URBAIN - n°24 - FEVRIER 2015

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édito

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NUMERO. C’est une deuxième bougie que souffle en février votre magazine qui, plus que jamais, a décidé de poursuivre son petit bonhomme de chemin dans la mission qu’il s’est donnée de vous faire découvrir les personnages, les trajectoires et les passions qui font Tanger et le Maroc. En deux années, il y en eu beaucoup déjà, mais il en reste bien plus encore et nous espérons que vous prendrez toujours le même plaisir que nous à faire leur connaissance. Et pour fêter cet anniversaire, nous avions envie de vous offrir cette “Une” souriante avec un Tangérois heureux de parler de son retour au pays et de son parcours incroyable, le brillant et sympathique Anouar Majid (p. 24). Vous irez également à la rencontre de l’écrivaine Rachida Madani (p.16) et de l’artiste Saïd Afifi à l’occasion de sa participation à l’intriguante exposition collective “Désordres”, actuellement visible à la galerie Delacroix (p. 32). Et de nouvelles rubriques viennent étayer ce numéro très spécial pour toute l’équipe, comme ce billet d’humeur qui devient mensuel et que l’écrivain Mokhtar Chaoui a accepté d’inaugurer (p. 22), la page “Psycho” (p. 64), tenue ce mois-ci par la psychothérapeute Laurence Dudek, ou le clin d’oeil “Le saviez-vous” qui pourrait bien vous faire découvrir de petites pépites tangéroises (p. 14)...

Et puisque ce mois anniversaire est également, paraît-il, celui des Amoureux, je vous souhaite un mois de février tout en douceur et en tendresse et une excellente lecture.

Christine Cattant, Rédactrice en Chef

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URBAIN

© teouilr

tanger

Directeur de Publication : Rédactrice en Chef : Secrétaire de Rédaction : Maquette : Rédaction : Imprimeur : Mail : Publicité : Logistique : Site Web : Facebook : Siège : Dépôt légal : ISSN : Photo Couverture :

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o.noussairi@urbainmagazine.com

Christine Cattant

c.cattant@urbainmagazine.com Stéphanie Gaou Mouna Sebti & Crevette in Tangier Imane A. Kettani, Philippe Chaslot, Nour Chairi, Khadija Barkani, Kamil El Alami, Stéphanie Gaou Chrono Digital - Casablanca contact@urbainmagazine.com 06 60 20 30 24 - n.samet@urbainmagazine.com 06 02 22 50 10 - m.sabri@urbainmagazine.com www.urbain.ma Urbain Tanger Magazine 67, avenue de la Résistance - Tanger 105984 En cours © D.R.

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URBAIN

février 2015 / n°24

24 Anouar Majid

© D.R.

Sommaire

tanger

8 Actus 8 10 12 14

Courrier des lecteurs Rendez-vous tangérois Ces Tangérois qui bougent Le saviez-vous ?

16 Mag’ 16 22 24 32 40

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Figure de Tanger Rachida Madani Le billet de Mokhtar Chaoui À la Une Anouar Majid Événement... Said Afifi en Désordres L’oeil du photographe Anne Mocaër

50 Culture 50 56 58 62

Votre agenda L’agenda des petits À l’affiche Coups de coeur de Libraire

64 Pratique 64 66 68 70

Psycho Par Laurence Dudek Cuisine Le Couscous de la Mer Urbanoscope Carnet d’adresses / Points de distribution



ACTUS

COURRIER DES LECTEURS

paroles de lecteurs sur contact@urbainmagazine.com

Un peu d’air pur Un bon bol d’air avec le beau reportage d’Anwar dans votre dernier numéro qui rappelle à ceux qui préfèrent le sud du pays combien notre arrière-pays est magnifique et verdoyant. Ça donne envie d’enfiler ses chaussures de marche ! Kaoutar H., Tanger

Meilleurs vœux ! Tous mes vœux à l’équipe d’URBAIN qui nous enchante chaque mois avec ses portraits et des photos magnifiques. Je vous souhaite longue vie ! Mohammed, Tanger

Vos photos d’URBAIN

Faut bien passer le temps, parfois, lorsque l’on est gardien. Celui-ci a été surpris en pleine lecture… Merci l’ami !

ERRATUM

C’est évidemment Btissam Yacoubi qu’il fallait lire et non Yakouki dans l’article sur la jolie naturopathe du numéro de janvier. Un blâme pour le journaliste dont les doigts ont fourché et toutes nos excuses à Btissam !

ÇA PLANE POUR TANGER Pour avoir galéré dans mes déplacements à de nombreuses reprises depuis quelques semaines, je veux délivrer ici mon coup de gueule contre la politique des compagnies aériennes qui ont complètement abandonné Tanger. Que les européennes soient à la recherche du profit, je le comprends, mais que la RAM nous fasse le coup, compte-tenu de la politique de développement de la ville, cela me laisse sans voix. Max E., Tétouan

Les bonnes affaires du jeudi

Abonnement URBAIN magazine Maroc : 160 DH / 11 numéros + lettre mensuelle aux abonnés Europe : 380 DH soit 35 EUR / 11 numéros + lettre mensuelle aux abonnés États-Unis/Canada : 520 DH soit 60 USD ou 67 CAD / 11 numéros + lettre mensuelle aux abonnés Un lecteur

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ACTU

RENDEZ-VOUS EN VILLE

Rendez-vous tangérois Beaux objets

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LM dépôt vente, c’est un large choix de meubles et objets, anciens et contemporains, ainsi que des estimations de vos biens en magasin ou à domicile pour vous conseiller et vous aider à les vendre au meilleur prix. C’est également une fameuse vente aux enchères mensuelle de mobilier, de tableaux et d’objets d’art de tous horizons. La prochaine vente aura lieu le 28 février à 16 h. Exposition Publique du 21 au 27 février, de 10 h à 13h et de 16 h à 20 h. 4, rue Téhéran – Tanger - Tél. : 05 39 94 62 59 / 06 61 34 43 96 Contact : l.monti@lucianomonti.com / www. lmdepotvente.com

Chabi Chic vous invite à venir découvrir les créations de Catherine Martineau à prix tout doux. 9, rue Al Mabarat, Quartier Josafat, Tanger

NOUVEAU ! Tanger devra désormais compter avec un lieu culturel de plus pour le grand plaisir des aficionados de l’art contemporain. Depuis le 1er janvier 2015, Border Independent ART factory ouvre ses portes aux artistes et plasticiens qui cherchent un espace où travailler, créer et exposer. BORDER qui tire son nom de sa position géographique (en bordure d’Afrique, de mer, de ville) est un centre d’art et de création improvisé qui, tout en ayant gardé son jus industriel, prône la qualité des intervenants (Omar

Spécial gourmands… Las Chicas fêteront la Chandeleur le lundi 2 février sur le thème « Vive les crêpes » ! Également un menu spécial pour tous les amoureux de Las Chicas le 14 février, jour de la SaintValentin.

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Mahfoudi, Damien Bonnaud, Abdelmohcine Nakari & Farah Benyaïch). Une démarche urbaine originale, initiée par Hamza El Messari, également créateur d’événementiel à Tanger et au Maroc. BORDER organise des vernissages tous les derniers week-ends de chaque mois, afin de mettre en lumière les productions des artistes qui y travaillent. Immeuble Marina B, Rez-de-chaussée - Quartier espagnol - Tanger Tél. : 06 61 45 07 45

COLLECTE RECYCLAGE Tabadoul vous invite à trier vos déchets recyclable, les laver, les récolter dans une poubelle à part et venir les déposer (en vrac ou dans des cartons, sacs poubelle...) Bouteille plastique, boîtes de conserve, bocaux en verre, ampoules, piles, cartouche d’encre, tonner, carton, papier, revues, petit électroménager… Le 23 février de 10 h à 19 h - Tabadoul


ateliers Workshop de salsa casino, rumba et son cubain Patrice, originaire de la Martinique, a gagné, en 2008, le championnat de Salsa Cubana Salsa Congress Rueda à Miami. Il enchaîne depuis voyages, stages et formations en France, au Mexique, aux USA, etc., et viendra partager sa passion avec le public de Tanger en découverte ou en perfectionnement. Tarif: 50 DH / personne. Le 18 février à 20h15 - Tabadoul

Calligraphie lumineuse, danse hip hop, danse contemporaine et DJ Les 19 et 20 février Participation sur inscription avant le 14 février 2015 À l’Institut français de Tétouan, Institut national des Beaux-Arts et Maison de la culture à Tétouan contact.tetouan@institutfrancais-maroc.com

TANGER ACCUEIL Programme février • Les 2 et 7 février, dictée chez Caroline • Le 17 février à 16h30, conférence sur les us et coutumes au Club Équestre • Le 21 février à 20h30, soirée déguisée Carnaval • Le 27 février à 19 h, apéritif à la villa Joséphine

SOUK DE CARNAVAL Faites de la place chez vous en vous débarrassant de vêtements, livres, jouets, petit électroménager... dont vous ne voulez plus. Une journée consacrée aux achats d’objets originaux, aux rencontres et à l’écologie grâce au recyclage ! Pas de vente d’aliments dans les stands mais possibilité de réserver le déjeuner sur place avant le vendredi 20 février. Tarif emplacement : 60 DH (1 table) Emplacements limités, inscriptions avant le vendredi 20 février auprès du secrétariat de Tabadoul : info@tabadoul.org ou tél. : 05 39 37 19 78. Le 22 février de 11 h à 18 h

Œuvres à prix mini La voie de l’Amour Au-delà de nos peurs et de nos doutes, l’Amour est là, éternel et universel. Découvrez les croyances qui sapent votre capacité à aimer, à vous aimer... Retrouvez la liberté et la joie indispensable pour établir des relations d’amour. Atelier animé par Btissam Yacoubi à Tanger le 14 février. Contact : 06 61 20 01 80.

Et toujours : Les ateliers de Tabadoul Acrobatie par Mohamed Hammich, Danse afro par Gérard Le Grand Tchouassi, Dessin automatique par Fabrice Bonmartin, Théâtre par Ilyass Bouchri, Tango par Laura Marí Navarro, Yoga par Nosrat Haouari et Percussions africaines par Pape Morsene Tarif des ateliers : 300 DH/mois pour 1 atelier / semaine, inscription + assurance annuelle : 150 DH (séance d’essai : 50 DH)

À partir du 4 février, pensez à venir profiter des soldes qui vous sont proposées sur une vaste sélection d’articles à la galerie De Velasco. Une idée pour des cadeaux originaux. Ouvert du lundi au samedi de 10 h à 13 h et de 15 h à 19 h. 26, avenue Mohammed V - Tanger

SOIRÉE TANGO Laura Marí Navarro, née à Tanger, a appris le tango auprès de professeurs comme Stéphanie Fesneau ou Chongrak Savisa. Elle réalise désormais des spectacles de Tango Nuevo mélangé à la danse contemporaine et libre et propose une soirée rencontre pour tout public, suivie d’une petite Milonga pour pratiquer les nouveaux pas de cette danse. Entrée + repas : 120 DH (sur réservation avant le 11 février) Le 21 février à 20 h Tabadoul

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ACTUS CES TANGÉROIS QUI BOUGENT

BRAVo ! Toutes nos félicitations au Royal Club Équestre du Détroit pour sa victoire à la 2e édition de la Coupe du Trône de Saut d’obstacles à Rabat le 28 décembre dernier, une première pour un club tangerois qui a battu tous les records cette saison. Les champions (de gauche à droite) : Majid Djaidi, Ali Al Ahrach, Le Prince Moulay Abdellah (président de la Fédération Royale Marocaine des Sports Équestres, Mohamed Al Ahrach et Youssef Salmeron.

S os Le Sanctuaire de la Faune de Tanger, dont nous

vous avons déjà parlé dans nos pages l’an dernier, poursuit sans relâche son œuvre pour tenter de débarrasser, lentement, les rues de la capitale du nord des animaux errants. Soins, vaccinations, stérilisations, adoptions, un programme mené dans les rues ainsi qu’en direction de propriétaires aimants mais démunis, mais également dans les locaux même du Sanctuaire qui abritent des dizaines d’animaux définitivement pris en charge avec amour par Sally et Karl Scarr. Chiens, chats, mais aussi ânes, oiseaux, sanglier, singe et bien d’autres vivent ainsi, heureux, au Sanctuaire.

Contact sur www.lesanctuairedelafaunedetanger.com Facebook : Le Sanctuaire de la Faune de Tanger

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© SFT

Mais ces opérations ont un coût faramineux et le Sanctuaire a cruellement besoin de votre aide. Une aide que vous pouvez apporter sous forme de dons, en espèces mais aussi en nourriture et matériel, ou bien encore en parrainant un animal et en contribuant ainsi à son bien-être (150 Dh par mois pour un chat, 200 Dh pour un chien). N’hésitez pas !



ACTUS LE SAVIEZ-VOUS ?

Des dragons dans le Detroit LES TANGER DRAGONS, L’ÉLITE DU FOOTBALL AMÉRICAIN MAROCAIN PEU D’ENTRE NOUS LE SAVENT, POURTANT NOTRE VILLE COMPTE L’UNE DES PREMIÈRES ÉQUIPES DE FOOT AMÉRICAIN A AVOIR VU LE JOUR AU MAROC . EN EFFET, LES TANGER DRAGONS REPRÉSENTENT FIÈREMENT LES COULEURS DE LA VILLE DU DÉTROIT DEPUIS QUATRE ANS DÉJÀ... Le vice-président de l'association Nationale Marocaine de Football Américain, le Dr. El Janati Akram, est à l’origine de cette initiative avec le Pr. Mokhtar Bakkali et l’ingénieur Ibrahim Bakkali. Ces passionnés ont également fondé l’an dernier la première et unique école de football américain du Maroc. Elle accueille les enfants dès l’âge de 6 ans. Les Tanger Dragons, c’est une équipe au palmarès déjà florissant (Champion d’Afrique) mais également un volet social très actif grâce au travail avec l’association tangéroise “ Hay Branes lkadim pour l’environnement et le développement”, qui oeuvre à l’amélioration du quotidien des enfants du quartier Branes el Kadim de Zyaten. Une supervision constante des résultats scolaires des joueurs junior, interdisant la participation aux matchs en cas de mauvais résultats, s’est traduite par l’augmentation sensible de la moyenne de chaque joueur.

FIN PRÊTS POUR 2015

Pour la Saison 2015 du championnat du Maroc, qui a débuté le 31janvier, le roster des Dragons compte une moyenne de 22 joueurs âgés de 14 à 26 ans s’entrainant activement pour défendre les couleurs de Tanger. Illyas Zekhnini, 17 ans, quaterback de l’équipe junior, confie : « J’ai toujours adoré ce sport que je regardais à la télé ou dans des films (...) Cela fait maintenant deux ans que j’ai rejoint ce que je croyais être une équipe, mais qui au

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© D.R.

MENS SANA IN CORPORE SANO

final s’est révélé être une vraie famille dans laquelle je m’épanouis sportivement, intellectuellement et émotionnellement. » Zouhir Hammoui, 19 ans, cornerback de l’équipe senior, ajoute : « J’ai découvert un sport où l’esprit d’équipe est roi et la confiance entre joueurs le premier pilier de la victoire. » À LA RECHERCHE DE SPONSORS

Une belle réussite. Mais le manque de moyens se fait ressentir cruellement. Parce qu’il a vocation à demeurer gratuit, le club des Tanger Dragons recherche activement des sponsors et mécènes afin de poursuivre son oeuvre sportive et sociale. Avis aux généreux amateurs... NMFA - 5, bd el Massira el Khadra, Bettana, Salé Contact : 06 51 86 75 46 / direction@anmfa.org


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MAG’ FIGURE DE TANGER

Rachida Madani Clair de femme

La discrétion de cette auteure est à l’égal de son talent. Perfectionniste, ouverte sur le monde et en perpétuel questionnement sur son statut « d’écrivante », Rachida Madani est de ces précieuses qui œuvrent en silence mais avec une ténacité hors du commun pour une reconnaissance de la littérature marocaine avec un grand l. Cette Tangéroise a su offrir, voilà quelques années, un roman L’histoire peut attendre à l’écriture ciselée comme de la joaillerie, salué par ses pairs et le public. Elle revient bientôt sur le devant d’une scène littéraire bouillonnante au Maroc avec un livre publié aux éditions Al Manar Paris. échanges passionnés entre cette dernière et Stéphanie Gaou.

Tanger est connue pour son vivier d’écrivains, et pourtant vous êtes l’une des rares femmes à Tanger à être publiée dans de grandes maisons d’édition (notamment La Différence qui publie aussi Hmoudane et Lâabi), aussi bien au Maroc qu’à l’étranger. à quelle urgence répond votre besoin d’écrire ? Quand on est animée par un esprit de justice et qu’on est constamment confrontée à toutes

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sortes d’inégalités sociales, de sexisme, de maltraitances envers la femme en particulier, d’oppressions, de « muselage », on ne peut que s’insurger. Ecrire revient alors à faire œuvre non seulement de témoignage et de dénonciation, mais aussi de revendications et de reconstruction. Ecrire est une nécessité absolue, vitale pour moi. Ecrire, c’est reprendre cette parole qui nous a été trop longtemps confisquée, à nous les femmes. C’est en fin de compte, un acte politique à part entière. Vous publiez très prochainement aux éditions Al Manar Paris. Quelques mots sur votre livre ? Ce recueil relate en trois parties ma relation aux mots, je dis bien aux mots et non à la langue, et ma prise de conscience qu’il s’agit d’instruments insuffisants, inefficaces et trop souvent frustrants. C’est pourquoi je n’arrête pas de travailler mes vers, sur de longues périodes, de

© Hicham Gardaf

URBAIN - Rachida Madani, depuis combien d’années écrivez-vous ? Rachida Madani - J’ai commencé très tôt. à l’âge de six ans, j’écrivais déjà dans ma tête, tout le temps, des histoires dont je ne me suis malheureusement plus souvenu ensuite. Avec l’amour de la lecture, la poésie m’est venue et là j’ai pris l’habitude de noter pêle-mêle tout ce qui m’envahissait ; ce qui a donné naissance à mes premiers recueils. J’avais douze ans.



Rachida Madani, 2011, technique mixte et collage sur toile 100 x 55

MAG’ FIGURE DE TANGER

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“ Écrire, c’est reprendre cette parole qui nous a été trop longtemps confisquée, à nous, les femmes.” les polir et de les « astiquer » avant de les livrer à mon éditeur avec toujours ce sentiment de l’Inachevé. Dans ce recueil je partage mon expérience de la pratique de l’écriture et de l’impossibilité de cerner par les mots l’intériorité et ses mystères. Qui sont vos maîtres sacrés en écriture ? Baudelaire bien sûr et l’incontournable Mostafa Nissabouri. Mais en réalité, en poésie j’aime tout à des degrés différents, aussi bien en littérature arabe qu’étrangère. Ma liste n’est cependant pas fermée, puisque je découvre, avec joie, la nouvelle vague des poètes marocains, tels que Abdellah Zrika, Rachid Khaless, Abdelhadi Said, etc. Quand vous n’écrivez pas, vous peignez. En quoi ces deux disciplines sont-elles complémentaires ? Je peins pour mon plaisir personnel. Je n’ai pas étudié la peinture, mais j’ai pratiqué dans des ateliers avec d’excellents peintres. Cependant, je suis loin de dominer cet art ! J’essaie modestement, de mettre quelques uns de mes vers dans une représentation visuelle, colorée, dans l’espoir d’atteindre, en moi, par d’autres moyens que les mots, ce rêve impossible, cette autre dimension poétique qui se dérobe, continuellement. Un écrivain a-t-il le devoir de se mêler des remous de l’actualité ? Absolument ! Comment rester dans sa tour d’ivoire, dans l’indifférence de ce qui se passe autour de nous ? Est-ce même encore possible avec les technologies modernes, qui vous mettent, que vous le vouliez ou non, au cœur de l’actualité ? L’engagement de l’écrivain, comme

celui de tout artiste, est vital. Mais je n’aime pas, non plus, cet art « au service de ». Ce que je veux dire par là, c’est que l’engagement de l’écrivain, et de l’artiste en général, ne doit pas se refléter forcément dans son œuvre, pour qu’il soit considéré comme ayant à cœur les préoccupations de son temps ou de sa société. On peut de mille manières s’engager dans le combat pour le bien-être de l’homme, sans pour autant l’afficher sous une forme, disons, politique. L’art ne doit pas être soumis à des règles pour servir une cause quelconque, comme cela s’est fait au temps du communisme, par exemple. L’écrivain doit rester totalement libre de ses choix, sinon cela tournerait à la propagande pure et simple. Votre œuvre poétique a été traduite en anglais et vous êtes allée la présenter aux états-Unis. Racontez-nous l’accueil que vous a réservé votre lectorat américain. Je suis d’abord allée en Angleterre avec ma traductrice, la poétesse Marylin Hacker. J’ai présenté mon œuvre à la Bibliothèque Nationale de Londres et au Mosaic Room où j’étais en résidence, là où avait séjourné Adonis. Puis, à l’Université de Liverpool et au café littéraire de Manchester où nous avons fait des lectures croisées, dans les deux langues, devant un public de professeurs universitaires et d’écrivains. Ce fut une belle expérience. Je n’oublierai jamais quand une femme s’est approchée de moi, les larmes aux yeux, pour me remercier d’avoir écrit Contes d’une tête tranchée. En avril 2014 j’ai effectué une tournée d’auteur aux Etats-Unis : un périple intensif de dix-sept jours dans sept états américains. J’ai eu la chance de partager mon expérience poétique avec un public de connais-

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MAG’ FIGURE DE TANGER

Lecture à New-York en compagnie de Pierre Joris © D.R.

“ On peut de mille manières s’engager dans le combat pour le bien-être de l’homme, sans pour autant l’afficher sous une forme politique. ” seurs exigents, constitué aussi bien de professeurs universitaires et de leurs étudiants, que de romanciers, poètes, ou d’un public de simples lecteurs amoureux de poésie. L’accueil fut particulièrement chaleureux notamment à Harvard University où j’ai senti un vif intérêt pour la littérature marocaine d’expression française. Tanger, inspirant pour vous ? Je ne me pose pas cette question. Tanger est ma ville, j’y ai toujours vécu. Je ne saurai d’ailleurs vivre ailleurs. Sa lumière, ses couleurs,

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son charme m’ont toujours ensorcelée. J’en suis pétrie. C’est une ville portuaire en perpétuels changements : elle décline souvent dangereusement puis renaît de ses cendres, au moment où l’on s’y attend le moins. On y trouve un brassage de cultures des plus intéressants. J’ai parlé, un peu, de ma ville, dans mon roman L’Histoire Peut Attendre. Je crois que son mystère réside dans le fait qu’on peut y rencontrer le bon Dieu ou le Diable. Y vivre en Soufi ou s’y encanailler. Tanger se plaît à entretenir ses mythes vrais et faux, mais chacun y trouve son compte et son inspiration !



MAG’ LE BILLET

Chaouiyates

Pour le réveil de l’Humanisme

© D.R.

Par Mokhtar Chaoui, écrivain

Pour tout être humain normalement constitué, il est impossible de rester insensible à ce qui se passe dans le monde. Les conflits, les massacres, les génocides se multiplient et se succèdent, pire encore, ils se banalisent. Pas un jour sans compter des victimes, sans des déclarations de guerre. On a divisé l’univers en axe du Bien et du Mal et chacun se croit être du bon côté. Les va-t’en-guerre se sont substitués aux sages, les pacifistes se sont tus et les militaires ont détrôné les philosophes. Il est bien commode de se cramponner à sa culture, à ses principes, à sa religion et d’exclure les autres. Oui, le XXe siècle s’est fermé et le XXIe s’est ouvert sous le signe de l’exclusion, de la suspicion, de l’intolérance. Personne ne prend la peine de comprendre l’autre, de s’en approcher sinon pour l’évangéliser, l’islamiser, le judaïser ou l’exterminer. On ne réfléchit plus en termes de partenaires avec qui débattre, mais d'ennemis à abattre.

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Les idées de confrontation ont définitvement remplacé la confrontation des idées. Faut-il s’en étonner ? Bien sûr que non, car ce que nous vivons n’est que l'aboutissement logique de notre déshumanisation. Nous vivons l'ère du soupçon, de l'intolérance, de la démagogie... de la phobie sous toutes ses formes. Les Humanistes qui éduquaient les peuples sont morts, ou mis à l’écart, et ont été remplacés par des religieux fanatiques, des idéologues sanguinaires, des politicards véreux et des abrutis qui font et défont le monde. Tous, avec le sourire et une conviction inébranlable, prêchent la mort et se nourrissent de sang. Tout est prêt pour que le monde sombre à nouveau dans le fascisme. Régime qui se régénère toujours sous les braises des conflits, de la peur, du sentiment d’insécurité, et donc du repli sur soi, avec l’idée de se protéger de l’autre,

jadis ami, mais présentement ennemi. Les notions de races pures et de races bâtardes refont surface et sont portées par ceux-là même qui nous gouvernent. Seulement voilà, en attendant que la science permette à chaque race, chaque société, chaque tribu, voire chaque famille de vivre dans des planètes séparées (ce qui est loin d’être une garantie d’entente et de paix durables parce que l’humain est une créature intrinsèquement conflictuelle), nous n’avons que la terre à partager, et qu’on le veuille ou pas, nous sommes condamnés à nous entendre, malgré nos différences, nos malentendus, nos défiances. Comment y arriver ? Par l’Humanisme. Seule valeur, à mon sens, qui peut fédérer les hommes et les femmes de bonne volonté. L’histoire a démontré que les religions, les idéologies, la politique sont des facteurs de séparation et non d’union, de suspicion et non d’entente, d’exclusion et non de tolérance. Il va sans dire que les religions, les idéologies, la politique sont indétrônables. Le défi n’est pas de les illuminer, mais de les amener à enseigner les valeurs de l’humanisme, car l’Homme est un humain avant qu’il ne devienne musulman, chrétien, juif, bouddhiste ou athée. Vœux pieux et utopistes diront certains. Je le sais. Je ne suis pas naïf, mais c’est cela ou la troisième guerre mondiale qui sera cette fois-ci une guerre de religion. Et quand les Dieux se livrent des batailles, ce sont les humains qui sont les chairs à canon.



À LA UNE

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RENCONTRE


Anouar Majid BACK TO TANGIER

Il faut le suivre, Anouar ! Hyperactif, ce Tangérois de retour au pays porte le sourire et l’humour comme d’autres le smoking : avec style. Une enfance à Tanger, des études à Fès, puis c’est le grand saut vers l’inconnu et un départ aux États-Unis pour étudier la littérature et le cinéma à l’Université de Syracuse. Entré à l’University of New England comme assistant professor, il a gravi les échelons jusqu’au poste de vice-président aux affaires mondiales pour l’UNE, vice-président des communications et du marketing et responsable-fondateur du Center for Global Humanities. Mais aussi et surtout, il est le directeur général de l’UNE à Tanger qui a ouvert ses portes en 2014. Une aventure qui le ravit au-delà de ses espérances et qu’il a accepté de nous faire partager… PAR CHRISTINE CATTANT

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À LA UNE

RENCONTRE

URBAIN - Qu’est-ce qui a motivé la décision du jeune Tangérois de partir vivre aux États-Unis en 1983 ? Anouar Majid - Pure chance. Je m’attendais à poursuivre mes études à Fès après avoir obtenu une subvention spéciale concurrentielle en 1983, mais une bourse pour étudier à New York m’a incité à me lancer dans l’aventure. Quand je suis arrivé et me suis installé à Manhattan, j’ai eu le sentiment d’atterrir sur une autre planète. Mais c’était passionnant et très excitant pour un jeune homme à la recherche de nouvelles expériences, d’autres connaissances, de nouvelles cultures… À ce jour, Manhattan reste ma ville préférée au monde.

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Comment vivez-vous votre statut d’expatrié ? Vivre aux États-Unis s’est avéré la meilleure chose qui me soit arrivée. J’ai passé les quatre premières années à New York. Toutes les nationalités qui existent sur notre planète s’y côtoient. C’est le centre économique et culturel du monde. Dans ce milieu fascinant, mon seul défi était de rester lucide sans me laisser complètement éblouir. J’étais d’ailleurs fier de venir du Maroc. J’avais entendu parler de ces Marocains qui se sentent mal à cause de leurs origines en France ou ailleurs en Europe. Je n’ai jamais vécu cette expérience aux États-Unis. En 2007, lorsque la télévision Al Jazeera a fait un programme sur ma vie, je leur ai dit la même chose.

Comment est née la décision de l’University of New England d’ouvrir un campus à Tanger ? J’ai commencé à voyager avec des étudiants et professeurs de l’UNE au Maroc dans les années 1990, mais l’idée a germé quand mon ami tangérois Mohammed Ariad - aujourd’hui ambassadeur du Maroc en Finlande m’a présenté l’ambassadeur nouvellement nommé du Maroc à Washington, M. Aziz Mekouar. Aziz m’a demandé de faire de mon mieux pour aider la cause marocaine. J’ai donc demandé à l’UNE d’envisager l’ouverture d’un campus au Maroc. Après de nombreuses années et le soutien absolu du président et du conseil d’administration de l’UNE, l’ancien Wali de Tanger m’a présenté à l’école américaine


de Tanger. J’ai travaillé pendant un an avec le co-président de leur conseil d’administration avant de signer un contrat de bail avec eux. J’ai ensuite trouvé un architecte pour commencer à planifier et construire. Lorsque je regarde en arrière, l’ensemble du projet de construction me paraît pharaonique.
En ce qui concerne les raisons pédagogiques, elles sont assez simples. Quand je suis devenu l’administrateur en charge de toutes les affaires mondiales à l’UNE, j’ai voulu faire d’une éducation globale une exigence. Puisque nos étudiants ont besoin de prendre des cours de sciences en biologie, chimie organique et physique, j’ai demandé à construire les meilleurs laboratoires pour eux.

« Mon seul défi était de rester lucide sans me laisser complètement éblouir. » Nous avons testé une très petite version de ce projet à Séville, en Espagne, en partenariat avec une université. Mais à Tanger, nous voulions le meilleur minicampus qui soit. Et nous y sommes parvenus. Comment a été accueillie cette nouvelle option par vos étudiants ? Nous avons 21 étudiants ce semestre (janvier à mai) et, ensemble, ils constituent la classe la plus diversifiée dans l’histoire du premier cycle à l’UNE. Nous avons plus d’étudiants à

Tanger qu’à Séville – ce qui est, compte tenu de l’histoire et de la beauté de la capitale andalouse, énorme. Ce programme prend du temps à construire. Nos étudiants ne paient aucun frais supplémentaire et obtiennent même des bourses pour financer leurs frais de déplacement. Il existe des gens dans le Maine qui donnent des milliers de dollars pour que nos étudiants puissent faire leurs études à Tanger. En fait, si j’ai relevé plusieurs défis dans la construction de ce programme, celui face auquel je suis désarmé, c’est lorsque des

Avec l’ambassadeur américain Dwight Bush Jr. en visite à l’UNE à Tanger.

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À LA UNE

RENCONTRE

actes de terrorisme ont lieu dans la région ou, comme ce qui est passé récemment à Paris, en Europe ou en Occident. Lorsque cela se produit, la peur s’installe et les jeunes hésitent à s’inscrire et à partir. Cet extrémisme violent est mauvais pour notre projet universitaire, mais aussi pour notre pays. Vous êtes l’auteur de nombreux articles et ouvrages de référence traitant du rapport entre monde musulman et occident. Pouvez-vous nous expliquer les grandes lignes de votre réflexion ? J’ai étudié la littérature et la culture américaines et je pensais devenir professeur et chercheur dans ces domaines. Lorsque « l’affaire Salman Rushdie » a éclaté, on m’a demandé de participer à analyser ce qui se passait. Voilà comment j’ai commencé à travailler sur le thème des relations islamo-occidentales, en particulier depuis 1492, année de la chute du dernier royaume maure en Espagne et du voyage vers l’Amérique de Christophe Colomb. On pourrait simplifier la thèse principale de mon travail en une phrase : l’injustice sociale produit l’extrémisme, un extrémisme religieux, économique ou politique. Dans mes premiers livres, je reprochais à l’Occident d’avoir exploité les Musulmans – entre autres – et de les avoir transformés en citoyens de

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« L’injustice sociale produit l’extrémisme. » deuxième ou de troisième classe. Puis, j’ai analysé mes propres traditions avec une lecture critique. Toutes les cultures et les civilisations peuvent devenir des oppresseurs s’ils ne font pas régulièrement leur autocritique. Cette démarche nécessite pas mal de réflexion et beaucoup de lectures, elle devient de moins en moins pratiquée, car le champ de l’information et des connaissances nous vient désormais majoritairement d’internet et de la télévision. Vous êtes le directeurfondateur du Center for Global Humanities, que vous avez créé en 2009… C’est un forum public consacré à l’étude de la destinée humaine au XXIe siècle. Les nouvelles découvertes dans la science et la technologie sont en train de changer notre compréhension de la nature humaine et soulèvent des questions sur l’avenir de notre civilisation. Le centre est relié aux programmes nationaux et internationaux similaires et organise séminaires, événements et conférences par d’éminents chercheurs du monde entier. Nous croyons en la nécessité vitale d’une culture des sciences humaines pour la vie civique et démocratique et travaillons

également en étroite collaboration avec la communauté locale pour encourager la lecture, la discussion et le débat. Aujourd’hui, vous partagez votre temps entre Tanger et les États-Unis. Est-ce un rêve qui se réalise de retour au pays tout en gardant ses attaches avec votre pays d’adoption ? Je suis un « maroco »-américain. J’aime autant chacun de mes deux pays. Ils m’ont permis de m’épanouir et de prospérer. Mais je n’aurais jamais pensé pouvoir un jour jouer un tel rôle dans l’élaboration d’un projet comme celui de notre campus à Tanger. Ce sont les mystères de la destinée et j’ai encore du mal à le croire aujourd’hui ! Naturellement, je suis extrêmement reconnaissant d’avoir eu l’occasion de diriger ce projet qui me tenait tant à cœur, car l’éducation globale permet à de nouvelles idées de naître, elle donne l’opportunité aux gens de se rencontrer, de développer des amitiés nouvelles et d’élargir le cercle de la paix. Le campus est comme un de mes livres : il génère la discussion en permanence. Quelle est votre analyse sur l’évolution de Tanger ?


© D.R.

Le campus ultra-moderne de l’UNE à Tanger offre à ses étudiants des équipements à la pointe de la technologie.

Tingis, le premier magazine en langue anglaise sur le Maroc, lancé et dirigé pendant deux ans par Anouar et son ami, Khalid Gourad. Désormais en ligne : www.tingismagazine.com


À LA UNE

RENCONTRE

« Nos dirigeants politiques ne peuvent pas tout faire à notre place. »

La une très tangéroise du magazine de l’UNE.

Franchement, je suis très optimiste. Quand je regarde autour de moi, j’ai l’impression de voir une ville se reconstruire. Dans cinq ans, Tanger sera une grande métropole méditerranéenne avec une économie florissante et une scène culturelle passionnante. Je sais que de nombreuses villes marocaines sont engagées dans un processus similaire, mais je pense que Tanger sera toujours différente. Elle combinera le charme d’une ville américaine comme San Francisco avec un esprit européen et méditerranéen, tout en gardant son identité purement marocaine. Le cosmopolitisme fait partie de l’ADN de Tanger. Comment vivez-vous votre ville en tant que Tangérois ? Une chose m’inquiète : le manque de conscience civique chez

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nombre de mes concitoyens. Beaucoup ne se soucient pas de leur ville, jettent les ordures dans les rues, n’assistent pas aux événements culturels et perdent un temps fou en occupations triviales. On peut tout à fait se divertir dans les cafés mais j’aimerais, en même temps, voir les gens s’intéresser davantage à la ville et son avenir.
Et puis je souhaiterais aussi moins de voitures dans nos rues tellement congestionnées et plus de gens dans les transports publics. J’ai déjà pris trois fois le nouveau bus Alsa et je le trouve excellent. Je ne comprends pas pourquoi les gens s’évertuent à conduire en centre-ville quand prendre un autobus est si facile et plus propre. Des solutions ? La marche à pied, c’est la

meilleure ! Enfin, pourquoi ne pas instaurer un dimanche par mois sans voiture au centre-ville et faire de l’exploration de notre ville à pied une affaire pour tous ?
Nos dirigeants politiques ne peuvent pas tout faire à notre place et sans contribution de notre part. J’ai dit à certains d’entre eux que j’étais prêt à travailler gratuitement pour participer à faire de Tanger la cité de nos rêves. Si nous voulons qu’elle devienne la grande ville à laquelle nous aspirons tous, nous devons y travailler et réaliser des choses concrètes. Tout est possible, si on a la volonté. Et de toute façon, nous ne pouvons pas rester là sans rien faire, à part critiquer les gens qui travaillent, même s’ils sont imparfaits. Ce n’est pas une attitude digne des vrais Tangérois ou des Marocains patriotes. 

À LIRE… OUVRAGES D’ANOUAR MAJID • Si Yussef • Freedom and orthodoxy • Unveiling traditions • We are all Moors • A Call for Heresy • Islam and America


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ÉVÈNEMENT

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EXPO


Attention, Désordres !

Il y a des expositions qui font date. Avant même les derniers clous posés, les dernières retouches effectuées dans la grande salle blanche de la Galerie Delacroix, avant même le succès public et ses mystérieux bavardages, l’exposition « Désordres » a gagné sa part d’imaginaire. On en reparlera. Il y a bien sûr l’incroyable résonance de l’exposition – jusqu’à son titre et le design du carton d’invitation – avec une actualité brute, créant dans ce lieu serein, une atmosphère électrique. L’attention est soutenue – presque par force. Au traumatisme d’un monde qui se découvre en guerre contre le fanatisme, en ce début 2015, répondent comme des vigies inspirées, cinq artistes marocains. Simohammed Fettaka, Saïd Afifi, Mohssin Harraki, Omar Mahfoudi et Abdelmohcine Nakari tendent au monde un miroir qui renvoie des ondes d’une grande justesse. Des ondes assez fortes pour aller droit au but, assez fines pour semer le trouble nécessaire à ce type de lumière qui vibre entre l’intime et le l’universel. C’est beau, c’est cruel, c’est inquiet. Par Philippe Chaslot

« DÉSORDRES »

Galerie Delacroix, Institut Français, 86 rue de la Liberté, Tanger. Du 16 janvier au 20 février 2015 / Exposition collective.

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ÉVÈNEMENT

EXPO

Saïd Afifi, nageur inspiré

Si Saïd Afifi était un trait de crayon, ce serait une tangente, une ligne de fuite permettant d’échapper aux lourdeurs des choses. Si c’était un animal ce serait un poisson sans âge, porteurs des rêves de l’humanité. C’est comme ça, pour définir Afifi, il faut inventer des images un peu complexes, voire obscures, parce que l’animal ne se laisse pas facilement placer dans un aquarium. Afifi a la phobie de l’enfermement et l’obsession de la liberté grande. Il parle doucement, avec l’attention de celui qui ne veut pas se laisser piéger, ni par ses mots, ni par son travail. Habité par la pulsion vitale d’échapper aux lectures monolithiques, aux dogmes, aux étiquettes identitaires, au réel et même au temps qui passe, son

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énergie consiste à imaginer d’autres univers. Par exemple un monde, où les mots « humain » et « divin » fusionneraient. Chemin faisant, Afifi a la délicatesse de laisser quelques traces artistiques de cette quête. Des vidéos mystérieuses, des dessins raffinés, des photos tragiques. Dans son monde surréaliste, il cite ses compagnons de route, Baudrillard, Nietzsche, Barthes. Les religions ne sont plus efficientes pour échapper au réel ? Il faut donc trouver une nouvelle forme de divination pour l’avenir de l’homme. Et pour cela, il faut « s’échapper », dans tous les sens du terme. Afifi aime la dimension narrative et onirique de la bande dessinée de science-fiction, vecteur des grands voyages intérieurs. Dans son œuvre, l’élément aquatique, très présent, étouffe les bruits du monde. Une « zénitude », un silence… Saïd Afifi expose à la galerie Delacroix avec quatre autres artistes marocains. Casablancais, ancien prof à Tétouan, cet esprit libre construit une œuvre subtile qui se nourrit de la complexité de la pensée, des impasses du monde présent et des rêves éveillés que permettent les nouvelles technologies. Rencontre…


URBAIN - Dans votre installation vidéo intitulée Le naufrage du cube, la Kaaba s’enfonce lentement pour disparaître dans les flots… Les religions sont-elles condamnées ? Said Afifi - En fait c’est l’idée de la divinité qui est faite pour changer… Moi, je ne parle pas de Kaaba, mais de cube. Je ne veux pas être enfermé dans un espace-temps déterminé, ni dans une signification trop directe. Le cube, cette Kaaba, peut avoir une autre signification dans un avenir plus ou moins lointain… Aujourd’hui, les religions – comme la politique – sont en crise. L’idée de Dieu paraît loin de nous. On est en phase de transition vers l’homme divin. C’est une quête qui rentre dans un processus évolutif…

« Quand on a une mono lecture des choses, on reste borné. »

Et dans laquelle vous semblez très impliqué… Parfois j’ai l’impression que quelqu’un d’autre à réalisé ce que je fais, comme si j’étais habité régulièrement par un nouveau protagoniste qui se renouvelle, de plus en plus intelligent. Dans votre œuvre, l’eau absorbe en vaguelettes tranchantes les plus grands mythes de l’histoire, ou bien abrite une faune de poissons déliquescents. L’aquatique est omniprésent, hyperpuissant. Pourquoi donner à l’eau le premier rôle ? J’ai une fascination pour les poissons. L’homme est venu du poisson et l’évolution humaine nous ramènera au poisson… Beaucoup plus vite qu’on a mis pour devenir des hommes. Nos ancêtres sont notre devenir.

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ÉVÈNEMENT

EXPO

Les artistes sont-ils porteurs de divin ? Qui sait ? Pour revenir au cube, que symboliset-il ? Automatiquement quelque chose de figé, de statique, de lourd qui se pose sur une assiette solide et, en même temps, qui représente un certain pouvoir, radical, et même un certain extrémisme. Comment est née cette œuvre ? Beaucoup de Marocains partent pour le hajj. Chaque année, il y a de grandes campagnes publicitaires où l’aspect commercial n’est pas absent. Pourquoi part-on ? Mon projet du « naufrage » est né de mon état d’esprit de l’époque.

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Je m’intéressais à Nietzsche, à la mort de Dieu. C’était intéressant de travailler avec le symbole de l’islam. Mais je ne veux pas être évident. Je ne suis pas « un-jeune-musulman-se posant-desquestions-sur-sa-religion » (sourire). Je m’intéresse plutôt au minimalisme, j’essaie d’aller vers la polysémie dont parle Barthes, une polysémie qui mène à l’intelligence et à la tolérance. Quand on a une mono lecture des choses, on reste borné. Il faut avoir des yeux tout autour de la tête… aller vers des choses qui peuvent avoir plusieurs significations. C’est pour ça que je ne veux pas que mon travail ait une lecture évidente. Je déteste porter un message. Sinon comment pourrais-je m’opposer aux vérités absolues ?


« Je suis fasciné par la mort du réel »

Naufrage du cube de Saïd Afifi

Où est donc la spiritualité si elle n’est pas dans le religieux ? Elle est en nous ! La grande illusion qu’on subit aujourd’hui c’est le capitalisme qui est en train de nous convaincre qu’on est là à travers ce que l’on perçoit par les cinq sens. Cela nous pousse à consommer et à nous détacher de nous-mêmes, de notre profondeur. Et quand on s’en détache, on laisse à d’autres le soin d’imaginer notre utopie. C’est très dangereux. La spiritualité, c’est quand on brise ses propres objets, les plus sacrés et les plus précieux car notre devenir est peut-être immatériel. La spiritualité, c’est se rapprocher de soi-même… Pour découvrir, éventuellement qu’on n’existe pas. Vous parlez beaucoup de l’évolution du monde, du sens des choses, du refus de l’enfermement dans un corps ou un dogme… La spiritualité est-elle très liée à la religion ? Non, je ne pense pas. Mais j’ai une forte certitude : les prophètes étaient très profonds, très spirituels, très intéressants. Et je pense que Mohammed est le plus intéressant, car il a eu l’intelligence de déclarer la fin des religions. Une intelligence tactique en somme ? Oui, stratégique, politique même !

D’où la distance avec l’objet sacré ? Pourquoi le Coran n’est-il pas considéré de la même manière s’il est sur tablette ou en livre ? La Kaaba c’est une architecture, un objet, c’est tout. Il n’y a pas lieu de le sacraliser plus qu’autre chose. Vous présentez également un autre travail, très différent : des photos d’architecture recomposée, espaces froids, blocs de béton gris et tranchants, espaces inhabités. D’où vient cet univers très « BD de science-fiction »?

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ÉVÈNEMENT

L’équipe de « Désordres » au complet

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EXPO

Il se peut que je sois angoissé par l’architecture qui peut résister plus longtemps que l’homme. Une architecture qui peut inscrire dans le temps, une idéologie, un temps, un espace. Mais j’ai envie maintenant de passer de l’architecture à la végétation qui a beaucoup de choses à nous raconter. Et qui est une forme d’architecture… En fait,ça remonte à mon enfance. Quand j’étais gamin, j’étais sublimé par la SF, les dessins animés. C’est un univers parallèle à notre monde. Je suis fasciné par la mort du réel. Ça me permet de sortir de moi, de réinventer des illusions

« La spiritualité, c’est se rapprocher de soi-même… » hyper-réelles. Par exemple mon cube qui sombre c’est une vidéo qui paraît hyper-réelle. En fait, c’est une illusion technique. Il se peut que Dieu ait fait la même chose. Peut-être qu’il nous a menti ! Et si ça se trouve, c’est maintenant à l’homme de fasciner Dieu et de lui dire que son réel n’existe pas. 




L’OEIL DU PHOTOGRAPHE

Maroc, 2015, Vintage d’Anne Mocaër Projeter la vie qui passe, le quotidien. Ce qui se dégage du routinier en images, les gars en mobylette dans les ruelles. Si tu t’approches, tu peux presque croire ça : nous sommes en 1950, c’est beau comme dans un film de Fellini, tu t’attendrais à voir débouler Mastroianni, chemise blanche et manches retroussées, au coin de la rue, mais non, rince-toi les yeux l’innocent, ce n’est pas l’Italie, c’est plus bas, c’est plus Sud. C’est plus méditerranéen encore. Ça respire plus fort et ça gesticule presque autant. Il y a comme un voile de chaud sur les photos. En aspirant bien fort, tu sentirais presque la moiteur amollir les gestes. Ça braille pourtant dans la rue, tu les entends rire. Ils sont gouailleurs et musculeux, complices comme des frères, le nerf à vif, ils jacassent et se chamaillent, malgré le plomb du cagnard. Ils tripotent leur bécane, fiers comme Artaban. Des chats sauvages ne feraient pas mieux. En apesanteur, l’odeur lourde et suave des plats qui mijotent sur les plaques à gaz dans les cuisines. Plus loin, là où la lumière brise la rétine, c’est du vrai beau, ça cuit en plein soleil. Places du marché ; les femmes à l’unisson, images volées dans un coin. À vendre toujours les mêmes babioles, irrésistibles et inutiles, qui ne trouveront jamais leur place dans ton appartement de province. Joviales peut-être ces femmes, dans l’espoir de se débarrasser de leur attirail, pleines de l’orgueil sain de celles qui rapportent l’argent à la famille. Et puis là, dans le fond d’une cahute insalubre, à l’écaillé magnifique, qui parle tout bas ? Un vieillard qui porte capuche, un de ceux à qui tu voudrais tout demander, persuadé que, barricadé dans son silence, il sait tout. Mais il ne te dira rien, tu es trop curieux, tu veux aller trop vite en besogne. On te l’a dit déjà, rien ne presse, prends ton temps, perds-le aussi, ne t’épargne aucune seconde pour t’engoncer dans la contemplation. Prends ton temps. Perds ton temps. Imane A. Kettani Anne Mocaër habite à Casablanca. Elle sillonne le Maroc en quête d’images du quotidien qu’elle joue à encenser, tirant parti des contrastes, de la lumière et des scènes qui s’offrent à elle. http://photo-anne.blogspot.com/

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CULTURE

AGENDA

- l'agenda culturel expos INTERCESSIONS

Exposition collective d’artistes marocaines : Dounia Oualit, Batoul S’Himi, Ymane Fakhir et Zoulikha Boubdellah. Commissariat : Bernard Collet L’exposition « Intercessions » poursuivra la réflexion entamée avec Désordres dans la mesure où toute transgression (désordre d’un ordre ancien détruit) appelle nécessairement une transcendance (un ordre neuf à inventer) dans notre rapport au monde. Dans ce qui travaille l’écart de la norme, la voix des artistes femmes s’est fait entendre avec beaucoup de force ces dernières années. Elles ont agi en éclaireurs. Elles ont produit ce travail d’intercession. Jusqu’au 30 mars. Vernissage le 27 février à 19h30. Galerie Delacroix

Automobile Art

Peinture, sculpture et dessin Des éléments de carrosserie (portière, capot, ailes) ont été confiés aux artistes Abdellah Boukil, Freaky, Georges Partan, Said Ouarzaz, Evelyne Postic, Omar Mahfoudi et Aroundou. Les pièces ont été exposées au Consulat de France en collaboration avec Renault lors du Parcours artistique du 21 septembre 2014 à Tanger. En février - Galerie Conil

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Paradoxal autobiography Yassine Chouati S’il y a bien un artiste qui questionne les tenants et les ressorts de l’identité, tout en gardant au bout du pinceau la maîtrise du geste, du trait envolé et de la couleur, c’est le plasticien tangérois, Yassine Chouati. Découvrez une série d’aquarelles inédites, déclinaison de portraits audelà d’une simple compréhension visuelle, grâce à laquelle l’artiste s’en est donné à cœur joie dans la dissection de ses ressentis, colères, fusions et aspirations. Triturant, découpant, griffant, saccageant passablement certains de ses portraits, il exprime une hargne qui ne fait qu’accentuer son talent. En février. Espace galerie les insolites


Bicefalia

Hamadi Ananou Exposition sur quatre axes des œuvres du fameux photographe de Melila Mohamed Ananou. Jusqu’au 14 février. Institut Cervantes

Driss Sarih Pour l’artiste peintre Driss Sarih, expressionniste par nature, l’aquarelle est un moment de thérapie. Elle lui permet d’oublier les malheurs du monde mais aussi de partager cet immense plaisir qui apaise le regard et calme l’esprit… Jusqu’au 5 mars. Vernissage le 5 février à 19 h. Volubilis Art Gallery

Ça continue en février : Freaky à LA FABRIQUE

D’AUTRES HORIZONS… La galerie de la médina d’Assilah vous propose de découvrir : Zohra Saidi (Tanger), mystère féminin de l'art marocain, Mohamed El Wahhabi, esprit sauvage d'Assilah, Ahmed El Mourabite, mystique orientaliste du Moyen Atlas, Jasmin Juarez, dans la lignée de l'art populaire mexicain, Martin Lartigue, primitif contemporain (Bordeaux), Joseph Kurhajec, genre chamanique américain et Isidore Krapo, grand coloriste (Bordeaux). Jusqu’au 8 mai - Galerie Monassilah

Lumières noires Mehdi Abdellatif Des toiles qui « étonnent par leur parti pris anticonformiste, en marge des conventions d’usage, des canons de beauté habituels : Mehdi choisit de planter l’envers du décor, de loger sa création dans la pénombre de l’inconscient, en ce sens qu’il tente, avec succès, d’explorer la couleur noire et ses dérivés, soulignés par de rares fulgurances de couleurs vives (…) » Abdelilah El Khalifi. Jusqu'au 13 février - Medina Art Gallery

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CULTURE

AGENDA

littérature Le dernier Salto Abdellah Baïda

Au centre de ce récit, Abdellah Baïda a placé une figure, un exploit, une échappée : le salto. Ce saut arrière, dont le narrateur a toujours rêvé, il n’y parvient qu’au crépuscule de sa vie... Le 5 février à 18h30 Médiathèque de l’Institut français de Tétouan

Conversations avec Ibn Battouta Lotfi Akalay Rencontre avec l’auteur tangérois autour de son livre illustré Conversations avec Ibn Battouta. Ibn Battouta revient sur terre. Il s’étonne, interroge, cherchant à comprendre un monde qui lui échappe. Lotfi Akalay, avec verve et humour, nous entraîne dans un dialogue animé avec ce personnage hors du commun. Des collages réalisés par des enfants de Tanger et d’ailleurs accompagnent le texte. Le 6 février à 18 h. Musée de la Kasbah

DIPTYK Meryem Sebti, Rédactrice en chef de la revue Le magazine Diptyk offre un éclairage unique sur la scène artistique contemporaine au Maroc et dans le monde arabe. Le 26 février à 18h30 Médiathèque de l’Institut français de Tétouan

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CATEL MULLER ET JOSÉ-LOUIS BOCQUET Rencontre autour du roman graphique Olympe de Gouges (Casterman, 2012) « Marie Gouzes décide de vivre librement. Elle se fera désormais appeler Olympe de Gouges. Femme de lettres, fille des Lumières, libertine et républicaine, Olympe a côtoyé la plupart de ceux qui ont laissé leur nom dans les livres d’histoire au chapitre de la Révolution : Voltaire, Rousseau, Mirabeau, Lafayette, Benjamin Franklin... En 1791, quand elle rédige la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, Olympe demande l’égalité entre les sexes et le droit de vote; des propositions qui resteront révolutionnaires jusqu’au XXe siècle.» Le 13 février à 19 h Médiathèque de l’Institut français


Salon international de l’Édition et du Livre Du 13 au 22 février - Médiathèque de l’Institut français de Tétouan

Sur le Pavillon France, au 21e SIEL à Casablanca, plus de 40 auteurs et intellectuels francophones dialoguent avec le public au fil de 50 débats et rencontres littéraires autour d’un monde à inventer. Également en tournée dans les sites de l’IFM comme à Tétouan : • Amazigh, itinéraire d’hommes libres de Cédric Liano et Mohamed Arejdal (Steinkis ∙ 2014) Le 11 février à 18h30 • Femmes dans la ville, de Safaa Monqid (Presses universitaires de Rennes ∙ 2014) Le 19 février à 18h30

conférences Le Monde arabe en panne de direction Par Anouar Majid, Directeur-Fondateur du Center for Global Humanities. Programme et inscriptions à l'Université Citoyenne® 2015 HEM Tanger Le 12 février à 18h30. Salle Beckett

Les conférences de l’UNE L'University of New England invite le public à deux conférences en février. Entrée libre. Chaque conférence est suivie d'une réception. • The Rise and Fall of the Aztec Civilization Charlie Goff // Le 19 février à 17 h • The Ecology of Roman Imperialism Gregory Woolf // Le 24 février à 17 h

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CULTURE

AGENDA

spectacles

Théâtre // L’Homme du pain nu De Zoubeir Ben Bouchta Par la compagnie Bab Bhar CinéMasrah Metteur en scène : Abdelmajid El Haouasse Comédiens : Farida El Bouazzaoui, Mouhcine El Malizi, Mouncef Kabri Cette pièce reprend, prolonge et complexifie l’expérience scripturale de Choukri : il fait éclater l’unité du prénom pour en faire deux personnages, « Chouk » et « Ri ». Les 13 et 14 février à 20 h Salle Beckett

Turn off the light Création pour deux danseurs et un calligraphe Calligraphe et directeur artistique : Julien Breton Turn off the light est une performance scénique créant la rencontre entre la danse, la musique et la calligraphie lumineuse. Le 21 février à 19 h Maison de la culture de Tétouan

photographie AUTRUI

Bilal Touzani

On aime donc on partage ! Joseph Caprio

Pour la première fois au Maroc, des œuvres du photographe grenoblois dont le sujet de prédilection est la danse et le travail sur le corps qu’il fixe sur la pellicule depuis plusieurs années. En février. Galerie Artingis

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Jusqu’au 21 mars. Nocturnes les 26 février et 12 mars de 19 h à minuit Vernissage le 12 février à 19 h Galerie Photo Loft « On a pu croire que la photographie est figée jusqu’à ce que Bilal y apporte un démenti sans appel. Ses personnages ne bougent pas, ne remuent pas, ils sont animés parce qu’ils donnent à voir la vie ondoyante, mouvante et insaisissable. Bilal ne capte pas, il n’emprisonne pas ; il attrape au vol les êtres ailés que nous sommes, non pas en arrêtant le mouvement comme le ferait un oiseleur, mais en le frôlant dans sa fragilité et sa beauté aérienne. » Lotfi Akalay


musique Cosmosoul CosmoSoul est né de la rencontre de cinq artistes : Alana Sinkëy, chanteuse portugaise d’origine guinéenne, Abel Calzetta, guitariste argentin, Akin Onasanya, batteur et percussionniste nigérien, Manuel Pablo Sanz, bassiste espagnol, et aux machines le napolitain Sergio Salvi. Leur musique plonge ses racines dans le soul et le R&B, mais aussi dans la World Music, le Rock, la Pop, le blues et la musique électronique. Le résultat est une musique originale aux sonorités profondes et sincères. Leur concert est un voyage dans les racines et le respect de la diversité. Le 14 février à 20 h - Tabadoul

L’MNABEH C'est dans l'influence du fameux groupe Lemchaheb que ces musiciens développent leur énergie, emportent et libèrent les émotions. Ils malaxent avec un souffle nouveau les rythmes et les grooves qui ont marqué la musique marocaine. Leur chant qui voyage entre l’arabe dialectal et littéraire, touche de manière frontale à tous les thèmes de la société marocaine contemporaine. Le 28 février à 21 h Tabadoul

Electrival Bassfinder Le producteur et DJ Bassfinder, réputé aussi bien au niveau national qu’au plan international, ne cesse d’élargir sa discographie et d’instaurer sa notoriété sur la scène. La texture sonore de ses productions provoque l’oreille du public. L’Electrival est une expérience sonore puissante dédiée aux amateurs de musique électronique et aux autres. Entrée 50 DH - Etudiants 30 DH - Entrée + CD : 80 DH Le 7 février à 19 h - Tabadoul

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CULTURE AGENDA JEUNESSE

L’agenda des petits

Odysséus plastok

Spectacle de marionnettes et musique Cie Fleming Welt - Création 2011 Deux enfants se disputent leurs goûters, rangés dans des sacs en plastique. Déchirés et abandonnés, les sacs donnent vie à un personnage qui s’envole : Plastok. Un joli spectacle autour de la question du développement durable et de la pollution du sac plastique.

Maison de la culture de Tétouan Le 24 février à 17 h

Rencontre avec… Mathilde Chèvre Samedi 14 février à 16h30 Section jeunesse - Médiathèque IFT Tanger Née en 1972, dans une campagne de France entre deux avions pour Bougara en Algérie où ses parents vivaient, Mathilde Chèvre a grandi dans une ancienne ferme des Pyrénées, assez éloignée du monde. Depuis vingt ans, elle vit entre Marseille, le Caire et Damas, dirige les éditions Le port a jauni qu’elle a fondées en 2001, illustre et écrit des livres pour enfants. Par ailleurs elle a réalisé une thèse sur La création arabe en littérature pour la jeunesse depuis 1967, reflet et projet des sociétés (Égypte, Syrie, Liban), et enseigne au département d’Études Moyen-Orientales de l’université Aix-Marseille.

L’Heure du Conte

Avec Laetitia Troppée, les samedis de 15h30 à 16h15 Médiathèque de l’Institut français de Tanger Le 7 février : L’homme en carton de Roxane Galliez Le 14 février : Moi j’aime quand papa... d’Arnaud Almeiras Le 21 février : L’incroyable histoire de l’homme qui avait trouvé un petit pois dans une huitre de Philippe Ciamous Le 28 février : Le tigre furibard de Gérard Moncomble Retrouvez toutes les adresses de l’agenda dans le carnet en p.70 de ce numéro.

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Les ateliers vacances de Tabadoul - Carnaval Tous les matins, du 23 février au 9 mars • Acrobatie, de 9h45 à 11 h • Danse africaine, de 11 h à 12h15 • Arts plastiques, de 9h45 à 11 h ou de 11 h à 12h15 ou de 12h15 à 13h30

U RB aIN oime !

Prix par atelier : 50 dh, tarif dégressif pour plusieurs activités. Inscription annuelle à Tabadoul 100 dh (facultatif), assurance annuelle 50 dh (obligatoire).

Cinéma Cinémathèque de Tanger

Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill de Marc Boréal

Institut français de Tanger

Garfield, champion de rire de Davis John - Le 7 février à 16h30 Petit loup, le manuel de méchanceté - Le 14 février à 16h30 Piano Forest de Masayuki Kjima - Le 21 février à 16h30 Brave story de Chigira Kôichi - Le 28 février à 16h30

Institut français de Tétouan

Magique de Philippe Muyl - Le 3 février à 16 h Loulou, l’incroyable secret d’É. Omond et G. Solotareff - Le 10 février La Vallée des fourmis perdues d’H. Giraud et T. Szabo - Le 17 février

SPÉCIAL

Festival Ciné Junior - À partir du 11 février À l’occasion du Festival International de Cinéma Jeune public en Val de Marne se déroulant du 28 janvier au 10 février, la Cinémathèque de Tanger propose au jeune public un atelier de création de décors, d’animation de personnages et une projection. À partir de 5 ans.

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CULTURE

À L'AFFICHE

À l'affiche en février… Cinéma à la Cinémathèque IN URBA

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 Les films du mois

 Les films de l'Institut français

• TIMBUKTU

• LE TEMPS DES AVEUX

D’Abderrahmane Sissako Fiction, Mauritanie, 2014, VOSTFR Sélection officielle Cannes 2014, Nominé aux Oscars 2014 Meilleur film étranger, Sélection au Festival de Marrakech 2014 En février

• LE SEL DE LA TERRE De Wim Wenders et Juliano Riberio Salgado Documentaire, Allemagne, 2014, VOSTFR En février

• SECRETS D’OREILLER De Jilali Ferhati Avec Fatima Zahra Banacer et Majdouline Idrissi Fiction, Maroc, 2014, VOSTFR À partir du 4 février

• AUJOURD’HUI De Alain Gomis Avec Saul Williams et Djolof Mbengue Fiction, France/Sénégal, 2013, VOSTFR À partir du 4 février

• LE VOYAGE EXTRAORDINAIRE De Serge Bromberg Documentaire, France, 2011, VF À partir du 5 février

• BOYHOOD De Richard Linklater Avec Ellar Coltrane, Patricia Arquette et Ethan Hawke Fiction, États-Unis, 2014, VOSTFR Sélection aux Oscars 2015 du Meilleur film À partir du 11 février

De Régis Wargnier Avec Raphael Personnaz et Kompheak Phoeung Fiction, France/Belgique/Cambodge, 2014, VF Le 5 février à 19h30

• STILL THE WATER De Naomi Kawase Avec Nijiro Murakami et Jun Yoshinaga Fiction, Japon, 2014, VOSTFR Compétition officielle Festival de Cannes 2014 Le 12 février à 19h30

• QUI VIVE De Marianne Tardieu Avec Reda Kateb et Adèle Exarchopoulos Fiction, France, 2014, VF Le 19 février à 19h30

• LA PROCHAINE FOIS JE VISERAI LE CŒUR De Cédric Anger Avec Guillaume Canet et Ana Girardot Fiction, France, 2014, VF Le 26 février à 19h30

Cinéma à l’Institut français de Tétouan • LE TEMPS DES AVEUX De Régis Wargnier – Le 6 février

• QU’ALLAH BÉNISSE LA

FRANCE

D’Abd Al Malik – Le 13 février

• LA PROCHAINE FOIS, JE

VISERAI LE CŒUR

De Cédric Anger – Le 20 février

• QUI VIVE De Marianne Tardieu – Le 27 février

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CULTURE

À L'AFFICHE

Ciné Club de l’Institut français de Tétouan Cinéma et Littérature

THÉRÈSE DESQUEYROUX

Evénement Opéra du MET au cinéma

À la cinémathèque depuis le Metropolitan de New York

LES MAÎTRES CHANTEURS DE NUREMBERG

De Claude Miller Le 5 février

L’IMMEUBLE YACOUBIAN De Marwan Hamed Le 12 février

LE PÈRE GORIOT De Jean-Daniel Verhaeghe Le 19 février

VILLA AMALIA De Benoît Jacquot Le 26 février

Cycle ciné espagnol à l’institut Cervantes Sueno y silencio de Jaime Rosales Le 3 février à 19 h

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De Richard Wagner Direction musicale : James Levine Mise en scène : Otto Schenk Avec Annette Dasch et Johan Botha, opéra en allemand ST français, 6 h Au XVIe siècle, à Nuremberg, le chevalier Walther apprend qu’Eva est promise au vainqueur du concours de chant qui se tiendra le lendemain. Amoureux d’elle, il a 24 h pour apprendre à chanter. Un opéra épique d’une grande richesse musicale et un bel hommage à la puissance de l’art. Le 22 février à 15 h

CINÉFORUM DE TABADOUL Cycle Néoréalisme

Amour de Michael Haneke (2012) En présence du jeune réalisateur Yann Nifenecker. Entrée 30 DH avec boisson chaude.



CULTURE SÉLECTION LIVRES

Love me tender, love me true EN CE MOIS DE FÉVRIER QUI FAIT LA PART BELLE À L’AMOUR DE TOUS CÔTÉS (COMME NOUS EN

AVONS BIEN BESOIN !), PETITE GALERIE DE PORTRAITS D’AUTEURS DONT LES EXTRAITS DE LIVRES

NOUS RÉVÈLENT UNE FACETTE DE LEUR RELATION À L’AMOUR. QU’ILS SOIENT CLAIRVOYANTS, DÉÇUS, ENTHOUSIASTES, PASSIONNÉS, L’AMOUR FUT, EST ET RESTERA UN DES SUJETS DE

PRÉDILECTION DES ÉCRIVAINS.

PAR STÉPHANIE GAOU, LIBRAIRE Corinne Amar, voyageuse et amoureuse empirique, dans L’acte d’amour « Je me souviens de ma première émotion physique, inattendue – ma main sur ton torse, à la recherche de ta peau, je me souviens que je l’aimai très vite ta peau même si je ne la désirai pas immédiatement, je me souviens de cette nuit courte, immortelle et de l’aube, je me souviens du taxi et de la pâleur de Tokyo, je me souviens de ta chambre d’hôtel claire aussi, je me souviens m’être dit que tu allais m’aimer, que tu m’aimais déjà. »

La Rochefoucauld, observateur, dans Maximes et réflexions « Il y a des gens si remplis d’eux-mêmes que, lorsqu’ils sont amoureux, ils trouvent moyen d’être occupés de leur passion sans l’être de la personne qu’ils aiment. »

Louis Calaferte, de mauvaise foi, ou joueur, dans Paraphe « Du moment que je l’aime, elle doit tout me pardonner. », « J’aime les femmes qui savent se laisser regarder quand elles savent qu’on les regarde, et qui y mettent un peu du leur. »

Ovide, va-t-en guerre, dans L’art d’aimer « Avant tout, préoccupe-toi de trouver l’objet de ton amour, soldat qui, pour la première fois, affrontes des combats où tu es neuf. Consacre tes efforts à toucher la fille qui t’a plu, et en troisième lieu, à faire durer ton amour.Voilà nos limites ; voilà la carrière où notre char laissera sa trace ; voilà la borne que devra serrer la roue lancée à toute vitesse. »

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Abdelhak Serhane, désertique et infini, dans Les Dunes paradoxales Je sais qu’il n’existe d’autre Désert que celui de ta vague en mille ans d’amour d’homme et de poème je sais qu’il n’existe d’autre poème que celui de tes lèvres en mille ans de folie d’homme à la recherche de ses origines pour que l’averse supporte nos larmes dans la nudité des ombres chaque matin à hauteur de nos secrets.

Paul Morand, revenu de tout, dans Va jouer avec cette poussière « Que de temps les gens perdent à chercher à se faire aimer ! J’ai écrit je ne sais où : Être aimé est un état qui ne convient qu’aux femmes, aux bêtes, et aux enfants. »

Camille Laurens, rétive et authentique, dans L’amour, roman « Ça n’a pas été de tout repos, l’amour, pour moi, je n’ai pas eu la grâce, c’est venu de loin, ça a fait le trajet, ça a mis le temps, c’est passé comme au travers de couches géologiques qu’auraient formées le passé l’enfance, la peur, ça a filtré goutte à goutte à travers ces épaisseurs, je ne peux pas dire combien de temps, des semaines, des mois, ce que je sais, c’est qu’un jour c’est arrivé à l’air libre, ça a fendu les glaciers et les roches pour faire jaillir fluide et frais, ça a traversé les terres, les mousses, et là d’un coup ça a chanté. »

Rotrou, lucide, dans Venceslas « Apprenons l’art, mon cœur, d’aimer sans espérance. »

Anaïs Nin, double et torturée dans Journal de l’amour « Je me sens divisée entre le bien et le mal. Aimer ou tuer. Détruire ou donner la vie. Jamais je ne m’étais trouvée comme aujourd’hui, à l’intersection de mes instincts les plus primitifs et de mes pulsions les plus nobles. »

Siham Issani, désirante, dans Les amants de l’ailleurs «Ton désir je le touche, quand tout mon corps se fait main, quand tu viens vers moi à toute heure de la nuit, à l’aube même, quand tu voiles les premières lueurs de l’aurore à l’ombre de tes yeux. »

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PRATIQUE PSYCHO

Arrêter de fumer, c’est facile! Par Laurence Dudek, psychothérapeute

D'abord, il convient de prendre conscience qu'on n'arrête pas de fumer un bonne fois pour toutes : on arrête de céder à l'envie d'une cigarette, pas à pas, chaque fois qu'elle se présente et autant de fois qu'elle se présente, sans lâcher. On peut s'arrêter de fumer avec un paquet de cigarettes dans la poche et même avec une cigarette allumée devant soi, je le pratique avec succès depuis plus de dix ans. En se disant qu’on a le choix, toujours et à chaque instant : fumer ou ne pas fumer. Pour y parvenir, on fait deux choses. La première, c'est conscientiser et modéliser (les outils de la PNL sont de merveilleux accélérateurs de modélisation) l'expérience sensorielle de la multitude d’actions dont on a envie et que l'on se retient de faire chaque jour : taper sur son voisin quand il vous réveille

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à 5 h du matin le dimanche, aborder une jolie fille qui passe alors qu’on est marié, traiter son patron de tous les noms d’oiseaux, rester au lit au lieu d'aller travailler, sortir en chaussons et en pyjama acheter son pain, ne pas se brosser les dents, piquer une frite dans l'assiette de son voisin à la table d’à côté au restaurant, etc.). Toutes ces choses que l'on se retient de faire plutôt facilement alors que pourtant cela ne met pas notre santé en péril, ça risquerait au pire de ternir notre image. La frustration est un apprentissage qu'on a en soi, c'est-à-dire que notre être tout entier maîtrise dans les moindres détails et dans toutes ses dimensions. On peut donc l'utiliser à tout moment pour laisser passer une envie (qui passe toujours pour peu qu'on sorte de la croyance qu'on n'y arrivera pas) : oui, on a envie de fumer, et alors ? On ne peut pas se retenir ? Quelle croyance limitante ! Certes, cela peut être inconfortable, surtout les cinq premiers jours, et alors ?

Cet inconfort, on se l'inflige au centuple chaque jour dans des tas de choses bien plus contraignantes. Depuis quand, nous, la seule espèce animale qui s’oblige à lutter contre ses besoins naturels (dormir, manger, respirer…) serait-elle incapable de supporter l'inconfort d’une frustration ? Pour atténuer l'inconfort, on peut aussi créer des espaces de ressourcement à investir lors des réflexes pavloviens (prévoir ce que l'on fera à la place de fumer la prochaine fois qu'une situation déclenchera le réflexe et donc savoir identifier le-dit réflexe). Et si c'est difficile de vous libérer vous-même de vos croyances limitantes au sujet du tabac, si vous êtes anxieux à l'idée d'arrêter, si vous avez déjà essayé plusieurs fois sans y parvenir, vous pouvez vous faire aider. Faites donc cela avant d'être vraiment malade, histoire de pouvoir en profiter le plus longtemps possible...

© D.R.

Arrêter de fumer, c'est facile. Les anciens fumeurs le savent bien et souvent même ils regrettent de ne pas l'avoir fait plus tôt. La croyance que c'est difficile - voire douloureux - crée l'idée même de la dépendance, d'ailleurs les cigarettiers l'ont très bien compris : ils entretiennent cette croyance. Une autre croyance populaire dit que lorsqu'on est fumeur, on le reste toute la vie, qu'on ne "redevient" jamais non-fumeur mais qu'on est fumeur abstinent, quel contresens ! C'est précisément le contraire : on ne DEVIENT jamais fumeur car “fumer” c'est un comportement et rien d'autre : c'est ce qu'on fait (ou ce qu'on ne fait pas), ça n'est en aucun cas qui on est. Une fois qu'on a compris cela, la démarche est plutôt simple...


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PRATIQUE CUISINE

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© D.R.

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Pour 4 personnes 1 kg de gambas 700 g de médaillon de lotte 700 g de calamars 580 g d’artichaut 350 g de champignons de Paris 350 g de courgettes 100 g de tomates cerise 500 g de semoule 0,5 l de fumet de poisson 0,5 l de bisque 1 botte de basilic 80 g de beurre 20 g d’ail 2 c. à s. d’huile d’olive 5 g de poivre 5 g de sel Piments selon votre goût

Préparation

Versez la semoule dans un grand plat, arrosez d’un verre d'eau et laissez gonfler. Frottez la semoule entre la paume des mains pour l'égrainer, recommencez l'opération, ajoutez l’huile d'olive et assaisonnez légèrement.

Faites bouillir de l'eau dans la marmite à couscoussier, versez la semoule dans le panier, puis placez celui-ci sur la marmite, couvrez et laissez cuire pendant 35 min à feu doux.

Pendant ce temps, coupez la lotte en tronçons et parez calamars et gambas, puis assaisonnez-les. Dans une grande poêle épaisse, faites revenir dans l'huile déjà chaude et dans l'ordre qui suit : les calamars et gambas, puis la lotte, et réservez.

Dans la même poêle, faites revenir les artichauts, les champignons de Paris, la courgette dans un peu d'huile d’olive, suivis de l’ail, des tomates cerise et des piments.

Ajoutez la bisque de crevette et le fumet de poisson, le basilic et l’ail ciselé, salez et poivrez tout en continuant de remuer. Couvrez et laissez cuire à feu doux : les légumes doivent rester croquants !

Avant de servir, faites chauffer le jus de la cuisson et ajoutez les morceaux de poisson.

Incorporez à la semoule chaude le beurre coupé en morceaux et dressez-la dans un plat de service. Disposez le poisson et les légumes dans un plat de service creux, versez le reste de bouillon dans une soupière. Servez aussitôt.

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Le Bistrot du Petit Socco

Sana Gamasse, Chef exécutif aux Jardins de la Médina, Marrakech Apres une formation académique et des stages à La Mamounia et au Es Saadi, Sana a représenté Marrakech en cuisine Marocaine au concours Maroc Hôtel 2001. De 2001 à 2008, elle développe sa passion pour les cuisines du monde au sein du restaurant Jardin des Arts, à Marrakech, de l’hôtel Les 2 Tours mais aussi à Paris chez Durant Dupont, la Cantine Du Faubourg, Le Quinzième et au Céproc. Elle fait également l’ouverture du Bo&Zin et du Grand Café de la Poste. Depuis 2008, elle est en charge des cuisines des Jardins de la Médina.

« Les goûts, les senteurs, les matières, les couleurs et... les différences. Revisiter des classiques est un véritable défi que j'aime relever : faire apprécier à des "puristes" ma propre interprétation du Classique n'est pas chose aisée. Je suis constamment à la recherche de nouveaux arômes, de nouveaux produits… J'aime inventer de nouvelles façons de les mettre en valeur, en associant les matières selon leur "densité", leur saveur, leur couleur, leur odeur, en essayant de dépasser les "identités culinaires nationales" et de favoriser les mariages mixtes de tous ces éléments. Cela est très excitant et toujours très stimulant d'explorer de nouveaux territoires. Mes cartes sont toujours composées de mets d'ici et d'ailleurs... C'est ma cuisine. »

Découvrez chaque jour nos petits plats à l’ardoise Service traiteur - Plats à emporter Service continu de 10 h à 23 h Fermeture le vendredi Place du Petit Socco - Tanger Tél. : 05 39 37 20 89 / 06 08 50 11 95

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17/06/14

CrèchePépé Casa

ge m aFinen èInternationale leÉpicerie L’adresse des tables raffinées

Pédagogie - Apprentissage du français Socialisation - Bien-être des tous petits

leschocolats, enfants devins... Champagne, foiePour gras, 3 moisde à 39ans Ouvert h à (pe te 23 h sec on) 9, rue Ibn Rochd - Tanger 203, rue Harroun Errachid - 90000 Tanger Tél. : 05 39de 93l’École 70 39Américaine) / 05 39 93 60 76 (près Tél. : 05 39 93 64 72 - www.lemanege.ma Email : aitobama70@gmail.com

18:3


PRATIQUE URBANOSCOPE

Février des amoureux avec

Lalla Chams

Bon anniversaire, le Verseau !

Février, pour vous, méritera bien son nom de mois des amoureux ! Que vous soyez en couple ou célibataire, Cupidon vous fera les yeux doux. Faites une cure de douceur... Love days : les 5 et 14 février.

Poissons

Un mois sans soucis, mais sans folie non plus. Le calme règne sur vos amours et vous pourriez bien être tenté de rechercher un peu de frisson. Réfléchissez avant d’agir. Love days : les 6 et 7 février.

Cancer

Un joli mois pour vos amours, surtout si vous êtes en couple. Votre partenaire vous comblera d’attentions et l’atmosphère sera douce et sereine. Vous l’avez bien mérité. Love days : les 2 et 3 février.

Des gros nuages s’accumulent sur votre couple depuis des mois et cela vous mine. Tentez de trouver des compromis, faites des propositions et soyez ouvert au dialogue. Love day : le 14 février.

Lion

Envie de douceur, de calme, de moments privilégiés à deux et de mots d’amour ? Prenez l’initiative, car on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même ! Love days : les 3 et 14 février.

Scorpion

Taureau

Vierge

Sagittaire

Bélier

Si vous êtes en couple depuis longtemps, vous pourriez bien ressentir une légère lassitude en début de mois. Changez un peu d’air... mais pas d’herbage ! Love day : le 24 février.

Pas folichon, ce mois de l’amour, le Taureau. Vous vous lamentez sans arrêt en idéalisant un grand amour qui n’existe que dans votre tête. Redescendez vite sur terre. Love day : le 20 février.

Les célibataires vont vivre un mois complètement fou, fou, fou ! En couple, on brise la routine et on envisage des voyages, des engagements, voire plus si affinité... Love days : les 5 et 17 février.

Vous pensiez avoir perdu toutes vos illusions sur l’amour et voilà que votre coeur, soudain, pourrait bien s’emballer ! Gardez la tête froide et l’oeil ouvert. Love days : les 21 et 25 février.

Une belle surprise en fin de mois pourrait venir bouleverser votre vision pessimiste du couple et vous faire réviser très sérieusement vos priorités. Love days : les 12 et 23 février.

Tout baigne comme vous l’aimez, la Balance, en février, mais votre partenaire n’est pas forcément du même avis que vous ! Intéressezvous davantage à ses envies. Love days : les 11 et 28 février.

Amoureux, vous l’êtes. Et on vous le rend bien ! Vous ressentez une envie de vous enfermer dans votre bulle avec l’être aimé que nul vous reprochera. Profitez-en ! Love days : les 8 et 19 février.

Gémeaux

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Balance

Capricorne


GALERIE CONIL Février 2015

Peinture, sculpture, dessin sur pièces automobiles 7, rue du Palmier / 35, rue des Almohades - Petit Socco - Tanger +212 (0)6 60 28 33 23 / 5 39 37 20 54


PRATIQUE ADRESSES

Carnet d’adresses - Agenda Cinémathèque de Tanger - Grand Socco - T : 05 39 93 46 83 Galerie Artingis - 11, rue Khalid Ibn Oualid - T :05 3933 04 25 Galeries Conil Événements et Conil Collection 7,rue du Palmier et 35,rueAlmohades - Petit Socco -T :06 55 64 10 14 Galerie Delacroix - 86, rue de la Liberté - T : 05 39 93 21 34 Galerie Monassilah - 3, rue Jamae Zecouri - Médina - Assilah Galerie Photo Loft - 115, av. Med Ben Abdellah - T : 06 41 45 66 40 IF Tanger - 41, rue Hassan Ibn Wazzane - T : 05 39 94 10 54 IF Tétouan - 13, rue Chakib Arsalane - T : 05 39 96 12 12

Renseignements : 160 Police : 190 Gendarmerie Royale : 177 Pompiers - Ambulances : 150 Maroc Assistance : 05 22 30 30 30 Mondial Assistance : 05 22 31 31 50

Institut Cervantes - 99, av. Sidi Ben Abdellah - T :0539 93 20 01 La Fabrique - 7, rue d’Angleterre - T : 05 39 37 40 57 Librairie les insolites - 28, rue Khalid Ibn Oualid - T:0539371367 MedinaArt Gallery - 30,rueAbou Chouaib Doukkali -T :05 39 37 26 44 Musée de la Kasbah - Place de la Kasbah - T : 05 39 93 20 97 Salle Beckett - Rue Okba Ibn Nafie - T : 05 39 94 25 89 Tabadoul - 19, rue Magellan - T : 05 39 37 19 78 / 06 41 16 16 47 UNE - Rue Chouaib Doukali - Bel Air Volubilis Art Gallery - 6, rue Sidi Boukouja - Kasbah - T : 06 68 70 01 81

Numéros utiles

Port Maritime : 05 39 93 11 29 ONCF : 08 90 20 30 40 Aéroport de Tanger : 05 39 39 36 49 Pharmacies de garde : www.menara.ma Urgences vétérinaires Clinique du Golf - 06 61 79 02 19

Clinique Assalam Av. de la Paix - 05 39 32 25 58 Clinique du Détroit Gzenaya - Lot 84 A5 - 05 39 39 44 48 Clinique Bennis Route de Tétouan - 05 39 34 07 47

Points de distribution Centres culturels / Galeries

Cinémathèque Le Rif Délégation de la Culture Galerie Artingis Galerie Conil Galerie Dar D’Art Galerie De Velasco Galerie Delacroix Galerie Ibn Khaldoun Galerie Laure Welfling Galerie Lusko / LM Dépôt Vente Galerie Mohammed Drissi Galerie Photo Loft Galerie Volubilis Goethe Institut Institut Cervantes Institut Français de Tanger Medina Art Gallery Musée de la Kasbah Tabadoul

Librairies

Librairie des Colonnes Librairie les insolites Librairie La Virgule Page et Plume

Hôtels / Maisons d’hôtes Hotel Andalucia Hôtel Chellah Hôtel Continental Hôtel El Minzah Hôtel Golden Tulip Farah Hôtel Mövenpick Hôtel Solazur Dar Al Barnous Dar Chams Dar El Kasbah

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Dar Jameel Dar Sultan La Maison de Tanger Le Balcon de Tanger Le Dar Nour Le Nord Pinus

Restaurants / Salons de thé Boston Café Café Central Cafe Le Savouret Café Le Savoy Café Miranda Café Oasis Casino Movenpick Club restaurant La Piscine Mosaic Caféteria Anna & Paolo Art & Gourmet El Morocco Club El Tangerino L’Océan La Bodega La Casa d’Italia La Fabrique La Pagode La Table du Détroit Le Bistrot du Petit Socco Le Parcours des Sens Le Relais de Paris Le Salon Bleu Otori Sushi O Tri K Pasta Cosi Tom Yam Salon de thé Kandinsky Salon de thé La Fuga Glacier La Gelateria

Divers

British Council Cabinet Bernossi Com Channel Crèche Le Manège Centre Régional d’Investissement Chambre de Commerce Française Chambre de Commerce de Tanger Consulat Général de France Consulat d’Italie Délégation du Tourisme Groupe Scolaire Le Détroit Médi1 TV

Beauté / Sport

All Ladies Auriège Catherine Coiffure City Club Club Moving Dior Style Eden Club Femmes Figurella Medispa Nail Lounge Nutricorp Serenity Day Spa Sook Surf Spa Osmose Tanger Surfiti

Commerces/Autres Abyss Accès Immo Adam Cadre Ali Souvenirs Ambiance Living Amine Car Location

Animalerie Animaloo Bab El Fan Birkenstock Bleu de Fès Boutique Majid Boutique Solutions Cabinet d’assurances Raïda Cabinet d’avocats El Khatib Calypso Voyages Cap Property Casa Pepe Chabi Chic Pointure Dar Blue Immobilier Designer's DJ The Voice Doce Amor Fushia Ameublement Geox Gulliver Ideapolis Agency Jagger Joupi La Fine Bouche La Tribu des Ziri Las Chicas Maroquinerie Sebou MTO Natural Optics Next Look Opticien Alain Afflelou Parapharmacie Iberia Passementerie Bouzid Pâtisserie L’Italienne Pressing 5 À Sec Superbloc V12 Autohouse Villa Art Immo



Les Tropeziennes habillent vos pieds!


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