TVB - hors serie n°6 - Dialogues en humanité

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Journal associatif et participatif, sans publicité, à retrouver sur le site toutvabienlejournal.org ou par abonnement. Édition Lyon -Hors-série N°6 GRATUIT

HORS-SÉRIE N°6

UNE INFORMATION INDÉPENDANTE

Faire dialoguer les porteurs d’initiatives positives

DES SOLUTIONS LOCALES

Spécial Métropole de Lyon à l’international

Les collegiens s’essaient au journalisme de solution

dialoguer pour construire un nouveau demain NE PAS JETER SUR LA VOIE PUBLIQUE - NUMERO ISSN : 2495 - 9847 Journal mensuel sorti en fin de mois et déposé au dépot légal de la Bnf.

© GUYDA SCHIFFMACHER

Un événement Commencer par Résister

Continuer par Expérimenter

p. 6 à 8

Ne pas oublier de Rêver p. 12 & 13

p. 9 à 11

Et partager pour avancer p. 14 à 16

Édition spéciale réalisée pendant les trois jours des Dialogues en humanité à Lyon du 7 au 9 juillet 2017. Ne peut être vendu. Tout va bien, association loi 1901 d’intérêt général - Siège social : 56 route de Genas, 69003 Lyon - Directrice de publication : Laurianne Ploix Crédits photos : Guillaume Pereira, Clément Navoret, Elise Agostno, Laurianne Ploix. Achevé d’imprimé en septembre 2017 par la Métropole de Lyon - Pour toute remarque : contact@toutvabienlejournal.org - Site web : toutvabienlejournal.org


L’équipe de rédaction

CLEMENT Sensible aux enjeux de société et titulaire d’un master de rédaction appliquée, il écrit bien.

ELISE Curieuse et optimiste, elle aime échanger avec ceux qui s’engagent pour changer le monde.

GUILLAUME Ingénieur, il est curieux des innovations permettant de faire évoluer la société.

L’édito

VALÉRIE Future assistante sociale, elle s’intéresse à tout ce qui peut rendre le monde meilleur.

EMILIE De nature curieuse, elle aime découvrir de nouvelles initiatives et s’investit dans l’ESS.

LAURIANNE Directrice de la publication et fondatrice du TVB, elle croit en la nécessité de montrer de nouveaux exemples.

Le Tout va bien

Le festival citoyen des Dialogues en humanité est un événement gratuit qui, à Lyon, se déroule pendant trois jours, le premier week-end de juillet. Il propose à des citoyens du monde entier de se retrouver pour échanger ensemble autour des grandes problématiques de l’humanité. À l’image de son cofondateur Patrick Viveret, qui aime évoquer le PFH, le précieux facteur humain (qui a son penchant fleuri), cet événement unique en son genre regroupe des centaines de personnes venues partager leurs expériences, leurs réflexions, leurs idées et leurs savoirs pour avancer dans la réinvention de notre monde. TVB se devait d’être là et de vous retranscrire un millième de tout ce qui peut se passer dans les allées du parc de la Tête-d’or un week-end de Dialogues en humanité. Ce hors-série est donc bien trop condensé pour refléter les accords passés sous un arbre, les révélations à la fin d’agoras, les émotions ressenties sur la grande scène ou après un échange envolé ; mais nous espérons qu’il vous fera voyager un peu dans cette ambiance si particulière et avec l’espérance revigorée des actions mises en place par l’ensemble de ces acteurs d’un demain meilleur, réunis sur le même sol.

La matrice des Dialogues 2017 à Lyon

Tout va bien est une association loi 1901 d’intérêt général. Son objet social est la diffusion de solutions pour un bien-être indivduel, collectif et environnemental. Ce journal, notre principal outil, fait le relais des actions constructives et innovantes sur un territoire donné, il met en lumière tous ceux qui agissent dès maintenant pour répondre aux problématiques actuelles et à celles du futur, afin de le construire de la manière la plus responsable et intelligente possible. Inspiré du journalisme constructif, Tout va bien, est le premier journal local entirèrement consacré au journalisme de solutions. TVB, c’est aussi un journal impliqué dans la vie locale. Nous avons créé le principe de l’initiative au kilomètre et nous souhaitons être un relais fédérateur des acteurs du changement et à une échelle locale pour simplifier les envies d’agir. Nous organisons aussi des événements pour découvrir et expériementer des solutions simples et accessibles. Nous organisons des formations, des ateliers d’initiation aux médias et au journalisme d’impact. Et enfin, nous offrons des réductions aux acteurs éthiques et locaux pour nos abonnés, une belle façon de faire vivre au mieux un territoire. Sans publicité et avec un raport temps/lecture élévé, des papiers de qualité, nous ne vivons pour l’instant que de nos abonnés, alors soutenez-nous !

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TVB Lyon- Hors-série N°4 - juin 2017 - http://toutvabienlejournal.org


L’esprit des Dialogues

LES DIALOGUES EN HUMANITÉ : QU’EST-CE-QUE C’EST ? Apprends-moi à danser sous l’orage ! Et nous vivrons des jours heureux… Tel était le thème de l’édition 2017 de ces rencontres internationales et informelles autour de la question humaine et de la société que nous souhaitons voir émerger. Dans l’édito du programme 2017, Henryane de Chaponay racontait qu’en Éthiopie, lorsqu’il y a un orage, l’Ogass, un jeune sage chargé d’apaiser les tensions entre les populations, regroupe autour de lui, s’arrête, reste silencieux, rassure et apprivoise sa peur. Et la doyenne des Dialogues conseillait à notre humanité en ces temps troubles d’orages populistes et de montée des extrémismes et des inégalités de se relier pour résister et pouvoir admirer ce qu’il y a de plus beau après la tempête : le grand ciel bleu, le soleil et l’arc-en-ciel. Force et résilience sont pour elle l’essence de la vitalité offerte par les Dialogues en humanité à tout jeune Ogass en quête de préserver notre planète.

L’histoire des Dialogues Imaginés en 2002 à Johannesburg lors du deuxième sommet de la Terre, les Dialogues en humanité voient le jour à Lyon en 2003, par la volonté de Geneviève Ancel, Patrick Viveret et Gérard Collomb, dans l’idée de créer un événement international autour de la question humaine en tant que telle. Son but est de réunir les savoirs de tous peuples pour lutter contre l’impuissance et l’indifférence, pour proposer des voies inspirantes à notre humanité. En regroupant, sans artifices ni obligations, des personnes issues du monde politique, du monde de l’entreprise, des associations, des intellectuels, des artistes, de grandes institutions internationales et tout citoyen curieux, la volonté est d’essayer de répondre collégialement à 7 questions, 7 défis pour construire un autre monde :

- La paix : face à la logique de guerre construisons des logiques de paix ; - La solidarité : face à la misère et à la pauvreté établissons des logiques de solidarité ; - La démocratie : face au déficit démocratique créons une haute qualité démocratique ; - La rencontre des cultures : face au choc des civilisations envisageons le dialogue des cultures ; - L’humanisation de l’humain : face à notre propre inhumanité apprenons à grandir en humanité ; - La révolution du vivant : face à une technique sans conscience, comment responsabiliser et donner du sens à la science ? - L’écologie : face au défi écologique construisons un nouvel art de vivre. Et cette réflexion ouverte à tous regroupe de plus en plus de citoyens, de plus en plus de personnes conscientes et bienveillantes qui recherchent des solutions et font de l’avenir de l’humanité leur combat commun, à Lyon, mais aussi dans plus de vingt autres pays. Alors, comme on a pu l’entendre dire aux Dialogues, si la plupart des grands problèmes que rencontre l’humanité ne sont dus qu’à elle-même, cette grande initiative de faire dialoguer notre humanité pour envisager de lui construire un futur souhaitable semble plus que noble, elle devient nécessaire dans notre monde globalisé, et joyeusement réalisable.

par Laurianne Ploix

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L’esprit des Dialogues

ILS ÉTAIENT AUX DIALOGUES SARAH

LUN ZHANG

DANIELLE

« J’ai adoré les robes des danseuses espagnoles, elles étaient pleines de couleurs. Et j’ai bien aimé le joli livret avec un bel arbre que m’a donné un monsieur sur un stand aussi. »

« Je suis professeur de chinois à l’université de Paris et j’aime venir ici pour retrouver des amis et des débats sur des sujets internationaux qui me touchent particulièrement. »

« Je viens tous les ans, je suis une habituée. Je trouve cela courageux de prôner des valeurs qui vont à l’encontre de celles du monde actuel. Il y a des pointures, venues du monde entier, c’est extraordinaire ! »

MYRIAM & ARNAUD

MICHÈLE

« Nous sommes agréablement surpris, notamment parce qu’il y a beaucoup de choses liées à la spiritualité. On y parle des problèmes environnementaux, mais aussi de spiritualité… Tous les problèmes sont traités ensemble et c’est ce qui est bien : ils ne sont pas divisés comme c’est souvent le cas. Il y a aussi une vraie qualité d’écoute et de très bons intervenants. En plus, nous venons de rencontrer un exposant venu du Bénin qui nous a donné un contact pour développer les Dialogues en humanité à Strasbourg, d’où nous venons ! »

« La quantité d’ateliers variés m’a motivé à m’arrêter. Tout va vers le positif. Il y a des ateliers pratiques et cela me semble très important pour le ressenti. Et le cadre est idéal ! »

CHARLOTTE « J’ai participé à un atelier de réflexologie plantaire qui m’a permis d’entrer comme dans un sas de décompression. Cet événement me permet de rencontrer des gens, de découvrir des propositions et de profiter de la nature. Ces moments me font du bien. »

CLARA « Ça fait vraiment du bien d’entendre ou de réentendre parler d’expériences et de choses comme ça. Le fait de les mettre en dialogue remet l’initiative individuelle au milieu de la problématique politique. J’ai beaucoup aimé l’intervention de Deborah Nunes sur l’expérimentation avant de passer à la réflexion puis à la théorisation ; c’est ça l’invitation des dialogues : essayer d’expérimenter là où on est. »

SABRINA, LINA & ZAKARIA

JEAN-PAUL

« La variété des choses à découvrir m’intéresse beaucoup et les valeurs de l’événement vont dans le sens de ce que je veux transmettre à mes enfants. J’ai notamment découvert Aster formation, une nouvelle approche de l’école. Je pense faire des formations pour apprendre cette méthode de transmission. J’envisage même d’aller habiter vers l’école pour y inscrire mes enfants. Zakaria ne serait pas contre : « c’était trop bien. On faisait du travail, mais en jouant ! ». J’ai également vu l’oasis éphémère des Colibris. Nous avons fait une activité dessin qui nous a permis de confronter nos points de vue et ceux des enfants. C’est un excellent support pour échanger avec eux. »

L’ÉQUIPE DE SINGA « Nous avons animé un atelier intitulé « Migrants, réfugiés, accueillants : notre monde souhaitable, de l’individu à la planète ». Nous travaillons chaque jour à montrer les talents des migrants, leur proposer des activités intéressantes et répondre le plus inteligemment possible au défi de vivre ensemble auquel est confronté notre époque et qui est une richesse inouïe de découvertes et d’apprentissages. »

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« J’ai assisté à une rencontre où ils parlaient d’un projet en Inde : une ville différente où tout le monde participe aux décisions, puis de Sadhana forest, où ils se consacrent à la replantation et au reverdissement des villes. Cela permet de voir ce qui existe ailleurs et de s’en inspirer. »

MATTEO « De notre côté la journée se passe super bien, il y a vraiment des gens de tout horizon et de tout âge. L’esprit des Dialogues est vraiment là. En plus on profite vraiment de très bonnes conditions avec ce temps qui nous accompagne. Je pense que à la fois l’équipe d’organisation, les intervenants et les visiteurs prouvent qu’on peut faire des évènements agréables, simples, et solidaires. »


L’esprit des Dialogues

INAYA (8 ANS) & HENRYANE DE CHAPONAY (93 ANS) : Dimanche, troisième jour consécutif de Dialogues en humanité, la journée commença par un échange intergénérationnel entre les enfants et de grands adultes inspirants comme le conteur et ultramarathonien Malek Boukerchi et la globe-trotteuse Henryane de Chaponay. Inaya, qui était dans le public, voulut une photo avec Henryane de Chaponay « parce qu’elle a conduit son premier avion à quatorze ans quand même et qu’elle a eu une vie impressionnante ». La jeune fille s’était essayé plus tôt au basket fauteuil et nous racontait : « Ce que j’aime ici, c’est découvrir plein de personnes différentes qui ont plein d’histoires différentes, de me mettre à leur place, des fois ils ont vécu la guerre, des fois ils n’ont pas vraiment de bras mais ils sourient et sont très gentils, ça me plaît beaucoup. » par Laurianne Ploix

MURIEL SCIBILIA, RESPONSABLE DU SERVICE D’INFORMATION ET DE COMMUNICATION DE LA CNUCED (CONFÉRENCE DES NATIONS UNIES SUR LE COMMERCE ET LE DÉVELOPPEMENT) Elle était vendredi aux témoignages de vies croisés « Enrichir notre regard pour mieux percevoir la réalité du monde », l’occasion de lui demander des précisions sur son travail si précieux. TVB : En quoi consiste votre mission à la CNUCED ? MS : L’une des principales missions de la CNUCED, c’est d’aider les décideurs, en particulier des pays en développement, à élaborer des politiques qui leur permettent de s’intégrer à l’économie mondiale de manière plus équitable. Le travail de la CNUCED s’organise autour de trois piliers : la recherche, le dialogue entre les 194 états qui la composent sur des questions d’actualité et la coopération technique qui permet d’agir sur le terrain. Notre service de communication fait la jonction entre l’institution, les médias, la société civile et le grand public. Il nous revient de restituer de manière synthétique et avec clarté les recherches complexes menées par nos économistes dans des domaines aussi variés que le commerce, l’investissement, la gestion de la dette, les transports maritimes ou le développement durable. Ces thématiques sont toujours traitées sous l’angle du développement. Il est essentiel que les décideurs comme le public soient bien informés de sorte de pouvoir prendre des décisions éclairées, chacun à son échelle. S’agissant des médias, nous essayons de les amener à s’intéresser aussi à ce qui relève de la prévention plutôt que de ne couvrir que les catastrophes. Le monde en développement est riche d’une multitude d’initiatives sur lesquelles il conviendrait de braquer les projecteurs. par Laurianne Ploix

LA GONETTE, LA MONNAIE LOCALE LYONNAISE Les Dialogues en humanité sont aussi l’opportunité d’échanger entre associations. Nous sommes allés interroger nos voisins de stand, la Gonette. La monnaie locale lyonnaise fêtera ses 2 ans en novembre 2017. C’est donc l’occasion de faire un bilan sur son utilisation et d’évoquer les projets à venir. Le réseau de partenaires compte aujourd’hui 270 membres sur l’ensemble de l’agglomération lyonnaise. Le secteur de l’alimentation est bien sûr très présent (épiceries, restaurants, bars qui favorisent les circuits courts). On retrouve aussi le domaine du bien-être (ostéopathes, cours de yoga), les services comme l’informatique et la culture. Certains d’entre eux sont également comptoirs de change, facilitant ainsi l’accès à la Gonette. Le réseau s’est beaucoup développé sur l’ouest lyonnais, porté par des collectifs de bénévoles très actifs qui font des réunions d’information. Les commerçants de Villeurbanne sont aussi très impliqués. 1 400 utilisateurs ou plutôt consomm’acteurs font circuler, grâce à leurs achats, 95 000 gonettes au sein du réseau de partenaires, alimentant ainsi l’économie locale. Pour chaque unité de gonette émise, un euro est bloqué sur un compte bancaire. Ceci constitue le fond de garantie qui permet de rembourser toute la monnaie locale en circulation si nécessaire. Les banques partenaires, la Nef et le Crédit Coopératif, peuvent ainsi financer des projets locaux relevant de l’économie sociale et solidaire. Ce fond alimente donc un cercle vertueux au service de l’économie réelle. La plate-forme de financement participatif Zeste, lancée par la Nef depuis plusieurs mois déjà, permettra une meilleure visibilité des projets financés par la Gonette. Dès cet automne, celle-ci sera en effet ouverte aux personnes morales. par Emilie Jacquemier TVB Lyon- Hors-série N°6 -été 2017 - http://toutvabienlejournal.org

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Résister

PREMIÈRE ÉTAPE : RÉSISTER Les titres des ateliers étaient attachées aux arbres du parc de la Tête d’Or - © L.Ploix

DEVINDER SHARMA (INDE) : « SE REGROUPER POUR AGIR ET CHANGER NOS HABITUDES ÉCONOMIQUES » « J’ai eu la chance de rencontrer Nelson Mandela dans le cadre de mon travail* et je me souviens que selon lui, ce qu’il manquait à notre génération, c’était de la colère, de la colère saine : la volonté de se mobiliser pour changer les choses. Et il existe plein de gens qui font des choses bien aujourd’hui, mais qui se croient chacun le prochain Mandela et agissent seuls. Il faut se regrouper et partager nos savoirs et nos engagements pour protéger l’environnement. Et il faut aussi que chacun prenne conscience des réalités économiques et de la façon dont elles régulent nos vies pour les changer en connaissance de cause. Tout est économique et devra changer par l’économie. Nous aurions dû appeler cette rencontre le G15 ; après tout, nous représentons plusieurs pays qui discutent sur l’avenir de l’humanité. » * Devinder est un journaliste spécialisé dans le développement durable très célèbre en Inde ; spécialiste de la transition et de l’alimentation, il est le correspondant de The Ecologist en Asie. Il milite pour la condition de vie des paysans dans le nord de l’Inde et organise des Dialogues au pays du Taj Mahal. Vous pouvez le suivre sur son blog Ground Reality : http://devinder-sharma.blogspot.com. par Laurianne Ploix

CHRISTIANE HESSEL (FRANCE) & AMIR HASSAN (PALESTINE) Christiane Hessel : « Je viens depuis longtemps aux Dialogues, j’y venais avec mon mari. Cette année, je suis venue avec Amir et nous avons eu une conversation très intéressante avec une jeune Brésilienne qui insistait sur le besoin d’échanger et de résister. C’est très intéressant à l’heure où moi, avec le temps qui passe, j’aimerais voir la concrétisation de ces réflexions. » Amir Hassan : « Pour moi, c’est la première fois et je pense le dialogue essentiel. Si on ne se parle pas, on ne se comprend pas et on entre dans un monde de haine et de préjugés très rapidement. C’est encore un peu abstrait pour moi, des personnes viennent de partout, je pense qu’il serait intéressant d’écrire ce qui se passe ici, lui donner une dimension politique, le faire remonter, organiser une belle résistance pour qu’elle devienne la majorité qui fera évoluer notre démocratie. » par Laurianne Ploix

MONIQUE RAKATOANOSY (MADAGASCAR ) : « MONTRER L’HISTOIRE DE L’INDÉPENDANCE POUR APPRENDRE DE LA RÉSISTANCE » Responsable de l’Observatoire des médias malgache, elle organise une exposition retraçant la couverture médiatique de la lutte pour l’indépendance de Madagascar et du jour de sa libération le 29 mars 1947. Intitulée Média, citoyens, face à l’Histoire : 1947 et ruelles citoyennes, l’exposition a été exposée dans les rues d’Antananarivo l’année dernière dans le but de mettre en lumière la perception et le sens des luttes pour l’indépendance d’hier en les mettant en corrélation avec les concepts de libertés d’aujourd’hui. L’idée étant de sensibiliser les jeunes aux valeurs d’humanité et d’innovation qui animaient les combattants d’alors et de fédérer le peuple autour de son devoir de mémoire. Une partie de l’exposition se trouvait aux Dialogues en humanité sous le petit kiosque qui berge le lac. par Laurianne Ploix

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Résister

TONY MELOTO (PHILIPPINES) : « SORTIR DE LA PAUVRETÉ PAR LA CO-CONSTRUCTION » Tony Meloto, président fondateur de Gawad Kalinga (qui signifie « prendre soin »), était présent aux Dialogues en humanité pour présenter de superbes projets solidaires et entrepreneuriaux. Gawad Kalinga est une ONG philippine qui vise à éradiquer la pauvreté. Son objectif est de sortir de la pauvreté 5 millions de familles d’ici 2024 par la construction de villages, l’organisation de communautés solidaires et la formation de 500 000 entrepreneurs sociaux. D epuis 2003, Tony Meloto a créé 3000 villages modèles dans diverses îles des Philippines, avec des écoles et toutes les infrastructures nécessaires, ainsi que GK Enchanted Farm (la 1ère « ferme enchantée », sur 40 actuellement en cours), première plate-forme d’incubation d’entreprises sociales d’Asie du Sud-Est et écosystème original constitué d’une ferme, d’une communauté villageoise et d’une université expérimentale, SEED Philippines, formant à l’entrepreneuriat social. À travers les projets développés par Gawad Kalinga avec de nombreux partenaires de divers horizons, Tony Meloto a défini certains principes de logique économique de bon sens qui ont déjà conquis de nombreux stagiaires (français, entre autres), boostés, aux Philippines, pour créer leur entreprise innovante. Ces principes sont des pistes à explorer dans la quête de nouvelles formes de prospérité et pour la refonte de nos modèles économiques : 1. La nouvelle classe moyenne dans les économies émergentes se fera par l’ascension de ceux qui composent aujourd’hui le bas de la pyramide, en particulier les plus ambitieux d’entre eux. 2. La voie d’une prospérité durable est possible si nous reconnaissons le droit des pauvres à la richesse, si nous leur donnons accès au capital, au savoir, à la technologie, au marché, si nous améliorons les infrastructures, si nous aimons la terre, si nous protégeons la planète, et enfin, si nous créons de la valeur inclusive. 3. La voie d’une paix durable est possible si ceux qui ont faim sont nourris de générosité et ceux qui ont de la colère nourris d’amour. 4. La solidarité avec les pays pauvres émergents est fondamentale pour stopper le déclin des pays développés. 5. Ensemble, nous pouvons bâtir un monde plus bienveillant, juste, stable et heureux où personne n’est un ennemi, une victime ou une proie.

6. En conclusion : « Que sert donc à l’homme de gagner le monde entier s’il perd son âme… » (Toni Meloto) Tony Meloto sera à Lyon du 15 au 18 novembre et rencontrera les étudiants dans diverses Universités et Ecoles de Lyon. Un village Gawad Kalinga Lyon est par ailleurs en construction à Sagay, îles Visayas… Plus d’info : www.gk1world.com par Didier Point

PROTÉGER LES ENFANTS DE LA GUERRE ET DE LA VIOLENCE Nous avons assisté à un temps de témoignages de vies croisés et de coopération-action, en présence de Marie Josée, qui représentait l’UNICEF, de Suzana Roque Lopez, présidente de la branche colombienne de l’association Innocence en danger et de Flavio Lotti fondateur du mouvement d’éducation à la paix en Italie. Trois interventions remarquées qui ont ensuite ouvert un débat collectif. Marie-Josée, de l’UNICEF fut la première à intervenir. Elle commença par décrire la situation des enfants soldats dans le monde : aujourd’hui 30 pays sont concernés et il y a environ 250 000 enfants soldats dans le monde. L’UNICEF a participé à la libération de 100 000 enfants et à la mise en place d’une réglementation avec l’ONU : la CIDE (Convention Internationale des Droits de l’Enfant) en 1980. L’UNICEF essaie de redonner une place à ces enfants dans la société, notamment grâce à des centres d’accueil et d’orientation qui leur sont destinés. Puis ce fut au tour de Suzana Roque Lopez. Elle a créé avec son équipe une méthode thérapeutique pour les enfants soldats, les enfants victimes de la guerre et de grands traumatismes physiques et psychologiques. Cette méthode repose sur une approche intégrative de la psychologie, c’est-à-dire que l’enfant est considéré dans sa globalité. Elle utilise les enseignements ancestraux, les neurosciences, la mindfulness ainsi que l’art thérapie. Pour finir, Flavio Lotti intervient. Il a lui créé un mouvement pour promouvoir l’éducation à la paix en Italie. Pour lui « l’éducation à la paix est une responsabilité de tous. Nous devons changer la structure de l’école pour que la paix soit l’objectif même de toute l’école et qu’il y ait un véritable projet d’éducation à la paix ». Concernant la crise des enfants soldats, il affirme : « il faut aider les enfants à résoudre leurs problèmes et à trouver eux-mêmes des solutions ». par Valérie Vitte

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Résister

L’ENTREPRENEURIAT POUR CONTRIBUER À L’EMERGENCE D’UNE SOCIÉTÉ NEUVE ET VIVE Entreprendre, c’est être dans l’action, c’est créer, c’est aussi prendre son destin en main. Mais c’est avant tout ce qui est de plus en plus attendu des jeunes générations. S’engager, c’est donner du sens à son action, c’est croire, rêver et penser un monde plus juste. À l’heure où l’entreprenariat ne cesse de gagner en importance sur le marché du travail, le sens de ces actions est en train d’évoluer. Parce qu’aujourd’hui, on peut entreprendre en s’engageant non pas pour tirer un quelconque profit personnel, mais pour offrir des profits collectifs. C’est autour de ces nouvelles formes d’entreprenariat contribuant à l’émergence d’une société neuve que se sont retrouvés acteurs et actrices de l’économie sociale et solidaire (ESS) et participants non avares de propositions, à l’initiative des Dialogues en humanité. Du supranational au local Les échanges ont débuté par une intervention de Jean Fabre, du groupe de travail inter-agences mis en place à l’ONU pour promouvoir l’ESS. Il souligne que la concurrence entre travailleurs, entreprises et pays façonne l’économie hégémonique sur une logique guerrière destructrice alors que la croissance démographique sur une planète aux ressources naturelles limitées exige l’inverse. En France l’ESS « pèse » 10 à 12 % du produit intérieur brut (PIB), ce qui ne lui permet pas encore d’être une véritable force de changement. Afin de changer d’échelle, l’ONU veut notamment aider les pays à se doter d’une fiscalité qui facilite le montage de coopératives. Certains pays sont en pointe dans le domaine, comme la France, le Costa Rica, l’Équateur ou la Colombie et ont constitué à l’ONU un « Groupe Pilote » pour entrainer les autres. « Il faut déserter l’économie de la compétition pour le mode de vie proposé par l’économie sociale et solidaire » Jean FABRE, Groupe Inter-agences de l’ONU pour l’ESS Plus localement, les initiatives fleurissent, notamment en France. Par exemple, à Lyon, la métropole décerne un label pour les entreprises participant à l’ESS. Olivier Frérot, fondateur de Philometis et acteur de projets sur Lyon dans le domaine des ESS, pense que nous rentrons dans une nouvelle civilisation qui quitte celle qu’il qualifie de « moderne, occidentale et techno-scientifique » pour une civilisation plus ouverte sur les choses. Il s’agit selon lui d’un changement de valeurs, du passage de l’individualisation de la société à l’individuation, c’est-à-dire « se déployer singulièrement, tout en échangeant et réalisant avec les autres ». Olivier Frérot prend à contre-pied l’idée que les capitaux privés aient dans leur essence même des valeurs contraires à la solidarité et au partage. L’intégration d’un partage de gouvernance, de management horizontal et de confiance, et l’utilisation du contrôle de gestion au service de projets collectifs en est la preuve. « Dans l’entreprise comme ailleurs, c’est une chance de pouvoir se relier les uns aux autres » Olivier FRÉROT, Philometis Des actions individuelles aux actions de groupes Lorella Pignet Fall est professeure à l’Institut d’administration des entreprises (iaelyon) de Lyon et présidente de l’Association de l’alliance panafricaine pour le développement de l’entrepreneuriat des femmes (ALPADEF). Dans son métier, par l’apprentissage de l’« écolonomie » (épargner/produire sans détruire les milieux naturels et en ayant une action positive sur notre environnement écologique), ou grâce à son action associative pour le développement des ESS dans les pays en voie de développement, Lorella est un bel exemple d’engagement personnel et professionnel en faveur de l’ESS dans le monde. Elle travaille notamment avec Fatou N’Doye, coordinatrice des Dialogues en humanité à Dakar. Fatou N’Doye a dressé une comparaison des ESS françaises et sénégalaises en signalant qu’au Sénégal, sa part dans le PIB du pays était plus élevée qu’en France et majoritaire dans l’économie tant culturellement et structurellement ; les richesses produites sont tournées vers les autres. « La formation des jeunes est primordiale pour assurer l’émergence d’intiatives responsables » Lorella PIGNET FALL, iaelyon D’autres intervenants ont participé à ces échanges, comme Gaël Tavernier, formatrice ESS et projetant des Dialogues à Auckland, en Nouvelle-Zélande, et bien d’autres participants venus apporter leurs expériences en faveur d’une économie et d’une société plus sociales et plus solidaires. L’entreprise et l’économie peuvent servir de levier pour bâtir une société nouvelle plus sociale, solidaire et écologique ; elles n’ont besoin que d’initiatives et d’engagement, comme ceux des intervenants présents lors de cet échange. par Guillaume Pereira

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Expérimenter

DEUXIÈME ÉTAPE : EXPÉRIMENTER Des massages, des ateliers pour grimper dans les arbres et des expérimentations diverses étaient proposées gratuitement pendant les trois jours des Dialogues - © L.Ploix

URBANISME ET RURALITÉ : COMMENT FABRIQUER LA VILLE CITOYENNE DE DEMAIN ?

La majorité du monde vit en ville, alors comment amener cette dernière à être plus écologique, solidaire et humaine ? Comment créer une hybridation entre ruralité et urbanité ? Ingénieurs, habitants, urbanistes, curieux, journalistes, écologistes, personnes en réflexion… Le tour du cercle a permis à chacun d’exprimer pourquoi cette problématique le touchait et l’intéressait. Suivant le principe des agoras, où nul n’est expert et où chaque parole a son importance, les discussions se sont ouvertes sur des retours d’expérience comme éléments de réponse. Comme l’exemple des favelas au Brésil où se développent potagers, jardins et petits élevages de poules, mais également le micro-jardinage à Dakar au Sénégal, qui a permis de réduire la pauvreté due à la baisse de la pêche causée par la pollution de l’eau. À Montréal, où tout est pensé pour la voiture, une réflexion se développe autour de la proximité et du réinvestissement citoyen de l’espace public, notamment en raison du changement climatique. Quartier multiculturel de Lyon, la Guillotière a une longue tradition de solidarité et une expérience solide de l’action collective. Le centre social Bonnefoi, qui y est implanté, se base sur cette richesse pour travailler sur les questions de mémoire, de patrimoine et d’identité, pour éviter les stéréotypes. Ces témoignages ont fait naître des interrogations, des débats : pourquoi vit-on en ville ? Faut-il continuer à s’entasser, à s’étaler, ou bien faut-il s’installer à la campagne ? Pour certains, avec les nouvelles technologies de communication, nous sommes toujours connectés aux autres, donc cela pourrait permettre de s’installer dans des zones rurales sans souffrir de l’isolement. Les nouveaux modes de travail permettraient aussi d’être plus flexibles et de pouvoir choisir où l’on vit. Pour certains, les structures de proximité devraient proposer des échappées à la campagne. Pour d’autres, la ville représente plus d’opportunités, notamment d’emploi. L’étalement des banlieues et des zones urbaines est également évoqué. La ville crée aussi les conditions de la mixité, de la diversité, qui nourrissent la citoyenneté et créent un sentiment d’appartenance. Pour apporter de la ruralité en ville, il serait par exemple possible de développer l’autonomie alimentaire et l’agriculture périurbaine. Mais pour bénéficier à la fois de la paix et de la tranquillité de la campagne et de la vibration de la ville, pour beaucoup l’idéal serait le mélange des deux. En se fondant sur le partage de savoirs et d’expériences, il serait possible d’essaimer les initiatives positives issues des zones rurales et d’exporter les pratiques culturelles, associatives et sportives de la ville en milieu rural, cela permettrait de réinvestir tout le territoire. Explorer la nomadicité et se partager entre plusieurs espaces permettrait également d’avoir un mode de vie moins statique et de profiter de ces deux environnements. Utopies ? À chacun de trouver, ou même de créer, son équilibre, son juste milieu. par Elise Agostino

LE THÉÂTRE DE LA TRANSFORMATION : ÊTRE LE CHANGEMENT QUE NOUS VOULONS VOIR Guidés par un musicien, une conteuse d’histoires et une danseuse, les spectateurs ont été amenés à visualiser, ressentir et projeter ce qu’ils voudraient voir changer en eux, dans leur vie ou dans le monde. Car selon eux, « nous sommes les témoins et visionnaires des changements à venir ». À travers plusieurs étapes, différents parcours de vie contés et exercices de mise en espace, les spectateurs ont cheminé depuis la constatation de difficultés, qui éveillent la conscience et permettent d’identifier ce que nous souhaitons changer, pour ensuite faire le premier pas et agir. L’atelier s’est clos par un temps d’échange, d’abord en binôme puis de façon collective. Les participants étaient invités à partager ce qu’ils avaient identifié comme changements souhaitables et quelle était leur « mission », avant d’inverser leurs témoignages pour les présenter au groupe. L’objectif de ce mouvement est d’atteindre le maximum du potentiel humain, en commençant par soi, et de développer l’empathie et la solidarité. TVB a recueilli le témoignage d’Annabelle, qui a participé à l’atelier. TVB : Pourquoi avez-vous choisi cet atelier-là ? Quelle a été la curiosité ? A : J’avais vu la veille aux Dialogues un spectacle sur les paroles de réfugiés, qui m’a touchée, et quand j’ai vu que l’équipe qui avait fait ça proposait un atelier, je me suis dit que c’était l’occasion de voir ce qu’il y avait derrière. TVB : Qu’avez-vous pensé de cet atelier, qu’est-ce que ça vous a apporté ? A : J’en retire la simplicité avec laquelle on peut aller dans une profondeur d’échange avec l’autre. L’idée était de nous faire ressentir la transformation vers un nouvel état et de pouvoir échanger et ressentir ce que ça fait d’être à la place de l’autre, l’empathie. Mais aussi voir qu’en peu de temps on peut faire des actions assez simples pour créer des changements en nous et comprendre les ressentis de l’autre. Le plus beau de cet enseignement, j’ai trouvé, c’est que l’on porte chacun les mêmes énergies positives et nous avons pu les exprimer et les mettre en commun. TVB : Et ce déclic, allez-vous pouvoir l’emporter avec vous, le garder dans votre quotidien ? A : C’est déjà fait, il est déjà dans mon sac !

par Elise Agostino

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MÊLER DÉMOCRATIE ET SPIRITUALITÉ Nous avons participé à l’atelier organisé par Régis Morero, membre de l’association Démocratie et spiritualité, fondée en 1993 avec l’idée que « la spiritualité doit féconder la démocratie et inversement ». Après un voyage en Inde, Régis revient choqué de toute la violence qu’il a vu dans le « pays de Ghandi » et se pose la question du lien entre spiritualité et action concrète dans le monde. Il rejoint alors l’association qui propose des rencontres autour de ce thème et des formations à l’éthique du débat. Nous commençons à quatre personnes, puis d’autres nous rejoignent au fur et à mesure, et nous sommes finalement dix participants à la fin de l’atelier. Régis nous propose de dessiner « notre boussole », c’est-à-dire de représenter sur une boussole ce qui nous guide dans la vie, ce qui est important pour nous, car il est important de savoir individuellement ce qui nous guide dans notre vie et motive nos actions pour ensuite construire ensemble une démocratie qui permette à chaque personne de réaliser ce qu’elle souhaite. Chacun réfléchit pendant un moment, puis nous mettons nos boussoles en commun. Chacun a une vision différente : pour une personne, ce qui la guide est « le bonheur », pour une autre, c’est « l’équilibre ». Nous échangeons sur ce qui nous a amené à avoir ces valeurs comme boussole, sur la façon dont cela se traduit dans nos vies. Puis nous échangeons sur ce qu’est la spiritualité pour nous. Chacun a des parcours de vie différents, les échanges se font dans le respect de chacun et une écoute attentive et bienveillante, même si les points de vue divergent. L’atelier se termine par un moment de silence pendant lequel tous les participants se tiennent la main. par Valérie Vitte

LES PLANTES SAUVAGES ET LEURS BIENFAITS : PEUT-ON SE SOIGNER PAR LES PLANTES ? Samedi, nous avons assisté à un atelier du sensible sur les bienfaits des plantes et leurs pouvoirs thérapeutiques ainsi que sur l’importance des plantes sauvages, sur le fait qu’elles abondent ici même sous nos pieds, sur leur intérêt nutritionnel mais aussi sociétal, sur le lien que l’on a perdu avec elles et que nous devons recréer. Car observer, toucher, sentir, décrire, connaître, manger, cuisiner les plantes sauvages nourrit le corps et l’esprit, nous aide à nous replacer dans le monde vivant et à vivre plus en paix avec les hommes et… les plantes. Par Aurelita Nogueira et Loic Silvy Qu’est-ce que la nature ? C’est par cette vaste question de Loic Silvy, élève-herboriste et professeur d’un jour, que débute cette séance d’initiation sur les plantes sauvages et leurs usages courants. Et après avoir écouté les réponses de son auditoire doté d’une belle diversité générationnelle, le professeur donne la réponse : « C’est ce qui est sans l’action de l’homme. » Le cours peut alors débuter. Bien que la dernière forêt primaire d’Europe, c’est-à-dire peu influencée par l’homme, soit en Pologne, de nombreux végétaux de France sont très anciens. Cette ancienneté en fait des compagnons de route de notre espèce depuis des générations et des générations. Et l’espèce humaine, de par ses expériences, a su tirer profit de chacune d’elles, considérées pour beaucoup aujourd’hui comme des mauvaises herbes : le plantin en cas de coupure ou piqûre pour purifier le sang (usage local), des orties pour soigner les articulations (en tisane), de la mauve pour adoucir les vêtements, le pissenlit pour son action « dépurative » sur le foie. On joue à goûter, sentir, toucher tout en apprenant à reconnaître telle ou telle plante. Néanmoins, certaines plantes sont toxiques à la consommation, c’est notamment le cas de 80 % des plantes dites d’appartement, ce qui est plus que dans les jardins d’ornement, et encore plus que dans la flore européenne, dont seule 1,25 % des espèces s’avèrent toxiques. Attention donc à ne pas consommer n’importe quelle plante, certaines utilisées en médecine peuvent être toxiques si mal dosées (la digitale, par exemple, ou les pépins de pomme). Certaines plantes peuvent faire du bien à l’homme et certaines cultures conservent les savoirs ancestraux de leurs utilisations. Aurelita Nogueira accompagne ensuite tout son monde dans une initiation culinaire et médicinale autour de ces plantes qui, pour beaucoup, nous veulent du bien. La nature a beaucoup à offrir à l’homme s’il la respecte et s’il apprend à la connaître. Ces savoirs perdus afin de remplacer les produits naturels par des produits de synthèse reviennent peu à peu. Et on ne peut que se réjouir de voir que devant les périls que nous faisons courir à l’ensemble de notre écosystème certains d’entre nous reprennent contact avec celle qui nous a tout donné : la Terre. par Guillaume Pereira

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PANEL DE QUELQUES INITIATIVES QUE VOUS POUVIEZ DÉCOUVRIR AUX DIALOGUES Au cœur des Dialogues en humanité, de nombreuses initiatives étaient présentes pour parler de leurs solutions, permettre aux participants de découvrir de nouvelles choses susceptibles de les intéresser ou de les inspirer. Aster formation, l’apprentissage autrement avec le centre social Bonnefoi Aster formation développe une nouvelle forme d’apprentissage : la pédagogie Gattegno. Située à Saint-Martin-en-Haut, l’association réunit des professeurs convaincus de l’importance de la conscience dans l’apprentissage et de l’existence de capacités innées à apprendre. Certains de ses membres animaient un stand qui a attiré bien des curieux. L’association forme tout d’abord à de nombreuses langues, de l’anglais à l’allemand en passant par l’arabe. En effet, l’approche Gattegno consiste notamment à associer chaque son à une couleur, ce qui facilite l’apprentissage de différents langages, quel que soit l’alphabet. La pédagogie permet également d’apprendre la grammaire et les mathématiques de manière concrète et ludique, par l’intermédiaire de petites barres colorées qui représentent des natures de mots ou des chiffres. « Avant de marcher, un enfant apprend à tomber, se trompe et se relève. Notre approche consiste à valoriser l’intégration des méthodes apprises par l’émotion plutôt que l’apprentissage par cœur, avec des choses abstraites », nous confie Christian Duquesne, président. Pour l’école, qui s’adresse à tous, de la prénatalité à la fin de vie, les dialogues sont l’occasion de rencontrer de nombreuses personnes « au centre de la révolution intérieure et de la vitalité ».

Malgré l’hiver : une autre approche des Dialogues Le collectif Malgré l’hiver, venu de la frontière entre l’Isère et la Savoie, s’est installé aux Dialogues en Humanité pour proposer un voyage atypique aux participants. Marine, Flavie, Rémi et Claudine donnaient leurs bras à chaque personne souhaitant se laisser porter le temps d’un voyage sonore, les yeux bandés. L’idée était de parcourir les dialogues avec une approche décalée, « à côté mais encore plus à l’intérieur ». L’équipe a repéré les lieux pour jouer sur l’ambiance sonore, la nature du sol, faire des liens entre les paroles et le son… Ainsi, les participants ont pu avoir une autre vision des Dialogues, mais aussi récolter des phrases qui questionnent, les écrire sur de petits papiers et les semer dans les allées du parc… pour que le dialogue continue !

Cap ou pas cap ? L’association Cap Saaa sensibilise au handicap En 1995, un groupe d’amis, valides et handicapés, ont décidé de créer l’association Cap Saaa, qui a pour cœur de métier de faire de la prévention, de la sensibilisation au handicap, à la différence et à la citoyenneté. Depuis le début des Dialogues, l’association répond présente. Les membres de l’association interviennent dans des écoles, des entreprises, des facs, des prisons, en proposant des activités et des séances de questions-réponses. L’association, fondée par Ryadh Sallem qui a participé à 4 jeux paralympiques, propose également des activités sportives et artistiques. Au centre des Dialogues, le terrain de basket fauteuil a ravi petits et grands, comme l’affirme Catherine qui a pris part à un match : « C’est collectif, très agréable à vivre. C’est une expérience à renouveler ! Ça invite à porter un autre regard sur le handicap et c’est merveilleux de voir tout le monde heureux comme ça. » par Clément Navoret

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TROISIÈME ÉTAPE : RÊVER Projection du film L’arbre de l’enfance dans l’espace ciné plein air - © C.Tomassin

JEAN SANGALLY, AUX COULEURS DE BRASSENS Nous avons posé trois questions à Jean Sangally, qui chantait Brassens sur la grande scène des Dialogues, puis proposait une improvisation multiculturelle avec un musicien d’origine indienne. TVB : Comment en êtes-vous arrivé à ce surnom de « Brassens noir » ? JS : Je suis un chanteur d’origine camerounaise arrivé en France il y a quarante-six ans. Au début, je faisais de la musique camerounaise, puis rapidement, en France, j’ai découvert le « truc » de Brassens, ses chansons si particulières, ses harmonies et son personnage qui me plaisaient. Au Cameroun, un artiste l’avait traduit et ça m’amusait. Arrivé en France, j’ai acheté une méthode de guitare et ai appris un de ses morceaux puis j’ai cherché le texte et là j’ai été conquis. C’était Le Petit Léon. La profondeur, l’humour, la légèreté et le zeste d’intellectualisme, c’était beau. J’ai commencé à chanter Brassens deux ans avant sa mort. Un an après celle-ci, j’ai rencontré Marcel Zaninini, à Port-Grimaud, j’ai joué devant lui et il m’a dit : « C’est dommage qu’il soit mort, il cherchait quelqu’un comme toi pour jouer ses chansons. » Depuis, je n’ai pas cessé de jouer Brassens. TVB : Vous jouez Brassens depuis des dizaines d’années maintenant. En tant que connaisseur, comment le définiriez-vous ? JS : Brassens, c’est d’abord les textes ; la musique est là pour appuyer, son rythme particulier sert ses textes, il ne faut pas trop d’instrumentalisation, à mon sens à moi. Brassens, c’est simple et il faut laisser les paroles s’exprimer, aller toucher le public. Il y a toujours des brillances camouflées, des mots que l’on entend différemment à chaque fois. Vous pouvez écouter la même chanson de Brassens plusieurs fois, vous y verrez toujours quelque chose de nouveau, un nouveau message, un nouveau sens. Même moi, qui le chante depuis des années, parfois je découvre encore des choses, de subtils détails selon le moment, l’intonation, etc. On peut passer mille fois à côté des chansons de Brassens sans saisir toute la profondeur du texte. TVB : ET vous ne jouez pas que Brassens ? JS : À côté de ça, je fais aussi du blues, j’ai notamment chanté avec B. B. King, et toujours des musiques africaines. Pour les Dialogues, je présente un récital qui mélange ces trois milieux et je vais improviser avec un joueur de tablas indien, une belle rencontre et une création exclusive qui promet plein de belles choses. Les Dialogues ont ces forceslà de rencontre et de création, c’est très stimulant. par Laurianne Ploix

CERCLE ROSE ET ÉCHANGES COLORÉS Nous avons participé à un atelier du sensible appelé « cercle rose ». L’atelier est organisé par Hélène Alice, membre du mouvement des colibris. C’est un cercle de parole entre hommes et femmes. Le cercle se nomme « rose » car il est mixte : il existe les tentes rouges (cercles de parole pour les femmes qui découlent des traditions des peuples ancestraux) et les tentes blanches (cercles de parole pour les hommes qui ont été créés plus récemment). Le cercle rose mélange les deux. Hélène Alice organise des ateliers comme celui-ci depuis un an, avec l’intention de mixer les hommes et les femmes pour que la paix se construise au présent entre eux, avec la symbolique de l’union du masculin et du féminin. Le but est de créer un espace où les hommes et les femmes peuvent échanger dans la bienveillance et l’empathie, le cœur ouvert. Hélène Alice a intégré la médiation à ce cercle de parole pour favoriser l’expression du ressenti des participants. L’atelier commence avec le son du tambour, plusieurs personnes arrivent petit à petit, nous sommes au final sept femmes et quatre hommes, dont Patrick Viveret (co-fondateur des Dialogues en Humanité). Hélène Alice propose à chaque participant de dire son nom et pourquoi il est venu. Au cours de l’atelier, elle nous propose diverses pratiques debout pour nous présenter aux autres avant de faire une méditation assise. Ensuite, nous nous mettons deux par deux, dos à dos, et à tour de rôle nous posons des questions, en les répétant plusieurs fois : « De quoi as-tu besoin ? », « Que fais-tu pour nourrir ce besoin ? ». Hélène Alice nous a ensuite proposé de réaliser la méditation de l’arbre, qui se pratique debout et a pour but de se reconnecter à la terre. L’atelier se termine par un « couloir » que nous formons et où chacun passe au milieu, à tour de rôle, pendant que les autres chantent son prénom et le touche délicatement, afin que chacun reparte dans le monde enrichi par ces échanges. par Valérie Vitte

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FÊTER LA CULTURE, CHANTER L’OPÉRA : LE BARBIER DE SÉVILLE RELIE AMATEURS ET PROFESSIONNELS L’un des temps de fête de samedi soir était consacré à l’un des opéras les plus joués au monde : Le Barbier de Séville, de Rossini, interprété par le chœur Voix En Développement, de la « diva des banlieues » : Malika Bellaribi-Le Moal. Des choristes venus d’un peu partout en France (Bondy, Créteil, Nanterre, Villeurbanne, Vaulx-en-Velin, Rillieux-la-Pape et Lyon) ont abordé sur une tonalité singulière la pièce de Beaumarchais revisitée par le jeune génie Rossini, questionnant par ailleurs le droit des femmes aux mariages d’amour. La diva a également proposé une création exclusive Urban Opéra avec Azdine Benyoucef de la Compagnie du Second Souffle, une collaboration née grâce aux Dialogues en humanité. TVB est allé à la rencontre des choristes amateurs. Pierre TVB : Qu’est-ce qui vous a amené à faire partie de cette aventure ? P : Au début, c’était le hasard, ça se passait juste à côté de chez moi. J’aime l’opéra mais je n’aurais pas imaginé que j’allais pouvoir en chanter. Je me suis rendu compte que c’est une technique à la fois exigeante et qui fait énormément de bien personnellement. C’est pour ça que je continue. TVB : Et qu’est-ce que ça vous apporte ? P : C’est une aventure intéressante parce que ça regroupe des gens qui ne se seraient jamais rencontrés dans le cours normal de l’existence, d’origines, de métiers, de cultures complètement différents. Ça forme un tout homogène, malgré tout. Et quand j’ai vu qu’au départ il y avait des gens qui chantaient très faux et qui, au bout de quelques mois, se mettaient à chanter juste, et bien je me suis dit, ça marche ! Marie-Hélène TVB : Qu’est-ce qui vous a amenée à faire partie de ce chœur ? MH : Je faisais partie des gens qui assuraient la promotion du projet mais je n’ai pas imaginé 30 secondes que j’allais y participer. Quand la clôture des inscriptions a approché, on m’a demandé pourquoi je ne m’étais pas inscrite. Ça m’a fait réfléchir et le lendemain j’ai dit d’accord, je me lance. TVB : Qu’est-ce que vous en retirez ? MH : J’aime la rencontre humaine avec des musiciens professionnels et des choristes non professionnels. La musique, ça ne se fait pas tout seul, ça se fait ensemble, ça nécessite une vie de groupe qui n’est pas toujours évidente, mais qu’on tisse. Et nous en sommes à notre troisième opéra ! Murielle TVB : Qu’est-ce qui vous a amenée à ce projet, à être choriste d’opéra ? M : J’ai eu une carrière bien remplie avec peu de temps pour les loisirs, alors, à la retraite, je me suis dit que j’allais faire ce que j’aime. En faisant du bénévolat, j’ai vu une affiche pour un atelier qui allait avoir lieu. J’aime la musique, mais l’opéra pas plus que ça. Par curiosité, j’y suis allée. J’ai tout de suite été prise par la méthode qui n’est pas du tout académique, axée sur le corps et le ressenti. Ça m’a permis de développer toute une facette de ma personnalité. Et surtout ça permet d’être dans un projet porteur avec des artistes de qualité. TVB : C’est une étincelle que vous gardez au quotidien ? M : Oui, tout à fait ! Ça m’a redonné l’envie de faire plein de choses. Car avec l’âge, on a l’impression que les envies s’effilochent et que les possibles se restreignent. Et d’un coup, il y a eu tout un panel de possibles qui se sont ouverts avec la musique, des voyages, des partages, des rencontres. C’est vraiment le vivre-ensemble, sans se poser de question. par Elise Agostino

COUR EN L’AIR, LE TOUPIE MANÈGE INTEMPOREL Ce manège d’époque tout en bois fonctionne à la propulsion parentale : ce sont les parents qui pédalent pour que le manège tourne et que les enfants se régalent. Sans éléctricité, l’attraction nomade fonctionne uniquement grâce à un vélo et le rythme de l’accordéon ou de l’ogre de barbarie qui accompagnent les tours du petit caroussel. L’association propose également des jeux en bois ancien, tout ce qu’il faut pour rêver en toute simplicité, et avec un brin de nostalgie. par Laurianne Ploix

RENÉ DE ATD QUART-MONDE & ERIC GRELET DESSINATEUR EN DIRECT Samedi après-midi, à l’agora « Apprendre par la réciprocité et les réseaux de savoirs pour une société bienveillante et apprenante », René, membre d’ATD Quart-Monde, expliquait qu’il avait eu beaucoup de violence en lui et qu’elle persistait parfois encore. Éric Grelet, dessinateur en direct, avait immortalisé les échanges autour de cette discussion par un dessin qu’il remit à René à la fin de l’échange. par Laurianne Ploix TVB Lyon- Hors-série N°6 -été 2017 - http://toutvabienlejournal.org

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QUATRIÈME ÉTAPE : PARTAGER UNE CONFÉRENCE GESTICULÉE INTRIGUE LA ROSERAIE

Construction d’une terre de liens symbolisée par un globe recouvert de tissus entremêlés collectivement par les participants - © L.Ploix

Vendredi soir, à 21 heures, une conférence gesticulée avait lieu à la roseraie. Thomas Prédour et Olivier Vermeulen, venus de Bruxelles, étaient là pour présenter leurs créations respectives : C’est ton choix (ou pas), suivi de Tout ça pour mourir à la fin. Thomas commence par raconter sa passion pour les chemises colorées, sortant de sa valise toute sa panoplie. Le ton humoristique de la conférence gesticulée est donné. Mais avant de commencer, il faut bien définir ce qu’est la conférence gesticulée, qui a attiré de nombreux visiteurs intrigués : créée par Franck Lepage, elle est, selon les mots de Thomas, « un truc un peu sérieux, mais aussi un peu humoristique, qui mêle des savoirs chauds et des savoirs froids ». Mais il est temps pour l’assemblée d’être confrontée au vif du sujet : le choix. Après avoir évoqué une expérience personnelle, son choix d’études qui a oscillé entre littérature et théâtre, Thomas invite les spectateurs à échanger autour de leur dernier choix. La foule se prend au jeu et une vague de discussion secoue la roseraie. Le locuteur reprend la parole en évoquant les choix quotidiens et professionnels qui ont déjà tourmenté chacun d’entre nous, avant d’enchaîner sur le sujet du smartphone, cet objet qui, selon lui, « nous vole notre temps » pour nous faire mener une vie virtuelle. Thomas enchaîne en chantant puis laisse la place à Olivier. L’alternance des locuteurs et quelques passages chantés rendent la conférence rythmée et dynamique. À la fin du show, après un slam de Thomas, Olivier finit par évoquer des solutions qui permettraient de changer de modèle économique pour avoir plus de chances d’être heureux : travailler sur les inégalités et la répartition des richesses, réapprendre à travailler avec les mains, mettre en place une démocratie participative… Autant de suggestions susceptibles d’inspirer la foule, toujours aussi attentive. En conclusion ? Le livre de Charles Pépin, Les Vertus de l’échec. Car l’échec n’est pas assez valorisé, selon Thomas, qui n’hésite pas à le crier à son public : « Tentez des choses !! » Le temps passe plus rapidement que prévu et le public applaudit et remercie. Thomas en sort satisfait ; il venait de suivre une formation collaborative sur la conférence gesticulée et effectuait là sa deuxième prestation : « C’était une version vraiment condensée, mais c’était vraiment bien d’alterner les rôles. Cela permet de rencontrer le public, de réfléchir ensemble autour des sujets que l’on propose. Avec la conférence gesticulée, l’idée est de désacraliser la conférence, son côté intellectuel et ses codes. Chaque citoyen est expert. Avec Olivier, nous venons avec notre vécu, notre expérience : c’est pour ça que ce n’est pas une fiction. On essaye juste de reprendre notre vécu et de se poser des questions universelles, qui peuvent toucher tout le monde ! » Et tout le monde a été touché.

L’avis du public « La réflexion sur le choix était très intéressante. Et je ne connaissais pas le format de la conférence gesticulée, mais c’était très bien, à mi-chemin entre la conférence et le théâtre. Cela peut plaire aux personnes qui n’aiment pas les conférences. C’est plus libre, plus cool… » Étienne « J’ai beaucoup aimé. Les questions m’interpellent. Je viens du Québec et la notion de conférence gesticulée m’intriguait. Ce qui est très intéressant, ce sont aussi les images qui sont utilisées. Cela touche la sensibilité. » Carminda

par Clément Navoret

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COMPAGNONS DE LA TRANSITION ET INITIATEURS DES DIALOGUES SE RENCONTRENT Ce samedi matin, à l’initiative des Dialogues, des femmes et hommes de tous horizons sont venus s’installer à proximité de la roseraie pour échanger autour de l’essence même de l’évènement : le vivre et agir-ensemble. Sur la base d’une discussion entre les Compagnons de la transition venus de Bruxelles et d’initiateurs des Dialogues partout dans le monde, les nombreux participants ont su apporter leur contribution aux actions concrètes à employer pour renouer le dialogue entre les hommes. L’essor des initiatives… Certaines initiatives locales peuvent être pionnières et, comme le souligne Geneviève Ancel en introduction de ces échanges, même avec peu de visibilité, les yeux attentifs des initiateurs de dialogues savent s’en inspirer. C’est le cas des Compagnons de la transition, une association bruxelloise représentée en nombre ce samedi matin, qui se sont inspirés d’initiatives associatives londoniennes sur le logement pour participer eux aussi à ce qu’ils appellent « la transition ». Fabienne Minsart est l’une des cofondatrices des Compagnons de la transition et des Dialogues en humanité à Bruxelles. À l’écoute de signaux alarmants particulièrement négatifs concernant l’homme et son environnement, les Compagnons ont décidé d’aller encourager la prise de conscience et des pratiques pour répondre à ces défis. Force est de constater que le travail a été mené en profondeur avec l’organisation d’un programme complet d’ateliers, d’études et d’éducation populaire basé sur des cycles d’une année : un premier cycle sur la finance, puis un autre sur l’économie et désormais sur les biens communs. Afin de se familiariser avec la problématique de la finance, les Compagnons ont travaillé avec des associations de finance alternative, une initiative analogue au programme d’éducation populaire Financité qui cherche à vulgariser les mécanismes financiers auprès de tous et à définir les moyens de les appréhender pour un développement plus social et plus solidaire. Le travail des Compagnons vise à se situer en amont des problèmes conduisant à l’impasse de notre société, avec un ancrage fort dans les quartiers et au contact des gens qui y travaillent. Cette démarche débouche sur des pistes concrètes d’évolution citoyenne, à travers les rencontres à des forums citoyens sur des thèmes variés, tels que l’art du dialogue. … et leurs aboutissements Devant le nombre d’initiatives présentées, l’optimisme est de mise sur l’évolution proche de notre société. Pourtant, comme le demanda Christiane HESSEL à l’assemblée : comment déboucher sur des actions politiques, finalement indispensables pour changer notre projet de société ? En réponse à cette interrogation, de nombreux intervenants ont exprimé leurs difficultés ou leurs réussites à véritablement aboutir à des actions politiques respectant l’esprit des initiatives locales et associatives telles que présentées par les Compagnons de la transition. Une participante du mouvement citoyen Bleu Blanc Zèbre présenta la belle avancée à l’initative de l’association d’ici à 2018 : proposer des formations aux maires ruraux alliant solidarité, citoyenneté, écologie et démocratie participative. Un autre intervenant présenta à travers des projets initiés à Strasbourg les leviers utilisés pour susciter l’adhésion de la municipalité à leurs initiatives de jardins partagés : mobiliser sur des questions de santé, de sécurité, de cohésion sociale, tout en proposant une infrastructure ou un espace de mise en valeur pouvant servir de vitrine ou d’exemple. À l’issue de cette discussion, il apparaît que la diversité des projets et des spécificités politiques des territoires demandent une adaptation des moyens à mettre en œuvre pour entraîner le monde politique à s’investir dans l’aboutissement de ces initiatives. De Bruxelles à Dakar, en passant par Lyon Les Dialogues sont des occasions de rencontres et favorisent l’émulation d’initiatives. Peu de temps suffisait ce samedi 8 juillet pour en prendre conscience : des gens venus des quatre coins du globe qui échangent sur l’action collective pour faire émerger le monde de demain, cela ne peut être qu’un incubateur de projets citoyens. À Dakar, c’est la coopération inter-quartiers qui semblent devenir la plus efficace pour créer une nouvelle société, avant de pouvoir lancer un véritable « dialogue en humanité national ». Pour ce faire, les expériences, les aides et encouragements des initiateurs ou participants des Dialogues de Lyon sont primordiaux. On aborde aussi les sujets d’actualité, des migrants et du traitement de l’information qui en est fait. Devant un auditoire participatif et conquis, des promeneurs du parc curieux et absorbés, tout le monde prend la parole pour s’encourager à contribuer positivement à ce monde que chacun de nous construira.

Question d’un participant Comment réussir à créer les liens nécessaires à l’essor de ces initiatives ? Réponse de Claude, Compagnon de la transition « À Bruxelles beaucoup d’initiatives sont présentes et la vie associative est riche. Finalement, le terreau est déjà fertile pour des initiatives comme les Dialogues en humanité. Afin d’initier les plus jeunes à ces questions de société, nous allons dans les écoles travailler avec les élèves à faire émerger un dialogue, avec nous, entre eux, et dans leur famille. Un des plus beaux exemples est la ville de Molenbeek, connue pour de tristes raisons et qui pourtant est un lieu d’échanges entre habitants et associations. Réaliser des Dialogues là-bas, ce serait une belle image pour nous. » par Guillaume Pereira

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Envie de nouveaux dialogues ? Si vous avez un arbre et quelques personnes qui aiment penser et discuter, vous pouvez toujours en créer un chez vous !

ILS SE RENCONTRENT AUX DIALOGUES

Parmi les prochains rendez-vous : Le 17 septembre à Strasbourg

HENRYANE DE CHAPONAY & RYADH SALLEM

La première est une grande amie de Patrick Viveret, cofondateur des Dialogues, philosophe politique, ancien conseiller référendaire à la Cour des Comptes, créateur des premières monnaies complémentaires françaises, auteur de plusieurs ouvrages dont un traité sur la richesse et le livre Pourquoi ça ne va pas plus mal ? Elle vient depuis le début des Dialogues et fait partie des pionnières, elle les a pensés puis organisés à Lyon. Dans son livre Toile filante, elle raconte son parcours et ses actions, dont la création du Forum social mondial. Tisser des liens, c’est l’histoire de la vie de cette grande dame issue de la noblesse européenne. Ryadh, lui, est champion paralympique de basket et rugby-fauteuil, recordman du monde en relais quatre nages, créateur de Cap Saaa, entrepreneur Ashoka et un ambassadeur reconnu dans le handisport français. Homme engagé et de réseau, il soutient de nombreuses actions et associations et est même allé jusqu’à se présenter en tant que député aux dernières législatives. Ils ont tous les deux un point commun : ils ont très bien appris à danser par Laurianne Ploix sous l’orage. NADINE BROCHET & MALEK BOUKERCHI

Le premier se définit comme tisseur de rêves, conteur et ultramarathonien. Il est aussi un expert en anthropologie du lien et des dynamiques collectives. Pour lui, « c’est une vraie bulle de joie et de fraternité réconciliée et ouverte sur le monde que proposent les Dialogues. Ici, les frontières s’estompent, réhabilitant la politesse du cœur ». Pour elle, représentante en France de l’association France-Éthiopie Corne de l’Afrique, c’est l’occasion de s’inspirer pour les Dialogues qu’elle souhaite mettre en place avec l’association à l’automne 2018. « Le fait d’être au milieu des arbres et de s’être inspiré de l’arbre à palabre africain mais aussi du bon roi Louis sous son arbre permet d’être ancré à plus grand que nous », nous confie-t-elle. par Laurianne Ploix NOÉMI KOPP TANAKA (USA) & SON ÉDITRICE FRANÇAISE LISA BOURQUIN MERCADÉ

se sont retrouvées aux Dialogues, l’une pour présenter ses dernières éditions et l’autre son jeu pour sensibiliser à une alimentation saine. Noémi, séduite par les Dialogues, pense en créer une édition à Boston, où elle vit.

Le 26 octobre à Rabat avec le cycle d’université citoyenne (HEM) Du 27 au 29 octobre à Dakar, au Sénégal Le 28 cotobre 2017 à Salvador de Bahia, au Brésil Les 30 juin et 1er juillet à Bruxelles En février 2018, à Bangalore en Inde, en novembre 2018 à Harar et Diredawa, en Éthiopie, et le prochain premier week-end de juillet à Lyon… Retrouvez toutes les dates sur dialoguesenhumanite.org

À SUIVRE ... A Lyon, mensuellement, des comités d’orientation sont organisés et ouverts à tous, pour tout renseignement vous pouvez écrire à contact@dialoguesenhumanite.org

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par Laurianne Ploix

TVB Lyon- Hors-série N°6 -été 2017 - http://toutvabienlejournal.org


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