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La fi erté de Majorque
Dans les années 60, les entreprises des pays riches laissaient produire à Majorque qui était alors pauvre et peu chère. Parmi ces produits, des bottes de cowboy de luxe pour le marché américain. Lorsque les Américains partirent pour des pays encore plus économiques, les Majorquins se dirent : nous sommes, nous aussi, capables de le faire. C’est pourquoi l’île vend aujourd’hui dans le monde entier des bottes de cowboy de premier choix. Fabriquées par Tony Mora à Alaró.
Majorque regorge d’histoires comme celle-ci. Un certain Guillem Ferrer, un non-conformiste à la créativité débordante qui se fait photographier pieds nus lors d’une interview, inventa des designs précurseurs pour la marque de chaussures Camper. Marketing des chaussures façon majorquine.
Quelques kilomètres plus loin, la famille Bestard fabrique depuis 1940 des chaussures de randonnée et de montagne qui sont aujourd’hui tellement appréciées qu’on les retrouve aux pieds des grimpeurs sur l’Himalaya.
Et la mode « made in Mallorca » est tout aussi créative et attrayante. Des légendes circulent sur les artisans. Un ancêtre de la famille de souffl eurs de verre Gordiola aurait usé de ses charmes pour épier des techniques artisanales hautement secrètes à Venise, autrefois haut-lieu des souffl eurs de verre. Quant à l’origine des Siurells, fi gurines en argile, peintes de rayures colorées sur fond blanc, elle reste mystérieuse. Elle semble remonter jusqu’à l’époque mauresque. On doit la renaissance de ces fi gurines à Joan Miró. Le bois d’olivier et le cuir sont, eux aussi, utilisés pour d’étonnantes créations.
La limite entre artisanat et art est souvent fl oue. Majorque comporte une multitude de galeries. Palma ainsi qu’un village sur deux fêtent chaque année une « Nit de l’Art », une nuit de l’art. De nombreuses demeures privées sont ornées de tableaux originaux laissés un jour par un artiste comme paiement pour une nuitée, un repas, une dette.
À Majorque, la créativité a toujours été monnaie courante.