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Le magazine universitaire au cœur de science
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Numéro 6 Juin 2013
Ces plantes qui dépolluent le sol
Des étudiants engagés dans l'humanitaire
Les robots au service de la chirurgie du futur
formation continue pour tous La
1 Université Montpellier 2 SCIENCES ET TECHNIQUES N°6 - 06.2013
MONTPELLIER | LANGUEDOC-ROUSSILLON | SUD DE FRANCE
Sommaire 4
Dossier
18
Ces étudiants qui viennent de (très) loin
La formation continue pour tous
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Au cœur du campus
19
À l’honneur à l’UM2
20
Innovation La lutte biologique en action
Serge Lallemand, Médaille d’argent CNRS 2013 Philippe Cury, Mange tes méduses ! Claude Merlet, Cristal du CNRS 2013 Wojciech Knap distingué en Pologne
22 14
Formation Inventer aujourd’hui les objets de demain
La recherche ouvre ses portes Des étudiants engagés dans l’humanitaire La chimie pour les tout petits Quand géologie rime avec poésie
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International
Événement Charles Flahault, grandeur nature
Vie des labos Ces plantes qui dépolluent le sol Les robots au service de la chirurgie du futur
23
UM2 N°6 - JUIN 2013
IMPRESSION Offset Deux Mille (France)
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION Michel Robert
UNIVERSITÉ MONTPELLIER 2 Sciences et Techniques Place Eugène Bataillon 34095 Montpellier CEDEX 5 Tél. +33 (0)4 67 14 30 30 communication@univ-montp2.fr www.univ-montp2.fr
RÉDACTRICE EN CHEF Aline Périault, aline.periault@univ-montp2.fr Tél. +33 (0)4 67 14 92 87 A COLLABORÉ À CE NUMÉRO Philippe Raymond CONCEPTION & MISE EN PAGE Olivier Piau, Agropolis Productions
Tirage : 2.500 ex. Dépôt légal : juin 2013 ISSN : 2259-874X Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses représentants est illicite (art. A du Code de la Propriété Intellectuelle).
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Publications
Photo à la une : Bibliothèque universitaire Sciences © L. Jennepin
Édito La formation professionnelle : une voie d’excellence et un outil de développement économique L’insertion professionnelle, la réussite et l’accès à l’enseignement supérieur pour tous en partenariat avec les entreprises sont parmi les préoccupations essentielles de l’Université Montpellier 2.
1, 2, 3... taguez ! Le QR code, vous connaissez ? Ce drôle de carré permet, à partir de votre téléphone, d'accéder directement à du contenu électronique (page Internet, vidéo, contenu multimédia...) sans avoir besoin de saisir l'adresse correspondante. Muni de votre téléphone équipé d’un appareil photo et d’une application (gratuite) de lecture (QR Reader en anglais), Qrafter (iPhone), Goggles (Android), QR Code Scanner Pro (Blackberry), Bing (Windows Phone), trois étapes suffisent : 1. lancer l'application, 2. photographier le Qrcode, 3. lire le contenu.
À ce titre, la formation professionnelle constitue une véritable voie d’excellence doublée d’un outil de développement économique. Formation par apprentissage et formation continue sont ainsi au cœur du dossier de ce numéro d’UM2, le magazine universitaire au cœur de science. La formation professionnelle concerne en effet tous les niveaux de diplômes de l’UM2 : DUT, licence générale ou professionnelle, master ou diplôme d’ingénieur. À l’échelle régionale de l’enseignement supérieur, cela représente, rien que pour l’apprentissage, plus de 65 diplômes dans tous les domaines (BTP, énergies renouvelables et environnement, commerce et gestion, informatique, etc.) pour environ 1 500 apprentis. La Région Languedoc-Roussillon apporte d’ailleurs un fort soutien aux apprentis, à leurs employeurs et aux établissements. Ce succès s’explique par de multiples raisons. Il est d’abord lié au taux de réussite de ces parcours, très supérieur à la moyenne. Les modes pédagogiques, permettant la préparation d’un diplôme tout en développant une expérience professionnelle, sont également à distinguer. Il faut aussi souligner leur rôle d’ascenseur social, offrant la possibilité à des personnes en difficultés financières d’accéder à l’enseignement supérieur en devenant des étudiants rémunérés. Enfin, les entreprises ont pleinement perçu l’enjeu de ces dispositifs qui leurs permettent de se tenir au plus près des évolutions des outils et méthodes tout en disposant d’un efficace moyen de recrutement. Fort de constat et riche de son expérience, l’UM2 poursuit le développement de ses formations professionnelles en partenariat avec les établissements du supérieur en région. Après la récente ouverture du portail de la formation continue ContinuUM (commun aux universités montpelliéraines), l’objectif à court terme est celui d’un regroupement à l’échelle régionale des Centres de Formations des Apprentis afin de promouvoir au mieux l’apprentissage à destination des jeunes et des entreprises.
Michel Robert, Président de l’Université Montpellier 2 - Sciences et Techniques
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Dossier
La
formation continue pour tous
Formation continue et apprentissage à l’UM2 expérimentent la fusion avant l’heure
A
FIN DE répondre à l’évolution du marché de l’emploi actuel, l’Université Montpellier 2 renforce et développe ses services de formation continue et par apprentissage, dispositifs indispensables d’aide à la sécurisation du parcours professionnel. Les différentes composantes de l’établissement proposent 230 diplômes de formation initiale, formations adossées à la recherche et professionnalisantes. Ces diplômes sont tous également accessibles en formation continue. L’UM2 propose aussi une offre spécifique de formations par apprentissage. On compte ainsi, parmi nos 16 200 étudiants, 560 stagiaires de formation continue et 600 apprentis du supérieur. La formation continue est un moyen efficace pour aider les salariés ou les demandeurs d’emploi à s’adapter et à réajuster leur parcours professionnel. Dans ce but, le CREUFOP (centre de formation continue de l’UM2) travaille au service des composantes pédagogiques avec les institutions, dont la Région Lan-
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guedoc-Roussillon, pour promouvoir, accompagner et organiser la formation continue. Le CREUFOP est un des rares services de formation continue universitaire à viser la certification ISO9001 en gestion du public et ingénierie de formation, reconnaissance de la qualité de son travail. Enfin, c’est un des membres fondateurs de ContinuUM, le regroupement des services formation continue des universités de Montpellier. Cette collaboration entre universités permet de présenter la totalité de l’offre de formation continue à travers un portail unique (www.continu-um.fr) et de réaliser des actions de communication communes. L’objectif de cette initiative : proposer un guichet unique à destination de tous les usagers de la formation continue ; une façon de fusionner avant l’heure ! Enfin, en collaboration avec la Région, le Centre de Formation des Apprentis (CFA) de l’UM2 joue un rôle moteur dans la politique de formation par apprentissage universitaire régional. Depuis 2009, le nombre de formations et d’apprentis a doublé. Aussi, afin d’accompagner
cette croissance, l’UM2 et les autres universités de la région travaillent à la construction d’un CFA Inter-Universitaire. Ce regroupement régional permettra une simplification des démarches et une meilleure visibilité de l’offre de formation en apprentissage. Grâce à ce large éventail de dispositifs de formation l’UM2 est donc capable de répondre efficacement aux besoins de qualification pour tous.
Emmanuel Vignal, Vice-président délégué à la professionnalisation
Reprendre ses études à tout âge
P
ARCE QU’IL n’y a pas d’âge pour reprendre ses études, le Centre régional universitaire de formation permanente (CREUFOP) permet à tout le monde d’accéder aux diplômes de l’Université Montpellier 2. Acquérir un diplôme, développer de nouvelles compétences, se reconvertir, se spécialiser, se perfectionner, c’est possible même après avoir passé l’âge habituel de fréquentation des bancs de l’université grâce à la formation continue. Ce dispositif qui a vu le jour au début des années 70 mobilise l’État, les conseils régionaux ainsi que les entreprises, les organismes de formation publics et privés, les organisations professionnelles, syndicales et familiales. Objectifs : favoriser l’insertion ou la réinsertion professionnelle des travailleurs, permettre leur maintien dans l’emploi, favoriser le développement de leurs compétences et l’accès aux différents niveaux de la qualification professionnelle et contribuer au développement économique et culturel. L’Université Montpellier 2 s’implique fortement dans ce dispositif grâce au Centre régional universitaire de formation permanente (CREUFOP). Son public ? Tout le monde, sauf les étudiants en formation initiale. « La formation continue s’adresse aux personnes en activité tout comme aux demandeurs d’emploi ayant exercé une activité professionnelle ou ayant interrompu leurs études et qui sou-
haitent les reprendre pour augmenter ou diversifier leur qualification », explique Céline Ritterszki, responsable du CREUFOP. Ce dernier ouvre l’offre de formation universitaire aux entreprises publiques et privées, aux salariés et demandeurs d’emploi et aux particuliers.
Partager les connaissances Que vous souhaitiez passer un master en biologie, une licence professionnelle en génie civil, un DUT en gestion des entreprises ou même un diplôme d’ingénieur, les possibilités sont nombreuses. « L’ensemble de l’offre de formation de l’Université Montpellier 2 est accessible en formation continue », souligne Céline Ritterszki. Du niveau Bac au Bac +5, toutes les formations proposées sont sanctionnées par un diplôme d’état ou des diplômes universitaires délivrés par les 7 composantes de l’UM2 : la Faculté des Sciences, l’Institut d’Administration des entreprises, les IUT de MontpellierSète, de Nîmes et de Béziers, l’IUFM et l’école d’ingénieur Polytech. « Grâce à la diversité des domaines d’activité de ces composantes, l’UM2 peut offrir ses compétences en formation continue dans de vastes secteurs de l’activité économique », précise la responsable du
CREUFOP. Et pour ceux qui n’ont pas le bac ? Pas de problème : le CREUFOP vous permet de passer le Diplôme d’Accès aux Etudes Universitaires option Sciences (DAEU B). Ce « bac de la deuxième chance » offre exactement les mêmes possibilités que le baccalauréat classique que ce soit pour entreprendre des études supérieures ou pour passer des concours niveau bac. Ce diplôme rattaché à la Faculté des sciences accueille chaque année près de 100 personnes. « Facteur d’insertion sociale et de changement professionnel, le DAEU constitue un véritable moyen de valorisation et de réassurance des personnes », précise Didier Lopez du CREUFOP. •••
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Dossier
Des dispositifs pour chacun Parce qu’il s’adresse à un public très divers, le CREUFOP propose ses conseils sur les nombreux dispositifs de formation possibles selon le statut de chacun. Pour les salariés : plan de formation entreprise, droit individuel à la formation (DIF), période de professionnalisation, congé individuel de formation (CIF), congé de bilan de compétence (CBC), congé de validation des acquis de l’expérience (CVAE), les dispositifs s’adressant aux personnes en activité sont nombreux. Pour les entreprises : elles peuvent bénéficier de formations courtes ou « surmesure » adaptées à leurs besoins par exemple sur des plateformes techniques.
Pour les demandeurs d’emploi : ils peuvent accéder soit à des actions professionnalisantes financées par la région soit au contrat de professionnalisation, un contrat de travail en alternance financé par l’entreprise et qui peut être exonéré de cotisations sociales par l’état. Pour les agents de la fonction publique : ils peuvent bénéficier d’actions de formation dans le cadre du plan de formation, à l’initiative de l’administration ou dans le cadre du congé de formation. Pour les non salariés : artisans, agriculteurs, travailleurs indépendants, commerçants et professions libérales peuvent également accéder à la formation. Ils participent à son financement par le versement d’une contribution à un organisme collecteur.
L’AQUACULTURE EN FORMATION CONTINUE Le CREUFOP propose deux formations innovantes, dispensées à la station méditerranéenne de l’environnement littoral à Sète, dans le domaine de l’aquaculture, un secteur en forte progression notamment dans les pays émergents. Pour répondre aux exigences d’un marché porteur, l’UM2 s'appuie sur la collaboration et l'expertise des organismes français de recherche et sur le partenariat d'un réseau professionnel transnational. Le CREUFOP propose 2 formations diplomantes pluridisciplinaires : une formation à la gestion technique en aquaculture et en aquariologie et un diplôme de chef de projet et d’exploitation en aquaculture et halieutique. Il développe également un pôle de compétences en aquaculture : l’Aqu@pole. ...www.creufop.univ-montp2.fr
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Pas toujours facile de s’y retrouver parmi tous ces dispositifs quand il s’agit de faire financer sa formation. Heureusement, le CREUFOP guide les candidats dans leur recherche de financement pour prendre en charge leur action de formation. « Notre équipe apporte son expertise dans sa connaissance des différents dispositifs permettant à un salarié du secteur privé, un salarié du secteur public ou un demandeur d’emploi de suivre une formation », précise Céline Ritterzski.
© L.
epin
Jenn
Témoignages Vincent Pourroy,
Christophe Latosti, 26 ans,
Thierry Brossette,
23 ans, a fait sa 5e année de Sciences et technologie des industries alimentaires à Polytech en contrat de professionnalisation.
a passé son DAEU B en 2009 et termine sa deuxième année de DUT de chimie en formation continue.
43 ans, a passé le master administration des entreprises en formation continue.
« Le fait d’être en contrat de professionnalisation au sein de l’entreprise Saint Louis Sucre pendant ma dernière année d’étude m’a permis de prendre des responsabilités que l’on n’aurait peut-être pas confiées à un stagiaire classique. Cette expérience, outre ses avantages financiers, m’a permis d’acquérir une expérience professionnelle d’un an très valorisable et de faire l’apprentissage concret des codes de l’entreprise. »
« Avec un CAP d’agent de sécurité et prévention j’ai d’abord travaillé dans l’armée de l’air. Quand j’en suis parti j’ai voulu reprendre des études et faire une licence de mathématique. Problème : je n’avais pas mon bac. Je me suis alors inscrit au DAEU avec le CREUFOP. J’ai trouvé l’équipe pédagogique très bonne et l’organisation très pratique avec notamment la possibilité de suivre des cours du soir. Mais surtout ça m’a permis de découvrir d’autre matières et j’ai finalement décidé de m’orienter vers un DUT de chimie que je vais terminer bientôt. L’année prochaine je vais intégrer Polytech directement en troisième année, toujours en formation continue. Je vais passer un diplôme d’ingénieur et j’aimerais travailler ensuite dans le domaine de l’aéronautique ou de l’aérospatial. La formation continue m’a offert une belle opportunité de reprendre mes études. »
« Je suis chercheur en chimie organique et pendant 10 ans j’ai été responsable de laboratoire de recherche chez Sanofi. Il y a quelques années suite à des réorganisations dans l’entreprise j’ai commencé à m’occuper de la gestion des ressources mais je n’étais pas très à l’aise avec les aspects ressources humaines, comptabilité, finances, etc, je me suis donc demandé comment acquérir ces nouvelles compétences. J’ai fait le master administration des entreprises en formation continue tout en restant en poste. Ce diplôme m’a permis d’assurer de nouvelles missions dans mon travail, notamment en me permettant d’acquérir la double compétence scientifique et gestion des ressources. La formation continue a boosté ma réorientation et cette évolution de carrière a également bénéficié à mon entreprise car je prends en charge de nouvelles missions sur lesquelles je suis plus à l’aise. » 7 N°6 - 06.2013
Au cœur du campus
La recherche ouvre ses portes
P
OUR MIEUX présenter les métiers de l’université à leurs élèves, les professeurs de collèges et lycées et les conseillers d’orientation se sont immergés dans les labos. C’est quoi au juste les métiers de la recherche ? Une question bien complexe pour les élèves de collège et lycée qui n’ont souvent qu’une idée très vague de ce qui se passe entre les murs des laboratoires… Pour leur permettre de se faire une idée plus précise de la diversité de ces métiers, l’Université Montpellier 2 participe à l’opération « Portes ouvertes
pour la recherche » organisée par les organismes de recherche en région et le rectorat.
cours, trois métiers unis autour d’un but commun : mieux comprendre les processus géodynamiques de notre planète.
Professeurs et conseillers d’orientation se transforment pendant 2 jours en stagiaires pour suivre des ateliers encadrés par des équipes scientifiques. Objectif : leur faire découvrir différents aspects du monde de la recherche : le labo, les différents métiers, la démarche scientifique, les sujets de recherche en région… Pour que de retour dans leurs établissements ils puissent restituer aux élèves la grande variété des carrières scientifiques et, pourquoi pas, susciter des vocations.
Et quand Cyprien Astoury présente ses activités aux profs du secondaire les questions fusent. « À quoi sert cette machine ? », interroge par exemple Laurent Portal, professeur de physique au lycée Mermoz. Pour l’enseignant ce rapprochement avec le monde de la recherche est très intéressant car « ça permet de montrer aux élèves qu’au-delà des outils pédagogiques il y a des vrais métiers ». « Ça nous permettra de leur parler en connaissance de cause des métiers qu’on peut leur présenter », renchérit son collègue Philippe Nahmias. Et de réduire le grand écart qu’il y a parfois entre l’image qu’ont les jeunes de la recherche et la réalité. Parce que travailler dans un laboratoire de recherche, ce n’est pas seulement faire 8 ans d’études pour devenir enseignant chercheur. Cyprien par exemple est arrivé à Géosciences après un BTS de mesures physiques.
Découvrir la diversité des métiers Parmi les ateliers proposés, le laboratoire Géosciences Montpellier a invité les profs à se pencher sur la datation en sciences de la Terre. Pour les accueillir, Cyprien Astoury, adjoint technique, Olivier Bruguier, ingénieur de recherche et Patrick Monié, directeur de recherche. Trois personnes, trois par-
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Les chemins qui mènent à la recherche sont nombreux, et cette opération portes ouvertes permet aux élèves d’en découvrir toute la diversité, par la voix de leurs conseillers d’orientation ou de leurs professeurs, apprentis-chercheurs d’un jour.
étudiants engagés dans l'humanitaire
Des
A
VEC L’ASSOCIATION Mexisol, les étudiants de Polytech mettent leurs connaissances en matière d’énergies renouvelables au service de l’humanitaire. Sensibiliser et initier aux énergies renouvelables les habitants des régions défavorisées, pour tenter de leur apporter un meilleur niveau de vie : c’est le projet d’un groupe d’étudiants de la filière énergies renouvelables de Polytech. « C’est la première formation d’ingénieurs en énergies renouvelables d’Europe, il nous a donc paru naturel de transmettre nos connaissances à ceux qui en ont aujourd’hui le besoin le plus urgent ». De cette volonté est née l’association MexiSol. Une poignée de garçons et de filles désireux de s’engager dans un projet humanitaire concret.
Partager les connaissances Cap sur l’Hidalgo, une région semi-désertique du Mexique. Les étudiants ont passé leur été 2012 dans une quinzaine de villages où ils ont installé des cuiseurs et des déshydrateurs solaires. « Notre but est de permettre aux villageois de
faire des économies de bois, une denrée très précieuse dans cette région », explique Christian Koessler. L’échange de connaissances avec les habitants permet aux ingénieurs en herbe d’élaborer des technologies adaptées à leur besoin. « Notre projet à été très bien accueilli au sein de la population des villages d'Orizabita et ses alentours. De nombreux liens se sont tissés au fur et à mesure avec les villageois et les responsables de chaque village ». Et les volontaires reprennent la route du Mexique cet été, « les habitants trouvent que les séchoirs solaires sont très utiles mais trop petits donc ils aimeraient des modèles plus grands, et ils sont aussi intéressés par des chauffeeau solaires », explique Maxime Sanders.
Pradesh, dans la ville de Bénarès, sur la rive gauche du Gange », explique Jean Arnoldi, responsable du projet Humani'Sol qui est devenue une association à part entière. L’école ne dispose pas aujourd’hui d’un accès permanent à l’électricité, ce qui limite les heures d’étude des enfants. « Avec notre installation, l’école disposera d’un éclairage continu mais aussi de suffisamment d’électricité pour faire fonctionner quelques postes informatiques, une petite cuisine, une ventilation adéquate… Nous formerons aussi le personnel à la maintenance des installations pour que l’école soit autonome après notre départ ». Une belle illustration de leur devise : « si tu donnes un poisson à un homme, il mangera un jour. Si tu lui apprends à pêcher, il mangera toujours ».
En route pour l’Inde Suite à cette belle expérience, les volontaires de MexiSol ont décidé de se lancer dans un nouveau projet. Une nouvelle aventure humanitaire et photovoltaïque baptisée Humani’Sol pour équiper en panneaux solaires une école pour enfants défavorisés en Inde. « L’école que nous allons aider se trouve dans l’état de l’Uttar
…http://assomexisol.blogspot.fr …http://humanisol.blogspot.fr
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Au cœur du campus
La
chimie pour les tout petits coule. « Ensuite nous avons refait la même expérience en mettant du sel dans l’eau ». Résultat : l’œuf ne coule plus au fond du bécher. « Ça leur permet de visualiser qu’une eau salée est plus dense qu’une eau douce », souligne la chimiste.
Sensibiliser les tout petits à la pollution de l’eau
L
ES CHIMISTES du laboratoire HydroSciences Montpellier sont allées à la rencontre des tout petits pour leur faire découvrir la chimie de l’eau à travers des ateliers ludiques et étonnants.
C’est quoi le cycle de l’eau ? Pourquoi la mer ne gèle pas ? C’est quoi le pH ? Pour répondre aux questions que les enfants peuvent se poser sur les mystères de l’eau, Sandra Van-Exter et Sophie Delpoux, chimistes au laboratoire HydroSciences Montpellier, ont amené leurs blouses blanches et leurs éprouvettes dans une classe de CE2 de l’école maternelle de Saint-Clément-de-Rivière. « C’est important de s’impliquer dans la 10 N°6 - 06.2013
vulgarisation auprès des plus jeunes », expliquent les chimistes. Première étape : le cycle de l’eau. « À 8 ans les enfants ont déjà une très bonne connaissance de ce phénomène », s’étonnent les chimistes. Précipitations, évaporation et condensation n’ont pas de secret pour eux. « Ils se sont déjà familiarisés avec ces notions en regardant la météo », précise Sandra Van-Exter. Plus compliqué : comprendre la densité. Comment permettre aux chimistes en herbe de visualiser cette notion ? « Nous leur avons fait mettre un œuf dans un récipient rempli d’eau », explique Sophie Delpoux. Le constat est unanime : l’œuf
Dernier défi : comprendre la notion de pH. « Pour cela nous avons réalisé des travaux pratiques avec du jus de chou rouge dans lesquels nous avons ajouté différents produits ». Les élèves ont ainsi pu constater qu’en rajoutant du citron, du vinaigre, du sel ou de la lessive le liquide change de couleur. « On leur explique ainsi ce qu’est l’acidité, la basicité et la neutralité. En voyant que l’eau change d’état selon ce qu’on y ajoute on les sensibilise notamment à la notion de pollution de l’eau », explique Sandra Van-Exter. Des ateliers qui ont ravi les tout petits. « Tout ça m’a beaucoup plu et j’espère qu’on refera des expériences chimiques », affirme le petit Antonin. À l’issue de cette journée mémorable, chaque élève s’est vu remettre un diplôme de petit chimiste à son nom. Une initiative pédagogique qui éveillera peutêtre des vocations…
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©P
géologie rime avec
L
E LABORATOIRE Géosciences expose les photos de ses chercheurs. Ce n’est pas de la science, c’est de la poésie.
Les paroles de Rimbaud accompagnent des formations rocheuses surprenantes, celles de Ronsard soulignent des paysages étonnants… En poussant les portes de la bibliothèque du laboratoire Géosciences, vous entrez dans la géopoésie. Toutes ces photos ont été prises sur le terrain par des scientifiques du laboratoire. « Quand ils partent en mission les géologues ramènent des photos qui ne présentent pas forcément un intérêt scientifique mais qu’ils ont quand même envie de partager », explique Anne Delplanque, chargée de la communication au laboratoire Géosciences. Pour faciliter
© E. Husson
Quand
poésie
ce partage, elle a mis en place avec sa collègue documentaliste Sylvie Raynaud une série d’expositions. Avec un thème différent chaque année : tribulations, art rock, désert, risque, chaos et aujourd’hui géopoésie. Un jury composé de membres du laboratoire fait une sélection parmi les photos proposées. Et les candidats à l’expo sont nombreux. « J’ai l’opportunité d’aller dans des endroits atypiques, j’ai envie de les partager avec les autres à travers ces expos », explique Théo Berthet, doctorant photographe qui a ramené du Bhoutan des clichés qui « témoignent d’un certain regard ».
organisons un vernissage qui est à chaque fois un succès, tout le labo se déplace pour l’occasion », se réjouissent les organisatrices. Pour l’expo Géopoésie, les scientifiques ont proposé un poème accompagnant les photos sélectionnées. La vingtaine d’œuvres géopoétiques nées de cette rencontre seront ensuite exposées à la Bibliothèque universitaire pour partager encore plus largement ces traces de leurs tribulations. Une belle occasion de découvrir par exemple le détroit de Gibraltar accompagné des mots de Baudelaire, « Comme un navire qui s’éveille au vent du matin, mon âme rêveuse appareille pour un ciel lointain…»
Cette initiative est également un projet fédérateur dans la vie du labo. « Nous
© S. Dominguez
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À l’honneur à l’UM2
Serge Lallemand, Médaille d'argent CNRS 2013
Philippe Cury, Mange tes méduses !
Attiré depuis l'adolescence par le monde sous-marin, Serge Lallemand a saisi le coche de l'exploration des fonds océaniques en s'engageant au début des années 80 dans une thèse sur la fosse du Japon.
Philippe Cury est directeur du laboratoire Écosystèmes marins exploités à Sète. Il est aussi l’auteur de « Une mer sans poissons » publié en 2008 et plus récemment de « Mange tes méduses ! Réconcilier les cycles de la vie et la flèche du temps », co-écrit avec Daniel Pauly et publié en avril 2013 aux éditions Odile Jacob.
L'opportunité s'est présentée lors du Tour du Monde du Jean Charcot (navire océanographique équipé d'un sondeur multifaisceaux révolutionnaire) suivi un an plus tard par les premières plongées du Nautile (submersible capable d'atteindre 6 000 m avec 3 hommes à bord). Depuis lors, Serge Lallemand n'a cessé d'explorer les fosses océaniques du Japon à la Nouvelle-Zélande en passant par les Philippines ou encore les Nouvelles-Hébrides. Ces fosses sont le lieu de la subduction, terme désignant l'enfoncement d'une plaque, souvent océanique, sous une autre plaque. Fasciné par les conséquences de la tectonique des plaques, il en a fait sa spécialité. Ses thèmes favoris sont la déformation des bordures de plaques convergentes, la subduction des volcans sous-marins, la dynamique des zones de subduction ou encore la genèse des méga-séismes comme celui du Japon en 2011. Son chantier fétiche depuis qu'il s'est installé à Montpellier est Taiwan, véritable laboratoire naturel où la dynamique terrestre semble s'être déchaînée.
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Deux des meilleurs spécialistes au monde des ressources naturelles démontent la mécanique infernale de la pression sur la nature exercée par l’homme, tout en proposant des solutions viables pour la planète. « Ce livre raconte une histoire simple dont le dernier acte se joue peut-être sous nos yeux : celle de la transformation de la nature. Pour les animaux et les plantes, la vie sur Terre et dans les océans est une question de reproduction suivant des cycles annuels qui ont émergé il y a des millions d’années. Or, depuis que l’homme moderne a émergé, nous sommes en expansion permanente, et nous exploitons, de manière effrénée, les ressources naturelles de la planète. Cette incompatibilité pourrait conduire à la destruction de la nature si nous ne mettons pas en place des modes d’action respectant les cycles naturels et rompant avec notre expansion aveugle. Si nous le faisons, nous aurons inventé la durabilité. Si nous ne le faisons pas, il nous faudra nous contenter de manger des méduses ! »
224 pp. ISBN : 9782738129123
Claude Merlet, Cristal du CNRS 2013
Wojciech Knap, distingué en Pologne
Ingénieur de Recherche à Géosciences Montpellier, Claude Merlet est le directeur du service « Microsonde Sud » de l’Université Montpellier 2, service qui regroupe les techniques de microanalyse par sonde électronique et ionique (SIMS).
Wojciech Knap, Directeur de Recherche CNRS au Laboratoire Charles Coulomb, a reçu le titre honorifique de Professeur de la part du Président de la République de Pologne, Bronislaw Komorowski, lors d’une cérémonie qui s’est déroulée au palais présidentiel le 14 février 2013.
Titulaire d’une thèse en physique du solide, Il intègre le CNRS en 1979 avec pour mission la mise en place de ce service. Cette plateforme analytique est dorénavant reconnue internationalement pour son savoir-faire, ses expertises et en particulier pour ses développements en microanalyse quantitative par sonde électronique. Au-delà des nombreuses publications et participations à titre d’invité à des congrès, les travaux de Claude Merlet ont été concrétisés par la mise au point de modèles et de logiciels associés utilisés par plus d'une centaine de laboratoires français et étrangers, certains de ces modèles font l’objet de contrats de valorisation industrielle.
Cette nomination de Professeur est une reconnaissance scientifique liée aux travaux de recherche menés par Wojciech Knap dans le domaine de la physique du solide. Cette distinction couronne également la construction d’une forte collaboration dans le domaine des sciences et technologies TeraHertz entre l’Académie des Sciences de Pologne et la France. Ce partenariat initié dans le cadre du Groupement de Recherche International « TeraHertz » donne actuellement lieu à un projet de création d’un Laboratoire International Associé (LIA).
Habilité à diriger des recherches en 1995, Claude Merlet assure également la direction de thèses dans des domaines aussi variés que l’instrumentation, l’expérimentation, la physique des interactions électrons-matière, ainsi que les applications de la microanalyse aux sciences de la terre, des matériaux et de l'environnement. Bronislaw Komorowski, Président de la République de Pologne et Wojciech Knap.
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Ces
plantes qui dépolluent le sol
D’
UNE TERRE polluée, elles font de l’or, ou presque. Ces plantes très spéciales extraient les métaux lourds contenus dans les sols et les stockent dans leurs feuilles, où il ne reste plus qu’à aller les récupérer pour les valoriser dans d’autres filières. Une prouesse réalisée par l’équipe de Claude Grison, chercheuse au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive.
Ce sont de véritables « folies végétales ». Elles se développent là où rien ne pousse et absorbent des métaux extrêmement toxiques. Ces plantes étonnantes permettent de dépolluer les sols tout en développant de nouvelles molécules pour l’industrie. Comment est né ce projet de chimie verte innovant ? « Tout a commencé en 2008 », raconte Claude Grison, chimiste au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CNRSUniversité Montpellier 2). Un groupe d’étudiants mène alors un exercice de travaux personnels encadrés pour le concours d’entrée aux grandes écoles sur le thème « Comment dépolluer par les plantes » et demande à la chercheuse d’être la marraine de leur projet. « Au départ le projet visait à dépolluer l’eau, mais nous avons ensuite décidé de nous pencher plus précisément sur la phytoextraction, c'est-à-dire l’utilisation de plantes pour dépolluer partiellement les sols », raconte-t-elle.
CHIMIE VERTE : UNE PLUIE DE RÉCOMPENSES L’intérêt écologique des travaux de Claude Grison (en photo) et de son équipe est largement reconnu par la communauté scientifique. En 2009, l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) leur a décerné le premier prix des « Techniques innovantes pour
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l’environnement » au salon Pollutec. En 2010, c’est le trophée « Eco-Action » organisé par les communes qui leur a été décerné. En 2011, Claude Grison a été lauréate du Prix La Recherche, mention environnement.
Elles vivent là où tout meure L’équipe se tourne alors vers SaintLaurent-le-Minier, petit village cévenol qui regorge de sols pollués par des années d’exploitation minière. « Des sols toxiques pour toute forme de vie : plantes, animaux, humains », précise Claude Grison. Des sols arides où rien ne pousse. Rien ? Pas tout à fait. Des chercheurs ont identifié sur place 3 espèces différentes de plantes qui sont capables de survivre là où tout trépasse. « Ce sont des plantes hyperaccumulatrices de métaux lourds, explique la chercheuse. Elles extraient par leurs racines les métaux contenus dans le sol et les accumulent dans leurs feuilles ». Les chercheurs vont s’intéresser plus particulièrement à 2 plantes : Noccaea caerulescens et Anthyllis vuneraria qui ont notamment la propriété d’accumuler le zinc dans leurs feuilles. Premier objectif : cultiver ces plantes. « Ce n’est pas du jardinage amélioré, précise Claude Grison,
Iberis intermedia.
Une nouvelle filière associant restauration écologique des sols et chimie verte
la maîtrise de cette culture a demandé beaucoup de travail. » Et beaucoup de précautions : les chercheurs doivent notamment limiter l’envol des poussières toxiques vers les habitations voisines. Les chercheurs secondés de leurs étudiants sont enfin parvenus à cultiver ces plantes sur les terrains pollués de la petite commune. Pari réussi ? Pas encore. Quand les plantes meurent, leurs feuilles retombent sur le sol et les métaux polluants retournent à la terre. « Il fallait trouver un débouché pour utiliser cette biomasse riche en métaux lourds », explique la chercheuse. Elle choisit alors de récolter les feuilles qui passent au lavage, au broyage et au chauffage pour en extraire le zinc avec succès.
Mais un écueil persiste : que faire de ce zinc ? « Il a fallu imaginer un procédé de recyclage valable à partir de cette ressource », explique Claude Grison. Justement, le zinc intervient dans de nombreuses réactions chimiques où il joue le rôle de catalyseur en augmentant l’efficacité des réactions. Il est notamment utilisé dans l’industrie chimique, cosmétique ou pharmaceutique. « Non seulement la forme de zinc que nous leur proposons est extrêmement efficace comme catalyseur, mais en plus les industriels vont bientôt faire face à une pénurie de zinc dont les mines seront épuisées d’ici une quinzaine d’année, nous leur proposons donc une alternative intéressante ». Cette fois le défi est brillamment relevé. Et les industriels en voient tout de suite l’intérêt : nombre d’entre eux collaborent
déjà avec l’équipe de Claude Grison. Le zinc fourni par ce procédé intervient dans la fabrication de médicaments contre l’asthme, l’hypertension, l’inflammation ou encore la prolifération des cellules cancéreuses. Les fabricants de cosmétiques sont aussi particulièrement sensibles à ce procédé qui leur permet d’apposer sur leurs produits un label « naturel ». « De notre côté nous avons d’ores et déjà déposé 7 brevets pour protéger nos résultats de recherche », se réjouit la chercheuse. Une victoire d’autant plus satisfaisante que le pari n’était pas gagné d’avance. « C’est la collaboration entre écologues et chimistes qui a permis d’obtenir ces résultats. Une équipe de 7 personnes travaille sur le projet à temps plein », souligne la chimiste. Une révolution verte qui dépasse aujourd’hui les frontières : l’équipe de Claude Grison met en place la phytoextraction en Nouvelle-Calédonie, au Gabon ou encore en Chine.
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a gestion ressources
Vie des labos
Les
G
robots au service de la chirurgie du futur
RÂCE à la robotique médicale, les chirurgiens proposent une médecine moins invasive et plus sûre. Les chercheurs du Laboratoire d’Informatique de Robotique et de Micro-électronique de Montpellier (LIRMM) œuvrent au développement de ces technologies innovantes.
Certains assistants des chirurgiens ne revêtent pas la blouse blanche de rigueur au bloc opératoire. Et pour cause : ce sont des robots. Loin de remplacer les hommes, ils travaillent avec eux main dans la main pour une chirurgie plus sûre. « La robotique médicale a fait son apparition en 1985 », explique Philippe Poignet, professeur au Laboratoire d’Informatique de Robotique et de Micro-électronique de Montpellier (LIRMM) à l’Université Montpellier 2. Trente ans plus tard, les robots médicaux sont largement présents aux côtés des chirurgiens. Le plus célèbre d’entre eux s’appelle Da Vinci et de nombreux hôpitaux dans le monde entier font appel à ses bras articulés pour différents types d’opération. Environ 2 500 robots Da Vinci sont en action dans le monde et une cinquantaine en France. Le patient est
Le robot Raven.
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confié au robot, qui reproduit très précisément tous les gestes du chirurgien posté aux manettes. « C’est une prolongation de ses mains », souligne Philippe Poignet.
Une chirurgie plus sûre Quels sont les avantages de ces robots assistants ? « Cette technologie permet de préciser et d’affiner les gestes chirurgicaux, explique le chercheur. Le robot permet notamment de filtrer les mouvements intempestifs, les petits tremblements de fatigue et autres petits à-coups inévitables même pour les meilleurs chirurgiens et de les atténuer. » En lissant les mouvements, les robots rendent le geste chirurgical plus sûr. Autre intérêt : une maniabilité extrême. Là où les instruments conventionnels sont limités dans leurs mouve-
ments, les bras articulés peuvent eux bouger dans tous les plans. « L’utilisation des robots permet également de pratiquer ce que l’on appelle une chirurgie "single port" : en réalisant une incision unique par laquelle on peut introduire tous les instruments, on diminue le nombre de cicatrices visibles, les douleurs postopératoires et on réduit le temps d’hospitalisation », précise le chercheur. De nombreuses opérations sont déjà réalisées sous assistance robotique notamment pour traiter les tumeurs de la prostate. Les robots permettent également d’intervenir sur les tumeurs de la thyroïde par voie axillaire, en faisant une incision sous le bras, ce qui évite une cicatrice disgracieuse à la base du cou.
Montpellier place forte de la robotique médicale Avec son équipe de robotique médicale au sein du groupe Dexter, Philippe Poignet travaille à concevoir, réaliser et commander des robots performants et robustes capables de gestes fins et rapides. Objectif : fournir de nouveaux instruments pour les interventions chirurgicales du futur. « Il reste encore de nombreux défis à relever pour la robotique médicale », précise le chercheur. L’un d’entre eux reste la miniaturisation. Avec ses grands bras et sa console de commande, le robot Da Vinci occupe un volume de plus de 2 m3. Autre défi sur lequel planche l’équipe Dexter : développer le retour d’effort. C'est-à-dire ? « Pour l’instant les robots ne peuvent pas restituer au chirurgien la
sensation tactile ou les interactions de ses instruments avec les tissus. Grâce au retour d’effort le chirurgien pourra mieux appréhender la texture des tissus ». Pour mettre au point ces innovations, les chercheurs du LIRMM travaillent en étroite collaboration avec les chirurgiens. « Il faut adapter la technologie aux besoins des chirurgiens, ce lien est capital ». Les industriels qui développent ces technologies sont également des partenaires incontournables. Tous les acteurs du secteur – chercheurs, médecins, industriels – se réuniront à Montpellier à l’occasion de l’école d’été en robotique chirurgicale qui va se dérouler du 4 au 11 septembre 2013. Si l’idée d’être opéré sous l’assistance de robots a longtemps suscité de la méfiance de la part des patients et des médecins, les choses ont nettement changé. « La confiance dans les robots se développe et de plus en plus de chirurgiens s’intéressent à ces technologies. » Là aussi les chercheurs jouent un rôle clé pour former les praticiens à l’utilisation des robots. La nouvelle Faculté de médecine de Montpellier accueillera d’ailleurs des chercheurs du LIRMM dans un espace de robotique flambant neuf destiné à favoriser le lien entre les praticiens hospitaliers et les industriels. Cet espace de 40 m² va accueillir un clone du célèbre robot Da Vinci. Baptisé Raven et conçu par l’Université de Washington, il permettra à la fois aux chirurgiens de se former et aux chercheurs de tester leurs innovations. « Avec une vingtaine de
robot commercialisés dans le monde et une dizaine d’entreprises en France, la robotique médicale est encore une discipline ultra-confidentielle qui en est à ses balbutiements, souligne Philippe Poignet, mais c’est un champ qui va s’ouvrir très rapidement ».
LABO D'EXCELLENCE
Le robot Sprint.
Un Laboratoire d’Excellence pour la robotique médicale Le LIRMM est partenaire du laboratoire d’excellence CAMI, Gestes médicauxchirurgicaux assistés par ordinateur. Doté de 7,5 millions d’euros, ce LabEx a pour vocation d'explorer de nouvelles approches pour les interventions médicales assistées par ordinateur. Dans chacune des villes impliquées (Montpellier, Paris, Grenoble, Strasbourg, Brest, Rennes) des « tandems » ingénierieclinique sont constitués. À Montpellier, le LIRMM travaille en étroite collaboration avec l’Université Montpellier 1 et le CHU.
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International
Ces étudiants qui viennent de (très) loin
I
LS VIENNENT d’au-delà des frontières de l’Europe. Grâce aux programmes Erasmus Mundus pilotés par l’UM2, de nombreux étudiants, doctorants ou enseignants ont vécu l’aventure d’un séjour de recherche à Montpellier, loin de leur pays d’origine. Trois d’entre eux témoignent.
De la Jordanie aux neiges de l’Aigoual Nour Helo, 26 ans, vient d’Irbid, 2 e ville de Jordanie, à 85 km au nord de la capitale Amman. Grâce au programme Josyleen, il suit en ce moment un doctorat en génétique humaine à l’UM2. « La France ? Pour moi, c’était surtout synonyme d’excellence de la recherche. C’est pour ça que je suis venu. Montpellier est une ville sympa, de taille moyenne comme Irbid, ma ville. Il y a des choses magnifiques ici : la Comédie, les maisons médiévales, des boutiques où l’on trouve tout. La beauté de la campagne, colorée et si verte ! » Certes il y a eu les débuts difficiles, les tracasseries administratives, le mal du pays. Une solitude de doctorant débordé de boulot. Avec en plus la barrière de la langue : « parler anglais, ça ne pose pas de problème au labo. Mais ça ne facilite pas les contacts amicaux ! ». Mais il y a eu aussi « les sorties organisées avec le programme Averroès : visiter la région et 18 N°6 - 06.2013
au-delà, Arles, le cirque de Mourèze, Barcelone… », et même une première, skier au Mont Aigoual. « La meilleure part du séjour » dit Nour avec un grand sourire.
Se former à d’autres méthodes de travail Wendy Yeo, 29 ans, vient de Malaisie. Elle poursuit son doctorat au sein de l’unité Cycle cellulaire, différenciation et métabolisme (UM2-CNRS). « J’ai entendu parler du programme Maheva alors que je faisais mes études à Kuala Lumpur. Je me suis dit : c’est une bonne chance de venir faire une partie de mon doctorat en France ! Un pays magnifique, dont on parle beaucoup chez nous ». Wendy se faisait une image idyllique de la France, vue de Malaisie. Déçue par la réalité ? Pas vraiment : « les collègues au labo sont adorables, et prennent vraiment du temps pour moi ». Bilan après un an sur le sol français ? Wendy est tombée littéralement amoureuse du tram montpelliérain. Mais surtout, « c’est un extraordinaire enrichissement personnel ! La possibilité de découvrir un nouvel univers, et professionnellement, celle de se former à d’autres méthodes de travail. Ça ouvre l’esprit. L’objectif maintenant est de retourner chez moi, décrocher un post-doctorat et faire bénéficier mon pays de mon expérience ».
Porte ouverte sur le monde Un an après son master décroché dans le cadre du programme Averroès, Ahmed Gaouar, 23 ans, revient à l’UM2 avec en poche une invitation du Laboratoire de Mécanique et Génie Civil… mais pas encore sa thèse, en cours d’écriture. Sujet de recherche ? « Étude dynamique des structures de tenségrité ». « Un domaine qui n’existe pas en Algérie, précise Ahmed : je veux apporter ce plus à mon pays, c’est une des raisons de ma venue en France. Je n’étais jamais sorti de ma ville, Tlemcen, et l’inconnu me faisait un peu peur, mais j’ai compris qu’il ne fallait pas que je passe à côté de ça ! ». Un an après son séjour, Ahmed sait pourquoi il a eu raison de tenter l’aventure : « qualité des cours, de l'encadrement, de la pédagogie, le niveau est très haut. Une expérience inoubliable, qui m’a permis d’acquérir beaucoup d’autonomie. Difficile au début de couper les liens avec ses proches, mais l’accueil de l’équipe Averroès a été très chaleureux. Mes amis les plus chers, je les ai rencontrés en France… Le programme Averroès ? Pour moi, ça a été une porte ouverte sur le monde ».
Formation
Inventer aujourd'hui les objets de demain
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RÂCE à un projet pédagogique innovant, les étudiants en master 2 mécanique de l’Université Montpellier 2 se lancent dans la simulation de création d’entreprise. Et si vous deviez inventer un objet ? C’est le défi lancé en début d’année aux étudiants en master 2 mécanique de l’UM2 : concevoir et fabriquer un nouveau produit tout en simulant la création de l’entreprise destinée à le commercialiser. « L’idée c’est de les mettre le plus possible en situation réelle : ils doivent démontrer la viabilité de leur projet », explique le responsable du projet, Thierry Laurent, enseignant au Laboratoire de Mécanique et de Génie Civil (LMGC). Étape numéro 1 : la recherche d’idée. Brainstorming et creusage de méninges en vue pour imaginer un objet utile et innovant. « La première contrainte est d’imaginer un concept qui n’existe pas encore », souligne l’enseignant. Deuxième étape : l’étude de marché. « Après ça les étudiants doivent établir un cahier des charges fonctionnel », précise Thierry Laurent.
des solutions, mais l’idée reste de laisser les étudiants le plus possible acteurs de toutes les phases de ce projet ». Ce qui les oblige à se frotter à des domaines qui vont au-delà de leur enseignement habituel en mécanique. Ils doivent notamment gérer la propriété intellectuelle de leur idée en finalisant l’écriture du brevet. Et élargir leurs compétences en mettant en œuvre la communication autour de leur produit. Design, site web, éléments graphiques… pour ces étudiants en science, c’est une belle incursion dans le marketing, qui leur permet au passage de tisser un réseau professionnel très utile.
Des innovations made in UM2 À terme, les jeunes vont présenter leur projet devant un jury composé de représentants du monde de l’entreprise : consultants en création d’entreprise ou en marketing, designers… « C’est l’aboutissement de leur projet et un moment fort pour eux qui s’investissent énormément tout au long de l’année dans ce qu’il qualifient
eux-mêmes de belle aventure humaine », se réjouit Thierry Laurent. Une pédagogie innovante plébiscitée par les étudiants et qui porte ses fruits. L’année précédente a vu naître 4 objets entièrement made in UM2 : un antivol pour casque de moto qui se fixe sur le bouchon du réservoir, une règle multifonction qui fait aussi équerre, compas et rapporteur, un enrouleur-dérouleur de cerf-volant et un accessoire pour skateboard pour lequel un industriel a déjà manifesté un réel intérêt. L’aventure pédagogique peut déboucher sur une commercialisation et elle est prise très au sérieux par les entrepreneurs en herbe. N’essayez pas de leur soutirer des infos sur leur innovation en cours, c’est top secret…
Le Tracer : règle - équerre compas - rapporteur.
Dernière étape, et non la moindre : développer les solutions technologiques et concevoir un prototype. « Nous les accompagnons pour les aider à trouver
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Innovation
La
lutte biologique en action
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RÂCE à une plateforme unique en France, l’Université Montpellier 2 donne une nouvelle dimension à la recherche sur la lutte biologique contre les ravageurs de culture.
Parasitisme de Hyposoter didymator sur une larve de Spodoptera frugiperda. M. Frayssinet / M. Jambart © Inra
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Comment diminuer l’utilisation de pesticides tout en préservant les récoltes ? Une réponse est la lutte biologique. Le principe est simple : mettre les ravageurs de culture hors d’état de nuire grâce à l’utilisation de leurs ennemis naturels. Les chercheurs du laboratoire « Diversité, Génome et Interactions Micro-organismes – Insectes » travaillent depuis des années sur les mécanismes d’interaction entre les ravageurs et leurs pathogènes : virus, bactéries ou même guêpes parasites. Des recherches délicates puisque les insectes ravageurs ne doivent surtout pas s’échapper des labos et se disséminer dans la nature où ils pourraient s’attaquer aux cultures. Pour pouvoir travailler en toute sécurité, les chercheurs ont désormais à leur disposition une toute nouvelle plateforme de 150 m² consacrée à leurs recherches. Son nom : PIQ, Plateforme pour Insectes de Quarantaine. Sa spécificité : un confinement total. Murs étanches, sas d’entrée, sur-chaussures et blouses obligatoires à l’entrée, air filtré et aspiré à l’intérieur, le tout agréé par la préfecture. « Il n’y a aucun moyen que l’insecte sorte », assure Magali Eychenne, responsable de la plateforme expérimentale. « Cette plateforme de confinement unique en France change notre échelle de travail », se réjouit-elle.
Une installation unique en France Le laboratoire disposait déjà de petites salles blanches pour ses recherches ainsi que d’un insectarium aux normes de sécurité en vigueur pour l’élevage des insectes à étudier. Les chercheurs du laboratoire s’intéressent en particulier aux noctuelles, une famille d’insectes plutôt inoffensifs sous leur forme papillon mais qui au stade chenille se délectent de toutes formes de culture. « Ces insectes de l’ordre des Lépidoptères sont les plus abondants et causent de très gros dégâts dans le monde entier », précise la chercheuse Anne Nathalie Volkoff. Le principal modèle d’étude est l’espèce Spodoptera frugiperda qui s’attaque aux cultures de maïs, de riz ou encore de soja sur le continent américain. « Pour l’instant on ne la trouve pas en France métropolitaine, explique Anne Nathalie Volkoff, il est donc primordial de la soumettre à un confinement strict pour éviter tout risque d’invasion ». Autres ravageurs sous le microscope des chercheurs : Spodoptera littoralis et Helicoverpa armigera. Ces chenilles, qui peuvent faire des incursions dans notre région, s’attaquent aussi bien aux tomates, aux poivrons, aux poischiches, aux blettes qu’au maïs.
Réduire les pesticides L’alternative proposée par les chercheurs, c’est l’utilisation de leurs ennemis naturels. « Au stade chenille ces insectes sont sensibles aux pathogènes, expliquent les chercheuses, nous essayons donc d’identifier leurs pathogènes naturels et de comprendre leur mode d’action pour
Financée par la Région LanguedocRoussillon, l’Université Montpellier 2 et l’Inra, la nouvelle plateforme de recherche accueille 40 personnes de l’unité et sera ouverte à des personnes extérieures à l’université qui auront besoin de travailler en milieu confiné sur ces espèces de ravageurs de quarantaine végétale. De haut en bas : Spodoptera frugiperda au stade larvaire, chrysalide et adulte.
B. Provost © Inra
Le plan Ecophyto 2018 lancé par le Ministère de l’Agriculture en 2008 suite au Grenelle de l’Environnement vise d’ailleurs à réduire l’utilisation de ces substances à court terme.
les exploiter à des fins de contrôle des populations des ravageurs ». La lutte biologique permettra-t-elle un jour de s’affranchir totalement des pesticides ? « Probablement pas, répond Anne Nathalie Volkoff, mais si on l’utilise dans le cadre d’une lutte intégrée on peut parvenir à une utilisation raisonnée de pesticides et compléter avec des agents de lutte biologique ». Ces recherches intéressent d’ailleurs les industriels, soucieux de proposer de nouvelles solutions aux agriculteurs.
B. Provost © Inra
Si les pesticides ont longtemps été utilisés comme arme principale contre ces insectes voraces, un effort est fait aujourd’hui pour trouver des alternatives écologiques. Les effets nocifs de ces produits phytosanitaires sur la santé et l’environnement ont en effet été largement démontrés.
B. Provost © Inra
Dégâts causés par la larve de Spodoptera frugiperda.
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Événement
Charles Flahault,
grandeur nature
A BIBLIOTHÈQUE universitaire de l’Université Montpellier 2 consacre une exposition exceptionnelle au célèbre botaniste Charles Flahault.
L
Charles Flahault enfant dans le jardin de sa mère », souligne Boris Bouscayrol. Banc de bois, album de famille, montage sonore et composition végétale, vous êtes bien dans son jardin.
Enseignant, voyageur, forestier, humaniste, il était tout ça à la fois. Né dans le Nord de la France en 1852, le botaniste Charles Flahault s’est illustré à Montpellier où il a créé le premier institut de botanique et s’est consacré au reboisement du Mont Aigoual. Pour entrer dans l’intimité de ce botaniste visionnaire, poussez la porte de la bibliothèque universitaire des sciences…
Dans la deuxième scène de l’exposition, nous entrons dans la salle de classe où il donnait ses cours. Paillasse, tableau noir, traces de craie… et cette présence, comme si Charles Flahault venait de quitter la pièce quelques minutes auparavant pour emmener ses étudiants en sortie sur le terrain.
Éveiller des vocations « Nous avons un fonds de 2000 images des collections Flahault qui n’avaient jamais été exposées », explique Boris Bouscayrol qui a participé à l’organisation de l’exposition. « Nous avons voulu les mettre en scène de façon ludique pour faire entrer les visiteurs dans son univers ». Dès les premiers pas, nous pénétrons dans le jardin d’enfance de Charles Flahault, là-même où est née sa passion pour la botanique. « Pour amener le visiteur à ressentir l’émerveillement qu’a connu
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Le troisième tableau nous immerge dans le laboratoire de ce précurseur de la botanique, partager sa recherche, ses voyages, son rôle majeur dans l’organisation de la botanique. Charles Flahault a été le premier à introduire l’écologie en France à la fin du 19e siècle. « C’est aussi le premier à avoir utilisé les techniques photographiques à des fins scientifiques. Un siècle avant Avatar, Charles Flahault faisait de la photo 3D », souligne Boris Bouscayrol.
Enfin la dernière scène de l’expo nous emmène sur les pentes du Mont Aigoual, terrain de travail du botaniste qui a notamment contribué à son reboisement avec Georges Fabre. « J’ai entrepris le pari fou de faire pousser des arbres où Dieu lui-même semble avoir échoué », disait Charles Flahault, qui y est parvenu. Petite-cousine de Charles et fondatrice de l’association « Présence de Charles Flahault », Marie-France Flahault se réjouit de la visibilité donnée au travail de son aïeul. « J’espère que les jeunes chercheurs vont s’emparer de ce fonds photographique et que cette exposition contribuera à leur redonner le goût de la botanique ». Près de 80 ans après sa mort, le botaniste visionnaire peut continuer à éveiller des vocations… L’exposition « Flahault, grandeur nature » est visible à la BU jusqu’au 19 juillet 2013. Le fonds photographique est consultable sur ...www.collections.univ-montp2.fr/ les-collections-de-lum2/ phototheque-flahault De gauche à droite : 1. Groupe d'herboristes dans un vallon près du col de Lacan (1904) © J. Lagarde 2. Iconographie protistes. Archives Fisher 3. Charles Flahault au Jardin des plantes de Montpellier.
Publications
Publications Quand le génome de la patate douce raconte l’histoire des premiers voyages vers les Amériques Les Européens ne seraient pas les premiers à avoir foulé le sol américain. Plusieurs siècles avant eux, des bateaux polynésiens auraient fait le voyage jusqu’aux côtes péruviennes et ramené avec eux le tubercule présent dans toute la zone Pacifique. C’est ce que confirme une vaste étude génétique menée avec des chercheurs du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive et publiée le 23 janvier dans Proceedings of the National Academy of Sciences. …Historical collections reveal Q:1 patterns of diffusion of sweet potato in Oceania obscured by modern plant movements and recombination, Caroline Roullier, Laure Benoit, Doyle B. McKey, Vincent Lebot. PNAS 23 janvier 2013
Le réchauffement climatique sera-t-il responsable d'une augmentation de la fréquence et de la sévérité des feux ? Adam Ali du centre de bio-archéologie et d’écologie et ses collaborateurs ont reconstruit l'histoire des incendies de la forêt boréale nord-américaine au cours des 7 000 dernières années, sur la base de la quantification de charbons de bois contenus dans les séquences sédimentaires de neuf lacs. Leurs résultats suggèrent que le réchauffement climatique pourrait conduire à l'élargissement de la période favorable à la survenue de feux. Jusqu’alors peu de modèles prédictifs avaient réussi à comprendre le rôle des changements climatiques sur l'ampleur des feux de forêts. …Control of the multimillennial wildfire size in boreal North America by spring climatic conditions Ali AA, Blarquez O, Girardin MP, Hély C, Tinquaut F, El Guellab A, Valsecchi V, Terrier A, Bremond L, Genries A,Gauthier S, Bergeron Y PNAS 23 Octobre 2012
L’expérience AMS mesure un excès d’antimatière dans l’espace La collaboration internationale du spectromètre magnétique Alpha AMS publie ses tout premiers résultats dans sa quête d’antimatière et de matière noire dans l’espace. À Montpellier, le LUPM a mis en œuvre le GPS spatial d’AMS et réalisé certains des logiciels permettant de différencier matière et antimatière. Les premières observations révèlent l’existence d’un excès d’antimatière d’origine inconnue dans le flux des rayons cosmiques. Ces résultats pourraient être la manifestation de l’annihilation de particules de matière noire telle qu’elle est décrite par certaines théories de supersymétrie, même si des analyses complémentaires seront nécessaires pour vérifier une telle origine révolutionnaire. …First Result from the Alpha Magnetic Spectrometer on the International Space Station: Precision Measurement of the Positron Fraction in Primary Cosmic Rays of 0.5-350 GeV, Physical Review Letters PRL 110, 141102 (2013)
Comment le thym s’adapte au changement climatique La diversité génétique au sein d’une même espèce augmente fortement les capacités d’adaptation. Des chercheurs du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de Montpellier (CEFE) ont montré que, grâce à ses six types chimiques, le thym des garrigues méditerranéennes s’est adapté au changement climatique en quelques dizaines d’années seulement. Et ce, sans modifier sa distribution géographique. …Evolution of a genetic polymorphism with climate change in a Mediterranean landscape, John Thompson, Anne Charpentier, Guillaume Bouguet, Faustine Charmasson, Stephanie Roset, Bruno Buatois, Philippe Vernet, Pierre-Henri Gouyon. PNAS 19 février 2013
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