privé où peuvent être organisés les enseignements proposés par le CFA. Cette UFA fait l’objet d’une convention entre l’établissement et le CFA.
Contrat de professionnalisation
Il a pour but d’acquérir une qualification professionnelle reconnue et concerne les jeunes âgés de 16 à 25 ans révolus, les demandeurs d’emploi âgés de 26 ans et plus, les bénéficiaires du revenu de solidarité active (RSA), de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ou les bénéficiaires d’un contrat aidé.
La loi du 5 septembre 2018 impose aux entreprises de contribuer au financement de la formation professionnelle et de l’apprentissage, par une contribution financière devenue unique, calculée sur leur masse salariale. Une partie de cette contribution est versée à des organismes spécialisés : les opérateurs de compétences (Opco) organisés par secteurs regroupant plusieurs branches d’activités.
CPF
Le compte personnel de formation, permet à toute personne active, dès son entrée sur le marché du travail, d’acquérir des droits à la formation mobilisable tout au long de sa vie professionnelle.
PTP
Le projet de transition professionnelle, ou CPF de transition, permet au salarié de s’absenter pour suivre une formation certifiante lui permettant de changer de métier ou de profession. Le salarié bénéficie d’un congé spécifique lorsqu’il suit cette formation en tout ou partie durant son temps de travail. La formation demandée n’a pas besoin d’être en rapport avec l’activité du salarié.
OPCO
Les opérateurs de compétences ont pour mission de financer la formation professionnelle et développer l’alternance, de soutenir les branches professionelles sur les enjeux de l’emploi et de la formation. Il existe 11 opérateurs de compétences (OPCO) agréés répartis selon les secteurs d’activités.
Branche professionnelle
Elle regroupe les entreprises d’un même secteur d’activité et relevant d’un accord ou d’une convention collective. Les contours d’une branche professionnelle sont définis par le champ d’application de l’accord ou de la convention conclue par les organisations syndicales d’employeurs et les organisations syndicales de salariés représentatives.
Les branches professionnelles négocient des accords et avenants conclus dans le cadre de leur convention collective. En 2016, on dénombrait en France environ 250 branches professionnelles. Ces branches sont très disparates ; certaines regroupent plusieurs dizaines d’entreprises soit des centaines de milliers de salariés, alors que d’autres branches ne comptent que très peu d’entreprises et moins de 5 000 salariés.
Après trois années de croissance exceptionnelle du recours à l’alternance par les employeurs de la Cohésion sociale (les effectifs d’alternants ayant quintuplé depuis 2020), l’année 2023 marque une phase de stabilité pour les dispositifs de recrutement en alternance par rapport à l’année 2022. Ce sont ainsi 20 801 contrats d’alternance qui ont été conclus sur le périmètre de la Cohésion sociale en 2023 .
CONTRAT DE PROFESSIONNALISATION OU D’APPRENTISSAGE ?
des contrats de recrutement en alternance signés en 2023 sont des contrats d’apprentissage soit 17 365
83 % 17 %
des contrats de recrutement en alternance signés en 2023 sont des contrats de professionnalisation soit 3 436
LES NIVEAUX DE CERTIFICATIONS VISÉS AVEC L’ALTERNANCE
Les contrats d’apprentissage ont une répartition relativement équitable sur les différents niveaux de certification visée :
L’ACCUEIL D’APPRENTIS EN ENTREPRISE
L’accueil d’apprentis est réparti sur toutes les tailles d’entreprises :
Les contrats de professionnalisation sont davantage mobilisés sur les premiers niveaux de qualification et 70 % des bénéficiaires sont demandeurs d’emploi.
2,9 % des contrats d’apprentissage ont été conclus avec une personne en situation de handicap.
3,6 % des contrats de professionnalisation ont été conclus avec une personne en situation de handicap.
DONNÉES CLÉS
DE L’APPRENTISSAGE + 24 % 80 % 16 mois
de contrats entre 2021 et 2023
taux d’insertion dans l’emploi à 6 mois de durée moyenne d’un contrat
La transition écologique (TE)
La transition écologique est une évolution vers un nouveau modèle économique et social qui apporte une solution globale et pérenne aux grands enjeux environnementaux de notre siècle et aux menaces qui pèsent sur notre planète. Opérant à tous les niveaux, la transition écologique vise à mettre en place un modèle de développement résilient et durable qui repense nos façons de consommer, de produire, de travailler et de vivre ensemble. La transition écologique recouvre plusieurs secteurs.
Source : Oxfamfrance.
LES DÉFIS DE LA TRANSITION SELON L’ADEME
Production durable
Adapter le secteur industriel à l’évolution climatique en cours et accompagner les acteurs du secteur sur la voie de la décarbonation.
Énergie
Contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre produites par les énergies fossiles.
Air et mobilités
Le secteur du transport est le premier émetteur de gaz à effet de serre à une époque où la qualité de l’air est un enjeu de santé publique.
Bâtiments
Premier consommateur d’énergie, le secteur des bâtiments est confronté aux limites des ressources planétaires et doit s’adapter à l’évolution des modes de vie.
Source : Ademe, agence de la transition écologique
Bioéconomie, agriculture, alimentation et forêt
Grands émetteurs de gaz à effet de serre, la résilience des systèmes de production agricole et sylvicole devient un enjeu majeur.
Urbanisme durable
Privilégier des orientations en matière d’urbanisme qui luttent contre l’artificialisation des sols et l’étalement urbain.
Changement climatique
Agir en faveur de l’adaptation et de l’atténuation du changement climatique provoqué par les émissions de gaz à effet de serre.
Économie circulaire
Tendre vers une consommation sobre et responsable, à partir d’une utilisation raisonnée des ressources naturelles et des déchets.
La transition écologique dans la formation professionnelle
Source : Uniformation
LES ENJEUX SELON THE SHIFT PROJECT
The Shift Project est une association d’intérêt général guidée par la rigueur scientifique et la décarbonation de l’économie, elle veut éclairer et influencer les débats sur la transition écologique. L’organisation a publié le Plan de Transformation de l’Économie Française (PTEF) qui vise à proposer des solutions pragmatiques pour décarboner l’économie. Elle cible 15 domaines à mobiliser autour de 2 concepts clés : l’économie concrète et la résilience
La transformation du marché de l’emploi
La transition va engendrer une transformation du marché de l’emploi, les enjeux sont : anticiper les baisses d’effectifs dans certains secteurs, former sur les nouvelles compétences nécessaires, accompagner l’évolution de la formation.
300 000 emplois
pourraient être créés grâce à cette démarche sans compter les emplois induits.
Les leviers d’actions
Adapter l’offre de formation : généraliser la prise en compte des enjeux écologiques dans toutes les formations
Comprendre les besoins : dialoguer entre acteurs pour orchestrer les transformations au niveau national et territorial
Adapter les pratiques : questionner les modes d’apprentissage, renforcer la culture de la coopération et acculturer les professionnels aux enjeux socio-écologiques.
Sur Uniformation.fr, une sensibilisation des adhérents est proposée via un parcours 5 min pour tout comprendre, La Transition écologique en quelques idées
La loi Climat et Résilience de 2021 prévoit que les OPCO accompagnent les branches professionnelles et les entreprises dans l’observation et l’anticipation de leurs besoins en compétences en matière de transition écologique.
LES 4 ENJEUX IDENTIFIÉS PAR UNIFORMATION
→ Construire une vision commune et partagée
→ Suivre l’évolution de la prise en compte de la transition écologique par les structures (niveau de maturité)
→ Mesurer les impacts de la transition écologique sur les métiers, les activités et les compétences
→ Déterminer l’offre de services de l’OPCO : catalogue formation, financements, accompagnement…
COMPÉTENCES IMPACTÉES PAR LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
Connaître les gestes professionnels permettant de faire des économies d’énergie, d’eau ou de matières premières
Sensibiliser et éduquer au developpement durable et à l’environnement
Savoir trier les déchets en vue de leur valorisation
Connaître les gestes professionnels à suivre en cas de changement climatique (canicule, ...)
Éco-conduite
Éco-nettoyage
Mettre en oeuvre la règlementation et les normes qui s’appliquent à la structure
Savoir communiquer sur les efforts de votre entreprise en matière environnementale
Définir sa stratégie d’achats durables
Aménagement du territoire ou d’espaces vert durables
Mener une rénovation et mise aux normes énergetiques d’un bâtiment
fait de la transition écologique un sujet prioritaire
2 personnes sur 3
déclarent avoir engagé des actions
La moitié
se sent en manque d’informations sur le sujet
Selon le questionnaire 2024 d’Uniformation Aura sur l’évaluation des CFA et OF dans la transition écologique :
53 % 67 % 66 % sont peu engagés ont des connaissances limitées considèrent la transition écologique comme une opportunité
LA MATURITÉ D’UNE STRUCTURE SUR LA TRANSITION ÉCOLOGIQUE
6 dimensions identifiées pour caractériser la « maturité » d’une structure sur la transition écologique :
Modalités de gestion de la structure et de réalisation des activités (consommation d’énergie, de ressources, gestion des déchets, etc.)
Compétences
Intégration de la transition écologique dans les formations, recrutements, etc.
Dynamiques collectives
Inscription dans des projets collectifs
Positionnement stratégique
des dirigeants et parties prenantes
ActivitÉs liées à la transition écologique
Approche transversale et systémique en lien avec l’écosystème
Dirigeants, salariés, financeurs, usagers, etc.
TE et mutations économiques : les pistes d’action de la DREETS
La Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (DREETS) était partenaire du projet Bâtir les compétences durables de demain d’Uniformation. Nous avons demandé à Patricia di Stefano, responsable du département compétences et qualification au sein de la DREETS Auvergne-Rhône-Alpes, comment son institution pouvait accompagner les démarches en faveur de la transition écologique (TE).
TVB:Pouvez-vousprésenterlaDREETSetvosmissions ?
PDS : La DREETS est un service déconcentré de l’État en charge de missions très vastes dans le domaine du travail, de la concurrence et de la consommation, des solidarités, de l’économie et de l’emploi ; notamment via différents dispositifs facilitant l’insertion des demandeurs d’emploi, la montée en compétences des actifs et la prospective des besoins en emploi et compétences des entreprises. Le département compétences et qualification gère ainsi un certain nombre de dispositifs visant à faciliter la montée en compétences des actifs (demandeurs d’emploi et personnes en emploi) comme le plan d’investissement dans les compétences, la VAE, ou la prestation conseil en ressources humaines (PCRH). On accompagne également certaines branches stratégiques à mettre en œuvre des plans d’action emploi / formation dans les métiers qu’elles recouvrent. Nous proposons tout un panel de certifications professionnelles, qui vont des diplômes d’État infirmière et aide-soignant, aux titres professionnels, comme agent de service médico-social (ASMS).
TVB : Comment l’État peut-il atténuer les effets de la TE en accompagnantlescompétencesdanslesterritoires?
PDS : La DREETS dans sa feuille de route a déjà commencé à intégrer la TE dans ses champs d’intervention. À titre d’exemple, le Pôle Travail se consacre aux conditions de travail en période de canicule afin de mieux anticiper. Les collègues de la répression des fraudes participent aux enquêtes nationales pour encourager une économie plus verte. Les collègues du département Entreprises pilotent une feuille de route régionale sur la décarbonation de l’industrie ainsi que la feuille de route régionale sur la sobriété et l’efficacité hydrique des entreprises, voulues toutes deux par la Préfète de région. Le département du Fonds social européen (FSE) met en œuvre un Fonds de transition juste, dont l’objectif est d’accompagner les mutations induites par la fermeture de certaines industries très polluantes vers d’autres plus vertueuses. Concernant les dispositifs d’accompagnement à la montée en compétences des actifs, plusieurs leviers peuvent être mobilisés, notamment la prestation conseil de ressources humaines (PCRH), cofinancée à 50 % par l’Etat avec un OPCO partenaire. Elle permet aux entreprises de moins de 250 salariés d’élaborer un plan d’actions visant à adapter ses conditions de travail et ses ressources humaines, cette réflexion pouvant embarquer la prise en compte des effets de la transition écologique qui les percutent. Même si la prise en compte des impacts de la TE reste encore marginale, il s’agit d’un outil puissant dont les petites entreprises pourraient s’emparer, y compris bien sûr les organismes de formation. L’État cofinance également le Fonds national de l’emploi (FNE-formation) dont l’une des priorités affichées est celle de la transition écologique et a déjà permis de beaux projets comme la formation de personnels de crèches.
PDS : Un peu comme dans votre journal, nous sommes en perpétuelle recherche de solutions nouvelles. On se met en situation d’intelligence collective, avec l’ensemble des partenaires, pour essayer de trouver des solutions, et comme le colibri, faire chacun sa part. Les solutions liées à l’emploi et à la formation vont se trouver en travaillant avec l’ensemble des acteurs concernés, notamment dans le cadre de travaux que l’on peut avoir avec les branches lors des engagements de développement de l’emploi et des compétences (EDEC). Les EDEC sont des cadres d’échanges réguliers qui amènent à un accord entre l’État et une ou plusieurs organisations ou branches professionnelles. Ils permettent d’apporter une aide technique ou financière à des projets permettant d’anticiper et d’accompagner l’évolution des emplois et des qualifications, ou de sécuriser les parcours professionnels des actifs occupés. C’est dans ce cadre que la DREETS a lancé un appel à projets en 2023 visant à identifier des porteurs de projets nouveaux, proposant des solutions nouvelles pour répondre aux enjeux de la TE. Cela nous a notamment conduit à financer un programme de la Convention des entreprises pour le climat (CEC) sur notre territoire. La TE nous oblige à aller chercher aussi des acteurs de la société civile et ne pas rester dans le giron institutionnel traditionnel. La CEC n’est pas un acteur avec lequel l’État a l’habitude de travailler, et pourtant ils proposent un modèle de transformation radicale des modes de production, dans le but d’aller vers une économie régénérative. Nous n’aurions pu cofinancer une telle formation expérimentale si nous n’avions pas fait cet appel à projets ouvert. La DREETS a également participé aux travaux des COP régionales. De manière générale, on observe de plus en plus de synergies entre les différents ministères au vu de cet enjeu transversal.
Si la DREETS ne crée pas d’outils à proprement parler, les entreprises peuvent se saisir de tous les outils de droit commun. Une entreprise ou un OF peut proposer une formation à France 2030, l’appel à projets permettant de soutenir des projets innovants d’ingénierie de formation ; et dans ce cadre-là de nombreux projets ont été cofinancés État et Région, dont le Climate Factory du MEDEF. Côté demandeurs d’emploi la DREETS soutient un projet appelé les Bifurqueurs dont l’objectif est d’accélérer l’accompagnement des projets de reconversion écologique des demandeurs d’emploi, dans 3 agences France Travail du Rhône et de la Drôme. Nous proposons souvent des appels à projets et on essaie de plus en plus d’intégrer cette dimension de TE, lorsque l’appel à projet ne lui est pas entièrement dédié. Il nous restera à en évaluer les impacts et retombées.
TVB : Certains attendent une évolution réglementaire des référentiels de compétences des formations professionnelles afin de pouvoir imposer la TE dans les contenus de formation. Qu’en pensez-vous?
PDS : France Compétences travaille à l’élaboration d’un guide d’adaptation des référentiels de compétences à la TE. À partir de ce guide, un travail plus systématique d’adaptation des référentiels devrait être établi. On l’appelle de nos vœux à la DREETS car on ne changera les pratiques professionnelles des actifs qu’en ayant des formations adaptées à la connaissance des enjeux de la TE. Nous devons faire comprendre à chacun l’impact de son rôle dans un process de production de biens ou de services. Il s’agit d’un travail de longue haleine. Les OF sont vivement encouragés à contribuer à cet élan de rafraîchissement des référentiels en imaginant dès à présent des modules de formation intégrant ces enjeux. France 2030 et l’appel à projet Compétences et métiers d’avenir peuvent éventuellement venir soutenir ce genre de démarches.
LauriannePloix
Le projet
La délégation régionale d’Uniformation en Auvergne-Rhône-Alpes a monté un groupe projet afin de réfléchir, avec des CFA et des OF, à comment bâtir des compétences durables pour demain. Constituée de professionnels d’Uniformation du niveau régional et national, de la DREETS, du CFA Formasup ARL et de bénévoles de l’association Les Shifters, l’équipe a organisé une rencontre thématique le 4 juin 2024 pour réfléchir ensemble aux solutions possibles. TVB était là pour récolter les pistes d’actions que vous découvrirez dans ces pages. Pour commencer, nous avons interrogé la déléguée régionale d’Uniformation, Sylvie Rivol, qui pilotait le projet.
Bâtir des compétences durables
TVB : Pourquoi avoir initié ce projet autour des compétences durables?
SR : Le point de départ est bien entendu la nouvelle mission confiée aux Opérateurs de compétences (OPCO) dans le cadre de la loi Climat et résilience en 2021 : informer les entreprises sur les enjeux liés au développement durable et les accompagner dans leurs projets d’adaptation à la transition écologique.
Avec l’équipe des délégations Auvergne-Rhône-Alpes, Île-deFrance et avec la direction de la communication d’Uniformation, nous n’avons pas voulu réfléchir en vase clos à la mise en œuvre de ce nouveau service aux entreprises rattachées à l’OPCO. Nous avons souhaité interroger un panel de ces entreprises, dans le cadre de ce que nous appelons, les « Conversations d’Uniformation », afin de mieux comprendre leurs besoins.
C’est ainsi qu’en juin 2023, nous avons abordé cette question avec une dizaine de nos adhérents. Plusieurs idées en sont ressorties, dont une qui nous est apparue centrale : souvent, seuls les convaincus se forment sur cette question… Or, il est indispensable de toucher tout le monde. Par conséquent, plutôt que d’introduire la transition écologique dans des formations spécialisées sur cette question, il faudrait introduire la transition écologique dans toutes les formations !
Cette idée est venue percuter le fait que, nécessairement, cela suppose de travailler en parallèle avec les organismes de formation pour intégrer ce nouvel enjeu. La semaine de l’alternance, organisée chaque année par Uniformation, nous est apparue l’écrin naturel pour proposer aux CFA de lancer une réflexion autour de cet enjeu. Le champ de l’alternance permet en effet d’avoir un impact large et immédiat.
TVB:Comments'est-ilconstruit,misenplaceetréalisé?
SR : Nous avons réuni un comité de pilotage avec des collègues d’Uniformation, de la direction des adhérents et des territoires ainsi que de la direction d’appui aux branches, des représentants de la DREETS, des représentants d’un CFA. Nous avons également souhaité travailler avec les Shifters (association de bénévoles du Shift project, think tank de la décarbonation de l’économie créé par M. Jancovici), afin de nous aider à mettre en perspective nos travaux.
Ensemble, nous avons défini notre ambition : d’abord penser un futur désirable, une transition écologique pensée comme une
opportunité plus que comme une contrainte. Ensuite, nous avons voulu inscrire cette réflexion au niveau stratégique, en ciblant les directions des CFA. Enfin, nous avons voulu inscrire ce travail dans le temps long. C’est notamment la raison pour laquelle nous avons travaillé avec Tout va bien (TVB) pour garder une trace et approfondir la réflexion !
Puis, nous avons défini les trois axes de travail :
- Comment conduire le changement dans sa structure ? Nous avons fait le pari que cet axe stratégique est porteur de développement pour les organismes de formation.
- Comment faire évoluer les contenus pédagogiques (compétences techniques et compétences transversales) ? Le pari est d’avancer de concert avec les besoins des entreprises.
- Comment sensibiliser les apprenants et les salariés ? Le pari : passer de la sensibilisation à l’engagement dans des actions concrètes !
TVB:Queretenez-vousdeceprojet?
SR : Lorsqu’on lit les interviews que vous avez réalisées à chaud après l’évènement, ce qui m’a frappée, c’est l’intérêt parmi les CFA de la mutualisation des pratiques, qui sont de véritables sources d’inspiration. On a souvent l’habitude de réinventer chacun dans son coin des solutions qui pourtant ont été expérimentées par ailleurs ! Le rôle d’Uniformation est dans cette mise en réseau d’acteurs, au service du besoin de montée en compétences dans les entreprises rattachées à l’OPCO. Parmi les belles idées et actions partagées : investir dans un appartement pédagogique sur les pratiques écologiques, créer une académie du développement durable à l’échelle d’un CFA, mesurer l’impact écologique d’une formation en établissant des critères d’évaluation, mettre en place des projets pédagogiques interdisciplinaires autour de la transition écologique, créer des open badges sur la transition écologique, comme cela existe sur les softskills, etc.
Côté Uniformation, nous avons identifié plusieurs pistes de travail intéressantes ! Parmi elles, je retiendrais : participer à cette mise en réseau en communiquant autour des bonnes pratiques sur notre site internet et sur les réseaux sociaux ; retenir la transition écologique comme critère de choix dans nos appels à projet et appels d’offres ; proposer des webinaires à destination des CFA pour les éclairer sur l’évolution des compétences et les besoins des employeurs. Ce sont maintenant les instances paritaires qui détermineront demain l’avenir de ces propositions !
« La transition écologique entraînera une transformation de l’emploi »
Pour Noémie Martin-Pascual et Thomas Roy, bénévoles aux Shifters, association créée pour apporter son soutien au think tank
The Shift project présidé par Jean-Marc Jancovici, la transition écologique entraînera des transformations dans l’emploi, et nous pouvons d’ores-etdéjà les anticiper. Formation à de nouvelles compétences, enjeux de recrutement, accompagnement des reconversions, responsabilité et effet d’entraînement des organismes de formation... Ils nous partagent leurs pistes d’actions pour réussir la transformation de l’emploi dans la société bas carbone qu’ils appellent de leurs vœux.
TVB : Pouvez-vous présenter Les Shifters et votre rôle daansl’association?
TR : The Shift projet est un thinktankdont la vocation est de travailler à la décarbonation de la société française pour la mettre sur une trajectoire compatible avec les accords de Paris et limiter les impacts du dérèglement climatique. Financé par des entreprises, son président
est le médiatique Jean-Marc Jancovici. Les Shifters se sont construits sous forme d’association loi 1901 pour apporter un soutien bénévole aux travaux du think tank, que ce soit dans la rédaction de rapports, la conduite d’actions de communication, ou autres. Financée par la cotisation de ses adhérents, l’association compte une armée de 20 000 personnes aux compétences diverses et variées. Par exemple, j’anime des conférences Teach the shift qui ont pour vocation d’expliquer ce qu’est le réchauffement climatique et ses conséquences, comment se positionner pour agir, élever le niveau de compétences sur ces sujetslà et identifier des marges de manœuvre dans lesquelles on peut s’inscrire.
NMP : J’ai rejoint Les Shifters il y a environ 5 ans. J’ai toujours été sur des projets en lien avec l’emploi. Je souhaitais contribuer à la transition écologique et sociale de façon collective, en dépassant mes actions personnelles comme le zéro déchet. J’ai participé à la création de Ways to shift, qui encourage la reconversion ou l’intégration des enjeux écologiques dans son projet professionnel. J’ai piloté l’écriture d’un rapport sur la partie emploi du Plan de transformation de l’économie française (PTEF) qui se penche sur la nécessaire adaptation de l’accompagnement pour réussir le volet humain de la transformation bas carbone de l’emploi (retrouvez le lien dans la boîte à outils en fin de magazine). J’organise également le Mural de la transition de l’emploi avec Lisa Castor. Il s’agit d’un atelier de réflexion de 3 heures pour amener les acteurs de l’emploi et des compétences à comprendre les liens entre la transition écologique et la transformation de l’emploi, et comment s’en emparer. Même si en termes quantitatifs l’emploi ne va pas tant changer que ça, certains secteurs seront plus impactés que d’autres.
TR : Dans le cadre du PTEF, on essaie de projeter comment évoluerait l’emploi si on réussit la transformation bas carbone de l’économie française. Le constat est qu’il y a assez peu de création d’emplois, les emplois verts n’apparaissent pas vraiment. Par contre, on a beaucoup de secteurs et de métiers qui vont devoir évoluer, former et faire monter en compétences. L’exemple le plus représentatif, c’est le bâtiment où on ne va plus construire mais rénover. Ce que j’appelle le triangle de l’inaction maintient les différents acteurs de la compétence dans une posture attentiste, ce serait aux entreprises, aux branches, aux législations, aux organismes de formation
Le PTEF
Le Plan de transformation de l’économie française (PTEF) a été créé en 2020 par le Shift project. Il vise à proposer des solutions pragmatiques pour décarboner l’économie en favorisant la résilience et l’emploi. Une quinzaine de secteurs ont été traités (emploi, finance, etc.) sur une méthodologie transversale avec pour ligne de mire 2050.
(OF) d’agir, chacun se renvoyant la balle. Or, je pense que les OF peuvent avoir un effet d’entraînement et ne doivent pas juste suivre la demande d’évolution de compétences qui arriverait jusqu’à eux.
NMP : La transition écologique entraînera une transformation de l’emploi. Et inversement, pour réussir la transition, il faudra transformer les activités et donc l’emploi et la formation. Il nous faut les compétences pour y arriver. Nous avons besoin de mettre en place des choses dès maintenant pour pouvoir anticiper et répondre aux besoins auxquels nous allons être confrontés. La transformation va de toute façon avoir lieu, dans tous les cas le dérèglement climatique va faire évoluer nos sociétés. Les conditions de travail sont déjà en train d’évoluer. L’agriculture ou le bâtiment, par exemple, sont déjà fortement impactés : la hausse des températures force à adapter les conditions de travail pour protéger la santé des travailleurs. Le dérèglement climatique a déjà une forte incidence sur les rendements et les récoltes et implique de penser l’adaptation des pratiques pour le prendre en compte. Les réglementations changent elles aussi, et imposent aux entreprises d’évoluer pour s’y conformer. La fin des moteurs thermiques, par exemple, a une incidence sur les activités économiques et les marchés, mais aussi sur le plan humain : il s’agit d’une part de développer de nouvelles compétences nécessaires au développement de nouvelles activités, et d’autre part d’accompagner la perte potentielle d’emploi. Tous les secteurs vont devoir s’adapter pour prendre en compte l’impact des enjeux écologiques sur les matières premières, les flux, les lois, les attentes des collaborateurs, les consommateurs qui ont des envies plus vertueuses…
TVB:QuelsrôlespeuventjouerlesOFetCFA?
TR : Un OF/CFA est aussi un recruteur, il peut s’aligner aux souhaits des salariés, redonner du sens à son travail. C’est un sujet de management du collectif, une opportunité pour recréer un projet d’entreprise qui mobilise l’ensemble des salariés sur ces questions. On peut également faire de la pédagogie sur l’attractivité des métiers (s’aligner à l’évolution des attentes de la société), se donner pour rôle de faire comprendre au secteur économique comment être attractif pour les employés.
NMP : Les OF et les OPCO sont en partie tributaires des demandes des entreprises. Pour adapter les formations, il importe de vérifier la cohérence avec les besoins du marché. Or, beaucoup d’entreprises ne mènent pas de réflexion stratégique pour anticiper l’évolution de leurs besoins en compétences en lien avec la transition écologique. Et à l’inverse certaines entreprises déplorent de ne pas trouver suffisamment de personnes formées aux compétences nécessaires à l’évolution vers des pratiques plus écologiques. Il y a donc un travail de dialogue et de coopération à renforcer sur ce sujet entre tous les
acteurs. Un des grands défis pour les OF et CFA est de développer leurs propres compétences en interne pour s’emparer de ces sujets. Pour adapter les contenus, former à de nouveaux métiers ou nouvelles compétences, encore faut-il s’appuyer sur des formateurs qui disposent eux-mêmes de ces connaissances. Prenons le cas de l’évolution des normes de reportings financiers : en théorie, tout étudiant amené à se former à la comptabilité et la finance des entreprises devrait maîtriser les nouvelles pratiques. Mais cela implique que tous les profs les maîtrisent aussi… Je dirige moi-même un OF spécialisé dans les soft skills, et en tant qu’OF, je crois que nous devons d’abord essayer de comprendre les besoins, d’anticiper leur évolution, pour ensuite adapter l’offre, le tout en travaillant main dans la main avec l’écosystème.
Laurianne Ploix
Astuces à retenir
* Créer un projet d’entreprise qui intègre la transition
* Anticiper les mutations dans son secteur
* Former les formateurs
Retour sur les rencontres
Le 4 juin 2024, la rencontre « Alternance et transition écologique, bâtissons les compétences durables de demain » a rassemblé de nombreux dirigeants d'OF et de CFA, à l’invitation d’Uniformation. Ils étaient invités à participer à des moments collectifs de réflexion visant à définir ensemble des bonnes pratiques, à partir d’exemples déjà existants sur le terrain, ainsi que les enjeux, les besoins et les solutions pour amener la transition écologique (TE) dans les métiers de la compétence. Après une plénière introductive animée par Uniformation, les Shifters et le CFA Formasup Ain Rhône Loire, afin de donner des clés de compréhension des enjeux, les participants ont été orientés vers 3 ateliers. L’atelier bleu avait pour thème En partant des compétences impactées par la TE, comment repenser le contenu des formations dans le cadre contraint des certifications ? L’atelier violet se questionnait sur Comment conduire lechangementdanssonOF/CFA? L’atelier orange se demandait Commentengageralternantsetsalariésdansdesactions écologiques ? De nombreuses idées, pistes d’action et de mutualisation sont nées de ces échanges, puis une plénière de conclusion donnait la parole à la DREETS avant un moment convivial d’échanges autour d’un goûter, bio évidemment. Retrouvez ci-dessous une courte synthèse des conclusions des ateliers et des paroles de participants.
Après avoir exposé les freins à la modification du contenu des formations comme les ressources de la structure, la contrainte légale et les attentes des entreprises, les participants de l’atelier bleu sont passés aux solutions. Ils ont suggéré de colorer les formations par des cas pratiques en lien avec la TE, de mettre en place des Openbadgessur les compétences durables, de créer des Trophées de la TE et d’organiser d’autres moments comme celui-ci pour partager des idées. Il ressort de cet atelier le besoin de se sentir plus formé, plus armé et accompagné pour intégrer la TE dans les pratiques. L’OPCO pourrait se positionner comme centre de ressources sur le sujet et faire des mises en relation avec des experts mais aussi des pratiques inspirantes de CFA déjà avancées sur le sujet.
Dans l’atelier consacré aux changements au sein des OF/CFA, les post-it se sont rapidement remplis et les idées ont fusé. Deux scénarii avaient été proposés : un scénario catastrophe, la crise écologique entraîne une coupe budgétaire dans la formation ce qui affecte les compétences ; et un scénario désirable où l’on deviendrait un modèle de prise en compte des enjeux environnementaux, climatiques et sociaux dans les métiers de la compétence. Pour dessiner ce futur
idéal en commun, les participants ont recommandé de valoriser les formations pour susciter l’appétence, d’adapter les référentiels, de communiquer et partager les pratiques, de former les formateurs et les employés de demain à ces enjeux, cela deviendra une valeur ajoutée. Il fut également proposé de créer des indicateurs pour mesurer l’impact d’une formation, d’intégrer la TE dans tous les domaines de formation même ceux moins concernés, de créer une certification des compétences de base en matière de TE.
Enfin, dans l’atelier consacré à la sensibilisation, les participants ont partagé des bonnes pratiques en insistant sur l’importance du côté ludique des actions de sensibilisation pour engager, et non pas effrayer. Des défis en commun, comme la plantation d’arbres, des jeux et ateliers de sensibilisation ont été encouragés. Les centres de formation peuvent également servir de modèle en adaptant leurs pratiques et infrastructures (double chasse, éclairage réduit). Les participants déjà engagés conseillaient aux OF/CFA de communiquer sur les actions mises en place, d’envisager des récompenses et reconnaissances, l’engagement de la direction, la collaboration active des élèves et des collaborateurs. Il ne resterait plus qu’à passer à l’action...
3
leçons à retenir
L’envie de mutualiser les pratiques et de s’inspirer de ce que font les autres
Voir la transition écologique comme une opportunité de développement des OF comme l’a été le numérique
Avancer de concert avec le besoin des entreprises
Paroles de participans
Guillemette Virmont
Directrice du CFA Akteap
Une grande partie des établissements avec lesquels je travaille sont des structures d’enseignement du monde agricole, et dans ce secteur l’impact de la transition écologique est un enjeu clé. Parfois les établissements s’en emparent en fonction de l’évolution d’une loi ou d’un référentiel ; et cela fait souvent débat dans le monde agricole. D’ailleurs, la loi d’orientation agricole pourrait révolutionner nos métiers. Je suis donc venue chercher des ressources et trouver des outils pour fédérer au sein de nos équipes.
Julien Richard
Responsable entreprises AFPA
La rencontre a été une source d’inspiration. Les discussions avec les autres m’ont donné de nouvelles perspectives sur l’intégration de la durabilité. Je compte mettre en œuvre plusieurs des idées abordées pour améliorer nos initiatives. J’aimerai beaucoup mettre en place par exemple cet appartement écologique évoqué. Nous avons les lieux et les partenaires pour pouvoir créer cet appartement témoin sur les pratiques écologiques, cela serait très intéressant pour l’AFPA.
Robin Pellard – Institut Carrel Conseiller entreprise, accompagnateur des apprenants
Une grande partie de nos jeunes demande des stages et des alternances en priorité à des structures responsables ou engagées dans la transition écologique, notamment les jeunes de notre nouveau bac +3 Economie Sociale et Solidaire. C’est quelque chose d’important pour eux dans le choix de la structure d’accueil, beaucoup plus que dans les générations précédentes.
Flavie Cassam-Chenai CFA Sciences-U
Il existe une note de cadrage, initialement rédigée par Jean Jouzel, au sein du ministère de l’enseignement et de la recherche qui nous oblige à sensibiliser les étudiants à la transition écologique. C’est une obligation au moins pour les étudiants du premier cycle. Nous avons inscrit nos actions dans cette dynamique en créant notamment une Académie du développement durable au sein du campus.
Des idées d’éco-gestes mis en place par les participants à dupliquer sans modération
Mettre en place le tri sélectif (poubelle jaune, papier, verre, compost, recyclage de cartouches d’imprimantes, etc.). Solutri peut vous aider dans cette mise en place.
Travailler sur les économies d’énergies (réduire la consommation d’eau avec des mousseurs sur les robinets et des doubles chasses d’eau, d’électricité avec des ampoules basses consommation, des températures régulées pour réduire chauffage et climatisation, éclairage à la lumière naturelle, lumières et ordinateurs éteints pendant la nuit.)
Limiter les déplacements polluants en faisant des réunions en distanciel et en encourageant les mobilités douces (mise à disposition de vélos, garages à vélos et douches dans les locaux).
S’approvisionner en produits locaux.
Organiser des événenements fédérateurs comme le ramassage de déchets en équipe ou un challenge inter UFA. Les Cyclopeurs vous aident à organiser des ramassage de mégots.
CFA Formasup ARL, la transition écologique au cœur de la stratégie éducative À
l’heure où la transition écologique devient primordiale, le CFA FormaSup Ain-Rhône-Loire se démarque par son engagement envers la durabilité.
Sous la direction d’Olivier Marion, l’établissement transforme radicalement sa gouvernance en intégrant l’écologie à tous les niveaux de son fonctionnement, enrichissant ainsi l’expérience de ses collaborateurs.
L’essence de l’engagement écologique
L’engagement écologique du CFA FormaSup ARL trouve ses racines dans une vision globale de la transition sociétale. Olivier Marion explique que cet engagement ne se limite pas seulement à l’environnement, mais est à la fois environnemental, social et sociétal. « En tant queCFAurbain,nousdevonsfairefaceauxdéfisdela transition écologique, mais également de la transition sociétale au sens large. Nous sommes confrontés à des problématiques de circulation, de connexion aux périphéries, de manque d’espaces verts, de gestion des vagues de chaleur estivale, et parfois de violences urbaines. Nous cherchons à rendre notre écosystème plus heureux, plus solaire et épanouissant.» Depuis 2013, le CFA dispose d’un label diversité-égalité des chances, mais la dimension écologique faisait encore défaut. Olivier Marion ajoute : «Lacrisepandémiquea intensifiénotreprisedeconscienceenvironnementale, révélantlanécessitéd’uneapprocheplusvertueuseet systémique.»
En réponse, le CFA a rassemblé un groupe de volontaires issus de tous les services, les « Éconautes », en 2022 pour orienter et soutenir les actions environnementales. « Ce groupeaétécréépourintégrerexplicitementlaquestion environnementale dans notre responsabilité sociétale. Ils sont aujourd’hui une instance officielle de notre établissement, se réunissant régulièrement pour faire avancernosinitiativesécologiques.»
Une mise en œuvre structurée
Pour mettre en œuvre sa politique écologique, le CFA FormaSup ARL a suivi plusieurs étapes importantes. Olivier Marion détaille : « Nous avons commencé par un diagnostic complet de nos pratiques afin d’évaluer notreempreinteénergétique,avecl’aidedelaMétropole de Lyon.» Ce diagnostic a permis de mettre en place des actions telles que la réduction des consommables en plastique, l’installation de fontaines à eau filtrée, et l’amélioration de la gestion des ressources. Des initiatives comme l’introduction de plantes dans les bureaux, en partenariat avec la société Yanomami, et la promotion de la mobilité douce témoignent de l’engagement du CFA envers un environnement plus durable. Le directeur précise : «Nousavonsintroduitdespratiquescollectives comme le lavage de vaisselle réutilisable et la gestion responsable du chauffage pour renforcer la solidarité autour des nouvelles habitudes. »
Surmonter les obstacles
L’un des principaux défis du CFA FormaSup ARL est de maintenir l’engagement écologique sur le long terme. Olivier Marion explique : « La conscience environnementale peut s’effriter avec le temps, surtout face à des tendances consuméristes persistantes.» Pour surmonter ce défi, le CFA a mis en place une stratégie de communication continue. « Nous utilisons notre réseau
social interne pour rappeler régulièrement les bonnes pratiques et organiser des événements où les Éconautes peuventfairelepointsurlesactions.» La sensibilisation des nouveaux collaborateurs et l’intégration des comportements écologiques dans les habitudes quotidiennes sont également des priorités.
Les fruits de l’engagement
Les changements apportés par la politique écologique du CFA FormaSup ARL ont des impacts significatifs. Le directeur observe que la cohérence entre les discours et les actions renforce la crédibilité de l’établissement. « Cette transparence crée un environnement où les employés se sentent valorisés et engagés », explique-t-il. L’amélioration du bien-être psychologique des équipes ainsi qu’une image positive auprès des partenaires et financeurs sont des avantages notables. « Bien que la mesure exacte de l’impact soit complexe, les bénéfices stratégiquessontclairs», affirme-t-il.
Bien-être au travail, une priorité conjointe
Olivier Marion met en avant l’importance du bien-être des employés dans cette transition écologique. « Le bienêtre au travail repose sur plusieurs axes essentiels, tels que la rémunération équitable, la reconnaissance, et un managementparticipatif». Le CFA a redéfini ses bureaux pour offrir un environnement agréable et inspirant. « Nous avons aussi amélioré nos espaces de travail avec deséquipementsmodernes,dessallesdereposrénovées, et des zones dédiées à la détente et à la créativité. »
Les nouvelles installations comme la salle de sport et le cabinet de douche pour ceux venant en vélo sont des exemples concrets de l’engagement du CFA pour améliorer le bien-être de ses collaborateurs. « Les retours sur ces améliorations sont très positifs. Les équipes se sentent valoriséesetimpliquéesdanslesinitiativesécologiques», ajoute-t-il.
À l’avenir, le CFA FormaSup ARL prévoit d’intensifier ses efforts en matière de mobilité douce et de régulation de la consommation numérique. Olivier Marion souligne l’importance de pérenniser ces pratiques : « Il est crucial d’intégrer ces comportements de manière délicate, sans tomber dans la répression ou la moralisation. Avancer trop rapidement peut créer de la résistance ou des comportements déviants, ce qui n’est pas notre objectif.Nousdevonsprivilégieruneapprochecollective, volontaire et patiente, en restant humbles face aux changements que nous mettons en œuvre.» La création d’une journée dédiée à l’environnement et l’amélioration de la flotte de mobilité sont parmi les prochaines initiatives envisagées. «Noussouhaitonstransposernotretradition d’inclusion sociale à la cause environnementale. »
Le directeur conseille aux structures qui souhaiteraient se lancer de faire preuve de patience et d’humilité dans leur démarche écologique. « Il ne s’agit pas de révolutionnerleschosesdujouraulendemain,maisd’agir progressivement», conclut-il. Selon lui, il est essentiel de penser globalement et de créer une cohérence stratégique intégrée entre individus, nature, et société.
Alors que le CFA FormaSup ARL continue de tracer son chemin vers une durabilité accrue, il offre un modèle inspirant pour d’autres institutions. En démontrant comment la transition écologique peut transformer les pratiques organisationnelles, l’établissement montre que chaque étape vers la durabilité contribue à construire un avenir plus vert et inspirant pour tous.
Nasra Taraconat
Astuces à retenir
* Définir une vision claire : Intégrer les aspects environnementaux dans votre stratégie globale, en tenant compte de l’impact de vos actions sur l’ensemble de l’écosystème de l’organisation.
* Mise en œuvre structurée : Débuter avec un diagnostic complet, impliquer les collaborateurs, et adopter des actions concrètes comme la réduction des plastiques et la gestion des ressources.
* Planifier, communiquer et évaluer : Développer un plan d’actions basé sur un diagnostic écologique, assurer une communication continue sur les initiatives et évaluer régulièrement les résultats pour ajuster les actions.
MFR Saint-Laurent, la formation au service du développement durable
La Maison Familiale Rurale (MFR) de Saint-Laurent intègre le développement durable au cœur de l’éducation de ses jeunes. Xavier Laurent, directeur de l’établissement, partage son approche éducative complète, préparant ainsi les jeunes à devenir des citoyens conscients et responsables.
Un écosystème en harmonie avec son territoire
Xavier Laurent décrit la MFR comme une petite exploitation agricole : « Nous serions comme une petite exploitation riche en vie, connectée avec la communauté locale. Nous formons des agriculteurs, consommons localement et nos élèves sont très impliquésdansletissulocal ». Cette métaphore reflète parfaitement la mission de l’établissement : éduquer et former les jeunes en les intégrant pleinement dans leur environnement.
Chaque année, la MFR de Saint Laurent accueille 350 à 370 jeunes âgés de 14 à 23 ans. Ces élèves, inscrits en alternance, suivent des formations variées mêlant théorie et pratique dans des domaines tels que l’agriculture, le tourisme, l’animation, ou encore les services à la personne. Mais la MFR ne se limite pas à former des professionnels qualifiés. « Nous voulons rendre les jeunes conscients de l’impact de leurs actions quotidiennes sur l’environnement», explique Xavier Laurent. Que ce soit à travers la lutte contre le gaspillage alimentaire, la consommation énergétique, ou la préservation de la biodiversité, l’objectif est de leur faire comprendre l’importance de leurs gestes. « C’estenagissantqu’ilsprennentvraimentconscience des enjeux écologiques», ajoute-t-il. Les élèves participent à des projets concrets, qui leur permettent
d’en mesurer les effets et de mieux intégrer les enjeux écologiques dans leur quotidien.
Les éco-délégués, des ambassadeurs du changement
La création des postes d’éco-délégués incarne l’engagement de la MFR à sensibiliser ses élèves aux questions environnementales. Dès la rentrée, chaque classe élit un ou deux éco-délégués chargés de promouvoir des initiatives écologiques au sein de l’établissement.
« Ils sont choisis pour leur sensibilité aux enjeux environnementaux et leur capacité à mobiliser leurs camarades », précise Xavier Laurent.
Sous la supervision des enseignants, les éco-délégués ont rapidement pris des mesures visibles. « Nous avons commencé par le tri des déchets et la réduction de la consommation d’énergie», explique-t-il. Pour incarner cet engagement, les élèves ont même créé un personnage nommé Ecoman, symbole des efforts écologiques de la MFR. Parmi les actions concrètes des éco-délégués figurent la mise en place d’affiches et de slogans percutants, tels que « C’est pas Versailles ici ! », pour encourager les économies d’énergie. Ils ont également fabriqué des panneaux identifiant les arbres du parc de l’établissement et collaboré avec des services civiques et la fédération de chasse pour explorer la biodiversité locale. Des ateliers, comme celui de l’apicultrice venue expliquer le rôle crucial des abeilles, enrichissent cette sensibilisation.
Un engagement fort en faveur de la RSO
La MFR de Saint-Laurent a structuré son approche du développement durable autour d’une démarche globale de Responsabilité Sociétale des Organisations (RSO). Cette démarche repose sur quatre axes principaux. Le premier est la gouvernance associative, impliquant directement les familles dans la gestion de l’établissement. Le second axe porte sur la préservation de l’environnement, avec des projets comme l’isolation du bâtiment le plus ancien et
l’installation de panneaux photovoltaïques pour réduire la consommation énergétique. « Cela fait partie de notre volonté de réduire notre impact», commente Xavier Laurent. Le troisième axe met l’accent sur l’alimentation locale, avec une promotion active des produits issus de la région. Les repas sont régulièrement organisés autour de produits locaux et de saison. Enfin, le quatrième axe concerne les relations éthiques avec les fournisseurs, en privilégiant des artisans et des producteurs locaux pour les travaux et approvisionnements de l’établissement.
Un lien solide avec les producteurs locaux
Favoriser l’approvisionnement local est une priorité pour la MFR de Saint-Laurent. L’établissement se fournit en produits frais, tels que les yaourts ou la viande, auprès des agriculteurs et artisans des Monts du Lyonnais. « Mêmesi celacoûteunpeupluscher,ilestessentielpournousde soutenirlesproducteurslocaux», précise Xavier Laurent. Cette démarche permet non seulement d’assurer une alimentation de qualité pour les élèves, mais aussi de renforcer les liens avec la communauté locale.
Des projets d’avenir ambitieux
La MFR de Saint-Laurent ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Parmi les projets en cours, l’établissement
cherche à réduire encore davantage son empreinte carbone par des travaux de rénovation et l’utilisation d’énergies renouvelables. « Nous envisageons également d’introduire des véhicules hybrides pour nos sorties pédagogiques, bien que l’autonomie des véhicules électriques ne soit pas encore suffisante pour nos besoins », explique Xavier Laurent.
Mais au-delà des infrastructures, l’objectif est avant tout de continuer à sensibiliser les jeunes aux enjeux du développement durable. « Nous voulons former des citoyens conscients de leur impact sur l’environnement etcapablesd’agirpositivementdansleurcommunauté», partage Xavier Laurent. L’implication des élèves est essentielle pour la réussite des projets, souligne le directeur : « Il est important de les écouter et de leur donner des responsabilités. Les initiatives doivent être attrayantesetnonculpabilisantes.C’estainsiquenousles motivons et les engageons dans la voie de la durabilité.» Un message porteur de sens et d’espoir pour un avenir plus durable. Bien que le chemin vers la durabilité soit encore long, chaque étape franchie contribue à construire un avenir plus vert et inspirant pour tous.
Astuces à retenir
* Implication des jeunes :
Intégrer des éco-délégués dans les classes pour promouvoir les pratiques écologiques.
* Actions concrètes :
Mettre en place des projets tangibles comme le tri des déchets et la réduction du gaspillage alimentaire.
* Approvisionnement local : Favoriser les produits locaux pour soutenir l’économie locale et réduire l’empreinte carbone.
* Sensibilisation continue : Organiser des activités pédagogiques et des visites pour renforcer la compréhension des enjeux environnementaux.
Acadély, une
stratégie globale
pour une transition partagée
La démarche entreprise au CFA
Acadely depuis plusieurs années trace son chemin. A partir d’une approche systémique qui implique d’intervenir sur différents enjeux, l’équipe a posé les jalons d’une transformation en profondeur des pratiques et de son impact environnemental.
L’essence de l’engagement écologique
« On essaye de faire changer les choses sans que ce soit un effort. Si vous pratiquez progressivement, et qu’il y a répétition,çadevientunréflexe».Telle est la philosophie de Christine Galbit, directrice du CFA Acadely, et de l’équipe dans son ensemble. Pour autant, l’engagement de chacun dans la transition écologique n’aurait pas été possible en l’absence de valeurs communes. « Cette dynamique part de l’équipe qui souhaite mettre en
application ce que chacun fait déjà à son échelle, à titre personnel, pour l’élargir à celle de l’organisme », poursuit-elle.
La co-construction d’une stratégie pour faire sens
Organisme de formation aux métiers de la petite enfance et aux services à la personne, le CFA installé à Villeurbanne compte 11 salariés et 15 formateurs. Pour encourager le changement des pratiques, l’adhésion de ses membres à cet objectif est donc essentielle, puis, pas à pas, celle des apprentis. Reste que la prise de conscience n’est pas nouvelle dans l’institution ; depuis 5 ans le sujet est régulièrement abordé lors de séminaires. Mais en dépit des réalisations déjà mises en œuvre, il a semblé indispensable de s’adosser aux compétences d’un bureau d’études. « Il y a deux ans nous avons constitué un dossier en vue d’un cofinancementparl’Ademe.Carnousnenoussentions pasforcémentlégitimesdansnoschoixetnousavions besoind’unaccompagnementpourêtredécomplexés, détaille Christine Galbit. Sur une période d’un an, le prestataire a réalisé un audit sur nos process, et nous avons défini avec lui une stratégie et des objectifs, en cours de rédaction ».
Les grandes orientations
La transition écologique recouvre différents champs, dont les interrelations sont nombreuses. Le CFA a donc défini deux grands axes structurants à même d’installer les conditions d’un changement. En premier lieu une approche systémique qui implique de mêler les enjeux et d’intervenir dans plusieurs domaines pour diminuer son impact environnemental et enclencher des boucles vertueuses. Les politiques d’achat, de mobilité ou encore de sobriété dans les bâtiments en témoignent. En second lieu, un travail pédagogique sur
les usages et la sensibilisation aux bons gestes, de façon à ce que les apprentis en deviennent les ambassadeurs au domicile. « On travaille beaucoup avec les structures d’intervention à domicile. Les petits gestes peuvent changerleshabitudes,quecesoitàtraversunnettoyage plusécologique-l’institutionréalisesespropresproduits d’entretien - ou la composition des repas avec des fruits et légumes locaux et de saison, nous explique Christine Galbit. La pratique montre que c’est possible ». Les résistances faiblissent.
Des actions qui relèvent déjà d’une approche globale
Nombre d’actions s’inscrivent dans cette approche, comme les circuits courts. Christine Galbit le constate, les pratiques alimentaires se modifient, « on est plus vigilants sur les produits qu’on achète ». De même, les entreprises locales sont privilégiées pour l’achat de matériel, ainsi que le recours aux articles de deuxième main, diminuant aussi les émissions des gaz à effet de serre (GES). Dans un autre registre, « on essaye de redéfinir les standards, en faisant travailler par exemple une femme de ménage en journée pour lui permettre de concilier vie professionnelle et familiale ». Cette préoccupation sociale concerne également la mobilité. L’usage des transports collectifs et les mobilités douces sont encouragés, et pour faciliter les déplacements « on nedonnepasàunalternantunemissionéloignéedeson domicile », poursuit la directrice. Autre exemple, durant les congés d’été, le personnel se regroupe dans un seul des deux bâtiments en location pour minimiser les effets de la climatisation sur les émissions des GES. Elle se trouve de plus limitée à 4°C en dessous de la température extérieure aux heures les plus chaudes.
Ainsi les lignes bougent, « yes we can » ! Et la feuille de route formalisée par le document stratégique pourra conforter les leviers sur lesquels appuyer les transformations définies collectivement.
VirginieBathellier
Astuce à retenir
Se faire aider par l’agence de la transion, l’ADEME pour un diagnostic et un plan d’actions.
L’Agence conseille, facilite et participe au financement de nombreuses réalisations. De l’aide à la décision (diagnostic et étude d’accompagnement par un prestataire externe) à l’investissement (Fonds Chaleur, Fonds Économie circulaire, …), en passant par les changements de comportements (communication, animations), elle reste un acteur incontournable de la transition. www.ademe.fr
« La transition écologique répond aussi aux enjeux sociaux »
Sarah Chion-Maugiron, déléguée adjointe de la Fédération ardéchoise des centres sociaux et Jadwiga Woznica-Raoulx, chargée de mission Transition écologique pour la Fédération des centres sociaux et associations d’animations locales de la Drôme ont répondu à nos questions. Pour elles, la transition écologique (TE) répond aussi à des enjeux sociaux qui font partie des missions des centres sociaux (CS). Afin de l’encourager, elles misent sur la sensibilisation, la formation, la visibilité donnée aux projets réalisés et la dynamique de réseau pour partager les bonnes pratiques, nourrir les débats, et favoriser une écologie positive, non culpabilisatrice, sociale et démocratique.
TVB : Pouvez-vous présenter vos missions ?
SCM : Le rôle de notre fédération, en tant que tête de réseau, est d’accompagner les structures adhérentes (des centres sociaux, centres de loisirs, etc.) sur les 4 axes de notre projet fédéral. Ce dernier tente de répondre à 4 grandes questions sociales dont la question de la transition écologique.
JWR : En tant que chargée de mission à 100 % sur les missions écologiques et solidaires, en partenariat avec la CAF, j’accompagne les structures dans leurs démarches de transition, de la sensibilisation à la mise en place d’une gouvernance partagée, par exemple.
TVB : Uniformation propose une formation sur les outils pour impulser une stratégie TE qu’ont suivi 3 de vos centres sociaux. Quelle place joue la formation selon vous ?
SCM : Trois de nos centres sociaux ont décidé de suivre cette formation parce qu’ils recherchaient des outils pour mettre en place une démarche dans leurs structures. La formation a permis de les déculpabiliser, ils se sont rendus compte qu’ils faisaient déjà des choses. C’est motivant de savoir que l’on peut faire sa part. Leurs réflexions et la formation ont déclenché une envie d’entamer une prestation en conseil en ressources humaines (PCRH). Les Centres Sociaux concernés doivent redéfinir cette année leur projet associatif pour ensuite solliciter la PCRH, probablement l’année prochaine.
JWR : Dans la Drôme, la formation est aussi le temps du diagnostic, on se rend compte qu’on est déjà acteur (dans le tri des déchets, la réduction des déplacements, etc.).
Partir de ce qui existe déjà est positif, après on se demande quel est le prochain objectif, comment continuer à tirer le fil ? Pour s’inspirer, on crée des outils de valorisation de ce que d’autres ont déjà fait comme des capsules vidéos, des cartes mentales… Il est important de valoriser ce qui est fait et donner à d’autres l’envie de se lancer, entraîner tout le réseau dans cette transformation des pratiques.
TVB : Quelles actions avez-vous développé dans vos structures, afin d’encourager la TE ?
SCM : En Ardèche, on a développé plusieurs typologies d’actions. Nous avons décidé l’année dernière de sensibiliser le réseau au passage à l’action, en organisant des temps de sensibilisation lors de séminaires, de journées de travail qui incluaient la prise de conscience du coût carbone de nos activités et des enjeux de la TE. Nous avons notamment animé des ateliers autour de la fresque du climat dans l’ensemble de notre réseau et ensuite formé tous ceux qui le souhaitaient pour être eux-mêmes animateurs de la fresque, dans leurs structures. Nous n’avons pas la main sur tout, il est donc important de focaliser son énergie sur ce que l’on peut faire bouger. Dans ce sens, nous avons fait un travail de mise en valeur de ceux qui faisaient déjà beaucoup. Nous avons publié un document lié à l’engagement de nos structures sur les démarches écoresponsables auprès du Système d’Echanges National des Centres Sociaux (SENACS), l’observatoire national des Centres sociaux et des CAF. Par ailleurs, la question alimentaire est très présente historiquement dans les CS, la question d’une alimentation locale, durable et saine pour tous. A l’échelle régionale, nous avons répondu à un appel à projets pour structurer les démarches sur les transitions alimentaires. Enfin, nous nous sommes demandés ce que l’on pouvait faire en interne, nous avons peu de moyens pour décarboner notre activité, notre premier levier fut donc d’enlever la viande des repas collectifs. Nous ne fournissons plus de repas carnés dans toutes nos instances collectives et cela a fait débat. Il s’agit de démocratie vivante, en mouvement, de débats collectifs pour se nourrir les uns, les autres. Cette décision a permis de voir l’aboutissement d’une intention mais aussi de donner des pistes, l’exemple, et certaines structures ont ensuite fait pareil.
JWR : Je rejoins Sarah sur la dynamique non carnée de la fédération. On est souvent dans la double dynamique : qu’est-ce que je fais en interne, où je me fournis en biens et en services, notamment numériques, les questions de gouvernance… Mais aussi en externe avec les personnes que l’on accompagne en tant que CS : les habitants. Nos pratiques collectives incitent à la duplication individuelle. On encourage d’ailleurs l’auto partage, les questions d’égalité et de diversité (avec des ateliers d’auto-défense juste pour les femmes), cela fait partie de la TE. La transition écologique répond aussi aux enjeux sociaux, ce n’est pas que le respect de la biodiversité mais aussi celui de la diversité humaine, comme la lutte contre les injustices sociales.
TVB : Quel impact a eu votre engagement dans la TE ?
SCM : À partir du moment où on a commencé à travailler sur ces sujets de manière visible, parallèlement à certaines structures qui étaient déjà très engagées sur le sujet (en ayant des panneaux solaires sur leur toit, par exemple) nous avons créé un espace pour la TE. Aujourd’hui, tous
les CS se questionnent sur la TE et c’est la force de la dynamique de réseaux. Elle a un effet accélérateur. Les actions sont très différentes selon les Centres sociaux : des structures créent des paniers solidaires, d’autres mettent en place des réseaux de solidarité pour les goûters du centre de loisirs, d’autres créent un réseau de transport solidaire à la demande, géré par des bénévoles… Nous sommes sur des façons d’agir très hétérogènes. L’essentiel est d’avoir un projet dans lequel s’investir.
JWR : Oui, quand on a lancé la dynamique en 2019 il y avait 3 CS investis, tout est parti d’eux, du terrain, afin que l’ensemble des CS de France se saisissent de la tâche. Aujourd’hui, on est 14 structures autour de cette équipe moteur.
Travailler la TE dans nos CS permet de donner du sens à nos métiers et aide au recrutement, surtout dans les filières enfance/jeunesse. Cela permet aussi de faire venir d’autres publics dans nos centres, on le constate notamment dans notre groupement d’achat qui pratique 3 prix de vente différents. C’est un sujet transversal qui fédère. Je crois que tout le monde a intérêt à se lancer, il ne faut pas se poser trop de questions, il faut juste y aller !
SCM : Je suis d’accord, toute action est politique, à partir du moment où on agit on porte un changement. Il faut donc se lancer sans être dans une démarche normative et culpabilisante pour ne pas tomber dans une écologie subie. Il faut prendre conscience que le système actuel n’aide pas vraiment à ce que l’on change, nous sommes dans des stratégies de lutte et de changement… Il faut juste se lancer.
Astuces à retenir
* Valoriser les actions de ceux qui font déjà.
* Mettre en place des actions sociales.
* Travailler en dynamique de réseaux pour bénéficier de son effet accélérateur.
* Passer à des repas non carnés dans les moments collectifs.
Alliade Habitat, l’enjeu de la transition pour un employeur
La réduction de notre impact sur l’environnement touche des domaines variés, au premier rang desquels figure l’habitat. Alliade Habitat, présent dans la plupart des départements de Rhône-Alpes, s’attelle à la tâche depuis de nombreuses années. Il faut dire que les enjeux ne manquent pas avec un parc de 60 000 logements. Quels enjeux rencontre le bailleur social dans l’acquisition de compétences durables ?
Du développement de l’offre de logements à la réhabilitation en passant par la participation à la rénovation des quartiers prioritaires, l’organisme intervient sur deux axes complémentaires. Ainsi, en écho aux politiques promues par le ministère de la Transition écologique, Sylvain Giraud, Directeur de la maîtrise d’ouvrage, précise « qu’Alliade Habitat agit sur la baisse des consommations énergétiques et la réduction des émissions de Gaz à Effet de Serre pour limiter la hausse des températures, mais aussi sur l’atténuationdeseffetsduchangementclimatique.»
Cela se traduit par la construction de 1 800 logements par an et autant de réhabilitations. Afin d’éradiquer les passoires thermiques, qui pèsent aussi lourdement sur les charges assumées par les locataires, l’étiquette C du classement énergétique est le minimum requis pour chaque logement. Mais l’organisme va plus loin, avec la volonté d’atteindre l’étiquette B sur une part significative de son parc, à échéance 2034.
Du reste, la réduction de l’empreinte carbone dans les bâtiments entraîne une véritable révolution dans les modes de construction et d’intervention qui touchent différents corps d’état. « La conception des bâtiments
Laurianne Ploix
change,rappelleSylvainGiraud.Onestdésormaissurdes systèmespassifsquinécessitentdetravaillersurl’isolation, mais aussi sur des modes de chauffage plus innovants comme les pompes à chaleur réversibles ou encore la géothermie, qui associe chauffage et rafraîchissement » Car avec les fortes chaleurs enregistrées depuis plusieurs années le sujet du confort d’été émerge dernièrement. D’où la présence d’arbres qui jouent un rôle de masque, de persiennes plutôt que des volets roulants et le recours à d’autres modes de rafraîchissement que la climatisation.
Renforcerlescompétencesparlaformation
Mais la montée en charge de ces opérations doit pouvoir s’appuyer sur des personnels qualifiés, or les entreprises peinent à en trouver. Alliade Habitat pousse ses prestataires à se tourner vers les organismes de formation qui intègrent la TE, à travers les clauses d’insertion inscrites dans ses marchés. Et au-delà, il améliore les compétences de son personnel impliqué dans la maîtrise d’ouvrage, la réhabilitation ou la gestion. En 2023 et 2024, Maryline Le Corre, responsable de formation, a pu mettre en place des journées financées par le Fonds national pour l’emploi (FNE) dans le cadre de la transition écologique pour les responsables de programme et d’autres sur l’écoconduite pour les agents utilisant les voitures de fonction. « Le renouvellement de ce financement n’est toutefois pas assuré, explique Maryline Le Corre. Dans le cadre du plan de développement de nos compétences, nous allons solliciter une nouvelle prise en charge qui peut atteindre jusqu’à50%descoûtspédagogiques».
Les besoins en formation sont aussi couverts directement par le bailleur social. En 2022, il a financé des interventions sur les matériaux biosourcés, comme la paille pour l’isolation, ou le bois, ou encore sur la nouvelle Réglementation Environnementale (RE 2020) qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le bâtiment. En 2024, des formations au photovoltaïque ont également concerné les équipes techniques qui les gèrent. Maryline Le Corre note que ce type de formation peut désormais bénéficier d’une aide du FNE, une demande en ce sens étant en cours. Par ailleurs, les locataires ne sont pas oubliés, un autre axe de réflexion concerne en effet la gestion des déchets.
Nul doute, la transition écologique est prise très au sérieux par les bailleurs sociaux qui entament des changements profonds dans leurs process. Pour aider l’ensemble du secteur, les réponses apportées doivent aussi s’appuyer sur des formations ambitieuses, qui renouvellent les pratiques professionnelles.
VirginieBathellier
Astuces à retenir
* Utiliser le FNE-Formation et les fonds de son OPCO pour former ses salariés à la transition écologique.
* Organiser des temps de formation collectifs pour monter en compétences.
* Construire un plan de réduction de ses émissions à effets de serre.
* Obtenir la mention Reconnu garant de l’environnement (RGE) afin de décrocher des financements.
Un guide plein d’astuces pour la branche ECLAT
Hexopée, organisation professionnelle représentant des acteurs de l’économie sociale et solidaire et Synofdes, l’organisation professionnelle représentative des OF ont réalisé un guide pratique pour se repérer dans les normes et mettre en place des actions en faveur de la transition écologique. Découvrez ci-dessous un extrait de l’introduction du guide.
Au-delà de l’impact sur la planète, entamer une démarche de transition écologique peut aussi permettre de faire des économies ou bien encore être un atout au service de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) et faire la différence lors des recrutements. Pour que les structures entament ou poursuivent leur réflexion sur le sujet, Hexopée et le Synofdes ont entrepris un travail d’accompagnement, qui se décline sous plusieurs formats dont :
• Des articles thématiques sur la réglementation environnementale applicable à vos locaux et activités ;
• Des modèles et outils tels que le plan de mobilité.
Hexopée et le Synofdes souhaitent partager des initiatives inspirantes, portées par certains adhérents, concernant les plus grands postes de pollution, au regard des émissions de CO2 :
REN Formation lance une certification clé pour la transition
REN Formation, en collaboration avec plusieurs acteurs locaux et nationaux, a mis en place une nouvelle certification professionnelle pour le métier d’agent valoriste des biens de consommation courante. Ce rôle, central dans la gestion des matériaux en fin de vie, contribue activement à la transition écologique. Retour sur la genèse du projet et ses enjeux avec Denis Bernin, Directeur Général de REN Formation, et Juliette Cussinet, chargée de projet formation.
Unmétierenréponseàunbesoincroissant
Le projet de certification pour le métier d’agent valoriste trouve son origine en 2018, au sein de REN Formation, une branche du groupe GEIM spécialisée dans l’insertion professionnelle par le travail. L’initiative a été motivée par deux constats, comme l’explique Denis Bernin, Directeur Général de REN Formation : « D’un côté, le secteur du réemploi connaît une forte expansion avec une demande accruedeprofessionnelsqualifiés.Del’autre,ilmanquaitdes formationspourlespremiersniveauxdequalification.Nous avons voulu combler ce vide en créant une certification qui permettraitàcesprofessionnelsd’obtenirunereconnaissance etdetransformercequiétaitsouventunemploipardéfauten véritableopportunité.»
Pour concrétiser ce projet, REN Formation s’est allié à des acteurs régionaux et nationaux, notamment un organisme de formation de la région parisienne et le Réseau National des Ressourceries. Ce travail collectif a abouti à la reconnaissance du métier par France Compétences en 2022, marquant une étape décisive pour l’organisme lyonnais. « La MétropoledeLyon,vial’appelàprojetsIDAE,ajouéunrôle clé en finançant la réflexion et l’ingénierie du projet, tandis qu’Uniformation a permis de soutenir financièrement les premières formations », précise Denis Bernin. Aujourd’hui, une quarantaine de personnes ont déjà obtenu cette certification de niveau CAP/BEP, leur ouvrant de nouvelles perspectives dans un secteur en pleine mutation.
Leprocessusdecréationdumétier
Le chemin pour aboutir à la reconnaissance du métier d’agent valoriste n’a pas été sans embûches. Juliette Cussinet, chargée de projet, revient sur les différentes étapes du processus : « Bienquecemétiersoitexercésousdiversesformesdepuis longtemps,ilnousfallaitunifierlespratiquespourrépondre
auxexigencesactuellesduréemploidanslesressourceries et recycleries. Nous avons donc commencé par observer lespratiquesenplacedansnotreressourcerielyonnaiseet cellesdeLaPetiteRocketteàParis,toutencapitalisantsur l’expérienceduRéseauNationaldesRessourceries.»
Les échanges avec les professionnels du secteur ont permis de définir un référentiel de compétences. Des groupes expérimentaux ont été formés à Paris et à Lyon pour tester et ajuster la formation avant de soumettre le dossier à France Compétences. « Nous avons travaillé en étroite collaborationavecdesacteursdusecteurdeLyon,comme le Foyer Notre-Dame des Sans-Abris et l’Armée du Salut, ainsiquelesressourcerieslocales», ajoute-t-elle.
Uneformationtailléesurmesure
Le métier d’agent valoriste, qui consiste à collecter, trier, valoriser et redistribuer les objets en fin de vie, nécessite des compétences à la fois théoriques et pratiques. Pour répondre à ces exigences, la formation s’articule autour de quatre grands blocs : la communication et sensibilisation au réemploi, la collecte et la traçabilité des objets, le traitement et la valorisation, et enfin la vente des objets réemployés. «Nousavonsintégrédenombreusesméthodes d’apprentissage, allant des séances en salle aux visites sur leterrain,enpassantpardesmisesensituationconcrètes. La formation comprend également une remise à niveau des savoirs de base, comme les compétences numériques et en communication », détaille Juliette Cussinet. Ce programme a été conçu pour répondre aux spécificités du métier, notamment l’importance d’un apprentissage en situation de travail dès le début de la formation. « Le métierd’agentvaloristeesttrèspragmatique.Chaquejour, lesobjetsàtraitersontdifférents,cequirendl’expérience pratiqueindispensable.C’estpourquoinousavonsrenforcé lesmodulespratiquesdèsledébut,enalternantthéorieet terrain. » Juliette souligne également l’importance de la communication dans ce métier: «Lacapacitéàsensibiliser lepublicauréemploietàlagestiondurabledesobjetsest essentielle. Nous avons donc beaucoup travaillé sur cet aspectavecnosapprenants.»
Unmétierclépourlatransitionécologique
Le rôle des agents valoristes dépasse largement la simple gestion des objets en fin de vie. «Lesagentsvaloristesjouent un rôle fondamental dans la réduction de l’enfouissement et de l’incinération des objets, des pratiques qui ont un impactenvironnementalnégatif.Enrécupérant,valorisant et redistribuant ces biens, ils contribuent directement à l’économie circulaire », explique Juliette Cussinet. Ainsi, ils interviennent également dans les déchèteries, où ils aident à identifier les objets réemployables ou recyclables, évitant ainsi qu’ils ne finissent à la poubelle. Leur mission de sensibilisation est également cruciale pour faire évoluer les mentalités face à la consommation et au gaspillage.
Nasra Taraconat
Se reconvertir dans les compétences durables
En créant l’Académie du Développement
Durable au sein du campus Sciences-U à Lyon, Flavie Henrion Cassam Chenaï a pu donner du sens à sa vie professionnelle. Pour autant, son engagement s’est fait progressivement au fil de ses expériences.
En dépit d’une sensibilité aux questions environnementales dans son enfance, son parcours universitaire ne la destinait pas à prendre ces problématiques à bras le corps. Diplômée en 2008 de l’école de management de Lyon (EM), ce n’était alors « pas un sujet », regrette Flavie. Du reste, en dépit du rapport Brundtland -qui alertait après bien d’autres travaux sur les risques du réchauffement climatique et proposait des pistes pour y faire face- et du sommet de Rio en 2002, peu d’acteurs s’étaient emparés du sujet.
Des années décisives dans la formation de sa réflexion
Pourtant, son regard sur les enjeux environnementaux va évoluer et ses activités professionnelles vont lui sembler de moins en moins en congruence avec ses convictions. Des expériences vont la marquer durablement. Flavie connaît en effet 2 pays de près pour y avoir vécu avec son mari puis ses enfants. Après quatre ans et demi passés dans un cabinet de conseil aux entreprises, l’Australie lui ouvre les bras. Elle assure la logistique de Clarins et de l’Occitanie, tout en essayant de les sensibiliser à l’écologie. Mais les problématiques de stock et de gâchis qu’elle rencontre lui posent problème. Quelques années plus tard, l’Inde constituera un déclic, «cequej’aivulà-basm’adonné envie de m’engager », explique-t-elle. La famille est installée à Bombay avec deux enfants en bas âge. « Ces annéesontétécompliquéesdansunemégalopolede32 millionsd’habitants».Lapollutiondel’air,notamment, yestparticulièrementimportanteetFlaviedéploreque les autorités ne prennent pas les mesures adéquates. « Tout semble continuer comme si de rien n’était alors que les experts indiquent par exemple, que le Kerala quienregistredéjàunetempératuremoyennede35°et untauxd’humiditéde90%,vadevenirinvivable.»
Un engagement exigeant au quotidien
En mars 2019, la famille rentre en France. Elle décide alors de s’impliquer dans une démarche zéro déchets et choisit d’éviter de prendre l’avion. Flavie lit beaucoup et connaît ce qu’on appelle l’éco-anxiété. Un état qui,
contrairement à certaines idées reçues, « ne concerne pas particulièrement des personnes habituellement anxieuses, rappelle l’Inserm, soulignant ainsi que la réponseàunproblèmedesociétécommelechangement climatiquedoitdavantageêtresociétalequemédicale».
Flavie ne baisse d’ailleurs pas les bras. Travaillant désormais pour l’entreprise Seb, elle constate qu’en dépit d’actions visant à diminuer son empreinte écologique, la société se trouve au cœur des contradictions du système qui veut que l’on produise toujours davantage. La visite d’une usine constitue pour elle un point de non-retour, elle fait un brown-out, soit «uneprofondebaissedemotivation avec une perte de sens ». Un bilan de compétences l’amène à revoir sa trajectoire professionnelle. En 2023 elle crée l’Académie du Développement Durable au sein du campus Sciences-U à Lyon, qui comprend 2 500 étudiants et une quinzaine d’écoles. Formée à l’animation de la fresque du climat et de l’atelier 2 tonnes, elle organise des cours de sensibilisation et touche plus de 700 étudiants. Soutenue par la direction, elle envisage de développer des ateliers qui s’adressent à tout le personnel du campus et d’impliquer davantage les écoles, mais aussi les étudiants. Un financement de 20 000 euros par le Crous va également lui permettre «delancerdenouvelles choses », à côté des actions autour du bilan carbone ou de la mobilité. Elle écrit un guide d’actions à mettre en place pour amener la transition écologique au sein des organismes de formation. Sa quête de sens l’a amenée à acquérir de nouvelles compétences pour construire un avenir professionnel et collectif plus durable. L’enjeu est de faire durer cet engagement car « cen’estpastoujours facile de gagner sa vie tout en défendant les valeurs auxquellesoncroit», conclut la jeune femme.
VirginieBathellier
Boîte à outils
Les ressources Uniformation
Lecataloguede formationsliées àlatransition
Le catalogue national de formations “clés en main” proposées par Uniformation à ses adhérents sur des actions de formations en lien avec la Transition écologique. Ces actions catalogue sont soit financées sur les fonds légaux (accessibles à tous les adhérents de -50 salariés ETP), soit financées sur les fonds conventionnels des branches qui ont choisi de proposer cette thématique en catalogue (ECLAT, OPH, ESH...) https://www.uniformation.fr/entreprise/formation/offre-de-formations-cles-en-main
5minpourtout comprendre
Latransitionécologique enquelquesidées
Uniformation a synthéthisé, en 5 minutes de lecture, les ressources en ligne, les témoignages, les formations clés en main et les financements pour adopter un mode de vie éco-responsable sur une page web. https://www.uniformation.fr/entreprise/5-minutes-pour-tout-comprendre/la-transition-ecologiqueen-quelques-idees
La Prestation de conseil en ressourceshumaines(PCRH)
Cet outil déployé par les DREETS, cofinancé par Uniformation, permet de réaliser un diagnostic RH de l’entreprise et d’identifier ses besoins d’accompagnement, de co-construire des outils et un plan d’actions partagé par les acteurs de l’entreprise (direction, salariés et représentants des salariés lorsqu’ils existent) sur des thématiques spécifiques identifiées avec l’entreprise et d’accompagner la mise en œuvre des actions en rendant l’entreprise autonome et en lui permettant l’appropriation des outils mis à sa disposition. Un focus “thématique transition écologique” est proposé aux structures qui souhaitent être aidées pour identifier les compétences qui doivent évoluer (achats, appels d’offres …) afin de s’adapter à la réglementation et prendre conscience des enjeux de la transition écologique. De même, la PCRH peut aider à définir les compétences nécessaires à la création et/ou au développement de nouvelles activités en lien avec la transition écologique.
Fonds FNE Formation “axe transition écologique” : en proposant la mobilisation du Fonds National de l’Emploi (FNE formation), Uniformation permet aux adhérents de pouvoir financer des actions de formations spécifiques à la transition écologique sur 3 domaines : - L’éducation et la sensibilisation des usagers/publics en matière de protection de l’environnement et pour s’adapter à l’épuisement des ressources, au tri et recyclage des déchets, favoriser l’économie circulaire ; - L’adaptation des modes de construc-
tion / rénovation pour des constructions et réhabilitations durables, bas carbone, à énergie positive ou utilisant des matériaux biosourcés, permettant une meilleure gestion des ressources ; - La réorganisation des entreprises dans leurs modes de gestion et pratiques professionnelles (éco responsabilités, sobriété énergétique, achats durables…) https://www.uniformation.fr/entreprise/ actualites/transition-ecologique-adaptez-les-competences-de-vos-salaries
Lesoutils definancement
L’ADEME
En plus de vous aider dans des diagnostics et des plans d’actions, l’ADEME peut financer certaines actions en faveur de la transition.
85 % des métiers du secteur privé devraient être bouleversés d’ici 2030, nécessitant de nouvelles compétences. Outre le FNE, les financements de son OPCO, les Pro-A, et les différents contrats, il existe le dispositif des transitions collectives (ou Transco). Il vise à éviter le licenciement de salariés dont l’emploi est menacé, en leur proposant une formation certifiante ou une VAE les préparant à des métiers porteurs ou à des métiers dans des secteurs qui peinent à recruter sur leur bassin d’emploi.
faire accompagner dans sa démarche RSE oudetransition écologique
Leservicepublic d’accompagnement desentreprises
Pour initier une démarche de transition, découvrir des outils pour faire des économies d’énergie, d’eau ou de déchets, engager une politique de mobilité durable, les conseillers entreprises du service public vous accompagne du bilan RSE à la rédaction d’une stratégie.
Premier dispositif d’accompagnement de l’économie sociale et solidaire (ESS) en France, le DLA accompagne gratuitement les structures d’utilité sociale dans le développement de leurs emplois et de leurs projets. https://crdla-transformation-ecologique.org
Lelabodel’ESS
Le think tank (laboratoire à idées), le Labo de l’ESS mène régulièrement des études sur des thèmes de travail transverses et variés en lien avec l’ESS. Leurs publications ont pour but de faire valoir la capacité transformatrice et les solutions portées par les actrices et les acteurs de l’ESS pour répondre aux enjeux économiques, sociaux, sociétaux et environnementaux actuels. https://www.lelabo-ess.org/publications-par-thematique
Les ressources desShifters
Le Plan de transformation de l’économiefrançaise
Retrouvez les différents rapports du PTEF et leurs évolutions sur https://theshiftproject.org/crises-climat-plan-de-transformation-de-leconomie-francaise
Retrouvez toutes les publications du Shift Projet sur www.ilnousfautunplan.fr
Ou découvrez le livre Climat,crises,le plan de transformation de l’économie française paru en 2022 aux éditions Odile Jacob.
Différentes transitions (écologique, environnementale, industrielle, numérique, professionnelle…) impactent le monde de la formation, de l’emploi et de l’orientation. Via Compétences, CARIF OREF AURA aborde les enjeux de la transition écologique et les impacts sur nos compétences.
Un défi sera un moment de cohésion, de jeu et de sensibilisation.
Ma petite planète propose différents défis à relever sur 3 semaines en équipe, avec un classement.
https://mapetiteplanete.org
Calculer son empreinte carbonne (questionnaire en ligne réalisé en 10 minutes) puis proposer des objectifs de réduction adaptés à chacun (réduire de 5 % avant la fin de l’année ou autre).
https://nosgestesclimat.fr/
Participer au challenge mobilité de sa région, pour encourager les collaborateurs à la mobilité douce.
https://challengemobilite.auvergnerhonealpes.fr
Organiserunatelier2tonnes
L’atelier 2 tonnes est un atelier immersif pour imaginer le futur et agir ensemble pour la transition écologique, une vraie expérience pédagogique qui repose sur un modèle de données pour simuler, de façon quantifiée, des scenarii de transition bas-carbone. Le jeu se joue pendant 3 heures en équipe de 7 à 15 personnes. https://www.2tonnes.org
Organiserdesfresquesdu climatoudelabiodiversité
Association loi de 1901, elle vise à sensibiliser un large public aux enjeux climatiques à travers son atelier pédagogique et collaboratif. Elle explore ensuite les actions possibles dans le cadre professionnel et personnel. Elle est animée pendant 3 heures par des fresqueurs et des fresqueuses. https://fresqueduclimat.org
Plus centré sur les espèces vivantes, les interdépendances et les solutions, essayer aussi la fresque de la biodiversité. https://www.fresquedelabiodiversite.org
Réalisé en partenariat avec la délégation Auvergne-Rhône-Alpes d’Uniformation
www.uniformation.fr
Vous avez une question, une remarque, une envie, écrivez-nous à contact@toutvabienlejournal.org
Vous souhaitez nous soumettre un sujet, une idée, chercher des solutions avec nous, écrivez-nous à comiteredac@toutvabienlejournal.org
Vous souhaitez organiser un atelier Decrypt’info, Crée ton journal ou un ciné-débat avec nous, écrivez-nous à actionssocioculturelles@toutvabienlejournal.org
Vous avez envie d’organiser un événement pour découvrir des solutions avec nous, nous distribuer ou devenir partenaire, écrivez-nous à partenariats@toutvabienlejournal.org Restons en contact
Tout Va Bien, le journal qui réinvente demain @toutvabiennews
Tout Va Bien, le journal qui réinvente demain Toutvabienjournal