Table ronde sur la production durable d'huile de palme (RSPO)

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Création : 2004. Siège social : Selangor, Malaisie. Origine/besoin : réponse à un besoin global et urgent de conditions de production d’huile de palme durables. En 2001, le WWF mandate un consultant hollandais pour évaluer la possibilité de créer une table ronde pour l’huile de palme regroupant les grands acteurs du secteur. Secteur : huile de palme. Ce qui est garanti : légalité des opérations, viabilité économique, transparence, meilleures pratiques de production, responsabilité sociale et environnementale (Conventions de l’OIT, pas d’abattage de forêt vierge, etc.).

Très productif à l’hectare, le palmier à huile est devenu la première source d’huile végétale au monde devant le soja.

Parties prenantes : ONG, entreprises. Bénéficiaires : entreprises, communautés.

Chips, soupes lyophilisées, biscuits, lait pour bébé, sardines en boîte, mayonnaise, sauce tomate, céréales, chocolat, glaces… La quantité de produits intégrant de l’huile de palme est impressionnante. Comme, en outre, l’huile de palme peut être raffinée pour en faire du biodiesel, on comprend que bénéficiant d’une productivité à l’hectare (entre 4 et 6 t/ha) très supérieure à celle des oléagineux concurrents – le soja se contente d’un 0,36 t/ha –, la culture de palmiers à huile a vécu une expansion considérable ces dernières années – entre 1994 et 2004, la production indonésienne a augmenté de 400% –, devenant la première source d’huile végétale au monde devant le soja. Débutées en 2002, les discussions entre les acteurs du secteur pour diminuer l’impact négatif de cette culture sur les écosystèmes ont abouti en 2004 à la création de la RSPO (Roundtable on Sustainable Palm Oil). Cette table ronde sur la production durable d’huile de palme réunit planteurs de palmiers, producteurs et distributeurs d’huile de palme, détaillants, banques, investisseurs, organisations de protection de la nature comme le WWF et organismes de développement. La RSPO a abouti à la création d’une certification dont les critères ont été élaborés conjointement avec le WWF. Les critères sont autant environnementaux que sociaux. Ils visent par exemple à protéger la biodiversité, notamment par une utilisation réduite au maximum de produits chimiques, mais aussi à assurer le respect des Les premières certifications de plantations droits humains, entre autres en assurant le respect des droits territoriaux ont eu lieu en 2008 en Malaise, deuxième des populations locales ou le respect de la liberté syndicale. L’audit et la pays producteur d’huile de palme au moncertification sont effectués par des entités indépendantes, approuvées par de derrière l’Indonésie. la RSPO. À eux seuls, ces deux pays représentent 85% de la production mondiale d’huile de palme. Plus d’infos : www.rspo.org

RSPO ainsi que les organisations de certification qu’ils accréditent ont une politique de transparence très poussée. Tous les documents sont consultables publiquement (cahiers des charges, comptes-rendus de réunion, rapports de certification, etc.).


Les premières certifications de plantations ont eu lieu en 2008 en Malaise, deuxième pays producteur d’huile de palme au monde derrière l’Indonésie.

Les organisations souhaitant devenir membres de RSPO sont invitées à s’approprier le Code de Conduite (principes et critères), le signer et à soumettre leur candidature au Secrétariat. Le processus d’inspection est divisé en 2 parties :

 Planification de l’audit, logistique, analyse documentaire, conformité légale, analyses des réactions des parties prenantes.

 Audit de terrain, visite de la plantation (exploitation), de l’unité de transformation et des communautés locales. Pour faire le lien entre les plantations et les acteurs intervenant en aval dans la chaîne de production, un système de traçabilité a été mis en place. C’est le système développé par Utz Certified qui gère la traçabilité de l’huile de palme certifiée RSPO.

Les inspections coûtent de 0,5 à 2 USD/hectare. Les frais de participation annuels s’élèvent à 2.000 EUR pour les membres ordinaires et 500 EUR pour les petits exploitants (250 EUR pour les membres affiliés, 100 EUR pour les membres associés).

Au départ, l’huile de palme certifiée RSPO ne provenait que d’Asie (Malaisie, Indonésie et Papouasie Nouvelle-Guinée). Des développements récents ont abouti à la certification d’huile de palme en provenance d’Afrique et d’Amérique du Sud : en Colombie, aux Iles Salomon, au Brésil, en Côte d’Ivoire...

Type de contrôle : tierce partie. Méthodes : analyse du système documentaire, observations de terrain annoncées, entretiens avec parties prenantes internes et externes. Etapes de la filière concernées : production, exportation/importation. Cahier des charges : il existe un cahier des charges pour les exploitations d’huile de palme et pour les acteurs économiques en aval de celles-ci (disponibles sur le site Internet). Chaque critère comprend une série d’indicateurs. Le non-respect d’un critère obligatoire résulte en une non- conformité majeure. Celle-ci doit être rectifiée dans les 60 jours sous peine de suspension de la certification. Les nonconformités mineures doivent être rectifiées pour le contrôle suivant (inspections de surveillance annuelles). Démarche de progrès : chaque exploitant est amené à développer des plans d’action afin d’initier une amélioration continue au sein de leurs activités.


Basée à Sumatra, Tolan Tiga Indonesia est active dans le secteur de l’huile de palme. Olivier Tichit, general manager environment & conservation de la société explique le long parcours nécessaire pour obtenir la certification Roundtable On Sustainable Palm Oil (RSPO). Pourquoi Tolan Tiga Indonesia est-elle entrée dans la démarche d’une certification RSPO ? Tolan Tiga Indonesia appartient au groupe belge Sipef. Or, notre groupe est présent depuis 90 ans en Indonésie. Nous ne sommes donc pas un acteur privilégiant une vision à court terme comme bon nombre d’autres acteurs sur ce marché. Cela fait partie de la politique de durabilité du groupe de gérer nos plantations en bons pères de famille et donc d’y intégrer les contraintes environnementales qui sont bien plus aiguës que par le passé. À l’époque où nos plantations ont été développées, il n’y avait pas de villages autour, pas de problèmes de biodiversité. Aujourd’hui, les forêts qui les entouraient ont disparu. Il n’y a plus de zones tampons, plus de couloirs de passage pour les éléphants et les autres mammifères. Nous avons donc commencé à agir et aujourd’hui, les plantations en cours de certification RSPO du groupe s’étendent sur 50 000 ha. Que coûte la certification ? La certification RSPO repose sur 8 grands principes, 60 critères et 176 indicateurs… Je ne vais donc pas vous dire qu’elle est simple à mettre en œuvre ! Il faut entre un an et demi et deux ans pour arriver au stade de l’audit. Son coût actuel oscille entre 5 et 10 USD la tonne. Mais ce coût est récurrent. On est certifié et audité tous les ans… À l’heure actuelle, nous bénéficions sur le marché d’une prime RSPO d’environ 10 USD la tonne qui couvre le coût de la certification. Mais, cette prime n’est pas incitative car elle ne peut compenser l’effet induit de la certification. Et quel est l’effet induit de la certification ? La diminution de la surface plantée. Récemment l’un de nos concurrents a acquis une concession de 8000 ha. Désireux de rentrer dans la logique de la certification RSPO, il a fait auditer la plantation par des experts en environnement. Le verdict était sans appel : sur les 8000 ha, seuls 4000 ha pouvaient être plantés s’ils voulaient être certifiés. Vous imaginez le manque à gagner ? Au moins 16 000 tonnes d’huile de palme par an que l’on peut revendre aujourd’hui à environ 730 USD la tonne… soit plus de onze millions de dollars de C.A. par an !

Est-ce une impasse pour la RSPO et pensez-vous qu’il sera possible d’en sortir ? « De grands acteurs internationaux comme Unilever, Kraft et récemment Nestlé se sont engagés à n’acheter dès 2015 que de l’huile de palme certifiée "développement durable" ». Cette excellente nouvelle doit cependant être nuancée par le fait que l’huile de palme indonésienne est, pour beaucoup, consommée comme huile alimentaire en Indonésie même, ou part à l’exportation vers l’Inde ou la Chine. Ces pays n’ont pas encore la sensibilité occidentale à cette démarche et, surtout, ne peuvent facilement envisager de payer le surcoût induit par une certification RSPO généralisée. » Olivier Tichit, General Manager environment & conservation de la société Tolan Tiga Indonesia.


Face aux atteintes à l’environnement et à la biodiversité provoquée par l'exploitation intensive et la production à très grande échelle d'huile de palme, le système RSPO offre une alternative susceptible de freiner la déforestation et d'assurer de meilleures conditions de vie aux populations locales. La dissémination de ces bonnes pratiques est d'autant plus nécessaire que les plantations de palmier à huile s'étendent dans le monde à une cadence rapide. Selon SawitWatch, une ONG indonésienne, les surfaces exploitées ont été quasiment multipliées par deux, de 6 à 11 millions d'hectares, en cinq ans dans cet immense pays d'Asie du Sud-Est. Le système RSPO n'est toutefois pas exempt de critiques. Greenpeace estime que "les critères de la RSPO vont certes dans la bonne direction, mais (que) leur mise en œuvre est lacunaire et défaillante. De nombreux producteurs d’huile de palme utilisent abusivement la RSPO comme un cache-sexe écologique." Sur son site, Greenpeace détaille les principales critiques qu'elle adresse à la RSPO. L'organisation écologiste déplore en particulier le fait qu'une entreprise puisse afficher la certification RSPO alors qu’elle ne possède qu’une seule plantation certifiée et qu'elle poursuit des opérations de déboisement illégal dans d’autres régions forestières. Greenpeace affirme en outre que les normes RSPO ne sont pas assez sévères et qu'elles présentent des lacunes, notamment parce qu'elles ne tiennent pas compte des émissions de gaz à effet de serre, pourtant considérables lors de la transformation des tourbières en plantations. D'un point de vue systémique, l'ONG estime par ailleurs "que les mécanismes de contrôle sérieux et indépendants font défaut" en déplorant par ailleurs le fait que la RSPO soit dominée par l’industrie (moins que 7% de ses membres défendraient des préoccupations sociales et écologiques). Cette prépondérance du secteur industriel aurait pour conséquence le blocage par les représentants de ces entreprises d'initiatives plus ambitieuses telles que l’introduction de normes sur les gaz à effet de serre. Pour autant, force est de constater que le système RSPO constitue aujourd'hui le principal cadre de négociation et de progrès pour réduire les effets les plus dévastateurs de la production d'huile de palme. A suivre.

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* La garantie de rémunération varie selon les systèmes. Certains assurent un salaire "décent ", offrant un revenu discrétionnaire (ESR, Fair for Life, Fairwild, FSC, GoodWeave, Max Havelaar (FLO), BSCI, ETI, Fair Wear, RSPO, SA8000, STEP, WFTO). Qualifié de "living wage" par les anglophones, il varie d’une région à l’autre et se calcule relativement au coût de la vie (panier de la ménagère). D’autres garantissent simplement un respect des barèmes légaux, sans examiner leur adéquation avec la "décence" du montant octroyé.

RSPO EU Communications Bruxelles, Belgique T : (+32) 02.231.50.19 E-mail : communications@rspo.eu Site web : www.rspo.eu

** La sécurité financière se matérialise tantôt par la fixation d’un prix minimum garanti (essentiellement pour les matières premières) tantôt par le paiement d’une prime additionnelle au prix du marché (censée refléter une qualité supérieure du produit) et/ou encore via des clauses contractuelles de type durée de partenariat (long terme), facilité de (pré) financement… Ces éléments ont une corrélation forte avec le critère de "rémunération" : un prix correct sous-entend une rémunération "décente".


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