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Le vote des femmes : quels enjeux pour l’extrême droite ?
Longtemps boudés par les femmes, les partis d’extrême droite semblent néanmoins avoir capté leur attention ces dernières années.
En effet, si un candidat ouvertement misogyne comme Éric Zemmour n’a pas encore beaucoup de succès auprès de l’électorat féminin, il n’en est pas de même pour la candidate du Rassemblement National qui dans un récent sondage rassemblait 20% de femmes et 16% d’hommes dans les intentions de vote. (1) Ainsi, à quelques semaines de l’élection présidentielle, le vote des femmes constitue un véritable enjeu de campagne pour l’extrême droite. Par le passé, le Front national (Rassemblement national aujourd’hui) a longtemps été un parti d’hommes dirigé par un homme dont les valeurs étaient essentiellement basées sur un modèle patriarcal et rétrograde. Mais depuis l’arrivée de sa fille à la tête de son parti, les choses ont changé. Le fait que le RN soit dirigé par une femme est déjà un signe fort envoyé aux électeurs·trices potentiel·les. C’est d’ailleurs sur le ton de la confidence que la numéro 1 du parti évoque lors de ses meetings ou de ses passages télévisés sa vie : Elle y dévoile son parcours personnel, son difficile passé de mère célibataire de 3 enfants et sa passion des chats… Un procédé de communication bien rôdé qui consiste à effacer toute trace de son père et de son parti, ce que Christelle Lagier chercheure en sciences politiques, expliquait déjà lors de la présidentielle de 2017 « Dire Marine, c'est éviter de dire LE PEN ou RN, nul doute que cela pèse dans la transformation de l'image de cette formation politique. » (2) Marlène Coulomb Gully nous avait confié en 2017 « Il faut se rappeler que la politique, ce sont des actes ». (3) Or, il est assez rapide de faire le bilan de la politique du RN en matière de droit des femmes. En effet, celui-ci s’est opposé avec constance à la totalité des textes promouvant l’égalité femmes-hommes et en faveur de la lutte contre les discriminations sexuelles. Tout ce qui concerne la mise en place d’un meilleur accès à la contraception et à l’avortement, la lutte contre les stéréotypes de genre, la condamnation des violences faites aux femmes, ne semble pas concerner le RN. Certaines mesures du programme RN de 2022 d’ailleurs ne doivent pas tromper : le doublement du soutien aux mères isolées n’est en fait qu’un moyen détourné d’encourager la natalité tant prônée dans le programme du parti sur la famille. Ainsi la natalité est au centre avec la valorisation d’un modèle réactionnaire de la femme et de la famille et la préférence à la population nationale au détriment des migrant.es. Si on se tourne du côté de l’ex-chroniqueur de CNews, la défiance des femmes à son égard est très nette. Il fait 8 points de moins que sa principale rivale avec 12% d’intentions de vote chez les femmes contre 17% chez les hommes. En effet, l’auteur de « La France n’a pas dit son dernier mot » tient régulièrement des propos sexistes et misogynes qu’il tente de banaliser ou de nier sans réellement convaincre la majorité des femmes qui à 66% disent craindre pour leurs droits si Éric Zemmour était élu. Pour conclure, les discours et procédés de dédiabolisation des partis d’extrême droite ne doivent pas faire oublier la réalité : leur arrivée au pouvoir entraînerait de graves régressions. L’UNSA Éducation milite pour la promotion du droit des femmes et s’oppose à toutes les tentatives pour les limiter.
(1) Enquête sur le vote des Françaises et la question des droits des femmes durant la campagne présidentielle : https://bit.ly/enquêtefemmes (2) Les femmes et le RN, interview de Christèle Lagier : https://bit.ly/votefnsociologie (3) Interview de Marlène Coulomb-Gully professeure en Sciences de la communication à l’université de Toulouse 2-Jean Jaurès, spécialiste du genre, des médias et de la politique, elle a publié Femmes en Politique, en finir avec les seconds rôles aux éditions Belin,
Collection Égale à égal, septembre 2016. Carine Aoun-Boudot
@carineaoun1 carine.aoun-boudot @unsa-education.org

L’écologie est-elle soluble dans l’extrême droite ?
L’écologie est présente dans les programmes de Marine Le Pen et Éric Zemmour, sans que cela soit un élément déterminant. Certains discours d’extrême droite s’habillent du vert de l’écologie faisant de l’« écofascisme » un sujet d’actualité. Pour le comprendre, commençons par remonter aux sources de cette idéologie et essayons de comprendre ce qu’elle dissimule.
ux origines de l’extrême droite écologique
Les liens entre xénophobie et environnementalisme de droite ne sont pas nouveaux. C’est en Allemagne, au début du XXème siècle, que l’extrême droite écologique prend racine. Communier avec la terre est dans l’air du temps : le fantasme de terres intouchées, sans autre homme que le « Blanc », permet de répondre à l’inquiétude d’une « extinction blanche ». De même, après la Seconde Guerre mondiale, les « nativistes » rejettent pour protéger leurs espaces naturels toute nouvelle immigration car elle serait la cause d’une surpopulation. Le credo « Sauvez les arbres, pas les réfugiés » est alors de mise. Plus proches de nous, dans les années 1970, c’est la philosophie du norvégien Arne Naess qui attire les « écofascistes ». Son « écologie profonde », qui veut faire de l’écologie une sphère englobant et acceptant tous les êtres vivants, se voit détournée par des adeptes de l’extrême droite qui dénigrent toute cette réflexion sur la valeur de la diversité biologique. Pour eux, le monde est inégal et les hiérarchies une conception logique de la nature. Ce que l’on peut appeler l’« écofascisme » possède donc une structure théorique et historique, ce qui le rend encore plus inquiétant. Ces mouvances sont en plus rarement isolées et peu éloignées des courants de l’écologie politique.
De la théorie à la pratique : l’extrême droite se met au vert
L’extrême droite s’est donc appropriée les fondements de l’écologie pour les transformer en un discours faisant l’apologie de la haine et nourrissant son obsession identitaire. On y retrouve tous les lieux communs au service de leur légitimité : l’alimentation saine, la fascination des armes, la haine des migrants, le jardinage, la virilité et un retour à une sorte de paganisme. L’écologie permet aux « écofascistes » de défendre la terre comme le seul espace où les « populations de souche » peuvent vivre. Les migrants, eux, doivent se contenter de leurs contrées inhospitalières. Alain de Benoist, l’un des théoriciens d’extrême droite les plus en vue, parle même de la nature comme un concept qui permet de légitimer les inégalités et les hiérarchies entre les hommes. L’écologie de l’extrême droite serait donc une sorte de politique voulant préserver la vie sur Terre pour une minorité de la population, à savoir les « Blancs ». Avec la théorie, il y aussi des actes. Le 15 mars 2019, Brenton Tarrant ouvre le feu sur des centaines de personnes dans une mosquée à Christchurch en NouvelleZélande. Cet homme armé publie avant son attaque un manifeste où il se revendique « écofasciste ». Le 3 août 2019, c’est au Texas, à El Paso, que Patrick Crusius tire sur une cinquantaine de personnes dans un supermarché fréquenté par les Hispaniques. Son manifeste est tout aussi révélateur du phénomène. En Europe, des groupuscules armés se revendiquent également de l’« écofascisme » et vivent sur le modèle du « survivalisme ». Ce qui fait le lien, c’est le peuple, la terre et le sang. Le nationalisme y est bien ancré, prônant l’anticapitalisme et la force identitaire. Plusieurs militants ont fait le choix d’un retour à la terre, d’une vie loin des métropoles. Ce repli à la campagne est vu comme une première étape avant de partir à la reconquête du territoire. Le Rassemblement national a intégré dans son programme le « localisme » qui illustre bien comme ce parti a réinterprété l’écologie pour en faire un argument de rupture avec la mondialisation afin de promouvoir une production et une consommation au plus près de notre terre. Ainsi, à l’UNSA Éducation, nous devons aujourd’hui décrypter la manière dont ces groupes parlent de l’écologie pour la sortir de cette conception d’extrême droite et éduquer à une écologie respectueuse de tous et de toutes.
Aline Boussaroque
aline.boussaroque @unsa-education.org
Immigration et « grand remplacement » : mensonges
et dangers de l’extrême droite
S’il y a bien un thème de campagne qui unit le camp de Marine Le Pen et celui d’Éric Zemmour, c’est celui de l’immigration. L’extrême droite voit dans la présence d’étrangers en France la cause du déclin du pays et l’explication de tous ses malheurs. Elle place, dans une logique xénophobe et raciste, la question migratoire au cœur de son projet, jouant des peurs et de la désinformation.

ès sa naissance à la fin du XIXème siècle, l’extrême droite a manipulé l’opinion en utilisant les phéno-D mènes de rejet des étrangers. Aujourd’hui, la défense de l’« identité nationale » française prend le relais de cette hostilité. Pour cela, il faut mettre fin à l’immigration : c’est la solution à tous les problèmes, qui est défendue par le RN et le parti de Zemmour. Tous deux prônent dans leur programme un référendum où la question de l’immigration serait abordée afin d’être réglée. S’il existe quelques nuances, il s’agit pour ces deux courants de l’extrême droite de mettre en place une « préférence nationale » dans tous les aspects de la société française et de tarir les flux migratoires vers le pays. Une telle procédure serait anticonstitutionnelle, mais cela n’empêche pas Marine Le Pen et Éric Zemmour de faire de ce sujet leur principal cheval de bataille. C’est pourquoi ils n’hésitent pas à manipuler les chiffres, à relayer des fakes news, ou à promouvoir la théorie du « grand remplacement ».
Une bataille culturelle pour imposer leurs idées
Le « grand remplacement » est apparu au grand jour dans le débat public tout récemment : il s’agit pourtant d’une théorie née après 1945, établissant que les « blancs » allaient être remplacés par d’autres civilisations et qu’il fallait en conséquence mener une guerre exterminatrice préventive. Théorie d’inspiration nazie, elle a trouvé au début des années 2000 un continuateur avec Renaud Camus, écrivain raté et raciste. Elle a même servi de support à des terroristes de l’ultra-droite pour justifier leurs actes de haine. Mais au sein de l’extrême droite française, on met pourtant en avant cette idée : Zemmour s’en revendique clairement, Marine Le Pen s’en détache pour évoquer davantage l’idée de « dépossession ». Signe d’une certaine réussite de ce courant politique : ce thème est repris par d’autres dans l’actuelle campagne électorale.
Face aux fantasmes, la réalité des chiffres
Aujourd’hui, certains voient dans cette théorie l’illustration d’une présence trop importante de populations étrangères. Mais là encore, cela ne repose sur aucun fait ni sur aucune réalité : ainsi, la France est un des pays d’Europe de l’Ouest où l’immigration est la plus faible. Rappelons quelques chiffres : en 2021, le pays a délivré un peu plus de visas et de titres de séjours que les années précédentes qui avaient connu une baisse en raison de la pandémie. Les demandes d’asile ont été en revanche bien plus importantes, puisqu’elles ont augmenté de 28%, soit un total de 104000 personnes. Cela s’explique avant tout à cause de la situation en Afghanistan, où la population cherche à fuir le régime de dictature des talibans. On est bien loin des fantasmes des démagogues d’extrême droite.
Ne pas laisser l’extrême droite imposer ses idées dans le débat public
Il faut donc combattre ce discours xénophobe sur l’immigration qui influence le débat public lors de cette présidentielle. Pour cela, il importe de rappeler sans relâche les faits et de dénoncer les mensonges. Ne l’oublions pas : l’extrémisme de droite est un poison. Il vise à imposer ses idées afin de conquérir les esprits, pour ensuite prendre le pouvoir afin de détruire toutes nos libertés et nos institutions républicaines. Face à ce danger mortel, soyons vigilants et mettons en avant les valeurs universalistes que nous défendons.
Benoit Kermoal
@enklask1 benoit.kermoal @unsa-education.org

L’extrême droite et la jeunesse : vers une nouvelle idylle ?
Selon un récent sondage Ifop, Emmanuel Macron rassemblerait 24% des intentions de vote des 18-30 ans contre 21% pour Marine Le Pen et 9% pour Éric Zemmour. Ensemble, le poids des candidats de l’extrême droite apparaît comme fort chez les jeunes. Comment expliquer une telle influence ? L’UNSA Éducation fait le point sur les stratégies d'influence d'Éric Zemmour et de Marine Le Pen pour convaincre cette partie de la population.
« Il n'a jamais été aussi facile de s'en revendiquer, ni aussi difficile de s'y opposer » selon Raphaël Llorca, communicant et expert associé à la Fondation Jean-Jaurès. L'extrême droite impose ses idées, ses raisonnements, ses représentations. Ses stratégies se sont complexifiées pour faire accepter la radicalité au plus grand nombre. Le « Grand remplacement » , théorie raciste et complotiste de l’essayiste d’extrême droite Renaud Camus relayée par Éric Zemmour est aujourd'hui présente dans le débat public. D’autres questions radicales se posent de la même manière. Le leader de « Reconquête ! » est soutenu par l’ultra-droite et l’extrême droite, situés idéologiquement au-delà du Rassemblement national (RN). La fenêtre d’Overton - du nom de Joseph Overton, lobbyiste américain qui a théorisé le domaine du dicible dans le débat public - s’est élargie. Éric Zemmour parvient à étendre la sphère de ce qui peut être dit sans être frappé d'anathème et en restant toujours très présent dans les médias. Il a fait de la dérision une arme de communication notamment avec des mèmes, ces images virales visant à transmettre un message via les réseaux sociaux. Cette stratégie lui confère un capital sympathie et amoindrit ses dérapages. Quant à la candidate du RN, elle s’efforce de présenter un visage adouci en recevant en entretien chez elle avec ses chats, puis en jardinant. Cette stratégie de communication peut séduire les plus jeunes. Marine Le Pen et Éric Zemmour revendiquent le monopole sur le réel avec l'émergence des médias alternatifs d'extrême droite qui se prévalent de « ré-informer » en rompant avec le politiquement correct des médias traditionnels. Là encore, la jeunesse utilise elle aussi régulièrement de tels moyens d’information. En réalité leurs équipes créent de toutes pièces l'image du réel, fabriquent le sentiment qu'ils sont partout et instrumentalisent la défiance. Cette forte activité sur les réseaux sociaux est un des piliers de leurs stratégies depuis des années. Jean-Yves Camus, politologue spécialiste de l'extrême droite, explique qu’elle s’est saisie rapidement et avec vigueur de cet espace d’expression, difficilement contrôlable. Ainsi, les idées imprègnent les têtes et parviennent à séduire de plus en plus, notamment chez les jeunes très présents sur les réseaux et représentant un potentiel électoral important. Au-delà de l’apparente opposition, les deux candidats de l’extrême droite sont deux pièces complémentaires qui se renforcent mutuellement et portent un même combat. Comme le résume Raphaël Llorca : « Zemmour est d'autant plus fort que Le Pen est dédiabolisée, puisqu'il se présente comme le vrai nationaliste. Elle est d'autant plus forte qu’il est diabolisé. » L’extrême droite a beau présenter de nouveaux masques, elle n’en reste pas moins l’extrême droite et il est indispensable de montrer à la jeunesse les dangers de cette idéologie. L’ascension de ses idées est dangereuse, et chacun·e, à son échelle, peut agir. L’UNSA Éducation continuera à dénoncer la supercherie, l’inefficacité et la dangerosité de l’extrême droite. Il est urgent de se mobiliser dans toutes les couches socio démographiques pour contrer cette menace. Défendons pied à pied, les valeurs et les principes de notre République.
Rémi Ferrières
remi.ferrieres @unsa-education.org
L’école inclusive, entre idéalisme et réalité
L’UNSA Éducation fait de la lutte contre les inégalités un cheval de bataille. Celles liées à l’accueil des enfants dans toutes leurs diversités en est une composante. Le droit à l’éducation sans discrimination, porté par l’école inclusive est un défi à réussir, dans tous les espaces éducatifs.
es réformes aux intentions les plus nobles peuvent défaillir du fait d’une mise en œuvre approxima-L tive. Dans cette enquête inédite sur l’école primaire et la scolarisation des enfants les plus vulnérables, Sylviane Corbion dresse un état des lieux des dysfonctionnements du système scolaire.
Son ouvrage montre l’écart abyssal entre, d’un côté, les prescriptions et recommandations des politiques ministérielles, qui affichent le souci d’une école inclusive et bienveillante, et de l’autre, le travail des équipes, peu formées, qui doivent faire preuve d’inventivité pour les élèves les plus vulnérables, dont les besoins éducatifs particuliers sont insuffisamment pris en compte. Elle esquisse également des solutions.
Pourquoi est-on passé en matière d’accueil d’enfants handicapés de l’intégration à l’inclusion ?
La scolarisation des élèves en situation de handicap a été l’objet de nombreuses évolutions ces dernières décennies. D’un modèle ségrégatif, mettant à l’écart des enfants dits « arriérés » dans des établissements spécialisés, nous sommes passés à un modèle intégratif avec des dispositifs spécialisés au sein des établissements scolaires. Sous l’impulsion d’une demande sociale et de directives européennes, le modèle inclusif actuel prône la scolarisation en milieu ordinaire dans l’école du quartier de tous les élèves même les plus vulnérables. Actuellement, 385000 jeunes relevant du handicap sont accueillis. Apprendre et vivre ensemble constituent une chance pour tous ces enfants mis autrefois à l’écart et contribuent à développer pour tous un regard plus positif sur les différences. Une conception matérialiste vise également l’insertion de tous les élèves dans le monde du travail et une revendication légitime d’adaptation « aux besoins de la vie ». De plus, les structures spécialisées qui accueillent encore bon nombre d’enfants handicapés, représentent un coût en termes de locaux adaptés, d’aménagements spécifiques, de professionnels spécialisés et formés. Dans une logique d’économie de moyens, les émoluments dans une école de quartier d’un enseignant et d’un AESH (Accompagnant d’élèves en situation de handicap) en contrat précaire, rémunéré 700€ par mois en moyenne et formé deux semaines (60 heures), partagé entre plusieurs élèves sur des établissements scolaires distincts, s’avèrent nettement moins coûteux économiquement que des établissements spécialisés avec tout le personnel afférent.
Vous relevez que la mise en œuvre de l’éducation inclusive se heurte à
des « incohérences organisationnelles ».
Lesquelles sont les plus pesantes ?
Pour l’institution, l’égalité des chances revêt davantage le caractère d’un pilotage d’une pluralité de dispositifs à optimiser et la mise en œuvre de réformes sans toujours en évaluer les effets, ce qui renforce cette impression de confusion. Les promesses tenues par l’État sont complexes à appliquer sur le terrain faute d’une réflexion pragmatique en amont et d’une concertation avec l’ensemble des acteur·rices pour savoir ce qui est humainement et professionnellement possible de mettre en œuvre en fonction du contexte. Les pouvoirs publics décident et c’est aux équipes dans les écoles de s’adapter, parfois dans l’urgence. La qualité de vie et d’apprendre pour tous les élèves, les conditions de travail et la formation des personnels dans les établissements scolaires sont les grandes oubliées de ces réformes.

Sylviane Corbion est professeure des écoles et docteure en sciences de l’éducation.
Elle s’appuie sur des histoires de vie professionnelle d’enseignant·es du primaire dans des contextes sociodémographiques différents, et sur les expériences propres de ses deux métiers.

La réalité de l’éducation inclusive, c’est un indispensable travail d’équipe et de partenariats. Est-ce là le plus difficile à déployer ?
Le champ d’action de l’école inclusive est vaste et nécessite pour les professionnels des écoles d’adapter l’offre éducative à toute la diversité du public scolaire avec des problématiques hétéroclites voire complexes : handicap, trouble du comportement, grande difficulté scolaire, précarité sociale. L’effort d’accueil de tous ces élèves à besoins éducatifs particuliers repose pour l’essentiel sur des professionnels isolés et peu formés à cette diversité. L’exercice se révèle fastidieux, éprouvant surtout quand s’ajoutent des contextes pénibles : éducation prioritaire, mésentente entre collègues, irrespect voire agressions de parents d’élèves, logique gestionnaire d’une hiérarchie pas toujours compréhensive, persistance de pratiques bureaucratiques contraignantes, directives fluctuantes du ministère, etc. Sans oublier la succession de protocoles sanitaires à gérer depuis la pandémie qui fragilisent encore un peu plus les acteurs de terrain. L’école inclusive implique une transformation des modes de pensée, un investissement important, une modification des pratiques pédagogiques, un travail en équipe plus conséquent et du temps pour s’y consacrer. L’instauration de partenariats avec des professionnels du secteur médico-social requiert une mutation des cultures notamment celle du partage professionnel.


Béatrice Laurent
@Beaunsaeduc beatrice.laurent @unsa-education.org Sylviane Corbion

L’école inclusive Entre idéalisme et réalité Éditions Érès.
La participation (mise) en questions
« Participer, disent-ils ! » titrait une étude du ministère de la Jeunesse et des sports dans les années 1990. Si depuis la participation est devenue un mot clé des politiques de citoyenneté, elle reste un objectif ambitieux difficile à atteindre et complexe à mettre en œuvre.
ne faible participation aux prochaines élections présidentielles et législatives est déjà attendue et crainte. Si elle est réellement basse, elle sera à analyser finement, mais elle révélera encore un peu plus la fragilité de notre système démocratique actuel et le peu d’engouement pour les scrutins qu’ils soient politiques, professionnels, étudiants (voire encart sur le rapport du CESE). Pour autant, la participation n’est pas qu’électorale. Elle est aussi une forme d’engagement pour des causes, des actions, des démarches… Elle concerne donc chacun·e dans tous les actes de sa vie quotidienne et professionnelle ; dans ce domaine, la participation se pose également au monde du travail et aux organisations syndicales. Que signifie participer dans son service, dans son établissement, dans son métier ? Répondre à des demandes de la hiérarchie ? Construire des projets ? Être à l’initiative de changements ? Être écouté.es, entendu·es, pris·es en compte ? Pour beaucoup, les syndicats sont trop éloignés des réalités du terrain, comment donc mieux intégrer la parole, les attentes, les propositions des personnels ? Quelles places faire aux adhérent·es, voire aux non-adhérent·es, dans les réflexions, des délibérations, les décisions des organisations syndicales ? Comment renouveler la démocratie interne et introduire davantage de participation afin de (ré)inventer le syndicalisme de demain ? Et en tant qu’éducatrices et éducateurs, comment former à la participation, la prise de parole, le partage des idées, le débat, la coopération, la co-construction ? Comment les mettre en œuvre dans les écoles, les établissements scolaires, les universités, les structures d’éducation populaire, de culture, de sports ? « La participation (mise) en questions » s’invite donc dans le débat citoyen, professionnel et syndical et sera le thème d’une des recherches menées par le Centre Henri Aigueperse - UNSA Éducation dans le cadre de son programme d’études financées par l’IRES en 2022.
Le CESE pour plus de participation
« Tout au long de leur vie, les Françaises et les Français sont régulièrement appelés à participer à des élections dans divers espaces : à l’école, à l’université, au travail, dans leur association, au sein de leur mutuelle, dans leur copropriété... ». Pour le CESE, « ces temps de citoyenneté qui assurent un continuum démocratique et renforcent la culture de l’engagement citoyen·ne » ont un caractère essentiel. Or, tous les acteurs font le constat d’une baisse continue de la participation à ces rendez-vous démocratiques. 5% de participation aux élections professionnelles dans les TPE, 7% aux élections des CROUS, 38% pour les CSE dans les entreprises… Pour le Conseil, redonner du sens à l’acte de voter est le levier prioritaire pour renouer avec la participation quelle que soit l’élection. C’est pourquoi en s’appuyant sur près de 1500 contributions majoritairement recueillies auprès de membres d’organisations représentées au CESE, le rapport adopté par le Conseil en décembre 2021 formule 28 préconisations, qui ont « pour objectif de redonner du sens à ces élections, en les rendant plus visibles, en valorisant les élues et élus et en assurant la redevabilité vis-à-vis des électrices et électeurs ».
www.lecese.fr/travaux-publies/ renforcement-de-la-participationaux-elections-des-instancesgouvernance-democratique
Morgane Verviers
@MorganeVerviers morgane.verviers @unsa-education.org
Denis Adam
@denisadamunsa denis.adam @unsa-education.org

Une décision de justice chamboule le recrutement à l’AEFE
Suite à une décision de justice, l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE) est contrainte d’annuler tout recrutement de résidents à recrutement différé pour la rentrée 2022. Ne pourront être recrutées que des personnes établies dans le pays ou pouvant justifier d’un rapprochement de conjoint.
our l’UNSA Éducation, le timing de cette décision interroge. Beaucoup d’établissements vont se retrouver en difficulté pour mettre des enseignant·es dans les classes.
Loi concernant l’AEFE : Des propositions de l’UNSA Éducation reprises
L’assemblée nationale a voté le mercredi 16 février une loi concernant l’Agence pour l’Enseignement Français à l’Étranger (AEFE). Elle valide la création des instituts régionaux de formation à l’étranger. Elle fait suite à l’annonce présidentielle en 2018 de doublement des effectifs pour 2030. Au conseil d’administration, les représentant·es des parents seront désormais quatre contre deux auparavant. La mixité sociale et la capacité d’emprunt feront l’objet d’un rapport du gouvernement. La loi intègre des propositions de l’UNSA Éducation avec la commande d’un « rapport sur le respect des principes de la République, et en particulier de la laïcité, dans les établissements français à l’étranger ». L’UNSA demande une aide financière exceptionnelle aux établissements. Nous proposons une subvention prenant en charge le différentiel entre la masse salariale des détachés et des personnels de droit local. Les détachements des personnels recrutables doivent être garantis. Nous proposons une réécriture du décret 2002-22. Nous demandons des aménagements pour un texte juridiquement inattaquable. L’UNSA propose une entrée fonctionnelle (sur les missions exercées) plutôt qu’une entrée sur critère géographique. Le recrutement distinguerait détachés à missions spécifiques ou d’enseignement. Nous avons obtenu un engagement sur le gel des postes non pourvus. Nous veillerons à ce qu’ils ne soient pas supprimés. L’UNSA demande des garanties à l’AEFE pour les personnels déjà en poste dans le réseau.
Adrien Guinemer
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