Urbanité & innovation architecturale

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Urbanité & Innovation architecturale, une autre approche de la densité. Travail complémentaire du mémoire de Romain Blachon intitulé Densité & Innovation architecturale (2008) Hugo Rigard [2010-2011]


Urbanité & Innovation architecturale, une autre approche de la densité. Travail complémentaire du mémoire de Romain Blachon qui s’intitule Densité & Innovation architecturale (2008) Hugo Rigard [2010-2011] Mémoire de 1ère année de Master «Architecture et culture constructive» Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Grenoble, mai 2011

Directeur de mémoire : Stéphane SADOUX, Maître-assistant en Sciences Humaines et Sociales pour l’Architecture et Chercheur à l’Unité Architecture, Environnement et Cultures Constructives à l’ENSA Grenoble.

Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier Stéphane Sadoux, enseignant responsable pédagogique de mon mémoire, pour les connaissances qu’il m’a transmises et l’intérêt qu’il m’a porté. Je remercie tout particulièrement ma famille et mes proches pour leur regard neuf en tant que praticiens quotidiens de la ville. 2

Note obtenue & Commentaires


TABLE DES MATIERES p6. ¤ Introduction p7. ¤ La notion d’urbanité p10. La densité p10. a. Les outils hérités p11. b. Les nouveaux outils p13. L’intensité p13. a. La centralité p14. b. La compacité p15. c. Le cadre de vie p17. d. La mixité p20. I production architecturale contemporaine a travers 16 réalisations p22. Présentation de la grille d’analyse Réalisations en centre ville historique p24. + Bernard Bühler, ensemble de chaix, quai des Chartrons, Bordeaux, 2009 p26. + Edouard François, 21 rue des Vignoles, Paris 20e, 2008 p28. + TOA Architectes, Rue des Haies, Paris 20e, 2008 p30. + Atelier Castro Denissof Casi, ZAC Chandon/ République Gennevilliers, Paris, France, mai 2011

Réalisations en centre de ville nouvelle p32. + Nicolas Michelin & Associés Architecte, Quartier Belcier rue d’Armagnac, Bordeaux, France, 2012 p34. + Christian de Portzamparc, De Citadel, Almere, Pays Bas, 2006 p36. + Steven Holl, Linked Hybrid, Beijing, Chine, 2008 p38. + Beckmann-N’Thépé Architectes, ZAC Masséna, Paris XIIIe, France, 2007 Réalisations en limite de centre p40. + BIG, Kasbah housing, Hambour, Danemark, 2010 p42. + KOKO Architektid, Tartu mnt. 84a Tallinn , Estonie, 2007 p44. + Zaha Hadid, Spittelauer Lände 10, Wien, Autriche, 2006 p46. + Eric Lapierre Architecture, Rue de la tombe-Issoire, Paris XIIIe, France, 2010 Réalisations en zone périurbaine p48. + Patrick Hernandez, Pessac, France, 2010 p50. + Camenzind Evolution, Seefeldstrasse 277, Mühlebach 8008 Zürich, Suisse, 2005

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p52. + Raphaëlle Hondelatte et Mathieu Laporte, Les Diversités, La Grenouillère à Bordeaux, France, 2009 p54. + M. Ferrand, Avenue des Romains, Annecy, France, 2008 p58. II production architecturale ancienne depuis la révolution industrielle p59. 1850-1918 La ville libérale, la restructuration et la reconstruction p62. + J.B.André Gaudin, Le Familistère, Guise , France, 1864 p64. + L. Soisson, Welwyn, garden city, Grand Londres, Angleterre, 1920 p66. 1918-1945 La ville fordiste et fonctionnaliste p68. + H. Sauvage, Immeuble à gradins rue des Amiraux, Paris XVIII, France, 1922 p70. + Commande d’H. Sellier, Alexandre Maistrasse, Suresnes, Grand Paris, France, 1923 p72. + J.J.P.Oud, Pankokweg strasse, Stuttgart, Allemagne, 1927 p74. + Bruno Taut & Martin Wagner, Britz Hufeisensiedlung, Berlin, Allemagne, 1927 p76. 1945-1970 Le modernisme, la reconstruction, les premisses de l’Ere pavillonaire 4

p78. + Le Corbusier, Bd Michelet, Marseille, France, 1952 p80. 1970-1990 La réaction postmoderne et l’étalement urbain p82. + Atelier 5, Halen-Brücke, Berne, Suisse, 1961 p84. + Moshe Safdie, Habitat 67, Avenue Pierre Dupuy, Montréal, Canada, 1967 p86. + Ricardo Bofill, Walden 7, Taller de architectura, Carretera Reial, Barcelone, Espagne, 1974 p88. + Cruz & Ortiz architects, Calle de Doña María Coronel, Seville, Espagne, 1976 p90. + Christian de Portzamparc, Rue des Hautes Formes, Paris XIII, France, 1979 p92. + Architecture Studio, rue du Château des Rentiers , Paris XIII, France, 1986 p94. + Jean Nouvel, Nemausus, Avenue du Général Leclerc, Nîmes, France, 1987 p96. 1990-... L’avènement du développement durable p98. + MVRDV, Silodam, Amsterdam, Hollande, 2002 p102. ¤ Conclusion p104. ¤ BIBLIOGRAPHIE/WEBOGRAPHIE/DIVERS p105. ¤ ANNEXE


Préambule Ce mémoire s’inscrit dans une démarche de réflexion sur la ville commencée principalement en 3ème année par l’écriture d’un rapport d’étude dont l’intitulé est : « la fabrique du repère dans la ville ». Lors de ma première année de master, j’ai analysé le document Stimuli de Architecture Studio ou « 1000 petits projets pour un grand projet à Paris » dont les thèmes principaux sont le repère, la communication et la densité. Quelques semaines après, ma participation au concours ConstruirAcier 2011 « habiter un pont » me permit d’explorer la notion de haute densité à travers des projets innovants voire utopiques abordant les concepts de villes aériennes en trois dimensions. Ce mémoire se place ainsi dans le prolongement des travaux cités et, par soucis de rigueur, développe la notion de densité urbaine de manière globale afin de poser les bases de réflexions futures plus ciblées .

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introduction La disparition des enceintes fortifiées, l’augmentation des qualités de vie par l’industrialisation ou encore le développement des transports en communs puis celui de l’automobile ont conduit à une périurbanisation généralisée. Pourtant, si l’étalement urbain correspond à la traduction des préférences d’une majorité de français pour la maison individuelle, il a très longtemps été considéré par les responsables de l’urbanisme, élus et professionnels, comme un archaïsme, une faute de goût et n’a de ce fait, jamais été l’objet de mesure propres à l’organiser ou le réguler. La problématique du développement durable devenant toutefois de plus en plus pressante, l’étalement urbain et donc la densité, se trouvent désormais au cœur des réflexions sur la ville. Les objectifs sont clairs : favoriser le développement de centralités dans une ville compacte, dense et intense pour économiser le terrain constructible, optimiser les services publics comme les transports et impulser la mixité de fonctions et d’usages. Ceci implique une réflexion sur de nouvelles formes urbaines conciliant qualité de vie et densité. Densifier la ville nécessite de déterminer pour chaque contexte urbain les réponses architecturales les plus adaptées. On cherchera par exemple à

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multiplier par deux le nombre de logements dans un lotissement de pavillons tandis que dans un centre historique où la densité est déjà très élevée par son héritage médiéval, on préconisera de densifier en fonction des opportunités de construction. Ainsi, après avoir décomposé et défini la notion àtravers celles de densité urbaine et d’intensité, je m’attacherais dans une première partie à étudier, au moyen d’une grille d’analyse, différentes réponses architecturales adaptées à un type de tissu urbain. L’objectif est de mettre en parallèle une sélection de chiffres relatifs à la densité avec les spécificités de chaque projet à améliorer le cadre de vie. Cette démarche, appliquée dans un premier temps à la production du 21ème siècle, s’enrichit dans une deuxième partie en proposant un travail similaire sur la production du 20ème siècle. Pour chacune, j’essaye de montrer comment des dispositifs urbains et architecturaux dans un contexte donné trouvent des réponses urbaines et architecturales efficaces voire innovantes. La grille d’analyse mise au point dans la première partie est conservée dan la deuxième afin de faciliter la comparaison et ainsi permettre de prendre du recul pour mieux critiquer les modes de vie et les réponses architecturales et urbaines actuelles.


La notion d’urbanité « La ville : système urbain localisé mais aux limites floues. Sa morphologie est composée principalement des réseaux (voiries, réseaux divers...), supports des échanges et des réservoirs (logements, bureaux, emplois, effectifs scolaires), à définir en terme de stock et de vide. A l’intérieur de cette structure globale peuvent être identifiées des sous structures (sous ensembles) constituant des combinaisons intermédiaires (quartiers par exemple). Les éléments actifs de son fonctionnement caractérisent le système urbain lui même : les flux (d’information, de produits, d’habitants, de monnaie...) ; les centres de décisions (acteurs) qu’on présente sous forme de vannes réglant le débit des flux ; les boucles de rétroaction qui, lorsqu’elles sont positives, provoquent un renforcement du système et, négatives, constituent des freins aux interactions et peuvent entraîner la paralysie ou la mort du système. Trois sous systèmes sont identifiables : politique (accent sur les acteurs et les décisions), économique (production et consommation qui nécessite investissements et ressources) et morphologique. » morphologie urbaine, Remy Allain

Avant tout, pour bien aborder la thématique de ce mémoire, il est important de bien comprendre le caractère de système global de la ville où « tout a une influence sur tout » I. Lowry Il rappelle ainsi aux acteurs urbains que travailler sur la ville implique la prise en compte d’un grand nombre de données objectives comme subjectives. Avant de définir plus en détail les différentes notions qui gravitent autour de l’urbanité, intéressons nous d’abord au contexte mondial à travers quelques chiffres et dates qui introduisent les préoccupations nouvelles du 21eme siècle tel que le développement durable. La production anthropique mondiale actuelle de carbone atmosphérique est de +7,5 Gt carbone/ an et l’on prévoit un taux en 2050 de +16Gt carbone/an.

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Or la stabilisation du climat nécessiterait un taux de +2-3 Gt carbone/an. Dans l’Union Européenne : 75% du CO2 est émis par les villes, taux en étroite relation avec celui d’urbanisation. Les conséquences : + Epuisement des ressources fossiles/minières (« peak oil ») + Raréfaction des terres agricoles, mitage urbain sur des sols fertiles + Réduction et fragmentation des espaces naturels : extinction massive d’espèces Le passage du 20ème au 21eme siècle se fait avec l’héritage de politiques énergétiques locales instaurées en réaction aux chocs pétroliers et aux catastrophes nucléaires. Dès 1990, le rapport GIEC, alliance entre les réseaux de villes transnationaux et l’UE, préparent le protocole de Kyoto mis en place dès 1995. Les villes entrent alors dans une politique de « gouvernance » climatique globale*. En 2005, la mise en vigueur du protocole de Kyoto attire de nouveaux pays comme la France ou encore le Royaume Unis dont la prise de conscience de l’urgence est renforcée par la canicule de 2003 et les risques d’inondation que provoquerait la monté du niveau de la mer. En 2007, un plan d’action est instauré demandant aux pays engagés de réduire leurs émissions de CO2 de 60 à 80% d’ici 2050, 20 à 30% d’ici 2020. L’économie d’énergie implique une économie de l’espace mettant au premier plan les professionnels de l’urbain désormais affiliés aux grands défis naissants. Le terme de « quartiers durables » apparaît suivi de nombreuses réalisations témoins dans * : L’utilisation du terme « développement durable » sera utilisé dans ce travail écrit pour désigner cette nouvelle politique de gouvernance climatique globale. Sa définition est plus complexe mais sa vulgarisation facilitera la compréhension du mémoire. 8


différents pays engagés de l’UE. Mais l’économie d’espace n’évoque pas seulement un travail de densification urbaine au sens mathématique du terme, elle sous-entend également une notion plus fonctionnelle, sociale et sensible : l’intensité. Densité urbaine et intensité constituent à mon sens l’urbanité. En réalité, il n’existe pas de définition universelle de l’urbanité. C’est un terme nouveau qui est apparu, dans le monde professionnel de l’urbain, parallèlement aux mobilisations écologiques des deux dernières décennies. Ceci dans le but d’enrichir le vocabulaire qui gravite autour de la notion de densité urbaine. Au cours de l’histoire, cette dernière, développée au 19eme siècle avec les prémisses de l’étalement urbain, n’a pas toujours eu la même définition. Avec l’apparition des préoccupations environnementales des années 90, elle prend une nouvelle dimension plus complexe en s’associant à l’intensité. Mais ce renouveau idéologique ne concerne qu’un petit cercle d’avertis dont les professionnels de l’urbain sont les ples concernés; pour l’opinion public, la densité urbaine souffre d’une image négative et réductrice, héritage de l’urbanisme de barres et de tours des années 60-70. Ainsi, l’urbanité est un thème qui passionne, fait couler l’encre et réanime l’utopie chez les plus éclairés. Dans les paragraphes suivants, je tente de livrer une définition de l’urbanité effectuée à l’aide de diverses lectures où les auteurs traitent plus ou moins implicitement des notions préalablement citées.

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L’URBANITE est composée de deux notions : la DENSITE la Somme, Repères, réalisé par la Direction Départementale urbaine, d’ordre scientifique et l’INTENSITE d’ordre fonctionnel, de l’Equipement de la Somme, Service Développement des social et sensible. [cf annexe, p106 : organigramme de la notion territoires et d’Urbanisme, janvier 2007. d’urbanité]

La densité urbaine « La densité urbaine correspond à différentes notions, issues du «rapport entre un élément quantifiable (habitants, mètres carré de plancher, emplois, etc) et un espace de référence. On parle ainsi fréquemment de la densité de population (nb moyen hts / km2), qui permet de définir les besoins en équipement d’un territoire, la densité résidentielle (nb moyen logements / ha), qui permet de mesurer l’intensité d’un secteur d’activité, la densité d’activité humaine (nbre moyen d’habitants + emplois/ha), qui permet de mesurer la fréquentation et la vitalité économique d’un espace» Extrait du compte-rendu Densité urbaine dans

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Ainsi décrite, la densité, au sens scientifique du terme, est un rapport quantitatif mesurable entre un élément et un ensemble donné, le tout exprimé en : unité /surface (ou volume) (ex : hts/km2, kg/m3;...) a.Les outils hérités Il existe plusieurs outils pour mesurer ou maîtriser la densité urbaine dont les plus connus sont le COS [Coefficient d’Occupation des Sols], le CES [Coefficient d’Emprise au Sol] le PLU [Plan Local d’Urbanisme]. Le COS (coefficient d’Occupation des Sols), total des surfaces des planchers / surface au sol de la parcelle.


COS BRUT (surface plancher totale (SHON) / surface du la fois l’emprise au sol du bâti, le nombre moyen de niveaux et quartier les éventuels espaces publics présents sur le site. Son indice COS NET (surface plancher totale (SHON) / surface (Quartier varie entre 0 et 5 - (voiries+jardins publics)) Dbâtie = (emprise au sol du bâti * nombre de niveaux moyen) Il est important, lorsqu’on décide de mesurer une densité / surface de l’îlot urbaine, de prendre en considération, tous les rapports qui la définissent car une typologie peut paraître sur certains points la La densité de logements, ou densité résidentielle, correspond solution la plus dense, alors qu’une autre sur d’autres critères, au rapport entre le nombre de logements et la surface, en la majore. hectares, sur laquelle se trouvent ces logements. Unités : n lgts / ha Dlogts = Nb de lgts / surface de l’îlot b. Les nouveaux outils Pour affiner les outils de calcul de densité urbaine, Les travaux de l’Observatoire de la ville se sont appuyés sur trois types de De même, la densité d’habitants, ou densité de population, densité : la densité bâtie ; la densité de logements, brute et indique le nombre de personnes habitant sur une surface donnée. Unités : n hab / ha nette ; et la densité d’habitants, brute, nette et urbaine. La densité bâtie à l’îlot est le reflet de l’existant : elle inclut à Dpop = Nb d’hab / surface de l’îlot

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« La densité brute prend en compte l’ensemble du territoire considéré sans exclusion. A l’échelle de la parcelle : l’emprise du bâti, les espaces libres à l’intérieur et les voies de desserte internes, auxquels s’ajoutent les équipements collectifs bâtis ou non, les espaces verts, la voirie principale et les infrastructures. La densité nette, par contre, ne s’intéresse qu’aux surfaces réellement occupées par l’affectation donnée : emprise du bâti, espaces libres à l’intérieur de la parcelle ou de l’îlot, voies de desserte internes. » Formes d’habitat et densités urbaines, l’Observatoire de la ville On lit souvent dans la presse que les Français plébiscitent la maison individuelle et rejettent la densité. Pourtant, depuis quelques années, la gentrification des centres touche même les Etats-Unis (E-U), pays pourtant réputé pour être le moins urbain qui soit. Malgré des surfaces habitables moins importantes et des rapports aux autres plus soutenus ils y viennent avant tout pour l’animation, les facilités de déplacements et l’accès simple et rapide aux emplois, aux commerces, aux équipements. Ainsi, ce n’est pas une densité bâtie que les gens recherchent mais le résultat de cette densité qui s’exprime par une attraction exercée par les centres. « Pour que les ménages soient attirés par des environnements denses, il faut que ces environnements soient « intenses » pour reprendre un qualificatif de plus en plus fréquemment employé. » Vincent Fouchier

Source : l’essentiel sur al densité, CERTU 12


L’INTENSITE L’intensité se définit par de nombreuses variables plus ou moins quantifiables que les urbanistes et architectes nomment en 3 sous ensembles : la centralité, la compacité et enfin le cadre de vie. Cette dernière donnée est l’une des principales clefs de la réussite d’un projet mais de loin la plus difficile à maîtriser. a. La centralité « La centralité est la propriété, conférée à une ville, d’offrir des biens et des services à une population extérieure, résidant dans la région complémentaire de la ville », précise Walter Christaller (1933, 1962) dans sa théorie des lieux centraux. La structure concentrique de la majorité des agglomérations de France amène naturellement les citadins à se concentrer vers le centre historique. Depuis des siècles, le centre représente la convergence des flux, le pouvoir et les rassemblements humains ; c’est là qu’on y trouve les commerces, les services et les équipements principaux. Mais ces centres ne représentent aujourd’hui rarement plus de 10% de l’aire urbaine totale (5% pour Paris.) Ils sont victimes d’une attractivité trop forte qui induit automatiquement une hausse des prix du foncier et par conséquent une ségrégation par l’argent et un étalement urbain de plus en plus fort. « Les français ne fuient pas la densité à travers la maison individuelle, ils cherchent un compromis entre leur confort et leurs revenus». cf: www.inegalites.fr

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« La hiérarchisation des quartiers d’une ville fait que certains sont qualifiés de « centraux », par leur richesse fonctionnelle et leur rôle stratégique à l’échelle urbaine ; il ne faut pas hésiter à structurer les actuels secteurs suburbains, voire péri-urbains par de nouvelles centralités émergentes, qui viendront en contrepoints des centralités historiques. » (Lavadinho, S., Lensel, B., 2010). C’est l’idée d’un polycentrisme des très grandes villes par le développement d’identités fortes existantes ou à créer. Au sein même d’un centre urbain, il existe des points d’intensité qui influencent les déplacements quotidiens des citadins. Ils sont le plus souvent liés à un lieu qui génère volontairement ou non des usages particuliers à certains moments de la journée. Dans le livre « Interactive Cities », l’auteur présente plusieurs travaux de cartes montrant des dynamiques urbaines [cf illustration ci contre]. Une expérience faite sur la ville de Graz en Autriche, appelée « Mobile Landscape » ou « Paysages mobiles » présentée à l’exposition MCity, consiste à matérialiser sur une carte les concentrations de personnes à plusieurs moments de la journée à l’aide d’un repérage satellite des téléphones portables. Difficilement matérialisables, l’avancée technologique nous permet d’avoir petit à petit une idée de ces mobilités quotidiennes dans la ville. « En sachant où vont les gens, où vivent les gens, on peut optimiser les espaces délaissés et voir l’évolution de leurs fréquentations. » J. Huang Passionnant mais effrayant... b. La compacité « La compacité est la concentration du développement dans le cœur d’une agglomération, là où la desserte en transports en commun est bonne et là où il y a déjà de la densité. Il est beaucoup plus facile de densifier là où il y a de la densité que là où il n’y en a pas. Mobile Landscape, Graz, Autriche

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Le contexte et les logiques foncières se prêtent souvent mal à des densités très élevées dans des secteurs peu denses. A l’inverse, dans les secteurs qui sont déjà denses, on peut reconvertir des friches industrielles, on peut combler des dents creuses, etc. Bref, il y a des potentiels que l’on peut valoriser. La compacité est donc une manière douce de faire de la densité. » Vincent Fouchier Par exemple, il s’agit de permettre à des personnes qui habitent une grande maison d’accueillir plus de monde, surtout si leur maison est bien desservie par les transports collectifs. Dans ce cas, on densifie l’usage sans densifier le bâti. La compacité, c’est utiliser mieux et davantage les espaces urbains existants, qui souvent ne sont pas assez exploités par rapport à leur potentiel. C’est donner plus de destinations, plus d’occasions de croisement, plus de possibilités d’activités, plus de monde. c. Le cadre de vie «S’agissant de la densité vécue, l’APUR [l’Atelier Parisien d’URbanisme] a mené une enquête dans différents quartiers de la capitale qui montre à l’évidence que la forme urbaine est prégnante sur la manière dont on la vit, beaucoup plus que la densité elle-même.» François Dugeny « Il s’agit d’une autre lecture de la ville qui consiste à révéler les trésors d’espace d’un territoire, des lieux petits ou grands qui concentrent des qualités d’usage : un carrefour, un arrêt de bus, le café du coin, un square, le Mcdonalds au bord de la nationale, une rue plantée; à relever les espaces d’attractivité maximum dans la ville, convergence, regroupement, intérêt commun, rue commerçante, galerie commerciale, bord de route, densité de mouvements et intensité

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d’activités » comme le préconise Margareth Crawford (1999) dans sa quête d’un urbanisme du quotidien. Le cadre de vie est l’organisation de l’ensemble des éléments architecturaux, sociaux et fonctionnels qui nous entoure au quotidien à travers lesquels il fera bon ou non vivre dans un quartier. C’est le caractère de l’intensité le plus en lien avec les sens, il est de fait difficile à définir. Il traite de notre manière de vivre la ville à travers le vide et le plein, le public et le privé. Les formes architecturales du bâti, les transitions entre les espaces publics, privés et intermédiaires comme le dessin des espaces publics et leur mobilier urbain font partie des disciplines qui agissent sur le cadre de vie. Enfin, celui-ci a une dimension temporelle. Un cadre de vie agréable à vivre doit pouvoir anticiper au maximum sa résistance à l’usure du temps en choisissant les bons matériaux, en évitant les effets de modes et en participant à l’innovation du concept d’espaces modulables. « Du point de vue de l’agencement et de la composition des espaces extérieurs et intérieurs, l’accès au logement et le stationnement de la voiture nécessitent par exemple des réponses appropriées. Celles-ci ne se réduisent pas à singulariser la porte d’entrée mais intègrent le traitement des seuils, une gradation des échelles, des composants matériels et végétaux qui différencient les zones de transition. Ces espaces entre le domaine public et la sphère privée signifient des fonctions de limites et de contrôle d’accès et d’hospitalité urbaine. Ils relèvent de dispositifs qui méritent un relevé et une analyse approfondie. Ils peuvent aussi mettre en jeu des qualités d’ambiances sonores et tactiles, et servir de filtres entre ce qui est exposé à la pluie et au vent et les espaces protégés. Le rapport à la nature ne se réduit pas à la concentration de végétaux, il réside aussi dans l’expérience sensorielle, immédiate et tangible du milieu naturel. [...] La gradation des espaces de transition change dans ce contexte de nature en faisant d’avantage appel à des savoir-faire sensibles et esthétiques à la portée des architectes. 16


Il s’agit non seulement de gérer les rapports de voisinage, les vis-à-vis, les contiguïtés et les nuisances mais aussi de maîtriser un plus grand éventail de densités sensibles et sensorielles.» Habitat pluriel : densité, urbanité, intimité, PUCA, février 2005

Enfin la dernière notion importante de l’intensité qui réunifie la centralité, la compacité et le cadre de vie est la mixité. d. La mixité « La mixité est porteuse d’urbanité, d’usage des villes à différentes heures du jour et de la nuit. Ainsi, si l’on compare deux quartiers Haussmaniens parisiens de surface de plancher équivalentes, Saint Germain des Près et Haussmann Saint Lazare par exemple, la mutation liée à l’occupation des immeubles et aux types de commerces engendre des ambiances tant diurnes que nocturnes très différentes voire opposées en rendant compte de leur temporalité d’usage, de leur taux de fréquentation selon les saisons et les heures de la journée. [...] Entre lieu d’habitation et lieu d’usage, la différence dimensionnelle est grande. Car l’espace fréquenté et parcouru diffère pour chaque individu. Il est discontinu, fabriqué de points et de lignes, de lieux d’usage et d’un réseau de circulation. Ainsi chacun crée-t-il son propre territoire à géométrie variable, son « archipel de vie » à partir des lieux de travail, de loisirs, de commerces, de rencontres, de visites exceptionnelles et du réseau de communication qui lie ces points entre eux. » Béatrice mariolle, Densité, L’espace Athropologique « Il s’agit d’offrir une grande diversité de situations urbaines, de créer une forme de désordre ou plutôt de complexité, comme dans les villes existantes, de créer des surprises et des points singuliers. Il s’agit de produire des tensions immédiates pour que des mécanismes nouveaux apparaissent.[...] » Ilot Armagnac, Nicolas Michelin

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L’intensité, composante de l’urbanité, utilise et confirme la densité, mais en la transcendant et en lui donnant du sens, en lui assignant une multifonctionnalité et un rôle fort d’échange entre les personnes, les groupes de personnes et les activités. Les discours dominants en architecture se concentrent aujourd’hui autour des thèmes du développement durable et de la lutte contre l’étalement urbain, assurant ainsi la promotion d’un retour à la « ville dense » reconstruite « in situ », économe en espace consommé, en investissements publics et en déplacements ; ces démarches assureraient par ailleurs une véritable «efficacité urbaine », tant en termes d’investissements publics, que de formes urbaines produites. Des pays européens de forte concentration de population, comme les Pays-Bas ou le Plateau Suisse (région de Bern et Zürich) ont déjà fortement tutoyé ces approches. Afin de préciser la notion d’urbanité, il semble intéressant de prendre connaissance des modèles étrangers ainsi que des nombreuses opérations plus ou moins expérimentales construites sur le sol français.

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1. production architecturale contemporaine a travers 16 réalisations «Bien habiter la ville» : Dans cette relation forte de l’urbanisme et du logement, il ne s’agit pas d’asservir l’un à l’autre, de ne voir la ville que sous une composante, ou encore d’oublier les passants, les actifs, et autres visiteurs, qui traversent nos cités sans y résider. Au contraire! La ville durable que nous cherchons à construire est accessible à tous et facilite les échanges, la vie sociale, la mixité, favorise la mobilité, et en même temps, offre à chacun une qualité d’intimité, de vie familiale, de rapport au ciel, à la rue, à la nature, aux autres… Simplement, force est de constater que les logements sont, finalement, ce qui constitue le «grain », l’« ingrédient » premier de nos villes, et que c’est bien souvent à partir de notre perception d’«habitant» que nous apprécions, ou non, notre environnement urbain, que ce soit à l’échelle d’un pied d’immeuble, d’un quartier ou plus largement d’une ville. Dans cette première partie, je m’attache à présenter 16 réalisations contemporaines du 21éme siècle, issues de la production française et étrangère, comme autant de réponses variées aux enjeux de l’urbanité. C’est un recueil non exhaustif qui permet de mieux révéler par l’exemple les nuances des différents caractères de l’urbanité présentés en introduction. Les projets contemporains sont classés selon les quatre grands types de tissus urbains qui définissent aujourd’hui l’aire urbaine : Le centre historique, le centre de ville nouvelle ou centralité neuve, la limite de centre et la zone périurbaine. Une deuxième partie vient ensuite enrichir la première en proposant un travail similaire sur la production du 20ème siècle à travers 15 réalisations plus ou moins anciennes. Cinq périodes sont retracées permettant de mieux associer chaque réponses urbaines et architecturales à son contexte.

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Ce travail d’analyse suppose d’être attentif à des enjeux de nature multiple dont l’habitat exprime in fine l’essentiel des réponses : l’évolution des ménages, la diversification des modes de vie, l’adaptation aux nouvelles donnes énergétiques et environnementales, le lien avec un espace public digne de ce nom, la densification urbaine, mais aussi une meilleure adaptation de l’habitat individuel aux enjeux urbains.

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I production architecturale contemporaine a travers 16 réalisations Présentation de la grille d’analyse Pour faciliter les comparaisons entre la première et la deuxième partie, les 31 projets seront présentés sur la base d’une même grille d’analyse. D’autre part, la fonction dépliante du mémoire facilite le va et vient. Légende 1 Plan épuré du projet : les bâtiments créés sont représentés en bleu et l’existant, en gris 2 Vue satellite pour mieux comprendre le contexte 3 Photo générale du projet 4 Pourcentage de logements, de bureaux, de commerces et d’équipements 5 Densité de population et densité de logements 6 Surface totale de la parcelle 7 Nombre d’étages moyen 8 Densité bâtie 9 Prix d’un mètre carré habitable 10 Descriptif du projet 11 Documents techniques essentiels pour la compréhension du projet 12 Images du projet diverses pour capter les ambiances + références 22

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1. presentation de projets contemporains en centre historique Bernard Bühler, ensemble de chaix, quai des Chartrons, Bordeaux, 2009

100% 51 logements

0

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ha

582

ha

154

ha

Le projet s’insert dans un ancien quartier de négociants en vin. Il se définit par une reconversion du patrimoine en logements sociaux. Programme : 23 maisons individuelles + 28 appartements, répartis entre un immeuble neuf en bordure du cours du Médoc et l’immeuble ancien donnant sur le quai. Les typologies de logements sont variées et se 3372 m2 greffent à l’existant. 0.33 ha Les entrées respectives sont individuelles et marquées par des espaces intermédiaires comme des terrasses ou des escaliers. Un mail planté constitue l’épine dorsale du programme ; il est complété R+3 par des circulations secondaires sous charpentes anciennes conservées et ajourées. L’ensemble est accessible depuis le quai par un passage sous l’immeuble ancien, dont le traitement singulier porte bien la marque du maître d’oeuvre. Les maisons prenant appui sur les anciens refends 1,4 sont pourvues de terrasses et de cours privées ; présentant chacune une personnalité propre, elles sont conçues selon des principes très contemporains permettant à chacune de bénéficier d’un maximum d’air 1300 E/m2 et de lumière malgré la densité du programme.


1. presentation de projets contemporains Transitions

DÊtail d’un logement

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1. presentation de projets contemporains en centre historique Edouard François, 21 rue des Vignoles, Paris 20e, 2008

2% 96% 99 logements

0

10

50

ha 2% restaurant

704

ha

186

ha

Le projet s’insert dans un quartier populaire de Paris. Les variations des typologies de bâti et de logements sont nombreuses, inspirées de l’existant. On note une grande finesse dans le dessin des traversées douces, des ambiances et des seuils. Certaines circulations sont même surrélevées pour permettre la superposition d’espaces. D’autre part, la 2 porosité de l’îlot est rendue dans toutes les directions par fragmentation 5327 m des volumes construits. Une attention particulière a été porté à l’intimité 0.53 ha des habitants; entre l’Immeuble collectif type barre et le front de maisons R+3, elle est garantie par une structure secondaire en bois sur laquelle pousse de la glycine. Le «manteau» végétal déployé autour du bâtiment env. R+3 central pour le faire «disparaître» peut en revanche faire l’objet de critiques. L’architecte est d’ailleurs connu pour ses projets végétals provocateurs comme la tower flower(5) 1,8

719,7 E/m2 26


1. presentation de projets contemporains

Edouard François, 21 rue des Vignoles, Paris 20e, 2008

Les seuils

1 2 3 4 Porosité de l’îlot

5 6

27


1. presentation de projets contemporains en centre historique TOA Architectes, Rue des Haies, Paris 20e, 2008

55 % 47 logements

ha 45% gymnase jardin

50

0

28

0

10 10

50

Afin d’intégrer un programme mixte qui comprend 47 logements, un gymnase et un jardin partagé, ils exploitent diverses figures capables d’offrir un confort équivalent à tous les habitants. L’insertion intelligente de ce projet dans une géographie complexe crée une richesse d’espace public. La gestion du sol est réglée par la suspension du jardin audessus du gymnase, pièce maîtresse sur laquelle viennent s’articuler 2812 m2 les pleins et les vides qui fondent l’habitabilité du propos. Ainsi, sur une 0.28 ha structure en poutres en béton précontraint s’intercalent des « planches de culture », gérées par une association. Les logements convergent vers cette 5e façade, avec leurs coursives extérieures, qui font office R+4 de terrasses et profitent aux cuisines, instaurant dès lors des logements traversants. Accessible par un escalier en façade, le jardin pédagogique public et l’ensemble du programme s’inscrit dans une démarche 1,9 environnementale : les eaux de pluie sont récupérées pour l’arrosage du jardin et les sanitaires des logements.

1366

ha

361

ha


1. presentation de projets contemporains Organisation de l’ensemble en volume

Les logements s’enroulent autour du gymnase

29


1. presentation de projets contemporains en centre historique Atelier Castro Denissof Casi, ZAC Chandon/République Gennevilliers, Paris, France, mai 2011 100% 94 logements

0

30

10

50

ha

3785

1000

Il ne s’agit pas d’une tour au sens traditionnel du terme, mais d’une série de cours superposées autour de jardins. Ces jardins peuvent avoir toute sorte d’usages. Ils constituent un espace public commun aux logements et servent d’espace tampon en hivers pour conserver la chaleur. Ils reconstruisent dans l’espace le bonheur d’habiter chez soi en commun : on peut parler de village vertical. Dans un habitat de tour traditionnel, les circulations représentent des dédales intérieurs et sont éclairées artificiellement. De ce fait la sensation de concentration de logements 1054 m2 est amplifiée. Ici les circulations sont ouvertes, aériennes et les paliers 0.1 ha sont traités comme des espaces de vie extérieurs. L’accès individualisé, la typologie duplex et la loggia concourent à une appropriation des logements proches de la maison individuelle. Afin de renforcer les R+18 usages de la loggia, le séjour et la cuisine s’organisent autour d’elle. L’étude du traitement du rez-de-chaussée est différente des étages courants et présente des scénarios qui peuvent varier selon l’intégration 11,1 urbaine. De cette manière, le bâtiment ne constitue pas un objet isolé puisqu’il est relié au sol par un socle habité qui dessine une élévation progressive. Ce projet est une réponse susceptible de résoudre la contradiction entre le bonheur d’habiter le ciel qu’offre n’importe quel 1800 E/m2 tour avec le plaisir d’un espace public de proximité.

ha ha


1. presentation de projets contemporains Les seuils

Porosité de l’îlot

31


1. presentation de projets contemporains en centre de ville nouvelle Nicolas Michelin & Associés Architecte, Quartier Belcier rue d’Armagnac, Bordeaux, France, 2012

10% 10% 60% 95 logements ind. 175 logements étudiants

0

32

10

50

ha 20%

2761

729

L’îlot Armagnac forme une transition entre les typologies d’échoppes bordelaises et la nouvelle densité créée dans ce quartier. Cet îlot en proue amorce le développement urbain du quartier Belcier. Il est composé à partir d’alignements stricts sur les rues et dispose d’une ouverture visuelle vers la place publique au sud. L’îlot est mixte avec logements et équipements publics - gymnase et médiathèque. Le cœur d’îlot est traité en jardin. Sa mise en scène gradinée vers le sud le 2 rend bien visible depuis la place. Le cœur de l’îlot est un espace planté 3750 m 0.37 ha partagé par tous les logements. Ceux-ci sont tous différents et ouverts pour la plupart, sur le jardin central accessible à tous. Le parking n’est pas enterré, mais ses 4 niveaux sont intégrés à l’îlot, tous éclairés R+7 naturellement au nord. L’îlot est traversé par un cheminement piéton qui distribue chaque entrée d’immeuble, et renforce la convivialité. Le jardin central est composé en terrasses successives qui s’élèvent depuis la place publique jusqu’au niveau 6, tout en haut de l’îlot. Cet effet 4,8 de « jardins suspendus », orientés plein sud, est accentué par la diversité des plantations et les terrasses privatives qui donnent aussi sur le jardin. La conception des immeubles répond aux principes de l’architecture 2900 E/m2 bioclimatique.

ha ha


1. presentation de projets contemporains Sols artificiels variĂŠs

Vivre le plein

33


1. presentation de projets contemporains en centre de ville nouvelle Christian de Portzamparc, De Citadel, Almere, Pays Bas, 2006 20% 52 logements

0

10

50

ha

80%

Dans le coeur de la ville nouvelle d’Almere, en Hollande, l’îlot mixte dessiné par Christiant de Portzamparc fait partie du plan urbain dessiné par Rem Koolhaas et fonctionnant selon un principe de feuilleté. L’îlot est fragmenté par le croisement de deux rues piétonnes construies sur une dalle en légère pente qui protège de la circulation automobile placée au dessous. Le rez-de-chaussée accueille des boutiques et un centre commercial. Au niveau supérieur, des maisons colorées se 18000 m2 répartissent autour d’une large prairie en forme de colline qui préserve 1.8 ha l’intimité des habitants. Christian de Portzamparc s’inspire profondément de l’architecture hollandaise et va jusqu’à la caricature en montrant sur une des planches du concours des vaches qui broutent sur la toiture env. R+4 du centre commercial. L’échelle des habitations ainsi que les décalages des volumes et la présence de loggias, de patios et de terrasses, établissent une atmosphère de quartier intimiste, colorée et variée. La 1,5 matérialité s’exprime également pour définir les différentes strates du projet. On notera par exemple le revêtement en béton banché «effet géologique» appliqué aux flancs des terrasses plantées...

100

ha

29

ha

1000 E/m2

34


1. presentation de projets contemporains Les seuils

Porosité de l’îlot

35


1. presentation de projets contemporains en centre de ville nouvelle Steven Holl, Linked Hybrid, Beijing, Chine, 2008 87.8% 720 logements

0

36

10

50

7.2%

ha

358

ha

5%

117

ha

L’ensemble Linked Hybrid de Pékin qui regroupe des espaces commerciaux, résidentiels, scolaires et récréatifs, compose une réalité urbaine en trois dimensions. Au niveau du sol, de nombreux passages ouverts permettent le passage à pied des résidents et les visiteurs. Au niveau intermédiaire des immeubles les plus bas, des jardins suspendus publics offrent de paisibles espaces plantés, tandis qu’au sommet des huit tours résidentielles, des jardins privés font le lien avec les derniers étages. À partir du dixième étage, une série de passerelles plurifonctionnelles où l’on 61800 m2 trouve piscine, salle de fitness, bar et galerie, joignent les huit tours susdites 6.2 ha et celle de l’hôtel pour dérouler une superbe vue panoramique sur la ville. Des puits géothermiques (au nombre de 660 et profonds de 100 mètres) rafraîchissent le Linked Hybrid l’été et le réchauffent l’hiver. env. R+23 Les soubassements et les éléments saillants des passerelles sont habillés de membranes colorées, tandis que les huisseries des fenêtres ont été peintes dans les tonalités des temples 3,5 antiques. La nuit, l’éclairage artificiel maintient cette polychromie. Le Council on Tall Buildings and Urban Habitat (CTBUH) a élu le Linked Hybrid « meilleur immeuble de grande hauteur » pour la zone Asie-Australie.

1172 $/m2


1. presentation de projets contemporains Connexions aĂŠriennes

Ville tridimensionnelle 37


1. presentation de projets contemporains en centre de ville nouvelle Beckmann-N’Thépé Architectes, ZAC Masséna, Paris XIIIe, France, 2007 2,7% 89,1% 48 logements

0

10

50

ha

8,2%

1697

ha

449

ha

Développant son autonomie, son identité et sa différence, ce projet s’intègre dans un ensemble plus vaste, celui du nouveau quartier Masséna, dans le XIIIème arrondissement de Paris, et participe donc avec rigueur et élégance aux ambitions urbaines ici programmées. Chaque construction est un jalon supplémentaire de ce morceau de ville de l’Age III. Sur les principes imaginés par Christian de Portzamparc le projet se découpe, s’affine, se sculpte pour renforcer sa simplicité dans une écriture qui lui est propre. Une faille permet aux bâtiments voisins 1068 m2 de profiter du coeur d’îlot ouvert du plan d’urbanisme 1 ha Au croisement de différents axes de circulations, cette sculpture impose sa densité par sa masse profonde et sombre et son jeu mathématique d’ouvertures. Un ruban iridescent lie l’ensemble des plots que compose env. R+7 cette parcelle de terrain. L’ornementation est proscrite et la nature omniprésente se retrouve de façon insolite aussi bien au rez-dechaussée que sur les toitures des différents volumes par la grâce d’arbres 5,29 de hautes tiges. Le bâtiment enfin répond parfaitement aux nouvelles normes HQE avec la mise en place de panneaux photovoltaïques et la récupération des eaux pluviales. 1175 E/m2

38


1. presentation de projets contemporains Connexions entre volumes, espaces plantés

Un monolithe évidé

39


1. presentation de projets contemporains en limite de centre BIG, Kasbah housing, Hambour, Danemark, 2010 95,2% 101 logements

0

0

40

10

10

50

50

ha 4,8%

Le projet de Bjarke Ingels et son équipe consiste à reprendre le schéma général d’une kasbah, ville fortifiée ou non, d’Afrique du Nord. Elles se définissent par des ruelles très vivantes, en escaliers lorsqu’elles sont en pente. Cette dernière est donnée ici par la création d’une topographie artificiel. Le sol ainsi gonflé abrite les parkings privés des habitants et offre des vues dégagées aux 25 bâtiments en R+1 qui 18000 m2 le surmonte; chacun possède entre 2 et 3 logements, simples ou en 1,8 ha duplex. L’implantation des logements se fait sur la base d’un plan très géométrique qui favorise les intersections des flux piétons. C’est un vrai réseau social labyrinthique qui est crée dans lequel les cadrages visuels env. R+1 permettent de s’orienter. L’intimité des logements est respectée par une hiérarchisation des traitements des ruelles et de la taille des ouvertures des logements. C’est un quartier ovni en rupture avec son contexte 0,58 par sa forme et son organisation mais sa réussite tient surtout de sa porosité qui lui permet de se greffer aux dynamiques existantes.

176

ha

56

ha


1. presentation de projets contemporains Connexions variĂŠes

Ville tridimensionnelle

41


1. presentation de projets contemporains en limite de centre KOKO Architektid, Tartu mnt. 84a Tallinn , Estonie, 2007

25% 65% 110 logements

0

42

10

50

ha 10%

Jusqu’au début des années 1990, le secteur entier de l’ancienne usine de cellulose de Tallinn a gardé son caractère industriel. Un document officiel de la ville mentionne qu’en 1677 , le site accueil déjà des papéteries. En 1926, l’usine est achevée par l’architecte E. Jacoby. Durant cette époque qui correspond à celle soviétique, d’autres constructions du même type ont été réalisé. Avant l’intervention de KOKO architektid, le bâtiment possède des appartements et des entrepôts restés vacants depuis la fermeture de l’usine. Le rez-de-chaussée de la partie reconstruite accueille un centre d’affaire et de services tendis que au 19400 m2 dessus se trouve des bureaux et des logements. Le 9ème étage est 1,9 ha décalé légèrement du mur ancien existant, faisant une subtile transition entre patrimoine et contemporain. Cette aile du bâtiment contient 68 appartements dont 42 sont localisés dans la partie basse. Celle rajoutée env. R+7 se veut abstraite par une façade en verre de couleur sombre pour contraster avec les murs calcaire de l’usine. Les architectes viennent ensuite animer le volume en appliquant selon les règles d’un calpinage 3,40 géométrique 3 nuances de teintes légèrement différentes ainsi que de nombreuses ouvertures. La façade pixélisée qui en résulte donne aux façades de calcaire un aspect de robustesse, massif. Un travail sur la lumière permet également de mettre en valeur, lorsque la nuit tombe, la matérialité de l’architecture industrielle.

345

ha

204

ha


1. presentation de projets contemporains Surélévation de l’ancien

Plan hybride

43


1. presentation de projets contemporains en limite de centre Zaha Hadid, Spittelauer Lände 10 Wien, Autriche, 2006

ha

100% 29 logements

0

10

0

50

10

50

La zone urbaine le long du canal du Danube est un lieu récréatif très fréquenté par les Viennois, qui propose des promenades et des pistes cyclables de qualité, éclairées de nuit. C’est un lieu linéaire axé sur la nature et de soleil, ponctué de bar et de restaurants. Le projet architectural «Spittelauer Lande » d’une surface de 3350m² a été conçu et planifié par l’architecte de renommée internationale Zaha Hadid et financé par la municipalité de Vienne. Comme de nombreux 3825 m2 projets de l’architecte, le bâtiment évoque les flux et les dynamiques 0,38 ha du site à travers des formes souples, élégantes et organiques. En s’enroulant autour d’un pont terrestre à arcades, il rappelle la linéarité des quais et crée par le pli de nombreux espaces intermédiaires aux env. R+5 ambiances variées. D’autre part, la sinergie d’une matérialité plutôt brute et traditionnelle exprimée par la brique avec celle des volumes épurés, lisse et blanche produit un enchevêtrement langoureux et subtile. Des 1,41 commerces et des bars viennent se loger sous les arcades de briques tendis que le tablier retrouve de l’animation en devenant l’accès principal aux logements.

248

ha

107

ha

2745 E/m2

44


1. presentation de projets contemporains Connexions variĂŠes

Ville tridimensionnelle

45


1. presentation de projets contemporains en limite de centre Eric Lapierre Architecture, Rue de la tombe-Issoire, Paris XIIIe, France, 2010

ha

60% [Parking bus] 40% 352 logements

0

46

10

50

La RATP, maître d’ouvrage, finance l’amélioration de son outil industriel par des projets implantés sur ses bâtiments, tel que ce projet de 350 logements étudiants situé à l’extrémité nord-ouest de la Cité universitaire. Posée au-dessus des bus, cette construction dispose donc de peu d’espace. Il ne s’agit pas forcément de concevoir une forme spectaculaire, mais d’exprimer par l’usage du bâtiment une image forte reliée à sa fonction. Le projet, relativement simple, se présente comme une grande barre linéaire, percée par une diagonale qui articule une série d’espaces communs en double hauteur, que ce soit l’entrée, qui est 17625 m2 au contact immédiat de l’arrivée des transports publics sur le boulevard, 1,7 ha ou, à chaque étage, les terrasses qui desservent les appartements mais aussi les espaces collectifs. L’imaginaire de la RATP nous a conduit à faire desservir la barre par cette faille d’espaces collectifs, jusqu’à R+10 l’espace collectif majeur posé sur le toit, par un funiculaire. Pour les logements, les architectes se sont réappropriés une réflexion menée par Le Corbusier pour le couvent de La Tourette avec des logements 0,6 extrêmement étroits. De cette manière, une entrée-cuisine, une salle de bains, un bureau s’organisent suivant un système qui délimite trois zones fonctionnelles quand les portes sont ouvertes. Cela permet d’accueillir quelqu’un pour travailler sans forcément le faire asseoir sur son lit, comme c’est généralement le cas dans une chambre d’étudiant.

203

ha

200

ha


1. presentation de projets contemporains

Connexions variĂŠes

Ville tridimensionnelle

47


1. presentation de projets contemporains en zone periurbaine Patrick Hernandez, Pessac, France, 2010 100% 34 logements ind.

0

10

50 0

48

10

50

ha

214

ha

56

ha

«Tout le monde veut, chacun, un peu plus de surface, c’est une litanie «Malheureusement, les règles nous ficellent.»», rapporte l’architecte Patrick Hernandez. Comme il est difficile pour les maîtres d’ouvrage d’accepter de faire plus grand à l’intérieur du logement, Patrick Hernandez a essayé à Pessac de faire plus grand à l’extérieur du logement avec un système de maison-patio, le patio permettant d’éclairer et d’agrandir le logement proprement dit. Chaque maison est différente de sa voisine par son plan et par sa situation altimétrique. Bien que respectant le COS 6200 m2 de 0,5, même si le coeur de l’opération est près d’un COS de 1, ce 0.6 ha regroupement a été très critiqué par les services de la voirie qui avaient pronostiqué “un truc invivable”. Dans une opération d’urbanisme, en rapprochant les volumes, on peut non seulement structurer le quartier, env. R+1 créer des rues là où il y a simplement des routes, constituer un poit d’ancrage vivant, mais aussi composer des espaces appropriables.» De petites venelles irriguent le projet et distribuent des placettes, reliant 0.4 les patios des maisons, produisant ainsi une graduation d’espaces extérieurs et intérieurs, du public au privé. «On crée une communauté par ce simple rapprochement dans un dispositif comparable à l’esprit d’un hameau. «Finalement, le projet s’est construit et ne fonctionne pas 1254 E/m2 mal.»


1. presentation de projets contemporains Gradation d’espaces

Type de maison Ă patio

49


1. presentation de projets contemporains en zone periurbaine Camenzind Evolution, Seefeldstrasse 277, Mühlebach 8008 Zürich, Suisse, 2005

ha

64

70% 30% 8 logements

0

10

50

0

10

50

15

Ce projet, appelé aussi Seewurfel, propose une possible alternative aux maisons de luxe individuelles, qui se caractérisent traditionnellement par de grandes quantités d’espace avec une densité de population très faible. Ici, la faible densité de population, avec un maximum de deux logements par immeuble, est complétée par un programme de bureaux dans les étages inférieurs, ce qui génère de l’activité pendant la journée. Ainsi, cet ensemble architectural jouit d’une animation quotidienne aux différentes heures de la journée tout en garantissant à ses habitant, 5260 m2 intimité et calme aux heures voulues. 0.52 ha Le jardin privé, espace de transition entre les différents volumes, est travaillé de telle sorte qu’il offre une série de places publiques qui contribuent à créer , par des ambiances plus ou moins végétales env. R+4 ou minérales, de l’interaction entre ses usagers, habitants comme professionels. L’autre aspect principal de ces maisons de luxe est le traitement de 1,61 l’individualité qui s’exprime par des jeux d’assemblage de volumes. Ils se manifestent à l’intérieur par des cadrages visuels orientés et à l’extérieur, par des décalages volumétriques accentués par l’utilisation de matériaux colorés d’une grande finition.

1980 E/m2

50

ha ha


1. presentation de projets contemporains

Topographie habitĂŠ

Organisation spatiale

51


1. presentation de projets contemporains en zone periurbaine Raphaëlle Hondelatte et Mathieu Laporte, Les Diversités, La Grenouillère à Bordeaux, France, 2009

ha

20% 80% 21 logements

0

10

50

0

10

50

359

ha

95

ha

Le programme est composé de 21 maisons individuelles et de 6 bureaux. Un premier corps de bâtiment de 7m de large se développe dans l’alignement des rues sur près de 100m de long et ceinture l’opération. Pour éviter le rapport brutal plein/vide et répondre à la contrainte d’inondabilité, le grand jardin dégagé au cœur de l’îlot est occupé par un ensemble de maisons individuelles sur pilotis. La dispersion des constructions sur le terrain génère des orientations 2231 m2 variables, système qui permet d’éviter les vis-à-vis frontaux et de créer 0.22 ha des échappées visuelles. La végétation s’interpose entre les volumes bâtis et devient le liant du projet. R+3 Chaque maison a une grande terrasse privative (22m2) au R+3 en rapport directe avec la cuisine qui est équipée d’un monte charge desservant tous les étages de la maison. 1,8 À la belle saison les baies vitrées trirails de la cuisine s’ouvrent entièrement faisant fusionner l’espace de la cuisine avec l’espace de la terrasse. 1505 E/m2

52


1. presentation de projets contemporains

Relation avec la rue

PorositĂŠ et superposition des espaces

53


1. presentation de projets contemporains en zone periurbaine M. Ferrand, Avenue des Romains, Annecy, France, 2008

ha

20% 80% 7 logements

En juin 2008, une simulation appellée «lotir les lotissements» est organisée sur un ensemble de 14 parcelles à Annecy. 7 nouvelles sont créées et bâties selont des scénarios de densification préétablis. [cf : page 47] La création de nouveaux terrains à construire se fait par simple division de parcelle pour par division de deux parcelles pour en faire une troisième. Pour illustrer le travail présenté ci-dessus, intéressons nous au projet des architectes Nevians et Benard, situé à Wimereux. [cf : page 47, photos 6140 m2 centrales] Le projet émane de la nécessité d’implanter un espace de vie 0,61 ha dans un terrain réduit (392m²), issu d’une division cadastrale d’une maison de ville, aligné Nord-Ouest - Sud-est. L’implantation de cette maison/Bureau a d’abord été définit par une volonté de «casser» le front env. R+2 de rue, afin d’y insérer un espace planté qui assure la transition entre la rue et le chez-soi. Les pièces de vie principales sont positionnées en R+1, et les pièces de nuit au Rez-de-chaussée. Des bureaux en 0,8 rez-de-chaussée se localisent côté rue, leur agencement permet de les transformer facilement en chambre, si besoin est. Cette construction est un bel exemple du «construire compacte mais spacieux», espérons qu’elle puisse en impulser d’autres. 54

128

ha

34

ha


1. presentation de projets contemporains

Une densification évolutive : quelques exemples de scénarios de mutations possibles Scénario 1 : Occuper l’entre-deux

Scénario 2 : «Construire en hauteur»

Scénario 3 : «Construire adossé»

Simulation d’une densifification d’un ensemble de maisons individuelles pavillonaires à Annecy

55


1. presentation de projets contemporains Il est difficile cependant de s’intéresser à l’innovation architecturale actuelle sans se préoccuper des réalisations passées. L’histoire nous montre que la densité urbaine n’est pas une invention du 21eme siècle; en effet, même si elle n’a pas toujours été appelée comme cela, la concentration de population existe depuis des millénaires. Cependant, c’est à la révolution industrielle qu’elle prend une nouvelle dimension. L’extension éclair des villes, provoquée par la disparition des enceintes fortifiées permit l’apparition d’une plus grande variété de situations urbaines. La notion de densité naît alors du contraste de concentration d’habitants entre les centres-villes anciens, les nouveaux faubourgs et les « villes nouvelles périphériques à tendance rurales». Ce changement radical physique, qui entraîne l’apparition de nouvelles façons de vivre, impulse un réveil des réflexions urbaines et architecturales qui ne s’arrêtera plus. Il me paraît ainsi stimulant de rebondir sur l’histoire de la densité depuis la fin du 19ème siècle afin d’en découvrir les réalisations marquantes qui influencent je suppose, encore de nos jours, notre façon de concevoir la ville.

56


57


2. production architecturale ancienne depuis la révolution industrielle L’imaginaire français attaché à la notion de densité est le produit d’une histoire politique, sociale et institutionnelle particulière. Ainsi, selon la période historique où l’on se place, la notion de densité urbaine porte des valeurs différentes. Si aujourd’hui, elle est associée à des notions telle que l’urbanité sous l’influence du développement durable, elle a autrefois évoqué l’insalubrité des villes avec le paradigme hygiéniste. Puis, pendant la période moderniste, la densité a été un outil technique au service de la mise en place de la politique urbaine, sans que des connotations ou des jugements implicites lui soient associés. Deux grands thèmes apparaissent à la fin du 19ème siècle et seront sans cesse réinterprétés jusqu’à nos jours. Il s’agit tout d’abord d’une volonté forte d’un retour à la « nature » afin de bénéficier des avantages de la campagne (environnement végétal, sain, lumineux) tout en conservant ceux de la ville (variété et proximité des équipements, services et commerces). Le deuxième point important est l’apparition avec la révolution industrielle du profit. Le Capitalisme prend de l’ampleur et amène d’importantes spéculations, notamment foncière. L’industrie qui permet la préfabrication de masse apparaît rapidement comme une alternative efficace pour bâtir moins cher. Cette deuxième partie vient enrichir la première en proposant une sélection non exhaustive de 15 projets qui appartiennent à la période qui débute du 19e jusqu’à la fin du 20e siècle. Ils sont classés chronologiquement selon 5 périodes historiques où la notion de densité urbaine porte des valeurs différentes. proportionnellement avec la hauteur du bâti. Cependant, en ne se préoccupant que d’une stratégie de restructuration de l’espace interne de Paris, l’haussmannisation a puissamment contribué à l’étalement urbain populaire. 58


1850-1918 La ville libérale, la restructuration et la reconstruction La ville libérale correspond à la révolution industrielle qui s’exprime par la mise en place de nouvelles technologies et par une croissance urbaine rapide. C’est l’abandon de l’idée d’une composition d’ensemble; les acteurs urbains se dispersent, chacun animé par le désir de profit. Le tissu moyenâgeux est aussi fortement remis en cause. Ses rues sinueuses et étroites congestionnent les flux et empêchent la ville de respirer et de bénéficier du soleil. Avec les pollutions de l’air, sonores et visuelles provoquées par la présence d’un grand nombre d’usines à proximité des centres historiques, les villes d’Europe souffrent de graves problèmes d’insalubrité apportant épidémies dévastatrices et conditions de vie catastrophiques. Paradoxalement, l’industrie apporte à tous un confort matériel qui accélère la naissance du mouvement hygiéniste dont Cerda ou encore Haussmann font parti. Un désengorgement généralisé des grandes villes commence et se traduit par le percement des tissus anciens, la construction systématique en îlot continu, quel que soit la ville et même le lieu dans la ville pour favoriser la circulation d’air et de lumière. Le principal souci des hygiénistes est de concilier qualité des espaces habités avec une utilisation optimale du foncier. Comme les constructions ne se font pas au second rang ou en cœur d’îlot, la densité oscille désormais proportionnellement avec la hauteur du bâti. Cependant, en ne se préoccupant que d’une stratégie de restructuration de l’espace interne de Paris, l’haussmannisation a puissamment contribué à l’étalement urbain populaire. La Restructuration fin 19eme Robert Owen, Charles Fourrier puis André Gaudin sont connus pour avoir tenté de construire 59


leur modèle sociétal parfait après avoir été choqués par la misère dans laquelle vit le monde ouvrier. Ces communautés humaines, qui cherchent plus ou moins à imposer le bonheur à leurs occupants, se sont développées le plus souvent à l’écart des villes, toujours dans une volonté d’hygiénisme, affirmant qu’elles sont une alternative à la ville et à tous ses maux. Elles prônent un retour à une certaine idée de “nature”. Nature maîtrisée, ordonnée, contrôlée, très loin de l’état sauvage et hostile des terres inexploitées par l’homme. De la New Harmonie, au Phalanstère, le Familistère est la dernière grande opération de modèle sociétal imaginée en étroite relation avec un complexe industriel. Le début du 20ème siècle est marqué par le rejet de la ville industrielle et du mouvement technicien. C’est un retour à la ville médiévale et traditionnelle qui se met en place dont Camilo Sitte, Berlage et l’école d’Amsterdam ou encore F.L.Wright avec la Prairie School en sont quelques principaux représentants. Mais le précurseur de ce nouveau courant est de loin Ebenzer Howard et ses Garden Cities ou cités jardin Anglaises. Il propose la création d’une nouvelle réalité sans les inconvénients de la ville et de la campagne. Son travail est particulièrement influencé par les cités des patrons philanthropes et le mouvement anglais qui prône un retour vers une tradition du culturalisme et du pittoresque. Howard critique la vitesse démesurée de croissance des villes suite à la Révolution Industrielle qui produirait, selon lui, trop de taudis qui sont autant de foyers de misère et de criminalité. En cela, Howard s’inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs. Mais il va plus loin dans l’idée de villes idéales et dessine la première Garden city qui se définit par : + une grande qualité des espaces extérieurs et une grande finesse du rapport entre la forme bâtie et le vide + un souci d’innovation dans la distribution et l’éclairage + l’expérimentation de nombreux registres typologiques de quartiers une grande diversité de formes bâties et de densités urbaines 60


Howard avait prévu de faire gérer les cités jardins par un système d’économie mixte (public/ privé) permettant ainsi aux institutions publiques de restreindre la spéculation immobilière en se déchargeant d’une partie des responsabilités et en laissant libre cours aux initiatives privées. Les Garden cities devaient se développer en grappes d’agglomérations séparées les unes des autres par des zones agricoles et forestières. Les différentes villes formant ces grappes étaient reliées entre elles par une voie ferrée électrifiée. Deux garden cities ont été réalisées du vivant d’Howard autour de Londres par les architectes Barry Parker and Raymond Unwin : Letchwork et Welwyn ; dont la principale caractéristique est de ne pas avoir été conçues suivant le plan circulaire d’Howard. C’est sans doute l’une des raisons de leur réussite. Les dessins d’Howard ne sont restés que des modèles théoriques inappliqués (et inapplicables) qui ont servi de point de départ aux véritables Garden-cities. L’utopie est le projet dessiné sur le papier; les réalisations, s’ancrent dans la réalité et doivent faire un grand nombre de compromis avec elle. En France, malgré quelques essais de Garden cities, la pression foncière profite à la construction d’immeubles collectifs. Ces cité-jardin à la française comme celle de Suresnes dont la construction a été mise en place par l’élu engagé Henri Sellier, annoncent paradoxalement les grands ensembles. L’idée de ville nouvelle et de ville satellite sera reprise. Ainsi, la notion de densité urbaine évoquera, jusqu’au 20ème siècle, les idées d’entassement, d’insalubrité, de promiscuité et de déficience d’hygiène. Cependant, elle garde un statut assez abstrait, n’étant pas l’objet d’une définition quantitative officielle.* *Yankel Fijalkow (1995) dans ses recherches historiques sur l’insalubrité, trouve un document daté de 1776 où la densité y est définie dans les villes comme étant « l’attribut de la promiscuité des hommes, de l’étroitesse des logements et de l’agencement du bâti des tissus moyenâgeux. ». 61


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] J.B.André Gaudin, Le Familistère, Guise , France, 1864 40% 20% 495 logements

0

62

10

50

ha 10%

30%

L’une des principales caractéristiques du Familistère de Guise est la composition des cellules familiales dont il tire son nom. En effet, ces logements répondent à un ensemble de normes d’hygiène et de sécurité tout à fait novatrices pour l’époque : ventilation, aération et lumière naturelle sont autant de points traités avec un soin important ce qui est plutôt rare pour les logements ouvriers. Par ailleurs, le familistère se dote, au fil du temps, d’un certain nombre d’équipements collectifs 145000 m2 comme un théâtre, une bibliothèque, un restaurant, une piscine et des 14,5 ha magasins d’approvisionnement. A la mort de Godin en 1888, le familistère continue de fonctionner. Il dure même jusqu’en 1968 date à laquelle, suite à des problèmes de gestion financière, le familistère est vendu. env. R+4 La longévité de l’oeuvre de Godin peut surprendre mais la forme même du bâtiment de logements du familistère ne pouvait qu’entraîner sa perte à plus ou moins long terme. Centré autour d’un atrium avec une 0,2 distribution par coursive, l’espace principal est trop sonore pour être agréable. De plus, les coursives circulaires sont des espaces depuis lesquels on peut observer toutes les allées et venues de ses voisins. L’absence d’intimité en est une conséquence difficile à accepter dans un bâtiment de logements.

125

ha

495

ha


Une collectivité regroupée autour d’un grand hall

Le Familistère en image

63


L. Soisson, Welwyn, garden city, Grand Londres, Angleterre, 1920

ha 2% 100% 66 logements

Welwyn est situé à 22km de Londres. Desservie par le train, elle fait partie de la couronne de villes nouvelles qui, dans le plan d’aménagement du Grand Londres, devait assurer la croissance de la capitale anglaise. C’est à l’architecte Soisson qu’Howard commande cette cité jardin, après avoir trouvé les fond pour acheter le terrain. Les premières maisons, construites pour les ouvriers de la ville, sont occupées en 1920, puis 50 maisons en novembre 1922, 95 nouvelles en 1924, etc. La méthode utilisée se calque sur la reconstitution historique de la croissance des villes. Les chemins existants sont conservés et agrandis et des 21600 m2 arbres sont plantés pour retrouver des symboliques connues comme le 2,1 ha magnifique châtaigner autour duquel s’organise les habitations. Soisson superpose deux visions de la ville : celle de la ville médiévale», et sa grande variété, et celle de la ville «classique», avec sa rigueur env. R+1 et son unité rassurante. Un grand axe non terminé, situe et met en valeur le centre administratif, et sur lequel viennent se raccrocher des compositions «finies» dont les closes font partie. Ces impasses en 1,8 forme d’alvéoles ainsi que le reste de la ville, au fil de la construction qui s’accélère, vont perdre leur caractère spécifique en se réduisant à la répétition de groupements de maisons identiques. La cité jardin dérape dans le lotissement pittoresque de maisons jumelées. 64

0

10

50

NB : les données chifrées ont été calculées à partir du close 1 , page de droite

124

ha

33

ha


Relations avec l’espace public et privé

Une implantation «en grappes» : les closes 1

65


1918-1945 : La ville fordiste et fonctionnaliste 1919 signe l’apparition des premiers plans d’aménagement (France/Angleterre). Le terme de ville fordiste désigne le passage à l’industrialisation des formes urbaines. Après la première Guerre Mondiale, le monde occidental est en crise. Le mouvement moderne se présente alors comme être le remède à travers une architecture « rationnelle ». A partir de là, plusieurs mouvements architecturaux vont se développer dont un des plus important est le fonctionnalisme amorcé par Louis Sullivan et Adolf Loos dès le début du XXème siècle. Il est ensuite enrichi par le courant du Bauhaus 1919-33 dont Gropius et Mies Van Der Rohe font partie. Leurs réalisations se caractérisent par l’expression de la fonction à travers la forme, évitant ainsi toute ornementation qui pourrait nuire à sa lecture. Le Corbusier est aussi fonctionnaliste mais sa réflexion va plus loin, notamment en urbanisme. En 1922, il dessine une “ville radieuse” de trois millions d’habitants censée remplacer Paris, du moins en partie. Elle réunit les meilleures conditions d’ensoleillement, de circulation et d’hygiène, sans sectarisme ou ségrégation sociale. C’est un projet humaniste que veut dessiner Le Corbusier. Il remet à plat les principes sociaux culturels de l’époque pour énoncer une sorte de nouveau contrat social autour du modernisme naissant. Le logement devient ainsi une “machine à habiter” et redéfinit les questions de densité urbaine avec la ville verticale qui permet de dégager de larges espaces plantés aux pieds des immeubles et même sous les pilotis de certains bâtiments. Le modernisme prend de l’ampleur avec la création du groupe des CIAM [Congrès Internationaux d’Architecture Moderne]. Ce dernier, présidé par Le Corbusier, réalise en 1941 la charte d’Athènes qui devient alors une bible moderniste réinterprétée et déformée après la seconde Guerre Mondiale dans un contexte de reconstruction massive. Dans ce traité apparaît la notion de zonage avec les quatre fonctions de la ville : habiter, circuler, travailler, se recréer ainsi que la hiérarchisation et la séparation des circulations. 66


Ce modèle est diffusé dans le monde entier sous le nom de style international dans l’optique de rompre avec la tradition architecturale par des volumétries simples, sans ornementation. Aux E.U., la grammaire dépouillée s’exprime principalement sur les Buildings dont le Seagram Building de Mies Van Der Rohe est l’un des exemples les plus connus. Parallèlement, Gropius, A.Aalto ou encore Jorn Utzon, influencés par F.L.Wright proposent des solutions plus subtiles, respectueuses des contextes, plus exceptionnelles et symboliques mais moins adaptables aux impératifs de l’industrialisation du bâtiment.

67


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] H. Sauvage, Immeuble à gradins rue des Amiraux, Paris XVIII, France, 1922

60% 78 logements

0

68

10

50

ha 40%

Dans les premières années du xxr’ siècle, Henri Sauvage conçut plusieurs immeubles d’habitation, édifiés à Paris par la Société anonyme des logements hygiéniques à bon marché qui s’employait à améliorer la qualité de l’habitat ouvrier. Les immeubles à gradins, outre qu’ils exposaient davantage le rez-de-chaussée à la lumière du jour améliorant ainsi l’aspect des rues, permettaient aussi aux appartements des niveaux supérieurs de posséder des terrasses sur lesquelles des plantations étaient possibles. Cette idée fut d’abord mise en œuvre avec succès dans l’immeuble de la rue Vavin en 1912. Mais le projet 2000 m2 le plus aboutit est celui de la rue des Amiraux. Les façades à gradins 0.2 ha recouvertes d’un carrelage blanc vernissé ponctué de carreaux bleu foncé se mêlent à la végétation qui déborde des parapets. L’immeuble, du fait de sa coupe particulière, présente un espace central que l’architecte env. R+7 transforme en piscine municipale. Alors que certains architectes européens contemporains de Sauvage tentaient d’apporter des solutions novatrices aux problèmes urbains (mouvement fonctionnaliste), ce 3,5 dernier demeurait attaché à l’idée de la ville et continuait de réfléchir aux moyens d’en améliorer l’environnement, projetant en fin de carrière une forme urbaine nouvelle qui ne vit jamais le jour. Cf : Projet pyramide p57 associé à droite à un projet récent de l’agence BIG à Copenhague ainsi qu’à celui de ville linéaire par l’agence Georg Heinrichs et associés à Berlin

1476

ha

390

ha


Vue du coeur de l’immeuble rue des Amiraux

Immeuble rue Vavin, construit 10 ans plus tôt par H. Sauvage. L’espace dégagé à l’intérieur n’a pas encore de fonction attitrée.

1926

2005

1982

69


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Commande d’H. Sellier, Alexandre Maistrasse, Suresnes, Grand Paris, France, 1923

20% 60% 2500 logements

0

70

10

50

ha 10%

227

ha

60

ha

10%

La cité-jardin de Suresnes fait partie des grands projets d’urbanisme réalisés par l’hygiéniste Henri Sellier (1883-1943), maire de Suresnes de 1919 à 1941. Les intentions générales du plan d’ensemble sont les suivantes : Construire une ville moderne de 8 à 10.000 habitants, constituant une cité d’habitation complète et abritant dans ses immeubles toutes catégories de familles vivant principalement de leur travail, depuis les ouvriers non qualifiés jusqu’aux ingénieurs et techniciens appartenant aux états-majors industriels. L’ensemble de la Cité devait être pourvue 2 de toutes les institutions d’intérêt collectif nécessaires à la vie urbaine 420000m 42 ha moderne : institutions d’hygiène, d’enseignement, d’assistance, de sport. Un terrain a été réservé au centre de la Cité dans l’éventualité où les groupements et associations poursuivant un objectif religieux env. R+4 seraient disposés à édifier des institutions cultuelles pour la population. Une église y a depuis été construite. Les immeubles ont été judicieusement groupés en maisons à étages et en petits pavillons, de façon à constituer, le long de la grande voie limitrophe, un écran de grandes maisons abritant la Cité contre les inconvénients de la circulation intensive, et à aménager, dans l’axe, une voie centrale à densité de constructions élevée constituant le centre commercial de la Cité.


Topographie habitĂŠ

Topographie habitĂŠ

71


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] J.J.P.Oud, Pankokweg strasse, Stuttgart, Allemagne, 1927

ha

100% 5 logements ind.

0

72

10

50

L’exposition de la Siediung du Weissenhof contribua à faire connaître au public une grande partie de la recherche architecturale sur le « logement minimum ». Le projet que J. J. P. Oud conçut pour l’occasion fait partie d’une recherche sur les maisons en bande de faible hauteur et de grande densité à laquelle il travaillait depuis de nombreuses années. L’ensemble du Weissenhof consiste en cinq maisons en bande d’un étage plus un sous-sol. Leur plan est étroit - 4,7 mètres de largeur mais relativement profond : 8 mètres de l’avant à l’arrière. Comme dans beaucoup de maisons en bande anglaises du xixe et du début du xx5 441m2 siècle, le volume principal du logement est prolongé par une extension 0.04 ha d’une demi-largeur. Les pièces contenues dans cette dernière sont plus basses sous plafond, de sorte que l’on accède à celle du haut par un demi-palier. L’espace extérieur situé le long de l’extension est entouré env. R+1 de murets formant une cour, a laquelle on accède depuis la rue. De l’autre côté de la maison, une seconde entrée ouvre sur un vestibule fermé, face à des jardins et à une rue piétonne. 0,85 L’entrée sur rue obligeant à passer par la cour et la buanderie, on suppose que les résidents utilisent plutôt celle du jardin, surtout s’ils reçoivent des visiteurs.

473

ha

125

ha


Topographie habitĂŠ

Organisation spatiale

73


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Bruno Taut & Martin Wagner, Britz Hufeisensiedlung, Berlin, Allemagne, 1927

ha

129

2% 100% 600 appartements 480 logements ind.

0

74

10

50

Le Britz Hufeisensiedlung (« lotissement du fer à cheval »} était ainsi baptisé en raison de la forme de l’immeuble central construit autour d’un étang. C’est Martin Wagner qui lança le projet alors qu’il venait d’être nommé urbaniste en chef du Grand Berlin -, dans le cadre d’un programme de construction de logements ouvriers dont la ville avait alors grand besoin. L’Architecte Bruno Taut conçut l’ensemble selon une nouvelle approche de l’habitat, associant des idées inspirées de la citéjardin et une planification simple et fonctionnelle. Le chantier expérimental 2 utilisait sur le site des techniques de construction nouvelles, divisant les 320000 m 32 ha phases de travail, adaptant des méthodes de production de masse industrielle, et limitant le nombre de types de logements.La longue élévation continue le long de la Fritz Reuter Allee, faite de 32 blocs de env. R+3 trois étages, répétés et alignés ensemble est peinte en rouge profond. L’ensemble est caractérisé par ses élévations compactes renfermées, rythmiquement interrompue par les volumes protubérants des cages 0,3 d’escalier. Taut étudia particulièrement le dessin paysager du «fer à cheval». Ici le sol descend vers le centre générant une concavité. Les petites fenêtres alignées au niveau du toit et les loggias enrichissent la composition et constituent autant de variantes susceptibles de différencier les immeubles.

34

ha ha


Organisation spatiale

Relations de l’habitat avec les espaces extérieurs

Coupe transversale d’une maison

75


1945-1970 : Le modernisme, la reconstruction, les premisses de l’Ere pavillonaire « A partir du milieu du XXe siècle, la densité urbaine, et en particulier son utilisation et sa perception évoluent sensiblement. Elle est alors réduite à un outil technique, simple instrument de mesure et d’évaluation au service de grandes opérations de l’urbanisme fonctionnaliste. On rationalise l’aménagement, modélisations à l’appui, ces dernières impliquant des calculs et des données quantitatives tels que des taux, des flux et des densités. C’est à ce moment qu’émerge, dans les pratiques urbanistiques françaises, le concept de zoning, également qualifié de zonage. Chez les fonctionnalistes, la densité fait figure d’outil technique indicateur d’une zone fonctionnelle spécifique. Elle est un outil arithmétique qui permet d’ordonner et de prescrire le zonage. La densité perd alors ses caractères sensibles liés à la perception. Réduit à son sens purement mathématique, elle devient un outil dangereux car faussé. A ce moment là, la densité n’a pas non plus de statut normatif au sens où elle n’est plus un critère pour déterminer ce qui est souhaitable ou ce qui ne l’est pas. » Anastasia Touati, la densification

en débat

L’après guerre est marquée par les « trente glorieuses «, période de prospérité économique sans précédent qui entraîne en un temps record une élévation du niveau de vie de la majorité des Français. Cette période a construit ses modes d’action autour de trois valeurs :-une hégémonie donnée à l’automobile, considérée comme une aspiration profonde de la société et comme le pivot d’un projet économique national -une idéologie hygiéniste, support d’une modernité architecturale mise en regard du chaos des bidonvilles et du sous-équipement de la ville ancienne ; -une logique de zonage des fonctions urbaines, adaptée aux nécessités de l’industrie et devenant un redoutable outil opérationnel. 76


Cette période est très importante car elle marque la naissance des grands ensembles, initiés par « l’alliance des prétextes fonctionnalistes, le contexte d’urgence de la reconstruction et le feu vert donné par le gouvernement au développement du logement collectif. » Anastasia Touati « Cette logique implacable, mise en œuvre par un Etat centralisé répondant à une situation d’urgence, a figé à grande échelle l’imaginaire d’une société industrielle « avancée « telle que l’on pouvait la concevoir à l’époque. Dans un consensus général, cet « urbanisme du plein emploi « a figé dans l’espace un ensemble de relations littérales dont le « couple usine/grand ensemble « est l’expression la plus évidente ». Bernard REICHEN En effet la délocalisation à l’étranger de la plupart des industries Françaises dans les années 1980 ont de graves répercussions sociales encore non résolues aujourd’hui (malaise des banlieues). L’urbanisme des grands ensembles et des ZUP (Zones à Urbaniser en Priorité) est alors dénoncé comme produisant un univers de béton, dénué d’humanité et coupé du reste de la ville. Aujourd’hui encore, la densité reste associée à cette image des grands ensembles d’après-guerre, communément considérés comme très denses, alors que dans les faits, ces derniers sont moins denses que d’autres types de construction.

77


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Le Corbusier, Bd Michelet, Marseille, France, 1952 10% 70% 337 logements

0

78

10

50

ha 10%

10%

L’Unité d’habitation de Le Corbuiser est l’aboutissement de plus vingt ans de recherches sur la conception de l’habitat. Celle de Marseille (la première d’une série) est un immeuble de dix-huit étages comprenant trois cent trente-sept logements de vingt-trois types différents. Grâce à un ingénieux système de circulation, seuls 1/3 des niveaux sont traversés de couloirs, ou rues. Les appartements standard de l’immeuble - emboîtés par paires autour d’un couloir central - sont conçus pour des familles de deux enfants. Relativement petits (98 mètres carrés) et étroits (3,66 mètres), les appartements occupent toute la profondeur du 28153 m2 bâtiment et disposent de balcons des deux côtés. Le chauffage central, 2.8 ha un système de ventilation ainsi qu’un vide-ordures et une glacière dans chaque cuisine contribuent au niveau élevé des prestations. Les variantes de ces appartements types comprennent des logements pour familles R+18 nombreuses, des logements pour deux personnes et des studios. Les équipements collectifs incluent une crèche, une école maternelle, un restaurant-bar, des magasins et, au lieu de chambres d’amis dans les 2,1 appartements, un hôtel de dix-huit chambres. Le toit-terrasse, d’où l’on a une vue panoramique spectaculaire, est aménagé avec des terrains de jeux et une pataugeoire pour les enfants, une piste de course à pied et un gymnase. À l’origine, l’immeuble abritait aussi des buanderies avec machines à laver électriques, une infirmerie et un dispensaire.

535 120

ha ha


Topographie habitĂŠ

Organisation spatiale

79


1970-1990 : La réaction postmoderne et l’étalement urbain Le postmodernisme débute dans les années 1960 avec comme chefs de file Gaston Bardet, Aldo Rossi, Robert Venturi ou encore le sociologue Lewis Mumford. Il nait d’un rejet de la production moderne et de celle de la reconstruction s’affirmant après la crise pétrolière de 1974 qui correspond à la fin des grandes commandes et au ralentissement du marché. Sur le plan architectural, les constructions sont marquées par un certain éclectisme, voire par le pastiche ou par l’historicisme. Sur le plan urbain, on assiste à un retour aux principes anciens de la composition urbaine comme le plan en damier. Les formes urbaines qui ont jadis fait leurs preuves sont privilégiées et le nouveau défi pour les professionnels de la ville est désormais de concilier le tissu urbain traditionnel avec les contraintes de la modernité. On assiste a une sorte de troisième reconstruction, comme si celle de l’après guerre n’avait apporté que désordre et traumatisme. L’heure est à la transformation de l’existant ; les centres anciens, abandonnés un moment pour leur vétusté, retrouvent rapidement preneurs entraînant de nombreuses réhabilitations. Contrairement aux années 50-70 où les constructions fleurissent par milliers avec des projets toujours plus ambitieux, les commandes neuves dorénavant sont rares, favorisant ainsi la mise en avant sur la scène nationale et internationale de quelques architectes privilégiés comme Jean Nouvel, Christian de Portzamparc, Frank Gehry, Zaha Hadid et bien d’autres encore. C’est l’apparition d’une culture de la star-architecture. Parallèlement une nouvelle vision de la vie en société se développe; celle de la « qualité de la vie » (Dagnaud, 1978) à travers un « retour » à la terre et à la nature, à la notion d’environnement et au cadre de vie mais aussi à l’épanouissement individuel. Elle se traduit d’une part, par la montée de mouvements écologistes porteurs d’utopies néo rurales et d’autre part, par l’afflux des classes moyennes vers les périphéries pavillonnaires. 80


A cela suit alors une véritable politique de « dé densification » des centres villes de la fin des années 60 jusqu’au début des années 1990 malgré de nombreuses critiques au sujet du mitage1 qu’elle produit. Le marché de la maison individuelle, délaissé après la Seconde Guerre Mondiale par les architectes trop occupés à la reconstruction, passe petit à petit dans les mains des promoteurs immobiliers dont Bouygues fait partie.2 d’après un entretien avec Pascal Rollet C’est le début des lotissements sans plan d’aménagement global et de la « maison catalogue » qu’on répète indéfiniment. En plus de la perte d’identité qu’elles entraînent aux paysages où elles sont implantées, l’obsession de rentabilité amène de nombreux problèmes d’exécution liés en partie aux délais de construction très courts, à l’incompétence des artisans engagés et la mauvaise qualité des matériaux utilisés. Ce manque de professionnalisme des promoteurs qui oublient que la ville de qualité est une œuvre collective vient, entre autre, de leur manque de culture urbanistique et architecturale. Durant la période du postmodernisme, la notion de densité véhicule un imaginaire très négatif, notamment parce qu’elle reste associée à l’urbanisme de la période fonctionnaliste. C’est en diminuant de manière forte les densités que l’on considère oeuvrer pour l’amélioration de la qualité et du cadre de vie. Dans ce contexte, la densité devient dès lors un outil de planification urbaine avec en 1967, l’élaboration de la Loi d’Orientation Foncière (LOF) qui établit les principaux documents d’urbanisme pour l’aménagement local. Elle constitue la base du droit de l’urbanisme actuel. A chaque secteur déterminé par le POS (Plan d’occupation des sols) est alors attribué un niveau de densité bâtie. Mais l’objectif n’est pas d’encourager la densité puisque le principal outil mis en place est le Coefficient d’Occupation des Sols (COS) qui fixe un plafond de mètres carrés constructibles. 1 2

mitage : implantation d’édifices dispersés dans un paysage à dominante végétale. tiré d’un entretien avec Pascal Rollet 81


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Atelier 5, Halen-Brücke, Berne, Suisse, 1961 15% 60% 79 logements

0

82

10

50

ha 15%

10%

Cet ensemble de maisons est l’un des rares projets résidentiels à avoir eu des retombées significatives au-delà du seul domaine de la conception du logement. Près de Berne, le “Siedlung Halen”, construit par Atelier 5 en 1961, est une sorte de résidence autonome implantée au milieu de la forêt. Elle se compose de rangées systématiques de maisons accolées. Leur décalage définit des ruelles et une place centrale permettant le développement des sociabilités et créant des espaces collectifs, désormais largement végétalisés. Les maisons de 22054 m2 trois niveaux sont étagées sur la pente et disposent d’une vue sur la 2.2 ha vallée. Terrain de sport, piscine, magasins, salles collectives et parkings viennent compléter ce programme autarcique qui, quarante ans plus tard, fonctionne toujours très bien. Situées sur un terrain en pente, env. R+2 les soixante-dix-neuf maisons possèdent leur entrée au nord et un jardin au sud. Elles sont desservies par une allée piétonne et par une voie automobile qui ne propose pas de parkings, ceux ci se trouvant à 0.38 l’extérieur. L’intimité est assurée par les plans en longueur et de hauts murs protègent les jardins des vues. L’ensemble partage un chauffage central et la copropriété s’inspire d’un modèle coopératif où tous les résidents sont actionnaires de l’ensemble, y compris des routes, de la piscine, de la maison du gardien et des garages.

136 36

ha ha


Topographie habité

Diversité des espaces intérieurs et extérieurs selon une disposition linéaire

83


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Moshe Safdie, Habitat 67, Avenue Pierre Dupuy, Montréal, Canada, 1967

ha

170

100% 158 logements

0

84

10

50

Cet ensemble de logements est si saisissant qu’il devint le symbole de l’Exposition internationale de Montréal, Expo 67, dont il faisait partie. L’idée de l’architecte était d’explorer les possibilités d’application de la technologie moderne - notamment la production en série, et plus particulièrement celle utilisée dans l’industrie automobile. Les logements consistent en des blocs préfabriqués - des boîtes en béton de 11,7 mètres de longueur, 5,3 mètres de largeur et 3 mètres de hauteur dans lesquels sont intégrés tous les équipements, branchements et installations ainsi qu’une salle de bains en fibres de verre moulé. Les blocs 2 sont ensuite insérés dans l’ossature principale donnant à l’ensemble un 35000 m 3.5 ha effet d’empilement aléatoire. Trois structures pyramidales le compose, chacune dotée d’un ascenseur central conduisant au dernier étage où une sorte de pont ouvert - ou rue piétonne - au plan sinueux mène, R+10 par l’intermédiaire de passerelles, à des «îlots » séparés. Il n’y a pas de «façade » au sens propre, et on ne décèle ni cohérence de composition ni hiérarchie spatiale évidentes. Les appartements ont trois, quatre ou 1,6 cinq pièces, la plupart sur deux niveaux, avec des aménagements et des superficies variables. Critiques : Production trop faible pour rentabiliser les blocs, combinaisons trop nombreuses qui entraînèrent un travail supplémentaire sur le chantier, 2258 $/m2 accès extérieurs inadaptés aux rigueurs de l’hiver montréalais.

45

ha ha


Sous la masse, le vide

Assemblages inspirĂŠ du lĂŠgo

85


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Ricardo Bofill, Walden 7, Taller de architectura, Carretera Reial, Barcelone, Espagne, 1974

8% 80% 446 logements

0

86

10

50

ha 12%

L’ensemble de logements Walden 7 est la première concrétisation des idées de l’agence Taller de Arquitectura sur un habitat urbain d’un genre nouveau. Les habitations se veulent polyvalentes, et des bureaux et boutiques, regroupés autour d’«arènes» publiques - des espaces destinés à des activités sportives, ou au cinéma et à des spectacles, auxquels les habitants auraient le choix de participer directement ou en spectateur. Les plans des appartements pourraient être fixes, ou reliés à d’autres selon les besoins changeants des familles. Walden 7, situé à l’emplacement d’une cimenterie désaffectée à la 11500 m2 lisière de Barcelone, permit donc de donner corps à ces idées. Qualifié 1.1 ha de « labyrinthe vertical » par ses créateurs, l’ensemble regroupe quatre cent quarante-six appartements dans des tours dessinant sept patios. Deux piscines sont installées sur le toit et l’on trouve des bars et des R+16 boutiques au rez-de-chaussée. Les appartements, dont des duplex , sont conçus à partir d’un module de 30 mètres carrés, leurs tailles variant de un à quatre modules. On y trouve un élément pour le moins 2.7 insolite : une « fosse de conversation »; espace en contrebas au centre de la pièce principale, contenant, par exemple, une table d’un côté et un lit de l’autre. Dans les studios, la baignoire, plutôt que d’être installée dans une pièce fermée, est simplement située en retrait de la salle de séjour.

1532

ha

405

ha


Une nouvelle manière d’habiter Type 2

Type 1

Coupe du Type 1

Le coeur du bâtiment

87


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Cruz & Ortiz architects, Calle de Doña María Coronel, Seville, Espagne, 1976

ha

100% 11 logements

0

88

10

50

Pour cet immeuble situé au centre de Séville, Cruz et Ortiz ont réinventé le patio traditionnel en lui donnant une forme courbe et continue, indépendante de la structure du bâtiment. Les logements sont aménagés dans les espaces résiduels, autour de la cour, laquelle est un lieu de passage actif. L’entrée principale, depuis la rue, y donne accès à la fois aux piétons et aux véhicules. Dans le cadre d’un projet municipal de rénovation et de développement urbain destiné à réduire la densité 500 m2 de population au cœur de Séville, ce dispositif centré répondait aussi à 0.05 ha l’obligation de laisser vingt-cinq pour cent du terrain non construit. Chaque étage comprend trois appartements de quatre pièces, tous conçus sur mesure en fonction de la forme complexe de la parcelle. R+3 L’un est situé côté rue tandis que les chambres et la cuisine des deux autres donnent sur la cour et sur deux petits puits de lumière. Les espaces de circulation internes comprennent un hall d’entrée et un 2,42 couloir conduisant aux chambres et aux salles de bains. II n’y a pas de balcons mais les résidents disposent, en plus du patio, d’un toitterrasse commun. Le patio lui-même est équipé d’un auvent en toile qui permet de limiter les excès de température durant l’été. .

832

ha

220

ha


L’espace public aspiré par le vide

Le patio, puit fédérateur

89


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Christian de Portzamparc, Rue des Hautes Formes, Paris XIII, France, 1979

ha

100% 209 logements

0

90

10

50

Ce projet est né à l’occasion d’un concours organisé en 1975 par la Régie immobilière de la ville de Paris. Sur une parcelle plutôt ingrate située dans le 13e arrondissement l’idée de départ était de construire deux tours; mais l’approche inédite de Portzamparc et Benamo fut acclamée comme marquant un tournant dans la conception des bâtiments résidentiels modernes. Au lieu de tours isolées ou de greffes alignées sur la rue, le programme comprenait une série de sept bâtiments différents dessinant leur propre espace urbain. Une rue étroite qui s’élargit pour former une petite place fédère autour d’elle les formes hautes et élancées des 4341 m2 bâtiments. Des arcs et des poutres relient ces derniers de manière à 0.43 ha signaler qu’ils appartiennent à un seul et même ensemble et, au rezde-chaussée, des arcades font le lien avec la rue. La composition des façades reflète les divers agencements intérieurs et une vaste gamme env. R+11 de fenêtres enrichit encore la diversité des logements et leurs relations avec la rue. La plupart des appartements ont des ouvertures sur deux, trois ou quatre côtés, parfois en retrait de manière à former une loggia 3,8 ou à donner accès à un balcon. L’absence d’une symétrie évidente dans les façades et les formes relève de la volonté d’humaniser un projet architectural de cette envergure, de réaliser un paysage construit qui serve l’habitat et contribue à son intimité tout en s’insérant dans l’espace public d’une zone urbaine plus vaste.

1839

ha

486

ha


Connexions aĂŠriennes

91


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Architecture Studio, rue du Château des Rentiers , Paris XIII, France, 1986

100% 25 logements

0

92

10

50

ha

9462 2500

«Mille petits projets pour un grand projet à Paris». La démarche globale d’Architecture Studio est d’utiliser les parcelles résiduelles dont est émaillée l’agglomération Parisienne pour y placer des «points d’intensité» qui, mis en relation, forment une nouvelle trame qui se superpose à l’ancienne faisant disparaître la dichotomie entre le Paris administratif et sa banlieue. Le bâtiment présenté ici appartient à ce projet ambitieux. Collé à un immeuble-borne de onze niveaux, un principe de pilotis dégage de tout obstacle une partie du sol qui reste espace public. L’exiguïté du terrain inverse le rapport entre surface 2 habitable et surface des façades. Celles-ci deviennent démesurées et 150 m 0.01 ha leur fonction s’en trouve radicalement modifiée. Ainsi, le grand mur nord informe les habitants et les visiteurs de l’emplacement des principaux équipements du quartier (autobus, métro, hôpitaux, pharmacies...) à env. R+11 l’aide d’un gigantesque plan du quartier pixellisé de faïences bleues marines et blanches. Il s’illumine la nuit des stations de bus ou métro repérées sur le plan. Mobilier urbain habitable, cet édifice qui rayonne 9,3 à l’échelle du quartier renvoie à une lecture plus globale de la ville, il rappel qu’il n’est qu’un fragment en attente de connexions. «Le bâtiment à première vue déplait, choque. Il se fait accepter petit à petit par son voisinage parce que d’utilité publique.» «Le vieil interloqué 586 E/m2 de la rue du Château des rentiers», de Claire Devarieux

ha ha


Une grue multiusages : Chantier, structure et communication!

La trame de la grue structure les espaces intĂŠrieurs

Organisation spatiale

93


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] Jean Nouvel, Nemausus, Avenue du Général Leclerc, Nîmes, France, 1987

ha

431

ha

114

ha

100% 114 logements

0

94

10

50

En 1984, Jean Nouvel, remarqué à un concours par la maire de Nîmes Jean Bousquet, se voit confié personnellement un projet dont il a carte blanche. Il se lance alors le pari de construire plus d’espace pour le même prix et proposer aux locataires une autre manière d’habiter. Le projet est constitué de deux grands immeubles en longueur, construits à la place d’anciens entrepôts, qui cadrent deux rangées de vieux platanes, véritable coeur de l’opération. Pour les parkings, Jean Nouvel se heurte à la réglementation qui les interdit en sous-sol mais il la détourne en les rendant semi enterrés. Ainsi, cela permet aux voitures d’être à l’air libre tout en étant couvertes et dissimulées. Une forêt de poteaux porte le bâtiment selon un intervalle régulier de 5 mètres, distance nécéssaire pour garer deux voitures et unité de base sur laquelle s’aligne toute la structure. Toutes les circulations horizontales et verticales se font par l’extérieur des bâtiments pour éviter des complications de structure et la perte d’espace habitable. Les logements sont tous traversants et sont prolongés d’une terrasse côté canopée. Les deux barres possèdent repectivement une grande variété de types de logements, simples, en duplex voire en triplex. Tous possèdent un bloc technique qui sépare salon et cuisine; «ni cloison, ni porte, ni couloir». Enfin, Nouvel réutilise dans son projet un modèle de portes de garage de pompiers qui permettent une ouverture totale du séjour sur la terrasse.

10176 m2 1ha

R+5

1,9

550 E/m2


Organisation générale

Organisation spatiale

Mixité de logements

TYPE 4 TRIPLEX 110 m2 TYPE 3 DUPLEX 93 m2

95


1990 à aujourd’hui : L’avènement du développement durable Le rapport Brundtland publié en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement apporte une dimension nouvelle à la protection de l’environnement naturel et de ses réserves et considère d’une manière inédite les modes de développement urbain. Ce travail remet notamment sous les feux des projecteurs la notion de densité urbaine. Face aux problématiques de réchauffement de la planète et de la prise de conscience de l’aspect non éternel des ressources d’énergie, la voiture est fortement montrée du doigt. Or la densification serait l’un des meilleurs outils à la disposition des professionnels de l’aménagement pour diminuer l’utilisation de celle-ci. Ce changement de position politique est d’autant plus net qu’à la même période s’exprime la nécessité de faire entrer les grandes villes dans « l’ère de la mondialisation et de la compétitivité » A.Touati , ce qui influence considérablement les décisions en matière d’enjeux urbains. On assiste dès lors à une évolution des discours devenant de moins en moins « anti-ville » avec des positions moins tranchées. La lutte contre l’étalement urbain n’apparaît que dans les années 90 malgré que le phénomène de dilution de la ville soit connu et critiqué depuis les années 70. Dorénavant, la densité devient une notion clé. Pas seulement pour ses vertus à limiter la pollution à travers la diminution de l’étalement urbain mais parce qu’elle se retrouve associée à des valeurs sociales comme l’intensité et la mixité. C’est ainsi qu’après avoir été considérée comme une source des plus graves pathologies urbaines, la densité apparaît aujourd’hui comme un antidote à la crise environnementale et comme un idéal pour les villes. «Après 25 ou 30 ans de POS où on n’a fait que du règlement et pas du tout de formes urbaines, la culture du projet urbain a obligé à s’interroger sur les formes et les densités.» Francis Cuillier 96


97


2. presentation de projets ANCIENS [milieu XIXe - FIN XXe] 25% 50% 165 logements

0

98

10

50

ha 20%

5%

Cet ensemble d’habitation, qui s’étend sur 2600 mètres carrés à l’extrémité d’une jetée du port d’Amsterdam, est souvent comparé à un cargo chargé de containers de couleurs vives. La composition des façades résultent de la volonté de la part des architectes d’éviter la stratification horizontale habituelle et de créer une version tridimensionnelle de l’espace urbain. A l’intérieur, les appartements sont regroupés selon quinze types différents. Chaque groupe, qu’on pourrait apparenter à un quartier, est identifiable depuis l’extérieur grâce aux différentes couleurs et textures des matériaux. Le programme comprend un espace commercial qui, à 2600 m2 l’origine, devait être dispersé dans différentes parties du bâtiment de 0.26 ha manière à participer à la composition tridimensionnelle de l’ensemble; de manière plus conventionnelle, il est concentré au rez-de-chaussée, dans une zone horizontale marquant clairement la séparation entre les R+10 logements et les commerces. Les résidents ont accès à une terrasse sur le toit et, sous le bâtiment, à des pontons d’amarrage pouvant accueillir de petites embarcations. Enfin, un restaurant et un espace 10 public occupent un grand ponton ouvert le port. Ce bâtiment représente un apport important à la réflexion sociale sur la diversification de l’habitat: son mode d’occupation est mixte et le grand nombre de types de logements regroupés dans un même bâtiment favorise l’hétérogénéité des habitants.

2400

ha

634

ha


MixitĂŠ dense

Quartiers anciens

Silodam

Strates

Exemples de typologies

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Cette seconde partie permet de soulever une remarque : Depuis la révolution industrielle, on note que les quatre premières périodes historiques décrites ont pour point commun : l’opposition idéologique entre un mouvement soucieux de s’approprier les tissus traditionnels existants et un autre qui les rejette. Or, faire cesser le conflit de l’urbain avec le périurbain est le défi que se sont lancés les villes depuis peu, considérant que la ville doit désormais cesser son étalement urbain pour entamer une urbanisation progressive sur elle-même par densification et intensification. C’est pourquoi le début du 21ème siècle est une période charnière, en architecture et en urbanisme comme dans de nombreuses disciplines. C’est une nouvelle vision de la ville qui se met en place et qui invite à la recherche de nouvelles formes urbaines et architecturales. Des architectes comme Koolhaas ou le groupe MVRDV font parti des acteurs éclairés qui, dans les années 90, au moyen d’utopies et de projections osées, ont participé au lancement de cette révolution. Ils s’inscrivent donc dans le sillon de leurs prédécesseurs, déclencheurs de rebondissements, dont on peut citer quelques noms : Howard, Le Corbusier, Frank Lloyd Wright, Archigram ou encore Yona Friedman. Cette deuxième partie a enrichi la première en lui apportant références et explications. Elle permet d’avoir une meilleure vision de l’héritage architectural avec lequel désormais les architectes du 21eme siècle doivent progresser. « Aucune culture architecturale, urbaine ou rurale n’a jamais émergé d’un sol vierge ; la société la plus instituée et l’architecte le plus brillant ne connaissent pas de commencement absolu ; ils ne sont que faiblement novateurs, au regard du passé. » Franck Sabatier, tiré de

Narcisse ne meurt-il pas de sa propre contemplation ?

100


101


CONclusion L’avènement du développement durable bouscule de manière inédite les modes de développement urbain et amène à une redéfinition du vocabulaire qui gravite autour de la notion de densité urbaine. Au cours de l’histoire, cette dernière, développée au 19ème siècle avec les prémisses de l’étalement urbain, n’a pas toujours eu la même définition. Aujourd’hui, sa dimension scientifique couplée à la notion d’intensité, plus humaine a donné l’urbanité. Autrement dit, l’urbanité désigne le développement de centralités dans une ville compacte, dense et intense en vue d’économiser le terrain constructible, d’optimiser les services publics comme les transports et d’impulser la mixité de fonctions et d’usages. Ces principes s’appliquent à travers la mise en place de nouvelles formes urbaines plus ou moins osées dont la plus en vogue est la densité intermédiaire. En effet, elle semble être la plus vertueuse pour l’environnement : suffisamment élevée pour rendre viable la mise en place d’une desserte en transports collectifs et de services, équipements et commerces de proximité, mais suffisamment faible pour limiter les désirs de quitter la ville pour décompresser ou s’aérer pendant les fins de semaine. Non adaptée aux contraintes trop nombreuses des centres historiques, elle s’applique majoritairement en limite de

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centre, en centre de villes nouvelles et en zones péri urbaines. Des typologies de hautes densités, comme le pont urbanisé ou les tours interconnectées, pourront ainsi voir le jour au sein des centralités renforcées. Les réponses, telles qu’illustrées dans ce mémoire nous rappellent qu’aucune solution ne prévaut dans l’absolu. «Bien habiter la ville » ne se décline pas par un absolu normatif, mais de façon individuelle et locale : ce slogan général nous invite finalement à nous adresser, dans chaque contexte urbain, à toutes les échelles, aux futurs habitants des quartiers, cités, logements qui sont projetés, programmés, dessinés, bâtis. En définitive, il n’y a pas une bonne formule, ni de recettes ; des chais reconvertis de Bernard Bühler à l’habitat en hauteur travaillé par l’Atelier Roland Castro, nombre de formules, toujours contextuelles, sont explorées. Elles sont la panoplie du possible, sans être exclusive. La seule constante est la volonté de fabriquer du « chez soi, en ville, avec les autres ».


OUVERTURE « Pour la plupart des Helvètes, aujourd’hui encore, la Suisse est un pays agricole, habité par une population proche de la « nature ». Or la Suisse est aussi comparée à une grande ville divisée en treize quartiers, dont les uns sont sur les vallées, d’autres sur les coteaux et d’autres encore sont sur les montagnes. Il y a des quartiers plus ou moins peuplés, mais tous le sont assez pour rappeler qu’on est toujours dans la ville. Dans toutes les directions et a perte de vue, le développement est visible par l’étendue de noyaux d’urbanisation. » La Suisse comme hyper ville André Corboz

Pourquoi Phoenix s’étend alors qu’on signale sa décroissance? Faut-il construire en France uniquement sur la ville existante pour préserver les espaces non bâtis? Ou faut-il organiser les villes à la manière des Suisses ? Blanc/noir ; noir / blanc et pourquoi pas gris...

Penser l’hyper ville, c’est abolir l’opposition ville-campagne et abandonner l’idée que ce qui est autour du noyau urbain ne mérite pas l’appellation de ville, mais celle de banlieue ou de périphérie. Aux E.U., le plan en damier de la plupart des villes a produit une urbanisation continue et infinie. A Phénix, le tissu urbain est si étendu qu’il entoure une montagne, celle-ci devenant parc urbain. L’hyper ville Américaine est elle similaire à l’hyper ville Suisse?

103


Bibliographie -L’espace Anthropologique, Cahier de la recherche architecturale et urbaine, mars 2007 -Morphologie urbaine, Géographie, aménagement et architecture de la ville, Remy Allain, avril 2004 -Formes d’habitat et densités urbaines : Quelles opportunités pour la ville de demain?, Obseratoire de la ville n°1 -Habitat et formes urbaines, Densités comparées et tendances d’évolution en France, trais urbains -Paris métropole, Formes et échelles du Grand Paris, Philippe Panerai -Interactive cities, anomalie digital_arts n°5, HYX -Mémoire : Densité & innovation architecturale, Illustré par les expérimentations et réalisations architecturales des architectes Néerlandais MVRDV, Romain Blachon -Mémoire : Vertodus, un monde miroir du développement durable, Alexandre Boissier -Les densités urbaines et le développement durable, Le cas de l’Ile de France et des villes nouvelles, Vincent Fouchier -Haute densité, Habitat contemporain, Alejandro Bahamon et Maria Camila Sanjinés, mars 2008 -Traits urbains n°16 2007, Rénovaion urbaine quatre ans

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après -Traits Urbains n°24 2008, Innover dans l’habitat -Excursions on Capacity, MVRDV -SMLXL OMA Rem Koolhaas -Metacity/Datatown, MVRDV -Yes is more, Bjarke Ingels -Farmax MVRDV -Série A+T, livres espagnols sur density -Documents PUCA juin 2010 n°199 -Designing high-Density cities, Edward Ng -Revue habitat et société -Ensembles d’habitations différenciées, Gerhard Schwab, Eyrolles Editeur Paris, 1975 -One-Family Housing : Solutions to an Urban Dilemma, Terrace Houses patio Houses Linked Houses Thames and Hudson, Hubert Hoffmann, 1967 -PDF sur l’opération Halen vers Berne, Atelier 5 -GA Global Architecture, Atelier 5, 1973 -Recueil de plans d’habitation, ed Birkhauser, sous la direction de Friederike Schneider -Revue L’architecture d’aujourd’hui, 1931


Bibliographie I webographie I divers -Revue Urbanisme n°134, 1973 -La ville du 20eme siècle, bernardo Secchi, ed. Recheches -Formes urbaines de l’îlot à la barre, Philippe Panerai, Jean Castex, Charles Depaule, éd. Parenthèses -D’A. D’architecture, 2007, mai n°164 -AMC, 2005 n°153 -AMC, 2002 n°126 -Le Festin, 2008 automne n°67 -High Density Housin, concepts, planning, construction, Birkhäuser, ed. Detail -Plus une dizaine de documents en pdf WEBOGRAPHIE -http://biblio.alloprof.qc.ca/PagesAnonymes/DisplayFiches. aspx?ID=7098 -http://www.europan-europe.com/teams-portrait/pages/ density.php -http://www.ma38.org/manifestation/index. php?num=65&numcat=32

-http://carfree.free.fr/index.php/2009/02/16/la-villelineaire/ -http://carfree.free.fr/index.php/2008/04/17/aerocity-unprojet-de-ville-lineaire-sans-voitures/ !!!!!!! -http://carfree.free.fr/index.php/2008/02/02/illichville-laville-sans-voitures/ -http://www.halen.ch/31150.html -http://issuu.com/laurentciry/docs/bienhabiterlaville_ecran DIVERS Présentation d’une thèse sur l’ecoréurbanisation Présentation oral d’un travail d’étudiants en master sur l’hyperville, croissance et décroissance des villes Conférence donnée par Mme Syria Emelianoff sur les transitions energétiques Conférence sur le grand Paris donnée par Paola Vigano

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ANNEXE

L’Urbanité Habitat (liant) Densité bâtie Densité urbaine

Objective

Equipements, services, commerces

Densité de logements Densité d'habitants

Densité urbaine

COS Outils pour travailler avec la densité

PLU Loi SRU Centralité historique En réseau Centralité nouvelles singulières

Centralités

À créer Existante, à renforcer

richesse fonctionnelle, rôle stratégique à l’échelle urbaine

L'URBANITE

Régénération des fonctions du bâti existant (pas de construction supplémentaire)

Centralités

le

Compacité

Subjective

Substitution

Régénération du tissu bâti par augmentation du nombre de construction

Objective

Intensité

Addition

Rapport entre le volume d'un ensemble urbain et sa surface d'enveloppe en contact avec l'extérieur

Forme architecturale du bâtiment L'architecture

Transitions entre les espaces (privé, semiprivé, public....) Les usages que permet le bâtiment

Cadre de vie

Modularité des espaces habitables pour s'adapter aux changements de modes de vie Anticiper Résister à l'usure du temps

106

Matériaux, mise en oeuvre... Effets de mode

Attire!! Crée de la valeur

Mixité

Justifie une densité

Favorise l'urbanité


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