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Le ‘nearshoring’ changera-t-il fondamentalement la chaîne logistique ?

Pour

Alex Van Breedam, CEO Tri-Vizor

« La géopolitique est de retour dans le débat sur la chaîne d’approvisionnement. Les entreprises ont appris ces dernières années qu’elles doivent faire preuve de résilience face aux disruptions de grande envergure. Les chargeurs ont d’abord réagi en constituant des stocks plus importants, mais ce modèle a atteint ses limites : des secteurs comme la technologie et la mode se retrouvent avec des stocks de produits rapidement obsolètes. De plus en plus d’entreprises optent pour une diversification stratégique de leur chaîne d’approvisionnement. La tendance à la mondialisation fait place au re-shoring : au lieu de se tourner vers la Chine qui casse les prix, on préfère opter pour un autre pays de la région, comme le Vietnam. Ou bien choisir une approche ‘China plus one’ en décidant par exemple qu’un cinquième de la production aura lieu hors de Chine. Cette redondance dans la production garantit une certaine continuité, si jamais un confinement important était à nouveau appliqué en Chine. Le fait de se focaliser sur une production à bas coût dans un seul site en Extrême-Orient n’est plus à l’ordre du jour. Aujourd’hui je parle surtout de ‘friendshoring’, la délocalisation vers des pays ‘amis’. Pour la première fois depuis longtemps, les pays déterminent à nouveau ce qui se passe dans les chaînes des entreprises. »

Contre

« La pandémie de Covid et la guerre en Ukraine ont provoqué une grande anxiété dans la chaîne d’approvisionnement. Les chargeurs veulent limiter les risques en constituant davantage de stocks tampons et en diversifiant les fournisseurs. Cependant, il n’y a pas eu de mouvement important de ‘nearshoring’ : les entreprises n’ont pas massivement rapatrié la production. Elles se sont plutôt déplacées, par exemple de la Chine vers le Vietnam. Le principe du ‘just-in-time’ fait place au ‘just-in-case’ pour répondre aux disruptions. L’essor de l’externalisation est passé. Il n’est pas question de démondialisation, mais le protectionnisme est de retour. On se dirige maintenant vers le ‘friendshoring’ : commercer et organiser la production dans des pays amis. La récente politique américaine de subventions avec le ‘Inflation Reduction Act’ inquiète les entreprises européennes. Le risque existe, à long terme, de voir davantage d'investissements de production aux États-Unis qu’en Europe. »

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