InspirAction n° 1, décembre 2013

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InspirAction

Une publication des Transports Publics du Chablais N° 1 – décembre 2013

Le magazine qui incite à bouger dans le Chablais

Portfolio

Caterina Murino Onésia Rithner

Le Chablais magique de Grégory Gex-Fabry

Bollywood made in Chablais

ASD : 100 ans en juillet 2014

Séverine Cornamusaz L’envers du décor chablaisien de son dernier film

Fanny Smith

Tête à tête avec la Championne du monde 2013

Concours (page 20)

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IMPRESSUM Éditeur : Transports Publics du Chablais SA Rue de la Gare 38 –1860 Aigle info@tpc.ch – www.tpc.ch Responsable de la publication : Claude Oreiller Rédacteur en chef : Grégoire Montangero Secrétaire de rédaction : Géraldine Candido Photographe : Grégoire Montangero (sauf mention contraire) Mise en pages : Halter & Gault Relecture : Carole Oehner et Patrick Schifferle Photolithographie : Baptiste Doxa Impression : Imprimerie Gessler, Sion. Imprimé en Suisse. Distribution : TPC et Loisirs’ Live Sàrl Ont contribué à cette édition : Céline Monay, Christophe Racat et Christian Schülé (textes) Grégory Gex-Fabry, Christophe Racat et Allan Terranova (photos) Photo de couverture : Grégory Gex-Fabry. La Dent de Barme, au-dessus de Champéry. InspirAction est une publication gratuite des Transports Publics du Chablais. Le contenu de ce numéro est également disponible sur www.tpc.ch. Tirage : 22 000 exemplaires. Diffusion : Suisse romande et Chablais français.

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éditorial à quatre mains

InspirAction : Le retour ! Quand un ballon d’essai connaît pareil succès, on se doit de renouveler l’expérience ! Telle est notre conclusion au vu des échos qui ont accompa­ gné la parution du numéro test d’InspirAction. Demandes d’abonnements, courriers de lec­ teurs, d’institutions, d’offices du tourisme, de propriétaires de chambres d’hôtes, et vagues de téléchargements (plus de 5000 à ce jour) de notre application iPhone pour découvrir les randon­ nées que proposent les TPC font que vous tenez ce nouveau numéro entre vos mains. De toute évidence, InspirAction comble un vide, fournit

sur le Chablais un éclairage qui faisait défaut. Pour les TPC dont la vocation est de constituer un trait d’union régional, éditer cette publication va de soi. Mais nous sommes ravis de constater que l’existence même de ce magazine répond à une attente. Dans l’espoir que ce nouveau numéro vous sé­ duise également, nous vous souhaitons une très agréable lecture. Transports Publics du Chablais Frédéric Borloz Claude Oreiller Président Directeur

En montant à la Dent de Morcles, depuis le versant Saint-Maurice, au-dessus de Riondaz. « J’aime la proximité avec le Mont-Blanc (deuxième montagne enneigée, au loin, à

droite), massif sans frontière géologique puisque la partie visible sur l’image est suisse ! », déclare le photographe Grégory Gex-Fabry, auteur de notre portfolio.

SOMMAIRE 9 Dis-moi où tu vis, je te dirais qui tu es ! 6 Chablais Gourmands, vous connaissez ? 14 Portrait chinois de Vincent Barbone 16 La question d’Oprah à Séverine Cornamusaz 22 Participez au 100e anniversaire de l’ASD 20 Concours : Dix DVD de Cyanure à gagner 22 Balade dans la vallée des légendes 28 Portfolio de Grégory Gex-Fabry

35 Le moteur à explosion : inventé par un Chablaisien ! 39 Ivan Moscatelli : peindre l’ASD sans l’ASD 42 Caterina Murino et Onésia Rithner : Bollywood made in Chablais 46 Increvable ASD : bientôt centenaire… 48 L’heure du thé avec Fanny Smith 50 Monthey et son vrai supplément d’âme 52 Coin bouquins

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Le plein des sens

Réunir 47 restaurateurs, vignerons et fabricants de produits de bouche, vaudois, valaisans et français : il fallait le faire. Et y parvenir pendant dix ans relève de l’exploit. Telle est la victoire que célèbre l’association Chablais Gourmands. A l’occasion de cet anniversaire, les TPC inaugurent leurs déjeuners ferroviaires sur la ligne BexVillars. La très fédératrice bannière de Chablais Gourmands qui fournit boissons et repas à bord offre un bon moyen de se délecter de quelques merveilles du terroir…

Beatrix Hurst, âme du projet depuis sa genèse et secrétaire de l’association nous reçoit devant un appétissant plateau de victuailles (charcuterie fine, fromage des alpages du Val d’Illiez et d’Abondance). Pour sa part, le vigneron Bernard Huber, président de Chablais Gourmands nous sert un verre de chasselas d’Ollon. Ainsi débutent quelques échanges passionnés…

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Chablais Gourmands semble commencer à se profiler en tant que véritable marque… Beatrix / Il y a encore du chemin à parcourir,

mais on en rêve et on y travaille. Nos efforts de marketing et de communication y tendent. Et la distinction Milestone que nous a attribuée Suisse Tourisme en 2004 nous reconnaissant comme « produit remarquable » va dans ce sens.


Dix ans de propositions de produits régionaux

Chablais Gourmands, vous connaissez ? Au final, les meilleurs ambassadeurs de Chablais Gourmands sont les producteurs eux-mêmes ainsi que leurs produits. Notre objectif : qu’un jour tout le monde connaisse notre association et qu’elle soit un gage de qualité, une référence en la matière et ce, dans les trois Chablais.

Bernard /

Votre constat à l’issue de cette première décennie ? Bernard / Créer une association franco-suisse

n’a peut-être pas été le plus difficile. Le véritable défi a consisté à la faire durer. A nous maintenant d’être à l’écoute du consommateur, de comprendre l’évolution de ses attentes, de ses critères de jugement. Or, dans ces domaines, les exigences ont beaucoup évolué…

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Beatrix / C’est vrai, par rapport à ce qu’ils mangent, les gens sont bien plus pointilleux qu’il y a dix ans. Nous avons pu observer les débuts de cette tendance qui n’a cessé de s’amplifier. Autre demande très nette : le désir de consommer des produits de proximité, de bénéficier d’un contact direct avec un producteur local. Deux aspects que privilégie Chablais Gourmands. Quelle est la spécificité de Chablais Gourmands ? Bernard / Nous sommes le seul organisme du

genre à avoir surmonté les frontières entre Chablais valaisan et vaudois, entre Chablais suisse et français. Ce faisant, nous renouons avec notre passé, lorsqu’un tronc commun unissait les Chablais. Il s’agissait d’une terre unique aux prises avec des problèmes similaires. Aujourd’hui, Chablais Gourmands représente une unité culturelle concrète sur un petit bout de cette planète.

Comment voyez-vous l’avenir de votre association ? Beatrix / Promouvoir nos paniers gourmands

et notre service traiteur figure en tête de nos projets. Et faire de notre Festival culinaire (qui se déroule chaque année en juin à l’Institut César Ritz, au Bouveret) un événement incontournable. Bernard / Maintenant que la période de l’adolescence est terminée et que nous parvenons à voler de nos propres ailes, nous allons tenter de devenir à la fois la référence du terroir et un objet de fierté. Accentuer notre dimension transfrontalière, caractéristique très importante à nos yeux, figure aussi à l’ordre du jour. Lorsque, dans les esprits, Chablais Gourmands signifiera qualité, nous aurons atteint un objectif majeur. Alors dites à vos lecteurs de goûter à nos produits ! Pour en savoir plus : www.chablais-gourmands.com.

Un Déjeuner ferroviaire sur le Bex-Villars est une très bonne occasion de déguster les produits du terroir de Chablais Gourmands. Davantage d’informations en page 38 de ce magazine et sur www.tpc.ch

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DÉCOUVERTE 100 % chablaisien…

Dis-moi où tu vis, je te dirai qui tu es !

MISSION DÉLICATE que de dresser le portrait type du Chablaisien helvétique et de son territoire… Car, autant l’annoncer d’emblée, le Chablaisien est complexe ! En interrogeant les statistiques, nous allons tenter de brosser le tableau, sans manquer de regarder au-delà des chiffres pour révéler les facettes cachées ou les traits de caractères saillants de ce spécimen particulier qu’est l’habitant du Chablais. Visuel : Mathieu Pierson, threeeyes design.

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Rhône, Léman, plaine et montagnes

D’Evionnaz à Saint-Gingolph et de Lavey-Morcles à Villeneuve, le Chablaisien dispose d’un territoire d’environ 780 km2. Un regard suffit à le constater, la montagne est omniprésente. Elle occupe 80 % de l’espace. Ses plus hauts sommets culminent respectivement à 3257 mètres pour les Dents du Midi et à 3210 mètres pour le massif des Diablerets. Ils dominent fièrement les terres de plaine qui ne s’élèvent pas au-dessus de 400 mètres sur les rives du Léman.

Esquisse de portrait

Près de 90 000 Chablaisiens peuplent le territoire, soit en moyenne 114 personnes par km2. C’est à basse altitude que les chances sont les plus élevées d’en rencontrer. Sept sur dix ont, en effet, établi leur habitat en plaine. Les grands espaces de la montagne ne sont habités que par 30 % de la population, laquelle se raréfie au fur et à mesure que l’on s’élève vers les sommets. Le Chablaisien a donc un pied en plaine et un en montagne, un exercice d’équilibre digne du mythique dahu conçu pour s’accommoder des pentes les plus redoutables !

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Fait étonnant, la colonne vertébrale du Chablais est aquatique. A la fois ligne de démarcation entre Valais et Vaud et dénominateur commun de la région, le Rhône sépare les habitants de ses deux rives sur la vingtaine de kilomètres de son parcours chablaisien. Mais que l’on se rassure, une douzaine de ponts et passerelles leur permettent de franchir le fleuve et de communiquer ! Rivières, torrents et ruisseaux y jettent leurs eaux, emportées vers le Léman avant de se mêler aux flots salés de la Méditerranée.

Enfin, le Chablais est divisé en 28 communes, judicieusement réparties entre les deux cantons qui se partagent le territoire. Le Valais en accueille 13, autant que les étoiles qui ornent son drapeau (et qui, en vérité, font référence aux 13 districts du canton !) ; Vaud en dénombre 15, tout comme les lettres qui composent sa devise (Liberté et Patrie) écrite en lettres d’or sur sa bannière cantonale. C’est dire si les communes chablaisiennes représentent dignement leur canton respectif !

Valaisan sur la rive gauche du Rhône, vaudois sur la rive droite, le Chablaisien a appris à tirer parti de cette double appartenance. La rive valaisanne du Rhône est la plus peuplée. Monthey se hisse sur la première marche du podium démographique chablaisien. Les 17 000 montheysans constituent par ailleurs la deuxième communauté urbaine du Valais. Le village vaudois de Chessel compte près de 50 fois moins d’habitants. Il est le moins peuplé du Chablais, suivi de près par Corbeyrier qui remporte la palme de la plus faible densité de peuplement. Les Robaleux, qui

doivent leur sobriquet de « voleurs de loup » à une tradition selon laquelle ils auraient traqué le canidé aux dépens des gens de Leysin, y disposent chacun d’une superficie de six hectares ! Avant que Mex et SaintMaurice n’unissent leurs destinées, la cité agaunoise présentait la plus forte concentration de population, entre Rhône et falaise. Venaient ensuite Monthey et Aigle, villes qui comptent toutes deux largement plus de 500 habitants par km2. Alors que Leysin, Ollon et Chessel totalisent le plus fort pourcentage de citoyens âgés de moins de 19 ans, Corbeyrier, Saint-Gingolph et Ormont-Dessus accueillent la proportion la plus élevée de retraités. Chablaisiens d’ici et d’ailleurs composent une population aux origines diverses dont le quart est de nationalité étrangère. Tous les continents y sont représentés. Terre de migrations, le Chablais perpétue une tradition ancestrale d’accueil et d’échange, tout en conservant une identité affirmée et une population au caractère bien trempé !


Siffler en travaillant

Le dynamisme économique chablaisien se reflète dans les quelque 35 000 postes de travail proposés sur le marché de l’emploi. L’industrie et la construction, autrefois prépondérantes, se retrouvent au deuxième rang avec environ 40 % des emplois. Les commerces et services du secteur tertiaire sont en tête avec 56 % des places de travail (dont 25 % dans le tourisme). Enfin, les traditionnelles activités agricoles ne représentent plus que 4 % des emplois. Le taux d’activité moyen des Chablaisiens s’élève à 73 %. Il culmine à 83 % à Rennaz, alors qu’il ne dépasse pas 53 % à Leysin, ce qui ne signifie pas pour autant que la population leysenoude soit inactive ! Ce pourcentage est plutôt le reflet d’un environnement socio-économique particulier dû, entre autres, à la présence de nombreux étudiants internationaux. Lorsqu’il ne travaille pas, le Chablaisien a tout loisir d’arpenter les innombrables sentiers pédestres qui sillonnent la région, ou de dévaler les 875 kilomètres de pistes de ski des Alpes vaudoises et du domaine francosuisse des Portes-du-Soleil.

Croire ou non et, le cas échéant, où croire Depuis 1528, le Chablais est divisé sur le plan confessionnel. Aux terres valaisannes, catholiques par tradition, font face les terres vaudoises gagnées aux thèses réformées par les Bernois. Le réformateur Guillaume Farel fit d’Aigle la première paroisse réformée de langue française. De nos jours, protestants et catholiques y sont au coude à coude. Les habitants des communes vaudoises de Villeneuve et de Lavey-Morcles, toutes deux situées dans le district d’Aigle, sont même en majorité catholiques ! Les communes valaisannes de Vérossaz et d’Evionnaz se distinguent par un

taux de plus de 80 % d’habitants de confession catholique. La plus forte proportion de protestants est recensée à Chessel et Corbeyrier, suivis de près par Les Ormonts. Leysin fait figure d’exception confessionnelle avec respectivement les plus hauts taux de fidèles d’autres religions et de résidents ne déclarant aucune appartenance religieuse. Enfin, le Chablais a le privilège d’abriter l’un des hauts lieux du christianisme européen : l’Abbaye de Saint-Maurice, qui fêtera, en 2015, le 1500e anniversaire de sa fondation.

Pour tenter de conclure… Avec une couronne de sommets alpins, des vallées de caractère, une plaine aux accents urbains et d’envoûtants reflets lacustres, le territoire chablaisien offre un condensé de diversité dont les chiffres peinent à refléter l’enchantement offert par ses plus beaux panoramas. Les statistiques étant susceptibles de dire tout et son contraire, le mieux demeure, pour se faire une véritable idée du Chablaisien, de lui rendre visite et de le fréquenter ! À bientôt ! Christian Schülé

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«  …Même un glacier, aux Diablerets… », écrivait Gilles dans son fameux poème La Venoge. Le Chablais permet ainsi de skier le matin dans les Ormonts et de faire du ski nautique sur le Léman l’après-midi. Qui dit mieux ? Quant au Kuklos, situé à La Berneuse au-dessus de Leysin, il est l’un des rares restaurants tournants dans le monde.

Depuis le XIXe siècle, les vins chablaisiens sont réputés pour leur élégance et leur délicatesse…

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Aigle constitue un véritable nœud ferroviaire, c’est bien connu. Non seulement sa gare accueille quatre lignes mais, avec ses trois millions d’usagers annuels, elle est aussi la deuxième plus importante de la ligne du Simplon, après Lausanne. Le Chablais compte parmi les rares coins de terre où l’on aime les trains au point de les voler, comme ce fut le cas en 2011 pour une rame du Bex– Villars–Bretaye, subtilisée au Swiss Vapeur Parc !

Ponts et passerelles permettent de franchir le Rhône et tendent ainsi à unifier ce Chablais bicantonal. Pour sa part, la ligne de chemin de fer Aigle–Ollon–Monthey–Champéry fait de même, elle qui relie Vaud et Valais, plaine et montagne, ville et campagne ainsi que catholiques et protestants depuis 1907.

Depuis le XVIIe siècle, les mines de sel de Bex exploitent l’or blanc emprisonné dans la roche et datant de deux cents millions d’années, époque où une mer recouvrait la Suisse.


Rappelons que le parc international des Portes-du-Soleil est l’un des plus grands domaines skiables au monde que Chablaisiens et visiteurs fréquentent sans trêve durant la saison blanche… D’autres, s’envoient en l’air grâce à l’aérodrome de Bex ou en rêvent lors des meetings aériens du même lieu !

Radio Chablais (créée en 1984 par l’Association du Chablais), compte parmi les acteurs qui façonnent l’identité et le sentiment d’appartenance régionales.

Visuel : Mathieu Pierson, threeeyes design

Le domaine des Portes-du-Soleil fait le bonheur des amateurs de randonnées et de VTT (650 km de sentiers balisés) avec ses 22 remontées mécaniques qui accueillent cycles et cyclistes.

Swiss Vapeur Parc, Lavey-Les-Bains, Aquaparc, Parc Aventure, Fun Planet, Labyrinthe Aventure et d’autres font du Chablais un lieu de loisirs très prisé.

Une partie du Léman est chablaisienne. Après tout, c’est bien normal puisque le mot Chablais vient de Caput lacus (tête du lac en latin vulgaire) dont la première mention remonte à l’an 826.

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Portrait chinois

Portrait chinois

à peine hors de son lit, tasse de café à la main, Vincent Barbone s’assied dans son studio d’enregistrement, à Monthey. « J’y suis bien. Je me dis : faire de la musique est un privilège. » Chanteur, guitariste et organisateur de spectacles, Vincent Barbone (61 ans) poursuit son petit bonhomme de chemin accompagné de ses amis, par ailleurs musiciens de Johnny Hallyday, de Jean-Jacques Goldmann et de Roch Voisine. De Napoli à New York, son dernier spectacle l’a conduit à renouer avec ses origines siciliennes : « Je l’ai fait pour ma mère qui en rêvait et le méritait bien. A l’âge de 78 ans, elle me téléphone : “Tu sais que George est mort ?” Elle parlait d’Harrison dont j’ignorais qu’elle le connaissait jusqu’à ce qu’elle me lâche : “À travers toi, j’ai beaucoup écouté Les Beatles !” » Allo la Terre, disque de Vincent (printemps 2014), prend le pouls des habitants de cette boule pour qui l’artiste conserve – malgré leur folie – de l’espoir et de la tendresse. Si vous étiez… Un livre : La biographie d’un musicien qui a mené sa vie comme il l’entendait. Car malgré la rudesse de certaines fins de mois, je n’ai jamais regretté d’avoir choisi de nager dans les eaux incertaines de la musique.

Paul McCartney, pour sa grande fidélité à lui-même et à son public, à sa musique et à ses copains Les Beatles.

Une personnalité :

Une image :

Une route déserte qui file au loin, signe de voyage et d’aventure. Ça me rappelle mes huit mois de voyage en Inde…

Un objet : Une guitare, objet susceptible d’être déplacé. J’aime le bois, surtout le noyer. Cela me rappelle des souvenirs d’enfance auprès de mon arrière-grand-père, ébéniste, à Bari, en Italie.

Un proverbe : J’ai beau chercher, je crains que les phrases toutes faites ne soient pas mon fort…

Une montagne, pour l’envol qu’elle promet et le mystère qu’elle recèle.

Pour en savoir plus : www.wmagency.ch

Un lieu :

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Vincent Barbone : « Faire de la musique est un privilège… »

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La question d’Oprah

Séverine Cornamusaz Cinéaste, auteur de Cœur animal et de Cyanure, deux films tournés dans le Chablais.


« Je me sens originaire des Préalpes et des Dents du Midi » À L’OCCASION DE LA SORTIE DE CYANURE EN DVD, A Séverine Cornamusaz nous a ouvert la porte de sa maison, à Bex. Au soleil, installée sur sa terrasse, elle a répondu à la fameuse question « Qu’est-ce qui est vraiment vrai pour vous ? » de l’animatrice de TV américaine Oprah Winfrey. Bienvenue de l’autre côté du décor.

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Qu’est-ce qui est vrai pour vous… en matière de cinéma ?

C’est le métier de tous les combats ! Rien n’est facile pour personne dans ce domaine. Chaque nouveau projet constitue un champ de bataille. Au final, un film projeté sur les écrans relève du miracle ! C’est l’aboutissement d’une succession de longues luttes, de hasards, de chances, de soutiens, de persévérance. Parfois un deuxième miracle a lieu, si le film est réussi ! Car, durant le tournage, tout concourt à nous le faire rater, jour après jour : le stress, la pression financière, le travail « sans filet »… Le tournage de chaque scène ne laisse aucune place à l’échec. Or, une telle somme de facteurs humains, techniques, météorologiques – et j’en passe ! – peut causer notre perte… Alors, ne pas s’égarer, garder le sens du film à l’esprit : voilà le seul moyen de tenir ses engagements. On ne pourrait pas tourner à longueur d’année, à la façon d’un employé de bureau qui va au travail. On en mourrait ! Un tournage exige un taux de concentration exceptionnel. Hors du film, on n’a pas de vie. Récupérer physiquement après la réalisation d’un film demande le même temps que le tournage lui-même… Mais créer un monde imaginaire, des personnages, faire vivre le tout, c’est magique (alors que je déteste l’aspect financier de ce métier). Bref, il y a quelque chose d’exceptionnel, de grisant, dans le fait de tourner un film. L’adrénaline coule à flot en permanence. Un plateau de cinéma représente un jouet high-tech où une foule de spécialistes s’activent pour concrétiser un projet fou. Le premier jour de tournage ressemble à un rêve éveillé. … en ce qui concerne la famille ?

On ne la choisit pas ! Dans mon cas, cela se passe bien, mais ça reste un domaine plutôt compliqué, souvent hystérique. C’est l’essence de la société. Une famille reflète la dynamique de chacun de

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ses membres qui surnagent tant bien que mal, s’aiment, se trahissent, se déchirent et s’entretuent – comme dans un film ! Un Coppola et un Scorsese, avec leurs gangsters et leurs clans, ne font que des films sur la famille. De mon côté, je n’y échappe pas non plus… je tourne des drames familiaux. … en tant que créateur en Suisse romande ?

Heureusement que j’enseigne à l’Ecole de cinéma de Genève car vivre de ses longs-métrages dans un pays sans industrie du film n’est pas évident. En France, en Allemagne ou en Italie, par exemple, les cinéastes alternent : un peu de TV, un peu de pub, une fiction. Chez nous, on monte un projet que personne ne nous a demandé, on le porte à bout de bras, on le termine et… tout s’arrête. Car la TV ne produit plus de téléfilms et se contente de tourner des séries, quant à la pub, c’est simple : tout se fait à Paris. … en ce qui concerne l’avenir ?

A 38 ans – bientôt l’heure des choix ! – j’y réfléchis. Beaucoup. D’autant plus que j’ai eu la chance de pouvoir tourner deux films de suite sans me poser de questions. Aucun calcul n’a présidé à la genèse de Cyanure. Je rêvais d’un sujet baroque, histoire de contraster avec l’austérité de Cœur animal. Que vais-je faire demain au vu des difficultés auxquelles on se heurte pour diffuser un film en salle ? La teneur d’un scénario peut avoir un certain coût. Alors, dans quel type d’économie inscrire mon prochain film ? Faut-il opter pour un sujet punk qui ne coûte rien mais n’offre que des débouchés limités ? Ou oser envisager un projet à plus gros budget, avec les risques que cela comporte ? Je me réjouis de cesser de ruminer tout cela et de me mettre à écrire, quel que soit le modèle économique auquel je devrai soumettre mes idées. Mais je dois rester lucide. Exigence capitale,



tout sauf évidente à respecter. Car le monde du cinéma peut vous faire décoller de la réalité et… vous envoyer dans le décor ! De plus, un cinéaste porte une véritable responsabilité : avec un budget de trois millions de francs d’argent public, on se doit d’être terre à terre. Certains créateurs pensent que toucher une telle manne est normal, qu’ils la méritent. A mes yeux non. C’est un cadeau. De même que d’avoir pu aller jusqu’au bout de mes rêves cinématographiques sans devoir en abandonner un seul. N’oublions pas qu’aux Etats-Unis, seul un film sur cent projets voit le jour. En Suisse, un sur trois. J’ai donc eu beaucoup de chance.

Préalpes et des Dents du Midi, voilà mon ressenti. Néanmoins, j’ai éprouvé le besoin de me frotter à la ville. Après dix ans à Genève – au cœur du quartier des Pâquis où la criminalité s’est installée comme dans le Bronx des années 80, avec ses dealers et la violence qui l’accompagne –, j’ai eu besoin d’autre chose… Et le Chablais s’est imposé puisque l’on peut encore y acheter une maison à un prix raisonnable… J’aime la « porte d’entrée des Alpes » qu’est la région. Ces choses immenses et immobiles me rappellent l’origine du monde. Depuis un avion, c’est un des plus beaux paysages qui soit. Et Dieu sait si j’en ai vus beaucoup et suis quelqu’un de visuel.

Qu’est-ce qui est vraiment vrai pour vous… dans ce coin de pays ?

Pour en savoir plus :

Bien que née ici, je ne me sens ni Vaudoise, ni Chablaisienne, ni Bellerine. Originaire des

www.fr.wikipedia.org et www.severinecornamusaz.com

Dix DVD de Cyanure à gagner ! Cœur animal, long métrage de Séverine Cornamusaz a été sacré Meilleur film de fiction aux Quartz 2010 et a remporté le Prix du public à Linz la même année. La réalisation de Cyanure s’est déroulée en partie dans la carrière de Saint-Triphon et dans différents lieux du Chablais. « Nous avons également tourné une scène de poursuite automobile avec le train Aigle–Ollon–Monthey– Champéry, explique la cinéaste, mais nous ne l’avons pas conservée au montage. » Cyanure est maintenant disponible en DVD. Les TPC mettent en jeu 10 exemplaires. Pour participer au tirage au sort du 31 mars 2014 : envoyez vos coordonnées à : service.promo@tpc.ch.

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BALADE… DU CôTé de plambuit

Petite incursion dans la vallée des légendes… Endroits particuliers et vieilles légendes vous intéressent ? Alors voici une proposition digne de satisfaire l’insatiable curiosité humaine. Il s’agit d’un creux, d’un gouffre. Mais pas n’importe lequel : un creux d’enfer. Rien de moins. Malgré son nom repoussant, des fées y vivraient, prêtes à offrir, sans compter, des fleurs à qui s’y introduit. Tels sont les témoignages ancestraux liés à ce lieu. Un lieu méconnu, presque oublié, souvent ignoré du marcheur distrait. Autant de bonnes raisons de s’y rendre. Bienvenue au Creux d’Enfer. Texte et photos : Christophe Racat.

Ci-contre : A mi-hauteur de l’imposante paroi de calcaire sombre d’environ 50 mètres, une cavité en terrasse laisse présager d’une grotte, mais il n’en est rien. A son pied, un éboulis de blocs de pierres : le Creux d’Enfer, au-dessus de Plambuit sur la ligne de l’Aigle – Le Sépey – Les Diablerets. Double page suivante : Très impressionnant, le Creux d’Enfer ne pouvait qu’engendrer des histoires de fées et autres diableries… Lire à ce sujet Légendes des Alpes vaudoises d’Alfred Cérésole, disponible aux éditions Slatkine.

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Destination Panex, petit village posé à flanc de coteau, en face de Leysin. Pour s’y rendre, la meilleure option reste le train, Aigle – Le Sépey – Les Diablerets (ASD), vaillant centenaire en 2014. Depuis Aigle, le chemin de fer vous conduit en 17 minutes jusqu’à la halte de Plambuit. De là, vous empruntez la route de terre en amont des voies, direction Salin, Panex, Plambuit. Après 1,5 kilomètre de montée moyenne en forêt, une 26 | InspirAction | TPC # 1

grande clairière s’offre à vous avec un pilier solitaire, accolé à un grand pin. Sur votre gauche, le panneau informatif constitue le point de départ du Sentier du sel, vivement conseillé lors d’une autre sortie. Le texte explique, notamment, l’origine de l’étrange tour de pierre qui vous toise de toute sa hauteur… A moins de 100 mètres apparaît une imposante demeure. Œuvre des Bernois, ce manoir perdu dans les hauteurs remonte à 1727. Depuis l’esplanade devant l’édifice, la vallée du Rhône s’étire en contrebas. En cas de petite faim, la fontaine gardée par un bouquetin de bois invite au piquenique. Mais le but de la randonnée étant ailleurs, il faut continuer en direction de Panex. La route goudronnée serpente dans la forêt. Après 800 mètres, vous atteignez un grand vallon au fond duquel apparaît le village. A votre droite, les pâturages s’étalent en pente douce jusqu’aux nombreux arbres, omniprésents. Quatre cents mètres plus loin, empruntez le premier chemin de terre, à droite, légèrement creux et bordé de vénérables arbres fruitiers. Le sentier s’évanouit alors dans le pré. C’est là que tout se joue. Observez bien la lisière du bois, en contrebas. Notez l’assombrissement inhabituel. C’est le Creux d’Enfer. Mieux visible en automne, en hiver et au printemps, on le devine à travers les feuilles. Bons pieds et bons souliers requis car le sol est humide, la pente forestière rude jusqu’au gouffre. On n’accède pas à l’enfer sans peine, mais l’effort vaut le coup ! Texte et photos : Christophe Racat.



Ci-dessus : Léman, plaine du Rhône et, à gauche, Val d’Illiez, vus depuis la Haute Cime, sur le massif des Dents du Midi. « Mon plaisir est de m’asseoir au sommet et de contempler le panorama sur 360 degrés, avec le Jura, les Alpes bernoises et valaisannes ainsi que le massif du Mont-Blanc. » 28 | InspirAction | TPC # 1


PORTFOLIO Les déclics naturalistes de Grégory Gex-Fabry

Un Chablais de rêve FASCINÉ PAR LES PIERRES depuis son adolescence, Grégory Gex-Fabry (36 ans) est devenu géologue. Mais conscient du patrimoine que constitue l’entreprise familiale de menuiserie-charpente située à Val-d’Illiez, il a appris ces deux métiers au sortir de l’université. Et toujours subjugué par la beauté de son coin de pays, les sommets qui le bordent et le Valais en général, il s’est lancé dans la photo paysagère. Les pages qui suivent présentent quelques reflets de son œil ébloui. En haut : L’arête de Berroi, en montant vers le col de Cou, au fond du Val d’Illiez. « Cette lumière ne se présente que de très bonne heure, le matin. Et elle ne dure que quelques instants. J’ai souvent essayé de renouveler cette prise de vue, mais sans jamais y parvenir ! »

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Ci-dessus : Lac de Salanfe, au pied des Dents du Midi, sur le chemin qui monte au col d’Emaney. « Moins connue des Chablaisiens, cette face des Dents du Midi me plaît beaucoup. Bien que passionné de ski, je raffole aussi de l’automne avec ses ombres et ses lumières superbes. » 30 | InspirAction | TPC # 1


« Alpinisme, peau de phoque, géologie et photo se conjuguent très bien selon moi, c’est pourquoi j’en use et abuse pour mon plus grand plaisir. » Et pour le nôtre a-t-on envie d’ajouter aux propos de Grégory Gex-Fabry. En effet, la moisson d’images qu’il rapporte de ses escapades dans tout le Valais, mais surtout dans le Chablais, n’est rien de moins que magistrale.

« Au début, j’éprouvais un tel plaisir lors de chaque week-end en montagne que j’engrangeais des photos-souvenirs. Je déclenchais mon obturateur pour moi seul. Mais très vite, j’ai remarqué que mes images suscitaient chez mes amis une joie similaire à celle que me procurait la nature. Alors j’ai continué, par désir de partage. » (suite p. 34)

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En haut : En dessus de Dailly, avant d’arriver à Morcles. « J’aime ce coin, près de la cabane de la Tourche. La vue impressionnante qu’il offre sur le Chablais est l’une des plus belles qui soit. La grande montagne grise est la Cime de l’Est, du massif des Dents du Midi. » 32 | InspirAction | TPC # 1

Ci-dessus : Depuis les Dents blanches, massif qui prolonge les Dents du Midi, en dessus de Barmaz. « Cette étagne (femelle du bouquetin) n’est restée immobile que deux secondes ! Elle s’est offerte à moi comme à un chasseur, le sang et la mort en moins ! »


Ci-dessus : Les Creuses, au-dessus de Champéry. « Malgré la folle quantité de neige qui recouvre ces chalets, des gens y vivent à l’année ! En hiver, atteindre ce lieu éloigné de la civilisation exige de parcourir 7 km en motoneige, à 1600 mètres d’altitude… »

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Bien sûr, la géologie chablaisienne n’a plus de secret pour Grégory. Mais en scientifique doublé d’un homme de terrain, il se révèle également bon botaniste, connaisseur de la faune et de la flore régionales et véritable féru d’histoire locale. C’est ainsi qu’en chemin, la vue d’une fleur rare ou la découverte, par hasard, des fondations d’une ancienne mine l’émerveillent. « J’ai beau connaître les Dents du Midi par cœur, je les vois différemment chaque jour. En fait, quand on sait regarder, la région invite

à s’arrêter tous les trois mètres ! » Cette déclaration en forme de profession de foi incite à laisser Gregory empaqueter son matériel photo, enfiler ses chaussures de marche et partir, comme il dit, se « percher au milieu de nulle part » pour figer une rencontre improbable ou une lumière d’exception qui n’attendent que lui.

Pour en savoir plus : consulter la page Facebook de Grégory Gex-Fabry Ci-dessus : Les Dents du Midi, depuis Val-d’Illiez, tôt le matin, en allant au travail. « La photo de paysage exige une attention constante et un matériel toujours prêt. Résultat : une belle image cueillie en allant au travail ! »

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DU CÔTÉ D’HIER Entre moteur à explosion et politique

Isaac de Rivaz ou la passion de l’invention

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Isaac de Rivaz (1752-1828) Tel père, tel fils. Le dicton ne saurait mentir : inventif fut le père, inventif sera le fils. Isaac de Rivaz aurait pu voir le jour à Saint-Gingolph, où réside sa famille depuis quatre siècles. Mais c’est à Paris qu’il vient au monde. Son père y avait emménagé en 1748, après avoir quitté sa fonction de châtelain du village-frontière afin de présenter ses inventions dans

les milieux scientifiques de la capitale française. Des revers de fortune le ramènent au pays en 1760. Il n’y reste que trois ans avant de se voir confier la direction des salines de Moûtiers. Jusqu’au terme de sa vie, il garde l’espoir de voir ses inventions reconnues. Cet honneur reviendra à son fils Isaac, dont l’existence et les activités foisonnantes seront marquées du sceau de la passion de la recherche et de l’invention.

UN CURIEUX VÉHICULE interpelle le visiteur du Musée des traditions et des barques du Léman, à Saint-Gingolph. Il s’agit d’une reconstitution du premier char propulsé par un moteur à explosion conçu il y a deux siècles par Isaac de Rivaz (1752-1828). Portrait d’une grande figure chablaisienne qui fut à la fois inventeur, magistrat et entrepreneur.

Les transports constituent un champ d’investigation privilégié pour un esprit aussi curieux que celui d’Isaac de Rivaz. « Et si des voitures mécaniques munies d’un moteur parvenaient à remplacer nos chars et nos diligences ? » pensa un jour le savant valaisan. Autrement dit, si d’hippomobiles, les véhicules devenaient automobiles grâce à la machine à vapeur… Il conçoit un prototype en 1784. Eurêka ! Le principe fonctionne. Ce premier succès incite Isaac de Rivaz à construire une véritable voiture. Mais l’incendie qui ravage Sion en 1788 réduit en cendres son véhicule. Il faudra attendre 32 ans pour que de Rivaz procède à des démonstrations publiques à Genève et Lyon, après avoir perfectionné son intrigante machine. Hélas, la

Inventeur un jour, inventeur toujours /

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maintenance du système pose problème. Il tire un trait sur son projet de construire une voiture à vapeur. Cependant, la problématique de la ­propulsion des véhicules continue de hanter l’infatigable inventeur. La voiture à vapeur et le moteur à explosion / En pa-

rallèle à ses recherches sur la propulsion par une machine à vapeur, Isaac de Rivaz émet, dès 1782, l’idée d’utiliser la déflagration des gaz comme force motrice. Des essais concluants, réalisés en 1804, le confortent dans ses convictions. Le ministère de l’Intérieur français lui délivre d’ailleurs, en janvier 1807, un brevet d’invention. Il se consacre dès lors à la conception d’un « grand char mécanique » mû par un moteur à gaz. Celui-ci est mis à l’épreuve en public dans


Ci-contre : Brevet d’invention du char mécanique d’Isaac de Rivaz. En avance sur son temps, le savant se heurte aux limites de la faisabilité technique d’alors. Mais par la diversité de ses centres d’intérêt et de ses engagements, le Chablaisien fait figure de savant universel.

les rues de Vevey, entre juillet et octobre 1813. D’explosion en explosion, le véhicule avance ! Imaginez un peu l’étonnement des spectateurs lorsque, le 22 octobre, avec quatre personnes à son bord, l’embarcation vient à bout d’une légère côte et semble rouler vers le succès… jusqu’à ce que la rupture d’une chaîne de transmission ne mette un terme brutal aux essais. Qu’importe, la voiture automobile a parcouru vingt-six mètres. Persévérant, Isaac de Rivaz remet l’ouvrage sur le métier douze ans plus tard et procède à une ultime tentative de perfectionnement en 1825. Visionnaire, il envisage les perspectives de développement que laisse entrevoir son invention dans le domaine des transports terrestres et lacustres. L’histoire lui donnera raison et consacrera son statut de pionnier de l’automobilisme. Avant de songer à l’automobile, l’imprimerie fut l’un des premiers domaines d’activité auquel Isaac de Rivaz consacra ses recherches. Dès 1777, il ambitionne de simplifier la composition typographique en automatisant l’assemblage des caractères à imprimer. Il conçoit à cet effet une machine novatrice : elle permet de placer chaque signe à l’emplacement désiré au

Un précurseur aux talents multiples /

moyen d’un clavier de 70 touches. Sa machine typographique n’arrive toutefois pas à concurrencer le travail manuel et son invention ne connaît pas le succès espéré. Le projet est abandonné. En avance sur son temps, de Rivaz se heurte aux limites de la faisabilité technique d’alors. Il inscrit néanmoins son nom dans l’histoire de l’imprimerie. Il figure au rang des précurseurs de la composition mécanique, laquelle ne s’impose qu’un siècle plus tard avec l’avènement de la Linotype, en 1886. Inventeur et citoyen / Atteint du virus de l’invention, Isaac de Rivaz étudie et développe des solutions techniques inédites, sans cesse en quête de débouchés pour les procédés novateurs qui germent dans son cerveau. Non content de mener conjointement une carrière d’inventeur et d’entrepreneur, il brille aussi par ses engagements politiques. Il devient, entre autres, chancelier d’Etat après avoir été conseiller d’Etat, puis délégué du Valais à la Diète fédérale après l’entrée du canton dans la Confédération en 1815. Par la diversité de ses centres d’intérêt et de ses engagements, le Chablaisien Isaac de Rivaz fait figure de savant universel. Christian Schülé

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Les TPC et Chablais Gourmands présentent

Les déjeuners

En plus de l’enchantement du parcours BexVillars, dégustez les produits des meilleurs artisans locaux : • plateau de viandes froides et assortiment de fromages • pain artisanal • pomme du verger • tartelette au citron • 1 bouteille de Gamettino (25 cl) • 1 bouteille d’eau CHF 37.– par personne (repas + train aller-retour)

Offre valable dès 20 personnes. Produit uniquement disponible dans la voiture salon de la ligne Bex–Villars-Bretaye et sur réservation (délai minimum : 5 jours ouvrables). Valable au printemps, en été et en automne. Aucune réduction (AG, Free Access) accordée. Renseignements et réservations : info@tpc.ch – 024 468 03 30

© Roland Clerc (Dents du Midi) – www.faune-valais.ch

ferroviaires


IL EST PASSé Par ici Quand le peintre Ivan Moscatelli s’en prend au Chablais

« Venir ici c’est bien, y revenir, c’est mieux ! » DURANT TOUTE SON ENFANCE d’émigré italien vivant en Suisse, le peintre Ivan Moscatelli n’a vu le château et la ville d’Aigle que depuis les fenêtres des trains des CFF qui le ramenaient dans sa famille restée au pays. L’artiste aura dû souffler ses 70 bougies pour enfin s’arrêter dans la citadelle de la vigne et du vin, la découvrir, l’apprécier et y exposer ses œuvres récentes. Séduit par le paysage et par le chemin de fer qui sillonne le vignoble, il a même consacré des toiles aux voies de l’ASD, ligne fétiche des TPC…

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« Marchez dans le vignoble au-dessus d’Aigle, quittez les grands axes, arpentez les forêts : la beauté de la plaine du Rhône vous apparaîtra. Et si vous n’en faites pas des tableaux, je parie que vous en rapporterez au moins des photos ! »

« Longtemps, je me suis contenté de passer dans le Chablais pour me rendre ailleurs. Maintenant que j’ai pris la peine de m’y arrêter, je compte bien y repasser et y repasser encore, tant ce lieu m’a donné l’occasion de belles rencontres et de paysages à peindre. » C’est en ces termes qu’Ivan Moscatelli s’est exprimé lors du vernissage de l’exposition que lui consacre la Maison de la Dîme, au château d’Aigle. Ses dernières toiles témoignent en effet de son soudain engouement pour la région. Forteresse aiglonne dans la brume ou sous la neige, pressoirs et voies de l’ASD qui serpentent dans les vignes font l’objet de moyens et de grands formats, carrés ou panoramiques. Avec ces œuvres « récentes et décentes », l’artiste n’entend pas « révolutionner notre manière de voir ni s’offrir une psychanalyse sur le dos de ses clients ! » Ivan Moscatelli vise simplement à faire plaisir en proposant « de la belle illustration, faite à la main et à l’amour ». Pari tenu si l’on en croit les commentaires des premiers visiteurs de cet accrochage d’une soixantaine de toiles. Pourtant, fidèle à 40 | InspirAction | TPC # 1


lui-même, Moscatelli, connu pour ses audaces, ses coups médiatiques et les surprises qu’il réserve lors de la plupart de ses expositions, a introduit un grain de folie dans sa série aiglonne. « J’ai décidé de peindre du train, mais sans train ! Juste histoire de montrer que par sa seule infrastructure, il fait partie de votre paysage. Mieux : qu’il est indissociable de ce que votre région offre à voir. » La collection de Cervin que l’artiste propose également revisite la montagne la plus célèbre du monde de façon presque hyperréaliste. « Par cette manière de peindre, je règle mes comptes avec les artistes conceptuels qui me fatiguent. Le classicisme que je leur oppose tient presque de l’outrage ou de la provocation tant je me place à contre-courant ! », s’amuse le créateur volontiers contestataire. Le public, lui, goûte aux audaces de couleurs du peintre et aux ambiances qu’il conçoit. Douceur ou tension, calme ou énergie sont au rendez-vous. Mais toujours une qualité de silence bienvenue émane tant de ses Cervin que des toiles qu’il a consacrées à Venise et à d’autres lieux de Suisse ou au chemin de fer.

Pour en savoir plus : www.chateauaigle.ch/fr/chateau/ expositions/ivan-moscatelli et les différentes émissions de la RTS disponibles sur le web.

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Rencontre

Onésia Rithner et Caterina Murino

Bollywood made in Chablais… 42 | InspirAction | TPC # 1


Comment donc la Chablaisienne que vous êtes tourne un beau jour pour Bollywood…

Une histoire incroyable ! Depuis longtemps, j’espérais écrire des musiques de films et tourner dans des longs-métrages. Mais ce n’était qu’un rêve. Et voilà que Jean-Marc Richard me demande de remplacer un groupe dans son émission. Là, je rencontre le producteur Jean-Marie Gindraux. Lorsqu’une société de production indienne lui demande : « Quelle artiste suisse verrais-tu dans notre film ? », il lâche mon nom ! Par chance, l’après-midi même où je joue à Sion, les Indiens se trouvent à Berne. Ils foncent pour assister à mon concert et le suivent sur les moniteurs de Canal 9, la chaîne TV qui filmait ma prestation en direct. Séduits par la façon dont je « passais » à l’image, ils m’ont choisie d’emblée !

très favorables, alors, je m’accroche et peut-être qu’un jour ce sera Hollywood ! Quel regard les Indiens portent-ils sur votre région ?

Ils tournent beaucoup en Suisse, pays d’un exotisme fou à leurs yeux. D’ordinaire, ils affectionnent des vues de type carte postale. Mais dans Fever, ils ont évacué les clichés helvétiques. La météo a dicté ce choix : le retour du gel et de la neige en avril leur a fait modifier le scénario pour tirer parti de l’ambiance étrange – mi-hivernale, miprintanière – qui régnait dans le Chablais. La vue depuis Champoussin les a émerveillés. Ils ont aimé tourner dans de petites rues de Monthey. J’aurais bien voulu que l’on intègre la colline de SaintTriphon et son temple en ruine que trop peu de gens connaissent… Une prochaine fois, peut-être !

Faire du cinéma pour une musicienne…

Que vous a apporté ce tournage made in Chablais ?

…Une très belle aventure ! Surtout que le producteur m’a fait chanter une de mes chansons à l’écran et m’en a commandé une autre destinée à créer des liens et à toucher sentimentalement, Bollywood oblige, même s’il s’agissait plutôt d’un film d’auteur, à l’européenne.

On me demande sans cesse : « Il sort quand ton film ? », « Après tout ce temps, il va finir par voir le jour ? » Les gens ignorent le nombre de difficultés qu’un tel projet peut rencontrer (financement, retards dus à la météo, défaillances techniques ou humaines…) Cette expérience m’a enseigné la persévérance, la simplicité et l’humilité : le fait qu’aucun clivage ne divisait la production, l’équipe technique et les acteurs, et que, deux ans après les premières scènes, tous se rappelaient de nos noms – une belle leçon. Pour ma part, on peut me dire quand on veut : « Silence, on tourne ! Moteur ! Action ! »

D’autres projets musico-cinématographiques ?

Laissons déjà sortir Fever ! Pour l’instant, je me concentre sur mon deuxième album. En parallèle, je soumets des projets à une société américaine qui propose des musiques de films aux maisons de productions. Jusque-là, les échos sont

LE TITRE : FEVER. Les décors : Brienz, Berne et Sion, mais surtout Monthey, Champéry et Champoussin où l’équipe du film a résidé. A l’affiche de ce long-métrage indien : le top modèle britannique Gemma Atkinson, l’ex-James Bond Girl Caterina Murino et la jeune chanteuse montheysanne Onésia Rithner (photo). Ces deux dernières nous ont livré leurs impressions sur ce tournage atypique réalisé dans un Chablais décidément très cinégénique1. 1. Cinégénique : relatif au fait d’être mis en valeur par le cinéma. Texte et photos : Grégoire Montangero (sauf portrait d’Onésia Rithner : Allan Terranova).

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Vos impressions locales, Caterina Murino ?

Avec ses montagnes, sa lumière et ses couleurs, le Chablais offre un grand contraste avec ma Sardaigne natale ! Mais la séduction de votre coin de pays opère : je suis sous le charme… Chablais-Murino : le retour ?

J’avais tourné à Glacier 3000 dans un clip destiné à Intersection, le magazine Peugeot. Mais

Fever m’a offert une plus longue immersion dans la région et j’en suis ravie ! Le Chablais, plus « cool » que Berne, vraiment ?

Les scènes que l’on a tournées à Berne nous ont valu quelques inquiétudes. Une vingtaine de types saouls ont perturbé le tournage – drôle d’ambiance… Ici, c’est plus campagnard et décontracté, les gens sont adorables.


Comment vous a-t-on reçu dans la région ?

Hollywood-Bollywood : deux mondes ?

Les gens nous ont réservé un accueil incroyable. Comme toute l’équipe de la production vivait dans un chalet à Champoussin, nous avons pu faire de belles rencontres avec les habitants.

Le tournage d’un James Bond est une énorme machine. En comparaison, le projet Fever est une entreprise familiale ! N’étant pas un film typiquement bollywoodien, j’espère qu’il aura ses chances en Europe et que vous le verrez chez vous !


LES COULISSES DU RAIL Bientôt un siècle d’existence pour le chemin de fer Aigle – Le Sépey – Les Diablerets (ASD)

Quelle différence entre l’ASD et ces chers disparus ? L’INCREVABLE ARDOISE À CRAIE, l’omniprésente disquette des années 80, l’incontournable pellicule argentique de nos vacances et l’immanquable cassette audio : autant d’objets qui faisaient partie de notre quotidien et paraissaient éternels mais qui ont… disparu. Pschitt ! L’ASD, lui – et contre toute attente – est toujours là. Une très bonne raison de bien célébrer ce centenaire !

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Si fêter le cap des 100 ans relève de la coutume, cela s’impose dans le cas – très particulier – de l’ASD ! Pour avoir survécu à toutes les menaces de fermeture qui ont pesé sur son destin, ce train pas comme les autres bénéficiera de la célébration qu’il mérite, foi de TPC ! Claude Oreiller, directeur des Transports Publics du Chablais, nous offre un aperçu des festivités prévues dès juillet 2014… En d’autres temps, l’ardoise d’écolier aurait pu servir à raconter l’histoire de l’ASD…

Aujourd’hui, nous optons plutôt pour un beau livre illustré intitulé Il était une voie… Et pour un film ainsi qu’une grande exposition, prévue au Musée de Ormonts, situé à Vers-l’Eglise.

Les nostalgiques du film Kodak seront-ils frustrés ?

Certainement pas puisque nous leur réservons des nouveautés à photographier tant et plus (aussi bien avec leur chère pellicule qu’en numérique, d’ailleurs !) Une rame signée Derib (ci-dessus), et d’autres nouveautés, mais chut… ! Tout cela fait pas mal d’éléments ! Il faudrait presque les graver sur disquette pour s’en souvenir…

Et il y en a plein d’autres ! Un safari pour les enfants, la présence de l’ASD en tant qu’hôte d’honneur à la Foire du Valais à Martigny en 2014, une journée portes ouvertes, et j’en passe ! Mais rassurez-vous, le prochain numéro d’InspirAction, notre site Internet, notre page Facebook et les médias vous fourniront tous les détails,

Et en lieu et place de cassette audio ?

Nous privilégierons le concert live ! Des rendezvous musicaux en tout genre se dérouleront le long de la ligne, au fil des mois de cette commémoration. Tendez l’oreille !

Photos : Internet LDD.

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L’HEURE DU THé

Fanny Smith, championne du monde de skicross

Tout tenter, tout rafler


Championne du monde de skicross et Globe de Cristal en 2013, première au Red Bull Hüttenrallye et Rookie of the year (l’Oscar du sport) en 2010 – entre autres : la jeune Chablaisienne Fanny Smith (21 ans) exemplifie la puissance de la pensée positive. Echos passionnés dans un tea-room de Villars-sur-Ollon. Vous voyez-vous comme une fille chanceuse ?

Bien sûr ! D’abord d’avoir eu des parents qui m’ont fait confiance et m’ont laissé m’épanouir dans le domaine que j’aime. Ensuite de pouvoir vivre ma passion. Et encore d’avoir commencé dans cette discipline – toute neuve à l’époque –, ce qui m’a permis d’apprendre les règles de la bouche même des filles qui l’avaient créée. Et puis, arriver aux Jeux olympiques de Vancouver en tant que quarante-cinquième mondiale et en ressortir sixième, tout en étant la plus jeune de cette année-là, ce n’est pas de la chance ? Qu’allez-vous faire si vous continuez à tout gagner ?

Quand on a tout tenté et tout raflé, reste la quête de la perfection, le raffinement dans la pratique de son sport. D’un côté, j’ai hérité de l’ambition et du perfectionnisme de mon père – un Américain d’origine devenu bourgeois de Gryon –, prof de parapente qui voit grand. De l’autre, je possède l’énergie de ma mère – enseignante qui fonce à 3000 km à l’heure et m’a appris à skier. Je vais donc continuer à suivre le conseil de mes parents à mes débuts : « OK pour nous, mais tu donnes ton max ! »

half-pipe, les gens se demandaient ce qu’il me faisait faire là. On nous prenait pour des fous. Maintenant, tout le monde nous copie ! J’ai eu beaucoup de chance qu’il accepte de s’occuper de moi en solo et me fasse bénéficier de son expérience que j’ai réussi à assimiler très vite. Quelle influence la pratique de votre sport a-t-elle eu sur le développement de votre personnalité ?

Cela m’a appris, très jeune, à me débrouiller, souvent seule au bout du monde. Et cela m’a fait mûrir aussi. Par exemple, durant mes premiers voyages, vers l’âge de quinze ans, je me disais : « Quand je serai grande, je n’habiterai pas en Suisse ». Maintenant, j’ai changé d’avis. Je réalise la beauté de ce coin de pays. Les montagnes d’ici me manquent lorsque je les quitte trop longtemps. Tout comme le Léman. Le sport m’a fait beaucoup grandir. Et ce n’est qu’un début ! Votre message aux jeunes qui se cherchent ?

Vous vous êtes très vite distinguée alors que votre coach vous proposait un entraînement atypique…

Trouver sa voie, voilà l’important. L’adolescence n’est qu’une brève période de l’existence. Alors il faut essayer plein de choses jusqu’à ce que l’on sache vers quoi l’on souhaite aller. Et toujours se dire : ce que je veux faire, je peux le faire et j’y arriverai. En tout cas, cet état d’esprit m’a réussi. C’est grâce à cela que j’aime et ma vie et la vie.

Guillaume Nantermod avait une approche très particulière car il venait du monde du snowboard. En me voyant avec mes skis dans des

Photo ci-dessus : Ståle Grut).

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à LA CROISÉE DES CHEMINS Autre regard par-delà les clichés

Le vrai supplément d’âme de Monthey ! MONTHEY, UNE VILLE INDUSTRIELLE QUI MANQUE DE CHARME ? Les clichés sur le chef-lieu du district sont tenaces. Certes, Monthey ne regorge pas de splendeurs architecturales, mais elle recèle un charme certain grâce à ses habitants et à ceux qui l’animent. Allons au-delà de ces préjugés et découvrons une autre facette de cette ville : sa convivialité et son ouverture.

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Un lieu qui mérite une halte / Pour beaucoup, Monthey n’est qu’une petite ville industrielle, celle que l’on traverse sans s’arrêter en allant skier à Champéry ou à Morgins. Et encore : depuis 2003, le tunnel de Collombey permet aux automobilistes de la contourner et de gagner plus rapidement les pistes des Portes-du-Soleil.

découvert des gens très directs et francs. Par rapport à Genève, j’ai gagné en chaleur humaine et j’ai pu nouer des amitiés fortes. » Même sa femme, parisienne et historienne de l’art, s’y plaît. Originaire de Sion, Caroline Dayen, la nouvelle directrice de Monthey Tourisme a, elle, été sur-

Pourtant, la cité chablaisienne ne manque pas de charme, pour peu que l’on prenne le temps de s’y attarder. Car ses principaux atouts sont d’ordre humain plutôt qu’architectural. Hormis le Théâtre du Crochetan, singulier silo à teneur hautement culturelle, et l’ancien pont de bois qui enjambe la Vièze, Monthey ne possède guère d’édifices susceptibles de séduire les amoureux du patrimoine. Néanmoins…

prise par la dynamique qui émane du lieu : «J’ai découvert une ville très active. Pas moins de 25 grandes manifestations sont organisées chaque année. » La jeune femme entend encore étoffer cette offre avec de nouveaux événements originaux, tels que la balade des chantiers, en septembre, qui visait à révéler les principaux travaux en cours pour redynamiser le centre-ville.

Chaleur humaine / C’est bien dans la personnalité

« Ici on te salue, même si on ne te connaît pas » / Des rendez-vous comme celui-ci, Monthey en

de ses habitants, dans leur esprit convivial et ouvert, qu’il faut chercher l’âme de la ville. Lorenzo Malaguerra, actuel directeur du Crochetan, en a fait l’expérience dès son arrivée, en 2009. Ce Tessinois d’origine, né à Berne, a quitté Genève pour saisir cette opportunité professionnelle en Valais. « J’avais pas mal d’a priori, se souvientil. Peur de ne pas m’intégrer, peur de ce grand village où tout le monde se connaît. Mais j’ai

regorge, à commencer par le mercredi, jour de marché. Le centre-ville s’anime comme par magie et reflète bien l’âme de la cité. « J’aime l’ambiance et l’ouverture des habitants. Le fait qu’on te salue même si on ne te connaît pas », souligne Malin. Suédoise, elle s’est installée à Monthey il y a un peu plus de quatre ans pour des raisons professionnelles. « Les gens sont chaleureux et te proposent volontiers

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leur aide. Bien sûr, tout dépend aussi de ton comportement, il faut aussi montrer l’envie de t’intégrer », souligne-t-elle. Et ce n’est pas ce qui manque chez Malin : elle s’est inscrite dans une des 250 sociétés locales, participe activement aux animations proposées et a tissé de nombreux contacts. Figure incontournable de Monthey, JeanCharles Vernaz, dit Charly, estime que cette ouverture reflète un véritable état d’esprit propre à toute une région. « Il y a peut-être aussi le fait que Monthey, éloignée de la capitale cantonale, est souvent écartée des décisions politiques et des subventions », estime celui qui préside le Carnaval de Monthey depuis 17 ans. Ville ouvrière qui comptait moins de 10 000 habitants dans les années 70, Monthey a vu sa population croître de manière significative pour atteindre aujourd’hui plus de 17 000 âmes. Un petit bourg devenu cité mais qui a gardé son esprit rebelle, son âme de villageois tout en affichant une ouverture d’esprit et une chaleur humaine propre à ceux qui, malgré les a priori et les qu’en dira-t-on, aiment profondément leur ville. Musique, jeu et diversité culturelle / Parmi les bonnes raisons de cet engouement figurent sans doute les nombreuses fêtes qui s’emparent du cœur de Monthey au fil des mois. Toutes sont placées sous le signe de la musique, du jeu ou encore de la diversité culturelle. Sans oublier

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la plus grande et la plus folle de toutes : le Carnaval, qui précède depuis plus de 150 ans le temps de Carême et la fête de Pâques en cette terre catholique. Cinq jours durant, la paisible cité s’encanaille. Le dimanche après-midi, le cortège fait défiler des groupes de musiciens en costumes extravagants, des hordes de personnages loufoques, d’imposants chars qui raillent ceux qui ont fait l’actualité récente. Les spectateurs, souvent venus de loin, applaudissent sous une pluie de confettis, ravis de prendre part à ce qui constitue l’un des plus importants rendezvous du genre en Suisse romande. Mais c’est peut-être le 31 décembre, dans une atmosphère plus tranquille, que l’on perçoit le mieux cet esprit montheysan, joyeux et gouailleur. Depuis toujours, c’est jour de foire. Artisans et commerçants installent leurs stands dès l’aurore, pendant que les sociétés locales préparent leurs bars. La foule grandit, les groupes d’amis se retrouvent d’année en année. On s’apostrophe, on s’invite à prendre un verre, on refait le monde… Sur les pavés, la fanfare entame un morceau. La nouvelle année s’approche dans l’insouciance et la bonne humeur. Le visiteur de passage se promet alors qu’il reviendra. Texte : Céline Monay, déléguée à la communication de la ville de Monthey. Photos : Déclic Photographies (p. 50) et Ville de Monthey



CHABLAIS-CHABLAIS

COIN BOUQUINS AU CLAIR DE LA PLUME de Hugo, de Rousseau et d’auteurs actuels comme dans l’objectif subjectif du photographe veveysan Yann Gross, le Chablais dévoile la richesse de ses multiples facettes… Sélection réalisée en partenariat avec la librairie A l’ombre des Jeunes Filles en Fleurs, à Monthey.

Les trois Chablais du Léman aux Alpes – Randonnées découvertes et curiosités franco-suisses, collectif, Ed. Glénat, 29.50 CHF S’affranchissant des frontières entre la France et la Suisse, cet ouvrage dévoile douze itinéraires de randonnées curieuses et originales dans les Chablais valaisan, vaudois et français.

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Le Rhône : Dynamique, histoire et société, Collectif, Ed. Archives de l’État du Valais, 45 CHF Alors qu’une troisième correction du Rhône vise à protéger encore mieux le Valais des inondations, un constat s’impose : on connaît peu de choses sur le fleuve et la plaine riveraine avant la première correction dont les travaux débutent en 1863. Des chercheurs de différentes disciplines se mobilisent pour stimuler les études relatives au Rhône en sciences de la terre et en sciences humaines.

Le Valais, à livre ouvert, Antoine Pitteloud, Ed. l’Âge d’Homme, 85 CHF Une anthologie des écrivains voyageurs de la Renaissance au XXe siècle (Hugo, George Sand, Rousseau, Charles-Albert Cingria, Dostoïevski, Twain…), très richement illustrée. Un voyage unique à travers l’espace et le temps, un livre à lire au hasard des pages, chaque texte étant une mine de découvertes ! Avec une contribution inédite des Archives valaisannes.


Horizonville, Yann Gross, Ed JRP Ringier, 45 CHF Inspiré par la tradition du road movie et par le film Une histoire vraie de David Lynch, Yann Gross a sillonné la vallée du Rhône à mobylette. Il a découvert l’univers surréaliste d’un western sauce helvétique : un restoroute dans le plus pur style Far west, des cow-boys, des motards tatoués façon Hells Angels, un

1824 -1933, La Verrerie de Monthey – Ouvriers, patrons et syndicats, Virginie Ballet, Ed. Faim de siècle, 40 CHF Dans un canton tenu jusqu’alors à l’écart du monde industriel, la création et le développement de la Verrerie de Monthey (1824-1933) représentent une véritable petite révolution. L’ouvrier succède à l’artisan, l’usine à l’atelier. Posant le premier jalon de l’important développement de la place industrielle du Chablais, la Verrerie témoigne du rôle pionnier joué en Valais par des générations d’entrepreneurs et d’ouvriers étrangers. Pour la première fois les mots « grève », « syndicats », « kroumirs » résonnent dans un Valais qui découvre le drapeau rouge.

lion des montagnes et des dragsters… Le livre qui en résulte, empruntant les codes d’un genre cinématographique éculé, constitue une enquête ethnographique minutieuse en images sur la réappropriation symbolique d’un lieu géographique et sur la construction d’une communauté imaginaire.

Bex – Villars, à la belle époque, Caroline Dey, Ed. Favre, 60 CHF (disponible auprès des offices de tourisme de Bex et de Villars ou auprès de l’auteur : deycaroline@hotmail.com) Caroline Dey, historienne de l’art, expose le riche passé de Bex et de Villars, à l’aide d’une collection exceptionnelle de cartes postales représentant des vues et des gravures anciennes de la région. On y découvre le faste de Bex-les-Bains, village qui accueillit, dès 1820, une clientèle internationale de touristes fortunés et de têtes couronnées grâce aux vertus curatives de ses eaux salées ; et Villars ensuite, station réputée pour ses saisons d’hiver, ses palaces et ses instituts de jeunes filles où des demoiselles du monde entier venaient se refaire une santé à la montagne.

Les Randonnées d’Eloïse en Valais central Carole Pierrehumbert Heuri, Ed. Slatkine Helvetica, 25 CHF Un guide pour les familles et les très jeunes enfants. Vingt itinéraires de 1 à 7 km dans le Chablais valaisan, la plupart circulaires et réalisables avec une poussette tout-terrain, accessibles en voiture et également en transports publics. Pour chaque randonnée, une petite expérience en relation avec le lieu offre à l’enfant un premier contact avec certains phénomènes naturels dans un cadre exceptionnel.

InspirAction | TPC # 1 |

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