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1.4 Planification et financement du développement en Guinée
La Guinée a adopté son premier Plan de développement à long terme en 2016 lors du lancement de son Plan national de développement économique et social (PNDES) pour la période 2016-202029. Celui-ci succède à la mise en œuvre de trois programmes successifs dans le cadre de la stratégie pour la réduction de la pauvreté. Le PNDES a été élaboré dans le contexte de la vision 2040 de la Guinée30 pour « une Guinée émergente et prospère, garantissant un niveau de vie et de bien-être élevé à sa population et aux générations futures ». Ce Plan définit les voies pour la réalisation à long terme et la transposition nationale du Programme 2030 pour le développement durable et de l'Agenda 2063 de l'Union africaine. Le PNDES comporte 4 piliers stratégiques clés, à savoir : (i) la promotion d'une bonne gouvernance au service du développement durable; (ii) la transformation économique durable et inclusive; (iii) le développement inclusif du capital humain; et (iv) la gestion durable du capital naturel.
Le plan national de développement a mis l'accent sur le développement inclusif du capital humain et la transformation économique durable, ces deux piliers devant représenter environ 87 % du coût total du Plan. Le PNDES se présente comme un accélérateur de la Vision minière africaine de l'Union africaine31 et identifie le secteur minier comme étant le principal catalyseur de la transformation structurelle de l'économie guinéenne. Il s'agit d'un moteur de développement local qui permet une meilleure intégration dans l'économie, la création d'emplois et de valeur ajoutée, et l'utilisation efficace des revenus miniers. Le document identifie les vecteurs du changement structurel en mettant l'accent sur : (i) la nécessité d'investissements catalyseurs dans les infrastructures du secteur minier et de sa bonne gouvernance; (ii) l'amélioration des gains de productivité dans le secteur agropastoral et de la pêche et; (iii) la diversification des agro-industries.
Lors de son adoption, le PNDES prévoyait un total de 13,5 milliards d'USD pour sa mise en œuvre, avec un coût annuel moyen estimé à 2,7 milliards d'USD, soit environ 150 % des dépenses publiques en 2017.32 Les besoins de financement supplémentaires du plan national de développement ont été estimés à environ 32 % de son coût total estimé, les 68 % restants devant être financés par le budget de l'État et les partenariats public-privé. La mobilisation des ressources nationales a donc constitué un obstacle majeur pour la Guinée et de nombreuses mesures politiques ont été prises pour améliorer la collecte, la gestion et la redistribution des recettes fiscales. Le lancement du PNDES a notamment été précédé par la révision du Code minier du pays en 2013, qui a notamment établi une redistribution transparente des revenus miniers entre le budget de l'État, les districts et un fonds national pour les investissements stratégiques de développement. Cette révision a été suivie par le lancement d'instruments de financement clés, tels que le Fonds national de développement local (FNDL) en 2016, et l'Agence nationale des collectivités locales (ANAFIC) en 2017. Tous deux ont été créés pour soutenir le développement local et la décentralisation. Cependant, l'amélioration de la collecte des recettes minières constitue toujours un gros problème, car celles estimées pour 2020 n'atteignaient que 1,6 % du PIB et ont atteint leur point le plus bas en tant que part de la production et de la valeur ajoutée sectorielle — respectivement 6 % et 7 % — depuis les années 1990.
29 Plan National de développement économique et social 2016-2020, Ministère du plan et de la coopération International (MPCI),
République de Guinée. 30 Vision 2040 pour une Guinée émergente et prospère, Ministère du plan et de la coopération International (MPCI), République de Guinée. 31 La Vision minière africaine (VMA) est un cadre politique créé par l'Union africaine en 2009 pour faire en sorte que l'Afrique utilise ses ressources minérales de manière stratégique pour un développement global et inclusif. 32 Document de programmation Budgétaire pluriannuelle, Ministère du Budget, République de Guinée https://www.mbudget.gov.gn/ wp-content/uploads/2018/10/Document-de-programmation-budg%C3%A9taire-pluriannuelle-2019-2021.pdf.
FIGURE 1 : Décaissement APD total 2010-19
US$ millions 900 800 700
600 500 400 Agences multilatérales Pays bilatéraux Donateurs o ciels, total
300 200 100
0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Source : Query Wizard for International Development Statistics, OCDE, août 2021
FIGURE 2 : Décaissement de l'APD par type d'aide 2010-19
100 % 90 % 80 % 70 %
60 % 50 % 40 %
30 % 20 % 10 %
0 %
2010 Interventions de type projet Appui budgétaire direct Allègement de la dette Autre
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019
Source : Query Wizard for International Development Statistics, OCDE, août 2021
En ce qui concerne les sources externes, les tendances des flux de l'Aide Publique au Developpement (APD) en Guinée soulignent une augmentation globale au cours des dix dernières années. Le volume de l'APD a presque triplé entre 2010 et 2019 et a atteint 600 millions USD en 2019, dernière année pour laquelle l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) rapporte des données sur l'APD33. Cette tendance générale a été soutenue par une augmentation des décaissements de l'APD par les pays parties à des accords bilatéraux, notamment grâce à l'allègement de la dette entre 2012 et 2013 et à une augmentation progressive de la modalité d'appui budgétaire direct pour le décaissement de l'APD. 80 % des décaissements de l'APD des pays parties à des accords bilatéraux entre 2010-2019 proviennent de 4 bailleurs : la France (33 %), les États-Unis (29 %), le Japon (13 %), et l'Allemagne (6 %).
33 Toutes les données relatives à l'APD ont été extraites de l'assistant de recherche de l'OCDE pour les statistiques du développement international, août 2021.