UM2 Magazine n°9 Juin 2014

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Le magazine universitaire au cœur de science

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Numéro 9 Juin 2014

Indispensables espèces rares

L'UM2 tisse des liens privilégiés avec l’Asie Un drone pour sensibiliser aux économies d’énergie

Numéro

spatial

1 Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES N°9 - 06.2014

MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE


Sommaire 4

Dossier

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 L'Université Montpellier 2 tisse des liens privilégiés avec l’Asie

À la conquête de l'espace

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Au cœur du campus

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À l’honneur à l’UM2  Monsef Benkirane, Prix Liliane Bettencourt pour les Sciences du Vivant  Kito de Pavant et Polytech Montpellier signent une charte de partenariat  Patrick Lemaire, Prix Coups d'élan de la Fondation Bettancourt Schueller  Victor V. Nikonenko, Docteur Honoris Causa de l'Université Montpellier 2

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Innovation  Un drone pour sensibiliser aux économies d’énergie

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Evènement  L'homme qui dessinait les arbres

Vie des labos  Les espèces rares, gardiennes du fonctionnement des écosystèmes  Des super-virus pour lutter contre les bactéries

UM2 N°9 - JUIN 2014 DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Michel Robert RÉDACTRICE EN CHEF Aline Périault, aline.periault@univ-montp2.fr Tél. +33 (0)4 67 14 92 87 A COLLABORÉ À CE NUMÉRO Philippe Raymond CONCEPTION & MISE EN PAGE Olivier Piau, Agropolis Productions

IMPRESSION Les Petites Affiches (Montpellier, France) UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 Sciences et Techniques Place Eugène Bataillon 34095 Montpellier CEDEX 5 Tél. +33 (0)4 67 14 30 30 communication@univ-montp2.fr www.univ-montp2.fr Tirage : 2.500 ex. Dépôt légal : juin 2014 ISSN : 2259-874X Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses représentants est illicite (art. A du Code de la Propriété Intellectuelle).

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Formation  Du champ à l’assiette, quelles solutions pour nos déchets ?

 À la découverte de la biodiversité du campus  Étudiant et sportif de haut niveau : un vrai challenge

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International

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Publications


Édito L’UM2 prend de la hauteur Le secteur spatial doit être perçu comme un investissement d’avenir, qui porte des recherches durables faisant progresser la science et émerger des technologies clés. Les problématiques scientifiques et technologiques abordées sont par ailleurs fortement stimulantes et ainsi facteur d'attraction vers les filières scientifiques pour les lycéens et étudiants.

1, 2, 3... taguez ! Le QR code, vous connaissez ? Ce drôle de carré permet, à partir de votre téléphone, d'accéder directement à du contenu électronique (page Internet, vidéo, contenu multimédia...) sans avoir besoin de saisir l'adresse correspondante. Muni de votre téléphone équipé d’un appareil photo et d’une application (gratuite) de lecture (QR Reader en anglais), Lynkee (iPhone), Goggles (Android), QR Code Scanner Pro (Blackberry), Bing (Windows Phone), trois étapes suffisent : 1. lancer l'application, 2. photographier le QR Code, 3. lire le contenu. 

Articulé autour d'entreprises de pointe et innovantes employant une main d'œuvre hautement qualifiée, il représente par ailleurs plus de 16 000 emplois directs en France, peu délocalisables en raison des enjeux stratégiques. Notre industrie spatiale occupe ainsi une place majeure sur la scène internationale, toutefois de plus en plus soumise à l’émergence de nouveaux concurrents tandis que le poids du spatial dans l’économie mondiale ne cesse de croître. Les applications et les services satellitaires dans le domaine des télécommunications, de l’observation de la Terre ou encore de la géolocalisation sont par exemple en plein essor. Ces nouveaux usages, qui se dessinent au fur et à mesure des avancées, donnent naissance en parallèle à des écosystèmes de croissance, avec des retombées en termes de création d’emplois. Enfin, ces activités de recherche s’inscrivent dans une logique forte de partenariats, principalement à l’échelle européenne, aussi bien avec de grands groupes industriels que de petites entreprises à la pointe de l’innovation. Ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur de science, permet ainsi de présenter certains des projets développés au sein de notre université. Il s’agit par exemple des nanosatellites, de satellites astronomiques, d’antennes déployables ou encore de drones à haute valeur ajoutée. Ils témoignent de la diversité de nos activités et de leur forte interaction avec la formation. L’implication dès que possible des étudiants constitue en effet une spécificité et une priorité. L’enjeu est notre capacité à former des personnels qualifiés, aptes à s’insérer rapidement dans des filières industrielles d’excellence, à s’adapter aux évolutions technologiques tout en étant force de proposition dans l’émergence de nouveaux concepts. Enfin, il convient de mentionner le fort soutien d’acteurs institutionnels locaux dans ces opérations, à l’instar de l’engagement de la Région Languedoc-Roussillon pour le développement du Centre Spatial Universitaire, premier dans son genre en France, en lien avec plusieurs entreprises.

Michel Robert, Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques

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Dossier

À la

conquête

espace

de l'

Sky is the limit « Sky is the limit »… la métaphore utilisée dans la langue de Shakespeare pour dire qu’il n’y a pas de limite, que tout est possible, me semble décrire parfaitement les forces qui sont à l’œuvre dans nos laboratoires et nos composantes dans le domaine de l’espace. Pourtant, oser s’afficher sur un tel sujet pourrait paraître présomptueux tant il existe des acteurs dont le renom dépasse le nôtre : qui ne connaît le Jet Propulsion Laboratory de la Nasa, l’Université Bauman de Moscou, ou plus près de nous l’ESA ou le CNES ? Qui ne connaît les grands groupes industriels du secteur spatial, tels qu’Astrium, le constructeur des fusées Ariane ? Certes notre ambition n’est pas que le site de Montpellier égale la notoriété de Kourou, Cap Canaveral ou Baïkonour, mais force est de reconnaître que tous ces grands acteurs du spatial ont trouvé à l’UM2 des partenaires qui ont su prendre des risques scientifiques ou technologiques, innover dans leurs démarches pédagogiques, tisser des liens dans la durée pour des échanges d’étudiants ou des programmes partenariaux. 4 N°9 - 06.2014

Cette question des partenariats est cruciale quand il s’agit de s’impliquer dans des activités aussi ambitieuses : comment participer à une mission astronomique aussi importante que Gaïa sans être un partenaire régulier de la « galaxie » de scientifiques qu’anime l’ESA ? Comment attirer des étudiants brillants de l’étranger sans des relations suivies avec les meilleures universités mondiales ? Comment profiter de grands équipements comme Geosud sans une proximité de chaque instant avec des organismes de recherche phares comme l’Irstea ? Comment convaincre les gestionnaires du lanceur Véga d’embarquer des nanosatellites produits par nos étudiants sans un lien étroit avec toute la filière industrielle et institutionnelle du spatial ? Grâce au soutien de la Région Languedoc-Roussillon toutes ces réussites prendront bientôt une forme extrêmement concrète, sous la forme d’un nouveau bâtiment qui accueillera sur le campus Saint-Priest des étudiants, des chercheurs, la SATT AxLR, l’incubateur LRI et… des industriels.

En se projetant sans limite dans des recherches ambitieuses, en travaillant avec des partenaires de très haut niveau dans le monde entier, en osant parier sur la complémentarité entre formation, recherche et innovation dans un domaine où on ne l’attendait peut-être pas, l’UM2 sait en même temps avoir la tête dans les étoiles, mais aussi les pieds sur terre en aidant ainsi à créer des emplois dans le secteur spatial à Montpellier. 

François Pierrot, Vice-président délégué à l’innovation et aux relations avec les entreprises


 Lancement de la fusée Véga embarquant le nanosatellite Robusta le 13 février 2012.

La

tête dans les

étoiles

D

ES NANOSATELLITES en plein essor, des étudiants promis à de brillantes carrières : c’est ici ! Visite guidée du premier Centre spatial universitaire de France, à la croisée de la recherche et de l’innovation. 13 février 2012 : Robusta s’envole de Kourou à bord de la fusée Véga. Un lancement suivi de très près par 250 étudiants de l’Université Montpellier 2. Ce premier nanosatellite étudiant français, c’est leur création. Il inaugure une série entièrement made in UM2.

dans l’espace » explique Laurent Dusseau, directeur du Centre Spatial Universitaire. « Les nanosatellites permettent ainsi de franchir l’ultime barrière avant la commercialisation. En échange, ils bénéficient de technologies pionnières » Mais créer un satellite, fut-il nano, cela requiert toute une palette de compétences : mécanique, électronique, informatique, ingénierie spatiale... Un défi que le Centre Spatial Universitaire de Montpellier peut relever grâce à la participation de plusieurs composantes de l’UM2 : les IUT de Nîmes et de Montpellier, la Faculté des Sciences et Polytech Montpellier.

À la conquête de l’espace Satellites 100% étudiants De minuscules satellites pour un gigantesque défi. Car ces concentrés de technologie de 10 à 30 cm de côté sont promis à un bel avenir sur le marché très porteur de la conquête spatiale. Principale qualité ? Leur prix : quelques centaines de milliers d’euros. Une paille, à peu près cent fois moins qu’un gros satellite géostationnaire… Un moindre coût qui « permet de tester sans risques la résistance des nouvelles technologies que l’on souhaite envoyer

Le centre offre ainsi des stages permettant d’être opérationnel à la fin du cursus : une qualité très prisée des employeurs. À l’arrivée, c’est la garantie d’un emploi dans un domaine de haute technologie : spatial mais aussi aéronautique, automobile, énergie, télécoms…

© ESA

recteur de la Fondation Van Allen. Une fondation qui réunit industriels et grandes agences spatiales, le CNES (Centre National d'Études Spatial) et l'ESA (Agence Spatiale Européenne), et qui, avec le Conseil Régional du Languedoc-Roussillon, soutient le centre spatial grâce à la recherche de financements et l’appel aux dons. Un soutien précieux, qui « permet à nos étudiants d’accéder à la recherche spatiale sans passer par la case "grandes écoles" ». En septembre 2015, un bâtiment de 2 000 m² va être livré sur le campus SaintPriest pour accueillir le Centre Spatial Universitaire. Qui affiche désormais son ambition avec le soutien des chercheurs et des industriels : devenir une référence internationale dans le secteur des nanosatellites. Et créer en Languedoc-Roussillon une galaxie de start-ups…  ...www.fondation-va.fr ...Facebook : CSU Montpellier-Nimes

« Les étudiants mènent les projets de A à Z. Du DUT au post-doctorat, chaque niveau d’étude est encadré par le niveau supérieur » détaille Frédéric Saigné, di5 N°9 - 06.2014


Dossier

Gaïa,

l’arpenteur de la galaxie

C’

est LA mission d’astronomie la plus importante du 21e siècle, et l’Université Montpellier 2 y participe. Le satellite Gaïa, qui en ce moment même débute l'observation et le recensement d'un milliard d’étoiles pour mieux connaître notre galaxie, a été conçu avec les chercheurs du LUPM. Jeudi 19 décembre 2013. 10h12 à Montpellier, 6h12 à Kourou. Les chercheurs du Laboratoire Univers et Particules de Montpellier exultent : la fusée Soyouz vient de décoller dans un vacarme assourdissant. Sa mission : mettre en orbite à 1,5 million de kilomètres de la Terre le satellite Gaïa. Ce fleuron de la technologie spatiale va finement observer la Voie lactée et recenser en l'espace de 5 ans plus d’un milliard d’étoiles pour

établir une carte en 3D de notre galaxie. Un pas de géant dans la connaissance de la Voie lactée réalisé grâce aux chercheurs et ingénieurs du LUPM dont Gérard Jasniewicz et Claude Zurbach, qui participent très activement à ce projet depuis de nombreuses années. Ces derniers interviennent sur une pièce maîtresse : la mesure du « point zéro » du spectromètre. « C’est l’étalonnage du spectromètre, explique Gérard Jasniewicz, qui est indispensable pour obtenir des mesures fiables et exploitables ». Une sacrée responsabilité pour les montpelliérains car la détermination du mouvement des étoiles les unes par rapport aux autres dépendra de cet étalonnage grâce auquel les mesures seront justes et homogènes. Premiers résultats de la mission Gaïa dans 2 à 4 ans. 

© ESA

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Geosud,

des images

satellites au service de tous

U

N LIBRE ACCÈS aux images satellites : c’est ce que propose Geosud aux scientifiques et aux acteurs publics. Retour sur un projet qui connaît un succès grandissant depuis son lancement en 2008. Les images satellites constituent des données précieuses pour la recherche, mais aussi pour les collectivités : agriculture, aménagement du territoire, gestion de la biodiversité ou encore des ressources en eau, les applications sont innombrables. Pourtant, « l’imagerie satellite peine à se développer, principalement pour des questions de prix et de complexité, explique Pierre Maurel, coordinateur du projet Geosud. Baisser les coûts et offrir

des services adaptés : c’est tout l’enjeu du projet ».

après corrections géométrique et radiométrique ».

Images actualisées du territoire national

Avec 300 adhérents, le succès est déjà au rendez-vous. Prochaine étape : « aller plus loin dans l’exploitation des images en proposant des services à forte valeur ajoutée : analyse, accompagnement, formation. Des services accessibles au secteur privé, avec des modèles économiques à définir. » 

Grâce à des financements publics, dont une dotation de 11,5 M € dans le cadre des Investissements d’Avenir, Geosud développe une logique de mutualisation. Une licence multiutilisateur permet aux adhérents, scientifiques ou acteurs publics, d’accéder via Internet à une base de données actualisée. « Geosud anticipe sur les besoins en produisant chaque année une couverture intégrale du territoire national, y compris DROM-COM*. Ces images haute résolution sont livrées "prêtes à l’emploi",

* Départements et Régions d'Outre-Mer Collectivités d'Outre-Mer

...www.equipex-geosud.fr

De Moscou à Montpellier

C

OMME de nombreux doctorants, c’est à l’étranger qu’Irina Gavrilovich vit ses années de thèse. Chercheur en ingénierie spatiale, elle a choisi Montpellier. © Philippe Raymond

« L’expérience internationale permet de se former à des approches différentes », explique cette jeune doctorante pour qui « la nécessité d’évoluer, de ne jamais rester au même stade » est une évidence. Il y a un an, Irina suivait un master au sein de la prestigieuse Université de MoscouBauman. Après un passage à l’École polytechnique de Lausanne (Suisse), elle intègre le Laboratoire d'Informatique, de

Robotique et de Microélectronique de Montpellier (LIRMM).

Reproduire l’espace dans les labos du LIRMM Pourquoi Montpellier ? « Rien à voir avec le soleil ! jure Irina. L’Université de Bauman collabore beaucoup avec cette ville en plein essor dans le domaine des nanosatellites. Et le LIRMM me permet de travailler sur des projets concrets et utiles ».

à distance, pour acquérir des données ou encore optimiser le rendement des batteries solaires ». Avec les chercheurs de l’équipe DEXTER du LIRMM, Irina imagine et réalise un système robotisé pour placer les nanosatellites dans les conditions mêmes de l’espace. Et tester demain les petits cousins de Robusta. 

Financé par la Fondation Van Allen, son travail consiste à mettre au point un banc de test pour les « cubesats », ces nanosatellites de 10 cm de côté. Objectif : vérifier leur système d’orientation. « Il faut être sûr qu’on pourra repositionner le satellite 7 N°9 - 06.2014


Au cœur du campus

découverte de la biodiversité du campus

À la

P

LANTES, champignons, invertébrés, reptiles, amphibiens, oiseaux et mammifères, partez à la découverte de la biodiversité du campus avec le Groupe naturaliste de l’Université Montpellier 2. Ouvrez les yeux, déployez vos oreilles et suivez le guide.

©M

athieu Garcia

L’épervier d’Europe y plane au dessus du hérisson commun, qui lui se cache entre la mauve sylvestre et les bolets des pins, épiant la tarente de Mauritanie en quête de quelques fourmis d’Argentine à se mettre sous la dent... Bienvenue sur le campus de l’Université Montpellier 2 ! Si les amphithéâtres, laboratoires et bureaux y hébergent une faune d’étudiants, enseignants-chercheurs, personnels administratifs et autres Homo sapiens, le campus recèle également une biodiversité insoupçonnée.

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« On y rencontre des centaines d’espèces différentes », explique Mathieu Garcia, président du GNUM, le Groupe naturaliste de l’Université Montpellier 2. Depuis 10 ans, cette association œuvre pour valoriser la connaissance de la faune et de la flore et mieux protéger l’environnement. « On s’intéresse à cette biodiversité ordinaire, celle que l’on croise tous les jours et à laquelle on porte souvent trop peu d’attention… Pourtant c’est avec elle que l’on vit au quotidien », souligne le naturaliste. Son souhait : que chacun ouvre les yeux sur ce qu’on ne regarde pas et prenne conscience de la vie qui l’entoure. « Parce qu’il est plus facile de protéger quelque chose que l’on connaît et auquel on s’intéresse ».

Mieux connaître la biodiversité pour mieux la protéger Armés de jumelles, de loupes, de pièges à insectes et d’ouvrages spécialisés, des dizaines de volontaires arpentent l’univer-

sité le jour ou à la tombée de la nuit pour recenser ses habitants. « Il n’est pas toujours évident de déterminer précisément quelle est cette plante ou comment s’appelle cet insecte », reconnaît Mathieu Garcia. Alors des naturalistes éclairés et des enseignants-chercheurs viennent parfois leur prêter main forte pour mettre un nom sur chacun. Un vrai travail collaboratif qui a permis d’inventorier pour l’instant près de 450 espèces. « Et ce n’est qu’un début, nous sommes toujours à la recherche de volontaires pour nous aider dans la découverte de cette biodiversité ordinaire », s’enthousiasme le président du GNUM. Des connaissances que les naturalistes ont à cœur de partager dans un petit livre : grâce à ce Petit guide naturaliste, les balades sur le campus se transforment en déambulations curieuses à la rencontre de la faune et la flore. Ouvrez l’œil, et si vous ne voyez pas le faucon perché sur les bâtiments, soyez sûrs que lui vous a vu… 

 Le triton palmé Lissotriton helveticus  La punaise verte Nezara viridula

© Ma

thieu

Garcia


Étudiant et sportif de haut niveau :

20 heures d’entraînement par semaine Géraldine Huffner passe 20 heures par semaine dans l’eau. Cette nageuse de 22 ans a terminé 2 e au 200 mètres brasse lors des Championnats de France de natation en 2012. Étudiante en DUT génie biologique, la jeune fille se prépare à une carrière de diététicienne. « L’année dernière, j’ai fait une année normale sans aménagement, c’était vraiment trop fati-

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Trouver un équilibre entre le sport et les études

anie

Ils s’entraînent jusqu’à vingt heures par semaine, participent à des compétitions sportives d’envergure, suivent cours et travaux pratiques, passent les partiels, partent en stage… Deux vies en une pour ces étudiants sportifs de haut niveau ! Pour qu’ils n’aient pas à choisir entre les diplômes et les podiums, l’Université Montpellier 2 propose à ses graines de champion un programme adapté à leurs deux agendas. « Notre mission, c’est de faire en sorte qu’ils réussissent », souligne Jacqueline Papet, chargée de mission accueil des sportifs de haut niveau à l’IUT Montpellier-Sète. L’UM2 accueille 62 étudiants bénéficiant du statut de sportif de haut niveau. « Dispenses d’assiduité, cours à distance, cours de rattrapage, accompagnement personnalisé », l’université leur propose un cadre adapté pour réussir leur carrière sportive sans délaisser leurs études.

guant », témoignet-elle. Pour sa deuxième année de DUT, elle a opté pour un aménagement et fera son année en 2 ans. « Grâce à ce dispositif non seulement j’ai de meilleurs résultats en natation, mais j’ai aussi de meilleurs résultats dans mes études », se réjouit la jeune championne. « Cette organisation nécessite une communication permanente entre les coachs sportifs et les équipes pédagogiques », souligne Jacqueline Papet.

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L’

UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 offre aux sportifs de haut niveau un cadre privilégié pour mener de front une carrière de champion et une vie d’étudiant accomplie.

our

un vrai challenge

 Tristan Labouteley au championnat d'Europe U18 2013 À 18 ans, Tristan Labouteley est un des poulains du club de rugby de gement maximum et ne passera que 4 Montpellier, le MHR. Une vie sportive extrêmement exigeante. « Je m’entraîne 4 modules cette année au lieu de 12, il fera heures par jour et je participe aux matchs donc sa première année en 2 ans », exle week-end », explique le jeune athlète. plique Christian Salles, responsable des Étudiant en première année à Polytech, étudiants de première année à Polytech le jeune homme se destine à une car- et tuteur de Tristan. Le jeune homme a rière d’ingénieur « parce que le rugby ne même pu passer ses examens en même durera pas toute la vie et qu’il faut avoir temps que ses camarades mais en planun bon diplôme après ». Pour rester au chant depuis Paris. « Il faut trouver un top niveau, le jeune rugbyman s’entraîne équilibre entre le sport et les études, avec le pôle France à Marcoussis, toutes souligne Christian Salles, car ils sont les semaines du lundi au jeudi. « Tristan sportifs de haut niveau et doivent aussi ne peut pas suivre les enseignements être étudiants de haut niveau pour leur normalement, il bénéficie d’un aména- réussite universitaire». 

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À l’honneur à l’UM2

Monsef Benkirane, Prix Liliane Bettencourt pour les Sciences du Vivant Le prix Liliane Bettencourt pour les Sciences du Vivant 2013 est décerné à un chercheur européen de moins de 45 ans, connu dans la communauté scientifique à travers ses publications internationales et porteur d'un projet de recherche particulièrement prometteur. Directeur de recherche au CNRS à l'Institut de Génétique Humaine de Montpellier, Monsef Benkirane est responsable du département Bases Moléculaires de Pathologies Humaines et chef de l'équipe Virologie Moléculaire. Après avoir obtenu un doctorat en virologie moléculaire à l'Université Aix-Marseille en 1994, Monsef Benkirane a travaillé pendant quatre ans au National Institute of Health à Washington (USA). De retour en France en 1998, il crée à Montpellier un groupe de recherche sur la virologie moléculaire et le VIH.

Kito de Pavant et Polytech Montpellier signent une charte de partenariat Le 11 mars 2014, le navigateur Kito de Pavant et Serge Pravossoudovitch, directeur de l’école d’ingénieurs Polytech Montpellier, ont officiellement signé une charte de partenariat. Objectif : permettre aux élèves ingénieurs de travailler sur des projets liés à la conception du nouveau bateau de Kito de Pavant, le Made in Midi. Les étudiants pourront par exemple réaliser des projets techniques ou des études scientifiques en lien avec les domaines techniques du futur bateau : système d'aide à la décision dans une course en mer, dimensionnement des structures mécaniques, électronique embarquée, matériaux composites... 

Au cours de ses recherches, l'équipe de Monsef Benkirane a réalisé une percée importante concernant la lutte contre le VIH en décrivant les mécanismes moléculaires à l’origine de la persistance virale ainsi qu’en identifiant le gène codant la protéine cellulaire SAMHD1. Cette protéine bloque la réplication du VIH dans les cellules dendritiques (chargées de déclencher les défenses immunitaires), empêchant ainsi sa détection.  Kito de Pavant et Serge Pravossoudovitch

Le projet actuel de Monsef Benkirane vise à comprendre les mécanismes de la persistance virale du VIH afin de parvenir à une éradication complète du virus dans l'organisme du malade. 

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© Agnès Seye


Patrick Lemaire, Prix Coups d'élan de la Fondation Bettancourt Schueller Patrick Lemaire, chercheur au Centre de Recherche de Biochimie Macromoléculaire, a reçu le prix Coups d’élan pour la recherche française de la Fondation Bettencourt Schueller. Cette récompense d’un montant de 250 000 euros est destinée à permettre à des équipes remarquées pour leur excellence et le caractère prometteur de leurs recherches d'optimiser leurs infrastructures. L'équipe de Patrick Lemaire étudie un groupe d'invertébrés marins dont le développement embryonnaire est morphologiquement extrêmement similaire, bien qu'ils aient des génomes très différents. Objectif : combiner des approches d'imagerie avancée, de traitement de l'image et de simulation informatique à des expériences biologiques afin de comprendre comment ce découplage entre les vitesses de divergence des programmes génétique et morphologique est possible. L'enjeu de ces recherches est majeur puisque les relations entre génotype et phénotype restent actuellement mystérieuses. En santé humaine cela constitue un frein à la compréhension de l'impact de nombreuses mutations que chacun de nous porte dans son génome et qui peuvent prédisposer certaines personnes à des maladies spécifiques.

Victor V. Nikonenko, Docteur Honoris Causa de l'Université Montpellier 2 Directeur du Laboratoire des Phénomènes Électromembranaires du Département de Chimie Physique de l'Université de l'État de Kuban à Krasnodar (Russie), le Professeur Victor V. Nikonenko est une personnalité scientifique de tout premier plan au niveau international, dans le domaine des membranes échangeuses d'ions et procédés associés. Mathématicien de formation, il a su intégrer les apports de la mécanique des fluides et des phénomènes interfaciaux à la compréhension des mécanismes de transfert membranaire. Sa contribution scientifique a permis d'optimiser les procédés électromembranaires, en particulier en ce qui concerne le traitement de l'eau. Son investissement dans les collaborations internationales impliquant la France l'ont conduit à être le partenaire russe de très nombreuses conventions avec l'Europe, visant notamment la création d'un réseau scientifique sur les membranes, ou avec le Kazakhstan, en particulier pour les problèmes liés à l'assèchement de la Mer d'Aral. À ce jour, il est le co-directeur du Laboratoire International Associé franco-russe sur les membranes sous la responsabilité de l'Institut Européen des Membranes à Montpellier (IEMM). 

La dotation de la Fondation Bettencourt Schueller sera principalement utilisée pour acquérir un microscope à feuille de lumière et installer une pièce d'élevage pour les ascidies, animaux marins objets du projet de recherche.  11 N°9 - 06.2014


espèces rares, gardiennes du fonctionnement des écosystèmes

Les

U

NE VASTE étude pilotée par le laboratoire Ecosym s’est penchée sur le rôle des espèces rares. Verdict : certaines assurent des fonctions irremplaçables qui pourraient les rendre indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes.  La murène géante Gymnothorax javanicus © M.J. Kramer

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Une murène géante qui se cache dans les récifs coralliens, un arbre massif à l’écorce épaisse et résistante au feu qui vit dans les forêts tropicales de Guyane, une plante alpine qui se niche dans les parois rocheuses. Quel peut bien être le point commun entre ces trois espèces si éloignées les unes des autres ? Ces espèces rares assurent toutes un rôle écologique unique. La murène géante javanaise ? Gymnothorax javanicus se nourrit principalement la nuit de poissons et d'invertébrés (crabes, pieuvres etc…) affaiblis ou en mauvaise santé cachés dans les labyrinthes coralliens. Sans l’intervention de ce charognard des mers, doté d’un corps fusiforme et d’un odorat

développé, la matière organique de ses proies pourrait se décomposer au milieu des coraux, ralentissant le recyclage des nutriments. Pouteria maxima, grâce à son écorce, est l’un des seuls arbres capable de résister à la fois au feu et à la sécheresse en forêt guyanaise. En cas de changement climatique ou de perturbations humaines, il permet une meilleure résilience de la forêt tropicale. La plante alpine Saxifraga cotyledon, ou saxifrage pyramidal, constitue quant à elle une ressource unique pour les insectes pollinisateurs des parois rocheuses. Trois espèces indispensables à l’équilibre de ces écosystèmes, et pourtant rares, donc menacées.


 Pouteria maxima © C.E.T. Paine

À quoi servent les espèces rares ? « La plupart des politiques de conservation sont orientées vers les espèces rares, souligne David Mouillot, professeur au sein du laboratoire Ecosym, pourtant leur utilité au sein des écosystèmes reste paradoxalement très peu étudiée ». Longtemps l’importance fonctionnelle de ces espèces rares a été perçue comme secondaire : elles étaient considérées comme ayant une influence mineure sur le fonctionnement des écosystèmes et comme n’offrant qu’une « assurance écologique » en cas de disparition d’espèces plus communes qui suffiraient à assurer l’essentiel des fonctions écologiques nécessaires. « Dans cette hypothèse les espèces rares n’étaient que les remplaçants qui attendent sur le banc de touche au cas où un joueur majeur soit blessé et sorte du terrain », image David Mouillot, fan de l’OM comme toute son équipe. Pour tester cette hypothèse, une équipe de chercheurs internationale ayant collecté des données sur des milliers d’espèces animales et végétales a combiné ses efforts. La base du travail fut de s’intéresser aux traits fonctionnels des espèces qui définissent leurs fonctions ou leurs rôles au sein des écosystèmes : est-ce un animal carnivore ou herbivore, diurne ou nocturne, fouisseur ou volant ? Est-ce une plante résistante ou non à la sécheresse, cherchant ou pas la lumière directe, préférant les sols acides ou basiques ?

 Pouteria maxima © C.E.T. Paine

Souvent remplaçantes mais parfois uniques Les scientifiques ont pour la première fois démontré que certaines espèces rares ne seraient pas de simples remplaçantes, mais assureraient des fonctions uniques dans l’écosystème et seraient donc irremplaçables. Ce résultat a une portée générale car il est issu d’informations biologiques et biogéographiques sur plus de 800 espèces de poissons des récifs coralliens, 3 000 espèces de plantes alpines et plus de 600 espèces d’arbres tropicaux originaires de Guyane. Des chercheurs de l’UM2, du CNRS, de l’Inra, de l’EPHE et de l’IRD ont ainsi pu déterminer quelles espèces présentent les traits les plus originaux qui leur confèrent une fonctionnalité non remplie par une autre espèce. Résultat ? « Nous nous sommes aperçus que toutes les fonctions irremplaçables sont assurées par des espèces rares, explique David Mouillot, même si de nombreuses espèces rares remplissent des fonctions communes ». Les chercheurs ont ainsi réfuté l’idée communément admise selon laquelle ces fameuses espèces rares ne serviraient à rien dans le fonctionnement des écosystèmes. « Portées par des espèces vulnérables, des fonctions uniques pourraient disparaître alors qu’elles peuvent s’avérer importantes pour les écosystèmes en cas de changement environnementaux majeurs et dé-

terminer leur résistance aux perturbations futures », souligne l’auteur de l’étude. Des exemples qui valent aussi chez les mammifères : le koala est le seul animal qui puisse manger les feuilles toxiques des eucalyptus. Qu’adviendrait-il de l’équilibre de l’écosystème si ce marsupial menacé d’extinction venait à disparaître ? « Peut-être que de mutation en mutation, une autre espèce finirait par acquérir la capacité à digérer l’eucalyptus, mais ce processus prendrait sûrement des milliers d’années alors que cette espèce menacée décline chaque année un peu plus », souligne le chercheur.

Mieux identifier les zones à protéger Des résultats qui poussent les scientifiques à tirer le signal d’alarme : « plus une espèce est rare, plus elle est menacée par l’érosion de la biodiversité. Or avec elle pourrait disparaître une fonction unique qu’aucune autre espèce ne pourrait assurer, c’est tout un équilibre qui serait bouleversé », alerte David Mouillot. Les chercheurs étendent déjà leur étude aux poissons d’eau douce et à d’autres familles de plantes, résultat attendus fin 2014. Si ces travaux éclairent la biodiversité d’un jour nouveau, ils renforcent aussi la nécessité de mieux protéger les espèces rares et leur habitat. Prochaine étape : établir une carte mondiale de la rareté fonctionnelle pour mieux identifier les zones à protéger. 

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ressources

Vie des labos

Des

super-virus pour lutter contre les bactéries

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ES CHERCHEURS de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier (Isem) développent une méthode pour lutter contre les bactéries grâce à des virus bactériophages. Une alternative aux antibiotiques pleine de promesses.

Depuis la découverte des propriétés antibactériennes de la pénicilline par Alexander Fleming en 1928, les antibiotiques sont l’arme la plus utilisée contre les bactéries. Une arme de destruction massive qui atteint pourtant ses limites : au fil des mutations génétiques, les bactéries deviennent insensibles à ces médicaments et les cas de résistance aux antibiotiques augmentent, notamment dans le milieu hospitalier. Comment continuer à se battre contre ces agents infectieux ? En développant de nouvelles armes. C’est ce à quoi œuvrent Michael Hochberg et Oliver Kaltz, chercheurs à l’ISEM. Leur nouvel arsenal : les virus bactériophages, ennemis naturels des bactéries. Ils se fixent sur l’enveloppe

externe de la bactérie, vont percer sa paroi cellulaire et injecter leur matériel génétique. Ils vont ensuite se reproduire à l’intérieur de leur hôte provoquant sa mort. Une idée qui n’est en fait pas nouvelle : la phagothérapie a vu le jour en 1919 dans les tubes à essai d’un biologiste francocanadien, Felix d’Herelle. Mais la plupart des pays ont abandonné les phages au profit des antibiotiques. Aujourd’hui cette technique revient sur le devant de la scène. « Les virus bactériophages ont de nombreux avantages, explique Oliver Kaltz, ils sont très spécifiques et souvent ne s’attaquent qu’à une seule espèce de bactérie ».

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UN PARCOURS DU COMBATTANT

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La phagothérapie est très employée dans les pays de l’Est comme la Russie et surtout la Géorgie. Elle a été tolérée et largement employée en Europe et aux Etats-Unis dans les années 1940, mais est interdite depuis l’utilisation massive des antibiotiques. Pas de statut de médicament, pas d’autorisation de mise sur le marché, pas de possibilité de breveter cette technique qui utilise le vivant, les obstacles législatifs sont nombreux. Pourtant face à l’augmentation de la

résistance aux antibiotiques et à l’absence d’autres traitements efficaces, les pouvoirs publics commencent à s’intéresser de près à la phagothérapie : dans un rapport officiel, le Centre d’analyse stratégique, une institution française d'expertise et d'aide à la décision dépendant des services du premier ministre, propose d’étudier l’intérêt thérapeutique de la phagothérapie. Une nouvelle voie vers une nouvelle médecine venue du passé.


Mais comment être certains que les virus les déciment à coup sûr ? En appliquant les grands principes de l’évolution darwinienne, les scientifiques ont cherché à donner aux phages un avantage de départ par rapport aux bactéries. Leur plan : faire évoluer les phages artificiellement et leur permettre de perfectionner leurs armes contre les bactéries. Leur cible : Pseudomonas aeruginosa, une bactérie responsable de 10% des infections nosocomiales. Résistante à de nombreux antibiotiques, elle peut être mortelle, notamment pour les patients atteints de mucoviscidose.

Booster les prédateurs naturels des bactéries

Comprendre ce mécanisme permet aux chercheurs de faire évoluer les phages en les projetant « dans le futur », leur procurant ainsi un avantage évolutif face à leur hôte, ce qui diminue le niveau de résistance des bactéries. C’est un des avantages de la phagothérapie face aux antibiotiques : « le potentiel évolutif naturel des phages permet l'adaptation quasi-perpétuelle aux résistances des bactéries. Au contraire les antibiotiques représentent un dead-end

évolutif : une fois que les bactéries sont devenues résistantes, il faut changer l'antibiotique ». Si la phagothérapie a fait ses preuves contre Pseudomonas aeruginosa, elle peut cibler bien d’autres maladies, chaque bactérie ayant des prédateurs naturels parmi les phages. Quand verra-t-on des « virus-médicaments » destinés aux malades ? « Pas tout de suite, reconnaît Oliver Kaltz. La commercialisation d’un médicament prend beaucoup de temps et de nombreuses études sont encore nécessaires. » En revanche les chercheurs sont déjà dans les starting blocks pour tester l'utilisation des phages comme désinfectant. « Les phages pourraient être utilisés notamment pour décontaminer les réseaux de distribution d’eau qui sont un vecteur de Pseudomonas aeruginosa en milieu hospitalier », explique Oliver Kaltz. Les chercheurs sont déjà en contact avec le Centre Scientifique et Technique du Bâtiment de Nantes pour explorer cette possibilité. 

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« Nous avons mis une souche de cette bactérie au contact de différents phages et ces derniers se multiplient rapidement », explique Oliver Kaltz. Mais pas n’importe lesquels : seuls les phages les mieux adaptés à leur hôte prospèrent. Problème : la bactérie évolue elle aussi

au contact des phages et améliore ses défenses. Pour gagner cette course à l’armement les chercheurs ont renouvelé cette même opération 6 fois de suite en utilisant à chaque fois la dernière génération de phages mise en contact avec la souche bactérienne de départ. Grâce à cette méthode de « passage sériel », les chercheurs ont obtenu des « super-virus », capable de décimer Pseudomonas aeruginosa. « Pour parvenir à ce résultat il est indispensable de comprendre le processus de coévolution entre phage et bactérie », souligne Oliver Kaltz.

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International

Université Montpellier 2 tisse des liens privilégiés avec l’Asie L'

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ECHERCHE, FORMATION, échanges, coopération, laboratoires internationaux : l’Université Montpellier 2 ne cesse de renforcer ses liens avec l’Asie du Sud-Est. L’Institut Confucius inauguré à la rentrée 2013 rapproche notamment l’UM2 et ses partenaires du site montpelliérain de l’Empire du milieu.

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« Les liens entre la France et l’Asie du Sud-Est sont d’abord historiques : des Indes françaises à l’Indochine, ce sont plusieurs siècles d’histoire qui nous lient à cette partie du monde ». Pour François Henn, Vice-président délégué aux relations internationales, cette histoire commune est le terreau originel des échanges fertiles établis aujourd’hui avec cette partie de l’Asie. « Aujourd’hui ces pays se développent économiquement très vite, les populations sont jeunes et les gouvernements investissent donc dans l’enseignement supérieur, un climat qui pousse à l’accentuation des coopérations universitaires ».

Christiane Prigul, co-directrice française du premier Institut Confucius de la région. Des échanges particulièrement dirigés vers la ville de Chengdu, jumelée avec la capitale languedocienne. L’Université des Sciences et Technologies de Chine à Chengdu (UESTC) a détaché deux professeurs et une directrice pour l’Institut Confucius de Montpellier. « Cet établissement est une porte ouverte vers la Chine, confie Ma Yan, la co-directrice chinoise de l’Institut. Il illustre la force et la vitalité des liens entre nos deux pays, renforce l’attractivité des formations préexistantes et accompagne les élèves vers des cursus internationaux ».

Un Institut Confucius pour favoriser les échanges avec la Chine

De nouveaux horizons pour les étudiants

Des coopérations que l’UM2 s’attache à développer et à renforcer. Ainsi pour solidifier ses liens avec la Chine, Montpellier accueille depuis la rentrée 2013 un Institut Confucius, mis en place par l’UM2 en collaboration avec l’UM1, la Ville de Montpellier et le Rectorat. « Cet institut a pour vocation d’assurer le rayonnement de la langue et de la culture chinoise et de favoriser les échanges et le développement de projets concrets entre Montpellier et la Chine », explique

Et les étudiants de l’UM2 ont déjà l’esprit tourné vers l’Empire du milieu. Ils sont plus de 70 à s’être inscrits aux cours de chinois dispensés sur le campus par les enseignants de l’Institut Confucius depuis le mois de février. « Je me suis inscrit par curiosité mais aussi parce je me dis que si je progresse ça peut représenter un atout sur mon CV par la suite », confie Loïc Ortole, étudiant ingénieur en informatique et gestion à Polytech. En mai, l’UM2 a accueilli une quinzaine


 Un cours de chinois avec les étudiants de Polytech © Institut Confucius

d’étudiants chinois de l’UESTC pour une semaine d’immersion et de découverte de la région. « Ils sont parrainés par les étudiants de l’UM2 qui suivent les cours de chinois pour favoriser les interactions », souligne Camylle Pernelle, chargée de la coopération internationale. Dans le même temps, 43 apprentis de Polytech ont eu la chance de partir en

Chine où ils ont été accueillis à l’UESTC. Après 16 heures de cours de « chinois de survie » avant leur départ, ils ont assisté sur place aux cours de sciences dispensés en anglais. Une véritable immersion pour ces apprentis hébergés sur le campus de Chengdu. « Ils ont également visité des entreprises et assisté à des événements culturels, explique Jane Govus, directrice déléguée aux relations inter-

nationales à Polytech. C’est l’occasion pour eux de découvrir une culture très différente de la leur ». Et peut-être aussi de développer de nouvelles opportunités professionnelles, « ça pourrait les aider par la suite à intégrer une multinationale implantée en Chine par exemple ». Et leur permettre d’écrire de nouvelles pages de cette histoire commune. 

UNE MOUSSON DE PROJETS EN COLLABORATION AVEC L’ASIE DU SUD-EST L’Université Montpellier 2 est engagée dans de nombreux projets de formation et de recherche avec l’ensemble de l’Asie du Sud-Est :  Elle porte le programme d’échanges Erasmus Mundus Panacea qui facilite la venue en Europe des étudiants, chercheurs et personnels administratifs de 7 pays d’Asie du Sud-Est : Thaïlande, Chine, Laos, Cambodge, Vietnam, Indonésie et Birmanie.  L’UM2 est fortement impliquée dans l’Université des Sciences et Technologies de Hanoï, au Vietnam, pour aider le pays

à créer une université et des laboratoires de recherche autonomes. L’UM2 est responsable de 2 masters et accueille des doctorants de l’USTH. C’est la seule université française à avoir mis en place, en étroite coopération avec l’IRD, un laboratoire mixte de recherche : le LMIRice, à la pointe de la recherche sur le riz.  L’Université accueille du 10 au 13 juin 2014 le colloque de l’ASAIHL, l'Association des institutions d'enseignement supérieur d'Asie du Sud-Est qui a pour mission de promouvoir l’enseignement supérieur

et favoriser le développement de ses institutions. L'UM2 attend près de 200 collègues asiatiques dont une cinquantaine de présidents et vice-présidents d’établissement d’enseignement supérieur.  Un nouveau colloque scientifique francothaï a été initié par l’UM2. Il se déroulera tous les 2 ans alternativement en France et en Thaïlande. L’édition 2014 organisée par l’Université de Prince of Songkla prévoit plusieurs symposiums sur les thématiques de l’environnement et de la santé. L’édition 2016 sera organisée à Montpellier.

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Formation

champ à l'assiette quelles solutions pour nos déchets ? L Du

ES ÉTUDIANTS du master « Sciences et procédés en alimentaire et environnement » sensibilisent le public sur l’importance du gaspillage et les solutions à mettre en œuvre en organisant un congrès qui réunit chercheurs et associations.

 Les étudiants du master SPAE © Aline Périault

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1,4 milliard d’hectares. C’est la surface de terres agricoles qui a servi à produire des denrées alimentaires directement passées à la poubelle sans même transiter par nos assiettes. Soit près d’1/3 des terres exploitées. Comment faire pour lutter contre ce gaspillage colossal qui représente environ 400 euros par an pour une famille de 4 personnes ? Les étudiants du master SPAE ont pris la question à bras le corps en organisant le congrès « Gaspillage maîtrisé, sous produits valorisés ».

« Ce séminaire est organisé dans le cadre de l’unité d’enseignement "Réseaux professionnel et congrès annuel" », explique

Stéphane Peyron, co-responsable du parcours de master. Objectif : organiser un colloque scientifique sur un thème d’actualité en relation avec l’agroalimentaire et l’environnement. « Organiser ce colloque permet aux étudiants de mettre en application les outils de gestion de projet appris en cours, mais aussi et surtout cela leur apprend les vertus du travail en équipe, leur montrant que si tout seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ».

Prendre conscience de la force du collectif Et s’agissant d’aller loin, les étudiants n’ont pas démérité : du choix du thème à la consécration du congrès, ils ont assuré toutes les étapes de travail. Pourquoi avoir choisi de parler de gaspillage alimentaire ? « C’est une préoccupation qui nous concerne tous, nous essayons vraiment de réfléchir à notre impact sur l’environnement », répond Jean Varale, président d’Envagrotech, l’association des étudiants du master SPAE. Un thème qui tombe bien en cette année européenne de lutte contre le gaspillage. Une fois le thème validé avec les enseignants, le plus dur reste à faire : les étudiants ont quelques mois à peine pour finaliser tous les aspects du projet. « On se répartit en


plusieurs groupes : communication, logistique, financement et recherche d’intervenants, chacun prend des responsabilités dans l’organisation », explique Marion Nobecourt. « Ce projet nous montre l’intérêt de travailler tous ensemble et de la jouer collectif, précise Pierre Boutonnet, personnellement c’est la meilleure chose que j’ai faite depuis de début de ma scolarité ». Un engagement et une dynamique de groupe qui leur a permis de monter un congrès regroupant des chercheurs spécialisés en valorisation des déchets alimentaires, mais qui a aussi donné la parole à d’autres représentants de la société civile et du monde associatif. « Ils ont ouvert leur thème au-delà des problématiques scientifiques et techniques pour en aborder également les aspects socio-économiques », se réjouit Stéphane Peyron. Les chercheurs venus présenter par exemple les écosystèmes microbiens pour valoriser et recycler les déchets ont partagé la tribune avec l’association France Nature Environnement venue évo-

quer les impacts environnementaux du gaspillage alimentaire, la Banque alimentaire de l’Hérault venue expliquer comment lutter contre le gaspillage en récupérant les invendus de la grande distribution au profit des personnes démunies ou encore l’association De mon assiette à votre planète qui se penche sur les méthodes à mettre en œuvre pour mieux manger et moins gaspiller en restauration collective.

cantines scolaires à ne se servir que ce qu’ils peuvent manger, donner des conseils pour mieux faire ses courses ou pour réutiliser les restes des repas ou encore inciter les grandes surfaces à donner les aliments dont la date de péremption approche aux banques alimentaires. « La banque alimentaire de l’Hérault a ainsi distribué 4 millions de repas en 2013 », précise Jean Varale.

« Cette diversité des intervenants m’a fait réaliser que la lutte contre le gaspillage était non seulement un défi scientifique mais aussi une question politique, explique Pierre Boutonnet. On s’aperçoit de l’importance de sensibiliser le grand public à la question du gaspillage alimentaire. »

Une expérience dont les étudiants se réjouissent unanimement : « non seulement nous avons appris à travailler ensemble, mais ce projet nous apporte aussi un gros bonus dans notre formation et un gros plus sur notre CV, désormais nous pouvons dire : nous avons géré un projet de A à Z en étant autonomes et polyvalents ». Un bonus sur le CV mais aussi une belle expérience personnelle : « ça m’a sensibilisé à la question du gaspillage dans ma vie quotidienne, en tant que citoyen », confie Pierre Boutonnet. Des étudiants qui ne gaspillent ni leur temps, ni leur énergie. 

Une expérience pédagogique, scientifique et citoyenne Pour limiter le gaspillage alimentaire, de nombreuses solutions simples se dessinent : apprendre aux enfants dans les

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Innovation

Un

drone pour sensibiliser aux

économies d’énergie

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L’UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2, les drones sont en action pour réaliser le diagnostic thermique des bâtiments et favoriser les économies d’énergie. Un projet unique en France qui pourrait bien essaimer sur les autres campus.

 Mathieu Héraud pilote le drone © Aline Périault

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C’est un drôle d’engin qui plane au-dessus du campus de l’Université Montpellier 2. Un petit bijou de technologie de 1,2 kilo bardé de capteurs qui vrombit doucement au-dessus de nos têtes. Sa mission : réaliser des images infrarouges des bâtiments du campus pour évaluer les déperditions de chaleur. Ce drone équipé d’une caméra infrarouge est utilisé par les étudiants pour réaliser le diagnostic thermique des bâtiments. Un projet unique en France né d’une étroite collaboration entre enseignantschercheurs, étudiants et anciens étudiants de l’UM2. Le drone est en effet entièrement conçu par la jeune start-up Cyléone créée en 2012 par deux anciens étudiants. « Nous assurons toute l’infrastructure technique du drone, du paramétrage du système de navigation au développement de la chaîne de propulsion en passant par la chaîne de transmission des données », explique Guillaume Boguszewski, co-fondateur de la start-up et ancien étudiant de l’Institut d’Électronique du Sud. Un développement qui a soulevé de véritables défis technologiques : il a notamment fallu concevoir et alléger au maximum la caméra embarquée pour optimiser l’autonomie du drone. Au total 2 ans auront été nécessaires pour développer cette technologie

innovante qui fonctionne aujourd’hui parfaitement.

Des défis technologiques relevés haut la main Pour accompagner le développement technique, le jeune entrepreneur accueille des étudiants de la Faculté des sciences, de l’Institut d’Administration des Entreprises et de Polytech Montpellier. Aux commandes du drone, on retrouve Mathieu Héraud, un des nombreux étudiants de Polytech impliqués dans l'aventure. « J’ai passé un brevet spécial pour pouvoir piloter le drone », souligne l’étudiant ingénieur en microélectronique et automatique. « Les drones doivent respecter de fortes contraintes légales, précise Guillaume Boguszewski, ils sont homologués par la Direction générale de l’aviation civile, c’est une procédure indispensable pour pouvoir voler ». Et pour étudier l’intérêt de cette technologie pour l’environnement, Cyléone compte sur Elisabeth Vas, en master 2 Sciences et technologies de l’information et de la communication pour l’écologie. « J’étudie entre autres l'utilisation du vol des drones pour le recensement de populations d’oiseaux ». Au total ce sont 15 étudiants de différentes filières de l’UM2 qui ont travaillé sur tous les aspects de ce projet.


 Un drone bardé de capteurs © Cyleone

Moins cher, plus efficace et plus écologique Cette technologique innovante a séduit Olivier Thaler, enseignant-chercheur responsable du master Ingénierie en écologie et en gestion de la biodiversité. « Ce drone équipé d’une caméra infrarouge, c’est la solution idéale pour établir le diagnostic thermique de grands bâtiments », souligne l’enseignant. Le drone représente une alternative moins chère, plus efficace et plus écologique aux méthodes habituelles que sont le camion à bras articulé ou l’hélicoptère. Avec ses étudiants des masters Énergie et Ingénierie en écologie et gestion de la biodiversité, il utilise le drone de Cyléone pour évaluer les déperditions de chaleur ou de froid des bâtiments du campus. Baptisé « Climat drone », ce projet innovant avait remporté en 2012 deux prix lors du challenge national Green Tic Campus organisé par la fondation Fondaterra.

Pour démontrer la faisabilité technique du procédé et évaluer sa plus-value par rapport aux technologies actuelles, les étudiants ont mis place une expérimentation sur le campus de l’Université Montpellier 2. « Nous avons réalisé le diagnostic thermique de différents bâtiments du campus pour comparer les déperditions d’énergie des bâtiments anciens ou rénovés », explique Charlotte Seuillerot, étudiante en master Énergie. Une expérience concluante : « nous avons montré que les bâtiments rénovés présentaient beaucoup moins de déperditions de chaleur », explique Jean-Christophe Jullians, également étudiant en master Énergie. En analysant les images fournies par le drone, les étudiants ont calculé que la rénovation de ces vieux bâtiments permet une économie d’énergie d’environ 20 %.

Réduire les gaz à effet de serre

buer à faire des économies d’énergies », souligne Damien Paquereau du master Énergie. « Ce projet est un excellent dispositif de sensibilisation sur la question des déperditions énergétiques, complète Olivier Thaler. En montrant que les bâtiments non rénovés perdent de la chaleur, on peut contribuer à la baisse des gaz à effet de serre, il y a un gros enjeu climatique ». Prochain objectif : communiquer auprès des autres universités pour leur proposer d’utiliser cette technologie sur leurs campus. « On peut même envisager au-delà de proposer cette solution à destination des établissements publics gestionnaires de patrimoine bâti dans les années 1960 et qui ont besoin d’être rénovés », s’enthousiasme Olivier Thaler. Les drones au service de l’environnement ont un bel avenir. 

« Notre objectif c’est d’encourager la rénovation des vieux bâtiments pour contri21 N°9 - 06.2014


Evènement

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qui dessinait les arbres

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OUR LA PREMIÈRE FOIS, le célèbre botaniste Francis Hallé expose ses dessins au grand public. Franchissez les portes de la bibliothèque universitaire et laissez-vous emporter au cœur du monde végétal par ces œuvres à la frontière entre la science et l’art. Des heures, des jours, une vie passée dans les forêts, sous les arbres ou dans les arbres, à observer les plantes et à les dessiner. Et pourtant au départ, Francis Hallé était plutôt attiré par les animaux. Jusqu’à ce jour où il découvre une petite plante en train de pousser dans un pot de terre laissé à l’abandon sur son balcon, en plein cœur de Paris. « Je l’ai regardée grandir, fleurir, puis mourir. L’année suivante j’ai découvert des petites plantes dans tous les pots autour : elle s’était reproduite, sans que personne ne s’en soit jamais occupé ». Une révélation pour l’étudiant d’alors : « j’ai compris que les plantes m’intéressaient infiniment plus que les animaux ». Le botaniste en herbe est fasciné par l’absence de repère humain dans ce monde végétal qui n’a « ni queue ni tête », une vie si incroyablement différente de nous et de toutes les espèces animales. Ce qui lui plaît justement, c’est que les plantes, ce n’est pas nous. Cette altérité nourrit une passion sans limite : Francis Hallé deviendra botaniste.

« Dessiner c’est voir et voir c’est savoir » Un botaniste mondialement reconnu pour ses travaux sur les forêts équatoriales, ancien enseignant à l’Université Montpellier 2, chercheur engagé contre la déforestation, auteur de nombreux livres, inspirateur et vedette du film « Il était une forêt » et l’un des inventeurs du fameux radeau des cimes, qui a ouvert un nouvel univers aux chercheurs en leur permettant d’explorer la canopée, cet étage supérieur de la forêt primaire équatoriale, sommet incontesté de la diversité biologique mondiale . Ses rencontres avec les arbres, les plantes, il les immortalise par le dessin. « C’est juste indispensable pour tous les botanistes, rien ne remplace le dessin que l’on peut faire d’une plante, c’est le seul moyen d’apprendre à mieux la connaître » souligne le botaniste. Une approche quasi-architecturale qui se réclame de Violletle-duc pour qui « dessiner, c’est voir et voir c’est savoir » ou d’Ingres qui déclarait « ce que je n’ai pas dessiné, je ne le connais pas ».

choisis et rassemblés avec l'aide d'Hélène Morzadec, organisatrice de l’exposition, offrent une promenade unique au cœur de cet univers végétal. Avec Francis Hallé comme guide, laissez-vous emporter à la découverte de cette altérité. 

Et les plantes, Francis Hallé les connaît. En témoignent ces centaines de carnets de terrain et tout autant de dessins accumulés au fil d’une carrière hors du commun. La série de dessins exposés à la bibliothèque universitaire de l’UM2,  Le Moabi  La rhubarbe © Francis Hallé

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Publications

Érosion de la biodiversité des poissons coralliens : la responsabilité de l’homme en question Une étude internationale, conduite par des chercheurs des laboratoires « Biocomplexité des écosystèmes coralliens de l’Indo-Pacifique » (IRD) et « Écologie des systèmes marins côtiers » (CNRS/IRD/ Universités Montpellier 1 et 2/Ifremer) révèle pour la première fois les effets des activités humaines sur la diversité des communautés de poissons coralliens du Pacifique Sud. Les scientifiques ont montré que la densité de population humaine avait un impact plus fort sur la diversité fonctionnelle et phylogénétique que sur la richesse en espèces. Au-delà de la perte d’espèces, l’homme réduit considérablement la diversité des fonctions assurées par les communautés de poissons ainsi que la richesse de leur histoire évolutive. …S. D’Agata, D. Mouillot, M. Kulbicki, S. Andrefouët, D. R. Bellwood, J. E. Cinner, P. F. Cowman, M. Kronen, S. Pinca, L. Vigliola. Human-Mediated Loss of Phylogenetic and Functional Diversity in Coral Reef Fishes, Current Biology, 2014.

Première détection d’un champ magnétique à la surface d’une étoile de type Mira Une équipe internationale d’astronomes, dont des chercheurs du LUPM (CNRS/Université Montpellier 2) a détecté pour la première fois un champ magnétique à la surface d'une étoile de type Mira, l'étoile  Cygni, dans la constellation du Cygne. Ces résultats, obtenus avec des observations réalisées au Pic du Midi, démontrent pour la première fois l’existence de champs magnétiques à la surface de ces étoiles géantes pulsantes et apportent un éclairage nouveau sur l'importante perte de masse que connaissent ces étoiles en fin de vie. … A. Lèbre, M. Aurière, N. Fabas, D. Gillet, F. Herpin, R. Konstantinova-Antova and P. Petit, Search for Surface Magnetic Fields in Mira Stars First Detection in  Cygni, Astronomy and Astrophysics, 01/2014

La plasticité du manteau terrestre enfin expliquée Des chercheurs français apportent une explication originale à la plasticité des roches du manteau en s'appuyant sur une équipe pluridisciplinaire composée de physiciens, géologues et mécaniciens du solide. Ces recherches démontrent que la description de l'espace intergranulaire des roches n’est pas seulement basée sur une approche structurale, descriptive, mais qu'elle entre dans le champ de la mécanique des solides. Des défauts cristallins à l'échelle atomique aussi appelés désinclinaisons ont été vus pour la première fois dans les « joints » de grains d'olivine grâce au microscope électronique à balayage équipé d'un système de mesure de l'orientation des cristaux de l'Université Montpellier 2. Inspirant une approche novatrice de la plasticité des roches, ces observations ont permis de modéliser le comportement de ces joints face à une contrainte mécanique. …Cordier P., Demouchy, S., Beausir B., Taupin V., Barou F., & Fressengeas C. (2014) Disclinations provide the missing mechanism for deforming olivine-rich rocks in the mantle. Nature, 03/2014.

Mondes marins : voyage insolite au cœur des océans Tout l’équilibre de notre planète repose sur les océans, qui recouvrent plus de 70 % de la surface de la Terre. Mais que sait-on vraiment de ce monde des profondeurs ? Si, en quelques années, les connaissances ont progressé, l’environnement marin et les interactions complexes qui régissent son fonctionnement restent mal connus. Évoquer les mondes marins, c’est aussi aborder la diversité des littoraux, qui abritent une multiplicité d’écosystèmes. C’est, enfin, raconter l’histoire de l’humanité, si intimement liée à celle des océans ; humanité qui se doit d’apprendre à les préserver et à en faire un usage raisonné. La recherche, située au carrefour de nombreuses questions écologiques, environnementales et sociales, se fait plus que jamais l’écho de ces enjeux. …Publié par le Cherche Midi, en partenariat avec le CNRS, ce livre grand public dévoile la richesse des océans à travers les sciences qui les explorent. Ouvrage collectif sous la direction de Bruno David, Catherine Ozouf-Costaz et Marc Troussellier, directeur du laboratoire Ecosym.

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@UMONTP2

Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE PLACE EUGÈNE BATAILLON - 34095 MONTPELLIER CEDEX 5 - FRANCE

www.univ-montp2.fr


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