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PROTECTION CONTRE L’INCENDIE Les utilisateurs choisissent une protection plus active
«L a principale tendance en matière de protection incendie des entrepôts est l'infl uence croissante des compagnies d'assurance. Les propriétaires et les utilisateurs de bâtiments industriels, d'entrepôts et de bureaux investissent de plus en plus dans la sécurité passive et active », explique Dirk Lemaire, chef de projet chez Studiebureau Vangheluwe. Il gère les projets de construction de la conception à la réalisation. Peter Ooms
Il est rejoint par Sylvia Roels, directrice de Winlock Systems, spécialiste des portes coupefeu et des compartiments résistants au feu. Elle souligne que certains assureurs spécialisés, par exemple, offrent une couverture très étendue. Cependant, ils ont des exigences très élevées dans le domaine de la protection contre les incendies. « C’est particulièrement le cas de la compagnie américaine FM Global. De plus en plus de nos clients industriels optent pour une police d'assurance complète. » « Les assureurs ne se contentent pas d'examiner les caractéristiques générales d'un bâtiment, mais fi xent également leurs exigences en fonction des caractéristiques spécifi ques du bâtiment et des activités qui s'y dérouleront. En outre, FM Global impose parfois l'utilisation de matériaux approuvés par eux. Un exemple bien connu est un type spécifi que de sprinkler à débit plus élevé et qui porte jusqu'à deux couches de profondeur dans les rayonnages. Pour déterminer ces exigences, FM Global procède elle-même à des expériences sur les produits. Dans leurs estimations, ils tiennent également davantage compte du coût des interruptions de production et des dommages éventuels causés par les extinctions elles-mêmes. Je dois dire qu'en tant que chef de projet, je trouve très utile de travailler avec leurs
Les compartiments équipés de sprinklers peuvent être considérablement plus grands.
experts car ils aiment partager leurs connaissances », déclare Dirk Lemaire.
LA LÉGISLATION RESTE LA BASE
Lors de la conception d'un entrepôt, la base reste les dispositions légales qui fi gurent à l'annexe 6 de l'arrêté royal sur les normes de base en matière de prévention contre l’incendie et l’explosion. Dirk Lemaire : « Il existe un certain nombre de solutions types. Cela permet de choisir une solution sans faire de calcul complet. Si cela n'est pas possible, il faut calculer la charge calorifi que par bâtiment. Sur cette base,
Ces rangées de portes coupe-feu Winlock sont équipées d'une barrière de rétention - le panneau en acier inoxydable en bas - pour retenir l'eau d'extinction et les fuites.
on peut, par exemple, calculer la taille maximale de chaque compartiment. Un facteur important est la présence de sprinklers. S’ils sont fournis, le compartiment peut être considérablement plus grand. Il s’agit donc d’un équilibre entre la charge calorifique, la structure du bâtiment, mais aussi l'environnement. Toutes les entreprises ne disposent pas toujours du terrain à consacrer à des bassins d'eau, des réservoirs ou des stations de pompage pour les sprinklers. » Ces calculs ont également un impact sur la structure du bâtiment. Le béton est plus résistant au feu et est donc plus souvent privilégié. « Mais il présente l'inconvénient d'être moins facile à adapter par la suite. Alors que l'acier l’est », ajoute Dirk Lemaire. Des installations spéciales sont également nécessaires pour les locaux techniques - tels que les cabines à haute tension - et pour le stockage de marchandises dangereuses. Dans ce dernier cas, le bâtiment doit également être équipé pour l’élimination des substances toxiques en cas de fuite et pour l'eau en cas d'incendie.
COMPARTIMENT
En prévoyant des murs dans l'entrepôt, l'architecte peut diviser le bâtiment en compartiments. Il est possible de fermer les connexions entre ces zones lors d’un éventuel incendie. Sylvia Roels : « Winlock offre un large éventail de possibilités. Chacun de ces produits peut être combiné avec des barrières de rétention pour la collecte des eaux d'incendie et avec des versions anti-effraction et insonorisées. Les concepteurs peuvent également les utiliser comme élément fonctionnel. Cela reste l'approche la plus fréquente. En cas d'incendie, la fermeture des portes est garantie conformément à la nouvelle réglementation CE. La sécurité des personnes passe toujours avant tout. »
Éteindre le feu avec du CO 2
Ansul Solutions propose une technologie d'extinction des incendies à base de CO 2 . « C'est une bonne alternative à l'extinction à mousse, qui est encore souvent utilisée dans le stockage des produits dangereux. Cependant, les entrepôts ADR sont en train de faire le tour de la question. Les utilisateurs choisissent l'extinction au CO 2 pour diverses raisons. Tout d'abord, ils veulent se débarrasser des problèmes environnementaux de la mousse et des dommages que cette extinction entraîne. Elle contient du fluor, dont l'utilisation a été interdite entre-temps. Le CO 2 est une substance naturelle qui peut sans problème être rejetée dans l'environnement, tout en prenant en compte la sécurité des personnes à l'intérieur ou à proximité du bâtiment. Il également des capacités d'extinction plus performantes. De plus, il s'agit d'un produit très bon marché qui peut être utilisé dans une installation simple, sans installation de pompage coûteuse en entretien et à tester chaque semaine. Enfin, les dommages causés aux marchandises stockées sont minimes », déclare Jan de Bruin, senior advisor special hazards chez Ansul Solutions.
Il admet que l'image du CO 2 n'est pas bonne. « Les magasiniers qui ne le connaissent pas ne croient pas qu'un gaz toxique invisible puisse se retrouver là où ils travaillent. Mais l'installation comprend toujours un système de détection des fuites qui émet une alarme sonore et visuelle même lorsque le niveau de CO 2 dans l'entrepôt n’augmente que légèrement. Dans tous les cas, l'installation est conçue pour que la sécurité des personnes prime sur toute autre préoccupation. Une installation au CO 2 est au moins aussi sûre qu'une installation à mousse. »
Cette technologie est aujourd'hui principalement utilisée dans les entrepôts ADR, mais aux Pays-Bas, elle est également présente dans les entrepôts automatisés de l'industrie pétrolière, de la peinture et de l'alimentation. « Mais le CO 2 ne sera jamais utilisé pour les biens marchands ordinaires. Les sprinklers sont alors la solution la plus rentable. »
Ansul Solutions a, entre-temps, également effectué quelques rénovations d'entrepôts. Cela a permis à l'utilisateur de l'entrepôt de continuer à travailler pendant qu’Ansul Solutions procédait à l’installation de CO 2 . Pendant tout ce temps, l’entrepôt est protégé par les sprinklers et/ou extincteurs à mousse existants.
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ROBOTS MOBILES SCALLOG
Les étagères mobiles permettent de stocker de manière très compacte dans l’entrepôt.
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Jef s’associe à Boby
L’année passée, la start-up française Scallog, spécialisée dans la robotique logistique, réalisait une levée de fonds pour accélérer son développement. Le nom d’un des investisseurs avait quelque peu étonné : Colruyt Group. Le groupe belge de grande distribution a pris une participation de presque 24%, lui donnant ainsi accès à des technologies très prometteuses. Philippe Van Dooren
Scallog, basé à Nanterre, a été fondée en 2013 par Olivier Rochet, son CEO actuel. La société a développé Boby, une solution de robotique mobile ‘goods to man’ pour la préparation de commandes. « Elle est inspirée du concept développé pour Amazon, qui utilise des petits robots mobiles : ils se placent sous une étagère, la soulèvent et l’amènent jusqu’à l’opérateur, qui prélève les produits requis. Ce concept ‘goods-to-man’ évite aux opérateurs de devoir se déplacer dans l’entrepôt. Le système permet de préparer trois fois plus de commandes dans un temps donné et d’utiliser la superfi cie dans l’entrepôt de manière plus compacte », explique Olivier Rochet dans un entretien exclusif avec Link2Logistics Management. « Boby s’inspire du concept d’Amazon, mais il s’en distingue par l’intégration d’un logiciel intelligent et évolutif. L’intérêt de notre système, c’est le pilotage particulièrement adapté à - entre autres - la pièce détachée et l’e-commerce. Cette activité s’automatise de manière croissante et nécessite une robotique agile et évolutive. Scallog est en mesure de faire évoluer le logiciel afi n de l’adapter à de nouveaux concepts développés soit en interne, soit à la demande des clients », ajoute-t-il. Colruyt Group a pris une participation de 23,7% via une augmentation de capital (pour un montant non communiqué). Cette levée devait permettre à la startup de doubler ses effectifs en un an et demi afi n d’intensifi er la R&D tout en intensifi ant son développement international, notamment en Europe. « La crise du coronavirus a ralenti le déploiement de cette stratégie, mais elle ne l’a pas arrêté », dit Rochet.
EN BELGIQUE ÉGALEMENT
Aujourd’hui, Scallog compte une bonne trentaine de clients dont l’Oréal, Airbus, Deret et Decathlon. « Nous avons réalisé plusieurs projets à l’international, entre autres en Belgique, en Allemagne, au Portugal et à Singapour », précise-t-il. « En Belgique, nous l’avons déployé dans quatre ou cinq entreprises, mais je peux juste dire qu’elles sont actives dans des secteurs tels que l’e-commerce, la cosmétique, le livre, la mode ou l’alimentaire. Dans certains cas, nous n’en sommes qu’à la première
Boby soulève l’étagère, puis la transporte jusqu’au poste de préparation de commande.
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Flexytote est complémentaire à Boby. L’opérateur prélève les articles souhaités dans les étagères que Boby déplace jusqu’à lui et les dépose dans des bacs placés dans des ruchers. Flexytote les transporte jusqu’au packing et apporte les bacs vides.
« En Belgique, des robots Boby ont déjà été installés ou déployés dans quatre ou cinq entreprises. »
phase du déploiement : le client débute avec une dizaine de robots et un nombre relative ment limité d’étagères avec lesquels il valide le concept dans une application ou un environ nement particulier. Quelques mois plus tard, nous passons à la vitesse supérieure ».
PROOF OF CONCEPT CHEZ COLRUYT
Chez Colruyt, Scallog a déjà réalisé - avant la prise de participation - un projet-pilote dans le non-food. Ce fut un succès. « Cette collabora tion sera poursuivie, mais provisoirement nous n’avons pas d’applications concrètes à l’agen da », précise Hanne Poppe, responsable de la communication chez Colruyt. Elle laisse tou tefois entendre que les ingénieurs de Colruyt et de Scallog travaillent conjointement à un ‘Proof of Concept’ pouvant être déroulé dans la logistique du groupe. Il y a quelques semaines, Colruyt annonçait la construction d’un nouveau ‘dark store’ (un centre de distribution dédié à l’e-commerce) pour Collect&Go. Aujourd’hui, le retailer en a un à Erpe-Mere et un autre à Zaventem. Ce dernier ne peut plus être agrandi. Pour faire face à la croissance du commerce en ligne, il sera remplacé par un nouveau centre à Londerzeel, quatre fois plus grand. Le nouveau bâtiment, qui ouvrira à l'automne 2021, fera 18.000 m². C’est une taille considérable, dans laquelle le concept ‘goods-to-man’ a toute sa pertinence. Spéculer que le ‘Proof of Concept’ élaboré par Scallog et Colruyt concerne ce centre de distribution, ne semble pas illogique.
UN NOUVEAU ROBOT : FLEXYTOTE
Scallog a par ailleurs développé récemment un robot Flexytote destiné à remplacer les convoyeurs (ou les chariots élévateurs) entre les postes de préparation des commandes et les postes de packing. « Flexytote est complémentaire à Boby. L’opérateur prélève les articles dans les éta gères que Boby déplace jusqu’à lui et les dépose dans des bacs ou des cartons disposés de manière ergonomique dans des ruchers. Flexytote prélève les bacs pleins et les amène de manière autonome vers le poste d’em ballage. De même, il apporte les bacs vides jusqu’à l’opérateur. Il s’agit donc de rempla cer les convoyeurs tant en aval qu’en amont du poste de préparation des commandes », explique Olivier Rochet. Les robots peuvent déplacer quatre ou huit bacs d’un poids total jusqu’à 250 kg. « Un des avantages est que l’entreprise peut se libérer d’une transitique trop rigide. Admettons que pour optimiser l’agencement de l’entrepôt, elle déplace de 20 mètres le poste d’emballage. Reconstruire, déplacer ou rallonger le convoyeur coûte cher et prend du temps. Avec Flexytote, il est possible de faire évoluer un entrepôt de manière très flexible. Les robots naviguent le long d’un marquage optique au sol, modifiable à volonté », ajoute-t-il. « Ce nouveau robot est actuellement en cours de test. Il a été développé à la demande d’un client belge - que je ne peux bien sûr pas nom mer - qui croit fort dans le concept. Flexytote a en effet un retour sur investissement de seulement 18 mois », conclut Olivier Rochet.
Pourquoi Colruyt a investi dans Scallog
Selon Jef Colruyt, le CEO de Colruyt Group, Scallog coche toutes les cases pour être soutenu par le retailer : sa capacité d’innovation au cœur de la révolution du commerce, son agilité de start-up, le talent de son équipe, et sa vocation internationale sur un marché à fort potentiel. Cet investissement cadre dans la politique à long terme du groupe.