InspirAction n° 4, décembre 2015

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InspirAction

Une publication des Transports Publics du Chablais N° 4 – décembre 2015

Le magazine qui incite à bouger dans le Chablais

Ernesto Graf du Karl’s kühne Gassenschau, évoque « son » Chablais

Thierry Lang Le jazzman joue l’essentiel

Portfolio

Le Chablais en « polyfaunie » par Roland Clerc, photographe

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IMPRESSUM Éditeur : Transports Publics du Chablais SA Rue de la Gare 38 – 1860 Aigle info@tpc.ch – www.tpc.ch Responsable de la publication : Claude Oreiller Rédacteur en chef : Grégoire Montangero Secrétaire de rédaction : Géraldine Candido Photographe : Grégoire Montangero (sauf mention contraire) Mise en pages : Halter & Gault Relecture : Bernard Huber et Patrick Schifferle Photolithographie : Baptiste Doxa Régie publicitaire : HP Média, Genève Impression : DBS Print, Vevey. Distribution : TPC et Loisirs’ Live Sàrl Ont contribué à cette édition : Daisy Demoor, Virginie Duquette, Christian Schülé (textes) ; Roland Clerc, Christophe Racat, Micael Rio, Christian Schülé (photos). Virginie Duquette (dessins). Photo de couverture : Roland Clerc a saisi toute la puissance et la majesté du gypaète barbu maîtrisant un atterrissage de toute beauté. Cette double page : le sanctuaire des Dents du Midi : un coin de paradis entre terre et ciel… InspirAction est une publication gratuite des Transports Publics du Chablais. Le contenu de ce numéro est également disponible sur www.tpc.ch Tirage : 25 000 exemplaires. Diffusion : Suisse romande et Chablais français.

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ÉDITORIAL À QUATRE MAINS

Chablais encore et toujours ! Aux esprits chagrins qui affirmaient que le Chablais ne permettrait pas de fournir matière à plus de deux éditions de ce magazine, nous avons le plaisir de démontrer le contraire ! En fait, plus on s’y penche, plus les richesses de notre région et des gens qui la font se révèlent nombreuses, diverses et étonnantes. La présente publication en témoigne, une fois encore. Pour nous qui sommes du cru, la chose est certaine. Et pour celles et ceux qui découvrent ce coin de

pays, c’est une nouveauté. Ravis de la partager à la ronde, nous vous souhaitons bonne lecture et grand plaisir. Une fois ces pages refermées, peutêtre foulerez-vous ce coin de terre ? C’est tout le bien que l’on vous souhaite !

Roland Clerc entretient une relation toute particulière avec la faune et la flore. Ses photographies en témoignent. Au fil de son porftolio, il nous invite à découvrir des

spécimens immortalisés avec la passion qui le caractérise tout près de chez lui : dans le silence de la vallée d’Illiez. Une occasion d’apprécier la richesse de notre coin de pays.

Transports Publics du Chablais Frédéric Borloz Claude Oreiller Président Directeur

SOMMAIRE 6 Portfolio de Roland Clerc Le Val d’Illiez en « polyfaunie » 13 Magaly Lambert : Une vague rose pour noyer le crabe 16 Ernesto Graf du Karl’s kühne Gassenschau: « Loin de SaintTriphon, j’ai le mal du pays… » 24 Cent ans de l’ASD : Un siècle et une fête ! 32 Joël Schopfer, alias Guéguèl : Très fier que sa fi lle s’envoie en l’air ! 35 Bernard Huber : L’homme qui aimait les livres d’enfant

37 Des trains pas comme les autres : Quand l’espoir fait le mur ! 41 Christian Berrut : Saint-Maurice : le fi lm ! 43 Thierry Lang : « Toucher au cœur ou alors ne rien jouer… » 49 Randonner malin : Le sentier de la Grande Eau 57 SUPPLÉMENT : Dernières nouvelles de l’Association du Chablais 63 Via Francigena : un chemin européen d’hier à travers le Chablais actuel 68 Leysin : le soleil qui sauve ! 72 Coin bouquins InspirAction | TPC # 4 |

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« Puissance des cerfs en rut, cris rauques, affrontements, manœuvres d’intimidation, constitution des harems… immobile dans mon affût, j’assiste, le cœur battant, à un spectacle d’une grande sauvagerie. »


Portfolio

Roland Clerc, photographe animalier

Le Val d’Illiez en « polyfaunie »

RIEN D’ÉTONNANT que Roland Clerc se considère comme un messager de la faune sauvage. Cet enfant des Evouettes n’a qu’un an au décès de son père. Dès lors, son grand-père l’initie aux secrets de la montagne. Au contact de la faune sauvage, le jeune Roland s’épanouit pleinement. Devenu photographe animalier, il tire parti de son passé d’alpiniste pour crapahuter inlassablement, du

Chablais jusqu’au fin fond des Alpes valaisannes. Passionné de nature, il exprime par ses images les émotions ressenties lors de ses rencontres avec les animaux. Son désir de partager ses vues avec un large public se concrétise dans des conférences réalisées avec Daisy Demoor, enseignante à la retraite devenue sa fidèle collaboratrice, à qui nous laissons le soin de commenter ce portfolio.


Pour roland Clerc : « Une photographie ne prend véritablement vie que lorsqu’elle transmet quelque chose qui va au-delà de la réalité représentée et qu’elle ouvre les portes d’un

royaume émotionnel dans lequel l’expression n’est plus simplement verbale. »

Des paysages de rêve, des biotopes d’une beauté et d’une infinie complexité… Pénétrer dans les coins les plus secrets du Val d’Illiez, tenter de se faire accepter par des espèces fauniques très diversifiées, partager discrètement l’intimité des animaux sauvages et les moments clés de leur existence : tels sont les privilèges que la montagne accorde à Roland Clerc.

Cet esthète apprécie l’atmosphère particulière qui règne lors d’affûts captivants et riches d’enseignements. Il connaît donc bien le chemin qui contourne les gouilles éclaboussées par les amours des batraciens et qui serpente entre les roches où les reptiles se réchauffent au soleil. Imaginez-le arpenter les alpages, entre feuillus et conifères, pour atteindre enfin l’univers minéral, suspendu entre ciel et terre, hors du temps, qui lui est cher.

Découvertes /

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En haut : figés dans une parfaite symétrie, un chamois et son petit profitent des dernières douceurs automnales.

Ci-dessus : chaudement emmitouflé dans sa toison fourrée, le renard de montagne s’est adapté à la rudesse du climat.

Mystérieuses forêts / Ecouter, observer une couleuvre d’Esculape en train de se glisser entre les branches, se fondre dans la nuit pour saisir le regard d’une chouette de Tengmalm qui surveille un renard en vadrouille, entendre les appels d’une chevêchette qui n’hésite pas à houspiller notre homme, suivre les acrobaties d’un écureuil ou s’extasier devant salamandres et tritons qui festoient dans une humidité moussue… Quel

enchantement pour ses yeux subjugués par le charme insolite d’ambiances ensorcelantes drapées de lichens ! Emotions / Se lever aux aurores ne rebute pas Roland, bien au contraire. « Le spectacle en vaut la peine : il se modifie selon les saisons et l’altitude », confie, enthousiasmé, le photographe. « Comment rester indifférent devant les

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« Vivre des aventures dans des endroits retirés et sauvages marque le cœur et l’esprit. tenter de transmettre les émotions ressenties sur le terrain, tel est le profond désir du photographe animalier. » Page de droite : à la saison des amours, une femelle de triton alpestre au ventre de feu rejoint une mare pour se reproduire.

Au printemps, les grenouilles rousses s’adonnent à de folles étreintes. Sauts, bagarres, copulation en couple ou partouzes, tout est permis ! Violonistes de l’été, les miramelles alpestres, petits criquets aux antennes courtes, exécutent un pas de deux coloré. la dectique ou sauterelle à sabre se sert de son abdomen effilé pour

marmottes qui apprécient la chaleur estivale ? Impossible de résister à l’attrait du brame des cerfs ! Assister, invisible, aux différentes phases du rut procure des sensations inoubliables. » Chaque image a sa propre histoire et génère de puissants souvenirs émotionnels. Jamais Roland Clerc n’oubliera la détresse de ce chamois face à son bébé coincé dans une fissure et voué à une mort certaine sans son intervention, ni ce

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déposer ses œufs dans des endroits favorables. Page suivante : sous le soleil estival, les marmottes « font les foins » afin de rembourrer leur terrier et de préparer leur litière pour l’hiver. Petite princesse des crêtes, la niverolle alpine esquisse un pas de danse.

mouflon atrocement blessé qu’il tentera, en vain, de soulager. Un monde magique / Lorsqu’il se retrouve dans la solitude des crêtes, Roland Clerc éprouve une immense admiration devant la résistance des animaux et leurs facultés d’adaptation à des milieux inhospitaliers. Que dire de ces chamois et de ces bouquetins luttant pour leur survie dans des


l’écureuil, en alerte, a repéré un prédateur. En quelques acrobaties, il sera hors de portée ! « Une fascinante chouette de tengmalm dévoile ses disques faciaux superbes, son regard vif, interrogateur, ses prunelles cerclées d’or. Couve-t-elle ? Mystère ! »

conditions hivernales extrêmes, de ces lagopèdes au mimétisme étonnant, de ces impressionnants gypaètes planant sur des vagues célestes, de cet aiglon dont il a suivi la croissance au fil des jours ? Tant de beauté, de quiétude, de magie dans des endroits qui, à force d’être visités, sont devenus un peu les siens et où il se sent chez lui. Le Val d’Illiez n’a pas fini de livrer ses secrets. C’est avec beaucoup d’humilité et de reconnaissance que

Roland Clerc reçoit les merveilleux cadeaux que la nature veut bien lui octroyer. Texte : Daisy Demoor. Images : Roland Clerc .

Pour en voir plus : www.faune-valais.ch

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ENGAGEMENt Magaly Lambert, âme de La Montheysanne

Une vague rose pour noyer le crabe UNE FOIS DE PLUS, une vague rose a balayé le Chablais : lorsque les t-shirts de centaines de femmes ont rythmé La Montheysanne, une course à pied pas comme les autres, un défi d’espoir et de mobilisation face au cancer.

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Une fable de La Fontaine. Voilà ce que pourrait être La Montheysanne. Dans le rôle du méchant, imaginez un crabe. Un crabe cruel et féroce. Comme le cancer. Un cancer qui avance en eaux troubles, serrant ses pinces à tout va. Tchik, tchak. Sur un poumon, sur un sein, au hasard. Face à la créature, de légères et délicates sauterelles. Comme Magaly Lambert. Une femme qui bondit d’idées en projets, du rire aux larmes, de promesses en espoirs. Une femme qui, en 2012, lançait une manifestation sportive, féminine à 100 %, en soutien aux personnes mordues par la maladie.

Première romande /

Magaly Lambert se demande alors comment apporter sa pierre à la lutte contre le cancer. Le déclic, elle l’aura en participant à sa première course à pied, la Frauenlauf de Berne. « Cet événement rassemble plus de 15 000 femmes dans les rues de la capitale. C’est en voyant cette immense vague que je me suis dit : il faut faire la même chose chez nous », raconte-t-elle, enflammée.

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une mini-marche. Pour les femmes, ou pour les fillettes. En fait, c’est tout sauf une incitation à la performance, tout sauf une quête de résultat, si ce n’est le taux de participation. Et sur ce point-là, Magaly Lambert a déjà course gagnée. De 500 participantes en 2012, La Montheysanne en a réuni 1057 en 2015. Mille femmes pour dire que les personnes touchées ne sont pas seules. Pour rappeler que le sport peut prévenir la maladie. Pour symboliser la lutte contre le cancer, et la course de fond qu’il représente. Et pour récolter de l’argent, évidemment. Le bénéfice sert à organiser les activités, le solde va à la ligue valaisanne contre le cancer. Une ligue qui salue l’engagement de Magaly Lambert et sa faculté de motiver les troupes.

Le cancer, un combat / Cette force, c’est ce qui frappe chez elle. Une paire d’yeux rieurs mais empreints de sensibilité. Un regard profond, comme pour traduire sa détermination. Et très vite, le « nous » l’emporte sur le « je ». « Nous les femmes nous retrouvons rapidement isolées, en marge. Avec le cancer, c’est pire encore, ça effraie les gens. » C’est pour sortir les malades d’un univers aseptisé, fait de blouses blanches et de jargon médical, que Magaly organise des ateliers durant l’année. Au programme : de la mécanique, du yoga, de la raquette. Mais aussi du krav maga, une méthode de combat. Bien peser ce dernier mot : combat, le quotidien des malades. Mais notre sauterelle insiste : « Quiconque s’intéresse à nos activités peut y participer. Ce ne sont ni des thérapies, ni des groupes de parole, mais des moments de partage. » Pour elle, le moment fort de l’année reste La Montheysanne. Difficile de ranger cette manifestation dans une case. C’est une course, oui. Mais aussi une marche, ou une mini-course, ou

Tabou brisé / Parrainée par Agnès Wüthrich, présentatrice du TJ de la Télévision Suisse Romande, la manifestation reçoit aussi le soutien de la ville de Monthey (qui offre le dossard aux filles jusqu’à 14 ans) et d’entreprises de la région. Quand bien même la crise guette. Pourquoi cet engouement ? « La cause concerne tout le monde », répond Magaly. Triste réalité. Hommes et femmes confondus, le cancer touche en moyenne plus de 37 000 Suisses chaque année, environ 16 000 n’y survivent pas. Chez les femmes, le cancer du sein se montre le plus meurtrier : sur 5 500 femmes dépistées par an, il en tue 1 400. En toute décontraction, La Montheysanne brise le tabou. Outre la course, un village et des animations sont déployés, grâce à l’investissement de nombreux bénévoles. Et Magaly Lambert de garantir : « Malgré la gravité du sujet, l’esprit reste toujours positif. » La morale de notre fable est ainsi toute trouvée. « Avec la vague rose, les sauterelles ne noient pas définitivement le crabe, mais elles portent l’espoir. » Alors Mesdames, Mesdemoiselles, l’année prochaine, à vous de jouer… Texte : Aline Carrupt. Images : Nicolas Acri et Josiane Boulnoix (sportives), Grégoire Montangero (Magaly Lambert).

Pour en savoir plus : www.lamontheysanne.ch

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lA qUEStioN d’oPrAh

« Loin de Saint-Triphon, j’ai le mal du pays… »

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Dans l’intimité du Karl’s kühne Gassenschau, à Saint-Triphon… Leurs spectacles « givrés » illuminent la carrière de Saint-Triphon. Leurs prouesses pyrotechniques et mécaniques éblouissent petits et grands. Leur univers poétique et décalé emporte l’adhésion des plus blasés. Telle est la magie du Karl’s kühne Gassenschau. Ernesto Graf, l’un des membres fondateurs et l’ambassadeur de la troupe a répondu à la fameuse question d’Oprah Winfrey : « Qu’est-ce qui est vraiment vrai pour vous ? » InspirAction | TPC # 4 |

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Qu’est-ce qui est vrai pour vous… en matière de théâtre de rue et d’art du cirque ?

La proximité avec le public. Voilà l’important. Dans la rue, c’est permanent : des enfants montent sur l’estrade et nous volent la vedette, des chiens nous reniflent les mollets alors que l’on jongle, des passants traversent notre espace pendant que l’on marche sur un fil, dans les airs ! Il faut donc sans cesse s’adapter. La pluie peut soudainement tout inonder, la grêle frapper sans prévenir. Improviser, réagir parce que le show must go on ! Or, avec nos grands spectacles actuels, nous courons le risque de perdre ce contact direct. L’important aussi, c’est de jouer pour tous les publics, d’être rémunérés au chapeau, système

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« Après avoir suivi l’école de mime Ilg de Zurich, Brigitt Maag, Paul Weilenmann, Markus Heller et moi étions tellement fiers d’être des funambules et de savoir jongler que nous avons voulu montrer nos talents dans la rue. C’est ainsi que tout a commencé. Personne n’aurait imaginé qu’on en arrive à des méga-shows comme A.K.U.A, Silo 8 (photos) ou Fabrikk ! »

tellement démocratique. Enfin, il y a cette vie de saltimbanques : Brigitt Maag, Paul Weineman, Markus Heller [les autres membres fondateurs – ndlé] et moi avons adoré vivre en tant que troupe, chacun dans sa caravane. Les gens de notre génération ont eu la chance de pouvoir abandonner la voie tracée par leurs parents, faire fi des convenances, de la sécurité financière. Notre idéal consistait à offrir ce que l’on aime au public. Je crois que cela nous a été bénéfique à nous et au monde ! … en tant que créateurs suisses ?

Ce que nous faisons à Saint-Triphon et en Suisse allemande serait impossible en Allemagne ou en France : trop de contraintes et de limitations

nous brimeraient. Nos débuts modestes, sans argent, sans emprunt, furent notre aubaine. Nous avons grandi peu à peu. Un jour, la mode des arts du cirque a commencé à surgir. Pour nous distinguer, nous aurions pu pousser encore plus loin nos feux d’artifice et nos cascades. Mais nous avons plutôt décidé de cesser de présenter de petits numéros. A la place, nous avons opté pour de grands shows – avec musique et humour –, fondés sur une histoire. Bien nous en a pris. Raconter nos préoccupations et partager notre vision du monde a touché les cœurs. Et cela dure depuis 20 ans… Aujourd’hui, nous nous félicitons d’être restés ensemble, d’avoir surmonté les tourmentes et les désaccords qui ont inévitablement eu lieu entre nous. La joie du

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Ernesto Graf (65 ans), grand amateur de VTT dans les Alpes vaudoises, est un des six fondateurs du Karl’s kühne Gassenschau. Docteur en mathématiques EPFZ devenu mime, acrobate et acteur, il est aujourd’hui le conseiller et l’ambassadeur de la troupe. « Chaque soir, j’accueille le public et présente notre spectacle. Puis je prononce le mot de la fin. Ce modeste rôle me permet de recevoir, en direct, les émotions de la foule : un plaisir ! »

public est notre récompense, au même titre que le Prix du Théâtre suisse que nous avons reçu en 2015. Qu’est-ce qui est vrai pour vous… en ce qui concerne l’avenir ?

A mes yeux, un être humain a deux devoirs essentiels : découvrir comment être heureux et contribuer au bien-être de ses semblables. Qu’il faille commettre des attentats pour véhiculer des idées montre qu’il y a encore du chemin à parcourir en la matière… Cela dit, je pense que le monde va plutôt bien. Si l’on s’intéresse à des sites Internet comme www.ted.com et non aux mauvaises nouvelles que diffusent certains médias, on s’aperçoit que plein d’individus font et partagent des choses géniales. … en ce qui concerne cette région ?

S’il y a un endroit où je me sens chez moi, c’est à la carrière des Andonces ! Je n’éprouve pas cela à Coire où je suis né et ai grandi, ni à Zurich où je vis depuis mes 20 ans, deux villes pourtant formidables. Mes compagnons éprouvent le même enthousiasme pour le Chablais et ses habitants.

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Devoir attendre quatre ans avant de remonter un spectacle ici nous paraît toujours long ! On aime les Dents du Midi au coucher du soleil, se balader au bord du Léman au Bouveret, monter au lac de Tanay et se baigner à la Gouille avec les enfants. A Champéry, j’ai découvert les joies du VTT, et, depuis, j’en profite chaque semaine ! Les habitants d’Ollon nous ont ouvert leur cave et leur cœur dès nos premiers cortèges de lancement en musique, avec verrées et grandes fêtes… Je suis d’autant plus content de pouvoir en parler aujourd’hui, après vingt ans de succès à Saint-Triphon, que notre pari en Suisse romande n’était pas gagné d’avance… Au début, nous jouions devant des gradins quasi vides (à peine 25 spectateurs par soir) alors que notre budget exigeait 800 personnes à chaque représentation… Nous avons bien cru que tout était fichu quand… ça s’est mis à marcher ! Après une représentation, une dame de 90 ans soutenue par deux cannes est venue jusqu’à moi. Elle m’a dit : « Avec vous ce soir à Saint-Triphon, j’ai vécu la plus belle soirée de ma vie ! » Ce genre de déclaration paie en retour tous les efforts de notre fabuleuse équipe qui se donne sans compter.


Chez nous la hiérarchie est très plate et c’est ce qui fait notre force

A l’heure de conclure… Après cet entretien léger et débonnaire, Ernesto Graf est soudain devenu sérieux : « Vous n’écrirez pas que je suis le Karl de la troupe, n’est-ce pas ? Vous ne ferez pas de moi l’initiateur ou l’unique fondateur de notre

aventure, c’est bien clair ? Chez nous, la hiérarchie est très plate, c’est ce qui fait notre force. Birgitt, Paul, Markus et moi – de même que les autres membres de la troupe –, sommes tous un peu le Karl de l’affaire ! d’ailleurs

kühne signifie audacieux ! Et sans cet ingrédient essentiel qui caractérise chacun d’entre nous, du plus invisible au plus visible, nous n’aurions pas vécu cette histoire, ni eu le bonheur de découvrir… le Chablais ! » Images : Le Matin (spectacle), G. Montangero (Ernesto Graf).

Pour en voir plus : www.fabrikk.ch


Six cabanes dans un train :

Une exclusivité décorée par DERIB, Patricia et Frédéric Studer (boutique Calice à Ollon).


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Un siècle et une fête ! IL Y A EU les récentes Expositions nationales ou universelles : chantiers pharaoniques dont il n’est plus rien resté une fois les lampions éteints. Et il y a eu les 100 ans de l’Aigle – Le Sépey – Les Diablerets (ASD) : modeste célébration, mais dont demeurent des traces à voir et à vivre…

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Après des décennies de lutte pour sa survie, il s’imposait de marquer, de façon palpable et durable, le siècle de la vaillante centenaire qu’est l’ASD. Pouvait-il en être autrement pour la ligne chérie des Vaudois ? A travers ces quelques reflets des célébrations de 2014, voici, pour vous, autant de pistes à emprunter pour explorer et découvrir le Chablais, les Ormonts et… l’ASD, bien sûr !

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lE MUSéE dES orMoNtS lE trANSorMoNAN Jusqu’au 10 avril 2016, l’adorable Musée des ormonts, à Vers-l’Eglise se consacre tout entier à l’ASd. on y découvre toutes les étapes de la genèse, de la naissance et de l’existence de cette ligne. du bureau de l’ingénieur qui le conçut jusqu’au percement des tunnels, en passant par les images de chantier et les outils utilisés en 1913, l’exposition nous plonge dans l’ambiance de cette opération colossale réalisée avec des moyens simples. films, photos, objets de diverses périodes, retracent un siècle d’aventures. Une plongée dans les grandes pages de l’histoire de la ligne, comme si vous y étiez. Près de 6000 petits et grands visiteurs ravis ont ainsi déjà découvert les mille et un rebondissements (oppositions, difficultés, innovations technologiques, problèmes financiers et autres, y compris un meurtre !) qui ont fait l’histoire du train pas comme les autres qu’est l’ASd. A votre tour ?

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A l’origine, les voitures de l’ASd étaient rouges. Mais en 1940, un terrible incendie détruisit le dépôt de la ligne, à Aigle. Pour conjurer le sort, on décida alors de peindre le matériel roulant en gris et crème, teintes qui rappelaient moins le feu dévastateur… C’est en clin d’œil à cette décision que les passionnés de chemin de fer de l’association ASd1914 ont redonné ses couleurs à l’une des rames d’origine. Ce projet exécuté à l’occasion des 100 ans de la ligne permet aux nostalgiques de voyager dans le temps. Poste de pilotage d’époque et sièges en bois contribuent à raviver l’ambiance de 1914 et à transformer un parcours d’Aigle aux diablerets en une expédition unique et mémorable. (rame à louer, sur demande.)


lA liGNE SoMPtUEUSE A bord d’un train d’époque ou plus récent, faire un tour sur l’ASd vaut le déplacement. Considérée comme l’une des plus belles lignes du canton, elle s’aventure suivant un trajet très pittoresque. Elle franchit tunnels et viaducs vertigineux. Elle offre un coup d’œil sur le léman. Puis elle traverse la très belle vallée des ormonts. A l’arrivée, elle vous laisse sans voix face à l’impressionnant massif des diablerets. de là, mille et un parcours de randonnées vous attendent si vous affectionnez la marche. Et si vous aimez la luge et le ski, vous pouvez, toute l’année, vous éclater au sommet de Glacier 3000.


lE ChABlAiS SCoPE la « rame merveilleuse » comme l’appellent certains visiteurs fascinés, contient un mobile géant de 36 mètres de long. Pascal Bettex, le roi de l’art en mouvement, en est l’auteur. les parrains de ce projet sans égal sont les comédiens du Karl’s khüne Gassenschau qui ont illuminé la carrière de Saint-triphon pendant des mois avec leur spectacle Fabrikk. Admirateur de tinguely, Bettex réalise des œuvres plus raffinées que son aîné. dans ce train, il a réuni tous les points forts du Chablais. Une manière loufoque et déjantée de montrer que les pigments rouges d’une célèbre voiture de sport italienne proviennent de Monthey, que la région regorge de champions du monde en tout genre, que des

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pièces de satellites se fabriquent à Aigle, que des éléments qui équipent tous les moteurs de formule Un viennent de roche, entre mille autres surprises. le tout, bouge, tourne, va et vient dans un fourmillement d’objets, de rails, d’engrenages – tous plus surprenants les uns que les autres. Un univers qui a déjà enthousiasmé plus de 20 000 personnes lors de sa présentation en tant qu’hôte d’honneur à la foire du Valais de Martigny, ainsi que l’équipe de l’émission Passe-moi les jumelles qui a consacré un reportage à Pascal Bettex et à son Chablais Scope (à voir sur http:// bit.ly/paju-rts) avant de le visiter pour de vrai, ici ou ailleurs (renseignements sur www.chablais-scope.ch).


lA rAME ChEz roSE Chez Rose a tout une histoire. A la fin des années 90, les tPC ont reçu un bel héritage ! il provenait d’une certaine rose Vauthey, totalement inconnue. Ce don tombé du ciel a permis de créer un train muni de divans, de tables de salon et de petites lampes qui a beaucoup contribué à empêcher la fermeture de la ligne grâce à l’intense fréquentation qu’il a longtemps enregistrée. rafraîchi et repensé en 2015, Chez Rose est devenu un train unique au monde, équipé de six cabanes en bois ! Patricia et frédéric Studer, de la boutique Calice à ollon, ont créé un monde qui rappelle celui de fifi Brindacier, avec des objets au plafond, des rencontres inattendues (nains de jardin, arrosoirs, moules à gâteau). En plus de s’installer dans le cabanon de jardin, la cuisine ou l’atelier qui occupent le véhicule, on peut voyager dans l’une ou l’autre des niches décorées aux couleurs des quatre saisons. le dessinateur derib a, pour sa part, réalisé la décoration extérieure, façon Yakari ! que du bonheur. (location pour groupes, sur réservation au 024 468 03 41.)

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En plus de ces célébrations, la fête a battu son plein en divers lieux du Chablais : à Aigle, au dépôt de l’ASD près du château (grande journée publique), au temple (concert de la Haute école de Musique de Lausanne, section Sion) ; aux Diablerets (happening de peinture de Joe Bœhler, organisé à la gare par les TPC au profit de Terre des Hommes Massongex) ; à Vers-L’Eglise (concert du quatuor à cordes Valère), sans parler des trains historiques TransOrmonan qui

ont circulé entre plaine et montagne à plusieurs reprises. Honorée comme elle le méritait, la vénérable ligne de l’ASD a, en plus, fait l’objet d’un livre qui retrace son histoire atypique, et plonge dans les souvenirs de ceux qui ont contribué à la maintenir en vie lorsqu’elle en avait cruellement besoin… Autant de bornes qui ont ravi les amis de l’ASD venus, pour l’occasion, de Suisse, de Belgique, de France et d’ailleurs !

Photos : Michel Fornerod (p. 26 à droite) ; Marc Junod (p. 28) ; Pierre-André Michaud (fête ASD, pp. 24-25) ; Christophe Racat (pp. 25 en bas, 27 en haut, 30 à gauche) ;

Marc Strifeler (p. 27 en bas) ; www.suburbanmen.com (p. 30 à droite) et Grégoire Montangero.


Les TPC et Chablais Gourmands présentent

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© Roland Clerc (Dents du Midi) – www.faune-valais.ch

ferroviaires


PortAit ChiNoiS Le père de Sharly, la Chablaisienne qui touche les étoiles

« Je suis très fier que ma INCROYABLE MAIS VRAI. Il vendait des aspirateurs. Il est devenu dessinateur. Il n’a pas encore publié sa première BD. Néanmoins, son héroïne Sharly, connaît déjà un succès astronomique : elle orne les flancs de la fusée de l’Agence spatiale européenne. « Une histoire de fous ! », raconte Joël Schopfer, alias Guéguèl, né à Monthey en 1988.

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Que seriez-vous si vous étiez… un livre : ce serait Excusez-moi,

mais votre vie c’est maintenant, de Doreen Banaszack. Une invitation à s’activer pour atteindre ce que l’on veut plutôt que de passer son existence à simplement la rêver. Un objet : un crayon. Grâce à cet instrument tout simple, je mets en mots et en images, j’exprime mille choses qui, sans lui, resteraient dans ma tête. Un lieu : mon atelier de Monthey. Un espace sans fenêtre et sans téléphone.

Ainsi coupé du monde, je peux créer le mien. Une personnalité : Arnold Schwartzenegger. Parti de rien, il voulait faire du bodybuilding, du cinéma et devenir président des USA. Il a plutôt bien réussi et il m’inspire ! Une image : ma Sharly géante,

sur sa fusée. Cela restera sans doute un des plus grands souvenirs de ma vie ! Un proverbe : « Mieux vaut

avoir des remords que des regrets. »

fille s’envoie en l’air ! » « Que mon oncle, ingénieur, soit tombé amoureux de mes dessins, d’accord. Mais que les très sérieux membres de l’agence aient aussi succombé au charme de ma Sharly, j’ai eu de la peine à le croire ! » Ils ont pourtant bel et bien choisi cette nana de papier aux cheveux rouges pour populariser leurs opérations. C’est ainsi que le 19 décembre 2013, une Sharly géante apposée sur la tête de la fusée européenne décollait de Guyane sous le regard émerveillé

de son dessinateur… « Grâce à elle, je suis allé dans l’espace par procuration ! Après avoir pu assister à cet envol depuis Darmstadt, j’ai mis trois jours à revenir sur terre et à reprendre mes crayons ! » Bientôt, le premier album de la petite extraterrestre devrait voir le jour. En attendant cet événement… cosmique, Joël Schopfer anime l’association Des dessins contre les bobos, en faveur des enfants hospitalisés. Et il s’est prêté au jeu du portrait chinois…

Pour en savoir plus : http://www.desdessinscontrelesbobos.com http://bit.ly/sharly InspirAction | TPC # 4 |

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PASSioN

L’homme qui aimait les livres d’enfant D’ORDINAIRE, les adultes se débarrassent des livres de leurs jeunes années. Bernard Huber, de Pallueyres-sur-Ollon, lui, les collectionne. Mais pas n’importe lesquels : anciens, rares, précieux, frappés aux armes d’une famille noble, voire réalisés par un jeune roi ! Evocation enflammée d’un « trésor bibliophile », important sur le plan scientifique. Niché au-dessus d’Ollon, loin du tumulte de la ville, le hameau de Pallueyres mérite la visite. Sa nature préservée rappelle l’époque de Rousseau. Là repose la collection de Bernard Huber, laquelle vaut également le détour. « Comme l’atlas pour la jeunesse des XVIIIe et XIXe siècles, l’abécédaire et le livre d’enfant ancien en romanche – mes trois domaines de prédilection – n’intéressent pas les foules, je vis caché, donc heureux ! », déclare ce père de quatre enfants, marié à une Portugaise. Caché certes, mais relié au monde grâce aux TPC, puisque Bernard Huber ne conduit pas. Dans un coin de paradis /

À onze ans, c’est la découverte de la fastueuse bibliothèque de l’Abbaye de Saint-Gall. « Un choc. Un déclic. L’amour du livre ancien. Puis une longue amnésie en la matière, jusqu’au milieu de la trentaine », se souvient ce docteur en histoire de la pédagogie, aujourd’hui retraité. « Le réveil a eu lieu lors de ma rencontre avec un collectionneur. Il cherchait une édition veveysanne de Robinson Crusoé dont il ne reste qu’une douzaine d’exemplaires dans le monde… Je farfouille dans une brocante de Genève et je lui en déniche un ! Dès lors, la soif de livres anciens ne m’a plus lâché ! »

L’histoire d’une soif tenace /

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son côté, elle se consacre à la sienne : sa maison d’hôtes de Pallueyres (www.lapetitegrange.ch). » Mais qu’est-ce qui fait courir Bernard Huber ? /

Au total, le bibliophile chablaisien a rassemblé plusieurs centaines d’ouvrages plus inattendus les uns que les autres. Une « cueillette » qui attire des visiteurs d’Amsterdam ou de Paris, et qui le met en contact avec des experts de New York et d’ailleurs. « Dénicher des merveilles comme ce livre écrit et typographié en 1718 par le roi Louis XV (ci-dessus) alors qu’il avait huit ans ou des ouvrages “truffés” (deux livres emboîtés l’un dans l’autre, par exemple), exige une certaine culture et surtout… du temps ! Heureusement, mon épouse Rosa me laisse m’adonner à ma chronophage passion. De Quand on aime… /

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Face à ses somptueux ouvrages en romanche (comme ci-dessus), on ne peut que partager son enthousiasme. Tenir en mains le seul exemplaire complet connu d’un abécédaire en sutsilvan (le plus petit idiome romanche : 580 locuteurs) et d’autres manuels rédigés dans les cinq variantes de notre quatrième langue nationale, suscite l’émotion. « C’est mon modeste apport à la conservation de ce patrimoine linguistique », précise-t-il, lumineux. « Et mettre enfin la main sur un ouvrage que je convoite depuis des années me procure une véritable jubilation ! » Fier de son « œuvre », Bernard Huber souhaite qu’elle lui succède et demeure dans la région. Mais, pour l’instant, il remue ciel et terre pour acquérir un titre qui le hante : la Grammaire des campagnes, du Père Grégoire Girard. « C’était une personnalité exceptionnelle. Sans doute l’un des plus grands Fribourgeois du XIXe siècle. Je souhaiterais prendre soin de son legs ! » Message transmis.


déCoUVErtE

Des trains pas comme les autres

Quand l’espoir fait le mur ! LE MUR DE L’ESPOIR, peint au printemps 2012, fait maintenant partie du paysage montheysan. Il illumine les jours de grisaille et interpelle les passants. Et ses couleurs ont trouvé un nouvel écrin pour se déployer, celui d’une rame de l’AOMC. Drôle de rame / Depuis plus d’un siècle, les vaches chablaisiennes avaient l’élégance de regarder passer les convois sans rien dire. Une sorte d’incarnation béate, tranquille et ruminante de la quiétude. Mais depuis 2014, fini le train-train quotidien ! Sur la ligne de l’AOMC, une composition atypique vaporise la campagne des couleurs de l’arc-en-ciel avant de prendre la poudre d’escampette, direction la montagne…

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« Avec cette idée, les Transports Publics du Chablais transportent l’espoir », s’enthousiasment Francine Cutruzzolà, de la bibliothèque interculturelle A tous livres, et Florencia Roulet, du Groupe Amnesty International MontheyChablais. Deux drôles de dames à l’origine de cette drôle de rame. Pour elles, tout a commencé au printemps 2012, lors des 4e journées de la diversité. A l’invitation des deux associations, des migrants montheysans ont raconté, sur un mur de béton, leur voyage jusqu’à leur terre d’accueil – la Suisse. Des histoires un peu cabossées et, ici ou là,

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quelques mains tendues pour les enjoliver. Ce qu’il en reste aujourd’hui ? Le Mur de l’Espoir, vaste fresque située au cœur de la ville, entre le Théâtre du Crochetan et le Vieux Collège. Notez bien l’adresse. Car elle est au visiteur ce que le terrier du lapin blanc est à Alice : une porte vers l’imaginaire. Des arbres aux racines multicolores évoquent des origines diverses mais des appartenances solides. Des ponts tissent des liens entre les montagnes et les nationalités. Dans le ciel, des oiseaux résument l’élan migrateur. Et d’un horizon à l’autre, un fleuve navigue entre les cultures.


Symbole d’ouverture / En tout, 97 personnes de 24 nationalités auront dégainé leurs pinceaux. Leur Suisse à elles ? Tolérante, juste, accueillante. Et loin de la politique, des médias, du monde des journaux télévisés. Si elles n’ignorent rien des situations des migrants, Francine Cutruzzolà et Florencia Roulet tenaient à « donner un visage positif à l’immigration ». Une mission parfois mise à mal, comme le jour où elles ont retrouvé la fresque recouverte de tags, de croix gammées. « Ça a été comme un déclic. Nous ne pouvions pas laisser la bêtise l’emporter », se souviennent-elles. C’est ainsi qu’elles

se sont attelées à recueillir les témoignages des artistes improvisés, avec la publication d’un ouvrage de 64 pages à la clef. Intitulé Le Monde dans la ville, il raconte, en textes et en images, la construction de ce pan coloré. « Et puis, au fil des rencontres, le Mur de l’Espoir a trouvé un second souffle », poursuit Francine Cutruzzolà. Ainsi, d’autres projets ont-ils vu le jour, comme des ateliers d’écriture ou une expo photos. Emballés, les Transports Publics du Chablais ont eux aussi embarqué sans hésiter, reproduisant la fresque sur deux de leurs voitures de chemin de fer. « Habiller une rame entière implique certes des coûts, mais des messages comme la tolérance, le respect des différences, l’accueil de la diversité n’ont pas vraiment de prix », note Claude Oreiller, directeur des TPC. Trait d’union entre les cantons du Valais et de Vaud, vitrine de la Suisse pour les nombreux touristes qui visitent le Chablais, l’AOMC devient ainsi un symbole fort de solidarité et d’ouverture. Laisser des traces / Ce train extraordinaire circu-

lera jusqu’à ce que des rames flambant neuves remplacent, au printemps, ces deux véhicules. Mais l’espoir ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Restera le compte Facebook consacré au projet : www.facebook.com/murdelespoir. Quant au petit mur de béton, survivra-t-il aux mutations de la ville ? Pas sûr… Les deux initiatrices du projet en sont conscientes. Mais elles gardent le sourire. « Ce type d’expression est forcément éphémère. Il ne faut pas être triste. Car quand la fresque disparaîtra, on pourra se dire qu’elle aura vécu. » Il est vrai que jamais les murs de Monthey n’avaient eu autant de choses à raconter. La vache ! En voilà une belle histoire… Texte : Aline Carrupt. Images : Mickael Rio (train), Grégoire Montangero.

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Champéry - Les Crosets Champoussin - Morgins

2 PAYS

195

remontées mécaniques

280 pistes de ski

650

km de glisse > www.ski-and-bike.ch <

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éClAirAGE

Saint-Maurice : le film ! POUR CÉLÉBRER les 1500 ans d’existence ininterrompue de l’Abbaye de SaintMaurice, Christian Berrut a réalisé un film documentaire. Arrêt sur image. Saint-Maurice vaut bien… un film ! / Lorsque Christian Berrut, médecin et cinéaste né à Troistorrents, mais installé de longue date à Monthey, a proposé aux chanoines de l’Abbaye de Saint-Maurice de réaliser un documentaire sur eux et leur histoire, ceux-ci lui ont laissé carte blanche. Résultat : un film humain, humble et sincère. Une évocation touchante d’une aventure spirituelle et politique – eh oui ! – hors du commun. « Etant né à 2 km de ce site, je connaissais depuis toujours le caractère exceptionnel de l’abbaye. Mais j’avoue que ce tournage m’a fait mesurer l’ampleur de son importance historique et son unicité », admet le cinéaste. Son documentaire, Le sang et la sève, montre combien l’abbaye fut un lieu clé du royaume de

Bourgogne puis du duché de Savoie. « En fait, tout le passé de ce sanctuaire, point de transit immanquable entre le nord et le sud, est intimement lié à celui de l’Europe depuis… quinze siècles ! » Reconstitutions de scènes, maquettes, regards d’historiens et témoignages d’hommes d’Eglise concourent à retracer l’incroyable destin de cet endroit préservé. Le trésor de Saint-Maurice au Louvre… / Au fil du temps, les chanoines reçurent mille et un dons sous forme d’objets d’art religieux. Ainsi, l’abbaye s’est-elle constituée un trésor d’une valeur inestimable, dont certaines pièces datent d’avant l’ère chrétienne. « A ma grande surprise, les conservateurs du Louvre n’ignoraient

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rien du trésor chablaisien et du rôle décisif de l’Abbaye de Saint-Maurice. Voilà pourquoi ils ont souhaité s’associer à ce 1500e anniversaire en réunissant plusieurs de ses joyaux à Paris pour une grande exposition ! » Quand le vrai trésor réside ailleurs… / Interrogé sur le moment fort du tournage, Christian Berrut répond sans hésiter : « La sincérité et l’humanité des chanoines, ainsi que le message

qu’ils véhiculent. Que l’on soit croyant ou pas, on ne peut qu’admirer leur fidélité et leur engagement, contre vents et marées. Lorsque l’un déclare : “Même si nous n’étions que deux à prier pour le monde, cela vaudrait tout de même la peine qu’existe notre abbaye !”, je me dis que tel est le véritable trésor de Saint-Maurice. » Images : Charly Défago (tournage) ; Grégoire Montangero (Christian Berrut).

quand la médecine mène au cinéma…

Christian Berrut ou le gastro-entérologue et cinéaste à qui les films ne donnaient pas mal au ventre ! Bien au contraire ! Après plusieurs

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courts-métrages, ce Chablaisien a réalisé trois reportages à succès : Jusqu’au bout du possible (2009) consacré à l’alpiniste david Max ; Le grand dialogue (2012) sur le sculpteur chablaisien André raboud et Le sang et la sève (2015) sur l’Abbaye de SaintMaurice. des télévisions, un peu partout dans le monde, ont déjà diffusé

ce dernier documentaire plus de vingt fois. traduit en plusieurs langues, le film de Christian Berrut pose un regard délicat sur une belle aventure humaine que le Chablais abrite depuis quinze siècles… Pour en savoir plus : www.filmic.ch


rENCoNtrE

rENCoNtrE

Thierry Lang, pianiste et compositeur de jazz

« Toucher au cœur ou alors ne rien jouer… » SA MUSIQUE naît dans son studio d’Ollon. Ensuite seulement elle part conquérir les amateurs de jazz intimiste du monde entier. Installé dans le Chablais depuis plus de vingt ans, le pianiste fribourgeois revient sur l’essentiel…

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Cinq Cd à gagner ! Les TPC mettent au concours 5 exemplaires du dernier CD de Thierry Lang trio : Serenity. Un simple e-mail à service.promo@tpc.ch et vous participerez au tirage au sort qui aura lieu le 15 janvier 2016.

Le bonheur du contemplatif / Jouer

sur les scènes du monde, enchaîner concerts et tournées : ainsi va la vie de Thierry Lang. « Je dois faire avec, moi qui suis plutôt de nature calme et méditative… C’est pourquoi j’ai choisi de déposer mes valises à Ollon. » Dans ce petit village vigneron aux ruelles à découvrir, l’artiste a installé son studio d’enregistrement ainsi que son Steinway. Il y a aussi fondé son home sweet home. « Les gens sont chaleureux, causants. On se retrouve autour d’un verre, tout le monde se connaît. Des dizaines de possibilités de promenades magnifiques me permettent de me ressourcer… Bref, il fait très bon vivre ici. »

Une musique douce comme un vin / Dans ce cadre serein et inspirant, le musicien conçoit ses projets. En quintet ou en septet – il aime les grandes formations –, en solo ou en trio – sa formule préférée –, autant de configurations possibles,

mais qui, toutes, véhiculent ce qui lui est cher : sa signature musicale. « Devenir reconnaissable en quelques notes, voilà l’important, et ce qui demande le plus de travail. » Dans son cas, une sonorité ronde et chaude participe pour beaucoup à l’estampille de Thierry Lang. « J’aimerais que ma musique soit à l’oreille ce qu’un bon vin rouge est au palais ! » Tel est son exigence sur le plan physique. Tout le reste relève de l’émotion et du sentiment. « Je crains les notes pour les notes. Seules m’intéressent celles qui touchent l’âme. Alors je descends au fond de moi, en quête de phrases musicales susceptibles d’atteindre le cœur de mon public. Je cherche à off rir des bulles d’air frais, qui enivrent et font du bien. Lorsque j’y parviens et que les spectateurs y goûtent, je considère avoir fait mon job. » Si, au détour d’une rue d’Ollon, des notes de piano vous enchantent, vous saurez que la magie du lieu est en train d’inspirer Thierry Lang.

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Offrez-vous un voyage dans le temps !

Train nostalgie 1914 Sièges en bois et confort 1900 confèrent à ce matériel d’origine un cachet très apprécié. Retour en enfance assuré pour les aînés. Émotion garantie pour les enfants et les nostalgiques des trains d’autrefois ! SPÉCIFICITÉS

• Ligne : Aigle–Le Sépey–Les Diablerets • Motrice et voiture de 1913, rénovés façon 1940 • Sièges avec tablettes

LOCATION POUR GROUPES Automotrice seule Adultes/enfants (max. 35 pers.) Aller simple : CHF 350.– Aller-retour : CHF 520.–

Automotrice + 1 voiture Adultes/enfants (max. 60 pers.) Aller simple : CHF 500.– Aller-retour : CHF 750.–

• Retour : dpt Les Diablerets 15 h 05 - a rr. ~16 h 15 • A bord : vente de snacks et boissons, suggestions d’activités aux Diablerets

COURSES HORAIRES 2016

Adultes : CHF 18.– Enfants : CHF 7.– Réservation obligatoire 024 468 03 41 info@tpc.ch – www.tpc.ch

Juillet : 9, 16, 23 Août : 6 et 13

• Aller : dpt Aigle 10 h 03 arr. 1 1 h 15



rANdoNNEr MAliN

Le sentier de la Grande Eau : pour les yeux, la main et le cœur InspirAction | TPC # 4 |

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SAVEZ-VOUS ce qu’était un cabinet de curiosités ? Il s’agissait d’une vitrine particulière. Elle réunissait objets rares, squelettes animaliers, pierres précieuses et autres trouvailles, souvent rapportées de lointains voyages. Durant des siècles, tout homme cultivé se constituait un tel cabinet. Aujourd’hui, l’accompagnatrice en montagne Virginie Duquette nous invite à une balade tout public aux Diablerets afin de nous faire (re)découvrir trois « merveilles ordinaires » dignes de figurer dans la malle aux trésors de quiconque sait regarder.

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« Il suffit de passer le pont, c’est tout de suite l’aventure… », chantait Brassens. / Tel est le cas avec

l’itinéraire accessible en toute saison, conçu pour les jeunes de 5 à 105 ans, que nous invite à emprunter Virginie Duquette. « Je l’apprécie beaucoup car, même s’il commence au centre du village, il est très “nature”. Souple et “rebondi” sous le pied, parfaitement entretenu et balisé, on y marche de façon agréable 365 jours par an. Et on peut en rapporter des “merveilles”… »

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Picea abies (épicéa) a.

c. (x 20)

b. a. rameau ; b. coupe transversale du rameau ; c. coupe d’une aiguille.

MErVEillE BotANiqUE quoi de plus banal qu’un épicéa ? « C’est pourtant un survivant de millions d’années de changements climatiques ! », s’exclame Virginie duquette. Avec ses aiguilles susceptibles de rester plus de 5 ans sur leur rameau, cet arbre appartient aux rares espèces qui nous protègent du chaud en été et du froid en hiver. A ce titre, il mérite déjà notre respect. Mais ce n’est qu’un début ! Savez-vous qu’il produit son propre antigel ? dès les premiers froids de l’automne, une partie du sucre produit par ses « feuilles » est mobilisée comme antigel. En hiver, par temps 52

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beau et doux, l’arbre poursuit sa fabrication. Aucun cristal de glace ne peut ainsi abîmer les cellules des aiguilles, ce qui aide l’arbre à tenir jusqu’au printemps. Par ailleurs, avez-vous remarqué la similitude entre les aiguilles d’épicéa et les feuilles de végétaux des déserts froids ? Pas de hasard ! Aux diablerets, la terre peut geler jusqu’à une profondeur de 150 cm. or la totalité des racines traçantes de cet arbre peuvent occuper les cinquante premiers centimètres de l’humus. de ce fait, comme ses « frères » des déserts froids, il n’accède à aucune

eau sous forme liquide… la nature a donc limité la surface de sa « feuille » à une simple aiguille pour éviter toute transpiration (perte d’eau) excessive. Elle l’a aussi entourée d’une couche cireuse qui la rend « coriace ». Cela contribue à réduire la perte aqueuse et la protège des intenses rayons UV propres à la montagne. Pour Virginie, ces « traits de génie évolutifs » sont autant de bonnes raisons (parmi bien d’autres !) d’observer les épicéas qui nous entourent. Et d’enrichir votre cabinet de curiosités botaniques d’une photo de ce grand méconnu !


MErVEillE ANiMAliÈrE Connaissez-vous le très étonnant cincle plongeur ? Ce « drôle de zèbre » se nourrit d’invertébrés et de petits escargots. Chose fascinante, il s’en empare au fond des rivières, lit qu’il parcourt en marchant sous l’eau, même en hiver ! Etonnant, lorsque l’on sait que la plupart des oiseaux quittent les diablerets en automne pour des climats plus chauds, en quête de ressources alimentaires indispensables. le cincle, lui, reste chez nous, car il a su s’adapter au milieu aquatique de façon remarquable. Voyez plutôt ! d’ordinaire, les os creux des oiseaux

les font flotter sur l’eau. Alors, comment le cincle parvient-il à descendre sous la surface des flots ? En modifiant la forme de son corps et en ouvrant un peu ses ailes. de cette façon, le courant contre lequel il se déplace le maintient au fond ! Comme tous les oiseaux, son croupion s’orne d’une glande uropygienne (mot grec qui signifie fesse queue). très développée chez lui, la glande produit un mélange de corps gras et de cire. Avec son bec, il étale ce produit hydrofuge sur ses plumes lors de ses toilettages. Ainsi reste-t-il sec après avoir chassé sous l’eau.

le puissant courant de la Grande Eau empêche tout gel hivernal. Suffisamment propre, elle favorise le développement d’une grande variété d’organismes dont le cincle se nourrit à l’année. Si vous vous munissez de votre appareil de photo, vous pourrez enrichir votre cabinet de curiosités locales de belles images que vous prendrez de lui (en silence !) sur les berges de la Grande Eau.

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MErVEillE GéoloGiqUE le 25 juin 2005, des milliers de mètres cubes de boue, de roches et de troncs enlisent le village des diablerets. le maelström arrache des ponts, ravage des sentiers. la cause du débordement de la Grande Eau ? Un violent orage stationnaire d’une durée de 30 minutes. l’événement confirme que la rivière locale porte bien son nom. Et que l’imposant massif de Creux-deChamps se défait de grosses pierres 54

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tout comme d’infimes particules. oui, sécheresses, pluies, tempêtes, gels et dégels successifs attaquent cette masse de calcaire mélangée à des roches friables et solubles. Alors, la prochaine fois que vous arriverez aux diablerets, en descendant du train, regardez bien la paroi qui clôt la vallée des ormonts. Voyez comme la façade minérale qui culmine à 3000 mètres d’altitude paraît solide

et immuable. Vous la connaissez sans doute pour l’avoir déjà vue. Vous pensez qu’elle a toujours été là et le sera pour l’éternité ? Cependant, elle s’effrite, se dissout, s’érode. Virginie duquette souhaite vous faire adopter un regard frais sur cette montagne : « rendez-vous compte qu’il y a 230 millions d’années, les roches de Creux-de-Champs constituaient un fond marin ! Coquillages, coraux et


organismes à ossature de calcium y vivaient, y mouraient et s’y déposaient. difficile à imaginer, et pourtant… » Et pourtant, au fil des ères géologiques, ces dépôts ont formé de véritables couches. Peu à peu, ces sédiments se sont consolidés pour devenir du calcaire. Puis la formation des Alpes les a soulevés. A partir du niveau de la mer, le gigantesque plissement les a retournés, élevés, érigés. Jusqu’à

en faire les cimes actuelles que l’on nomme le massif des diablerets. Si vous vous promenez au sommet, avec un peu de chance, vous pourrez rapporter pour votre cabinet de curiosités personnel une ammonite (voir dessin), magnifique témoin fossile de cette lointaine période marine. Mais peut-être resterez-vous dans le village. dans ce cas, vous pourrez également récolter une trace de ce temps

immémorial. « Cueillez » simplement dans le lit de la Grande Eau un galet issu de ce même massif. Et si vous ne quittez pas votre chambre ? Vous verrez peut-être du tartre blanc jaunâtre au fond de votre tasse de thé. C’est une autre preuve, bien que plus discrète, que la montagne de calcaire perd, pluie après sécheresse, dégel après gel, un peu de sa masse… InspirAction | TPC # 4 |

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Suivez la guide !

1. De la gare, commençons à remonter le cours de la rivière située de l’autre côté des voies de chemin de fer. Le sentier conduit d’abord au Domaine des Sources. Avant d’irriguer les petits plans d’eau de ce lieu enchanteur, les ruisseaux franchissent plusieurs centaines de mètres, voire de kilomètres, dans des galeries souterraines au cœur

des montagnes. Qui dit source ne dit pas forcément potable, car l’eau des pâturages d’altitude, potentiellement chargée d’excréments, peut s’écouler si vite dans ces galeries de calcaire qu’elle n’a pas le temps d’être épurée. 2. Continuons à longer la rivière jusqu’au pont carrossable qui traverse la Grande Eau et nous permet de poursuivre notre itinéraire sur la rive droite. Conseil de Virginie : « Si vous en avez le temps, offrez-vous un petit détour vers les très vieux et très beaux chalets d’Aigue Noire ! » Remonter la rive droite nous conduit au départ du Parcours Vita où nous attend un magnifique couvert en bois avec tables, bancs et espaces pour grillades – endroit idéal pour un piquenique ou une pause. 3. Notre chemin se prolonge jusqu’au superbe pont suspendu construit au printemps 2015. « Vous pourrez apprécier des paysages aux couleurs d’ouest canadien », relève Virginie.

difficulté : facile distance : 5 km Montée totale : 80 m

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descente totale : 80 m Altitude max : 1231 m temps de marche : 1 h 15

4. Traversons le pont pour emprunter le sentier du retour sur la rive gauche. Ici ou là, un banc nous invite à nous asseoir et admirer les falaises de Sous-Barme ainsi que les parois rocheuses de Creux-de-Champs. A maints endroits vous trouverez un accès à la rivière où vous pourrez laisser place à votre créativité ainsi qu’à votre sens de l’architecture, en défiant Newton, pour ériger une tour de cailloux appelée cairn (ou kern). Bonne balade ! Randonnée, informations scientifiques et illustrations : Virginie Duquette. Photos : Christophe Racat, sauf médaillon p. 54 : Virginie Duquette.


Dernières nouvelles de l’Association du Chablais Relier les Chablaisiens : telle est la mission des Transports Publics du Chablais, telle est la vocation de l’Association du Chablais. C’est ainsi tout naturellement que le magazine des uns s’est imposé comme le vecteur de communication de l’autre. Rendez-vous est dorénavant pris pour vous faire partager, dans InspirAction, la vie et les activités de l’Association du Chablais !

Texte : Christian Schülé. Photos : Ordrade123 (pont) / www.dailyslow.it (Via) / Christian Schülé (Reflets) / www. athle.ch (Tour) / Looping Création Monthey (pub)

Supplément Association dudu Chablais – InspirAction | TPC # 2#| 2 | 57 Supplément Association Chablais – InspirAction | TPC 57


Devenir Citoyen du Chablais

La Via Francigena dans le Chablais L’Association du Chablais a adhéré à l’Association européenne des chemins de la Via Francigena. Elle a ainsi rejoint la Région Bas-Valais et Aigle Région au sein de cette association fondée en 2001 à Fidenza, en Italie. Celle-ci coordonne la Via Francigena. Elle en est le répondant pour le Conseil de l’Europe. Cette adhésion est importante car elle renforce la présence chablaisienne et suisse au sein de l’entité européenne tout en offrant d’intéressantes opportunités de développement et de rayonnement pour notre région. L’article, page 63, vous en dira plus sur ce chemin de pèlerinage reliant Canterbury à Rome en parcourant l’Angleterre, la France, la Suisse et l’Italie. Via Francigena : www.viefrancigene.org

La carte de Citoyen du Chablais vous fait bénéficier de réductions dans plus d’une quinzaine de sites touristiques, culturels et sportifs de la région. Ce sésame vous permet de participer à la Journée des citoyens

organisée chaque automne. Pour obtenir votre carte, il suffit d’adhérer à l’Association. La cotisation pour membre individuel s’élève à CHF 20.- par an. Informations et adhésion : www.association-chablais.ch

Reflets de la Journée des citoyens La Journée des citoyens s’est déroulée le samedi 17 octobre dernier à Saint-Maurice. Elle a réuni plus de 80 participants. Au programme : visite de la Grotte aux fées et de l’Abbaye de SaintMaurice. Le repas pris au réfectoire du collège de la vénérable institution a permis aux participants de déguster son fameux « zigouille moustique », un plat nourrissant à base de pain perdu délicieusement gratiné au fromage. Pour conclure la journée, les participants ont eu le privilège de visiter la rotonde ferroviaire de Saint-Maurice grâce à la générosité spontanée de l’un des membres de l’Association. Après le Valais, rendez-vous en 2016 en terre vaudoise !

L’Association s’engage pour le Chablais Culture, bien-être et loisirs sont les domaines dans lesquels l’Association du Chablais s’engage pour rapprocher les populations et contribuer au développement harmonieux des Chablais vaudois, valaisan et savoyard. Elle collabore avec les 28 communes de la région et Chablais Région. Outre la traditionnelle Journée des citoyens, à laquelle sont conviés

tous ses membres, l’Association organise au printemps une sortie visant à faire découvrir un site patrimonial local. Pour la deuxième année consécutive, l’Association a soutenu la présence régionale à la Foire du Valais, à Martigny. Elle s’engage par ailleurs pour la cause sportive en organisant le Tour du Chablais. La course pédestre soufflera ses trente

bougies en 2016 avec des nouveautés à découvrir (voir page suivante). L’année 2016 sera également celle des Griffons du Chablais. En effet, à l’automne se déroulera la cérémonie d’attribution de cette distinction récompensant une personnalité ou une société active dans les domaines de l’économie, du sport et de la culture.


TOUR DU CHABLAIS

30e édition du Tour du Chablais

Nouveautés 2016

L’Association du Chablais organise le Tour du Chablais, grâce à l’engagement d’un comité toujours aussi enthousiaste, et en partenariat avec les sociétés locales. La 30e édition du Tour se déroulera du 23 mars au 4 mai 2016. Les 6 étapes traditionnelles seront précédées d’un prologue dans les rues d’Aigle ouvert aux adultes et aux enfants. Afin d’encourager la pratique du sport chez les jeunes, chaque enfant participant à une étape recevra une inscription pour une étape supplémentaire. Plaine, lac et montagne seront à nouveau au rendez-vous de cette compétition conviviale toujours plus populaire. Après un petit crochet sur

la Riviera, à Montreux, le Tour réintègre le Chablais. Bex, Vionnaz, Morgins et Les Diablerets mettront à l’épreuve les mollets des coureurs et coureuses avant un final festif à Monthey. Les TPC offriront à nouveau la gratuité sur leurs lignes aux personnes inscrites à l’étape du jour. Le covoiturage sera par ailleurs encouragé afin de limiter le trafic automobile et de partager de manière conviviale le transport jusque sur les lieux d’étape. Radio Chablais, partenaire média de la première heure, sera comme toujours sur la ligne de départ avec des émissions en direct, des interviews et des reportages.

• Prologue comptant pour le classement général ; • chronométrage personnel du temps de course affiné grâce à l’installation d’un tapis de départ à chaque étape • offre spéciale enfants : une étape offerte pour toute inscription ; • partenariat avec la course Sierre-Zinal (une inscription gratuite offerte aux trente premiers inscrits au Tour du Chablais) ; • plateforme de covoiturage ; • rame du chemin de fer AigleOllon-Monthey-Champéry décorée aux couleurs de cette 30e édition du Tour du Chablais ! Renseignements et inscriptions : www.tour-chablais.ch

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Renseignements et inscriptions www.association-chablais.ch ou 024 47 33 111

Actualités 2016 23 mars-4 mai 30e édition du Tour du Chablais 19 mai Assemblée générale

Supplément Association du Chablais – InspirAction InspirAction || TPC TPC ##24||

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rENCoNtrE

Depuis plus de 40 ans, l’Association du Chablais contribue au rayonnement de la région et favorise la rencontre entre ses habitants. Fondatrice de Radio Chablais, elle organise chaque année le Tour du Chablais et la Journée des citoyens. Elle apporte son soutien à des initiatives contribuant à un développement régional harmonieux dans les domaines de la culture, du sport et du bien-être.

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il ESt PASSé PAr iCi… Via Francigena

Un chemin européen d’hier à travers le Chablais actuel

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TOUS LES CHEMINS mènent à Rome, c’est bien connu. Encore faut-il savoir par où ils passent. L’un d’eux traverse le Chablais. Emprunté par les pèlerins cheminant vers la Cité de SaintPierre, il a reçu le nom de Via Francigena. Le voyage est à nos portes, suivons le guide. Il est archevêque de Canterbury et se nomme Sigéric…

Ci-dessus : pèlerins gravés dans la pierre sur la cathédrale de Fidenza, en Italie.

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Ci-dessous: de Rome à Canterbury, mais en passant par Saint-Maurice, Roche et Yvorne (photos), la Via Francigena est aussi chablaisienne.

Dans les pas de Sigéric / Sans le savoir, cet homme a posé, en l’an 990, les jalons de la Via Francigena. Sans s’en douter, il allait devenir, mille ans plus tard, l’incontournable référence de ce chemin. Le tracé actuel se fonde, en effet, sur son journal de voyage, dont la British Library à Londres conserve le manuscrit. Après avoir reçu l’investiture de sa nouvelle fonction du pape Jean XV, le prélat anglais entame sa longue marche de retour. Sigéric, dit le Sérieux, emprunte alors le plus court chemin pour regagner l’Angleterre. Et il relève le nom des 79 lieux où il fait étape entre Rome et les rives de la Manche. Ses pérégrinations culminent à plus 2400 mètres d’altitude, au col du Grand-Saint-Bernard. Deux mille mètres plus bas, le Chablais lui ouvre les bras. La 51e étape de son voyage a pour nom Sce Maurici. L’antique ville d’Agaune, devenue

Saint-Maurice, constitue un important lieu de pèlerinage, avec son abbaye abritant les reliques du légionnaire Maurice et de ses compagnons, morts en martyrs. Après avoir franchi le Rhône, l’archevêque fait halte à Burbulei. Derrière ce nom à consonance latine se cache le modeste hameau de Versvey, entre Aigle et Roche. Versvey est justement l’un des lieux où le passé romain de cet axe ancestral de transit et d’échange a refait surface dans le Chablais. Des tronçons de la voie romaine ont été mis au jour près du village. On y a aussi découvert deux bornes milliaires (visibles à la maison de commune de Roche). Elles jalonnaient la route et indiquaient la distance à parcourir jusqu’au chef-lieu voisin, Martigny. De tels vestiges attestent de la fréquentation de cet itinéraire européen durant les premiers siècles

Des Romains et des pèlerins /

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de notre ère. La dévotion devient, au cours du Moyen Age, l’une des principales motivations à prendre la route. Le Chablais voit défi ler les pèlerins. Avec Jérusalem et Saint-Jacques de Compostelle, Rome constitue l’un des principaux lieux de pèlerinage de la chrétienté. Les pieux voyageurs des territoires septentrionaux de l’Europe empruntent alors la Via Romea ou Via Francigena pour aller vénérer les reliques de Saint-Pierre. Tel un fleuve alimenté par de multiples affluents, elle entraîne vers la Cité éternelle son flot de pèlerins. L’Europe sur le pas de la porte / Aujourd’hui, la route de Rome est à portée de pied ! Elle déroule

ses 1800 kilomètres de chemin de l’Angleterre à l’Italie, en passant par la France et la Suisse. Elle franchit trois chaînes de montagnes : le Jura, les Alpes et l’Appenin. Intégrée dans le réseau pour la mobilité douce SuisseMobile, elle arbore le dossard numéro 70 parmi les itinéraires de La Suisse à pied. Un pèlerin indique le chemin sur les panneaux jaunes du tourisme pédestre estampillés Grand itinéraire culturel du Conseil de l’Europe. La Via Francigena représente non seulement un chemin d’histoire et de mémoire, mais également un chemin de vie, de rencontre et de partage qui confirme la place du Chablais au cœur de l’Europe.

Texte : Christian Schülé. Photos et illustrations : Christian Schülé (p. 64-65) et Dreamstime.com (carte de Rome) ;

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http://royaume-uni.e-monsite.com (vitrail cathédrale de Canterbury) ; Sara Rambaldi (carnets) ; www.wikipedia.org (pèlerin).


Ci-contre : carnet de route d’une certaine Sara Rambaldi, pèlerin actuel, illustrant sa Via Francigena. Ci-dessous : une silhouette peinte sur une pierre le long du chemin par un autre marcheur…

UN PAtriMoiNE CoMMUN la poussière de l’histoire a, bien sûr, recouvert les traces de pas des marcheurs de la foi. Mais un peu plus d’un millénaire après le voyage de Sigéric, le Conseil de l’Europe inscrit, en 1994, la Via Francigena dans son programme des itinéraires culturels. objectif : valoriser l’apport des différents pays d’Europe à un patrimoine culturel commun. Précurseur dans la redécouverte et la mise en valeur de cet itinéraire porteur d’histoire et d’avenir, l’italie crée l’Association européenne des chemins de la Via francigena en 2001, à fidenza. le Bas-Valais y adhère au travers de l’Antenne régions Valais romand, suivi par Aigle région et l’Association du Chablais. Un patrimoine à découvrir à pied, à vélo ou à cheval en suivant les indicateurs verts de l’itinéraire 70 de La Suisse à pied. Pour en savoir plus : • Association européenne des chemins de la Via francigena www.viefrancigene.org • SuisseMobile, 70 Via Francigena www.suissemobile.ch • Francigena Opera Omnia, sous la direction de robert Giroud. le Chablais, Associazione Culturale per la Conservazione e la divulgazione dei Beni Culturali d’italia, Viterbo, 2014.

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A lA CroiSéE dES ChEMiNS

Leysin : le soleil qui sauve ! LORSQUE GAINSBOURG CHANTAIT : « Sous le soleil exactement… », il ne pensait pas à Leysin. Il aurait pourtant pu dédier sa chanson au village, tant l’astre du jour a présidé au destin et au succès de cette station atypique. Bref tour d’horizon…

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Saviez-vous que Claude François a passé sa dernière nuit à Leysin ? Que Boney M, ABBA et Village People y ont séjourné ? Qu’y étudient des jeunes de cent nationalités ? Que deux Leysenouds, Alfred Neveu et Silvio Giobellina, ont décroché une médaille olympique ? Qu’un autre enfant de Leysin, Nicolas Vaudroz, conçoit et construit des parcours de ski cross pour les JO ? Et que les pentes enneigées du lieu ont accueilli durant sept ans la Nescafé Champs Open de half-pipe ? Beau score pour un endroit qui, jusqu’au milieu du XXe siècle, avait une réputation exclusivement médicale et tout sauf sexy… Bien tardivement par rapport aux autres stations, Leysin a fini par embarquer à bord du train du tourisme. Bien lui en prit : depuis lors, Leysin a la cote. Aujourd’hui, ses infrastructures comblent les fans d’accrobranche, de curling, de natation, de stretching, de tobogganing, d’escalade, de tennis – autant dresser la liste de ce que l’on n’y fait pas, ce serait plus rapide ! Autres spécialités : un centre de formation et de détection d’avalanches, un sentier didactique des énergies renouvelables et un jardin de plantes médicinales. Pas mal pour un lieu qui, pendant soixante ans, résista au tourisme. Commune montagnarde (elle s’étend, plein sud, entre 1250 m et 2200 m d’altitude), Leysin offre dépaysement, vue somptueuse, calme ou activités et… sécurité. D’ailleurs, un des rares survivants du Titanic s’installa sur l’alpage de Qui l’eut cru ? /

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Prafendaz dont il tint longtemps la buvette – loin de tout ce qui pouvait ressembler à de l’eau ! –, et ne ralliait la plaine que forcé et contraint ! Le curieux destin du village / Tout commence par une graine. Une graine semée en 1764 et qui mettra deux cents ans à germer. En ce milieu du XVIIIe siècle, un scientifique relève qu’à Leysin, l’espérance de vie est de dix ans plus élevée qu’à Paris ou à Berlin. Grand ensoleillement et air pur en sont les causes. Et voici qu’à la fin du XIXe siècle, la tuberculose ravage l’Europe… Impuissance totale de la médecine. Et si l’on soumettait un cas désespéré à une cure de bon air et de lumière ?, se dit un médecin. Le nom de Leysin resurgit. Et le succès du test propulse le village sur les rails d’un destin hors norme : il sera la destination de cure pour les tuberculeux. Vade retro tourismus ! / Ainsi,

dès 1886, la réputation de Leysin rayonne-t-elle de par le monde. Normal : grâce à l’héliothérapie du Dr Auguste Rollier – version améliorée d’une cure grisonne –, les malades guérissent. Enfin ! Dès lors, les patients affluent de France, de Belgique, d’Allemagne, d’URSS et d’Angleterre. D’où la construction, sans plan d’urbanisme, d’une trentaine de sanatoriums déguisés en hôtels (photo ci-contre). D’où encore la création d’une ligne de chemin de fer pour convoyer, depuis Aigle, les curistes par milliers. Une fois remis en forme, ceux-ci s’en


retournent chez eux ou… s’installent dans le coin de paradis qui leur a sauvé la vie. Mais en 1929, l’économie du village subit l’effet du krach boursier. Bien des riches le sont moins. Ils hésitent donc à se faire soigner dans les Alpes vaudoises. Au même moment, la maladie connaît un recul naturel manifeste. En 1950, apparaît un nouveau remède. Et deux ans plus tard, en voilà un autre, qui ne nécessite ni soleil et ni longs mois

d’hospitalisation… Le village passe alors de 3 000 malades par an à 200, de 100 médecins à 4, et de 500 soignants à une poignée. L’heure est grave. Pour le dynamique hôtelier Frédéric Tissot, hors du tourisme, point de salut. Or rares sont les gens, à l’époque, prêts à suivre ce visionnaire… Vers une nouvelle image… / Tissot

tient bon. Lui qui avait créé la Société des hôteliers de Leysin en 1934 n’a que cela à faire. La commune n’a pas d’argent. Les banques ne lui accordent aucun soutien. L’image médicale du village et son offre hôtelière obsolète dissuadent les touristes… A force d’enthousiasme, d’entregent, de culot et de coups de force aussi, il arrive à ses fins. Le Club Med s’installe et contribue à faire connaître la nouvelle orientation du village. Dans la foulée, des anciens sanas se convertissent en hôtels, en pensionnats pour jeunes gens ou en colonies de vacances. Tissot a bien fait les choses : on lui doit, en 1950, l’ouverture d’un minigolf, de télécabines, d’un domaine skiable, de deux sociétés de promotion qui vont glaner les touristes loin à la ronde. Et comme air pur et soleil sont toujours de la partie, le nouveau Leysin voit le jour. Ce Leysin qui, aujourd’hui encore, incarne cet « oxygène des Alpes » dont il a fait son slogan, bien placé qu’il demeure… sous le soleil, exactement. Photos : Christophe Racat et José Crespo (ci-contre).

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ChABlAiS-ChABlAiS

COIN BOUQUINS Le Chablais s’écrit et s’illustre, alors parlons-en ! Petite sélection de livres réalisée en partenariat avec la librairie A l’ombre des Jeunes Filles en Fleurs, à Monthey.

Le mur de l’espoir de Monthey – Le monde dans la ville florencia roulet et francine Cutruzzolà, 25 Chf (contact pour achat : 024 471 59 74) Chaque motif du Mur de l’Espoir résume une histoire de vie et exprime une ou plusieurs appartenances dont la signification n’est pas toujours évidente pour les spectateurs. Ce recueil de témoignages et de dessins de migrants se lit comme la narration du bouleversement et des attentes qu’engendre la migration, qu’elle soit choisie ou forcée. les très nombreuses illustrations racontent la métamorphose d’un mur gris et anonyme situé derrière le théâtre du Crochetan, devenu une grande fresque colorée qui rappelle les histoires de vie des participants.

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Les 99 chasselas à boire avant de mourir Jérôme Aké Béda et Pierre-Emmanuel Buss, Ed. favre, 59 Chf Une sélection de 99 chasselas d’exception, souvent de millésimes anciens, issus de toute la Suisse, depuis son berceau de lavaux jusqu’à Neuchâtel en passant par le tessin et le Valais. Une démonstration que le chasselas est non seulement un breuvage propice à la convivialité, mais aussi un grand vin de terroir et un morceau de notre patrimoine.

Les Passagers par zordi Gabioud, Ed. la Puce Nano Editions, 9 Chf Première pièce de théâtre de ce jeune auteur valaisan, les Passagers offre une vision inédite du voyage ferroviaire. En effet, deux sièges de train mêlent, au fil de leur discussion rien de moins que questionnements métaphysiques et philosophie de comptoir ! Un ravissement pour l’esprit que cette belle jonglerie verbale, certes pas chablaisienne, mais qui a le mérite de faire monter le chemin de fer sur les planches !


Il était une voie – Cent ans de chemin de fer Aigle– Le Sépey–Les Diablerets Grégoire Montangero, Ed. Publi-libris, 25 Chf il était une voie, l’ouvrage officiel publié à l’occasion du siècle d’existence de l’ASd, va au-delà de la simple évocation des heurs et malheurs d’une ligne ferroviaire de montagne. l’Aigle–le Sépey–les diablerets étant un chemin de fer au passé atypique, le livre qui le relate l’est tout autant.

Chalets de Champéry – Aquarelles florence Vernerey, 50 Chf Valais économique d’hier, d’aujourd’hui et de demain – 200 ans d’histoire économique didier Planche et al, Ed. Valais Valeur Ajoutée, 65 Chf Publié dans le cadre du 200e anniversaire de l’entrée du Valais dans la Confédération helvétique, cet ouvrage relate de manière synthétique la fantastique et passionnante histoire économique du canton, de 1815 à nos jours.

En peignant les chalets de Champéry, florence Vernerey a réalisé que certains d’entre eux allaient être détruits. d’où ce livre, pour conserver la mémoire de ces futurs disparus et de tous les autres, si typiques de la Vallée d’illiez. Autant de raisons de se convaincre que Champéry distille des sortilèges capables d’effacer toutes les imperfections et d’envoûter le visiteur.

Au cœur du Chablais Cyril Baumgartner, Ed. Camargue, 45 Chf Né à Vouvry, le photographe Cyril Baumgartner s’est fait plaisir en immortalisant sa région de plaine et de montagnes, de villes et de villages aux bâtiments à l’architecture typique. Une façon de découvrir, en couleurs et en grand format, les charmes des Chablais vaudois et valaisan.

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L’accès malin en

TGV Lyria des Neiges de la gare d’Aigle aux

Portes du Soleil

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