Tvb 4 lyon

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Journal indépendant à prix libre à retrouver sur le site toutvabienlejournal.org ou par abonnement. Edition Lyon - N°4 - août 2016

JOURNAL INDEPENDANT ET LOCAL POUR DES INFORMATIONS SOLUTION SPECIAL LYON

ÉDITO Pour ce mois d’août, nous n’avons pas chômé, comme nous y tentaient les chaleurs estivales, mais nous avons travaillé pour vous proposer un journal encore plus complet. Nous passons de 8 à 16 pages avec un dossier du mois laissant la place à un papier de fond. Nous testons également de nouvelles rubriques comme le «vous avez la parole» pour illustrer au mieux notre volonté de journal accessible, collaboratif et citoyen.

NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE - NUMERO ISSN : 2495 - 9847

L’engagement citoyen, au coeur de la réinvention de la société. Rencontres et témoignages dans notre dossier du mois en pages 5 à 8 p. 11 à 13

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Les festivales de l’été lyonnais Vous en avez profité tout l’été pour découvrir de nouveaux artistes, des initiatives inspirantes, rencontrer de nouvelles personnes et vous procurer des sensations inconnues. Les festivals de l’été ont encore une fois séduit les lyonnais, qui se retrouvaient tous dehors ou passaient des nuits ensemble à Fourvières. Retours en témoignages sur quelques-uns seulement de ces rendez-vous estivaux.

Réconcilier le corps et l’esprit Nous avons rencontré Gilles Morard, professeur d’arts martiaux depuis plus de 30 ans au Dojo Yoseikan Budo et formateur professionnel avec G2CM. Selon lui, on a trop voulu dissocier les pensées intelectuelles des comportements corporels et émotionnels. Le bien-être passe par une connaisssance de soi intellectualisée certes mais aussi et surtout ressentie. Réconciliation de la tête et des pieds en page 10.

Pour notre premier dossier du mois, nous nous focalisons sur l’engagement citoyen, cet outil qui laisse la possibilité à chacun de s’investir dans sa «cité» et semble être un formidable laboratoire pour tenter de réinventer demain. Pour cela, nous avons notamment rencontré des acteurs lyonnais de l’engagement, du directeur régionnal de la Croix-Rouge à de jeunes bénévoles engagés. Et comme d’habitude, retrouvez ce mois-ci des rencontres inspirantes avec notamment un spécialiste lyonnais d’arts martiaux qui nous explique l’importance de renouer le corps et l’esprit, les portraits des athlètes valides et handis à Rio, un retour en sensations sur les festivals de l’été dans la cité des gones, des initiatives de chez nous avec la Miete, Maison de l’Initiative, de l’Engagement, du Troc et des Echanges, puis le biocal, magasin spécialiste du bio made in France à Villeurbanne. Tout pour s’entraîner à ce que tout aille mieux... Tout va bien, association loi 1901 d’intérêt général Siège social : 56 route de Genas 69003 Lyon Achevé d’imprimé le 30 août 2016 par Medcom - 39 rue Père Chevrier, 69007 Lyon Relecture : Valérie Lavigne Rédactrice en chef : Laurianne Ploix Pictos : Freepic for Flaticon Avatars : faceyourmanga Pour toute remarque : toutvabienlejournal@gmail.com Site web : toutvabienlejournal.org


L’équipe de rédaction

VALENTINE Etudiante en voyage, elle nous transmet avec optimisme et gaiété ses points de vue sur le monde.

Le Tout va bien

CHERIF Enseignant, formateur et porteur de projets culturels, Cherif aime à transmettre ses découvertes.

Tout va bien est une association loi 1901 reconnue d’intérêt général. Son objet social est de diffuser des informations qui redonnent confiance en demain, de relayer tout ce qui se passe de bien aujourd’hui et qui nous aidera à mieux vivre demain. Le but étant de proposer d’autres exemples de « héros médiatiques » au grand public, de mettre en lumière tous ceux qui agissent dès maintenant pour répondre aux problématiques actuelles et à celles futur afin de le construire de la manière la plus pacifique et responsable possible. Inspiré du journalisme de solutions, Tout va bien, c’est avant tout le parti pris de regarder l’actualité non pas à travers le prisme de nos peurs et nos horreurs mais à travers le prisme de nos espoirs et des solutions existantes. Si nous devenons ce que nous pensons, autant nous entrainer à mieux penser.

FABIEN Investi dans le monde associatif lyonnais, il est un relais formidable entre tout ce qui existe de bien.

LAURIANNE Rédactrice en chef et fondatrice du Tout va bien, Laurianne croit en la nécessité de montrer de nouveaux exemples dans l’espace public.

ANNA Formée dans le social, bénévole investie et plume poétique, Anna partage avec nous ses beaux mots.

ET VOUS ? Vous avez envie d’écrire et de relayer des informations solutions ? C’est possible, écrivez-nous et embarquez dans l’aventure.

Tout va bien, c’est aussi un journal impliqué dans la vie locale. Nous avons créé le principe de l’initiative au kilomètre et nous souhaitons être un pont entre tout acteur local (associatif, chercheur, innovateur, entrepreneur social, soignant, particulier ou privé) porteur d’une idée ou d’un projet qui participe au bien-être individuel, collectif ou environnemental, et ses voisins, nos lecteurs, qui vivent juste à côté. On ne parlera que de projets concrets, essentiellement à Lyon, et nous vous permettrons de bénéficier de réductions chez ces acteurs de la porte d’à-côté, pour vous informer mais aussi vous faciliter l’envie d’essayer autrement. Vous pouvez nous aider en vous abonnant et adhérant à l’association, en écrivant avec nous des articles de journalisme constructif, en faisant connaître le journal autour de vous, en nous suivant sur les réseaux sociaux, en organisant des événements ensemble et en apportant vos compétences, vos idées et vos envies. Vous pouvez égalemment faire un don à Tout va bien (reçu fiscal sur demande). N’hésitez pas, contactez-nous : toutvabienlejournal@gmail.com ou sur toutvabienlejournal.org.

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VOUS POUVEZ VOUS ABONNER SUR : TOUTVABIENLEJOURNAL.ORG La newsletter internationale est envoyée mensuellement via mail. Le journal local, mensuel, est envoyé directement chez vous avec l'abonnement papier et par mail avec l’abonnement web. Les événements tvb, une dizaine par an, invitent des experts à vous présenter leurs solutions pour réinventer demain et mieux-vivre aujourd'hui. *Les 5% minimum de réduction chez nos partenaires sont valables pendant un an et sur simple présentation de la carte membre engagé.

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Brèves du monde

LE TROU DANS LA COUCHE D’OZONE SE REDUIT Ce trou béant juste au-dessus de nos têtes, découvert dans les années 50 et dangereux pour la survie des organismes vivants, dont l’Homme, semble se résorber, si l’on en croit les études menées par Susan Salomon du MIT (Massachussetts Institute of Technology). Son existence, sur plusieurs millions de kilomètres carrés, à seulement 20 à 40 kms au-dessus de l’Antarctique, est intimement liée à l’émission de gaz chlorés, appauvrissant l’ozone, qui ne peut alors plus jouer son rôle de barrière naturelle des ultra-violets. La professeure de Chimie et de Sciences du climat démontre la diminution de la supercifie du trou de plus de 4 millions de km² (soit environ la moitié de la surface des EtatsUnis) depuis l’an 2000. Et elle fait le lien avec la diminution sur la même période de près de 15% de la concentration atmosphérique des produits chlorés, par rapport au pic des années 90. Cette bonne nouvelle vient prouver le succès du protocole de Montréal de 1987 qui prévoyait l’interdiction progressive des gaz chlorés dans certains processus industriels et dans les systèmes de climatisation, de réfrigération et les aérosols. Les pays signataires du protocole de Montréal ont donc permis la résorption du trou de la couche d’ozone qui pourrait disparaître d’ici à 2050, si les efforts sont maintenus, évitant ainsi, d’ici

à 2030, environ 2 millions de cancer de la peau par an, selon les simulations du PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement). Cette nouvelle vient nous prouver le succès des politiques mondiales pour l’environnement et surtout leur utilité. Un rappel intéressant à l’heure où Anne Hidalgo vient d’être nommée à la tête du C40 (Cities 40, un conglomérat de 83 villes-monde qui vise à lutter contre le réchauffement climatique), notamment pour essayer de mettre en application les accords de Paris validés lors de la COP21.

construire un projet, de vacances ou autre, que vous soyez seule ou une famille nombreuse. Alors, si les tongs vous démangent ou si vous voulez aider une personne à découvrir le plaisir de l’oisiveté, cela semble possible.

VACANCES POUR TOUS En ce mois d’août tellement aimé des vacanciers, nous nous sommes demandé si tout le monde pouvait se permettre de partir en vacances. Si 62% des français sont partis en vacances cet été, chiffre en augmentation à en croire une étude du Crédoc, d’autres n’ont probablement pas pu se permettre cette échappée ressourçante. Nous avons cherché les solutions existantes pour ces personnes éloignées du chemin des vacances et nous avons découvert un organisme qui regroupe les acteurs du tourisme social : l’UNAT pour Union Nationale des Acteurs du Tourisme. Sur leur site nous avons découvert le réseau « Vacances, combattre l’exclusion » et l’un de ses membres : Destination partage. Dans notre voyage sur la toile, nous avons continué vers l’un des partenaires de cet organisme de tourisme solidaire : A livre ouvert, une chambre d’hôte « écolo-littéraire » puis nous avons pensé aux personnes dont la santé ne permet pas le voyage et nous avons fait connaissance avec l’association France Alzeihmer qui emmène ses adhérents en vacances. Bref, nos pérégrinations nous ont amené à découvrir de nombreux acteurs agissant tous à un niveau différent pour offrir des vacances accessibles. Nous en gardons le souvenir qu’il faut aller se renseigner pour essayer de trouver des solutions. A Lyon, Epicentre propose de manière novatrice de vous aider à

RÉINCARNATION DE MEDAILLES AU JAPON Alors que se tourne la page des jeux olympiques de Rio 2016, dont nous ne tiendrons que le bilan sportif en page 7, le Japon, qui accueillera les jeux en 2020, vient d’annoncer une bonne nouvelle. Les médailles qui seront remises aux champions seront fabriquées à partir de matières premières recyclées. Le pays du soleil levant dispose de peu de ressources minières et s’est donc fabriqué, avec les années, une «mine urbaine « à partir des appareils électroniques recyclés. A en croire The Nikkei Asian Review et Wedemain, le pays disposerait de 16% des ressources mondiales en or et 22% en argent. Et cela, uniquement à partir de métaux recyclés, issus d’environ 100 000 appareils électroniques. Le Pays jette chaque année environ 650 000 déchets électroniques, la marge de progression est donc encore élevée, et Tokyo s’est engagé à utiliser ce delta-là pour fabriquer l’ensemble des médailles qui seront remises aux champions dans 4 ans. par Laurianne

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Inititives lyonnaises

LA MIETE EN VERSION PLURIELLES C’est une rentrée mouvementée portée par des élans d’ouvertures encourageants, que va connaître La Miete en ce début septembre 2017. Cette plateforme associative « mythique» va emménager dans de nouveaux locaux de 900 mètres carrés dans le quartier de la Perralière, 150 rue du 4 août à Villeurbanne, aux rythmes d’innovations et d’évolutions citoyennes, pour lesquelles les énergies de toutes et tous seront bienvenues. En attendant, l’ancienne adresse historique existera toujours, certaines activités y auront encore lieu. Mais au fait, ou se trouve-t-elle ? Souvenirs ... On s’était donné rendez-vous ... Mardi, 12 heures 30 : nous avons rendez-vous avec des amis pour déjeuner. Il s’agit en fait d’un concept hebdomadaire dit de « cantine solidaire «, qui propose de « manger bon et pas cher pour 6,50 euros «. Le lieu nous est encore inconnu. Il héberge pourtant l’un des espaces associatifs les plus spectaculaires de la région lyonnaise, qui est installé dans les locaux d’un centre de loisirs. L’adresse qui nous est indiquée est : 92 rue des Charmettes dans le 6ème arrondissement, à quelques pas de Villeurbanne. Nous y sommes presque, nous passons devant le Théâtre du Gai Savoir, quelques mètres plus loin nous sonnons à un interphone et avançons dans cette grande allée pour de nouvelles découvertes.

de créer des espaces d’expression et de création, de mettre en commun les sensibilités artistiques des différentes associations membres ... Bref, je suis une association solidaire qui œuvre pour la communauté, grâce à l’engagement de dizaines de bénévoles… Je suis ... Je suis ... : La Maison de l’Initiative, de l’Engagement, du Troc et de l’Échange. La MIETE pour les intimes. De bonnes réponses aux enjeux sociétaux Après quelques échanges avec les membres de l’association, nous nous apercevons vite que les projets et les activités de la MIETE sont d’une variété exceptionnelle. Des formations BAFA aux formations civiques et citoyennes sur le Handicap, la Mixité, « Comment agir ensemble «, en passant par les projets «Parcours d’engagement», «Résidences artistiques participatives» ..., la liste est loin d’être exhaustive. Elle invite surtout les citoyen-ne-s que nous sommes à la curiosité, à l’ouverture d’esprit, au respect mutuel , qui s’enracinent dans une envie de partager et d’échanger. Ces belles intentions se concrétisent aussi par les soirées mensuelles CALM (Comme À La Maison), où nous avons par exemple eu l’occasion d’échanger un jeudi soir avec une enseignante en langue des signes, suite au visionnage du film documentaire «Le pays des sourds». La MIETE enchaîne ainsi des événements culturels à prix raisonnables dans une ambiance familiale. Et sous l’impulsion de Rui Pereira, elle est chaque année à l’initiative du Fest’Dif, «Festival Inter Associatif de la Différence et de la Diversité», dont la cinquième édition s’est déroulée en mai dernier, proposant durant 5 jours à plus de 3000 spectateurs et participants un florilège d’animations dans différents endroits de Villeurbanne, pour nous inviter à nous enrichir de nos différences. par Fabien

On ne soupçonne parfois pas les petits trésors qui se trouvent juste à côté de chez nous. Le biocal est de ceux-là. Un lieu intemporel où l’on se sent bien dès la petite porte d’entrée franchie. Dans cette caverne d’Ali-Baba, vous retrouvez uniquement des produits biologiques, tous made in France. Un unique mot d’ordre, du responsable Ce n’est pas une épicerie, car il n’y a pas encore de rayon alimentaire, ce n’est pas une boutique cosmétique car en plus des produits de soins, on retrouve des livres, de la décoration, des jeux pour enfants, des produits d’entretien, des objets bien-être et de l’éco-design... Le point commun entre les produits ? Leur origine, française pour tous, et leurs composants, biologiques et respectueux de l’environnement. De l’originalité et de la chaleur humaine Et la volonté d’un commerce responsable ne s’arrête pas aux produits vendus, l’équipe du petit magasin est plus que conviviale, disponible et accessible. Point fort supplémentaire, cette échoppe regorge de trouvailles originales et divertissantes, insolites.

Qui suis-je ? Je suis une association qui accueille les activités propres d’une quinzaine d’associations. Créée en 2012, mes projets ont été réfléchis depuis des années par divers acteurs solidaires de la région. Je me veux comme étant un lieu d’échanges inter culturels ouvert et physiquement accessible à toutes et tous, élargissant ainsi une offre à tous publics. J’ai notamment pour buts de favoriser la rencontre et la coopération entre citoyens,

C’EST BIO, C’EST LOCAL, C’EST LE BIOCAL

Le duo lyonnais Joubert & Joubert en concert à La Miete lors d’une sorée CALM, Comme A LA Maison qui vise à rendre les sorties artistiques accessibles à tous.

Le biocal est l’un des partenaires du Tout va bien, bénéficiez de 5% de réduction dans tout le magasin en vous abonnant au journal avec l’option engagée. Plus d’infos sur toutvabienlejournal.org. par Laurianne

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Dossier du mois

L’ENGAGEMENT CITOYEN C’est notre dossier du mois, le sujet que l’on fouillera un peu plus pour vous apporter une information solution fournie sur un thème d’actualité. Retrouvez dans ce dossier un sujet confrontant l’évolution de l’engagement citoyen et les problématiques sociétales actuelles, les interviews de Thierry Mollichon, administrateur national d’Action Contre la Faim et directeur régional adjoint à la Croix-Rouge Rhône Alpes, puis de Pascal Iosart-Thomas, directeur des Petits frères des pauvres Rhône. S’ajouteront également quelques informations pratiques puis le témoignage personnel d’une jeune citoyenne engagée pour ses convictions.

UN OUTIL AU COEUR DES PROBLEMATIQUES SOCIETALES Einstein disait « c’est dans la crise que l’invention est née ». Et la crise dont on entend parler sans demi-mesure depuis 2008 semble avoir porté ses premières créations et réadaptations. En France, cette crise économique s’associe aussi à une crise de sens, une crise identitaire, une perte de confiance dans la démocratie représentative et dans toutes les formes de pouvoir oligarchique. Elle s’allie au boom du numérique et l’on voit naître de nouvelles formes d’organisation et de communication. A titre d’exemples, si l’on regarde l’économie, on parle de plus en plus d’ubérisation, d’économie collaborative, d’entrepreneuriat social ; si l’on se penche sur la gouvernance, on évoque la démocratie participative, l’actionnariat-salarié avec les scoop, le community organizing ; si l’on s’intéresse à l’enseignement, on relèvera le développement des mooc (cours gratuits en ligne proposés par les grandes écoles) et l’émergence de méthodes alternatives. Sans oublier l’environnement, avec des citoyens de plus en plus informés et sensibilisés (boom du bio, des produits écolos, des techniques respectueuses de l’environnement), les innovations scientifiques, qu’elles soient sociales ou environnementales, puis la naissance des médias de solution indépendants. Et ce court inventaire est loin d’être exhaustif. Le point commun entre toutes ces évolutions,

c’est la volonté de personnes vivant dans une société, une « cité » organisée, donc des citoyens, d’apporter une solution, une alternative aux problèmes qu’ils rencontrent, de devenir acteurs de l’évolution du monde dans lequel ils vivent. Si l’on voulait évoquer Gandhi, on parlerait d’être le changement que l’on voudrait voir dans ce monde. S’engager pour faire évoluer sa collectivité et l’intérêt général, c’est l’engagement citoyen et c’est probablement l’un des axes d’expérimentation le plus actif pour notre réinvention. Nous sommes de plus en plus conscients des enjeux majeurs de demain : la surpopulation, l’épuisement des richesses, la dégradation de notre environnement et de notre cadre de vie, les difficultés d’un vivre ensemble pacifique dans un monde mondialisé. Ces informations alarmantes ont bercé une génération qui arrive aujourd’hui à la maturité de l’âge adulte et que l’on entend parfois prôner un retour aux valeurs humaines. Cette volonté de ne pas vouloir voir leur avenir s’assombrir, alliée aux nouveaux outils à disposition, aux prises de conscience des générations antérieures et à la non résolution de nombre d’entre nous, a entraîné une réorganisation totale de la place de chacun dans l‘espace public. Il est plus facile aujourd’hui d’avoir un rôle dans la cité et les citoyens sont de plus en plus formés, donc compétents. La plupart des innovations sociétales s’appuient donc sur les citoyens euxmêmes, entraînant chacun à prendre sa place, jouer son rôle. L’engagement citoyen suit cette mouvance, les citoyens osent de plus en plus s’investir même s’ils n’appartiennent pas forcément à un réseau de personnes engagées ou familières des codes de l’engagement. Ces nouveaux acteurs et/ou bénévoles sortent du circuit classique du militantisme, dans lequel ils ne se recon-

naissent pas. Ils ne veulent plus forcément s’engager contre, mais plutôt pour, ils veulent agir concrètement avec liberté et aisance. Ils souhaitent être acteurs de changement, « prendre part » (Zask 2011) et avoir une sensation de rétroaction, de reconnaissance de leur utilité. Aujourd’hui, 93% des français pensent l’engagement citoyen utile et indispensable, et ils sont 62% à lui attribuer comme valeur première l’action*. On parle même désormais « d’auto-organisation de la société civile », chaque personne ayant envie de voir les choses évoluer pouvant désormais facilement agir avec ses propres moyens ou trouver un collectif partageant ses valeurs et répondant à telle ou telle problématique sociétale (voir notre article «Où et comment agir»). L’engagement citoyen, c’est un peu comme un laboratoire mouvant, plein de vie et de tentatives de créations de solutions aux problématiques rencontrées par les citoyens, un beau reflet de la société en perpétuelle création, évolution, réinvention. Il restera aux institutions de suivre ces ré-organisations, mais une partie de la masse est en mouvement, en réflexion, comme si elle répondait à un appel résistant lancé en fin d’année 2010, qui scandait « Indignez-vous ! »** et appelait à une « insurrection pacifiste et non-violente […] -où- créer, c’est résister. Résister, c’est créer ». par Laurianne Ploix

Sources et pour aller plus loin : **Indignez-vous ! de Stéphane Hessel – Indigène éditions, coll. ceux qui marchent contre le vent Agir en démocratie de Hélène Balazard –Les éditions de l’atelier Etude La France bénévole 2016 par Recherches et solidarités juin 2016 *Etude de la Fondation Jean-Jaurès et la Fondation pour l’Innovation Politique, en lien avec le Président de l’Assemblée Nationale M. Bartolone, et l’Institut Harris Interactive sur commande gouvernementale « Libérer l’engagement des français et refonder le lien civique. La république par tous et pour tous » - avril 2015 Le site web francebénévolat.org

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Dossier du mois

THIERRY MOLLICHON : « L’ENGAGEMENT CITOYEN, C’EST LE REFUS DE LA FATALITÉ» Thierry Mollichon, nous a reçus dans son bureau de l’avenue Lacassagne, à la direction régionale de la Croix-Rouge Auvergne-Rhône Alpes, dans ce bâtiment à la fresque bleutée du troisième arrondissement lyonnais. Accessible et souriant, l’administrateur national d’Action Contre la Faim et le directeur régional adjoint de la Croix-Rouge nous a confié son parcours et son ressenti quant à l’évolution de l’engagement citoyen. Echanges. LP : Comment êtes-vous arrivé à être aujourd’hui aussi engagé au sein de l’humanitaire français ? TM : J’ai un parcours un peu atypique, j’ai fait une formation Carrières sociales avec un DUT animations socio-culturelles, pendant laquelle j’ai réalisé des stages dans des centres sociaux. J’ai commencé ma carrière dans un syndicat professionnel agricole, une petite structure militante où on apprend beaucoup de choses et où on rencontre des personnes qui s’engagent sur leur temps libre. Ensuite, j’ai fait un premier virage car j’ai travaillé une douzaine d’années dans l’industrie, en tant que formateur dans la démarche qualité. Puis, j’ai voulu me rapprocher de mes valeurs et des valeurs associatives. J’ai répondu à une petite annonce de l’UCPA et me suis occupé de la direction de la démarche qualité en Rhône-Alpes puis de la direction de la qualité France et enfin de l’Institut de formation aux métiers du sport et de la formation. J’y ai trouvé du sens en aidant les jeunes à se former pour pouvoir vivre de leurs passions. Parallèlement, par un concours de circonstances, je me suis retrouvé à m’engager bénévolement auprès d’Action Contre la Faim. J’ai commencé par une évaluation de la démarche qualité et lors de mes rendus, on m’a dit : « il n’existe pas de délégation ACF à Lyon, tu habites à Lyon, tu as l’air intéressé et une bénévole lyonnaise qui rentre du terrain pourrait t’accompagner ». Et on a monté ensemble la délégation lyonnaise. Puis, j’ai été élu au conseil d’administration de l’association. J’ai fait deux missions bénévoles sur le terrain au Tchad et en Birmanie, j’ai été président du comité d’audit et bientôt, je représenterai ACF

à la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme à la demande du CA de l’association. J’ai découvert l’univers de la solidarité internationale, les problématiques de l’aide humanitaire, de la professionnalisation des ONG, etc. Ce qui m’a amené en 2013 à requestionner mes aspirations personnelles et mes engagements professionnels et à postuler au poste que j’occupe actuellement à la Croix-Rouge. J’ai donc la position singulière d’un salariat pour la Croix-Rouge et d’un bénévolat pour Action Contre la Faim et chacune de ces fonctions nourrit l’autre. LP : Votre parcours semble avoir été animé par l’envie d’agir ? TM : Oui, il y a une envie d’agir puis il y a eu des rencontres qui font que je m’y suis investi puis j’ai continué à m’y investir pour deux raisons : premièrement, le sentiment d’être utile et deuxièmement, une raison qui sous-tend toujours à l’engagement, le retour du don. On donne mais on reçoit toujours en échange. Avec ACF, je reçois intellectuellement, j’apprends sur la géopolitique et m’enrichis au contact de gens passionnants. S’investir bénévolement sans y trouver un intérêt quelconque ne perdurera pas. LP : Et d’où vous vient cette envie d’agir ? TM : Je pense qu’à la racine de tout engagement associatif, qu’il soit bénévole ou salarié, il y a dans tous les cas un refus de la fatalité. On a envie de se dire que l’on peut agir, même petitement, mais faire quandmême. Et s’engager, c’est aussi alimenter un monde associatif très important dans notre pays. Il s’y passe beaucoup de choses, de vraies initiatives et efficacités y naissent. Tout un pan de la société française est aujourd’hui pris en charge par le monde associatif, en complément ou par défaillance des pouvoirs publics, mais dans tous les cas si l’action associative n’était pas présente, de nombreuses personnes ne seraient pas soutenues à l’heure actuelle. LP : A votre sens, qu’est ce qui permet aux associations de répondre parfois mieux aux problématiques sociétales que les pouvoirs publics ?

TM : Ce qui fonde le fait associatif, c’est la gestion désintéressée. C’est le fondement même de la loi 1901, le principe d’individus qui s’agrègent pour défendre une cause de manière désintéressée, ils ne visent pas le fait d’en retirer quelque chose. L’objet même de l’engagement est le moteur de l’action. Après, il faut être lucide et ne pas idéaliser le monde associatif. Une structure, quel que soit son statut, est le reflet des imperfections qui la composent. Une association est composée d’êtres humains qui ont les mêmes défauts qu’ailleurs. Ce n’est pas le gentil pays rose, il existe aussi des tensions, des incompréhensions, des jeux de pouvoir et des tâches fastidieuses dans ce milieu-là. LP : Et que conseilleriez-vous à quelqu’un qui a envie d’agir ? TM : Il existe plein d’associations, du culturel au social en passant par le sportif, ce qui est important, c’est que chacun trouve la place de son engagement. Il faut s’engager là où l’on va être utile et pertinent, pour se sentir le mieux possible. Le bénévolat on le choisit et donc il ne faut pas le subir ou se cantonner. C’est le côté positif du bénévolat, on est libre, il reste juste à trouver la place qui est la sienne. Il faut trouver chaussure à son pied. LP : Comment définiriez-vous l’engagement citoyen et que pensez-vous de son évolution ? TM : L’engagement citoyen c’est le fait de prendre part à quelque chose. Dans l’engagement citoyen il y a une idée d’action, qui peut être sous forme de réflexion, là encore en fonction des envies et capacités de chacun, et une notion de cité, il s’agit de participer à la vie de la cité en fonction de ses moyens, possibilités de dons et de ses périodes de vie. Finalement, l’engagement citoyen, c’est ne pas être indifférent, c’est prendre sa part, aussi petite soit-elle, trouver sa place où l’on sera le mieux pour faire bouger les choses. Un peu l’inverse de la passivité. Le refus de la fatalité dont

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Dossier du mois je parlais, ne pas se résoudre à l’affirmation « les choses sont comme ça, on n’y peut rien ». Ben si, on y peut. Quant à l’évolution, le monde de l’engagement s’est transformé, les formes d’engagement ont changé avec le virtuel et le numérique. Les durées d’engagement, dans une même structure, tendent à se réduire mais le nombre de bénévoles global évolue. Il faudra aussi penser à laisser la place aux jeunes dans les associations pour leur donner des responsabilités bénévoles et prendre en compte la nouvelle cohabitation de perte de sens et le besoin d’en trouver. LP : D’ailleurs, quel pouvoir attribuez-vous à l’engagement dans une société en pleine mutation ? TM : L’engagement citoyen, c’est le premier pas de l’évolution sociétale, dans tous les cas ça commence par là. Après, il faut que derrière il y ait des groupements d’associations qui aillent collecter ces idées et propositions, les transformer et les porter un cran plus haut pour initier le changement. Il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises formes d’engagement, il faut juste qu’il y ait une pertinence d’action au bout du compte. Et ces résultats entraîneront des prises de conscience qui pourront engendrer le changement. Et puis, il faut passer de l’idée à l’action. Une idée, si elle est mise en place et fonctionne à petite échelle, fonctionnera probablement ailleurs puis ailleurs, à un niveau plus grand, c’est le phénomène des bulles de savon : on fait plusieurs petites bulles qui, lorsqu’elles se rencontrent, en forment une plus grosse et ainsi de suite. Il y a un contexte où l’on voit bien que, sur différents sujets, on est à la fin d’un système et l’engagement citoyen est l’ouverture qui va permettre de réinventer un système encore inconnu. Des essais seront des échecs et ça ne fonctionnera pas et d’autres fonctionneront et il faudra les capitaliser. Tout dépendra de nous. LP : Petit aparté pour conclure, pouvez-vous nous présenter brièvement les actions de la Croix-Rouge ? TM : La Croix-Rouge est une entité d’un mouvement qui est le plus vaste réseau humanitaire au monde. Au sein de cette entité, il existe des Sociétés Nationales dans 190 pays, il existe une Fédération Internationale de la Croix-Rouge et du Croissant Rouge qui coordonne les actions des Sociétés Nationales, et la troisième entité c’est le CICR (Comité International de la Croix-Rouge) intervenant exckusivement en situation de conflit. En France, l’urgence, le secourisme et l’action sociale sont portés par des bénévoles, au nombre de 58000 à l’échelle nationale et 5000 en Rhône-Alpes. Les activités salariées couvrent des établissements de santé, des instituts de formation, des maisons de retraite, des crèches, des établissements accueilant les personnes en situation de handicap, l’aide et les soins

infirmiers à domicile, ainsi que les actions à l’international. Nous avons environ 600 établissements en France pour 18000 salariés, en Auvergne-Rhône-Alpes cela représente 67 établissements pour 2000 salariés. Et nous avons besoin de bonnes volontés pour toutes sortes d’actions. Nous participerons notamment à l’événement « Tous Unis, Tous solidaires » pour faire découvrir certaines de nos missions de bénévolat. Propos recueillis le 17/08/2016 par Laurianne Ploix

OÙ ET COMMENT AGIR ? Beaucoup de personnes ont envie de faire quelque chose mais ne savent pas quoi, voici quelques idées et références pour vous aider à trouver votre cheval de bataille. Sensibles à l’associatif ? Visiter le site francebenevolat.org qui répertorie les annonces d’associations en recherche de bénévoles. A l’échelle locale, vous pouvez recenser les associations de votre quartier en vous rendant à la maison des associations, décider d’agir sur un territoire en particulier et consulter les démarches entreprises sur agenda21france.org et wikispiral.org. A Lyon, pour tester une expérience bénévole concrète, découvrez l’événement «Tous unis, Tous solidaires». Sur le mois d’octobre, plus de 5000 missions bénévoles d’un jour vous sont proposées avec un tuteur bénévole pour vous accompagner. www.tousunistoussolidaires.fr Ecolos ? Entrepreneurs ? Donnez votre avis sur les décisions politiques en lien avec l’environnement sur le site http://www.consultations-publiques.developpement-durable.gouv.fr Pensez aux entrepreneurs sociaux avec mouves.org ou makesense.com Initiez-vous au collaboratif en testant le covoiturage ou l’échange de services. Envies de politique ? Les mairies des villes organisent régulièrement des consultations (ou concertations) publiques auxquelles vous êtes invités à donner votre avis, renseignez-vous auprès de votre mairie ou sur le site de la métropole de Lyon. Au niveau étatique, vous pou-

vez visiter le site de la vie publique qui référence l’ensemble des consultations publiques en cours. http://www.vie-publique.fr/spip.php?page=debatsfiltres&motdebat=5205 Renseignez-vous sur le spartis politiques existants et leurs programmes, ils ont souvent besoin de bonnes volontés. Au quotidien ? Vous pouvez chercher à orienter vos choix de consommation en fonction de l’éthique et de vos valeurs. Vous pouvez aussi soutenir une association ou un entrepreneur social, donner de l’argent ou du temps à une cause, signer une pétition, essayer de nouvelles choses.À l’échelle d’un engagement plus personnel, cela vaut la peine d’essayer d’être l’exemple de ce que vous prônez, de soigner vos relations, etc. Et surtout, informez-vous librement…

LES CHIFFRES FRANÇAIS 39% des français consacrent du temps aux autres, hors de leur famille. 25% des français sont bénévoles dans une association en 2016, et c’est en progression, nous étions à 22,6% en 2010. Le bénévole est d’abord synonyme de citoyen engagé pour 47% des français, puis de personne ayant le souci d’être utile pour 45%. Il n’est assimilé à la militance que pour 14% d’entre eux. 62% des français estiment la valeur action comme la plus importante dans l’engagement citoyen, suivie de près par la valeur partage (45%). Le secteur du social caritatif est le secteur dans lequel les français donnent le plus de leur temps. La part des hommes évolue de 35% en 2010 (pour 38% de femmes), on est passé à 40% en 2016 (toujours pour 38% de femmes). L’engagement se rajeunit avec 36% de moins de 35 ans (contre 27% en 2010) et 40% de 35 à 49 ans (contre 30% en 2010). Les seniors, toujours les plus nombreux à représenter le bénévolat, semblent cependant se désinvestir progressivement avec des plus de 65 ans qui passent de 51% à 44% et les 50-65 ans de 45 à 37%. 42% des bénévoles disposent d’un bac +2 minimum et seulement 34% des bénévoles n’ont pas de diplômes.

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Dossier du mois

PASCAL IOSARTTHOMAS : « S’ENGAGER, C’EST SOUVENT PLUS SIMPLE QU’ON NE LE PENSE» Le directeur des Petits frères des pauvres du département du Rhône est un passionné, investi dans l’engagement par tradition familiale et convictions personnelles. Actif et dynamique, il nous a transmis son envie d’agir et d’aider à agir. Rencontre. LP : Pourriez-vous nous confier votre parcours personnel ? PIT : Je fais partie d’une famille d’initiés, j’ai grandi avec une mère très engagée, notamment auprès des mineurs en prison, j’ai eu cette chance. Puis après, naturellement, j’ai poursuivi. Mon premier engagement associatif, j’avais 17 ans, puis, j’ai fait mes études en Sciences Politiques, comme j’avais l’envie de changer le monde, modestement (sourire). Puis, rapidement je me suis rendu compte que les innovations venaient rarement des institutions et me suis plus orienté dans le monde associatif. Aujourd’hui, avec les Petits frères des pauvres, nous mobilisons des gens pour prêter attention aux personnes sans entourage, celles qui n’ont plus ni familles ni amis. L’idée, c’est de réinscrire ces personnes dans un parcours de vie grâce à la simple présence ponctuelle d’un bénévole. A l’échelle du Grand Lyon, nous sommes à environ 600 bénévoles réguliers qui s’engagent pour cela. LP : Et pour vous, qu’est-ce que l’engagement citoyen ? PIT : L’engagement citoyen est polymorphe, il existe plein de formes et de façons d’agir. Depuis l’échelle micro, au quotidien, les règles de vivre ensemble, se soucier des autres et porter une réelle attention à l’altérité par exemple, jusqu’à l’échelle macro et la prise de décisions engageant la société. A tous niveaux, quand il y a un engagement, il y a un impact sur l’environnement dans lequel on est. Puis, les formes d’engagement évoluent aujourd’hui, on n’est plus forcément dans un réseau formalisé associatif, on est beaucoup aussi dans des réseaux de voisins, dans des échanges, de l’économie collaborative, etc. Aujourd’hui, s’engager c’est juste faire partie d’un collectif qui agit pour l’intérêt commun. Et même des petits projets peuvent modifier des équilibres et répondre à des probléma-

tiques, comme la monnaie locale lyonnaise la gonette par exemple qui stimule l’économie locale et la création de liens. LP : Justement, d’après vous, où en est l’engagement citoyen aujourd’hui en France ? PIT : Aujourd’hui, il y a une vraie envie d’engagement en France, la majorité des gens sont solidaires et altruistes et ça c’est une très bonne nouvelle que l’on dit rarement, à part dans un journal comme le vôtre. La majorité des français ont envie de bien faire et on met toujours en avant des individualités qui font des choses horribles et aux conséquences monstrueuses mais ce n’est pas toute la réalité. Nous avons fait une étude avec les Petits frères des pauvres et le Celsa, 50% de le population française serait prête à donner de son temps pour des personnes âgées isolées. Aujourd’hui, environ un quart de la population française est engagée dans du bénévolat. Les gens ne sont pas indifférents, ils ont juste parfois des difficultés à passer de l’envie à l’action. LP : Et comment remédier à ce frein ? PIT : A mon avis, ce frein vient de la façon dont les structures gèrent l’accueil de ces personnes. On a du mal à remettre en cause les modes actuels d’accueil de l’engagement. Auparavant, l’offre était moins massive et on avait des personnes engagées par tradition familiale, en sociologie on parle d’engagement des initiés, et les non-initiés n’avaient pas leur place. On parlait d’engagement par héritage, on s’engageait dans la même association toute sa vie et on ne renouvelait pratiquement pas les cadres. Mais aujourd’hui, il y a une massification du nombre de bénévoles et ce ne sont plus les mêmes, ils n’ont pas les codes, ne se sentent pas légitimes. Ils sont plus jeunes, restent moins longtemps dans l’association, ont besoin d’une reconnaissance, d’avoir un impact effectif et s’engagent souvent par un choix de proximité, un enjeu de reliance pour répondre aussi à leurs propres besoins (de trouver du sens, de se sociabiliser, d’un ancrage, etc.). Il faut donc se remettre en question pour savoir s’adapter et réfléchir à comment accueillir toutes ces personnes qui ont envie de s’engager. LP : Et vous avez un projet qui répond à cette problématique ? PIT : Oui, nous avons développé un projet collectif qui s’appelle « Tous unis, tous solidaires », basé sur la problématique de l’accueil. Concrètement, c’est un site internet ou toute personne intéressée par l’engagement peut trouver un citoyen bénévole déjà engagé dans une association et l’accompagner sur une mission précise, pour découvrir le monde du bénévolat et de l’associatif. Ce sera tout au long du mois d’octobre et nous avons déjà plus de 5000 missions de « bénévoles d’un jour » proposées par les associations. C’est la deuxième année que l’on organise ces découvertes-rencontres et c’est un projet très adapté aux non-initiés, qui

parfois s’engagent par la suite. Parce que souvent, c’est le premier pas le plus difficile, et finalement, s’engager, c’est plus simple qu’on ne le pense, ça peut n’être qu’une petite action toute simple, deux heures par mois pour aller rendre visite à une personne isolée, mais ça représente tellement d’impact. Propos recueillis le 17/08/2016 par Laurianne Ploix

TEMOIGNAGE D’ANNA, BENEVOLE Si depuis l’adolescence je me suis toujours demandée comment me rendre utile à la société, la notion d’engagement est restée longtemps difficile à transformer en acte pour moi. S’engager auprès des autres, je trouvais ça super, mais comment faire ? A la fac, je me suis intéressée aux mouvements étudiants, syndicaux, militants à travers grèves, AG, manifs’ sans jamais m’impliquer personnellement. Ce qui me gênait : l’impression que chacun dans un débat tente d’avoir raison, de convaincre les autres à tout prix que sa manière de penser est la bonne. Pour moi l’important n’était pas d’avoir raison ni de convaincre, mais plutôt d’apprendre en s’ouvrant sur le monde, de rencontrer, de faire avec. Mais alors si ce n’est pas en militant au sens traditionnel du terme, comment s’engager ? En sortant de la fac, je ne voyais pas ma vie sans trouver comment mettre ma pierre à l’édifice pour vivre dans une société plus juste, plus respectueuse de l’humain et de la Terre. Après un service civique, et une formation dans le social et beaucoup de belles rencontres, j’ai répondu à quelques questions sur ce que signifie pour moi « s’engager ». Tout d’abord, je me suis rendue compte que pour aider les autres et utiliser mon énergie à construire collectivement le monde de demain, commencer par apprendre à se connaître soi même est une étape très importante. Puis, en 2014, je découvre le mouvement Disco Soupe, qui lutte de manière festive contre le gaspillage alimentaire. J’apprends alors que se battre pour une cause peut rimer avec fête, convivial et non contraignant, et que sensibiliser marche aussi bien voire mieux sans passer par la culpabilisation. Cette légèreté m’a beaucoup plu et j’ai commencé à penser qu’il était possible de faire de grandes choses en faisant ensemble, petit à petit. J’avais trouvé une forme d’engagement qui me correspondait. Et quoi qu’il arrive, je n’oublie pas que ce que nous faisons est important mais pas sérieux et reste convaincue qu’il y a une place pour chaque individu dans cette dynamique d’engagement au service de l’intérêt général.

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Ils font Lyon autrement

REVE OLYMPIQUE LES LYONNAIS A RIO Mélina Robert-Michon, 36 ans : lancer de disque Vice-championne du monde en 2013 à Moscou et actuelle détentrice du record de France (66.28 mètres).

personnel (50.85 s, championnats d’Europe d’Amsterdam). Son équipe se classe dixième des qualifications au relais. « J’ai essayé d’y croire jusqu’au dernier moment » a commenté Floria, dernière relayeuse, comme lors de la finale victorieuse de 2014.

Née à Voiron, elle s’entraîne à Lyon Athlétisme depuis qu’elle s’est installée dans la métropole pour ses études, à 19 ans. Aujourd’hui, elle combine son travail, ses entraînements et sa vie de famille avec son compagnon et leur fille Ellyssa, qui peut faire du vélo pendant que sa maman s’entraîne au stade Parilly. Serge Debié, gardien du stade, la coache seulement pendant ses heures de repos, même si depuis les mondiaux de Moscou, la situation s’est améliorée. « Ça faisait longtemps qu’on demandait l’aménagement de ses horaires, c’est fou comme une médaille mondiale permet d’accélérer les choses », sourit la championne, qui a depuis signé des contrats avec différents sponsors. « Si je gagne des médailles, c’est peut-être qu’inconsciemment je me dis que je n’ai pas envie de faire tous ces sacrifices pour rien ». C’est aussi pour Ellyssa : « son truc à elle, c’est toujours alors, t’as gagné une médaille, maman ? ». L’athlète a ainsi obtenu le dernier titre qui lui manquait avec une médaille olympique, montant sur la deuxième marche du podium grâce à un lancer à 66.73 mètres.

Franck Solforosi, 31 ans : aviron quatre sans barreur poids légers

Floria Gueï, 26 ans : 400 mètres

Le lyonnais Hugo Boucheron découvre lui aussi l’aviron par hasard, en stage d’été en Bretagne. Avec son partenaire lors de ces jeux, Matthieu Androdias, ils s’entraînent toute l’année en skiff, c’est-à-dire de façon individuelle, mais ont une approche de la technique similaire. Ils sont en phase, ressentent les mêmes sensations. Médaillés d’argent aux championnats d’Europe et troisièmes lors de la dernière épreuve de coupe du monde, le duo se place sixième lors de la finale de Rio.

Championne de France et d’Europe du 400m ainsi qu’au relais 4 x 400 m. Elle a découvert l’athlétisme au collège. En licence de Psychologie à l’université Lyon 2, elle se donne pour objectif de concilier ses deux passions. On se souvient de sa remontée légendaire lors du 4 x 400 mètres à Zurich en 2014, course vue des millions de fois sur le Web, permettant aux Françaises d’être championnes d’Europe, tandis que les commentateurs ne s’attendaient pas même à une place sur le podium lors de la prise de relais de Floria. Terminant quatrième de sa demi-finale au 400m femmes (51.08 secondes), Floria Gueï est surtout déçue de ne pas avoir battu son record

Médaillé d’or dans la discipline en 2005 lors des championnats du monde au Japon ainsi qu’à ceux d’Europe en 2009 en Biélorussie, neuf fois champion de France d’aviron. Franck Solforosi a commencé l’aviron à 14 ans, lors d’un stage de découverte d’été. Pris de passion pour ce sport, il s’inscrit ensuite dans le club de Lyon. Franck Solforosi et ses trois coéquipiers sont montés sur la troisième marche du podium après avoir pourtant passé les repêchages, se classant derrière la Suisse et le Danemark. Franck est fier d’avoir réalisé « la course la plus aboutie de sa carrière », d’autant plus après avoir connu la déception de ne pas se qualifier à la finale de Londres.

Hugo Boucheron, 23 ans : aviron deux de couple hommes

Vice-champion du monde en deux de couple en 2011, d’Europe en 2015 et vice-champion de France en skiff en 2015 et 2016.

Delphine Lansac, 21 ans : badminton simple dames

Championne de France en simple dames en 2013 et triple championne de France en 2013, 2014 et 2015 en double femmes.

Licenciée au club d’Oullins, Delphine Lansac étudie un BTS management en parallèle des entraînements. Elle a participé à ses premiers championnats de France à 11 ans et a commencé les compétitions internationales dès ses 13 ans. Ses résultats lui permettent d’intégrer le top 100 mondial cinq ans plus tard. Lors des JO de Londres de 2012, Delphine est stimulée : « Lors des prochains Jeux, il est hors de question que je sois assise devant ma télé ! ». Face à sa sélection pour les Jeux où l’on ne l’attendait pas forcément, elle détourne la pression en se rappelant que l’essentiel est de s’amuser. « Je ne jouerai que pour réaliser une performance positive et je n’aurai rien à perdre. Je sais très bien que la médaille sera quasi impossible mais ce n’est pas le plus important. Je veux titiller les filles qui sont dans le Top 30 mondial ». Delphine est très heureuse de pouvoir partager cette aventure avec sa famille à ses côtés : « C’est comme une suite logique et une manière de les remercier ». Eliminée du tournoi olympique dès le tour préliminaire après avoir perdu ses deux premiers matchs, la 51e joueuse mondiale n’a pas démérité en tenant tête à ses adversaires jusqu’à la balle de match. Delphine vise maintenant les JO de Tokyo qui se tiendront dans quatre ans.

Paul Omba Biongolo, 20 ans : boxe

Champion de France 2016 des moins de 91 kg Né à Vienne, Paul Omba Biongolo s’entraîne régulièrement dans un sous-sol de Villeurbanne. Il fait partie du club Boxing Lyon United. Il perd en huitièmes de finale par arrêt de l’arbitre pour blessure, après avis du médecin. S’il n’a pas fait le poids face au médaillé de bronze des mondiaux de l’an dernier, Paul pense cependant déjà aux prochains Jeux. « Les Jeux Olympiques sont la compétition dont tout le monde rêve et aujourd’hui c’est un rêve qui s’est effondré… J’ai perdu certes mais cette défaite m’apprendra plus que 10 ans d’entraînement parce que je vais vivre avec à partir d’aujourd’hui. Chaque jour je repenserai à ce combat et je reviendrai plus fort ».

Auriane Mallo, 22 ans : escrime

Troisième aux championnats de France 2016, dixième lors de la dernière coupe du monde sélective en Italie et première Française En parallèle de ses études en école de kinésithérapeute, Auriane Mallo s’entraîne à Lyon épée Métropole. Lorsqu’elle a été désignée par la Fédération Française d’Escrime pour participer aux Jeux, Auriane Mallo a affirmé que cela représentait le début d’un rêve. « C’est la première étape de tout le travail qu’on a effectué avec mes entraîneurs, depuis que je suis petite. Pour moi, cette sé-

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Ils font Lyon autrement lection est vraiment une victoire d’équipe, de club. » Même si elle perd en 16e de finale en épée individuelle et malgré une déception en épée par équipe femmes (7e place, en vainquant l’Ukraine, alors qu’elles ont été vice-championnes d’Europe en Juin-dernier), Auriane s’est tout de même bien illustrée, permettant d’obtenir la médiatisation de son sport qu’elle considère comme peu diffusé.

Cyril Tommasone, 29 ans : gymnastique - cheval d’arçons

5e aux JO de Londres, vice-champion du monde à Tokyo en 2011 et d’Europe à Berlin la même année. Né à Villeurbanne, Cyril est un vrai « besogneux » selon Yann Cucherat, gymnaste dix fois champion de France. « Il travaille beaucoup et quand il se fixe un objectif, il met tout en place pour l’atteindre. A l’époque, lorsque je m’entraînais encore avec lui, c’était celui qui restait le plus longtemps à la salle.» Cyril Tommasone a déjà été opéré deux fois à cause de « l’usure ». Cucherat, aujourd’hui adjoint aux sports à Lyon ajoute : « C’est quelqu’un qui se met beaucoup la pression. Il faut savoir que le cheval d’arçons est un agrès très difficile, très exigeant où la moins petite erreur coûte très cher. Jusqu’au dernier élément, il y a un risque de chute. ». Arrivé quatrième au cheval d’arçons, 0.1 point derrière le médaillé de bronze américain, Cyril Tommasone est fier de sa performance, un mouvement qu’il préparait depuis quatre ans.

Laura Marino, 23 ans : plongeon

Finaliste des championnats du monde de 2015 à Kazan , 5e plongeuse mondiale en 2015, triple championne de France. Née à Lyon, Laura Marino a tout d’abord débuté avec la gymnastique jusqu’à ses 14 ans, lorsqu’elle s’est ensuite tournée vers le plongeon en suivant son entraîneur de l’époque et sa meilleure amie. Elle a tout de suite adoré les sensations dans les airs avant de toucher l’eau, puis celles de glisse une fois immergée. Aujourd’hui spécialiste du 10 mètres, déjouer la gravité en se laissant tomber l’a immédiatement fascinée. Arrivée 19e au haut vol de 10 mètres avec cinq sauts, Laura Marino rate la demi-finale de 0.1 point.

Caroline Garcia, 22 ans : tennis

Classée 25e mondiale en simple en 2015 et 3e mondiale en double dames, en remportant Rolland-Garros. Inscrite au club de tennis de Lyon, Caroline Garcia commence le tennis très tôt, à

six ans, et devient championne de France à seulement 17 ans. En 2013, elle se retrouve même à jouer au deuxième tour de Wimbledon face à Serena Williams. Eliminée au premier tour des JO avec sa partenaire Kristina Mladenovic, celle qui a été choisie par Amélie Mauresmo pour intégrer l’équipe de France de Fed Cup est déçue de sa performance mais d’autant plus motivée à apprendre de ses erreurs. « Je n’ai pas eu de moments mémorables. Ma seule volonté, c’est d’essayer de rebondir le plus tôt possible, sur le circuit, de continuer à progresser pour revenir dans quatre ans en étant plus forte. »

D’autres médailles lyonnaises en vue… Anne Barneoud, 33 ans : tennis de table (individuel et par équipe)

Médaille de bronze par équipe filles aux JO de Pékin (2008), 4e par équipe à ceux de Londres, médaille d’or à l’Open de tennis de table de Bratislava en 2015. Licenciée au club de Lyon 8e, Anne Barneoud travaille actuellement pour l’administration du ministère de l’intérieur. Paralysée sur tout le côté droit à la suite de complications rarissimes après avoir eu la varicelle à 4 ans, la sportive affronte également des valides au niveau régional. Celle qui reconnaît s’être mise au tennis de table un peu par hasard, à 16 ans, et qui a participé aux JO de Pékin à la suite d’un désistement s’est remarquablement illustrée dès lors, devenant un espoir français majeur pour une médaille olympique en Septembre.

podium pour la France dans la discipline !

Elise Marc, 29 ans : triathlon

Médaillée d’or aux championnats de paratriathlon de 2016 (Portugal), 2015 (France) et 2013 (France) Elise Marc ne pratique le triathlon que depuis 2012, mais a pratiqué de nombreux sports auparavant (cirque, équitation, kayak, ski alpin et de fond). Après avoir perdu ses jambes à la suite d’un accident, elle s’est entraînée dans un club lyonnais en étant la seule handisport, tout en étant très bien intégrée et en adaptant les exercices qu’elle ne pouvait pas faire. « Pour moi, le triathlon représente un défi. Au départ, je voulais me prouver que j’étais capable d’en terminer un, maintenant il s’agirait plutôt de tenir les premiers rôles dans ma catégorie de handicap ! ». Le triathlon va faire son entrée au programme des Jeux Paralympiques de Rio en 2016. La compétition paralympique se déroule sur un format sprint, c’est-à-dire avec 750m de natation, 20km de vélo et 5km de course à pied. Elise, qui travaille dans le génie civil, n’a pas vraiment de discipline de prédilection. « J’aime les trois : j’adore les sensations de la course à pied, la vitesse en vélo, et l’apesanteur dans l’eau ». La triple médaillée d’or ne devrait pas avoir de mal à se hisser parmi les premiers de sa discipline.

Angelina Lanza, 23 ans : athlétisme

Triple médaillée de bronze aux championnats d’Europe de 2016 (100m, 200m et longueur), vice-championne de France sur le 200m (2015) et cinquième aux championnats du monde la même année.

Maxime Thomas, 32 ans : tennis de table Angelina Lanza a mis ses études de manaNuméro 3 mondial dans sa catégorie, champion de France, champion d’Europe 2015, médaillé de bronze (individuel et par équipe) aux championnats du monde de Pékin (2014)

Maxime Thomas pratique le tennis de table handisport à haut niveau depuis 2004. Après avoir mené de front ses études à Lyon et le sport de haut niveau, il conjugue aujourd’hui le sport avec son métier de juriste. Maxime Thomas a pratiqué le tennis durant 10 ans puis est tombé gravement malade à l’âge de 15 ans. Il s’est alors tourné vers le tennis de table, une alternative au tennis, plus accessible suite à sa rééducation. Cela lui a permis de reprendre pied tant physiquement que mentalement. S’étant découvert un potentiel de haut niveau, il intègre l’équipe de France en 2003, à 19 ans. Rio seront les troisièmes Jeux de cet athlète paraplégique au palmarès laissant présager une place sur le

gement et communication de côté cette année pour se consacrer au sport. Après avoir commencé l’athlétisme à 10 ans puis s’être spécialisée à 16 ans sur le sprint et la longueur, elle participe aux championnats de France handisport tout en continuant les compétitions avec les valides. Angelina commence à se distinguer cette année-là avec plusieurs médailles d’or. Touchée par la poliomyélite à la naissance, elle vit depuis avec des handicaps musculaires au bras gauche. « Les Jeux, c’est le summum de ce que peut espérer un athlète. Donc forcément on se donne tous les moyens pour y parvenir. C’est une grosse charge de travail. C’est un grand moment avec le collectif. Ca va être quelque chose d’énorme. » L’athlète de Lyon athlétisme vise ainsi une médaille tant dans le 100m, 200m qu’au saut en longueur ! par Valentine

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Ils font Lyon autrement

LES FESTIVALS LYONNAIS DE L’ÉTÉ Vous étiez des milliers cet été à aller vous cultiver les pieds dans l’herbe ou dans un amphitéâtre romain, notre équipe de rédaction en a bien évidemmment profité, également, et vous ramène quelques bribes de ces moments si particuliers.

LES LISEUSES DE BONNE AVENTURE Lors de la première édition du festival de Charivari qui a eu lieu les 2 et 3 juillet 2016, parmi toutes les manifestations, une a retenu plus particulièrement notre attention : « Les Liseuses de bonne aventure ». Tout un programme ! Les liseuses de bonne aventure est un concept hors normes et difficile à qualifier, proche d’une performance artistique qui pourrait se rapprocher d’une forme théâtrale par la mise en voix et la disposition dans l’espace. .Les liseuses étaient confortablement assises dans un mobilier d’un autre temps disposé dans le hall de ce haut lieu de la Culture que représente le TNP (Théâtre National Populaire) à Villeurbanne.Ce projet ne concernait que des femmes au départ, mais des hommes se sont également adonnés à l’exercice. Les participants étaient confortablement installés dans des fauteuils du XVIIIème, XIXème et XXème siècle appartenant à tous les styles (Second Empire, Belle Epoque…) Le mobilier et le décor qui ont permis de créer une atmosphère propice à la lecture étaient fournis par l’association Emmaüs, et mis en vente afin de récolter de l’argent pour les plus démunis. . A l’initiative de Gérard Picot, directeur

de la Fête du livre jeunesse de Villeurbanne, cette manifestation avait pour but de « rassembler des lecteurs, des gens qui aiment lire, qui aiment le livre et souhaitent faire découvrir un texte et le partager », comme nous l’ a expliqué Pauline Picot, doctorante en Etudes Théâtrales, la fille de Gérard Picot qui a également coordonné le projet. De nombreuses personnes se sont prêtées au jeu puisque l’agenda de passage, organisé en tours de 15 minutes ou plus, s’est vite rempli sur les deux jours, jusqu’à 22h le samedi et 19h 30 le lendemain. Les lecteurs étaient munis d’un casque audio pour être plus « isolés pour vivre ce moment intime » nous explique Pauline Picot, qui ajoute : « nous avions envie de déplacer le cadre de la lecture. Et d’y associer des gens qu’on ne voit pas habituellement, de faire se rencontrer des gens qui ne se connaissent pas, mais qui communiquent non par la parole mais, par le regard, la gestuelle. » En effet, cette communion secrète a réuni tous les styles de lecture (Contes, nouvelles, Essais, Poésie, Romans…) mais également tous les âges. Bel exemple lors de notre passage sur l’événement, Cynthia Decloitre, une jeune femme en fauteuil roulant qui charme les plus petits comme les plus grands par son ex-

trait choisi de La sorcière du placard à balai . La preuve en image... Un bel exemple de projet artistique réussi !

GOURMANDISES LITTERAIRES La bibliothèque du 6ème arrondissement de Lyon a organisé une soirée spéciale dans le cadre du festival « tout l’monde dehors ! » : un pique-nique où chacun pouvait apporter une spécialité de cuisine ainsi que son livre préféré , en guise d’invitation à partager ses coups de cœur littéraires et culinaires. . Le rendez-vous était fixé entre 19h et 21h place du Maréchal Lyautey. Couvrant certaines manifestations de festivals lyonnais cet été, nous ne pouvions pas manquer cette idée qui sortait des sentiers battus, et qui était une première dans l’organisation de cette bibliothèque. Lucie Plouy, directrice, et sa collègue Camille Boyadjian ont proposé pendant toute l’année des actions autour de la sensibilisation aux livres et à la lecture, comme des Cercles de Lecteurs et d’Acquéreurs sous la forme de dispositifs légers, des lectures au Parc Lyautey le vendredi ou des propositions de coloriage et des revues pour les plus jeunes par exemple. Ce projet de pique-nique était une des actions les plus importantes. Lucie Plouy insiste : « la bibliothèque est prescripteur, non détenteur du Savoir !». Organisé en partenariat avec le fes-

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Ils font Lyon autrement tival « tout l’monde dehors » suite à un appel à candidature, le but de ce projet nous explique Mme Plouy est « de partager la littérature comme nourriture de l’esprit associée à de la nourriture terrestre, la cuisine. » Cela n’est pas sans rappeler les ouvrages de Rabelais Pantagruel et Gargantua, où les plaisirs de la bonne chère sont mêlés à ceux de l’étude et de l’esprit. La soirée était organisée en deux temps, même si elle ne s’est pas déroulée exactement comme prévue-non pas par manque de temps ou à cause de la météo, mais suite à la ferveur des échanges ! Le premier temps fort de la soirée consistait en un échange des coups de cœur littéraires par groupe de 4/5 personnes ; le second se déclinait en trois phases de jeu de devinette sous la forme d’un Pictionnary en grandeur nature. L’équipe de cette bibliothèque avait mis les petits plats dans les grands en distribuant à chaque participant de quoi s’équiper (feuilles et blocs notes pour noter la recette de cuisine adorée et/ou le coup de cœur littéraire). Lucie Plouy nous explique que « pour partager le savoir, fil conducteur de la soirée, nous avons apporté une sélection de livres centrés sur la cuisine, mais également des revues pour enfants et adultes, des BD, sauf des fictions littéraires. Notre bibliothèque a un fonds de 25 000 ouvrages. C’est une bibliothèque de proximité, pas une bibliothèque d’études. Notre public du 6ème arrondissement est plutôt familial, un public qui bouge d’une zone géographique à l’autre, un peu plus âgé. » Pour Camille Boyadjian, « cette soirée est une réussite ! Et, cette réussite est due à la communication. Cette envie de partager a bien été comprise et analysée. C’est le bon moment, contrairement au mois de juin où les plannings des familles sont surchargés ; pendant ce festival, on prend le temps de partager. Cela plaît, les gens sont restés pour parler de leurs lectures, et s’écouter ! » C’est le même constat que fait Frédérique Seyve, agent saisonnière de gestion pour le festival « tout l’monde dehors ! »,en deuxième année du master Arts du spectacle à Lyon. Elle a l’habitude de couvrir ces soirées, pour apporter son soutien logistique et résoudre des problèmes techniques. « La jauge de ce soir nous montre bien que c’est une initiative qui a marché. Nous avons 30 à 35 personnes une heure et demie après le début de l’événe-

PROJECTION D’ÉTOILES photo Nvianio

ment, ce qui est bien. Le public s’est déplacé et est resté sur le site. » Et, c’est vrai ! Ce qui retenu notre attention, c’est l’aspect fédérateur des centres d’intérêts, comme la gastronomie ou la lecture. Les premières personnes ont commencé par déposer leurs préparations ou ce qu’elles avaient apporté. Et, après avoir commencé par boire un verre ensemble - sans se connaître -, les personnes se sont mises à parler entre elles. Les plats ont commencé à circuler de manière naturelle, sans aucune organisation apparente. Nous avons pu savourer, entre autres, une succulente salade du Niger ou des cœurs de riz recouverts d’une feuille de vigne. Ensuite, les échanges autour de la littérature ont pris le pas sur le partage des plats. Après avoir interrogé les organisatrices sur l’origine de cette initiative, nous avons voulu recueillir le ressenti d’une participante de la soirée. Agnès Cavet a bien voulu nous livrer son point de vue sur la soirée. « J’avais envie de sortir. Je ne voulais pas consommer une activité, mais assister, être partie prenante à une soirée. Pour moi, la lecture nous a réunis, et elle nous a aidés à parler avec nos voisins, chose qu’on ne fait pas en temps habituel puisque la lecture est un acte solitaire. A l’époque des nouveaux médias, où la concurrence est rude, on voit que la lecture offre un plaisir de partage. J’adore venir entendre des découvertes et des comptes rendus de lecture, c’est toujours stimulant ! J’ai moins le temps de lire des romans, mais je trouve que cela a été une bonne idée de faire se rencontrer des personnes avec un point commun. Je suis venu avec deux livres que j’ai adorés, dont Un endroit où aller de Robert Penwaren ; et je repartirai avec comme souhaits de lecture Journal d’une apprentie chamane de Corinne Sombrun ou L’homme qui rit de Victor Hugo. » La bibliothèque du 6ème arrondissement fermera ses portes pendant dix mois le 24 août 2016 pour déménager à quelques centaines de mètres de son site actuel. Mais, comme nous l’a glissé à l’oreille sa responsable, Lucie Plouy, des gourmandises comme cette soirée réussie, il y en aura d’autres ! Avis donc aux amateurs !

L’association « Entre les Mailles » a organisé une soirée au parc de la Cerisaie à la Croix-Rousse ce samedi 13 août dans le cadre du festival « tout l’monde dehors ! ». Un concert sous les arbres avec les Too Many Monkeys en première partie de la diffusion de La guerre des boutons d’Yves Robert, version 1965 ! Et pour nous, c’est ainsi l’occasion de vous présenter cette association lyonnaise horsnorme qui œuvre pour la diffusion du septième art. À sa fondation en 2009, il s’agissait avant tout d’un collectif avec un esprit de famille pour défendre le cinéma, autour de trois têtes pensantes qui portent bien leur nom - Baptiste et Damien Vildrac et Nicolas Henriot-, qui s’inspirent de la Nouvelle vague, mais pas que ! Cette association regroupe à présent dix-huit adhérents, le noyau dur, et vingt bénévoles satellites. Ivan Mercier a intégré le groupe depuis deux ans, il est chargé de la communication : « En tant que webmaster, j’allie la communication avec l’outil Facebook avec une dynamique de communauté qui s’auto-alimente. Au sujet du graphisme teaser, je travaille également avec Maïa Jeredi, monteuse dans l’association. L’association a en charge trois pôles qu’elle tend à diffuser : le Pôle Création ; le Pôle Evénementiel et le Pôle Education à l’image. La communication événementielle rassemble le teaser parodie à travers « les bolosses de la communication », deux présentateurs de la communication, qu’on peut voir sur le clip-bande-annonce des Blind Tests sur notre site. C’est pour donner une touche humoristique au concept ! « Blop festival » et « La belle journée» qui aura lieu le 3 septembre en font également partie. Le pôle création couvre tout l’aspect technique et matériel à travers des courts-métrages, comme lors de l’été 2014, et ce pour promouvoir le cinéma lyonnais avec tous les talents en la matière.» David Belmontre, Chef du Pôle Hors les Murs, (ou événementiel) nous explique que dans l’association ce volet a notamment été à l’origine d’un projet en plein-air, à l’extérieur de Lyon, Toiles dehors, visant à donner au plus grand nombre l’accès à la compréhension du cinéma. Des Blind

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Ils font Lyon autrement

Tests ont eu lieu dans différents sites comme à la Fourmillère le premier lundi du mois ou à l’Agend’arts, une salle de spectacle à la Croix-Rousse. « J’aimerais revenir sur le volet « Hors les Murs » dont le but consiste à faire vivre le cinéma en Rhône-Alpes et diffuser largement les œuvres. » Hors les Murs regroupe une multitude d’actions, dont des soirées de projections de courts-métrages et des films participatifs. À titre d’exemple de ces manifestations, nous pouvons citer Blop festival, un week-end festif qui a eu lieu les 25 et 26 juin derniers avec une brocante cinéma, des ateliers, des concerts et un quizz cinéma. David Belmontre poursuit : « Le 3 septembre, nous organisons « Une belle journée » deuxième édition, journée de festivités, Place Sathonay à partir de 14h avec un tournois de mölkky, deux concerts et une projection de courts-métrages d’une heure trente. En première partie, c’est un court-métrage intitulé « Je ne suis pas un problème socio-mathématique. » qui sera à l’honneur. » Alice Blanc, elle, coordinatrice et chargée du pôle Education à l’image, a rejoint le groupe depuis six mois. « Ce volet d’actions de l’association s’adresse aux jeunes et aux adultes, public de l’Education nationale mais également des centres sociaux ou de la Protection Judiciaire de la Jeunesse. Il se compose d’une partie pratique, avec la création d’un scénario, le découpage technique, puis le montage d’un court-métrage ; et d’une partie théorique, avec la présentation d’une image ensuite déclinée en extraits sous forme de jeu. Ce pôle existe depuis deux ans. Il gagne en ampleur depuis un an car il regroupe approximativement 30 à 50 projets, chiffre que je cite de tête ! Il est au cœur de la médiation culturelle par le biais de l’éducation à l’image et de l’événementiel. Ce pôle porte des valeurs communes de l’association comme démocratiser l’art, amener à la fréquentation des œuvres et accompagner le public au sens large ! » Enfin, Baptiste Vildrac

nous parle d’un grand événement qui se prépare pour l’association : la naissance du Ciné-Café l’Aquarium ! « L’ouverture prévue en octobre aura lieu en novembre. C’est une vieille idée qui nous trotte dans la tête depuis deux ans, celle de monter son propre ciné. Une alternative inspirée par l’ « hybride » ou « Vidéodrome » à Marseille. Le projet s’est accéléré depuis trois mois avec la fermeture d’ « Atmosphère Vidéo », vidéo-club historique, l’un des derniers de Lyon. » Ainsi, ce nouveau vidéo-club s’appuiera sur l’ancien, mais des changements profonds auront lieu, en ce qui concerne tant la gestion de l’espace que les missions du club. Pour ne pas vous « laisser sur votre faim », nous suivrons cet événement dans un prochain numéro de notre journal, qui couvrira bien sûr l’ouverture du Ciné-café -une telle initiative ne peut être passée sous silence ! Le fonds de l’actuel vidéo-club sera étoffé, et des séances hebdomadaires accompagnées de discussions et de prolongements conviviaux auront lieu. L’association « Entre les Mailles » animera dans ce lieu des ateliers vidéo pour tous les publics (Ateliers hebdomadaires, week-end de tournage participatif, stages…). De plus, des spectacles vivants (ciné-concerts, performances artistiques,…) sont prévus avec des rencontres inter-professionnelles où l’Aquarium deviendra un lieu de rencontre entre réalisateurs, techniciens et comédiens. Nous sommes impatients de voir la concrétisation de ce projet par cette ouverture, certes repoussée à novembre, mais ô combien prometteuse ! par Chérif Mansouri

ECLAIR FINAL AUX NUITS DE FOURVIERES Une lumière fuselée découpe les toits fumants de la cité des Gaules. La chaleur pèse sur les galets antiques. Ce soir, pour la finale des Nuits de Fourvière, Lyon tourne son regard au-delàdes frontières. Le Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes mène la danse. Un ciel bleu pétrole fait monter la tension. La colline qui prie patiente sans abri. C’est alors que la scène s’illumine,

les ponchos vibrent. Chargés d’électricité, les dieux grondent sur la ville. Le ciel se déchire enfin, une douche des âmes est offerte, tel un don. La représentante du Somaliland fait son entrée. Venue d’un pays ignoré, elle remercie la France de l’avoir protégée. Dans ses longs drapés roses, Sarah Halgan tend les bras vers la foule, nous invitant à venir découvrir sa contrée « nous vous accueillerons comme vous m’avez accueillie ». C’est dit. L’étoile chante à gorge déployée les sons vibrants de sa destinée. Puis, sur une dernière note, la dame quitte la scène, gracieuse. Entracte. Compactés pour ne pas couler, rires enfantins et goutte au nez, nous prenons l’eau. Un géant aux cheveux blancs émerge des coulisses. Avec ses compères, ils percutent l’atmosphère, les tambours battant surgissent. Ce soir pas de compétition, ni gagnant ni perdant, hommes et nature ensemble entonnent un air à l’unisson. Danyèl Waro, voix de la Réunion, met le public au diapason. Il accueille avec nous le torrent de gouttes, « pour ne pas que se dessèchent les cœurs ». Le monsieur chante la météo, celle des résistants de tout temps. C’est en créole qu’il appelle à des valeurs de résilience, de solidarité et de simplicité, dans ce monde trop meurtri et meurtrier, résistance. Un spectacle entre vent et marée d’eau douce. Il est 22h30, les ponchos pleurent les âmes en fleurs. Il est temps d’intensifier la danse. C’est à Celso Piña qu’a été confiée cette mission. Et, là, c’est l’insurrection. Les pieds dans l’eau, la folie s’empare des spect-acteurs qui, rassemblés dans la fosse, chantent en chœur sur des airs latinos. La soirée finira en cumbia colombienne. La cumbia, aux rythmes issus des mélanges culturels métissés à la croisée de l’Europe, l’Afrique et l’Amérique Latine. Les musiciens dégainent, le public se déchaîne, sautant ensemble pour un bain de pieds de minuit. Que d’histoires contées, sous un ciel à l’arc coloré. Ce soir, Lyon a pris une grande respiration. Après ce voyage d’une soirée, nous rentrons détrempés, cœurs et vêtements chargés, ciel épongé. La vérité a finalement éclaté. par Anna

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Rencontre inspirante

RENOUER CORPS ET ESPRIT POUR SON BIENÊTRE. RENCONTRE AU DOJO YOSEIKAN BUDO A l’heure où trois millions de français souffrent d’un corps épuisé reprenant la

main sur l’esprit, dans un burn-out plus ou moins violent, la traditionnelle séparation entre le corps et l’esprit semble atteindre ses limites. Nous avons rencontré Gilles Morard, directeur du Dojo Yoseikan Budo à Lyon (8ème arrondissement) et spécialiste des arts martiaux depuis 30 ans. Dans son dojo, transformé en centre de ressources pluraliste, il a monté il y a une dizaine d’année, avec son ami des tatamis, Jean-Yves Détriché, cofondateur de G2CM (Gestion des Crises et des Conflits Modernes) et formateur professionnel dans les techniques managériales et de vente, des formations innovantes mêlant apprentissage comportemental, intellectuel et émotionnel. Rencontre avec un passionné. LP : Bonjour, comment vous présenteriez-vous aujourd’hui ? GM : Je suis pratiquant d’arts martiaux depuis très longtemps (sourire) et je dirige le dojo Yoseikan Budo depuis sa création, il y a une trentaine d’années. J’ai commencé une carrière professionnelle de sémiologue en tant qu’analyste des messages publicitaires puis je me suis réorienté vers le sport en tant qu’entraîneur, formateur et coach de sportifs de haut niveau. Aujourd’hui, je suis également formateur professionnel pour les entreprises avec G2CM. LP : Justement, comment a commencé cette aventure insolite ? GM : J’ai retrouvé Jean-Yves (ndlr : Jean-Yves Détriché, cofondateur de C2M et G2CM) qui, après un tour de France, est revenu s’installer à Lyon, il y a une quinzaine d’année. Il était à l’époque formateur professionnel pour les entreprises. On s’est rendu compte petit à petit que, finalement ce qu’il faisait avec les commerciaux et managers, et ce que je faisais moi avec les sportifs de haut niveau, avaient beaucoup de similarités. Il y a 7-8 ans, on a commencé à parler de mal-être au travail, de risques psycho-sociaux, de troubles musculo-squelettiques mais c’était encore assez tabou et on s’est dit qu’il fallait absolument qu’on intègre la dimension corporelle, c’est-à-dire la prise en compte du corps dans les formations. Dans les formations traditionnelles, à aucun moment on intégre le comportemental. On s’est dit, il fallait que ce que l’on fasait pour le bien-être des gens qui viennent faire du taï-chi, des arts martiaux, ou autre, et ce qui se passe dans l’entreprise soient liés car le corps est un élément très important dans la gestion du stress et des émotions. Donc on a créé cette structure commune G2CM qui intervient plus sur la gestion des conflits et du stress. Nous avions déjà un dojo avec des salles théoriques d’enseigne-

ment et des salles pratiques pour travailler le comportemental. Ainsi la tête comprend et le corps assimile. On fait ça depuis plusieurs années maintenant et il n’y a pas beaucoup de cabinets de consultants capables de proposer la même chose, c’est à dire la formation aux techniques de vente et managériales avec les techniques d’arts martiaux. LP : Et alors concrètement, comment cela se passe-t-il ? GM : On travaille toujours sur 3 champs, le champ comportemental, le champ intellectuel et le champ émotionnel. Et dans toutes les formations que l’on fait, on parcourt, avec plus ou moins de profondeur, dans un sens ou dans l’autre, ces trois champs. Ainsi les gens intègrent intellectuellement et physiquement, les notions de formations. Aujourd’hui, on demande de plus en plus aux employés d’une entreprise, de travailler toujours plus vite, etc. Et à partir du moment où l’on prend conscience que l’on peut les gérer aussi comme des sportifs, leur apprendre à connaître leurs potentiels énergétiques et leur créer des états de ressources ; on s’équipe pour éviter les épuisements au travail, de plus en plus fréquents. Car c’est rarement la tête qui lâche en premier mais bien plus souvent le corps. LP : Mais comment le corps offre-t-il un ancrage d’apprentissage pour l’esprit ? GM : Ah, Jean-Jacques Rousseau, qui n’était pas vraiment un sportif de haut niveau, disait « nos premiers maîtres de philosophie ce sont nos pieds et nos mains ». Ce que nous comprenons, nous l’avons d’abord ressenti. Nous avons été éduqués, d’abord touts petits par les sensations puis ensuite par la compréhension. Le chemin se fait toujours dans ce sens-là, du sensible à l’intellect. Puis dans les savoirs que

l’on apprend par la suite dans les lycées et universités, c’est uniquement intellectuel. Et on a fait une distinction absolument absurde entre des intellectuels qui n’utiliseraient absolument pas leurs corps et puis des sportifs qui n’utiliseraient pas leurs têtes, ce qui est grotesque. On vit avec une tête reliée à un corps et ce que la tête peut comprendre intellectuellement, le corps va le ressentir de manière plus parlante. Si l’on raconte une expérience à quelqu’un, il va la comprendre de manière intellectuelle mais si son corps l’a ressenti, l’apprentissage sera bien plus performant. C’est le cas dans une situation d’affrontement ou de stress par exemple. Le corps envoie souvent des signaux, mal au dos (etc.) et comprend parfois plus vite que l’esprit. LP : Et les arts martiaux s’adaptent particulièrement à ces enseignements ? GM : Oui, les arts martiaux sont un mélange de performance, de résultats (gagner le combat) et d’intégrité du corps (ne pas se blesser en visant la performance, travailler l’endurance et la durée, etc.). Nous avons dans la plupart des arts martiaux des conflits ritualisés qui entraînent une gestion du stress, une visualisation et une connaissance de soi et de l’autre nécessaires. Les mêmes enjeux sont présents dans l’entreprise. Il y a 10 ans quand on a commencé à parler de stress, on faisait du curatif, aujourd’hui on trouve cela plus intéressant de faire du préventif, apprendre à mieux agir en se connaissant et en étant mieux à la fois dans sa tête et dans son corps, pour garder motivation et efficacité. LP : D’ailleurs, le dojo propose de nombreuses disciplines, dont le Yoseikan Budo que vous êtes le seul à enseigner en Rhône-Alpes. A quoi correspond cette discipline ? GM : Alors le Yoseikan Budo c’est une discipline globale qui fait partie de ce que l’on appelle maintenant les MMA, les Mixed Martial Arts. A l’origine, les arts martiaux étaient globaux puis ils ont évolué vers de la spécialisation. Grossièrement, le karaté ce sont des techniques pieds-poings, le judo des projections, l’aïkido des clés et le kendo des armes. Le Yoseikan Budo regroupe l’ensemble de ces techniques. Son créateur, est parti du constat qu’il y a un élément commun à toutes ces pratiques c’est le corps, que l’on utilise d’une manière ou d’une autre. Il a mélangé les techniques de percussions, de clés et d’armes à partir du corps. Cette discipline moderne est revenue aux enjeux des disciplines anciennes : pouvoir tout faire avec le corps. C’est un fabuleux apprentissage de soi et de ses capacités d’adaptation. Encore un outil bien-être, le mot d’ordre de notre école, qui dispense des arts martiaux individuels et doux (yoga, pilates, taï-chi, etc.) ou de combats (self-defense, kendo, etc.) mais aussi des formations en kimono pour les entreprises. Bénéficiez de réductions au dojo Yoseikan Budo en devenant abonné engagé au Tout va bien.

Propos recueillis le 17 aoüt 2016 par Laurianne Ploix

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Idées

VOUS AVEZ LA PAROLE Pour ce nouveau format du TVB, nous essayons de nouvelles rubriques dont une où nous vous laissons la parole, à vous lecteur, pour parler de ce qui vous anime ou de ce qui vous semble être une bonne solution pour réinventer demain. Nous nous voulons citoyens, participatifs et collaboratifs donc il vous fallait un espace. Le voici. Ce mois-ci, l’un de nos abonnés, Olivier Naquin a souhaité partager avec nous sa passion pour un sport très peu connu, le speedminton, voici son article. «Le speedminton ou maintenant rebaptisé le Speed badminton (Spee dminton étant une marque de raquettes à l’origine ) existe depuis les années 2000, cette activité sportive ludique a été inventée par un allemand M. Brandes Bill qui vit toujours à Berlin. Celui-ci en avait marre de casser des raquettes trop fragiles de Badminton, il a ainsi inventé un autre sport avec des raquettes et des volants plus solides ... Ce sport se joue sans filet , il s’agit d’envoyer un petit volant dans une limite adverse, délimitée par un carré fait de bandes de tissu jaune. On peut jouer sur différents types de surfaces, herbe, béton, neige, terre battue et dans divers lieux, montagne, plage, place urbaine, champs. Sans limite, ce sport où les volants fusent jusqu’à 300 kilomètres heure est un mélange de badminton, de tennis et de squash.Mieux encore, la variante du speedminton peut se pratiquer dans l’obscurité avec du matériel fluorescent (volant, raquette, tenues vestimentaires) , on l’apelle alors le Blackminton. J’ai découvert cette activité en 2006 , tout de suite, j’ai eu envie de créér une association pour le développement de ce sport le Speedminton et de sa variante fun le Blackminton, et faire des animations de quartiers avec des MJC ou des associations de quartiers pour faire jouer tout le monde ensemble ou même pour une représentation artistique. Voici mon blog : http://speedbearn.skyrock.com/

APPELS A SOUTIEN Vous nous l’avez demandé cet été quand on est partis à votre rencontre lors de festivals, voici donc une nouvelle rubrique d’appel à soutiens, non exhaustifs. * Unicef69 recherche un chargé d’engagement bénévole à partir du 17/08. * The greenergood lance une campagne de crowdfunding pour financer son 1er évenement un meet up green et inspirant à Lyon * Les petits frères des pauvres Lyon recherchent des bénévoles pour un accueil de jour. * Tout va bien recherche des rédacteurs bénévoles et des donateurs pour financer des distributeurs à journaux. * L’association Anciela recherche 5 services civiques et a besoin de vos dons pour atteindre un financement 100% citoyen. * Gawad Kalinga recherche des fonds pour financer des maisons à destination des plus démunis. Pour plus d’infos contactez-nous à contact@toutvabienlejournal.org

TRUCS & ASTUCES Attendre 30 secondes avant de manger Après le rêve, la deuxième voie la plus puissante pour abaisser les tensions émotionnelles est l’alimentation. Sucrés ou salés, les aliments choisis pour apaiser ses émotions ont cela de commun: ils sont riches en goût, ne se cuisinent pas, se mangent sans couverts, par petites prises. Au fond, ces pulsions alimentaires culpabilisent et stressent. Comment redonner à l’alimentation sa fonction calmante ? Ne pas chercher à être dans le plaisir immédiat mais dans le bien-être. Le chocolat vous apaise? N’essayez pas de le troquer contre une pomme, cela ne fonctionnera pas. Le stress provoque aussi une déstructuration des repas : on mange plus vite, donc plus. Et on ne fait plus attention à ses sensations de faim et de satiété. Une attitude qui peut peser sur la balance... Essayons plutôt de sortir de la compulsion, en prenant par exemple quelques secondes avant de le manger. Etre capable d’attendre va déjà aider à baisser le niveau de stress. En s’investissant dans l’instant, ingérer cet aliment réconfortant n’est plus quelque chose que l’on subit. A la longue, on gère mieux sa façon de manger, la fréquence des grignotages et la quantité ingérée. Vivre en harmonie avec son corps au quotidien demande d’adopter de bons comportements et de les maintenir, en comprenant leurs intérêts. Bien souvent notre tête nous dicte des règles alimentaires très rigides générant de la frustration. Or, il est impossible de persévérer dans la frustration! N’oublions donc pas que manger est l’un des plus grands plaisirs de la vie. Il s’agit alors de réinventer ensemble un environnement, de manière à pouvoir manger ce que bon nous semble sans culpabiliser et sans prendre trop de kilos. Il s’agit de repenser notre vie alimentaire pour qu’elle soit de nouveau plaisante, raisonnable et sans influences néfastes. Florine Valla est diéteticienne et vous accompagne dans vos rééquilibrages alimentaires. Son site web https://lyondietetique-valla.com/

POESIE Le train Si proches et si loins Des regards de rien Dessinent un paysage Bouleversant de voyage. Des corps pourtant étrangers Publiquement rapprochés, Comme De frêles coquillages Assortis de bagages. Silence – on pense. Il y a tant d'histoires à deviner Pieds dans les pieds Tant de couloirs où se toiser Yeux dans les yeux Tant d'accoudoirs ou se frôler Peau contre peau Pour un bout de chemin, A rideaux ouverts. Anna Pueyo - 07/07/2016

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Détente et contacts

AGENDA Le 3 septembre : Festival Melting Potage Ce festival des monts du lyonnais, orienté «anti-raciste» vous propose des concerts à partir de 20h, à Vaugneray. Des navettes reliant Lyon sont prévues pour l’occasion. Le 7 septembre : Atelier Pain au levain par A l’intérieur, Cuisine solidaire Apprenez à fabriquer vous-même votre propre pain au levain à partir d’une méthode ancestrale. Intelligence collective, bonnes recettes et trucs de cuisine en toute convivialité. Le 17 septembre : Forum des Associations de Lyon 3 Retrouvez place Guichard, toute la journée de ce samedi, l’ensemble des associations du troisième et plus grand arrondissement lyonnais. Prévoyez vos activités de rentrée et rencontrez l’équipe du Tout va bien.

MOTS CACHÉS Retrouvez dans la grille ci-dessous les mots suivants : Accomplir Attitude Booster But Cohésion

Connaissances Dialoguer Dynamiser Ecouter Exprimer

Motivation Recul Réussir Soi Vision

Ils sont de gauche à droite à l’horizontal ou à la verticale. Retrouvez les solutions le 14 septembre sur la page Facebook.

Le 18 septembre : Collecte de la rentrée, We waste L’association lyonnaise vous invite à une nouvelle collecte de déchets conviviale, à Gerland, le 18 septembre pour un coup de balai citoyen. Le 23 septembre : Chanter et s’apprivoiser Se libérer par le chant, trois jours de formation à troix voies, le chant, l’analyse du vécu, l’écho spirituel. Renseignements auprès du Chatelard. Le 24 septembre : Journée de la transition citoyenne Journée nationale pour découvrir les initiatives qui accompagnent notre société en transition citoyenne vers un meilleur demain. Le 28 septembre : Conférence «Apprendre à gérer son stress grâce à la psychologie positive», au Caravansérail café de Villeurbanne C’est notre premier événement Tout va bien, avec une coach certifiée qui revient tout droit des meilleures formations américaines en psychologie positive. Une conférence suivie d’un buffet végétal, pour des échanges pratiques. Réservations sur le site toutvabienlejournal.org.

HOROS’CAP ?

CONTACTS

Bélier Cap de faire un pic-nic sur les quais un jour de ciel gris ?

Balance Cap de faire un don à la personne ou asso de votre choix ?

TOUT VA BIEN LE JOURNAL QUI RÉINVENTE DEMAIN

Taureau Cap de percer le mystère des arrêtes de poisson lyonnaises ?

Scorpion Cap de faire une journée sans voiture ?

Retrouvez-nous sur les réseaux sociaux et donnez votre avis, partagez vos initiatives positives.

Gémeaux Cap d’écrire un article pour le prochain TVB ?

Sagittaire Cap de faire une grasse matinée et ne pas mettre de réveil ?

A LYON

Cancer Cap de ne manger que des légumes pendant 30 heures ?

Capricorne Cap de lancer un défi à la personne de votre choix ?

Lion Cap de faire un jeu de quilles nordique les yeux bandés ?

Verseau Cap de danser toute la soirée à la prochaine occasion ?

Vierge Cap d’offrir une plante aromatique à quelqu’un ?

Poisson Cap de partir quelque part sur un coup de tête ?

Illustration : Carole Perret pour A/R magazine (Paris)

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