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La ‘technologie miracle’ cherche son second souffle

Il n’y a pas si longtemps, le blockchain était considéré comme une solution informatique prometteuse pour les problèmes complexes liés à la chaîne d’approvisionnement mondiale. Sur le terrain toutefois, la méfiance mutuelle de certains acteurs et la qualité médiocre des données requises ont freiné son développement.

Michiel Leen

À la fin de l’an passé, l’armateur danois Maersk a décidé de fermer TradeLens, la plate-forme de données lancée avec IBM en 2018. L’armateur lui-même a indiqué que la plate-forme n’avait pas répondu aux attentes et n’était pas commercialement viable. Avec cette plate-forme basée sur la blockchain, Maersk voulait donner un coup de pouce à la numérisation de la chaîne d’approvisionnement (maritime). Un peu moins de cinq ans plus tard, il est apparu que les autres acteurs de la chaîne n’avaient pas suivi les Danois. On parle nettement moins de blockchain aujourd’hui alors que le terme faisait, il n’y a pas si longtemps encore, le buzz dans les débats logistiques.

Pauline Van Ostaeyen, co-fondatrice de la plate-forme anversoise Dockflow, n’est pas entièrement surprise par ce fiasco. « Dans la logistique (maritime), la blockchain a longtemps été considérée comme la panacée pour la planification, les heures d’arrivée et la communication. Le modèle avec stockage décentralisé semblait aussi parfaitement convenir aux acteurs qui doivent coopérer tout en étant en concurrence les uns avec les autres. Les données sont beaucoup moins sujettes à manipulation. »

En pratique, le fait de partager des données commerciales sensibles se heurte à une certaine réticence. Une réserve qui a également pu être observée lors du lancement d’autres plates-formes data dans le transport et la logistique.

« En outre, la qualité des données s’est révélée être le talon d’Achille de cette technologie. Le problème c’est le manque de données qualitatives et standardisées. L’apparition de la norme DCSA représente une amélioration, mais tout le monde n’y adhère pas encore. Aujourd’hui, il existe des solutions plus simples que la blockchain complexe pour les défis liés aux données. Avec la blockchain, on a parfois l’impression d’utiliser un chariot élévateur pour transporter un pack de six de la cuisine au salon. »

L’API (voir cadre) constitue une bonne alternative. Cette technologie est d’ailleurs déjà implantée dans des plates-formes telles que NxtPort. Une API est capable de faire ‘dialoguer’ les bases de données entre elles et permet une intégration facile avec d’autres systèmes. Van Ostaeyen constate que les clients posent de moins en moins de questions sur la blockchain. Elle ne fait plus le buzz. « Au fond, la technologie utilisée n’est pas le plus important. Le client veut une solution dont il n’a pas à se demander comment elle fonctionne. L’accent doit donc être mis sur une solution conviviale utilisable par le client de manière évidente. »

Un peu de jargon

Blockchain : système de stockage de données dans une chaîne de blocs qui ne peuvent pas être modifiés. Les erreurs en cas de transaction de données au sein de la chaîne logistique peuvent ainsi être évitées et la fraude liée aux documents est plus difficile.

API : application qui permet à des systèmes informatiques très différents de « dialoguer » entre eux. Une technologie nécessaire lorsque chacun des différents acteurs de la chaîne applique ses propres systèmes.

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