HÔTEL DE CHARME
Harmonies Art Déco
EXCEPTIONNEL PALAIS D'HÔTES ACCOLÉ AU PALAIS ROYAL DE MARRAKECH, VILLA MAKASSAR EST UN DOUBLE RIAD ENTIÈREMENT RÉALISÉ ET MEUBLÉ DANS LE STYLE ARTDÉCO DES ANNÉES 20 ET 30. LUXUEUX ET PRÉCIEUX SANS ÊTRE SNOB. REPORTAGE CAROLINE GABRIELLI TEXTE PAR CORINNE VERNER PHOTOS FRANCOIS GUENET
Page précédente et ci-dessus : Au féérique vestibule enveloppé de pénombre succède un patio très lumineux, pavé de pierre du Sinaï et rythmé de portiques en ogive. Au centre, les mosaïques de la fontaine de sol s'inspirent d'un motif de l'école de Vienne. Ci-contre et ci-dessous : La salle à manger, toute coffrée de baies vitrées, est meublée d'un canapé Hugues Chevalier, d'appliques chinées en Hongrie et d'un tapis typiquement art déco, reproduit par des maâllems de l'Atlas. Statuette chinée au Danemark, service à café de Pavel Janak acheté au musée Kubista de Prague, sculpture inspirée de Joseph Csaky : tous les objets sont rares et précieux.
Villa Makassar, du nom de ce bois précieux, le macassar, abondamment utilisé pendant les années 1920, est l'aboutissement d'une passion pour l'art décoratif. Patiemment restaurée pendant cinq ans, son esthétique Art-déco restitue les apports des écoles autrichiennes (Wiener Werkstätte), allemandes (Bauhaus), françaises, hollandaises (De Stijl), russes (Wuthemas), hongroises, tchécoslovaques, roumaines ou encore américaines. Autant qu'un palais d'hôtes, c'est donc un musée à vivre, de pièces uniques chinées aux quatre coins du monde ou reproduites à la perfection. Dès l'entrée, le ton est donné : le lieu est spacieux, majestueux, ordonné dans la symétrie chère à l'art décoratif. La porte sur rue, sculptée dans le cèdre et l'acajou, ouvre sur un long couloir de mystérieuse pénombre au bout duquel veille •••
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Page précédente et ci-dessus : Le salon en tadelakt gris taupe du Maharadjah d'Indore expose sur un guéridon en galuchat et en nacre un service en argent. Le panneau mural en onyx qui couvre le mur du fond est inspiré du travail de Mies Van Der Rohe et le tapis d'un modèle des années 1920 de Betty Joël. La commode a été chinée chez un antiquaire de la place des Vosges à Paris. Le salon est éclairé d'appliques Perzel et de deux lampes sur pied achetées à un antiquaire toulousain. Ci-contre : Le salon Winston Churchill, sols et murs en céramique imitation bois, plafonds gaïza en cèdre, est décoré de six photos de sportifs des années 1930, chinées à la Mamounia. Une horloge 1920 de la marque Vedette rythme le temps. Le premier étage est desservi par une galerie dont la balustrade reprend un motif art déco. ••• une statue de bronze. Vases d'époque, consoles en ébène de macassar, suspensions de verre sablé, fauteuils Francis Jourdain, frises de plâtre sculptées de motifs art déco : on voit ici un style du siècle dernier se marier gracieusement aux charmes de l'art mauresque. Jeu sur les luminosités : on débouche ensuite sur une réception plus claire, meublée en ébène de macassar et galuchat. De là, on accède à un premier patio rythmé de seize colonnes et pavé de pierre du Sinaï importée du Caire. Au centre, une fontaine de sol en mosaïques de marbre reprend un motif de l'école de Vienne. Eclairé de suspensions en parchemin de style Coco Chanel et creusé d'un bhou meublé d'une banquette Ruhlmann, ce patio dessert deux salons et une salle à manger. Le premier salon, consacré aux plaisirs de la lecture et de la musique grâce à une sono BO, est inspiré du style Bauhaus et rend hommage au travail sur •••
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Au premier étage, la chambre Victor Sassoon, fondateur du Peace Hotel de Shanghai, est meublée d'antiquités achetées en Birmanie. Le lit à baldaquin, sculpté dans du bois de cèdre, est flanqué de lampes de chevets en nacre peinte et ébène de macassar incrusté du sigle du palais d'hôtes. Le tapis au pied du canapé a été chiné à Budapest.
Page droite La salle de bains de la chambre Victor Sassoon, comme celles des autres chambres, est équipée de robinetteries et vasques en provenance d'Italie et cache encore de petits trésors : ici, une boîte de Chine.
••• onyx de Mies Van Der Rohe. Le mobilier en galuchat et palissandre expose des répliques de sculptures de Gustave Miklos et Joseph Csaky, de l'école hongroise. Sur le sol marqueté de marbre noir, un tapis reprend un modèle de Betty Joël, une designer anglaise des années 1920. De part et d'autre de la cheminée, des fauteuils de Joseph Hoffmann éclairés d'appliques Jean Perzel regardent le personnage emblématique du salon : le Maharadjah d'Indore, ici reproduit d'après un tableau de Bernard Boutet de Monvel. En vis-à-vis, un deuxième salon baptisé Winston Churchill, très VIP et coffré de briquettes faqra, accueille les amateurs de cognacs et de cigares. La salle à manger, encore dallée de pierre du Sinaï, expose un panneau mural en onyx, des chaises restaurées de la Mamounia, un vaisselier art-déco du Vietnam et des copies de statuettes de Chiparus. Ceinte de baies vitrées, elle ouvre sur les deux patios et la cuisine professionnelle où se concocte une cuisine généreuse, d'esprit familial. Villa Makassar compte dix chambres, toutes conçues, grâce à la collaboration de maâllems locaux, autour d'une ou de plusieurs pièces maîtresses de l'art décoratif. Aucune ne ressemble à l'autre. Au premier étage, la chambre JacquesEmile Ruhlmann est particulièrement stu- •••
La chambre Paul Jouve, toute lambrissée d'un audacieux mélange de vert et noir, a été entièrement pensée à partir d'un bureau en galuchat semenori. Les appliques sont en verre de Murano et les deux tables de chevet habillées de serpent de mer. Dans la salle de bains en marbre vert du Guatemala, équipée d'une radio et de chromothérapie, le jaguar emblématique de la chambre sert aussi de petit banc. La chambre Mondrian, coffrée de panneaux de tadelakt multicolores, expose une chaise de Joseph Hoffmann et des vases en cristal de Bohême achetées en Tchécoslovaquie dans la célèbre station thermale de Karlovy Vary. Sur le bureau en ferronnerie d'art, un vieux téléphone en bakélite et des lampes aux pieds en cristal et ébène de macassar, chinées à Lisbonne.
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Le plafond de la chambre Clément Rousseau, inspirée des arts primitifs, reprend le motif d'un tapis africain. Le lit est sculpté en ébène de macassar, les fauteuils sont tapissés de cuir imitation autruche et la table de jeu est habillée de galuchat. Au mur, un tableau du peintre italien Capojiena. La chambre en bois de Jacques-Emile Ruhlmann expose une sculpture d'athlète typique des années 1930, chinée à Riga.
péfiante. Ebénisteries de noyer, de cèdre ou de macassar tendues de galuchat, fauteuils de Prague, tapis Jules Leleu, parquets, combiné téléphonique des années 1920, coiffeuse, cheminée : tout un univers art déco se trouve ici recréé, prêt-à-vivre aux plus hautes normes du confort de l'hôtellerie de luxe. Tout aussi spacieuse et ravissante, la chambre Clément Rousseau, inspirée des arts primitifs, est pourvue d'un menzeh marocain retravaillé à partir d'un motif de l'école de Vienne. Plus masculine, la •••
chambre Vladimir Rodchenko décline des motifs de l'école russe et expose sur ses murs gris taupe des tableaux chinés à Sarajevo ou à Prague. Plus féminine, la chambre-loft Sonia Delaunay est aménagée d'un jacuzzi et d'une télévisionmiroir. A l'étage supérieur, une terrasse de 500 mètres carrés permet d'organiser des soirées féériques en regard des sommets de l'Atlas. Bar en nacre de Tahiti, salons d'extérieur inspirés de Frank Lloyd Wright, bahut d'après un modèle de Paul Frankl, zelliges aux motifs de l'école hol-
Le hammam reprend des motifs art déco jusque dans le dallage de ses marbres blancs et noirs. Il est équipé d'enceintes acoustiques permettant de s'y relaxer avec la musique de son choix. L'espace balnéo qui y est attenant est doté de chromothérapie et d'une nage à contre-courant.
landaise : même ici, rien ne dépare du style art déco. Un ascenseur reconstitué d'après les modèles d'époque permet d'accéder à la seconde partie de la maison, organisée autour d'un patio lambrissé de briquettes faqra. Au premier étage, une galerie dessert la chambre Victor Sassoon, fondateur du Peace Hotel où descendait Roosevelt quand il allait à Shanghai, sa chambre twin communicante Jean Dunand, la chambre Mondrian, déclinant une esthétique métallique, la chambre Paul Jouve, mise en scène à partir d'une sculpture de jaguar sur fond de marbre vert du Guatémala et enfin, la chambre Jules Leleu, meublée de deux fauteuils signés du même nom et d'un lit-soleil Ruhlmann en ébène de macassar et serpent de mer. Au rez-de-chaussée, la chambre Mattéo Brondy rend une nouvelle fois hommage aux panneaux muraux en onyx d'Iran et au travail du parchemin et du palissandre. Le patio sur lequel ces chambres ouvrent de plain-pied dessert une coursive extérieure étagée de merlons d'angle ainsi qu'une piscine ceinte des remparts de la ville impériale, ponctués de jarres de Birmanie. A l'étage inférieur, un spa éclairé de la lumière du jour offre des prestations de hammams, soins et massages autour d'une grande piscine de balnéothérapie, équipée de chromothérapie. Et, comme le tra- •••
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Partout, jusque dans les espaces extérieurs qui conduisent à la piscine, des sculptures en bronze féminisent gracieusement le palais d'hôtes. Art brut : la piscine est enserrée des vieux murs de la cité impériale. La terrasse, à la vue dégagée et imprenable, est décorée de murs d'eau illuminés la nuit, qui symbolisent les cinq piliers de l'Islam.
vail du professionnel et du puriste se distinguent jusque dans le moindre détail, les salles de bains de chaque chambre présentent d'exceptionnelles robinetteries et vasques d'Italie, toutes différentes. Closes par des poignées anciennes chinées à Berlin, éclairées par des appliques d'époque, elles logent encore dans leurs niches quantité d'objets rares et précieux en cor•••
respondance avec la thématique décorative des chambres. � Palais d'hôtes Villa Makassar 20 derb Chtouka, Kasbah Marrakech + 212 5 24 39 1926 villamakassar@menara.ma www.villamakassar.com
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