Making It 9 Notre avenir avec moins d’émissions de carbone

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MakingIt 1er trimestre 2012

L’industrie pour le développement

n Jeremy Rifkin n Changement

climatique, mesures climatiques n « Sécurité nationale » n Slovénie

Notre avenir avec moins d’émissions de carbone


NUMÉRO 1, DÉCEMBRE 2009 lWe must let nature inspire us – Gunter Pauli presents an alternative business model that is environmentally friendly and sustainable lHot Topic: Is it possible to have prosperity without growth? Is ‘green growth’ really possible?

NUMÉRO 2, AVRIL 2010 l Nobuo Tanaka de l’Agence internationale de l’énergie cherche à lancer la transition énergétique de l’industrie l L’énergie pour tous : Kandeh Yumkella et Leena Srivastava nous parlent des mesures à prendre pour améliorer l’accès à l’énergie

NUMÉRO 3, JUILLET 2010 l L’impressionnant essor économique de la Chine : Entretien avec le ministre du commerce, Chen Deming l Vers un débat plus productif – Ha-Joon Chang demande d’accepter l’idée que la politique industrielle peut fonctionner

NÚMERO 4, NOVEMBRE 2010 l Renforcer la capacité productive – Cheick Sidi Diarra soutient que les PMA doivent, et peuvent, produire davantage de biens et de services de meilleure qualité l Patricia Francis nous parle du changement climatique et du commerce l Sujet brûlant : la pertinence de l’entrepreneuriat pour le développement économique

NUMÉRO 5, FÉVRIER 2011 l Une fenêtre d’opportunité pour le commerce mondial ? – Peter Sutherland évalue les possibilités de la conclusion d’un accord commercial multilatéral l En route vers une prospérité mutuelle – Xiao Ye se penche sur les échanges entre l’Afrique subsaharienne et la Chine

NUMÉRO 6, AVRIL 2011 l Alimenter un monde surpeuplé – Kanayo Nwanze, du FIDA, soutient qu’il faut donner aux petits exploitants agricoles l’occasion de devenir des entrepreneurs l Paul Bulcke, PDG de Nestlé, à propos de « créer de la valeur partagée » l Sujet brûlant : L’efficacité énergétique conduit-elle à l’augmentation de la consommation d’énergie ?

NUMÉRO 7, JUILLET 2011 l Le paradoxe de la mondialisation – Dani Rodrik l Le partage non équitable – Thomas Pogge s’exprime sur la responsabilité des pays riches dans l’augmentation de la pauvreté l Sujet brûlant : L’énergie nucléaire est-elle nécessaire pour un avenir sans carbone ?

NUMÉRO 8, NOVEMBRE 2011 l Combler les écarts entre les sexes – Michelle Bachelet explique comment surmonter les obstacles qui empêchent les femmes de saisir des opportunités économiques l Concevoir des solutions respectueuses de l’environnement – Carolina Guerra nous parle des déchets dangereux en Colombie l Sujet brûlant : Croissance : la fin du monde tel que nous le connaissons ?

Un magazine trimestriel. Stimulant, critique et constructif. Forum de discussion et d’échange au carrefour de l’industrie et du développement.


Éditorial

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Imaginez un avenir où la puissance de la technologie verte entraîne une nouvelle révolution économique, et où tout le monde, partout dans le monde, a accès à des services énergétiques propres, sûrs et bon marché. Est-ce une idée déraisonnable ? D’après nos rédacteurs ce n’est pas une lubie. Jeremy Rifkin, dont le dernier livre, La troisième révolution industrielle, rencontre un grand retentissement, estime que l’évolution des énergies renouvelables et celle des plateformes de communication se rejoignent et créent un paradigme économique qui apportera un avenir plus durable à l’humanité. Kandeh K. Yumkella et Morgan Bazilian considèrent que les initiatives « Sustainable Energy for All » (énergie durable pour tous) et « Green Industry » (industrie verte) sont des étapes clés d’une transition essentielle en faveur d’une nouvelle économie sans exclusion. D’après l’Agence internationale de l’énergie, il n’y a pas de temps à perdre, car en moins de cinq ans le changement climatique aura des conséquences irréversibles sur notre planète. Dans ce numéro de Making It, Soogil Young montre comment la République de Corée est l’un des pays qui marque le rythme du cheminement vers une économie verte. Shah Jigar, du Carbon War Room, indique que les entreprises ont également un rôle majeur à jouer, et Morten Albæk, du groupe WindMade, présente des mesures prisent par le secteur privé pour essayer d’assurer notre avenir. Cette vision d’un modèle économique innovant basé sur les énergies renouvelables est-elle réaliste, et comment pouvons-nous y parvenir ? Lisez ce qui suit. L’enjeu est un avenir à faible émission de carbone.

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MakingIt L’industrie pour le développement

Éditeur : Charles Arthur editor@makingitmagazine.net Comité éditorial : Ralf Bredel, Tillmann Günther, Sarwar Hobohm, Kazuki Kitaoka, Wilfried Lütkenhorst (président), Cormac O’Reilly et Jo Roetzer-Sweetland Site Web et assistance : Lauren Brassaw outreach@makingitmagazine.net Illustration de la couverture : Mike King Design : Smith+Bell, UK – www.smithplusbell.com Merci à Donna Coleman pour son aide Imprimé par Gutenberg Press Ltd, Malte – www.gutenberg.com.mt sur un papier certifié FSC Pour consulter cette publication en ligne et pour participer aux discussions portant sur l’industrie pour le développement, rendez-vous sur www.makingitmagazine.net Pour vous abonner et recevoir les prochains numéros de Making It, veuillez envoyer un e-mail contenant votre nom et votre adresse à subscriptions@makingitmagazine.net Making It: L’industrie pour le développement est publié par l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI), Vienna International Centre, P.O. Box 300, 1400 Vienne, Autriche Téléphone : (+43-1) 26026-0, Fax : (+43-1) 26926-69 E-mail : unido@unido.org Copyright © 2011 The United Nations Industrial Development Organization Aucun extrait de cette publication ne pourra être utilisé ou reproduit sans l’accord préalable de l’éditeur ISSN 2076-8508 Les appellations employées et la présentation réalisée des contenus de ce magazine n’impliquent en aucun cas l’expression d’opinions de la part du Secrétariat de l’Organisation des Nations unies pour le développement industriel (ONUDI) concernant le statut légal de quelconque pays, territoire, ville, région ou de ses autorités, ni concernant la délimitation de ses frontières ou limites, ni concernant son système économique ou son degré de développement. Les termes « développé », « industrialisé » et « en développement » sont utilisés pour des raisons de commodité statistique et n’exprime pas nécessairement de jugement sur le niveau de développement atteint par un pays ou une région en particulier. L’évocation de noms d’entreprises ou de produits commerciaux ne constitue en aucun cas un soutien de la part de l’ONUDI. Les opinions, données statistiques et estimations contenues dans les articles signés relèvent de la seule responsabilité de l’auteur ou des auteurs, y compris ceux qui sont membres ou employés de l’ONUDI. Vous ne devez donc pas considérer qu’elles reflètent les opinions ou qu’elles bénéficient du soutien de l’ONUDI. Ce document a été produit sans avoir été officiellement révisé par les Nations Unies.

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Sommaire 38 FORUM MONDIAL 6 Lettres 8 WindMade et la défense de la transparence – Morten Albæk présente la première étiquette mondiale destinée aux consommateurs et qui permet d’identifier les sociétés et les produits fabriqués avec de l’énergie éolienne 12 Sujet brûlant : Le changement climatique et les mesures climatiques – Mary Robinson et Corinne Schoch s’expriment sur le développement durable pour tous et comment repenser la sécurité climatique 16 Affaires des affaires – actualités et tendances ARTICLES 18 Construire l’architecture d’une croissance verte – Soogil Young explique comment la République de Corée est à l’avant-garde en matière de séparation entre croissance économique et dégradation de l’environnement 20 Aucune prise pour brancher un téléphone portable – Jigar Shah de Carbon War Room voit de petites solutions à de gros problèmes ARTICLE PRINCIPAL 22 Une nouvelle histoire économique – Jeremy Rifkin explique comment les cinq piliers d’une troisième révolution basée sur l’énergie et la communication créeront les bases pour la prochaine grande vague de croissance économique, tandis que Morgan Bazilian et Kandeh K. Yumkella considèrent qu’il existe des opportunités uniques découlant de la création d’un système énergétique radicalement différent

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32 La durabilité : un levier pour la croissance économique – Le commissaire européen Antonio Tajani explique comment l’Union européenne trouve des solutions qui ne menacent ni la croissance, ni le climat, ni l’environnement 34 Zoom sur un pays : Slovénie – Prospère et innovante – Entretien avec son Excellence Danilo Türk, président de la République de Slovénie 38 Un cas de « sécurité nationale » – Alejandro Litovsky et Paulina Villalpando analysent comment les risques d’investir dans des terres agricoles créent des opportunités pour la durabilité POLITIQUE EN BREF 42 Réseaux pour la prospérité 44 Captage et stockage du carbone dans les applications industrielles 46 Le mot de la fin – Sumi Dhanarajan considère la façon dont l’industrie pharmaceutique peut améliorer l’accès aux médicaments dans les pays en développement MakingIt 5


FORUM MONDIAL La section « Forum Mondial » de Making It est un espace d’interaction et de discussions, dans lequel nous invitons les lecteurs à proposer leurs réactions et leurs réponses à propos de tous les problèmes soulevés dans ce magazine. Les lettres destinées à la publication dans les pages de Making It doivent comporter porter la mention « Pour publication » et doivent être envoyées par courrier électronique à l’adresse : editor@makingitmagazine.net ou par courrier à : The Editor, Making It, Room D2142, UNIDO, PO Box 300, 1400 Vienne, Autriche. (Les lettres ou les courriers électroniques peuvent faire l’objet de modifications pour des raisons d’espace).

LETTRES Non dangereux J’ai vraiment apprécié la lecture de « Concevoir des solutions respectueuses de l’environnement » (Making It, numéro 8). L’article reflète un réel sentiment d’innovation dans l’industrie, et illustre bien comment les activités entrepreneuriales peuvent fonctionner. Après l’avoir lu, je me pose deux questions. La première chose que je me demande est : qu’en est-il des autres producteurs dans le monde ? Sachant que l’aluminium est produit et utilisé dans de nombreuses parties du monde, que font les autres producteurs avec les scories d’aluminium ? Sont-elles recyclées d’une manière similaire, ou est-ce un modèle commercial qui peut être étendu aux marchés d’autres pays ? La deuxième question concerne la sécurité. L’article stipule que les scories d’aluminium constituent des déchets dangereux, mais poursuit en expliquant comment le sous-produit des scories d’aluminium est utilisé dans des matériaux de construction, des bancs et des piquets de clôture. Si à un moment donné le matériau est dangereux, à quel stade cesset-il de l’être ? l Émile Potolsky, commentaire sur le site Internet J’ai trouvé intéressant de lire un article sur la réussite d’une femme dans l’industrie du recyclage des déchets : « Concevoir des solutions respectueuses de l’environnement » (Making It, numéro 8). Pourquoi ne présentez-vous pas d’autres femmes éco-entrepreneuses ? Deux d’entre elles me viennent à l’esprit.

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La première est Lorna Rutto, qui a remporté le prix Initiative des femmes de Cartier en 2011 pour l’Afrique subsaharienne. Sa société, EcoPost, au Kenya, utilise 100 % de plastique recyclé et des profils en bois personnalisés pour fabriquer des piquets de clôture esthétiques, durables et respectueux de l’environnement. L’autre est Majora Carter, à l’origine de Sustainable South Bronx, qui a impulsé non seulement des pratiques écologiques, mais aussi, chose non moins importante, la formation professionnelle et le développement économique vert dans son quartier animé de New York. Elle dirige maintenant le Majora Carter Group, une société de conseil économique et de planification, mettant en application l’économie et les outils économiques verts, libérant le potentiel de chaque lieu – des villes urbaines et des communautés rurales aux universités en passant par les projets gouvernementaux, les entreprises et les sociétés. Il doit y en avoir bien plus encore. l Stacia Grove, commentaire sur le site Internet

L’environnement au bord du précipice Re: « Repartir – avec une nouvelle feuille de route » (Making It, numéro 8), il est bon que le commissaire demande à l’industrie d’être plus économe en ressources. C’est ce qu’il devrait faire plus souvent, au lieu de rendre les consommateurs responsables de la source du problème (et de la solution). Il s’est récemment rendu en Pologne pour le lancement du

programme « Generation Awake. Your choices make a world of difference! » (Génération alerte. Vos choix font toute la différence !), qui vise à encourager les citoyens à réfléchir à l’impact sur la planète de leurs décisions d’achat. Tout cela est très bien, mais comme l’a récemment écrit Gar Lipow, un militant de longue date pour l’environnement qui a passé des années penché sur le sujet de l’efficacité et des énergies renouvelables : « Nous ne nous sommes pas mis dans ce pétrin par choix individuel, en tant que consommateurs, et nous n’en sortirons pas de cette façon non plus. » C’est merveilleux de donner l’exemple en faisant quelques petites choses simples et logiques pour réduire l’empreinte environnementale individuelle. Mais en fin de compte, ce n’est pas par le biais des dépenses privées ou des changements de style de vie que nous compenserons le fait que l’État et le secteur privé, les véritables responsables, nous aient menés au bord du précipice en matière d’environnement. L’action politique est la réponse à l’échec politique collectif. l Desmond Attis, commentaire sur le site Internet

Solar Sister J’aime l’article « Solar Sister : renforcer l’autonomie des femmes avec de la lumière et des opportunités » (Making It, numéro 7). Il est clair que les pauvres peuvent faire des économies s’ils utilisent une lampe solaire plutôt que d’acheter du kérosène, mais l’article ne précise pas où les pauvres peuvent trouver les 20 dollars nécessaires à l’achat de la lampe. Cela semble beaucoup d’argent pour une dépense unique pour des gens qui essaient de vivre avec moins de deux dollars par jour. Ou peutêtre peuvent-ils payer en plusieurs versements ? l Alice Postlewaith, commentaire sur le site Internet Katherine Lucey, PDG de Solar Sister, répond : Nous avons constaté que nos clients apprécient grandement la proposition de valeur consistant à débourser ponctuellement 20 USD plutôt que de dépenser 2 USD par semaine, ou plus, en kérosène. La famille économise plus de 80 USD la première année, qui peuvent être consacrés à d’autres dépenses importantes, généralement à l’éducation, aux soins de santé et à une meilleure alimentation.


Pour toute discussion complémentaire relative aux sujets évoqués dans Making It, veuillez accéder au site Web du magazine, à l’adresse www.makingitmagazine.net et à la page Facebook du magazine. Les lecteurs sont invités à parcourir ces sites et à participer aux discussions et aux débats en ligne à propos du secteur pour le développement.

Une des fausses idées au sujet de ceux qui vivent « avec moins de deux dollars par jour » est que ce revenu arrive en quelque sorte sous forme de flux régulier et qu’il doit être géré sur une base hebdomadaire, comme si ces personnes recevaient un salaire chaque semaine. En réalité, le véritable défi consiste à gérer un revenu qui est non seulement faible, mais aussi imprévisible et variable. Une famille peut gagner 100 USD lorsqu’elle récolte ses grains de café, puis plus rien pendant trois ou quatre mois. Sinon, le père déménage en ville pour y travailler et envoie de l’argent à quelques mois d’intervalle. Il est extrêmement difficile de gérer une dépense progressive (2 USD de kérosène par semaine) lorsque l’argent est reçu en une seule fois, surtout dans une culture où on s’attend à ce que vous partagiez ce que vous avez. Comme nous l’a dit l’un de nos clients : « Quand j’ai de

l’argent, je tiens à l’investir, mais je ne fais pas confiance aux banques. Elles font payer des frais qui consomment mon argent. Une lampe solaire est un bon investissement. Quand j’investis dans une lampe solaire, je gagne de l’argent. Et mon frère peut profiter de la lumière, mais il ne met pas la main dans ma poche. » Dans l’économie perverse de la pauvreté, la dépense ponctuelle est en réalité mieux adaptée aux modèles et aux niveaux de revenus.

La croissance de la Chine Les deux principaux centres de l’économie mondiale, les ÉtatsUnis et l’Union européenne, semblent avoir ralenti, pratiquement jusqu’à l’arrêt total, voire pire. La reprise (si on peut l’appeler ainsi) après la récession

de 2008-2009 paraît s’être totalement diluée. Pire encore, l’illusion selon laquelle les économies des marchés émergents viendraient, la Chine en tête, à la rescousse de l’Occident en déclin, s’évapore lentement. Certes, la reprise robuste de la Chine, qui est remontée des profondeurs de la récession en 2008-2009, a alimenté la croissance dans les pays fournisseurs de produits manufacturés, de nourriture et de matières premières pour la Chine, et a encouragé un flux plus général de capitaux vers les économies du Sud. Mais Dani Rodrik (auteur d’un article passionnant : « Le paradoxe de la mondialisation », Making It, numéro 7) a récemment publié, sur le site l’université de Harvard, un avertissement contre les prévisions enthousiastes qui annoncent que cette croissance va se poursuivre :

« Ces prévisions sont en grande partie des extrapolations fondées sur le passé récent et elles passent outre de sérieuses contraintes structurelles. Les problèmes de la Chine sont déjà bien connus. La croissance du pays a été alimentée au cours de la dernière décennie par un excédent commercial croissant qui a atteint des niveaux insoutenables. Les dirigeants chinois doivent recentrer l’économie du pays. Reposant actuellement sur une industrie manufacturière orientée vers l’exportation, elle devrait dorénavant se concentrer sur les sources de demande nationales, sans manquer de gérer les pertes d’emplois et les troubles sociaux que cette restructuration provoquera sans doute. » l Graham Roberts, Bruxelles, reçu par courrier électronique

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WindMade et la défense de la transparence Morten Albæk présente la première étiquette mondiale qui permet aux consommateurs d'identifier les sociétés et les produits fabriqués avec de l'énergie éolienne.

MORTEN ALBÆK est vice-président principal du groupe, responsable du marketing international et de la compréhension des consommateurs chez Vestas Wind Systems A/S. Vestas est une société danoise de fabrication, vente, installation et réparation d'éoliennes. Il s'agit du plus grand fournisseur d'éoliennes dans le monde. En janvier 2011, Vestas a reçu le prix Zayed Future Energy.

Je vous écris pour vous raconter l’histoire de la naissance d’une initiative historique. Elle va au-delà du statu quo de la politique énergétique et du développement pour montrer au monde qu’il est nécessaire de faire bien plus que cela. Cette initiative rassemble les voix d’un ensemble impressionnant et diversifié d’intervenants qui ne savent que trop bien qu’il est temps d’atteindre enfin nos objectifs en matière d’énergie renouvelable. Cette initiative montre comment des fonds provenant d’entreprises philanthropiques peuvent être alloués de façons nouvelles et puissantes. Et cette initiative va permettre aux milliards de citoyens du monde d’exprimer clairement et d’informer directement leurs marques préférées qu’ils en veulent plus. Je vous écris pour vous faire découvrir WindMade. Il y a environ 18 mois, deux de mes

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collègues chez Vestas et moi-même avons commencé à ruminer l’idée de la création d’une étiquette mondiale permettant d’informer les consommateurs à propos de l’utilisation d’énergie éolienne. Nous avions remarqué qu’un nombre croissant de sociétés non dédiées aux services publics étaient en train de devenir des utilisateurs et des acheteurs d’énergie de plus en plus sophistiqués. En fait, les entreprises se procuraient de l’énergie par différents moyens, allant de l’approvisionnement en énergie propre au moyen de certificats, à la signature d’ententes d’achat d’électricité avec des sociétés de services publics et des promoteurs, en passant par l’achat d’éoliennes pour les installations sur site, voire l’investissement direct dans des parcs éoliens. Nous pensions que plus les consommateurs seraient informés des

efforts de leurs marques préférées pour se procurer de l’énergie propre, plus ils achèteraient des produits de cette marque, encourageant ainsi les entreprises à s’approvisionner encore davantage en énergies renouvelables. Des étiquettes mondiales comme Commerce équitable (Fair Trade) et FSC (Forest Stewardship Council) ont prouvé que les labels peuvent en effet générer ces cycles, mais nous étions pratiquement certains qu’il n’existait pas encore de label mondial concernant les énergies renouvelables. Nos observations se sont progressivement transformées en convictions, et nous avons décidé qu’il était temps de concrétiser nos idées. Je suis ravi et fier d’annoncer que WindMade est dorénavant une véritable organisation, émettant de véritables étiquettes à des membres réels. Il s’agit du


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premier label mondial pour les marques et produits de consommation fabriqués avec de l’énergie éolienne. Il a fallu beaucoup de travail et de créativité pour y parvenir, et nous aurions échoué sans l’appui indéfectible de plusieurs partenaires. L’année dernière, nous avons rassemblé un groupe impressionnant de partenaires fondateurs pour créer une organisation indépendante à but non lucratif pour cette initiative historique. Chaque fondateur représente un groupe participant important et s’assure que WindMade adopte une approche globale. l Vestas est le principal sponsor et l’organisation novatrice derrière WindMade ; l WWF offre son expertise en tant qu’organisation mondiale de premier plan en matière de durabilité et qui a déjà développé de nombreuses normes de certification ; l le Pacte mondial de l’ONU représente le secteur de la politique mondiale et a proclamé l’étiquette WindMade premier label mondial pour les consommateurs jamais approuvé par l’Organisation des Nations Unies ; l le Conseil mondial de l’énergie éolienne (Global Wind Energy Council, ou GWEC) représente la voix et le soutien des membres de l’industrie éolienne mondiale ; l PricewaterhouseCoopers sert d’expert de vérification chargé de s’assurer que le processus de contrôle par une tierce partie est crédible et fonctionnel ; l Bloomberg est le fournisseur officiel de données pour WindMade ; l le groupe LEGO représente le public cible de WindMade : les marques de grande consommation avant-gardistes. Les partenaires fondateurs ont également nommé un groupe d’experts respectés dans le domaine de la durabilité pour mettre au point une norme de certification qui soit rigoureuse tout en étant pratique pour les responsables de la durabilité des entreprises d’aujourd’hui. Enfin, nous avons travaillé avec Droga5, notre partenaire créatif avantgardiste, pour concevoir un label élégant et concis, dans un style intelligent parfaitement adapté aux consommateurs et qui repose sur une base crédible. L’étiquette WindMade indique exactement aux consommateurs quelle proportion

« L’étiquette WindMade indique exactement aux consommateurs quelle proportion d’énergies renouvelables leurs marques préférées utilisent pour mener leurs activités. »

d’énergies renouvelables leurs marques préférées utilisent pour mener leurs activités. WindMade a créé une série d’étiquettes afin de pouvoir communiquer avec précision à propos des différentes approches utilisées dans l’approvisionnement en énergies propres. La première étiquette, qui a été révélée le 10 octobre, affiche la proportion d’électricité éolienne produite est consommée par une entreprise par rapport à sa consommation d’électricité totale. En 2012, WindMade a également commencé à produire des étiquettes qui peuvent être placées sur des produits réels afin d’informer les clients de la quantité d’électricité éolienne utilisée pour leur production. Au moment de la rédaction de cet article, nous n’avions pas encore annoncé notre événement le plus enthousiasmant à ce jour : le dévoilement de notre premier groupe de sociétés WindMade. Toutefois, au moment où vous lirez ces lignes, ce lancement aura eu lieu. Alors, si vous souhaitez en savoir plus sur nos premières marques mondiales WindMade, vous pouvez vous rendre sur www.windmade.org. Elles forment un ensemble varié d’industries mondiales, soulignant ainsi davantage le fait que l’énergie renouvelable n’est plus un but réservé uniquement à une niche de l’entreprise. Elles mettent également en évidence le fait qu’il existe de nombreuses options et méthodes d’approvisionnement en énergies propres dans le monde entier. Cela prouve que n’importe quel pays dans le monde peut, s’il le souhaite, se procurer de l’énergie propre de haute qualité. Chez Vestas, nous comprenons que WindMade est un événement historique à plus d’un égard, car il constitue également un nouveau modèle de philanthropie d’entreprise. Vestas croyait si fermement en la puissance d’un label de consommation crédible et utilisable pour l’énergie renouvelable qu’elle a choisi de consacrer une équipe à plein temps à cette idée, a réuni un groupe d’éminents partenaires fondateurs et enfin a financé une organisation non gouvernementale qu’elle ne contrôle plus. En d’autres termes, Vestas a investi de l’argent, du capital humain et la réputation de sa marque pour créer une ‰ organisation mondiale qui vise à faire

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‰ croître notre secteur dans son ensemble, seulement pour la remettre par la suite aux mains de la société. Alors que certains pourraient appeler cela une stratégie de marketing excessivement compliquée, nous considérons qu’il s’agit d’un modèle philanthropique avant-gardiste, qui contribuera considérablement à la croissance continue de l’industrie éolienne. En outre, depuis que nous avons créé WindMade en nous fondant sur nos perceptions à propos des stratégies des entreprises en matière d’énergies renouvelables, Vestas s’est également rendu compte de la nécessité de consacrer davantage de ressources à la collecte de données concrètes sur les tendances dans le domaine de la durabilité d’entreprise. Cette information est remise au monde, parce que nous croyons que la transparence est essentielle pour accélérer la croissance des énergies renouvelables. Pour alimenter notre vision de transparence plus générale, nous avons noué un partenariat avec Bloomberg New Energy Finance pour développer l’indice de l’énergie renouvelable d’entreprise (Corporate Renewable Energy Index ou CREX) afin de documenter et de suivre la croissance des tendances dans l’énergie renouvelable au sein des entreprises. L’indice CREX met en lumière non seulement le nombre d’entreprises qui s’approvisionnent en énergies renouvelables, mais aussi la quantité et l’origine de ces énergies. CREX est le premier indice en son genre : il assure la transparence des achats mondiaux d’énergies renouvelables en créant un niveau de transparence qui n’a jamais existé auparavant. Nous avons également chargé TNS Gallup de mener une étude mondiale auprès des consommateurs à propos de l’énergie éolienne pour comprendre la demande croissante du point de vue des consommateurs. Dans le cadre de cette enquête, la plus grande en son genre, 31 000 consommateurs dans 26 pays ont été consultés pour connaître leur opinion sur des sujets tels que les énergies renouvelables, les produits fabriqués en utilisant de l’énergie renouvelable et la façon dont les agissements des entreprises influent sur le comportement des consommateurs.

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Les principales conclusions de cette enquête ont montré que non seulement la majorité des consommateurs considèrent le changement climatique comme le plus grand défi mondial unique, mais aussi que 90 % des consommateurs du monde entier veulent plus d’énergies renouvelables et que 79 % d’entre eux auraient une perception plus positive des marques produites à l’aide d’énergies renouvelables. À l’avenir, Vestas continuera de mettre à jour et d’actualiser les données pour le CREX et l’étude mondiale auprès des consommateurs à propos de l’énergie éolienne (Global Consumer Wind Study ou GCWS). Pour l’instant, nous attendons avec impatience de voir augmenter le nombre de membres de WindMade. Les premières entreprises WindMade sont essentielles pour le renforcement de la marque WindMade. Elles montreront en effet au monde que le secteur de l’énergie éolienne et des autres types d’énergies renouvelables ne va pas seulement perdurer, mais qu’il va également devenir de plus en plus utile et attrayant pour un groupe croissant d’acteurs mondiaux. Le manque de clarté sur la façon dont évoluent les marchés des technologies, comme les technologies éoliennes et solaires, est en train de dresser des obstacles pour la croissance future. En fait, WindMade, CREX et GCWS sont le fruit d’une conviction selon laquelle les êtres humains naissent pourvus de bon sens. Et ces trois initiatives continueront d’être soutenues par Vestas et nos partenaires en raison d’une autre conviction ferme : que l’activation de ce bon sens, grâce à la transparence, favorisera le changement positif nécessaire en termes de comportement. Nous croyons qu’une plus grande transparence permettra de montrer dans les faits ce que veulent les consommateurs et les entreprises, encourageant ainsi l’accroissement des investissements dans l’offre mondiale d’énergies renouvelables. WindMade, CREX et GCWS s’associent pour former un trio de transparence puissant, en fournissant des outils de communication qui permettent de montrer aux multinationales et à leurs parties prenantes ce qui se cache véritablement derrière l’offre et la demande d’énergies renouvelables. n

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SUJET BRÛLANT

Le changement climatique et les mesures climatiques Justice climatique : un développement durable sans exclusion L’objectif de MARY ROBINSON est de placer la justice pour les pauvres et les oubliés au cœur du débat climatique et de les démarginaliser pour atteindre un développement durable et axé sur les personnes.

MARY ROBINSON a été le septième président de l’Irlande (1990-1997) et la première femme à occuper cette fonction, puis commissaire des Nations Unies pour les droits de l’homme (19972002) et fondatrice et présidente de Realizing Rights: The Ethical Globalization Initiative (Initiative pour une mondialisation éthique) (2002-2010). Elle est actuellement présidente de Mary Robinson Foundation – Climate Justice (MRFCJ).

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L’année 2012 apporte de nouvelles opportunités de recadrer l’action liée au changement climatique sous un jour positif, en se concentrant sur les avantages économiques, sociaux et environnementaux d’une économie verte à faible émission de carbone. 2012 a été proclamée « l’année de l’énergie durable pour tous » par les Nations Unies et tous les yeux se concentrent sur Rio, 20 ans après la Conférence mondiale sur le développement durable, date à laquelle nous pourrons analyser longuement et attentivement la façon dont nous nous sommes développés, qui en a tiré profit et quel en a été le coût. Rio+20 offre l’occasion d’examiner la façon dont nous pouvons tous croître et prospérer, sans surexploiter nos ressources naturelles limitées et sans compromettre la vie de beaucoup, au profit de quelques-uns. Nous devons façonner le développement économique, social et environnemental selon un nouveau modèle de

développement, sans exclusion. Mon approche de ces questions se résume dans la défense de la justice climatique à laquelle je suis consacrée et que ma fondation, Mary Robinson Foundation – Climate Justice (MRFCJ), s’est engagée à fournir. La justice climatique associe les droits de l’homme et le développement pour parvenir à une approche centrée sur l’être humain, la sauvegarde des droits des plus vulnérables et le partage équitable et juste des charges comme des avantages du changement climatique et de sa résolution.

Les pays en développement Dans le cadre de la prochaine révolution industrielle, il sera essentiel de veiller à ce que les avantages soient partagés équitablement et justement. Il faut donner les moyens aux pays en développement et aux communautés marginalisées au sein de ces pays, de participer activement et de bénéficier de la prochaine vague de croissance et d’opportunités économiques. À bien des égards, les pays en développement ont un avantage, car ils partent de zéro. Ils construiront des infrastructures pour la première fois, plutôt que de devoir les rénover. Ils se lancent dans de nouvelles


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politiques fiscales et de développement qui peuvent donner naissance à une économie résistante au changement climatique et à faible empreinte carbone. En outre, leurs populations en pleine croissance, jeunes et de plus en plus éduquées seront le moteur de cette révolution économique verte. Il existe un besoin urgent de puiser dès à présent dans ce potentiel, de sorte que les pays en développement puissent prendre part aux solutions du côté de l’offre et à l’innovation et à la créativité qui alimenteront une nouvelle vague de croissance. Les pays en développement ne devraient pas être de simples consommateurs de technologies vertes. Il faut leur donner les moyens d’être les ingénieurs, les concepteurs, les producteurs et les distributeurs de technologies qui répondent à leurs besoins et facilitent leur croissance. Pour cela, nous devons faire les choses différemment, faire des choix d’investissement courageux et identifier le potentiel des créateurs et des entrepreneurs dans les pays en développement. Le statu quo ne le permettra pas, et nous devrions considérer 2012 comme l’année où nous prenons le parti de changer de direction, de saisir l’occasion et d’apporter quelques nouveaux acteurs sur la scène.

De véritables partenariats Nous ne pouvons pas supposer que les retombées des technologies et des politiques vertes profiteront aux pauvres et aux marginalisés. Il sera nécessaire d’adopter des approches spécifiques et ciblées pour faire entrer dans l’économie verte les personnes situées en bas de la pyramide économique, pour leur permettre de contribuer à une croissance verte sans exclusion et d’en récolter les avantages économiques, sociaux et environnementaux. Les milliards de personnes qui n’ont pas accès aux formes modernes d’énergie représentent, sans le moindre doute, un marché potentiel important pour l’énergie propre. Mais les forces du marché ne seront pas en mesure de fournir à elles seules ce dont elles ont besoin. Nous devons travailler dans le cadre de véritables partenariats avec des décideurs, des chercheurs et des entrepreneurs des pays en développement pour concevoir des solutions énergétiques permettant de compléter et de protéger les moyens d’existence, d’améliorer le

bien-être social et d’offrir des opportunités. Les femmes seront des utilisatrices clés et, je l’espère, des conceptrices de technologies vertes. Elles peuvent contribuer considérablement à une croissance verte et durable. Le Rapport sur le développement dans le monde 2012 nous rappelle que « les femmes représentent aujourd’hui 40 % de la population active mondiale, 43 % de la production agricole de la population active mondiale et plus de la moitié des étudiants universitaires du monde ». La mise à profit de cette contribution permettrait de stimuler la productivité et l’économie verte : « Il suffirait d’éliminer les obstacles discriminatoires à l’égard des femmes qui travaillent dans certains secteurs ou certaines professions pour voir la productivité du travail augmenter de jusqu’à 25 % dans certains pays ». En outre, les femmes ont un grand sens de l’équité inter-générationnelle, et elles considèrent la vie non seulement sous l’angle de leur propre existence, mais aussi en fonction de l’avenir de leurs enfants et petitsenfants. L’exploitation de cette capacité de planification à long terme, ainsi que la valeur productive de leur contribution à la vie économique, seraient un moteur puissant pour une croissance durable à faible empreinte carbone et résistante au changement climat.

Le leadership des femmes C’est en gardant cela à l’esprit que je m’efforce d’exploiter le leadership des femmes, du niveau local au niveau international, afin de maximiser leur potentiel en tant qu’agents du changement, créatrices, investisseuses et entrepreneuses. Pour permettre cela, nous devons donner aux femmes l’accès à l’éducation et au crédit, une participation active à tous les niveaux de prise de décision et la possibilité que leur contribution soit appréciée. Nous avons l’occasion de faire de 2012 l’année où nous aurons finalement pris note du fait que les femmes et les hommes seront les moteurs de la prochaine révolution industrielle, et que le développement durable pour tous implique d’investir pour le long terme, tout en veillant à ce que les avantages parviennent jusqu’aux personnes vulnérables et marginalisées. Nous avons beaucoup de ressources inexploitées, et je ne parle pas seulement du vent et des vagues ! Si nous commençons à apprécier toutes les choses que nous tenons pour acquises, de la puissance du soleil à la contribution des femmes à la société, nous serons en mesure de propulser un nouvel avenir durable et sans exclusion, pour nousmêmes et surtout pour nos enfants et nos ‰ petits-enfants. n

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SUJET BRÛLANT

Repenser la sécurité climatique CORINNE SCHOCH demande si la militarisation de la question du changement climatique ne nuirait pas aux communautés les plus touchées par le problème. Dans le passé, le changement climatique était une question strictement liée à l’environnement et au développement. Aujourd’hui, il est devenu une question de sécurité nationale et internationale. Si les efforts visant à associer le changement climatique à un conflit violent ne sont fondés sur aucune preuve solide, ils ont néanmoins bel et bien retenu l’attention des gouvernements. Ils ont joué un rôle fondamental dans la prise de conscience, certes essentielle, du fait que le changement climatique est une question qui mérite une réaction mondiale. Mais à quel prix ? Si nous considérons le changement climatique uniquement comme une menace pour la sécurité, nous risquons de déléguer les responsabilités humanitaires à l’armée, d’ignorer les principaux défis et de perdre de vue les communautés vulnérables au changement climat qui ont le plus besoin de protection. Au cours des cinq dernières années, le changement climatique a cessé d’être une question purement environnementale et de développement pour se transformer en une question de sécurité nationale et internationale. Pendant des années, nous avons compris que les guerres civiles éclatent généralement en raison de l’instabilité politique, d’une économie nationale pauvre, d’infrastructures affaiblies et, dans le cas des États africains, de l’effondrement de la Guerre froide. Dorénavant, on peut, semble-t-il, ajouter à cette liste les chocs environnementaux. En effet, journalistes, universitaires, décideurs politiques, institutions de sécurité et chefs d’État nous répètent continuellement que les effets du changement climatique constituent une grave menace pour la sécurité. En conséquence, une idée s’est enracinée dans l’imagination du public selon laquelle les

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vagues de chaleur prolongées, la montée du niveau des mers, la variabilité croissante des climats et l’augmentation de la fréquence des catastrophes, telles que les cyclones ou les sécheresses, se traduiront par davantage de conflits civils. La croyance populaire selon laquelle le changement climatique déclenchera bientôt des « guerres de l’eau » entre des régions et des pays où l’eau manque, n’en est qu’un exemple. Pourtant, si la notion selon laquelle le changement climatique pourrait conduire à des conflits est très répandue, elle n’est fondée que sur très peu de preuves provenant de sources douteuses. Le débat se caractérise souvent par des conjectures, des extrapolations et un ensemble limité de faits donnant naissance à des hypothèses sur la façon dont le climat va changer dans les années à venir et celle dont les gens vont réagir. Par exemple, on présume que l’augmentation de la variabilité du climat entraînera automatiquement des migrations à l’intérieur ou entre les États, ou que la baisse de la pluviosité a été à l’origine de la crise du Darfour. Les relations entre les causes des conflits ont été simplifiées. La vérité est qu’il n’existe encore aucun exemple concret de conflit violent provoqué par le changement climatique et que nous ne comptons que sur une compréhension limitée de ce que l’avenir nous réserve. Prenons l’exemple des guerres de l’eau : de nombreux chercheurs affirment que ce n’est pas le changement climatique qui est à blâmer, mais que ce sont plutôt des questions telles que la mauvaise gouvernance des ressources aquifères qui représentent la force motrice derrière ces conflits. À quoi sert donc de recadrer le débat sur le changement climatique pour en faire une question de sécurité ?

Un siège à la table Le débat sur les rapports entre le changement climatique, la diminution des ressources, les conflits violents et la sécurité n’est pas nouveau, mais ce n’est qu’après la chute de l’Union

soviétique que les discussions autour de ces questions sont devenues véritablement possibles. Jusqu’à la fin des années 1990, les programmes en matière de sécurité des deux côtés de l’Atlantique ont été dominés par des mesures visant à protéger l’État et à soutenir les institutions militaires. Mais au lendemain de la Guerre froide, le nouveau paysage politique exigeait une approche plus vaste et plus générale de l’expression « sécurité ». Un rapport publié en 1994 par le Programme des Nations Unies pour le développement a formulé cette nécessité et donné naissance au terme « sécurité humaine ». Selon la nouvelle approche, ce sont les individus et leur sécurité qui occupent la place centrale, et non plus l’État. Cela a permis d’incorporer des menaces « non traditionnelles », telles que l’environnement, la santé et les droits de l’homme, dans l’ordre du jour de la sécurité, aux côtés de questions qui ont de longue date été au cœur des intérêts de la défense militaire et de l’État. Le changement climatique est ainsi devenu une « question de sécurité ». Le fait de catégoriser ainsi le changement climatique présente certains avantages. Tout d’abord, cela donne à l’État ou au gouvernement du pouvoir sur la question, et il peut alors mobiliser de vastes quantités de ressources politiques et financières pour l’aborder. Mais la plus grande « victoire » remportée en associant le changement climatique à la sécurité a été de parvenir à sensibiliser et à capter l’attention des pays du Nord [développés] à propos de cette question environnementale. Il est clair que le changement climatique est dorénavant sur la ligne de mire des décideurs à tous les niveaux, et que cela aurait été beaucoup plus difficile à accomplir en ne comptant que sur le cadre de l’environnement et du développement. Des dirigeants éminents, y compris Barack Obama, Al Gore, Nicolas Sarkozy et Ban Ki-moon, ont tous cité le changement climatique parmi les menaces pour la sécurité internationale.


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On a également conféré au changement un siège à la table de la communauté de la sécurité mondiale : il a été abordé au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, aussi bien en 2007 qu’en 2011. À ces deux reprises, la volonté d’attribuer au Conseil des compétences en matière de changement climatique a rencontré une opposition féroce de la Chine, de la Russie et de la plupart des pays en développement. Malgré la réticence de certains pays, le monde s’est lancé sur une voie sans retour. Il est vrai qu’en théorie il est possible de « revenir en arrière » sur la décision d’en faire une question de sécurité. Mais dans la pratique, étant donné que les institutions de sécurité, telles que l’OTAN et d’autres, ont commencé à s’engager activement dans le débat, les nouvelles dynamiques de pouvoir politique qui prennent forme rendront difficile de supprimer tout simplement le changement climatique des programmes en matière de sécurité. Les défenseurs de la lutte contre le changement climatique ont bel et bien attiré l’attention des gouvernements en le transformant en un problème de sécurité, mais la question que nous devons nous poser est : à quel prix ? Le changement climatique est rempli d’incertitudes. Comme pour d’autres débats hautement politisés, l’incertitude a tendance à engendrer l’anxiété, qui peut conduire à la peur et donner naissance à un ensemble de politiques qui ne feraient que copier les slogans sensationnalistes universitaires et des médias. Les militaires des pays du Nord prétendent que le monde ne peut attendre une certitude de 100 % avant d’agir pour diminuer la menace du changement climatique pour la sécurité. Mais quelle forme devrait prendre cette action ? Cette question est déjà en cours de discussion dans de nombreux forums, tels que les négociations annuelles de l’ONU sur le climat. Le contournement de ces discussions pour intenter une action exécutoire par l’intermédiaire du Conseil de sécurité de l’ONU laisserait hors du processus de prise de décision les pays qui ne font pas partie du Conseil, dont un grand nombre figurent parmi les plus vulnérables au changement climatique.

Se concentrer sur les gens Il existe d’autres risques associés à la transformation du changement climatique en un problème de sécurité, en particulier quand il

climatique : les rendements agricoles pourraient chuter de jusqu’à 50 % d’ici à 2050 dans certains pays et, d’ici à 2020, quelque 250 millions de personnes seront probablement confrontées à un manque d’eau croissant en raison du changement climatique. Les mesures prises pour impliquer les institutions de sécurité et les militaires protègent-elles les intérêts des plus vulnérables, ou seulement ceux des puissants ? Dans quelle mesure sommes-nous prêts à déléguer des responsabilités à caractère humanitaire ou de développement à ces nouveaux acteurs ? Le fait de veiller à ce que les plus vulnérables soient protégés n’est pas seulement une obligation morale, c’est une question de justice et d’équité. Il existe sûrement un grand risque que les besoins de sécurité humaine des personnes les plus vulnérables soient compromis. CORINNE SCHOCH est une chercheuse dans le Groupe sur les changements climatiques à l’Institut international pour l’environnement et le développement (IIED). s’agit de faire face à l’ensemble des défis posés par le changement climatique. La décision d’agir en se fondant sur l’engagement d’un nombre limité d’institutions de sécurité risque de mettre de côté ou de manquer complètement de traiter des questions telles que l’adaptation, l’atténuation, le développement, la croissance économique, l’équité, la justice et la résistance, qui ne figurent pas parmi les priorités à l’ordre du jour de la sécurité, mais qui font partie intégrante de la lutte contre le changement climatique. Dans le monde actuel où l’on parle sans cesse du « changement climatique d’origine humaine », de « compensation », de « responsabilité » et de « justice mondiale », il est également important de se demander dans quelle mesure le débat sur le climat, recadré sous le thème de la sécurité, s’attaque aux véritables moteurs du changement climatique. Et nous devons de même nous demander quels intérêts nous servons. Les effets du changement climatique se feront sentir d’abord et avant tout dans quelques-unes des communautés les plus vulnérables à travers le monde. Le GIECC, par exemple, met en garde sur le fait que l’Afrique est l’un des continents les plus vulnérables au changement

Prochaines étapes La première étape pour avancer est sans doute de rassembler plus de preuves sur les liens entre le changement climatique et les conflits violents. Avec l’intensification de la recherche dans ce domaine, les décideurs politiques, les chefs d’État et les institutions responsables de la sécurité pourraient recueillir plus d’informations et acquérir une compréhension beaucoup plus précise des questions en cours, ce qui leur permettrait de prendre des décisions plus éclairées. Il existe aussi un besoin évident de reformuler le débat sur le changement climatique et la sécurité pour se concentrer non pas sur notre propre protection, mais sur celle des personnes les plus vulnérables aux effets futurs. Le changement climatique n’est pas la première question à avoir été associée à la sécurité : dans le passé, le VIH/SIDA et les migrations, par exemple, sont toutes deux tombées dans la catégorie des questions de sécurité. Il serait bon de réfléchir sur ces expériences – essayer de démêler ce qui a fonctionné, où et pourquoi, de déterminer les effets produits sur les différentes parties prenantes, les ramifications politiques – pour en tirer des enseignements importants permettant d’assurer le succès du traitement de la question du changement climatique comme problème de sécurité. n

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tendances n D’après une récente enquête de McKinsey, bon nombre d’entreprises intègrent activement les principes de durabilité dans leurs activités, et le font en poursuivant des objectifs qui vont bien au-delà des soucis de gestion de la réputation ; par exemple, les économies d’énergie, le développement de produits verts, et retenir et motiver les employés, sont toutes des mesures qui aident les entreprises à créer de la valeur grâce à la croissance et au rendement du capital. Les résultats de la sixième enquête de McKinsey auprès de cadres relative à la façon

dont leur entreprise comprend et gère les problèmes liés à la durabilité réalisée en 2011, montre qu’une part plus importante de ces derniers considère que les programmes de durabilité apportent une contribution positive à la valeur de leur entreprise à court et à long terme. Cette enquête analyse pourquoi et comment les entreprises se penchent sur la question de la durabilité et dans quelle mesure les cadres interrogés pensent que cette action affecte le bénéfice net de leur entreprise, aujourd’hui et au cours des cinq prochaines

années. Dans l’ensemble, l’enquête met en évidence une compréhension plus équilibrée de la durabilité et de ses bénéfices attendus par les répondants que dans les enquêtes précédentes. Comme par le passé, ils sont conscients du potentiel en faveur de la réputation des entreprises, mais ils privilégient aussi les avantages en termes opérationnels et axés sur la croissance dans les domaines de la réduction des coûts et de la recherche de débouchés sur de nouveaux marchés et produits. En outre, les répondants de certains secteurs –

énergie, industries extractives et transports – indiquent que leurs entreprises ont une approche plus active que celles d’autres secteurs, probablement en raison des éventuelles contraintes réglementaires et liées aux ressources naturelles qui pèsent sur ces derniers. Voir : The business of sustainability: McKinsey Global Survey results (McKinsey Quarterly) n L’Asie et les pays de la région Pacifique doivent trouver des moyens d’accélérer les investissements en infrastructures pour aider à maintenir le niveau d’activité dans un contexte de baisse significative du rythme de croissance de l’économie mondiale, a indiqué Haruhiko Kuroda, Président de la Banque

AFFAIRES DES AFFAIRES L’indice de la prospérité Un indice qui classe les pays sur la base de leur richesse et bien-être, place la Norvège en première position parmi les 110 pays évalués, devant le Danemark et l’Australie. L’indice de la prospérité Legatum fournit la seule évaluation globale de la prospérité nationale basée à la fois sur la richesse et le bienêtre. Les mesures traditionnelles de la prospérité nationale sont entièrement basées sur les indicateurs de revenu d’un pays. Pourtant, pour un grand nombre d’individus, la « prospérité » n’est pas qu’une question d’argent, les satisfactions individuelles et les perspectives d’avenir sont également à prendre en compte. L’indice définit la prospérité à la fois comme la richesse et le bienêtre, et constate que les pays les plus prospères du monde ne sont pas nécessairement ceux qui ont un PIB élevé, mais ceux qui ont également des citoyens heureux, en bonne santé, et libres. L’indice de la prospérité Legatum évalue 110 pays, représentant plus de 90 % de la population mondiale, et est basé sur 89 variables différentes, dont chacune a un effet démontré sur la croissance économique ou sur le bien-être. L’indice se compose de

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huit sous-indices, dont chacun représente un aspect fondamental de la prospérité : Économie – les économies stables et en croissance augmentent le revenu par habitant et promeuvent le bien-être de leurs citoyens. L’esprit d’entreprise et les perspectives d’avenir – un climat d’entreprise dynamique dans lequel les citoyens peuvent poursuivre de nouvelles idées et opportunités pour améliorer leur vie favorise les niveaux plus élevés de revenus et de bien-être. Gouvernance – Les pays bien gouvernés favorisent la croissance économique nationale et le bienêtre des citoyens. Éducation – L’éducation est une pierre angulaire des sociétés prospères. Santé – Une infrastructure de santé solide dans laquelle les citoyens sont en mesure de jouir d’une bonne santé physique et mentale conduit à des niveaux plus élevés de revenus et de bien-être. Sûreté et sécurité – Les sociétés en proie à des menaces contre la sécurité nationale et des personnes ne peuvent pas favoriser la croissance des niveaux moyens de revenu ou du bien-être.

Classement de l’indice de la prospérité Legatum 2011 : Classement des 5 premiers pays en Afrique subsaharienne : Botswana, Afrique du Sud, Ghana, Namibie et Mali Classement des 5 premiers pays au Moyen-Orient et en Afrique du Nord : Émirats arabes unis, Koweït, Israël, Arabie saoudite et Tunisie Classement des 5 premiers pays dans les Amériques : Canada, États-Unis, Uruguay, Chili et Costa Rica Classement des 5 premiers pays dans la région AsiePacifique : Australie, Nouvelle-Zélande, Singapour (Chine) – RAS de Hong Kong et province de Taïwan (Chine) Classement des 5 premiers pays en Europe : Norvège, Danemark, Suède, Finlande et Suisse www.prosperity.com

La liberté individuelle – Lorsque les citoyens jouissent de leurs droits en matière d’expression, de croyance, d’organisation et d’autonomie individuelle dans une société accueillant la diversité, leur pays bénéficie de niveaux plus

élevés de revenus et de bien-être social. Le capital social – Les réseaux sociaux et la cohésion qu’une société éprouve quand les individus se font confiance les uns aux autres, ont un effet direct sur la prospérité d’un pays.


n Le président de la BAD a également insisté sur la nécessité pour l’Asie d’intensifier ses efforts en vue de rééquilibrer son économie, en mettant davantage l’accent sur la demande intérieure et régionale. Il a noté que cela nécessitera à la fois des mesures de politique de l’offre et des mesures de politique de la demande, y compris le soutien au développement des petites et moyennes entreprises. Le Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (CEPALC), Alicia Bárcena, a réaffirmé l’importance d’améliorer l’intégration régionale afin de faire face à la turbulence économique mondiale. S’adressant à l’Association latino-américaine

De la misère à la richesse Reese Fernandez-Ruiz, cofondatrice de Rags2Riches Inc., une entreprise éco-éthique basée à Manille, aux Philippines, a remporté le Prix des jeunes entrepreneurs à la World Entrepreneurship Forum 2011, qui s’est tenue à Singapour, en novembre 2011. L’entrepreneur choisi devait avoir moins de 35 ans, et, être un modèle, pour ses réalisations et ses engagements envers la société, d’un esprit d’entreprise qui crée de la richesse et de la justice sociale. Rags2Riches, fondée en 2007, crée des accessoires pour la maison et des produits de la mode éco-éthiques à partir de pièces de tissus recyclées, de matières organiques, et de tissus indigènes, en collaboration avec des femmes vivant près de Payatas, un des plus grands dépotoirs d’ordures des Philippines. Reese Fernandez-Ruiz enseignait à l’école primaire lorsqu’elle a découvert que les femmes qui fouillaient les déchets dans les décharges cherchaient des restes de tissu pour les recycler et les utiliser, après un travail artisanal, comme tapis et tapette, alors qu’elles prenaient soin de leurs

d’intégration (ALADI), à Montevideo (Uruguay) en novembre 2011, Mme. Bárcena a demandé aux pays une plus grande intégration et une réponse commune de l’Amérique latine pour faire face aux problèmes de la crise économique. Elle a lancé un appel pour l’augmentation du commerce interrégional et pour donner la priorité aux questions fiscales, aux investissements, à l’innovation et aux politiques sociales. Elle a également indiqué que dans l’éventualité d’une nouvelle récession dans les pays développés ou d’une nouvelle crise financière mondiale, la marge de manœuvre des pays émergents dépendra de leur solde des paiements courants et

de leurs réserves internationales, de leur politique budgétaire et monétaire et de la structure de leur commerce extérieur en termes de produits et de marchés. Le Secrétaire exécutif de la CEPALC a souligné que la région affronte cette situation avec de grands atouts, mais aussi des faiblesses importantes, comme le déficit des comptes courants, une structure de production et d’exportation reposant sur des avantages comparatifs statiques plutôt que sur des avantages comparatifs dynamiques, un faible niveau d’investissement, des retards en termes d’innovation, d’avancées scientifiques et technologiques, d’éducation et d’infrastructures, et des coûts élevés liés à l’insécurité et à la violence.

Reese Fernandez-Ruiz (à gauche), cofondatrice de Rags2Riches, a reçu le Prix des jeunes entrepreneurs à la World Entrepreneurship Forum de 2011.

Photo : EMLYON Business School

asiatique de développement (BAD), au groupe de Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) lors de la 18ème réunion annuelle des ministres des Finances à Honolulu, en novembre 2011. Les économies en plein essor d’Asie ont été soutenues par le déploiement rapide de nouvelles infrastructures, mais des investissements estimés à environ 8 000 milliards de dollars US sont nécessaires d’ici 2020. Il faudra pour cela un soutien substantiel du secteur privé, et M. Kuroda a déclaré que les gouvernements doivent poursuivre les réformes politiques et réglementaires pour encourager les investisseurs nationaux et internationaux, ainsi que les partenariats public-privé.

enfants chez elles . Une industrie artisanale informelle de tisserands de carpettes avait surgi, mais, au fil du temps, une série d’intermédiaires s’étaient invités pour prendre le contrôle de l’offre de restes de tissus et de l’accès de ces femmes au marché. La chaîne de valeur était injuste pour les femmes qui au final ne gagnaient que quelques centimes par produit fini. Rags2Riches Inc. a été créée pour fournir à ces femmes un accès équitable au

marché et à l’économie formelle, ainsi qu’une formation axée sur les compétences, les aspects financiers, et la santé, afin qu’elles puissent maximiser leur potentiel professionnel et prendre des mesures en faveur de leur bienêtre financier et personnel à long terme. Rags2Riches Inc. a intégré une solution de conception en partenariat avec des designers locaux de renom de l’industrie de la mode, comme Laurel Rajo, Amina Aranaz-Alunan, et Oliver

Tolentino, transformant des chiffons en tapis, une ligne de petits sacs à main et sacs, et des sacs à main haut de gamme. FernandezRuiz prévoit que Rags2Riches qui travaille actuellement avec 450 femmes, collaborera avec 5 000 femmes au cours des cinq prochaines années. « Il ne s’agit pas de manque de talent ou de détermination », a-t-elle déclaré à Fast Company. « Les individus ont besoin d’opportunités de sortir de la pauvreté ».

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Le Comité présidentiel sur la croissance verte Il s’agit d’une institution consultative pour le président, composée de 14 ministres et de 36 membres nommés par le secteur privé et ayant des antécédents professionnels utiles à la croissance verte, qui est co-présidée par le premier ministre et un président désigné. Il s’agit de la plus haute instance de coordination interministérielle des politiques, ainsi que de consultation entre les secteurs public et privé sur ces dernières.

La stratégie de croissance verte et le Plan quinquennal La stratégie, élaborée par le Comité présidentiel, prévoit que la République de Corée (ci-après, la Corée) deviendra l’une des sept premières économies vertes d’ici à 2020 et l’une des cinq premières d’ici à 2050. Elle s’articule en trois parties : tout d’abord, réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en s’adaptant au changement climatique ; ensuite, créer de nouveaux moteurs de croissance à partir des technologies vertes et, enfin, améliorer la qualité de vie en rendant les modes de vie plus compatibles à l’environnement, tout en devenant un modèle international de la croissance verte. La stratégie devrait montrer que la croissance verte de la Corée est en fait un nouveau modèle de développement. Sa portée est beaucoup plus vaste que l’énergie ou les politiques environnementales, mais elle ne va pas assez loin pour répondre aussi aux objectifs de la politique sociale.

SOOGIL YOUNG est un économiste coréen qui occupe le poste de président de la Commission présidentielle sur la croissance verte depuis juillet 2010. Il est également président fondateur du Green Investment Korea Forum.

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Le plan quinquennal affecte 2 % du PIB annuel aux investissements verts du gouvernement, le double du niveau recommandé aux gouvernements par le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Comme l’a indiqué le Président Lee, la clé d’une croissance verte soutenue est un processus d’innovation généralisé et continu, tant au niveau technologique qu’au niveau institutionnel. Le rôle de cette innovation sera de dissocier croissance économique et dégradation de l’environnement, notamment en stimulant l’investissement dans les énergies à faible émission de carbone, ainsi que dans la sauvegarde et le recyclage des ressources naturelles.

Soogil Young explique comment la République de Corée est à l'avant-garde en matière de séparation entre croissance économique et dégradation de l'environnement Photo : Truth Leem/Reuters

Les politiques de croissance verte de la République de Corée ont été officiellement lancées le 15 août 2008, lorsque le Président Lee Myung-bak a déclaré, dans son discours marquant le 60e anniversaire de la fondation du gouvernement moderne du pays, que « la croissance verte à faible émission de carbone » devait être au cœur de la nouvelle vision de développement pour les 60 prochaines années. Dans cette intervention, le Président Lee a défini la « croissance verte » comme « atteindre la croissance durable en réduisant les émissions de gaz à effet de serre et la pollution de l’environnement ». Comment y parvenir ? La réponse de ce dernier est que « la croissance verte est un nouveau paradigme de développement qui crée de nouveaux moteurs de croissance et d’emplois par le biais des technologies vertes et des énergies propres ». Au cours de l’année et demi qui a suivi ce discours, le gouvernement a mis en place le cadre institutionnel pour l’application de la déclaration du Président Lee sur la stratégie de croissance verte. Elle comporte quatre piliers principaux :

Le National Greenhouse Gas Emissions Reduction Target (cible nationale de réduction des émissions de gaz à effet de serre) Compte tenu de la structure industrielle du pays qui repose sur une forte consommation énergétique, rendant son économie vulnérable aux crises énergétiques internationales et aux éventuelles réglementations relatives au carbone, l’objectif principal de l’innovation verte est de réduire les émissions de CO2. La volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre est le principal moteur de l’innovation verte dont la Corée a besoin. En novembre 2009, après plusieurs mois de débat national, le gouvernement a adopté un objectif à moyen terme de réduction des émissions de 30 % d’ici à 2020 par rapport à la pratique courante. Le mois suivant, lors de la COP15, à Copenhague, le Président Lee a fait de cette décision au niveau national un engagement de politique internationale, en déclarant que la Corée poursuivrait cet objectif unilatéralement et volontairement, dans ce qu’il appelle l’esprit du « moi d’abord ». La communauté des affaires du pays a exprimé une forte opposition à cet objectif, considérant qu’il était trop ambitieux et craignant son impact sur la compétitivité de l’industrie. Toutefois, le Comité présidentiel l’a considéré comme une cible ambitieuse nécessaire afin de stimuler un large éventail d’innovations technologiques propres en faveur d’une efficacité énergétique accrue dans l’économie, ainsi que pour le déploiement des énergies renouvelables. L’adoption unilatérale de l’objectif de réduction des émissions a permis à la Corée de devenir un « moteur initial » de la croissance verte, sans avoir à attendre que d’autres en fassent autant. Le gouvernement a joué un rôle crucial dans le déclenchement, la facilitation et la poursuite du processus d’innovation verte par le biais de mesures de réglementation et de soutien, en particulier dans la recherche et le développement et la création du marché initial. Parmi les mesures mises en œuvre pour atteindre l’objectif de réduction des émissions figure le système de gestion ciblée des émissions sectorielles et l’introduction prévue

Construire du système d’échange de droits d’émissions en 2015.

La loi-cadre pour une croissance verte à faible émission de carbone Cette loi, adoptée en avril 2010, autorise le gouvernement à intervenir sur le marché afin de remédier aux défaillances de ce dernier dans la promotion de la croissance verte. Il prend, entre autres, des dispositions en faveur du système d’échange de droits d’émissions.

Boom de l’économie verte Depuis le lancement officiel des politiques de croissance verte en Corée en 2008, un boom économique vert a eu lieu. Tous les grands groupes ont placé l’entreprise verte parmi leurs principales priorités d’investissement dans leurs plans à court et à long terme. Entre 2008 et 2010, le total des investissements de ce type par les 30 plus grands groupes d’activité a enregistré un taux de croissance annuel de 75 % et s’élève à 15,1 milliards de wons (environ 13 milliards USD). L’investissement est axé sur les équipements d’énergies nouvelles et renouvelables, les équipements à haute efficacité électrique, les voitures vertes et l’adaptation au changement climatique. Les petites et moyennes entreprises ont aussi rejoint la course verte. Par exemple, certaines d’entre elles sont déjà en train de devenir des champions sur le marché mondial des pièces et composants pour systèmes d’énergie solaire et éolienne. Le gouvernement lui-même est un investisseur de premier plan dans la croissance verte, en particulier dans l’infrastructure verte. Deux des exemples les plus parlants sont : un


Photo : Songdo IBD

l’architecture d’une croissance verte projet de construction majeur visant à restaurer quatre grands fleuves et un projet de création d’un réseau national de lignes à grande vitesse afin d’induire la population à changer de mode de transport, privilégiant le rail au détriment de la route. Les politiques de croissance verte en Corée ont été un succès sous tous les angles. Les entreprises explorent activement les opportunités de croissance verte et les gouvernements locaux poursuivent la création de communautés écologiques. Les modes de vie écologiques et la croissance verte suscitent un grand enthousiasme chez le public.

Les secrets de la réussite de la croissance verte à ce jour Le succès de la croissance verte en Corée peut être attribué à au moins trois facteurs, y compris le leadership visionnaire d’un homme politique résolument engagé dans une stratégie de nouvelle croissance verte, l’approche du « moi d’abord » pour la réduction des émissions de carbone et la protection de l’environnement, et une coordination efficace entre tous les ministères concernés. Le défi consiste maintenant à soutenir les progrès vers la réalisation des objectifs de

réduction des émissions et de protection de l’environnement. Ce n’est pas un défi insignifiant si l’on tient compte des soucis constants de l’industrie en matière de compétitivité internationale et des incertitudes politiques, qui devraient s’accroître à mesure que l’élection présidentielle de décembre 2012 se rapproche.

Vers une nouvelle architecture mondiale pour la croissance verte L’un des objectifs des politiques de croissance verte de la Corée est de promouvoir l’adoption d’une stratégie de croissance verte dans tous les pays, en particulier ceux en développement. Une architecture globale pour la croissance verte permettra d’améliorer l’efficacité des politiques nationales de croissance verte, de créer une base pour le développement durable au niveau mondial, et de faciliter la coopération internationale pour l’atténuation du changement climatique. À cette fin, le gouvernement a pris un certain nombre d’initiatives internationales : l En 2008, des programmes de travail annuels ont été lancés pour aider les pays en développement d’Asie à entreprendre des projets de croissance verte dans le cadre de

Songdo International Business District (IBD) est une ville durable qui s'étend sur 610 hectares et qui est actuellement en construction près d'Incheon, en République de Corée. Les pratiques de conception durable intègrent les dernières normes de conception et technologies qui réduisent la consommation d'énergie, augmentent l'efficacité énergétique, utilisent des matériaux recyclés et naturels et produisent de l'électricité propre et renouvelable. Lorsqu'elle sera achevée, en 2015, plus de 40 % de la superficie de Songdo IBD sera réservée aux espaces verts, et comprendra un parc de 40 hectares, 25 km de pistes cyclables, de nombreuses stations de recharge pour véhicules électriques et un système de collecte des déchets qui supprime le besoin de camions à ordures.

l’initiative East Asian Climate Partnership (EACP). l En 2010, la Corée a officiellement adhéré au Comité d’aide au développement de l’Organisation de coopération et de développement économiques et a déclaré que le pays continuerait d’augmenter son aide publique au développement (APD), principalement axée sur l’environnement, y compris l’initiative EACP, pour atteindre d’ici à 2020 le niveau de ratio d’APD sur RNB moyen recommandé par l’OCDE. l En juin 2010, le groupe de réflexion international Global Green Growth Institute (GGGI) a été lancé en vue de conseiller les pays en développement sur leurs politiques de croissance verte, ainsi que pour les aider à mettre en œuvre des projets spécifiques dans ce domaine. Le GGGI est dirigé par un conseil d’administration international, et tire ses ressources financières de la Corée et d’autres pays développés partenaires. En octobre 2011, onze pays, dont six pays en développement, ont rejoint le GGGI en tant que pays partenaires. Il travaille également en partenariat avec de nombreuses organisations et institutions internationales. l En 2009, l’OCDE a accepté la proposition de la Corée de mener une étude sur la stratégie de croissance verte, suite à laquelle un projet de deux ans a été lancé. Lorsque le rapport final a été publié en mai 2010, l’OCDE a déclaré son intention d’encourager la stratégie de croissance verte chez ses pays membres et non membres. L’OCDE a commencé à collaborer sur la croissance verte avec d’autres organisations et institutions internationales comme le PNUE et la Banque mondiale. La Corée continuera de travailler en étroite collaboration avec toutes ces institutions pour promouvoir la croissance verte. l Le gouvernement se prépare à lancer un centre de technologie verte qui favorisera la coopération internationale en matière de technologies vertes en général, et pour les pays en développement en particulier. Tous ces efforts contribueront à la création d’une architecture globale pour une croissance verte qui profitera à tous les pays, et faciliteront le développement durable et la coopération sur le changement climatique. n

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Au cours de la dernière décennie, l’innovation la plus importante en matière de création de richesse et de développement a été la croissance de l’industrie du téléphone portable. Il existe 5,3 milliards d’abonnés à la téléphonie mobile dans le monde, et pourtant, selon le rapport du GSMA Development Fund intitulé « Green Power For Mobile: Charging Choices », près de 500 millions d’individus sont dépourvus de moyens de charger leur téléphone portable. Bien que les statistiques soient accablantes et renversantes, je crois que ce défi et d’autres en son genre, liés aux énergies, représentent des opportunités extraordinaires de s’enrichir. J’appelle cela « l’investissement ayant un impact ». Il s’agit d’investissements socialement responsables qui fournissent des rendements financiers élevés. En misant sur la trajectoire de croissance exponentielle des communications mobiles, nous pouvons créer des industries entières qui permettent de résoudre des problèmes essentiels et de créer des centaines de milliards, voire des trillions, en valeur marchande. Le manque de stations de charge peut

JIGAR SHAH est PDG de Carbon War Room et fondateur de SunEdison. Il est un entrepreneur à succès dans le domaine des technologies propres, qui dirige la croisade de Carbon War Room en faveur de la réalisation d’économies gigantesques de carbone tout en créant des richesses, des emplois et de la croissance. Le Carbon War Room utilise le dynamisme des entrepreneurs pour trouver des solutions au changement climatique qui soient axées sur le marché. Le War Room a une approche unique qui consiste à réunir des entrepreneurs prospères, des chefs d’entreprise, des experts politiques, des chercheurs et des leaders d’opinion afin qu’ils travaillent sur des solutions axées sur le marché.

effectivement alimenter un nouveau marché qui permettra d’atteindre quatre objectifs importants : 1. avoir un impact en résolvant un problème actuel urgent ; 2. générer des rendements élevés pour les investisseurs ; 3. favoriser la croissance économique et 4. créer de la prospérité pour les pays développés et en développement. Alors, examinons le problème simple et pourtant croissant du manque de stations pour recharger les téléphones portables. Il a poussé les entrepreneurs à trouver des solutions et à identifier de nouvelles opportunités commerciales. Par exemple, en seulement quelques années, de nouveaux téléphones cellulaires à énergie solaire se sont développés dans certaines régions pauvres comme l’Amérique centrale, les Caraïbes et le Pacifique Sud, dans les régions dépourvues de réseaux et de prises électriques. L’année dernière, l’opérateur de téléphonie mobile Vodafone, a présenté un combiné mobile à énergie solaire pour l’Inde, où un tiers de la

Aucune prise pour brancher untéléphone portable

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Jigar Shah, un visionnaire dans le domaine de l'énergie solaire, a des solutions simples aux problèmes complexes.

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population n’a pas accès au réseau électrique. Certes, face à des problèmes d’une telle envergure, cette solution n’est pas une panacée. Par exemple, les solutions pour téléphones portables sont souvent nombreuses et de petite échelle. C’est le cas des téléphones solaires, des chargeurs solaires, des chargeurs à vent, des stations de base de chargement ou des stations de base au niveau des villages. Ces réponses sont toutes des exemples concrets de miniaturisation des sources d’énergie, une tendance qui a commencé dans les années 1970. Cette tendance à la miniaturisation s’est accélérée dans d’autres domaines, tels que l’eau potable, les transports et l’agriculture. En ce qui concerne les sources d’énergie électrique, les réponses se sont « miniaturisées » par l’exploitation de sources hors réseau comme l’énergie solaire et éolienne. J’en ai pris conscience chez SunEdison, une entreprise que j’ai fondée en 2003 à Beltsville, dans le Maryland, aux États-Unis. SunEdison a appliqué une solution commerciale, un contrat d’achat d’électricité, pour vendre de l’énergie solaire aux entreprises comme un service, et non

pour vendre une centrale électrique. Cette solution, qui leur permettait d’avoir une source d’énergie sur leurs toits, était intéressante pour les principaux détaillants américains comme Wal-Mart, Staples, Kohl’s ou Whole Foods. SunEdison était le propriétaire et se chargeait d’installer et de faire fonctionner les centrales solaires fixées sur les toits, et les clients signaient des accords d’achat d’électricité à des tarifs fixes pour des périodes allant jusqu’à 20 ans. C’était un moyen abordable pour les clients d’utiliser de l’énergie générée (très) localement, propre et miniaturisée (par rapport au réseau) pour leurs entreprises. Elles ont remplacé l’électricité du réseau dans les périodes de pics de consommation par de l’énergie solaire produite sur le lieu d’utilisation. Elles ont concrétisé la théorie d’Amory Lovins, président et directeur scientifique du Rocky Mountain Institute, décrite dans son livre, Small Is Profitable (Ce qui est petit est rentable). Le livre dresse une liste pertinente des avantages économiques des ressources électriques « distribuées » (décentralisées). Il s’agit entre autre d’éviter les

coûts sociaux. Le tsunami au Japon, qui a conduit à la fusion du cœur d’un réacteur nucléaire, est un cas récent de coût social. Avant d’essayer d’inventer de nouvelles technologies, nous devons trouver des solutions commerciales qui permettent le déploiement des solutions d’énergie distribuée, comme nous l’avons fait par le biais du contrat d’achat d’électricité pour l’énergie solaire qui a permis de stimuler un secteur représentant plusieurs milliards de dollars de chiffre d’affaires. Ainsi, notre « première mission » consiste à donner un sens commercial aux technologies existantes qui ne sont pas encore déployées. C’est ce que nous avons fait avec l’énergie solaire, et c’est l’occasion que Vodafone cherche à concrétiser par la croissance des téléphones cellulaires au niveau mondial. Un autre exemple est la façon dont Carbon War Room vient d’aider à organiser un marché de plusieurs milliards de dollars sans employer de fonds du gouvernement. Nous avons lancé un nouveau consortium qui débloquera des milliards de dollars d’investissements dans les énergies renouvelables et les technologies d’efficacité énergétique pour l’immobilier commercial aux États-Unis. Avec ce consortium, Carbon War Room applique des technologies simples, qui n’étaient pas encore déployées, pour améliorer l’efficacité des bâtiments. Le consortium a exhumé une législation incitative qui était restée inappliquée. La législation Property Assessed Clean Energy (PACE) permet aux propriétaires de biens d’accepter un versement volontaire d’impôts pour rembourser un financement initial destiné à des améliorations en termes d’efficacité énergétique et d’énergies renouvelables. Le consortium d’entreprises, qui comprend Lockheed Martin et Barclays Bank, prévoit d’investir jusqu’à 650 millions USD au cours des prochaines années pour réduire la consommation d’énergie des bâtiments anciens à Miami (Floride) et à Sacramento (Californie). Les programmes de ces villes peuvent, à eux seuls, générer une activité de 2,3 milliards USD et créer plus de 17 000 emplois. Un des points clé est le fait que la mise en œuvre s’opère au niveau de chaque bâtiment : il s’agit d’une solution miniaturisée. C’est là que se trouvent la réponse. La réponse est la miniaturisation : du téléphone cellulaire alimenté par l’énergie solaire au bâtiment alimenté par l’énergie solaire. Nous sommes à la veille de la prochaine grande révolution industrielle qui se fera par le biais de milliers de déploiements, en utilisant d’abord les technologies existantes. Bien qu’il n’y ait pas de solutions magiques permettant de satisfaire notre demande d’énergie en utilisant des carburants propres, nous pouvons néanmoins, petit à petit, faire des progrès en ce sens. L’existence de cinq cents millions d’utilisateurs de téléphones portables qui n’ont pas où les recharger n’est qu’une des opportunités de plusieurs milliards de dollars qu’offre la « troisième économie industrielle ».n

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Une nouvelle histoire économique Dans un discours en deux parties, Jeremy Rifkin ouvre la porte à un avenir post-carbone, tandis que Kandeh K. Yumkella et Morgan Bazilian explorent les défis de l’inclusion.

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Les technologies de l’Internet et les énergies renouvelables fusionnent pour créer une infrastructure nouvelle et puissante. Jeremy Rifkin explique comment les cinq piliers d’une troisième révolution basée sur l’énergie et la communication créeront les bases pour la prochaine grande vague de croissance économique.

La

troisième

révolution industrielle Notre civilisation industrielle est à la croisée des chemins. Les stocks de pétrole et des autres énergies fossiles, qui sont le socle du mode de vie industriel, diminuent, et les technologies qui utilisent et sont propulsées par ces énergies sont vétustes. Toute l’infrastructure industrielle construite sur les combustibles fossiles est vieillissante et en mauvais état. Il en résulte que le chômage est en hausse et a atteint des niveaux dangereux dans le monde entier. Les gouvernements, les entreprises et les consommateurs sont submergés par la dette, et les niveaux de vie sont partout en chute libre. La faim et la famine atteignent des niveaux record et touchent un milliard d’êtres humains, soit près d’un septième de l’humanité. Pire, le changement climatique, conséquence de l’activité industrielle basée sur l’utilisation de combustibles fossiles, se profile à l’horizon. Les scientifiques préviennent que nous sommes confrontés à un changement potentiellement cataclysmique de la température et de la chimie de la planète, qui menace de déstabiliser les écosystèmes à travers le monde. Nous sommes peut-être au bord d’une extinction massive de la vie végétale et animale d’ici la fin du siècle, mettant en 24 MakingIt

péril la capacité de notre propre espèce à survivre. Il est de plus en plus clair qu’une nouvelle histoire économique est nécessaire pour nous mener vers un avenir plus équitable et plus durable.

Une nouvelle convergence de la communication et de l’énergie Dans les années 1980, il était de plus en plus évident que la révolution industrielle alimentée par les combustibles fossiles avait atteint un sommet et que le changement climatique d’origine humaine entraînait une crise planétaire aux proportions démesurées. Au cours des 30 dernières années, j’ai mené des recherches afin de découvrir un nouveau paradigme pouvant introduire une ère post-carbone. J’ai découvert que les grandes révolutions économiques de l’histoire se produisent lorsque des nouvelles technologies de communication et de nouveaux systèmes énergétiques convergent. Les nouveaux régimes énergétiques rendent possible la création d’une activité économique plus interdépendante et l’élargissement des échanges commerciaux, et facilitent des relations sociales plus intenses et moins exclusives. Les révolutions de la communication sous-jacentes sont les moyens d’organiser et de gérer les nouvelles dynamiques spatiales et temporelles qui découlent des nouveaux systèmes énergétiques. Au XIXe siècle, la technologie d’impression à vapeur est devenue le moyen de communication permettant de gérer l’infrastructure ferroviaire au charbon et les marchés nationaux naissants de la première révolution industrielle. Au XXe siècle, les communications électroniques – le téléphone et, plus tard, la radio et la télévision – sont devenues les moyens de communication utilisés pour la gestion et la commercialisation de l’âge de l’automobile reposant sur le pétrole et la culture de consommation de masse de la seconde révolution industrielle.


« Les grandes révolutions économiques de l’histoire ont lieu quand les nouvelles technologies de communication convergent avec les nouveaux systèmes énergétiques »

Un « Internet de l’énergie » Dans le milieu des années 1990, j’ai observé qu’une nouvelle convergence de la communication et de l’énergie était en préparation. La technologie Internet et les énergies renouvelables étaient sur le point de fusionner afin de créer une infrastructure nouvelle et puissante, favorisant une troisième révolution industrielle qui allait changer le monde. Dans l’ère à venir, des centaines de millions de personnes produiront leur propre énergie verte dans leurs maisons, bureaux et usines, et la partageront par le biais d’un « Internet de l’énergie », tout comme nous pouvons actuellement créer et partager des informations en ligne. La démocratisation de l’énergie entraînera une réorganisation fondamentale des relations humaines, ce qui aura un impact sur la manière même dont nous exerçons nos activités, gouvernons la société, éduquons nos enfants et participons à la vie civique. En 2006, j’ai commencé à travailler avec la direction du Parlement européen à la rédaction d’un plan de développement économique axé sur la troisième révolution industrielle. En mai 2007, le Parlement européen a publié une déclaration écrite officielle approuvant la troisième révolution industrielle comme la vision économique à long terme et la feuille de route de l’Union européenne (UE). Elle est actuellement mise en œuvre par les divers organismes au sein de la Commission européenne, ainsi que dans les États membres.

Les cinq piliers La mise en place de l’infrastructure de la troisième révolution industrielle va créer des milliers de nouvelles entreprises et des millions d’emplois, et jeter les bases d’une économie mondiale durable au XXIe siècle. Toutefois, permettez-moi d’ajouter une remarque. Comme toutes les autres infrastructures de

communication et énergétiques de l’histoire, les différents piliers d’une troisième révolution industrielle doivent être fixés en même temps ou la fondation ne tiendra pas. Chaque pilier ne peut en effet fonctionner qu’en fonction des autres. Les cinq piliers de la troisième révolution industrielle sont : 1) le passage aux énergies renouvelables ; 2) la transformation du parc immobilier de chaque continent en micro-centrales électriques pour que les énergies renouvelables soient utilisées sur leur lieu de production ; 3) le déploiement des technologies reposant sur l’hydrogène et autres technologies de stockage, dans chaque bâtiment et à travers les infrastructures pour stocker les énergies intermittentes ; 4) l’utilisation des technologies Internet pour transformer le réseau électrique de tous les continents en un réseau de partage d’énergie qui fonctionne selon les mêmes principes que l’Internet (des millions de bâtiments génèrent une faible quantité d’énergie au niveau local et peuvent vendre leur surplus d’électricité au réseau et partager l’électricité avec leurs voisins) et 5) faire passer la flotte de moyens de transport à l’électricité et aux véhicules à piles à combustible pouvant acheter et vendre de l’électricité sur un réseau électrique intelligent, continental et interactif.

Intégrer et harmoniser La nécessité cruciale d’intégrer et d’harmoniser ces cinq piliers à tous les niveaux et stades de développement est devenue claire pour l’UE à l’automne 2010. Un document de la Commission européenne avertit que l’UE devrait dépenser mille milliards d’euros entre 2010 et 2020 pour mettre à jour son réseau électrique pour l’adapter à l’afflux des énergies renouvelables. Le document interne note que « l’Europe ne dispose toujours pas des infrastructures permettant que les énergies ‰

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« La création d’un régime d’énergie renouvelable, chargée par les bâtiments, partiellement stockée sous la forme d’hydrogène, distribuée par des réseaux intelligents et reliée à des moyens de transport électriques sans aucune émission de CO2, ouvre la porte à une troisième révolution industrielle »

‰ renouvelables se développent et concurrencent sur un pied d’égalité les sources traditionnelles d’électricité ». Un tiers de l’électricité utilisée en UE devrait provenir de sources d’énergie verte d’ici 2020. Pour cela, il sera nécessaire de numériser le réseau électrique et le rendre intelligent afin de pouvoir gérer les énergies renouvelables intermittentes qui alimenteront le réseau à partir de dizaines de milliers de producteurs locaux d’énergie. Il sera également essentiel de mettre au point et de déployer rapidement des technologies reposant sur l’hydrogène et d’autres technologies de stockage dans l’ensemble des infrastructures de l’UE lorsque la quantité d’énergie renouvelable intermittente dépassera 15 % de la production d’électricité, autrement une partie importante de cette dernière se perdra. De même, il est important d’inciter les secteurs de la construction et de l’immobilier, par le biais de crédits et hypothèques verts à faibles taux d’intérêt, à convertir des millions de bâtiments dans l’UE en des mini-centrales électriques capables d’exploiter les énergies renouvelables et de renvoyer leurs excédents sur le réseau. À moins que ces mesures supplémentaires ne soient prises, l’UE ne pourra pas fournir suffisamment d’électricité verte pour alimenter les millions de véhicules électriques et à piles à combustible qui arriveront sur le marché. Si le développement d’un des cinq piliers prend du retard, les autres seront bloqués et les infrastructures elles-mêmes seront mises en péril.

Un nouveau paradigme économique La création d’un régime d’énergie renouvelable, fournie par les bâtiments, partiellement stockée sous la forme d’hydrogène, distribuée par des réseaux intelligents et reliée à des moyens de transport électriques sans aucune émission de CO2, ouvre la porte à une troisième révolution industrielle. L’ensemble du système est interactif, intégré et homogène. Lorsque ces cinq piliers 26 MakingIt

sont réunis, ils forment une plate-forme technologique indivisible, un système émergent dont les propriétés et les fonctions sont qualitativement différentes de la somme de ses parties. Autrement dit, les synergies entre les piliers peuvent créer un nouveau paradigme économique qui transformera la planète. Les opérations commerciales centralisées conventionnelles des première et seconde révolutions industrielles seront progressivement substituées par les pratiques commerciales distribuées de la troisième révolution industrielle, et l’organisation hiérarchique traditionnelle du pouvoir économique et politique cèdera sa place au pouvoir latéral organisé sous forme de nœuds dans l’ensemble de la société. À première vue, la notion même de pouvoir latéral semble totalement contraire à l’organisation du pouvoir que nous avons connue pendant une grande partie de l’histoire. Le pouvoir, après tout, a toujours été organisé de manière pyramidale, de haut en bas. Aujourd’hui, cependant, le pouvoir collaboratif amorcé par le rapprochement de la technologie Internet et des énergies renouvelables, restructure totalement les relations humaines, avec de profondes implications sur l’avenir de la société. L’industrie musicale n’a pas saisi le pouvoir distribué jusqu’à ce que des millions de jeunes aient commencé à partager de la musique en ligne, faisant chuter ses revenus en moins d’une décennie. L’Encyclopedia Britannica n’a pas apprécié le pouvoir distribué et collaboratif de Wikipedia qui est devenue la principale source de référence dans le monde. Les journaux non plus n’ont pas pris au sérieux le pouvoir distribué de la « blogosphère » ; aujourd’hui de nombreuses publications ont soit fait faillite, soit elles ont transféré la majeure partie de leurs activités sur Internet. Les implications du partage de l’énergie distribuée par les individus dans le cadre de communes ouvertes sont encore plus ambitieuses.


La démocratisation de l’énergie Pour avoir une idée de l’ampleur des mutations qu’implique la troisième révolution industrielle quant à la façon dont nous organisons actuellement la vie économique, il faut tenir compte des profonds changements qui ont eu lieu au cours des vingt dernières années avec l’introduction de la révolution Internet. La démocratisation de l’information et des communications a modifié la nature même du commerce mondial et des relations sociales, et de façon aussi marquée que l’imprimerie du début de l’époque moderne. Imaginez maintenant l’impact que la démocratisation de l’énergie est susceptible d’avoir sur l’ensemble de la société lorsqu’elle est gérée par la technologie Internet. La troisième révolution industrielle est particulièrement pertinente pour les pays les plus pauvres du monde en développement. Nous devons garder à l’esprit que 40 % des êtres humains vivent encore dans une extrême pauvreté avec, au plus, deux dollars par jour, et que la plupart d’entre eux n’a pas d’électricité. Sans accès à l’électricité, ils sont « impuissants » au sens propre et figuré. Le facteur le plus important pour sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté est de compter sur une électricité verte fiable et bon marché. Tout autre développement économique est impossible en son absence. L’accès universel à l’électricité est le point de départ indispensable pour améliorer la vie des populations les plus pauvres du monde. L’énergie renouvelable (solaire, éolienne, géothermique, hydroélectrique et de la biomasse) est largement distribuée, c’est pourquoi le monde en développement est un terrain idéal pour le lancement de la troisième révolution industrielle. Bien que le manque d’infrastructures est souvent considéré comme un obstacle au développement, nous constatons que de nombreux pays en développement ne sont pas aux prises avec un réseau électrique vieillissant et peuvent ainsi faire le « saut » vers la troisième révolution industrielle. Autrement dit, construire à partir de zéro

un nouveau système d’électricité distribuée, plutôt que de continuer de réparer grossièrement un réseau ancien et caduc, permet aux pays en développement de réduire considérablement le temps et les dépenses nécessaires pour passer à une nouvelle ère énergétique. En outre, en raison de la nature distribuée de l’infrastructure de la troisième révolution industrielle, le risque peut être plus largement diffusé, les autorités locales et les régions mettant en commun des ressources pour construire des réseaux locaux et se connecter ensuite aux nœuds d’autres régions. Telle est l’essence du pouvoir latéral. Les régimes énergétiques façonnent la nature des civilisations, la manière dont elles sont organisées, dont les fruits du commerce et des échanges sont distribués, dont le pouvoir politique est exercé et dont les relations sociales sont menées. Au XXIe siècle, le contrôle sur la production et la distribution d’énergie va passer des mains des groupes multinationaux du secteur dont les activités se concentrent sur les énergies fossiles, à celles de millions de petits producteurs qui vont générer leurs propres énergies renouvelables depuis leur logement et vendre leurs excédents au réseau électrique commun. Mais afin de faciliter cette transition, il est nécessaire de créer un terrain favorable par le biais de l’aide financière, du transfert de technologies et de programmes de formation visant à aider les pays émergents. Ce qui a lieu dans les pays en développement annonce une transformation historique, les ménages sautant directement de l’ère pré-électricité à la troisième révolution industrielle. Ce processus représente la démocratisation de l’énergie dans les pays les plus pauvres du monde. La troisième révolution industrielle apporte l’espoir de pouvoir entrer dans une ère post-carbone durable au milieu du XXIe siècle. Nous disposons des progrès scientifiques et technologiques et du plan d’attaque nécessaires à l’atteinte de cet objectif. Il s’agit à présent de savoir si nous allons prendre conscience des possibilités économiques futures et nous mobiliser pour y arriver à temps. n

JEREMY RIFKIN est le président de la Foundation on Economic Trends et l’auteur de plus de vingt livres à succès sur l’impact des changements scientifiques et technologiques sur l’économie, la main-d’œuvre, la société et l’environnement. Parmi ses livres les plus récents figurent The Third Industrial Revolution: How Lateral Power Is Transforming Energy, the Economy, and the World ; The Empathic Civilization: The Race to Global Consciousness In a World In Crisis et The Hydrogen Economy: The Creation of the Worldwide Energy Web and the Redistribution of Power on Earth. Jeremy Rifkin a été conseiller auprès de l’Union européenne pendant la dernière décennie et il est l’architecte principal du plan de viabilité économique à long terme de la troisième révolution industrielle de l’Union européenne qui vise à répondre au triple défi posé par la crise économique mondiale, la sécurité énergétique et le changement climatique.

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Morgan Bazilian et Kandeh K. Yumkella considèrent qu'il existe des opportunités uniques découlant de la création d'un système énergétique radicalement différent.

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nouvelle économie : durable et pour tous

Dans ce numéro de Making It, Jeremy Rifkin cite de nombreuses crises qui interagissent et favorisent une nouvelle histoire économique qu’il a qualifiée de « troisième révolution industrielle ». L’origine de ce changement est, d’après lui, la confluence des « nouvelles technologies de communication [et] des nouveaux systèmes énergétiques ». L’expression « troisième révolution industrielle » est en effet intéressante pour plusieurs raisons. Elle permet d’avoir à l’esprit une image de la force de transformation potentielle du lien entre communication et énergie. D’autres ont commencé à l’utiliser. En octobre 2011, Christiana Figueres, directrice de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a utilisé cette expression pour motiver la communauté des affaires à prendre des mesures pour contrer le changement climatique. Elle l’a décrite de cette manière : 28 MakingIt

« Une économie à faible empreinte carbone nécessite un changement de paradigme multiforme sur un large éventail de sujets, des comportements individuels aux politiques nationales. Mais le changement ne se fera pas sans accrocs, vous pouvez en être certains. Nous posons à peine les bases de la nouvelle économie. Nous sommes en train de la construire et tous les chantiers en cours sont en désordre ». La première révolution industrielle n’a pas été conçue comme un mouvement mondial sans exclusion qui apporterait la prospérité à tous les individus. Bien qu’elle ait été la source d’innombrables technologies et de richesses insoupçonnées, elle a également laissé dans son sillage une histoire malheureuse, marquée par les inégalités et l’exploitation des personnes et des ressources naturelles. Les progrès du siècle passé ont conduit à un monde plus interdépendant que jamais sur les plans commercial, financier et de la circulation des travailleurs, mais les grandes injustices demeurent : les première et seconde révolutions industrielles n’ont pas été conçues en tenant compte des pauvres. Il est clair, par conséquent, que la transition vers une nouvelle économie, basée sur un système énergétique radicalement différent, nous donne l’occasion unique de faire en sorte que la prochaine révolution industrielle se fasse sans exclusion.

L’énergie durable pour tous Examinons plus en détail le rôle essentiel que jouera l’énergie dans la prochaine révolution industrielle. L’énergie stimule le progrès humain, de la création d’emplois à la compétitivité économique. Du renforcement de la sécurité à l’autonomisation des femmes, l’énergie est le grand intégrateur ; elle concerne tous les secteurs, et est au cœur des intérêts fondamentaux de tous les pays. Aujourd’hui plus que jamais, le monde a besoin de s’assurer que tout le monde


« Du renforcement de la sécurité à l'autonomisation des femmes, l'énergie est le grand intégrateur, elle concerne tous les secteurs, et elle est au cœur des intérêts fondamentaux de tous les pays »

pourra accéder aux avantages de l’énergie moderne et que l’énergie sera fournie le plus proprement et efficacement possible. C’est d’abord et avant tout une question de justice, mais c’est aussi une question urgente ; la nouvelle initiative « Énergie durable pour tous » du Secrétaire général des Nations Unies vise à répondre à cette double exigence. L’initiative peut être considérée comme un engagement ferme des Nations Unies et de ses partenaires de s’assurer que la prochaine révolution industrielle soit conçue pour les pauvres et non soutenue par les pauvres. Elle a été lancée dans un moment de grande incertitude économique et d’inégalité, de forte urbanisation et de taux de chômage élevé parmi les jeunes. Mais c’est aussi une période où existe enfin un consensus naissant sur la nécessité d’agir de façon cohérente face aux problèmes mondiaux tels que le développement durable. Cependant, nous ne commençons pas à partir de zéro. Les nouvelles technologies, qui vont de l’amélioration des cellules photovoltaïques au comptage de pointe, en passant par les véhicules électriques et les réseaux intelligents, offrent une base solide sur laquelle il sera possible de construire ce projet. La clé pour lancer une véritable révolution consiste à savoir comment saisir ces opportunités pour créer des richesses et des emplois et pour favoriser la fabrication locale et l’éducation. Trois objectifs sont liés à l’atteinte de l’« Énergie durable pour tous » d’ici à 2030 : l Assurer l’accès universel aux services énergétiques modernes, l’accès à l’électricité et aux combustibles et technologies modernes pour la cuisson, le chauffage, et la production. l Doubler le taux d’amélioration de l’efficacité énergétique : augmenter le rythme actuel de croissance à 2,5 % par an, parvenir à une réduction de 40 % d’ici 2030 (en termes d’intensité énergétique globale).

l Multiplier par deux la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial en augmentant la part actuelle des énergies renouvelables pour qu’elle représente 30 % de la consommation mondiale d’énergie. Ces trois objectifs se renforcent mutuellement. Le fait que les technologies des énergies renouvelables soient de plus en plus bon marché permet aux communautés rurales pauvres, où l’extension du réseau électrique conventionnel aurait un coût prohibitif et serait malaisée, d’accéder aux services énergétiques modernes. Des dispositifs plus efficaces pour l’éclairage et d’autres applications consomment moins d’énergie ; la quantité d’électricité nécessaire pour leur fonctionnement est donc plus faible. L’accroissement de l’efficacité dans la production et l’utilisation de l’électricité soulage les réseaux électriques déjà surchargés, ce qui permet de les étendre pour atteindre davantage de ménages et d’entreprises. Est-ce une idée déraisonnable ? Examinez le scénario inverse : l’expansion incontrôlée des systèmes énergétiques actuels, à base d’énergie fossile, et un engagement à long terme en matière d’infrastructures favorisant des émissions insoutenables pour le climat mondial.

Un programme d’action Le Secrétaire général des Nations Unies a créé un groupe de haut niveau pour concevoir un programme d’action et donner une impulsion à l’initiative « Énergie durable pour tous ». Il faudra pour cela catalyser l’action d’un grand nombre de parties prenantes afin d’atteindre ces objectifs d’ici à 2030. Le Secrétaire général, dans une contribution à la Conférence 2012 des Nations Unies sur le développement durable (Rio +20), décrit l’initiative comme suit : « Dans le cadre de Rio+20, nous demandons à tous les intervenants de prendre un engagement mondial en ‰

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« Toute définition d’une “économie verte” devra offrir des possibilités diverses pour le développement économique et la réduction de la pauvreté »

‰faveur de l’objectif “Énergie durable pour tous” d’ici à 2030. Pour atteindre cet objectif, tous les pays et secteurs devront agir et prendre les décisions politiques et d’investissement nécessaires pour un avenir meilleur en matière énergétique. Les pays industrialisés doivent accélérer la transition vers des technologies peu polluantes. Les pays en développement, qui sont nombreux à progresser de plus en plus rapidement et à grande échelle, ont la possibilité d’éviter les options conventionnelles en matière d’énergie et de passer directement à des alternatives énergétiques plus propres qui permettront d’améliorer le développement économique et social ». Le programme d’action sera un « document évolutif » déterminant des actions et des engagements clairs au fil du temps qui vont considérablement modifier les modèles énergétiques actuels et les aiguiller vers d’autres trajectoires qui : l établissent un engagement politique ferme ; l créent des cadres politiques et réglementaires stables ; l financent la transformation ; l renforcent les capacités locales et créent des partenariats au niveau mondial ; l assurent une communication et une reddition des comptes transparences l renforcent la base analytique et l diffusent l’information.

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Au sein du système des Nations Unies, nous avons recours au mécanisme de l’ONU-Énergie, qui favorise de nouveaux partenariats et une meilleure communication et facilite une action efficace sur le terrain. Nous voulons que les Nations Unies fassent profiter à tous les individus au niveau mondial des avantages en matière d’énergie de la prochaine révolution industrielle.

Économie et industrie vertes Dans la perspective de Rio+20, l’idée se généralise de plus en plus selon laquelle, dans un monde aux ressources limitées et devant réduire ses émissions de carbone, toute éventuelle troisième révolution industrielle devrait reposer sur une économie verte. Cependant, un tel changement ne peut être mené au détriment des priorités de développement des pays en développement et toute définition d’une « économie verte » devra offrir des possibilités diverses pour le développement économique et la réduction de la pauvreté. En réponse à ces défis, l’ONUDI a créé « l’initiative pour une industrie verte » (Green Industry Initiative) qui vise à accélérer la croissance verte de l’industrie et des secteurs connexes. Elle offre à la communauté internationale et aux gouvernements nationaux une plate-forme pour encourager le rôle favorable de l’industrie dans la réalisation du développement durable. Le développement industriel « vert » est donc


un pilier du concept d’« économie verte », car il fournit un cadre aux pays en développement pour « rendre écologiques » leurs processus d’industrialisation et pour promouvoir les entreprises qui fournissent des biens et des services dans le domaine de l’environnement. Il est nécessaire de définir un cadre global de la question énergétique mondiale pour soutenir ce travail. Bien que ces questions auront des répercussions aussi bien sur les économies développées que sur celles en développement, nous sommes particulièrement attentifs au cas des pays les moins avancés. Même dans ces derniers, il existe des exemples d’applications réussies de ces politiques : c’est le cas du Rwanda et de l’Éthiopie. Ces pays créent actuellement des plans nationaux élaborés pour résoudre les problèmes de durabilité de l’ensemble de leur économie. La téléphonie mobile et le secteur des TIC sont des modèles de changements profonds de la planète. Ce développement permet aujourd’hui d’envisager la création de réseaux intelligents, même dans les régions les plus reculées. À l’avenir, « les réseaux justes et intelligents » pour les pays en développement pourraient fournir des fonctionnalités similaires aux réseaux intelligents des pays industrialisés, même s’ils suivront probablement un chemin et un calendrier différents. Ils nécessiteront que l’on soit attentif aux contraintes, comme l’absence de bonne gouvernance, le manque de capitaux, l’insuffisance en matière d’infrastructures et la pénurie de personnel bien formé dans le secteur de l’électricité. Ces obstacles pourraient étouffer les initiatives innovantes propres des pays en développement. Pour que la prochaine révolution

industrielle puisse avoir lieu, il faudra les surmonter. Les besoins massifs en infrastructures électriques pour atteindre l’accès universel offrent une occasion unique d’apprendre du lien entre les TIC et les systèmes énergétiques, et de progresser sans nécessairement répéter toutes les étapes de développement antérieures.

MORGAN BAZILIAN est le conseiller spécial auprès du directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI) sur la politique internationale en matière d’énergie et de changements climatiques. Il contribue ainsi à façonner l’approche des Nations Unies en matière d’énergie pour le développement. Avant d’être nommé à ce poste, il était conseillé principal en matière d’énergie et de changements climatiques du ministre irlandais de l’énergie. Il a été négociateur principal de l’Union européenne sur les questions liées au changement climatique et notamment sur les technologies à faible empreinte carbone, et membre du Groupe d’experts de la CCNUCC chargé du transfert de technologies.

KANDEH K. YUMKELLA est le directeur général de l’ONUDI. Il est également président d’ONU-Énergie et co-président du Groupe de haut niveau sur l’énergie durable pour tous, constitué de 46 leaders internationaux issus du monde des affaires, de la finance, de gouvernements et de la société civile. Avant d’occuper ce poste, il était président du Groupe consultatif du Secrétaire général sur l’énergie et les changements climatiques. Avant de rejoindre l’ONUDI, il était ministre du commerce, de l’industrie et des entreprises d’État de la République de Sierra Leone.

Une année importante L’Assemblée générale a désigné 2012 l’Année internationale de l’énergie durable pour tous, mettant ainsi l’énergie au cœur du processus multilatéral. Il s’agit d’une opportunité formidable de partager des modèles qui fonctionnent, qui sont évolutifs et qui peuvent aider à combler les lacunes existantes en termes de financement ou de capacités. C’est aussi une occasion de s’assurer que l’attention politique actuelle sur cette question continue. Nous devons faire beaucoup plus que de traiter les choses sommairement si l’on veut que la nouvelle révolution industrielle soit un processus non exclusif et durable. Cela doit se traduire par l’engagement de nombreux intervenants différents. Du point de vue de l’énergie, l’émergence de partenariats, tels que le Norwegian Energy+ et le partenariat ONU-Énergie/ Global Sustainable Electricity, apportent un espace pour la participation et le dialogue de nombreuses parties prenantes, ainsi que pour une action réelle sur le terrain. Rio+20, quant à elle, offre aux États membres et aux agences des Nations Unies l’occasion de recadrer le concept même de développement dans le contexte de la croissance durable et verte, en gardant un œil sur les engagements internationaux au-delà de 2015. La troisième révolution industrielle commence ici. n

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L’un des plus grands défis sociétaux auxquels est confrontée l’Union européenne (UE) en cette période de crise économique et financière est de trouver le moyen d’assurer une croissance absolument nécessaire tout en faisant ce qu’il faut pour la planète. Ce défi ne se limite en rien à l’UE. Les mécanismes économiques et environnementaux sont liés au niveau mondial, et ce qui arrive d’un côté du globe peut avoir des conséquences dramatiques de l’autre côté de la planète. Sachant que, dans une large mesure, nous sommes confrontés aux mêmes défis et que nos actions ont un impact sur les autres pays, nous avons également l’opportunité d’apprendre les uns des autres et de créer de nouveaux marchés internationaux. Un développement plus judicieux des industries et des technologies en Europe nous permettra d’être mieux armés pour faire face à la pression exercée sur les ressources, au vieillissement de la population, au changement climatique et à la menace pesant sur l’environnement. Mais c’est avant tout la mise en place des conditions requises pour l’investissement dans des secteurs prometteurs qui favorisera une reprise immédiate. En tant que commissaire à l’industrie et à l’entrepreneuriat, je suis fier de conduire la construction d’une industrie européenne encore plus forte et plus compétitive. La stratégie Europe 2020 de la Commission offre une vision des moyens par lesquels nous pouvons transformer l’Union européenne en une économie intelligente, durable et inclusive, dotée de forts taux de croissance, créatrice d’emplois, productive et préservant la cohésion sociale. Nous avons inclus le soutien de la croissance parmi les trois priorités d’Europe 2020, car nous voulons promouvoir une économie qui optimise l’utilisation des ressources, une économie plus verte et plus compétitive. Nous essayons, ce faisant, de garder les idées claires lorsqu’il s’agit d’évaluer les effets de nos principes d’action. Nous devons nous assurer que l’écologie soit compatible avec la croissance et ne la mette pas en péril. L’industrie durable ne devrait pas être considérée comme le domaine réservé d’une industrie environnementale donnée. La durabilité est devenue, au contraire, l’affaire de tous. La transition vers des moyens de production ou des produits et services plus durables peut offrir des opportunités, mais nous devons garder présent à l’esprit que cela exige des investissements plus importants, qui pourraient ne pas être envisageables à court terme. Nous nous efforçons donc de rendre claires, cohérentes et bien conçues des politiques industrielles, climatiques, énergétiques et apparentées qui promeuvent l’éco-innovation sans mener à la délocalisation industrielle et à la perte d’emplois et de prospérité. C’est pour cela qu’en 2011 nous avons lancé Sustainable Industry Low Carbon, une initiative européenne pratique et fondée sur l’industrie, à destination des industries de transformation « traditionnelles » et qui vise à stimuler l’innovation pour réduire les émissions de carbone provoquées par les processus faisant un usage intensif d’énergie.

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La durabilité : un levier pour la croissance économique

Antonio Tajani explique comment l’Union européenne trouve des solutions qui ne menacent ni la croissance, ni le climat, ni l’environnement. La croissance durable et l’utilisation efficace des ressources sont des opportunités pour l’industrie de l’UE Je dois admettre qu’il s’avère parfois difficile de trouver des solutions qui n’affectent ni la croissance, ni le climat, ni l’environnement. Mais bien qu’à première vue cette convergence d’intérêts puisse sembler un mariage de raison, elle se transforme souvent en relation fructueuse. Il existe de fait une tendance croissante au sein des entreprises à produire en utilisant les ressources de manière plus efficace. Ces entreprises ne sont pas nécessairement mues par le désir d’investir dans une planète plus verte, mais elles opèrent des changements dans leurs concepts commerciaux parce que la production écologique est devenue économiquement fiable. L’industrie est en effet un moteur essentiel en ce qui concerne les innovations techniques et

technologiques nécessaires à l’augmentation de la durabilité et de l’efficacité de l’utilisation des ressources. Bien que l’éco-innovation reste sous-exploitée, les investissements publics et privés dans ce domaine ont progressé en continu au sein de l’UE au cours des 10 à 20 dernières années. En matière d’emploi, le secteur des écoindustries a crû jusqu’à atteindre le niveau du secteur des produits chimiques ou du matériel électrique et optique. Entre 1999 et 2008, la hausse de l’emploi annuel dans ce secteur a été en moyenne de quelque 180 000 emplois par an, soit plus de 7 % de croissance annuelle et, en 2008, on estimait qu’il employait 3,4 millions de personnes dans l’UE. En outre, nos objectifs pour 2020 concernant l’énergie pourraient entraîner une baisse de 60 milliards d’euros des importations de pétrole et de gaz et la création de plus d’un million de


Photo : Union européenne 2011

Photo : Kai Pfaffenbach/Reuters

ANTONIO TAJANI est vice-président de la Commission européenne et commissaire à l’Industrie et à l’entrepreneuriat.

passent ainsi à côté des opportunités de réduction de la facture énergétique et de l’augmentation de l’efficacité qu’offrent les produits et les services efficaces. En février 2011, la Commission a revu ce que l’on nomme la « Small Business Act » (loi favorable aux PME) et en a modifié l’orientation pour aider les PME dans leur transition vers une croissance accompagnée d’une utilisation efficace des ressources.

L’avenir des politiques industrielles durables en Europe

Moutons paissant dans un parc solaire photovoltaïque à Waghaeusel, à 19 km au sud-est de Karlsruhe, en Allemagne.

nouveaux emplois dans le domaine des énergies renouvelables et du rendement énergétique. La politique produit de la Commission est un des moteurs clé pour une l’industrie durable. Les neuf premières mesures des directives en matière d’écoconception et d’étiquetage énergétique sont destinées à réduire la consommation annuelle d’énergie d’environ 340 TWh d’ici 2020. Cela représente 12 % de la consommation totale d’électricité dans l’Union européenne ou encore la totalité de la consommation d’électricité de l’Italie en 2007. Alors que certains secteurs verront parfois leur évolution vers une production plus durable entravée, d’autres seront confrontés à des coûts d’investissement élevés dans les nouvelles technologies et l’innovation. Cela pénalise en particulier les petites et moyennes entreprises (PME), qui manquent de temps, d’information et de ressources humaines et financières, et

« L’industrie est en effet un moteur essentiel en ce qui concerne les innovations techniques et technologiques nécessaires à l’augmentation de la durabilité et de l’efficacité de l’utilisation des ressources. »

Des investissements supplémentaires seront nécessaires si l’industrie européenne veut aller plus loin sur le chemin de l’utilisation efficace des ressources. Les points de départ varient largement entre les différentes régions européennes. C’est pourquoi la Commission soutient l’investissement dans les infrastructures et aide à la relance du développement économique dans certaines régions. L’utilisation efficace des ressources peut également représenter une opportunité économique pour les entreprises. En effet, elle permet, par exemple, de trouver de nouveaux moyens de réduire les intrants dans l’industrie manufacturière, d’améliorer la gestion des stocks de ressources, d’optimiser les processus de production et de faire un meilleur usage des déchets. Cela aidera à stimuler l’innovation technologique, à dynamiser l’emploi dans le secteur technologique vert qui est en plein développement rapide et à ouvrir de nouveaux marchés. Il est important pour mes collègues de la Commission et moi-même de rester ouverts à de nouvelles idées et de prendre en considération de nouvelles manières de répondre aux défis économiques et environnementaux auxquels nous sommes confrontés. C’est, après tout, ma toute première priorité que de travailler pour construire une Union européenne viable et florissante, une société compétitive qui lègue un environnement sain aux générations futures. n

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ZOOM SUR UN PAYS

La Slovénie

Prospère et innovante Pays aux montagnes spectaculaires, aux denses forêts et doté d’une courte côte Adriatique, la Slovénie a toujours été la région la plus prospère et la plus libérale de l’ex-Yougoslavie. Les élections multipartistes de 1990 ont été suivies d’un référendum qui a débouché sur l’indépendance en 1991, et depuis qu’il continue seul son chemin, le pays n’a cessé de croître. Il a évolué rapidement d’une économie planifiée à une économie de marché et a adopté le libre commerce, devenant ainsi un modèle de succès économique et de stabilité dans la région. La Slovénie a rejoint l’Union européenne (UE) en mai 2004 et a été le premier des nouveaux entrants à adopter l’euro comme monnaie nationale en 2007. La Slovénie est, dans une large mesure, le pays le plus riche de l’Europe centrale et orientale, se plaçant bien devant ses voisins des Balkans et même devant le Portugal, qui est membre de l’UE depuis 1986. Les niveaux de vie élevés dont bénéficient ses deux millions d’habitants sont largement hérités du passé, du temps où la Slovénie était au cœur de la dynamique commerciale de la Yougoslavie. Dans les années 1970 et 1980, un grand nombre d’entreprises manufacturières slovènes se sont procuré des technologies occidentales grâce à des concessions de licences, ce qui leur a permis de

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devenir compétitives à l’échelle internationale. Depuis l’indépendance, et en particulier depuis que le pays a rejoint l’UE, les industries traditionnelles, comme le textile et la fabrication de camions, ont connu une récession, alors que parallèlement les secteurs de transformation légère à forte valeur ajoutée, tels que les produits pharmaceutiques et l’industrie électrique, se sont développés. Les industries entretenant des liens solides avec les économies d’Europe occidentale et celles qui sont très orientées vers l’exportation ont obtenu d’excellents résultats. Le meilleur exemple est Revoz, filiale slovène du constructeur automobile français Renault, qui, depuis plusieurs années, est le meilleur exportateur du pays. La production a augmenté d’environ 40 % entre 1998 et 2009. En dépit de la crise économique et financière, 2009 a été une année record pour l’usine Revoz, qui a produit 212 680 voitures soit 7 % de plus que l’année précédente. Depuis 2007, Revoz a été la première et l’unique usine Renault à fabriquer le modèle Twingo. En 2003, l’usine, située dans la ville de Novo Mesto, à environ 65 km au sudest de la capitale, Ljubljana, a gagné le prix de l’entreprise la plus sensibilisée aux questions environnementales remis par le Fonds de développement environnemental de Slovénie. Outre celui des voitures et des pièces détachées, les secteurs importants de l’industrie slovène, qui est forte et diversifiée, sont les appareils ménagers, les produits électriques, les produits pharmaceutiques et la transformation du métal. Les services ont vu leur importance croître depuis l’indépendance, ce qui reflète un changement plus ample touchant l’ensemble de l’économie et relègue les industries « de cheminée » à un second plan. L’investissement dans des infrastructures destinées à améliorer la qualité de l’industrie du tourisme a permis de générer une croissance saine des recettes des services dans ce domaine. Les machines et les produits chimiques sont parmi les plus importantes exportations de la Slovénie vers l’Allemagne, son principal

marché. En 2010, les machines et les équipements de transport représentaient 39 % des exportations totales, les produits manufacturés 22 % et les produits chimiques 16 %. Que ce soit sur leur propre sol ou à l’étranger, les entreprises slovènes ont produit et commercialisé des produits couronnés de succès et hautement innovants. Elan, par exemple, figure parmi les meilleurs fabricants de skis et de snowboards ; Seaway est l’une des entreprises leaders sur le marché mondial de la conception de bateaux ; Pipistrel est un fabricant d’avions légers très prospère et Gorenje, un fabricant d’appareils ménagers de haute qualité, très design. Après plusieurs années de croissance ininterrompue, en grande partie alimentée par une augmentation rapide des investissements et des exportations, la Slovénie a été l’un des pays d’Europe centrale les plus sévèrement éprouvés par la crise économique et financière. En 2009, l’économie du pays, orientée vers l’exportation, a été durement touchée, reculant de 8 %. La croissance économique est revenue en 2010, grâce à un redressement de la demande, notamment sur les marchés de l’UE et des Balkans, mais elle a ralenti de nouveau en 2011.


Photo : Bobo

Entretien avec son Excellence Danilo Türk, président de la République de Slovénie Lorsque l’on se penche sur la situation mondiale actuelle, marquée par la crise financière, la crise climatique, la crise du pétrole, la crise alimentaire, on pourrait dresser un sombre bilan. Doit-on en conclure que la mondialisation n’a pas tenu ses promesses ?

d’une nouvelle ère de régulation fine, qui ne devrait pas étouffer le dynamisme de la finance, mais plutôt placer le système financier dans un cadre qui lui assurerait un fonctionnement ordonné.

Venons-en à l’impact de tous ces changements mondiaux : que peut-on faire au niveau local pour atténuer ces crises ? L’intégration régionale offre-t-elle une possibilité de contrôler les effets de la mondialisation ?

Tout d’abord, la mondialisation est un processus ancien qui est en marche depuis des siècles. Par exemple, au XIXe siècle déjà, la mondialisation a progressé grâce à plusieurs innovations, notamment les télécommunications et l’extension de la navigation. Ce qui caractérise la phase de mondialisation actuelle est qu’elle touche davantage de gens, dans plus d’endroits et à un rythme beaucoup plus soutenu que jamais auparavant. Cela est dû, en grande partie, aux opérations sur les marchés internationaux actuels des biens et des services. Aujourd’hui, nous devrions nous demander si ces marchés sont véritablement encadrés par des normes adéquates. C’est la seconde question, qui est désormais au cœur du débat sur la mondialisation. Comme vous le savez, pendant les 30 dernières années, la dérégulation a été à l’ordre du jour. La régulation était considérée comme nuisible aux forces du marché et de ce fait elle n’était pas encouragée. Je crois que cette époque est dépassée et que nous entrons dans une phase où la question de la régulation doit être inscrite au programme mondial et prise en compte très sérieusement. Cela se produit d’ailleurs déjà de fait. En 2009, après la première vague de crise financière, l’enjeu de la régulation du marché et de la gouvernance économique mondiaux est entré au cœur du débat et ‘n’en est jamais plus sorti depuis. Dans le domaine des services financiers et des régulations financières mondiales, en particulier, nous avons sérieusement besoin

C’est une question intéressante, en particulier parce que, de nos jours, il devient très difficile de définir ce qui est local. Bien sûr, les gens vivent et agissent localement, mais très souvent leurs actions locales s’intègrent dans un système beaucoup plus vaste. Prenez, par exemple, le cas d’une usine à Ljubljana qui fabrique des systèmes d’éclairage pour l’automobile. Elle s’intègre à la fois dans un système de production local et dans une partie du système mondial de construction automobile. De ce fait, il est nécessaire que les fabricants locaux prennent en considération les tendances et les enjeux mondiaux quand ils réfléchissent sur leurs problèmes logistiques ou managériaux locaux. La mondialisation a réellement transformé la compréhension de ce qui est local et de ce qui international. Il n’est donc pas aisé de déterminer ce qui peut être fait au niveau local pour atténuer les problèmes mondiaux. Toutefois, le fait n’en reste pas moins que les actions individuelles s’exercent au plan local plutôt que mondial. Concernant les émissions de gaz à effet de serre, par exemple, beaucoup de choses peuvent être faites en régulant et en organisant la circulation locale, spécialement dans les grandes villes. Dans ce cas précis, on ne peut pas attendre des réponses spécifiques de la part des organismes régulateurs mondiaux, ‰ Le Dr DANILO TÜRK est né en 1952, à Maribor, en Slovénie. Il a étudié le droit et a suivi une carrière universitaire au sein de la faculté de droit de l’Université de Ljubljana, en Slovénie. Après la déclaration d’indépendance de la Slovénie, le Dr Türk a joué un rôle actif dans la diplomatie et en 1992 il a assumé la fonction d’ambassadeur de la République de Slovénie auprès des Nations Unies. De 2000 à 2005, il a occupé la fonction de secrétaire général adjoint chargé des Affaires politiques aux Nations Unies. En 2005, il est retourné en Slovénie, devenant professeur de droit international et vice-doyen des affaires étudiantes de la faculté de droit de l’Université de Ljubljana. Il s’est présenté comme candidat indépendant aux élections présidentielles de 2007 et, appuyé par les partis de centre-gauche, les a remportées avec 68 % des voix. Il est ainsi devenu le troisième président de Slovénie le 22 décembre 2007.

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ZOOM SUR UN PAYS

La Slovénie

déterminante vient des villes elles-mêmes. Ce sont elles qui contribuent, pour une large part, aux émissions de gaz à effet de serre et elles ont la capacité de changer cet état de fait ellesmêmes. Ainsi, il est possible de faire beaucoup de choses au niveau local, mais pour cela il faut faire preuve d’imagination et veiller à ce que ces actions s’inscrivent adéquatement dans un cadre plus vaste. Pour ce qui du cadre régional qu’offre l’Union européenne (UE) à la Slovénie, nous apprécions la mise au point de norme environnementale au sein de l’UE. Elles aident les décideurs nationaux à concevoir des normes plus strictes et plus sérieuses qu’elles ne le seraient autrement. Ceci, ajouté à l’affectation de ressources financières de l’UE aux infrastructures de développement locales, nous est vraiment d’une très grande aide. Et comme nous l’avons déjà dit, en Europe tout ce qui est régional est également local. Pour vous donner un exemple : il y a quelques semaines, j’ai inauguré un nouveau centre sportif à Mokronog, une petite ville du sud-est de la Slovénie. Le centre a été construit avec des matériaux respectueux de l’environnement et de manière à améliorer la performance énergétique. Une partie des moyens provenait de l’UE et l’on a appliqué les normes de l’UE. De ce fait, lors de l’inauguration, les habitants de la région ont beaucoup parlé de l’UE comme d’un acteur « local » contribuant à leurs efforts de développement au niveau local. Vous voyez, ce sont les interactions qui existent de nos jours. Dans l’ensemble, je pense que l’UE joue un rôle absolument crucial dans l’atténuation des problèmes internationaux et des défis environnementaux.

Étant donné le caractère positif de cette évaluation, pensez-vous que l’UE pourrait servir de modèle pour d’autres régions également ?

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Photo : Bobo

‰ ni même nationaux. Très souvent, la réponse

Probablement pas. Soyons réalistes à ce propos et tenons compte du fait que les circonstances varient considérablement d’un endroit à l’autre. Si on prend l’UE, avec ses 500 millions d’habitants, et on la compare à l’Inde, par exemple, qui compte plus d’un milliard d’habitants et présente un niveau de développement très différent, on peut facilement comprendre que le même modèle de protection de l’environnement ou de développement économique et social n’est pas concevable. Il faut trouver une façon de travailler à un niveau mondial qui permette d’atténuer plus efficacement l’impact environnemental dans des contextes différents. Pour combiner des politiques différentes sous la forme d’un programme mondial réalisable, il ne faut pas nier les différences, mais travailler en les prenant en compte. De fait, cette question est un bon exemple de la complexité croissante du système de gouvernance mondial actuel, qui fonctionne sans un centre de pouvoir mondial unique. Nous n’avons pas de gouvernement central au niveau mondial. Il va nous falloir trouver une combinaison intelligente entre les divers instruments normatifs, financiers et politiques pour qu’ils puissent s’adapter aux différents contextes et situations locaux et régionaux dans notre monde. En Europe, la coordination de ces instruments sera largement prise en main dans le cadre de l’UE. En Inde, il faudra mettre en

place une politique nationale, de même qu’en Chine. Cela ne veut pas dire que tous ces instruments de gouvernance ne peuvent fonctionner ensemble de manière cohérente. Je crois au contraire que le défi auquel est confrontée la gouvernance mondiale aujourd’hui est de faire converger ces différentes approches. Mais nous devons encore passer par un long processus d’apprentissage à ce sujet. Prenons l’exemple de Copenhague 2009. Les difficultés s’y sont clairement manifestées, car on ne voyait pas encore clairement, alors, comment faire fonctionner ensemble ces différents systèmes d’élaboration des politiques. Nous avons besoin


de règles mondiales et d’un système de régulation international. Cela ne veut néanmoins pas dire qu’il nous faut un cadre unique doté d’un pouvoir contraignant : cela n’a pas marché jusqu’ici. Nous ne devons pas pour autant exclure la possibilité qu’un système de régulation coordonné émerge dans le futur, comptant sur la compréhension et la participation totale de vastes systèmes nationaux, comme l’Inde, la Chine, le Brésil et d’autres grands acteurs.

Dans le système actuel de gouvernance en réseau, beaucoup attendent du G20 qu’il apporte des réponses à bien des problèmes mondiaux, car on le considère souvent comme étant à la fois rapide et ferme. Est-ce l’avenir de la gouvernance mondiale en réseau ? Et bien je pense qu’il faut être réaliste à propos du G20. Le G20 a prouvé en 2009 qu’il était tout à fait efficace et très mobilisateur dans le monde entier. Cela montre qu’il est très important de disposer d’une autorité, dotée de la dose adéquate de pouvoir, pour que les choses avancent. Nous avons toutefois découvert en 2010 et en 2011 que le G20 s’est également beaucoup essoufflé et n’a pas été en mesure d’agir, juste au moment où une grande partie de l’économie mondiale entrait dans une nouvelle phase de crise. Je crois que c’est un signe très clair que le G20 doit se remobiliser. La remobilisation ne doit pas être la fin de l’histoire, bien sûr. Une fois que la principale direction de la gouvernance future sera définie, elle devra s’inscrire dans un cadre adéquat, qui lui-même devra être légitimé. De ce fait, je pense que le G20 – et je crois que les membres du G20 le comprennent parfaitement bien – devra fonctionner dans le cadre de systèmes normatifs comme les Nations Unies et le Fonds monétaire international. C’est au sein de ces systèmes que les normes et les règles du jeu devront être élaborées et définies lors d’un processus participatif. Une approche en deux temps est dès lors inévitable. La première phase sera la remobilisation du G20, et la seconde phase sera la définition des normes et leur légitimation par des institutions appropriées, telles que l’ONU et le FMI.

Dans ce contexte, quelle sera selon vous la recette du succès de RIO+20 en 2012 ? Rio+20 arrive très vite et nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous. La question est

« Prenez le cas d’une usine à Ljubljana qui fabrique des systèmes d’éclairage pour l’automobile. Elle s’intègre à la fois dans un système de production local et dans une partie du système mondial de construction automobile. »

dans le processus visant à faire fonctionner ensemble ces différents modèles et politiques dont l’objectif est la croissance verte. Et beaucoup de ces modèles et politiques sont bien sûr fondés sur l’engagement du secteur privé. Ce n’est pas nouveau. Lors du récent 50e anniversaire de l’OCDE, j’ai constaté une orientation très claire en faveur de la croissance verte. Où que l’on aille, en effet, on entend parler de la croissance verte comme de l’orientation politique souhaitée. La question principale reste de savoir si la communauté internationale est suffisamment bien organisée pour permettre cette avancée. Nous avons des méthodes très fines pour promouvoir cette orientation et je crois que l’ONUDI peut jouer un rôle essentiel dans ce contexte.

Si l’on en revient à l’impact local et aux réponses aux défis soulevés par la durabilité mondiale : comment se situe la Slovénie dans tout cela ? de savoir si l’expérience des années passées aura été correctement digérée et si l’on envisagera le résultat le plus approprié et le plus réaliste en temps voulu. Je crois que ce délai est vraiment très court. En Slovénie, nous nous rangerons derrière l’autorité de la Commission européenne qui a été très impliquée dans les négociations et les différentes conférences de Cancún à Durban et au-delà. De ce fait, les pays de l’UE coordonneront leurs politiques dans le cadre de l’Union, et la Commission guidera le processus. Les pays de l’UE comprennent que Rio a été en soi un grand succès, avec son Agenda 21 et l’encadrement du changement climatique et la biodiversité comme tâches majeures. Mais le suivi a été très disparate et n’a pas réussi sur tous les plans. Il est important que les priorités et les objectifs du développement durable pour la prochaine décennie soient définis à temps, lors du processus préparatoire de Rio+20.

L’ONUDI et d’autres prônent une révolution industrielle durable. Êtes-vous d’accord avec ce type d’approche, qui signifie aussi un engagement plus fort du secteur privé dans les processus de résolution des problèmes ? Tout à fait. Il me semble qu’une nouvelle révolution industrielle n’est pas seulement attendue, mais qu’elle est déjà en route. Dans ce contexte, nous devrions examiner très attentivement des pays comme la République de Corée ou la Chine qui, malgré des tailles très différentes, sont très similaires dans leur ambition d’évoluer vers des technologies qui préservent l’environnement et vers une croissance verte. Voilà quelle devrait être la priorité selon moi. Évidemment, le secteur privé a un plus grand rôle à jouer dans ce type de chemin vers le développement. Le secteur privé a été le moteur du changement technologique par le passé et le restera à l’avenir. Dans ce contexte, l’ONUDI a montré une remarquable capacité d’adaptation, franchissant plusieurs étapes en un temps très court. Je crois qu’il existe maintenant une réelle opportunité pour l’ONUDI de jouer un rôle de coordination

Tout d’abord, la Slovénie est membre de l’UE. Nous en appliquons donc les normes et concevons nos politiques en conformité avec celles de l’UE. Nous sommes néanmoins en retard en ce qui concerne l’utilisation de nos propres ressources dans l’objectif d’un changement technologique. Par exemple, notre pays est extrêmement boisé. Environ 60 % de notre territoire est couvert de forêts. Je pense que nous ne profitons pas assez de l’occasion qui nous est offerte d’utiliser de la biomasse dans la production d’énergie. Nous n’utilisons pas passez le bois comme matériel de construction de maisons énergétiquement performantes. Nous sommes donc en retard dans certains domaines. Par ailleurs, dans d’autres domaines, nous faisons mieux que la moyenne, par exemple dans la production et l’usage de panneaux solaires, ce qui est plutôt une surprise étant donné que nous sommes un pays alpin. Nous faisons mieux également dans des domaines comme la protection et la purification de l’eau et ainsi de suite. Comme vous pouvez le constater, le tableau est contrasté. Nous sommes en avance dans certains domaines technologiques, dans d’autres non. Nous devrions toutefois nous concentrer sur les domaines technologiques dans lesquels nous avons du retard et dans lesquels nous devons faire plus de progrès. l Entretien réalisé par Kazuki Kitaoka, ONUDI.

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Photo : istock

Uncas de « sécurité nationale » Alejandro Litovsky et Paulina Villalpando analysent comment les risques liés à l'investissement dans des terres agricoles créent des opportunités pour la durabilité. Les modalités de propriété de la terre agricole, ce que l’on y cultive et qui la cultive sont les questions qui vont probablement déterminer bon nombre des profits, des politiques et vraisemblablement des révolutions du siècle à venir. Comme le paradigme agricole de la productivité industrielle est confronté à des pressions sociales, économiques et de gouvernance croissantes, les investisseurs qui cherchent à gérer les risques qui en résultent vont devoir appliquer une approche non conventionnelle de la gestion du risque : intégrer les limites écologiques et la sécurité humaine dans l’équation agricole. Les prix des denrées alimentaires connaissent une hausse constante. La plupart des terres arables de la planète est cultivée, et une étendue considérable de ces dernières est destinée à la culture des biocarburants et d’aliments pour le bétail. Aux immenses quantités d’eau nécessaires à l’irrigation s’ajoutent les besoins de consommation d’eau croissants des hommes et des centrales hydroélectriques. À mesure que la population mondiale continue de s’accroître, la « terre » devient rapidement le lien qui assure l’équilibre

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général entre tous ces paramètres. Si l’on ajoute à cela les sécheresses récurrentes, on comprend immédiatement pourquoi l’armée américaine considère le climat comme un « amplificateur de menace ».

La sécurité des terres Les investisseurs se précipitent sur les actifs financiers fondés sur la terre, considérés comme des options plus sûres que les marchés d’actions et obligataires, plus instables ; et pour des pays comme l’Arabie saoudite et la Chine, les réserves de denrées alimentaires sont devenues un sujet de sécurité nationale. Ces deux tendances ont eu pour résultat l’acquisition de terres à grande échelle dans des régions où le sol est encore fertile et l’eau encore disponible. Dans la seule Afrique sub-saharienne, en tout juste dix ans, les investisseurs ont loué plus de 200 millions d’hectares en vue de leur développement agricole par des gouvernements qui passent souvent outre les intérêts des communautés vivant sur ces terres. Cela a entraîné des expulsions et de l’instabilité sociale. Cette situation menace la réputation des investisseurs et entraîne des risques politiques


qui sapent la viabilité des investissements à long terme. L’approche conventionnelle de la gestion du risque va connaître des difficultés. Il est nécessaire que les entreprises et les investisseurs harmonisent la productivité agricole, les droits de l’homme et les limites écologiques au sein d’une stratégie intégrée. De même que les constructeurs automobiles ont évolué vers la production de voitures électriques, les grandes sociétés de l’industrie agroalimentaire évolueront vers l’agriculture biologique. De même que de nouvelles entreprises sont créées en vue de fournir des services à travers des réseaux bien distribués, comme les systèmes de partage de voiture dans les grandes villes, l’industrie agroalimentaire doit mieux intégrer le rôle des petits agriculteurs en repensant radicalement ses modèles d’entreprise. On encouragera mieux à poursuivre ces innovations par une profonde compréhension des défis liés aux risques et à la sécurité inhérents au modèle courant que par des appels à la durabilité internationale. Le type de schéma de sécurité qui se dessine combine trois sortes de risques interconnectés :

La productivité Aux États-Unis, pour ne citer qu’un exemple, du fait de la croissance exponentielle des insectes nuisibles qui se sont adaptés aux pesticides, comme le glyphosate, les agriculteurs américains sont soit dans l’impossibilité de supporter les coûts des produits chimiques supplémentaires, soit forcés d’essayer des cocktails chimiques non testés, qui peuvent augmenter la toxicité des réserves d’eau et du sol. Les analystes financiers ont signalé que la résistance croissante des insectes aux pesticides chimiques est un motif de préoccupation pour les actionnaires des entreprises agrochimiques. Les limites écologiques forcent les agriculteurs à reconnaître l’importance que revêt un environnement sain sur la productivité agricole à long terme. Les méthodes biologiques qui évitent l’usage massif de produits chimiques et la modification génétique pour privilégier, par exemple, l’augmentation de la biodiversité des cultures et de leur rotation comme stratégie de lutte contre les insectes nuisibles, se sont avérées efficaces. Récemment, après 30 ans de recherche scientifique, le Rodale Institute aux États‰

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« Les accords d’investissement pourraient dynamiser les exportations d’aliments, mais la question préoccupante de la sécurité humaine et des conflits liés à la terre va occuper la première place de l’ordre du jour du monde des affaires et des investissements »

‰Unis a prouvé que l’agriculture biologique, bien qu’elle ait un rendement inférieur au cours des premières années, l’emporte à long terme sur l’agriculture chimique traditionnelle en termes de rendement des cultures, de durabilité et de profit. Il s’agit de la plus longue comparaison scientifique entre agriculture biologique et agriculture traditionnelle menée jusqu’à présent. Une partie de ce changement de paradigme implique de concevoir la fertilité du sol et la diversité des écosystèmes qui s’y rattachent comme des « biens naturels » qui doivent être pris en compte dans l’équation économique agricole. En Afrique sub-saharienne, soit les agriculteurs sont trop pauvres pour recourir à des solutions chimiques, soit les modèles de distribution sont insuffisamment développés. Ainsi, le besoin d’appliquer des méthodes naturelles de fixation de l’azote dans le sol favorise l’innovation agricole qui peut alimenter à son tour le secteur de la recherche des pays les plus développés avec une quantité considérable d’informations. Les « systèmes de fertilisation par les arbres » en sont un exemple : en plantant le long des cultures certains types d’arbres qui fixent l’azote, les agriculteurs ont réussi à accroître non seulement la fertilité des cultures, mais aussi la diversité biologique, nécessaire pour faire face aux changements climatiques, comme les sécheresses plus fréquentes. Connaissant les risques qui menacent à long terme la productivité agricole, lors de la transition de la « révolution écologique » à l’ « économie écologique », il sera probablement opportun, d’un point de vue économique, pour les entreprises et les investisseurs, que d’assumer les coûts à court terme de l’évolution vers une agriculture respectueuse de l’environnement.

Sécurité humaine Étant donné que les gouvernements de l’Afrique sub-saharienne font en général preuve de peu de responsabilité, les accords d’investissements fonciers à grande échelle conclus entre eux et les investisseurs, même lorsque ceux-ci sont bien intentionnés, sont susceptibles d’augmenter la vulnérabilité des communautés pauvres. Les risques pour la sécurité humaine sont considérables, soit parce que les communautés sont évincées de force des terres publiques qu’elles ont cultivées, en général de manière informelle et depuis

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plusieurs générations, soit parce que de nouveaux canaux, conçus pour améliorer l’irrigation à grande échelle, mettent en péril la disponibilité de l’eau pour l’agriculture de subsistance. L’instabilité sociale et la vulnérabilité croissantes, corollaire de cette industrie en plein essor, sont de plus en plus visibles et certains cas fortement médiatisés ont montré à quel point ces risques en termes de réputation et politiques sont réels et importants pour les investisseurs et les entreprises. La prise en compte de la sécurité humaine va dorénavant devenir la règle pour les investissements dans l’agriculture, même si cela implique d’aller au-delà de la conformité à la loi. L’Éthiopie, par exemple, a offert récemment de louer 3 millions d’hectares à des investisseurs étrangers pour la production agricole, alors que 2,8 millions d’Éthiopiens souffrent de la faim en raison de l’une des pires famines de l’histoire. Ces accords d’investissement pourraient certes dynamiser les exportations d’aliments, mais la question préoccupante de la sécurité humaine et des conflits liés à la terre va figurer en tête de l’ordre du jour du monde des affaires et des investissements. Il ne suffit pas de blâmer les gouvernements irresponsables pour tirer d’affaire les investisseurs. Ils vont devoir prendre des mesures proactives pour assurer la transparence des accords d’investissement et trouver une solution à la coexistence de la propriété foncière privée et du mode d’exploitation informel qui est le fait des communautés. L’histoire montre que, comme dans d’autres domaines où les gouvernements ont été lents à répondre ou simplement laxistes (par exemple sur le plan des normes de travail ou dans l’affaire de l’empreinte environnementale de la chaîne d’approvisionnement d’Apple en Chine, qui a mené à une impasse) le secteur privé devra assumer ses responsabilités. On peut raisonnablement penser qu’une approche proactive de la gestion du risque doit inclure des manières d’impliquer les communautés locales pour le bénéfice de celles-ci, non seulement en obtenant leur consentement préalable et fondé à ces accords, mais aussi par des choix qui favorisent la participation de leur capacité et de leurs moyens de subsistance au développement.

Limites écologiques La situation au Mali illustre les défis qui nous attendent. Une étude récente a rassemblé l’ensemble des nouveaux accords fonciers conclus par le gouvernement malien et a montré que s’ils étaient tous respectés dans leur intégralité, l’eau du fleuve Niger ne suffirait pas pour satisfaire aux besoins d’irrigation qu’implique leur mise en œuvre. La disponibilité en eau et le droit d’utilisation qui accompagne les droits fonciers seront le principal sujet de contentieux. Actuellement, il semblerait que deux gros investissements exigent plus de la moitié de la réserve critique d’eau pour la saison sèche, et ont l’exclusivité du service en cas de situation d’urgence. Certains des nouveaux contrats considèrent les droits d’utilisation de l’eau comme un acquis. Un grand canal d’irrigation est en train d’être construit par des investisseurs libyens pour répondre aux besoins en eau de l’agriculture à échelle industrielle. Ce canal affecte semble-t-il la fourniture en eau de plus de 90 000 hectares de terres utilisées par des petites exploitations pratiquant l’agriculture de subsistance (un ou deux hectares par personne) et coupe des voies de circulation pour le bétail. Étant donné la pénurie d’eau imminente, les analystes prévoient l’émergence de deux graves problèmes : la disponibilité en eau pour l’agriculture et les conflits liés à l’eau. Le climat change et les sècheresses récurrentes, toujours plus difficiles à prévoir, sont susceptibles d’aggraver la situation. Les contrats fonciers qui accordent un accès préférentiel aux ressources en eau, ou ne prennent pas en compte les droits relatifs à l’eau, devraient inquiéter les investisseurs - de même que la capacité institutionnelle globale mise en place par les organismes gouvernementaux pour gérer l’ensemble des demandes de développement agricole à partir de ressources en eau limitées. D’autres conséquences imprévues, provoquées par le dépassement de ces limites écologiques, représentent des risques supplémentaires pour les investisseurs. Par exemple, depuis 2004, l’Arabie saoudite a loué plus de 376 000 hectares au gouvernement soudanais pour cultiver du riz, une culture à forte consommation d’eau. La faible régulation de la gestion de l’eau a forcé le gouvernement soudanais à mettre un terme à sa production de


Image: Damien Glez

blé en raison de la pénurie d’eau, ce qui a ensuite réduit les approvisionnements en céréales et augmenté leur prix sur le marché local. Un autre exemple est celui de la Tanzanie, où la demande en eau entraînée par les investissements fonciers a eu un effet néfaste sur l’approvisionnement en électricité, ce qui a ensuite affecté l’économie entière du pays, plus de la moitié de l’électricité du pays étant d’origine hydroélectrique. Il est raisonnable de supposer que ces compromis et ces externalités, qui se traduiront de plus en plus par des coûts à inscrire au compte pertes du bilan, sont en train de redéfinir la manière d’évaluer la productivité à long terme et le risque des investissements fonciers et agricoles.

Et après ? Tant que le progrès dépendra de l’accès des gouvernements des pays hôtes à une bonne gouvernance et à un aménagement du territoire adéquat, les coûts de l’inaction pèseront sans aucun doute sur les bilans des sociétés et des investisseurs. Pour éviter ces risques un peu de prévoyance est nécessaire. Les deux domaines possibles pour faire avancer ce dossier sont :

La transparence Les pressions en vue d’obtenir une plus grande transparence sont en augmentation. Dans la société civile, un partenariat de recherche entre la Coalition internationale pour l’accès à la terre et un certain nombre d’agences de développement vise à produire la plus grande base de données du monde sur les investissements fonciers à grande échelle. Accroître la transparence des investisseurs peut entraîner des cercles vertueux et favoriser celle des gouvernements et des communautés ; mais la transparence ne sera pas facilement atteinte, surtout en raison des pressions exercées par la concurrence dans le secteur des investissements. Des mesures ont toutefois été prises par le biais du Groupe de travail sur les terres agricoles dans le cadre des Principes pour l’investissement responsable (PRI), qui met en commun six fonds de pension pesant conjointement 1 300 milliards de dollars US d’actifs , en vue d’explorer les moyens de favoriser des investissements plus responsables. Mettre en œuvre l’engagement

sur la transparence est l’une de leurs principales inquiétudes. Il existe des opportunités considérables pour la coopération, mais en particulier dans le domaine de l’application des mesures en faveur de la transparence, c’est le premier investisseur à prendre l’initiative qui aura l’avantage.

L’industrie agroalimentaire au-delà de la conformité à la loi L’obtention d’un consentement préalable et fondé de la part des communautés locales pour les investissements à grande échelle devient une exigence centrale de la société civile vis-àvis des gouvernements comme des investisseurs. Encadrer cela à partir du respect de la loi est essentiel, mais le plus important d’un point de vue commercial sera de créer des chaînes de valeur plus inclusives et d’offrir aux communautés locales les moyens de s’impliquer dans le développement. Étant donné que les médias du monde entier se montrent de plus en plus intéressés par ce dessein, les investisseurs continueront vraisemblablement d’être exposés lorsqu’ils ne tiennent pas leurs promesses, comme ce fut récemment le cas pour des investissements dans les biocarburants en Tanzanie. S’assurer

qu’il existe une vision à long terme du développement d’une communauté va probablement figurer au centre de ce programme. Les marchés financiers mondiaux étant dans la tourmente, les investisseurs considèrent les actifs fonciers comme une option plus stable. Nombreux sont ceux qui pensent qu’il est injuste qu’un projet plus ample en faveur des droits de l’homme et de la durabilité aille de pair avec un accent mis sur les investissements, mais intégrer les risques pesant sur la productivité, la sécurité humaine et le respect des limites écologiques dans l’équation est essentiel pour bien comprendre ce qui nous attend. La gestion de ces risques de façon proactive offre non seulement une occasion extraordinaire de faire avancer la cause de la durabilité et évoluer la vision actuelle de la productivité. Il faut aller vite et tout le monde a intérêt à essayer de faire en sorte que le programme foncier fonctionne à long terme. l Alejandro Litovsky est le fondateur et le

directeur de la Earth Security Initiative (Initiative pour la sécurité de la terre) ; Paulina Villalpando est membre de la Earth Security Initiative. www.earthsecurity.org

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POLITIQUE EN BREF

Réseaux pour la prospérité Par KAZUKI KITAOKA, responsable de gestion de programme, ONUDI Le partage du savoir ainsi que la gouvernance en réseau ne sont certes pas une nouveauté. Ils ont néanmoins gagné en importance avec la mondialisation rapide de toutes les sphères de notre société : la réussite économique, la cohésion sociale et la durabilité de l’environnement d’un pays dépendent plus que jamais de la performance et des comportements de ses voisins, des leaders régionaux et des pouvoirs économiques internationaux. Ce savoir, plus particulièrement celui axé sur l’entreprise privée qui est le moteur du développement, a ainsi acquis une importance fondamentale, et la gestion des connaissances ainsi que leur partage en réseau sont des sujets importants pour les agents du changement et les décideurs politiques. L’ONUDI et le Centre d’études de la gouvernance internationale de Louvain ont publié conjointement un rapport intitulé « Networks for Prosperity – Achieving Development Goals through Knowledge Sharing » (Réseaux pour la prospérité : atteindre les objectifs pour le développement grâce au partage des connaissances). Ce rapport établit les bases de la détermination de concepts de partage du savoir en réseau qui aideront les pays en développement à acquérir des connaissances pertinentes en matière de développement du secteur privé (DSP) et à les adapter à leurs contextes et à leurs besoins spécifiques. Elles permettront également d’améliorer les moyens du système des Nations Unies, de ses homologues nationaux et de ses partenaires en matière de connaissances dans le domaine des politiques de DSP. La responsabilité de préparer cette publication a été attribuée à l’ONUDI en sa qualité

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d’agence coordonnatrice technique du volet de financement intitulé « le développement et le secteur privé » du Fonds espagnol pour la réalisation des OMD (F-OMD). Le rapport explique d’abord pourquoi les réseaux d’information et de connaissances sont importants, en différenciant les réseaux d’apprentissage, d’information et de création de savoir. Il se base ensuite sur des données empiriques pour créer un « Indice de connectivité » mondial qui permet de classer les pays en fonction de leurs capacités de partage du savoir en réseau au niveau national et international. Selon cette classification initiale, les 20 pays les plus connectés sont : 1 la Suisse 2 la Suède 3 les Pays-Bas 4 les États-Unis 5 la Finlande 6 Singapour 7 la Norvège 8 le Canada 9 l’Allemagne 10 le Royaume-Uni 11 la France 12 l’Australie 13 le Japon 14 la Malaisie 15 la République tchèque 16 la Nouvelle-Zélande 17 Israël 18 la Slovénie 19 la Corée, République de 20 la Thaïlande Le rapport montre clairement qu’il existe une forte corrélation positive entre la « connectivité » d’un pays et les divers aspects de sa performance économique, ce qui justifie l’intérêt croissant que portent les décideurs aux réseaux de connaissances. D’autres chapitres

abordent des questions spécifiques liées à la gouvernance de réseaux internationaux, inter-organisationnels et intraorganisationnels. Elles sont illustrées par des exemples détaillés tirés d’un large éventail de pays en développement et d’économies en transition. Ce qui en ressort, dans tous les cas, c’est que l’incorporation réussie de réseaux de connaissances dans les structures et les réseaux liés aux politiques de développement s’avère très avantageuse. Mais il faut bien plus que cela pour pouvoir compter sur des réseaux de connaissances dynamiques. Un « écosystème institutionnel » vivant, avec de nouveaux organismes qui fournissent de nouvelles connaissances et opportunités, est nécessaire. Il est également indispensable de créer des réseaux solides et durables qui soient fondés sur la confiance, ainsi que d’assurer un mouvement constant entre les réseaux concernés pour saisir de nouvelles informations. Le rapport formule les recommandations suivantes : 1. La communauté internationale devrait promouvoir activement les réseaux de connaissances et les structures de gouvernance en réseau pour atteindre les objectifs de développement aux niveaux local, régional et mondial. Cela peut impliquer de : – favoriser les approches internationales, nationales et locales de mise en réseau des connaissances dans toutes les activités de renforcement des capacités ; – améliorer la prise de responsabilité nationale grâce à des accords de mise en réseau entre plusieurs acteurs dans le cadre des processus décisionnels à tous les niveaux ; – rendre le système international plus inclusif en faisant en sorte que davantage de pays et d’institutions se livrent à des procédés de recherche de solutions, et – soutenir les accords de mise en réseau pour favoriser l’innovation et le développement du secteur privé. 2. Les États membres des Nations Unies devraient encourager et favoriser l’augmentation des capacités internationales de partage des connaissances en réseau de leurs


POLITIQUE EN BREF

institutions publiques et privées. Il s’agit, par exemple, de : – formuler des stratégies de mise en réseau pour la réalisation des objectifs de développement et des réformes ; – soutenir la politique régionale et la participation au réseau de recherche ; – investir dans l’infrastructure institutionnelle et dans les réseaux d’innovation aux niveaux national et international (Sud-Sud et « triangulaire ») ; – mettre à niveau les capacités et les moyens de partage des connaissances en réseau des institutions nationales, et – appliquer des mesures incitatives pour la formation de nouveaux réseaux dans des domaines spécifiques d’intérêt stratégique. 3. Les organisations internationales devraient améliorer leurs systèmes interinstitutionnels d’échange d’informations et de connaissances et favoriser un meilleur partage de ces dernières entre leurs membres. Il s’agit, par exemple, de : – améliorer l’échange d’informations thématiques dans les communautés de pratique pour fournir plus de plateformes conviviales de partage des connaissances entre les membres ; – rechercher la participation d’acteurs non étatiques dans les processus d’élaboration des politiques et – soutenir le développement de réseaux de connaissances dans des domaines pertinents. 4. Un réseau international et intersectoriel de recherche et de politiques devrait être mis en place pour continuer de développer les conclusions initiales sur la connectivité et les réseaux de connaissances pour la réalisation des objectifs de développement. Il devrait recommander des mesures et des programmes qui accroissent l’efficacité du développement par le biais de réseaux de connaissances plus importants, en particulier dans le domaine du développement du secteur privé. n

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POLITIQUE EN BREF

Captage et stockage du carbone dans les applications industrielles Par la division des politiques de technologie de l’énergie de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) et du Service de l’énergie et du changement climatique de l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel (ONUDI). Les options actuelles pour réduire les émissions de CO2 provenant de sources industrielles ne suffiront pas à diminuer fortement les émissions dans l’industrie. De nouvelles technologies sont donc nécessaires. L’AIE et l’ONUDI, qui reconnaissent l’importance du captage et stockage du carbone (CSC), ont collaboré à la mise au point d’une feuille de route technologique pour l’application du CSC dans l’industrie.

Principales conclusions Le captage et stockage du carbone est une option rentable clé pour réduire les émissions de dioxyde de carbone (CO2) provenant des applications industrielles. Alors que le secteur de l’énergie peut opter pour des solutions de rechange à l’utilisation de combustibles fossiles, le CSC est le seul moyen de diminuer considérablement les émissions dans un certain nombre de secteurs. Le CSC pourrait éliminer jusqu’à 4 gigatonnes d’émissions de CO2 par an d’ici à 2050 dans les applications industrielles, ce qui équivaut à environ 9 % des réductions nécessaires pour diviser par deux les émissions de CO2 liées à l’énergie à l’horizon 2050. Pour atteindre cet objectif, 20 à 40 % de toutes les installations doivent être équipées pour le CSC d’ici à 2050. Le traitement du gaz naturel, la production d’hydrogène à partir de gaz naturel, de charbon ou de biomasse, la

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« Dans les pays en développement, le captage et stockage du carbone pourrait faire partie d’une stratégie de développement industriel à faible émission de carbone. » production d’oxyde d’éthylène, la liquéfaction du charbon et la production d’ammoniac sont des sources de CO2 très pur qui offrent une première occasion de démontrer l’importance du CSC. Si l’on pouvait l’associer à une récupération améliorée du pétrole, les coûts pourraient être inférieurs à 10 dollars US par tonne de CO2, voire être négatifs. Des mesures incitatives et réglementaires seront nécessaires pour le CSC en général et en particulier pour favoriser ses applications industrielles. Les mécanismes choisis doivent correspondre au niveau de développement de la technologie et il faut effectuer la distribution des fonds pour les programmes de démonstration du CSC de façon efficace entre la production d’électricité et les procédés de production industrielle. Dans l’industrie, le CSC nécessite d’un soutien plus spécifique, notamment d’une assistance financière permettant d’investir dans le processus et de le mettre en application. Après un certain temps, cependant, les mesures incitatives destinées aux technologies de CSC devraient être octroyées principalement en fonction de leur capacité à réduire les émissions de CO2.

Environ 256 milliards de dollars US d’investissements en capital supplémentaires seront probablement nécessaires pour le CSC industriel entre 2010 et 2030, dont 172 milliards de dollars US dans les pays en développement. Ce coût élevé additionnel est l’un des principaux obstacles à la mise en œuvre du CSC. Dans les pays en développement, le CSC pourrait faire partie d’une stratégie de développement industriel à faible émission de carbone. Il serait possible de surmonter partiellement l’obstacle du coût à condition de mettre en œuvre le CSC par le biais de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), le Mécanisme de développement propre (MDP) ou d’autres nouveaux mécanismes climatiques internationaux. «Si le CSC progresse dans le cadre du MDP, il y a de fortes chances que les premiers projets voient le jour dans l’industrie.

Principales actions dans les 10 prochaines années Les gouvernements doivent assurer un financement adéquat pour les projets de démonstration du CSC dans les principaux secteurs industriels et de transformation des carburants tels que l’ammoniac, le traitement du gaz, la conversion de la biomasse, les raffineries, le fer et l’acier et la fabrication du ciment. D’ici à 2020, un investissement à hauteur de 27 milliards de dollars US sera nécessaire pour financer quelques 60 premiers projets de grande envergure. Si l’on inclut les coûts d’exploitation, de transport et de stockage, l’investissement total supplémentaire serait d’environ 45 milliards de dollars US. Les gouvernements et les bailleurs de


POLITIQUE EN BREF

fonds doivent s’assurer que des mécanismes de financement soient en place pour soutenir la démonstration et le déploiement du CSC dans les pays en développement, car c’est là que se trouvent les plus grandes opportunités de captage de CO2 dans les applications industrielles. Davantage de données sur les émissions, les technologies, les coûts et les projections doivent être rendues accessibles afin de permettre une meilleure compréhension du potentiel de CSC dans les applications industrielles. Les gouvernements doivent examiner les possibilités de CSC industriel dans leur pays et veiller à ce qu’on lui donne de l’importance sur le court terme, en particulier dans les applications à faible coût. Bien que l’industrie se verra un jour ou l’autre dans l’obligation de mettre en œuvre la technologie, il faut que la recherche publique et les programmes de développement en matière de CSC dans les applications industrielles versent plus d’informations dans le domaine public. Les meilleures pratiques de CSC dans les applications industrielles doivent être définies et diffusées de façon à ce que les parties intéressées puissent apprendre plus vite comment appliquer les technologies en question. Il faut mieux définir et avec plus de précision les opportunités de CSC dans les applications industrielles aux niveaux national et local, y compris les opportunités de stockage du CO2 lors des opérations de récupération améliorée du pétrole. l Technology Roadmap – Carbon Capture and Storage in Industrial Applications, © – (Feuille de route – Captage et stockage du carbone dans les applications industrielles), L’OCDE/l’Agence internationale de l’énergie et l’Organisation des Nations Unies pour le développement industriel, 2011, page 5.

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LE MOT DE LA FIN

Photo : istock

La nouvelle frontière pharmaceutique Dans la perspective du prochain numéro de Making It, qui se concentrera sur l’industrie et la santé, SUMI DHANARAJAN considère la façon dont l’industrie pharmaceutique peut améliorer l’accès aux médicaments dans les pays en développement. Cette décennie a été difficile pour l’industrie pharmaceutique. La valeur des produits pharmaceutiques de marque s’est effondrée en raison de l’expiration massive des brevets, du manque de mise au point de nouveaux produits et de l’intensification de la concurrence des génériques. Dans le même temps, les marchés traditionnels sont de plus en plus saturés. Les dures réalités auxquelles sont confrontés les pays industrialisés, telles que l’impact du vieillissement des populations sur les modèles de soins de santé financés par l’impôt et par l’employeur, poussent les gouvernements à adopter des régimes réglementaires qui exigent des prix des médicaments plus économiques, basés sur la valeur et transparents. Dans ce contexte, les marchés émergents apparaissent comme une nouvelle opportunité. Les pays en développement ont d’abord attiré les sociétés multinationales en offrant des possibilités de production à faible coût. À présent, ils constituent un marché viable pour leurs produits. L’industrie pharmaceutique observe cette tendance depuis un certain temps. Une étude récente prévoit que les ventes dans 17 pays à forte croissance pour les produits pharmaceutiques, dont l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, la Thaïlande et le Vietnam, vont « afficher, ensemble, une croissance de 90 milliards USD sur la période 2009-2013 ». Pourtant, dans de nombreuses économies émergentes, une grande proportion de la population est pauvre, et ceux qui ne le sont pas restent exposés au risque de sombrer dans la pauvreté en temps de crise. Les individus financent directement la majeure partie des soins de santé ( jusqu’à 60 % en Asie) et de nombreux pays assument un « triple fardeau de maladies » : des maladies

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« anciennes » comme la tuberculose et le paludisme, de nouvelles maladies infectieuses comme la grippe A (H1N1) et une « pandémie silencieuse » que constituent des maladies non transmissibles comme le diabète et le cancer. Les défis liés à l’accès aux médicaments restent critiquent, et le secteur doit, en effet, en tenir compte dans son modèle d’affaires. Les approches philanthropiques au problème n’ont engendré qu’un faible changement systémique. Les dons de médicaments par les entreprises ont été l’objet de critiques car ils sont, la plupart du temps, non viables. Souvent, les médicaments ne sont pas adaptés aux patients, ne sont pas connus des prescripteurs locaux, ne correspondent pas aux directives cliniques nationales ou sont sur le point d’expirer. Les livraisons de dons de médicaments sont parfois imprévisibles, pouvant ainsi créer le chaos sur le marché en empêchant la quantification précise des besoins et en perturbant la planification. Les dons de médicaments peuvent aussi avoir un effet négatif général en sapant la concurrence locale, car même les génériques ne peuvent pas rivaliser avec des médicaments gratuits.

Les réductions de prix se sont avérées plus efficaces, même si leur effet est limité du fait qu’elles sont concentrées sur des maladies spécifiques à forte visibilité et sur les pays les moins avancés (PMA). Les défenseurs d’un meilleur accès aux médicaments exigent trois choses à l’industrie pharmaceutique : l des systèmes de tarification transparents qui relèvent systématiquement le défi de rester abordables ; l des investissements dans une recherche et développement adaptée aux maladies qui touchent spécifiquement les pays en développement et qui vise à mettre au point des médicaments qui s’ajustent aux contextes pauvres en ressources (par exemple, des formules thermostables ou des médicaments en association fixe), et l une approche flexible de la propriété intellectuelle (PI), reconnaissant le rôle que jouent les génériques dans la baisse considérable des prix des médicaments. Les grandes entreprises commencent à comprendre comment l’intégration de ces préoccupations dans les pratiques commerciales de base peut constituer une solution pour assurer la rentabilité du développement durable à long terme sur les marchés émergents. Le recours au modèle traditionnel du « médicament à succès », qui vise l’élite, se révèle impossible et irréfléchi. Tout d’abord, il limite la quantité de consommateurs. Plus important encore, le fait que le modèle repose sur une défense agressive des brevets et des marges de bénéfices élevées, afin de générer le sacrosaint milliard de dollars par an, empêche les entreprises de servir efficacement les marchés cibles en fournissant des produits qui soient adaptés, abordables et accessibles. Beaucoup affirment que les incitations perverses créées par le modèle du médicament à succès découragent l’innovation. Enfin, les gouvernements des pays en développement commencent à donner la priorité aux soins de santé et sont à la recherche de résultats rentables, ainsi que de


LE MOT DE LA FIN

MakingIt L’industrie pour le développement

LECTURES COMPLÉMENTAIRES

moyens de gérer efficacement les charges liées à la maladie. Dans ces pays, il est devenu essentiel d’intégrer l’accès à la médecine dans les modèles d’entreprise de base des sociétés avant de pouvoir obtenir une licence pour fonctionner. À la fin de l’année 2008, une société a tenté de se frayer un chemin nouveau. Le directeur général de GlaxoSmithKline (GSK) a dévoilé un plan en quatre points qui comprenait un engagement à plafonner les prix des médicaments brevetés dans les PMA à 25 % du prix pratiqué dans le monde développé. Dans les pays à revenus intermédiaires, les prix reflètent mieux la capacité d’un pays à payer (par exemple, GSK a réduit le prix de Cervarix, son vaccin contre le cancer du col utérin, de 60 % aux Philippines, ce qui lui a permis de multiplier par 14 le volume de ses ventes). En outre, GCK a proposé la création d’un pool de brevets destiné aux PMA pour les maladies tropicales négligées et a fait don à ce dernier de 13 500 composés pour les vaccins antipaludiques. Lentement, d’autres entreprises emboîtent le pas. Sanofi-Aventis a récemment annoncé qu’elle réduirait de moitié le prix de son traitement contre le diabète, Lantus, et contre le cancer, Taxotere, en Indonésie et aux Philippines. La société japonaise Eisai a diminué le prix d’Aricept, un traitement contre Alzheimer, dans six pays asiatiques. D’autres entreprises essaient des modèles commerciaux destinés à la base de la pyramide et qui visent à stimuler les ventes. Le modèle Arogya Parivar de Novartis vend des médicaments dans des paquets plus petits et plus abordables. Le jury ne parvient toujours pas à trancher quant à savoir si ces nouvelles approches apportent un changement systémique, et si les entreprises sont en train d’adopter une

stratégie du « service » ou de la « capture » du marché, mais au moins la question de l’accès aux médicaments n’est plus considérée aux conditions du marché. Il reste des choses à faire concernant la question de la propriété intellectuelle (PI), vache sacrée de l’industrie pharmaceutique. Les gouvernements des pays en développement continuent de s’engager de front dans des batailles avec les géants pharmaceutiques à propos des licences obligatoires et des législations sur les brevets. Il existe un sérieux questionnement quant à savoir si les droits de PI représentent réellement une incitation efficace pour le développement de médicaments, en particulier pour le traitement des maladies des pays en développement, étant donné le manque de recherche et de développement visant ces maladies à l’heure actuelle. De nouveaux modèles sont mis à l’essai. Le pool de brevets d’UNITAID pour les médicaments contre le SIDA, par exemple, permet aux producteurs de médicaments génériques d’élaborer des versions moins chères de médicaments brevetés en donnant la possibilité aux titulaires de brevets d’octroyer une licence de leur technologie en échange du versement d’une redevance. En fin de compte, les médicaments génériques restent à l’heure actuelle la principale solution pour la fourniture de médicaments à prix abordables. Avant de pouvoir formuler des politiques qui rendent possible la concurrence des génériques avec l’industrie pharmaceutique de marque, il sera nécessaire de prendre des mesures créatives mettant l’accent sur l’impératif de maximiser la santé publique. l Copyright : Project Syndicate, 2010. www.project-syndicate.org

SUMI DHANARAJAN est une consultante indépendante spécialisée dans les domaines des affaires, des droits de l’homme et du développement durable. Elle est basée à Singapour depuis août 2009. De 1998 à 2008, elle a été à la tête de l’équipe du secteur privé à Oxfam GB, l’organisme de développement international de lutte contre les problèmes de pauvreté dans le monde entier.

Economic Commission for Latin America and the Caribbean (ECLAC) – The Economics of Climate Change in the Caribbean Summary Report Ford, Martin – The Lights in the Tunnel: Automation, Accelerating Technology and the Economy of the Future Heinberg, Richard and Lerch, David (eds) – The Post Carbon Reader: Managing the 21st Century’s Sustainability Crises Kugelman, Michael and Levenstein, Susan (eds) – Land Grab? The Race for the World’s Farmland Lovins, Amory – Reinventing Fire: Bold Business Solutions for the New Energy Era Martenson, Chris – The Crash Course: The Unsustainable Future of Our Economy, Energy, and Environment Palast, Greg – Vultures’ Picnic: In Pursuit of Petroleum Pigs, Power Pirates and High-Finance Carnivores Parenti, Christian – Tropic of Chaos: Climate Change and the New Geography of Violence Srinivasan, Ancha, Ling, Frank, Nishioka ,Shuzo and Mori, Hideyuki Mori (eds) – Transition to Low-Carbon and Climate-Resilient Economies in Asia: Challenges and Opportunities Yergin, Daniel – The Quest: Energy, Security, and the Remaking of the Modern World

SITES INTERNET COMPLÉMENTAIRES http://cleanenergysolutions.org – The Clean Energy Solutions Centre helps governments turn clean energy visions into reality. http://regions20.org – A coalition of partners led by regional governments, working to develop, finance, implement, evaluate and replicate low-carbon and climate-resilient projects www.carbonwarroom.com – The Carbon War Room harnesses the power of entrepreneurs to implement market-driven solutions to climate change. www.chinadialogue.net – The world’s first fully bilingual website devoted to the environment that aims to promote direct dialogue and the search for solutions to our shared environmental challenges. www.earthsecurity.org – The Earth Security Initiative explores new cross-sector responses to the risk and opportunity of the ecological limits that fundamentally challenge the security of people, economies and nations. www.foet.org – The Foundation on Economic Trends examines emerging trends in science and technology, and their impacts on the environment, the economy, culture, and society. www.gggi.org – The Global Green Growth Institute is dedicated to pioneering and diffusing a new model of economic growth, known as "green growth." www.mrfcj.org – The Mary Robinson Foundation – Climate Justice is a centre for thought leadership, education and advocacy. www.rmi.org – Rocky Mountain Institute is an independent, entrepreneurial, non-profit think-and-do tank, co-founded by Amory Lovins. www.sustainableenergyforall.org – The International Year of Sustainable Energy for All promotes action on energy issues at the local, national, regional and international levels. www.windmade.org – An initiative leading to the first global consumer label identifying products and companies made with wind energy. www.un-energy.org – UN-Energy is a mechanism to promote coherence within the United Nations family of organizations in the energy field.

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MakingIt L’industrie pour le développement

Un magazine trimestriel pour stimuler le débat sur les problèmes du développement industriel global


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