Sommaire p.4
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I. Au cours du temps, l'Humanité a développé différents moyens pour pallier sa peur de la mort.
A/ Des mythes évoquant la concrétisation de l'immortalité.
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1)Des hommes immortels. a) Les huit immortels du taoïsme chinois b) Glaucos le marin c) Ahasverus le juif errant d) Gilgamesh à la poursuite de la « vie sans fin »
p.10 p.10 p.11 p.12
2) Des objets conférant l'immortalité. a) La pomme du jardin des Hespérides b) Le Graal c) Le « Grand Oeuvre » alchimique
p.13 p.13 p.14 p.14 p.14 p.15
3)Un elixir d'immortalité ? a) « L'elixir de Longue Vie » b) Un thème récurrent cité sous différents noms selon les mythologies. α) Mythologie Grecque : « Le Nectar et l’Ambroisie » β)Hindouisme : « Haoma,Soma ou Amrita » γ) La légende de « La Fontaine de Jouvence »
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B/ Des recherches biologiques visant à connaître les raisons de la mort pour mieux l'éviter.
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1) Définitions
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2) Des explications à l'échelle cellulaire. a) Comment la mort ? b) Les différentes morts cellulaires. α) L'apoptose β) L'autophagie γ) La nécrose
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3)Des obstacles biologiques a) La mort cellulaire, un processus nécessaire b) Une limite physique : Les télomères.
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II.Aujourd'hui et demain, une quête toujours active.
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1) Devant de tels résultats, de nouvelles solutions avancées a) La manipulation du cycle cellulaire b) L'elixir de longue vie enfin découvert : l'eau lourde.
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2) Devant de tels espoirs, des mouvements utopistes voient le jour
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3) Un rêve inaccessible ?
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Bibliographie / Périodiques / Sitographie / Iconographie Interview (Laboratoire d'anatomie et cytologie pathologique, Clinique de l'Europe)
Préambule : Ce dossier, réalisé dans le cadre de Travaux Personnels Encadrés, vise à traiter du mythe de l'immortalité. Ce choix, commun aux 3 membres du groupe, a été retenu dans une optique d'analyse scientifique et historique d'un phénomène, et non l'entretien d'un fantasme. En accord avec les matières à entrecroiser, l'Histoire, la Géographie et la Biologie, nous avons recherché un sujet original permettant de mêler réelles recherches scientifiques et légendes fantastiques. Après réflexion, le thème de la vie éternelle a été retenu, correspondant au cahier des charges imposé et par la matière, et par le groupe. Pour éviter de se heurter à toute spiritualité dans le traitement du sujet, nous avons finalement décidé de recadrer notre sujet dans l'analyse d'une éventuelle vie charnelle éternelle, vie physique s'opposant à la vie spirituelle éternelle après la mort, à laquelle nombre de religions s'intéressent. Cela ne nous a pas empêché d'entreprendre des recherches sur différentes religions ayant bien avant nous traité notre sujet dans la même optique, mais toujours sous la forme d'un décryptage historique et sociologique de légendes, et non sous la forme d'une recherche d'une hypothétique vérité quant à la concrétisation d'une immortalité physique. Face aux résultats de nos recherches, nous avons reconsidéré notre démarche. La redondance du thème de l'immortalité dans les différentes religions, mais aussi dans les recherches scientifiques entreprises au cours du temps nous a permis d'observer l'importance du sujet pour l'Homme depuis sa prise de conscience de la mort. Il nous apparaissait donc nécessaire d'éviter l'énumération linéaire de l'ensemble des mythes et recherches liées à l'immortalité. Ce dossier ne représente donc pas une liste exhaustive, mais plutôt un répertoire de grands traits récurrents au cours des siècles, à travers des mythes et des recherches intimement liées au thème de l'immortalité.
Introduction : Comment l'Humanité a-t-elle exprimé sa peur de la mort, de manière à évoquer une potentielle immortalité? Face à leur peur de la mort, une mythologie dédiée à la quête de l'immoratlité a été édifiée, et différentes recherches ont été entreprises par les hommes au cours du temps, dans le but d'atteindre ce qui reste aujourd'hui un des grands fantasmes de l'imaginaire humain. -Quels mythes ont entretenu le fantasme d'une potentielle immortalité humaine? -Quelles recherches ont-elles été entreprises pour découvrir le secret de l'immortalité, à travers une connaissance toujours plus précise des facteurs responsables de la mort? -Aujourd'hui et à l'heure des grands progrès scientifiques, comment l'Humanité entretientelle ce fantasme? Pour répondre à ces questions, nous répertorierons dans un premier temps quelques uns des mythes liés à l'immortalité édifiés au cours du temps. Nous étudierons ensuite les résultats des recherches entreprises, notamment au niveau cellulaire, étroitement liées à la découverte d'un potentiel secret de l'immortalité. Enfin, nous traiterons des diverses recherches et mouvements actuels encore à la poursuite de ce fantasme humain.
I. Au cours du temps, l'Humanité a développé différents moyens pour pallier sa peur de la mort. A/ Des mythes évoquant la concrétisation de l'immortalité. -Quels sont les mythes liés à l'immortalité? De tout temps, en tout lieu et dans chaque civilisation, l'homme a cherché à repousser l'idée de sa propre mort ; il y oppose alors celle de l'immortalité que l'on retrouve dans nos croyances populaires. Ainsi l'idée d'une potentielle éternité du corps humain s'est exprimée à travers de nombreux mythes et légendes, transmis jusqu'à aujourd'hui par voie orale ou écrite, et qui imprègnent nos cultures et nos mœurs jusqu'à influencer les arts, les croyances religieuses et les recherches scientifiques. De plus, l'essor des moyens de télécommunication comme la téléphonie ou l'internet, auquel nous assistons aujourd'hui, favorise la diffusion de cultures éloignées. Nous essaierons donc de faire ressortir dans une première grande partie les principales cultures, croyances et religions ayant un lien direct avec notre sujet, nos exemples étant consciencieusement sélectionnés selon leur authenticité et leur originalité. L'intérêt de nos recherches se trouvant dans la diversité des mythes et légendes se rapportant à l'immortalité « charnelle », nous ne développerons pas dans une extrême précision certains aspects moins intéressants pour notre dossier de traditions dérivant d'une même culture, mais nous nous apppliquerons uniquement à décrire dans les grandes lignes la culture « mère » à la source d'une multitude d'autres dérivées. Cette première grande partie est donc le fruit d'un travail de recherches sur les divers mythes dans lesquels apparaît l'idée de l'existence ou de la quête d'hommes immortels, d'objets conférant l'immortalité ou enfin d'élixirs permettant d'obtenir une vie infinie dans le monde terrestre.
1)Des hommes immortels. Dans certaines cultures, la tradition orale nous rapporte l'existence d'hommes immortels, qui le sont devenus ou le sont de naissance. Ceux-ci jouent un rôle important dans l'imaginaire populaire et traditionnel. Nous allons donc vous présenter des exemples des plus significatifs, sélectionnés aussi bien selon l'importance qu'ils jouent dans les cultures, que selon leur originalité. a) Les huit immortels du taoïsme chinois Dans la religion taoïste, originaire de Chine, on retrouve de nombreuses références aux pratiques et croyances dites de Longue Vie (Changsheng). Dans ces concepts, si fondamentaux pour le taoïsme de toutes les époques, apparait le terme de yuan you, « Randonnée Lointaine », qui désigne les voyages extatiques des chamanes. Leurs randonnées dans les cieux aboutissaient en effet à une union avec un être divin de l'autre sexe. Des poèmes épiques dans le Chuci (Élégies du royaume de Chu) nous ont rapporté les descriptions de ces randonnées. Le taoïste qui se promène dans l'espace est qualifié de surhomme (zhi ren). Des pratiques respiratoires, diététiques et sexuelles conduisaient à cet état qui n'est autre que l'immortalité. Ces techniques de Longue Vie étaient pratiquées par les adeptes de Laozi et Huangdi, deux vieux Maîtres taoïstes. Ainsi, pour vivre longtemps, il faut savoir se conformer aux mouvements alternatifs du Yin et Yang, et s'adapter aux nombres « scientifiques », techniques notamment sexuelles. De plus, comme pour l'acupuncture, les circonstances météorologiques doivent être prises en considération. Le taoïste s'entraine donc à retenir son emen (son « essence ») par des procédés mentaux et physiques, et s'efforce d'absorber l'essence féminine (la technique n'était pas réservé aux mâles; les femmes pouvaient s'y livrer aussi, en essayant au contraire de recueillir le maximum de matières masculines). Après avoir épuisé une femme, on devait passer à une autre. Ainsi, « Huangdi coucha avec mille deux cent femmes en une nuit et devint immortel ». L'union des matières subtiles dans le corps de l'adepte lui permettait de devenir « à la fois Ying et Yang » et de nourrir « l'embryon de l'Immortalité » . Dans la quête de l'Immortalité chez les taoïstes, l'alchimie joue un rôle aussi très important. Ainsi, on pratiquait le « raffinement du cinabre ». Le sulfure de mercure était transformé en vif-argent, puis reconverti en sulfure; c'était la « grande transformation cosmologique dans un creuset ». La transformation neuf fois répétée faisait du cinabre la drogue de l'immortalité par excellence. En effet, les vapeurs qui se dégagent pendant que le mercure chauffe devaient provoquer des hallucinations. De plus, on pratiquait la « respiration embryonnaire » qui consistait à avaler continuellement
ses souffles ainsi que sa salive, dans le but de restituer la respiration de l'embryon, et ainsi, de retourner à l'état de foetus que l'on croyait alors immortel. Mais respiration embryonnaire, pratiques sexuelles et pratiques alchimistes étaient loin d'être les seuls procédés dans le but d'atteindre l'immortalité. Ainsi, la Biographie des Immortels (Liexian zhuan) donne, à travers les légendes des saints, un inventaire, fort long, d'autres procédés : abstinence de céréales (qui nourrissaient les Trois Vers ou Trois Cadavres à l'intérieur du corps humain: esprits démoniaques à l'origine de la décrépitude et de la mort) ; absorption de drogues végétales (le champignon de l'Immortalité; les graines du pin, arbre toujours vert) et minérales que les adeptes recueillaient au cours de leurs randonnées lointaines dans les montagnes ; autocrémation, c'est-à-dire transmutation par le feu; gymnastiques liées aux pratiques respiratoires ; procédés magiques, astrologiques, etc... Enfin, nombre de légendes taoïstes ont pour héros des Immortels, adeptes des doctrines enseignées par le dogme taoïste de Huangdi et de Laozi. Parmi eux, les plus connus sont les Baxian, les Huit Immortels toujours ivres, demi-dieux toujours à la limite du profane et du sacré, auxquels le peuple chinois vouait un culte exceptionnel. Ainsi, à travers la religion taoïste, nous retrouvons bien le mythe de l'immortalité qui apparaît comme le but ultime de tout adepte de cette religion. Ce mythe y joue, par conséquent, un rôle fondamental.
« Ils arrêtèrent leur nuage en bordure du rivage pour observer ce qui se passait en bas : les flots roulaient leurs crêtes écumeuses avec une violence à vous donner le frisson. "Il serait indigne de nos talents d'immortels de traverser cette étendue sur un nuage, lança Lu Dongbin. Nous devrions franchir les vagues chacun sur son objet de prédilection et traverser les flots à la seule force de nos pouvoirs surnaturels." Tieguai entra le premier, à cheval sur sa béquille, et il se laissa porter par le flux jusqu'à la rive opposée. Zhongli traversa sur son chasse-mouche; Guolao, sur sa mule en papier ; Dongbin, sur une flûte; Xiangzi, dans son panier à fleurs ; Xiangu, sur une nasse de bambou ; Caihe, sur ses cliquettes et Guojiu, sur son insigne de jade. » [extrait du chap. 48 de Pérégrination vers l'est de Wu Yuantai, traduit par Nadine Perront.]
b) Glaucos le marin Dans la mythologie grecque, Glaucos, fils de Poséidon et de la Nymphe Naïs, n'était qu'un simple pêcheur d'Anthédon, petite ville de Béotie (région de Grèce au nord de l'Attique), avant de devenir immortel. Un jour qu'il ramenait, sur le rivage, le produit de sa pêche, il vit, à son grand étonnement, les poissons frétiller et retourner vers la mer où ils disparurent. Il les avait en effet posés sur une herbe magique semée par Cronos, le dieu qui dévora ses propres enfants. Glaucos en avala quelques brins et se sentit soudain attiré par la mer dans laquelle il plongea. Téthys, déesse de la mer, et les Néréides, divinités marines, filles de Nérée, l'accueillirent et le débarrassèrent de son enveloppe mortelle. Il prit alors l'aspect d'un digne vieillard à la « barbe et aux cheveux couleur de mer, au torse recouvert d'algues et terminé par une queue de poisson ». Depuis ce jour, Glaucos rendit des oracles écoutés avec respect par tous les marins. On peut associer ce mythe, qui tient du merveilleux, à beaucoup d'autres provenant principalement des mythologies gréco-latine, égyptienne ou mésopotamienne. En effet, le mythe des « Bienheureux » est fréquent dans de nombreuses cultures ; ceux-ci sont nommés ainsi en considération de la grâce accordée par un dieu, généralement en remerciement d'une action bienveillante vis-à-vis de ce même dieu ou d'un être sous sa protection. Mais il peut aussi arriver que le « Bienheureux » bénéficie de l'immortalité sans gratification divine. Dans le cas de Glaucos, son immortalité est rendue possible par l'absorption providentielle d'algues marines et par l'intervention de divinités qui le font, en quelque sorte, « muter ».
Il prit alors l'aspect d'un digne vieillard à la « barbe et aux cheveux couleur de mer, au torse recouvert d'algues et terminé par une queue de poisson »
Cette ancienne légende est d'autant plus importante qu'aujourd'hui encore un grand nombre de marins grecs y croient toujours. Cela est sans doute dû au fait que, d'après le mythe, le don de prédiction de Glaucos lui fût attribuer dans le but de veiller sur les pécheurs. Ainsi, à l'instar de Saint-Erasme, Saint-Mathurin, Saint-Nicolas de Myre, Sainte-Anne ou encore Saint-Pierre, saints patrons et protecteurs des marins pêcheurs dans la religion catholique, Glaucos jouit encore aujourd'hui d'une véritable vénération qui l'empêche de tomber dans l'oubli.
c) Ahasverus le juif errant Le mythe du juif errant est originaire d'Europe centrale, notamment d'Allemagne, et s'est répandu, à travers les âges, dans toute l'Europe. Le juif errant serait, d'après la légende médiévale, un cordonnier juif de Jérusalem qui aurait assisté à la crucifixion du Christ. Jésus, portant sur son dos la croix, s'écroule à plusieurs reprises sous le poids de son fardeau, et demande de l'aide au juif afin de se relever. Ce dernier lui répond en lui crachant au visage. Selon la légende, le juif se voit puni de son acte et de sa lâcheté, par la sanction de l'errance éternelle. Ainsi, cet homme est banni du royaume des cieux; il ne peut pas mourir. Il part donc à la recherche du pardon divin, à travers les continents, afin d'obtenir son salut. Ce mythe fut popularisé au XVIème siècle par la publication d'un opuscule allemand qui reçut un immense popularité. Ainsi, cette œuvre s'inspirait de nombreux récits de tous temps, où étaient cités la présence d'un juif à la recherche de la miséricorde de Dieu, qui donnèrent vie au mythe du juif errant. Au 18ème siècle, l'écrivain Français Eugène Sue publie Le Juif Errant, adaptation moderne du mythe séculaire, qui fut un grand succès. On lui trouve alors le nom d'Ahasverus. On retrouve d'ailleurs beaucoup d'œuvres littéraires dans lesquels ce thème est repris (Candide de Voltaire notamment). Cette légende médiévale est donc issue de la Bible. Elle a une signification symbolique, transmise à travers ce passage du Nouveau-Testament. Celle de l'errance du peuple juif rejeté par les nations chrétiennes, car étant assimilé à la mort du Christ. Ainsi, les récits du juif errant eurent de fâcheuses conséquences pour les populations juives, car étant alors dénoncées comme déicides par les populations chrétiennes. Cela participa à la montée de l'antisémitisme de la fin du 19ème siècle et au cours du XXéme. Aujourd'hui, suite à la création de l'État d'Israël en 1948, certains considérent la quête du juif errant comme achevée. Enfin, à travers ce mythe, l'immortalité est exceptionnellement vécue comme une punition divine, un fardeau terrible, et non comme un don.
Image d'Epinal (estampe au sujet populaire et aux couleurs vives) du Juif errant.
d) Gilgamesh à la poursuite de la « vie sans fin » Gilgamesh, cinquième roi de la 3ère dynastie d'Ourouk, régnait à la fin de la première moitié du 3ème millénaire. Ce personnage historique donna naissance, par ses travaux d'urbanisme gigantesques, au mythe du héros, dont l'épopée fut pour les mésopotamiens ce que furent pour les grecs l'Iliade et l'Odyssée. Les événements de l'épopée sont projetés dans un temps lointain, mal défini et hybride, où la civilisation d'Ourouk est représentée par Gilgamesh. Le héros luimême atteint les dimensions de ce temps mythicoépique : il est aux deux-tiers divin, sans rival dans le combat. Son pouvoir est absolu et tyrannique; il accapare tous les hommes jeunes pour ses travaux et ses luttes, et toutes les jeunes femmes pour ses plaisirs. Le récit, sur lequel nous nous fondons aujourd'hui, a été retrouvé à Ninive, réparti sur douze tablettes. Mais ce ne sont pas les textes originels, ne datant en effet que du 7ème siècle après Jésus Christ, mais bien des copies d'un texte rédigé à Ourouk. La quète de l'immortalité apparaît à partir de la sixième tablette. Ainsi, afin de venger l'outrage de Gilgamesh à l'encontre de son épouse Ishtar, et celuici lui devant son statut de roi, cette dernière envoya un taureau céleste contre Ourouk. La bête est abattue, mais l'ami de Gilgamesh, Enkidou, fut tué dans la bataille. Gilgamesh, alors hanté par la mort, part en quête d'une vie sans fin. Il se met alors à la recherche d'Outa-napishtim, le héros rescapé du Déluge, à qui les dieux ont concédé une vie sans fin et qui réside au-delà de la terre des hommes. Celui-ci lui révèle la décision d'Endhil de concéder l'immortalité à lui-même et à son épouse, devenant ainsi l'égal des dieux. Une telle faveur lui paraissant difficile à obtenir par Gilgamesh, il lui suggère de s'entraîner à l'immortalité en restant sans sommeil six jours et sept nuits. Mais à peine Gilgamesh est-il assis, que le sommeil, comme un brouillard, s'étend sur lui. Outa-napishtim lui enseigne encore à éloigner la mort en gardant toujours son corps propre et en portant toujours des vêtements neufs. Enfin, apitoyé par son épouse sur le sort du héros, l'immortel révèle à Gilgamesh la Plante-de-vie, dont le nom original signifie littéralement « le-vieillardredevient-jeune ». Gilgamesh s'en empare, mais se le fait retour alors qu'il se baignait dans un torrent.
Le mythe de Gilgamesh et celui d'Hercule sont très proches. En effet, tous deux, suite à une de leur offense à l'encontre d'une déesse, subissent une série d'épreuve dont ils reviennent triomphants. dérober par un serpent sur le chemin du
Ce mythe babylonien rappelle étrangement celui d'Hercule, et illustre une nouvelle fois cette quête de l'immortalité, fantasme atteignable uniquement par des sur-hommes.
2) Des objets conférant l'immortalité. De nombreux mythes et légendes populaires attribuent à certains objets la propriété d'immortaliser celui qui le détient et en use comme il faut. Ces objets de convoitise ne furent, pour la plupart, jamais trouvés et attisent encore et toujours le désir d'hommes prêts à tout pour découvrir ces précieux biens. De plus, la quête peut aussi bien être celle d'un objet solide tel un bijou, que celle d'une substance naturelle, comme un simple caillou ou une boisson, déjà existants ou non. Les aventuriers qui se sont mis à la poursuite de leur rêve d'immortalité sont ainsi des chevaliers, des savants, des religieux, des artistes, des scientifiques voire de simples gens sans grande qualité. Ces objets bien significatifs dans nos esprits nous fascinent et cela se traduit à travers nos contes, nos légendes et autres cultures populaires. Ainsi, les quelques paragraphes qui suivent ont pour but d'énumérer et d'expliquer avec de relatives précisions les origines de certains de ces mythes. a) La pomme du jardin des Hespérides Héraclès, héros fils « bâtard » de Zeus et de la mortelle Alcmène, connait une vénération extraordinaire aussi bien dans les cultures grecque que latine où il apparaît sous le nom d'Hercule. Ainsi, ce demi-dieu très populaire était, dans la mythologie gréco-latine, la personnification de la force. Il fut rendu célèbre grâce au mythe des douze travaux largement répandu dans nos cultures. En effet, ceux-ci lui furent imposés par le roi de Tirynthe et cousin d'Hercule, Eutysthée, afin d'expier le meurtre de son épouse, Mégara, et de ses enfants, pourtant perpétré sous l'influence d'une crise de folie dont seule Héra est responsable. Il est intéressant de noté que le mot Héraclès signifie en grecque: « gloire d'Héra » ; expression ironique, et cela en raison de la haine que le héros inspire à la déesse du Mariage, sœur et épouse de Zeus, car il est bien le fruit de l'amour extraconjugal de Zeus et d'une mortelle.
Les Hespérides, gardiennes du jardin du même nom
Parmi les douze travaux d 'Hercule, l'un est en relation directe avec notre sujet. C'est celui de la « cueillette » des pommes d'or du jardin des Hespérides. En effet, l'avant-dernière épreuve imposée au demi-dieu est de rapporter au roi quelques fruits qui poussent sur un pommier offert par Gaïa, la terre mère, à Héra, le jour de son mariage avec Zeus. Ces pommes d'or, se trouvant dans un jardin fabuleux, aurait selon le mythe, la prodigieuse capacité de rendre immortel quiconque en croque un morceau. Mais les difficultés sont multiples: Hercule ignore tout de l'emplacement du jardin en question et, surtout, ces pommes tant convoitées appartiennent à Héra, son ennemie jurée.
Ainsi, Hercule parcourt, en vain, de nombreuses régions jusqu'à ce qu'il rencontre le dieu marin Nérée. Au prix d'une lutte acharnée contre ce dernier, Héraclès obtient une précieuse information: les pommes d'or se trouvent en Maurétanie (Maroc actuel), sur les pentes du mont Atlas, ce dernier étant le père des Hespérides, gardiennes du splendide jardin. En arrivant dans le royaume d'Atlas, le géant qui porte la voute céleste sur ses épaules, il
salut ce dernier, qui lui propose d'aller chercher les fruits lui-même à condition qu' Héraclès abatte auparavant le terrible Ladon, le dragon qui garde le pommier merveilleux. Hercule, tue l'effroyable monstre à l'aide d'une flèche trempée dans le sang empoisonné de l'Hydre de Lerne, qu'il avait abattu dans ces précédentes aventures. Il retourne ensuite décharger Atlas de son terrible fardeau, qui s'en va cueillir les pommes d'or dont ces trois filles sont garantes. Mais lorsqu'il s'en revient les mains pleines, il ne souhaite pas reprendre le poids du ciel sur ses épaules et décide donc de laisser ce brave Hercule le remplacer dans sa pénible tâche, et de porter lui-même les fruits à Eurysthée. Hercule demande alors à Atlas de reprendre sa charge juste un instant, le temps qu'il mette un coussin sur ses épaules. Le géant ne se méfie pas et, posant les pommes à terre, reprend la voute céleste. Aussitôt Héraclès ramasse les fruits et s'éloigne en saluant Atlas, de nouveau courbé, et pour longtemps, sous son fardeau. Muni de son précieux butin, Hercule prend le chemin du retour. A son arrivée, son cousin, cupide, se jette sur les fruits d'or, qu'il ne peut toutefois conserver, car la propriété d'Héra doit lui être restituée. Ainsi, malgré la convoitise qui l'habite, Eurysthée remet les pommes d'or à Athéna, qui se charge de les rendre aux Hespérides. Ce mythe est une nouvelle illustration de l'importance que détient la quête de l'immortalité à l'intérieur des cultures européennes, et cela à travers des récits de personnages aussi charismatiques que Hercule. Enfin, il est important d'ajouter que les pommes d'or ne sont en réalité que de vulgaires oranges, qui à l'époque de l'antiquité gréco-romaine, symbolisaient à elles seules les oasis d'Afrique du nord, et ainsi les rêves qu'elles entretenaient ; sans oublier les difficultés qui accompagnent les voyageurs, les dangers encourus, ainsi que les sacrifices devant être faits pour y accéder. Ainsi, devant l'ampleur de la tâche accomplie par Hercule, le mythe des douze travaux met en garde la population de l'impossibilité de cette quête surhumaine. b) Le Graal Le Graal ou Saint-Graal serait, dans la mythologie d'Europe du Nord-Ouest, la coupe dans laquelle Joseph d'Arimathie aurait recueilli le sang du Christ crucifié. Le calice, remplit d'eau bénite, rendrait, selon la légende, immortel quiconque y boit. Bien que jamais cité dans le nouveau testament, on le retrouve tout au long du récit des Chevaliers de la Table ronde comme le but ultime du roi Arthur et de ses vassaux. Ainsi, à travers les différentes versions littéraires de la quête du Graal, notamment le roman de Chrétien de Troyes: Perceval ou Le Conte du Graal, datant du 13ème siècle, dans lequel le jeune chevalier nommé Perceval est à deux doigts de s'approprier le Graal, lors d'une épreuve dans laquelle il échoue. De plus, la quête du Graal n'aboutira jamais malgré les prestigieux héros réuni autour du roi Arthur et du druide et mage millénaire Merlin.
Ethymologiquement, le mot "graal" signifierait en ancien Français "plat large et assez profond"
La légende du Graal est le principal mythe médiéval d'Occident. On le retrouve aussi bien dans l'Europe latine (France), que germanique (Allemagne, Suisse, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas), ou encore anglo-saxonne (Grande-Bretagne, Irlande). Le thème de la quête du Graal touche tous les arts tels que la littérature romanesque, poétique et théâtrale, les arts plastiques mais surtout la musique avec les opéras de Richard Wagner dont Parsifal. Ainsi, le sujet des Chevaliers de la table ronde est, encore aujourd'hui, l'un des plus populaires; cela se voit par des adaptations modernes du sujet moyenâgeux. Il est important de noter que le mythe du Graal, transmis par le christianisme, s'est souvent mélangé à d'autres mythes plus païens. Il y a, par conséquent, diverses versions du mythe. Enfin, cette quête de l'objet sacré rendant immortel est, une nouvelle fois, une allégorie de recherche de l'immortalité rendue ainsi inaccessible devant l'ampleur et la difficulté de la tâche. c) Le « Grand Oeuvre » alchimique
L'alchimie est une discipline dont l'objet est l'étude de la matière et de ses transformations. L'un des objectifs de l'alchimie est le grand œuvre, c'est-à-dire la réalisation de la pierre philosophale permettant la transmutation des métaux, notamment des métaux nobles tels l'or et l'argent (cette pierre serait en fait un catalyseur). Un autre objectif classique de l'alchimie est la recherche de la panacée (médecine universelle) et la prolongation de la vie par le biais un élixir de longue vie, ce qui représente le « Grand Oeuvre ». Ces deux objectifs n’étaient qu’une matérialisation d’un projet encore plus vaste visant à comprendre les lois de la nature et du monde. La pratique de l'alchimie et les théories de la matière sur lesquelles elle se fonde sont parfois accompagnées, notamment à partir de la Renaissance, de spéculations philosophiques, mystiques ou spirituelles. L’alchimie est sans doutes apparue en Egypte hellénistique entre 100 av J.C et 300 ap J.C. Elle s'est ensuite repandue et développée dans le monde arabe puis européen du XIIe siècle jusqu’au XVIIe siècle qui sera l’âge de son déclin. Elle ne disparaîtra cependant pas totalement. Depuis le XVIIIe siècle, l’alchimie est généralement considérée comme l’origine de la chimie moderne. La dimension spirituelle et philosophique de l'alchimie explique le fait qu'elle continue de nos jours à être pratiquée, par des personnes le plus souvent intéressées par son aspect ésotérique. Nombres d'alchimistes, comdamnés pour hérésie par des tribunaux religieux, moururent sur le bûcher, ce qui les empêcha de trouver le secret du Grand Oeuvre.
3)Un elixir d'immortalité ? a) « L'elixir de Longue Vie » L'Élixir de longue vie est un breuvage légendaire conférant à celui qui l’a bu la vie éternelle ou plutôt la jeunesse éternelle. La fabrication de cette boisson est un des principaux objectifs de l’alchimie. Elle serait en fait l’état liquide de la pierre philosophale. Cette dernière serait selon les alchimistes une poudre assez dense, jaune ou rouge. Elle résulterait de la conjonction de deux des trois principes alchimiques : le soufre-principe et le mercure-principe ; ceux-ci n’ayant rien à voir avec les éléments mercure et soufre. (Un principe est un terme alchimique désignant un « concept qui précise les propriétés opposées de la matière, que l’on peut transformer avec dualisme sexuel assez primitif » dixit Alain Quéruel, auteur de De l'alchimie du Moyen Age à la chimie moderne - Ou d'Albert le Grand à Lavoisier ). Cet élixir n’a jamais été découvert malgré une multitude de recherches.
Chine Plusieurs empereurs de l'antiquité chinoise ont tenté d'obtenir un élixir de jeunesse. Qin Shi Huang (Dynastie Qin) envoya un alchimiste ainsi que mille jeunes gens vers les mers orientales à la recherche de l'élixir, mais ils ne revinrent jamais (la légende raconte qu'ils découvrirent le Japon). Les alchimistes chinois de cette époque croyaient qu'ingérer des matériaux précieux connus pour ne pas s'abîmer (comme le jade ou l'hématite) pouvaient conférer la longévité. L'or était considéré comme particulièrement puissant. Le livre d'alchimie chinoise le plus célèbre, le Tan Chin Yao Ch’eh (« Grands secrets de l'alchimie » qui date du XIIe siècle après J.C), expose en détail la fabrication d'élixirs d'immortalité (le mercure, le soufre et les sels de mercure et d'arsenic y jouant un rôle particulièrement important, comme dans l’alchimie occidentale). Plusieurs des substances qui entraient dans la composition de tels élixirs sont en réalité très toxiques. L'empereur Jiajing (Dynastie Ming) mourut de l'ingestion d’un élixir préparé par ses alchimistes. Après la diffusion du bouddhisme en Chine, l'intérêt pour la réalisation d'élixirs décrut, car la nouvelle religion proposait d'autres moyens pour atteindre l'immortalité.
Inde Les Védas (écritures sacrées de l’hindouisme transmises oralement) contiennent des données similaires à celles que l'on peut trouver dans l’alchimie chinoise, en particulier la relation entre l'or et une longue vie. Après l'invasion de l'Inde par Alexandre le Grand en -325, un État grec, le Gandhara résista longtemps ; il est possible que les mondes grec et indien ait obtenu cette idée l'un de l'autre. Quoi qu'il en soit, la fabrication des métaux précieux semble avoir été une considération mineure, l'accent étant mis sur la médecine dans les deux mondes. L'élixir d'immortalité était toutefois d'importance relativement mineure en Inde (qui disposait d'autres voies pour atteindre l'immortalité).
b) Un thème récurrent apparaissant sous différents noms selon les mythologies. α) Mythologie Grecque : « Le Nectar et l’Ambroisie » Dans la mythologie grecque, le Nectar et l’Ambroisie sont considérés comme des substances divines. Les dieux ne se nourrissaient pas de nourriture humaine ni de vin, mais uniquement de nectar et d'ambroisie (qui ne sont ni solides ni liquides). L’Ambroisie servait aussi d’onguent qui préserve le corps et confère l’immortalité. Ainsi, si un mortel venait à en boire, il devenait l’égal d’un dieu. Le Nectar proviendrait de la distillation de certaines plantes et serait une boisson sucrée. La composition de l’Ambroisie est inconnue de nos jours ; cependant, il existe bien des recettes inventées par les hommes mais dont le produit n’est souvent qu’une liqueur banale.
L'Ambroisie est une plante qui existe réellement, mais elle n'a aucun rapport avec le nectar du même nom.
β)Hindouisme : « Haoma,Soma ou Amrita » Les mots Soma et Haoma apparaissent respectivement dans la Rigveda (religion hindouiste) et l'Avesta (religion zoroastrienne). Ils désignent tous deux une boisson enivrante à usage sacrificiel, obtenue par pressurage et fabriquée à partir d'une plante désignée dans les textes de référence sous le même nom. Ce breuvage, connu sous le nom d'Amrita chez les Hindous, était réputé pour procurer l'immortalité et/ou des pouvoirs surnaturels ; il était vénéré à l'égal d'un dieu. L’origine du soma-haoma a donné lieu à de nombreux mythes dans la littérature antique Indienne. Ainsi, le mythe du barattage de la mer de lait raconte comment Amrita fut donné aux hommes. L'Amrita, signifiant littéralement "immortel", représente le nectar de la vie éternelle, l'ambroisie divine. Il s’agit d’un concept fréquemment utilisé dans les Védas et souvent employé pour désigner le Soma. « De nombreux objets furent engloutis dans l'océan à la suite d'une grande inondation ou d'un déluge. Afin de les récupérer, Vishnou, sous sa forme de tortue (Kûrma), plongea au fond de l'océan, et fit de son dos le fondement du Mont Mandara autour duquel les dieux et les démons enroulèrent le grand serpent Vâsuki. Les dieux tirèrent ensuite sur l'une des extrémités du serpent, les démons sur l'autre et de cette manière, ils « barattèrent » la mer de lait jusqu'à ce que tous les éléments engloutis fussent réapparus à la surface. Les principaux êtres qui ressurgirent ainsi du fond de l'Océan furent Amrita ».(Védas) Un autre mythe hindou indique comment la plante Soma fut dérobée par un faucon : « Le mythe antique raconte Vishnu, dieu hindou, est associé que cette plante a le ciel pour patrie, mais qu'elle croît sur à la conservation et à la terre, dans les montagnes. Un faucon la ravit au sommet du protection. Mont Munjavat et la donna à Manu, fils de Vivasvat, premier homme et premier sacrifiant, pour qu'il puisse offrir un sacrifice à Indra. ».(Védas)
γ) La légende de « La Fontaine de Jouvence » Cette légende a probablement des origines anciennes liées à la fascination de l’homme pour l’eau et à son importance pour sa survie. Une de ses origines connues serait biblique, se rapportant au jardin d’Éden ; cette fontaine serait la source d’eau émergeant aux pieds de l’arbre de la connaissance, au centre du paradis, qui alimenterait les quatre fleuves du paradis coulant chacun vers un des points cardinaux. Pour les peuples germaniques, l’eau du savoir, de la connaissance et de la prophétie coulait dans une fontaine gardée par le dieu Mimir. Pour pouvoir en boire, Odin a consenti à perdre un œil. Dans la mythologie celtique ou irlandaise, le Cath Maighe Tuireadh (récit de la Bataille de Mag Tured) évoque une fontaine où les Tuatha (gens de la déesse Dana, dieux des Celtes d’Irlande) pouvaient tremper les blessés pour les guérir. La tradition moyen-orientale pré-islamique évoque aussi une « fontaine de vie », qui aurait été trouvée dans les régions polaires hyperboréennes (un des emplacements supposés du paradis à certaines époques). Alexandre le Grand l’aurait cherché, sans pouvoir la trouver faute de patience, et en serait mort à 33 ans. Plus tard, c’est l’élixir de longue vie alchimique qui sera censé conférer l’immortalité (symboliquement ou réellement selon les interprétations faites au cours du temps).
Selon les légendes, la Fontaine de Jouvence contiendrait l'eau de la connaissance, une eau guérisant toutes les blessures, ou encore une eau conférant l'immortalité à qui la boirait.
B/ Des recherches biologiques visant à connaître les raisons de la mort pour mieux l'éviter. -Quelles recherches scientifiques ont elles été entreprises dans le but de comprendre et d'expliquer les causes de la mort? -A quels résultats et sur quelles conclusions quant à la concrétisation d'une immmortalité charnelle humaine ont elles débouché? Aujourd'hui, la mort apparaît comme une évidence. En effet, l'homme sait, depuis son enfance, que sa vie s'arrêtera le jour de sa mort. Cette idée, inculquée dans nos esprits par la mort d'êtres et de parents proches, imprègne notre façon de pensée. Cependant, les réactions ainsi que les idées que cette fatalité implique, varient selon l'individu. En effet, chez certaines personnes cela sera plus ou moins accepté, alors que chez d'autres, cette pensée sera rejetée bien souvent par peur de l'inconnu. Il y a donc une véritable fascination de l'humanité vis à vis de la mort. Celle-ci s'est matérialisée par des mythes et des légendes, présentées précédemment; mais aussi par des recherches scientifiques dans le but de comprendre et d'expliquer les causes de l'arrêt total de la vie. Ainsi, des chercheurs mettent, depuis des siècles, les progrès technologiques, biologiques et médicaux au service de « la recherche contre la mort », et cela dans l'espoir d'atteindre un jour l'immortalité. De plus, nous observons, depuis quelques décennies, un formidable essor des avancées scientifiques notamment en rapport avec la connaissance de la vie, qui touchent aussi bien la génétique que le domaine paramédical. Ainsi, de nouvelles techniques sont mises à jour pour inhiber de mieux en mieux certains des facteurs mortels. Cela permet ainsi de rallonger considérablement l'espérance de vie humaine. L'idée d'une potentielle immortalité est donc d'actualité, car elle suit l'avancée des recherches scientifiques. En effet, au fur et à mesure des découvertes en génétique et en pathologie, apparaissent de nouveaux obstacles mais aussi de nouvelles solutions, relançant l'espoir de voir un jour un être humain vivre éternellement. Pour autant, la concrétisation de ce fantasme n'est pas pour aujourd'hui. A travers cette suivante grande partie, nous tâcherons donc de définir, tout d'abord, notre sujet aux différentes échelles. Nous expliquerons ensuite les causes de la mort, ainsi que les obstacles qui s'opposent aux recherches visant à découvrir l'immortalité. Enfin, le travail ci-dessous est le fruit de la recherche menée par le groupe dans le but de comprendre quelles sont les raisons qui s'opposent à l'immortalité. Il s'appuie sur des sources bibliographiques spécialisées, sûres et reconnues commme sont les revues scientifiques Science et vie ; mais surtout sur les avis d'experts scientifiques en biologie, et notamment en pathologie, rapportées dans un interview effectué à la Clinique de l'Europe à Rouen le 13 janvier 2009, dans lequel les Docteurs Thierry Ducastelle et Jean-MarieVacquet répondent à nos questions. (L'intégralité de cet interview se trouve des pages 27 à 30 de ce dossier) Enfin, il est important de souligner que sans l'intervention du Dr. Ducastelle et du Dr. Vacquet qui ont, très aimablement, accepté de répondre à cet interview, et qui nous ont non moins bien accueillis sur leurs lieux de travail, il nous aurait été impossible d'approfondir à un tel degré les recherches que nous avons effectuées dans l'optique du T.P.E., tout en ayant des appuis scientifiques si poussés. Nous leurs en sommes, par conséquent, très reconnaissants.
1) Définitions Pour traiter des recherches scientifiques entreprises par l'Homme dans le but de découvrir le secret de l'immortalité, une définition scientifique claire de différents termes apparaît nécessaire. L'immortalité charnelle, ou physique, ne peut être dissociée des concepts de Vie et de Mort. Ainsi, avant d'entrer dans le vif du sujet, définissons ensemble les différents critères physiques caractérisant un organisme humain vivant. Chez l'Homme, en biologie ou dans toute autre science étudiant la physiologie humaine, on définit la Vie par 3 critères biologiques : la respiration, la circulation sanguine, et le fonctionnement cérébral. Partant de ce principe, on en déduit aisément que l'arrêt d'un seul de ces critères définit le concept opposé à celui de la Vie, la Mort. La Mort est donc l'arrêt définitif et irréversible de l'un de ces critères biologiques. Cet arrêt peut être dû à des raisons pathologiques (maladie, sénéscence...) ou encore à des facteurs externes auxquels nous ne nous intéresserons pas dans ce dossier, en nous concentrons sur la mort physiologique. Il ressort donc de ces principes une conception claire de l'immortalité physique que nous allons aborder par la suite. L'immortalité charnelle consiste donc en une vie biologique « éternelle », à savoir la perpétuation des 3 critères précédemment cités. Pour concrétiser un tel phénomène, il est par conséquent nécessaire de repousser indéfiniment une mort pathologique, optique que nous ne traiterons pas dans ce dossier. Des recherches ont donc été entreprises dans le but de découvrir les raisons physiologiques de la Mort, élément, peut-être insuffisant, mais rassurant pour l'Humanité.
2) Des explications à l'échelle cellulaire. a) Comment la mort ? La mort « normale » d'un individu, ou « physiologique », qui s'oppose à la mort pathologique, est donc due au dysfonctionnement d'un des 3 critères biologiques définissant la vie, comme cité ci-dessus. Ceux-ci sont intimement liés au fonctionnement de plusieurs organes vitaux. L'arrêt de l'un d'eux provoque donc nécessairement l'arrêt total et définitif du reste de l'organisme. Ce dysfontionnement est théoriquement provoqué par l'épuisement physiologique des cellules, devenant de ce fait défectueuses. L'arrêt de l'organisme étant dû au dysfonctionnement d'un organe vital, et ce dysfontionnement étant lui même dû à la mort des cellules le composant, il apparaîtrait donc logique qu'empêcher cette mort représente une solution vers une immortalité physiologique. Au cours du temps de nombreuses recherches ont ainsi été entreprises pour identifier les différents facteurs responsables de la mort cellulaire. Par la suite, nous livrerons les résultats de ces recherches qui ont amené à l'identification de différents « schémas » de mort cellulaire.
b) Les différentes morts cellulaires. L'apoptose, l'autophagie et la nécrose sont les trois façons de mourir pour une cellule, toutes trois favorisées par le vieillissement cellulaire. Nous nous sommes principalement fondés sur les explications claires de Mr Ducastelle et de Mr Vacquet pour résumer ces différents processus complexes. α) L'apoptose La capacité d’une cellule à se reproduire n’est pas éternelle. Une cellule se reproduit environ 50 fois avant de mourir, cycle dicté par l'information génétique qu'elle contient. On peut alors parler de mort programmée. L’apoptose sert donc à éliminer les cellules usées. De nombreux facteurs interviennent pour susciter l’apoptose, mais tous aboutissent à une voie commune passant par les mitochondries et la protéine Bcl, enzyme inhibitrice de l’apoptose. Le Docteur Ducastelle nous donne ainsi quelques éclaircissements : « L'apoptose a, dans un premier temps, été décrite morphologiquement, c'est à dire que l'on voyait ces cellules qui subissaient un processus étrange : comme si elle se rétractaient sur ellesmêmes. Ces cellules sont vraiment curieuses : le noyau, au lieu d'être bien rond et bien homogène, devient de plus en plus petit, plus dense, irrégulier et condensé. Le cytoplasme, de même, comme s'il perdait son eau, devient de plus en plus compact et sec. On ne sait pas pourquoi le cellule rentre en apoptose, mais on sait pourquoi elle n'y entre pas. C'est à dire qu'il existe à l'intérieur de la cellule toute une chaîne chimique et biochimique, qui existe biologiquement, et que l'on appelle des inhibiteurs de l'apoptose. Tout au long de sa vie la cellule s'organise et a des réactions biochimiques qui bloquent le processus. Arrivé à sa « fin », le blocage lâche et le processus d'apoptose se fait. Alors, une chaine biochimique de déclenche, dont le dernier intervenant est ce que l'on appelle le BCl2, une enzyme inhibitrice de l'apoptose. Il y a un certain nombre de processus pathologiques, notamment cancéreux, dans lesquels cette molécule inhibitrice devient anormalement présente. La cellule normalement mortelle grâce à ce processus d'apoptose, lorsqu'elle perd cette inhibition, devient immortelle et donc tumorale. Ainsi, lorsqu'une cellule arrive à la fin de son cycle de multiplication, la levée de l'inhibition de l'apoptose ne se fait pas et elle continue alors sa multiplication. On a alors un mécanisme de transformation tumorale. Enfin, l'apoptose touche généralement des cellules fixes, qui ne bougent pas, et donc qui peuvent s'épuiser biochimiquement. » Il existe plusieurs inhibiteurs. Ces inhibteurs sont « désactivés » par différents facteurs physiologiques. Le stress est un exemple de facteurs de mise en route du mécanisme de cette mort cellulaire programmée. Le message ainsi engendré atteint les caspases qui sont un groupe de protéases (enzyme brisant les liaisons peptidiques entre les acides aminés) à cystéines (acide aminé courant). La cellule émet alors des signaux et expose sur la surface externe de sa membrane plasmique un phospholipide (lipide possédant un groupe phosphate) qui permettra sa phagocytose par des globules blancs (les macrophages).
β) L'autophagie « L'autophagie est un processus de défense interne de l'organisme dans lequel intervient des macrophages, qui sont des cellules capables de dévorer d'autres cellules. Cela fait partie de la défense contre des agents extérieurs, mais aussi de celle contre les menaces permanentes présentes dans l'organisme. Vous avez partout dans l'organisme des cellules qui ont des fonctions de phagocytose. Elles vont détecter les autres cellules normales de l'organisme, et celles qui sont en voie d'épuisement morphologique, « mécanique ». L'exemple le plus simple est la destruction des hématies Ne possédant pas d'ADN, elles ne peuvent subir l'apoptose, et seraient par conséquent immortelles sans l'autophagie, or elles ne le sont pas, car elles vont, tout simplement, mourir par autophagie. C'est à dire que l'hématie, le glocule rouge va circuler et subir des perturbations de tout ce qui peut circuler dans un tuyau: des chocs, des embouteillages; et au bout d'un moment la cellule perd son élasticité, elle est déformée. Quand elle passe dans la rate, si elle est bien formée et souple le système des macrophages la laisse passer ; alors que si elle est déformée, bancale le macrophage va la dévorer. » Pour mieux comprendre ce qu’est l’autophagie, il faut d’abord définir ce qu’est un lysosome. Ce sont des organites cellulaires présents dans toutes les cellules eucaryotes sauf dans les hématies. Ils contiennent et fabriquent des enzymes digestives qui permettent la « digestion » de matériel extracellulaire. On parle d’autophagie lorsque les lysosomes d’une cellule engloutissent et digèrent une partie du matériel cellulaire de celle-ci. Cette autophagie permet ainsi d'éliminer du vieux matériel pendant que s'effectue le remplacement des constituants digérés. Une cellule peut donc se maintenir en vie pendant de nombreuses années tout en possédant du matériel cellulaire relativement jeune. L'autophagie semble être aussi un processus qui s'active lorsque le milieu extracellulaire est inadéquat comme par exemple en période de jeûn. Dans ce cas, les cellules utilisent progressivement leur propre substance en sélectionnant par ordre de priorité les constituants de façon à pouvoir rester fonctionnelle le plus longtemps possible. Dans certains cas extrêmes, les lysosomes dévorent l’intégralité de la cellule, il n’en reste alors qu’une enveloppe vide et sans vie. γ) La nécrose La nécrose se différencie des deux autres morts cellulaires d’une part car elle n’est pas programmée génétiquement et d’autre par car elle résulte d’un phénomène externe à la cellule tel le manque d’oxygène. Ce mode de mort cellulaire est bien moins « sophistiqué » que les précédents mais tout aussi efficace. La cellule se dégrade. Les lysosomes éclatent, provoquant une entrée d’eau dans la cellule, qui finit par éclater à son tour. Le contenu de la cellule est libéré quand celle-ci éclate ce qui provoque des dommages inflammatoires sur les tissus environnants. Durant l’étude d’un organe prélevé post mortem, on peut observer les ravages causés par ces « explosions cellulaires ». Des zones entières du tissu sont ainsi détruites.
3) Des obstacles biologiques a) La mort cellulaire, un processus nécessaire Mais l'inhibition de la mort cellulaire représente-t-elle réellement une solution pour devenir immortel ? Peut-être pas, finalement. En effet, le Docteur Ducastelle évoque un processus appelé homéostasie. Ce processus physiologique « par lequel un organisme maintient constantes les conditions internes nécessaires à la vie », et par conséquent vital, inclut un renouvellement cellulaire régulier et important. Or si la production de cellules neuves est constante, les cellules déjà présentes, vieillies, épuisées physiologiquement n'ont d'autre choix que de céder la place aux « jeunes ». Comme nous le faisait judicieusement remarquer le Docteur Ducastelle, la seule alternative pour l'organisme serait l'explosion pure et simple ! Une mort rationnelle des cellules apparaît donc comme nécessaire, voire vitale pour le maintien en vie de l'organisme. De ce fait, la cellule « immortelle » n'est, en aucun cas, une solution permettant d'atteindre l'immortalité de l'organisme humain. Enfin, pour réfuter toalement cette théorie, il suffit de prendre l'exemple proposé par le Docteur Ducastelle. Il existe en effet bel et bien des cellules immortelles, réfractaires à tous les ordres de mourir provenant de l'organisme. On les nomme « cellules cancéreuses », et elles sont constitutives des principales tumeurs liées aux cancers chez l'Homme. Cependant, le Docteur Vacquet évoquait une élongation des cycles cellulaires en tant que piste potentielle. En effet, selon lui le passage de 50 à 150 cycles de reproduction cellulaire pourrait peut-être allonger considérablement la durée de vie. Le docteur Ducastelle précise cette hypothèse en ajoutant : « De toute façon, ce n'est pas comme cela que nous découvrirons l'immortalité, car des cellules comme les neurones ne se régénèrent pas ou très faiblement, on obtient une quantité maximale à un certain âge, mais ensuite nous ne faisons qu'en perdre. C'est la même chose pour les cellules de la convection cardiaque, comme tout ce qui est nerveux: la moëlle épinière par exemple. Ainsi, quand on cherche à prolonger la vie ou à l'augmenter, c'est plutôt en incitant à se multiplier des cellules qui ne le font pas naturellement. Comment faire pour que les cellules du cerveau qui ne se multipliaient pas se mettent à le faire lorsque quelqu'un a eu un traumatisme, une perte de substances ou autre? Quand on enlève un morceau de cerveau accidentellement, il ne se régénère pas, tout comme les cellules sybilles. Au contraire, on peut enlever la moitié du foie, il se régénérera entièrement. Cela dépend donc des cellules. ». Et au Docteur Vacquet d'ajouter : « C'est comme la queue du lézard. On peut donc imaginer qu'un jour des chercheurs réussissont à le faire sur d'autres organes, ...en principe. ». Il existe donc des pistes s'appuyant sur ces principes, et par conséquent des recherches consacrées à la modification des cycles de reproduction cellulaire. Dans notre interview, des recherches sur la moëlle épinière sont notamment citées : « Depuis longtemps, on cherche à trouver comment faire pour stimuler le multiplication des cellules de la moëlle épinière chez ceux qui ont été traumatisés par balle. ». Quant à leurs résultats, le bilan est souvent le même : « Aujourd'hui nous n'arrivons toujours pas à déclencher la multiplication des cellules. ». En somme, même si des nouvelles solutions sont avancées quant à la modification du cycle de reproduction cellulaire, il s'en faut encore de longtemps avant la découverte d'une solution miracle à l'échelle cellulaire permettant d'atteindre l'immortalité.
b ) Une limite physique : Les télomères. Les Télomères sont les extrémités des chromosomes. Elles permettent la préservation de l’intégralité du code génétique au cours des différentes étapes du cycle cellulaire. Au niveau des télomères, un des deux brins se replie sur l’autre. L’ADN télomèrique est formée en majorité par des paires de la base azotée Guanine. Elles sont liées entre elles par des liaisons spéciales ; elles se combinent par modification de leurs sucres associés. La mitose n’est pas toujours réalisée parfaitement : il arrive que certaines parties de la double hélice ne soient pas répliquées. De la même façon, la réplication des télomères peut être incomplète. On observe donc au fur et à mesure des mitoses un raccourcissement des télomères et donc du chromosome. Quand les télomères d’une cellule deviennent trop courts, elle arrête de se diviser. Un autre rôle des télomères est de maintenir la stabilité du génome en empêchant les fusions entre les chromosomes. Il peut arriver que l’ADN se brise, l’un des modes de réparation est alors de fusionner les deux bouts cassés. Or, les télomères sont reconnus par des protéines spécifiques qui les protègent. De plus, ils sont repliés sur eux-mêmes comme vu précédemment. La cellule ne peut donc pas les confondre avec des cassures du double brin, ce qui empêche que les chromosomes ne fusionnent entre eux. La taille des télomères est en partie déterminée dès la naissance, certaines personnes ont des télomères plus grands que d’autres. C’est un phénomène héréditaire. Cependant, des études ont montré que des facteurs comme le stress et le tabac accélèrent le raccourcissement des télomères.
Situés à l'extrémité des chromosomes, les télomères préservent l'intégralité du code génétique.
Les télomères servent donc à contrôler et à limiter le nombre de divisions d’une cellule. C’est donc un acteur essentiel du bon fonctionnement du corps humain. En effet, en limitant le nombre de divisions d’une cellule, on limite le risque que cette cellule devienne cancéreuse. Cependant, l’étude des télomères n’est que très récente et le lien entre « immortalité » et longueur des télomères est encore très flou. C'est prouvé par le fait qu’une souris vit environ deux ans mais a cependant des télomères cinq fois plus longs que les hommes !
II. Aujourd'hui et demain, une quête toujours active. Ainsi, à travers la partie précédente, nous avons découvert les différentes causes de la mort dite « naturelle », et défini biologiquement ses facteurs. Nous avons d'ailleurs pu constater la quantité d'obstacles biologiques s'opposant à la concrétisation d'une potentielle immortalité. Il nous faut désormais nous pencher sur cette dernière optique du sujet. Tout d'abord, nous essayerons d'émettre des réponses, ou du moins des hypothèses, concernant la résolution des problèmes biologiques s'opposant à l'immortalité. Cela nous permettra de mettre en lumière les espoirs actuels en vue de la réalisation d'une vie éternelle. Nous les analyserons et les décrypterons. Ainsi, nous émettrons un jugement critique sur ces solutions. Enfin, nous aborderons quelque peu un courant de pensée actuel: le transhmanisme, ce qui posera la question de la bio-éthique à laquelle nous tenterons de répondre lors de l'épreuve orale.
1) Devant de tels résultats, de nouvelles solutions avancées a) La manipulation du cycle cellulaire Nous avons ainsi vu précédemment l'espoir que représentait la maîtrise des cycles cellulaires dans la découverte du secret de l'immortalité. Le Docteur Vacquet évoquait des recherches entreprises sur les personnes touchées par balle. Le but de ces recherche consiste donc en la maîtrise totale des multiplications cellulaires de l'ensemble de l'organisme. Certaines des cellules de notre corps, comme celles constituant les cheveux ou encore le foie, bénéficient d'une régénération quasi infinie. Cela permet à ces organes de se régénérer malgré leur atrophie. On peut notamment citer comme précédemment l'exemple du lézard, rendu célèbre par la régénération complète de sa queue après l'avoir perdue. Malheureusement, cela ne s'applique pas à toutes les cellules. Les cellules constituant le cerveau ou les tympans par exemple ne bénéficient pas de ce processus. Après l'aquisition d'un capital de cellules lors de la croissance de l'individu, celles ci ne se régénèrent plus, toute perte étant définitive. La solution avancée consiste logiquement en l'application de ce processus physiologique sur toutes les cellules de notre corps, ce qui permetrait une régénération et donc une guérison de n'importe quelle pathologie. Des recherches sont donc entreprises dans cette optique, notamment par l'Université de Médecine Stanford, en Californie, réputée pour nombre de ces travaux. Cela atteste le sérieux avec lequel de telles recherches sont entreprises, et l'importance qu'on leur confère. Contre toute attente, ces recherches, encore au stade expérimental, n'ont pour l'instant apporté, à part de grands espoirs, aucun résultat prouvant l'application possible à l'ensemble d'un organisme. Apparemment, l'intervention de plusieurs enzymes de catalyse serait décisive dans la régénération des cellules du foie chez la souris. Mais la compréhension totale du processus, et de ce fait sa maîtrise, n'est pas encore acquise.
b) L'elixir de longue vie enfin découvert : l'eau lourde. Après des siècles de recherches infructueuses, et preuve que le mythe reste toujours d'actualité, un chercheur de l'université d'Oxford affirmait récemment avoir trouvé l'elixir de longue vie. C'est un article du Daily Mail du 27 novembre 2008 qui révélait dernièrement au monde la trouvaille. Ainsi, le chercheur, du nom de Mikhail Shchepinov, après des expériences préalables sur des mouches, déclare avoir découvert les propriétés bénéfiques de l'eau lourde, une eau enrichie au deutérium, forme rare de l'hydrogène. Après avoir observé un rallongement de 30% de la durée de vie de ses cobayes, le slogan était lancé : « Consommer régulièrement ce mélange rallongera votre vie d'une dizaine d'années et vous permettra de rester en bonne santé, grâce à son action bénéfique sur l'organisme et les défenses naturelles. ». Les gérontologues cités par le Daily Mail estiment quant à eux que la piste est extrêmement prometteuse pour prolonger un jour la vie humaine et réduire les risques de maladies du grand âge et de la dépendance. L'eau lourde n'est pas considérée comme toxique. En revanche sa consommation exclusive peut être dangeureuse, certaines réactions métaboliques nécessitant de l'eau classique. Ses principaux effets, observés chez des souris, résident dans la réduction du nombre de mitoses, causant progressivement la dégradation des tissus à régénération rapide (comme vu précédemment). Ainsi, après plusieurs jours de consommation d'eau lourde uniquement, les fluides contenant environ 50% d'eau lourde, les premiers symptômes se font sentir, sous la forme d'une réduction des divisions cellulaires. Cette diminution de l'activité cellulaire concerne notamment les cellules à renouvellement rapide, telles que celles des cheveux ou des parois de l'estomac. Ces observations représenteraient donc tout au moins une piste pour les thérapies futures permettant la guérison de certains cancers. Une idée farfelue? Peut-être pas... Après quelques recherches d'approfondissement, on peut mettre en relation cette information avec une autre, encore plus officielle : l'Iran fabriquerait depuis déjà plusieurs années de l'eau lourde à des fins médicales. Le 28 août 2008, le président iranien Mahmud Ahmadinejad inaugurait en effet une usine de production spécialisée dans l'eau lourde, officiellement à des fins scientifiques et médicales. Certains spécialistes mondiaux s'accordent quant à eux à y voir une divertion pour obtenir le matériel nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique, le rôle de l'eau lourde en tant que modérateur de neutron étant au centre le l'élaboration de ce genre d'engin. Alors, pure divagation d'un scientifique, machination politico-militaire, ou miracle de la science? Nous laisserons à chacun le soin de se faire son avis sur la question, là n'est pas l'objectif de ce dossier. En revanche, il est pertinent de remarquer l'actualité du thème de l'elixir de longue vie dans notre société contemporaine. Elle est même pour ainsi dire au centre d'un conflit d'importance internationale, étant associée au problème du nucléaire iranien.
2) Devant de tels espoirs, des mouvements utopistes voient le jour Aubrey de Grey, informaticien de formation et biogérontologe autodidacte, est un des meneurs du transhumanisme, mouvement utopiste affirmant la concrétisation de l'immortalité humaine comme proche. Selon lui, « la personne qui vivra éternellement est déjà née ». Il aurait identifié les sept causes du processus de vieillissement devant être contrées afin de pouvoir atteindre l’immortalité. Ce projet, le SNES (Stratégies for Engineered Negligible Senescence), est vivement critiqué par la plupart des gérontologues. Son idée revient à utiliser tout ce qui est aujourd’hui disponible pour prolonger notre existence, sachant que, le temps de la mise en œuvre de ce projet, la technologie aura considérablement évolué. Pour lui, cette stratégie a pour but de « bâtir un pont pour atteindre un autre pont ». Les 7 solutions que le mouvement transhumaniste propose sont donc les suivantes. 1° Combattre les mutations cancérigènes : Au cours de la vie, on peut observer que des mutations interviennent au niveau de l’ADN. Ces mutations peuvent être sources de cancers. Selon Aubrey de Grey, les mutations nucléaires non cancérigènes ne contribuent pas au vieillissement. En les combattant, on rallongerait donc considérablement la vie humaine. 2° Combattre les mutations mitochondriales : Les mitochondries sont des organites cellulaires prenant part à la production d’énergie. Elles possèdent leur propre ADN : l’ADN mitochondrial. Ainsi, des mutations au niveau de cet ADN peuvent nuire gravement au fonctionnement de la cellule. Ces mutations seraient une cause de vieillissement. 3° Eliminer et/ou restreindre les déchets intracellulaires : Une cellule fabrique et consomme des protéines et d’autres molécules qui peuvent devenir dangereuses. En effet, les molécules qui ne peuvent pas être éliminées s’accumulent dans la cellule. On pense que des maladies neuro-dégénératives comme la maladie d’Alzheimer pourraient résulter d’un tel phénomène. 4° Eliminer et/ou restreindre les déchets extracellulaires : Ces déchets peuvent aussi s’accumuler à l’extérieur de la cellule, c'est-à-dire entre les cellules. On observe que la plaque d’amyloïde (substance protéique soluble qui est normalement éliminée chez les personnes saines) située au niveau du cerveau chez les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer pourrait être due à cette accumulation de déchets. 5° Rendre constant le remplacement cellulaire : Certaines cellules se remplacent très lentement ou même pas du tout et tout du moins trop lentement pour remplacer les cellules mortes. Ce phénomène s’observe sur la durée : au fur et à mesure du temps, le nombre de cellules décroît. Cela fragilise les organes, le système immunitaire et cause des maladies comme celle de Parkinson. 6° Rendre la sénescence cellulaire négligeable : La sénescence cellulaire désigne les cellules qui ne se divisent plus et ne meurent plus. Elles empêchent donc les autres de les remplacer. Elles peuvent aussi subir des modifications et par exemple produire des substances dangereuses pour l’organisme. 7° Réguler le nombre de connecteurs extracellulaires : Des protéines de liaison relient entre elles les cellules. Quand il y a trop de connecteurs entre les cellules d’un tissu, celui-ci peut perdre son élasticité. Ce serait là, l’origine de problèmes comme la presbytie (trouble de la vision).
3) Un rêve inaccessible ? Ainsi, dans cette dernière partie, à travers les recherches que nous avons effectuées, nous avons découvert de nombreuses solutions pouvant, en principe, guérir ou inhiber certains facteurs mis en cause dans la mort de l'individu humain. Cela est dû au progrès constant de la médecine et des avancées scientifiques dans des domaines très divers, tels que la génétique ou la chimie. Mais aussi, au désir ascendant des populations de vivre de plus en plus longtemps. En effet, grâce à l'amélioration des conditions de vie, chaque être humain peut aujourd'hui espérer vivre plus longtemps. Et demain, les progrès para-médicaux permettront probablement à quiconque de mourir « naturellement » par épuisement total des capacités physiologiques et non par accumulation pathologique. Ainsi, les obstacles biologiques évoqués dans la seconde partie seront, d'ici quelques années, surmontés. Théoriquement, nous savons à peu près comment procéder. Par exemple, en augmentant le cycle de vie des cellules par le retardement du phénomène d'apoptose. Seulement, en pratique, cela nécessite de nombreuses manipulations avec du matériel pointu et donc coûteux, de gros effectifs de chercheurs et surtout du temps. De plus, les résultats se font souvent attendre ; d'autant plus quand les pathologies sont complexes. Ainsi, nous ne pouvons pas prévoir quand la mort « naturelle » du corps sera atteinte pour n'importe qui. Cela se produira peut-être dans deux ou trois décennies, ou dans un siècle, ou même jamais. Toutes ces découvertes scientifiques actuelles et futures apportent un réel espoir pour nombres de malades, mais aussi pour nombres d'utopistes, tels que les transhumanistes, qui visent à atteindre, un jour, la vie éternelle. Leurs espoirs sont fondés sur les avancées scientifiques, car certains d'entre eux sont des scientifiques. Cependant, leurs rêves d'immortalité obstruent leur esprit critique et ces rêveurs sont atteints, bien souvent, d'un excès d'enthousiasme qui les rend incrédibles auprès du monde de la recherche. De plus, parmi ces scientifiques, peu sont vraiment compétents. Ainsi, le chef de fil du transhumanisme, Aubrey de Grey, n'est qu' un simple informaticien qui a, par conséquent, une vision très simplifiée des codes de la biologie. Ce mouvement de pensée fondé sur un fantasme de l'immortalité n'est donc pas à même de bouleverser l'Humanité sur ses seules ambitions. En effet, comme nous l'a précisé le Dr Ducastelle, les « 7 solutions-miracles » prodiguées par les transhumanistes ne sont, en réalité, que des idées à l'état conceptuel. Aujourd'hui donc, se pose la question de la concrétisation de la vie éternelle. Actuellement, cette possibilité nous paraît scientifiquement impossible. Bien que nous ne puissions affirmer que jamais l'immortalité ne sera atteinte ; nous avons clairement l'idée qu'elle est vraisemblablement inaccessible. En tout cas, malgré les avancées scientifiques, nous savons d'avance que ce fantasme est très loin d'être résolu. La réalisation est donc, au niveau où en sont les recherches scientifiques, inimaginable pour les années à venir. Enfin, en admettant que l'immortalité soit accessible pour chacun de nous, il nous vient à l'esprit des questions d'ordre moral: Serons-nous capables d'accepter de vivre éternellement ? Cette question, se rapportant à la bioéthique, sera le sujet de notre rendu oral qui donnera lieu à un débat d'idées entres partisans et opposants de l'immortalité.
Bibliographie Auteur
Année de Publicat ion
Titre Sous-Titre
Edition
Lieu de Publication
A. Queruel
2002
De l'alchimie au Moyen-Age à la chimie moderne
De Massane
Paris
X
?
Encyclopédia Universalis
Universalis
Paris
Le dictionnaire de la spiritualité T1
Beauchesne
Paris
Du Rocher
Paris
Larousse
Paris
l'Emmanuel
Paris
J.P. Persigout
1990
Le dictionnaire de la mythologie
X
2002
Dictionnaire Larousse
?
1991
Le Nouveau Testament et les Psaumes
Périodiques Titre et Sous Titre
Date de Publication
Courrier International : Cet homme 13/19 Avril 2006 qui veut vous rendre immortel Science &Vie : La mort
Numéro de la publication
Lieu de Publication
n°806
Paris/France
Août 2006
Paris
Le Monde : Mourir, est-ce bien utile?
Paris
Sitographie Titre du Site
Nature du Site
Adresse URL
Date de consultation
Daily Mail Website
Site officiel de la rédaction
http://www.dailymail.co.uk/sciencetec h/article-1089710/Its-time-raiseglass-heavy-water-longer-life.html
2/12/2008
Le miracle de l'eau lourde
Article rédigé par un internaute
http://www.comlive.net/Le-MiracleDe-L-eau-Lourde,185859.htm
2/12/2008
La division cellulaire
Site de révisions en Biologie
http://www.baclesse.fr/cours/fondame ntale/4-division-cellulaire/Divis6.htm
7/02/2009
L'histoire de la chimie, de l'antiquité au 20e siecle
Site sur l'histoire de la chimie
histoirechimie.free.fr
12/11/2009
Ministère de la culture
Site officiel
www.culture.gouv.fr/
6/02/2009
Chine légendaire et mystérieuse
Site consacré à la Chine
chinefantastique.enchine.fr/
12/11/2009
Le réseau de la botanique francophone
Site de Botanique
telabotanica
12/11/2009
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Interview du Mardi 13 Janvier 2009 (Laboratoire d'anatomie et cytologie pathologique, Clinique de l'Europe) En quoi consiste votre métier ? Docteur Vacquet : -De manière synthétique, notre spécialité sert à mettre des étiquettes précises sur toutes les maladies; dès qu'elles sont biopsiées*(Prélèvement de tissu ou de cellules sur un organisme vivant, avec un instrument spécial afin d'effectuer un examen des cellules au microscope) ou dès qu'on enlève une pièce opératoire, notre travail est d'émettre un diagnostic. Toutes les spécialités, avant nous, font des hypothèses : le généraliste palpe quelqu' un et dit si cela ressemble à un problème au niveau du rein ou autre chose, ensuite le chirurgien trouve une masse, il nous l'envoie, il nous montre ce que c'est ; alors, soit on fait un examen au moment de l'opération et on lui dit si c'est un cancer ou non, soit c'est différé le lendemain ou le sur-lendemain et on dit que le patient a juste une tuberculose ; donc on met des étiquettes sur tous les symptômes. Dès qu'on fait un prélèvement, hormis les liquides, hormis le sang qui est réservé aux biologistes, dès que c'est une biopsie ou une pièce opératoire, ce sont les anatomo-pathologistes qui essayent de porter un diagnostic. Et à partir du diagnostic on fait le traitement. C'est l'espèce de point central dans le traitement du patient. Parce que si c'est un cancer, ce n'est pas le même traitement qu'une tuberculose. Docteur Ducastelle : -Notre métier consiste à diagnostiquer la maladie, le processus pathologique. On le fait par diverses méthodes tout au long de nos études. On va l'étudier sur de tout petits fragments de cellules isolées, ou sur des fragments de tissus, des biopsies, ou sur des pièces opératoires, et même souvent au début de nos études lors d'autopsies. On intervient à toutes les étapes pour faire le diagnostic : à la fois de la maladie des gens, mais aussi de ce qu'ils ont pu subir à leur mort. Donc on a aussi une longue pratique des autopsies, pour savoir de quoi sont morts les gens. Et donc, toutes ces diverses méthodes servent à faire le diagnostic des maladies; on va faire le diagnostic baliste qui est un diagnostic de morphologie; et on va alors rechercher des modifications de forme ou d'aspect des cellules ou des tissus qui vont nous indiquer quel est le type de processus pathologique. Alors pour être très général, je vais vous en dire quelques-uns: toutes les tumeurs : ça va consister en une modification anormale du nombre de cellules. Vous regardez un organe et vous découvrez que la cellule qui aurait dû ne représenter qu'une composante normale, s'est mise à occuper un grand volume. La multiplication anormale du nombre de cellules est donc là un processus pathologique; selon que ces cellules qui prolifèrent sont normales ou anormales, on parlera de processus bénin, c'est à dire pas très agressives ; ou si c'est très anormal on parlera de processus cancéreux, diffusé ou non. Il n'y a pas que ça comme processus pathologique, il y en a d'autres. Ce sont par exemple des multiplications des tissus, des destructions de tissus pathologiques. Il y a plusieurs modes de destruction, certains sont liés à la présence d'éléments étrangers qui vont venir détruire : ce seront toutes les maladies infectieuses ; on va voir des virus qui vont détruire des cellules ; on va voir des bactéries ou du moins les effets des bactéries qui vont créer des suppurations*(Formation, écoulement du pus) et donner des abcès, des destructions de tissus ; on va avoir l'action de parasites qui irritent ; donc tous les éléments extérieurs au corps humain qui sont venus créer des destructions de tissus ou d'organes. Et puis ensuite on va avoir d'autres processus qui seront des destructions d'organes humains issues d'autres causes. Un très connu, c'est la nécrose d'origine vasculaire: des infarctus, des cas d'accidents vasculaires cérébraux, des oblitérations de vaisseaux; donc les cellules perdent leur oxygénation, et vont mourir par nécrose ischémique*(Arrêt ou insuffisance de la circulation sanguine dans une partie du corps ou un organe, qui prive les cellules d'apport d'oxygène et entraîne leur nécrose). Dans tout ce que l'on voit il faut toujours faire la part entre ce qui est le processus physiologique normal et puis le processus pathologique qui l'est soit par son intensité en trop, en
moins ou en qualité. Alors tout au long des examens que l'on fait au microscope, régulièrement, on rencontrera des processus de destruction et de morts cellulaires ou tissulaires normaux. Notre métier est quand même de savoir ce qui est normal pour pouvoir justement faire la part de l'anormal. Donc la mort cellulaire et tissulaire normale, on l'a normalement en mémoire pour savoir quelles sont les limites morphologiques normales de ce processus. Pouvez-vous nous expliquer les différentes morts « naturelles » d'une cellule, et au niveau physiologique, pour quelles raisons va-t-elle mourir et de quelles façons va-t-elle pouvoir mourir ? Docteur Ducastelle : -J'en connais deux principales. La première, l'une des mieux connues maintenant, est le processus de le mort physiologique normale d'une cellule. On sait à peu près aujourd'hui que chaque cellule a une capacité de multiplication qui n'est pas éternelle; c'est à dire que génétiquement une cellule, quand elle est formée, est programmée pour se diviser un certain nombre de fois; on l'estime actuellement entre une trentaine et une quarantaine de fois, et la cellule lorsqu'elle a fait ce nombre de multiplications, elle arrive au bout de son processus pathologique et, bien souvent, meurt naturellement. Je prends l'exemple des cellules qui sont fixes, la mort se fait alors par apoptose. L'apoptose a, dans un premier temps, d'abord été décrite morphologiquement, c'est à dire que l'on voyait ces cellules qui subissaient un processus bizarre, c'est comme si elle se rétractaient sur elles mêmes quand on voit ces cellules, c'est vraiment curieux: le noyau au lieu d'être bien rond et bien homogène, il devient de plus en plus petit, il devient plus dense, irrégulier et condensé. Le cytoplasme, c'est pareil, comme s'il perdait son eau, il devient de plus en plus compact et sec. On ne sait pas pourquoi le cellule rentre en apoptose, mais on sait pourquoi elle n'y entre pas. C'est à dire qu'il existe à l'intérieur de la cellule toute une chaîne chimique et biochimique, qui existe biologiquement, et que l'on appelle des inhibiteurs de l'apoptose. Tout au long de sa vie la cellule s'organise, elle a des réactions biochimiques qui font qu'elles bloquent le processus. Arrivé à la fin, le blocage lâche et le processus d'apoptose se fait. Alors, c'est par une chaîne, le dernier intervenant étant ce que l'on appelle le BCl2, c'est une enzyme inhibitrice de l'apoptose. On l'utilise en pratique dans nos diagnostics, par exemple pour trouver un ganglion lymphatique* (Les ganglions sont situés le long du système circulatoire lymphatique, ils se regroupent en certains points « stratégiques » : les réseaux lymphatiques), car dans ces derniers se trouvent des follicules, le lieu où l'organisme acquiert la mémoire des corps étrangers qui sont passés. C'est quelque chose de physiologique, quand vous les regardez bien , c'est quelque chose qui est actif en apparence, dont les molécules guettent, qui sont sur le passage des corps étrangers. Ils n'arrêtent pas de se multiplier dans ce follicule, et quand on regarde dans ce ganglion, c'est là qu'on voit au microscope plein d'images d'apoptoses; des quantités de cellules sont en apoptose. Donc physiologiquement, ça se renouvelle très vite. Elles font leurs quarante cycles, elles passent en apoptose et ça grouille donc en permanence ; ce qui fait que les follicules gardent leur volume. Quand on étudie la protéine qui va inhiber l'apoptose, on a des anticorps sur les follicules qui vont se diriger par exemple vers cette protéine enzymatique BCl2, dans cette follicule, il n'y a alors pas d'apoptose. De plus, il y a un certain nombre de processus pathologiques, cancéreux dans lesquels cette molécule inhibitrice devient anormalement présente. Et là, quand on marque avec les anticorps le BCl2, dans le sang, il y a la protéine. Donc, en fait c'est le témoin d'un processus de transformation, la cellule qui est normalement mortelle par ce processus de l'apoptose, quand elle perd cette inhibition, elle devient immortelle et donc tumorale. En vérité, la cellule devait se diviser trente ou quarante fois. Arrivée au quarantième cycle, la levée de l'inhibition de l'apoptose ne se fait pas et elle continue alors sa multiplication. On a alors un mécanisme de transformation tumorale. Il existe bien d'autres inhibiteurs. Enfin, l'apoptose frappe généralement des cellules fixes, qui ne bougent pas, et donc elles s'épuisent biochimiquement. L'autophagie est un processus de défense interne de l'organisme dans lequel intervienent des macrophages, qui sont des cellules capables de dévorer d'autres cellules et des gros morceaux, cela sert dans la défense contre des agents extérieurs, mais aussi en permanence dans l'organisme. Vous avez partout dans l'organisme des cellules qui ont des fonctions de phagocytose et qui vont détecter
les autres cellules normales de l'organisme et qui sont, elles, en voie d'épuisement morphologique, « mécanique ». L'exemple le plus simple est la destruction des hématies qui ne peuvent mourir par apoptose car ne possédant pas d'ADN, donc elles pourraient être éternelles, or elles ne le sont pas, car elles vont, tout simplement, mourir par autophagie. C'est à dire que l'hématie, le glocule rouge va circuler et subir des perturbations de tout ce qui peut circuler dans un tuyau: des chocs, des embouteillages; et au bout d'un moment la cellule perd son élasticité, elle est déformée. Quand elle passe dans la rate, si elle est bien formée et souple le système des macrophages la laisse passer; alors que si elle est déformée, bancale, le macrophage va la dévorer. Et qu'en est-il de la nécrose? Docteur Ducastelle : -La nécrose est un processus anormal. C'est la mort de la cellule lorsqu'elle est privée d'oxygène, comme un infarctus. Docteur Vacquet : Mais il est vrai que, dans notre travail au microscope, nous ne pouvons pas faire la différence entre une cellule nécrosée par ischémie et une cellule morte par apoptose. Si l'on en n'avait qu'une, on pourrait seulement dire que c'est une cellule morte; mais il nous est impossible de savoir si cela est dû à un processus physiologique ou pathologique. A quoi sert la mort des cellules? Docteur Ducastelle : - Il faut forcément maintenir l'homéostasie en permanence : c'est un échange permanent, dans la mesure où l'on arrête pas les cellules de se multiplier, il faut bien aussi que de l'autre côté, il y est une régulation inverse et que l'on assure en permanence une destruction des cellules trop vieilles, épuisées physiologiquement ou défectueuses. Selon vous, une immortalité cellulaire permettrait-elle l'immortalité du corps dans son ensemble? Docteur Vacquet : -On pourrait imaginer que les cycles cellulaires au lieu de faire cinquante cycles en fassent cent-cinquante. Et à ce moment là, on pourrait considérablement allonger la durée de vie, ce n'est pas impossible. Mais aujourd'hui, une immortalité du corps humain dans son ensemble reste un fantasme bien lointain... Docteur Ducastelle : -Les gens actuellement se penchent tout simplement sur les incidences que l'on peut avoir pour augmenter le nombre de cycles et donc retarder l'apoptose. Mais de toute façon, ce n'est pas comme cela que nous découvrirons l'immortalité, car des cellules comme les neurones ne se régénèrent pas ou très faiblement, on obtient une quantité maximale à un certain âge, mais ensuite nous ne faisons qu'en perdre. C'est la même chose pour les cellules de la convection cardiaque, comme tout ce qui est nerveux: la moëlle épinière par exemple. Ainsi, quand on cherche à prolonger la vie ou à l'augmenter, c'est plutôt en incitant à se multiplier des cellules qui ne le font pas naturellement. Comment faire pour que les cellules du cerveau qui ne se multipliaient pas se mettent à le faire lorsque quelqu'un a eu un traumatisme, une perte de substances ou autre? Quand on enlève un morceau de cerveau accidentellement, ça ne se régénère pas; tout comme les cellules sybilles. Au contraire, on peut enlever la moitié du foie, il se régénérera entièrement. Cela dépend donc des cellules. Dr Vacquet : -C'est comme la queue du lézard. On peut donc imaginer qu'un jour des chercheurs réussissent à le faire sur d'autres organes, ...en principe. Docteur Ducastelle : - C'est aussi le but de la recherche sur la moëllle épinière pour les paraplégiques. Depuis longtemps, on cherche à trouver comment faire pour stimuler le multiplication des cellules de la moëlle épinière chez ceux qui ont été traumatisés par balle. Aujourd'hui nous n'arrivons toujours pas à déclencher la multiplication des cellules. Donc selon vous, si l'on arrivait à multiplier les cellules, pourrait-on considérablement allonger la
durée de vie? Docteur Vacquet : -Mais la durée de vie de l'individu est complexe. On ne meurt pas d'un seul processus. A la fin, on meurt par une accumulation de processus plus ou moins importants; sauf accident bien sûr. Docteur Ducastelle : -De plus, pour l'instant l'homme ne meurt pratiquement jamais par épuisement physiologique complet. On meurt à chaque fois accidentellement ou à cause de maladies, et par conséquent jamais « naturellement ». Le contre-exemple étant celui de Jeanne Calment morte à l'âge de 122 ans par épuisement physiologique complet, mais cela reste une exception. Devant les progrès de la science, de nouvelles solutions génétiques apparaissent comme l'inactivation des gérontogènes ou celle des enzymes tueurs caspases. Pensez-vous que de telles solutions consistent en un réel espoir vers l'immortalité, ou contribuent dans une moindre mesure à l'allongement significatif de la durée de vie humaine? et En tant que scientifiques, que pensez-vous du mouvement transhumaniste, qui affirme posséder les « solutions de l'immortalité »? Docteur Ducastelle : -En effet, aujourd'hui le but de la médecine est de faire atteindre à chaque homme son âge physiologique maximal où la mort est le résultat de l'épuisement total des capacités de l'individu. Or, pour y arriver il faudrait ne subir aucune pathologie notamment génétique. On peut dès aujourd'hui sélectionner les gènes à la conception pour créer un être d'une longue vie assurée; seulement se posent les questions d'éthique au sujet de l'homme éprouvette, et des dérives possibles vers l'eugénisme. Quant aux sept solutions miracles, il faudrait déjà partir d'un être humain parfait qui ne comporte pas de mutations ou de maladies génétiques. Ensuite, parmi elles, sont mélangées des solutions recherchées depuis des années et qui restent introuvables, des idées jamais prouvées et d'autres d'une simplicité informatique. Ainsi, l'injection d'hormones de croissance a provoquée jadis la mort prématurée de sportifs qui en usaient, et l'introduction à intervalles réguliers de cellules souches spécifiques est déjà appliquée en Suisse et jamais rien n'a été prouvé au sujet de son efficacité. De plus, sa solution contre le cancer est bien simpliste et l'on aurait trouvé depuis longtemps comment le soigner; en réalité, il faut prendre en compte de nombreux facteurs différents, et non pas un seul et unique. L'erreur générale est donc la simplification extrême, et il ne prend pas en compte les dégâts collatéraux; dans l'organisme on ne peut pas jouer à l'apprenti sorcier... Enfin, toujours en tant que scientifique, quel regard portez-vous sur la concrétisation d'une éventuelle immortalité charnelle pour l'homme? [suit un échange où fut traité de l'approche philosophique de la concrétisation de l'immortalité, optique plus amplement traitée lors de l'examen oral. Pour préserver l'authenticité et la surprise des arguments proposés et des idées trouvés, nous ne rapporterons pas cette partie de l'entretien]
Le Docteur Thierry Ducastelle, anatomo-cyto-pathologiste à la Clinique de l'Europe
Le Docteur Jean-Marie Vacquet, anatomo-cyto-pathologiste et médecin légiste à la Clinique de l'Europe
Nous remercions encore les Docteurs Ducastelle et Vacquet, sans qui nous n'aurions pas pu approfondir à ce point notre travail concernant le domaine de la biologie.