FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE !
FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE ! L’an dernier, nous avions mis au dé® les Belges de faire de la Belgique le Pays du commerce équitable d’ici 2020. Ce qui requiert notamment une offre généreuse de produits équitables et des achats réguliers par les consommateurs, que ce soit les ménages, les entreprises ou les pouvoirs publics. Cette année encore, nous multiplions les initiatives pour y parvenir. EN ROUTE VERS LE TITRE, OÙ EN SOMMES-NOUS ? Après un an, quelles sont les progressions observées ? En 2016, chaque Belge achète en moyenne pour 14,3 euros1 de produits équitables, une belle progression par rapport aux 12,15 et 8,6 euros de 2015 et 2013, ce qui nous rapproche de l’objectif de 15€ par habitant. L’an dernier, un sondage montrait que 92%2 des Belges avaient déjà entendu parler du commerce équitable. L’objectif de 95% est donc aussi à notre portée, même s’il faut relativiser : seuls 43 %3 des Belges achètent régulièrement des produits équitables. Comme l’an dernier, les supermarchés présents en Belgique offrent tous des produits équitables. La gamme s’est depuis lors agrandie. Les pouvoirs publics ne sont pas en reste. En 2016, 212 communes ont obtenu le titre de Commune du Commerce équitable, ce qui porte le nombre de municipalités titrées à 36% et nous rapproche lentement de l’objectif des 51%. Côté provinces, 4 portent ®èrement le titre de province du commerce équitable… Toutes sont en Flandres. Et en Wallonie ? La province du Luxembourg s’est portée candidate. C’est une bonne nouvelle car il n’en manque plus qu’une pour parvenir à notre objectif. Ces initiatives sont aussi relayées aux plus hauts niveaux. Le 20 juillet dernier, nous avons pu compter sur le Parlement fédéral, qui a voté une « résolution visant à promouvoir le commerce équitable et la campagne ‘Faites de la Belgique le pays du commerce équitable’ ».
Cette résolution devrait créer un élan pour que 80% des parlements et ministères consomment au moins 2 produits équitables. La progression est nette, mais sera-t-elle assez rapide pour nous permettre d’obtenir à temps le titre ? La Semaine du commerce équitable et ses 150 activités organisées dans tout le pays (voir le calendrier ci-contre) sont une belle occasion pour faire encore mieux. Du 4 au 14 octobre, découvrez le commerce équitable près de chez vous !
A LA DÉCOUVERTE DES NOUVEAUTÉS DU COMMERCE ÉQUITABLE
FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE ! LES CRITÈRES À REMPLIR D’ICI 2020 : • 95 % des Belges ont entendu parler du commerce équitable ; • Chaque Belge achète pour environ 15 € de produits équitables par an ; • Toutes les grandes chaînes de supermarchés offrent des produits équitables ;
Nous pro®tons également de la Semaine du commerce équitable pour vous informer des évolutions de ce secteur dynamique. Savez-vous qu’il existe désormais de l’or équitable ? Seize bijoutiers belges en utilisent déjà et militent pour augmenter la notoriété de ce matériau, ainsi que de ses bienfaits pour les orpailleurs du Sud (lire plus loin). Les pratiques évoluent aussi dans l’industrie de l’habillement. Plusieurs marques belges s’engagent à mettre dans les rayons des vêtements fabriqués dans de bonnes conditions de travail et dont la provenance est clairement identi®able, traçable (lire plus loin).
• 51 % des communes belges sont des communes équitables ;
DÉCOUVREZ VOTRE PROFIL ÉQUITABLE
sur www.semaineducommerceequitable.be et découvrez votre pro®l équitable ! Vous y trouverez également des conseils et des activités sur mesure pour contribuer à faire de la Belgique un pays du commerce équitable ! Rendez-vous le 4 octobre !
Et vous ? Quel consommateur équitable êtesvous ? Faites-vous régulièrement le choix des produits équitables pour améliorer les conditions de vie des producteurs ? Êtes-vous un acheteur occasionnel qui doute parfois de l’ef®cacité réelle de ce type de commerce ? Êtes-vous plutôt de celles et ceux qui ne sont plus à convaincre, mais qui ont du mal à penser aux produits du commerce équitable au moment des courses ? Faites le test ! Cliquez 1. Calculé par le TDC, sur base des chiffres fournis par les organisations belges de commerce équitable. 2. & 3. Sondage d’opinion du TDC sur les Belges et le commerce équitable, Dedicated Research 2016.
• Plus de la moité des provinces belges sont des provinces éuitables; • 80 % des parlements/ministères fédéraux, régionaux et communautaires consomment régulièrement au moins 2 produits équitables ; • Le commerce équitable est au moins mentionné 600 fois par an dans les principaux médias.
SEMAINE DU COMMERCE ÉQUITABLE : DU 4 AU 14 OCTOBRE 2017 CALENDRIER
LES ÉLUS AUX FOURNEAUX, FAIR TRADE EN ACTION MOLENBEEK SAINT JEAN (4 - 11 OCT) Au restaurant social «Les Uns et les Autres», vos repas seront préparés par vos élus locaux à base de produits du commerce équitable. Votez pour le meilleur repas ! THE PLACE TO BE « FAIR TRADE » SOIGNIES (4 - 14 OCT) Rendez-vous pour découvrir le sens du commerce équitable au travers d’une dictée pour tous ! A découvrir également, dégustation et vente de produits issus du commerce équitable. LA SEMAINE DU COMMERCE ÉQUITABLE RIXENSART (4 - 14 OCT) La commune de Rixensart propose plusieurs activités pour vous convaincre de consommer équitable : actions chez les commerçants, dégustations… FAIR’ LA FÊTE 2017 SAINT-GILLES (4 - 14 OCT) La commune de Saint-Gilles organise une chasse au trésor autour du commerce équitable. Les ®lms «Equitable: à tout prix» et «Food Coop» seront projetés. Egalement, deux expositions et un marché équitable. ENSEMBLE, CULTIVONS LES ALTERNATIVES ! TOURNAI (4 - 14 OCT) Le commerce équitable est à l’honneur avec des expositions et des dégustations en ville avec le Cyclo-Crêpes. LE CÉDÉQUITABLE LIÈGE (4 - 14 OCT) Le commerce équitable vous fait vibrer aux sons de Frédéric Dailly et Rudy Godin qui vous interprèteront les chansons de leur album composé spécialement pour l’occasion.
LE MONDE DANS NOTRE « LOCAL » MATAGNE-LA-PETITE (4 – 14 OCT) Diverses animations prévues à Matagne-La-Petite: un marché artisanal, un concert de musique du monde ainsi qu’une exposition. MES COURSES ÉQUITABLES ? L’AFFAIRE EST DANS LE SAC ! DURBUY (6 OCT) Pour tout achat au marché de Melreux, repartez avec un produit équitable venu du Sud et un sac en toile! LIVE & FAIR CROWDFUNDING EVENTS BRUXELLES (5 OCT) - MONS OU ATH (12 OCT) Participez au commerce équitable en soutenant l’entreprenariat durable lors d’une soirée de crowdfunding. AU RYTHME DU COMMERCE ÉQUITABLE BASTOGNE (6 - 14 OCT) La ville de Bastogne organise de nombreux évènements : jeux de piste pour les enfants, vente de produits équitables et expositions.
suivi d’un débat sur le thème de commerce équitable et de l’agriculture locale. La ville proposera aux écoliers des collations issues du commerce équitable. ÉQUIT’AIR PECQ (9 OCT.) L’association ANAMA vous attend pour découvrir et déguster des produits du commerce équitable et de la ferme pédagogique de l’association. Pour clore cette journée haute en couleur, un lâché de ballons!
MONDES ET MERVEILLES LIÈGE (13 ET 14 OCT) Pro®tez du cadre du Jardins botanique de Liège pour découvrir un tourisme responsable avec la projection de ®lms, conférences, d’animations et expositions.
EN ROUTE VERS UNE COMMUNE DU COMMERCE ÉQUITABLE HABAY (7 – 14 OCT) Consommer autrement avec l’aide de bénévoles qui vous aideront à solutionner vos problèmes informatiques autour d’un café équitable ! De nombreuses autres activités sont organisées dont un jeu ludique géant pour découvrir les valeurs du commerce équitable.
RAP & CO EN VIDÉO PROVINCE DE LIÈGE (6 – 14 OCT) Diffusion, autour d’un « pot équitable », d’une vidéo mise en scène par les jeunes sur le thème du commerce équitable.
UNE AUTRE MODE EST POSSIBLE ! MONS (14 OCT) L’école d’art ARTS², en collaboration avec Oxfam-Magasins du Monde, vous présente des alternatives pour s’habiller équitable.
ON MANGE SAIN ET LOCAL ! TENNEVILLE (6 - 14 OCT) La ville de Tenneville vend des packs de produits équitables à des prix attractifs lors du marché de vendredi. Pro®tez d’un spectacle
SOIS UN ENTREPREUNEUR DURABLE ET FAIS DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE BRUXELLES (11 OCT) Rejoignez WFTO-Europe à l’Université Libre de Bruxelles pour une conférence sur l’entrepreneuriat.
La Semaine du commerce équitable est une initiative du Trade for Development Centre (TDC), un programme de l’Agence belge de Développement, en collaboration avec les principaux acteurs belges du secteur équitable. www.semaineducommerceequitable.be
LA PLUS GRANDE MANIF’ BRUXELLES (3 OCT) Fairtrade Belgium appelle tous les sympathisans du commerce équitable à venir manifester pour promouvoir un monde plus juste. Plus d’infos: www.fairtradebelgium.be
FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE !
OR ÉQUITABLE CHERCHE CLIENT
des pratiques écologiques, en produisant sans mercure, ainsi qu’au niveau social, en formant et informant la population locale sur d’autres alternatives.
En Belgique, il n’existe pas encore de fonderie ou d’entreprise entièrement certi®ée équitable. Mais 16 créateurs et orfèvres travaillent tout de même avec de l’or ou de l’argent certi®é. Ana Kindermans explique : « Il faut qu’il y ait plus d’acteurs sur le marché. Avec un demi kilo par an, je ne peux pas faire la différence. C’est par l’intermédiaire de Catapa (une ONG qui travaille sur la problématique des exploitations minières industrielles) que je suis entrée en contact avec les mineurs latino-américains. Ce qui m’a marqué, c’est qu’ils ne peuvent ®nalement vendre aux conditions du commerce équitable qu’un petit pourcentage de ce qu’ils extraient du sol. Ils ont pourtant dû investir massivement pour obtenir la certi®cation de l’entièreté de leur mine. Pour eux, il est essentiel que le marché s’étende, sinon les coûts dépasseront les revenus, ce qui annihilera tous leurs efforts. L’or équitable mérite une place dans le marché, tout comme cela a été le cas pour les bananes dans les supermarchés. ». En moyenne, seulement 30% de l’or certi®é produit est vendu dans des conditions équitables. Géraldine Raulier, artisan-créateur de bijoux à Solre Sur Sambre (Hainaut) complète : « Je crée des bijoux sur-mesure. La symbolique du bijou est particulièrement importante. Il faut être cohérent ». Pour elle, faire le choix de l’or équitable sonne comme une évidence, mais ce n’est pas facile pour autant. « Cela correspond
SAISISSANT AN KINDERMANS
a été profondément marquée par les conditions de travail inhumaines dans les mines.
20 tonnes de déchets toxiques et consomme 50 000 litres d’eau douce.
LES MINEURS ARTISANAUX
Il est pourtant possible de faire les choses autrement. Il existe deux labels pour l’or équitable : Fairmined et Fairtrade Gold. Les coopératives de mineurs artisanaux qui respectent une série de critères sociaux et écologiques peuvent accéder à ces labels. En échange de leurs efforts, ils perçoivent un meilleur prix ainsi que la prime du commerce équitable qui leur permet d’investir dans leur communauté.
Aujourd’hui, la ruée vers l’or est dominée par les géants industriels avec leurs gigantesques mines à ciel ouvert. Il en résulte souvent des con¯its violents avec les communautés locales qui voient leurs terres accaparées et leur eau polluée. Mais une autre réalité demeure : celle d’environ 15 millions de mineurs artisanaux dont le travail, dans des mines qu’ils ont euxmêmes creusées, est physiquement éprouvant. Ensemble, ils représentent 15% de la production mondiale. Dans ces mines artisanales souvent illégales, les conditions de travail sont déplorables : des enfants y travaillent souvent, l’usage de la drogue est fréquent pour oublier la peur de l’ensevelissement, les méthodes de production provoquent des troubles neurologiques (l’or est brûlé avec du mercure pour l’amalgamer) et tout cela pour un revenu dérisoire : un euro par jour. De quoi faire subsister une famille, mais sans lui donner l’espoir d’un avenir meilleur. Le prix à payer est également lourd au niveau environnemental : la production d’une bague en or génère 1. L’or Fairtrade orthographié de cette manière fait référence au label Fairtrade (de Fairtrade International)
SANS VAPEUR DE MERCURE Onze coopératives d’or sont actuellement certi®ées (8 par Fairmined et 3 par Fairtrade). Parmi elles, SAMA en Ouganda regroupe 600 mineurs dans l’Est du pays. Pour obtenir la certi®cation, la coopérative s’est soumise à un long processus consistant à restreindre fortement l’usage du mercure et à supprimer progressivement le recours au travail des enfants. Depuis 2017, SAMA peut compter sur le soutien du « Trade for Development Centre » (CTB) pour renforcer l’organisation et diminuer sa dépendance vis-à-vis des intermédiaires, en multipliant les contacts directs avec les entreprises européennes à la recherche d’or équitable. L’objectif est aussi de faire de la coopérative un exemple pour la région : sur le plan
CONNAÎTRE, C’EST APPRÉCIER Pour Géraldine Raulier, « La plus grande dif®culté réside dans le manque de communication sur l’or équitable en Belgique.
Le problème n’est pas tant le prix – l’or Fairtrade ne coûterait que 10 à 15% plus cher – que la méconnaissance du public. Nele Braet explique : « Les demandes ont considérablement augmenté après ma participation au Fair Fashion Fest de Gand, car cela m’a donné l’opportunité de présenter l’or Fairtrade à un public plus large ». « De la même manière, l’année dernière, des clients sont venus après avoir vu mon passage dans une émission de la télévision publique ¯amande consacrée à l’or équitable. Je suis convaincue que l’or équitable a un bel avenir si nous parvenons à augmenter sa notoriété ».
Sur Youtube, visionnez le documentaire « l’Or équitable, du Pérou à l’Europe »,réalisé en 2016 à l’initiative de la Trade for Development Centre.
© Lux Photography
© Ana Edelsmid
An Kindermans (Heusden-Zolder, province du Limbourg), créé des bijoux sous le nom de Ana Edelsmid. Elle a été la première orfèvre belge à opter pour l’or équitable : « Je réalisais que je fabriquais de jolies choses pour des moments uniques, avec une matière première dont la provenance était loin d’être belle. Quand j’ai découvert que de l’or équitable (Fairtrade : Label ou traduction ?) était apparu sur le marché en Grande-Bretagne, j’ai été directement intéressée. Cela m’a pris un an de collaboration avec Fairtrade Belgium pour que la certi®cation existe aussi en Belgique, mais j’étais résolue à m’engager dans cette voie. » Nele Braet, créatrice de bijoux à Wondelgem (FlandreOrientale) a aussi fait le choix de l’équitable. Au cours d’un voyage en Amérique-Latine, elle
à qui je suis (…) mais le prix de cet or est plus élevé, donc je réduis ma marge au minimum pour que mes créations restent accessibles au plus grand nombre ». Géraldine va chercher son or équitable 24 carats outre-Manche, où les prix sont plus bas et l’or non-allié. Car, elle tient à sa liberté de créatrice et préfère réaliser ses alliages elle-même dans son atelier. « Chaque bijoutier a sa formule », dit-elle. Et pour les créations en argent, Géraldine n’utilise que de l’argent recyclé.
© Nele Braet
© Ana Edelsmid
Dans des pays comme le RoyaumeUni et les Pays-Bas, la notoriété de l’or équitable est déjà bien implantée, si bien que certaines célébrités ont commencé à s’af®cher avec des bijoux équitables. En Belgique, la progression est plus lente : vous ne trouverez que 16 orfèvres et designers de bijoux travaillant avec des matériaux certi®és Fairtrade ou Fairmined.
© Nele Braet
À LA RECHERCHE D’UN MARCHÉ
Dif®cile de réduire les prix dans les conditions du marché aujourd’hui. L’or équitable mérite d’être mieux connu. Pourtant, cet or intéresse le public belge. » En effet, quand la créatrice explique à ses clients pourquoi elle travaille avec l’or équitable, ils sont à la fois touchés et convaincus. C’est un processus lent, explique Nele Braet : « Pour le moment, nous sommes limités dans notre action. Je ne cache rien à mes clients. À peu près 20% des bagues que je vends sont équitables. Mon activité est trop modeste pour que je puisse moi-même fondre mon or. L’or que je con®e à la fonderie peut donc se retrouver dans une production plus large, d’une centaine de bagues. Même si cela ne change rien au soutien offert aux mineurs artisanaux, parfois mes clients trouvent cela regrettable. Voilà donc les limites avec lesquelles je dois composer. Certains produits semi-®nis, certaines pierres précieuses que je ne façonne pas moi-même, n’existent pas en Fairtrade. Mais si la demande augmente, les possibilités et les choix augmenteront certainement. »
NELE BRAET
Plus d’infos : www.catapa.be http://info.fairtrade.net/ fairgold/®nder/index www.ana-edelsmid.be www.nelebraet.be www.geraldineraulier.be
FAITES DE LA BELGIQUE LE PAYS DU COMMERCE ÉQUITABLE !
DÉFAUT DE FABRICATION
M-FAIR 2016 © Fotogra®e Luc Hilderson
Depuis plus de 20 ans, la Clean Clothes Campaign n’a de cesse de taper sur le même clou : la confection des vêtements comprend un défaut de fabrication majeur, celui de forcer des ouvrières à travailler pendant des heures interminables dans des bâtiments insalubres, pour un salaire de misère. Rien n’a donc changé en tant d’années ? « Sur le plan de la sécurité des bâtiments, si », réagit Sara Ceustermans, coordinatrice de la
campagne en Flandres. « Après le drame du Rana Plaza en avril 2013, les grandes enseignes de l’habillement, les détaillants et les syndicats ont conclu un accord incluant des engagements concrets sur le plan de la sécurité des bâtiments. Cela aura vraisemblablement permis d’éviter d’autres drames comme celui du Rana Plaza. Mais sur les autres volets, comme le salaire, il n’y a pas beaucoup d’avancées. Les gouvernements asiatiques se montrent réticents à augmenter le niveau du salaire minimum légal car ils craignent de faire fuir les investisseurs ». Selon Jean-Marc Caudron, Responsable actions urgentes et plaidoyer chez ach’ACT1, « L’accord de 2013 sur la prévention incendie et la sécurité des bâtiments d’usine au Bangladesh ouvre la voie à une nouvelle manière de faire respecter les droits des travailleurs dans l’industrie de l’habillement et, plus largement, dans toutes les industries qui travaillent avec un grand nombre de soustraitants. Il vient en grande partie combler un vide juridique en allant plus loin que les accords-cadres internationaux, critiqués pour la faible implication des syndicats locaux et le peu d’impact sur le terrain, surtout dans les ®lières d’approvisionnement. L’accord est juridiquement contraignant, les enseignes
s’engagent à obliger leurs fournisseurs à accepter les inspections et les mesures de mise en conformité. Elles ont aussi la responsabilité de véri®er si ces derniers ont la capacité ®nancière de mettre en œuvre les réparations exigées »2 . Cet accord, pourrait-il servir de modèle pour d’autres secteurs et régions dans le monde ? Jean-Marc Caudron nuance : « Avec la mondialisation, les États, les régions, sont mis en concurrence. Tant qu’on est dans ce modèle, on assiste à une réduction systématique des coûts (…), à une compétition où les grandes entreprises mettent en concurrence plusieurs pays, ce qui induit les violations des droits des travailleurs et des droits humains, dans des pays d’Afrique, mais aussi au Cambodge, en Birmanie… Pour contrer cela, il faut mener des politiques au niveau supranational, continental et
régional. C’est ce que tente de faire l’Asia Floor Wage Alliance qui a dé®ni un salaire minimum vital. L’organisation négocie au niveau régional l’augmentation des salaires et directement avec les grandes enseignes pour peser concrètement sur les ®lières d’approvisionnement. Le principe est donc d’essayer d’aligner sur une même région, des revendications salariales communes. Bien-sûr, c’est un processus lent qui s’inscrit dans le moyen terme. »
FAIR WEAR Pour Sara Ceustermans : « Certaines choses se mettent quand-même à bouger ». De plus en plus de marques rejoignent la Fair Wear Foundation (FWF)3, une organisation multipartite créée à l’initiative de syndicats et d’ONG. En Belgique, les ralliements de Mayerline, B&C et
#VÊTEMENTSPROPRES
Fair Fashion Fest 2016 © Steven Colin
Le 24 avril 2013 fut un jour noir pour l’industrie mondiale de l’habillement. 1138 couturières trouvèrent la mort sur leur lieu de travail et 2000 blessées furent sorties des décombres lors de l’effondrement du Rana Plaza. Des ®ssures avaient été remarquées la veille, témoignant d’un risque imminent, mais les ouvrières qui refusaient de travailler risquaient un mois de retenue sur salaire. C’est aussi pour cela que le drame du Rana Plaza n’était pas un accident mais un symptôme de la « course au coût plancher » qui règne dans l’industrie mondiale de l’habillement, avec pour tristes trophées, des T-shirts en vente pour une poignée d’euros dans la plupart des enseignes pratiquant des prix cassés.
M-FAIR 2016 © Fotogra®e Luc Hilderson
SYMPTÔME
Fair Fashion Fest 2016 © Steven Colin
Après vingt ans de sensibilisation par la Clean Clothes Campaign, la notion de « vêtements propres », est devenue bien plus qu’un simple slogan. À l’occasion du salon M-fair de Malines et de la promenade de mode éthique « Ethisch modieus Gent » à Gand, il sera possible de découvrir des vêtements éthiques et durables tout à fait à la mode.
M-FAIR 2016 © Fotogra®e Luc Hilderson
LES VÊTEMENTS ÉTHIQUES EN PROGRESSION
Stanley & Stella, ont été suivis par ceux, entre autres, de Bel&Bo et JBC. « Fair Wear n’est ni un certi®cat, ni un label à coller sur un vêtement », explique Saartje Boutsen, Responsable RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) chez JBC. « Mais cela indique que notre entreprise s’est engagée à produire des vêtements de la manière la plus équitable possible. C’est une démarche sur laquelle nous sommes évalués chaque année. Dans ce sens, Fair Wear est une manière d’investir dans l’avenir ». Tine Buysens, responsable RSE pour Bel&Bo ajoute : « Nous essayions depuis longtemps d’avoir une meilleure vue sur nos ®lières d’approvisionnement. Mais à chaque fois que nous découvrions une anomalie dans un atelier de production, notre intermédiaire con®ait simplement la prochaine commande à un autre fournisseur. Seuls, nous ne sommes pas bien équipés, c’est pourquoi nous avons frappé à la porte de Fair Wear Foundation. Celle-ci nous a aidé à rassembler des informations et depuis, tout s’est mis en route. La première année, nous avons fait le point sur toute notre chaîne de production et diffusé dans tous les ateliers les codes de conduite de FWF et la liste des droits des travailleurs. Nous devons régulièrement mettre la pression sur nos fournisseurs intermédiaires pour qu’ils répondent à nos exigences de respect des droits des travailleurs et de transparence. Par après, il nous a été conseillé de limiter le nombre d’intermédiaires et d’augmenter le nombre d’échanges directs. Cela permet d’obtenir de véritables partenariats, et d’in¯uer sur les salaires, les heures supplémentaires et les conditions de
Au printemps dernier, le cycliste Philippe Gilbert a été le premier à signer la pétition #vêtementspropres. La campagne tente de convaincre les fabricants belges de vêtements de sport de suivre la même voie que Bel&Bo, JDE et d’autres marques internationales telles que Odlo, Deuter, Jack Wolfskin, Sprayway, Vaude et Haglöfs, en rejoignant à leur tour la Fair Wear Foundation. Après avoir interpellé cyclistes et clubs cyclistes, la campagne s’adressera en 2018 au monde du football.
travail, même si nous ne sommes qu’un acteur relativement petit. Ce processus nous demande beaucoup d’efforts et de travail supplémentaire, mais toute l’équipe soutient cette démarche. Sur le site de la Fair Wear Foundation, il est d’ailleurs possible de voir les rapports de nos progrès annuels.
UNE LARGE PALETTE D’ALTERNATIVES « La palette d’alternatives est pourtant large, rajoute Sara Ceustermans. Le mot Fair de Fair Wear Foundation ne concerne que les conditions de travail dans les usines de confection. Il existe des initiatives qui se concentrent sur d’autres aspects dans les longues chaînes de production. Par exemple, certaines matières sont constituées de coton issu du commerce équitable, qui garantit un revenu correct aux producteurs. Le label GOTS (Global Organic Textile standard) est, lui, particulièrement strict sur les critères écologiques. De plus en plus d’entrepreneurs décident de se lancer dans la mode durable. »
LA MODE FAIR Depuis quelques années, deux Communes du commerce équitable4 ont décidé de donner davantage d’écho à toutes ces initiatives positives. Gand et Malines investissent non seulement dans l’alimentation, mais aussi dans le textile équitable. Avec la Fair Fashion Fest et le salon M-Fair, elles partagent le même objectif : faire se rencontrer entrepreneurs et consommateurs qui ont en commun la recherche d’alternatives de consommation et de production. Les milliers de visiteurs des deux événements attestent de leur succès. 1. ach’ACT : Actions Consommateurs Travailleurs est une plateforme d’organisations qui veulent contribuer à améliorer les conditions de travail et à renforcer les travailleurs dans des secteurs de l’industrie légère largement mondialisés où les femmes constituent la majorité de la main-d’œuvre. www. achact.be 2. Voir l’article : #4 Un contrat à respecter « Entreprises : sortir du tout volontaire vers des accords négociés et contraignants », Jean-Marc Caudron, www.ranaplaza.be 3. Fair Wear Fondation = Fondation de l’habillement équitable 4. Voir le site internet : www.cdce.be
PLUS D’INFO:
D www.achact.be D www.schonekleren.be D www.fairwear.org D www.cleanekleren.be D www.fairfashionfest.be D www.mechelen.be/m-fair