COMMERCE ÉQUITABLE ET COMMERCE DURABLE EN ÉQUATEUR 1
ÉDITEUR RESPONSABLE Carl MICHIELS COORDINATION Phenyx43 RÉDACTION Dan AZRIA - Phenyx43 CONCEPTION Julie RICHTER - Phenyx43 PHOTO COUVERTURE Crédit : Sean Garrison / Fairtrade International
Cette publication du Trade for Development Centre ne représente pas l’avis officiel de la Coopération belge au Développement Bruxelles, décembre 2011
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INTRODUCTION
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L’ÉQUATEUR AU CENTRE DU MONDE
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LE COMMERCE ÉQUITABLE EN ÉQUATEUR
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LES INITIATIVES DU COMMERCE DURABLE EN ÉQUATEUR
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CONCLUSION
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INTRODUCTION Entre Amazonie et Pacifique, l’Equateur abrite des trésors naturels et culturels inestimables. Depuis quelques années, les populations et les autorités de ce petit pays d’Amérique latine s’efforcent de concilier croissance économique, développement social et préservation des ressources naturelles, notamment sur l’Archipel des Galápagos et dans le bassin amazonien, ainsi qu’en témoigne le projet du gouvernement de renoncer à l’exploitation des gisements pétroliers de la région du Yasuni afin de protéger la biodiversité et de lutter contre le réchauffement climatique. En réponse aux pratiques destructrices des multinationales, une dynamique nouvelle se met en place en Equateur avec la multiplication de mouvements populaires (souvent d’origine autochtones) favorables à une prise en compte plus importante des droits des communautés rurales et au respect de ce qu’elles estiment être leur patrimoine naturel, culturel et spirituel. Ces voix indiennes qui accordent à la nature une importance fondamentale trouvent aujourd’hui un écho fort au sein des élites et du gouvernement équatorien, au point que certains parlent d’un modèle «bio-socialiste» pour qualifier les positions que défend le pays sur la scène internationale. Respectueux des femmes, des hommes, de l’environnement et des cultures, le commerce équitable et le commerce durable trouvent naturellement leur place dans cette philosophie du développement.
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Le volcan Chimborazo - CrĂŠdit : David Torres Costales / @DavoTC
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L’ÉQUATEUR AU CENTRE DU MONDE DE MULTIPLES VISAGES UNE HISTOIRE DE L’ÉQUATEUR UNE ÉCONOMIE DE RESSOURCES
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DE MULTIPLE VISAGES Entourée par le Pérou au sud et la Colombie au nord, la République d’Equateur doit son nom à la ligne imaginaire qui sépare les deux hémisphères et qui traverse le pays d’est en ouest. Relativement petit par sa taille, l’Equateur est d’une richesse exceptionnelle en termes de paysages, de populations et d’histoire. Cette abondance est essentiellement due à la structure géologique particulière du pays et au fait que la cordillère des Andes structure le territoire en trois grandes régions naturelles.
Chacun de ces massifs comprend de nombreux volcans, dont le Cotopaxi (5 897 mètres) situé dans la Cordillère Orientale, qui est le plus haut volcan actif du monde. Appelée «couloir interandin» ou «Sierra», la région qui s’étire entre ces deux langues montagneuses est connue pour son climat tempéré. C’est dans cette partie du pays, à près de 2500 mètres d’altitude, que se trouvent en particulier la capitale Quito et ses deux millions et demi d’habitants.
Longue de près de 800 kilomètres, la zone côtière (la «Costa») s’étale des versants montagneux du centre du pays jusqu’à l’océan Pacifique où les courants froids venus de l’Antarctique apportent d’importantes ressources halieutiques. C’est aussi dans ces régions fertiles, tropicales au nord et semi-arides au sud, que vit la majorité de la population équatorienne, à Guayaquil notamment, la ville la plus peuplée du pays et l’un des principaux ports du Pacifique. Les régions andines présentent comme particularité le fait que la cordillère se compose en Equateur de deux chaînes parallèles qui, depuis le Pérou, s’écartent en remontant vers le nord-est.
A l’est, au delà des dévers de la Cordillère Orientale, s’étend «l’Oriente», la zone amazonienne, une région tropicale humide très difficile d’accès et sillonnée par plusieurs affluents du fleuve Amazone. C’est là, dans la forêt, que se concentre l’essentiel des ressources pétrolières du pays.
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Situé à 965 kilomètres au large des côtes sud-américaines, l’archipel des Galápagos se compose de dizaines d’îles volcaniques. Trésor naturel, cette province de l’Équateur accueille le parc national et la réserve marine des Galápagos reconnus patrimoine naturel mondial de l’UNESCO1.
Rio Pastaza - Crédit : Krosto
UNE HISTOIRE DE L’ÉQUATEUR Les premières traces de présence humaine sur ces rivages nord-ouest du continent sud-américain datent de 3 500 ans avant notre ère. On sait toutefois peu de choses des peuples anciens qui se sont succédés sur ces terres avant la venue des Incas au XVème siècle. Ceux-ci, malgré des querelles intestines meurtrières, ont soumis les peuplades autochtones et fondé un empire puissant et redouté qui, pourtant, n’a pas survécu à ses confrontations avec les conquérants espagnols commandés par Francisco Pizarro.
d’incessants conflits territoriaux avec les Etats voisins et par une instabilité politique chronique.
En 1534, l’Equateur est conquis et, durant trois siècles, les occupants espagnols pillent les ressources du pays, bâtissent de grandes villes et évangélisent les populations autochtones. Cette période est aussi l’âge d’or de Quito, la capitale, qui au XVIIème siècle, devient un centre d’activité artistique et architectural sans égal sur tout le continent. La ville voit fleurir des églises et monastères plus somptueux les uns que les autres dans le style baroque, ces constructions entraînant le développement d’un art religieux florissant2. L’Equateur obtient son indépendance en 1822 au sein de la Grande Colombie d’abord, puis en 1830 séparément. Les décennies qui suivent sont marquées par
En 2007, après une nouvelle période de troubles, Rafael Correa, un économiste de gauche, est élu à la présidence du pays. Réélu en 2009 après une révision constitutionnelle difficile, Rafael Correa centre sa présidence sur la réalisation d’une «révolution citoyenne» qui prévoit notamment une plus grande participation des Equatoriens aux décisions, un renforcement des droits environnementaux et culturels des minorités et une emprise étatique plus importante sur les ressources stratégiques du pays (en particulier le pétrole et les mines). Mais les obstacles sont nombreux et les oppositions multiples, tant de la part des corps intermédiaires et des administrations que des grandes entreprises3.
Entre 1830 et 2008, l’Equateur voit se succéder une vingtaine de constitutions. Ceci étant, à l’inverse de ses voisins, le pays n’a connu dans son histoire récente que de brèves périodes de dictature militaire et celles-ci ont été marquées par des avancées sociales et politiques notables (la réforme agraire de 1964 notamment) et par des systèmes répressifs remarquablement modérés.
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Producteur d’El Guabo - Crédit : Smal farmers. Big change.
UNE ÉCONOMIE DE RESSOURCES Depuis le premier choc pétrolier, l´histoire de l´Équateur est étroitement liée à celle du pétrole, dont les prix sur les marchés mondiaux conditionnent les cycles de prospérité et de crise.5
En dépit des efforts de l’Etat pour diversifier les activités productives du pays, l’économie exportatrice équatorienne repose sur trois piliers principaux : le pétrole, la banane et le tourisme. Malgré l’importance de l’agriculture dans l’économie, seule 11% de la surface du pays est cultivée, en particulier la banane (premier exportateur mondial), le cacao, le café, les pommes de terre ou la floriculture qui a connu une croissance importante au cours des dernières décennies. Mais la principale ressource de l’Equateur est le pétrole que l’on trouve en particulier dans la partie amazonienne du pays et qui représentait en 2009 près de 46 % des exportations équatoriennes4. Dans ce domaine, la petite république sud-américaine s’est surtout illustrée en 2010 lorsque le gouvernement équatorien a annoncé qu’il était prêt à renoncer à l’exploitation des gisements de la région du Yasuni en échange d’une contribution financière de la communauté internationale, et ce afin de protéger la biodiversité et de lutter contre le réchauffement climatique. A la fin des années 1990, l’Equateur a souffert d’une crise bancaire et monétaire majeure qui a conduit le gouvernement à abandonner la monnaie nationale, le sucre, au profit du dollar américain. Cette transition difficile a toutefois permis au pays de retrouver une croissance soutenue tout au long des années 2000. La vitalité de l’économie (qui repose en grande partie sur les exportations de pétrole) a permis au président Rafael Correa de financer ses réformes, d’instaurer des mécanismes de planification et d’affirmer l’autorité de l’Etat équatorien sur certains des secteurs les plus rétifs à l’influence publique.
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LE COMMERCE ÉQUITABLE EN ÉQUATEUR COMPRENDRE LE COMMERCE ÉQUITABLE LES PARTENAIRES DU COMMERCE ÉQUITABLE EN AMÉRIQUE LATINE LES INITIATIVES DU COMMERCE ÉQUITABLE EN ÉQUATEUR
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Producteur équitable (Mexique) - Crédit : Shared Interest
AUX ORIGINES DU COMMERCE ÉQUITABLE Le commerce équitable est né d’un constat simple : les écarts de richesse entre les populations des pays les plus riches et celles des pays les plus pauvres ne cessent de se creuser malgré les sommes investies dans l’aide au développement. C’est en 1964, lors de la Conférence des Nations unies pour la Coopération et le Développement (CNUCED), qu’est définie pour la première fois la notion de commerce équitable avec comme principe fondateur «Le commerce, pas la charité» («Trade, not Aid»). Les premiers magasins de commerce équitable s’ouvrent en Europe dans les années 1960, tandis que se mettent en place dans les pays en développement les coopératives et organisations de producteurs qui vont bénéficier de ces échanges plus justes.
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LE COMMERCE ÉQUITABLE, C’EST QUOI ? En 1999, les principales organisations internationales du commerce équitable (la World Fair Trade Organisation WFTO, Fairtrade International - FLO, l’European Fair Trade Association - EFTA et le Network of European World Shops - NEWS6) se sont entendues sur une définition commune : « Le commerce équitable est un partenariat commercial, fondé sur le dialogue, la transparence et le respect, dont l’objectif est de parvenir à une plus grande équité dans le commerce mondial. Il contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions commerciales et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs marginalisés, tout particulièrement au sud de la planète. Les organisations du commerce équitable (soutenues par les consommateurs) s’engagent activement à soutenir les producteurs, à sensibiliser l’opinion et à mener campagne en faveur de changements dans les règles et pratiques du commerce international conventionnel.» Concrètement, le commerce équitable garantit aux producteurs des pays les plus pauvres des prix d’achat généralement plus rémunérateurs que les cours mondiaux ainsi qu’une relative stabilité des prix et la mise en place de conditions et de délais de paiement favorables (voire des possibilités de préfinancement), qui évitent aux paysans et aux artisans de brader leurs produits ou d’avoir recours à des prêts usuraires.
e prix équitable couvre tous les L coûts de production du produit, y compris les coûts environnementaux, et assure aux producteurs un niveau de vie décent. De plus, les acheteurs du commerce équitable s’engagent à verser des primes supplémentaires dites «de développement» qui sont utilisées pour la réalisation d’investissements productifs et/ou de programmes sociaux (alphabétisation, accès aux soins, etc.).
Pour soutenir la mise en œuvre de ce système économique, ces organisations ont défini les 11 GRANDS PRINCIPES à respecter 1. Créer des opportunités pour les producteurs économiquement en situation de désavantage. 2. Favoriser la transparence et la crédibilité. 3. Encourager la capacité individuelle. 4. Promouvoir le commerce équitable.
Producteur CenfroCafe - Crédit : Trade Aid New Zealand
5. Garantir le paiement d’un prix juste. 6. Veiller à la non discrimination (égalité des sexes) et à la liberté d’association. 7. Assurer des conditions de travail décentes. 8. Proscrire le travail des enfants. 9. Protéger l’environnement. 10. Encourager des relations commerciales fondées sur la confiance et le respect mutuel. 11. Promouvoir le respect et la diffusion de l’identité culturelle valorisée dans les produits et procédés de production (nouveau critère). 13
Depuis 1988 et la création,d’une part, de la WFTO, l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (qui s’appelait l’IFAT, l’Association Internationale du Commerce Equitable jusqu’en 2009), et le lancement du label Fairtrade Max Havelaar, d’autre part, on observe l’émergence et la coexistence de deux grandes filières de régulation du commerce équitable : la filière labellisée et la filière intégrée.
FILIÈRE LABELLISÉE ET FILIÈRE INTEGRÉE Mode d’organisation historique du commerce équitable, la filière intégrée présente comme caractéristique principale le fait que tous les acteurs intervenant dans l’élaboration et la commercialisation du produit (producteur, transformateur, importateur et points de vente) sont engagés dans le commerce équitable et se conforment volontairement à ses principes. Avec ses 400 organisations membres (dont une majorité dans les pays en développement) représentant l’ensemble des maillons de la chaîne du commerce équitable (producteurs, transformateurs et distributeurs), la WFTO, l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable, est considérée depuis sa création en 1989 comme le principal coordinateur de la filière intégrée. Depuis peu, la WFTO est occupée à développer son propre système de certification, le WFTO Fair Trade System.
La filière labellisée repose sur la certification du produit commercialisé. Les entreprises qui élaborent ces produits s’engagent à respecter un cahier des charges précis et à s’approvisionner auprès d’organisations de producteurs des pays en développement (souvent des coopératives) qui ont été agréées par l’organisme de labellisation (organisation indépendante qui certifie le respect des critères définis pour l’attribution du label). Les produits labellisés peuvent ensuite être commercialisés dans n’importe quel point de vente, y compris la grande distribution classique. Le label Fairtrade Max Havelaar est le plus célèbre d’entre eux mais il en existe d’autres (Fair for Life, FairWild, Ecocert ESR, Naturland Fair, notamment) qui proposent des approches ou des logiques spécifiques.
La coexistence de ces deux filières illustre l’existence de visions différentes du commerce équitable, qui portent en particulier sur le type de relations à établir avec les acteurs économiques privés (multinationales, grande distribution) et sur des divergences entre une vision de développement (et de dénonciation du commerce international) d’une part, et une perspective commerciale reposant sur l’engagement volontaire, d’autre part.
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Les organisations de commerce équitable d’Amérique latine sont, pour la plupart, fédérées par des organisations «coupoles» qui les représentent au niveau international.
LES PARTENAIRES DU COMMERCE ÉQUITABLE EN AMÉRIQUE LATINE WFTO Latina América La WFTO-Latin America (WFTO-LA) est le chapitre régional de l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (WFTO, ex-IFAT) pour l’Amérique latine. A ce titre, l’organisation, dont le siège est au Paraguay, fédère et représente les organisations de producteurs membres de la WFTO sur l’ensemble du continent.
Cacaocultrice (Equateur) - Crédit : USAID
Avec comme objectif principal l’amélioration des conditions de vie des petits producteurs, la WFTOLA se mobilise pour renforcer la capacité de ses membres à conquérir de nouveaux marchés en les assistant dans le développement de leurs produits et ce, dans le respect des principes du commerce équitable. En tant qu’organisation continentale, WFTO-LA se distingue par son engagement à promouvoir les identités culturelles traditionnelles des petits producteurs (amérindiens en particulier) et par ses efforts pour favoriser le développement du commerce équitable aux niveaux national et régional (Sud-Sud).
Soutenir le commerce équitable en Amérique latine En réponse aux demandes de nombre de ses membres à travers le monde, la WFTO développe depuis peu son propre système de certification, le WFTO Fair Trade System, présenté comme «un système de certification global, efficace et léger conçu pour transformer n’importe quelle activité économique en activité durable et équitable.»6 Cette nouvelle certification présente certains avantages évidents pour les coopératives, filières, entreprises et associations de producteurs des pays en développement. En effet, à la différence du label Fairtrade Max Havelaar, elle s’applique à toute l’organisation et à l’ensemble de ses produits et services et doit permettre de viser tant les marchés locaux que ceux d’exportation. Concrètement, le fait d’être en conformité avec cette norme volontaire WFTO Fair Trade System atteste
qu’une organisation a mis en place un ensemble de pratiques et de procédures démontrant sa bonne gestion sur les plans social, économique et environnemental. Au terme d’un audit fructueux, mené par une tierce partie indépendante, le produit vendu par l’organisation certifiée peut être revêtu d’un label attestant que sa provenance et sa production respectent les principes et les pratiques du commerce équitable. L’Organisation Mondiale du Commerce Equitable a lancé une procédure de concertation internationale pour préciser les critères de ce nouveau système de certification (qui en est à sa deuxième mouture). La finalisation de ces normes WFTO Fair Trade System dépendra des recommandations formulées à l’issue d’études pilotes qui sont menées dans différents pays d’Asie, d’Europe, d’Afrique et d’Amérique latine.
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En Amérique latine, c’est l’organisation WFTO-LA qui est en charge de la gestion de ce projet et des expérimentations qui sont réalisées auprès de coopératives bénévoles dans les pays retenus (Pérou, Equateur et Bolivie).
2. Implémenter intégralement la norme WFTO Fair Trade System au sein de trois organisations de producteurs pilotes au Pérou, en Equateur et en Bolivie (avec pour objectif la certification de ces organisations).
Pour ce faire, la WFTO-LA a identifié les actions prioritaires à mettre en œuvre pour réaliser ce projet en soulignant la nécessité d’un renforcement de ses équipes sur le terrain. Un programme de travail intégré et détaillé à été établi avec 4 objectifs précis :
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1. Mettre en place une équipe qualifiée pour accompagner la mise en place et l’évaluation de la nouvelle norme WFTO Fair Trade System sur le continent.
4. Soutenir le développement des membres de WFTO-LA par l’accès à de nouveaux marchés et la multiplication des contacts commerciaux.
Elaborer les outils et les procédures d’autoévaluation préalables à la certification pour 10 autres organisations de producteurs et accompagner la mise en œuvre des plans d’amélioration.
Inscrits dans le Plan Stratégique 2010-2014 de l’organisation WFTO-LA, ces axes de travail doivent effectivement permettre aux acteurs du commerce équitable latino-américains de contribuer à l’élaboration de la nouvelle certification WFTO Fair Trade System et à son déploiement sur l’ensemble du continent.
Avec le soutien du Trade for Development Centre de la CTB Le projet de WFTO-LA s’inscrit dans le cadre d’une vision du commerce équitable forte, généreuse et ambitieuse. C’est notamment pour cela que le Trade for Development Centre de la CTB, l’Agence belge de développement, a choisi de le soutenir financièrement (pour un montant de 64 000 euros sur 16 mois). Cette participation belge au programme a permis de mener à bien les actions prévues avec des résultats concrets et probants pour chacun des objectifs retenus. Renforcement et formation des équipes locales, élaboration des outils et procédures de monitoring, identification et mobilisation des coopératives participantes, accompagnement des opérateurs techniques, participation à des salons et foires commerciales en Amérique latine, en France et aux Etats-Unis… le projet mis en place avec volontarisme par le personnel et les consultants de WFTO-LA a pour finalité la prise en compte des besoins spécifiques des producteurs latino-américains par la WFTO lors des étapes finales d’élaboration du système de certification WFTO Fair Trade System.
Productrice Prodecoop Crédit : Trade Aid New Zealand
Le projet est à la hauteur de ces enjeux. Il s’agit de veiller à ce que les artisans et paysans d’Amérique latine s’approprient ces nouveaux outils techniques et commerciaux et participent ainsi au vaste mouvement de maturation que connaît le commerce équitable aujourd’hui. Pour en savoir plus : www.wfto-la.org www.wfto.com/sftms www.befair.be
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Producteur CenfroCafe (Pérou) Crédit : Trade Aid New Zealand
CLAC Latina América Coordinadora latinoamericana y del caribe de pequenos productores de comercio justo. Fondée en 2004 à Mexico, la CLAC (Coordination Latino-Américaine et des Caraïbes de petits producteurs du commerce équitable) est l’organisation indépendante qui représente les producteurs certifiés équitables en Amérique latine. A ce titre, elle a notamment pour fonction de rapprocher les producteurs des instances dirigeantes et des organisations de certification de Fairtrade International (dont elle est membre). Présent dans 21 pays, la CLAC fédère près de 300 organisations regroupant environ 200.000 petits producteurs qui font vivre environ un million de personnes7.
Un label pour les petits producteurs Depuis 2006, la CLAC travaille en collaboration avec d’autres organisations solidaires en Amérique latine pour concevoir un nouveau label destiné à favoriser la certification équitable des petits producteurs pour lesquels les systèmes de certification existants paraissaient inadaptés. Lancé en novembre 2010 au Honduras, à l’occasion de l’Assemblée Générale de la CLAC, ce nouveau label intitulé «Symbole des Petits Producteurs» vise à promouvoir les productions des groupements de petits producteurs d’Amérique Latine et des Caraïbes qui s’engagent en faveur de l’amélioration des conditions de vie de leurs communautés et du respect de l’environnement. Si les principes qu’elle défend sont sensiblement les mêmes que ceux des certifications existantes, cette initiative présente comme particularité d’avoir été conçue par les organisations du continent pour répondre aux problématiques spécifiques que rencontrent les petits producteurs latino-américains. Elle vise en outre à favoriser autant le commerce équitable Sud-Sud qu’à rendre visibles ces produits sur les marchés des pays du Nord.
Floricultrice équatorienne Crédit : Fair Trade Certified
Etablis par les petits producteurs eux-mêmes rassemblés au sein de l’organisation FUNDEPPO (la Fondation des Petits Producteurs Organisés), les critères permettant d’accéder à cette certification incluent notamment des notions de taille des exploitations (15 hectares pour une activité agricole ou 500 ruches maximum s’il s’agit d’apiculture), de fonctionnement démocratique, de traçabilité des produits, de gestion, de protection sociale et de politique commerciale. Chacun des pays partenaires veille au respect de ces critères avec le concours d’organismes de certification nationaux reconnus. Le Symbole des Petits Producteurs est par ailleurs ouvert au reste du monde, c’est-à-dire que des acheteurs et producteurs des autres continents peuvent l’acquérir et l’utiliser pour leur promotion de leurs produits. Enfin, l’autre originalité de ce nouveau label réside dans les coûts des démarches de certification, qui sont bien plus bas que ceux pratiqués notamment dans le système Fairtrade International, et qui sont fixés en fonction du nombre de producteurs évoluant au sein de l’organisation8. Créé par les producteurs des pays du Sud pour leurs propres besoins, ce nouveau label devrait contribuer à sensibiliser les populations latino-américaines au commerce équitable et favoriser l’appropriation de ce concept par les petits producteurs. Une nouvelle étape pour le développement du commerce équitable Sud-Sud.
Pour en savoir plus : http://clac-comerciojusto.org www.tusimbolo.org
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LA CORPORATION RELACC - RED LATINOAMERICANA DE COMERCIALIZACION COMUNITARIA
Artisane bolivienne d’Ayni Crédit : Ayni Bolivia
Le Réseau Latino-Américain de Commerce Communautaire (Red Latinoamericana de Comercialización Comunitaria - RELACC) est une organisation continentale qui associe des structures actives dans l’économie solidaire dans toute l’Amérique latine (pour la plupart des associations nationales de producteurs, de consommateurs et d’organismes de soutien) avec pour objectifs de «développer les valeurs et les principes de l’économie solidaire, de prendre en compte les besoins des publics marginalisés et de renforcer les pratiques solidaires dans le commerce.»9 Le RELACC, qui a son siège dans la capitale équatorienne Quito, permet à ses membres de mutualiser leurs besoins et d’y apporter des réponses partagées. Ainsi, l’organisation continentale organise des formations techniques, propose des services de conseil, anime des réseaux d’échanges, contribue au renforcement et au rayonnement de ses membres aux niveaux national et international. Parmi les réseaux impliqués, citons : REMECC au Mexique, REMACC Guatemala, COMAL au Honduras , CORDES au Salvador, RENICC au Nicaragua, PROCOSOL au Panama, REDCOM en Colombie , RELACC au Pérou, RENACC en Bolivie, MCCH (cf. page 34) et CORPROCE en Equateur et le FUNDECA au Paraguay. Officiellement reconnu par le gouvernement équatorien, le réseau RELACC est considéré aujourd’hui comme l’un des acteurs majeurs du commerce solidaire en Amérique latine, capable de peser de manière significative sur les politiques publiques relatives aux secteurs de production dans lesquels ses membres sont actifs (artisanat et agriculture essentiellement).
Pour en savoir plus : www.relacc.org
LA COORDINATION ÉQUATORIENNE DES PETITS PRODUCTEURS DU COMMERCE ÉQUITABLE (COORDINADORA ECUATORIANA DE PEQUENOS PRODUCTORES DE COMERCIO JUSTO -CECJ)
Producteur de bananes Fairtrade Crédit : Didier Gentilhomme / FLO
Créé en 2009 à Quito, La Coordination Equatorienne des Petits Producteurs du Commerce Equitable (Coordinadora Ecuatoriana de Pequenos Productores de Comercio Justo - CECJ) rassemble des organisations de petits producteurs certifiées avec pour objectifs de promouvoir ce mode d’échange solidaire auprès des milieux économiques et politiques équatoriens et d’être mieux représentés auprès des grandes organisations internationales du secteur (Fairtrade International, WFTO, etc.). L’association s’est en particulier fixée pour missions d’encourager les petites exploitations paysannes à rejoindre ce mouvement solidaire, de peser sur les débats de politique économique, de défendre les droits des petits exploitants opposés aux multinationales agricoles et de favoriser la consommation de produits équitables sur le marché national (commerce équitable Sud-Sud).
Pour en savoir plus : http://fairtradeinecuador.wordpress.com
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Producteur équitable - Crédit : Didier Gentilhomme / FLO
INITIATIVES DE COMMERCE ÉQUITABLE EN ÉQUATEUR Le commerce équitable en Equateur En nombre d’organisations certifiées, l’Equateur apparaît dans la moyenne des pays latino-américains (avec une quarantaine de groupements) mais ce qui caractérise le petit pays andin, c’est d’une part le nombre relativement important d’organisations affiliées à l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (12% de l’ensemble) et, d’autre part, la quantité très élevée d’organisations qui produisent ou commercialisent des produits nonalimentaires (en particulier les fleurs coupées). Ces activités occupent en effet près de 30% du secteur équitable équatorien alors qu’elles représentent moins de 5% en moyenne des activités certifiées dans les autres pays d’Amérique du Sud10. Aujourd’hui, dans le monde du commerce équitable (en particulier au sein des organisations certifiées Fairtrade), l’Equateur est reconnu comme l’un des pays leaders en Amérique latine dans trois grands secteurs d’activité : les herbes et épices, les fleurs et plantes et le quinoa (avec respectivement 100%, 91% et 25% des licences Fairtrade attribuées)11.
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Plantation de café à San Cristobal (Equateur)
- Crédit : Lindsay Clark / Think Global School
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Le commerce international du café est un des pires marché de matière première au monde. Vingt-cinq millions de producteurs, dans leur grande majorité très pauvres, répartis dans une soixantaine de pays, dépendent de l’évolution des cours, sans aucune capacité réelle d’influence sur le marché.
LE CAFÉ EN ÉQUATEUR Instabilité des marchés Plus de 50% de l’achat de café en grain et soluble est concentré dans les mains de quelques multinationales et le secteur connaît une surproduction endémique ainsi qu’une forte volatilité des prix dans le court terme12. Historiquement, cette situation d’instabilité est liée à la libéralisation du marché et à la fin de l’Accord International sur le Café, en 1989, qui fixait les prix et des quotas d’exportation par pays. Si certains pays, comme le Brésil, peuvent jouer sur des effets de volumes pour développer et structurer leurs filières nationales, d’autres nations historiques du café, souvent des petits pays (comme l’Equateur), ne peuvent accéder à ces effets de seuil pour assurer à leurs producteurs des perspectives de développement. La seule solution consiste alors à se spécialiser sur certains segments de marché.
Le déclin du café d’Equateur Le café fut introduit en Equateur au début du XIXème siècle et il est resté l’une des principaux produits d’exportation jusque dans les années 1970 avant d’être supplanté par la banane, le pétrole et la crevette. Depuis, ce secteur connaît une baisse régulière de sa production liée pour l’essentiel à la crise qui a affecté le marché dans les années 2000 et meurtri les populations et les structures de tous les pays producteurs. Le niveau de l’offre a alors largement dépassé la demande et on a assisté à une chute brutale des cours du café qui sont tombés, au début des années 2000, à leurs niveaux le plus bas jamais atteints. La Banque mondiale estime qu’à cette époque, les producteurs de café ont perdu 4,5 milliardspeu, de dollars par an en moyenne. Depuis l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (WFTO) développe En Amérique latine en de particulier, cette crise a entamé profondément finances son propre système certification, le WFTO Fairtrès Trade System (cf.des page 18). nationales largement dépendantes de leurs exportations de matières premières et les En tant que chapitre régional de l’organisation mondiale, COFTA (Cooperation gouvernements deAfrica ces pays ont été contraints procéder à coupes drastiques dans les for Fair Trade in - COFTA) pilote la de mise en place de cette nouvelle cerprogrammes sociaux et de lutte contre la pauvreté, au détriment de millions de familles tification dans le cadre de programmes expérimentaux initiés dans cinq pays de planteursdont de café. d’Afrique, l’Afrique du Sud. Confrontées à cette crise, les autorités publiques équatoriennes ont pris des décisions qui se sont révélées dramatiques. La création du Conseil National du Café (COFENAC) n’a pas donné lieu aux initiatives et au soutien attendus par les caféiculteurs équatoriens. Privilégiant une politique à courte vue, l’organisation nationale a notamment favorisé l’importation de milliers de tonnes de café vietnamien pour satisfaire les courtiers plutôt que d’investir dans une filière nationale dynamique et de rétribuer correctement les petits producteurs locaux. Pendant des années, les prix internationaux sont restés très bas (ils ont beaucoup remonté depuis), souvent en deçà même des coûts de production, ce qui a considérablement accéléré le déclin du secteur du café en Equateur qui représente actuellement moins de 1% de la production mondiale13.
Le WFTO Fair Trade System de l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable (WFTO) en Afrique du Sud
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Producteur FAPECAFES - Crédit : Didier Gentilhomme / FLO
PROCAP ET FAPECAFES, le café équitable d’Équateur S’organiser pour survivre Situées à la frontière avec le Pérou, les régions les plus méridionales de l’Equateur ont longtemps souffert des violences qui ont opposé le pays à son grand voisin et de l’exode rural qui a conduit des milliers de paysans à chercher du travail dans les zones d’agriculture intensive situées sur les côtes. Pourtant, ces terroirs d’altitude bénéficient de conditions favorables pour la caféiculture, que les politiques publiques et les acteurs du commerce conventionnel n’ont pas su mettre en valeur. En 1997, décidés à exploiter ce potentiel et à diminuer les effets de la crise, une trentaine de producteurs de la région de Puyango fondent l’organisation PROCAP (Producteurs de Café de Puyango) avec l’aide de l’ONG belge VECO (Vredeseilanden-Coopibo) qui leur apporte son appui technique et financier. Dès le lancement du projet, l’accent est mis sur l’amélioration de la qualité du café et la création de valeur-ajoutée. Les caféiculteurs de l’organisation apprennent alors le dépulpage et la fermentation contrôlée des grains et obtiennent ainsi un «café lavé» de haute qualité très différent du café brut d’autrefois. Avec le soutien de CEPICAFE, une coopérative péruvienne, la jeune organisation s’engage dans l’exportation au bénéfice des petits producteurs qui voient leur rémunération augmenter de manière significative, d’autant que le groupement de caféiculteurs s’oriente vers la production biologique et le commerce équitable. L’obtention de la double certification en 2001 constitue une étape importante dans l’histoire de l’organisation qui parvient alors à rémunérer ses producteurs deux à trois fois le prix payé par les intermédiaires locaux14.
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Convaincus de l’intérêt de s’organiser à chaque échelon des structures de production, la PROCAP soutient la création d’autres associations de producteurs avec lesquelles elle fonde la FAPECAFES, une fédération régionale de caféiculteurs qui obtient sa reconnaissance juridique en 2002 et regroupe aujourd’hui cinq structures de base (APECAM, APECAP, APEOSAE, PROCAFEQ et PROCAP). L’année suivante, l’organisation régionale obtient la certification Fairtrade qui bénéficie à l’ensemble des organisations qui l’ont instaurée.
La certification, le chemin de la qualité L’engagement de PROCAP et de FAPECAFES sur la voie du commerce équitable et de la production biologique est indissociable du travail que mènent ces organisations en faveur d’une amélioration continue de la qualité du café. Depuis le lancement de ces initiatives, des formations sont organisées pour les petits paysans qui reçoivent par ailleurs l’assistance d’ingénieurs spécialisés. Conjuguée à la rationalisation des process de production, l’adoption des techniques biologiques modernes a permis à ces organisations d’atteindre des niveaux de qualité et de rentabilité exceptionnellement élevés, de réduire leurs pertes et d’associer les plants de caféiers à des cultures secondaires (comme la canne à sucre ou la banane) qui offrent des perspectives de diversification intéressantes pour les familles des producteurs15.
La voie du développement A bien des égards, l’histoire de PROCAP et de FAPECAFES illustre les bienfaits du commerce équitable et de l’agriculture biologique. Confrontés à une crise majeure, des petits paysans du sud équatorien ont choisi de s’organiser, de miser sur la qualité et l’exportation et de valoriser leurs efforts et leurs engagements par la certification de leurs productions. Les bénéfices de ces investissements sont visibles sur le plan financier, mais aussi en termes social et environnemental. Région de Puyango - Crédit : Carlos Jumbo G.
Les partenariats commerciaux mis en place avec les acheteurs équitables ont en particulier permis aux petits paysans membres de ces organisations de surmonter la crise de 2000-2004 qui a jeté sur les routes des milliers de caféiculteurs ruinés par la chute des cours sur les marchés internationaux conventionnels. Les ressources générées par cette double certification ont en outre permis de renforcer les moyens des producteurs et d’instaurer des pratiques de culture, de collecte et de traitement grâce auxquelles ils commercialisent leur production sur des segments de marché beaucoup plus rémunérateurs (cafés gourmets et grands crus) et, surtout, à des prix garantis sur de longues périodes16. Au niveau social, la certification équitable de PROCAP puis de FAPECAFES a permis à ces structures de développer des services de microcrédit pour les familles membres et de les aider à officialiser leurs droits de propriété sur les parcelles qu’elles exploitent depuis toujours. Grâce aux primes équitables, des programmes d’accès aux soins de santé et aux services sociaux de base ont été lancés, des épiceries communautaires ont été créées et des infrastructures collectives ont été financées (achat d’ordinateurs, équipement de centres communautaires, etc.)17.
Enfin, ce modèle productif contribue à la reconstitution des couverts forestiers et des écosystèmes en associant des essences qui fertilisent et protègent naturellement les sols et qui offrent de multiples refuges aux espèces animales et végétales18.
Café d’Equateur - Crédit : Nicole Hennig
L’engagement des caféiculteurs de PROCAP et de FAPECAFES sur la voie du commerce équitable et de la production biologique a eu aussi des incidences significatives en termes de préservation des ressources naturelles. En effet, les systèmes de cultures mis en place reposent sur la conservation des grands arbres qui apportent de l’ombrage aux caféiers et entretiennent la fertilité des sols par la création d’une épaisse couche de feuilles et branches en décomposition sur le sol. Formées par des experts agricoles, les équipes de PROCAP et de FAPECAFES assurent un accompagnement continu des paysans, les conseillent dans le choix des intrants, la fabrication de compost, la lombriculture et la lutte préventive des parasites et maladies.
Pour en savoir plus : www.fapecafes.org.ec
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Légende : Manabi - Crédit : Rinaldo Wurglitsch
FECAFEM Du café aux arachides certifiées
Equateur, Manabí, FECAFEM La province de Manabí, au nord-est de l’Equateur, est exemplaire des difficultés que rencontrent les paysans des petits pays exportateurs de café. Dans cette région, l’une des plus pauvres du pays (44% de la population vit sous le seuil de pauvreté), les producteurs travaillent dans des exploitations de taille modeste (entre un et deux hectares) aux rendements plutôt bas. Les conditions climatiques sont difficiles (alternance de pluies diluviennes et de périodes de sécheresse) et les sols de ces terres semi-montagneuses sont affaiblis par l’érosion et la déforestation qui ronge la forêt tropicale. Pour faire face à cette situation, les caféiculteurs n’ont pas d’autres choix que de s’organiser pour mettre en commun leur ressources et s’engager dans des productions de qualité sur des marchés de niche. Ce constat est à l’origine de la création en 2004 de FECAFEM (Federación de Asociaciones Artesanales de Producción Cafetalera Ecológica de Manabí), une fédération de groupements de producteurs qui s’est fixée pour mission «d’améliorer les conditions de vie de ses membres par le renforcement des capacités techniques, organisationnelles et administratives des organisations (qu’elle fédère), par la mise en place d’alliances stratégiques et par le développement de la productivité, de la qualité et la commercialisation de ses produits sur des segments de marchés spéciaux.» Rapidement, l’organisation centrale s’est mise à pied d’œuvre et les premiers chantiers ont permis d’obtenir la certification biologique pour les planteurs des groupements membres.
Adaptation et diversification Rurale et montagneuse, la province de Manabí connaît une forte densité de population et un renouvellement rapide des générations. Or, les terres cultivables y sont rares et peu généreuses. Aussi, en termes de développement, les choix des acteurs locaux sont limités s’ils souhaitent éviter l’exode des jeunes vers les grandes villes et leurs banlieues misérables.
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Conscients de cette situation, les responsables de FECAFEM ont initié en 2009 un projet qui a pour objectif de valoriser les ressources agricoles de ses membres par la diversification de leurs cultures et le renforcement de leurs capacités commerciales. Ce programme vise clairement à augmenter les revenus des paysans de la province et à accroitre le potentiel de leurs exploitations. Il se compose de trois axes principaux. Le premier volet a pour objectif la production et la certification Fairtrade d’arachides biologiques et de produits dérivés (huile et beurre) qui seront transformés en Equateur (de manière à internaliser la plus grande part de la valeur ajoutée du produit fini). Pour ce faire, des groupes de travail préparent la certification (formalisation des procédures, mises aux normes, etc.) tandis que d’autres équipes se consacrent à la mise en place des systèmes de production avec des industriels équatoriens pour la fabrication de l’huile et du beurre d’arachide, prêts à l’exportation. En parallèle à ces activités de valorisation et de diversification, FECAFEM œuvre à la mise en place des outils financiers et administratifs grâce auxquels la fédération de Manabí pourra gérer ces nouvelles tâches. Des responsables locaux sont ainsi formés pour assurer la gestion et le suivi du système intégré de productionfabrication-commercialisation des denrées alimentaires équitables et biologiques produites par FECAFEM et ses membres. La diversification des cultures est un enjeu majeur pour les caféiculteurs membres de FECAFEM. Pour des raisons à la fois commerciales et agronomiques, le choix s’est porté sur les arachides qui présentent une forte compatibilité avec les caféiers. Cela n’en représente pas moins un tournant majeur pour les paysans des zones rurales de Manabí. Le troisième volet du projet consacre donc des moyens à cette question centrale. Ainsi, des formations sont organisées au bénéfice des producteurs qui reçoivent l’aide d’experts agronomes avec lesquels ils apprennent les différents cycles de rotation, la fabrication d’engrais naturels issus de ces déchets végétaux, etc.
«Le café fait partie de notre histoire, de notre culture et de nos vies. Ses arômes sont ceux de notre communauté, de notre peuples.» 18 FECAFEM
H orizons Ce projet, qui est soutenu par le Trade for Development Centre de la CTB, l’Agence belge de développement, est né des échanges que FECAFEM a eus avec Ethiquable à l’occasion desquels l’organisation équitable française s’est engagé à acheter l’huile et le beurre d’arachide équitable et biologique produit par FECAFEM. Des objectifs de production ont pu ainsi être définis qui prévoient en particulier l’exportation vers la France d’un conteneur d’arachides et de 60 000 unités de beurres à partir de 2012. Pression démographique, rendements agricoles moyens, conditions climatiques difficiles... les menaces qui pèsent sur les planteurs de café des zones rurales de la province de Manabí sont autant d’obstacles au développement de la région et à la sécurisation alimentaire des populations. Au-delà de la modernisation de la filière caféicole, ce programme que soutient la Belgique à travers son agence de développement s’inscrit dans le cadre d’une dynamique de stabilisation de la région et de lutte contre la pauvreté. En favorisant le développement de filières agroalimentaires certifiées, le projet aide les populations indigènes locales à vivre de leurs terres. C’est effectivement l’une des vocations du commerce équitable.
Une école de Manabi - Crédit : International Institutfor Communication and Development (IICD)
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Producteur de bananes d’El Guabo - Crédit : TransFair e.V.
EL GUABO, LA BANANE ÉQUITABLE D’ÉQUATEUR Aux origines Pendant des décennies, des années 1920 aux années 1950, le secteur de la production bananière était dominé par les multinationales états-uniennes (dont United Fruit, qui fut rebaptisée Chiquita depuis) qui contrôlaient l’ensemble des filières de production et de commercialisation en Amérique centrale et qui se sont rendues tristement célèbres pour leur soutien aux régimes militaires et aux milices armées qui réprimaient dans la violence les moindres velléités sociales. A partir des années 1950, elles s’implantent en Equateur et développent un nouveau modèle économique en se consacrant exclusivement à la commercialisation et en achetant leur production à des planteurs indépendants. Le secteur de la banane en Equateur connaît alors un développement d’autant plus rapide que la production cacaoyère est en crise, frappé par des maladies fongiques virulentes. Le climat de la côte pacifique du sud du pays est idéal pour les bananeraies qui bénéficient en outre de terres particulièrement fertiles. Cette croissance brutale de la production bananière atteint des niveaux tels qu’elle bouleverse le paysage démographique du pays et provoque, entre 1950 et 1970, le triplement de la population sur les zones côtières du pays19. Mais bien que la production demeure entre les mains des producteurs indépendants, les contraintes qu’imposent les multinationales qui contrôlent la commercialisation de la banane provoquent une lente mais certaine déstructuration du secteur. Remplacement des variétés traditionnelles par des espèces au rendement plus important, pressions sur la qualité, les prix et les volumes… les exigences des grandes compagnies nord-américaines poussent les grands propriétaires à s’unir pour créer d’immenses exploitations qui emploient des dizaines de milliers de travailleurs à des conditions inhumaines20. C’est ainsi qu’en quelques années, l’Equateur est devenu le premier producteur mondial de bananes.
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La révolte des petits Incapables de s’organiser en structures de taille suffisante ou d’investir dans les techniques de traitement et de conditionnement exigées par les grands acheteurs, les petits producteurs sont exclus de ce vaste mouvement de croissance. Sous peine de venir grossir les rangs des manœuvres qui peinent dans les grandes plantations comme des esclaves, ils n’ont d’autre choix que de vendre leurs productions à bas prix à des intermédiaires peu scrupuleux qui les achètent pour le compte des grands planteurs21. Confrontés à ces pressions commerciales et aux fluctuations brutales des prix sur les marchés, les petits producteurs voient alors leurs conditions de vie se dégrader douloureusement et leur avenir s’assombrir. C’est dans ce contexte difficile qu’en 1997, une quinzaine de petits planteurs décident de s’unir pour se renforcer et contrer les manœuvres des intermédiaires qui profitaient jusqu’alors de leur désunion pour leur imposer des prix très bas. Ensemble, ils fondent la coopérative El Guabo (Asociación de Pequeños Productores de Bananos) et s’engagent dans la certification de leur production, qu’ils obtiennent un an plus tard, en 1998 (Fairtrade).
Success story à la banane Aujourd’hui, El Guabo fait véritablement figure de héraut de l’agriculture équitable équatorienne. La coopérative, qui regroupe une vingtaine de groupements locaux et près de 500 producteurs, fait vivre directement ou indirectement plus de 2200 familles22. Elle est devenue le premier exportateur équatorien de bananes équitables. Depuis sa création, l’organisation a multiplié les choix stratégiques judicieux en développant un modèle économique et social performant, fondé notamment sur des investissements productifs importants et la maîtrise des flux de production-commercialisation. La coopérative assure en effet l’essentiel des activités mutualisables au profit des planteurs, depuis le contrôle-qualité des plantations jusqu’à la collecte et à l’acheminement des régimes de bananes vers les centres de tri qu’elle gère également. Les activités d’export (y compris la logistique) sont assurées par AgroFair, une société spécialisée créée conjointement par El Guabo et ses partenaires européens du commerce équitable23 (Solidaridad, CTM, Twin, Triodos). L’influence de l’organisation bananière dépasse largement le cercle des opérateurs du commerce équitable. En effet, celle-ci est devenue un acteur important du combat mené en faveur de la reconnaissance des droits sociaux des travailleurs sur les grandes plantations. Elle est en outre souvent amenée à représenter les petits producteurs auprès des décideurs politiques et des organisations internationales.
Banane équitable Crédit : Scott Chernis
En route vers la double certification Le développement rapide de la monoculture intensive de la banane a des conséquences néfastes sur l’environnement et la biodiversité. Pour répondre aux demandes des multinationales, les paysans utilisent des grandes quantités d’engrais chimiques pour maintenir la fertilité des sols jusqu’au jour où ceux-ci finissent par s’épuiser. Les grandes compagnies résilient alors leurs contrats et partent exploiter d’autres planteurs en laissant derrière elles des terres dévastées et des familles ruinées. Pour mettre fin à cette spirale de la déchéance, les responsables d’El Guabo encouragent depuis des années les petits producteurs à se convertir à l’agriculture biologique et à s’approprier ces techniques respectueuses de l’environnement (et de la santé des paysans). La coopérative bananière s’est donc engagée dans cette direction en intégrant des communautés de planteurs des versants andins (500 à 800 mètres d’altitude) qu’elle accompagne dans la mise en place de programmes de transition organique. Aujourd’hui, une partie des bananeraies de la coopérative est labellisée biologique et un programme plus large est en cours de réalisation pour la certification du plus grand nombre.
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Des conditions de vie et de travail bien meilleures La quasi-totalité de la production de la coopérative est exportée sur le marché du commerce équitable, aux Etats-Unis et en Europe, ce qui permet aux producteurs de bénéficier de prix plus élevés que ceux pratiqués sur le marché mondial, auxquels s’ajoutent les primes de développement équitable. Pour les bananes qui, en plus sont certifiées biologiques, le prix d’achat est d’environ 15% à 20% supérieur24. Les primes de développement sont gérées à travers le «Programme d’Amélioration Sociale et Environnementale» (PROMESA) par une équipe qui prépare les projets à financer avant qu’ils soient soumis pour validation à l’assemblée générale qui réunit les planteurs et les travailleurs de la coopérative. La liste des actions et des dispositifs d’ores et déjà mis en place pour favoriser le bien-être des paysans, des ouvriers et de leurs familles est éloquente et souligne l’importance que la coopérative accorde aux questions sociales. Ainsi, l’ensemble des travailleurs employés sur les plantations et dans les sites de transformation et de conditionnement bénéficient a minima de la couverture légale réglementaire et reçoivent en outre des paniers alimentaires ainsi qu’un soutien financier pour l’éducation de leurs enfants.
Producteurs El Guabo Crédit : Small farmers. Big change.
«Il y a quelques années, les petits producteurs étaient dépendants des intermédiaires à qui ils vendaient leur production, parfois à des prix vraiment bas, mais ils n’avaient pas le choix, le système est ainsi fait en Equateur. Les quelques producteurs qui ont fondé El Guabo avaient changé de région pour être libres de créer leur propre association. Aujourd’hui grâce au commerce équitable, tous les producteurs d’El Guabo sont aussi des exportateurs ! »26 Anibal Cabrera, producteur de bananes
Une part importante de ces ressources versées par les acheteurs du commerce équitable est utilisée pour soutenir des initiatives collectives en matière d’éducation (construction d’une école pour les enfants handicapés, attribution de bourses scolaires, financement de garderies et achat de matériel pédagogique) et de santé (création d’une clinique, programmes de vaccination infantile, achat de sérums antipoison, etc.)25. Dans un secteur encore marqué par des pratiques souvent condamnables, El Guabo s’illustre à la fois par la qualité de sa production et par son combat en faveur des droits des paysans et de leurs familles. «Alors que mes employés sont payés 50 $ environ par semaine pour 4 jours de travail, d’autres exploitants ne payent en général que 30 ou 35 $ pour 6 jours de travail... De plus, bien que la loi oblige les employeurs à affilier leurs salariés à une sécurité sociale, cela n’est pas toujours respecté. Avec le commerce équitable et le contrôle de Flo-Fairtrade, ce droit des travailleurs est respecté.» Teofil, producteur de bananes 27
Pour en savoir plus : www.agrofair.nl
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Women in Ecuador - Crédit : Presidencia de la República del Ecuador
JAMBI KIWA - FEMMES ET INDIGÈNES Héritage de l’Histoire, en Equateur, les questions de genre se mêlent étroitemnent aux questions ethniques. Sur les quelque 12,5 millions d’Équatoriens, plus de trois millions et demi sont des indigènes, qui se répartissent en onze ethnies, la principale étant l’ethnie quichua qui vit dans la région andine et en Amazonie. Aux inégalités hommes-femmes s’ajoutent des clivages ethniques et sociaux qui font qu’aujourd’hui, la situation des femmes blanches d’origine hispanique vivant en milieu urbain a peu à voir avec celles des femmes autochtones des zones les plus rurales du pays. Si les premières ont tiré profit des avancées majeures qui ont été intégrées à la nouvelle constitution adoptée en 2008, c’est beaucoup moins vrai pour les descendantes des premiers peuples du continent, ainsi que l’explique Rosa Rodríguez, spécialiste équatorienne des questions de développement et de genre : «Les femmes ont gagné des espaces de plus en plus importants pour créer des conditions d’égalité et développer une pleine participation à la vie économique, politique, sociale et culturelle du pays en construisant leur citoyenneté.» Mais cette avancée ne concerne pas encore la majorité des femmes autochtones du pays, estime-t-elle en ajoutant : «C’est un processus permanent d’exclusion; la situation des femmes indigènes a été marquée par une double discrimination, ethnique et sexuelle. C’est pourquoi les progrès dans la participation publique ne concernent pas encore la majorité des femmes.»28
Gardiennes des savoirs et des traditions ancestrales, les femmes indiennes autochtones en Equateur, comme celles d’origine africaine, commencent pourtant à s’exprimer, à s’organiser et à revendiquer leurs droits au sein de sociétés patriarcales et machistes. Longtemps, ces progrès ont été limités par la pauvreté et la misère mais, aujourd’hui, à la faveur de la croissance et du développement du pays, les questions de genre, de citoyenneté et d’égalité sont de plus en plus prises en compte.
Les années de lutte Pendant des siècles, la colonisation espagnole a privé les Indiens des Andes de leurs terres, les a condamnés au servage et au travail forcé dans les haciendas détenues et gérées par les grands propriétaires fonciers. Dans la région du Chimborazo où vivent les Indiens Puruha, ce système a perduré jusqu’au XXème siècle et résisté à toute tentative de réforme. Les indigènes y vivaient une sorte d’apartheid qui les excluait des principaux services publics (en particulier les écoles) et les traitait comme des êtres inférieurs. Il faudra attendre les années 1960 et l’engagement historique de l’évêque de Riobamba Monseigneur Proaño aux côtés des populations autochtones pour que s’engage un premier mouvement d’émancipation. Les communautés indiennes s’organisent et revendiquent leurs droits sur les terres où elles vivent. Ce n’est que dans les années 1990, après des décennies de luttes et de violences sociales, que ces demandes aboutissent et qu’une partie de ce patrimoine leur est restituée.
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Vies de femmes Les populations indigènes du Chimborazo ont récupéré certaines de leurs terres mais la pauvreté et la pression démographique et foncière sont telles que la plupart des hommes en âge de travailler quittent la région et vont dans les villes ou les grandes exploitations. Ils partent généralement après les labours et ne reviennent au village qu’au moment de la récolte. En leur absence, ce sont les femmes qui s’occupent des terres et des quelques animaux (cochons, moutons, etc.) qui les font vivre. C’est dans ce contexte qu’est née en 1999 l’association Jambi Kiwa avec pour objectif la création d’activités économiques nouvelles susceptibles d’enrayer la pauvreté endémique qui frappe ces familles, de réduire l’exode rural et de permettre à ces femmes de contribuer aux ressources de leurs communautés en valorisant leurs savoir-faire ancestraux29. Très vite, l’association de femmes s’engage dans la production et la commercialisation de plantes médicinales et d’herbes aromatiques. Activité traditionnelle des femmes indiennes, la culture de ces végétaux aux nombreuses vertus exige peu d’investissement (un petit jardin irrigué avec l’eau de consommation) et des travaux d’entretien relativement modestes pour celles qui en connaissent les secrets et se les transmettent de génération en génération.
Rosa Guaman
- Crédit : Alejo Cock
«En tant que femme, il était difficile pour moi de faire face aux grandes questions sociales, mais, grâce à l’association, j’y suis parvenue. J’ai été élue au conseil de la paroisse, le principal organe directeur de notre petite ville. Les gens m’ont soutenue, car ils ont vu que nous avons essayé de changer les choses avec notre organisation et qu’ils ont apprécié nos réalisations.» Rosa Guaman, Directrice exécutive de Jambi Kiwa30
Des marchés des Andes aux boutiques équitables Durant les premières années, les femmes de l’association vendent leurs mélanges savants (composés de plusieurs dizaines de plantes médicinales) sur les marchés des villages puis auprès des citadins équatoriens qui les apprécient énormément. Forte de ces succès, l’association décide d’améliorer et d’accroitre sa production. Les plantes (dont un grand nombre sont propres à la flore andine) sont associées entre elles et cultivées en terrasses sans aucune utilisation de produits chimiques. Le terreau est enrichi par des composts faits de résidus organiques mélangés au fumier des volailles et du petit bétail. Des vers de terre (élevés dans des casiers adaptés) transforment ce compost en un humus de qualité. L’initiative remporte un grand succès et, pour gérer cette croissance, l’association (qui compte alors près de 400 femmes) acquiert un bâtiment, avec l’aide du diocèse de Riobamba, où sont installés un séchoir et des hachoirs adéquats. L’organisation passe ainsi d’un mode de production artisanal à une petite industrie de fabrication de tisanes et de mélanges d’herbes destinés aux marchés locaux mais aussi aux boutiques de Quito, la capitale. En 2004, la production atteint les 10 tonnes de plantes séchées. Une nouvelle unité de transformation est alors construite et équipée de séchoirs plus performants et de hachoirs plus modernes. C’est à ce moment-là que l’Association obtient la certification du commerce équitable (Fairtrade) et commence à exporter sa production.
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Mieux vivre avec le commerce équitable Le développement des activités de Jambi Kiwa a eu un impact significatif sur la qualité de vie des femmes du Chimborazo et de leurs communautés. La vente de ces herbes médicinales, aromatiques et condimentaires a ainsi accru les ressources des familles de manière significative et l’intégration de la filière sur le territoire a en outre généré la création d’emplois nouveaux sur les sites de traitement et de conditionnement. Inspirée par le dynamisme de ses membres, la coopérative (qui a obtenu la certification biologique BCS Oko) s’est appropriée de nouvelles compétences en particulier en matière d’agriculture organique et de conseil aux productrices. En plus des programmes d’alphabétisation, des formations leur sont ainsi proposées sur des sujets tels que la rotation des plantations, les cultures associées, la fertilisation naturelle, la conservation des sols ou bien encore l’agroforesterie. Partagés entre les productrices, les nouveaux revenus générés ont contribué à réduire les migrations et à favoriser le maintien des familles sur leurs terres. Aujourd’hui, l’association compte près de 650 femmes et ses produits sont exportés en Europe, au Canada et aux Etats-Unis. Une nouvelle dynamique s’est ainsi mise en place qui a permis de favoriser la création d’infrastructures, l’ouverture d’écoles et la mise en place d’équipements communautaires. Tout cela, grâce aux femmes et à leurs savoirs.
Pour en savoir plus : www.jambikiwa.com www.ethiquable.coop
Tisanes de Jambi Kiwa - Crédit : Ben
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HOJA VERDE, ÉQUITABLE AU PAYS DES FLEURS Champion de la fleur équitable Avec près de 4 000 hectares de plantations dédiées à la floriculture, l’Equateur est l’un des premiers pays producteurs de fleurs coupées dans le monde (de roses en particulier). Cultivées dans des conditions climatiques et géologiques exceptionnelles sur les plateaux du «couloir interandin», ces fleurs sont exportées partout dans le monde. En croissance continue depuis les années 1990, ce secteur d’activité compte environ 700 entreprises qui emploient près de 70 000 personnes et en font vivre indirectement 250 00031. Ce développement de l’activité floricole traditionnelle s’est accompagné du lancement de plusieurs initiatives équitables dans le pays et, avec près d’une dizaine de groupements de producteurs certifiés Fairtrade (sur les onze recensés sur le continent), l’Equateur se place largement en tête des pays latinoaméricains sur ce marché32. Pourquoi des fleurs équitables Pour romantique qu’il puisse paraître de prime abord, le secteur de la floriculture conventionnelle est loin d’offrir de bonnes conditions de travail aux femmes et aux hommes
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qu’il emploie et son impact sur l’environnement est globalement mauvais. Au niveau social, de nombreuses dérives ont été signalées dans ces vastes plantations, en particulier en matière de travail des enfants, de rémunérations et de non-respect des horaires. Licenciements abusifs pour cause de maternité, salaires ridiculement bas, cadences infernales… les femmes, qui constituent l’essentiel de la main d’œuvre dans ce secteur, sont particulièrement exposées à ces abus. Sur le plan environnemental, les grandes exploitations floricoles sont connues pour leur emploi massif de produits chimiques, dont certains sont hautement toxiques et menacent la santé des travailleuses et des travailleurs33. Ce constat est à l’origine de la création en 2001-2002 par Fairtrade International d’une norme-produit équitable spécifiquement conçue pour la floriculture. Pour obtenir ce label, les fermes de fleurs s’engagent à respecter un certain nombre de règles sociales et environnementales dont certaines sont spécifiques à la production floricole (en particulier en ce qui concerne le droit d’association, le travail des femmes et la protection des salariés exposés aux produits agrochimiques)34.
Hoja Verde, familial et solidaire Située dans la vallée de Cayambe-Ecuador, la coopérative familiale Hoja Verde SA fait partie de la dizaine d’organisations floricoles équatoriennes certifiées Fairtrade. Depuis sa création en 1997, la société qui propose une soixantaine de variétés de roses, se distingue par son attachement aux conditions de travail de ses employé(e)s et par l’étendue de ses engagements au regard des normes environnementales internationales (Fairtrade Label, Flower Label Program FLP, Euregap, Flor del Ecuador, et ISO 9001 / 2000). Les moyens mobilisés sont remarquablement importants et ont permis de financer plusieurs initiatives sociales qui ont contribué à l’amélioration concrète des conditions de vie des travailleurs et de leurs communautés. Un programme de microcrédit a ainsi été mis en place grâce aux primes du commerce équitable avec en particulier pour objectif de soutenir les travailleurs de la coopérative qui souhaitent acquérir une maison ou un terrain. Depuis son lancement en 2007, près de 250 000 dollars américains ont ainsi été mis à disposition des familles des employés grâce à ce programme. Les questions sanitaires font aussi partie des priorités sociales de l’entreprise qui finance des services médicaux pour les
travailleurs et leurs proches (services de pédiatrie gratuits, remboursement des soins et campagne de vaccination infantile). Enfin, c’est dans le domaine de l’accès à l’éducation que les efforts d’Hora Verde en faveur des communautés locales sont aussi visibles. Grâce aux primes qu’elle reçoit des acheteurs de la filière équitable pour ses roses certifiées, la coopérative est aujourd’hui l’un des principaux financeurs de l’école Convenio Escuela Nasacota Puento qui accueille plus de 380 enfants dont ceux des travailleurs agricoles (mais pas seulement). Le soutien de la coopérative a notamment permis l’acquisition de matériel scolaire, de livres et d’ordinateurs et la mise en place de cours informatiques pour tous les élèves35. Belles et équitables, ces roses sont plus resplendissantes que les autres.
Pour en savoir plus : www.hojaverde.com.ec
«Posséder une maison est le rêve pour une famille et nous avons pu le faire grâce au commerce équitable. Avant, nous payions un loyer et nous n’avions plus d’argent pour payer l’école des enfants. Maintenant, nous économisons des loyers et nous pouvons financer la scolarité de nos enfants.» Silvia Sanchez et Aladino Vera, travailleurs chez Hoja Verde36
33 Roses certifiées Fairtrade - Crédit : Ecuador Fair Trade Association
MAQUITA CUSHUNCHIC COMERCIALIZANDO COMO HERMANOS (MCCH), LES PIONNIERS DE L’ARTISANAT EQUITABLE Créer pour survivre
Développement global
En Equateur, comme dans de nombreux pays d’Amérique latine et d’Afrique, l’artisanat traditionnel constitue l’une des principales sources de revenus pour les populations indigènes rurales et les familles pauvres des zones urbaines. Dans les campagnes, la production artisanale représente un complément de ressources important pour les communautés paysannes dont les productions agricoles sont soumises aux aléas des marchés et des conditions climatiques. La plupart du temps, ce sont les femmes qui développent ces activités et créent ces bijoux, paniers, broderies, céramiques ou instruments de musique. Les recettes générées sont prioritairement affectées à l’éducation, à la santé et aux besoins quotidiens de la famille.
Certifiée Fairtrade et membre de l’Organisation Mondiale du Commerce Equitable, Maquita Cushunchic est aujourd’hui considérée comme une référence parmi les organisations équitables d’Amérique latine et ce, pour plusieurs raisons. Ce qui frappe, en premier lieu, c’est l’étendue de ce réseau solidaire national et son aptitude à organiser et à animer des filières sur plusieurs niveaux avec pour préoccupation principale d’aider des milliers de familles défavorisées aux quatre coins du pays à vivre dans la dignité et à bénéficier de revenus humainement corrects. Mis en place avec le temps, ce mode de fonctionnement a contribué à positionner MCCH comme l’une des organisations les plus en pointe sur les questions de commerce équitable Sud-Sud. Or, la promotion des échanges et des pratiques équitables au sein même des pays en développement ou au niveau régional sur l’Amérique latine est considérée comme l’une des voies privilégiées pour une appropriation durable de ce modèle économique au sein de ces sociétés. Il convient, en outre, de souligner la multiplicité des initiatives économiques mais aussi politiques et culturelles mises en œuvre par MCCH. En effet, non contente d’être à l’origine de la création du Réseau Latino-Américain de Commerce Communautaire (RELACC - cf. page 18), la fondation Maquita Cushunchic a contribué à fonder une université d’économie sociale et solidaire où sont délivrées des formations à destination des animateurs des groupements locaux37. Enfin, ce que relèvent les nombreuses organisations internationales qui s’intéressent à la fondation MCCH, c’est sa capacité de diversification et le nombre des secteurs d’activité au sein desquels l’organisation s’est investie avec succès. A titre d’exemple, la fondation équatorienne fait aujourd’hui figure de pilote en matière de tourisme équitable. Fondé en 1993, le Maquita Cushunchic Tour Operator propose ainsi une large gamme de formules touristiques conçues pour promouvoir le patrimoine naturel et culturel exceptionnel du pays, découvrir les coopératives de travailleurs et valoriser les productions de ces artisans en fournissant des emplois et des formations aux populations des communautés défavorisées38. Forte de ces expériences, de la richesse de son réseau et de ses nombreux succès, la fondation Maquita Cushunchic Comercialisando como Hermanos est devenue l’un des opérateurs majeurs de l’économie solidaire sur le continent sud-américain et son influence est telle aujourd’hui que ses interventions dans le débat public sont écoutées avec attention par les décideurs politiques.
Spirituel et solidaire Créé en 1985 à l’initiative d’un groupe de femmes de Quito soutenues par l’Association des Communautés Ecclésiastiques de base (CEBs), la fondation Maquita Cushunchic Comercialisando como Hermanos (expression mi-quechua, mi-espagnole qui signifie «Main dans la main pour un commerce entre frères») fait figure de pionnière dans le paysage équitable équatorien. A ses débuts, cette initiative avait pour vocation première le développement de boutiques de troc où les femmes des communautés indigènes pouvaient vendre ou échanger leur production artisanale ou les fruits et légumes qu’elles cultivaient sur leurs petites parcelles. Au sein de ces magasins communautaires, les familles les plus démunies pouvaient s’approvisionner en produits de première nécessité. Progressivement, ce réseau s’est étendu aux autres régions pour devenir l’une des organisations commerciales solidaires les plus actives du pays. Aujourd’hui, MCCH fait office de plateforme de services pour les petits artisans qui bénéficient d’un accompagnement technique (et spirituel), de formations et de conseil. Les créations de ces femmes et de ces hommes sont vendues au sein des quelque 400 boutiques que gère l’organisation centrale mais aussi via les filières équitables en Europe et aux Etats-Unis. Avec les années, l’architecture globale du réseau a été modernisée et restructurée avec la création d’une centaine de groupements locaux qui apportent leur soutien aux quelques 5200 artisans qui confient leur production à MCCH aux conditions du commerce équitable. La fondation préfinance à hauteur de 50% les ventes de ces milliers d’artisan(e)s qui peuvent ainsi investir dans de nouveaux matériaux et outils et qui évitent ainsi d’être exploités par des intermédiaires peu scrupuleux.
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Pour en savoir plus : www.fundmcch.com.ec
Mangrove équatorienne - Crédit : Magnus von Koeller
BIOCENTINELA, LA CREVETTE BIO ET ÉQUITABLE La crevetticulture et les malheurs de la mangrove Les côtes équatoriennes jouissent de conditions exceptionnelles pour la pêche et l’aquaculture et ce, grâce notamment aux courants marins froids qui attirent de nombreuses espèces marines dans ces eaux. Cette situation est à l’origine du développement de projets d’aquaculture importants, et plus particulièrement de la crevetticulture qui a connu une croissance exceptionnelle en Equateur, faisant du pays l’un des premiers producteurs mondiaux. Mais l’élevage industriel de la crevette est une activité qui a des conséquences nocives sur l’environnement, en particulier sur la mangrove, un milieu naturel constitué de l’enchevêtrement de dizaines d’espèces d’arbres et d’arbustes tropicaux et subtropicaux qui poussent sur les côtes entre terre et mer. Ecosystème extrêmement riche, la mangrove fait office d’habitat naturel pour des centaines d’espèces marines. Qui plus est, elle remplit des fonctions essentielles pour la protection des littoraux en contribuant au dessalement de l’eau de mer qui arrive au continent et irrigue les terres agricoles sur les plaines côtières39. Or, depuis l’expansion de l’industrie crevetticole dans les années 1970, des milliers d’hectares de bassins d’élevage de crevettes (illégaux la plupart du temps) ont été creusés sur les côtes, provoquant la destruction de la mangrove sur des centaines de kilomètres. Une étude réalisée en 2000 révélait que 254 503 hectares, soit 70 % de la mangrove originelle, avaient été rasés par l’industrie crevettière40. La voie biologique En mai 1999, une épidémie ravage une très grande partie des fermes creveticolles équatoriennes. Parti d’Esmeraldas, le virus du syndrome des taches blanches se propage rapidement aux autres provinces côtières ou la crevette est cultivée, avec des effets désastreux sur l’ensemble de l’économie nationale, notamment en termes d’emploi41. Comme tant d’autres, la société crevetticole BioCentinela est durement touchée par le fléau, mais contrairement à la plupart des acteurs de la filière, l’entreprise de Punta Centinela choisit ce moment de crise pour s’engager dans une transition vers la production biologique.
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C’est une voie difficile qu’emprunte la société créée en 1989 et il faudra trois ans de travail et d’efforts pour obtenir la certification biologique finalement délivrée le 26 août 2002 par l’agence de certification allemande Naturland, l’un des plus importants organismes de labellisation bio. L’entreprise équatorienne devient ainsi la première organisation de production de larves de crevettes blanches (litopenaeus vannamei) certifiée biologique dans le monde. Après des années difficiles, les bénéfices économiques de cette certification se concrétisent et la production de crevette biologique de BioCentinela connaît une croissance rapide. Les cinquante familles qui exploitent les trois cents hectares de fermes creveticolles voient leurs revenus augmenter sensiblement. L’engagement de BioCentinela vers la production biologique n’est pas qu’un pari commercial réussi. En effet, les fondateurs de la société inscrivent ce mouvement dans le cadre d’une démarche environnementaliste et humaniste forte. Clairement affirmé, le projet global de l’entreprise vise à «développer la commercialisation de produits aquacoles biologiques (…) par la mise en œuvre de partenariat avec les petits et moyens producteurs, la régénération et la conservation de l’environnement, le soutien au développement et au traitement équitable de tous ceux qui participent au processus.»42 Dans les années qui suivent, la société équatorienne poursuit ce mouvement vers une production durable et solidaire. En 2005, elle se voit remettre le label Best Aquaculture Practice, et, en 2008, elle obtient trois autres certifications, biologiques (BioSuisse et Soil Association) et équitable (Fair for life) et se positionne comme l’un des leaders incontournables de la crevette biologique et équitable. Les systèmes de production mis en place pour solliciter ces certifications respectent les cycles naturels de maturation et de croissance des crevettes élevées dans de grands bassins pendant 45 à 90 jours (en fonction de leurs tailles) avant d’être transformées et conditionnées dans l’usine mise aux normes pour répondre aux exigences de qualité et d’hygiène des certificateurs et des grands importateurs américains et européens. Composée de blé, de soja et de farine de poisson, l’alimentation des crevettes est, elle aussi, certifiée biologique.
Protéger l’environnement avec la crevette biologique La mise en place de systèmes de production biologique a un impact significatif sur l’environnement. Convaincus de l’importance de «bâtir un modèle économique d’aquaculture durable sur des fondements éthiques, environnementaux et économiques solides»43, les responsables de BioCentinela ont adopté des techniques de crevetticulture qui respectent la biodiversité locale en n’affectant pas les stocks naturels (pas de prélèvements de larves sauvages). En matière de reforestation aussi, les actions menées par les équipes et les petits producteurs fournisseurs de BioCentinela sont remarquables. Ainsi, sur les recommandations de Naturland (et selon ses normes), des programmes de revitalisation et de protection de la mangrove ont été mis en place pour favoriser le retour et le développement des espèces végétales et animales (marines en particulier) sur les côtes protégées autour des fermes des producteurs de BioCentinela.
Aux côtés des communautés locales L’engagement vertueux de BioCentinela s’étend aux populations locales qui vivent au voisinage des sites de culture. L’entreprise contribue en particulier au développement économique et à l’amélioration des conditions de vie des communautés environnantes, en particulier sur Isla Puna, une île près des côtes où sont installées certaines des fermes à crevettes de l’entreprise. Pour ce faire, BioCentinela a initié un programme de formation et de recrutement destiné à ces communautés pauvres. De plus, l’entreprise bio-équitable leur apporte son soutien par le développement d’activités commerciales et la mise en œuvre de projets durables.
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Pour un monde plus bio Forte de son statut de pionnier, de son expérience et de ses succès techniques et commerciaux, l’entreprise équatorienne multi-certifiée s’affirme comme un opérateur important dans le monde de la production biologique. Très attachée aux questions environnementales et sociales, BioCentinela participe en effet à plusieurs programmes internationaux visant à promouvoir et à développer l’aquaculture durable et biologique. Elle est ainsi depuis 2005 l’un des acteurs équatoriens du programme «Opportunités Mondiales dans les Fermes Biologiques» (WWOOF - World Wide Opportunities on Organic Farms) qui met en réseau des producteurs, des bénévoles et des organisations spécialisées. A ce titre, l’entreprise équatorienne a accueilli à plusieurs reprises des jeunes étudiants et entrepreneurs venus visiter ses installations et se former aux techniques de la crevetticulture biologique.
Pour en savoir plus : www.biocentinela.com http://biocentinela.blogspot.com www.wwoof.org
Crevettes blanches (Litopenaeus vannamei) - Crédit : Snaps by Twinkle
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Cabosses de cacao - CrĂŠdit : Didier Gentilhomme
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LES INITIATIVES DE COMMERCE DURABLE EN ÉQUATEUR
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Entre développement humain, croissance économique et préservation des ressources naturelles, l’Equateur est soumis, comme de nombreux autres pays en développement, à des tensions contradictoires fortes. Avec près de 50 % des 15 millions d’habitants qui vivent sous le seuil de pauvreté, l’Etat considère (à juste titre) l’accroissement du niveau de vie global de sa population comme une priorité. Mais l’économie équatorienne est une économie de ressources et l’exploitation de ces matières premières génère des coûts environnementaux importants, alors même que le pays est particulièrement exposé aux conséquences des dérèglements écologiques.
Une économie corrosive
Contamination au pétrole - Crédit : Caroline Bennett / Rainforest Action Network
Parmi les causes de ces dégradations majeures, on trouve en premier lieu l’industrie pétrolière qui a provoqué, depuis son développement au début du XXème siècle, des dégâts énormes sur l’environnement et la biodiversité en Equateur. Près d’un million et demi d’hectares de terres ont déjà été détruits par le secteur pétrolier que l’on estime en outre responsable de contaminations chimiques multiples, de l’extinction d’espèces animales et d’empoisonnement des populations indigènes44. Ces dernières sont d’ailleurs à l’origine de plusieurs procès contre les multinationales pétrolières qu’elles accusent de dommages écologiques majeurs et de «dégradation et destruction de leurs conditions de vie.»45
«L’ère pétrolière a généré un désastre environnemental et social en Équateur. De nombreux impacts sanitaires ont récemment été démontrés». 18 José Gualinga, représentant du peuple Kichwa d’Amazonie Équatorienne46
Contamination au pétrole - Crédit : Caroline Bennett / Rainforest Action Network
Le secteur pétrolier n’est pas le seul responsable de cette situation écologique difficile que connaît l’Equateur. L’agriculture conventionnelle aussi a contribué à la dégradation massive de l’environnement. Abus de pesticides, contamination des eaux, déforestation,… les techniques agricoles utilisées par les paysans ont des effets dévastateurs sur le patrimoine naturel du pays et entrainent «une désertification des sols, ces derniers n’étant plus fertiles et donc ni propices à l’agriculture. Au bout de la ligne, l’agriculture intensive sur les sols équatoriens, quoique efficace à court terme, appauvrit les sols à long terme.»47 Mouvement naturel Les évolutions de ces dernières années laissent entrevoir l’émergence d’une dynamique nouvelle et d’une plus grande sensibilité de la population et du pouvoir équatorien à ces questions. On voit ainsi se multiplier les mouvements populaires (souvent d’origine indigène) hostiles aux pratiques éco-destructrices et favorables à une prise en compte plus importante des droits des communautés rurales et au respect de ce qu’elles estiment être leur patrimoine naturel. Renforcées par une audience médiatique mondiale, des voix s’élèvent en Equateur pour inscrire le développement économique du pays dans une pensée plus attentive aux traditions indiennes du pays qui accordent à la nature une importance fondamentale, au niveau écologique mais aussi culturel, spirituel et social. Cette prise de conscience est aussi perceptible au niveau de l’Etat équatorien, en particulier depuis l’élection à la présidence de Rafael Correa, au point que certains parlent d’un modèle «bio-socialiste»48 caractérisé par la prise en compte des besoins sociaux et la reconnaissance de l’importance conférée à la biodiversité.
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Grenouille (Phyllomedusa Vaillantii) du Parc de Yasuni - Crédit : Geoff Gallice
L’ÉTAT ÉQUATORIEN PRÊTÀ RENONCER AU PÉTROLE D’AMAZONIE En 2009, le gouvernement d’Equateur a annoncé son intention de renoncer à l’exploitation des nappes de pétrole situées en Amazonie dans le Parc de Yasuni, une réserve naturelle d’une richesse exceptionnelle en termes de biodiversité, en échange du soutien financier des pays industrialisés. Cette initiative originale permettrait de protéger durablement une zone de 950 000 hectares de forêt amazonienne (classée par l’UNESCO la plus grande réserve de la biosphère mondiale), dans les sous-sols desquels gisent près de 850 millions de barils de pétrole, et pourrait épargner le rejet de 410 millions de tonnes de CO2 dans l’atmosphère. Depuis, le projet a reçu le soutien de nombreuses organisations mais peu de pays ont réagi à cette proposition, à l’exception notable de l’Allemagne (qui s’est engagée pour 50 millions de dollars par an), de la Belgique, de l’Espagne, de la Hongrie, de la Norvège, de la Suisse et de la France. Pourtant, il y urgence. En effet, ces derniers mois, plusieurs puits de pétrole ont été mis en activité avec pour conséquences des rejets de résidus écotoxiques dans le parc naturel 49.
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AGROFORESTERIE ET TOURISME DURABLE EN ÉQUATEUR LE COMMERCE DURABLE, C’EST QUOI ? L’Institut International pour l’Environnement et le Développement a défini ainsi le commerce durable en 2000 : Le commerce durable prend place lorsque les échanges internationaux de biens et de services génèrent des bénéfices sociaux, économiques et environnementaux en conformité avec les quatre principes fondamentaux du développement durable :
1. Il crée de la valeur économique. 2. Il réduit la pauvreté et l’inégalité. 3. Il régénère les ressources environnementales. 4. Il est mené dans le cadre d’une gouvernance caractérisée par l’ouverture, la transparence et l’imputabilité.
Le commerce équitable et le bio sont des modèles spécifiques de commerce durable.
RAINFOREST ALLIANCE, LE CACAO DURABLE D’ÉQUATEUR Les cacaoyers ont une durée de vie relativement courte et s’épanouissent sous la canopée, dans l’ombre des grands arbres dans les zones intertropicales. Or, les exigences de la culture extensive et la dégradation des couverts forestiers (qui génèrent les matières organiques naturelles nécessaires à la croissance des cacaoyers) poussent les planteurs à recourir à des solutions chimiques de substitution50.
De nombreux agriculteurs détruisent ainsi la forêt pour exploiter de nouvelles terres et cultiver le cacao de manière plus intense sans arbres d’ombrage. Si elle offre de meilleurs rendements à court terme, cette manière de faire ne convient qu’aux plants hybrides qui remplacent de plus en plus les variétés indigènes de cacaoyers.
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Cabosse de cacao certifié - Crédit : Didier Gentilhomme
Et, ainsi que le souligne André Deberdt, l’un des pionniers du cacao bio-équitable, «sans arbres d’ombrage, il y a des déséquilibres, donc des insectes, que l’on traite, etc. Et c’est alors le cycle infernal de la chimie. Et puis il y a des traitements sur le stockage de la fève. L’un d’entre eux se fait avec du phosphore d’alumine, pour éliminer les insectes. Il supprime l’oxygène ambiant, et rend donc impossible toute vie. Il ne laisse pas de traces sur les fèves, mais est dangereux pour l’homme.»51
Malheureusement, ces espèces hybrides requièrent l’application de produits chimiques et se cultivent à découvert, ce qui provoque de nouveaux déboisements et une augmentation de l’érosion des sols et des écoulements, réduisant la fertilité des terres et contribuant à la contamination de l’eau et aux problèmes de santé52.
Rainforest Alliance Pour inverser cette tendance et permettre aux paysans d’exploiter leurs plantations sans sombrer dans ces pratiques dangereuses pour l’environnement et les populations, les initiatives de culture et de commerce durable se multiplient, en particulier en Equateur. En la matière, l’un des principaux programmes est celui de Rainforest Alliance. Depuis 1987, cette ONG reconnue internationalement développe des programmes de certification de projets d’agriculture et d’agroforesterie durable dans le monde entier (en particulier dans les pays en développement) avec pour objectifs de préserver la biodiversité et d’assurer des moyens de subsistance durables aux populations en modifiant les techniques agricoles, les pratiques commerciales et le comportement des consommateurs. L’ONG collabore avec des professionnels de l’agriculture, de la sylviculture et du tourisme sur tous les continents afin de mettre en place des systèmes agricoles productifs et responsables qui assurent le développement des communautés locales tout en protégeant la biodiversité, l’eau, les sols, les habitats naturels et les écosystèmes. Elaboré sur base de la Norme pour l’Agriculture Durable du SAN (Sustainable Agriculture Network - conçue par une coalition internationale d’associations indépendantes), le programme de certification de Rainforest Alliance évalue les exploitations agricoles ou forestières sur la base de critères environnementaux, sociaux et économiques53. En s’engageant aux cotés de Rainforest Alliance, les communautés paysannes participent également à la protection des espèces animales et végétales et de leurs habitats qui se trouvent à l’intérieur et autour des plantations. Mais cette certification permet aussi aux producteurs de gagner en rentabilité et de renforcer leur pouvoir de négociation commerciale vis-à-vis des acheteurs internationaux.
Le cacao durable d’Equateur En matière de cacao durable, l’Equateur figure à nouveau parmi les pionniers. C’est en effet dans ce pays que Rainforest Alliance a lancé en 1997 son premier programme de certification des plantations cacaoyères. L’ONG travaille ainsi depuis des années avec des groupements de producteurs pour les accompagner dans la mise en place des techniques de culture durable, en particulier sous la canopée équatoriale. L’objectif de ces programmes est clairement d’enrayer la déforestation, de réduire l’utilisation de produits agrochimiques et de protéger les habitats naturels de la faune et de la flore tout en soutenant des projets communautaires et en travaillant sur l’amélioration de la qualité du cacao grâce à une meilleure gestion après récolte. En Equateur, Rainforest Alliance s’est associée à l’ONG équatorienne Conservacion y Desarrollo (Conservation et Développement), avec pour objectif spécifique de restaurer l’héritage du cacao originaire d’Equateur. Grâce au soutien de l’Agence de Développement Allemande GTZ et d’autres donateurs (dont la multinationale Kraft Foods), plus de 3 000 producteurs de cacao dans six communautés «ont renforcé leurs organisations, amélioré leurs méthodes de production, modernisé leur technologie de séchage et de fermentation et vendu leur cacao certifié Rainforest Alliance à un prix premium.»54 Dans le cadre de ces dispositifs d’incitation à la reprise des pratiques traditionnelles (qui étaient en forte baisse depuis l’introduction des plantes hybrides cultivées en plein soleil), les producteurs équatoriens ont appris à correctement classer, sécher et fermenter les fèves de cacao en utilisant les installations de traitement collectives. L’adoption de ces techniques réduit en effet le nombre de fèves abîmées ou pourries tout en préservant les propriétés anti-oxydantes du chocolat ainsi que sa teneur en potassium. En séchant ainsi leur cacao au soleil plutôt que d’utiliser des séchoirs à gaz et en vendant leurs produits au travers de coopératives, ces agriculteurs ont à la fois augmenté leur production et baissé leurs coûts, améliorant ainsi leurs revenus et les conditions de vie de leurs familles55.
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Pingouins des Galápagos (Equateur) - Crédit : James Preston
TOURISME DURABLE AUX GALAPAGOS Pourquoi un tourisme durable Avec près de 12% du PIB mondial et environ 200 millions de travailleurs, le tourisme est l’un des secteurs les plus importants de l’économie globalisée et aussi l’un de ceux qui connaît une des croissances les plus soutenues. Cet essor est particulièrement visibles dans les pays du Sud, destinations ensoleillées prisées par les occidentaux. Pour autant, les populations de ces pays profitent peu de cette manne qui bénéficie avant tout aux opérateurs de l’industrie touristique (compagnies aériennes, tours opérateurs, chaînes hôtelières,…) alors même que les activités sur place se développent souvent au détriment du bien-être des communautés locales (hyper-concentration des infrastructures, dégradation de l’environnement, emplois précaires, travail des enfants, mendicité infantile, prostitution…)56. Le tourisme équitable et durable propose des réponses réfléchies et pertinentes à ces problématiques. En voici une définition : «Le tourisme équitable et durable se réfère aux notions fondatrices du commerce équitable et s’appuie sur une organisation juste et contrôlée de toute la chaîne de production. Il garantit ainsi le réinvestissement des bénéfices dans le développement local de la région. Trois notions majeures sous-tendent le principe du développement durable : l’écologie, l’économie et l’éthique. Le tourisme équitable et durable s’appuie sur ce triptyque en tant qu’il participe au développement à long terme dans l’écologie, l’économie et le respect des pays d’accueil.»57
L’archipel des Galápagos, un paradis fragile Subdivision territoriale de l’Equateur depuis 1832, l’archipel des Galápagos se compose de 19 îles, de 42 îlots et d’une myriade de récifs, couvrant une zone marine de quelque 60 000 km carrés. Lors de son célèbre périple à bord du Beagle, Charles Darwin s’arrêta plusieurs semaines sur ces terre volcaniques pour en étudier la faune et la flore. Les observations qu’il en tira lui permirent d’élaborer ses célèbres théories relatives à l’origine et l’évolution des espèces. Premier site naturel inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO (en 1978), l’archipel des Galápagos est un paradis absolument unique en termes de biodiversité.
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On y a dénombré des centaines de plantes rares, une soixantaine d’espèces d’oiseaux dont 28 n’existent que sur l’archipel (albatros, manchots, cormorans aptères, pingouins et pinsons de Darwin) ainsi qu’un peu plus de 1600 espèces différentes d’invertébrés (araignées, crabes, coquillages). Les eaux qui bordent ces récifs sont elles aussi d’une exceptionnelle richesse (plus de trois cents types de poissons, des baleines, des dauphins, des otaries et des requins) et l’on trouve sur ces îles de très nombreux reptiles endémiques dont l’iguane marin, le seul lézard aquatique connu, et bien entendu, les fameuses tortues géantes qui sont probablement les habitants les plus connus de l’archipel. Aujourd’hui, en dépit des efforts des autorités, de nombreux périls menacent ces trésors. Tourisme de masse, pêche illégale (des requins en particulier), immigration non-contrôlée, invasion des habitats par des espèces domestiques importées (les chèvres notamment)… le gouvernement et les organisations qui l’assistent dans cette mission (dont la Fondation Darwin) peinent à trouver un juste équilibre entre préservation et développement.
Un label de tourisme durable équatorien
Initiative équatorienne, le programme Smart Voyager a reçu le soutien d’organisations importantes (USAID, City Bank, Rainforest Alliance, etc.) grâce auquel des campagnes de sensibilisation ont été mises en œuvre et des systèmes d’assistance technique aux opérateurs ont été déployés en Equateur et dans d’autres pays latino-américains dans le cadre du Réseau de Certification de Tourisme Durable des Amériques (Sustainable Tourism Certification Network of the Americas).
Plusieurs projets touristiques ont été certifiés sur l’archipel des Galápagos. Le Royal Palm Hotel, l’un des établissements les plus prestigieux (cinq étoiles) de l’île de Santa Cruz, fait partie de ces sites qui ont obtenu le précieux label durable. Pour ce faire, ses fondateurs ont intégré des aménagements spécifiques au projet, ainsi que l’explique son directeur : «En tant qu’hôtel de luxe, nous pensons avoir un rôle à jouer. Le Royal Palm Hotel a été construit dans un souci constant d’adaptation au paysage et de respect de l’environnement. Nous avons mis en place un système de traitement des eaux et de recyclage de déchets, les bâtiments ont été étudiés pour mieux laisser filtrer la lumière du jour et nous avons reboisé le terrain avec des espèces endémiques. Toutes ces mesures nous ont permis d’obtenir en mars 2007 le label Smart Voyager. Bien sûr, cette certification n’a pas pour nous l’impact commercial que peut avoir notre élection parmi les Leading Small Hôtel of the World mais nous considérons, surtout ici aux Galápagos, que c’est un gage supplémentaire de qualité.»58 Le mobilier et les décorations des 17 chambres et suites de l’hôtel proviennent de l’artisanat équatorien traditionnel auquel l’établissement consacre une place importante, avec une boutique, un espace muséographique et une galerie d’art où sont présentés les créations et les œuvres des artisans locaux. Les cinq cents hectares de forêt tropicale qui bordent l’hôtel sont soigneusement entretenus et préservés grâce notamment aux partenariats que l’établissement de prestige a noués dans le cadre de sa certification.
Pour en savoir plus : www.smartvoyager.org www.royalpalmgalapagos.com
Plage de Santa Cruz aux Galápagos - Crédit : Jeremy Hetzel
Mis en place en 1998 par l’ONG équatorienne indépendante Conservacion y Desarrollo (Conservation et Développement), Smart Voyager est un programme de certification qui a été conçu pour valoriser des projets touristiques durables et respectueux de l’environnement. En 2002, il a été reconnu par l’UNESCO comme référence pour la labellisation de dispositifs touristiques sur l’ensemble des sites reconnus patrimoines naturels de l’humanité. Le programme Smart Voyager définit un ensemble de normes écologiques et sociales que les exploitants d’établissements touristiques doivent respecter. L’opérateur certifié s’engage ainsi à ce que ses installations et ses projets n’affectent pas l’habitat naturel, contribuent à la conservation des forêts et des ressources naturelles et impliquent les communautés locales dans le cadre de dynamiques de développement durable et de création d’activités respectueuses de l’environnement.
Paradis protégé
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CONCLU SION A l’instar d’autres pays d’Amérique latine (comme la Bolivie ou le Brésil), l’Equateur émerge comme une voix nouvelle et originale dans le concert des nations, susceptible de proposer des réponses à la crise que traverse le monde. Moins matérialiste, plus spirituel, plus solidaire et plus soucieuse des ressources environnementales, cette flamme qui s’élève des Andes et de l’Amazonie s’efforce de mêler harmonieusement mondialisation, exigences du développement, cultures indiennes autochtones et reconnaissance de la «Mère Nature». Le commerce équitable et le commerce durable s’inscrivent logiquement dans cette recherche d’une voix médiane, entre modernité et sagesse, entre croissance et respect.
Floricultrices Fairtrade d’Equateur - Crédit : One World Flowers
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SOURCES ET RÉFÉRENCES 1 2 3 4 5
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Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Equateur_(pays) Source : Idem. Source : Barbara Grinfeld, Fiche Equateur, Exportations et Développement Canada, Services économiques, Mai 2011 Source : Ecuador - Industry, Encyclopedia of the Nations Source : Source : Guillaume Fontaine et Iván Narváez, “Problèmes de la gouvernance énergétique en Équateur », in David Garibay et Isabelle Rousseau (Coord.), «Dossier : les hydrocarbures dans les Amériques : les nouvelles règles du jeu», «Problèmes d´Amérique Latine», 57-58, 2005, Paris, Ed. Choiseul. - www.flacso.org.ec/docs/art_gf_equateur.pdf Source : www.wfto.com Source : www.wfto.com Source : Arnaud Deharte, «Fait au Guatemala», 9 mai 2011 - http://faitauguatemala.blogspot.com Source : www.relacc.org/relacc.html Source : Idem. Source : Idem. Source : Olivier Leclercq - http://blogcooperation.be Source : Equal Exchange, History of Coffee in Ecuador - www.equalexchange.coop/history-of-coffee-in-ecuador Source : Ethiquable - www.ethiquable.coop/fr/filieres-impacts/cafe/cafe/producteurs/fapecapes-procap.php Source : Oxfam-Magasins du Monde - www.oxfammagasinsdumonde.be/2010/09/fapecafes/ Source : Ethiquable - www.ethiquable.coop/fr/filieres-impacts/cafe/cafe/producteurs/fapecapes-procap.php Source : Alter Eco - www.altereco.com/fr/les-producteurs_coop_45_procap.html Source : Ethiquable - www.ethiquable.coop/fr/filieres-impacts/cafe/cafe/producteurs/fapecapes-procap.php Source : Source : Ethiquable - www.ethiquable.coop/fr/filieres-impacts/cafe/cafe/producteurs/fapecapes-procap.php Source : Oxfam-Magasins du Monde - 30 septembre 2010 - www.oxfammagasinsdumonde.be/2010/09/el-guabo Source : Idem. Source : Alter Eco - www.altereco.com/fr/les-producteurs_coop_63_el-guabo.html Source : Oxfam-Magasins du Monde - 30 septembre 2010 - www.oxfammagasinsdumonde.be/2010/09/el-guabo Source : Asso Equilibre, «EL GUABO : des “bananes équitables” en Equateur» - www.asso-equilibre.org/article.php3?id_ article=102 Source : Fair Trade Community -www.fairtradecommunity.com/index.php?option=com_content&view=article&id=237:el-guaboecuador&catid=18:banana-producers&Itemid=49 Source : Alter Eco - www.altereco.com/fr/les-producteurs_coop_63_el-guabo.html Source : Asso Equilibre, «EL GUABO : des “bananes équitables” en Equateur» - www.asso-equilibre.org/article.php3?id_ article=102 Source : Kintto Lucas, «Equateur - La longue marche des femmes indigènes» - www.alterinfos.org Source : www.ethiquable.coop Source : The Jambi Kiwa Story - www.jambikiwa.com Source : Fairtrade Canada - http://fairtrade.ca/fr/producteurs/portraits/hoja-verde Rosa Paulina Herrera Cardenas, «Etude de la situation du commerce équitable en Equateur», Série «Master of Science n°105, Centre International des Hautes Etudes Agronomiques Méditerranéennes, Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier, 2010 Source : Ethiflora, Roses équitables. Aspects sociaux - www.ethiflora.fr/standards_fleurs_coupees.php Source : Max Havelaar Suisse - www.maxhavelaar.ch/fr/medias-info/communiques/17/ Source : Transfair USA, Producer Profile : Hoja Verde SA - http://transfairusa.org/node/30719 Source : Idem. Source : SolidarMonde - www.solidarmonde.fr/prod_mcch.pdf Source : Samuel Poos, «Le tourisme équitable et solidaire», une brochure du Trade for Development Centre, Mars 2009 Disponible sur www.befair.be Source : Regard sur la pêche et l’aquaculture, «Crevetticulture en Equateur : Vers une privatisation de la mangrove ?», 14 décembre 2008 - http://aquaculture-aquablog.blogspot.com/2008/12/crevetticulture-en-equateur-vers-une.html Source : Idem. Source : Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), «Equateur : Vue générale du secteur aquacole national» - www.fao.org/fishery/countrysector/naso_ecuador/fr Source : About BioCentinela - The Company - www.biocentinela.com Source : Idem. Source : Samuel Poos, «Le tourisme équitable et solidaire», une brochure du Trade for Development Centre, Mars 2009 Disponible sur www.befair.be Source : Guillaume Fontaine et Iván Narváez, “Problèmes de la gouvernance énergétique en Équateur », in David Garibay et Isabelle Rousseau (Coord.), «Dossier : les hydrocarbures dans les Amériques : les nouvelles règles du jeu», «Problèmes d´Amérique Latine», 57-58, 2005, Paris, Ed. Choiseul. - www.flacso.org.ec/docs/art_gf_equateur.pdf Source : Anne Farthouat, « Le projet Yasunì peine à convaincre», Novethic, 15 octobre 2010 - www.novethic.fr/novethic/planete/ economie/matieres_premieres/le_projet_yasuni_peine_convaincre/131488.jsp?utm_source=newsletter&utm_ medium=Email&utm_content=novethicInfo&newsletter=ok Source : Wikipédia - http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89quateur_%28pays%29#Impacts_.C3.A9cologiques Source : Yves Vaillancourt, professeur associé, UQAM, «Le projet de société alternatif en Équateur : Socialisme ou Social-démocratie du XXIe siècle?» - 2011 - www.eve.coop/mw-contenu/revues/7/62/RVE_vol2_no2_Vaillancourt.pdf Source : Claudine, «Développement durable : l’Equateur prêt à renoncer à du pétrole», EcoCO2, 16 juin 2010 - www.ecoco2.com
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50 Source : CIRAD - http://afm.cirad.fr/themes/dynamiques/fichesTechniques/BD_cp_deheuvel1.pdf 51 Source : Le cacao en Equateur, Satoriz, Les reportages | SAT’Info n° 108 - 03/2010 - www.satoriz.fr/les-reportages/Le-cacao-enEquateur/article-sat-info-647-3.html 52 Source : Rainforest Alliance - www.rainforest-alliance.org/fr/agriculture/crops/cocoa 53 La liste complète de ces principes et de ces critères est disponible à l’adresse suivante : www.rainforest-alliance.org 54 Source : Rainforest Alliance - www.rainforest-alliance.org/fr/agriculture/crops/cocoa 55 Source : Idem 56 Source : South African Travellers - www.satravellers.com et http://satravellers.blogspot.com 57 Source : Idem 58 Source : Trip Harmonic, «Le tourisme peut-il sauver les Galapagos ?» - 10 octobre 2007 - www.trip-harmonic.com/equateur/ carnet-equateur/le-tourisme-peut-il-sauver-les-galapagos.html
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Floricultrice Fairtrade (CoopĂŠrative Hoja Verde) - CrĂŠdit : Didier Gentilhomme
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QUE FAIT LE TRADE FOR DEVELOPMENT CENTRE ?
Pour le Trade for Development Centre, programme de la CTB (l’Agence belge de développement), les commerces équitable et durable peuvent être des outils de réduction de la pauvreté, et des leviers de développement. Le centre a pour objectif l’émancipation économique et sociale des petits producteurs du Sud, à travers leur professionnalisation et l’accès aux marchés, que ces derniers soient locaux, régionaux ou internationaux. Pour se faire nous avons développé les activités suivantes :
> Appui aux producteurs Programme d’appui financier Le Trade for Development Centre soutient les producteurs marginalisés, les micro et petites entreprises ainsi que les projets d’économie sociale actifs dans le commerce équitable ou durable. Il finance différentes activités permettant d’augmenter leurs capacités et leur accès au marché : création de nouveaux produits, introduction de systèmes de contrôle de la qualité, obtention d’une certification, formations (en gestion, marketing…), participation à des foires commerciales... Activités d’appui à la commercialisation Le TDC est un centre d’expertise en « marketing & ventes » et un organe d’appui concret aux projets de la CTB liés directement ou indirectement à la commercialisation de produits et/ou services : • Conseil stratégique en business et marketing • Information et analyse de marchés • Coaching en marketing & ventes
> Diffusion d’information et plate-forme d’échange Via son site Internet, sa newsletter et différentes publications, le Trade for Development Centre veut apporter aux consommateurs, pouvoirs publics, producteurs et autres acteurs économiques, une information la plus objective possible sur les différents labels, systèmes de garantie de commerce équitable et durable. Il contribue aussi aux débats pour une gestion des ressources naturelles et un commerce plus respectueux de l’Etre humain et de son environnement. Le Centre participe activement à différentes plates-formes d’échange entre acteurs concernés, notamment la plate-forme belge d’appui au secteur privé « Entreprendre pour le développement ».
> Sensibilisation Le TDC met en place des campagnes de sensibilisation à destination des consommateurs (Semaine du commerce équitable), des acteurs économiques et des pouvoirs publics belges.
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CTB - agence belge de dĂŠveloppement TRADE FOR DEVELOPMENT centre rue haute 147 1000 Bruxelles T +32 (0)2 505 19 35 www.btcctb.org www.befair.be 52