Analyse de la pauvreté multidimensionnelle des enfants et des femmes (2008)

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République du Congo La pauvreté multidimensionnelle des enfants et des femmes

République du Congo

Ministère du Plan et de l’Aménagement du Territoire



La pauvreté multidimensionnelle des enfants et des femmes en République du Congo Rapport final 4 Avril 2008

Geranda NOTTEN g.notten@governance.unimaas.nl Maastricht Graduate School of Governance Maastricht University Bethuel MAKOSSO b.makosso@yahoo.fr Université Marien Ngouabi Brazzaville Alain MPOUE mpouebel@yahoo.fr Ministère du Plan et de l’ Aménagement du Territoire Brazzaville


Tableau des matières

Preface

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Résumé analytique

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1 Introduction 1.1 Eléments de contexte de l’étude 1.1.1 Situation économique 1.1.2 Emploi 1.1.3 Education 1.1.4 Santé, nutrition et VIH/SIDA 1.1.5 Habitat 1.1.6 Eau et assainissement 1.1.7 Protection sociale et intégration sociale

15 15 16 16 17 17 18 18 19

2 Objectifs de l’étude et problématique 2.1 Cadre conceptuel et méthodologique de l’étude 2.1.1 Cadre conceptuel 2.2 Cadre méthodologique 2.2.1 Choix méthodologique 2.2.2 Résultats attendus 2.2.3 Sources des données

21 22 22 23 23 24 24

3 Analyse de la pauvreté multidimensionnelle au Congo 3.1 Définition d’un indicateur de pauvreté 3.2 Sélection des variables pour les indicateurs de pauvreté par domaine 3.2.1 Les indicateurs de pauvreté par domaine A. Dimension monétaire B. Dimension éducation C. Dimension nutrition D. Dimension santé E. Dimension travail F. Dimension eau et assainissement G. Dimension habitat H. Dimension intégration/enclavement

27 27 27 29 29 29 30 30 30 30 33 34

4 4.1 4.2 4.3 4.4 4.5 4.6 4.7 4.8 4.9

41 42 42 43 43 43 43 43 44 44

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Analyse de l’incidence de la pauvreté dans chaque domaine La pauvreté dans le domaine monétaire La pauvreté dans le domaine de l’éducation La pauvreté dans le domaine nutritionnel La pauvreté dans le domaine de la santé La pauvreté dans le domaine de l’habitat La pauvreté dans le domaine de l’eau et assainissement La pauvreté dans le domaine du travail La pauvreté en matière d’intégration/enclavement Comparaison des profils de pauvreté entre les différentes dimensions


5 Analyse de multiples privations 5.1 Groupe 1 : Privation monétaire (A) et éducation (B) enfants âge de 6 à 17 5.2 Groupe 2 : Privation d’eau et assainissement (F) et habitation (G) 5.3 Groupe 3 : Privation dans la dimension santé (D) et autres dimensions

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6 Profil et analyse des problèmes 6.1 Groupe 1 : Privation monétaire (A) et éducation (B)enfants âge de 6 à 17 6.1.1 Profil 6.1.2 Analyse de problèmes 6.1.3 Enfants et travail 6.2 Groupe 2 : Privation d’eau et assainissement (F) et habitation (G) 6.2.1 Profil 6.2.2 Analyse de problèmes 6.3 Groupe 3 : Privation dans la dimension santé (D) 6.3.1 Profil 6.3.2 Analyse de problèmes 6.3.3 Imbrications de privation de santé (D) avec autres dimensions

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7 Possibles réponses politiques 7.1 La privation monétaire et éducation des enfants âgés de 6 à 17 ans (groupe 1) 7.1.1 Demande des services d’éducation 7.1.2 L’offre des services d’éducation 7.2 La privation dans l’eau et assainissement et habitation (groupe 2) 7.2.1 Eau et assainissement 7.2.2 Habitat 7.3 La privation de santé par groupes d’âge et sexe (groupe 3) 7.3.1 Demande des services de santé 7.3.2 Offerte des services de santé

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Conclusions

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Références bibliographiques

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56 60 60

63 63 65 69 71 71 73 79 79 81 84

89 90 90 91 92 92 92 93 93

10 Annexe: Analyse des Correspondances Multiples

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11 Annexe: La Classification Ascendante Hiérarchique

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12 Annexe: Sélection des groupes

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Préface Etre pauvre signifie certes manquer de revenus suffisants pour satisfaire ses besoins de base, mais pas uniquement. La pauvreté peut être définie également par la privation des droits fondamentaux à la santé, à l’éducation, au développement et à la protection. Beaucoup a été écrit sur les dimensions monétaires de la pauvreté au Congo, entre autres dans une excellente étude de la Banque Mondiale. La présente étude prétend compléter ces travaux par une analyse multidimensionnelle, non monétaire, de la pauvreté, en particulier de l’accès aux services sociaux de base par les enfants et les femmes. Cette approche permet d’évaluer le risque relatif de pauvreté des enfants et des femmes. Jusqu’à un passé récent, les planificateurs nationaux accordaient la priorité aux questions économiques au détriment des questions sociales. L’intégration récente de la protection sociale dans le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) représente donc une opportunité majeure pour attirer l’attention sur les catégories les plus vulnérables et de lutter contre les inégalités sociales. Aussi cette étude prétend contribuer aux efforts de plaidoyer pour la gestion des risques sociaux et pour la formulation des politiques sociales, et ce sur la base de connaissances et d’observations factuelles. L’étude met en évidence une réalité largement méconnue à ce jour : l’ampleur de la pauvreté des enfants vivant sous le seuil de la pauvreté est de 54% contre 47% pour les adultes. Par ailleurs, elle conclut que les enfants et les femmes ont un risque de pauvreté plus élevé que les hommes. Cette étude prétend contribuer à dégager des orientations politiques et stratégiques qui visent spécifiquement la réduction de la pauvreté de l’enfant sous sa forme multidimensionnelle. Ces politiques feront, dans une deuxième phase, l’objet d’exercices de simulation d’impact sur les conditions de vie des plus vulnérables. Je voudrais d’emblée souligner ici la méthodologie innovante qui a été utilisée pour l’élaboration de cette étude. Réalisée en partenariat avec l’Université de Maastricht, l’Université Marien Ngouabi et le Centre National de la Statistique et des Etudes Economiques, sur base des données de l’ECOM 2005. Je tiens à féliciter l’équipe des chercheurs et tous ceux qui ont contribué à cette étude et qui ont permis d’en incorporer les conclusions dans le DSRP. Je voudrais particulièrement féliciter Mr JB Ondaye, directeur général du plan, pour son leadership et son appui constant. L’UNICEF est heureux et fier d’avoir appuyé cet exercice afin d’aider les partenaires nationaux à se fixer des objectifs ambitieux dans la définition et la mise en œuvre d’une politique de protection sociale visant à réduire la vulnérabilité et la pauvreté des enfants et des femmes en République du Congo.

Koen Vanormelingen Représentant de l’UNICEF

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RĂŠsumĂŠ analytique La pauvretĂŠ au Congo a dĂŠjĂ fait l’objet de quelques ĂŠtudes qui ont tentĂŠ de montrer, singulièrement Ă partir du revenu monĂŠtaire ou de la consommation des mĂŠnages, l’incidence du phĂŠnomène et mĂŞme son proďŹ l. L’enquĂŞte congolaise auprès des mĂŠnages (ECOM-2005), qui a rĂŠpondu Ă la nĂŠcessitĂŠ de connaĂŽtre l’ampleur du phĂŠnomène de la pauvretĂŠ, fournit les ĂŠlĂŠments d’apprĂŠciation et de formulation des politiques dans le cadre de l’Êlaboration du DSRP. Toutefois, la non prise en compte des dimensions autres que monĂŠtaire dans les premières analyses des donnĂŠes de l’ECOM2005 nĂŠcessitait que soit afďŹ ner l’analyse des donnĂŠes de l’ECOM 2005 et donc d’approfondir la comprĂŠhension du phĂŠnomène de la pauvretĂŠ sous un angle multidimensionnel. En effet, la complexitĂŠ du phĂŠnomène de la pauvretĂŠ, qui renvoie aussi Ă des considĂŠrations d’Êthique, nĂŠcessite une approche qui soit Ă mĂŞme d’aider Ă apprĂŠcier la situation des individus dans diverses dimensions du bien ĂŞtre. C’est dans cette perspective que l’approche des besoins de base, fondĂŠe sur une conception du pauvre en tant qu’individu privĂŠ d’un minimum de commoditĂŠs de base jugĂŠes prĂŠalables Ă l’atteinte d’une certaine qualitĂŠ de vie, et qui rĂŠpond Ă la nĂŠcessitĂŠ de reconnaĂŽtre que la pauvretĂŠ revĂŞt un caractère multidimensionnel, a ĂŠtĂŠ privilĂŠgiĂŠe dans cette ĂŠtude. Elle a consistĂŠ, sous la contrainte de la disponibilitĂŠ des informations dans la base des donnĂŠes ECOM- 2005, Ă apprĂŠcier la situation individuelle ou du mĂŠnage, en terme de privation, dans huit dimensions du bien-ĂŞtre Ă savoir les dimensions monĂŠtaire, ĂŠducation, nutrition, santĂŠ, travail, eau et assainissement, habitation et la dimension enclavement (isolation). Un autre objectif de cette ĂŠtude est de mener une investiguer sur les diffĂŠrences de pauvretĂŠ multidimensionnel entre les groupes de population principaux : enfants, femmes adultes et hommes adultes. Au niveau de chaque dimension, des variables ou indicateur de pauvretĂŠ ont ĂŠtĂŠ dĂŠďŹ nis dans le cadre d’un processus participatif ayant abouti Ă la sĂŠlection des indicateurs rĂŠpondant Ă la fois : 1. Aux critères de la sociĂŠtĂŠ congolaise ou tout au moins aux normes ĂŠdictĂŠes par le processus de collecte des donnĂŠes dans l’enquĂŞte congolaise auprès des mĂŠnages (ECOM 2005) dont les dĂŠďŹ nitions des principaux indicateurs de bien-ĂŞtre proposĂŠes ont, d’une certaine manière, servi de base ; 2. A certaines normes d’opĂŠrationnalitĂŠ Ă savoir que : s , INDICATEUR DOIT Ă?TRE JUGĂ? BON SINON UN BON PROXY POUR LA DIMENSION s , INDICATEUR DOIT POUVOIR CONTENIR L INFORMATION PERTINENTE SUR L OFFRE OU L ACCĂ’S AU SERVICE (quantitĂŠ/qualitĂŠ); s , INDICATEUR CHOISI DOIT GARANTIR QU IL MINIMISE L INmUENCE D AUTRES FACTEURS CORRĂ?LĂ?S AVEC l’offre de service (culture, caractĂŠristiques individuelles etc.); s , INDICATEUR DOIT POUVOIR Ă?TRE APPLIQUĂ? SUR UNE GRANDE PARTIE DE L Ă?CHANTILLON La forte prĂŠvalence de pauvretĂŠ dans chaque dimension du bien-ĂŞtre a permis de relever que, gĂŠnĂŠralement en RĂŠpublique du Congo, le phĂŠnomène de la pauvretĂŠ est omniprĂŠsent et, en plus, ce sont les enfants et les femmes qui ont un risque de pauvretĂŠ ĂŠlevĂŠe par rapport aux hommes dans la plupart des dimensions. Dans la dimension monĂŠtaire, plus de la moitiĂŠ des congolais sont pauvre (51%) et les enfants reprĂŠsentent la frange de la population qui est la plus privĂŠe (54%). L’Êducation reste un domaine pour lequel nombre de congolais sont privĂŠs : 37% de congolais sont concernĂŠs, dont 52% d’enfants, 36% de femmes adultes et 21% d’hommes adultes. La privation des enfants s’est basĂŠe sur la frĂŠquentation scolaire de l’enfant (oui/non) ou bien son progrès Ă l’Êcole par rapport Ă son âge. La privation des adultes est dĂŠterminĂŠe sur la base du niveau d’Êducation achevĂŠe (CM1).

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Dans la dimension nutrition, 42% des congolais sont pauvres. Cette privation touche indistinctement les enfants, les femmes et les hommes adultes. La privation en nutrition a été appréhendée par le fait pour un ménage de connaître souvent ou toujours des problèmes alimentaires dans l’an passé. En matière de santé, l’estimation de l’incidence de pauvreté révèle une situation peu favorable car 45% de la population sont privés dans le sens qu’ils ont été malade mais n’ont pas utilisé un service de santé (soit hôpital, docteur, pharmacie). Dans le domaine du travail, le niveau de privation global est estimé à 21 % et traduit une situation de crise profonde sur le marché du travail. Cette crise est plus accentuée chez les femmes (28%) que chez les hommes (25%). Le taux de privation dans ce domaine chez les enfants est d’un niveau relativement peu élevé (6%) que chez les adultes. Pour les adultes, le chômage et le sous-emploi constituaient la raison d’être privés en travail et pour les enfants d’avoir un travail rémunéré. La pauvreté dans les domaines de l’eau et l’assainissement, qui sont des domaines prioritaires, touche 68% de la population. Il faut relever que cette dimension est celle qui présente le taux de pauvreté le plus élevé des huit dimensions et est caractérisée par un manque d’accès aux services de base comme l’eau potable, voiries et évacuation des ordures ménagères. La pauvreté dans le domaine de l’habitat touche la majorité de la population congolaise. En effet, elle touche en moyenne 58% de la population. La pauvreté dans l’habitat est caractérisée par l’utilisation des matériaux de construction peu solide et un manque d’accès à l’électricité. Dans le domaine de l’enclavement, les résultats de l‘étude montrent aussi qu’une bonne partie de la population en est privée (32% en moyenne), cet-a-dire ce groupe n’aucun moyen de transport ou communication et n’a pas un accès facile au transport publique. L’analyse du profil de pauvreté dans chaque dimension et la comparaison de ce profil dans toutes les dimensions révèle que le milieu rural et le milieu semi rural sont associés à un risque élevé de privation dans plusieurs dimensions. Les autres groupes qui ont un risque élevé de privation (ici nous retenons les caractéristiques qui sont dans au moins 4 dimensions disproportionnellement plus souvent privées) : les ménages avec un seul parent (6), les familles élargies (4), les ménages dirigés par une femme (4) et les ménages avec une personne âgée comme chef (5). Il est apparu par ailleurs que les ménages avec à la tête un homme et ceux dont le chef est âgé de 35 à 45 ans et de 46 à 55 ans, quelle que soit la dimension, ne présentent pas un taux de privation supérieur à la moyenne. L’étude montre aussi une hétérogénéité des situations entre les dimensions et les caractéristiques des individus ou des ménages. En effet, les caractéristiques qui sont pour certaines dimensions associées à un risque élevé de privation ont une moyenne ou une sous moyenne de risque dans d’autres dimensions. Par exemple, les ménages avec un seul parent et les ménages avec un chef de ménage âgé de plus de 55 ans ont un risque de privation élevé pour 6 ou 5 dimensions. Mais les ménages avec un seul parent ont une probabilité plus forte d’être pauvre en santé, eau et assainissement et habitation et, à l’opposé, les individus vivant dans les ménages avec un chef de ménage âgé plus de 55 ans sont plus exposés à être pauvre en terme monétaire et travail. Tout ceci montre qu’un groupe spécifique peut avoir des problèmes spécifiques, ce qui renforce l’opportunité d’analyser la pauvreté suivant une approche multidimensionnelle. La suite de la recherche s’est concentrée sur les aspects de privation simultanée que connaissent les individus. Cela a permis de faire une analyse plus approfondie que la description des taux de privations dans chaque dimension. On a pu identifier quel pourcentage des individus est privé simultanément dans plusieurs dimensions.

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L’analyse de la privation monétaire et en éducation pour les enfants âgés de 6 a 17 ans a montré qu’un tiers des enfants sont simultanément privés dans ces deux dimensions. Le profil de ces enfants suggère que les caractéristiques à haut risque sont représentés par le milieu rural ou semi urbain, le sexe masculin, une taille de ménage supérieure à neuf membres, un ménage élargi (de 3 générations) et un chef de ménage féminin ou plutôt âgé de plus de55 ans.

Les enfants privés simultanément dans la dimension

Concernant le sous groupe des enfants privés seulement dans la dimension monétaire, l’étude a montré qu’ils résident en majorité à Brazzaville, sont âgés de 6 à 11 ans, vivent dans les ménages de grande taille et dans les ménages dont le chef est une femme. Le sous groupe des enfants privés seulement dans la dimension d’éducation se caractérise par le fait que ces enfants résident en majorité à Pointe-Noire, en milieu rural et dans les autres communes, sont de la tranche d’âge de 15 à 17 ans, et sont issus des familles de petite taille.

monétaire et la dimension éducation ont relativement plus de risque que

Les enfants privés simultanément dans les deux dimensions ont relativement plus de risque de ne pas aller à l’école que ceux qui sont privés dans la seule dimension éducation. A l’inverse, les enfants privés uniquement dans la dimension éducation progressent moins vite à l’école que les enfants privés simultanément dans les deux dimensions. La non-fréquentation de l’école joue surtout un rôle chez les enfants âgés de 15 à 17 ans et ce sont les filles qui ont plus à risque de ne plus aller à l’école. La perception des répondants sur la qualité des écoles fréquentées par les enfants privés simultanément dans les dimensions monétaire et éducation et ceux privés dans l’une ou l’autre des dimensions est beaucoup plus pessimiste que celle des répondants des enfants qui ne sont pas privés dans ces dimensions. Concernant les motifs qui justifient la non fréquentation de l’école par les enfants privés simultanément dans les deux dimensions, les raisons les plus fréquentes sont le coût élevé de l’école, le travail ou le manque d’intérêt. L’analyse du profil et les problèmes dans les dimensions monétaire et d’éducation pour les enfants qui travaillent en plus montre que le travail d’un enfant n’est pas seulement associé avec un risque élevé de privation monétaire et en éducation, mais que les problèmes de ce groupe sont beaucoup plus prononcés que pour les enfants qui ne travaillent pas. En plus, le travail rémunéré des enfants âgé de 10 a 14 ans parait plutôt être un phénomène rural. Face à la pauvreté monétaire et aux privations liées à la scolarité, les mesures politiques envisageables portent sur des actions susceptibles, d’une part, d’alléger les coûts scolaires et faciliter l’accès des enfants à l’école notamment dans les zones rurales et semi urbaines, et d’autre part d’offrir des services d’éducation de qualité en terme d’infrastructure et de ressources humaines. L’étude a montré aussi que la moitié des individus au Congo sont simultanément privés dans les dimensions d’eau et assainissement et habitation. L’analyse de cette problématique indique que l’accès aux services de base comme l’électricité, l’eau potable, services d’assainissement, évacuation des ordures ménagères constitue un problème général au Congo. En plus, il ya des grandes disparités entre le milieu rural et urbain dans ces dimensions: même si la prévalence de privation est aussi élevée dans les régions urbaines (23%), à peu prés 90% de la population rural est simultanément privé dans ces deux dimensions. L’analyse des problèmes a montré que l’accès aux services de base comme l’électricité, l’eau potable, services d’assainissement, évacuation des ordures ménagères constitue un problème général au Congo. Comme l’Etat joue un rôle principal dans l’offre de ces services de base, on est amené à considérer que l’amélioration de la situation dans ces dimensions dépendra largement, mais pas exclusivement, des initiatives prises par cet acteur. Les résultats de notre analyse suggèrent que l’accès aux services de base sus mentionnés mérite une attention particulière dans la formulation d’une stratégie de développement. Les disparités entre les régions rurale et urbaine

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ceux qui sont privés dans la seule dimenstion d’éducation.


sont un argument en faveur du ciblage géographique et constituent une raison pour avoir une réponse politique différenciée selon la localité. Par ailleurs, les caractéristiques qui sont associées à un haut risque de privation en santé sont l’environnement rural, les autres communes urbaines (autres que Brazzaville et Pointe-Noire), les ménages larges (plus de 9 personnes) et les ménages avec un seul parent. L’analyse des liens entre la privation dans la dimension monétaire et la privation de santé a indiqué que les coûts pour accéder aux services de santé en cas de maladie empêchent l’accès effectif à ces services (résultant d’une double privation). En plus, même si l’individu malade consulte un service de santé, un coût trop élevé pour recevoir ce service est souvent mentionné comme problème. Nos résultats montrent aussi que la (non)disponibilité des médicaments est aussi souvent mentionnée comme un problème. En plus, notre étude a montré un lien entre la privation dans la dimension d’eau et assainissement et le risque de diarrhée (dimension de santé) ; la prévalence de diarrhée est beaucoup plus forte chez les individus qui sont privés en termes d’eau et assainissement. Finalement, un autre résultat de notre étude est qu’il parait que les filles consultent des services de santé différemment que les garçons (plutôt des services des pharmaciens que les hôpitaux) En matière de santé, la réduction des coûts pour recevoir des services de santé pourrait constituer un objectif important des réformes dans le secteur de santé. Pour faire face au risque élevé des enfants de souffrir des maladies comme le paludisme et la diarrhée, il apparaît que la prévention, l’amélioration de l’accès à l’eau potable, un meilleur assainissement et une sensibilisation de la population en termes d’hygiène mais aussi dans un meilleur accès aux services de santé curatifs, semblent être des solutions politiques appropriées.

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1 Introduction La RĂŠpublique du Congo est un pays de l’Afrique centrale, faiblement peuplĂŠ (sa population est estimĂŠe Ă 3,8 millions d’habitants), et considĂŠrĂŠ comme un pays potentiellement riche car sa dotation en ressources naturelles fait de ce pays un des principaux exportateurs de pĂŠtrole et de bois en Afrique Subsaharienne1. Cependant, au ďŹ l des ans ce pays, lourdement endettĂŠ, ne fait que s’appauvrir au point oĂš le gouvernement milite activement, depuis quelques annĂŠes, pour bĂŠnĂŠďŹ cier de l’initiative de la Banque Mondiale en faveur des pays pauvres très endettĂŠs (initiative PPTE). Face aux multiples dĂŠďŹ s qui s’imposent au pays, les autoritĂŠs congolaises ont adoptĂŠ une attitude volontariste pour lutter contre la pauvretĂŠ et crĂŠer un environnement favorable Ă la paix et au dĂŠveloppement. La volontĂŠ des autoritĂŠs congolaises de lutter contre la pauvretĂŠ connaĂŽt depuis 2002 un dĂŠbut de concrĂŠtisation par l’Êlaboration, avec l’appui des divers partenaires, d’un Document de StratĂŠgie de RĂŠduction de la PauvretĂŠ (DSRP) qui est appelĂŠ Ă terme Ă devenir le seul cadre de rĂŠfĂŠrence pour les interventions. L’enquĂŞte congolaise auprès des mĂŠnages (ECOM-2005), qui rĂŠpond Ă la nĂŠcessitĂŠ de connaĂŽtre l’ampleur du phĂŠnomène de la pauvretĂŠ, fournit les ĂŠlĂŠments d’apprĂŠciation et de formulation des politiques dans le cadre de l’Êlaboration du DSRP. Toute fois, la non prise en compte des dimensions autres que monĂŠtaire dans les premières analyses des donnĂŠes de l’ECOM-2005 justiďŹ e la prĂŠsente ĂŠtude qui se ďŹ xe elle pour objectif d’analyser la pauvretĂŠ multidimensionnelle et donc d’afďŹ ner l’analyse des donnĂŠes de l’ECOM 2005.

1.1 ElĂŠments de contexte de l’Êtude La RĂŠpublique du Congo fait partie des pays d’Afrique qui, dans la pĂŠriode charnière entre la ďŹ n du XXè siècle et le dĂŠbut du XXIè siècle, ont connu Ă la fois une situation ĂŠconomique et ďŹ nancière DIFlCILE ET DES CONmITS ARMĂ?S RĂ?CURRENTS ,A CRISE Ă?CONOMIQUE STRUCTURELLE QUI REMONTE AU DĂ?BUT des annĂŠes 1980 et qui s’est aggravĂŠe notamment avec l’Êchec des programmes d’ajustement STRUCTUREL AUQUEL SE SONT GREFFĂ?S LES CONmITS ARMĂ?S DE LA DĂ?CENNIE A CONSIDĂ?RABLEMENT dĂŠtĂŠriorĂŠ les conditions de vie des individus. En effet, l’Êvolution du niveau de l’indice du dĂŠveloppement humain (IDH) 2 qui est censĂŠ traduire les progrès rĂŠalisĂŠs par le pays en matière de revenu par habitant, d’Êducation et de santĂŠ a connu une dĂŠgradation entre 1985 et 2003, passant de 0,54 Ă 0,512. Comparativement Ă la moyenne de l’IDH des pays en dĂŠveloppement, les statistiques du Rapport Mondial sur le DĂŠveloppement Humain (PNUD, 2005) rĂŠvèle que le niveau de dĂŠveloppement humain de la RĂŠpublique du Congo est en deçà du niveau moyen des pays en dĂŠveloppement qui s’Êtabli Ă 0,518. Cette dĂŠgradation s’est montrĂŠe d’ailleurs beaucoup plus sensible entre 1996 et 2002 en passant de 0,50 Ă 0,45 entre 1996 et 1999 puis Ă 0,49 en 2002 (faisant ainsi passer le pays du statut de pays Ă dĂŠveloppement humain moyen Ă celui de pays Ă faible dĂŠveloppement humain). L’indice de pauvretĂŠ humaine

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2

3

Le Congo est le cinquième pays producteur de pĂŠtrole en Afrique au Sud du Sahara après le Nigeria, l’Angola, le Gabon et la GuinĂŠe Equatoriale. Le Congo possède par ailleurs près de 22,2 millions d’hectares de forĂŞt dont l’exploitation constitue la deuxième source de revenu du pays. C’est un indicateur composite qui mesure le dĂŠveloppement humain sous 3 aspects : santĂŠ/longĂŠvitĂŠ (EVN), instruction et accès au savoir (taux brut de scolarisation des adultes et taux net de scolarisation dans le primaire) et niveau de vie (PIB par habitant en PPA). Mesure le dĂŠveloppement humain en s’attachant aux manques dans les 3 dimensions de l’IDH : santĂŠ/longĂŠvitĂŠ (probabilitĂŠ Ă la naissance de ne pas atteindre 40 ans), instruction (taux d’analphabĂŠtisme des adultes), niveau de vie (pourcentage de la population privĂŠe d’accès rĂŠgulier Ă des points d’eau amĂŠnagĂŠs et pourcentage d’enfants souffrant d’insufďŹ sance pondĂŠrale).

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(IPH-1) 3 a quant Ă lui a augmentĂŠ fortement de 30,6% Ă 34,5% entre 1996 et 1999 pour s’Êtablir Ă 30,1% en 2005, traduisant l’aggravation du degrĂŠ de privation des populations en ce qui concerne l’accès Ă ce que procure l’Êconomie dans son ensemble, Ă l’instruction et au savoir, et Ă la santĂŠ. Un diagnostic sommaire de la situation ĂŠconomique du Congo et des conditions de vie des mĂŠnages dans quelques secteurs permet d’illustrer ce propos. 1.1.1 Situation ĂŠconomique La situation ĂŠconomique du Congo est, pourrait-on dire, le corollaire de la crise structurelle qu’a CONNU CE PAYS DEPUIS LE MILIEU DES ANNĂ?ES ET DES CONmITS ARMĂ?S DE LA DĂ?CENNIE %N EFFET Au plan macroĂŠconomique, la pĂŠriode qui s’ouvre Ă la ďŹ n de la première moitiĂŠ de la dĂŠcennie 80 est marquĂŠe par, d’une part, un fort ralentissement de la croissance dont le taux moyen est de 0.5% entre 1985 et 1997, et d’autre part, une crise d’endettement (au 31 dĂŠcembre 2000, la dette de l’Etat reprĂŠsentait 170% du PIB) dont l’accumulation des arriĂŠrĂŠs est devenue le principal mode de ďŹ nancement des dĂŠďŹ cits publics. Plus rĂŠcemment, l’Êconomie congolaise a enregistrĂŠ une croissance de son PIB de 7,5% en 2005 grâce Ă l’Êvolution favorable des termes de l’Êchange et Ă la hausse de la production pĂŠtrolière qui domine l’ensemble de l’Êconomie et qui fournit l’essentiel des recettes publiques. Cette tendance s’est poursuivie en 2006 et 2007 avec un taux de croissance rĂŠel du PIB de 6,1 % (IMF Country Report n° 07/242). Le PIB hors pĂŠtrole a lui aussi connu une ĂŠvolution favorable (4,7%), mais Ă un rythme infĂŠrieur Ă celui de 2004 (5,2%). Cette croissance, due principalement aux secteurs des transports, des tĂŠlĂŠcommunications et aux autres activitĂŠs de services, a cependant souffert des dĂŠďŹ ciences infrastructurelles et d’un climat toujours peu propice aux affaires 4 . ,E TAUX D INmATION A ATTEINT EN CONTRE EN #ETTE TENDANCE ĂŒ LA HAUSSE DU TAUX D INmATION S EST D AILLEURS AMPLIlĂ?E EN ET COMME LE NOTE LE RAPPORT DU &-) prĂŠcĂŠdemment citĂŠ. Le taux de change rĂŠel s’est dĂŠprĂŠciĂŠ lĂŠgèrement en 2005 et 2006. Les ďŹ nances publiques subissent l’instabilitĂŠ de ces recettes, les dĂŠrapages dans les dĂŠpenses et une dette publique qui, en 2004, reprĂŠsentait 661% des recettes budgĂŠtaires et 252% des exportations. Après les efforts rĂŠalisĂŠs en 2004, le processus de rĂŠforme se heurte aux dĂŠrapages constatĂŠs dans l’exĂŠcution du budget 2006. Le diagnostic montre de façon gĂŠnĂŠrale que la situation ĂŠconomique du Congo est Ă la fois instable du fait de sa forte dĂŠpendance du pĂŠtrole et du poids de la dette qui est devenu une des tendances lourdes de cette ĂŠconomie. 1.1.2 Emploi Le secteur de l’emploi au Congo est marquĂŠ par une crise, caractĂŠristique de la tension qui prĂŠvaut sur le marchĂŠ du travail du fait du dĂŠsajustement persistant entre les offres et les demandes d’emploi. Le chĂ´mage qui est le principal indicateur de cette tension a ĂŠvoluĂŠ de manière croissante depuis quelques annĂŠes (13,1% en 1974 et 19,4% en 2005). Le chĂ´mage qui est plus marquĂŠ dans les centres urbains selon l’Êtude ECOM (30,2% d’actifs) comparativement AU MILIEU RURAL D ACTIFS S EXPLIQUE PAR LE RYTHME SOUTENU DES mUX MIGRATOIRES DES ZONES rurales vers les centres urbains, conduisant Ă la forte urbanisation du pays (les 2/3 de la population du Congo vivent dans les deux principales villes du pays) qui devient une contrainte pour l’emploi. Il frappe plus les femmes (20,5%) que les hommes (18,2%) mais concerne de façon gĂŠnĂŠrale essentiellement la jeunesse car près de la moitiĂŠ de cette couche des actifs congolais est sans emploi.

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RĂŠpublique du Congo (2006), MĂŠmorandum de politique ĂŠconomique et ďŹ nancière pour la deuxième annĂŠe de l’Accord FRPC, Brazzaville, juin.

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Le taux d’informalitĂŠ ĂŠlevĂŠ, dĂŠpassant les 80% tĂŠmoigne du poids important et croissant du secteur informel dans l’Êconomie congolaise, secteur qui malheureusement n’est pas dynamique en matière de crĂŠation d’emploi car souvent Ă la base des emplois individuels et prĂŠcaires (H. Diata, 1994). 1.1.3 Education ,A SITUATION DE L Ă?DUCATION REmĂ’TE LE NIVEAU DE DĂ?GRADATION Ă?CONOMIQUE ET SOCIALE DEPUIS LE DĂ?BUT des annĂŠes 90 avec la dĂŠtĂŠrioration de la qualitĂŠ de l’enseignement gĂŠnĂŠral et technique. L’accès Ă l’Êcole primaire a connu une très forte rĂŠgression avec un taux brut de scolarisation qui est passĂŠ DE EN ĂŒ EN $EPUIS LA lN DES CONmITS EN LE TAUX BRUT DE SCOLARISATION amorce une croissance passant de 83% en 2002 Ă 92% en 2004, contre un taux brut d’admission (TBA) de 71%, et un taux de survie de 83%. Les effectifs des enseignants ne rĂŠpondant pas aux besoins du système ĂŠducatif, il est souvent fait recours aux enseignants vacataires, souvent sans formation, compromettant Ă la fois la qualitĂŠ de la formation et l’efďŹ cacitĂŠ interne et externe du système. En effet, la faiblesse de l’efďŹ cacitĂŠ interne se traduit par des taux d’achèvement aussi faibles, 57,5% au primaire, 20,8% au secondaire 1er degrĂŠ et 8% au secondaire 2ème degrĂŠ (Direction des Etudes et de la PlaniďŹ cation Scolaire, Tableau de bord 2004). Les inĂŠgalitĂŠs dans le système ĂŠducatif congolais se traduisent notamment par des fortes disparitĂŠs entre les ďŹ lles et les garçons Ă mesure qu’on avance dans les niveaux d’Êtudes. En effet, le pourcentage de ďŹ lles est de 48 % au primaire, 46 % au secondaire 1er degrĂŠ et 39 % au secondaire 2ème degrĂŠ (Ministère de l’enseignement primaire et secondaire, chargĂŠ de l’alphabĂŠtisation, Direction des Etudes et la PlaniďŹ cation, dĂŠcembre 2005).Ces pourcentages montrent que, comparĂŠ aux garçons, les ďŹ lles sont moins scolarisĂŠes car le rapport ďŹ lle/garçon est assez faible, notamment au secondaire 2ème degrĂŠ. De façon gĂŠnĂŠrale, les privations liĂŠes Ă l’accès Ă l’Êducation et donc la non scolarisation des ďŹ lles et des garçons pour nombre de mĂŠnages congolais, sont dues en grande partie au manque de moyens ďŹ nanciers comme le rĂŠvèle d’ailleurs assez clairement l’EnquĂŞte Congolaises auprès de MĂŠnages (ECOM 2005) selon laquelle 26,5% des pauvres ĂŠvoquent cela comme raison de non scolarisation. 1.1.4 SantĂŠ, nutrition et VIH/SIDA En matière de santĂŠ, la situation est caractĂŠrisĂŠe par l’offre qualitativement et quantitativement dĂŠtĂŠriorĂŠe des services du fait de la dĂŠgradation des infrastructures socio-sanitaires, de la vĂŠtustĂŠ du matĂŠriel et de l’insufďŹ sance du personnel qualiďŹ ĂŠ et sa concentration dans les trois principales villes du pays. Le proďŹ l ĂŠpidĂŠmiologique est marquĂŠ ces dernières annĂŠes par la prĂŠdominance des maladies infectieuses dont la malaria qui reprĂŠsente la première cause de mortalitĂŠ avec 54% de motifs de consultation en 2002, la première cause d’hospitalisation (51,5%) et des dĂŠcès observĂŠs chez les enfants de moins de 5 ans dans les hĂ´pitaux de Brazzaville et de Pointe-Noire. La pandĂŠmie du VIH/ SIDA qui avait fait son apparition au Congo en 1983 connaĂŽt un dĂŠveloppement inquiĂŠtant (7,1% des femmes enceintes infectĂŠes en 1990 contre 7,2% en 2002 et un taux de prĂŠvalence national de 4,2%) et semble ĂŞtre la cause de la rĂŠsurgence des endĂŠmies jadis contrĂ´lĂŠes comme la tuberculose. La santĂŠ sexuelle demeure un dĂŠďŹ majeur pour les pouvoirs public. En effet, selon l’enquĂŞte dĂŠmographique et de santĂŠ (EDS I, 2006), 21% seulement de femmes âgĂŠes de 15 Ă 49 ans ayant eu des rapports sexuels Ă risques ont utilisĂŠ un prĂŠservatif contre 42% d’homme. Ainsi les risques annuels d’infection sont de 15% pour la gonococcie, 20% pour l’infection Ă la chlamydia trachomatis. La situation nutritionnelle est peu favorable car en 2000, 32% de la population souffraient de malnutrition, c’est-Ă -dire d’un dĂŠsĂŠquilibre entre les constituants de la ration alimentaire (protĂŠines, glucides, lipides, eau, sels minĂŠraux et vitamines). La malnutrition sĂŠvère qui touche un adolescent sur cinq est observĂŠe aussi auprès de 30,4% des enfants de 0- 71 mois. Elle traduit une insĂŠcuritĂŠ alimentaire dans le pays, beaucoup plus marquĂŠe dans les zones rurales du fait notamment de la dĂŠstructuration du système des cultures vivrières et de la faible capacitĂŠ des populations rurales Ă acquĂŠrir les produits alimentaires importĂŠs.

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La dégradation de l’accès aux médicaments dans les structures publiques et la stagnation des taux de mortalité infantile et des enfants de moins de cinq ans (respectivement à 82,2 et 122,6 pour mille) sont le fait des dysfonctionnements tant politiques qu’administratives du secteur de la santé. De façon plus spécifique, il est à noter que la situation sociale des femmes et des enfants se caractérise par une tendance à la dégradation car par exemple les indicateurs de santé de la reproduction montrent que le taux de mortalité maternelle, qui mesure le nombre de décès liés à la maternité (pour 100 000 naissances), a été évalué à 781 lors de l’enquête démographique et de santé (EDS-I 2005), alors que dans les pays développés le rapport de mortalité maternelle se situe, en moyenne, à 27 décès pour 100 000 naissances. Les données plus détaillées de cette enquête démographique et de santé ont révélé par ailleurs que 19 % des décès enregistrés chez les femmes en âge de procréer (15ans – 49ans), c’est-à-dire presque un décès sur cinq, serait dus à des causes maternelles. Ce qui traduit un accès limité des femmes aux soins de santé. Quant à la mortalité infantile les données de l’EDS-I révèlent que pour la période récente allant de 2001 à 2005, le risque de mortalité infantile est évalué à 75 décès pour 1000 naissances vivantes et que globalement, le risque de mortalité infanto juvénile, c’est à dire le risque de mortalité avant l’âge de 5 ans, est de 117 pour 1000. Cette tendance est caractéristique d’une surmortalité aux âges post natales.] 1.1.5 Habitat La question de l’habitat, notamment pour les ménages pauvres, est une question préoccupante pour le pays étant donné les faiblesses des politiques publiques en la matière. En effet, depuis l’indépendance, l’Etat congolais n’a construit qu’environ 2000 logements sociaux et que par ailleurs le logement social n’a pas fait l’objet de programme spécifique depuis plusieurs années. L’auto production qui a permis l’implantation de quelques 218 000 logements, soit 98% du parc immobilier national, pose problème à deux niveaux. Elle est à l’origine de l’occupation anarchique des sites parfois à risque, et elle exclut la majorité des congolais de l’accès à la propriété et donc au logement décent du fait notamment du coût prohibitif des matériaux de construction et des contraintes liées à la propriété foncière. En terme de qualité, l’état de lieu qui est fait dans la version provisoire du DSRP (2007) révèle en particulier que le parc immobilier issu de l’autoconstruction comporte un grand nombre (62,5 %) de logement non convenables, inachevés, non occupés et ou sommairement aménagés. 1.1.6 Eau et assainissement Eau Bien que disposant d’importantes ressources en eau, la République du Congo connaît encore d’énormes problèmes dans la production et la fourniture en eau potable. Le taux de couverture en eau avoisine à peine 40 %. A en croire les résultats de l’ECOM 2005, 10% des ménages mettent au moins une heure pour accéder à une source d’eau potable. En milieu rural, le taux de couverture est de 11 %, l’essentiel de la population s’approvisionnant en eau à partir des puits artisanaux, des eaux de pluie, des cours d’eau et sources non aménagées. Le faible taux de couverture en eau potable est en partie responsable des maladies d’origine hydrique auxquelles sont confrontées les populations. Assainissement Depuis plusieurs années, les populations congolaises n’ont pas accès au service d’assainissement individuel ou collectif. Les données de l’ECOM 2005 révèlent que le taux de couverture en assainissement individuel (WC avec chasse d’eau et latrines ventilées améliorées) n’est que de

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10,5%. Le reste des infrastructures, soit 89,5 % ĂŠtant constituĂŠ de latrines non conventionnelles. La vĂŠtustĂŠ ou l’inexistence des rĂŠseaux d’Êvacuation d’eau usĂŠe contraint les mĂŠnages, notamment dans les centres urbains Ă jeter ces eaux dans la cours, la rue, et dans les canalisations d’eau pluviale. L’inexistence de dĂŠcharges contrĂ´lĂŠes pour l’Êlimination des boues collectĂŠes et des eaux rĂŠsiduelles chargĂŠes des polluants chimiques et organiques, constitue une menace sĂŠrieuse tant pour la santĂŠ publique que pour l’environnement. 1.1.7 Protection sociale et intĂŠgration sociale Dans le domaine de la protection sociale, le Congo se caractĂŠrise par l’absence d’un système global et intĂŠgrĂŠ de la sĂŠcuritĂŠ sociale. De façon gĂŠnĂŠrale, en dehors de la solidaritĂŠ familiale et des rĂŠseaux de solidaritĂŠ traditionnelle, ne bĂŠnĂŠďŹ cient de la sĂŠcuritĂŠ sociale que les travailleurs afďŹ liĂŠs aux deux organismes publics de sĂŠcuritĂŠ sociale que sont la Caisse de Retraite des Fonctionnaires (CRF) et Ă la Caisse Nationale de SĂŠcuritĂŠ Sociale (CNSS). Ces deux caisses qui sont frĂŠquemment confrontĂŠes Ă des problèmes de ďŹ nancement ne sont donc pas de nature Ă assurer durablement la protection sociale des travailleurs qui y sont afďŹ liĂŠ. Aussi en l’absence d’un système gĂŠnĂŠralisĂŠ de sĂŠcuritĂŠ sociale, on peut avancer que nombre de congolais restent exposĂŠs aux risques sociaux. 5 Ainsi, les contraintes auxquelles est confrontĂŠ le système congolais de sĂŠcuritĂŠ social relève donc: s $E L ABSENCE D UNE POLITIQUE COHĂ?RENTE DE LA PROTECTION SOCIALE s $E LA PRĂ?VALENCE D UN SYSTĂ’ME DE PROTECTION SOCIALE FRAGMENTĂ? s $E L INSUFlSANCE DE L OFFRE DES SERVICES DE PROTECTION SOCIALE Concernant l’intĂŠgration sociale l’on peut observer que la faiblesse du pays en matière d’infrastructures routières et de communication laisse encore une proportion importante de la population en situation d’enclavement, notamment celles des zones rurales. En effet, sur les 17.300 km du rĂŠseau routier national, 1.235 km seulement sont bitumĂŠs et se trouvent dans un ĂŠtat de dĂŠlabrement avancĂŠ sur l’ensemble du territoire (DSRP, 2007). Ce qui explique le non accessibilitĂŠ de plusieurs localitĂŠs par la route et donc l’enclavement et le non intĂŠgration des populations de ces localitĂŠs. Quant au secteur des tĂŠlĂŠcommunications, le trait caractĂŠristique qui mĂŠrite d’être ĂŠvoquĂŠ ici c’est la limitation du tĂŠlĂŠphone ďŹ xe Ă deux liaisons interurbaines : Brazzaville-Pointe-Noire et Brazzaville –Oyo pour un parc de 14.840 abonnĂŠs, soit une densitĂŠ de 4,2 pour mille habitants. L’avènement du tĂŠlĂŠphone mobil a assurĂŠment accru l’accès de la population aux communications tĂŠlĂŠphoniques car au 31 dĂŠcembre 2006 les sociĂŠtĂŠs de tĂŠlĂŠphonie mobile comptabilisaient 550.200 abonnĂŠs. L’intĂŠgration par les moyens audio visuels se caractĂŠrise par une couverture insufďŹ sante du territoire national en radio et tĂŠlĂŠvision car le secteur ne compte qu’une chaĂŽne nationale de radio, une tĂŠlĂŠ nationale et trois tĂŠlĂŠs dĂŠpartementales opĂŠrant dans les deux principales localitĂŠs du pays que sont Brazzaville et Pointe-Noire.

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On peut citer parmi ces risques, le chômage, la perte d’emploi, la maladie, la retraite, la perte d’un conjoint ou d’un parent, la retraite, la vieillesse, les accidents de travail, les maladies professionnelles, l’invaliditÊ physique etc.

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2 Objectifs de l’Êtude et problĂŠmatique L’objectif principal de cette ĂŠtude est d’analyser la pauvretĂŠ au Congo selon une approche multidimensionnelle mettant un accent particulier sur l’enfant et la femme. En effet, l’essentiel des ĂŠtudes rĂŠalisĂŠes au Congo6 sur la pauvretĂŠ n’ayant portĂŠ que sur la seule dimension monĂŠtaire, ces ĂŠtudes n’ont pu donner, ni une vue complète du phĂŠnomène, ni une vue susceptible d’orienter sufďŹ samment les politiques pratiques Ă mettre en Ĺ“uvre. Aussi, plus spĂŠciďŹ quement, cette ĂŠtude vise Ă : s %STIMER LE NOMBRE DE PERSONNES QUI SONT AFFECTĂ?ES DANS PLUSIEURS DIMENSIONS DE BIEN Ă?TRE par des privations singulières ou multiples; s $Ă?CRIRE LES CARACTĂ?RISTIQUES DES PERSONNES DANS LES DIFFĂ?RENTS GROUPES IL S AGIT EN FAIT DE dresser le proďŹ l de pauvretĂŠ des groupes sĂŠlectionnĂŠs. s %XPLORER LES MĂ?CANISMES RESPONSABLES DE LA PRIVATION SINGULIĂ’RE OU MULTIPLE DES PERSONNES et des groupes de personnes; s 0ROPOSER DES POLITIQUES CIBLĂ?ES EN FONCTION DES CARENCES IDENTIlĂ?ES SELON LES CARACTĂ?RISTIQUES des enfants, des femmes, de leurs mĂŠnages et de leur environnement. Il sied de rappeler que l’ECOM-2005 a permis d’estimer l’incidence de pauvretĂŠ et de dresser son proďŹ l, mais sur la seule dimension monĂŠtaire. Aussi l’apport essentiel de la prĂŠsente ĂŠtude rĂŠside en ce qu’elle permettra d’Êtendre l’analyse de la pauvretĂŠ sur les autres dimensions du bien-ĂŞtre. S’il est donc dĂŠsormais ĂŠtabli, Ă travers l’analyse des donnĂŠes de l’enquĂŞte congolaise auprès des mĂŠnages (ECOM-2005) basĂŠe sur une approche monĂŠtaire, que plus de la moitiĂŠ des congolais sont considĂŠrĂŠs comme pauvres (puisque l’incidence de pauvretĂŠ est ĂŠvaluĂŠ Ă 50,7%), il n’en demeure pas moins qu’il subsiste un gap de connaissances sur ce phĂŠnomène ĂŠtant donnĂŠ le caractère multidimensionnel qu’il revĂŞt gĂŠnĂŠralement. Aussi la principale prĂŠoccupation qui motive cette ĂŠtude c’est d’essayer de combler ce gap de connaissances en s’interrogeant davantage sur les diffĂŠrents aspects de la vie humaine pour lesquels nombre de congolais sont privĂŠs. L’accent particulier qui sera mis sur les femmes et les enfants dans cette ĂŠtude tient au fait que, d’une part les femmes constituent une frange de la population dont le rĂ´le social (encadrement des enfants, organisation du foyer et reproduction) est dĂŠterminant pour le bien-ĂŞtre familial, et d’autre part les enfants constituent un groupe particulier car : s )LS ONT UN RISQUE Ă?LEVĂ? DE S EXPOSER ĂŒ LA PAUVRETĂ? ET RESTENT TRĂ’S VULNĂ?RABLES s ,ES ENFANTS SOUFFRANT DE LA PAUVRETĂ? RISQUENT DE LE DEMEURER ĂŒ LEUR ĂŠGE ADULTE s ,ES ENFANTS SONT AFFECTĂ?S PAR LA PAUVRETĂ? DIFFĂ?REMMENT QUE LES ADULTES CAR LEURS BESOINS humains de base sont diffĂŠrents; s ,ES ENFANTS SONT Ă?CONOMIQUEMENT DĂ?PENDANTS DE LEUR ENVIRONNEMENT IMMĂ?DIAT DE LA distribution de ressources par leurs parents et par la communautĂŠ.

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Il s’agit particulièrement des ĂŠtudes rĂŠalisĂŠes par le CERAPE (2005) et le ministère du plan dans le cadre de l’analyse des donnĂŠes de l’enquĂŞte congolaise auprès des mĂŠnages (ECOM-2005).

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2.1 Cadre conceptuel et méthodologique de l’étude Spécifier une mesure de pauvreté n’est pas un exercice aisé et donc ne saurait être une question simple. En effet, plusieurs approches conceptuelles et méthodologiques tentent de répondre à cette difficulté pour apporter des réponses du genre : quel indicateur de bien être retenir pour identifier les personnes pauvres? Qui est réellement pauvre et pourquoi? Comment peut-on synthétiser les informations concernant les pauvres dans une mesure de pauvreté? A cette problématique la littérature économique se caractérise par une diversité d’opinions due au fait que la pauvreté n’est pas un concept objectif. Bien au contraire c’est une notion complexe, qui requiert une analyse normative renvoyant inévitablement à des critères d’éthique (Bibi, 2005). Ce qui d’une part étend la notion de pauvreté, et d’autre part éloigne les chercheurs d’un consensus possible sur la mesure à utiliser pour l’analyse de la pauvreté. Aussi, comme le soulignent Keetie et Gassmann (2006), les méthodes de mesure de la pauvreté font l’objet de beaucoup de débats. C’est ainsi qu’il parait nécessaire de présenter les principales approches d’analyse de la pauvreté, tout en soulignant leurs limites, pour saisir la pertinence du choix méthodologique qui gouverne cette étude. 2.1.1 Cadre conceptuel La littérature consacrée aux mesures et à l’analyse de la pauvreté présente deux principales approches : il s’agit de l’approche monétaire soutenu par les welfaristes ou utilitaristes et l’approche non monétaire soutenue par les non welfaristes. L’approche monétaire de la pauvreté Cette approche utilitariste place la conceptualisation du bien-être dans l’espace de l’utilité (Ravallion, 1994) dont la satisfaction définit le niveau de bien être. Mais l’utilité n’étant pas directement mesurable et observable, ce sont les ressources (revenus – dépenses) qui ont servi pour la mesure du bien être (Ki et al., 2005). La méthodologie utilisée dans cette approche consiste à définir un panier de biens qu’un ménage peut acheter pour satisfaire les besoins vitaux. Le coût de ce panier devant déterminer la ligne de pauvreté qui sépare les pauvres et les non pauvres. Cette approche, qui a servi de cadre méthodologique à l’essentiel des études empiriques menées à travers le monde, procède d’une conception essentiellement unidimensionnelle du bien-être et réduit la pauvreté à un simple manque de ressources pécuniaires nécessaires à l’atteinte d’une qualité de vie minimale. Ce qui rend cette approche insuffisante à plusieurs titres (Keetie et Gassmann, 2006): 1. Elle ne capture qu’une dimension de la pauvreté, n’incluant donc pas les autres dimensions de la pauvreté dont on aurait besoin pour la définition des politiques; 2. Elle procède à une désagrégation des informations du ménage7 au niveau individuel sur la base des hypothèses qui ne prennent pas correctement en compte la spécificité de chaque membre du ménage (hypothèse du revenu per capita ou de la consommation par équivalent adulte); 3. Elle se base sur les données des ménages qui ne peuvent pas renseigner par exemple sur les groupes d’enfants les plus vulnérables et pose en fin de compte un problème majeur dans le ciblage des groupes prioritaires sur lesquels des politiques doivent être formulées.

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Par exemple les enfants ont des besoins diététiques ou autres spécifiques qui rendent ces méthodes de désagrégation peu réalistes.

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L’approche des privations Cette approche a progressivement été développée pour produire le cœur de la première conceptualisation de la pauvreté multidimensionnelle des enfants dans les pays en développement (Gordon, 2003a). C’est une approche dans laquelle la pauvreté est définie comme le manque ou l’inadéquation dans les domaines alimentaires, de l’équipement, des standards et des services ou activités communs ou usuels dans une société (Townsend, 1979). L’approche des besoins de base qui s’apparente à cette définition et souvent utilisée par les organismes internationaux a été développée comme une réponse à la nécessité de reconnaître que la pauvreté revêt un caractère multidimensionnelle (Keetie et Gassmann, 2006). Elle est en fait une composante de l’approche non monétaire 8 de la pauvreté qui correspond à la vision des non utilitaristes et qui place le bien-être des individus dans l’espace des libertés et des accomplissements. Reprenant globalement les domaines fondamentaux de l’approche par les capacités en y ajoutant l’accès aux services sociaux de base (eau, énergie, éducation, santé, alimentation habitat, infrastructures etc.), l’approche des besoins de base vient dans une large mesure suppléer aux insuffisances de l’approche monétaire en prenant totalement en compte les multiples dimensions de la pauvreté dans sa définition et sa méthodologie d’analyse. Dans cette approche, le pauvre est un individu privé d’un minimum de commodités de base jugées préalables à l’atteinte d’une certaine qualité de vie. Les commodités suggérées comprennent la nourriture, l’eau potable, les aménagements sanitaires, un logement, des services de santé et d’éducation, un service de transport public etc. En ce sens, l’approche des besoins de base paraît être mieux appropriée pour cerner les aspects multiples de la pauvreté. En cela, elle offre non seulement l’avantage de conceptualiser la pauvreté multidimensionnelle, mais aussi de pouvoir mesurer les privations des individus dans les domaines variés de la vie humaine. Il faut noter toute fois que cette approche est sujette, dans son opérationnalité, à la disponibilité des données pouvant permettre l’analyse.

2.2 Cadre méthodologique Dans le cadre de cette étude, et compte tenu à la fois de l’objectif qui lui est assigné et des limites qui sont inhérentes à l’approche monétaire de la pauvreté, nous adoptons l’approche non monétaire basée sur les besoins de base. Toute fois, eu égard à ce choix, la spécification de la méthode qui est utilisée dans cette étude est nécessaire pour cerner au mieux les enjeux de la démarche. 2.2.1 Choix méthodologique Usuellement, l’analyse de la pauvreté multidimensionnelle est fondée sur une méthodologie de construction d’un Indice Composite de Pauvreté (ICP) basée sur l’approche d’inertie à l’aide des analyses multidimensionnelles, dont un développement complet de l’approche est contenu dans l’ouvrage Pauvreté Multidimensionnelle de Louis Marie Asselin (2002). L’inconvénient majeur que présente l’usage d’un indice composite de pauvreté par rapport à la présente étude est que l’indice composite ne permet pas de bien saisir de façon détaillée les aspects de pauvreté dans chaque dimension du bien-être et, en conséquence, de formuler les recommandations de politiques appropriés pour chaque dimension.

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Dans cette approche, on distingue les auteurs qui ont développé l’approche par les capacités et ceux qui ont développé l’approche par les besoins de base.

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Dans le cadre de cette étude qui se veut être menée au niveau individuel et au niveau de chaque dimension de bien-être, on envisage de définir un indicateur de pauvreté pour chaque dimension qui devrait traduire le niveau critique en dessous duquel une personne est considérée comme privée ou pauvre. Il convient de préciser que le choix des indicateurs est conditionné par la disponibilité de l’information et dicté par ce qui peut être considéré comme une norme de minimum vital dans le contexte congolais. Pour ce faire, l’analyse envisage 6 étapes dont voici le contenu: 1. Dans une première étape, il sera défini pour chaque dimension un indicateur de privation pertinent et un niveau critique (absolu ou relatif) considéré comme seuil de pauvreté. Le choix des indicateurs étant conditionné par la disponibilité de données et se fera davantage sur le niveau de l’accès aux services qui renvoie à l’analyse d’indicateurs d’input qui présentent l’avantage de mieux définir les politiques ciblées en fonction des carences identifiées. 2. Dans une deuxième étape, il s’agira de calculer l’incidence de pauvreté, c’est à dire le nombre d’individus victimes de privation dans chaque domaine et de calculer le nombre de personnes qui ont multiples privations pour l’ensemble des combinaisons possibles. 3. La troisième étape servira à ranger les combinaisons de privation souffertes au niveau individuel, selon leur importance quantitative afin de sélectionner les combinaisons qui seront prises comme base pour le reste de l’étude. Par exemple, la fréquence des privations et le niveau de leur incidence peut servir de base pour la sélection des combinaisons qui permettront de constituer des groupes. 4. Dans la quatrième étape il s’agira de dresser le profil de pauvreté des groupes et sousgroupes dans chaque combinaison sélectionnée en termes de caractéristiques de base, comportement et opinion. 5. Cette étape procédera de la recherche fondamentale des mécanismes pouvant expliquer la position des enfants de des femmes en liant les résultats de cette analyse avec celle faite sur les problèmes spécifiques dans le but de cerner les déterminants de la situation des individus par rapport à la pauvreté. 6. Dans cette étape, il s’agira d’identifier les groupes prioritaires pour le ciblage des politiques à mettre en œuvre. L’intérêt de recourir aux données individuelles dans l’approche qui est privilégiée dans cette étude réside en ce que, examiner simultanément plusieurs indicateurs de bien-être ne saurait être efficace lorsqu’il s’agit notamment d’élaborer des politiques appropriées de lutte contre la pauvreté 9. 2.2.2 Résultats attendus Les résultats attendus de cette étude sont d’une part identifier les individus pauvres dans les différentes dimensions et les groupes prioritaires et, d’autre part présenter les contours d’une politique efficace de lutte contre la pauvreté. 2.2.3 Sources des données Les données qui font l’objet d’analyse dans cette étude sont issues des bases de données de l’enquête congolaise auprès des ménages (ECOM-2005). Bien entendu des statistiques d’autres sources serviront pour étayer les propos et les interprétations qui y sont développés.

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C’est le problème d’agrégation auquel ont été confronté Colliceli et Valerii (2000, 2001) et qui nécessite le recours aux données individuelles (Bibi, 2005).

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3 Analyse de la pauvreté multidimensionnelle au Congo 3.1 Définition d’un indicateur de pauvreté La définition d’un indicateur de pauvreté est un exercice à la fois délicat et d’une importance majeure pour l’analyse de la pauvreté. Tout d’abord, il faut choisir le paramètre et l’indicateur le mieux adapté à la mesure du bien être. Ensuite il convient de sélectionner une ligne de pauvreté, c’est-à-dire un seuil en dessous duquel une personne est considérée comme privée ou pauvre. En tenant compte du fait que le choix d’une ligne de pauvreté recèle généralement une dose d’arbitraire, il ne vient que pour assurer une large compréhension et l’acceptation d’une ligne de pauvreté, et il est important que celle-ci soit choisie en accord avec les normes sociales et la notion généralement admise d’un minimum vital (Ravallion, 1996). Dans le cadre de cette étude qui s’attache à analyser la pauvreté multidimensionnelle, ce processus s’articule tout d’abord autour du choix de huit (8) dimensions ou domaines dans lesquels il sera analysé les privations dont souffrent les individus. Les dimensions qui ont été retenues ici sont définies sur la base de la Déclaration des Droits des Enfants car cette recherche est menée aussi dans le but de formuler une politique sociale dirigée vers les problèmes des enfants. Il s’agit particulièrement des domaines monétaire, éducation, nutrition, santé, travail, eau et assainissement, habitation et enclavement/intégration. Le choix de ces domaines tient aussi à deux raisons : la disponibilité des informations contenues dans la base de données et la pertinence de l’ensemble de ces domaines du point de vue de l’analyse des conditions de vie des ménages. Ensuite, dans chaque domaine, il a été défini des variables qui tiennent comptent des critères de la société congolaise ou tout au moins des normes édictées par le processus de collecte des données dans l’enquête congolaise auprès des ménages (ECOM 2005) dont les définitions des principaux indicateurs de bien-être proposées ont d’une certaine manière servi de base.

3.2 Sélection des variables pour les indicateurs de pauvreté par domaine. Le tableau suivant, qui a été construit en tenant compte des conditions minimales à remplir pour mesurer la pauvreté comme précédemment citées, donne la liste des domaines de la vie humaine et des variables qui ont été retenues pour définir des indices de pauvreté selon la dimension.

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Tableau 1 : Liste des domaines de privation et des variables Domaines

Niveau mesuré

Variables

Seuil de pauvreté

D1 - Monétaire

Ménage

Dépenses du ménage

Dépenses par équivalent adulte au dessous la ligne de pauvreté absolue

D2 - Education

Individu

Enfant âgé de 6-17 ans (groupes de 6-11, 12-17 ans) : Fréquentation scolaire & progrès

Enfant : si un enfant ne va pas à l’école ou si l’enfant a plus de 2 classes de retard

Adultes : dernière classe achevée

Adulte : quand n’a pas achevée CM1

D3 - Nutrition

Ménage

Est-ce que le ménage a eu des problèmes pour satisfaire les besoins en nourriture ?

Privé quand réponse est ‘souvent’ ou ‘toujours’

D4 - Santé

Individu

Utilisation des services de santé en cas de maladie

Privé quand un individu était malade et n’a pas consulté un service de santé

D5 - Travail

Individu

Enfants âgé de 10-14 ans: travail des enfants (avoir un emploi)

Enfant : si un enfant travaille hors du ménage avec rémunération Adulte : si un adulte est chômeur ou sous-employé

Adultes 18-55 ans : chômage (définition BIT) ou sous emploi (quand quelqu’un a un emploi mais cherche à augmenter ses revenus) D6 - Eau et assainissement

Ménage

Distance par rapport à source d’eau pour boire (plus ou moins de 5 minutes), source d’eau potable, type de toilette, mode d’évacuation des eaux usées

Seuil relatif (ACM, classification et comparaison des différents types de ménages à un ménage de référence)

D7 - Habitation

Ménage

Matériau des murs, électricité, combustible principal pour faire la cuisine, nombre de personne par chambre

Seuil relatif (ACM, classification et comparaison des différents types de ménages à un ménage de référence)

D8 - Intégration/ Enclavement

Ménage

Accès à un transport public (plus ou moins de 30 minutes), possession de radio, possession de télévision, possession de téléphone, possession d’un moyen de transport (bicyclette, voiture, pirogue, moto)

Seuil relatif (ACM, classification et comparaison des différents types de ménages à un ménage de référence)

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Il convient toute fois de noter que dans cette ĂŠtude, la sĂŠlection des variables s’est faite dans le cadre d’un processus participatif entre les commanditaires de l’Êtude et les consultants, processus qui a abouti Ă la dĂŠďŹ nition des indicateurs les plus pertinents. A cet effet, la sĂŠlection des indicateurs a rĂŠpondu Ă un certain nombre de critères dont voici le contenu : s , INDICATEUR DOIT Ă?TRE JUGĂ? BON SINON UN BON PROXY POUR LA DIMENSION s , INDICATEUR DOIT POUVOIR CONTENIR L INFORMATION PERTINENTE SUR L OFFRE OU L ACCĂ’S AU SERVICE (quantitĂŠ/qualitĂŠ); s , INDICATEUR CHOISI DOIT GARANTIR QU IL MINIMISE L INmUENCE D AUTRES FACTEURS CORRĂ?LĂ?S AVEC L OFFRE de service (culture, caractĂŠristiques individuelles; s , INDICATEUR DOIT POUVOIR Ă?TRE APPLIQUĂ? SUR UNE GRANDE PARTIE DE L Ă?CHANTILLON 3.2.1 Les indicateurs de pauvretĂŠ par domaine Comme cela a ĂŠtĂŠ indiquĂŠ plus haut, ce qui a motivĂŠ le choix des indicateurs et le choix de la mĂŠthodologie de calcul des seuils c’est Ă la fois la disponibilitĂŠ des donnĂŠes dans l’enquĂŞte congolaise auprès des mĂŠnages et les normes retenues par cette enquĂŞte comme minimum de bien-ĂŞtre. AďŹ n d’assurer une meilleure comprĂŠhension des variables retenues dans le tableau 1, il est opportun d’expliciter le contenu des indicateurs qui ont ĂŠtĂŠ attachĂŠs Ă ces variables. A. Dimension monĂŠtaire Dans cette dimension, l’indicateur de pauvretĂŠ qui a ĂŠtĂŠ utilisĂŠ est l’indicateur classique qui est le revenu du mĂŠnage ou son niveau de consommation. Partant donc de la mĂŠthodologie classique consistant Ă dĂŠďŹ nir une ligne de pauvretĂŠ par la mĂŠthode du coĂťt des besoins de base, il a ĂŠtĂŠ retenu un seuil de pauvretĂŠ de 306 400 FCFA (soit environ 673 dollars amĂŠricain) 10 par an et par ĂŠquivalent adulte, soit, 839 FCFA par jour et par individu (ECOM, 2005). Ainsi tout individu dont la consommation journalière est en deçà de 839 FCFA est considĂŠrĂŠ privĂŠ dans cette dimension. B. Dimension ĂŠducation Dans cette dimension, les indicateurs retenus sont la frĂŠquentation d’un ĂŠtablissement scolaire (qui concerne les enfants âgĂŠs de 6 Ă 11 ans pour le cycle CP1-CM2 et les enfants âgĂŠs de 12 Ă 17 ans pour le cycle de la 6ième Ă la terminale) ou le fait qu’un enfant connaĂŽt un retard de plus de deux classe par rapport Ă son âge. En effet, le choix du premier indicateur qui est la frĂŠquentation est sous-tendue par l’idĂŠe que l’accès Ă l’Êducation doit se traduire par le fait de frĂŠquenter actuellement un ĂŠtablissement scolaire qui est une variable de rĂŠsultat, Ă mĂŞme d’expliquer la privation d’un individu vis-Ă -vis de l’accès Ă ce service de base. Le deuxième indicateur quant Ă lui permet de capter et d’expliquer, Ă travers la progression scolaire d’un enfant dans un cycle, les difďŹ cultĂŠs encourues relativement soit Ă sa dotation en ressources, soit Ă l’efďŹ cacitĂŠ interne du système scolaire qui lui est offert11. Pour les adultes, l’indicateur qui a ĂŠtĂŠ utilisĂŠ est le nombre d’annĂŠes passĂŠes Ă l’Êcole. Pour la dĂŠďŹ nition du seuil, la dĂŠmarche utilisĂŠe a consistĂŠ Ă comparer cet indicateur Ă la moitiĂŠ de la mĂŠdiane de la distribution du nombre d’annĂŠes passĂŠes Ă l’Êcole. Cet indicateur qui se focalise sur le nombre d’annĂŠes passĂŠes Ă l’Êcole a ĂŠtĂŠ dictĂŠ par le fait qu’en analysant la distribution de la population par rapport au nombre d’annĂŠes passĂŠes Ă l’Êcole, il est

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En prenant le taux d’Êchange du 18 DĂŠcembre 2007 (Source : CoinMill.com Currency Converter disponible a http:// coinmill.com/XAF_calculator.html#XAF=306400 ). L’efďŹ cacitĂŠ interne renvoie Ă la capacitĂŠ d’un système ĂŠducatif de faire atteindre Ă ses usagers les objectifs d’acquisition de connaissances qu’il s’est donnĂŠ dans ses diffĂŠrents curricula.

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apparu que la médiane de cette distribution est de neuf (09) années. La moitié du nombre d’années de cette médiane étant environ cinq (05) ans, il a donc été estimé que le minimum requis pour sortir de l’analphabétisme est l’achèvement du cycle primaire qui est donc considéré comme seuil. C. Dimension nutrition La dimension nutrition a été appréhendée par le fait pour un ménage de connaître souvent ou quelque fois des problèmes alimentaires dans l’an passé. En effet, il a été considéré que les individus habitant dans un ménage qui connaît souvent des problèmes alimentaires et celui qui en connaît toujours ont un point commun dans cette dimension, celui de ne pas pouvoir satisfaire à ce besoin vital de manière continue et régulière. Il faut toute fois noter que cet indicateur n’est pas un indicateur idéal car il aurait été souhaitable d’apprécier la situation nutritionnelle des enfants et des adultes au niveau individuel à travers notamment la malnutrition qui peut être mesurée par l’indice de masse corporelle. Le manque d’informations relatives au calcul d’un tel indice dans la base de données ECOM n’a pas permis l’usage d’un tel indice. Aussi, la variable proxy qui a été jugée pertinente par rapport à cette dimension est celle relative à la question connaissez-vous des problèmes alimentaires car elle renseigne bien sur la probabilité qu’une personne soit malnutrie. D. Dimension santé Dans le domaine de la santé il a été considéré qu’une personne est privée lorsqu’il a souffert d’un mal quelconque au cours des 4 dernières semaines et n’a pas consulté un service de santé. Comme services de santé on a considéré un cabinet médical, hôpital privé ou public, centre de santé intégré, médicine, dentiste ou pharmacie. Ce groupe représente 38% des individus dans l’échantillon12 . Il est utile de préciser que cet indicateur représente qu’un type de service de santé (soins curatifs). En effet, des indicateurs comme l’accès des enfants aux vaccinations, l’accès des femmes aux soins prénatales semble important pour apprécier la situation des soins préventifs mais cette information n’est pas disponible dans la base des données ou cette information est seulement observée pour une petite partie des individus. E. Dimension travail Trois indicateurs ont été utilisés dans ce domaine. Il s’agit : s DU CHÙMAGE QUI EST APPRÏHENDÏ CHEZ LES PERSONNES ÊGÏES DE ANS Ì ANS QUI N ONT PAS TRAVAILLÏ et qui ont cherché du travail au cours des quatre dernières semaines précédant l’enquête ; s DU SOUS EMPLOI QUI CONCERNE LES PERSONNES ÊGÏES DE ANS ET PLUS QUI ONT TRAVAILLÏ MOINS DE heures au cours des sept jours qui ont précédé l’enquête et qui veulent travailler plus; s DU TRAVAIL DES ENFANTS ÊGÏS DE Ì ANS ANS ÏTANT L ÊGE MINIMUM REQUIS POUR QU UNE PERSONNE exerce un emploi, Convention n° 138, OIT, 1973) dont la norme est que les enfants ne doivent pas travailler. Le travail dont il s’agit concerne les activités rémunérées exercées souvent hors du cadre familial et des activités parfois non rémunérées exercées dans le cadre familial pour contribuer au revenu du ménage. F. Dimension eau et assainissement L’indicateur pour cette dimension combine : l’accès à l’eau à boire (moins de 5minutes de marche) ; source d’eau potable définie pour les ménages utilisant le robinet dans le logement, chez le voisin, la pompe publique ou le puit amélioré et l’évacuation d’eau usée.

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Dans section 6.3 nous avons aussi investigué l’effet de prendre cette observation individuelle comme ‘proxy’ pour tous les individus dans le ménage pour arriver a un indicateur de privation lequel couvre 83% des observations dans l’échantillon. Malheureusement, il parait que les résultats de privation souffrent d’un biais positif fort et en plus éliment les différences dans l’utilisation des services de santé entre individus dans un ménage (par exemple entre les sexes).

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Dans la dimension eau et assainissement, la classiďŹ cation hiĂŠrarchique en 8 classes a ĂŠtĂŠ retenues. La dĂŠcision de considĂŠrer une classe comme privĂŠe ou pas se fait comparativement aux caractĂŠristiquement du mĂŠnage de rĂŠfĂŠrence. On dĂŠďŹ nit ainsi un mĂŠnage de rĂŠfĂŠrence qui possède les caractĂŠristiques suivantes : s LA PRINCIPALE SOURCE D EAU POUR BOIRE EST LA 3.$% OU A 3.$% AILLEURS s LE TEMPS D ACCĂ’S ĂŒ LA SOURCE EST MOINS DE MINUTES s LES LATRINES SONT AVEC CHASSE OU ELLES DOIVENT Ă?TRE COUVERTES ET AMĂ?LIORĂ?ES s L Ă?VACUATION DES EAUX USĂ?ES SE FAIT DANS LES CANIVEAUX OU PUISARD En comparant les caractĂŠristiques des diffĂŠrentes classes aux caractĂŠristiques du mĂŠnage de rĂŠfĂŠrence dĂŠďŹ ni par le chercheur, les classes 1, 3, 5, 6 et 7 sont considĂŠrĂŠes comme ĂŠtant privĂŠes dans la dimension eau et assainissement alors que les classes 2,4 et 8 sont considĂŠrĂŠes comme ĂŠtant non privĂŠes.

EncadrĂŠ 1 Bref aperçu sur la mĂŠthode de classiďŹ cation utilisĂŠe dans les dimensions eau & assainissement, habitation et enclavement ConsidĂŠrons une dimension de privation oĂš la mesure des privations se fait Ă partir d’un nombre limitĂŠ d’indicateurs. Dans ce cas, la dĂŠďŹ nition d’un seuil de privation se fait en combinant les modalitĂŠs de ces indicateurs qui sont en nombre limitĂŠ. Lorsque le nombre de variables croit ou lorsque le nombre de modalitĂŠs croit, la dĂŠďŹ nition d’un seuil de privation devient difďŹ cile. Pour cela, il convient de chercher Ă rĂŠduire les dimensions du tableau de donnĂŠes en reprĂŠsentant les associations entre les individus et entre les variables dans les espaces de faible dimension ; c’est l’objet des mĂŠthodes factorielles et prĂŠcisĂŠment de l’analyse des correspondances multiples puisque les donnĂŠes Ă analyser sont qualitatives. Il est parfois utile de complĂŠter les reprĂŠsentations graphiques des donnĂŠes rĂŠsultant d’une analyse factorielle par une typologie des individus en classe telle que les individus d’une mĂŞme classe se ’’ressemblent’’ le plus possible, et ceux appartenant Ă deux classes diffĂŠrentes soient très diffĂŠrenciĂŠs. C’est l’objet des mĂŠthodes de classiďŹ cation. En se servant des coordonnĂŠes factorielles des individus, on dĂŠďŹ nit un critère d’agrĂŠgation qui est la distance entre les individus. L’algorithme suivant utilise ce critère pour former les classes. (i) On part avec pour ensemble de classes l’ensemble des singletons (individus isolĂŠment pris comme des classes). (ii) On cherche les deux classes ayant l’indice d’agrĂŠgation minimum, c’est-Ă -dire la paire de points d’inertie interne minimale. On agrège ces classes, c’est-Ă -dire qu’on remplace les points correspondants par leur centre de gravitĂŠ affectĂŠ de la somme des poids. (iii) Si la classe obtenue est l’ensemble des individus tout entier (i.e. si le nouveau nuage obtenu est rĂŠduit au seul centre de gravitĂŠ des individus), on arrĂŞte. Sinon, on retourne en (ii). A chaque ĂŠtape du processus d’agrĂŠgation binaire, on se retrouve donc avec un nouveau point: le centre de gravitĂŠ de tous les individus agrĂŠgĂŠs “sous luiâ€?. L’algorithme s’arrĂŞte lorsque deux itĂŠrations successives conduisent Ă la mĂŞme partition. Un des avantages des mĂŠthodes de classiďŹ cation est de donner lieu Ă des classes souvent plus faciles Ă dĂŠcrire que les axes factoriels. Dans le cadre de ce travail, la classiďŹ cation ascendante hiĂŠrarchique a ĂŠtĂŠ utilisĂŠe pour les dimensions habitation et eau et assainissement alors que pour

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la dimension enclavement, la classiďŹ cation mixte a ĂŠtĂŠ utilisĂŠe. Ce choix se fonde sur le fait que les classes issues de l’utilisation de ces mĂŠthodes dans chaque dimension sont homogènes et elles dĂŠcrivent mieux les donnĂŠes de base qui ont ĂŠtĂŠ utilisĂŠes pour cette analyse. Pour caractĂŠriser une classe, on compare les moyennes des variables relatives Ă chaque classe avec leurs moyennes gĂŠnĂŠrales calculĂŠes sur l’ensemble de la population. Pour les variables nominales, on compare Ă l’aide du Khi-deux, le proďŹ l de la variable dans la classe au proďŹ l global de la mĂŞme variable dans la population totale. En pratique, on utilise la valeur test pour mesurer statistiquement la dĂŠpendance ou la liaison entre les variables (nominales ou continues) et les classes. Cette valeur test permet de trier par ordre d’importance les modalitĂŠs et les variables les plus caractĂŠristiques d’une classe. Une variable ou une modalitĂŠ sera d’autant plus intĂŠressante pour une classe que la valeur test correspondante sera signiďŹ cative (c’est-Ă -dire supĂŠrieure Ă 2 en valeur absolue pour le seuil usuel de 5 %). Remarque 1) On peut aussi caractĂŠriser une classe par les modalitĂŠs les plus frĂŠquentes de cette classe. Ce sont les modalitĂŠs qui, parmi les modalitĂŠs caractĂŠristiques, sont les plus reprĂŠsentĂŠes dans la classe. Pour cela on choisira lors du paramĂŠtrage, l’option pourcentage MOD/CLASS. 2) On peut aussi chercher Ă typer la classe par les modalitĂŠs qui sont bien reprĂŠsentĂŠes dans la classe et très peu reprĂŠsentĂŠes dans les autres classes. Dans ce cas, il sufďŹ t de calculer le poids de la modalitĂŠ dans la classe divisĂŠ par son poids dans la population totale ; cela revient Ă choisir la paramĂŠtrage CLASS/MOD. Le choix du nombre de classes est dĂŠterminĂŠ par deux ĂŠlĂŠments : s , HOMOGĂ?NĂ?ITĂ? DES INDIVIDUS AU SEIN D UNE MĂ?ME CLASSE s , HĂ?TĂ?ROGĂ?NĂ?ITĂ? DES INDIVIDUS DES CLASSES DIFFĂ?RENTES Il s’agit donc de retenir parmi les partitions possibles, celle dont les individus se ressemblent le plus au sein d’une mĂŞme classe et, les individus appartenant Ă deux classes se diffĂŠrencient le plus. Il est important de signaler que pour dĂŠcider qu’une classe est privĂŠe ou non, un mĂŠnage de rĂŠfĂŠrence a ĂŠtĂŠ dĂŠďŹ ni par le chercheur en tenant compte des informations objectives qu’il dispose sur le phĂŠnomène ĂŠtudiĂŠ. Les tableaux 2-4 ci-dessous donnent pour chaque dimension les classes formĂŠes ainsi que leurs caractĂŠristiques classĂŠes dans un ordre d’importance dĂŠcroissante.

En effet, la classe 1 est celle des individus dont la principale source d’eau pour boire est l’eau de la SNDE, ailleurs et à moins de 5 minutes, les eaux usÊes sont ÊvacuÊes dans la cour et les latrines sont de type non couvertes. Cette classe est privÊe comparativement aux caractÊristiques du mÊnage de rÊfÊrence. La classe 2 est constituÊe des individus qui habitent dans les mÊnages dont la principale source d’eau à boire est l’eau de la SNDE à la maison et à moins de 5 minutes, les latrines sont de type couvertes (amÊliorÊes) et l’Êvacuation des eaux usÊes se fait dans les caniveaux ou puisard. Cette classe n’est pas privÊe. La classe 3 est celle des individus qui puisent l’eau à boire dans les puits, dont les toilettes sont de type non couvertes et les eaux usÊes sont ÊvacuÊes dans la nature ou dans la cour. Cette classe est privÊe.

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La classe 4 est constituĂŠe des individus qui ĂŠvacuent les eaux usĂŠes dans le trou. La principale source d’eau Ă boire est l’eau de la SNDE Ă la maison ou ailleurs et Ă moins de 5 minutes. Cette classe n’est pas privĂŠe. La classe 5 rassemble les individus dont la principale source d’eau est la fontaine ou la pompe villageoise situĂŠe Ă plus de 5 minutes de marche Ă pied. L’Êvacuation des eaux usĂŠes se fait dans la nature et les toilettes sont de type couvertes ou non couvertes. Cette classe est privĂŠe. La classe 6 regroupe les individus qui habitent dans les mĂŠnages dont la principale source d’eau Ă boire est la rivière, le marigot ou la pluie et Ă plus de 5 minutes de marche Ă pied. L’Êvacuation des eaux usĂŠes se fait dans la nature et les toilettes sont de type couvertes ou non couvertes. Cette classe est privĂŠe. La classe 7 a les caractĂŠristiques suivantes : les toilettes sont dans la nature, la principale source d’eau Ă boire est la rivière, le marigot, la pluie ou les puits et Ă plus de 5 minutes de marche Ă pied. Cette classe est privĂŠe. La classe 8 est celle des individus qui habitent dans les mĂŠnages dont les toilettes sont Ă chasse d’eau, la source d’eau Ă boire est l’eau de la SNDE Ă la maison et dont l’Êvacuation des eaux usĂŠes se fait dans les caniveaux ou puisard. Cette classe n’est pas privĂŠe. G. Dimension habitat Elle est apprĂŠciĂŠe par un indicateur construit sur une variable combinant la nature du mur, le type de toilette, l’alimentation en ĂŠlectricitĂŠ, le type de combustible utilisĂŠ. Cet indicateur traduit la dĂŠcence ou non des conditions de logement. AďŹ n d’intĂŠgrer la variable promiscuitĂŠ qui peut expliquer la morbiditĂŠ due aux conditions de logement, on a adjoint Ă ces ĂŠlĂŠments le nombre de pièces que contient une habitation et le nombre de personnes dans chacune des pièces. En effet, Dans une approche des privations il s’agit non pas seulement de capter la dimension santĂŠ qui est liĂŠe Ă la dimension habitat, mais aussi l’incapacitĂŠ des individus Ă pouvoir habiter dans un environnement qui offre des conditions de vie conformes Ă un minimum vital. Dans cette dimension, les individus ont ĂŠtĂŠ regroupĂŠs en trois classes. La classe 1 est celle des individus qui habitent dans des maisons : s CONSTRUITES EN TERRE CUITE EN BOIS OU EN TĂ™LE s QUI N ONT D Ă?LECTRICITĂ? s DONT LE COMBUSTIBLE POUR LA CUISINE EST LE BOIS OU LA SCUIRE s QUI ONT COMME MATĂ?RIAUX DU SOL LA TERRE OU LE BOIS s DONT ADULTES COHABITENT DANS UNE CHAMBRE ĂŒ COUCHER En comparant ce mĂŠnage Ă un mĂŠnage de rĂŠfĂŠrence qui a les caractĂŠristiques suivantes: s LE -ATĂ?RIAU DES MURS EST EN CIMENT BRIQUES CUITES s LE MĂ?NAGE ĂŒ L Ă?LECTRICITĂ? s LE MATĂ?RIAU DU SOL EST EN CIMENT OU EN CARREAU MARBRE s LE COMBUSTIBLE POUR LA CUISINE EST LE GAZ L Ă?LECTRICITĂ? LE CHARBON s LE NOMBRE DE PERSONNES DANS UNE CHAMBRE ĂŒ COUCHER NE DĂ?PASSE PAS La dĂŠďŹ nition du mĂŠnage de rĂŠfĂŠrence est faite par le chercheur en se basant sur les critères d’une habitation moderne dĂŠďŹ nis par le Ministère de l’habitat. Les individus qui habitent dans les mĂŠnages de la classe 1 sont privĂŠs.

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La class 2 est constituée des individus qui habitent dans les maisons en terre battue ou en terre non cuite, sans électricité et dont le sol est en terre (bois).Ils utilisent le bois/scuire comme combustible pour la cuisine. Le nombre de personnes dans une chambre à coucher ne dépasse pas trois personnes. Cette classe est privée en la comparant au ménage de référence. La classe 3 est constituée des individus qui habitent dans les maisons construites en dur, avec un sol en ciment ou en carreau (marbre). Ces ménages sont électrifiés et ils utilisent le charbon de bois (pétrole) ou le gaz (électricité) comme combustible de cuisine. Cette classe n’est pas privée car elle a la quasi-totalité des caractéristiques du ménage de référence. H. Dimension intégration/enclavement Elle est appréciée par un indicateur construit sur la possession de certaines dotations en ressources favorisant le désenclavement. Il s’agit de l’accès à un moyen de transport public à moins de trente minutes, de la possession d’une radio, d’un poste téléviseur, d’un téléphone, d’un moyen de transport. Ici, le ménage de référence est celui qui se situe à moins de trente minutes du transport public ou, celui qui possède au moins l’un des moyens suivant : radio, télévision, téléphone, bicyclette, motocyclette, voiture. La définition du ménage est faite par le chercheur sur la base des informations qu’il a du phénomène. Dans cette dimension, la méthode mixte a permis de regrouper les individus en 5 classes. La classe 1 regroupe les individus qui ont la radio mais ne possèdent ni télévision, ni téléphone, ni moto, ni voiture et sont à plus de 30 minutes de marche à pied pour avoir un transport. La classe 2 regroupe les individus qui n’ont ni radio, ni télévision, ni téléphone, ni moto, ni voiture et sont à plus de 30 minutes de marche à pied pour avoir un transport. La classe 3 est celle des individus qui ont la télévision la radio et la voiture. Mais, ils n’ont pas de téléphone, pas de moto, pas de pirogue et ils sont à moins de 30 minutes de marche à pied pour avoir un transport. La classe 4 est celle des individus qui ont le téléphone, la télévision, la radio, la bicyclette et la voiture. Ils n’ont pas de moto. La classe 5 est celle des individus qui ont la moto, la télévision, la radio, la bicyclette, la voiture, le téléphone et la pirogue. Les individus ne sont pas privés s’ils possèdent au moins l’un des biens suivants : radio, télévision, téléphone, moto, bicyclette, voiture, pirogue et s’ils sont à moins de 30 minutes de marche à pied pour avoir un transport. Ainsi, la classe 2 est celle des individus privés. Les classes 1, 3,4 et 5 sont celles des individus qui ne sont pas privés.

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35

Privé

Pas privé

Privé

Privé

Privé

100 59.5 50.0 75.2 50.0 99.9 97.4 64.4 15.4 100.0 51.4 52.9 45.7 34.2 100.0 62.3 37.7 37.8 73.8 100.0 48.6 55.1 53.9 42.4

SNDE / ailleurs Dans la cour Latrines non couvertes Moins de 5 minutes Latrines couvertes / a SNDE / maison Moins de 5 minutes Latrines couvertes / a Caniveau / puisard Puits Latrines non couverts Dans la nature Dans la cour Plus de 5 minutes Trou Latrines couvertes / a SNDE / maison SNDE / ailleurs Moins de 5 minutes Fontaine / pompe village Plus de 5 minutes Dans la nature Latrines couvertes / a Latrines non couvertes

Source de l’eau Evacuation de l’eau usée Type de toilette Accès à la source d’eau usé pour boire Type de toilette

Source de l’eau Accès à la source d’eau usé pour boire Type de toilette Evacuation de l’eau usée

Source de l’eau Type de toilette Evacuation de l’eau usée Evacuation de l’eau usée Accès à la source d’eau usé pour boire

Evacuation de l’eau usée Type de toilette Source de l’eau Source de l’eau Accès à la source d’eau usé pour boire

Source de l’eau Accès à la source d’eau usé pour boire Evacuation de l’eau usée Type de toilette Type de toilette

Classe 2 (18.9%)

Classe 3 (16.1%)

Classe 4 (7.0%)

Classe 5 (6.6%)

Statut de privation

Classe 1 (23.5%)

% des individus dans la classe avec cette caractéristique

Caractéristiques (par ordre d’importance décroissante)

Indicateur

Groupes / cluster (% des individus, sans pondération)

Tableau 2: Eau et Assainissement – Sélection des groupes privés et non privés


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Pas privé

Privé

Privé

Statut de privation

Variables inclus dans l’Analyse de Correspondance Multiple (ACM) : Source de l’eau (5 modalités), évacuation de l’eau usée (4 modalités), temps d’aller à pied au source d’eau usé pour boire (2 modalités), type de toilette (4 modalités). Résultat ACM : 11 axes factoriels dont les 10 plus grandes expliquent 96% de l’inertie. Résultat analyse cluster : Classification en 8 groupes en utilisant la méthode hiérarchique. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

100.0 85.4 52.0 90.3

WC / Chasse d’eau SNDE / maison Caniveau / puisard Moins de 5 minutes

Type de toilette Source de l’eau Evacuation de l’eau usée Accès à la source d’eau usé pour boire

Classe 8 (5.9%)

100.0 44.5 54.8 35.3 53.6 43.3

WC / La nature Rivière / marigot / pluie Plus de 5 minutes Puits Dans la nature Dans le court

Source de l’eau Accès à la source d’eau usé pour boire Source de l’eau Evacuation de l’eau usée Evacuation de l’eau usée

Classe 7 (6.2%)

% des individus dans la classe avec cette caractéristique 98.6 72.5 68.1 57.1 42.9

Source de l’eau Accès à la source d’eau usé pour boire Evacuation de l’eau usée Type de toilette Type de toilette Type de toilette

Classe 6 (15.8%)

Caractéristiques (par ordre d’importance décroissante) Rivière / marigot / pluie Plus de 5 minutes Dans la nature Latrines couvertes / a Latrines non couvertes

Indicateur

Groupes / cluster (% des individus, sans pondération)

Tableau 2 continué: Eau et Assainissement – Sélection des groupes privés et non privés


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Matériaux mur Matériaux mur Eclairage Combustible cuisine Matériaux sol Promiscuité

Matériaux mur Matériaux sol Matériaux mur Combustible cuisine Eclairage Promiscuité

Matériaux mur Matériaux sol Eclairage Combustible cuisine Combustible cuisine Matériaux sol Promiscuité

Classe 1 (37.1%)

Classe 2 (26.6%)

Classe 3 (36.3%)

Privé

52.4 85.7 43.3 92.0 94.5 59.6 94.4 90.7 57.6 55.8 17.3 7.2 29.9

Terre battue Terre bois Terre non cuite Bois / sciure Pas d’électricité Personnes / chambres <3 En dur Ciment / brique cuite Electricité Charbon de bois / pétrole Gaz / électricité Carrelage / marbre Personnes / chambres =3

Pas privé

Privé

Statut de privation

58.2 41.8 80.9 67.7 42.1 15.9

% des individus dans la classe avec cette caractéristique

Terre cuite Bois / planche / tôle Pas d’électricité Bois / sciure Terre / bois Personnes / chambres >3

Caractéristiques (par ordre d’importance décroissante)

Variables inclus dans l’Analyse de Correspondance Multiple (ACM) : Matériaux mur (5 modalités), matériaux sol (3 modalités), promiscuité (4 modalités), combustible cuisine (3 modalités) et éclairage (2 modalités). Résultat ACM : 11 axes factoriels dont les 10 plus grandes expliquent 97% de l’inertie. Résultat analyse cluster : Classification en 3 groupes en utilisant la méthode hiérarchique. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Indicateur

Groupes / cluster (% des individus, sans pondération)

Tableau 3: Habitation – Sélection des groupes privés et non privés


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Radio Pas de télé Pas de téléphone Pas de moto Pas de voiture Plus de 30 min de marche Pas de radio Pas de télé Pas de téléphone Pas de moto Pas de voiture Plus de 30 min de marche Télé Pas de téléphone Radio Voiture Pas de moto Moins de 30min de marche Pas pirogue Téléphone Télé Radio Pas de moto Bicyclette Voiture Moto Télé Radio Bicyclette Voiture Téléphone Pirogue

Possession radio Possession télé Possession téléphone Possession moto Possession voiture Distance-transport

Possession radio Possession télé Possession téléphone Possession moto Possession voiture Distance-transport

Possession télé Possession téléphone Possession radio Possession voiture Possession moto Distance-transport Possession pirogue

Possession téléphone Possession télé Possession radio Possession moto Possession bicyclette Possession voiture

Possession moto Possession télé Possession radio Possession bicyclette Possession voiture Possession téléphone Possession pirogue

Classe 1 (33,9%)

Classe 2 (32,6%)

Classe 3 (19,9%)

Classe 4 (11,1%)

Classe 5 (2,4%)

Caractéristiques (par ordre ’importance décroissante)

Indicateur

(% des individus, sans pondération)

Groupes / cluster

100 58,5 87,5 26,9 9,9 26,4 8,4

100 41,7 74,9 100 10,8 3,9

100 100 74,3 5,6 100 96,4 98,1

100 100 100 100 99,6 9,0

100 100 100 100 99,6 9,0

% des individus dans la classe avec la modalité

Tableau 4: Enclavement – Sélection des groupes privés et non privés

2,4 26 59,2 7,5 2,1 11,8 3,2

11,7 26 59,2 97,6 7,5 2,1

26 88,2 59,2 2,1 97,6 92,5 96,8

40,8 74 88,2 97,6 97,9 7,5

59,2 74 88,2 97,6 97,9 7,5

% des individus dans la population avec cette modalité

Pas privé

Pas privé

Pas privé

Privé

Pas privé

Statut

Variables inclus dans l’Analyse de Correspondance Multiple (ACM) : possession radio (2 modalités), Possession télé (2 modalités), possession téléphone (2 modalités), distance de marche à pied pour avoir un transport (2 modalités), possession de la bicyclette (2 modalités), possession de la moto (2 modalités) Résultat ACM : 8 axes factoriels dont les 10 plus grandes expliquent 91% de l’inertie. Résultat analyse cluster: Classification en 5 groupes en utilisant la méthode mixte. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.




4 Analyse de l’incidence de la pauvreté dans chaque domaine Sur la base des variables et des indicateurs retenus, il a été estimé les incidences de pauvreté dans les huit dimensions comme illustré dans figure 1 et dans le tableau 5.

Figure 1 : Incidences de pauvreté dans les différents domaines

Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Comme on peut constater, les variables retenues ici sont en majorité mesurées au niveau des ménages. Seules 3 dimensions (éducation, sante et travail) sont mesurées au niveau individuel. Dans ces trois dimensions, l’analyse a d’ailleurs permis de noter de fortes disparités entre les enfants, les femmes adultes et les hommes adultes. Bien que les cinq autres variables mesurées au niveau des ménages aient été utilisées pour analyser la pauvreté au niveau des individus, il convient de noter que cela n’a aucune incidence sur la pertinence de l’analyse, car dans les domaines monétaire, eau et assainissement, habitation et enclavement, l’accès au ressources renvoie à la consommation des biens collectifs qui génère des économies d’échelle par rapport à la taille du ménage. C’est le cas typique de la possession d’un poste téléviseur ou d’une radio, qui utilisé collectivement, permet d’apprécier la situation individuelle par rapport à la dotation du ménage. Concernant le domaine de la nutrition, il n’existe pas d’indicateur disponible au niveau individuel dans la base de données de l’ECOM.

41


Tableau 5 : Incidences de pauvreté dans les différents domaines Prévalence (pourcentages lignes) Population

Enfants

Femmes adultes

Hommes adultes

Monétaire

50.1

53.7 1

47.8

46.2

Éducation

37.9

52.5 2

36.7

21.9

Nutrition

42.9

43.7

43.6

40.8

44.5 3

44.0

46.0

44.0

Travail

21.0

5.6 4

28.3

24.5

Eau et assainis

67.5

69.9

66.1

64.9

Habitation

58.7

61.6

57.4

54.8

Enclavement

32.1

33.8

34.6

26.4

Partie population (%)

100

46.2

28.6

25.2

Santé

Note: 1 La privation monétaire des enfants est justifiée dans le cadre de cette étude par le fait que les enfants étant économiquement dépendants, les ménages avec enfants sont plus exposés à la pauvreté car le revenu des parents est distribué sur l’ensemble de la population du ménage pour satisfaire aux besoins de chaque membre du ménage. 2 Sont pris en compte seulement les enfants âgés de 6 a 17. Incidence garçons 53,7% et filles 51,2%. 3 Sont pris en compte 38% des individus dans l’échantillon (seulement les individus qui ont souffert un mal dans les 4 dernières semaines). 4 Sont pris en compte seulement les enfants âgés de 10 a 14. Incidence garçons 4,9% et filles 6,3%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

4.1 La pauvreté dans le domaine monétaire L’estimation de l’incidence de pauvreté monétaire révèle que plus de la moitié des congolais sont pauvres (voir aussi ECOM, 2005). Lorsque l’on compare le niveau de pauvreté monétaire selon que l’on est enfant, femme ou homme adulte, il apparaît que les enfants représentent la frange de la population qui est la plus privée, suivie des femmes adultes. Comme les femmes adultes représentent 28,6 % de la population, donc plus que les hommes, leur niveau de pauvreté monétaire pourrait expliquer celui des enfants, compte tenu du rôle qu’elles jouent dans les foyers.

4.2 La pauvreté dans le domaine de l’éducation En dépit des efforts qui ont été accomplis ces dernières années en matière d’éducation avec notamment l’accroissement de 23 % du nombre d’établissements scolaires (primaires et secondaires) entre 2003 et 2004 (Bilan social du Congo de 2002 à 2004), l’éducation reste un domaine dans lequel un bon nombre de congolais sont privés. L’analyse de l’incidence de privation dans l’éducation révèle que 37 % de congolais sont concernés, dont 52 % d’enfants, 36 % de femmes adultes et 21 % d’hommes adultes. Il faut noter, au regard de ces chiffres, que dans cette dimension les enfants et les femmes constituent les deux franges de la population qui sont les plus privées. Il est important de souligner que plus de la moitié des enfants accusent un retard de deux classes au moins, ou sont privés d’éducation, pourtant reconnue comme un droit fondamental pour les enfants.

42


Les disparités entre les hommes et les femmes dans ce domaine pourraient être justifiée par le fait que la société congolaise souffre encore des pesanteurs socioculturelles défavorables à la femme, tant en matière d’éducation qu’en matière d’emploi. Les données contextuelles produites dans la partie introductive fournissent une base d’interprétation de cette situation.

4.3 La pauvreté dans le domaine nutritionnel Dans la dimension de nutrition, il apparaît qu’une proportion importante de la population est pauvre. En effet, 42 % des congolais sont pauvres dans le domaine nutritionnel. Cette privation touche indistinctement toutes les catégories d’individus (enfants, femmes et hommes adultes), et ce dans des proportions sensiblement égales. Ce résultat s’explique par l’utilisation d’une variable mesuré au niveau du ménage, plutôt qu’au niveau individuel, cette dernière n’étant pas disponible.

4.4 La pauvreté dans le domaine de la santé L’estimation de l’incidence de pauvreté révèle une situation peu favorable car 45 % de la population sont privés dans les proportions similaires quelque soit la couche de la population considérée. Dans les faits, ce niveau de privation se traduit par d’importants niveaux de mortalité : entre 1991 et 2005 la mortalité infanto juvénile a été évaluée à 117 pour 1000 naissances, la mortalité des adultes étant évaluée elle à 6,’ pour 1000 chez les femmes et 7 pour 1000 chez les hommes (EDS, 2005). L’insuffisance, voire l’absence de financement requis pour les travaux de réhabilitation et de construction des Centres de Santé Intégrés (CSI), le manque de personnel et la faible fourniture en équipement et matériel médicaux explique en grande partie cette situation (Bilan social du Congo, 2005).

4.5 La pauvreté dans le domaine de l’habitat Ce phénomène touche 58 % de la population congolaise, soit la majorité. Cette situation résulte à la fois de la pauvreté monétaire des individus et des faiblesses du pays en matière de politique de l’habitat. En effet, la politique de l’Etat dans le domaine de l’habitat se caractérise par d’énormes carences institutionnelles et réglementaires. Ce qui justifie la fréquence des constructions anarchiques, construites souvent en matériaux non durables et dans des zones non loties dépourvues des infrastructures de base comme l’adduction d’eau et le réseau électrique.

4.6 La pauvreté dans le domaine de l’eau et assainissement Les sous secteurs de l’eau et de l’assainissement sont des domaines prioritaires. Or, la pauvreté dans ces domaines touche 68 % de la population. Il faut relever que cette dimension présente les taux de pauvreté les plus élevés des huit dimensions. En effet, la Société Nationale de Distribution d’Eau (SNDE) ne dessert qu’environ 45 % de la population urbaine et 12 % de la population rurale du Congo (Bilan social du Congo 2005). L’assainissement est très précaire, car l’absence de service de voirie et la vétusté des réseaux d’évacuation figurent parmi les problèmes majeurs dans les grandes villes et les centres secondaires. D’une manière générale, l’absence de politique publique efficace dans ce domaine explique la pauvreté des individus dans ce domaine.

4.7 La pauvreté dans le domaine du travail Le niveau de privation global, qui est estimé à 21%, traduit une crise profonde du marché du travail. Toutefois, ce sont les femmes (28%) qui sont les plus défavorisés que les hommes (25%)

43


sur le marché du travail. Cette différence s’explique par des discriminations dont elles sont en victime. En effet, comme cela a été analysé dans la dimension éducation, les femmes profitent moins de l’offre d’éducation que les hommes, en raison de diverses pesanteurs sociétales. Or, ce sont deux facteurs discriminants pour l’accès à l’emploi. Chez les enfants, le taux de privation dans ce domaine est relativement bas (6 %). Toutefois, même peu élevé, il traduit un problème social dans la mesure où le travail compromet l’avenir d’une partie de la jeunesse qui est obligée de s’adonner à des activités économiques au lieu de se former et ainsi d’assurer la relève dans le futur.

4.8 La pauvreté en matière d’intégration/enclavement Dans le domaine d’enclavement, les résultats de l‘étude montrent aussi qu’une bonne partie de la population en est privée (32 % en moyenne). L’intégration dépendant en partie des ressources dont disposent les individus et des moyens de communication, l’état de pauvreté dans cette DIMENSION EST LE REmET Ì LA FOIS DE LA PAUVRETÏ MONÏTAIRE DONT SOUFFRENT LES INDIVIDUS ET DE LA faiblesse des infrastructures, notamment les infrastructures de transport. En conclusion de cette analyse de l’incidence de pauvreté dans les huit dimensions, deux constats peuvent être faits (Etude sur la pauvreté multidimensionnelle des enfants et des femmes au Congo, UNICEF, 2007). Premièrement, c’est dans les domaines de l’eau et l’assainissement, de l’habitation et la monnaie que la pauvreté touche la majorité des Congolais. Deuxièmement, les taux de pauvreté sont assez élevés dans toutes les dimensions. Ce qui permet de révéler que la problématique de la pauvreté au Congo doit être au cœur des préoccupations des pouvoirs publics.

4.9 Comparaison des profils de pauvreté entre les différentes dimensions Nous commençons avec la comparaison de privations multidimensionnelles pour les enfants, les femmes et les hommes adultes. Le figure 1 et le tableau 5 montrent bien que dans la plupart des dimensions il y a des différences entres les taux de privation des enfants, femmes adultes et hommes adultes. Le tableau 6 ci-dessous montre la même information d’un point de vue un peu différent (relativement à l’homme). Le ‘+’ indique un risque de privation plus élevé par rapport aux hommes et le ‘-’ un risque moins élevée14. Clairement, il apparaît que par rapport aux hommes, les enfants et les femmes sont plus au risque d’être d’être privé dans la plupart des dimensions. Seulement dans la dimension de travail les enfants ont un risque moins élevé d’être privé que les hommes adultes et dans la dimension de santé ils ont le même risque de privation. Pour les femmes la risque de privation est égale a cette des hommes pour les dimensions monétaire et de l’eau et assainissement. Ces résultats suggèrent une problématique générale de la position des enfants et des femmes dans la société Congolaise. Nous continuons par comparer le profil de pauvreté monétaire (standard) avec les profils dégagés dans chaque dimension. Comme cela apparaît dans le tableau 7, les profils de pauvreté diffèrent selon les dimensions. Ce qui signifie que certaines caractéristiques sont associées à un risque de privation plus élevé dans une dimension donnée plutôt que dans les autres15. Cette évidence fournit

14

Plus précisément, si la différence relative entre les taux de privation est plus que 5% ce groupe a un risque plus (ou moins) élevée. Si la différence relative est moins que 5% on a considéré cette différence non significative. 15 Comme en règle générale au dessus ou en dessous de la moyenne du risque de privation peut être identifié lorsque le taux de privation est de 2 point de pourcentage plus élevé plus faible que le taux moyen de privation. Même si la taille de l’échantillon est donnée, des petites différences sont aussi souvent statistiquement significatives, mais nous sommes intéressés ici par les différences politiquement significatives.

44


la preuve de l’intérêt que présente l’approche multidimensionnelle de la pauvreté qui permet de saisir les aspects qui restent inobservables lorsqu’on recourt à la seule approche monétaire. Dans le profil que montre le tableau 7 et la graphique 2-7 on analyse les caractéristiques qui peuvent être associées avec un risque plus élevé de privation et quelles caractéristiques sont associée à un risque de privation dans une dimension donnée. En particulier on est intéressé à connaître les caractéristiques qui différencient le niveau de risque de privation entre les dimensions et plus singulièrement par rapport à la pauvreté monétaire.

Tableau 6 : Risque de privation relatif des enfants et femmes Dimension

Prévalence (pourcentages lignes)

Risque de privation relatif à l’homme

Population

Enfants

Femmes adultes

Monétaire

50.1

+

0

Éducation

37.9

+

+

Nutrition

42.9

+

+

Santé

44.5

0

+

Travail

21.0

-

+

Eau et assainissement

67.5

+

0

Habitation

58.7

+

+

Enclavement

32.1

+

+

Dans cet exercice nous nous focalisons en premier sur les caractéristiques qui sont associées à un risque élevé de privation dans plusieurs dimensions. Les profils de pauvreté des huit dimensions sont résumés dans le tableau 2 et la graphique 2-7 résume les différences à l’intérieur des catégories particulières. Un groupe est exposé à un risque élevé de privation lorsque ses caractéristiques sont associées à un taux de privation plus élevé que le taux moyen de privation dans le pays. Si le profil intéresse seulement deux modalités (par exemple rural- urbain, homme –femme etc.), un écart important des taux de privation entre ces groupes est aussi considérer comme un indicateur de risque élevé ou faible. La première observation qui se dégage dans cette étude est que le milieu rural et le milieu semi rural sont associés à un risque élevé de privation dans plusieurs dimensions. La dimension travail constitue une exception : seulement 16 % des actifs sont sous employés ou au chômage, alors que 25 % des actifs urbains sont privés. La différence relative avec le milieu urbain peut être expliquée par le fait que les actifs ruraux ne sont pas toujours incités à rechercher du travail et cette proportion n’a donc pas été prise en compte par rapport à la définition du chômage qui a été retenue). Les graphiques 2 et 3 montrent que la différence entre zone rurale te zone urbaine (également illustré dans la décomposition en strate) est considérable dans la plupart des dimensions et beaucoup plus large dans les dimensions habitation et eau et assainissement. Les autres groupes qui ont un risque élevé de privation (ici nous retenons les caractéristiques qui sont dans au moins 4 dimensions disproportionnellement plus souvent privées) : les ménages avec

45


un seul parent (6), les familles élargies (4), les ménages dirigés par une femme (4) et les ménages avec une personne âgée comme chef (5). D’autre part, les ménages avec à la tête un homme et ceux dont le chef est âgé de 35 à 45 ans et de 46 à 55 ans n’ont pas un taux de privation supérieur à la moyenne, ceci quelle que soit la dimension. La discussion précédente montre qu’il y a certaines caractéristiques qui sont associées à un risque élevé ou faible de privation. En observant le graphique 2-7 on s’aperçoit que le calcul du nombre de dimensions dans lesquelles une caractéristique est associée à un haut risque de privation obscurcit l’hétérogénéité. En effet les caractéristiques qui sont pour certaines dimensions associées à un risque élevé de privation ont une moyenne ou une sous moyenne de risque dans d’autres dimensions. Comparons par exemple les ménages avec un seul parent et les ménages avec un chef de ménage âgé plus de 55 ans. Les deux caractéristiques ont pour 6 ou 5 dimensions un risque au dessus de la moyenne mais les dimensions pour lesquelles ceci intervient diffèrent. Ces deux types de ménage ont également un risque élevé dans les dimensions d’éducation, nutrition et enclavement. Mais les ménages avec un seul parent présentent aussi une probabilité plus forte d’être pauvre en santé, eau et assainissement et habitation et, à l’opposé, les individus vivant dans les ménages avec un chef de ménage âgé plus de 55 ans sont plus exposés à être pauvre en terme monétaire et travail. Tout ceci montre qu’un groupe spécifique peut avoir des problèmes spécifiques et donc, une fois de plus il est opportun d’analyser la pauvreté suivant une approche multidimensionnelle. A partir d’une perspective un peu différente les taux de privation des groupes décomposés peuvent être très différents ou plutôt similaire. Prenons le cas de la taille du ménage (graphique 4) : les taux de privation monétaires augmentent avec la taille du ménage, alors que les taux de privation en éducation, santé, à la nutrition et à l’habitat sont très similaires. Dans les dimensions d’eau et assainissement et enclavement le taux de privation baisse avec la taille du ménage. Aussi il est clair que les individus peuvent avoir la probabilité d’être privé dans une dimension et de ne pas l’être dans d’autres. Les forts taux de privation monétaires des ménages de grande taille sont vraisemblablement liés à des ratios élevés de dépendance dans de tels ménages16 . D’autre part même si les ménages de grande taille sont plus exposés à la pauvreté monétaire, ils ont dans le même temps la possibilité de posséder des ressources leur permettant de Communiquer, de se mouvoir, ce qui explique pourquoi ils sont moins exposés à l’enclavement. Un autre aspect intéressant dans cette optique est celui des ménages dirigés par des personnes âgés. Comme indiqué plus haut, ce groupe présent un risque de privation dans six dimensions, mais le graphique 7 montre que les individus vivant dans de tels ménages ont moins de risque d’être privés dans les dimensions eau et assainissement et habitation. Une explication plausible à cette situation serait que ces ménages ont actuellement des ressources monétaires limitées pour

16 Cependant,

ces différences peuvent être attribuées aux techniques et aux décisions arbitraires sur la manière dont est mesurée la privation. Les différences sur les taux de privation monétaire des ménages de taille différente sont très sensibles aux changements d’échelle d’équivalence. La pauvreté est mesurée sur la base des dépenses des ménages et demande aussi quelques évaluations sur la manière dont les ménages larges sont plus efficients en terme de coût que les ménages de petite taille (par exemple, les coûts du ménage ne doublent pas lorsqu’un membre se déplace au profit d’un autre). Assurément, une plus grande efficience des ménages larges réduit automatiquement le risque de pauvreté de tels ménages car il est admis que dans ces conditions, ils ont besoin de moins de ressources pour satisfaire les besoins de tous les membres du ménage. Ou prenons de façon alternative l’enclavement qui est mesuré par la dotation en moyen de transport et communication et la distance pour attraper un moyen de transport public au niveau du ménage. Les ménages larges sont plus disposés à avoir un ou plusieurs moyens de transport ou de communication que les ménages de petite taille parce que les coûts (fixes) pour acquérir de tels actifs peut être divisé par plus de personnes/revenus.

46


la consommation mais au cours de la vie du chef de mĂŠnage, des ressources ont ĂŠtĂŠ consacrĂŠe pour amĂŠliorer les conditions dans ces deux dimensions (avoir de l’eau courante Ă la maison, couvrir les latrines etc.). Un autre groupe intĂŠressant Ă ĂŠtudier, encore qu’il ne reprĂŠsente qu’une petite proportion de la population (5%) est celui des mĂŠnages avec enfants et un seul adulte. Ce type de mĂŠnage est disproportionnellement plus exposĂŠ au risque de privation en ĂŠducation, Ă la nutrition, en santĂŠ, Ă l’eau et assainissement, Ă l’habitat et Ă l’enclavement. Comparativement aux autres types de mĂŠnages il apparaĂŽt que les diffĂŠrences dans le risque de privation sont considĂŠrables. Elles sont particulièrement ĂŠlevĂŠes dans les dimensions enclavement (70%, comparĂŠ Ă la moyenne de 32%), En conclusion, la comparaison des proďŹ ls de pauvretĂŠ montre que; s #ERTAINES CARACTĂ?RISTIQUES PEUVENT Ă?TRE ASSOCIĂ?ES ĂŒ DES RISQUES Ă?LEVĂ?S DE PRIVATION EN GĂ?NĂ?RAL (rĂŠgions rurales et semi urbaines, mĂŠnage avec un chef de famille âgĂŠ, mĂŠnage avec un seul adulte Ă la tĂŞte); s -AIS QU IL EXISTE UNE FORTE HĂ?TĂ?ROGĂ?NĂ?ITĂ? ĂŒ TRAVERS LES DIMENSIONS 0RĂ?SENTER UN RISQUE DANS UNE dimension n’implique pas qu’on le soit dans une autre dimension; s 0AR CONSĂ?QUENT LA PAUVRETĂ? MONĂ?TAIRE N EST PAS UN PROXY PERTINENT ET ACCEPTABLE POUVANT expliquer la pauvretĂŠ dans les autres dimensions.

47


48

1

50.1 58.0 44.6 53.3 32.1 51.2 59.5 57.7 25.8 45.2 58.2 67.3 30.3 48.6 43.4 52.3 61.4 61.0 48.9 55.0 43.1 46.4 49.6 59.0

100

41.6 58.4

29.0 23.5 5.9 7.0 34.6

13.4 39.5 31.4 15.7

9.0 4.7 29.3 28.1 28.1 0.7

80.0 20.0

18.3 30.8 22.0 29.0

Monétaire

32.9 32.4 35.4 47.6

37.0 41.4

38.5 49.1 33.6 31.8 44.9 69.5

39.2 37.1 39.0 36.6

26.5 29.1 40.1 46.9 52.1

51.2 28.9

37.9

Education

38.0 39.4 40.2 51.7

40.6 52.1

42.6 57.0 39.7 37.4 49.5 43.6

41.1 43.4 42.7 43.7

42.6 29.6 41.0 54.3 50.2

50.9 37.2

42.9

Nutrition

43.4 45.7 45.7 43.2

44.1 46.0

46.3 47.9 46.3 43.2 42.1 55.4

44.7 45.4 42.2 46.8

40.7 44.6 46.5 40.5 47.3

22.0 17.4 19.1 27.4

20.6 22.8

26.6 13.1 16.3 22.0 24.7 17.4

19.1 19.9 20.7 26.5

26.1 26.2 14.3 12.7 16.0

15.5 25.0

21.0

44.51 46.3 42.8

Travail

Santé

74.0 68.8 64.9 64.1

68.0 65.8

66.6 75.2 70.8 66.4 63.9 83.4

69.1 71.3 65.7 60.6

43.2 52.2 66.7 92.1 93.5

93.3 49.2

67.5

Eau & assain.

Prévalence des privations (pourcentages lignes)

65.2 60.5 52.3 57.4

58.8 58.3

55.8 70.2 62.5 55.1 56.6 90.5

61.2 61.5 55.6 55.7

11.6 48.5 83.5 89.0 94.7

93.7 33.7

58.7

Habitation

37.6 30.7 26.3 34.6

26.9 53.2

34.3 70.4 33.3 23.3 32.4 48.3

43.6 34.4 28.9 23.2

26.8 19.2 32.1 47.5 42.3

43.2 24.3

32.1

Enclavement

Sont pris en compte 38% des individus dans l’échantillon (seulement les individus qui ont souffert un mal dans les 4 dernières semaines). Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Totale Milieu de résidence Rural Urbain Strate Brazzaville Pointe Noire Autres communes Semi urbain Milieu rural Taille de ménage 1-3 personnes 4-6 personnes 7-9 personnes > 9 personnes Type de ménage Adultes et/ou vieux Enfants et 1 adulte/vieux Enfants et 2 adultes Enfants et >2 adultes Triple générations Autre types Sexe chef de ménage Homme Femme Age chef de ménage < 35 ans 35-45 ans 46-54 ans 55 et plus

(pourcentages colonnes)

Partie de la population

Tableau 7: Comparaison des profiles des groupes privés


Figure 2 : Comparaison profils de privation rurale - urbain

Figure 3 : Comparaison profils de privation par strate

Figure 4 : Comparaison profils de privation par taille de ménage

49


Figure 5 : Comparaison profils de privation par type de ménage

Figure 6 : Comparaison profils de privation par sexe du chef de ménage

Figure 7 : Comparaison profils de privation par âge du chef de ménage

50




5 Analyse des multiples privations Jusqu’à présent, on a analysé et comparé les aspects de privation à un niveau unidimensionnelle (dimension par dimension). Très clairement, il est intuitivement pensable que les taux élevés de privation au niveau des dimensions de bien-être impliquent la possibilité que la population congolaise soit simultanément privée dans plusieurs dimensions. Quoi qu’il en soit, les graphiques discutés jusqu’alors n’ont pas permis de savoir à quel degré certains groupes de la population souffrent des combinaisons particulières de privation en même temps. Dans la suite de ce document nous-nous intéresseront davantage à mener les investigations sur les aspects de privation simultanée que connaissent les individus. Le fait de savoir quels sont les groupes qui souffrent de combinaisons particulières de privation est important dans la mesure où de tels groupes peuvent constituer des groupes prioritaires pour les décideurs politiques. En outre, les privations dans plusieurs dimensions peuvent donner une indication sur les relations possibles entre dimension. Par exemple ne pas avoir du travail peut INmUENCER LE NIVEAU DE CONSOMMATION D UN INDIVIDU ET QUE L ÏDUCATION INmUENCE LA POSSIBILITÏ DE trouver un travail bien payé. Ceci amène à penser les solutions qui tendraient à réduire la privation dans une dimension peuvent se trouver dans une autre dimension. Etant donné l’importance et l’orientation politique de ce projet de recherche, nous allons nous focaliser sur l’exploration des imbrications entre les dimensions. Les directions possibles de causalité seront discutées sur la base des données de l’ECOM, mais en faisant aussi recourt à d’autres sources d’information nationale et international (section 6). La procédure qui a été suivie est la suivante : dans cette section nous analysons dans quelle mesure les privations dans une dimension s’imbriquent avec d’autres dimensions. Cet exercice se fera sur l’ensemble de la population mais aussi pour différents groupes d’âge et de genre (homme adulte, femme adulte et enfant). Le but de cette analyse étant d’identifier les dimensions dans lesquelles ces imbrications sont fortes et dans quelle mesure il est plus probable que ces groupes soient exposés aux combinaisons particulières de privation. Sur la base des situations observées nous sélectionnons un certain nombre de groupe pour davantage d’analyse. Dans le tableau 6 nous analysons les caractéristiques de chacun des groupes (profil) et les problèmes qu’ils connaissent en se servant à la fois des données de l’ECOM, et d’autres sources d’information nationale et internationale. Dans la section 7 nous discuterons les options de politique qui découleront des analyses de la section 6. La comparaison des situations de privation individuelles à travers les 8 dimensions n’est pas une question facile. En effet, en théorie une analyse complète nécessite 40 320 comparaisons entre les différentes dimensions (nombre de permutations pour 8 dimensions). Etant donné les contraintes de temps et de ressources, nous nous emploierons à analyser seulement les imbrications entre chaque paire des huit dimensions (tableaux 8 à 11). La première observation est que l’imbrication est plus importante entre les dimensions qui présentent des taux élevés de privation : 51 % des individus au Congo vivent dans un ménage qui est privé en termes d’accès à l’eau et assainissement et des conditions d’habitation décentes. Les imbrications entre les dimensions monétaires, eau et assainissement et habitation sont pratiquement tous au dessus de 30 %. Dans le même ordre, on peut noter que les groupes d’âge et de genre qui ont un risque haute de privation dans une dimension particulière ont aussi un risque plus élevé d’êtres privés dans multiples dimensions. Si on prend les cas des enfants, comme le montrent le graphique 1 et le tableau 5, les

53


enfants prĂŠsentent disproportionnellement plus de probabilitĂŠ d’être privĂŠ en ĂŠducation et en terme monĂŠtaire (vivant dans un mĂŠnage pauvre monĂŠtairement). La comparaison de l’imbrication dans les deux dimensions pour les enfants avec celle des autres individus montre qu’un tiers des enfants sont simultanĂŠment privĂŠs tant que ces pourcentages chez les femmes et hommes adultes sont 19% et 11% (cf. tableau 7 Ă 10). Toute fois, cette observation mĂŠrite d’être nuancĂŠe car il y’a des exceptions Ă cela. En effet, si l’on prend le cas des femmes adultes dans les dimensions travail et ĂŠducation, il ressort que les femmes ont un risque considĂŠrablement plus ĂŠlevĂŠ dans ces dimensions que les hommes chez les hommes. Mais le pourcentage des femmes simultanĂŠment privĂŠes en travail et ĂŠducation dĂŠpasse seulement de un point de celui des hommes (5 % pour les femmes et 4 % pour les hommes). Les tableaux A1 Ă A4 de l’annexe montrent que pour les femmes il y’a une corrĂŠlation nĂŠgative signiďŹ cative entre les rĂŠsultats observĂŠs dans les dimensions travail et ĂŠducation alors que pour les hommes il n’y a aucune corrĂŠlation entre les deux dimensions17. Pour les femmes, ĂŞtre privĂŠe dans la dimension travail est associĂŠ Ă un risque plus bas d’être privĂŠe dans la dimension ĂŠducation et vice versa. Quoi qu’il en soit, les corrĂŠlations en annexe montrent que dans la plupart des cas il y’a une corrĂŠlation positive signiďŹ cative entre les situations de bien-ĂŞtre/privĂŠ des deux dimensions, la corrĂŠlation estimĂŠe conďŹ rme les observations discutĂŠes prĂŠcĂŠdemment. L’Êtape suivante de notre analyse consistera Ă approfondir l’analyse de la simultanĂŠitĂŠ Ă plus de deux dimensions. Cette option est guidĂŠe par quatre critères : s 5NE CONNAISSANCE PRĂ?ALABLE THĂ?ORIQUE ET EMPIRIQUE DES RELATIONS ENTRE LES DIMENSIONS s #OMMENT ON A MESURĂ? ET CONSTRUIT L INDICATEUR DE PRIVATION QUEL TYPE DE QUESTIONS INFORMATION au niveau de mĂŠnage ou au niveau individuel); s ,ES DIFFĂ?RENCES RELATIVES ENTRE LES GROUPES DE POPULATION ENFANTS ET HOMME ET FEMME ADULTES s , IMPORTANCE DES IMBRICATIONS POUR DES RAISONS D ANALYSE ET DE POLITIQUE ON A BESOIN DE groupes sufďŹ samment larges).

Tableau 8: % des individus privĂŠs simultanĂŠment dans 2 dimensions MonĂŠtaire

Education Nutrition SantĂŠ

Travail

Eau & assain. Habitation

MonĂŠtaire

-

Education

22

-

Nutrition

25

19

-

SantĂŠ

24

21

25

-

Travail

10

5

7

11

-

Eau & assain.

38

29

32

33

13

-

Habitation

33

27

29

30

11

51

-

Enclavement

21

15

18

17

6

26

24

Note: Population total (avec pondĂŠration) sauf dans les dimensions d’Êducation (sont pris en compte seulement les individus âgĂŠs dessus de 6) et travail (sont pris en compte seulement les enfants âgĂŠs de 10 a 14 et les adultes de 18 a 54 ans). Source : Estimations des auteurs sur la base des donnĂŠes ECOM 2005.

17 Notons

que les calculs de corrĂŠlation entre ĂŠducation et travail incluent seulement ceux des individus qui sont actifs sur le marchĂŠ du travail (tout ce qui ont un travail que ceux qui en cherchent). Les individus qui ne participent pas au marchĂŠ du travail ne sont pas pris en compte dans ce calcul des taux de privatisation pour la dimension travail (mais ils sont en effet inclus dans les taux de privation en ĂŠducation).

54


Tableau 9 : % des enfants privés simultanément dans 2 dimensions Monétaire

Education Nutrition Santé

Travail

Eau & assain. Habitation

Monétaire

-

Education

32

-

Nutrition

27

25

-

Santé

26

28

26

-

Travail

4

5

2

3

-

Eau & assain.

42

40

33

34

5

-

Habitation

37

37

31

31

5

54

-

Enclavement

24

20

19

18

2

28

26

Note : Enfants total (avec pondération) sauf dans les dimensions d’éducation (sont pris en compte seulement les enfants âgés de 6 a 17) et travail (Sont pris en compte seulement les enfants âgés de 10 a 14). Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Tableau 10 : % des femmes adultes privés simultanément dans 2 dimensions Monétaire

Education Nutrition Santé

Travail

Eau & assain. Habitation

Monétaire

-

Education

19

-

Nutrition

25

19

-

Santé

24

21

24

-

Travail

13

5

13

13

-

Eau & assain.

35

28

32

32

17

-

Habitation

31

27

29

29

13

49

-

Enclavement

21

17

19

18

9

28

25

Note : Femmes adultes total (avec pondération) sauf dans la dimension de travail (sont pris en compte seulement les femmes âgés de 18 a 54). Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

55


Tableau 11 : % des hommes adultes privés simultanément dans 2 dimensions Monétaire

Education Nutrition Santé

Travail

Eau & assain. Habitation

Monétaire

-

Education

11

-

Nutrition

22

11

-

Santé

23

13

24

-

Travail

12

4

11

13

-

Eau & assain.

33

16

29

32

15

-

Habitation

28

14

25

29

12

46

-

Enclavement

16

8

14

16

7

21

20

Note : Hommes adultes total (avec pondération) sauf dans la dimension de travail (sont pris en compte seulement les hommes âgés de 18 a 54). Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

5.1 Groupe 1 : Privation monétaire (A) et éducation (B) - enfants âge de 6 à 17 Imbrications entre les dimensions monétaire et éducation chez les enfants Nous avons décidé d’analyser en profondeur les situations de privation chez les enfants du fait qu’ils sont dans la plupart des dimensions disproportionnellement plus privés que les adultes, mais aussi pour les raisons évoquées déjà dans la partie introductive. De plus. Concernant les dimensions monétaires et éducation, les liens sont assez étroits dans la mesure où un tiers des enfants de 6 à 17 ans sont simultanément privés dans ces deux dimensions. C’est d’ailleurs ce qui justifie le fait qu’au niveau international la réponse politique à la relation entre la pauvreté et l’éducation à stimuler l’investissement dans l’éducation, à promouvoir les transferts ou la gratuité de l’école. Le diagramme de Venn qui est présenté dans le graphique 8 résume la situation des enfants congolais âgés de 6 à 17 ans18 dans les deux dimensions. Seulement un quart des enfants au Congo ne sont pas privés dans l’un ou l’autre des deux dimensions (PAB). Un tiers des enfants sont privés dans les deux dimensions (AB), pendant que 23 % seulement d’enfants vivent dans les ménages pauvres (A) et 20 % d’enfants sont privés en éducation dans le sens qu’ils ne fréquentent pas l’école ou ont un retard de deux classes par rapport à leur âge (B). Dans la section suivante nous analysons le profil et les problèmes de ces groupes (AB, A, B, PAB) dans les détails.

18 Ces

diagramme de Venn ont été construits en utilisant la syntaxe Venndiag dans STATA. Cette syntaxe n’a pas permis d’utiliser les poids de la population. Pour avoir une estimation représentative de la population totale, nous avons alors étendu les observations dans l’échantillon par la grandeur de chaque poids individuel (ce qui est équivalent au poids). Compte tenu de la limitation de la mémoire active de STATA nous avons divisé les poids par un facteur 10. Pour une population de 3,5 millions ceci produit seulement un effet de rounding de 3 digits après le comma.

56


Figure 8: Enfants âge de 6 à 17 – imbrications entre les dimensions monétaire et éducation

Imbrications entre les dimensions travail, monétaire et éducation chez les enfants Lorsque l’on compare les corrélations entre les dimensions travail d’une part et monétaire et éducation d’autre part, nous voyons encore que pour les enfants, les corrélations sont significativement positives alors qu’elles sont négatives ou nulle pour les hommes et les femmes adultes. Donc pour les enfants, être pauvre dans la dimension travail (travail des enfants) est lié à la privation dans l’éducation et/ou monétaire. Cela est illustré dans le graphique 9 et 10 : la plupart des enfants qui sont privés dans le domaine du travail sont aussi privés dans les dimensions éducation et/ou monétaire. Notons que nous analysons les groupes d’âge de 10 à 4 ans et de 15 à 17 ans séparément du fait à fois des limitations dans les données et de notre définition du travail des enfants. Aussi, le travail des enfants dans cette étude concerne à proprement parler les enfants âgés de 5 à 14 ans conformément à la définition de l’OIT. Mais n’ayant pas d’information sur les enfants plus jeunes, nous étudierons le travail des enfants pour la tranche d’âge de 10 à 14 ans. Nous avons aussi décidé d’observer les groupes de d’âge de 15 à 17 ans qui selon la convention de l’OIT sont autorisés à exercer un travail rémunéré. Ils sont considérés privés s’ils désirent travailler mais ne trouvent pas du travail. Le graphique 9 montre que tous les enfants exerçant un travail rémunéré (travail des enfants) sont aussi privés dans l’une ou l’autre des dimensions monétaire et éducation ou dans les deux. En d’autres termes il s’agit d’un groupe de petite taille mais d’intérêt majeur. De plus, en observant seulement les enfants âgés de 15 à 17 ans qui sont actifs sur le marché du travail, nous remarquons que les enfants qui travail ou ceux qui cherchent du travail ont aussi la probabilité d’être privé dans les dimensions monétaires et/ou éducation. Dans la section 6 nous analysons le profil et les problèmes des deux groupes comme sous groupe des enfants privés en éducation et monétairement.

57


Figure 9: Enfants âge de 10 à 14

Figure 10: Enfants âge de 15 à 17 et actifs à la marche de travail

Figure 11: Tous les enfants (6-17): monétaire, éducation et enclavement

58


Figure 12: Individus privés dans les dimensions d’eau et assainissement et habitation

Figure 13: Individus privés dans les dimensions monétaire, d’eau et assainissement et habitation

Imbrications entre les dimensions enclavement, monétaire et éducation chez les enfants Le graphique 11 montre davantage qu’il y a aussi un lien étroit entre la privation des enfants en terme d’enclavement et les dimensions monétaire/éducation. L’enclavement est apprécié sur la base du niveau d’information du ménage (distance pour attraper un transport public, avoir un moyen de communication et de transport). Comme la corrélation entre l’enclavement et l’éducation est un peu plus faible pour les enfants que pour les adultes, nous avons décidé de ne pas nous appesantir sur cette combinaison particulière. Notons par ailleurs que la distance pour atteindre l’école fera partie de l’analyse des problèmes dans la section 6.1.

59


5.2 Groupe 2 : Privation d’eau et assainissement (F) et habitation (G) Nous avons choisi le niveau individuel au lieu de celui de l’enfant pour la simple raison que nous avons travaillé sur les indicateur au niveau ménage et, en dépit du fait qu’il y a des différences entre les adultes et les enfants dan les taux d’incidence, la différence relative n’est pas aussi importante comme dans les dimensions monétaire et éducation. L’analyse précédente nous a montré qu’il y a une forte corrélation et une relation étroite entre les individus qui sont privés dans ces dimensions : 52% de la population est privée simultanément dans les deux dimensions. Figure 12 confirme que les imbrications entre ces deux dimensions sont haute : ou on est prives dans les 2 dimensions (52%) ou on n’est pas privé dans les 2 dimensions (25%). 17% des individus sont privés ‘seulement’ dans l’eau et assainissement et 8% est privé ‘seulement’ dans l’habitation. Il faut noter que ce lien ne valide pas l’argument que ces deux dimensions représentent actuellement une dimension. En effet, les deux dimensions n’appellent pas des réponses politiques similaires. L’eau requiert des infrastructures publiques, alors que l’habitation requiert des réponses politiques différentes. En plus, la figure 13 montre que les imbrications entre ces deux dimensions et la dimension monétaire sont hautes : 30% des individus Congolaises est simultanément privés dans ces 3 dimensions.

5.3 Groupe 3 : Privation dans la dimension santé (D) et autres dimensions La privation dans la dimension de santé est associé avec la privation dans beaucoup d’autres dimensions (monétaire, éducation, nutrition, habitation, eau et assainissement). Le problème pratique est qu’on ne saurait étudier toutes ces dimensions en même temps et que l’ECOM manque beaucoup d’information pour étudier plus profondément les liens entre ces dimensions. C’est ainsi qu’il est convenu de sélectionner seulement les dimensions les plus pertinentes (voir figure 14 et 15). La Figure 14 montre les imbrications entre les dimensions nutrition, santé et eau et assainissement: 20% des individus sont simultanément prives dans ces 3 dimensions et seulement 10% des Congolais ne sont pas privés. Dans la figure 15 on a ajouté la dimension monétaire et on voit que cala rend la figure assez compliqué à analyser : maintenant 7% des Congolais ne sont pas privés dans les 4 dimensions, 13% des Congolais sont privés simultanément dans les 4 dimensions et 32% sont privés simultanément dans 3 des 4 dimensions. Peu des individus sont prives dans ‘seulement’ une des 4 dimensions (monétaire : 3%, nutrition : 3%, santé : 5% et eau et assainissement : 11%). C’est-à-dire que, la privation dans ces 4 dimensions touche une grande partie de la population Congolais.

60


Figure 14: Individus privés dans les dimensions de nutrition, santé et eau et assainissement

Figure 15 : Individus privés dans la dimension monétaire, nutrition, santé et eau et assainissement

61



6 Profil et analyse des problèmes Dans cette section l’objectif est d’analyser les caractéristiques (profil) des 3 groupes sélectionnés dans la section 5. Nous utilisons ce profil pour identifier les caractéristiques de groupes de priorités possibles. En même temps, il faut voir si le profil de ce groupe de multiples privations est différent du profil des autres groupes (ceux qui sont seulement privés dans une des deux dimensions et ceux qui ne sont pas privés dans les deux dimensions). Apres l’identification des caractéristiques de chaque groupe nous analysons si la problématique de ce groupe est spécifique ou plutôt générale dans la population. Pour arriver à une telle analyse, nous utilisons toute l’information pertinente et disponible dans l’ECOM. Par exemple, avec la dimension éducation on utilise la perception des parents sur les problèmes de l’école que leurs enfants fréquentent, les raisons données pour ne pas aller à l’école et la distance à parcourir pour aller à l’école. En outre, nous comparons nos trouvailles avec d’autres sources dans la littérature avec deux objectifs : vérifier nos résultats et enrichir l’analyse avec d’autres sources d’information. Cette analyse nous permet d’identifier la problématique dans une dimension particulière et entre les dimensions et de sélectionner les réponses politiques possibles.

6.1 Groupe 1 : Privation monétaire (A) et éducation (B) - enfants âge de 6 à 17 6.1.1 Profil L’analyse du profil de pauvreté dans ce groupe permet de relever un certain nombre d’évidences déjà observées lors de l’analyse des incidences de pauvreté. En comparant les groupes d’individus privés simultanément dans les dimensions monétaire et éducation et ceux privés dans l’une ou l’autre de ces deux dimensions, les observations qui ressortent de l’analyse du tableau 12 sont les suivantes : s ,A PROPORTION D ENFANTS LA plus importante qui est privée simultanément dans les dimensions monétaire et éducation se trouve en milieu rural ou semi urbain. La paupérisation plus accentuée dans ce milieu d’une part et la faiblesse des infrastructures sociaux de base pourrait justifier cette situation. s 0AR AILLEURS LA TAILLE DU MÏNAGE SEMBLE JOUER SUR LA PAUVRETÏ DANS CE GROUPE CAR LES MÏNAGES dont la taille est supérieure à neuf membres ont plus d’enfants privés simultanément dans les deux dimensions. Bien évidemment, les ressources du ménage étant réparties entre les membres, plus la taille du ménage est grande, plus ces ressources s’amenuisent. Le sexe du chef de ménage joue également car il ressort que les ménages dont le chef est une femme présentent un taux de prévalence plus élevé. Les disparités entre hommes et femmes dans les dimensions du travail et de l’éducation expliquent en grande partie ce résultat. s #ONCERNANT LE SOUS GROUPE DES ENFANTS PRIVÏS DANS LA DIMENSION MONÏTAIRE ON PEUT RELEVER qu’ils résident en majorité à Brazzaville, sont âgés de 6 à 11 ans, vivent dans les ménages de grande taille et dans les ménages dont le chef est une femme. s ,E SOUS GROUPE DES ENFANTS PRIVÏS DANS LA SEUL DIMENSION ÏDUCATION SE CARACTÏRISE PAR LE FAIT que ces enfants résident en majorité à Pointe-Noire, sont de la tranche d’âge de 15 à 17 ans, et sont issus des famille de petite taille. L’analyse des problèmes des enfants du groupe 1, associée aux caractéristiques us mentionnées permettra d’avoir une idée sur les scénarios des réponses politiques à suggérer.

63


Tableau 12: Privation monétaire (A) et éducation (B) (enfants âge 6-17) : profil Prévalence des privations (pourcentages lignes) Enfants Agés 6-17 (%) Enfants âgés 6-17 (%) Milieu de résidence Rural Urbain Strate Brazzaville Pointe Noire Autres communes Semi urbain Milieu rural Sexe Garçons Filles Age 6-11 ans 12-14 ans 15-17 ans Taille de ménage 1-3 personnes 4-6 personnes 7-9 personnes > 9 personnes Type de ménage Adultes et/ou vieux Enfants et 1 adulte/vieux Enfants et 2 adultes Enfants et >2 adultes Triple générations Autre types Sexe chef de ménage Homme Femme Age chef de ménage < 35 ans 35-45 ans 46-54 ans 55 et plus

AB

A

B

PAB

Total

100

32.3

22.7

20.0

24.8

100

43.2 56.8 100

43.7 23.6

20.4 24.5

20.6 19.9

15.4 32.0

100 100

27.0 23.7 6.2 7.8 35.4 100

25.1 19.3 33.9 40.5 44.4

32.8 16.1 20.5 21.5 20.1

14.6 25.4 21.6 18.2 21.2

27.4 39.2 24.0 19.7 14.4

100 100 100 100 100

50.3 49.7 100

33.7 30.9

22.2 23.2

20.0 20.4

24.1 25.5

100 100

50.7 25.8 23.5 100

22.1 39.3 46.6

32.6 16.6 8.1

13.4 22.5 32.3

31.9 21.6 13.1

100 100 100

5.3 39.5 37.7 17.5 100

24.3 27.5 35.4 38.7

12.6 21.5 22.8 28.4

30.6 22.3 18.8 15.4

32.5 28.7 23.0 17.5

100 100 100 100

7.5 33.0 30.1 28.4 1.0 100

32.8 27.4 31.0 39.0 37.7

20.8 20.4 23.5 25.1 20.2

24.0 22.5 18.4 18.6 16.9

22.4 29.7 27.0 17.3 25.1

100 100 100 100 100

78.8 21.2 100

31.8 33.9

21.8 26.1

20.9 17.5

25.4 22.5

100 100

13.4 35.4 25.3 25.8 100

34.3 28.9 29.4 38.8

20.7 22.4 21.4 25.5

22.4 19.3 21.3 19.1

22.6 29.4 27.8 16.6

100 100 100 100

Note : AB: prive monétaire et prive éducation, A: seulement privé monétaire, B: seulement privé éducation, PAB: pas privé (ni monétaire, ni éducation). Sont pris en compte seulement les enfants âgés de 6 a 17 : AB + A + B + PAB = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

64


Tableau 13 : Type de privation éducation Effectif total (AB+B)

Prévalence (pourcentages colonnes) Moyen AB B

Type de privation éducation Peu de progrès

565 3,612

12.8 87.2

13.9 86.1

10.9 89.1

Total effectif

4,177

100

100

100

Ne va pas à l’école

Selon âge et sexe

Garçons Filles Garçons Filles

Ne va pas à l’école 6-11 12-14

33 62

4.9 7.8

6.1 7.9

3.6 8.8

4.3 7.1

5.5 6.9

15-17

168

24.6

26.9

29.6

16.8

21.6

661 586

95.1 92.2

93.9 92.1

96.4 91.2

95.7 92.9

94.5 93.1

587

75.4

73.1

70.4

83.2

78.4

Peu de progrès 6-11 12-14 15-17

Note : AB: prive monétaire et prive éducation, A: seulement privé monétaire, B: seulement privé éducation, PAB: pas privé (ni monétaire, ni éducation). Sont pris en compte seulement les enfants âgés de 6 a 17 privé dans la dimension d’éducation : AB + B = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

6.1.2 Analyse de problèmes Lorsqu’on analyse les données du tableau 13 qui résume les problèmes que rencontre le groupe des enfants privés simultanément dans les dimensions monétaires et éducation, ainsi que ceux des enfants privés uniquement dans les dimensions monétaire ou éducation, une première évidence suggère que les enfants privés simultanément dans les deux dimensions ont relativement plus de risques de ne pas aller à l’école que ceux qui sont privé dans la seule dimension éducation. A l’inverse, les enfants privés uniquement dans la dimension éducation progressent moins vite à l’école que les enfants privés simultanément dans les deux dimensions. Ce résultat révèle le caractère déterminant de la dimension monétaire dans la scolarisation des enfants et est donc probablement lié au fait que les enfants vivant dans les ménages pauvres monétairement consacreraient une partie de leur temps à travailler, soit à domicile, soit hors du domicile pour gagner de l’argent. Le tableau 13 aussi montre qu’il y a des différences dans le type de privation d’éducation selon l’âge et sexe de l’enfant. La non-fréquentation de l’école joue surtout un rôle avec les enfants âgés de 15 à 17 ans et ce sont les filles que sont plus à risque de ne plus aller à l’école. Le manque de progrès est plus associé avec les groupes d’âge de 6 à 11 et de 12 à 14 et les garçons d’âge de 6 à 11 paraissent un peu plus à risque que les filles de ce group d’âge. L’analyse des problèmes scolaires évoqués par les adultes qui ont répondu sur la situation des écoles fréquentées par leurs enfants permet de noter les observations suivantes (tableau 14) : s $E FA ON GÏNÏRALE IL EST APPARU QUE LA PERCEPTION DES RÏPONDANTS SUR LA QUALITÏ DES ÏCOLES fréquentées par les enfants privés simultanément dans les dimensions monétaire et éducation, et ceux privés dans l’une ou l’autre des dimensions est beaucoup plus pessimiste que celle des répondants des enfants qui ne sont privés ni dans la dimension monétaire, ni dans la dimension

65


Tableau 14 : Analyse des problèmes Prévalence (pourcentages colonnes) Effectif total Paiement des frais non réglementaires pour la scolarité Oui Les insuffisances de l’école (plusieurs réponses affirmatives possibles) Satisfait Manque de livres Enseignant médiocre Manque d’enseignants Établissement en mauvais état Enseignants souvent absents Effectifs pléthoriques Raison de non fréquentation de l’école (plusieurs réponses affirmatives possibles) Trop jeune Trop âgé/a fini l’école Trop éloigné Manque moyen/trop cher Travaille Inutile/aucun intérêt Maladie/enceinte A échoué à l’examen S’est marié Autre raison Distance école primaire Plus de 30 minutes Distance école secondaire Plus de 30 minutes

AB

A

B

PAB

8,001

14.7

16.7

12.7

13.0

6,869 6,869 6,869 6,869 6,869 6,869 6,869

21.6 50.2 15.2 38.9 26.5 17.0 24.0

26.9 47.4 12.9 30.5 21.5 16.0 26.1

24.8 48.2 12.2 27.2 15.8 17.4 29.3

36.0 42.4 11.0 20.4 13.2 13.8 22.6

748 582 573 785 569 668 615 570 568 609

26.8 9.3 1.5 63.9 4.3 38.9 19.7 9.0 0.3 19.5

-

30.9 12.7 3.2 52.5 2.8 35.4 20.8 11.3 1.1 24.6

-

8,008

11.7

7.4

5.7

4.8

8,008

43.1

32.3

27.3

19.3

Note : AB: prive monétaire et prive éducation, A: seulement privé monétaire, B: seulement privé éducation, PAB: pas privé (ni monétaire, ni éducation). Sont pris en compte seulement les enfants âgés de 6 a 17 : AB + A + B + PAB = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

éducation. Ce pessimisme est lié, à en croire les répondants, aux insuffisances de l’école, à savoir le manque de livre, l’absentéisme des enseignants et leur médiocrité, le mauvais état des établissements et la pléthore des effectifs. s ,A PROPORTION D ENFANTS QUI VONT Ì L ÏCOLE TOUT EN MANQUANT DES LIVRES SCOLAIRES VARIANT DE Ì 50 %) et se plaignent d’un déficit en personnel enseignant (20 à 39 %) est élevée pour tous les groupes, y compris celui des enfants qui ne sont privés ni dans la dimension monétaire, ni dans la dimension éducation. Ce qui semble révéler un problème général au Congo. s #ONCERNANT LES MOTIFS QUI JUSTIlENT LE NON FRÏQUENTATION DE L ÏCOLE PAR LES ENFANTS LES RÏPONSES données par des adultes concernent le manque de moyen/coût élevé (53 à 64 %), le fait que les enfants soient trop jeunes (27 à 31 %) ou le manque d’intérêt (35 à 39 %). Toute fois, une nuance doit être faite car pour les enfants privés simultanément dans les deux dimensions, les raisons les plus fréquentes sont le coût élevé de l’école, le travail ou le manque d’intérêt, alors

66


que pour les enfants privés dans la seule dimension éducation, la raison la plus fréquemment évoquée est le fait que l’enfant est trop jeune ou trop âgé. s 1UANT Ì LA DISTANCE QUI SÏPARE LE DOMICILE DE L ÏCOLE 0LUS OU MOINS DE MINUTES Ì PIED il est à noter qu’une proportion importante d’enfants privés simultanément dans les deux dimensions (43 %), ceux privés dans dimensions monétaire (32 %) et ceux privés dans la dimension éducation (27 %) rencontre ce problème d’éloignement. En tenant compte de ce que d’une part, les pourcentages d’enfants vivant à plus de 30 minutes de l’école primaire sont faibles, et d’autre part qu’il s’agisse de l’école primaire ou de l’école secondaire ces pourcentages sont plus faibles chez les enfants privés en éducation que chez ceux privés dans d’autres dimensions, on peut avancer que la distance ne peut pas constituer seule une cause de privation en éducation. Aussi les causes les plus déterminantes dans la privation des enfants en éducation semblent être liées aux aspects monétaires et à la qualité de l’école. Le Tableau 15 décompose l’analyse précédente entre l’éducation primaire et secondaire. Des problèmes comme l’enseignement médiocre, manque d’enseignants et le mauvais état de l’établissement scolaire sont plus souvent mentionnés par les parents des enfants qui fréquentent l’école primaire. Pour les raisons mentionnées pour la non-fréquentation on peut observer que pour les enfants qui ont quitté l’école avant l’enseignement secondaire ces raisons sont plus souvent ‘trop âgé / a fini l’école’ et ‘inutile/aucun intérêt’. Possiblement ca indique que pour ce groupe les bénéfices d’éducation ne sont pas évident. Par contre, avoir une maladie ou être enceinte est une raison plus souvent mentionnée par des enfants qui ont quitté l’école durant ou a finir l’école secondaire.

Tableau 15 : Problèmes d’éducation par type d’éducation Primaire

Secondaire

(CP1-CM2)

(6eme-terminale)

Aussi les causes les plus déterminantes dans la privation des enfants en éducation semblent être liées aux aspects

Paiement des frais non réglementaires pour la scolarité Oui

14.6

15.0

Les insuffisances de l’école (plusieurs réponses affirmatives possibles) Satisfait Manque de livres Enseignant médiocre Manque d’enseignants Établissement en mauvais état Enseignants souvent absents Effectifs pléthoriques

27.4 47.0 13.6 30.9 20.7 15.4 24.6

28.5 46.7 9.8 23.0 14.2 17.7 27.5

Raison de non fréquentation de l’école (plusieurs réponses affirmatives possibles) Trop jeune Trop âgé/a fini l’école Trop éloigné Manque moyen/trop cher Travaille Inutile/aucun intérêt Maladie/enceinte A échoué à l’examen S’est marié Autre raison

0.5 8.6 1.0 45.0 2.6 26.8 9.8 9.3 0.1 12.4

0.0 1.9 2.4 41.6 5.3 16.0 21.0 9.0 0.4 17.1

monétaires et à la qualité de l’école.

Note : Sont inclus enfants âgé de 6 à 17 ans divisés dans 2 groupes : classe plus haute achevé dans éducation primaire ou éducation secondaire. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

67


Tableau 16: Enfants et travail (enfants âgé de 10 a 17) : profil Enfants âgé de 10 à 14 Partie (%) Partie (%) Milieu de résidence Rural Urbain Strate Brazzaville Pointe Noire Autres communes Semi urbain Milieu rural Sexe Garçons Filles Taille de ménage 1-3 personnes 4-6 personnes 7-9 personnes > 9 personnes Type de ménage Adultes et/ou vieux Enfants et 1 adulte/vieux Enfants et 2 adultes Enfants et >2 adultes Triple générations Autre types Sexe chef de ménage Homme Femme Age chef de ménage < 35 ans 35-45 ans 46-54 ans 55 et plus

Prévalence(% lignes) C PC Total 5.6

94.9

100

42.8 57.2 100

12.2 0.7

87.8 99.3

100 100

27.6 23.2 6.4 7.7 35.1 100

0.3 0.4 3.2 3.8 14.0

99.7 99.6 96.8 96.2 86.0

51.2 48.8 100

4.9 6.3

4.9 38.7 38.4 18.0 100

Enfants âgé de 15 à 17 & actifs Partie (%)

Prévalence(% lignes) C PC Total 42.0

58.0

100

60.7 39.3 100

32.8 56.2

67.2 43.8

100 100

100 100 100 100 100

12.3 20.9 6.1 7.1 53.6 100

82.0 48.3 31.3 31.4 33.0

18.0 51.7 68.7 68.6 67.0

100 100 100 100 100

95.1 93.7

100 100

49.2 50.8 100

39.9 44.1

60.1 55.9

100 100

9.3 4.7 7.3 2.9

90.7 95.3 92.7 97.1

100 100 100 100

9.0 36.5 35.6 18.8 100

36.3 39.8 41.4 50.1

63.7 60.2 58.6 49.9

100 100 100 100

7.2 32.3 31.2 28.2 1.0 100

5.6 4.8 6.0 5.7 17.4

94.4 95.2 94.0 94.3 82.6

100 100 100 100 100

9.3 22.6 24.2 43.0 0.9 100

40.0 38.4 48.6 41.2 16.0

60.0 61.6 51.4 58.8 84.0

100 100 100 100 100

78.9 21.1 100

6.4 2.7

93.6 97.3

100 100

80.5 19.5 100

44.2 32.8

55.8 67.2

100 100

11.8 35.8 26.4 26.0 100

13.6 4.4 2.8 6.5

86.4 95.6 97.2 93.5

100 100 100 100

15.4 23.2 23.2 38.1 100

38.9 42.6 42.0 42.9

61.1 57.4 58.0 57.1

100 100 100 100

Note : C: prive travail et PC: pas privé en travail (C + PC = 100%). Enfants âgés de 10 à 14 : un enfant est prive quand elle/ il travaille hors la famille (travail rémunéré). Enfants âgés de 15 a 17 : un enfant est prive quand elle/il veut travailler (plus) mais ne peut pas (chômage et sous-emploi). Les enfants âgés de 15 à 17 et actifs à la marche de travail constituent 27.2 % des enfants âgés de 15 à 17. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

68


Tableau 17: Enfants et travail (enfants âge 10-17) : type de privations Age 10 - 14 Effectif total 3,410

Age 15 - 17 & actifs

Effectif Prévalence (% colonnes) total C PC 502

Prévalence (% colonnes) C

PC

Type de privation de travail Pas prive Travail de l’enfant Chômeur Sous emploi

3,273 137 -

0 100 100

100 0 100

299 180 24

0 81.6 18.4 100

100 0 0 100

Type de privation d’éducation Pas prive Ne va pas à l’école Progrès lente

1,584 160 1,666

18.7 10.6 70.7

47.9 3.7 48.4

41 237 225

8.1 52.8 39.1 100

6.0 36.8 57.2 100

Prive monétaire Pas prive Prive

1,572 1,838

29.7 70.3 100

45.6 54.4 100

198 305

40.7 59.3 100

38.5 61.5 100

Note : C: prive en travail et PC: pas privé en travail (C + PC = 100%). Enfants âgés de 10 à 14 : un enfant est prive quand elle/il travaille hors la famille (travail rémunéré). Enfants âgés de 15 a 17 : un enfant est prive quand elle/il veut travailler (plus) mais ne peut pas (chômage et sous-emploi). Les enfants âgés de 15 à 17 et actifs à la marche de travail constituent 27.2 % des enfants âgés de 15 à 17. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

6.1.3 Enfants et travail Enfants âgées de 10 à 14 Les premières colonnes de tableau 16 ci-dessous montrent que le taux de privation dans le domaine du travail pour les enfants âgés de 10-14 ans est plus élevé dans les zones rurales (12 %). Si ce taux n’est que de 0,7 % en milieu urbain, on est tenté de dire que le phénomène du travail des enfants est surtout un phénomène rural. La pauvreté rurale, très accentuée, fournit une explication à ce phénomène. En effet, les ménages ruraux pauvres sont amenés à faire contribuer leurs enfants à l’amélioration du revenu du ménage. Ce phénomène touche presque indistinctement les filles et les garçons (6 % contre 5 %). Un peu paradoxalement, la taille du ménage semble ne pas pouvoir expliquer cette situation car les ménages de taille plus importante n’enregistrent pas toujours un risque plus élevé de privation, même si une exception peut être faite pour les ménages de taille 7-9 personnes. Quant au sexe du chef de ménage, il est apparu que les ménages dont le chef est de sexe masculin présentent le risque le plus élevé de privation des enfants dans le domaine du travail. Ce résultat semble vérifier les évidences produites par les travaux empiriques selon lesquels, dans les pays en développement, les femmes seraient plus enclines à scolariser les enfants, donc à les épargner du travail (Pitt and Khandker, 1998).

69


Concernant le type de mĂŠnage, le taux de prĂŠvalence le plus ĂŠlevĂŠ est celui des mĂŠnages ‘autres types’. Mais leur faible poids dans l’Êchantillon peut laisser conclure qu’il s’agit d’un phĂŠnomène marginal. Tableau 17 montre les relations entre la privation dans la dimension de travail avec les dimensions monĂŠtaires et ĂŠducation. Il est ĂŠvident que les enfants d’âge 10-14 privĂŠs dans la dimension de travail sont beaucoup plus a risque d’aussi ĂŞtre privĂŠ dans les dimensions d’Êducation et monĂŠtaire : seulement 19% des enfants privĂŠ en travail ne sont pas privĂŠs en ĂŠducation (ce pourcentage pour les enfants pas privĂŠs en travail est 48%) et 30% de cette groupe n’est pas privĂŠ monĂŠtaire (ce pourcentage pour les enfants pas privĂŠs en travail est 46%). Le tableau 18 rĂŠsume les perceptions des parents sur les insufďŹ sances de l’Êcole de leur enfant âgĂŠ de 10 Ă 14 ans et les raisons de non-frĂŠquentation pour ces enfants qui ne vont plus Ă l’Êcole. Tenant en compte que ce sont surtout les enfants du milieu rural qui sont touchĂŠs par le travail de l’enfant (groupe C), on voit que les problèmes scolaires de ces enfants sont liĂŠs Ă une prĂŠvalence des insufďŹ sances scolaires plus haute en comparaison avec la prĂŠvalence de ces insufďŹ sances chez les enfants pas privĂŠs (groupe P dans le tableau 18) et les enfants simultanĂŠment privĂŠs en ĂŠducation et monĂŠtaire (groupe AB dans le tableau 14). Les insufďŹ sances mentionnĂŠes le plus souvent par groupe C sont : manque de livres (72%), manque d’enseignants (58%), mauvaise ĂŠtat de l’Êtablissement (29%) et absentĂŠisme des enseignants (26%). Enfants âgĂŠs de 15 Ă 17 et actifs au marchĂŠ de travail En ce qui concerne les enfants âgĂŠ de 15 a 17 qui sont actifs au marchĂŠ du travail, nous n’avons pas incus cette groupe dans les calcules des taux de privation dans la dimension de travail : selon la convention des droits de l’enfant cette groupe peut travailler mais au mĂŞme temps ils ont encore le droit d’avoir une ĂŠducation. Dans cette section on a inclus une analyse des caractĂŠristiques et problèmes de ce groupe car la section 5 a montrĂŠ qu’il y a une relation entre le travail (privĂŠ ou non) et la privation dans les dimensions monĂŠtaire et ĂŠducation. Les dernières colonnes des tableaux 16-18 montrent l’information pour ces enfants actifs âgĂŠs de 15 Ă 17 : les enfants en groupe C sont privĂŠs dans la dimension de travail car ils veulent travailler (plus) mais ils ne peuvent pas et les enfants en groupe P ne sont pas privĂŠs de travail car ils ont une activitĂŠ rĂŠmunĂŠrĂŠe. Lorsqu’on analyse le proďŹ l de ces enfants actifs et du travail (tableau 16), on s’aperçoit que la privation est plus importante en milieu urbain qu’en milieu rural. Il s’agit d’un rĂŠsultat qui est le REmET DE LA RĂ?ALITĂ? DU #ONGO ĂŒ SAVOIR QUE LE FORT TAUX D URBANISATION DU PAYS A DES INCIDENCES MAJEURES SUR LA SITUATION DE L EMPLOI ,ES mUX MIGRATOIRES DES CENTRES RURAUX VERS LES VILLES ONT engendrĂŠ des tensions sur le marchĂŠ du travail urbain. C’est ainsi que selon les strates, Brazzaville et Pointe-Noire ont respectivement des incidences de privation de 82% et 48%. Dans cette tranche d’âge, les disparitĂŠs constatĂŠes entre les hommes et les femmes dans les premières analyses des incidences de pauvretĂŠ se conďŹ rment car ici aussi, les individus de sexe fĂŠminin ont plus de risque d’être privĂŠs en travail. Les dernières colonnes du tableau 17 montrent que 82% des enfants actifs et privĂŠs dans la dimension de travail sont privĂŠs car ils sont chĂ´meurs et 18% a un travail mais veut travailler plus. En comparent la prĂŠvalence de privation d’Êducation des enfants actifs de cette groupe d’âge (1517) avec tous les enfants avec cet âge (tableau 17), on voit que seulement 8% (groupe C) et 6% (groupe P) ne sont pas privĂŠs dans la dimension d’Êduction (en comparaison avec 21% pour tous les enfants âgĂŠs de 15 a 17). Les taux de privation monĂŠtaire des enfants actifs (60% groupe C et 61% pour groupe P) sont plus ĂŠlevĂŠs que le taux de privation monĂŠtaire moyenne des enfants (54%, tableau 5). Cette analyse montre que, le travail d’un enfant d’âge 15-17, mĂŞme si ce travail ne viole pas le droit de cette groupe des enfants, et fortement associĂŠ avec privations dans les dimensions d’Êducation (non frĂŠquentation et progrès lente) et monĂŠtaire.

70


Autres sources L’ensemble des résultats présentés, tant dans l’analyse du profil que des problèmes des enfants dans la dimension monétaire, éducation et travail (tous les groupes analysés dans la section 6.1), se recoupent avec ceux obtenus dans d’autres études à quelques exceptions près. En effet concernant le travail des enfants en particulier, les résultats de la présente étude contrastent avec ceux des autres études, en l’occurrence ceux de l’EDS I-2005 qui a recensé un nombre plus important d’enfants travailleurs, notamment dans les centres urbains. La contradiction entre les résultats tient au fait que dans la présente étude il a été exclu les enfants de âgés de 6 à 9ans alors que dans l‘EDS I-2005 le travail des enfants a été analysé sur les enfants de âgés de 6à 14 ans. Une autre précision a apporter par rapport aux résultats de cette étude est que dans le rapport Poaty (2006), on a pu relever qu’au-delà des aspects liés aux ressources des enfants (parents) et d’autres problèmes relevant de la qualité des enseignants et de la pauvreté des infrastructures scolaires, pour expliquer la privation des filles en éducation, il prévaut des aspects qui sont eux liés aux contraintes culturelles tenant à la division traditionnelle des rôles sociaux et des taches domestiques. De façon générale la confrontation des résultats avec d’autres sources conforte la conviction qu’il s’agit des problèmes récurrents au Congo car : s $ANS L ÏTUDE )#2 ET 0ARTENAIRES LA PRIVATION DES ENFANTS EN ÏDUCATION ET LEUR EXPOSITION au phénomène des enfants de la rue tient en grande majorité à des raisons économiques, notamment la privation monétaire des parents dont ils sont issus. s $ANS LE BILAN SOCIAL AU #ONGO LES PROBLÒMES LIÏS Ì L ÏDUCATION DES ENFANTS RELÒVENT ESSENTIELLEMENT de deux choses : les insuffisances de l’école (insuffisance de salles de classe, de tables bancs, de matériels didactiques et autres équipements scolaires, du nombre insuffisant d’enseignants qualifiés) et l’absence d’une politique nationale d’incitation du personnel enseignant. s $ANS LE 2APPORT .ATIONAL SUR LES /BJECTIFS DU -ILLÏNAIRE POUR LE $ÏVELOPPEMENT ON NOTE LES mêmes problèmes que ceux soulignés dans le bilan social au Congo. En sommes, il nous est apparu à travers cette revue de quelques études pouvant renseigné sur le thème de l’éducation que les résultats de notre étude sont similaires à ceux des autres sources, ce qui justifie leur pertinence et l’intérêt d’y apporter des réponses politiques.

6.2 Groupe 2 : Privation d’eau et assainissement (F) et habitation (G) 6.2.1 Profil Les données du tableau 19, qui retracent le profil des individus qui sont simultanément privés dans les dimensions habitation et eau et assainissement, permettent de noter les caractéristiques suivantes : s 0OUR LES INDIVIDUS PRIVÏS SIMULTANÏMENT DANS LES DEUX DIMENSIONS &' LE PREMIER POINT important à noter pour l’analyse est que globalement, si on répartit les individus selon le milieu de résidence, il ressort que le milieu rural regorge la proportion la plus importante des individus privés simultanément dans les deux dimensions (89 %). Au niveau des strates, les communes autres que Brazzaville et Pointe-Noire, les zones semi urbaines et le milieu rural ont les taux de prévalence de privation les plus importants. L’analyse plus détaillée des caractéristiques des individus du groupe 1 montre que si l’on répartit les individus selon le groupe démographique, les enfants, les femmes et les hommes sont indistinctement privés dans ce groupe en milieu rural.

71


72

18.2 71.8 14.2 57.5 29.2 26.1 22.4

0.0 9.3 6.5 89.6 7.6 47.2 11.9 5.0 0 17.9 12.9 68.7

162 169 160 220 162 203 185 161 160 174 3,410 3,410

14.6

3,114 3,114 3,114 3,114 3,114 3,114 3,114

3,406

C

29.3

7.6

2.8 9.7 1.2 67.3 0.2 41.8 25.6 5.1 0 9.5

28.0 45.9 13.0 28.7 19.5 14.8 25.0

18.0

PC

Prévalence (% colonnes)

503

503

237 243 238 277 237 270 239 240 238 242

190 190 190 190 190 190 190

502

502

Effectif total

27.2

5.4

0 11.3 2.4 50.5 1.1 38.2 11.4 14.9 0.2 7.5

17.3 44.6 15.1 22.7 17.1 14.8 28.5

12.1

C

50.0

13.8

0 17.4 1.5 44.5 14.2 34.1 7.1 7.7 1.5 33.0

8.6 66.5 27.7 43.9 22.5 22.2 23.3

14.7

PC

Prévalence (% colonnes)

Age 15-17 & actifs

28.9

6.9

0 11.0 1.2 44.8 5.1 36.0 14.6 12.1 0.8 19.7

23.4 49.6 12.4 28.4 18.3 18.1 28.2

14.5

tous

Prévalence (% colonnes)

Age 15-17

Note : C: prive travail et P: pas privé en travail (C + P = 100%). Enfants âgés de 10 à 14 : un enfant est prive quand elle/il travaille hors la famille (travail rémunéré). Enfants âgés de 15 a 17 : un enfant est prive quand elle/il veut travailler (plus) mais ne peut pas (chômage et sous-emploi). Les enfants âgés de 15 à 17 et actifs à la marche de travail constituent 27.2 % des enfants âgés de 15 à 17. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Paiement des frais non réglementaires scolaire Oui Les insuffisances de l’école (plusieurs réponses affirmatives possibles) Satisfait Manque de livres Enseignant médiocre Manque d’enseignants Établissement en mauvais état Enseignants souvent absents Effectifs pléthoriques Raison de non fréquentation de l’école (plusieurs réponses affirmatives possibles) Trop jeune Trop âgé/a fini l’école Trop éloigné Manque moyen/trop cher Travaille Inutile/aucun intérêt Maladie/enceinte A échoué à l’examen S’est marié Autre raison Distance école primaire Plus de 30 minutes Distance école secondaire Plus de 30 minutes

3,410

Effectif total

Age 10-14

Tableau 18: Enfants et travail (enfants âge 10-17) : analyse de problèmes


Si l’on analyse ce groupe par rapport à la taille du ménage, on est plutôt conduit à penser que globalement la privation dans ce groupe n’est pas forcement fonction du nombre d’individus vivant sous le même toit. En effet, la promiscuité n’explique la pauvreté des individus que dans le cas des ménages de plus de 9 personnes dans la dimension habitation en milieu rural et simultanément dans les deux dimensions en milieu urbain. Le type de ménage ne parait pas non plus être une variable pertinente pour caractériser les individus du groupe 2. Par contre le sexe du chef de ménage semble avoir un lien avec le risque pour les individus de se trouver dans le groupe 2. En effet, tant dans les zones rurales que dans les zones urbaines, le risque de privation est plus élevé lorsque le ménage est dirigé par une femme. En milieu urbain en particulier, le risque est plus élevé pour les ménages dirigés par une femme d’être privé dans la dimension habitation et simultanément dans les deux dimensions habitation et eau et assainissement. s %N CE QUI CONCERNE LE SOUS GROUPE D INDIVIDUS PRIVÏS SEULEMENT DANS LA DIMENSION EAU ET assainissement, il ressort une caractéristique principale qui est la suivantes : ils résident en majorité en milieu urbain et notamment à Brazzaville. s 0OUR LE SOUS GROUPE D INDIVIDUS PRIVÏS UNIQUEMENT DANS LA DIMENSION HABITATION L ANALYSE du profil révèle qu’ils se caractérisent par le fait qu’ils résident en majorité dans les autres communes, Pointe-Noire ayant une proportion d’individus de ce sous groupe non négligeable et qu’ils sont souvent dans les ménages de plus de 9 personnes. L’analyse des problèmes de ce groupe dans le cadre de l’enquête ECOM, confrontée aux résultats d’autres études permettra d’expliquer au mieux la situation des individus de ce groupe et de pouvoir esquisser les réponses possibles de politique. 6.2.2 Analyse de problèmes Le tableau 20 qui recense les problèmes des individus privés simultanément dans les dimensions eau et assainissement, et habitat permet de mieux apprécier la situation des individus de ce groupe 2. De ce tableau, on peut relever les informations suivantes : La nature des matériaux du mur n’a pas d’incidence sur l’appartenance à ce groupe. En effet, 97 % d’individu privés dans la dimension eau et assainissement (notamment en milieu urbain) ont répondu avoir une habitation dont les matériaux du mur sont en dur. Par contre, la nature des matériaux du mur détermine le risque d’être privé dans la dimension habitation surtout en milieu rural où 65 % d’individus privés dans la dimension habitation ont des habitations dont le mur est en terre battue. L’analyse des problèmes dans ce groupe révèle par ailleurs que globalement le nombre de personne par chambre n’est pas un facteur majeur de privation dans la dimension habitation. Lorsqu’on analyse les problèmes liés au mode d’éclairage, il apparaît que l’accès à l’électricité réduit le risque d’appartenir à ce groupe et surtout d’être privé dans la dimension habitation. Le faible accès des populations à l’énergie électrique (utilisation de la lampe tempête/bougie) tant en milieu rural (95 % d’individus) qu’en milieu urbain (86 % d’individus) est associé à la privation simultanée dans les deux dimensions. En ce qui concerne les caractéristiques dans la dimension eau et assainissement et les problèmes y afférent, les données du tableau 20 montrent clairement que les problèmes liés aux difficultés d’accès à une source d’eau, le type de toilette, le mode d’évacuation des ordures et des eaux usées sont les problèmes les plus cruciaux, explicatifs de l’état de privation des individus dans ce groupe. Ces problèmes paraissent beaucoup plus graves en milieu rural (55 % d’individus de ce

73


groupe ont pour principale source d’eau la rivière/marigot/pluie, 75 % évacuent les eaux usées dans la cours), mais il faut noter que les populations des centres urbains connaissent ces mêmes problèmes car les données révèlent que 53 % d’individus privés en eau et assainissement évacuent leurs eaux usées dans la cours, 55 % d’individus privés simultanément en eau et assainissement et en habitation évacuent les ordures dans la nature et 66 % d’individus s’approvisionnent en eau de la SNDE hors de leur maison. La consistance des résultats de cette étude, et donc des facteurs (problèmes) explicatifs de la pauvreté des individus du groupe 2 semble être garantie par les résultats des autres investigations menées dans ces domaines. En effet, le récent rapport consacré à l’eau et l’assainissement en République du Congo (Union Européenne/COWI Consortium, 2005), l’étude sur le Bilan Social du Congo (Ministère du Plan, 2005) et le DSRP (2007), fournissent des indications précises qui relayent les problèmes évoqués dans cette étude et qui expliquent les conditions de vie des populations relativement aux dimensions eau et assainissement et habitation. Il ressort de ces études en particulier que 19 % seulement des ménages urbains au Congo ont accès à l’assainissement (aucun ménage n’y a accès en milieu rural ou semi urbain), 6 % seulement des ménages disposent des latrines modernes (Pointe-Noire ayant le meilleur équipement avec 13 % de ménages). Dans ces études les problèmes liés à l’accès à l’eau et à l’électricité sont évoqués dans les mêmes proportions qu’ils sont apparus dans la présente étude. En l’occurrence, le Bilan Social révèle que seulement 41% des ménages ont accès à l’électricité; le rapport Union Européenne/COWI Consortium révèle quant à lui qu’il prévaut au Congo un déficit en eau de 75 000 m3/jour pour des besoins en eau estimé à 120 000 m3/jour. Ce qui confirme le problème crucial de l’accès à l’eau et fait penser à l’idée que la disponibilité minimale en eau potable telle que définie par l’OMS (20 litres par personne et par jour) ne saurait être atteinte dans le contexte actuel. En matière d’habitation, on peut se référer aussi au DSRP (2007) dont l’analyse des contraintes qui sont liées à la question de l’habitat et du logement rejoint celle des problèmes qui sont présentés dans cette étude. En effet, l’absence d’une politique de logement social, le coût élevé des matériaux de construction, l’absence de mécanismes de financements adéquats dans le domaine de l’habitat justifient la nature des matériaux de construction utilisés par les individus du groupe 2, et donc le risque d’être pauvre dans la dimension habitation. En définitive, les problèmes décelés dans cette étude en ce qui concerne les dimensions habitation et eau et assainissement sont des problèmes réels et récurrents au Congo puisqu’ils sont évoqués dans bien d’autres études. A ce titre ils méritent des réponses politiques dont quelques axes vont être esquissés dans les lignes qui suivent.

74


75

13.4 39.5 31.4 15.7 100

46.2 25.2 28.6 100 52.8 53.9 48.3 44.6

53.7 46.5 49.1

7.1 33.6 59.6 82.5 90.4

89.1 23.1

41.6 58.4 100

29.0 23.5 5.9 7.0 34.6 100

50.6

100

FG

16.3 17.3 17.3 16.0

16.2 18.4 17.0

36.0 18.6 7.1 9.6 3.1

4.2 26.1

17.0

F

8.5 7.5 7.2 11.1

7.9 8.3 8.3

4.5 14.9 23.9 6.5 4.2

4.6 10.6

8.1

G

Total

22.4 21.2 27.1 28.3

22.2 26.8 25.6

52.4 32.9 9.3 1.3 2.2

2.1 40.2

24.3

PFG

100 100 100 100

100 100 100

100 100 100 100 100

100 100

100

Tot.

89.8 90.7 87.4 86.9

89.7 88.8 88.2

-

-

89.1

FG

4.7 3.4 5.4 3.0

4.0 4.2 4.7

-

-

4.2

F

4.5 4.0 4.1 8.6

4.2 4.7 5.5

-

-

4.6

G

0.9 1.9 3.1 1.5

2.2 2.2 1.7

-

-

2.1

PFG

Rural

100 100 100 100

100 100 100

100

Tot.

22.1 23.9 20.6 26.4

24.5 22.4 21.5

-

-

23.1

FG

Prévalence des privations (pourcentages lignes) G

25.9 28.7 25.8 21.6

26.0 25.6 26.7

-

-

11.8 10.4 9.5 12.2

10.9 10.7 10.0

-

-

26.1 10.6

F

40.2 37.0 44.2 39.8

38.5 41.2 41.8

-

-

40.2

PFG

Urbain

100 100 100 100

100 100 100

100

Tot.

Note : FG: prive simultanément d’eau & assainissement et habitation, F : seulement privé d’eau & assainissement, G : seulement privé d’habitation, PFG : pas privé (ni eau & assainissement, ni habitation). Sont pris en compte individus : FG + F + G + PFG = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Taille de ménage 1-3 personnes 4-6 personnes 7-9 personnes > 9 personnes

Groupe démographique Enfant Femme adulte Homme adulte

Strate Brazzaville Pointe Noire Autres communes Semi urbain Milieu rural

Individus (%) Milieu de résidence Rural Urbain

Partie de la population (pourcentages colonnes)

Tableau 19: Eau & assainissement (F) et habitation (G) : Profil (% des individus)


76

18.3 30.8 22.0 29.0 100

57.8 52.1 45.2 48.4

50.9 49.0

47.6 63.2 55.3 46.8 47.5 79.8

9.0 4.7 29.3 28.1 28.1 0.7 100

80.0 20.0 100

50.6

100

FG

16.2 16.7 19.7 15.7

17.0 16.8

19.0 12.0 15.5 19.6 16.4 3.6

17.0

F

7.4 8.4 7.2 9.0

7.8 9.3

8.3 7.0 7.2 8.2 9.1 10.7

8.1

G

Total

18.5 22.8 28.0 26.9

24.2 24.9

25.1 17.8 22.0 25.4 27.0 5.8

24.3

PFG

100 100 100 100

100 100

100 100 100 100 100 100

100

Tot.

92.3 87.1 87.2 90.2

88.5 92.2

89.3 93.4 89.6 87.7 88.7 86.4

89.1

FG

3.0 4.0 6.5 3.8

4.5 2.9

5.2 2.4 3.5 5.2 4.3 4.1

4.2

F

3.4 5.3 3.7 5.4

5.1 2.4

4.8 1.9 3.8 4.7 5.9 9.6

4.6

G

1.4 3.5 2.5 0.7

2.0 2.5

0.7 2.3 3.1 2.3 1.1 0.0

2.1

PFG

Rural

100 100 100 100

100 100

100 100 100 100 100 100

100

Tot.

25.3 25.0 21.7 21.1

22.4 25.5

21.8 25.5 23.9 24.2 21.4 26.1

23.1

FG

Prévalence des privations (pourcentages lignes) G

28.7 26.5 27.1 23.5

26.6 24.4

27.5 23.9 26.5 27.5 24.1 0.0

11.3 10.8 9.1 11.4

9.9 13.1

10.4 13.3 10.3 10.2 11.1 20.3

26.1 10.6

F

34.7 37.7 42.2 44.0

41.1 37.1

40.2 37.3 39.3 38.1 43.4 53.6

40.2

PFG

Urbain

100 100 100 100

100 100

100 100 100 100 100 100

100

Tot.

Note : FG: prive simultanément d’eau & assainissement et habitation, F : seulement privé d’eau & assainissement, G : seulement privé d’habitation, PFG : pas privé (ni eau & assainissement, ni habitation). Sont pris en compte individus : FG + F + G + PFG = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Age chef de ménage < 35 ans 35-45 ans 46-54 ans 55 et plus

Sexe chef de ménage Homme Femme

Individus (%) Type de ménage Adultes et/ou vieux Enfants et 1 adulte/vieux Enfants et 2 adultes Enfants et >2 adultes Triple générations Autre types

Partie de la population (pourcentages colonnes)

Tableau 19 continué: Eau & assainissement (F) et habitation (G) : Profil (% des individus)


77

27.8 72.2 0.0 83.5 15.9 0.6 58.3 25.9 15.8 4.2 2.7 93.1

15,143 10,189 683

15,437 8,811 1,767

14,385 7,691 3,939

7,150 374 18,491

32.9 1.9 65.2

54.4 27.5 18.1

32.7 57.8 9.5

94.3 3.8 1.9

96.8 0.4 0.4 1.6 0.8

F

Total

31.3 0.4 68.3

53.8 31.2 15.0

49.7 47.7 2.6

60.9 39.1 0.0

2.9 21.9 6.3 19.6 49.3

G

72.0 0.9 27.1

52.4 33.5 14.1

17.8 59.3 22.9

87.6 0.9 11.5

95.5 0.7 0.4 2.3 1.2

PFG

1.9 3.3 94.8

63.2 23.9 12.9

94.6 5.3 0.1

12.5 87.5 0.0

0.8 17.7 22.5 41.0 18.1

FG

27.1 1.6 71.3

74.6 15.9 9.5

67.0 20.2 12.8

94.7 2.8 2.5

89.5 2.1 0.0 8.4 0.0

F

22.8 1.3 75.9

66.8 25.9 7.3

83.1 16.9 0.0

15.7 84.3 0.0

4.8 11.1 10.4 64.7 9.1

G

Rural

51.1 5.3 43.7

61.1 38.5 0.4

53.1 10.0 36.9

90.6 3.4 6.0

79.2 2.0 0.0 18.8 0.0

PFG

10.5 1.0 88.5

44.7 31.5 23.7

53.0 45.3 1.8

69.6 30.4 0.0

3.1 21.7 8.5 2.3 64.4

FG

33.6 1.9 64.5

52.1 28.9 19.0

28.8 62.1 9.1

94.3 3.9 1.9

97.6 0.2 0.4 0.9 0.8

F

34.0 0.1 65.9

49.8 32.8 17.4

39.4 57.2 3.4

74.9 25.1 0.0

2.3 25.3 5.0 5.7 61.8

G

Urbain

72.7 0.8 26.5

52.1 33.3 14.6

16.5 61.1 22.4

87.5 0.8 11.7

96.1 0.6 0.4 1.7 1.2

PFG

Note : FG: prive simultanément d’eau & assainissement et habitation, F : seulement privé d’eau & assainissement, G : seulement privé d’habitation, PFG : pas privé (ni eau & assainissement, ni habitation). Sont pris en compte individus : FG + F + G + PFG = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

1.4 18.7 18.8 30.7 30.4

FG

9,221 5,788 3,064 3,813 4,129

Effectif total

Matériau du mur En dur Terre cuite Terre non cuite Terre battue Bois/planche/tôle Matériau du sol Ciment/brique cuite Terre/bois Carrelage/marbre Combustible pour la cuisson Bois/sciure Charbon de bois/pétrole Gaz/Électricité Nombre de Personnes/chambre 1 à 2 personnes/chambre 3 personnes/chambre 4 personnes et plus/chambre Mode d’éclairage SNE Groupe électrogène/gaz Lampe tempête/bougie

Caractéristiques d’habitation

Prévalence des privations (pourcentages lignes)

Tableau 20: Eau & assainissement (F) et habitation (G) : Analyse des problèmes (% des individus)


78

33.9 47.0 12.2 6.9 13.0 0.1 42.2 44.7 2.3 1.2 3.9 22.6 70.0 1.0 0.6 34.8 63.6

14,007 8,875 2,117 1,016

1,607 1,630 12,672 10,106

1,467 2,438 1,819 6,228 14,063

1,956 2,022 10,389 11,648

6.1 1.4 50.5 42.0

5.6 16.9 10.2 20.8 46.5

2.1 0.5 51.3 46.1

48.0 40.6 8.4 2.9

1.2 68.5 11.6 13.5 5.2

F

Total

5.5 38.7 25.4 30.4

12.4 10.4 13.6 27.6 36.1

0.2 2.4 52.8 44.6

79.9 17.1 1.6 1.4

70.4 15.0 0.0 6.2 8.4

G

25.2 16.7 22.7 35.3

13.0 30.5 9.7 12.1 34.7

0.0 26.5 48.4 25.1

89.5 8.4 1.2 0.8

88.3 9.0 0.3 1.0 1.5

PFG

0.1 0.7 28.2 71.0

0.0 2.7 21.9 75.4 0.0

16.5 0.1 44.2 39.2

28.0 48.7 14.4 9.0

0.1 4.4 9.9 30.4 55.1

FG

0.0 2.0 26.5 71.5

0.2 3.0 23.9 72.9 0.2

3.3 1.4 68.1 27.2

35.7 43.3 15.2 5.8

0.0 17.8 30.0 30.7 21.5

F

0.3 42.3 16.8 40.6

0.0 23.3 50.9 25.8 0.0

0.0 0.2 57.6 42.2

67.8 21.3 4.9 5.9

66.1 2.4 0.0 5.6 25.9

G

Rural

3.5 5.9 7.7 82.9

0.0 14.8 48.3 36.9 0.0

0.0 6.1 58.5 35.3

85.3 11.3 0.0 3.4

91.1 0.3 0.0 5.2 3.4

PFG

3.6 0.3 52.7 43.3

8.5 4.5 7.3 24.5 55.1

3.5 0.1 36.7 59.7

50.1 42.4 6.4 1.1

0.7 65.5 3.4 24.7 5.7

FG

Prévalence des privations (pourcentages lignes)

6.8 1.3 53.2 38.6

6.2 18.9 11.0 20.5 43.5

1.9 0.4 49.3 48.3

49.5 40.3 7.6 2.6

1.4 74.4 9.5 11.5 3.3

F

7.1 37.6 28.0 27.2

16.2 13.6 10.6 20.4 39.3

0.3 3.0 51.3 45.4

83.6 15.8 0.6 0.0

71.8 18.9 0.0 6.4 3.0

G

Urbain

26.0 17.1 23.3 33.6

13.5 31.7 9.5 10.7 34.6

0.0 27.3 48.0 24.7

89.7 8.3 1.2 0.7

88.1 9.4 0.3 0.8 1.4

PFG

Note : FG: prive simultanément d’eau & assainissement et habitation, F : seulement privé d’eau & assainissement, G : seulement privé d’habitation, PFG : pas privé (ni eau & assainissement, ni habitation). Sont pris en compte individus : FG + F + G + PFG = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

0.3 20.7 8.2 28.9 41.9

FG

7,009 7,155 1,817 5,007 5,027

Effectif total

Principale source d’eau SNDE/maison SNDE/ailleurs Fontaine/pompe villageoise/citerne Puits Rivière/marigot/pluie Accès à l’eau Moins de 5 min 6-15 min 16-30 min Plus de 30 min Type de toilettes WC dans La nature WC avec chasse d’eau Latrines couvertes/améliorée Latrines non couvertes/pilotis Évacuation des ordures Bac/Voirie pub Voirie privée/ONG Enfouissement Brulées Dans la nature Évacuation des eaux usées Caniveau/puisard Trou Dans la cour Dans la nature

Caractéristiques d’eau & assainissement

Tableau 20 continué: Eau & assainissement (F) et habitation (G) : Analyse des problèmes (% des individus)


6.3 Groupe 3 : Privation dans la dimension santé (D) Souvenons nous que l’indicateur de privation dans le domaine de la santé couvre seulement 38% de l’échantillon total (ces individus qui avaient souffert un mal pendant les 4 semaines avant l’enquête). Pour couvrir une partie plus large de l’échantillon on a choisi de prendre l’observation pour cet individu malade comme proxy pour tous les autres individus dans le ménage (en augmentant le pourcentage des observations a 83% de l’échantillon). Mais, potentiellement l’utilisation de ce proxy posera des problèmes pour le profil et l’analyse des problèmes. Si le risque d’être privé en santé est différent entre les membres d’un ménage, par exemple les filles ont moins de chance de recevoir des soins de santé que leurs frères garçons, l’utilisation du proxy effacera ces différences intra-ménagères. En plus, si la probabilité d’observer un individu malade et le (non)utilisation des services de santé est corrélé avec les caractéristiques d’un ménage et ca résultera dans un biais de sélection (ce groupe n’est plus représentatif pour la population Congolaise) et un biais dans le taux de privation. Trois buts sont visés dans cette section : 1- analyser la justesse de l’usage de ce proxy ; 2- analyser le profil des individus privés dans le domaine de la santé et les problèmes qu’ils rencontrent en terme d’accès aux services de santé ; 3- analyser s’il est vrai que certains problèmes de santé se posent plus facilement lorsque les individus sont aussi privés en termes de nutrition et/ou eau et assainissement. 6.3.1 Profil Dans le tableau 21 nous comparons notre indicateur proxy (D et PD) tous les individus dans le ménage où quelqu’un a été malade les 4 dernières semaines avec le profil des individus qui ont été malades (Di et PDi). La première observation est que les taux de privation du proxy sont considérablement plus élevés que ceux des seuls individus malades (60% comparé à 45%). En comparant les parts de la population entre l’échantillon complet (tableau 7), le proxy (2ieme colonne de tableau 21) et l’indicateur individuel (5ieme colonne de tableau 21) pour les caractéristiques différents, on peut voir que les proportions en termes de milieu de résidence, sexe et taille de ménage sont différentes. Par exemple, 42% des individus dans l’échantillon complet résident dans un milieu rural mais pour les individus malades ce pourcentage est 46% et pour le proxy c’est 44%. Pour l’indicateur individuel et l’échantillon complet cette différence peut être expliquée par une probabilité de maladie différente entre les caractéristiques d’un individu et, en effet, d’être inclus dans l’analyse de privation de santé ou non. Pour le proxy cet effet joue un rôle mais l’effet est aussi accompagné par autres effets. Prenons par exemple la taille du ménage : pour le proxy les ménages de petite taille sont sous-représentés par rapport à l’échantillon complet et les ménages larges sont surreprésentés mais pour l’indicateur individuel c’est bien le contraire. L’explication est que le proxy compte tous les membres du ménage et, comme conséquence, l’analyse inclue relativement plus d‘individus pour un ménage large. En plus, la comparaison des taux de privation en termes de risque relatif de privation suggère aussi qu’il y a un biais positif dans le taux de privation. Voyons par exemple la décomposition par rapport à la taille du ménage : pour le groupe D le taux de privation des ménages de plus de 9 membres est de 7,7 point de pourcentage de plus au dessus de la moyenne du taux de privation dans le groupe D. Pour le groupe Di cette différence est seulement de 2,3 points de pourcentage. Donc il en résulte que les ménages avec plus de 9 membres ont un risque plus élevé de privation dans les deux groupes D/PD et Di/PDi, l’étendue de l’effet est surestimée dans le groupe proxy (D/PD). Pour cette raison, nous continuons d’analyser le risque de privation à travers les caractéristiques en utilisant le groupe Di/Pi. Les caractéristiques qui sont associées à un haut risque de privation en santé sont l’environnement rural, les autres communes urbaines (autres que Brazzaville et Pointe-Noire), les ménages larges (19 personnes) et les ménages avec un seul parent. Cependant les taux de privation dans ces

79


Tableau 21: Santé (D) : Profil (% des individus) Tous les individus dans le ménage Seulement les individus de l’individu malade malades Individus Prévalence(% lignes) Individus Prévalence(% lignes) (% colonnes) D (% colonnes) Di PD Total DPi Total Individus (%) Milieu de résidence Rural Urbain

5.6

94.9

100

42.0

58.0

100

42.8 57.2 100

12.2 0.7

87.8 99.3

100 100

60.7 39.3 100

32.8 56.2

67.2 43.8

100 100

27.6 23.2 6.4 7.7 35.1 100

0.3 0.4 3.2 3.8 14.0

99.7 99.6 96.8 96.2 86.0

100 100 100 100 100

12.3 20.9 6.1 7.1 53.6 100

82.0 48.3 31.3 31.4 33.0

18.0 51.7 68.7 68.6 67.0

100 100 100 100 100

Sexe Enfants Hommes adultes Femmes adultes

51.2 48.8 100

4.9 6.3

95.1 93.7

100 100

49.2 50.8 100

39.9 44.1

60.1 55.9

100 100

Taille de ménage 1-3 personnes 4-6 personnes 7-9 personnes > 9 personnes

4.9 38.7 38.4 18.0 100

9.3 4.7 7.3 2.9

90.7 95.3 92.7 97.1

100 100 100 100

9.0 36.5 35.6 18.8 100

36.3 39.8 41.4 50.1

63.7 60.2 58.6 49.9

100 100 100 100

Type de ménage Adultes / vieux Enfants & 1 adulte / vieux Enfants & 2 adultes Enfants & >2 adultes Triple générations Autre types

7.2 32.3 31.2 28.2 1.0 100

5.6 4.8 6.0 5.7 17.4

94.4 95.2 94.0 94.3 82.6

100 100 100 100 100

9.3 22.6 24.2 43.0 0.9 100

40.0 38.4 48.6 41.2 16.0

60.0 61.6 51.4 58.8 84.0

100 100 100 100 100

Sexe chef de ménage Homme Femme

78.9 21.1 100

6.4 2.7

93.6 97.3

100 100

80.5 19.5 100

44.2 32.8

55.8 67.2

100 100

Age chef de ménage < 35 ans 35-45 ans 46-54 ans 55 et plus

11.8 35.8 26.4 26.0 100

13.6 4.4 2.8 6.5

86.4 95.6 97.2 93.5

100 100 100 100

15.4 23.2 23.2 38.1 100

38.9 42.6 42.0 42.9

61.1 57.4 58.0 57.1

100 100 100 100

Strate Brazzaville Pointe Noire Autres communes Semi urbain Milieu rural

Note : C: prive travail et PC: pas privé en travail (C + PC = 100%). Enfants âgés de 10 à 14 : un enfant est prive quand elle/ il travaille hors la famille (travail rémunéré). Enfants âgés de 15 a 17 : un enfant est prive quand elle/il veut travailler (plus) mais ne peut pas (chômage et sous-emploi). Les enfants âgés de 15 à 17 et actifs à la marche de travail constituent 27.2 % des enfants âgés de 15 à 17. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

80


groupes sont seulement de 2 à 3 points de pourcentage au dessus du taux de privation moyen (il faut que notre règle générale implique que nous considérons seulement le groupe à haut risque de privation lorsque la différence de point de pourcentage avec le taux de privation moyen est 2 ou plus). Les différences larges devraient constituer une motivation pour prioriser certains groupes mais dans ce cas le profil de pauvreté dans la santé suggère que les caractéristiques du tableau 18 ne fournissent pas de telles informations. 6.3.2 Analyse de problèmes Dans cette section nous analysons les types de maladies reportées, quels services avaient été consultés, les problèmes rencontrés lors d’une consultation médicale et les raisons qui expliquent pourquoi les individus ne consultent pas un service de santé en cas de maladie. Pour les raisons évoquées dans la section précédente nous n’analysons que les situations des individus qui ont été malades les 4 dernières semaines (Di et PDi). De plus, pour savoir laquelle hypothèse d’égalité de risque de privation à travers les membres d’un même ménage est violée nous procédons à une décomposition en filles, garçons, hommes et femmes adultes. Le tableau 22 montre qu’il y a une incidence particulièrement forte de la fièvre et de la malaria au Congo ; 49 % des individus privés (Di) ont répondu avoir souffert de ces maladies et 60 % des individus non privés en santé (PDi). Pour les autres types de maladies l’incidence est plus faible. D’autres maladies prévalentes sont : la diarrhée (8 %), les problèmes dentaires (5 %) et les problèmes de la vue (7 %). 38 % des malades ont répondu n’avoir pas été affectés par une des maladies indiquées dans le questionnaire. En comparant l’incidence de ces maladies selon le genre/ les groupes d’âge, nous trouvons que les enfants sont beaucoup plus concernés par la fièvre/ malaria et diarrhée alors que les adultes sont plus concernés, par les problèmes de dent/des yeux et autres problèmes de santé. Lorsque l’incidence de la fièvre/malaria est plus élevée parmi les individus non privés en santé, l’incidence des problèmes des dents et des yeux ne s’établit plus en dessous des individus privés. Ceci peut être dû au fait que certains problèmes de santé peuvent être plus facilement ignorés que d’autres et que les personnes qui en souffrent trouvent les raisons de ne pas consulter un service de santé. Dans le questionnaire il apparaît que certains malades recouvrent aux guérisseurs traditionnels et à l’église. Ce qui explique que 23 % des individus privés en santé ont répondu positivement à cette question. Dans la construction de notre indicateur de privation en santé, nous avons tenu compte seulement des services de soin de santé professionnelle. Donc les individus privés en santé qui ont fait recourt à d’autres moyens sont allés chez les guérisseurs traditionnels (61 %), à l’église (24 %) ou ailleurs (16 %), les décompositions en groupe d’âge et de genre suggèrent quelques différences entre les genres. Les femmes/filles privées en santé sont moins enclines à consulter des guérisseurs traditionnels que les hommes/garçons privés en santé. Au contraire ces femmes/filles privées sont plus enclines à aller à l’église. De plus les filles non privées en santé sont moins enclines à visiter un hôpital mais considérablement plus encline à recevoir les services d’un pharmacien. Pour les individus non privés le problème le plus rencontré était celui de cherté des soins (coût) et des insuffisances des services de santé. Les problèmes rencontrés n’ont pas beaucoup varié selon les groupes genre/âge. Pour les individus privés, les raisons monétaires de non consultation des services de santé étaient plus important (56 % de cas) alors que l’éloignement était évoqué par 5 % des individus privés en santé. Cependant 33% d’individus privés ont noté que selon leur perception, chercher l’aide des services de santé n’était pas nécessaire. Si la perception de ces individus s’avère être une réalité, l’estimation de la privation en santé se présente donc surestimées. Par contre, si cette perception individuelle n’est pas correcte, ce groupe aussi pose un souci dans le sens que ces individus ne réalisent pas les bénéfices d’avoir un conseil professionnel ou bien les conséquences de non-traitement à leur santé. Malheureusement nous ne disposons pas d’informations pouvant nous permettre de vérifier ces hypothèses.

81


82

5,514 687 77 520 255 437 637 4,062

6,522 3,552

1,829 2,623 290 154 648 220 643 115

Maladie souffert Fièvre/paludisme Diarrhée Accident Problème dentaire Problème de peau Problème d’œil Problème d’oreille / nez / gorge Autre problème de santé

Consultation d’un service Oui Non

Si oui, quel genre de service? Cabinet Méd. / Hôpital privé Dispen / Hôpital public Centre de santé intégré Médecin / dentiste privé Guérisseur traditionnel Église Pharmacie/ pharmacien Autre 0.0 0.0 0.0 0.0 60.8 23.6 0.0 15.6

22.6 77.4

48.9 7.6 0.7 6.5 3.3 4.0 8.9 39.6

44.5

Di

33.4 46.8 5.1 3.0 0.0 0.0 11.7 0.0

100.0 0.0

60.6 7.7 1.0 3.9 2.7 4.0 5.0 36.8

55.5

PDi

Individus

0.0 0.0 0.0 0.0 67.0 22.0 0.0 11.0

17.7 82.3

53.7 11.6 0.8 2.9 3.4 2.7 11.3 29.2

43.5

Di

Filles

33.4 43.5 4.7 2.7 0.0 0.0 15.7 0.0

100.0 0.0

67.5 13.0 0.3 3.1 1.4 2.2 5.6 24.4

56.5

PDi

0.0 0.0 0.0 0.0 66.8 14.2 0.0 18.9

22.6 77.4

51.6 8.6 1.6 3.7 4.1 2.3 11.0 30.2

44.5

Di

33.4 44.8 6.2 1.7 0.0 0.0 13.9 0.0

100.0 0.0

69.4 11.0 0.7 1.7 2.3 2.0 6.2 23.4

55.5

PDi

Garçons

0.0 0.0 0.0 0.0 49.4 36.2 0.0 14.4

24.1 75.9

46.5 6.0 0.2 8.2 3.5 5.0 7.3 48.0

44.0

Di

33.7 49.1 5.0 3.1 0.0 0.0 9.1 0.0

100.0 0.0

55.1 5.1 0.8 4.9 3.0 4.7 4.3 49.1

56.0

PDi

Femmes adultes

0.0 0.0 0.0 0.0 68.1 14.6 0.0 17.4

24.4 75.6

46.9 6.2 0.8 8.7 2.5 4.8 8.0 42.7

46.0

Di

32.9 47.8 4.6 4.1 0.0 0.0 10.6 0.0

100.0 0.0

56.5 4.6 2.0 4.9 3.7 5.9 4.5 39.3

54.0

PDi

Hommes adultes

Note Di : prive dans la dimension santé, DPi: pas prive dans la dimension santé. Sont pris en compte seulement les individus qui ont souffert un mal quelconque dans des 4 dernières semaines (38% de l’’echantillon): Di + DPi = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

10,074

% de privation

Effectif

Tableau 22: Santé (D) : Analyse de problèmes (% des individus)


83

6,522 6,522 6,522 6,522 6,522 6,522 6,522 6,522

3,552 3,552 3,552 3,552

En cas de consultation : a eu des problèmes? Aucun problème Mauvais accueil Temps d’attente trop long Pas de personnel formé Trop cher Pas de médicaments Traitement inefficace Autre

Si non, raison de non-utilisation Pas nécessaire Trop cher Trop éloigné Autres raisons 33.0 56.0 4.5 10.7

-

44.5

Di

-

69.1 5.8 7.7 2.0 12.6 11.3 8.3 1.1

55.5

PDi

Individus

35.5 50.8 4.5 12.9

-

43.5

Di

Filles

-

71.7 5.1 5.9 2.1 10.2 10.4 7.5 1.3

56.5

PDi

34.2 57.0 2.3 9.6

-

44.5

Di

-

67.4 6.7 8.1 2.5 12.5 12.6 7.2 0.7

55.5

PDi

Garçons

27.3 61.3 5.3 11.1

-

44.0

Di

-

68.8 5.6 9.2 1.8 12.9 11.6 8.5 1.1

56.0

PDi

Femmes adultes

37.4 52.3 4.9 9.3

-

46.0

Di

-

68.8 6.0 6.7 2.0 13.2 10.8 9.4 1.4

54.0

PDi

Hommes adultes

Note Di : prive dans la dimension santé, DPi: pas prive dans la dimension santé. Sont pris en compte seulement les individus qui ont souffert un mal quelconque dans des 4 dernières semaines (38% de l’’echantillon): Di + DPi = 100%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

10,074

% de privation

Effectif

Tableau 22 continué: Santé (D) : Analyse de problèmes (% des individus)


6.3.3 Imbrications de privation de santĂŠ (D) avec autres dimensions La comparaison des privations dans la section 5 a montrĂŠ que la privation dans la dimension santĂŠ est souvent combinĂŠe avec d’autres privations. Dans cette section nous analysons les multiples combinaisons de privation entre quelques dimensions proches liĂŠes avec la dimension de santĂŠ. Mais l’analyse dans la section 6.3.1 a montrĂŠ que l’indicateur ‘proxy’ de santĂŠ est surestimĂŠ. Pour cette raison, nous faisons la comparaison non seulement avec l’indicateur ‘proxy’ de santĂŠ mais aussi avec l’indicateur de santĂŠ individuel. Nous avons sĂŠlectionnĂŠ les dimensions monĂŠtaire (A), nutrition (C) et eau et assainissement (F) parce que nous supposons qu’il y a des relations de causalitĂŠ assez importante entre ces dimensions et la dimension DE SANTĂ? ,A PRIVATION MONĂ?TAIRE INmUE SUR LA PROBABILITĂ? D Ă?TRE AUSSI PRIVĂ? DANS LA DIMENSION DE SANTĂ? comme le mĂŠnage qui manque de ressources ďŹ nancières pour obtenir accès aux services de santĂŠ. Notre indicateur de nutrition s’est basĂŠ sur la rĂŠponse du mĂŠnage Ă la question ‘Vous ĂŞtes-il arrivĂŠ au cours de l’annĂŠe dernière d’avoir des problèmes pour satisfaire les besoins en nourriture du mĂŠnage ? Nous avons considĂŠrĂŠ tous les individus dans le mĂŠnage privĂŠ dans cette dimension quand la rĂŠponse ĂŠtait ‘souvent’ ou ‘toujours’. Nous avons supposĂŠ que si on a ces problèmes de nourriture pour une si longue pĂŠriode, cela indique donc un risque ĂŠlevĂŠe de malnutrition. MĂŞme si cet indicateur n’est pas parfait (voir discussion section 3.2.1), il y a un lien de causalitĂŠ entre la malnutrition et des problèmes de santĂŠ. Finalement, la privation dans la dimension d’eau et assainissement implique aussi un risque ĂŠlevĂŠe d’avoir des problèmes de santĂŠ (surtout le lien entre accès difďŹ cile a l’eau potable et problèmes de diarrhĂŠe). Le tableau 23 montre toutes les combinaisons de privation entre ces 4 dimensions. On peut observer que la surestimation du taux de privation dans la santĂŠ (D) a l’effet que le % des individus dans une combinaison particulière est ‘trop’ ĂŠlevĂŠe pour toutes les combinaisons avec un ‘D’ et ‘trop’ bas pour les combinaisons sans un ‘D’. Mais gĂŠnĂŠralement, les diffĂŠrences entre l’indicateur proxy de santĂŠ et l’indicateur ÂŤ seulement des individus malade Âť ne paraissent pas trop grande ; la plupart des individus sont privĂŠs simultanĂŠment dans quelques dimensions. 13% des individus est privĂŠ dans les 4 dimensions, 26% est privĂŠ dans 3 des 4 dimensions et 32% est privĂŠ dans 2 des 4 dimensions.

Tableau 23 : Comparaison des imbrications avec la dimension de santĂŠ Combinaisons de privation A C D F AC AD AF CD CF DF ACD ACF ADF CDF ACDF ----

Tous les individus dans le mÊnage de l’individu malade 3 3 7 8 2 4 8 3 5 9 4 6 11 8 15 6

Seulement les individus malades 3 3 5 11 3 2 9 3 8 7 2 11 7 6 13 7

Note : A : privÊ dans la dimension monÊtaire, C : privÊ dans la dimension de nutrition, D : privÊ dans la dimension de santÊ, F: privÊ dans la dimension d’eau et assainissement et - - - - : pas privÊ dans les dimensions ACDF Source : Estimations des auteurs sur la base des donnÊes ECOM 2005.

84


Notre base de données, l’ECOM, n’est pas construite avec l’objectif d’analyser des problèmes de santé et de nutrition. Pour cette raison, les possibilités d’analyse sont limitées. Néanmoins, la perspective multidimensionnelle au niveau individuel de notre étude peut enrichir l’évidence d’autres sources d’information. Notre information nous permet d’investiguer deux liens entre la dimension de santé et les autres dimensions : La privation monétaire et la privation de santé en utilisant l’information pourquoi un individu malade n’a pas consulté un service de santé (trop cher). Le tableau 24 montre que la raison de non-utilisation ‘trop cher’ est plus associée avec une combinaison de privation monétaire et santé (60%). Quand même, ‘trop cher’ n’est pas uniquement un problème de ce groupe comme ce raison est aussi mentionnée par 40% des individus privés dans la dimension de santé mais pas dans la dimension monétaire.

Tableau 24: Relations entre les dimensions de santé, monétaire et eau & assainissement (seulement pour les individus qui ont souffert un mal, Di) Effectif

% des individus Raison de non-utilisation des services de santé est ‘trop chère’

Principale source d’eau SNDE/maison SNDE/ailleurs Fontaine/pompe villageoise/citerne Puits Rivière/marigot/pluie L’individu a souffert la diarrhée dans les 4 dernières semaines

Total

10,074

24.6

26.2

19.9

29.3

100

3,552

60.2

-

39.8

-

100

Effectif

% des individus

Dimensions monétaire et santé (pourcentages lignes) ADi A Di PADi

Dimensions eau & assainissement et santé (pourcentages lignes) FDi F Di PFDi

Total

10,074

33.0

38.6

11.6

16.9

100

2,425 2,530

0.9 38.3

0.6 46.6

40.3 5.8

58.2 9.2

100 100

708 2,100 2,311

40.7 47.0 44.1

58.7 50.3 51.5

0.2 1.1 1.8

0.3 1.6 2.6

100 100 100

687

35.1

40.8

9.3

14.9

100

Note : A : privé dans la dimension monétaire, Di : privé dans la dimension de santé, F : privé dans la dimension d’eau et assainissement, PADi : ni privé monétaire ni en santé, PFDi : ni privé en eau & assainissement ni en santé. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

85


Les problèmes monétaires peuvent avoir des conséquences graves pour la santé : l’étude de Bowamboka (2007) a analysé les facteurs de risque pour la mortalité maternelle et de l’enfant et a constaté que la pauvreté19 A UNE INmUENCE DIRECTE SUR LA MORTALITÏ MATERNELLE ET UNE INmUENCE indirecte sur la mortalité de l’enfant. Le risque de mortalité maternelle est élevée pour les mères pauvres supposément parce qu’elles reçoivent des services de santé d’une qualité inférieure. Le risque de mortalité de l’enfant est élevé pour les enfants pauvres comme c’est associé avec la malnutrition maternelle. Le deuxième lien que nous analysons est la relation entre la principale source de l’eau utilisée pour boire et la prévalence de diarrhée. Le Tableau 24 montre que la plupart des individus utilisant l’eau de la SNDE à domicile ne sont pas privé dans la dimension d’eau & assainissement. Avec tous les autres sources d’eau, les individus ont un ‘risque’ de privation dans la dimension d’eau & assainissement élevée. Notez que cette distribution est une conséquence directe de notre méthode appliquée pour classer les individus comme privés ou non dans cette dimension. Ce qui est intéressant, c’est la relation entre les distributions des sources d’eau et la prévalence de diarrhée ; la prévalence de diarrhée est beaucoup plus haute chez les groupes FDi (35%) et F (41%) 20. Nos résultats de santé sont confirmés par les résultats de l’enquête Démographique et de Sante au Congo (EDS, 2005) et l’évidence internationale : le risque d’avoir des maladies comme le paludisme et la diarrhée est plus élevé pour les enfants que les pour les est aussi lié aux mauvaises conditions d’accès a une source d’eau potable.

19

Leur indicateur de pauvreté est mesuré d’une façon relative à la base d’un index composé des caractéristiques de bien-être économique et est le même indicateur lequel est utilisé dans l’Enquête Démographique et de Sante a Congo (EDS, 2005) 20 Rappelez que tableau 22 a montré qu’en total 8% des individus malades ont répondu d’avoir eu de diarrhée.

86




7 Possibles réponses politiques Une approche de privation multidimensionnelle implique aussi que le terme de pauvreté n’est pas seulement considéré dans un sens monétaire mais aussi dans des autres aspects du bienêtre. Dans les dimensions d’éducation, santé, eau et assainissement et enclavement on a défini le bien ou mal être d’un individu dans le sens de l’accès aux services de base. L’analyse des combinaisons de multiples privations nous a montré que la plupart de la population Congolaise est simultanément privée dans quelques des 8 dimensions que nous avons considérée (section 5). L’analyse des groupes des individus qui souffrent d’une combinaison de privations spécifiques nous a permis de comparer le profil et les problèmes de ce groupe avec le profil et les problèmes des autres individus dans ces dimensions spécifiques (section 6). Cela a donné une indication si la problématique dans une dimension est beaucoup plus associée avec un groupe spécifique ou si la problématique prend une forme plus générale dans le pays. Un des objectifs de cette étude étant la formulation de réponses politiques appropriées pour la lutte contre la pauvreté en République du Congo, cette section est consacrée aux propositions de politiques envisageables dans les dimensions qui ont l’objet d’étude dans cette recherche. Une conséquence de notre approche est que les réponses politiques couvrent plusieurs terrains thématiques et que les ‘solutions’ dans un domaine peuvent couvrir un autre domaine. La discussion des possibles réponses politiques ci-dessous est concentrée à la problématique des groupes que nous avons analysés dans la section 6 : la privation monétaire et éducation des enfants âgés de 6 à 17 ans et la relation avec la dimension de travail, la privation dans les dimensions d’eau et assainissement et habitation (tous les individus) et, finalement, la privation dans la dimension de santé par groupes d’âge et sexe et les relations aves les dimensions monétaire et l’eau et assainissement 21. Les réponses politiques postulées ci-dessous incluent les suggestions faites par les partenaires publiques et politiques présents à l’atelier de restitution et validation de ce rapport à Brazzaville le 11 Décembre 200722 .

7.1 La privation monétaire et éducation des enfants âgés de 6 à 17 ans (groupe 1) L’analyse de la privation monétaire et éducation des enfants âgés de 6 a 17 ans a montré qu’un tiers des enfants sont simultanément privés dans ces deux dimensions. Cela constitue donc un groupe non-négligeable. En plus, la raison de privation pour la pluparts des enfants privés dans l’éducation est la réalisation d’un progrès lent. A notre avis, cela indique surtout une problématique d’accès à des services d’éducation de qualité. L’analyse des perceptions des parents confirme cette hypothèse (par exemple la prévalence des réponses comme le manque des enseignants, effectifs pléthoriques et l’état mauvaise des établissements scolaires). En même temps, la non-fréquentation pourrait aussi être indirectement liée à la qualité parce qu’un service de mauvaise qualité incrémente les

21

22

L’ECOM ne permet pas de décomposer la population Congolais par ethnicité. Il existe l’évidence que la population autochtone a des problèmes associé avec des risques de privation beaucoup plus élevée dans la plupart des dimensions investigué dans cette étude (Ministère de la sante, des affaires sociales et de la famille et Unicef, 2007). La suite de cette étude constitue d’une discussion participative entre les partenaires politiques et publiques dans lequel les réponses postulés sont précisées. Pour une sélection de ces réponses, une nouvelle étude d’UNICEF Congo Brazzaville est prévue avec l’objectif d’estimer leur impact sur la pauvreté et leur cout.

89


coĂťts d’opportunitĂŠs des individus pour ne pas aller Ă l’Êcole. Les rĂŠsultats en termes de nonfrĂŠquentation et la relation avec le travail de l’enfant et les rĂŠsultats des perceptions indiquent aussi que les aspects monĂŠtaires sont aussi liĂŠs Ă la privation d’Êducation. Eu ĂŠgard aux enseignements qui ressortent de notre analyse on peut envisager une sĂŠrie de rĂŠponses politiques concernant notamment l’offre et la demande des services d’Êducation. En effet, en tenant compte du fait que d’une manière gĂŠnĂŠrale les enfants sont ĂŠconomiquement dĂŠpendant de leur environnement immĂŠdiat, les axes de politiques envisagĂŠes pour ce groupe ne touchent pas directement Ă la dimension monĂŠtaire Ă proprement parler chez les enfants, mais plutĂ´t aux variables qui lient la dimension monĂŠtaire et la dimension ĂŠducation. 7.1.1 Demande des services d’Êducation En rĂŠponse aux problèmes que soulève la privation des enfants, particulièrement ceux qui sont privĂŠs simultanĂŠment prives dans les dimensions monĂŠtaire et ĂŠducation, les scĂŠnarios de rĂŠponses de politiques susceptibles d’amĂŠliorer la situation des enfants de ce groupe se rĂŠsument comme suit: Appui monĂŠtaire aux familles : s , INSTITUTION D UNE ALLOCATION MONĂ?TAIRE AUX FAMILLES AVEC ENFANTS Ă?VENTUELLEMENT AVEC la conditionnalitĂŠ que les enfants frĂŠquentent effectivement un ĂŠtablissement scolaire, ĂŠventuellement ciblĂŠ Ă les familles privĂŠes monĂŠtairement); s , INSTITUTION D UNE PRIME AUX ENFANTS DE ANS AYANT ACHEVĂ? LE CYCLE SCOLAIRE EN COURS s "OURSES POUR LES Ă?TUDIANTS UNIVERSITAIRES RĂŠduire les coĂťts d’Êducation : s ,A RĂ?AFlRMATION DE LA GRATUITĂ? TOTALE DE L Ă?COLE PRIMAIRE ET SECONDAIRE s ,A GRATUITĂ? TOTALE DE L Ă?COLE POUR ENFANTS VULNĂ?RABLES s ,A SUBVENTION DE L ACHAT DES FOURNITURES SCOLAIRES Changer les perceptions / le comportement : s #AMPAGNE DE SENSIBILISATION SUR LES BĂ?NĂ?lCES D Ă?DUCATION Indirect : s !MĂ?LIORER LES OPPORTUNITĂ?S DE LA GĂ?NĂ?RATION DES REVENUS MICROCRĂ?DIT ETC 7.1.2 L’offre des services d’Êducation Les options envisageables en vue d’amĂŠliorer l’offre des services d’Êducation tiennent, en rapport avec les perceptions des parents des enfants en rapport avec les problèmes observĂŠs, aux points suivants : AmĂŠliorer la qualitĂŠ de l’enseignement et la quantitĂŠ des enseignants (capital humaine) s !UGMENTER LA RĂ?MUNĂ?RATION DES ENSEIGNANTS s !MĂ?LIORER L ENSEIGNEMENT DES ENSEIGNANTS s )NTRODUIRE UN SYSTĂ’ME DE RĂ?MUNĂ?RATION BASĂ? SUR MĂ?CANISMES DE PERFORMANCE s $Ă?CENTRALISER LE PAIEMENT DES SALAIRES DES ENSEIGNANTS DANS LES MILIEUX RURAUX s !MĂ?LIORER LES POLITIQUES DE RECRUTEMENT ET PERSONNEL s !MĂ?LIORER L UTILISATION DES RESSOURCES HUMAINES AmĂŠliorer les facilitĂŠs scolaires (capital physique):

90


s ,A RĂ?HABILITATION ET LA CONSTRUCTION DES Ă?TABLISSEMENTS SCOLAIRES SUR LA BASE D UNE Ă?TUDE d’identiďŹ cation des besoins; s )NTRODUIRE CANTINES SCOLAIRES SERVICES D EAU POTABLE ET ASSAINISSEMENT Changes des structures ďŹ nancières (processus d’allocation) s &AIRE DES RĂ?SERVES ĂŒ MOYENNE TERME POUR LE BUDGET D Ă?DUCATION AMĂ?LIORER LES CAPACITĂ?S d’absorption) ; s ,A DĂ?CENTRALISATION DE LA GESTION lNANCIĂ’RE DU SYSTĂ’ME Ă?DUCATIF AVEC LA PARTICULARITĂ? D ALLOUER plus de fonds aux rĂŠgions rurales et semi urbains dont les enfants en sont les plus privĂŠs. L’information dans notre base de donnĂŠes permit d’analyser la non-frĂŠquentation, le progrès lent et les perceptions des parents sur la qualitĂŠ des services scolaires. Pour prioriser des mesures pour amĂŠliorer la qualitĂŠ d’Êducation il faut complĂŠmenter le perspectif obtenu avec cette ĂŠtude avec autres sources d’information.

7.2 La privation dans l’eau et assainissement et habitation (groupe 2) Les observations principales de notre ĂŠtude sont conďŹ rmĂŠs par l’Êtude ‘Appui au dialogue national sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène en RĂŠpublique de Congo’ fait par COWI (2007). La contribution de notre ĂŠtude est que nous avons utilisĂŠ les donnĂŠes pour arriver Ă un jugement de bien ou mal ĂŞtre (en termes d’un accès minimum) et de montrer les imbrications entre la dimension d’eau et assainissement et les autres dimensions. En revanche, l’Êtude de COWI permet une perspective plus profonde en termes des problèmes de gestion entre les acteurs principales dans se secteur et, en consĂŠquence, nous- nous referons aux solutions spĂŠciďŹ ques mentionnĂŠs dans cet ĂŠtude. Notre analyse a montrĂŠ que la moitiĂŠ des individus Congolais est simultanĂŠment privĂŠe dans les dimensions d’eau et assainissement et habitation. L’analyse de cette problĂŠmatique dans la section 6.2 indique que l’accès aux services de base comme l’ÊlectricitĂŠ, l’eau potable, services d’assainissement, ĂŠvacuation des ordures mĂŠnagères constitue un problème gĂŠnĂŠral au Congo. En plus, notre ĂŠtude a montrĂŠ un lien entre la privation dans la dimension d’eau et assainissement et le risque de diarrhĂŠe (dimension de santĂŠ) ; la prĂŠvalence de diarrhĂŠe et beaucoup plus hautes chez les individus qui sont privĂŠs en termes d’eau et assainissement. Comme l’Êtat joue un rĂ´le principal dans l’offre de ses services de base on ne peut que constater que l’amĂŠlioration de la situation dans ces dimensions dĂŠpendra largement, mais pas exclusivement, Ă l’initiative prises par cet acteur 23. Les rĂŠsultats de notre analyse suggèrent que l’accès aux services de base mĂŠrite une attention particulière dans la formulation d’une stratĂŠgie de dĂŠveloppement. L’Êtude a aussi montrĂŠ des grandes disparitĂŠs entre le milieu rural et urbain dans ces dimensions: mĂŞme si la prĂŠvalence de privation est aussi ĂŠlevĂŠe dans les rĂŠgions urbaines, Ă peu prĂŠs 90% de la population rurale sont simultanĂŠment privĂŠs dans ces deux dimensions. Ces disparitĂŠs sont un argument en faveur du ciblage gĂŠographique Les grandes disparitĂŠs peuvent ainsi constituer une raison pour avoir une rĂŠponse politique diffĂŠrente selon le milieu de rĂŠsidence. Par exemple, dans le milieu rural on peut dĂŠcider de se concentrer Ă amĂŠliorer l’accès a une meilleure source d’eau potable (dans ou proche de l’habitation). Dans le milieu urbain on peut avoir des multiples objectifs, comme accès Ă une meilleure source d’eau potable dans l’habitation et l’Êvacuation des eaux usĂŠes et des ordures mĂŠnagères. Finalement, une grande partie de l’amĂŠliorèrent des conditions de vie dans la dimension d’habitation ne sera pas directement liĂŠ a des rĂŠponses spĂŠciďŹ ques dans ce secteur (comme les suggestions spĂŠciďŹ ques ci-dessous) mais seront plutĂ´t le rĂŠsultat d’une croissance ĂŠconomique bien distribuĂŠ dans la population (donc une amĂŠlioration de la dimension monĂŠtaire). 23

NÊanmoins, le component infrastructurel est plus prononcÊ dans l’eau et assainissement.

91


7.2.1 Eau et assainissement Demande des services de l’eau et assainissement : s !CCĂ’S GRATUIT OU ĂŒ PRIX RĂ?DUIT ĂŒ L EAU POTABLE RĂ?DUCTION DES COUTS s #AMPAGNE DE SENSIBILISATION SUR L HYGIĂ’NE ET L IMPACTE DU NON ASSAINISSEMENT SUR l’environnement Offre des services de l’eau et assainissement :

La rĂŠduction des coĂťts pour recevoir des services de santĂŠ pourrait constituer un objectif important des rĂŠformes dans le secteur de santĂŠ.

s !MĂ?LIORER LES SERVICES INVESTISSEMENTS DANS DE NOUVELLES INFRASTRUCTURES D EAU POTABLE ET assainissement, rĂŠhabilitation des services de voirie actuelle, investissements dans l’Êvacuation des ordures mĂŠnagères et investissements dans les services de l’eau et assainissement des ĂŠtablissements de santĂŠ et scolaires ; s ,A MISE EN PLACE D UN CADRE DE CONCERTATION ENTRE LE SECTEUR PUBLIC LE SECTEUR PRIVĂ? ET LES ONGs dans les domaines de l’eau et de l’assainissement; s $IFFĂ?RENTS PRIORITĂ?S POUR LES MILIEUX RURAUX ET URBAINS 7.2.2 Habitat Demande d’un habitat au standard minimum : s , EXONĂ?RATION DES MATĂ?RIAUX DE CONSTRUCTION AUX DIVERSES TAXES s ,A MISE EN “UVRE EFFECTIVE D INSTITUTIONS D APPUI ĂŒ LA PROMOTION IMMOBILIĂ’RE Offre d’un habitat au standard minimum : s )NFRASTRUCTURE , EXTENSION DU TAUX DE COUVERTURE EN Ă?NERGIE Ă?LECTRIQUE

7.3 La privation de santĂŠ par groupes d’âge et sexe (groupe 3) Tenant en compte les limites de notre source d’information dans le champ de santĂŠ nous discutons ici quelques points focaux pour les rĂŠponses politiques de santĂŠ rĂŠsultant de notre analyse. L’analyse des liens entre la privation dans la dimension monĂŠtaire et la privation de santĂŠ a indiquĂŠ que les coĂťts pour bĂŠnĂŠďŹ cier des services de santĂŠ en cas de mala die empĂŞchent l’accès effectif Ă ces services (rĂŠsultant dans une double privation). En plus, mĂŞme si l’individu malade consulte un service de santĂŠ, un coĂťt trop ĂŠlevĂŠ pour recevoir ce service et souvent mentionnĂŠe comme problème. Pour ces raisons, la rĂŠduction des coĂťts pour recevoir des services de santĂŠ pourrait constituer un objectif important des rĂŠformes dans le secteur de santĂŠ. Il existe beaucoup de possibilitĂŠs pour atteindre cet objectif et le choix entre les uns ou les autres devrait ĂŞtre basĂŠ sur des sources d’information plus spĂŠciďŹ ques que notre ĂŠtude. Nos rĂŠsultats montrent aussi que la (non)disponibilitĂŠ des mĂŠdicaments est aussi souvent mentionnĂŠe comme un problème. Mais les perceptions des clients des services de santĂŠ investiguĂŠs dans notre rapport ne donnent qu’une perspective limitĂŠe sur la qualitĂŠ des services de santĂŠ et doivent ĂŞtre supplĂŠmentĂŠ par des sources d’information sectorielle. En ce qui concerne la risque ĂŠlevĂŠe pour enfants de souffrir des maladies comme le paludisme et diarrhĂŠe, les solutions politiques se trouvent dans la prĂŠvention comme la fourniture des moustiquaires, l’amĂŠlioration de l’accès Ă l’eau potable et un meilleurs assainissement et une sensibilisation de la population en termes d’hygiène, mais aussi dans un meilleur accès aux services de santĂŠ curatifs (45% des individus privĂŠs qui avaient eu ďŹ Ă¨vre/paludisme n’ont pas consultĂŠ un centre de santĂŠ).

92


7.3.1 Demande des services de santĂŠ RĂŠduire les couts de santĂŠ: s 'RATUITĂ? TOTALE DES TRAITEMENTS PRĂ?VENTIFS ET CURATIFS ESSENTIELLES MALARIA VACCINATIONS accouchement etc.) ; s 'RATUITĂ? TOTALE DES SERVICES DE SANTĂ? POUR DES GROUPES VULNĂ?RABLES Changer les perceptions / le comportement : s !MĂ?LIORER INFORMATION SUR COMPORTEMENTS SAINS s )NFORMER LES GROUPES SUR L IMPORTANCE D UTILISATION DES SERVICES DE SANTĂ? EN CAS DE CERTAINES maladies et de suivre les conseils de mĂŠdication ; s 3YSTĂ?MATISER LA PRISE EN CHARGE NUTRITIONNELLE AU NIVEAU DES COMMUNAUTĂ?S RĂŠduction des prix des biens essentiels de prĂŠvention pour les mĂŠnages : s 5NE SUBVENTION DES BIENS ESSENTIELS SEL IONISĂ? ETC s 2Ă?DUCTION LES TARIFS D IMPORT ET AUTRES IMPĂ™TS SUR LES BIENS ESSENTIELS MOUSTIQUAIRES ETC Indirect : s !MĂ?LIORER LES OPPORTUNITĂ?S DE LA GĂ?NĂ?RATION DES REVENUS MICROCRĂ?DIT ETC Change de système : s )NTRODUCTION D UNE ASSURANCE DE SANTĂ? MUTUELLE 7.3.2 Offre des services de santĂŠ AmĂŠliorer la qualitĂŠ des services de santĂŠ : s !UGMENTER LA RĂ?MUNĂ?RATION DU PERSONNEL DE SANTĂ? s )NTRODUIRE UN SYSTĂ’ME DE RĂ?MUNĂ?RATION BASĂ? SUR DES MĂ?CANISMES DE PERFORMANCE s !MĂ?LIORER LA PERFORMANCE DU PERSONNEL DE SANTĂ? s !MĂ?LIORER L UTILISATION DES RESSOURCES HUMAINES s 3TIMULER L HUMANISATION DES SERVICES DE SANTĂ? Augmenter la disponibilitĂŠ des services et des produits : s !MĂ?LIORER LA DISPONIBILITĂ? DES MĂ?DICAMENTS GĂ?NĂ?RAUX s !MĂ?LIORER L Ă?QUIPEMENT DES SERVICES DE SANTĂ? s #ONSTRUCTION DES NOUVEAUX SERVICES DE SANTĂ? AUGMENTER LE PERSONNEL PAR EXEMPLE LES SAGE femmes) dans les milieux ruraux et semi-urbains. Restructurer les structures ďŹ nancières (processus d’allocation) s &AIRE DES RĂ?SERVES ĂŒ MOYENNE TERME POUR LE BUDGET DE SANTĂ? AMĂ?LIORER LES CAPACITĂ?S d’absorption); Changer de système: s )NTRODUCTION D UNE ASSURANCE DE SANTĂ? MUTUELLE

93



8 Conclusions La complexité du phénomène de la pauvreté nécessite une approche qui soit à même d’aider à apprécier la situation des individus dans diverses dimensions du bien être. C’est dans cette perspective que l’approche des besoins de base, fondée sur une conception du pauvre en tant qu’individu privé d’un minimum de commodités ou services de base jugées préalables à l’atteinte d’une certaine qualité de vie, et qui répond à la nécessité de reconnaître que la pauvreté revêt un caractère multidimensionnel, a été privilégiée dans cette étude. Elle a consisté, sous la contrainte de la disponibilité des informations dans la base des données ECOM- 2005, à apprécier la situation individuelle ou du ménage, en terme de privation, dans huit dimensions du bien-être à savoir la dimension monétaire, la dimension santé, la dimension éducation, la dimension nutrition, la dimension habitation, la dimension travail, la dimension eau et assainissement et la dimension enclavement. L’analyse dans ce rapport est limitée sur les aspects suivants : s ,A DISPONIBILITÏ DE L INFORMATION DANS LA BASE DE DONNÏES UTILISÏE VIS Ì VIS LES DIMENSIONS sélectionnés et le choix des indicateurs de bien-être dans ces dimensions ; s , ANALYSE ÏTAIT ORIENTÏE VERS L ÏTUDE DES ASSOCIATIONS ENTRE LES DIMENSIONS SANS TROUVER DES évidences dans la direction de la causalité. La littérature internationale a montré qu’il est très difficile d’identifier la direction de causalité et que souvent il existe une causalité fortifiante (donc en deux directions opposé); s ,ES LIMITES EN RESSOURCES ET EN TEMPS ET LA MULTIPLICITÏ DES DIMENSIONS NOUS ONT OBLIGÏS DE FAIRE des choix. Nous avons motivé ces choix mais c’est clair qu’il existe encore beaucoup d’autres possibilités d’approfondissement pour une meilleure compréhension des phénomènes. Tenant en compte ces limitations mentionnées, une innovation particulière de cette étude est l’analyse des multiples privations au niveau de l’individu. Cela a permis de faire une analyse plus approfondie que la description des taux de privations dans chaque dimension. On a pu identifier les imbrications entre les dimensions (quel % des individus est privé simultanément dans les dimensions ‘x’, ‘y’ et ‘z’ ?). En plus, on a comparé les profils des groupes simultanément privés dans les dimensions particulières avec les profils des groupes ‘seulement’ privés dans une de ces dimensions ou pas privés (est-ce que les caractéristiques du groupe doublement privé sont différentes des caractéristiques des groupes singulièrement privés ou non privés ?). En faisant le même type de comparaison entre ces groupes on a analysé la problématique associée avec la privation dans et entre ces dimensions (est-ce que ce groupe a des problèmes différentes ou estce que la problématique est plutôt un phénomène générale ?). Il y a plusieurs avantages avec cette approche : s %N COMPARAISON AVEC UNE ÏTUDE DE PAUVRETÏ UNIDIMENSIONNEL DIFFÏRENCES ENTRE LES DIMENSIONS de bien être dans la prévalence, les caractéristiques de haute risque et les problèmes peuvent résulter dans l’identification des groupes prioritaires différents (selon le type et la combinaison de privations) et réponses politiques différents (dans ou dehors la dimension) ; s %N OUTRE L ANALYSE DE MULTIPLES DIMENSIONS AU NIVEAU DE L INDIVIDU PERMET L IDENTIlCATION DES groupes prioritaires et (la nécessite) des réponses politiques plus fines/spécifique dans un pays ou seulement une infime partie de la population (6%) n’est pas privé dans aucune dimension. Dans chacune des dimensions investiguées les taux de privation sont considérables mais les grandeurs sont quand même différentes (entre les dimensions entre enfants, hommes adultes et

95


femmes adultes). L’étude montre aussi qu’au Congo, certaines caractéristiques sont associées à un risque élevé ou faible de privation. Cela ne devrait pas pour autant amener à occulter l’hétérogénéité des situations entre les dimensions et les caractéristiques des individus ou des ménages. En effet les caractéristiques qui sont pour certaines dimensions associées à un risque élevé de privation ont une moyenne ou une sous moyenne de risque dans d’autres dimensions. Tout ceci montre qu’un groupe spécifique peut avoir des problèmes spécifiques, ce qui renforce l’opportunité d’analyser la pauvreté suivant une approche multidimensionnelle. L’analyse des multiples privations dans la section 5 a permis de sélectionner trois groupes prioritaires devant faire l’objet d’une analyse plus approfondie pour la formulation des réponses politiques (voir section 7 pour un sommaire des principaux résultats et la discussion des réponses politiques). Les réponses politiques indiquées dans la section 7 étaient en partie formulées sur la base des analyses dans cette étude et, pour une autre partie, formulées sur la base des suggestions faites par les partenaires publics et politiques après la présentation de cette étude. L’approche multidimensionnelle de cette étude ne s’exprime pas dans la formulation des politiques ‘nouvelles’ ou ‘innovantes’ mais contribue à la sélection entre les réponses éprouvés et multisectorielles. Au Congo à l’heure actuelle, le processus participatif en termes de Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) a aboutit à une version finale de ce document. Il est donc important de traduire ces stratégies en politiques spécifiques. Dans ce cadre, la suite de cette étude consiste à poursuivre le processus des discussions participatives sur les réponses politiques spécifiques pour réduire la pauvreté dans plusieurs dimensions. Ce processus sera finalisé par la production d’une étude qui analysera l’impact des politiques spécifiques sélectionnées sur la pauvreté et leurs coûts.

96




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101



10 Annexe: Analyse des Correspondances Multiples 1. Introduction L’analyse des correspondances multiples (ACM) est une mĂŠthode descriptive, qui permet d’Êtudier les liaisons entre plusieurs variables qualitatives. Sa mise en Ĺ“uvre nĂŠcessite des prĂŠcautions pour mettre en ĂŠvidence correctement l’information que recèlent les donnĂŠes. Dans le cadre de cette ĂŠtude, Elle est souvent utilisĂŠe pour interprĂŠter les rĂŠsultats d’une enquĂŞte. Sur le plan formel cependant, l’ACM est une simple application de l’AFC (Analyse factorielle des correspondances). Mais cette mĂŠthode prĂŠsente des propriĂŠtĂŠs mathĂŠmatiques particulières et des règles d’interprĂŠtation diffĂŠrentes de celles de l’AFC.

2. DonnĂŠes, notations et dĂŠďŹ nitions de base On dispose de n individus dĂŠcrits par p variables qualitatives X 1 , X 2 ,......, X p On dĂŠsignera par X le tableau des donnĂŠes obtenu Ă partir des observations de ces variables sur l’ensemble des individus. Les p variables peuvent ĂŞtre considĂŠrĂŠs comme p questions. Soit Q l’ensemble de ces questions. Pour toute question (ou variable) q, on notera J q l’ensemble de toutes les rĂŠponses ou modalitĂŠs de q, et on dĂŠsignera par J l’ensemble de toutes les modalitĂŠs. J

J

q

qÂ?Q

a) Tableau Disjonctif Complet associĂŠ au tableau X A partir du tableau des donnĂŠes X, on dĂŠďŹ nit un tableau de la façon suivante. Pour tout individu i Â? I , et pour toute question q Â? Q , on pose : kij modalitĂŠ j de la question q, kij 0 sinon.

1 si i a adoptĂŠ la

Le tableau de terme gÊnÊral kij (i � I , j � J ) est appelÊ le Tableau Disjonctif Complet associÊ au tableau X. Il s’agit donc d’un tableau de format (I x J). On l’appellera K. Le tableau est disjonctif parce que deux modalitÊs j et j’ d’une même question s’excluent mutuellement : si un individu a choisit la modalitÊ j de la question q, il n’a pas adoptÊ une autre modalitÊ j '� J q . Cela se traduit par

ÂŚk

ij

1

jÂ? J q

Le tableau est complet en ce sens que Ă tout individu correspond une et une seule modalitĂŠ de rĂŠponse Ă toute question.

10 3


Exemple de tableau disjonctif complet: Individu

Sexe Masculin

Féminin

0 1 0 1 . 1

1 0 1 0 . 0

1 2 . . . n

On a

kijj ^0,1`, ki.

¦k

Statut matrimonial Marié Célibataire Autres

1 0 0 1 . 1

0 1 0 0 . 0

0 0 1 0 . 0

card (Q) : nombre de questions

ij

j J

k. j

¦k

I j : nombre d’individus ayant adoptés la modalité j.

iijj

i I

q Q ,

¦k

Card ( I )

¦k

n.Card (Q)

.j

n

: nombre total d’individus.

j J q

¦k

iijj

i I , j J

i

i I

b) Tableau de Burt On obtient le tableau de Burt associé au tableau X en juxtaposant les tableaux de contingence croisant deux à deux les p variables qualitatives. Il s’agit d’un tableau de format (J x J). On l’appellera X.

On a B=K’K c’est-à-dire j , j ' JxJ , ayant pris à la fois les modalités j et j’.

¦k

b jjj '

iijj

k ijj '

n jjj '

: nombre d’individus

i I

Comme le tableau K est disjonctif, alors pour deux modalités j et j’ d’une même question q ( j , j ' J q ) on a bjjj ' k. jd į jjj ' 0 si j z j ' et b j j k. j : nombre d’individus ayant pris la modalité j.

Exemple de tableau de Burt Individu

Sexe Statut matr

Utilisation ?

10 4

Sexe Masculin Féminin

M F Marié Celibat Autres Oui Non

10 0 5 3 0 7 3

0 5 2 2 1 4 1

Statut matrimonial Marié Célibataire Autres

5 2 7 0 0 4 3

3 2 0 5 0 6 1

2 1 0 0 1 1 0

Utilisation? Oui Non

7 4 4 6 1 11 0

3 1 3 1 0 0 4


3. Eléments supplémentaires On peut introduire dans le tableau, pour faciliter l’interprétation des résultats, des données que l’on appelle souvent supplémentaires, par opposition aux données dites actives. Les données supplémentaires peuvent être des colonnes : ce sont alors des variables indicatrices d’une variable qualitative dont on ne veut pas tenir compte dans les calculs des paramètres. Elles peuvent être aussi des lignes, et caractériser les unités statistiques ne faisant partie de la population statistique analysée. Dans le cadre de cette étude, les variables indicatrices possession de la voiture et possession de la pirogue sont mises en supplémentaires. Ces deux variables ont des effectifs relativement faibles. Elles interviennent donc relativement peu souvent dans l’ensemble des distances ; par contre elles augmentent la distance entre deux unités statistiques dont l’une i possède l’une des deux variables indicatrices et l’autre j non. En les mettant en supplémentaire, on améliore ainsi la consistance ordinale du premier axe factoriel qui n’est plus expliqué uniquement par les variables possession de la voiture et possession de la pirogue.

4. Description mathématique de l’Analyse des Correspondances Multiples L’ACM du tableau X est l’AFC du tableau Disjonctif Complet K. Ses principes sont donc identiques à ceux de l’AFC, à savoir : s même transformation du tableau K en profils-lignes et profils colonnes ; s même critère d’ajustement avec des pondérations des points égales à leurs profils marginaux ; s même distance du Khi-deux. 4.1. Nuages des profils et distances entre points-profils a) Nuages des profils-lignes (nuages des individus)

Chaque individu i est affecté du poids pi

2

d (i, i ' )

1 i f j f ji ' f. j

¦ j

kiji j ^0,1`

22

f i.

1 . La distance entre deux individus i et i’ est n

k · np § k ¦j n ¨¨ pij j pi ' j ¸¸ ¹ j ©

2

1 n kij j ki ' j 22 ¦ p j nj

avec

Deux individus sont proches s’ils on choisit les mêmes modalités.

b) Nuages des profils-colonnes (nuages des modalités) Chaque modalité j est pondérée par sa fréquence marginale f. j 2

2

modalités j et j’ s’écrit d ( j , j ' )

nj npnp

. La distance entre deux

§k k · ¦i n¨¨ nij j nij j´' ¸¸ . j' ¹ © j

10 5


Ainsi deux modalitĂŠs d’une mĂŞme question sont obligatoirement assez ĂŠloignĂŠes l’une de l’autre dans l’espace. Deux modalitĂŠs possĂŠdĂŠes par les mĂŞmes individus sont confondues. EnďŹ n, les modalitĂŠs rares sont ĂŠloignĂŠes de toutes les autres modalitĂŠs. On interprète la proximitĂŠ entre deux modalitĂŠs d’une mĂŞme question comme ĂŠtant une similitude de proďŹ l, ceci Ă condition que ces deux modalitĂŠs soient bien reprĂŠsentĂŠes. Comme en AFC, on dĂŠďŹ nit aussi le centre de gravitĂŠ du nuage des modalitĂŠs ; il se confond avec le proďŹ l marginal colonne dont la iième coordonnĂŠe vaut f i . 1 / n . La distance d’une modalitĂŠ j au centre de

§ kij 1 ¡ ¨ ¸ n Œ ¨ n ¸š i 1 Š n. j n

2

gravitÊ s’Êcrit d ( j , g Q )

2

n 1 CECI SPĂ?CIlE L INmUENCE DE L EFFECTIF nj

d’une modalitĂŠ sur la distance au point moyen. Le proďŹ l de la classe j ressemblera d’autant plus au proďŹ l moyen que son effectif est grand. RĂŠciproquement, une modalitĂŠ rare (faible effectif) sera toujours loin du centre de gravitĂŠ du nuage des modalitĂŠs. L’inertie du nuage des modalitĂŠs par rapport Ă son centre de gravitĂŠ g Q est ĂŠgale Ă

Ig (N (J )

nj

d ÂŚ np np j

2

( j, gQ )

J 1 J est le nombre total de modalitĂŠs et p le nombre p

de questions ou de variables. Contrairement Ă l’AFC, l’inertie n’a pas de signiďŹ cation statistique, c’est le cas aussi en ACP normĂŠe.

4.2. Ajustement des nuages et relations barycentriques On sait d’après les rĂŠsultats de l’AFC que l’ajustement du nuage des individus (ou des lignes) revient Ă diagonaliser la matrice T=Z’Z avec Z iji j

f ij j f i . f. j

kij j n p np nj np

L’ajustement du nuage des proďŹ ls-colonnes (des modalitĂŠs) revient Ă diagonaliser la matrice T’ de mĂŞme terme gĂŠnĂŠral que T.

Remarque: Compte tenu de la structure particulière du tableau disjonctif complet, on obtient (J-p) vecteurs propres non triviaux. Il y a (p-1) vecteurs propres associÊs à la valeur propre 0, et un vecteur propre relatif à la valeur propre 1. On dÊduit les relations de transition entre les deux nuages

Ces relations traduisent des relations barycentriques : A un coefďŹ cient de dilation près le long des axes s toute modalitĂŠ est au barycentre des individus qui la possède s tout individu est aussi au barycentre des modalitĂŠs qu’il possède

10 6


5. Eléments d’aides à l’interprétation Comme en ACP et AFC, on utilise les mêmes éléments d’aides à l’interprétation des points. En revanche, les valeurs propres et les taux d’inertie n’ont pas ici les mêmes interprétations statistiques. En effet, lorsqu’on pratique une AFC sur TDC, l’inertie totale, contrairement au cas de l’AFC sur tableau de contingence, n’est pas liée à la structure intrinsèque du tableau étudié, c’est à dire aux liaisons entre les variables. Cette inertie dépend uniquement du nombre de modalités actives et du nombre de questions actives. Du fait de la nature disjonctive du tableau TDC, les taux d’inertie sont très faibles et donnent une image pessimiste de l’importance des facteurs ; en outre les valeurs propres tendent à décroître de façon régulière, ce qui rend délicate (et parfois peu instructive) l’étude de l’histogramme des valeurs propres. Plusieurs attitudes peuvent être adoptées pour tenir compte de ces particularités de l’AFC appliquée au TDC. On peut tout d’abord se contenter des éléments fournis par l’AFC appliquée au TDC en s’interdisant d’analyser séparément la valeur d’un taux d’inertie particulier. La contribution d’une modalité j à l’inertie totale du nuage est C TR( j )

1 § nj · ¨1 ¸¸ . p ¨© n¹

C’est en fait la distance pondérée de j à g. On en déduit que la contribution d’une modalité est d’autant plus grande que sa fréquence d’apparition est faible. Cela induit, sur le plan pratique, le fait que les modalités à faibles effectifs risquent d’avoir trop d’importance dans l’analyse des axes factoriels. En conséquence, on évitera, au moment du codage, les modalités à faibles effectifs. La contribution d’une variable ou d’une question q se définit par C TR( q )

Jq 1 p

où J q

est le nombre de modalité à la question q. On en déduit que la contribution d’une question est fonction du nombre de ses modalités. Cela signifie que si on souhaite que chaque variable ait une importance relativement égale par rapport aux autres, il est préférable d’avoir un même nombre de modalité par variable. A condition d’être bien représentés (bon COS2), on interprétera: s La proximité entre individus en termes de ressemblances : deux individus se ressemblent s’ils ont choisi globalement les mêmes modalités. s La proximité entre modalités d’une même variable en termes de ressemblance : les individus ayant adopté ces deux modalités se ressemblent vis-à-vis d’autres variables. On dit qu’ils ont les mêmes profils. L’interprétation de la proximité entre deux modalités de variables différentes est un peu délicate ; on peut seulement dire que les individus possédant l’une des deux modalités ont le même centre de gravité que ceux possédant l’autre modalité. NB : Des regroupements préalables de variables ont été effectués pour rendre les données

107


régulières et, mettre en évidence correctement l’information que recèle les données. Ainsi, en ce qui concerne : La dimension habitation : s Les modalités terre battue non cimentée et terre battue cimentée de la variable matériau des murs ainsi que les modalités tôles, bois/planches et autre sont regroupées respectivement en deux modalités, les autres modalités étant demeurées telles, s Les modalités bois/planches, briques cuites et autres de la variable matériau du sol sont regroupées en une modalité, les autres demeurant telles, s En ce qui concerne la variable combustible principal pour la cuisine, les modalités bois, scuire et autre d’un côté, charbon de bois et pétrole de l’autre ainsi les modalités gaz et électricité SNE sont regroupées en trois modalités respectives. La dimension eau et assainissement : s En ce qui concerne la variable principale source d’eau à boire, les modalités fontaine/robinet public et pompe villageoise/Forage à pompe manuelle d’un côté, puit protégé et puit non protégé de l’autre ainsi que les modalités rivière/marigot/source, pluie et autre sont regroupées respectivement en trois modalités, s Les modalités latrines couvertes et latrines améliorées ventilées d’un côté et les modalités latrines non couvertes, latrines suspendues/sur pilotis et autre sont regroupées respectivement en deux modalités en ce qui concerne la variable type de toilettes ; les autres restant telles. s Trois regroupements des modalités sont effectués en ce qui concerne la variable mode d’évacuation des eaux usées. Il s’agit des modalités caniveau fermé, caniveau à ciel ouvert et puisard d’une part, trou et autre d’autre part ainsi que les modalités dans la cour et dans la nature/dehors. La dimension enclavement : s L’analyse a porté sur les variables suivantes : Possession de la radio, du téléviseur, du téléphone, de la moto, de la motocyclette, de la pirogue et de la voiture. Les variables possession de la voiture et de la pirogue ont été mises en illustratif c’est-à-dire qu’elles n’ont pas intervenues dans les calculs. Ceci du fait de leur effectif très faible. Les variables utilisées n’ont pas nécessité un regroupement car elles étaient déjà dichotomisées.

10 8




11 Annexe: La ClassiďŹ cation Ascendante HiĂŠrarchique 1. DonnĂŠes, traduction gĂŠomĂŠtrique s 5NE #LASSIlCATION !SCENDANTE (IĂ?RARCHIQUE #!( EST SOUVENT MISE EN “UVRE APRĂ’S CHAQUE Analyse Factorielle, car elle fournit des indications complĂŠmentaires. En effet, après l’analyse factorielle, une fois les axes interprĂŠtĂŠs, on dispose de plans de projection sur lesquels on sait que deux points proches se ressemblent du point de vue des facteurs de ce plan, mais on ne voit pas sur ces graphiques qui ressemblent Ă qui globalement! La classiďŹ cation permet de partitionner l’ensemble des individus en ÂŤgroupes de ressemblanceÂť. On projette alors ces groupes sur les plans factoriels. Ceci permet de juger de la ÂŤcohĂŠsionÂť de chaque facteur: si les individus très dĂŠmarquĂŠs du point de vue d’un facteur forment une classe, c’est que la ressemblance du point de vue de ce facteur implique pratiquement une ressemblance Ă tous points de vue.

2. Le problème de classiďŹ cation s /N SE PROPOSE INITIALEMENT DE PARTITIONNER L ENSEMBLE DES INDIVIDUS EN q classes ÂŤle mieux possibleÂť. Il paraĂŽt souhaitable pour une classe d’être la plus homogène possible, c’est-Ă -dire que les individus qui la composent se ressemblent globalement le plus. Formellement le problème de classiďŹ cation consisterait par exemple Ă chercher q classes telles que la somme de leurs inerties internes soit minimale. s /N APPELLERA INERTIE externe d’une classe l’inertie de son centre de gravitĂŠ (affectĂŠ du poids total de la classe) par rapport au centre de gravitĂŠ du nuage tout entier. Rappelons le thĂŠorème de Huygens exprimant l’inertie d’un nuage de points pondĂŠrĂŠs, par rapport Ă une origine O, en fonction de son inertie par rapport Ă son centre de gravitĂŠ g:

I

I

I

i 1

i 1

i 1

ÂŚ pi d 2 ( x i , O) ÂŚ pi d 2 ( x i , g ) (ÂŚ pi )d 2 ( g , O) On peut, grâce au thĂŠorème de Huygens, exprimer l’inertie interne d’un nuage partitionnĂŠ en classes en fonction des inerties internes et externes des classes: l’inertie totale du nuage s’Êcrit comme somme des inerties internes des classes et de leurs inerties externes, c’est-Ă -dire de l’inertie du nuage des centres de gravitĂŠ.

111


s $ APRĂ’S LA DĂ?COMPOSITION PRĂ?CĂ?DENTE MINIMISER L INERTIE INTERNE REVIENT TRIVIALEMENT ĂŒ maximiser l’inertie externe. Donc la meilleure partition en q classes si l’on utilise ce critère est celle dont les classes sont globalement les plus hĂŠtĂŠrogènes entre elles. s (Ă?LAS IL Y A PROBLĂ’ME ,E CALCUL DES q meilleures classes de ce point de vue est diablement combinatoire a priori: il faut essayer toutes les partitions possibles en q classes. C’est rapidement impensable. En outre, il n’est pas dit a priori que les partitions optimales en 2, 3, ..., I classes puissent ĂŞtre ordonnĂŠes hiĂŠrarchiquement. Une telle propriĂŠtĂŠ serait pourtant assez agrĂŠable, parce qu’on serait sĂťr que deux individus rangĂŠs dans une mĂŞme classe dans une partition restent rangĂŠs ensemble dans toute partition plus grossière. Cette stabilitĂŠ faciliterait l’interprĂŠtation successive des diffĂŠrentes partitions. On “rĂŠsoutâ€? ces problèmes simultanĂŠment (de manière sous-optimale, mais expĂŠditive) en utilisant un algorithme binaire de classiďŹ cation ascendante hiĂŠrarchique fondĂŠ sur l’inertie. On est sĂťr d’obtenir ainsi rapidement une hiĂŠrarchie de partitions emboĂŽtĂŠes.

3. Algorithme de CAH 3.1. Indice d’agrÊgation s !GR�GER PLUSIEURS INDIVIDUS EN UNE CLASSE C EST oublier toutes les diffÊrences existant entre ces individus. La mesure globale de ces diffÊrences est l’inertie interne de la classe, i.e. son inertie autour de son centre de gravitÊ. Annuler cette inertie interne revient gÊomÊtriquement à remplacer les points de la classe A par leur centre de gravitÊ gA (muni de la somme des poids). D’un point de vue statistique, on confond tous ces individus avec leur moyenne.

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s ,E COĂ&#x;T INFORMATIONNEL DE CETTE AGRĂ?GATION EST LA DIFFĂ?RENCE ENTRE L INERTIE DU NUAGE AVANT agrĂŠgation et l’inertie du nuage après agrĂŠgation, c’est-Ă -dire oĂš A a ĂŠtĂŠ remplacĂŠe par gA. D’après la formule de Huygens rappelĂŠe plus haut, il est ĂŠvident que le coĂťt de l’agrĂŠgation est l’inertie interne de A. Par consĂŠquent, il est naturel d’utiliser cette inertie interne comme indice d’agrĂŠgation entre individus. Plus gĂŠnĂŠralement, on cherche la formule de l’indice d’agrĂŠgation binaire entre deux classes A et B (dĂŠjĂ formĂŠes). Soient (gA,pA) et (gB,pB) les deux points pondĂŠrĂŠs reprĂŠsentant ces classes A et B. La classe A B rĂŠsultant de leur agrĂŠgation sera reprĂŠsentĂŠe par leur centre de gravitĂŠ: g

A‰ B

1 ( p A g pB g ) A B p A pB

Remarque: on aurait obtenu la mĂŞme chose en agrĂŠgeant directement les individus de A B, ce centre de gravitĂŠ ĂŠtant trivialement celui de la classe A B. s $Ă?TERMINONS LA FORMULE DE L INDICE D AGRĂ?GATION DE CES DEUX CLASSES EN FONCTION DES POIDS pA et pB, et de la distance entre gA et gB:

1 pA g ( p A g pB g ) A A B p A pB 1 ( p A pB ) 2

2

1 pB g ( p A g pB g ) B A B p A pB

( p A p B2 g g A

2 B

p B p 2A g g

p A pB g g B p A pB A

B

2 A

2

)

2

3.2. Algorithme dĂŠtaillĂŠ (i) On part avec pour ensemble de classes l’ensemble des singletons (individus isolĂŠment pris comme des classes). (ii) On cherche les deux classes ayant l’indice d’agrĂŠgation minimum, c’est-Ă -dire la paire de points d’inertie interne minimale. On agrège ces classes, c’est-Ă -dire qu’on remplace les points correspondants par leur centre de gravitĂŠ affectĂŠ de la somme des poids. (iii) Si la classe obtenue est l’ensemble des individus tout entier (i.e. si le nouveau nuage obtenu est rĂŠduit au seul centre de gravitĂŠ des individus), on arrĂŞte. Sinon, on retourne en (ii). A chaque ĂŠtape du processus d’agrĂŠgation binaire, on se retrouve donc avec un nouveau point: le centre de gravitĂŠ de tous les individus agrĂŠgĂŠs “sous luiâ€?.

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12 Annexe: Sélection des groupes Tableau A1 : Corrélations entre 2 dimensions (tous les individus) Monétaire Education Nutrition

Santé

Travail

Eau & assain. Habitation

Monétaire Education

1 0.1238*

1

Nutrition Santé

0.1451* 0.0780*

0.0962* 0.0774*

1 0.0769*

1

Travail Eau & assain.

-0.0064 0.1745*

-0.1024* 0.1428*

0.0424* 0.1234*

0.0246* 0.0448*

1 -0.0594*

1

Habitation Enclavement

0.1526* 0.2188*

0.1706* 0.1238*

0.1454* 0.1897*

0.0761* 0.0710*

-0.0839* -0.0088

0.4093* 0.2054*

1 0.2217*

Note : Population total (avec pondération) sauf dans les dimensions d’éducation (sont pris en compte seulement les individus âgés dessus de 5) et travail (sont pris en compte seulement les enfants âgés de 10 a 14 et les adultes de 18 a 54 ans). Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Tableau A2 : Corrélations entre 2 dimensions [tous les enfants] Monétaire Education Nutrition

Santé

Travail

Eau & assain. Habitation

Monétaire Education Nutrition Santé Travail Eau & assain.

1 0.1496* 0.1540* 0.0667* 0.0394* 0.1850*

1 0.0753* 0.0931* 0.0917* 0.1551*

1 0.0914* 0.0547* 0.1174*

1 0.0046 0.0581*

1 0.0911*

1

Habitation Enclavement

0.1641* 0.2516*

0.1856* 0.1077*

0.1473* 0.2070*

0.0820* 0.0560*

0.1061* 0.0184

0.4060* 0.2031*

1 0.2088*

Note : Enfants total (avec pondération) sauf dans les dimensions d’éducation (sont pris en compte seulement les enfants âgés de 6 a 17) et travail (Sont pris en compte seulement les enfants âgés de 10 a 14). Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

Tableau A3 : Corrélations entre 2 dimensions [femmes adultes] Monétaire Education Nutrition

Santé

Travail

Eau & assain. Habitation

Monétaire

1

Education Nutrition Santé

0.1012* 0.1430* 0.0890*

1 0.1304* 0.0788*

1 0.0730*

1

Travail Eau & assain.

-0.0476* -0.1339* 0.1712* 0.1629*

0.0193 0.1388*

0.0195 0.0547*

1 -0.1178*

1

Habitation Enclavement

0.1407* 0.1898*

0.1600* 0.1855*

0.0831* 0.0565*

-0.1614* -0.0391*

0.4172* 0.2140*

0.2039* 0.1588*

1 0.2289*

Note : Femmes adultes total sauf dans la dimension de travail (sont pris en compte seulement les femmes âgés de 18 a 54). * indique différent de zéro avec une signifiance statistique au niveau de 95%. Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

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Tableau A4 : Corrélations entre 2 dimensions [hommes adultes] Monétaire Education Nutrition

Santé

Travail

Eau & assain. Habitation

Monétaire Education

1 0.0722*

1

Nutrition Santé

0.1285* 0.0802*

0.0752* 1 0.0488* 0.0614*

1

Travail Eau & assain.

0.0643* 0.1521*

0.0086 0.0805* 0.0884* 0.1151*

0.0718* 0.0134

1 -0.0593*

1

Habitation Enclavement

0.1351* 0.1834*

0.0882* 0.1227* 0.0732* 0.1550*

0.0596* 0.1194*

-0.0825* 0.017

0.4015* 0.1958*

1 0.2322*

Note : Population total (avec pondération) sauf dans les dimensions d’éducation (sont pris en compte seulement les individus âgés dessus de 5) et travail (sont pris en compte seulement les enfants âgés de 10 a 14 et les adultes de 18 a 54 ans). Source : Estimations des auteurs sur la base des données ECOM 2005.

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Contact

Contact

Fonds des Nations Unies pour l’Enfance (UNICEF), B.P. 2110 Brazzaville, République du Congo E-mail: brazzaville@unicef.org Tél: +242 281 50 24, +242 652 5022 Facsimile: +242 281 42 40

Crédits Coordination: Hector Calderon et Lisile Ganga Production: Julie Pudlowski Graphisme: Rita Branco Photographie: © UNICEF Brazzaville 2008/ Shravan Vidyarthi


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